L'Hebdo n°765 spécial Conseil national

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    N°765DU 14 FÉVRIERAU 20 FÉVRIER 2015

    Faire vivre

    le débat d e s s o c

    i a l i s t e s

    SPÉCIAL CONSEIL NATIONAL

    AGENDA

    Le conseil national de dépôt des contributions s'est tenu samedi7 février. Au total, 27 contributions générales vont alimenter le débatqui mènera à l'élaboration des motions pour le prochain conseilnational le 11 avril, puis au congrès de Poitiers les 5, 6 et 7 juin.La discussion est donc ouverte. Elle se poursuit par le biais descontributions thématiques que l'on peut encore déposer jusqu'au20 février.

    10, rue de Solférino75333 Paris Cedex 07Tél. : 01 45 56 77 [email protected] DE LA RÉDACTION ET DIREC-TRICE DE LA PUBLICATION • Sarah Proust• RÉDACTRICE EN CHEFSarah Nafti• RÉDACTRICE• • PHOTO Mathieu Del-mestre • MAQUETTE Florent Chagnon(79 44) •FLASHAGE ET IMPRESSION PGE(94) Saint-Mandé• N° DE COMMISSION PARITAIRE :1118P11223• ISSN 127786772“L’hebdo des socialistes” est éditépar Solfé Communications,tiré à 180 000 exemplaires

    7 mars 2015Colloque les fausses promesses del'extrême droite

    22 mars 20151er tourdes électionsdépartementales

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    LES INTERVENTIONS

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    JEAN-CHRISTOPHECAMBADÉLIS

    Chers camarades, le contexte a changé. La Francea été attaquée par le terrorisme, les Français ontremis la République au centre, l’exécutif est à lahausse et le Président incarne la nation, tant le11 janvier qu’hier à Moscou. Les socialistes sontmieux, sans être au mieux. L’austérité est battueen brèche par le vote grec, tout autant que parl’action des sociaux-démocrates. Le bloc réac-tionnaire à colonne vertébrale frontiste est enmarche, bousculant l’UMP. Sur notre gauche, onveut croire qu’une nouvelle gauche passe par ladisparition du Parti socialiste. Les marches répu-blicaines ont mis à l’ordre du jour la République,mais la dynamique frontiste est là, et le fana-tisme religieux aussi. Le moment politique estdonc dans cette confrontation. Il nous faut être àla hauteur de l’histoire, cette histoire ici et main-tenant. Soit nous nous réinventons, nous réussis-sons au gouvernement, soit nous disparaîtrons.Le contexte a changé et les textes aussi, lisez-les.Notre contribution dit notre double volonté : uti-lité et unité. Être utile à la France et aux Françaisen agissant pour le redressement de notre pays,et d’abord pour créer de l’activité, de l’emploi,investir dans le futur, être utile à la République,en proposant dix chantiers pour l’égalité réelle.Être utile à l’Europe en la réorientant, être utileau Parti socialiste en poursuivant son renouveauvoire son dépassement. Notre démarche se xepour devoir de répondre aux besoins de sens etd’engagement de chaque militant et de chaquecitoyen. Elle assigne quatre tâches d’intérêt gé-néral. La première : comprendre les dés histo-riques qui se posent à notre pays, dans le mondeet en Europe. Les dés sont multiples : agir contrele terrorisme djihadiste dans un monde multi-polaire désorganisé, répondre à l’urgence éco-logique au nom de l’écologie socialiste, mettrela nance au service de l’économie réelle et del’emploi, unir le Nord et le Sud de l’Europe pour la

    réorienter, promouvoir une nouvelle croissance,combattre la déation, doter l’Europe d’un traitésocial.

    Deuxièmement, mettre en perspective le sensde notre action en disant ce qui a été fait, ce quireste à faire, ce qui a réussi, et ce qui peut êtreinéchi. Depuis 2012, nos gouvernements, celuide Jean-Marc Ayrault et de Manuel Valls, et lamajorité, travaillent au redressement du pays,dans un contexte européen et international iné-dit, dans une conjoncture qui amorce un début dereprise mais reste marquée, c’est pour nous laquestion centrale, par l’urgence de la reconquêteindustrielle, après dix ans de politique de droitequi a plombé les comptes, abîmé les services pu-blics, et divisé les Français. Depuis l’alternance,il a fallu s’attaquer à toutes les crises en mêmetemps : redressement productif et compétitivitéde nos entreprises, soutien à l’emploi et au pou-voir d’achat, investissement éducatif, transitionécologique et numérique, nouvelle organisationterritoriale, droits nouveaux pour les salariés,relance européenne, diplomatie active. L’action,dans tous ces domaines, a besoin de constance,de cohérence, de persévérance. Il faut continuer,mais il faut aussi pouvoir compléter, consolider,inéchir comme il le faut. Qu’il s’agisse de laprise en compte plus particulière des entreprisesexposées à la concurrence internationale, de laréforme de la scalité ou du soutien à l’inves-tissement des collectivités territoriales, pourpermettre la réussite de la n du quinquennat,l’enjeu principal pour notre parti doit être de pro-mouvoir la cohérence républicaine.

    Troisièmement, inscrire l’égalité au cœur de notreaction pour concrétiser la promesse républicaineet permettre la réussite de la n du quinquennat.L’enjeu du congrès de Poitiers est d’être à la hau-teur de l’histoire. Être à la hauteur de l’histoire,c’est faire vivre la République. Nous voulons fairede l’égalité le l d’Ariane de la n du quinquen-nat de l’action du Parti socialiste dans les pro-chaines années. Notre contribution propose ainsidix chantiers de cohésion républicaine, déclinésen proposition pour l’égalité réelle, et la citoyen-neté active : pour le droit à un environnementpréservé, pour l’éducation, premier sujet, pre-mier budget, premier projet. Pour la sécurisationdes parcours professionnels. Pour la santé pourtous, pour le logement de qualité, cause natio-nale. Pour le droit à la mobilité et à l’accès par lestransports collectifs ou numériques. Pour l’éga-lité hommes-femmes. Pour l’accès à la culture etaux arts. Pour le service public sur l’ensemble duterritoire en métropole et en Outre-Mer. Pour lascalité au service de la croissance et de la jus-tice.

    Quatrième point : faire de l’unité notre méthode etnotre objectif, pour renforcer notre parti, rassem-bler la gauche et les écologistes, mobiliser lescitoyens, mener la bataille culturelle et politiquecontre le bloc réactionnaire. L’unité permettra auParti socialiste d’être pleinement utile à la réus-

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    site de la n du quinquennat et à la défense dela République. L’unité des socialistes, car tantdépend de nous. Unité car la réussite du redres-sement de notre pays ne peut se faire dans ladiscorde et dans le désordre. Unité du parti pourpoursuivre son renouveau engagé avec nos Étatsgénéraux et notre modernisation organisation-nelle. Unité encore pour permettre le rassem-blement de la gauche et des écologistes. Unitécontre la division de la gauche, condition indis-pensable pour casser la dynamique de notrebloc réactionnaire. Et Gérard, si je peux partageravec toi les réexions vis-à-vis des ministres, j’aimerais que de temps en temps, tu mettes tafaconde au service de combattre ceux qui nouscombattent, comme Jean-Luc Mélenchon. Unitédes Français pour mettre en échec les tentativesde déstabilisation et de division de notre pays,

    et renforcer le vivre ensemble de notre Répu-blique. Au nal, notre texte commun, cité avecle secrétariat national et les 78 premiers secré-taires, veut résolument être utile pour saisir etêtre à la hauteur du moment historique présent,pour peser réellement et positivement sur la ndu quinquennat. Et enn, pour servir l’unité dela gauche dans son combat face au bloc réac-tionnaire.

    En somme, ce texte veut être une contributionpour faire vivre le débat, et n’en ayons pas peur,pour faire vivre notre République, pour fairevivre notre parti. Je m’engage à rencontrer les26 contributions pour trouver les voies d’une mo-tion, si ce n’est unique, en tout cas essentiellespour le rassemblement.Merci.

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    Chers camarades,Mon propos sera bref en ouverture de notre réu-nion.Parce que nous avons un ordre du jour copieux etque les camarades sont nombreux qui souhaitents’exprimer au lendemain du dépôt des contribu-tions pour notre Congrès de Poitiers en juin – j’yreviendrai dans quelques instants.De plus, notre précédent Conseil national n’est passi loin dans le temps – c’était le 13 décembre. Cettepériode a cependant été rythmée par de multiplesexpressions, réunions, productions. Vous en retrou-verez la synthèse complète dans le rapport d’acti-vité que, c’est une pratique désormais bien établieou rétablie, le secrétariat national a préparé à votreattention et qui vous a été remis.

    Pour ma part, je retiendrai les trois bureaux natio-naux respectivement consacrés au rapport parle-mentaire sur la n de vie en présence d’Alain Claeys,à la victoire de Syriza en Grèce et à ce qu’elle signi-e ou rend possible pour l’Europe et pour le payslui-même, à l’élection législative dans le Doubs –c’était mardi dernier –, où notre camarade FrédéricBarbier portera demain, dans le deuxième tour, nonseulement nos couleurs mais l’attachement aux va-leurs républicaines ; nous le saluons avec amitié, etnous lui adressons tous nos encouragements.À travers les secrétaires nationaux et les porte-pa-roles, le Parti s’est réjoui que l’éducation nationalesoit redevenue le premier budget de la nation, et ila salué l’annonce du nouveau plan de renouvelle-ment urbain. De même, nous avons rappelé l’avan-cée majeure que constitue l’ouverture des comptespersonnels de formation qui doteront leurs béné-ciaires de 150 heures de formation pour sept ansd’activité professionnelle, défendu aussi la néces-sité du compte pénibilité face aux attaques d’unepartie du patronat, et dit notre attachement au tierspayant généralisé en 2017 – je rappelle qu’un Fran-

    çais sur quatre renonce, au moins une fois par an,à se soigner.Dans le domaine international, nous avons saluéla résolution du Parlement européen appelant àla reconnaissance de l’État de Palestine ; dénoncél’effroyable attaque terroriste survenue à Peshawarau Pakistan en décembre ; rendu hommage à Shai-ma al-Sabbagh, militante pacique de la révolutionégyptienne et membre de l’Alliance populaire so-cialiste. Au plan européen, outre l’élection généraleen Grèce, nous avons évoqué la politique offensivede la Banque centrale européenne, cette étape sup-plémentaire, nécessaire, salutaire que constitue lerachat de titres de dette souveraine – 60 milliardsd’euros de mars prochain à septembre 2016 – déci-sion favorable, comme l’euro moins cher, à la crois-sance durable, à l’investissement et à l’emploi. Enrevanche, avant-hier, nous avons regretté la der-nière décision de la BCE concernant le durcisse-ment des conditions d’accès aux liquidités pour lesbanques grecques.

    Tout cela nous l’avons dit, tout cela nous l’avonsfait dans une période à nulle autre pareille où notrepays a été la cible, trois jours durant, les 7, 8 et9 janvier, d’attentats terroristes qui ont arraché à lavie dix-sept de nos concitoyens. Il y a un mois jourpour jour, le mercredi 7 janvier en n de matinée, aeu lieu l’attaque d’une violence et d’une lâcheté ex-trême contre Charlie Hebdo, avant celle, deux joursplus tard, de l’Hyper Casher porte de Vincennes.La France a été touchée au cœur, la France a subiun terrible choc, mais la France a fait bloc. Le Pré-sident de la République a su, dans ces journées ter-ribles, incarner la nation. L’exécutif a fait preuve defermeté, agi avec réactivité et sérénité, fait prévaloirl’unité.

    Les Français, par les rassemblements spontanésqui ont euri dans le pays dès le 7 au soir, lors desmarches républicaines qui se sont déroulées le 11sous les yeux du monde, à Paris et dans les régions,ont dit leur solidarité aux familles des victimes, ditleur refus de la peur et de la terreur, des amalga-mes et des divisions, leur attachement à la démo-cratie, à la liberté d’expression, aux valeurs de laRépublique. C’est aussi une réponse, apportée parla nation des citoyens, à la question de l’identitéfrançaise que certains, sur les ondes ou dans leslivres, dénissent par le repli ou le rejet sur fondde déclin proclamé. Non, ont dit les Français, au- jourd’hui comme hier, être Français, c’est vouloirles valeurs de la République, vouloir qu’elles soientbrandies, transmises, concrétisées aussi. Voilà lemessage du 11 janvier, l’exigence qu’il signie, qu’arappelé le chef de l’État avant-hier lors de sa confé-rence de presse.

    Notre parti a répondu présent dans ce moment siparticulier pour notre pays, dans cette épreuve. AuParti socialiste, nous avons œuvré, sous l’impul-sion du Premier secrétaire, avec François Lamy etbeaucoup d’autres, à la réussite du rassemblementnational du 11 janvier. Tous les camarades qui ontcontribué à ce temps fort citoyen de notre histoiredoivent en être remerciés, tout comme les militants

    GUILLAUME BACHELAY

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    et les sympathisants, si nombreux, qui, à Pariscomme ailleurs en métropole et dans les outre-mers, se sont mobilisés. De même que doivent êtreremerciés les camarades, dirigeants ou adhérents,des autres partis socialistes et sociaux-démocratesqui ont rejoint les cortèges pour exprimer leur soli-darité.Dès le 12 janvier, avec Jean-Christophe, nous avonssouhaité consacrer le rassemblement des secré-taires de section à cette grande cause : faire vivrela République. Cette proposition a été soumise auBureau national dès le lendemain et les camaradesl’ont approuvée. Lors de cette même réunion du13 janvier, là aussi an d’être à la hauteur de l’exi-gence. Trois groupes de travail ont été mis en placeautour des enjeux suivants : la lutte contre le terro-risme et la protection des Français, la coordinationeuropéenne et la cohésion républicaine. Annonceen était faite dès le lendemain et surtout la miseen œuvre engagée dès le lendemain. Je remercierespectivement Marie-Pierre de la Gontrie, PhilipCordery et Laurent Dutheil car ils ont accompli unimportant travail, avec les autres camarades quise sont impliqués, an de pouvoir livrer un rap-port d’étape aux secrétaires de section que nousavons réunis à la Mutualité dimanche dernier – ilsétaient plus de 800 venus de toute la France, plusde 1 300 participants au total.

    Ce grand rassemblement, le 20e du genre, a étéun succès de participation bien sûr mais aussi untemps fort pour notre réexion collective. Mercinotamment à Jean-Jacques Urvoas, Christine Re-vault d’Allones, Paul Quilès, Isabelle Thomas, ElsaDi Méo, Alain Bergougnioux et à tous les autrespour leur contribution. Celles et ceux d’entre nousqui ont partagé cette journée avec les camarades,en présence du Premier ministre, peuvent témoi-gner de la qualité des échanges qui ont nourri les

    rapports des groupes de travail qui présenterontleurs conclusions mardi prochain devant le Bureaunational. Merci à Sarah Proust et Elsa Di Meo pourle kit sur la laïcité qui a été remis aux camarades.Merci aussi, chaleureux merci à l’ensemble des col-laborateurs du siège national qui ont œuvré à l’or-ganisation et à la réussite de notre rassemblementde dimanche dernier.J’arrête ici mon rapport d’activité et j’en viens àl’autre point de l’ordre du jour, le rapport d’activitéavec la préparation de notre Congrès et, c’est sapremière phase, le dépôt des contributions géné-rales et thématiques.

    171 contributions thématiques ont été déposéessur le site du parti avant le 6 février minuit et 7sont actuellement au cours de vérication de leurvalidité par rapport à la circulaire 1395 du 19 dé-cembre 2014. Avec le Premier secrétaire, nousproposons qu’un délai de 15 jours soit permis parnotre Conseil national ce matin pour pouvoir contri-buer sur un thème, comme nous l’avions fait pourles États généraux : des camarades ont besoin d’unpeu de temps pour rédiger et je propose de le leurpermettre. La Commission provisoire du Congrès,à laquelle participeront les contributions généralesaprès leur enregistrement, a approuvé cette idéeet elle me semble pouvoir recueillir l’adhésion detous.Les contributions thématiques seront mises enligne sur le site au cours du week-end et les contri-butions générales aussi qui, elles, seront de sur-croit publiées dans un cahier spécial de l’Hebdo quipourra être livré autour du 20 février.J’en viens aux contributions générales : 27 ont étédéposées dont je vous donne la liste dont l’ordon-nancement sera celui des interventions de ce ma-tin – 6 minutes pour chaque orateur – et du cahieradressé aux militants.

    Bonjour chers camarades.Je vais vous présenter la contribution que nousdéposons au titre des réformistes solidaires.C’est un travail que nous avons démarré dans lecadre des États généraux, et qui s’est poursuivià travers la réexion sur le débat problématiqueentre les tenants de la ligne gouvernementale etceux qui souhaitent des orientations plus radi-cales. Même si nous sommes là pour reconnaîtrequ’un certain nombre de résultats sont parcel-laires au niveau de l’action gouvernementale, iln’en reste pas moins que le débat est nécessaire,mais il doit se faire dans un discours de vérité. Etnous voulons, à l’occasion de ce congrès, réafr-mer deux convictions particulières et profondes.Il nous faut d’abord maîtriser les dépenses pu-bliques, mais pour rénover profondément notrepays. Et nous voulons aussi dépasser la socialedémocratie traditionnelle pour valoriser le tempslong, le contrat, en cherchant à impliquer directe-ment les citoyens, mais aussi les acteurs sociaux,les politiques, les culturels, et les militants. Enfait, nous souhaitons mettre les réformes au ser-PHILIPPE HARQUET

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    vice des solidarités nouvelles pour bâtir ce quenous appelons un new deal solidaire. C’est notreambition.

    Alors, quels enjeux pour ce congrès de Poitiers ?2015 est une année décisive, nous le voyons bienpour le quinquennat de François Mitterrand... deFrançois Hollande. On est quand même marquéspar François Mitterrand ! Le chômage structurelde masse est une donnée constante depuis lan des années 90. Les événements des 7, 8 et 9 janvier remettent bien dans l’actualité les condi-tions de notre vivre ensemble. Alors, commentgarantir dans ce nouveau contexte les valeursde la République et le pacte social issu de 1945lors du Conseil national de la Résistance ? Pournous, pour répondre à ces dés, il faut sortir descontestations parfois un peu faciles et avancersur ce que nous appelons la coconstruction, avecles citoyens, avec nos militants. Il faut assumeraussi l’inconfort de la gestion du pays en tempsdifcile, dans une crise profonde, et face à uneréalité à laquelle nous ne pouvons pas échapper,et dans laquelle nous devons bien nous enga-ger, même si, effectivement il n’est pas forcé-ment facile et confortable d’être le principal partid’une majorité parlementaire. C’est une attitudesans doute à rebours de la culture dominante denotre parti. Mais nous devons, pour nous, adop-ter une culture de construction, pas une culturede contestation facile. Ce que nous voulons, c’estde passer du vivre ensemble au faire ensemble.Faire ensemble, c’est mobiliser celles et ceuxqui sont le plus loin des décisions économiques,sociales, politiques et culturelles, c’est-à-direnotamment les citoyens. Et faire vivre une démo-cratie qui respire avec des contre-pouvoirs actifs.Les militants sont aussi des acteurs à mobili-ser. Coconstruire, c’est forger un consensus quin’est pas le plus petit dénominateur commun, etlà, nous sommes attachés à ce que l’on aie unenotion de majorité claire et nette, mais c’est unarbitrage assumé entre des droits et des enga-gements, ce qui permet une action efcace. Celas’applique aussi à notre parti, entre le parti, entre

    le parti et le gouvernement, entre le gouverne-ment et nos élus, entre la direction du parti etles militants. Cette démarche de coconstructionpermettra d’impliquer d’abord les citoyens etles citoyennes, quelles que soient leurs origines,quelles que soient leurs situations, pour renfor-cer notre pacte républicain au service d’un pro- jet collectif partagé. Et notre projet, c’est d’ail-leurs, vous l’avez bien compris, une méthode, lacoconstruction pour agir dans le temps, dans letemps long du réformisme. Nous défendons unprojet qui permette d’améliorer la vie des Fran-çais, cela doit être ça aussi notre objectif, un pro- jet global pour plus de solidarité. Cela passepar décloisonner les temps de vie de l’éduca-tion au vieillissement, en passant par les tempsd’activité. Il faut revoir, revisiter ces notions-là.Conforter des droits liés à l’intime, les droitsprivés, les droits publics. Construire un dévelop-pement économique avec un souci écologique,et d’innovation. Et travailler à un fédéralismeeuropéen progressif, mais assumé, notammentavec une priorité au niveau de l’Eurogroupe, àtravers des coopérations renforcées. C’est aussicoconstruire une démocratie ouverte avec devéritables contre-pouvoirs. Notre projet vise àémanciper : responsabilité et innovation démo-cratique.

    Quelques propositions. Nous défendons l’impôtprogressif et individualisé en fusionnant la CSGavec l’IRPP, et l’individualisation de l’impôt, le re-venu universel qui permettrait de pallier en par-tie les problématiques des ns de droits et des jeunes étudiants, valoriser l’économie circulairepour accélérer la transition énergétique, la primemajoritaire à 25 % au lieu de 51, nancer le mili-tantisme européen pour construire, coconstruirele Parti socialiste européen, et renforcer la parti-cipation des salariés à l’actionnariat et à la gou-vernance de leurs entreprises. Faire ensemble,c’est d’abord passer donc du vivre ensemble aufaire ensemble, c’est surtout apprendre à avoirune culture de coconstruction pour construirepour demain. Je vous remercie.

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    « Une nouvelle voie, de la République à l’éco-so-cialisme. » Permettez-moi d’abord de faire uneremarque personnelle. Le système des contribu-tions me paraît bien lourd et pas si efcace queça. Frôler environ 30 000 signes cette fois-ci pourles générales et les thématiques, et peut-êtremême plus, c’est énorme. Quel adhérent pourravraiment lire, étudier, comparer tous ces textes ?Il faudrait trouver un système pour en diminuerle nombre, ce qui conduirait les militants à tra-vailler en groupes élargis, pas uniquement dansdes petites écures, et ça ne serait pas un mal. Parcontre, je me réjouis que plusieurs contributionstraitent également des sujets que nous portons.Cela veut dire que de nombreux militants conti-nuent à repenser le socialisme, et c’est cela quisauvera le parti. Pour en revenir à notre contri-bution« Une nouvelle voie », elle veut promouvoirune vision neuve de la démocratie, pédagogique,transparente, ouverte sur la société. L’avenir dusocialisme, c’est l’éco-socialisme. Le réchauffe-ment climatique, et plus largement la dégrada-tion de l'environnement, l’échec du libéralisme,la mondialisation et l’accroissement des inégali-tés, sont à l’origine d’une crise qui n’est pas seu-lement économique mais une crise de notre mo-dèle de développement. Cette crise nous obligeà ne plus considérer la production et la consom-mation comme des ns en soi. C’est une nou-velle forme économique et sociale qu’il nous fautproposer. Cette mutation est l’occasion pour lemouvement socialiste de refonder son projet, eny ajoutant pleinement la dimension écologique.Être écosocialiste, c’est redénir notre rapportau progrès pour le mettre au service de la socié-té, et non de la rentabilité. C’est considérer que leprogrès économique n’est pas une n en soi maisun moyen d’atteindre le progrès humain.L’éco-socialisme ne vise pas à culpabiliser le ci-toyen mais à l’associer aux politiques qui touchent

    aussi à la vie quotidienne, au logement, auxtransports, en passant par exemple par les gainsde pouvoir d’achat liés aux économies d’énergie.

    L’éco-socialisme n’est pas une conversion du so-cialisme à l’écologie, mais une façon de renoueraujourd’hui avec les fondamentaux de la gauche.Être écosocialiste, c’est considérer que la luttecontre les inégalités est indissociable de la pro-tection de l’environnement.

    L’éco-socialisme, c’est un ambitieux projet d’ave-nir à même de rassembler la gauche, lui permet-tant de renouer avec ses fondamentaux. Adapterl’économie à la société et non pas l’inverse, lerefus du fatalisme, et surtout la solidarité.

    L’éco-socialisme, c’est un projet de société pourlutter contre le repli sur soi et refonder la Répu-blique. Projet politique global et projet de socié-té, il constitue un ensemble plus cohérent quetout autre. La nouveauté de la démarche, c’estqu’elle ne s’assigne plus un but nal, elle reposeau contraire sur l’inventivité démocratique etsociale, elle invite à approfondir tous les méca-nismes de participation et de délibération.

    Être écosocialiste, c’est aussi renouer avec l’in-ternationalisme autour d’un projet essentiel,la protection des biens publics mondiaux. C’estdonner une nouvelle dimension au projet euro-péen en y ajoutant la transition écologique. CetteEurope dont nous rappelons qu’elle n’a de véri-table sens que comme espace de solidarité, cequi doit conduire à mettre en place un plan deconvergence des enjeux économiques, nan-ciers, autant que sociaux.

    Les récents événements nous ont montréavec une violence inouïe que la refondationdu pacte républicain devait être au cœur denos réflexions. Et donc, la gauche a un ave-nir, c’est la République. Il est évident que labase de l’accord entre tous, c’est l’éducation.J’entends dire cela depuis que je suis entréeau PS au siècle dernier, et cependant le niveauscolaire, d’après les études internationales, necesse de baisser. Il est donc urgent de passeraux actes en faisant place à l’innovation et eninstaurant un véritable droit à la formation surla vie entière. Les nouvelles technologies in-vitent et permettent de repenser les méthodesde transmission du pouvoir.

    Lors du dernier congrès, j’avais soutenu une mo-tion, la 2, qui prônait la parole aux militants, la ré-novation du parti, et surtout sa nécessaire exem-plarité pour arriver à une République, elle aussiexemplaire, comme le souhaitait notre président.Cette nouvelle contribution, elle aussi, rap-pelle qu’il ne peut y avoir de démocratie sans lepeuple, et qu’il convient de redonner aux citoyensles moyens de peser sur les choix politiques.Elle aussi veut rendre le pouvoir aux militantset la prise en compte de nouvelles aspirationscitoyennes. Nous devons réformer nos institu-

    SYLVETTE THIRIONET

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    CHRISTIAN PAUL

    tions pour renforcer le pouvoir législatif face àla toute puissance de l’exécutif, pour inclure lescitoyens au processus de réexion, de décisionet de mise en œuvre des politiques publiques. Ilnous faut un parti exemplaire dont les membres,en particulier ses élus, soient irréprochables. Ceparti remettra le débat et la production d’idéesau cœur de son action, renforçant pour ce faireses dispositifs de formation. Socialistes, noussommes évidemment internationalistes et euro-péens. La gauche se trouve à un tournant : ou elle

    suit la pente du pragmatisme qui permet d’agirsans penser, et de ce fait refuse de jouer le rôleque l’Histoire lui propose, où elle s’attaque à laracine du mal en bâtissant l’alternative écosocia-liste, rendue nécessaire et possible par l’impasseéconomique, écologique et sociale dans laquelles’est enfermé le libéralisme. Il s’agit maintenantde proposer un nouveau modèle de société quimette l’homme et son environnement au centre.C’est à cette tâche que nous convions les socia-listes.

    Chers amis,J’ai d’abord comme vous une pensée fraternellepour nos camarades du Doubs qui ont mené, ennotre nom et avec Frédéric Barbier, une cam-pagne acharnée pour faire barrage au Front na-tional, avec sur fond de décor l’UMP qui a perdula boussole et les petites lâchetés de Nicolas Sar-kozy. Et je pense aussi ce matin à toutes celleset ceux qui mènent des campagnes difcilespour les élections départementales. Ils ne sontpas avec nous ce matin mais nous sommes évi-demment avec eux par la pensée. Et le meilleurhommage à leur rendre ce matin, c’est que noussachions ensemble bien lancer ce congrès. Cecongrès, nous devons l’engager non pas commeun rituel ni comme un affrontement, pas non pluscomme une promenade de santé où tout seraitdéjà annoncé, mais comme un événement démo-cratique qui fera date, celui où les militants so-cialistes auront décidé de leur destin et donc del’avenir de ce pays, comme ils l’ont fait à chaquepériode cruciale de leur histoire. Si j’entends bienles premiers orateurs de ce matin, et ce que nousdisons depuis maintenant des semaines, presque

    unanimes d’ailleurs sur ce point, nous devonsfaire des choix clairs d’orientation. Nous sommesà l’heure des choix, pas à l’heure des évitements,à l’heure de l’unité bien sûr, mais pas à l’heurede l’uniformité. Si nous nous égarons dans desdiscussions secondaires, nous sombrerons dansl’indifférence. Mais si nous n’affrontons pasquelques rudes vérités, celles que l’épreuve dupouvoir nous oblige à dire sans trahir, ce seraitun congrès pour rien, et le signal irréversible dudéclin. C’est vrai, nous préparons ce congrès aumilieu des tempêtes et des incertitudes. Il vien-dra après le choc des élections du printemps2014, qu’aucun socialiste ne doit oublier. Il vientsurtout après la tragédie de ce mois de janvieret après la fraternité des marches citoyennes,dont l’esprit républicain ne doit pas se perdre enroute. Il vient, ce congrès, au milieu de l’épreuvedu pouvoir. Nous l’abordons donc avec gravité.Pour parler entre nous bien sûr, mais pas seu-lement entre nous, avec les Français, pas à huisclos, mais à coeur ouvert. Je vous présente cematin la contribution de« Vive la gauche ». « Vivela gauche », c’est d’ailleurs surtout une démarchequi est une étape sur la route de notre rassem-blement. Ce n’est pas le texte d’un courant, il estl’expression commune de plusieurs qui, sans serenier, se dépassent dès ce moment, et je le sais,d’autres feront de même.

    Comme beaucoup d’entre vous, chers cama-rades, nous voulons apporter des réponses auxdoutes des militants et à la colère qui est sousnos yeux dans le pays. Nous dirons d’abord quela gauche ne doit pas agir à contre-emploi et àcontre-sens. La tentation existe, le risque est vi-sible, mais l’addition elle, se paie très vite. Nousavons la responsabilité du pouvoir. Mais quandle droit du travail est affaibli, quand l’extensiondu travail dominical prend à contre-pied et sansraison tous nos engagements, quand les vraiesréformes structurelles, la réforme scale, la ré-forme bancaire, tardent ou sont enlisées, quandon veut s’attaquer à la rente - c’est normal pourles socialistes - mais qu’on passe à côté desrentes du système bancaire, quand les inégali-tés disloquent les territoires et s’aggravent, oui,nous avons la responsabilité de la gauche aupouvoir. Et nous l’avons écrit dans ce texte. Lagauche ne doit pas se laisser enfermer dans la

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    pensée magique du libéralisme. Ce serait unefaute d’assigner à résidence les socialistes dansune seule politique possible, à un moment oùl’Europe bouge et que le message de la Grècerouvre les possibles. Un moment aussi pourtantoù nos résultats tardent à venir. Un moment oùle chômage de masse ne se traitera pas avecles réponses tièdes du libéralisme. Alors que departout dans la société, des propositions nousparviennent, oui nous voyons cet enfermementdans cette seule politique possible une offense àl’intelligence collective des socialistes, des mili-tants, et je le dis aussi, des parlementaires. Ainsi,nous refuserions de voir la réalité en face, qu’unepolitique de l’offre quand elle est faite de baissesmassives de prélèvements, sans contrepartiesen investissements et en embauches, est vouée àl’échec. Et nous laisserions comme jamais la dis-tance se creuser avec les syndicats de salariés,avec les grandes associations, avec le monde dela culture et d’abord avec les citoyens. Oui, mescamarades, le peuple se détourne quand il sentqu’on ne sait pas l’écouter. Ce que nous propo-sons ensemble peut demain réunir le Parti socia-liste, en tout cas j’en suis sûr une majorité dessocialistes. Oui la République est en danger degrande fracture, et c’est incompatible, et vous lesavez bien, avec la baisse continue des dotationset des investissements des collectivités locales,

    des associations, des clubs sportifs, des lieuxde culture exsangues, parce que les collectivitéssont étranglées, et l’État trop lointain. Et pour-tant, nous devons leur apporter soutien et renfort,dans les quartiers comme dans la ruralité. Oui,nous défendons une politique efcace et juste.Nous proposons pour l’avenir de ce pays unevision offensive, dèle à nos engagements, pasune simple adaptation à la mondialisation. Et laFrance ne gagnera pas en s’afchant comme unpays low coast, revendiquant le dumping social àParis ou à Pékin, mais par un compromis socialrenouvelé avec l’investissement dans la forma-tion, l’innovation, la qualité de nos entreprises, etde l’engagement de nos travailleurs. Et pour cela,la gauche a besoin en 2015 d’un nouveau contratde majorité. Et j’en termine, Colombe.

    Du courage et de la constance sont demandésà nous tous. Convenez que nous avons l’une etl’autre. Je réafrme devant vous cette constancenous portons dans cette contribution, qui vadu projet du Parti socialiste en 2011 jusqu’aux60 engagements de François Hollande. PierreJoxe le disait récemment, l’espérance est en dan-ger. Avec cette contribution, nous faisons le choixde l’espoir pour la France. Alors, aidez-nous àfaire avancer ces idées. Ce sont celles qui ont faitgagner en 2012, et pour que vive la gauche.

    EMMANUEL MAUREL

    Mes chers camarades,Cette oraison de contributions générales, cepassage obligé, interne, qui précède un congrès,pourrait paraître bien dérisoire au regard del’actualité internationale, Guillaume Bachelay yfaisait allusion, avec son cortège de drames etde crises. Au regard aussi des urgences euro-

    péennes, qui nous ont beaucoup occupés cesdernières semaines, notamment à la suite del’heureuse victoire de Syriza. Au regard enn,évidemment, de l’immense dé posé à notrepays suite aux événements de début janvier. Eten même temps, si nous sommes là, présentsce matin, c’est parce que d’abord nous prenonsnotre parti au sérieux, nous prenons ce congrèsau sérieux, et puis parce que nous avons, j’ensuis sûr, très majoritairement, le sentiment, laconviction que notre parti politique a un rôle à jouer aujourd’hui pour répondre aux exigencesdu moment, pour répondre au dé qui est né pré-cisément de ces événements de début janvier. Etce congrès ne sera utile que si nous arrivons àconstruire ensemble à construire une réponseadaptée, une réponse ambitieuse aux exigences,aux très fortes exigences qui ont été portées àl’occasion des manifestations de ce début d’an-née. Je voudrais juste parler de deux exigences,parce qu’elles nous concernent au premier chef,nous, socialistes.

    D’abord, il y a une exigence de débat. Je sais bienqu’il est de bon ton, et c’est normal, de rappelerque doit prévaloir dans notre pays un esprit d’uni-té. Mais l’unité, ça n’est pas le consensus mou,émollient aurait dit un homme de droite, mais quiétait un homme de droite inspiré. Ce n’est pasune espèce d’unanimisme de façade ou même,car c’est parfois la tentation, la fuite devant desdébats essentiels. Je crois qu’au contraire, cequi doit nous animer, c’est la volonté d’une dé-

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    mocratie vivante, qui aime la controverse, quiaime la confrontation, qui aime la discussion. Etça, c’est au cœur de notre identité socialiste. Etc’est pour ça que moi, je suis heureux qu’il y aitautant de textes à l’occasion de ce congrès, parceque nous avons l’opportunité de présenter despropositions, des analyses qui sont parfois diffé-rentes, parfois même alternatives. Et nous avonsce devoir de clarté entre nous, la clarté dans lacamaraderie.

    Vous nous connaissez, en tout cas vous connais-sez celles et ceux qui signent la contribution que j’ai l’honneur de présenter avec Marie-NoëlleLienemann, avec Jérôme Guedj, avec Gérard Fi-loche, Paul Quilès, et bien d’autres, nous avonstoujours eu à cœur ce souci de dire clairement ceque nous pensons : de nous féliciter clairementquand nous avons l’impression que la gaucheau pouvoir fait des choses formidables, mais dedire aussi clairement, dans un esprit de cama-raderie mais quand même clairement, quandnous sommes en désaccord. Et nous avons étéen désaccord, depuis deux ans et demi, sur desquestions importantes, la ratication du TSCGsans renégociation, le pacte de compétitivité, etle pacte de responsabilité qui a suivi. C’est-à-direcette idée, vous l’avouerez un peu curieuse pourun socialiste, consistant à dire : non seulementnous allons baisser massivement les dépensespubliques, mais en plus on va le nancer par unebaisse des cotisations sociales, parce que notrepays aurait un problème majeur, celui du coûtdu travail. Avouez que pour un socialiste un peutraditionnel, mais peut-être suis-je un peu troptraditionnel, cela n’allait pas de soi. Ce débat,nous l’avons assumé, nous l’avons assumé dansla clarté, et nous l’assumons encore au momentde cette phase de contribution. Moi, je trouve çabien que chacun s’assume. Et nalement, quand je regarde la liste, je regrette presque qu’il n’y aitpas une contribution d’Emmanuel Macron ou unecontribution de Manuel Valls, parce qu’on ne peutpas à la fois dire« Il faut un aggiornamento, nousgouvernons en fonction d’un aggiornamento », et ne jamais l’assumer devant les militants quand onleur demande leur avis au congrès. Ça, chers ca-marades, ce devoir de débat, de clarté, de véritéentre nous, je pense qu’il nous honore.

    Exigence de débats, exigence de propositionsconcrètes, et c’est là-dessus que porte notrecontribution, parce qu’on ne peut pas invoquer àtout bout de champ la République, la République,la République, sans lui donner un contenu précis.Et la République, chers camarades, ce ne sontpas seulement des réponses d’ordre, ce ne sontpas seulement même des réponses strictementéducatives.

    Ce qui doit nous motiver, nous, socialistes, c’estquand même concrètement de répondre aux exi-gences économiques et sociales des Français, etnotamment des Français qui souffrent, et à l’oc-casion de ce débat de contribution, nous posonsclairement les choses. Oui, le sursaut républi-cain, ça passe par une rupture avec les politiquesd’austérité. On ne peut pas dire à la fois :« Il fautnancer plus d’école, plus de service public, plus de politiques de la ville, plus d’enseignement. », et conti-nuer à dire « Mais la priorité, ça reste la lutte contreles décits et la baisse des dépenses publiques. » Nous, socialistes, nous nous reconnaissons dansJaurès qui disait :« Sans la République, le socialismeest impuissant, et sans le socialisme, la Républiqueest vide. » Or, on ne peut pas dire ça et à la foisne pas avoir le débat concret sur : concrètement,la République sociale, comment elle défend lestravailleurs ? Oui, défendre les travailleurs, carfranchement, on quand on voit la loi Macron, jeveux bien qu’elle ait été un peu amendée, maisla question se pose sérieusement. Et dans lecongrès, nous nous poserons la question. Est-ce que c’est normal que des socialistes votentla dépénalisation du délit d’entrave pour desmilitants syndicaux ? Est-ce que c’est vraimentnotre rôle ? Est-ce que c’est normal que nousvotions des lois qui facilitent les procédures delicenciement ? Nous, nous répondons que non.Et comme d’habitude, camaraderie mais clarté,ce non et ces propositions alternatives, qui sontnombreuses, que nous portons pour la France etpour l'Europe, nous les assumons èrement, etnous les soumettons au débat des militants so-cialistes, nous l’avons toujours fait et nous conti-nuons ainsi.

    Merci à vous chers camarades,et bon congrès.

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    PAUL ALLIES

    Chers camarades,La contribution dont il est question est assez sin-gulière. D’abord, elle est fédérale, c’est le dépar-tement de l’Hérault qui la porte. Mais elle estaussi générale, comme son classement l’a voulu,à savoir qu’elle s’intitule :« Pour un pôle de recon-quête des classes moyennes et populaires. » Et de cepoint de vue, nous remercions les 41 premiersfédéraux qui, à la veille de Noël, nous ont adres-sé, c’est passé presque inaperçu, un texte appe-lant à la formation d’un pôle de stabilité dans cecongrès. C’est de là qu’est venue la démarche deplusieurs, de nombreux militants de ce dépar-tement de l’Hérault, pour opposer à cette idéede la stabilité, comme si c’était une obsession,comme si l’instabilité était une obsession, l’idéequ’il fallait s’occuper d’autre chose, notammentde la question centrale, à notre avis, pour le particomme pour la sociale démocratie européenne,à savoir la perte du soutien, la conance desclasses moyennes et populaires.

    Deux indications sur ce texte. D’abord, il est as-sez original dans la mesure où il réunit sept sen-sibilités, qui sont par ailleurs dispersées, dans ledépôt de diverses contributions. Sans doute, lalogique des contributions, à ce stade, favorise ladifférence, fait cultiver les spécicités, les origi-nalités. Mais là, dans cette contribution de l’Hé-rault, au contraire ces sept sensibilités se sontretrouvées. D’autre part, deuxième caractère, lessignataires sont non seulement assez nombreux,150 ont déposé leur nom pour le dépôt, mais ily a des parlementaires, des élus locaux, desconseillers généraux, des secrétaires de section,bref tout un panel en quelque sorte, que le partireprésente bien et toujours, en tout cas à notrefédération qui en a connu des vertes et des pasmûres, notamment une longue tutelle dont ellesort depuis quelques mois.

    Voilà. Alors, sur quoi nous nous battons ? Je vaisêtre très simple, parce que ce sont des thèmestrès connus, et Emmanuel Maurel vient de direqu’on les a souvent invoqués, ces thèmes, maisassez peu discutés, et surtout on a rien décidé,dans le parti qui puisse imposer à la force desréalités qui pèsent sur l’exécutif et sur notre ma- jorité parlementaire. Le premier point, c’est quenous considérons que la première raison, la pre-mière cause de la perte de cette conance, quiest européenne, des couches moyennes et popu-laires dans la sociale démocratie, c’est l’Europe.Non pas l’Europe, mais l’Union européenne et lapolitique qu’elle mène. Est-il besoin d’insistersur le fait que les politiques austéritaires, avecdes degrés divers de force différents de la Grèceà la France, ont toutes le même effet, un désa-veu, un désaccord massif qui peut être historiqueet grave, dans la mesure où nous n’y répondonspas. Or, nous n’y avons pas répondu. La promesseque nous avons faite, qui était très importante il ya deux ans et demi, pour l’ensemble des peupleseuropéens, pas seulement pour les Grecs, de ré-orienter l’Union européenne, n’a pas été tenue.La signature presque précipitée du TSGE dansl’agenda parlementaire a fait que nous avons fer-mé cet espoir, et que nous en payons aujourd’hui, je crois, encore des conséquences même si nouscourons ou nous rattrapons un peu avec retardSyriza quand ils viennent - nous les recevons au- jourd’hui, c’est un progrès -, quand ils viennentnous visiter à Paris.

    La deuxième raison, bien sûr, deuxième cause,c’est la politique économique et sociale que nousmenons depuis presque trois ans. Nous n’avonspas été élus pour cela. Or, nous n’avons jamaisdébattu dans le parti de la réorientation de cettepolitique dite de l’offre au sommet de l’État, im-posée qu’elle est dans le groupe parlementaire,dans l’Assemblée. Et nous pensons qu’il faut, dece point de vue, là aussi reprendre les élémentsfondamentaux pour une politique sociale et éco-nomique qui ne s’en tienne pas pour l’essentiel àune politique de l’offre. L’échec, comme dit d’ail-leurs Emmanuel Macron, du pacte de respon-sabilité, de tout ce que nous avons tenté, quatrebranches sur seize ont commencé les négocia-tions sur les contreparties, cela en dit long, toutceci nous amène à proposer, pas à proposer maisà demander qu’il y ait un débat sur cette questionau prochain congrès.

    Et enn, troisième question, troisième raisonqui nous fait perdre le contact avec les couchespopulaires, c’est l’impasse démocratique. Noussommes enfermés à un point qu’on n’aurait pasosé imaginer au vu de ce que proposait FrançoisHollande il y a trois ans, dans la Ve République.Or, ce n’est pas un problème d’institution, cen’est pas un problème juridique ou constitution-nel, c’est un problème politique, car c’est la dé-mocratie qui est en cause. La façon dont nous nepouvons pas tenir nos promesses, la façon dontnos élus à l’échelon national, la façon dont leparti ne peut pas débattre de ces questions parce

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    LAURE PASCAREL

    que c’est la volonté de l’Élysée, du gouvernement,montre combien il est important de changer. Or,force est de constater, c’est encore le cas dans lebilan écrit du secrétariat national diffusé tout àl’heure, que nous faisons du surplace, que nousavons peur de changer la Constitution, alors quetout le monde aujourd’hui autour de nous, depuisle Centre démocrate ou ce qu’il en reste, jusqu’àl’Extrême gauche, demandent un changement deRépublique, nous nous employons à faire du sur-place sur des queues de cerise, voir ce qui peutêtre changé. C’est cela qu’il faut que nous chan-gions aussi, que nous osions débattre de la VIeRépublique, et c’est aussi la raison de ce textequi bien sûr a vocation à contribuer à l’élan qui

    va nous saisir, je n’en doute pas, vers un congrèsde clarication. Jean-Christophe a toujours euune conception des congrès très intéressante,en pensant à la sociale démocratie allemande, àsavoir des choix simples, pas des textes avec 40,50 traits et 36 sorties, mais des choix simples !Eh bien, allons-y camarades, faisons que le pro-chain congrès choisisse clairement entre deuxpositions qui aujourd’hui s’expriment dans leparti, et sans doute au sommet de l’État, à savoirune politique qui continue à ne pas voir la criseà laquelle nous contribuons avec les couchesmoyennes et populaires, et celle qui au contraireveut retrouver le chemin de leur conance.Merci.

    Cette contribution a été rédigée par moi-mêmeet Nicolas Pagnier, qui est lui-même membre duConseil national, et nous avons été soutenus parle mouvement Utopia dont je suis la porte-parole.En fait, nous sommes partis d’un constat quevous connaissez tous : le chômage, la précarité,n’ont jamais été aussi hauts... Si vous pouvez gar-der votre attention, ce serait top... Et les dégâtsclimatiques et environnementaux aussi élevés.En fait, on est arrivé à la n d’un cycle, je saisque c’est dur à admettre, mais je pense que noussommes à la n d’un cycle, et il est du devoir etde la responsabilité de notre parti, qui se veuttoujours socialiste, et depuis très peu de tempsécologiste, de poser les grandes lignes de ce quepourrait être un projet alternatif de société, puisde proposer les mesures de transition dans lecadre des crises qui nous frappent. Il ne suft pasde dire là où on veut aller, mais faut-il encore ledénir, mais dire aussi comment on peut y aller.

    Le modèle actuel, même réformé, ne répond plusaux attentes des citoyens et ne répond plus nonplus à l’avenir des générations futures. Je parleà la fois politiquement et environnementalement.La politique, aujourd’hui, se résume au mieux àun art des moyens qui oublie sa nalité, au pireà une simple conquête, voire de conservation dupouvoir. Dénissons ensemble, nous sommes làpour le faire, le type de société vers lequel nousvoulons aller. On ne combattra pas efcacementl’ultralibéralisme économique et la pratique au-toritaire du pouvoir sans concevoir une nouvellepensée, cette nouvelle pensée, et sans remettreen cause trois aliénations : celle de la croissancecomme seule boussole, comme seul remède ànos maux économiques, la croyance aussi en laconsommation comme seul critère d’épanouis-sement personnel, la centralité de la valeur tra-vail comme seule organisation de la vie sociale. L’économie, c’est Guy Debord qui le disait en 1967,l’économie a transformé le monde, mais l’a trans-formé en monde de l’économie. Je pense qu’il adit l’essentiel en ces quelques mots. Nous devonsdéfendre d’autres valeurs, nous devons défendrel’accès universel aux biens fondamentaux. Bienscommuns, services publics, doivent valorisés, àl’exemple de la mise en œuvre d’un service ban-caire non spéculatif au service des économieslocales. La crise c’est quand le vieux se meurt etque le jeune hésite à naître disait Gramsci. Notrecontribution« Socialisme, écologisme et altermon-dialisme » est une première étape, et nous noussommes limités à cinq propositions que je vousinvite à lire dans notre contribution. Si vous vou-lez aller plus loin, vous pouvez lire également lelivre que nous avons écrit, qui s’appelle le Mani-feste Utopia, où nous décrivons d’une façon plusdétaillée ces mesures.Donc, dans la contribution, nous expliquonsd’abord qu’est-ce que cette n de cycle, pour-quoi nous sommes en n de cycle. Nous avonsfait cinq propositions. La première, une politiqueenvironnementale, énergétique à la hauteur desenjeux locaux et globaux. Donc, nous avons décritdes mesures scales, une politique énergétiqueaxée sur la sobriété, l’efcacité et les énergies

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    renouvelables, la création d’un pôle public del’énergie, et bien sûr la sortie du nucléaire, quenous devons vraiment soutenir ardemment.

    Deuxième proposition, le partage du travail, no-tamment par la réduction du temps de travail.Nous ne devons pas abandonner ce combat. Ilfaut reprendre ce combat et mettre en débat leprincipe également d’un revenu universel, et lamise en place d’un revenu maximum.

    Troisième proposition, démocratie et refonte desinstitutions. Là, nous proposons une nouvelleConstitution mise en place grâce à un proces-sus démocratique, plus une démocratie qui per-mettrait aussi de consulter les citoyens lors des

    grands projets locaux, pour ne pas reproduireNotre-Dame-des-Landes, le barrage du Testet,etc. Il faut vraiment redynamiser la démocratielocale. Les citoyens en ont marre que les poli-tiques disent qu’ils décident à leur place.

    Quatrième proposition : la souveraineté ali-mentaire, une véritable agroécologie. Cinquiè-mement, une autre politique migratoire. Pourfaire cette transition, et je n’ai pas le temps deconclure longuement, nous avons trois moyensd’action : individuel, local et National, et interna-tional. Je vous demande donc et je vous proposede lire notre contribution, et de vous pencher toutsimplement sur ces réexions.Je vous remercie.

    DOMINIQUE BERTINOTTI

    Chers camarades,Si nous avons éprouvé la nécessité de faire unecontribution c’est bien parce qu’il est urgent desortir des sentiers battus, des réexes et des com-portements qui, chez nous, sont parfois bien tropconformistes. Nous le disons très clairement, l’ave-nir n’est pas dans les recettes dus passé ou dansune dérive libérale, mais l’avenir réside bien dansune voie où effectivement l’homme va être remis aucentre de la politique. Autrement dit, nous estimonsqu’il faut en nir avec une forme de politique qui estune politique d’expertise comptable de nos vies, oùl’on raisonne en termes de chiffres, où l’on raisonneen termes de dette, où l’on raisonne en termes decourbes, et où on reparle très peu ou on ne parleplus de sens de la société, qu’est-ce que ça signieen particulier de vivre ensemble.C’est d’autant plus indispensable que noussommes dans une société française de profonde

    déance, une déance généralisée à l’égard denos institutions, à l’égard de nos élites, à l’égardde la politique, et qui fait que cette société de ladéance a un coût humain et économique trèsfort, et empêche nos Français, nos concitoyens, depouvoir se projeter véritablement dans un avenir,dans une société du bien-être, dans une sociétédu bonheur, de réacquérir tout simplement uneconance dans l’avenir, et de faire en sorte qu’ef-fectivement, ils ne soient plus tentés par le replisur soi, et lutter contre cette société qui est ato-misée et fracturée. Alors effectivement, on parlede l’esprit du 11 janvier. Cet esprit du 11 janvier,il a sa part de positif. C’est vrai que c’est réconfor-tant et que ça nous a fait beaucoup de bien de voirdes millions d’hommes et de femmes d’origines etde cultures différentes être dans la rue. C’est uneFrance, il ne faut pas se raconter d’histoires, c’estl’expression d’une France intégrée, d’une Francequi doit beaucoup aux valeurs de la République,et qui s’est levée pour défendre ces valeurs de laRépublique. Mais nous, en tant qu’hommes etfemmes de gauche, nous devons aussi nousadresser à toute cette France très diverse quine se ressent plus forcément un avenir danscette France républicaine, d’où des novationsen matière de propositions.

    Nous n’avons pas eu la prétention de tout traiter,mais quelques propositions qui peuvent être im-portantes. Nous avons de nouvelles inégalités. Jepense qu’une des premières inégalités, c’est cellequi est de ne pas développer la pré-scolarisationdes 2, 3 ans. Quand on dit qu'il faut agir à la mater-nelle, j’ai presque envie de dire que c’est déjà troptard. Vous avez énormément d’enfants, en particu-lier qui viennent des classes défavorisées, qui ar-rivent à la maternelle avec un cartable déjà porteurde nombreuses inégalités. Donc, il faut que nousmettions l’accent sur cette pré-scolarisation. Nousavons aussi à défendre l’allocation familiale aupremier enfant. Nous avons de plus en plus de fa-milles monoparentales, de plus en plus de famillesqui vivent dans la précarité, et nous avons un sys-tème qui se veut universel, sauf qu’il est universelà partir du moment où on a deux enfants.

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    JULIEN DRAY

    Nous sommes pour une laïcité renouvelée. Je croisqu’il faut avoir le courage de dire que notre penséelaïque, au cours des décennies, s’est affadie, a per-du de sa substance, laissant la place, parce que lanature a horreur du vide, effectivement au fait reli-gieux, qui en soi peut se concevoir et se défendre,mais moi, je suis profondément attachée à une laï-cité modernisée où il y a une véritable spiritualitélaïque. Et je vais vous dire, en tant que femme, ilfaut que nous ayons le courage de dire qu’il n’estpas un facteur d’émancipation que de devoir ca-cher ses cheveux pour ne pas provoquer le désirdes autres en face. Je ne vois pas en quoi c’est uneémancipation de l’être humain. Il faudra bien quenous ayons le courage de résoudre les questionsautour de la liation, de la PMA, de la GPA. Avons-nous à ce point de vue peur de nous que nous nepuissions pas mener à bien ces débats ?Nous devons également prendre en compte le faitque de plus en plus, certains de nos concitoyensn’arrivent plus à se soigner alors que vous avez17 millions de nos concitoyens qui sont atteints demaladies chroniques ; et là aussi, il faudra que nousconsidérions que la santé n’est pas simplementune marchandise.

    Alors, il y a aussi la nécessité d’inventer la démo-cratie participative, de la mettre enn dans notreConstitution, car le citoyen a besoin de cela. Etparce qu’il reste très peu de temps, je voudraisdire, et c’est pour cela que nous vous invitons àagir, qu’il faut redonner le goût de la politique.Le goût de la politique, c’est quand la politiquea le sens de l’anticipation et qu’elle sait dénon-cer un capitalisme qui perd la tête. Le goût de lapolitique quand la France métissée s’y reconnaît,quand la fraternité reprend toute sa dimensionpolitique. Le goût de la politique quand elle donnela possibilité à chaque citoyen d’être le meilleurexpert de sa propre vie. Le goût de la politiquequand elle respecte ses militants et qu’elle vaprovoquer une véritable évolution des formesd’engagements au sein de notre parti et de notremouvement.Enn, le goût de la politique quand elle s’adressesans démagogie à toutes les Françaises, à tousles Français, et que la gauche retrouve enn laconance populaire. Je terminerai par cette phrased’Héraclite :« Si tu n’espères pas l’inespéré, tu ne letrouveras pas. ». Eh bien, nous, nous vous invitonsà agir.

    Merci mes camarades.Le Parti socialiste a-t-il l’éternité devant lui ? LeParti socialiste est-il une forme politique qui peutpar moment gagner les élections, à d’autres mo-ments les perdre, mais nalement tout continueou tout se refait ? Je ne le crois pas. Et c’est pourça que le débat que nous avons aujourd’hui n’estpas n’importe quel débat. Des congrès, nous enavons eus, des équilibres à trouver à l’intérieurdu Parti socialiste, nous en avons faits. Mais noussavons intimement, les uns les autres, en tout cas

    tous ceux qui ont vécu tous ces moments-là, quele moment est venu peut-être de comprendre oùnous en sommes, de comprendre ce qui est entrain de se passer. Et pour cela, nous ne pouvonspas avoir un débat traditionnel où nous allonségrener les uns et les autres des propositions etfaire ensuite la synthèse des propositions.

    Nous sommes, je l’ai déjà dit dans un certainnombre de bureaux nationaux, à un tournantpolitique. Le 11 janvier n’est pas n’importe quoi.Le 11 janvier, c’est le début d’un tournant dansla situation politique française. Mais le 11 jan-vier doit être mis aussi en relation avec ce qui sepasse dans l’Europe du Sud, la victoire en Grèce,les événements en Espagne et la possible victoirede la gauche si elle est capable de s’unir aussi,la victoire au Portugal, ce qui se passe, mêmesi c’est confus et contradictoire, aussi en Italie.Cela veut dire que le vent est en train de se leverà nouveau en Europe. Et la question qui est poséepour le Parti socialiste, c’est bien celle-là, c’estde savoir s’il peut être, comme il l’a été dans lesannées 60, plus exactement dans les années 70,le carrefour, le réceptacle, le porteur, le fabricantd’une orientation et d’une solution politique àtous ces mouvements sociaux, ou s’il sera à côté.Et je vous le rappelle, mes camarades, la SFIO aété à côté et elle en est morte, et il a fallu 20 anspour reconstruire le Parti socialiste. Et c’est lamême question qui nous est posée. Parce que cecongrès, on ne peut pas le déconnecter de ce quiva arriver dans les deux ans qui viennent. Et si,disons-le franchement, parce que c’est l’angoisseque nous avons les uns et les autres au ventre, sien 2017 la gauche est éliminée du premier tourde l’élection présidentielle, et si dans la radica-

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    lisation politique dans laquelle nous sommesdans la société française, il ne nous reste plusà nous, que de refaire ce que nous avons fait àcontrecœur mais que nous devions faire en 2002,la haine des nôtres, de tous ceux que nous repré-sentons, à notre égard, sera terrible, et elle seraune sanction.

    Voilà la question qui est posée dans ce congrès,voilà la manière dont nous devons prendre la di-mension de ce qui est en train de se passer. Il y a unchangement de paradigme. Nous avons perdu surces dix, quinze ans, la bataille culturelle des mots,du contenu, du sens. Nous avons été progressive-ment adossés à cette offensive idéologique de ladroite qui domine dans les médias. Et le momentest venu pour nous, pour le Parti socialiste, d’êtreà nouveau en phase avec ce qui vient de se pas-ser. Et je dirais à Dominique, le 11 janvier on peutpenser à ceux qui n’étaient pas là, mais on doitpenser d’abord à ceux qui étaient là, car c’est surce socle-là que nous allons construire le rebondde la gauche. C’est sur ce socle-là, qui n’expliquepas simplement de l’émotion, pas simplement dela fraternité, mais l’exigence d’une nouvelle Répu-blique, qui fait que ce qui a été l’économisme quia présidé jusqu’à maintenant va passer au secondplan par rapport à la question simple : commentvivre ensemble ?Comment trouver justement les moyens de vivreensemble ? Comment refonder un projet éducatifqui fasse que quand un enfant rentre à l’école, ilne considère pas qu’il est déjà, parce qu’il rentredans telle ou telle école, dans l’échec ? Com-ment faire que le projet culturel de la gauche,ce ne soit pas simplement un équilibre comp-table, mais que ce soit un moyen justement deredonner tous les éléments d’une émancipationnouvelle ? Voilà les questions qui sont posées.Donc je le dis et je le dis sincèrement, si nous nepar prenons pas la mesure de ce qui est en trainde se passer dans le pays, si le Parti socialisten’est pas à la hauteur de ces événements, alorsévidemment, il y aura la dispersion et certaine-ment l’éclatement de la gauche.

    C’est ça que je voulais vous dire mes camarades,et c’est en ce sens-là que je pense que les se-maines à venir seront importantes. Et dans cecadre-là, nous devons poser la question : est-ceque la gauche et est-ce que le Parti socialiste estaussi capable, non pas simplement de se conten-ter de tracer quelque chemin, mais d’être à nou-veau le coeur de la gauche, donc du rassemble-ment de la gauche ? Alors que je sais que noussommes dans un moment très particulier, où ceque certains tentent de faire, c’est-à-dire recons-truire une gauche nouvelle sur la base d’unegauche défaite, ne marchera pas, nous le savonstous. Personne ne sortira vainqueur.

    Et donc, comme en 1978, c’est la responsabi-lité première du Parti socialiste d’être au cœurdu combat, du rassemblement de la gauche, detendre la main, de dépasser les antagonismes etde faire qu’il y ait à nouveau un véritable contratde gouvernement qui parte au sortir de cecongrès, qui soit un point d’appui pour préparerl’élection présidentielle de 2017 et qui favorise lefait qu’il y ait un candidat dès le premier tour durassemblement de toute la gauche autour de cecontrat de gouvernement, autour des élémentsque nous aurons posés. Et il y aura évidemmentau cœur de cela la question européenne et lamanière dont nous pourrons sortir de la logiquedans laquelle nous sommes jusqu’à maintenant,de ces forces nouvelles qui se lèvent et que nousdevons rassembler, et qui ne se retrouvent pas,disons-le clairement, autour du projet du PSE.La question qui est posée pour le Parti socialiste,c’est bien de retrouver ce qui a été sa spécicitéquand il s’est construit autour de François Mit-terrand en 1971, ce qui faisait et ce qui fait encoreaujourd’hui que nous sommes de la vie politique,parce que ce n’était pas un parti social-démo-crate comme les autres.

    Merci.

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    BENOÎT HAMON

    Mes chers camarades,Je vous parle au nom de la contribution que j’aicosignée avec Aurélie Filippetti, Henri Emmanuel-li, les amis d’Arnaud Montebourg. Elle s’appelle«L’optimisme de la volonté », et puisque tout à l’heureGramsci avait déjà été cité, c’est à nouveau Gramsciqui est cité à travers cette formule de l’optimismede la volonté.

    Comme souvent à cette tribune, on prépare quelquechose et nalement, c’est la force du Parti socia-liste on va dire, je vais faire une intervention un peudifférente, parce que Julien m’a stimulé en posantdes questions : comment, comment, comment ? Jesuis d’accord avec toutes celles et ceux qui ont ditque ce congrès est surplombé par une réalité nou-velle, celle des attentats du début janvier et la réac-tion absolument admirable du peuple français. Etcela nous invite évidemment à faire un congrès quisoit à la hauteur de ce qui s’est exprimé à ce mo-ment-là, et de ce qui a été révélé le 11 janvier : le faitqu’aujourd’hui, bon nombre de nos compatriotesalors que nous gouvernons, ce qui n’est pas neutre,n’éprouvent plus la République, ne font plus l’ex-périence de la République, mais font trop souventl’expérience des inégalités, de la discrimination etde la relégation. Ça, ce sont les questions qui noussont posées aujourd’hui, nous qui gouvernons, poursavoir de quelle utilité sera ce congrès pour prépa-rer les échéances à venir, et je n’enlèverai pas unmot de ce qu’a dit Julien du Parti socialiste commeacteur central du rassemblement de la gauche et lanécessité de rassembler toute la gauche pour faireface au dé posé par les présidentielles, et la possi-bilité que le Front national nous élimine. Mais dansl’intervalle, il y a aussi la gauche qui gouverne, etqui n’est pas sans responsabilité sur la situation quiest celle du pays, et pas sans responsabilité sur laRépublique dans laquelle nous vivons et militons. Ily a quelques semaines de cela, j’avais dit :« À force

    d’inégalités et de politiques publiques qui réduisentle périmètre de l’État, la République est en danger etnous nous préparons à une catastrophe démocratique». Cela m’avait valu des réactions courroucées,mais quand Manuel dit qu’à la faveur de 30 ans depolitiques publiques, ou d’échec des politiques pu-bliques, la France est en situation d’apartheid, doncd’effacement de la République, que dit-il sinonqu’aujourd’hui, notre tâche méthodique doit êtrede faire en sorte que l’on fasse moins l’expériencede l’inégalité, de la discrimination, du sexisme, del’antisémitisme, du racisme et de la relégation, etdavantage l’expérience de la République, par lalutte acharnée contre les inégalités.

    Et si nous posons cette exigence comme centraledans notre combat pour le pays, mais aussi dansnotre combat politique pour battre le Front nationalen 2017, cela appelle des engagements forts, passeulement de long terme. Parce que la Républiquedans ce pays, elle s’est réalisée à travers quel ins-trument ? La puissance publique, et pour commen-cer l’État. La France, ce n’est pas l’Allemagne, cen’est pas la Suède, ce n’est pas l’Espagne, ce n’estpas la Grèce. On ne démantèle pas ou on ne dimi-nue pas impunément le périmètre de l’État dansnotre pays sans que cela ait des conséquences surla promesse républicaine d’égalité, de liberté et defraternité. Et donc, nous aurons, et je m’en réjouis,l’occasion lors de ce congrès de débattre de cela,mais de trancher aussi un certain nombre de dé-bats paciquement. On connaît le jeu qui sera celuides médias, et chacun devra prendre ses respon-sabilités, il y aura une spectacularisation de nosdébats, une volonté de les réduire ou de les rac-courcir à tels ou tels enjeux de pouvoir, ça c’est unedonnée, une gure imposée de tous les congrès.Libre à nous de jouer avec ou de faire autre chose.Chacun devra donc prendre ses responsabilités, etmoi je prendrai les miennes, pour que ces débatsqui ont eu lieu dans le gouvernement, ces débatsqui ont eu lieu au sein de notre groupe à l’Assem-blée nationale et au Sénat, ces débats qui ont eulieu dans le parti, puissent être démocratiquement,sereinement, tranchés et débattus par les militantssocialistes. C’est ça, la tâche du congrès, parcequ’elle doit aider le gouvernement à faire en sorteque dans les deux ans qui viennent, sa contributionsoit utile à la réélection de notre candidat en 2017.Voilà ce que nous devons faire, sans hostilité, sansagressivité, sereinement, mais si oui la Républiqueest en danger, la tâche principale des socialistes,c’est la lutte acharnée contre les inégalités, et sila lutte acharnée contre les inégalités est notrepriorité, il faudra aussi revoir un certain nombredes engagements économiques et budgétaires quiexpliquent sans doute aussi qu’aujourd’hui nousayons du mal à faire en sorte que sur le terrain,en France, les Français pour lesquels nous avonsvoulu gouverner, jugent que nous avons bien fait.Voilà notre tâche. En tout cas, moi je m’y engageavec beaucoup de sérénité, beaucoup de conancedans la capacité de rassemblement des socialistes,et je me réjouis que nous ayons ce débat de cettemanière jusqu’en juin de cette année.

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    Notre contribution vers une République écoci-toyenne a été rédigée par un collectif de militantsqui s’appelleDe l’audace et des actes, qui a été créé ily a peu de temps, il y a quelques semaines. Pour-quoi ? Parce que ces militants, sur le terrain, serendent compte d’une certaine tension, une fortetension que nous avons tous vécue d’ailleurs cesderniers jours, et se rendent compte aussi que legouvernement fait ce qu’il peut faire, la situationest très difcile, mais la population ne se rendpas compte, ou en tous les cas, les bienfaits dece que le gouvernement peut faire n’arrivent pas jusqu’à la population et il y a une énorme tension.

    Ces militants ont été convaincus qu’il fallait,quelque part, comme tous ici nous faisons, contri-buer, écrire ce qu’ils ressentent, faire quelquespropositions an que, bon an mal an, si elles sontutiles, qu’elles puissent l’être pour qu’on puissetout d’abord mieux vivre ensemble.

    Il est de bon ton pour beaucoup d’éditorialistes deprédire la mort des partis politiques, et en l’oc-currence le nôtre, le Parti socialiste. Mais nous,nous pensons que la gauche et le Parti socialistea de l’avenir. Il a de l’avenir, car le mouvement,il s’est fondé en même temps que la Républiqueet il s’est fondé sur la sauvegarde des principeset la promotion des valeurs républicaines : justiceégalité, fraternité.

    Et cette promesse, justement, pour beaucoup decitoyens, c’est une promesse qui n’est pas res-pectée. Alors, c’est vrai que le socialisme, c’estune remise en cause du productivisme, que la so-ciété de consommation ; c’est vrai, elle fait tour-ner l’économie, elle assure des salaires aux dif-férents acteurs qui produisent, qui transportent,qui vendent. Ceci fait des rentrées scales. Maisil nous semble que l’écologie et le respect de

    l’autre, ce sont des enjeux du XXIe siècle, de laRépublique du XXIe siècle.

    Donc pour nous, pour ce collectif, nous avionsune conviction, c’est que la question sociale nepeut être dissociée de la question environnemen-tale, et ce n’est que comme ça que nous pour-rons redonner du sens à notre action et faire ensorte que les citoyens refassent conance à notreaction.

    Le socialisme écologique, il est à notre portée,il est un espoir pour nous, parce que justement,cette crise écologique que nous vivons, elle estau cœur de la pensée socialiste, parce que nousdevons réorganiser nos modes de production,parce que nous devons prendre part à cette mu-tation sociale, solidaire et citoyenne, qu’il nousrevient, à nous, au Parti socialiste, de construirecette République du débat. Le débat, la partici-pation, c’est ce que la population attend. L’at-tention, elle vient aussi du fait que beaucoupd’entre nous pensent et disent que tout est faitsans eux. C’est fait pour certains, pour une cer-taine classe, une certaine élite. Ils ne se sententpas concernés. Donc nous avons fait, dans cettecontribution, quelques propositions pour faireen sorte que les citoyens retrouvent de la par-ticipation.

    L’éco-socialisme est porteur d’avenir. On esttous conscients ici de cela. Il porte, on le sait, àson origine, la conscience des crises historiqueset des inégalités. Qu’est ce qu’être socialiste si-non lutter contre les inégalités ? Le socialisme,c’est aussi l’espérance d’un monde meilleur.Cette vocation, elle ne peut être réafrmée sansintégrer au cœur de notre logiciel l’écologie po-litique.

    Dans cette contribution que je vous invite donc àdécouvrir sur le site dans quelques jours, nousnous sommes demandés comment on pourraitréussir la refondation de notre parti, comment onpourrait consolider, actualiser notre héritage ré-publicain qui est aujourd’hui mis en cause. Com-ment, nalement, on peut repenser ensemblecette République. Et nous pensons, sur tout lelong de ce que nous avons proposé, que tout celapassera par le respect de l’autre qui se confondraavec l’urgence écologique, au travers de l’éduca-tion, de la culture, de la laïcité, des partenariatséquilibrés que nous pourrons mettre, et avec lespays du sud. Ça passera aussi par le rôle quenous allons jouer en Europe. Comment fait-onpour réorienter l’Europe ? L’exemple de la Grèce, j’espère, va nous aider à travailler dans le sensde la réorientation.

    Donc, nous allons penser ensemble cette Répu-blique an de concilier l’efcacité économique,la justice sociale, la liberté, l’égalité et de la fra-ternité, et c’est bien ce que nous voulons, noussocialistes.

    MADELEINENGOMBET-BITOO

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    ARIEL WEIL

    Nous sommes évidemment d’accord avec ungrand nombre de principes qui ont été évoqués cematin, pas tous d’ailleurs. Mais bouger les lignes,ça veut dire qu’à notre objectif commun de créerla société juste, on donne de nouveaux moyensavec des idées qui sont inventives, créatives,mais qui sont surtout documentées, précises.Alors Bouger les lignes, ça veut dire aussi quec’est une méthode, cette méthode qui consiste àtravailler sur chacune des propositions avec desgroupes, avec des gens. Bouger les lignes, c’est justement des gens, des gens différents, desgens que je veux présenter, pour présenter leursméthodes. Bouger les lignes, ce sont d’abord des jeunes gens pour la plupart, qui n’ont pas peur des’imposer dans le débat, de dire qu’aujourd’hui,le renouvellement de ce parti, l’avenir de ce partipasse aussi par la formation de jeunes qui ont desidées, qui ont des idées sur beaucoup de chosesmais qui ont aussi des idées sur la manière derenouveler le contrat républicain en réinventantet réinterrogeant le contrat intergénérationnel, j’y reviendrai.Bouger les lignes, ce sont aussi des gens qui sontissus, à parité d’ailleurs, du public et du privé, desgens qui sont salariés ou qui sont entrepreneurs,qui sont fonctionnaires ou qui sont dans le privéet qui n’ont pas peur de faire se dialoguer tousles pans de l’économie française et de la sociétéfrançaise.

    Bouger les lignes, ce sont aussi des militantsmais pas uniquement, des militants qui parlentavec des sympathisants, avec des gens qui, d’unemanière ou d’une autre, sont d’accord avec nousmais qui ne sont pas forcément dans les ins-tances, ni même dans le parti, car il y a beau-coup de choses dans les partis politiques qui,aujourd’hui, les tiennent à distance.

    Bouger les lignes, enn, ce sont des gens qui sonten France mais pas uniquement, qui n’y ont pastoujours été, qui n’y sont pas toujours ou qui n’yseront pas toujours, parce que nous n’avons paspeur de confronter notre modèle aux modèlesétrangers, de regarder ce qui marche mieux àl’étranger ou ce qui marche moins bien, c’estaussi une source d’enseignement.Nous avons formulé 46 propositions précises,documentées, à l’issue d’un travail long et minu-tieux. Je ne vais évidemment pas vous les lire, je vous encourage à lire nos 46 propositions età lire notre contribution générale. Nous n’avonspas couvert tous les champs, nous n’avons pascouvert tous les sujets, à dessein, nous sommesencore en train de travailler et nous ne formu-lons pas de propositions sur des sujets que nousn’avons pas travaillés.

    Je veux simplement peut-être en citer quelquesexemples pour expliquer notre manière de pro-céder. Nous croyons qu’il faut moderniser notreéconomie, et moderniser notre économie, çaveut dire aussi le faire avec l’État. Repenser lamanière dont l’État fonctionne, pour nous, c’est,à côté des fonctions évidemment de surveillance,d’encadrement, de contrôle qui sont les siennes,dire aussi que l’État peut être et doit être un par-tenaire pour les entreprises privées, pour tousceux qui, en France, aujourd’hui, créent des em-plois, inventent des solutions.Alors, ça passe par exemple, l’une de nos me-sures très précises, par repenser la façon dontnous aidons nos étudiants, parmi les plus bril-lants du monde, à passer d’idées géniales à desréalisations concrètes, à créer des entreprises.Nous avons des propositions pour améliorergrandement la façon dont on articule la transi-tion entre l’université et l’entreprise, la création,l’export.

    Renouveler le contrat républicain mis à mal, on l’atous dit, on le sait tous, ça veut dire aussi, et j’enparlais, renouveler le contrat intergénérationnel.Pour nous, l’une des vulnérabilités majeures denotre système social consiste dans la faible priseen compte d’objectifs d’équité intergénération-nelle ; c’est même quelque chose de dénissantpour nous. On regarde les décits récurrentsdes comptes sociaux, le régime des retraites, laconcentration du patrimoine économique chezles seniors, la performance déclinante des mé-canismes de transmission du savoir, ou la dif-culté d’insertion des jeunes sur le marché dutravail : partout, nous voyons une génération depapy-boomers déclinant, bénéciant d’un capi-tal accumulé dans des périodes de croissanceélevée, et des générations nées après 1975, onpeut mettre le curseur où on veut, dont les op-portunités économiques et sociales font ofce devariables d’ajustement économique. Nous pen-sons que cette situation-là fait courir un risqueéconomique et politique majeur à la pérennité dumodèle économique et social français.Renouveler le contrat républicain, c’est aussi évi-demment, tout le monde l’a dit, renforcer nos ins-

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    titutions pour redonner de la légitimité au débatdémocratique et à l’action politique. Nous faisonsdes propositions, par exemple, pour renforcer ledroit commun des partis parce que certaines desquestions que nous nous posons aussi au Partisocialiste, notamment sur la façon dont fonc-tionnent des primaires, ce sont des probléma-tiques communes à tous les partis.

    Je veux terminer sur l’Europe, l’un des groschantiers sur lesquels nous avons travaillé. Onnous dit qu’il faut réenchanter l’Europe. Nous ondit ça : réenchanter l’Europe, ça veut dire en nir

    avec une Europe qui est punitive, une Europe quisoit exclusivement punitive. Aujourd’hui, pournos concitoyens, l’Europe c’est d’abord un car-can, eh bien nous, nous proposons des solutionsdifférentes qui permettent de faire d’abord del’Europe une solution innovante, un avenir précisavec des propositions précises comme celle d’unservice public européen de l’emploi. Et puis, nousproposons l’Europe de la culture.

    Je n’ai pas besoin de parler davantage, je vouspropose de nous lire et de nous parler. Lisez-nous, parlez-nous, merci.

    YANN CAPET

    Mes camarades, il y a déjà quelque chose de ras-surant à écouter les précédents orateurs, c’estqu’on voit bien, chacun avec sa part de sensibilité,chacun avec son approche, chacun avec ses pré-occupations de représentativité, qui justie touteune palette de nuances, mais la part du cheminest essentiellement commune, et c’est d’ores etdéjà un enseignement dans cette première étapedu congrès.

    Je voudrais vous expliquer pourquoi une contri-bution générale du Pas-de-Calais. Pour deux outrois raisons. La première, c’est que la fédéra-tion du Pas-de-Calais tourne une page où elle avécu une tutelle pendant deux années. Elle ouvreun nouveau chapitre, celui de la reconstructiondans une nouvelle dynamique, ère de son his-toire mais résolument tournée vers son avenir.Une contribution de la fédération du Pas-de-Ca-lais nous semblait importante parce que cettefédération a quelques singularités, essentiellesdans la vie du parti. Celle depuis une décennied’une terre d’expérimentation du Front national,

    un Front national aux multiples visages, un Frontnational qui n’est pas le même au nord et au sud,un Front national qui utilise ses nuances mais quithéorise sa stratégie. Une partie de sa stratégiese théorise dans la fédération du Pas-de-Calais.Une singularité d’une fédération de masse, unefédération de masse qui fait elle-même, commenous tous, le constat de la démobilisation, leconstat de la démobilisation de notre électorat,face à laquelle la seule réponse ne peut être quel’engagement militant, la reconnaissance pleineet entière du rôle des militants, des sections, desfédérations, de renouer avec le terrain, avec nospartenaires naturels, de faire en sorte que l’édu-cation populaire redevienne notre lot quotidien,de faire en sorte que le contact avec le mondeassociatif, le monde syndical revienne de source.

    Fédération avec sa singularité d’aiguillon socialqui puise ses sources, ses racines dans le mou-vement ouvrier, dans le mouvement syndical.Fédération qui ne se résout pas à l’impuissancepublique et qui n’oublie pas que nous sommes leparti du progrès.

    Sur le fond, vous le verrez en la lisant, c’est laparole des militants de la fédération du Pas-de-Calais qui s’est exprimée, qui a travaillé, d’abordsur les états généraux, qui est allée au-delà ducadre, qui a commencé à dessiner une ligne poli-tique, ligne politique que nous avons souhaitédéfendre auprès de l’ensemble des camarades.Sur le contenu, vous le verrez, bien évidemment,fédération extrêmement jeune, fédération trèsattachée à l’égalité territoriale, qui ne la concernepas seulement mais qu’elle incarne ô combien.

    Volonté de donner un nouveau soufe écono-mique, au niveau national et européen, qui nes’inscrit pas dans l’austérité comme seul hori-zon. Préoccupations d’égalité territoriale, en nerenonçant pas à une véritable politique d’aména-gement du territoire.Volonté de reprendre le chemin de la justice so-ciale et du progrès. C’est notre l rouge. Nous nerenonçons pas au progrès, à l’idée, à l’idéal d’unesociété commune, solidaire et conante en sonavenir. Nous ne confondons pas les questionsd’autonomie et d’assistanat, c’est une véritable

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    MICHEL DEBOUT

    politique d’émancipation sociale que nous avonsà l’œuvre, et qui met l’économie au service del’être humain.Elle trouve sa déclinaison dans un certain nombrede priorités inaliénables : l’éducation, l’emploi, lelogement, le droit à la santé, l’accès aux servicespublics, la solidarité. Politique économique àl’échelle européenne, où l’austérité, je le disais,ne peux constituer notre seul horizon.Volonté de dépasser les questions économiques.Nous ne devons pas avoir peur de parler de re-nouveau politique, de renouveau du bien com-mun. Le prisme économique est certes essentielavec ses questions d’emploi, mais il ne doit pasconstituer notre seul horizon.

    Parlons de la politique des valeurs, la politiquedes valeurs de la société que nous voulons, c’estle lien social qui, au nal, sera le grand combatde demain. Et avec lui, bien entendu, l’emploi etla qualité de vie.

    Si nous ne portons pas un horizon collectif, nousne pourrons mobiliser les forces qui sont à l’ori-gine des combats sociaux. Au libéralisme qui nevoit que des individus consommateurs, opposonsdes citoyens créateurs de collectif et de vivre en-semble, libres car égaux et fraternels.

    Merci mes camarades.

    Chers camarades,Je vous présente cette contributionRefondationau nom d’André Chapaveire et d’un groupe decamarades qui avons l’habitude de contribuer,participer aux débats de notre parti. Avril 1905,rassemblement des socialistes. Décembre 1920,désunion des socialistes. Et entre les deux, l’as-sassinat de Jaurès, une guerre qui a embrasél’Europe, un sacrice de toute une génération etune guerre sanglante dont les images nous sontrevenues cette année, images particulièrementinacceptables. Décembre 1920, congrès de Tours.Juin 1971, congrès d’Épinay. 51 ans, et entre lesdeux, une seconde guerre, le nazisme, l’Holo-causte, les guerres coloniales. Épinay, c’était larupture et la continuité. Mais rien n’était jouéd’avance. Et François Mitterrand est entré démo-crate dans ce congrès, il en est sorti le premierdes socialistes, et je crois que nous n’avons pas ànous en plaindre.

    1971-2015, 44 ans. Le monde a changé : lachute du mur, la nouvelle donne géopolitique, laconquête de l’espace, l’émergence du virtuel, letotalitarisme islamiste, le chômage de masse, lesinégalités. Mal nommer les choses, disait AlbertCamus, c’est ajouter au malheur du monde. Il nes’agit pas d’une crise, mes camarades, il ne s’agitpas de plusieurs crises qui s’ajouteraient les unesaux autres : nous sommes dans un entre-deux.Nous savons de quelle rive nous venons mais nousavons du mal à percevoir l’autre rive. Vers quelmonde allons-nous ? Et quand on est dans l’entre-deux, on a toujours une question d’identité. Oui, laquestion identitaire est au cœur des préoccupa-tions de nos concitoyens. D’ailleurs, Jean-Chris-tophe l’avait bien senti, puisqu’il nous a proposé deréécrire notre carte d’identité, c’est bien donc qu’ily a là un problème essentiel.

    Mais cette identité, elle pose la question, d’abord,de la démocratie. Beaucoup l’ont dit avant moi,mais je voudrais insister sur une chose seule-ment : s’il y a cette rupture entre les citoyens et lesélus, à tous les niveaux des élus, c’est parce queles citoyens ont le sentiment que les élus, les pou-voirs politiques, n’ont pas de prise sur le monde dela nance, qu’ils n’ont pas de prise sur le mondede la science et de la technologie. Et cette nance,cette science et ces technologies, elles c