L'Hebdo 779-780 spécial Congrès de Poitiers

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       o   c    i   a    l    i   s   t   e   s

    1,5€

    N°779-780DU 13 AU 19 JUIN 2015

    10, rue de Solférino75333 Paris Cedex 07Tél. : 01 45 56 77 52

    [email protected]

    DIRECTRICE DE LA RÉDACTION

    ET DIRECTRICE DE LA PUBLICATION •Sarah Proust• RÉDACTRICE EN CHEF • Sarah Nafti• MAQUETTE • Florent Chagnon (79 44)• PHOTOGRAPHE • Mathieu Delmestre •Philippe Grangeaud •Etienne Thomas-Derevoge •

    RÉDACTEURS-TRICES  • Nora Haddouche• Pierre Kanuty • Mélanie Modot• FLASHAGE ET IMPRESSION PGE (94)Saint-Mandé• N° DE COMMISSION PARITAIRE :1118P11223• ISSN 127786772“L’hebdo des socialistes” est éditépar Solfé Communications,tiré à 29 000 exemplaires

    LE CONGRÈS EST FINI,LE RENOUVEAU COMMENCE

    3DISCOURS DEJEAN-CHRISTOPHE CAMBADÉLIS

    10DISCOURSDE MANUEL VALLS

    19DÉBATS

    61ADRESSEAU PEUPLE DE FRANCE

    Le 77e congrès du Parti socialiste qui s’est déroulé à Poitiers s’est terminédans une ambiance qui rappelle déjà La Rochelle. L’été s’approche il est vraiet on n’était qu’à quelques heures de la mer. Mais nous étions bien dans cecongrès tant attendu par certains qui voulaient un débat et une clarificationsur la ligne, et tant redouté par d’autres qui craignaient la division et ledéchirement.

    Le débat avait lieu depuis des semaines et le vote des militants sur l’orientationet la direction du Parti a été clair et reconnu par tous. L’orientation est claire,la feuille de route est tracée, le cap est fixé. Quand aux « divisions » et aux« déchirements », ils n’ont pas eu lieu car, malgré l’obstination de beaucoup àl’extérieur, à caricaturer nos débats, à dévaloriser nos travaux et finalement

    à toujours cibler le PS quoiqu’il fasse, le congrès ne s’est pas résumé à uneenfilade de discours. Pour s’en apercevoir, il fallait préférer les débats entribunes aux propos de couloirs.

    Car le Parti socialiste a adopté trois textes importants, utiles pour l’avenir.Le premier fixe le mandat pour le 10e congrès du Parti socialiste européen àBudapest. Le second – une première – est une résolution adoptée à l’unanimitésur l’Outre-mer. Le troisième est l’ Adresse au peuple de France adoptée à unelarge majorité de délégués.

    Maintenant, il faut passer des paroles aux actes. C’est difficile, maisindispensable. Se faire entendre, être solidaire mais aussi exigeant à l’égard dugouvernement et engager le renouveau pour redonner au PS l’attractivité quipermettra le rassemblement de la gauche et des écologistes. Le changementest en cours. Toute pause serait un retour en arrière. Il y a des forces quirésistent ? Il faut les convaincre que nous travaillons au bien commun.Dans ce numéro spécial vous retrouverez les résumé des interventions auCongrès. Bonne lecture !

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    Cher-e-s ami-e-s ! Cher-e-s camarades ! Peuple degauche !

    Le Président de la République, François Hollande,

    vient de nous délivrer un message essentiel : « nousdevons réussir ». Oui, nous avons 18 mois pour réussir.Permettez-moi, en notre nom à tous, de lui dire unmot à mon tour. Un mot amical et respectueux.

    Cher François, Monsieur le Président,

    La France a de la chance que vous mettiez en oeuvreson redressement sans remettre en cause son mo-dèle social. La République peut s’enorgueillir quevous ayez à chaque instant choisi la France unie.Quant au Parti socialiste, il est fier que vous soyez l’undes siens.

    Oui, mes chers amis, mes chers camarades, nouspouvons être fiers de ce que nous avons fait pour leredressement de notre pays avec le Président Hol-lande, jour après jour, malgré les contraintes, en dé-pit des attaques, dans l’intérêt général. Le Président

    sait qu’il peut compter sur vous, qu’il peut comptersur nous. Il mérite notre respect le plus total, notresoutien le plus entier et, oui, Socialistes, le Présidentmérite tous nos applaudissements !

    Mes camarades,

    Pourquoi ne pas le dire ? Je suis heureux de pouvoirprendre la parole devant vous aujourd’hui! Heureux,d’être ici à Poitiers, chez Alain Claeys que je salue,parmi les Socialistes réunis en congrès. Toutes ettous, quelle que soit votre fédération, quelle que soit

    votre fonction, vous êtes le Parti socialiste. Vous êtesles continuateurs d’une grande idée, d’une grandehistoire. Toutes et tous, vous avez en partage l’amourde la gauche, donc de la République et, je le sais,l’amour de la France.

    ***

    La France.La France, le monde entier la regarde, surtout quandles temps changent. La France, c’est à l’étranger quel’on en parle le mieux, de sa culture, de ses atouts,de ses réalisations, de son esprit rebelle. Le mondeentier reconnait à la France cette capacité de dépas-sement dans les rendez-vous de l’Histoire. Le 11 jan-vier, la France a marché dans la rue, pour la libertéd’expression et pour la démocratie, faisant défiler lemonde entier derrière elle, avec elle. Oui, la Franceest universelle, la France est éternelle lorsqu’elle faitvivre la République.

    La France est unique mais elle n’est pas uniforme. Elleest unique et multiple. Elle l’a toujours été. De cettedialectique, elle tire son âme et sa force. La Francene renonce jamais. Elle résiste toujours. La France,ce n’est pas seulement des paysages, des villes,

    une culture, c’est une histoire dans l’Histoire. Pourcertains, la France est née en 500 avec Clovis. Pourd’autres, elle n’apparaît qu’au XIIe siècle avec PhilippeAuguste. Pour les Socialistes, la France finit de naîtreau XVIIIe siècle avec la Révolution française.

    La France, certains veulent en faire un monolithe,une statue blafarde, crispée, figée, rabougrie. Mais,de quelle France parlent-ils? Celle de l’absolutismeroyal? De la Saint Barthélemy ? Des Dragonnadescontre les Protestants ? La France de Thiers écrasantla Commune sous la mitraille? Celle de l’antisémi-tisme antidreyfusard ? Celle de Barrès sur une « col-line inspirée » ? La France de Pétain ? La France ducolonialisme ? Celle de l’OAS?

    Cette France allergique au changement, rétive à latransformation sociale, cette France univoque et uni-forme, le bloc réactionnaire veut la ressusciter ! Vous

    LA GAUCHE DES SOLUTIONS,LA GAUCHE D’UN HORIZON

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    le sentez comme moi, nous sommes en plein conflitde définition de ce qu’est la France, de ce que sontses valeurs, de ce que doit être son avenir. Nous avonstardé à comprendre que nous n’avions plus le mono-pole des cœurs et des esprits. C’est ainsi, nous avonsperdu la bataille culturelle. Mais la droite ne l’a pasencore emporté pour autant.

    Les droites ont distillé un message, qui a irrigué lesdébats et s'est immiscé dans de nombreux esprits.Elles disent: « la France est sur le déclin ». Cette pro-blématique structure aujourd'hui le débat public. Oui,la France a viré de bord. Jamais depuis la Libération,la Droite n'a été aussi forte dans notre pays et surle continent européen et jamais la Gauche n'y a étéaussi faible. Aujourd’hui, nous devons redonner à lagauche toute sa place, son hégémonie, sa capacité àpaver le chemin de l’espoir dans un monde meilleur.Voici donc notre plus grand défi: la reconquête cultu-relle de la France.

    Derrière cette bataille culturelle, il faut voir la bataille

    politique. Je le dis ici, cette bataille, c’est ma bataille,c’est votre bataille. C’est notre bataille, c’est celled’une génération. De son issue dépend le visage de laFrance de demain, sa stabilité, sa vitalité, sa prospé-rité. Oui, mes chers camarades, la bataille de France acommencé. La France est à la croisée des chemins, et leParti socialiste à un carrefour . L’Histoire nous soufflesur la nuque.

    À vrai dire, la bataille de France a commencé le jour denotre victoire. Le 6 mai 2012. Les Droites n’ont jamaisaccepté notre légitimité à gouverner, jamais ! Pourelles, la gauche est forcément soit une parenthèse,soit une expérimentation et quand elle arrive au pou-voir par les élections, pour les conservateurs, ils ledisent d’ailleurs, c’est toujours une « effraction ». En2012, les droites ont d’emblée choisi la violence ver-bale, les outrages et l’irrespect. Cela n’est pas prêt des’arrêter. La bataille politique connaitra de prochainspics: la bataille des régionales et la bataille présiden-tielle, cette mère des batailles.

    Les forces réactionnaires – aujourd’hui bien nom-mées - sont d’ores et déjà en place. Ainsi, le Front na-tional est en quête de respectabilité pour permettreà Madame Le Pen de gagner en présidentialité. Ma-dame Le Pen n’a pas tué le père, elle a bâillonné le

    père. Elle l’a mis à la porte de son parti car les portesdu pouvoir ont commencé à s’entrouvrir.

    Marine Le Pen et le Front national pensent empor-ter des régions. La France elle, s’interrogera avant delui ouvrir les portes du 2e tour de l’élection présiden-tielle. Mais sa présence ou pas, dépend de vous, denotre renouveau, de notre réussite, de notre rassem-blement.

    Monsieur Sarkozy est prêt lui aussi. Prêt àtout, évidemment. La « res publica », la chose pu-blique, il veut en faire un pupitre, pire, un trépied pourservir son intérêt personnel. Car enfin, il faut le dire :ce qui intéresse Monsieur Sarkozy dans la Répu-blique, c'est la Présidence de la République.

    Non, il n’a pas changé. Quoique… si, peut-être. Il a unpeu changé. Comme si ses tours marchaient moins

    bien. La semaine dernière, lors de son congrès soi-disant « fondateur », Monsieur Sarkozy a voulu un lan-cement en grande pompe, mais il a plutôt fait la dé-monstration qu’il souffrait d’un petit coup de pompe.Depuis que Nicolas Sarkozy est élu patron de l’UMP,il refuse de débattre. Je peux le comprendre, mais ilrefuse même de dire mon nom ou mon statut ! C’estun comportement infantile, puéril, inutile, typiquede Monsieur Sarkozy pour qui seul compte ce qu’ondésigne, ce qu’on nomme ou renomme. C’est com-parable à l’apprentissage d’un enfant de deux ou troisans, qui, se cachant derrière ses mains, croit qu’il estinvisible. Ce qui est attendrissant chez un enfant decet âge, est pathétique pour un adulte, et de surcroitpréoccupant pour qui fut chef de l’État et veut le rede-venir. Car l’attachement à la toute puissance infantilerelève, à la maturité, d’un déni de réalité. Mais celainterroge aussi profondément sur les capacités et lesens des limites nécessaire pour accéder à la prési-dence. Pour présider, il faut savoir se présider. Maisne nous attachons pas à la forme, même si chez Mon-sieur Sarkozy, le style, c’est l’homme, et la forme, le

    fond.Le Parti républicain ne vise pas seulement à éva-cuer l’UMP… Il est vrai qu’il y a beaucoup à évacuer.Il y a derrière cette appellation non contrôlée, uneréférence évidente au Parti républicain américain,à George Bush et au Tea Party. Mais, il y a aussi untour de passe-passe qu’il faut expliciter. Profitant dela crise familiale du Front national autour de Mon-sieur Philippot et de la dédiabolisation, observantque le Front national n’avait pas autant performé queles sondages le disaient lors des élections départe-mentales, Monsieur Sarkozy a trouvé sa stratégie:

    reprendre les thèmes du Front national tout en separant des atours de la République. Monsieur Sar-kozy invente d’ailleurs à cette occasion la République« Canada Dry » : cela ressemble à la République, maiscela n'est pas la République. Il suffit de noter les pro-pos qu’il approuve et applaudit.

    Monsieur Sarkozy applaudit quand Monsieur Wau-quiez dit, je cite : « l’affaire Chloé confirme que la poli-tique de désarmement pénal de Madame Taubira estune folie ». Dire cela, non, ce n’est pas républicain !

    Monsieur Sarkozy applaudit lorsque Monsieur Estrosidéclare : « une carte d’identité ne suffit pas pour être

    Français ». Mais, reprendre mot à mot ce que disaientdans la ville de Nice Jean-Marie Le Pen et Bruno Mé-gret il y a vingt ans, non, ce n’est pas Républicain !

    Monsieur Sarkozy applaudit encore lorsque MonsieurEstrosi juge que les musulmans sont la « cinquièmecolonne »  du terrorisme en France. Mais, dire cela,parler comme le Front national d’un ennemi inté-rieur, non, ce n’est pas républicain !

    Pendant son congrès, vous l’avez noté vous aussi,Monsieur Sarkozy a eu des mots très durs contre lagauche, disant que les socialistes seraient hors la

    République. En revanche, il n’a pas eu un mot pourle Front national. En 45 minutes de discours. Étrange? Non, logique. C’est une tentative de re-bipolarisa-tion en plaçant le Front national dans son jeu. NicolasSarkozy a lancé son OPA sur le Front national, nonpour le réduire, non pour le détruire, mais pour le

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    séduire. Nicolas Sarkozy ne souhaite pas s’allier, ilveut le récupérer dans une croisade néo-conserva-trice contre la gauche.

    Certains nous disent : « mais, l’important, c’est que leFN recule » ! Ah bon ? En quoi le Front national recules’il devient la référence du parti sarkozyste ? En quoila République est sauvée si l’UMP-Parti-Républicainadhère à la préférence nationale et fait des musul-mans des ennemis de la France ? En quoi la Répu-blique est sauvée si l’idée de la fracture républicainedevenait majoritaire à l’issue de l’élection régionale etde l’élection présidentielle ?

    La droite est maintenant prête. Elle a un programmed’abrogation de la gauche. Elle a ensuite un pro-gramme de régression : chômeurs, salariés, fonc-tionnaires, voilà les ennemis, puisqu’ils s’accrochentà leurs acquis. Elle a un programme pour la nation :la préférence nationale. Elle a une stratégie : siphon-ner le Front national et faire de la Gauche, l’ennemiede la République. Et qu’on ne nous dise pas qu’Alain

    Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire, c’est autrechose ! Ils sont la caution morale de cette droite sansrivages à droite. Faut-il leur rappeler que la devisede la République est « liberté, égalité, fraternité », cen’est pas : « Fouquet’s, Rolex, Kärcher ».

    Se servir de la République, unique et indivisible, pourdiviser… Il fallait oser. Il n'y a que Nicolas Sarkozypour oser un tel outrage! C’est ainsi, Monsieur Sar-kozy reste Monsieur Sarkozy. Arrogant, segmentantet clivant.

    Tous, nous le sentons, pour s’imposer à son clan,« l’homme qui n’aimait pas les Français »  est prêt àfracturer le pays, il est prêt à dresser les Français lesuns contre les autres pour assouvir sa revanche.

    ***

    Les Français.Aucune de leurs difficultés, aucune de leurs inquié-tudes ne sont étrangères aux socialistes. Noussommes tournés vers les Français. Vers leurs pro-blèmes, leurs envies et leurs espoirs. Les Françaissont fiers, parfois complexes, plein d’ambivalences.Dans leurs rapports à l’État, qu’ils aiment détester,mais qu’ils détestent voir absent face au chômage,

    face à la finance. Dans leurs rapports au libéralismeaussi, comme un récent sondage vient de le montrer.Politiquement aussi, ils sont ambivalents. C’est queleur choix n’est pas fait. Ils sont dans l’expectativeet attendent du sens, un discours clair, des mesuresconcrètes, un chemin tracé. Oui, les Français sontambivalents. Ils sont inquiets aussi, confrontés à demultiples défis.

    Les Français sont d’abord inquiets de la menaceréelle, durable du terrorisme. Le 11 janvier a mar-qué les esprits tout autant que les attaques barbares.En janvier, les Socialistes ont su être à la hauteurde l’Histoire, le Président incarnant la France dansl’épreuve, le gouvernement mettant en œuvre la ri-poste juridique et sécuritaire, en respectant l’état dedroit et la nature de la menace. La France va vivrede nouveaux moments tragiques malgré le travailconsidérable de l’État. Le terrorisme nous percutera

    et provoquera de nombreux débats. Les Socialistesferont tout pour éviter que la haine et les amalgamesl’emportent, ils feront tout pour rassembler.

    Partout dans le Maghreb et le Machrek, des forcessont à l’œuvre, désordonnées politiquement, conver-geant cultuellement. Dévoyant l’Islam, les terro-ristes d’un Islam fanatisé, ont déclaré la guerre auxmécréants. La progression de la horde Daesh en Iraket en Syrie, l’allégeance de groupes comme BokoHaram, mais aussi en Libye, au Sahel, la concur-rence entre les groupes terroristes cherchant par laviolence spectaculaire à recruter. Tout nous amèneà dire que ce n’est pas fini. La France tente donc deréévaluer la stratégie vis-à-vis de Daesh. Et je salue,la Commandante Asya Abdullah, qui a fait le voyage

     jusqu’à Poitiers depuis Kobané et qui a eu hier desparoles puissantes autant qu’émouvantes.On ne dira jamais le prix que nous payons de ne pasavoir suivi la France dans le bombardement de Ba-char el-Assad après qu’il a gazé son peuple. L’amé-lioration est possible, elle passe par la constitution

    d’un gouvernement syrien de transition, sans Bacharel-Assad, armé par l’Europe, et par la reconstitutionde l’armée irakienne, obéissant à un État multicon-fessionnel. La question syro-irakienne est trop peuévoquée en France. L’état politique de la Méditerra-née est trop absent du débat. Il y a urgence et le Partisocialiste en fera donc l’un de ses thèmes principauxpour les mois et les années à venir.

    Les Français sont également confrontés à un pro-blème vital : l’emploi. Et pour cause : sans emploi,pas de société pensable, une vie précaire, mais pasune existence pleine et entière. Toute l’action des

    Socialistes aux responsabilités est structurée autourde l’emploi. Oh, non, bien sûr, tout n'a pas été parfaitdans notre action. Elle a parfois manqué de clarté,d'efficacité aussi. Il faut dire que le lègue sarkozysteétait bien lourd. C'est ainsi, quand on arrive aux res-ponsabilités, il y a un passé à assumer. Et quand cepassé s'appelle Nicolas Sarkozy, oui, c'est un passif.Le passif, il faut l'assumer. La serpillière, il faut lapasser. Ce n'est pas chercher des excuses que de ledire, c'est prendre en compte les réalités.

    Nous nous sommes ainsi heurtés à la crise de l’in-dustrie française. Elle était historique. Nous avonsété confrontés à la faiblesse des syndicats, une fai-

    blesse que nous déplorons. Nous avons été confron-tés à l’intransigeance patronale, une intransigeanceque nous combattons. Le Parti socialiste n’est pastenant de l’économie administrée, il ne l’a d’ailleurs

     jamais été, mais franchement, à écouter le patro-nat, on se demande si le MEDEF n’est pas devenule parti de l’économie subventionnée. Nous avonsainsi été profondément choqués de voir le patronatfaire campagne au lendemain de l’adoption du pactede responsabilité contre une avancée sociale que lessocialistes ont imposée pour les salariés : « La péni-bilité ». Le Gouvernement simplifie le système pour lerendre viable, l’encre est à peine sèche, que ce sont

    maintenant les retraites complémentaires qui posentproblème. Et pendant ce temps là, non seulement laproposition d’un million d’emplois a disparu, maisanticipant la croissance que les Français ont payée deleurs efforts, le patronat dégraisse selon la vulgaireformule.

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    Oui, l’emploi, est le sujet central qui permet de poin-ter la différence essentielle entre les Socialistes et lebloc réactionnaire. Les Conservateurs pensent qu’ilfaut détruire le code du travail pour créer de l’emploi.Les Socialistes pensent qu’il faut innover si l’on veutpréserver notre modèle social et investir fortementpour créer des emplois.

    Chers amis, chers camarades,Pour les socialistes, une nouvelle époque s’ouvre.Nous entrons dans un nouveau moment car la crois-sance revient. Moins rapidement que nous le souhai-tions, moins forte en emplois que nous le voulions,mais elle est là. La Droite ne peut pas le contester.

    Alors elle relativise. Pour le Parti républicain conser-vateur, « quand la France va mal », c’est à cause denous, mais quand elle va un peu mieux, c’est grâceaux autres.

    Peu importe. Il y a un indéniable frémissement éco-nomique qui s’amorce. Il faut en tenir compte et leParti socialiste a trois exigences pour faire face àcette nouvelle donne, qu’il faut conforter et bonifier,en emplois, en pouvoir d’achat, en nouveaux droits.D’abord, il faut poursuivre les réformes de fond. Cen’est pas le moment de renverser la vapeur, ni ce-lui de changer de conducteur. Hier, l’urgence écra-sait tout. Aujourd’hui, on peut infléchir grâce à desreformes courageuses. Et en prenant en compte lanouvelle donne, que ce soit sur le CICE mieux ciblé, lepacte de responsabilité mieux adapté, ou la réformefiscale mieux affirmée. Le Parti socialiste a défini ence domaine ses positions. Nous engageons le débat

    amical avec le gouvernement car nous souhaitonsvoir ces réflexions présentes dans le débat budgétairede l’automne.

    Ensuite, nous voulons la juste répartition de la crois-sance qui arrive. La juste répartition de la croissance,c’est s’assurer que la reprise, fruit de l’effort collectifdes Français, profite à tous.

    Enfin, nous voulons ôter les contraintes, nous vou-lons faciliter la vie des Français, pour permettre àchacun d’envisager à nouveau l’ascension sociale.Faciliter la vie des Français, c’est l’allégement dela fiscalité. La décision du gouvernement de per-

    mettre à neuf millions de Français de payer moinsou pas d’impôts, va dans ce sens. Faciliter la vie desFrançais, c’est simplifier les démarches administra-tives. Faciliter la vie des Français, c’est évidemmentet principalement, le compte personnel qui sécuriseles parcours professionnels. Cette avancée, portéedepuis des années par Martine Aubry, sera le mar-queur social du quinquennat.

    Réformer, ce n'est pas seulement s'adapter aux réali-tés, c'est suivre un projet de société, c’est promouvoirl’égalité, car la mondialisation a accru les inégalités.Nous le savons tous, les réformes puiseront leur légi-timité dans leur efficacité. Mais, d’ores et déjà nousavons rouvert les portes de l’espoir. Oui, grâce à toiJean-Marc, oui Manuel, grâce à toi aussi. Maintenant,il te faut finir le job ! Et nous avons confiance dansta détermination et ton sens de l’écoute des aspira-tions du Parti socialiste. Merci Manuel !

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    Mes chers amis, mes chers camarades,Les Français sont aussi inquiets de la crise dansl’éducation. Cette crise les touche au cœur car elleest l’avenir de leurs enfants et le sanctuaire de leurRépublique. L’éducation a besoin de professeurs for-més et motivés. La droite avait supprimé la formationdes enseignants, nous l’avons réhabilité. La droiteavait supprimé des dizaines de milliers de postes,nous en avons créé 60 000. Oui, l’éducation a besoin demoyens. Les Socialistes y pourvoient : première prio-rité, l’éducation est le premier budget de l’État. L’édu-cation a aussi besoin de réformes, et notamment aucollège. « Mieux apprendre pour mieux réussir », voilànotre projet, à mille lieues du conservatisme de ladroite, de leurs propos polémiques. Permettez-moi,après Vincent Peillon et Benoit Hamon, de saluer Na-

     jat Vallaud-Belkacem qui, non seulement, promeut ladeuxième phase de notre révolution éducative, maisfait front, avec brio, aux basses attaques de la droite.

    La droite aime attaquer mais déteste l’assumer. Mon-sieur Sarkozy déteste que l’on pointe du doigt ses sor-

    ties légèrement xénophobes. Oh ! Je viens de le répé-ter ! Je l’assume ! Je le redis ! Monsieur Sarkozy aciblé deux ministres de la République, pas l’ensembledu gouvernement, pas parce qu’elles sont françaises,non, il a les a attaquées, elles deux, et elles seules- parce qu’elles sont des femmes, sans doute - etaussi, oui, aussi et surtout parce qu’elles portent cesnoms là ! Qu’il l’admette au moins ! Mais, peut-être,se dit-il au fond de lui, que ces propos ne pas exacte-ment républicains…

    Revenons à l’école. Oui, sur l’école aussi, les Socia-listes se distinguent des néoconservateurs. Pour lebloc réactionnaire, l’école est une variable d’ajus-tement, un poste de coûts, le premier terrain de lacompétition sociale. À l’opposé, pour les Socialistes,l’école c’est le lieu de la transmission des savoirs etc’est aussi le premier lieu de la lutte contre les iné-galités sociales !

    Autre défi : les Français sont inquiets de la gravemenace qui plane sur le projet européen. Les Socia-listes disent qu’il est urgent de parler haut et fort del’Europe, en Europe, pour l’Europe. La question de laméthode est ici essentielle. À juste titre, nous avonsestimé que seule la remise en ordre de nos comptesnous permettrait de parler fort dans l’enceinte euro-

    péenne. L’Allemagne nous dit maintenant: « vousvoyez ? Ca marche ! ». Tentant de nous enfermer dansla seule bataille des comptes publics. Notre voisin etami s’exonère ici un peu trop vite des réels sujets, àcommencer par le sous-investissement structurel,enfin reconnu dans le plan Juncker, mais pas au ni-veau que nous souhaitons. Il y a donc un désaccordque nous devons assumer en Europe. Face à ceux quidisent austérité, nous disons : investissement, inves-tissement, investissement !

    Autre enjeu européen clé : la question du traité éner-gétique qui devient urgent. Ce qui se joue ici, c’estl’indépendance énergétique de l’Europe. Et je suis deceux qui pensent que, dans le bras de fer avec la Rus-sie, ce projet est plus efficace que bien des posturesbelliqueuses. Et puis, il y a le sujet TAFTA. Alors mesamis, et puisque l’Europe souffre trop de son langagebureaucratique, je veux être clair, je veux être net :

    à cette étape, c’est « non », « no », « nein » ! C’est« Οχι »!Le Parti socialiste le dira clairement lors du congrèsdu Parti socialiste européen qui se tiendra la semaineprochaine à Budapest.L’Europe va subir beaucoup de chocs dans l’annéeà venir. Notre représentante à Bruxelles et à Stras-bourg, Pervenche Berès – que je salue - le sait mieuxqui quiconque. D’abord la Grèce, qui, nous le com-prenons, ne veut pas être condamnée à une austé-rité sans fin. Soutenir et aider la Grèce à rester enEurope, cela passe par le respect des engagements,mais aussi par une gouvernance économique quirespecte la croissance. Ce que nous avons dit pourla France, vaut pour la Grèce, le Portugal, l’Espagne.J’allais dire pour l’Allemagne. Mais le gros problèmequi vient, c’est le référendum annoncé en Angle-terre. Les conservateurs se sont piégés eux-mêmes.Pour gagner les élections, ils ont flatté l’europho-bie anglaise. Et pour gagner le référendum, ils ontmaintenant besoin d’un scalp symbolique. Car sinon,ils perdront le référendum, et l’Ecosse quittera le

    Royaume-Uni. Evidement, la Grande-Bretagne doitrester dans l’Europe, mais pas au prix du renonce-ment à l’Europe. Sinon, ce serait gagner un référen-dum en offrant une grande victoire à l’europhobie.

    Autre défi : les Français sont préoccupés par le périlécologique. Nous venons d’évoquer le traité énergé-tique, car l’Europe doit être exemplaire, puisqu’elleest un acteur essentiel. Mais, c’est le monde entierqui doit être exemplaire, car il n’y a pas de planètede rechange. Les Socialistes, fidèles à leur projet detransformation sociale, doivent revendiquer la pro-chaine étape de cette transformation : la domes-

    tication sociale et écologique du capitalisme. Oui,c’est l’éco-socialisme, c’est dans notre charte, grâceà Guillaume Bachelay, qui y a imprimé sa marque.L’étape qui vient est essentielle : la Cop 21. LaurentFabius conduit, aux côtés du Président de la Répu-blique, cette grande cause avec doigté. Les socia-listes européens se réuniront à l’automne autour dupremier ministre, à notre initiative, pour avancer,pour faire bloc, pour réussir. En attendant la COP 21,

     je fais mienne la proposition qui veut que la France,supprime effectivement les financements directs etindirects, en faveur des équipements au charbon.

    Ainsi, le monde entier jouera son avenir en décembre,

    en France. La France est à la hauteur de ce défi vital.Et, permettez-moi ici de saluer Ségolène Royal, lagrande ministre d’un immense défi.

    Les Français sont préoccupés par un autre défi :l’immigration. Alors, disons le nettement : Les socia-listes sont pour le traitement républicain de l’immi-gration. Le traitement républicain nécessite d’offrirle droit d’asile et d’exercer la solidarité en Franceet dans les pays d’origine. Le traitement républicainc’est dire que s’installer où on veut, quand on veut,comme on veut n’est pas un droit. Mais la solidarité,l’asile sont des droits, des droits qu’il faut respecter.

    En cette fin de congrès, j’en appelle à une grandeconférence mondiale sur les réfugiés en 2016, oùtous les problèmes seraient sur la table : flux mi-gratoires des Etats, lutte contre les passeurs clan-destins, accueil, asile et investissement. La solution

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    du problème de l’immigration que l’on connait ici setrouve d’abord là-bas, dans les pays du départ, c’estlà qu’il faut créer des richesses et du développement.Assez de cette Europe forteresse ! Assez de cetteMéditerranée cimetière, il faut un monde solidaire !Puisque le Nord ne peut pas accueillir toute la misèredu monde, qu’il aide ses frères humains à participerà la création et au partage de toutes les richesses dumonde !

    Avec la plus grande fermeté, nous nous opposons àceux qui veulent tout confondre sans rien régler : L’im-migration économique, les demandeurs d’asile et lesFrançais issus de l’immigration. Oui, nous sommespour le traitement républicain, c’est-à-dire un trai-tement qui distingue, qui protège et qui attaque leproblème à la racine.

    Mes ami-e-s, cher-e-s camarades, autre défi : LesFrançais sont interpellés, intrigués voire inquietsface à l’Islam. La réponse pour les socialistes c’estla liberté organisée, c’est-à-dire la fraternité laïque.

    En France, la laïcité ce n’est pas l’anti- religion maisle garant du vivre ensemble. Dans la République,on a le droit de croire et de ne pas croire. Contraire-ment à la droite et l’extrême droite, nous n’avons pasde préjugés envers les musulmans ou l’Islam. Nouscombattons l’idée funeste que la France ne seraitla France qu’en se séparant des musulmans. Nouscombattons tous les racismes et l’antisémitisme. Lalaïcité est la première des libertés. Elle est garanted’une société moderne, ouverte. Nous refusons toutautant un Islam normatif que l’islamophobie. Nousvoulons protéger les minorités et cela passe par laprotection du vivre ensemble. Nous voulons mainte-nir ce qui fait la France, sans se fermer au monde.

    ***

    Le monde.Le monde, quand on est membre du Parti socialiste,on doit vouloir le changer. Ou alors, il faut changer departi. Mais, disons-nous les choses jusqu’au bout : sinous voulons être le parti du mouvement, oui, il fautremettre notre parti en mouvement. Si nous vou-lons être le parti du renouveau, oui, il faut mettre enœuvre le renouveau de notre parti.

    Le renouveau, c’est l’enjeu des années à venir. Les

    Français, ne sont pas fous, ils savent que face auxnombreux défis que nous venons d’évoquer, il fautle renouveau des pratiques et des idées politiques.Les militants socialistes le savent aussi. Quelle quesoit l’orientation qu’ils ont portée, quelle que soit lamotion qu’ils ont défendue, je le sais, ils ont mis lesFrançais au cœur de leurs préoccupations.

    Oui, le renouveau. Ce mot, je ne l'ai pas choisi au ha-sard, pour faire joli. Le renouveau, c'est la réponse àla crise d’adhésion à gauche, à la crise de notre dé-mocratie.

    Le renouveau passe par le renouveau des têtes. Oui,il faut des têtes nouvelles aux couleurs de la France.Depuis un an, nous préparons l’avènement d’unenouvelle génération, qui sera présente dans notrenouvelle direction.

    Le renouveau, c’est ensuite le renouveau des mé-thodes. Le parti doit embrasser les immenses poten-tialités du net pour identifier les idées nouvelles et lesnouveaux talents, pour mener la bataille culturelle.Nos outils de communication doivent s’y adapter,sans plus tarder.

    Le renouveau, c’est également le renouveau desthèmes. Oui, nous devons nous remettre en questionsur tous les sujets que nous venons d’évoquer.

    Le renouveau, c’est aussi le renouveau de notre or-ganisation. Christophe Borgel a présenté les grandeslignes de ce big bang organisationnel en décembredernier. Maintenant, nous avançons. La culture chan-gera. Les structures changeront. Tout changera.Mais, il y a quelque chose que je ne toucherai pas :l’énergie de tous les militants. Elle est là, intacte. Elleest puissante. Elle est diverse. Vous la portez tous ici.

    Le renouveau, c’est le dépassement du Parti socia-liste en terme d’adhésions, mais aussi en terme

    stratégique. Nous allons bâtir dans chaque départe-ment, dans chaque canton, l’alliance populaire. Il nes’agit pas d’un cartel d’organisations, mais de l’irrup-tion des citoyens dans l’alliance. Des collectifs vontsurgir partout et ils auront comme initiateurs, tousceux qui veulent mener le combat contre la Droite ex-trême et l’extrême droite. Tous ceux qui veulent pour-suivre les réformes. Tous ceux qui veulent la réussitede la France, qui souhaitent une juste répartition dela croissance. Tous ceux qui veulent que revienne enFrance le mouvement de l’égalité. Au fond, tous ceuxqui veulent un grand mouvement progressiste dansle pays. Tous ceux là ont vocation à se rassemblerdans une alliance populaire, plus mouvement decitoyens que cartel d’organisations. Et en novembre2016 nous organiserons une grande convention del’alliance populaire. Nous lancerons par ailleurs,l’année prochaine, trois grandes conférences ou-vertes dont la première portera sur le défi éducatif etculturel.

    Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades, je souhaite, je vous demande, que le Parti socialiste sorte del’entre-soi et se tourne vers les Français, répondeà leurs problèmes précis. Tournons-nous vers lesFrançais, tournons-nous vers notre peuple, tour-nons-nous vers la gauche réelle. Et dès septembre,

    après l’université d’été, où toutes les forces de gaucheseront invitées et pourront participer et animer lesdébats, nous lancerons une opération porte ouvertedans chaque section. Le Parti socialiste tend la mainau peuple de France. Ensemble, relevons les défis.Ensemble, créons un nouveau courant progressistedans le pays pour le relever.

    Nous allons changer, mais changer en-semble. Oui, le renouveau a besoin de tous les So-cialistes. Aujourd’hui, il n’y a plus les socialistes dela motion A, B, C ou D. Aujourd’hui, le renouveau abesoin de tout l’abécédaire des socialistes ! De vous

    tous ici présents : Manuel Valls et le Gouvernement,les dirigeants du Parti socialiste, Christian Paul, Ka-rine Berger et Florence Augier. Oui, le renouveau aurabesoin des secrétaires de section comme MathiasAggoun, des Premiers fédéraux comme Benoît Tirant,des Présidents de départements, des Présidents de

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    Région comme Jean-François Macaire. En parlant dePrésident et de région, oui, le renouveau a aussi be-soin de Claude Bartolone, Président de l’Assembléenationale qui repart en conquête et que je salue ami-calement. Le renouveau a besoin de Bruno Le Roux etde Didier Guillaume, nos présidents de groupe par-lementaire. Le renouveau en action c’est aussi Sté-phane Le Foll et François Rebsamen.

    Le renouveau se fera aussi grâce aux permanents,aux bénévoles ici présents. Je les salue pour le ma-gnifique travail qu’ils ont accompli durant ces trois

     jours.

    ***

    J’aurais dû commencer mon propos par ce mot: mer-ci.Ce sera le mot de la fin.

    Mes cher-e-s camarades, mes cher-e-s ami-e-s,

    Merci à l’ensemble du Parti Socialiste de m’avoiraccordé sa confiance. Vous savez combien ce particompte pour moi. Notre renouveau est ma seuleambition.

    Mes chers camarades,

    C’est avec une grande émotion que je viens de pro-noncer ce discours. Il est chargé de vos aspirationspour la justice, pour l’égalité, de vos volontés de fairevivre nos valeurs. Premier secrétaire, je ne serai paschef de clan. Je serai un camarade de combat, le pre-mier des militants.

    Je souhaite un parti énergique, inventif, ouvert etdynamique, un Parti socialiste où l’on se respecte,où l’on s’écoute, où l’on défend fermement la gauchecontre la droite et l’extrême. Nous devons être, meschers amis, mes chers camarades, la gauche dessolutions, la gauche d’un horizon.

    Chers amis, chers camarades,

    Moi, premier secrétaire, je serais le garant de l’unitéde tous. Je comprends l’honneur qui m’est fait et jeferai tout pour être à la hauteur.

    Aujourd’hui, je me tiens devant vous. J’ai en tête tousceux qui ont animé notre mouvement. Je leur adresseun signe amical et j’ai une pensée pour ceux qui nousont quitté. J’ai l’esprit plein de souvenirs, des imagesde notre parcours, de nos compagnons de lutte. Jepense à eux et je pense à nous. Je vous regarde et jeme dis : le Parti socialiste est un grand parti !

      Je me dis que si jamais le Parti socialiste

    venait à disparaitre, la République perdrait sa meil-leure défense. Je crois que sans ce parti, la Franceperdrait plus qu’un parti. La France perdrait en hu-manité et les Français perdraient espoir. Oui, sansce parti, la France ne serait plus la France.

    Alors, ensemble, faisons le vivre pour que vive la Ré-publique.

    Vive la Gauche! Vive la République ! Vive laFrance !

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    Cher Jean-Christophe, Cher Alain, qui nous reçoitdans ta belle ville de Poitiers, cher Benoît Tirant, dontla fédération de la Vienne nous accueille, chers délé-gués, chers amis, mes camarades, un congrès, j’enai fait quelques-uns, est toujours un moment impor-

    tant pour notre formation politique. Certains ont mar-qué pour de bonnes raisons, et ce sera le cas pourPoitiers, j’en suis convaincu, d’autres pour de moinsbonnes. Mais tous ces congrès ont eu un point com-mun : ils ont exprimé une exigence, un socialiste,peut-être de toutes les régions, de toutes les fédéra-tions, de toutes les motions, de toutes les sensibilités,eh bien ce socialiste, on peut tout en dire, mais il seratoujours exigeant. Et je crois que l’exigence, c’est lemot qui résume le mieux la gauche, son esprit, alors

     je vais essayer devant vous d’être à la hauteur de cetteexigence, la vôtre, qui est également bien sûr celledes Français. Voilà trois années que nous sommesaux responsabilités.

    Trois années que nous relevons notre pays sous l’im-pulsion de François Hollande, parce que nous croyonsprofondément, intensément à la France. Noussommes un grand pays, oui, un grand pays, avec sa

    métropole, ses territoires, ses Outre-mer, ses 2 mil-lions de Français qui vivent et travaillent à l’étran-ger, nous sommes un grand pays avec notre bellelangue, notre culture qui rayonne dans le monde.Nous sommes un grand pays avec une grande ambi-tion pour lui et pour le monde. Regarder au devantd’elle-même, ça a toujours été cela la France. C’estune vieille Nation, certes, mais c’est un pays jeune. Ily a des difficultés, des défis, bien sûr, mais le champdes possibles est infini pour une nation innovante, au-dacieuse, entraînante comme la nôtre. Moi, commevous, je veux qu’on l’aime beaucoup plus, la France,

    elle le mérite, et il nous appartient à nous, socialistes,de le dire, car la gauche est grande quand son des-tin se confond avec celui de la France. Assumer lesresponsabilités n’est jamais chose facile. Il y a desobstacles, les combats, les incompréhensions, les co-lères, les déceptions, c’est la réalité du pouvoir, nousne l’ignorons pas, nous l’avons aussi éprouvé à l’occa-sion des scrutins locaux. Mais c’est aussi l’honneur degouverner, c’est l’honneur des socialistes que d’assu-mer cette belle responsabilité avec un seul objectif :réussir. À 19 ans, en 1981, six mois après le 10 mai, jeparticipais à mon premier congrès, le congrès de Va-lence. C’était un autre temps, un autre monde aussi.Mais j’ai retrouvé une phrase de François Mitterrandqui, dans un mot à l’adresse des congressistes, évo-quait les enjeux d’alors pour les socialistes. Voilà cequ’il disait : le Parti socialiste saura, j’en suis sûr, re-lever le défi que lui lance l’exercice du pouvoir. On nedoute plus que les socialistes soient capable d’exer-cer les responsabilités, ils l’ont démontré, mais cesmots n’ont pas perdu de leur actualité, même si nousavons changé d’époque et de monde. Il y a 25 ans, lemur de Berlin est tombé, et avec lui une lecture clairedes enjeux entre deux blocs.

    Nous sommes aujourd’hui dans une économie ouvertequi a rendu les solutions purement nationales inopé-

    rantes. Nous assistons au déplacement du centre degravité du monde, avec l’émergence de pays conti-nents qui viennent rebattre les cartes. Les marchéssont sans frontière, la concurrence est rude, et le coûtde la main-d’œuvre, l’innovation, l’avance technolo-gique, sont devenus des facteurs déterminants. Celaa percuté le logiciel de la gauche. Nos analyses et nossolutions ont perdu de leur éclat, alors que nos ambi-tions n’ont rien perdu de leur splendeur. Dure équa-tion à résoudre. Mais être de gauche, ce n’est pasfaire le choix de la facilité, c’est souvent défier la fata-lité, aller à l’encontre des vents dominants, d’un ordresoi-disant naturel pour y substituer la justice sociale.

    Ce combat est difficile, il n’en est que plus beau, plusindispensable. Notre monde est multipolaire, maissurtout instable et traversé de nouvelles tensions,aux portes de l'Europe, en Ukraine, on entend à nou-veau les grondements de la guerre. Au Moyen-Orient,les affrontements sont de retour.

    DISCOURS DEMANUEL VALLS

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    La Russie et l’Iran, grandes nations, tentent d’impo-ser à nouveau leur influence. Notre propre modèledémocratique, celui des Lumières, que certains ontcru voir triompher, est remis en cause de manière vio-lente, le djihadisme a fait son entrée, en terrorisant, enembrigadant des individus parfois jeunes, qui partent,prennent les armes, volent des vies en sacrifiant laleur. Face à cela, nous n’avons pas le droit de faiblir.C’est sans doute le grand combat de notre temps, etla France avec sa diplomatie, et je veux saluer la pré-sence de Laurent Fabius, grand ministre des Affairesétrangères à la tête de notre diplomatie, et la Franceavec sa diplomatie, avec ses armées, et je veux saluerle rôle de Jean-Yves Le Drian à la tête de nos armées,avec sa diplomatie et ses armées, la France mène cecombat avec la plus grande détermination. La Franceest à la hauteur de son rang de grande puissance. Elleest intervenue au Mali, au Sahel, en Irak, pour com-battre Dæsh. Soyons fiers de nos soldats qui défendentnos valeurs et notre drapeau.

    Mes chers amis, mes chers camarades, parce que

    c’est lui qui est en charge de l’essentiel, soyons fiersaussi du président de la République qui incarneavec courage la voix de la France dans ce monde…(applaudissements)Je suis persuadé que François est en train de vousentendre. Et ces applaudissements sont importants,parce qu’il est un grand président de la République, etparce que le pays doit le savoir. Et parce que le mondea besoin de la France. Et parce que le monde sait quelest le rôle de François Hollande. Chers amis, dans cemonde globalisé, l'État providence sur lequel notremodèle de solidarité repose doit faire face à la fragilitéde son financement. Plus largement, c’est la force desÉtats, économiques, diplomatiques, stratégiques, quichaque jour est éprouvée, et ce alors que la construc-tion européenne ploie sous les populistes.Nous devons faire face à des enjeux gigantesques.D’abord, l’ultimatum environnemental, réchauffementclimatique, élévation du niveau de la mer, la confé-rence Paris 2015 est une formidable opportunité pournous, Français, qui allons mobiliser tous nos talents,tout notre savoir-faire en décembre pour que jaillisseun monde nouveau. Et pour nous, socialistes, car qu’ya-t-il de plus noble, de plus conforme à notre idéal quecelui d’exercer et de prouver notre solidarité avec lereste du monde ? Autre enjeu, les flux planétaires demigrants, qui mettent notre continent, l'Europe, face

    à ses responsabilités. Assurer l’asile, cette belle idée,ce beau geste, cette nécessité, mais aussi organiseret réguler l’immigration avec fermeté et humanité,en bâtissant un nouveau partenariat avec l’Afriquequi s’affirme de plus en plus comme le continent dedemain. C’est dans ce monde-là, dans ce nouveaumonde qu’il nous faut trouver de nouveaux horizons,porteurs d’espérance et de progrès. Dans ce monde,ONG, réseaux sociaux, lanceurs d’alerte, portent denouvelles exigences citoyennes, qui font tomber desdictatures, transforment la manière d’exercer le pou-voir. Le monde est en ébullition, et il a besoin de laFrance. La France ne peut rester passive, elle doit

    s’adapter pour être plus forte. Mais là où la droite nousexplique matin et soir que nous sommes condamnés ànous adapter coûte que coûte, la gauche doit affirmerune autre voie, une autre adaptation, la gauche, pre-mière, deuxième, troisième, peu importe le chiffre etles étiquettes, la gauche, ce n’est ni une fuite en avant,

    ni un immobilisme, c’est un mouvement généreux,c’est la certitude que notre pays peut tenir son rangparmi les grandes nations sans abandonner son idéalde solidarité et de protection, c’est une France plusforte car plus juste, et si certains s’interrogent parfoissur ce que cela veut dire être de gauche, elle est là ladéfinition : une France plus forte, car plus juste. Nousvoulons adapter, renouveler, anticiper, mais jamais en

    sacrifiant certains, ceux qui n’iraient pas assez vite ouqui ne seraient pas assez forts. S’adapter au monded’aujourd’hui, préparer celui de demain, c’est d’abordréformer pour retrouver la croissance.

    En 2012, nous avons trouvé une économie dégradée,une compétitivité détériorée, une croissance en berne,des déficits publics insupportables, une école maladede ses inégalités, et nous ne l’avons pas assez dit, etpourtant, c’était ça l’état dans lequel la droite a laisséle pays. Tous nos efforts, et je veux dire mon honneurd’avoir été dans le gouvernement de Jean-Marc Ay-rault que je salue, et dont je sais la tâche qui a été lasienne à la tête du gouvernement de la France, tous

    nos efforts depuis trois ans ont visé de manière pa-tiente, méthodique, il ne s’agit pas de chiffres, maisil s’agissait de créer les conditions de la reprises. Lespremiers résultats sont là, les Français ne le voientpas encore, mais si personne ne le dit, qui d’autre quenous peut le dire ? La consommation des ménagesest repartie, les chefs d’entreprises recommencent àinvestir, les investisseurs étrangers font de nouveaule choix de la France. Et après des années de crise etde stagnation, la croissance revient en France et enEurope. Certes, elle est fragile, trop faible encore, elledépend de facteurs extérieurs : pétrole, taux d’inté-rêts. Mais nous sommes à ce moment décisif où notre

    pays crée à nouveau de la richesse. Cette richesse,nous avons voulu qu’elle bénéficie avant tout aux mé-nages des couches populaires, des classes moyennes,et après une première baisse en 2014, ce sont 9 mil-lions d’entre eux qui verront leur impôt sur le revenubaisser dès la rentrée du mois de septembre. C’estdu concret. Nous baissons les impôts, c’est la pre-mière réforme fiscale, tout en continuant à baisser ladépense publique. Mais le sérieux budgétaire, ce n’estpas l’austérité, nous continuons de financer nos prio-rités : l’école, la justice, la sécurité, l’emploi, et nousveillons à ne pas casser la croissance.

    Mais il y a ce douloureux paradoxe d’une croissance

    qui revient sans que le nombre de chômeurs ne baisse.Faire baisser le chômage, c’est la première exigencedes Français. C’est donc notre première priorité, c’estl’engagement du président de la République et je vousle dis, mes amis, nous tiendrons cet engagement etnous réussirons ce défi parce que les Français l’at-tendent. Donc nous devons continuer à réformer. Iln’y aura pas de pause, pour amplifier encore la crois-sance, pour plus d’emploi. Nous devons construireune économie compétitive avec des entreprises quifont le pari de la recherche et de l’innovation, quiosent donner leur chance aux plus jeunes et valori-ser l’expérience des seniors. La gauche a évolué dans

    son rapport aux entreprises, comme tous les Françaisd’ailleurs. Les entreprises, sans ignorer la réalité decertaines d’entre elles, ce ne sont pas juste des rap-ports de pouvoir et d’exploitation, c’est aussi ces com-munautés humaines qui la font vivre, on y crée de lavaleur. La réalité, ce n’est pas le CAC40, c’est la multi-

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    tude des petites et moyennes entreprises. Ce concept,c’est en réalité une grande diversité qui se dévoile, del’artisan à la PME, de l’entreprise privée à l’entreprisepublique, ce sont elles, toutes ensemble qui doiventcréer ce souffle vital de la création d’emplois. Si nousallégeons le coût du travail, c’est pour ça, si nous sim-plifions, c’est pour cela, si nous nous attaquons larente, aux positions acquises, c’est pour cela.C’est pour cela encore que nous encourageons l’in-vestissement.

    Grâce au crédit d’impôt recherche, reconnu, et saluépartout dans le monde, grâce à la banque publiqued’investissement qui met la finance au service de l'éco-nomie réelle, grâce à tout le potentiel du numérique,le label French Tech, nos compétences sont reconnuesdans le monde entier, notre politique vise à redresserle pays et à redonner de la force aux entreprises, parcequ’elle crée de la richesse, et ainsi on peut créer del’emploi. L’innovation est la clef, c’est une agricultureincarnée aujourd’hui par le ministre de l’Agriculture,Stéphane Le Foll. Cette identité même de la France

    qui mise sur la qualité et les nouveaux modes de pro-duction. C’est une industrie qui invente aujourd’hui lesproduits de demain, une industrie qui se réinvente, carla France doit demeurer un grand pays industriel avecses ouvriers, ses cadres, ses ingénieurs, ses appren-tis et leur savoir-faire. L’innovation, c’est l'économieverte, avec tant de gisement d’emplois. Nous dévelop-pons les énergies renouvelables.

    L'Europe, ces dernières années, n’a été trop long-temps que discipline et surveillance, les considéra-tions comptables avaient remplacé le projet politique.Alors nous avons agi et nous devons le reconnaîtreavec le président de la République depuis 2012 pourremettre dans une Europe dominée par les conserva-teurs, la croissance au cœur de ce projet. Les lignesont bougé. L’euro, c’est un combat que j’ai mené avecd’autres, a considérablement baissé. Le plan Junckerde 315 milliards d’euros investis.

    L'Europe, ça doit être l’emploi, un message d’espé-rance pour la jeunesse, mais ne doit jamais être laconcurrence sans merci entre les travailleurs. Nousvoulons encadrer le recours aux travailleurs détachés.Nous devons enfin construire cette communauté depays qui harmonisent leur action économique, fiscale,sociale, pour avancer ensemble.

    Nous devons construire cette gouvernance écono-mique et monétaire de l'Europe et de la zone euro,cette Europe intégrée, politique, qui répond efficace-ment aux enjeux de notre temps : la croissance, l’em-ploi, l’immigration, la protection, la lutte contre le ter-rorisme. L’histoire n’attend pas, et l'Europe peut sortirde l’histoire si elle ne renoue pas avec son projet. Alorsà nous de redéfinir le projet européen, de stimuler lacroissance qui repart, de faire en sorte que l'Europeprenne ses responsabilités dans les grands conflitsdu monde. Nous avons une voix. J’entends bien cequi se dit sur d’autres gauches qui surgissent, maisnous avons une autre voix importante, c’est celle dessociaux-démocrates européens, et à nous de la faire

    fructifier, car l'Europe est plus que jamais notre hori-zon. Et j’espère que d’abord au Portugal et en Espagne,ce seront les socialistes qui remporteront le pouvoirpour gouverner et rejoindre la voix de la France pourune Europe de croissance et de prospérité.

    Chers amis, nous réformons, nous agissons, mais toutce que nous faisons pour notre économie ne porterapleinement ses fruits que grâce à un dialogue socialrenforcé et modernisé. Tout simplement parce que, à ladifférence de certains, nous n’opposons pas les droitsdes salariés et la performance des entreprises. Lesdeux doivent aller ensemble. Et notre méthode pour

    créer de nouveaux droits, je pense au compte person-nel d’activité ou à la prise en compte de la pénibilité,c’est le dialogue social. Nous l’avons étendu grâce àla loi portée par François Rebsamen, à tous les sala-riés. Nous l’avons rendue moins formelle, plus simple,plus efficace. Et la base du dialogue social, c’est tenir

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    ses engagements. Aujourd’hui, qui joue le jeu ? Dansle syndicalisme, ceux qui recherchent des solutionsconcrètes et négociées, des compromis équilibrés,ceux-là marquent des points. Tout simplement parcequ’ils sont en phase avec les attentes des salariés, desouvriers, lucides sur la nécessité de changer. Mais ducôté du patronat, lorsque j’écoute certains dirigeantsdu Medef, qu’est-ce que j’entends ? Une plainte per-manente, un discours anxiogène sur la peur d’embau-cher, des représentants du patronat, pas tous, maisdes représentants du patronat, nous attendons autrechose, une attitude d’entrepreneur, un discours surl’envie d’investir, de se battre sur les marchés, d’inno-ver, de former des jeunes, d’embaucher. Une fierté,au fond, un sens des responsabilités, un patriotismeau niveau de l’effort consenti par la nation, et sur-tout, aujourd’hui, nous attendons qu’ils tiennent leursengagements, des engagements ont été pris, signésmême en contrepartie des aides du pacte de solida-rité et de responsabilité, nous évaluerons la tenue deces engagements. Ce rendez-vous approche, chacunprendra ses responsabilités et le gouvernement pren-

    dra les siennes.Mes chers amis, en trois ans, nous avons fait des choix,nous avons réformé et la France avance. Je suis lucide,moi aussi. Je connais la souffrance de ceux qui sont auchômage, dans la précarité, de ceux qui subissent laviolence d’un licenciement. Je n’ignore rien des frac-tures territoriales et sociales, de la désespérance, desbrûlures de la crise et du chômage de masse. Mais il nesuffit pas de décrire, il faut agir, c’est notre mission. Et

     je veux, c’est un message important, que nous regar-dions vers l’avenir avec confiance. Nous poursuivonsce grand mouvement que nous avons engagé, et nousallons réussir, en accompagnant la création d’emploidans les TPE et PME, en levant ce qui peut freinerl’embauche, et dès mardi, je présenterai de nouvellesmesures. En présentant une grande loi sur le numé-rique pour poursuivre sur le chemin de l’innovation, enengageant le prélèvement à la source de l’impôt sur lerevenu, première étape d’une modernisation de notreimposition. Je connais nos débats. Le gouvernementest attentif à ce qui se dit dans le parti, aux attentesexprimées par les socialistes, et d’ailleurs tous lessocialistes membres du gouvernement ont signé lamotion dont le premier signataire était Jean-Chris-tophe Cambadélis. Nos débats peuvent porter sur lahiérarchisation de telle ou telle priorité, c’est normal,

    mais jamais aucun d’entre nous ne remet en cause, je le sais, l’esprit de réforme. Nous sommes fidèles,oui, fidèles à l’action de Pierre Mauroy à qui vous ren-drez hommage demain. Nous sommes tous des réfor-mistes, réformer est une nécessité, mais cela ne peutpas être une destination en soi. La gauche, je la veuxgénéreuse, je la veux efficace, qu’elle réponde auxbesoins d’adaptation, à l’inquiétude, au besoin d’enra-cinement, de partage, de reconnaissance de chaquecitoyen, parce que nous sommes progressistes, nousne voulons pas d’un individu inquiet dans un mondesans solidarité où chacun serait un loup pour chacun,et donc nous devons bâtir sans cesse la République.

    Parce que la République, la Nation, la patrie, garan-tissent notre unité, notre cohésion. S’il y avait un seulmessage à retenir du 11 janvier, ce serait celui-là :en brandissant les drapeaux, en chantant la Marseil-laise, en cherchant ce regard fraternel dans le regardde l’autre, les Français ont dit avec force leur volonté

    d’avancer ensemble, de partager les mêmes souf-frances, mais d’abord les mêmes joies, et un mêmedestin. Bien sûr, ce jour-là, tout le monde n’était pasau rendez-vous, et nous devons nous atteler à cettereconquête des cœurs et des esprits, ce qui demandeaussi de parler de la République avec le cœur, de par-ler de cette République forgée par le courage des sol-dats de Valmy et l’audace de ceux qui ont osé abolir

    tous les privilèges. Cette République portée à bout debras par les poilus dans les tranchées.

    La République, elle est ferme, elle doit l’être, et jeveux saluer l’action de Bernard Cazeneuve, notam-ment quand il décide d’expulser le père de MohamedMerah qui n’avait rien à faire sur le sol français. LaRépublique doit être ferme, c’est ce que les Françaisattendent de nous, mais elle doit être aussi bienveil-lante. C’est une volonté chevillée au corps de consi-dérer l’autre, de considérer que ses difficultés sontaussi les nôtres. Alors je souffre, comme vous, quand

     j’entends la droite, une partie d’entre elle en tout cas,parler de la République, car elle n’en conserve que le

    vernis, elle en a oublié le sens. Derrière cette guerredu langage, ce trafic d’appellation, cette privatisationd’un bien commun, il y a une duperie. L’UMP cache unmanque d’idée, c’est la synthèse entre les fausses pro-messes de 2007 et le discours halluciné de Grenoble.En guise de renouveau, on nous propose un grand re-tour en arrière. Quand la droite n’a rien à dire, et ellen’a rien à dire, elle renvoie aux clichés, à la caricature,celle d’une gauche soi-disant laxiste, qui nivèlerait parle bas, ou qui aurait même trahi la République. Ellerenvoie aux clichés. Renvoyons-la sereinement à sonbilan, dette, déficit, services publics abîmées, postesde policiers, gendarmes, soldats, infirmières, ensei-

    gnement, supprimés, délinquance en hausse, stigma-tisation des étrangers.

    Alors j’invite le chef de l’opposition à méditer sur lepassé, avant que d’envisager l’avenir, ou plutôt dechercher sa revanche sur nous, c’est normal, sur sesamis, on peut le comprendre, sur lui-même, c’est unproblème douloureux… Sur les Français, ça, nous nel’acceptons pas ! Faire de la politique, c’est servir lesautres, et non pas régler des comptes personnels.Faire de la politique, et plus encore quand on a étéprésident de la République, c’est tirer son pays versle haut, élever le débat, et non pas plonger des deuxpieds dans l’outrance et la hargne. Faire de la poli-

    tique, c’est débattre, argumenter, ce n’est pas vocifé-rer ou insulter. Par ces pratiques, dans l'opposition,Nicolas Sarkozy est déjà un problème pour le pays.Et moi, comme vous, parce que nous sommes toutsauf des laxistes, je ne veux pas que Nicolas Sarkozyrécidive, qu’il fasse à nouveau ce qu’il a fait à notrepays quand il était au pouvoir. Et je ne veux pas qu’ilcontinue d’ouvrir un peu plus la porte à cet ennemiredoutable qu’est l’extrême droite. Lors des dernièresélections départementales, le Front national a mon-tré sur fond de résignation combien il avançait dansnos campagnes ou nos villes ses mauvaises solutions.C’est pour ça que j’avais appelé à s’engager pleine-

    ment dans la bataille, et nous mènerons à nouveau cecombat en décembre. L’extrême droite prétend parlerau nom du peuple, elle ne ferait que trahir ses inté-rêts. Elle parle de patriotisme, mais son projet vise ànier tout ce qu’est notre pays et sa grandeur, un paysqui se projette vers le monde, qui croit en son destin,

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    arrimé à l'Europe. L’extrême droite voudrait nous ré-trécir, que nous abandonnions le combat. Non, je necrois pas qu’avant, c’est mieux, je ne crois pas qu’ungrand pays comme le nôtre ne sauvera en abandon-nant sa générosité, en tournant le dos à l'Europe. Jene crois pas que défendre notre patrie, ce soit trahirson héritage, renier son passé et ses valeurs. Face àl’adversaire, la droite, et face à l’ennemi, le Front na-tional, nous n’avons pas le droit d’échouer, de man-quer au peuple français. Mais soyons lucides, si tantde citoyens tournent le dos au débat public, s’ils jugentque l’on parle trop et mal de la République, c’est qu’ilsont le sentiment que ce bien commun ne leur appar-tient plus, que la République même a reculé dans leurvie quotidienne. Eh bien notre devoir, c’est d’œuvrerobstinément pour faire vivre cette République, pourla réarmer, pour la rendre palpable, vivante, pour lafaire aimer. La République, c’est d’abord cette libertéconquise de hautes luttes, les citoyens sont des êtreslibres et autonomes qui adhèrent volontairement auxvaleurs et principes qui nous unissent. Ils ont desdroits et aussi des devoirs.

    La République, c’est l’autorité, le respect de la loi,l’ordre républicain, l’ordre juste. C’est la protectiondue à chacun, la sécurité, et la gauche a profondé-ment évolué sur cette question, elle l’a prise à bras lecorps souvent grâce au travail des maires et élus deterrain, et elle obtient des résultats. La délinquancebaisse, jamais la gauche et les socialistes n’ont étéaussi crédibles pour assurer à la fois l’ordre publicet combattre le terrorisme. La République, c’estaussi la laïcité qui organise notre vie collective. Ellen’a pas besoin d’être qualifiée ou interprétée, elle a

     juste besoin d’être appliquée. La laïcité est ce rem-part contre tous les intégrismes, tous les communau-tarismes, les pensées rétrogrades qui enferment lesfemmes notamment dans leur vie ou bien derrière unvoile. La laïcité protège, elle fait que tous les citoyenspeuvent pratiquer leur religion dans la même dignité,elle fait, je ne me lasserai jamais de le dire, que lesmusulmans de France n’ont pas à avoir honte d’êtremusulmans, et les juifs de France n’ont pas à vivredans la peur. La laïcité, c’est le refus des amalgames,c’est la différence entre le fidèle et le citoyen, et nousvoulons rassembler, apaiser. Le racisme, l’antisémi-tisme, alors qu’on a crié « mort aux juifs »  dans lesrues de Paris, les actes anti-musulmans, anti-chré-tiens, l’homophobie, le sexisme, sont des délits qui dé-

    sagrègent notre société. Nous ne devons rien laisserpasser. Aucun acte, aucun geste, aucun mot, aucuneinsulte, c’est notre grande cause nationale, et nousle faisons en rassemblant, sans stigmatiser, nous nevoulons pas faire de l’islam le seul débat dans la so-ciété française pour prospérer sur la haine de l’autreet courir derrière l’extrême droite. C’est à nous, et sion se pose parfois la question du rôle des socialistes,il est là, est à nous de transmettre, d’expliquer, deredire notre histoire, nos valeurs, pour que l’on arrêtede tout confondre. Liberté d’expression et blasphème,caricature et stigmatisation, humour et intolérance.Voilà pourquoi nous étions tous Charlie le 11 janvier et

    pourquoi nous le demeurons.La République, c’est enfin l’égalité, et c’est sur cetteégalité que je veux insister. Car depuis cette nuit révo-lutionnaire du 4 août, c’est l’égalité qui a fait avancernotre nation. Pourtant, là aussi, cette promesse d’éga-

    lité résiste de moins en moins à la réalité des faits, dece que vivent nombre de nos concitoyens, dans les mi-lieux populaires comme dans les classes moyennes.Voilà donc ce qui a été et ce qui doit toujours être lecombat de la gauche. Les inégalités au quotidien, c’estd’abord celles produites par notre système scolaireoù les grandes écoles restent toujours, trop souvent,l’apanage d’un milieu social qui connaît les règles et

    qui maîtrise les codes. C’est aussi l’expérience répé-tée que vit une partie de notre jeunesse, celle de nepas accéder à l’emploi, à un logement, à cause de sonnom, son prénom, sa couleur de peau, son adresse, ouparce qu’on est une femme ou que l’on est jugé tropvieux ou que l’on souffre d’un handicap. Les inégalitéssont là, elles touchent toujours les mêmes, alors quece sont toujours les mêmes qui s’en sortent. Il y a doncune défiance, un doute profond qui s’est installé dansnotre pays, ce qui explique pourquoi certains parentsveulent éviter certaines écoles pour leur enfant. Il y aun doute sur le fonctionnement de notre éducation,de notre fiscalité, de notre justice, de notre systèmede santé et de solidarité, sur nos institutions démo-

    cratiques. Pour dire les choses simplement, beau-coup ne croient plus en l’égalité et certains, toujoursles mêmes d’ailleurs, en profitent pour tenter de s’endébarrasser, avec leurs éternelles confusions entreégalitarisme et égalité, entre solidarité et assistanat.

    Ce qu’ils veulent, c’est le chacun pour soi, le touscontre tous, affirmant à mots couverts, ou de moins enmoins d’ailleurs, que l’égalité, ce n’est pas moderne,que c’est de l’histoire ancienne. Alors que pour nous,c’est le sens de l’histoire. Ce combat pour l’égalité, ilfaut le reprendre concrètement, c’est-à-dire assurerl’égale dignité, l’égale considération de tous. Cela veut

    dire prendre en compte la condition de chacun, c’estce que nous avons fait dès 2012 avec la retraite à 60ans pour ceux qui ont commencé à travailler très tôt.C’est ce que nous avons fait avec la réforme des allo-cations familiales, avec le tiers payant, avec l’impôtsur la fortune pour que chacun contribue à la me-sure de ses moyens, avec la loi sur l’égalité femmes/hommes et la parité. Et c’est ce que nous avons fait, etnous n’avons pas en nous en excuser, en donnant avecChristiane Taubira et avec la majorité de gauche, enfinaux couples de même sexe, le droit de se marier. Voilàce que nous faisons.

    Ne l’oublions pas, voilà ce que nous allons continuer à

    faire. Nous voulons l’égalité réelle, pas l’égalitarisme,et ça passe bien sûr par l’école. Cette école qui porte lapromesse d’un avenir meilleur pour tous nos enfantsdoit redevenir le lieu de tous les possibles, d’abord pourles milieux populaires, et pour les classes moyennes.Le savoir, la connaissance, l’instruction, c’est leurpremier capital, alors oui, soyons fiers d’avoir réformél’école primaire, car c’est là que les mauvais départsse prennent. Maîtriser sa langue, lire, écrire, compter,c’est d’abord là que cela se passe. Soyons fiers d’avoirrefondé l’école, d’avoir refait du budget de l’éducationle premier de notre nation, restauré la formation desmaîtres, soyons fiers de tenir la promesse de Fran-

    çois Hollande de créer 60 000 postes d’enseignantsau cours de ce quinquennat. Soyons reconnaissantsenvers nos enseignants, ces milliers d’hommes et defemmes animés d’une des plus belle vocation, maissouvent confrontés à des difficultés immenses, maisils savent et doivent savoir ce qu’un pouvoir de droite

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    fait quand il gouverne et reconnaître aussi ce qu’estla gauche au pouvoir quand elle agit pour l’école etpour les enseignants. Après le primaire, nous avonsréformé l’éducation prioritaire, là où les établisse-ments concentrent les enfants les plus modestes.C’est là qu’il faut agir pour aider ceux et celles qui enont le plus besoin. La réforme des collèges est venueconsolider cette refondation de l’école, cette grande etbelle réforme des collèges, portée par un des talentsde ce gouvernement, par Najat Vallaud-Belkacem, et

     je lui dis qu’elle poursuive, qu’elle continue son travail,qu’elle en débatte, bien sûr, mais qu’elle ne se laissepas impressionner par tous les anciens ministres del’Éducation nationale. Ah, les anciens ministres… On lesera tous à un moment ou à un autre, ancien ministre.Mais souvent, pas tous, mais souvent, et je pensesurtout à l’un d’entre eux, qui a été ministre, qui n’arien fait, qui n’a rien réformé, sinon qu’il a essayé demettre en cause la laïcité, tous ces anciens ministresqui parlent et qui n’ont rien fait, alors Najat Vallaud-Belkacem, avec nous, elle agit et elle réforme. Et puisbien sûr, il y a l’évolution des programmes.

    C’est un vrai débat. L’histoire que nous transmet-tons à nos enfants. C’est le ciment de notre société,il ne s’agit ni de l’embellir, ni de le noircir, mais de letransmettre pour former des citoyens libres, lucides,autonomes, pour forger une identité selon la défini-tion de Brodel, fondée sur notre langue, notre littéra-ture, notre culture, notre histoire, notre territoire, nosenfants doivent bien sûr vibrer au souvenir du sacrede Reims, lire avec émotion le récit de la fête de lafédération, mais ils doivent être capables aussi decomprendre le monde d’aujourd’hui avec les instru-ments d’aujourd’hui. Des talents, il y en a tellementdans notre pays, dans les familles d’ouvriers, dessalariés des classes moyennes, ces talents doiventpouvoir pleinement s’exprimer et notre rôle est de lesaider, d’aider les parents, les familles, c’est ça la mis-sion de la gauche. Transmettre le savoir, transmettredes valeurs, faire en sorte qu’au départ, chacun ait lamême chance pour pouvoir progresser dans la socié-té. Et notre objectif, dans ce débat brouillé sur l’école,c’est l’excellence républicaine. Et nous devons ouvrirdavantage l’accès à la culture, à la création, dévelop-per chez tous le goût du beau, le culte passionné dela raison et de la liberté, donner du goût aux gens, àla jeunesse, à l’espoir, de l’optimisme. La gauche doitregarder l’avenir avec optimisme, c’est notre mission,

    c’est notre histoire.Mes chers amis, je parlais au début de l’exigence dessocialistes, c’est celle d’être à la hauteur, commele furent nos aînés, pour pouvoir à notre tour inven-ter l’avenir. Prenons le temps de rêver à nouveau. Lerêve, ce n’est pas une fuite, c’est un beau voyage, cen’est pas un mirage, c’est l’horizon que l’on se donne àatteindre, et pour cela, nous devons être rassemblés,derrière le président de la République qui agit avecdétermination, sens de l'État, avec la volonté d’apai-ser, de protéger les Français. Rassemblés derrière legouvernement dont je salue les nombreux membresici présents, rassemblés derrière le président de l’As-semblée nationale, le président de groupe, Bruno LeRoux, Didier Guillaume, Pervenche Bérès, rassemblésderrière les parlementaires, députés, sénateurs, nossecrétaires de section, nos militants, nos jeunes socia-listes, qui agissent au quotidien. Oui, avec vous, moi, je

    respecte le Parti socialiste, et j’aime les socialistes, jesuis militant depuis 1981, et je sais ce que je vous dois,ce que nous vous devons, vous, militants, adhérents,sympathisants, non, le Parti socialiste n’est pas mort,parce qu’il y a les militants, les adhérents, les sympa-thisants, qui s’engagent bénévolement pour organiserune primaire ou une campagne présidentielle. Je suisconvaincu qu’ils seront à nouveau au rendez-vous des

    combats. Rassemblés derrière toi, cher Jean-Chris-tophe, qui remet les idées en marche, qui remet leParti socialiste en mouvement, qui redonne avec taforce et ton expérience, de l’énergie aux militants, etqui a toute la reconnaissance et toute la confiance dessocialistes. Soyons rassemblés, chacun ici y a contri-bué, et doit y contribuer, ce rassemblement, il ne suffitpas de l’invoquer comme un mot magique.

    Les débats vont se poursuivre. Mais ce rassemble-ment, il faut le vouloir. Et à la place qui est la mienne,

     j’y travaillerai toujours, et comme chef du gouver-nement, de la majorité, j’en serai le garant. Vousconnaissez mon parcours, j’ai participé toujours avec

    enthousiasme à nos débats, dans nos congrès, à laprimaire de 2011, j’ai toujours défendu mes idéesavec conviction, et je viens de le faire encore devantvous. Mais aujourd’hui, j’ai une responsabilité, celle deconduire l’action du gouvernement de la France, et j’aiune autre conviction : il n’y a pas d’aventures person-nelles, il n’y a que des réalisations collectives. Et vouspouvez être certains de ma loyauté sans faille à l’égarddu président de la République. C’est d’abord le fruit dela relation personnelle qui me lie à François Hollande,c’est ensuite surtout dans ce moment-là ma concep-tion de la politique, mais c’est aussi ma conception desinstitutions de la cinquième République, mais d’abord

    et avant tout, je veux réussir et nous avons le devoir deréussir. Ce que les Français attendent de nous, d’unParti socialiste qui s’adresse à tous, qui parle à toutle monde, et qui agit pour tout le monde. La gauchen’est jamais plus belle, plus utile aux Français quequand elle s’adresse à tous, sans sectarisme et sansdogmatisme. Être rassemblés, c’est être plus fort etc’est rendre crédible le message de rassemblementque nous adresserons aux Français. Nous avons be-soin d’un Parti socialiste fort qui fédère la gauche etles écologistes, qui trace un chemin vers une maisoncommune, il faut imaginer ce dépassement qui per-mette aux progressistes de se retrouver pour prépa-rer d’abord les élections régionales de décembre, et

    bien sûr la présidentielle de 2017. Et plus largement,aujourd’hui, dans ce monde que j’ai décrit, avec sesfractures, ses doutes, nous devons être le parti detoute la nation, de tous les Français. J’ai entendu direque nous serions devenu des minorités, non, ce n’estpas ça.

    Mes chers amis, ma conviction, c’est que dans cetteépoque qui bouge tant, le monde a besoin de laFrance, et la France a besoin de la gauche, car être degauche, c’est avancer, jamais reculer. La gauche, c’estprogresser, et en même temps partager. La gauche,c’est élever chacun. Alors soyons fiers de ce que nous

    avons accompli, soyons fiers de ce que nous allonsfaire, soyons fiers d’être de gauche, soyons fiers d’êtreFrançais, fiers de notre beau pays, de la réussite, vivela République, et vive la France !

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    Beaucoup d’entre vous le savent, je travaille au par-lement sur la notion d’éthique. Eh bien, chers cama-rades, l’éthique, en politique, c’est de mener un débatde bout en bout. Mais aussi et surtout de savoir leconclure. Au cours de ces derniers mois, la discus-sion a eu lieu entre nous. Nous avons pu, les uns etles autres, échanger nos arguments dans la grandetradition de ce qui fait notre parti depuis sa création.Nous devons collectivement respecter ce travail. Per-sonne, je dis personne ne peut s’en affranchir. Cherscamarades, quand on est socialiste, la critique d’uneligne se fait ici, à la tribune, pas dans une tribune.

    Cela, chers camarades, relève pour moi de l’éthiqueen politique. Au moment où le populisme gagne trop

    d’esprits, où il stigmatise chaque jour les élus de notreRépublique, moi, je suis fier de notre parti. Le Partisocialiste est un grand parti, qui réfléchit, avance etconstruit. Souvenez-vous, chers amis, chers cama-rades, ce que d’aucuns prédisaient il y a quelquessemaines encore : Poitiers serait un congrès de fu-reur et de bruit. Souvenez-vous, chers amis, cherscamarades, que vendredi, les mêmes évoquaient uncongrès d’ennui. Eh bien moi, je vous le dis, Poitiersn’est ni du bruit, ni d’ennui. C’est un congrès d’en-vie. Envie de réussir, comme l’a rappelé notre Pre-mier ministre, Manuel Valls, envie d’aller encore etencore de l’avant, comme le dira tout à l’heure notrepremier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis.Envie de gagner à nouveau, derrière notre présidentde la République, François Hollande. Chers cama-rades, soyons fiers de ce que nous faisons. La droitene sait que casser. Seule la gauche sait réformer. Lesgrands changements de société, de l’abolition de la

    peine de mort au mariage pour tous, c’est la gauche.Le souci du plus faible, la recherche constante duprogrès social, la mise en place par Pierre Mauroy dela retraite à 60 ans, c’est la gauche. Son rétablisse-ment par Jean-Marc Ayrault, c’est encore et toujoursla gauche. L’action du président François Mitterrandpour la paix en Europe, celle du président FrançoisHollande, pour garantir notre sécurité, tout cela està mettre au crédit de la gauche. Hier, Manuel Valls aparlé d’exigences en ces termes : un socialiste seratoujours exigeant, exigence, c’est le mot qui résumele mieux la gauche. Le Premier ministre a raison. Les

    socialistes sont exigeants avec eux-mêmes et ils ontraison. C’est cette éthique de l’action qui fera revenirà nous ceux que la politique a pu décevoir et qui sesont détournés de nous. Tous ceux, dans cette salle,qui, comme moi, sont élus locaux, savent combientout se rebâtit chaque jour, combien rien n’est acquis,combien temps et patience sont nécessaires pourvoir s’achever une réalisation. Eh bien, réforme… Sa-lut, Manuel !

    Eh bien, réforme après réforme, jour après jour, nousvoyons la situation s’améliorer, la confiance reve-nir. Bien sûr, le combat pour l’emploi est encore loind’être gagné. Bien sûr, des millions de nos conci-toyens sont chaque jour encore dans la détresse.Toute l’action des socialistes doit être concentréesur cette question, et je sais qu’elle l’est. Présageantsûrement des lendemains meilleurs, les bonnes nou-velles économiques viennent une à une former untableau plus lumineux de la France de demain. C’està ce moment charnière, en cet instant où tout n’estdéjà plus comme avant, que se déroule notre congrèsde Poitiers.Chers amis, chers camarades, tout doucement, lebalancier est en train d’indiquer l’heure de la récolte.L’histoire du quinquennat retiendra que c’est à Poi-tiers qu’a commencé la seconde partie du mandat de

    François Hollande. Oui, c’est ici, cher Manuel, que tuas affiché ton éthique de la responsabilité et ta vo-lonté indépassable de réussir. Cette réussite, nous,socialistes, la devons aux Français, et notammentaux Français les moins aisés qui souffrent au quoti-dien. Alors, chers amis, chers camarades, repartezd’ici avec en tête cette phrase de Pierre Brosselette,entré récemment au Panthéon : Ce qu’ils attendentde nous, ce n’est pas un regret, mais un serment. Cen’est pas un sanglot, c’est un élan. Je vous remercie.

    ▶ Député maire de Poitiers

     ALAIN CLAEYS

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    C’est un vrai débat d’idées que nous avons à Poitiers.Face aux difficultés que rencontre la France, face auxdéfis, personne n’a la science infuse, personne n’ade réponse toute prête. Et c’est en tant que présidentde région que je veux apporter ma pierre à ce débat.Car dans nos régions, depuis dix ans, et parfois da-vantage, nous construisons le renouveau socialiste,nous sommes des fabriques à idées et à projets, nousportons fièrement les valeurs de la gauche, celles quinous ont fait gagner et qui nous ferons encore gagner.

    Loin de moi l’idée d’opposer gouvernement et ré-gions. Mes chers camarades, la prochaine échéance,ce n’est pas la présidentielle, ce sont les élections

    régionales en décembre prochain. Et nos concitoyensnous attendent. Ce rendez-vous sera la première oc-casion pour nous de tenir les promesses du congrèsde Poitiers. Parlons des régions de gauche, de leursrésultats. Qui a assuré la gratuité réelle de l’éduca-tion ? C’est nous. Qui a fait de l’apprentissage une voied’excellence ? C’est nous. Qui a créé le pass contra-ception tant combattu par la droite ? C’est nous. Quia créé le service public de formation pour les deman-

    deurs d’emploi ? C’est nous. Qui a inventé de nou-veaux outils pour la transition énergétique ? C’estnous.Qui a suscité et soutenu l’innovation sociale, lesgroupements d’employeurs ? C’est encore nous.

    Notre bon bilan suffira-t-il pour gagner ? Certaine-ment pas. Mais il peut aider à ouvrir les yeux et lesoreilles. L’enjeu n°1, nous le savons tous, c’est dereparler à celles et ceux qui nous ont délaissés lorsdes dernières consultations. Nous savons qui ils sont.Les ouvriers, les employés, les jeunes, les gens mo-

    destes, qui constatent et déplorent que le systèmene fonctionne pas ou plus pour eux. Nous savonsoù ils sont. Dans les villages, dans les quartiers. Lacarte électorale des départementales parle claire-ment. Plus on s’éloigne du centre des villes, moins onvote à gauche. Nous sauvons des métropoles où unemajorité de la population est protégée de la crise, etnous perdons des départements ruraux et des citésouvrières. Comment les faire revenir à nous ? La criseest profonde, nous ne retrouverons jamais la situa-tion d’avant la crise. Le gouvernement fait ce qu’ilfaut pour permettre à la France de retrouver de lacompétitivité et de la croissance, c’est indispensable.Dans les régions, nous amplifions ce mouvement etnous pouvons le faire d’une façon plus ciblée, nouspouvons mobiliser les acteurs et réseaux que nousconnaissons bien. Il nous faut mettre en place dansles régions fusionnées une organisation innovantepermettant une répartition harmonieuse des centresde décisions dans les régions d’origine. C’est la posi-tion que je défends depuis plusieurs mois.

    Pourtant, si la première conséquence de la réformeterritoriale, c’est de vider les territoires de leur sa-voir, ce n’est pas moins d’abstentions ou de votesextrêmes que nous aurons, mais davantage. La pro-messe de Poitiers que nous devons tenir dans les ré-

    gions, c’est respecter les territoires, surtout ceux quisont davantage victimes de la crise. C’est redonnerles clefs de la réussite aux enfants et aux jeunes desclasses populaires. C’est porter l’audace de la crois-sance verte et de l'économie solidaire, c’est innover,toujours, ne jamais baisser les bras. Mon vœu le pluscher, c’est que le congrès de Poitiers soit celui de lareconquête du peuple de gauche et qu’elle commencedès décembre, dans nos régions.

    ▶ Président du conseil régional de Poitou-Charentes

    JEAN-FRANÇOIS MACAIRE

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    ▶ Premier secrétaire de la fédération de la Vienne

    BENOÎT TIRANT

    Les enjeux de ce congrès sont multiples, puisqu’ilnous appartient de fixer pour les années à venir leschoix à définir pour notre pays, pour que celui-cien passe de sortir d’une crise économique violentepuisse enfin répondre aux angoisses des Français,angoisses attisées par les sirènes du déclinisme. Ilnous revient aussi d’expliquer comment affronter cemonde qui se développe devant nous, globalisé et enperpétuel mouvement, confronté aux menaces duterrorisme.

    Mes chers camarades, chers amis, je veux affirmerque nous sommes là pour remporter la victoire en2017. Si nous sommes rassemblés aujourd’hui, c’estpour raviver un espoir chez les Français, consacrantces trois jours à retisser le lien social que nos oppo-sants s’acharnent à distendre. Redonnons leur placeaux valeurs fondamentales de la République.

    La fraternité nous fédère et justifie notre engage-ment socialiste. Notre histoire nous a appris que rien

    de grand ne peut advenir si nous sommes fragiliséspar la désunion, si nous ne portons pas ensemble unmessage pragmatique. Notre parti doit défendre letravail de réforme engagé par le président de la Répu-blique, son gouvernement et sa majorité, désormaisindispensable pour le redressement du pays. Plusencore, le Parti socialiste doit être une force de pro-position qui impulse ses propres orientations. Oui àla fraternité comme ferment du vivre ensemble et denotre démocratie. Ce que veulent les jeunes dans lescités, dans les campagnes, partout en France, c’estque la France généreuse et conquérante, les recon-naisse comme citoyens à part entière et leur donne àtous les moyens de leur épanouissement, parce quesans la jeunesse qui s’élève, la France n’est rien. Ilnous faut aussi mener un combat difficile contre unsystème financier égoïste et injuste. Il nous faut aussicontre l’individualisme et le repli sur soi se remettreen valeur le partage et le vivre ensemble.

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    ▶ Secrétaire national aux élections

    La première partie de l’après-midi de ce vendredi 5 juin a été consacrée au vote du rapport dela Commission nationale de récolement sur le votedu 21 mai, rapport présenté par Christophe Borgel.

    CHRISTOPHE BORGEL

    > FOCUS

    Concernant le vote du 21 mai sur les motions :60% pour la motion A (42 713 voix),28,5% pour la motion B (20 245 voix),2% pour la motion C (1 426 voix), et9,5% pour la motion D (6 756 voix).

     Après le vote des délégués, qui a approuvé le rapportde la Commission nationale de récolement, ChristopheBorgel a annoncé les résultats du vote du 28 mai :

    70% pour Jean-Christophe Cambadélis (41 213 voix)30% pour Christian Paul (17 606 voix).

    L’UNITÉ  APRÈS LE VOTE

    La participation s�