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N° 1423 • Samedi 7 juin 2008 • LXII e année - BIMENSUEL • France : 4 Face au clonage : la bonne direction >Téléchargez votre programme télévision sur : www.hommenouveau.fr ÉDITORIAL Après le lancement d’une nou- velle maquette, L’Homme Nouveau est heureux de vous annoncer que son site Internet (www.hommenouveau.fr) vient d’être intégralement rénové. Ce travail – coordonné par Denis Sureau – vise à donner un nou- veau dynamisme à notre journal et à lui permettre d’intensifier son action au service de la Nouvelle Évangélisation. Comme dans sa précédente version, ce nouveau site vous permet de vous abonner en ligne, aussi bien à L’Homme Nouveau qu’à L’Osservatore Romano dont nous assurons en France et dans les pays francophones la diffu- sion. Il rappelle succinctement l’histoire du journal depuis sa création en 1946 jusqu’à aujour- d’hui. Il donne également les grands points de la ligne édito- riale qui nous anime, définissant clairement ce que nous sommes : un journal catholique romain. Les nouveautés ? Le site inclut d’abord un « blogue », véritable complément du journal papier. Il nous permet de réagir rapide- ment sur les sujets d’actualité brûlante, de faire paraître les avis de nos chroniqueurs. Il vous permet aussi d’ajouter des réac- tions sur les billets publiés. Autre nouveauté : vous pouvez désormais acheter les livres dont nous sommes les éditeurs sous deux formats. Soit en format classique « papier », soit en for- mat numérique. Le premier offre la possibilité d’avoir un ouvrage traditionnel ; le second de se le procurer à un coût moindre et par un simple clic. Ce service n’est pas encore entièrement opérationnel, mais le sera dans les jours à venir. Bien d’autres choses seront à découvrir prochainement sur ce site. Ayons donc désormais le réflexe : www.hommenouveau.fr Bon clic ! Philippe Maxence Alors que les Britanniques ont autorisé le clonage d’hybrides hommes-animaux, d’autres solutions existent. P.3 ACTUALITÉS Vague de xénophobie : l’Afrique du Sud à feu et à sang. P.12 CULTURE Jean Sévillia invite les chrétiens à ne pas céder. P.16 MAGISTÈRE Le Pape à Savone : le rappel de la résistance de Pie VII. P.30 TRIBUNE Révélateur : évangéliser les jeunes. P.32 Bon clic… Découvrez le blogue de la rédaction sur : www.hommenouveau.fr Dialoguer en vérité avec l’islam La commission doctrinale des évêques de France vient de publier un document sur le dialogue islamo-chrétien. L’analyse d’Annie Laurent. P.9 Grand entretien avec Dom Forgeot Au XXI e siècle, la Règle de saint Benoît reste toujours aussi féconde. L’histoire de l’abbaye Notre-Dame de Fontgombault en est une belle illustration. P.8

L'homme nouveau n° 1423

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L'homme nouveau n° 1423 - 7 juin 2008 - 4€http://hommenouveau.fr

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Page 1: L'homme nouveau n° 1423

N° 1423 • Samedi 7 juin 2008 • LXIIe année - BIMENSUEL • France : 4 !

Face au clonage :la bonne direction

>Téléchargez votre programme télévision sur : www.hommenouveau.fr

ÉDITORIAL

• Après le lancement d’une nou-velle maquette, L’Homme

Nouveau est heureux de vousannoncer que son site Internet(www.hommenouveau.fr) vientd’être intégralement rénové. Cetravail – coordonné par DenisSureau – vise à donner un nou-veau dynamisme à notre journalet à lui permettre d’intensifierson action au service de laNouvelle Évangélisation.

• Comme dans sa précédenteversion, ce nouveau site vouspermet de vous abonner en ligne,aussi bien à L’Homme Nouveau

qu’à L’Osservatore Romano dontnous assurons en France et dansles pays francophones la diffu-sion. Il rappelle succinctementl’histoire du journal depuis sacréation en 1946 jusqu’à aujour-d’hui. Il donne également lesgrands points de la ligne édito-riale qui nous anime, définissantclairement ce que nous sommes :un journal catholique romain.

• Les nouveautés ? Le site inclutd’abord un « blogue », véritablecomplément du journal papier. Ilnous permet de réagir rapide-ment sur les sujets d’actualitébrûlante, de faire paraître lesavis de nos chroniqueurs. Il vouspermet aussi d’ajouter des réac-tions sur les billets publiés.Autre nouveauté : vous pouvezdésormais acheter les livres dontnous sommes les éditeurs sousdeux formats. Soit en formatclassique « papier », soit en for-mat numérique. Le premier offrela possibilité d’avoir un ouvragetraditionnel ; le second de se leprocurer à un coût moindre etpar un simple clic. Ce servicen’est pas encore entièrementopérationnel, mais le sera dansles jours à venir.

• Bien d’autres choses seront àdécouvrir prochainement sur cesite. Ayons donc désormais leréflexe : www.hommenouveau.frBon clic !

Philippe Maxence

Alors que les Britanniques ont autorisé le clonage d’hybrideshommes-animaux, d’autres solutions existent. P.3

ACTUALITÉSVague de xénophobie :l’Afrique du Sud à feu et à sang. P.12

CULTUREJean Sévillia invite les chrétiens à ne pas céder. P.16

MAGISTÈRELe Pape à Savone :le rappel de la résistance de Pie VII. P.30

TRIBUNERévélateur : évangéliser les jeunes.P.32

Bon clic…

Découvrez le blogue

de la rédaction sur :www.hommenouveau.fr

Dialoguer en véritéavec l’islamLa commission doctrinale des évêques de France vient de publier un document sur le dialogue islamo-chrétien. L’analyse d’Annie Laurent. P.9

Grand entretien avec Dom ForgeotAu XXIe siècle, la Règle de saint Benoît reste toujours aussi féconde. L’histoire de l’abbaye Notre-Dame de Fontgombaulten est une belle illustration. P.8

Page 2: L'homme nouveau n° 1423

>>> O.G.M.>>L’article d’Alexis Arette « L’éco-

logie de Mammon » dans L’HommeNouveau du 16/02/08, s’il contientquelques réflexions intéressantes surle rôle des « Synarques »,apporte en re-vanche un curieux soutien aux multi-nat ionales fabr i -quant des O.G.M., re-prenant leurs argu-ments sur l’innocui-té de leurs produits.

Il faut savoir qu’àplusieurs reprisesces sociétés ont étéconvaincues d’infor-m a t i o n s o u p a r -tielles ou menson-gères, ce qui est la définition de la dés-information.

La plante O.G.M. fabrique un pesti-cide qui se trouve dans toutes ses par-ties, de la racine au pollen, à tel pointque certains scientifiques considèrentqu’elle devrait être soumise auxmêmes règles d’Autorisation de Misesur le Marché (A.M.M.) qu’un pesticide.

Le simple bon sens fait pressentirque si une plante fabrique un pesticide,celui-ci se retrouvera dans l’animal oul’homme qui le consommera (une étu-de récente du Comité de Recherche etd’Information Indépendantes sur legénie GENétique (CRIIGEN) de Caen amontré la toxicité hépato-rhénale dumaïs « MON 863 »).

Il n’est plus besoin de démontrerque l’omniprésence de pesticides dansnotre environnement est responsableà long terme de l’augmentation expo-

nentielle des cas de stérilité,malforma-tions et cancers.Docteur P.B.(78) !

>>> Maquette>>Un très grand merci pour le nou-

vel Homme Nouveau. C’est une joie re-nouvelée pour moi. Le programme deTV remplacé par des articles tous plusou moins passionnants.

Je prie pour que cette nouvelle ver-sion vous apporte beaucoup de nou-veaux lecteurs.Pour moi,je suis très iso-lée ( j’ai 95 ans) et ne vois personne au-tour de moi qui puisse s’abonner.

C.B.(06) !

>>Comme suite àl a p u b l i c a t i o n d eL’Homme Nouveaudans son changementde présentation, j’ail’honneur de vous fai-re part de ma re-marque suivante :

La rubrique desnouveaux films avec leur résumé, lesopinions dégagées, leur cotation,n’existe plus. Serait-il possible, pour sefaire un jugement et se faire un choix,d’insérer dans votre journal sousquelques lignes un résumé succinct etleurs cotations artistique ethumaine ?M.N.(72) !

L’H.N. :Quelques lecteurs ont regretté la disparition dans la nou-velle formule des présentations dela presque intégralité des films sor-tis en salle (il reste une sélection en

page 17). Nous réfléchissons au moyen de répondre à

ces demandes dans le respect des limites budgétaires.

>>> Corse>>Ce que Mme X. ra-

c o n t e s u r l ’é v ê q u ed’Ajaccio est complète-ment faux (cf. L’H.N.n° 1421 du 10/05/08). J’aidemandé à mon fils quihabite à Bastia ce qu’il enpensait. Il m’a dit qu’il n’y avait pas unmot de vrai, sauf l’histoire de l’aumô-nier de l’École libre.S’il n’y a pas de mes-se en latin,c’est qu’il n’y a eu aucune de-mande, ou tout au moins pas assezpour qu’on s’en occupe.B.D.(18) !

L’H.N. :D’autres lecteurs ont quantà eux remercié la lectrice d’Ajaccio,

approuvant sa lettre.

>>> PTT>>Un grand merci à L’Homme Nou-

veau pour sa nouvelle présentationmodernisée (mais toujours dans la tra-dition !).

Les PTT aussi sont toujours fidèles àleur tradition dans la célérité de leursservices :votre journal envoyé le 06/05me parvient ce matin le 15/05 !…

L’Aveyron,il est vrai,est une contréelointaine de la France profonde ! Heu-reusement L’H.N. est toujours d’actua-lité ! M.L.(12) !

Petites annonces dansL’Homme Nouveau

Par ligne : Abonnés : 5 !Non abonnés : 6 !

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[email protected] limite de réception :

quatre semaines avant la date de publication.

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2 COURRIER DES LECTEURS L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

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Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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FRANCE ETRANGER + DOM-TOM*1 an (soit 24 n°) 90 euros 110 eurosAbo soutien 120 euros 120 eurosPrêtre/étudiant/chômeur 70 euros 85 euros2 ans 170 euros 200 euros

*Surtaxes comprises dans ces tarifs.

HN 14

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Page 3: L'homme nouveau n° 1423

Pierre-Olivier Arduin*

Un nouveau chapitrede l’emballement bioéthi-que contemporain vient des’ouvrir avec le feu vert an-glais à la création d’em-bryons ch imér iques . Le19 mai, la Chambre des Com-munes a entériné la toutenouvelle loi sur la féconda-tion et l’embryologie humai-nes enfonçant un peu plus laGrande-Bretagne dans latransgression tous azimuts.Dans un premier temps, leParlement, avec la bénédic-tion du Premier ministre Gor-don Brown, a impitoyable-ment refusé de revoir à labaisse le délai légal d’avorte-ment de 24 semaines – le plusélevé en Europe –, alors mê-me que les équipes de réani-mation parviennent à sauverdes enfants prématurés dumême âge. Les députés ontensuite ouvert le régime del’assistance médicale à laprocréation aux lesbiennes,célibataires ou en couple, lemariage homosexuel étantautorisé outre-Manche. Dequoi réjouir le lobby gayfrançais qui fait déjà valoircette décision pour se posi-tionner dans la future négo-ciation de notre propre loibioéthique. Mais la mesure qui a frappéle plus les esprits est l’accorddonné en faveur du clonaged’embryons hybrides. Le

Royaume-Uni autorise de-puis 2000 le clonage in vitro

dit scientifique. La techniqueconsiste à faire fusionner lenoyau prélevé sur une cellu-le d’une personne adulte avecun ovocyte énucléé, c’est-à-dire privé de son génomed’origine maternelle. L’em-bryon qui en résulte, porteurde l’ensemble du patrimoinegénétique du donneur, estdonc sa copie conforme, sonjumeau décalé dans le temps.

Un détail d’importanceComme tout embryon, le clo-ne recèle des entités cellu-laires très convoitées que lesscientifiques espéraient re-cueillir après sa destruction :les précieuses cellules sou-ches embryonnaires considé-rées jusqu’il y a peu commel’horizon indépassable de labiomédecine moderne. Quiplus est, parfaitement com-patibles sur le plan immuno-logique avec le donneur, le-quel pourrait se les faire ad-ministrer sans aucun risquede rejet. Un détail d’impor-tance cependant gêne la pro-cédure. La technique est trèsconsommatrice de cellulessexuelles féminines. Or, peude femmes sont disposées àdonner leurs ovocytes du faitde la lourdeur du prélève-ment qui n’est par ailleurspas dénué de risques sur leursanté. Les chercheurs anglaisont bien avancé l’idée d’aller

les ponctionner sur des fem-mes de pays émergents con-tre rétribution, mais le tollédéclenché les a fait reculer.Ils ont alors proposé d’utili-ser des ovocytes issus devache ou de mouton pour pal-lier cette pénurie chronique.Dans cette formule, le géno-me est humain mais tout l’ap-pareil cellulaire est d’origineanimale, d’où le nom de chi-mères ou d’hybrides. Sur leplan strictement scientifique,aucun argument ne résiste àun examen rigoureux desfaits. En premier lieu, la tech-nique du clonage n’a donnéaucun résultat tangible. L’en-semble de la procédure décri-te précédemment n’existeque sur le papier. La seulepublication émanait, on s’ensouvient, du coréen Hwangtombé depuis en disgrâcepour falsification scientifi-que. Ian Wilmut lui-même,bien connu pour avoir clonéla brebis écossaise Dolly, apubliquement renoncé à cet-te technique désormais dé-passée au regard des der-nières découvertes sur lescellules souches adultes. Car ce n’est pas le seul clo-nage qui a du plomb dansl’aile, mais les cellules sou-ches embryonnaires en géné-ral dont les expériences chez

l’animal ont montré à l’envileur propension à dégénéreren tumeurs.

La médecine bafouéeDernier aspect totalementrédhibitoire qui s’ajoute àtous ceux-là dans le cas deschimères. Au pays de lavache folle et du moutontremblant, la conceptiond’embryons hybrides, véri-tables bombes biologiques devirus et autres prions ani-maux, est uneinjure à la mé-decine. Aucuncomité éthiquehospitalier aum o n d e n ep r e n d r a i t l aresponsabilitéd’en permettre la greffe chezl’homme. Sur le plan moral,on n’a guère entendu quel’Église, au premier chef lesévêques britanniques, pourrappeler les politiques et lesc h e r c h e u r s à l a r a i s o n .Mgr Sgreccia, président del’Académie pontificale pourla Vie, qualifie d’« horreur

éthique » la tentative de pro-création homme-animal. Lasentence du gouvernementbritannique montre que l’on aatteint « l’un des plus bas ni-

veaux de la bioéthique » (1),a-t-il ajouté. Refusant de ca-

pituler, les présidents desconférences épiscopalesd’Angleterre, du Pays deGalles, d’Écosse et d’Irlandeont annoncé dans la fouléel’attribution de fonds en di-rection du consortium inter-national Novus sanguis (2)créé à l’initiative conjointede la Fondation Jérôme Le-jeune et du Centre universi-taire des cellules souches desang de cordon de Newcastle.Cellules douées d’un poten-

tiel thérapeu-tique très pro-metteur, ellest é m o i g n e n tqu’il n’est pasnécessaire de« choisir entre

science et éthi-

que, mais bien d’adopter une

méthode scientifique qui soit

respectueuse des impératifs

éthiques » (3), ainsi que l’amagistralement rappelé leSaint-Père à la tribune desNations unies. !

* Directeur de la Commisison

bioéthique du diocèse de Fréjus-

Toulon.

1. Zenit, 22 mai 2008.

2. www.novussanguis.org

3. Benoî t XVI, discours du

18 avril 2008 à l’Assemblée gé-

nérale des Nations unies.

EMBRYONS HYBRIDES :Une injure à la science

Le 19 mai dernier la Chambre des Communes en Grande-Bretagne a donné son accord pour le clonage d’embryons hybrides. Face à cette « horreur éthique » l’Église montre la voie de

la sagesse en soutenant financièrementle consortium international Novus sanguis.

3ÉVÈNEMENTL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

“Allier scienceet éthique.”

Page 4: L'homme nouveau n° 1423

>Les grands entretiens

FontgombaultLa vie bénédictine,source de toute paix

À la suite du Pape qui a pris pour nom celui du fondateur

du monachisme en Occident, les moinesrecherchent l’Unique nécessaire.

Cette recherche à laquelle ils consacrenttoute leur vie sous la conduite

du Père Abbé, dans une vie faite de louanges et de travail

(ora et labora), doit être l’occupation de tout chrétien. Abbaye du XIIe siècle,

Fontgombault, déjà mère de quatre fondations, est un modèle

de cette vie tournée vers Dieu,où la beauté de la liturgie côtoie

les travaux humbles de chaque jour.Présentation de cette famille qu’est

toute communauté monastique par son Père Abbé, Dom Antoine Forgeot.

DOSSIER L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 20084

Propos recueillis par Philippe Maxence

Comment vivez-vous et incar-nez-vous l’esprit et la lettre dela Règle de saint Benoît ?

>>À Fontgombault, nous som-mes héritiers de la vie bénédictinerestaurée en France, après les dé-sastres de la tourmente révolution-naire, par Dom Guéranger à So-lesmes en 1837 et poursuivie parses successeurs. Nous vivons leplus proche possible de la lettre dela sainte Règle, en adaptant auxconditions de vie de notre époquece qui doit l’être sur le plan maté-riel. Mais l’esprit de la Règle restetoujours le même : en la composant,saint Benoît n’a songé qu’à Dieu etaux âmes désireuses de monter versLui ; il a voulu établir une « école

du service du Seigneur » (1) où l’onapprendrait à aimer et à servir Dieule plus parfaitement possible en at-tendant la vie éternelle. Au monas-tère, on recherche Dieu par la priè-re, par le travail sous toutes sesformes et par l’étude des choses deDieu ; la prière officielle de l’Égli-se, l’office divin, étant l’œuvreprincipale du moine. En effet, com-me il dit qu’il ne faut « rien préfé-

rer à l’amour du Christ », saint Be-noît affirme que le moine ne doit« rien préférer à l’Œuvre de Dieu »

(2), et il consacre de nombreux cha-pitres à fixer minutieusement l’or-donnance de l’office liturgique.C’est par nos deux premiers abbésvenus de Solesmes que nous a étélégué le trésor de doctrine spirituel-le et monastique solesmien de DomGuéranger, Dom Delatte et MmeCécile Bruyère, première Abbessede Sainte-Cécile-de-Solesmes, àqui nous voulons demeurer totale-ment fidèles. Aujourd’hui, la Règle

a seulement besoin d’être lue, ai-mée et vécue, comme l’Évangile.

À quand remonte l’implanta-tion de la congrégation de So-lesmes à Fontgombault ?

>>Après la guerre, le diocèse deBourges proposa à l’abbaye de So-lesmes de faire refleurir à Fontgom-bault la vie bénédictine interrompuependant un peu plus de deux siècles.Les premiers moines fondateurs ar-rivèrent en mai 1948. En 1953, l’an-cien titre abbatial était relevé, et lePère Abbé de Solesmes, le Révéren-dissime Dom Germain Cozien,nommait à la tête de la nouvelle ab-baye le Révérendiss ime DomÉdouard Roux.Celui-ci avait une vive consciencede son rôle de fondateur. Durant lesquatorze années de son gouverne-ment, il se montra attentif, dans sonadministration temporelle, à tout cequi pouvait assurer pour sa maisonla dignité de la vie monastique : leslieux conventuels furent progressi-vement remis en état, l’église abba-tiale aménagée, et sa dédicace eutlieu en octobre 1954. Mais c’est àrégir les âmes qu’il donnait le meil-leur de lui-même. Il ambitionnait detransmettre à ses fils l’idéal monas-tique très élevé qu’il avait reçu lui-même à Solesmes, et de les guiderdans la recherche de Dieu. Le PèreAbbé Édouard se dépeint dans ladevise qu’il a voulu donner au mo-nastère : fons amoris (fontained’amour) et dans celle qu’il choisitpour son abbatiat : unum necessa-

rium (l’Unique Nécessaire). Il de-meure notre Père et notre Maître etpar lui, grâce à Dieu, Fontgombaultest revenu à sa vocation première,monastique et contemplative.

>>> Suite page 5

Page 5: L'homme nouveau n° 1423

Le Révérendissime Dom Jean Roy,qui lui succéda en 1962, a assuré uneparfaite continuité : être et rester desmoines. Sous son abbatiat, malgréles difficultés que traversait alorsl’Église – Dom Roy fut un guide sûret prudent –, le monastère connut unessor assez remarquable, à une épo-que où de nombreux monastères dé-clinaient. Il a dû entreprendre desconstructions pour loger les moinesque la Providence lui envoyait, et futen mesure de fonder deux nouveauxmonastères. Il épuisa ses forces auservice de l’Église et mourut à Romele 23 septembre 1977. Marcel Clé-ment a dit de lui : « Il fut un homme

de paix… il faisait la vérité dans la

charité » (3).

Ceux qui viennent à Fontgom-bault sont frappés par la liturgie intégralement en latinet grégorien. Vous considérez-vous comme un « muséevivant » du patrimoine grégorien ?

>>Le chant grégorien n’est pasune pièce de musée à enfermer der-rière une vitre blin-dée ou accessibleuniquement aux spé-cialistes de l’art mé-d iéva l e t aux sa -v a n t s . I l e s t l e« chant propre de la

liturgie romaine »,comme le rappellentle concile Vatican IIet l’exhortation Sa-

cramentum caritatis

de Benoît XVI (4).Le grégorien n’est pas d’abord unescience, sujet de recherche et d’étu-de, il est la Prière chantée de l’Égli-se, chant sacré, et appartient à cet« ars celebrandi » dont parle leSaint-Père. S’il est objet d’études etd’exercices, ce doit être unique-ment en vue du service de Dieu. Lechant grégorien, à sa place, vientinviter les âmes à entrer doucementdans le mystère de Dieu, au gré deson rythme libre, vivant, et qui dé-passe les modes et les époques.L’unique but du chant grégorien estde faire prier, d’élever l’âme versDieu. C’est ce que saint Benoît si-gnifie dans la formule bien con-nue : « Que notre espri t soi t à

l’unisson de notre voix » (5). Quantau latin, il est la langue dont « l’usa-

ge, sauf droit particulier, sera con-

servé dans les rites latins » (6). Lechant grégorien et le latin sont in-séparables.

Vous qui avez reçu beaucoupde postulants depuis des an-nées, pouvez-vous nous dire cequi amène un jeune homme àentrer dans la vie monastique ?Et, autre versant de la ques-tion, quels sont les défauts ré-currents que vous voyez dansla génération actuelle ?

>>La vocation, c’est le mystèrede la rencontre entre deux personnes,plus précisément entre l’âme et Dieu,c’est le mystère d’un oui qui engagetoute la vie. La Providence a bien desmoyens pour faire connaître cequ’elle attend : ce peut être l’exem-ple d’un parent ou d’un ami, une lec-ture, une rencontre, une lumière sou-daine qui fixe définitivement l’âme,ou au contraire une recherche dou-loureuse vécue dans l’insatisfactionet le doute. L’attrait sensible est-il unbon signe de vocation ? Pas néces-sairement. Très souvent, Dieu quiagit avec sagesse, prenant l’hommedans sa totalité (être spirituel, corpo-rel et sensible), donnera plus oumoins cet attrait. Chez beaucoup, ilsera purifié au cours de la vie mo-

nastique, mais il peutêtre un signe qui aideà discerner les voca-tions. L’absence detout attrait sensiblechez un candidat à lavie religieuse doit in-viter à une grandeprudence ceux quiont à décider de savocation ; mais enfinil n’est qu’un élé-ment secondaire et

en soi non indispensable. La voca-tion peut se trouver « à l’état pur »dans une âme qui, sans cet attrait,voit l’idéal que Dieu lui propose etveut ce bien auquel l’attire la grâce.L’appel de Dieu est toujours premier.Saint Benoît le rappelle dès le pro-logue de la Règle : « Le Seigneur

cherchant son ouvrier dans la foule

à qui il lance ses appels, reprend :

“Quel est l’homme qui veut la vie etdésire voir des jours heureux ?”».La réponse libre de l’homme à l’ap-pel de Dieu dans la vie monastiqueest une question d’amour. QuandDieu a montré et manifesté tantd’amour pour l’homme et que celui-ci a les yeux de l’âme assez ouvertspour le reconnaître, le cœur assezlibre pour y répondre, alors il entre-voit que la source du vrai bonheur estde rendre amour pour amour. S’il estfranc et généreux, avec la grâce deDieu, il met en pratique la parole de

sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus :« Aimer, c’est tout donner et se don-

ner soi-même ».

La jeunesse actuelle peut-elle enco-re donner une telle réponse ?La majeure partie de notre jeunesseest victime de ceux qui veulent laflatter et la corrompre, de ceux quidevraient la prendre en main en luiapportant la lumière dont son esprita besoin, la grâce dont son cœur afaim ; elle est lâchement abandonnéepar des adultes qui, faute de scienceet de courage, ne peuvent ni l’ensei-gner ni la régir. Trop de jeunes genssont victimes du subjectivisme, durelativisme moral et de la sécularisa-tion de notre société. La conséquen-ce de cette situation est que les jeu-nes ne connaissent pas et ne sont pasaffermis dans la vérité ; ils sont doncfragiles et peu portés à prendre desengagements à vie. Ils ont pourtantsoif de cette vérité et la reçoiventavec joie lorsqu’elle leur est offerte.S’il y a des vocations qui naissentcomme cel le de sa in te Mar ie-Madeleine, il faut noter cependantque les familles qui demeurent desmodèles de vie chrétienne et où lesjeunes ont été élevés dans une en-fance chrétienne sérieuse sont de vé-ritables pépinières de vocations. Demême, du scoutisme catholique estissue une bonne partie de nosmoines, qui considèrent leur voca-tion comme une suite naturelle de lapromesse prononcée à 12 ans. Lescoutisme a aidé à former notre jeu-nesse dans les saines valeurs socialeset religieuses, au sens du vrai, dubeau et du bien, au sens de l’honneuret du service gratuit. Sa pédagogie etsa philosophie réalistes, sa spiritua-lité chevaleresque en ont fait une ma-gnifique méthode d’éducation chré-tienne qui, entre les mains de saintsprêtres, a été à l’origine de tant de vo-

cations solides et saintes. Puisse lescoutisme catholique conserver savitalité en puisant toujours à sessources fondatrices que sont lespères Sevin et Doncœur, le chanoineCornette, Guy de Larigaudie et tantd’autres. Alors, cette école de fran-chise, de dévouement et de puretésuscitera encore de nombreuses vo-cations.

Saint Benoît a voulu que son mo-nastère soit organisé sur le mo-de de la vie familiale, avec à satête un père, conçu sur le modèledu « pater familias » romain.Dans une société qui a perdutoute notion de ce qu’est la fa-mille, et plus encore du rôle dupère, la vie bénédictine est-elleencore possible aujourd’hui ?

>>Saint Benoît a voulu quel’idéal monastique soit vécu au seind’une communauté soigneusementstructurée. Dès le chapitre second dela Règle, il s’est attaché à présenterla figure de l’abbé, c’est-à-dire dusupérieur monastique. Ce nom mê-me, qui vient de l’araméen, signifie :père. L’abbé est le père de cette fa-mille qu’est la communauté monas-tique, et c’est à lui que va d’abordl’obéissance demandée à tous, enmême temps qu’un amour filial trèsdélicat. C’est une vue de foi : il est,en effet, considéré comme tenantdans le monastère la place du Christ.Comme toute autorité, elle est un ser-vice accepté au nom du Christ pourle bien des âmes qu’il faut régir, en-seigner et sanctifier. L’abbé seradonc d’abord le docteur chargé dedonner aux âmes la doctrine spiri-tuelle, le père qui guide et encoura-ge sur le chemin de la perfection et,

>>> Suite de la page 4

L’abbaye de Fontgombault, au bord de la Creuse, a retrouvé sa vocation première en 1948.

5DOSSIERL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

>Les grands entretiens

>>> Suite page 6

“Nous sommesles héritiers de lavie bénédictine

restaurée en France.”

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>Les grands entretiens

DOSSIER L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 20086

au besoin, reprend et corrige. Dansl’esprit de saint Benoît, l’abbé estaussi seul responsable de tout le tem-porel du monastère ; il délègue lestâches, mais c’est lui qui nomme àtous les emplois du monastère, dontles titulaires sont révocables à toutmoment. Lui-même est élu à vie parles moines, ce qui assure la stabilitédont les âmes ont besoin pour cher-cher Dieu.Notre société est marquée par l’ab-sence de la figure du père, et il fautsouvent une véritable rééducation ducœur pour rentrer dans la joie de laconfiance filiale envers l’abbé, pourrestaurer notre être filial ; la paterni-té de l’abbé apparaît alors comme lesacrement de la paternité divine,mystérieusement à l’œuvre. « Si vousne redevenez comme des petits en-fants, vous n’entrerez pas dans leRoyaume des Cieux » (7) ; cettephrase de l’Évangile, c’est surtoutgrâce au ministère de l’abbé auprèsd’eux que les moines peuvent lamettre en application.De plus, fils d’un même père, lesmoines sont invités à développer cet-te charité fraternelle qui doit faire dumonastère comme une petite familleoù chacun est à sa place ; pour y as-surer la paix qui est devenue commela devise de la famille bénédictine,chacun doit veiller à réduire les exi-gences de son égoïsme, dans un pro-gramme admirablement résumé par

la Règle sous le terme de « bon zè-le » (8).On le voit, il s’agit dans le cadre decette vie familiale d’apprendre à ai-mer Dieu notre Père et ses frères.La vie bénédictine est donc encorepossible aujourd’hui et même néces-saire en un certain sens pour notresociété. Dans un monde qui répandsa culture de mort et la destruction dela famille, elle est un modèle pour re-donner à la famille sa véritable natu-re et beauté.Bien des passages de la Règle don-nent les traits qui feraient de toutecellule familiale, unfoyer heureux et sainoù chacun pourrait seréaliser pleinement.Lors de la veillée deprière avec les fa-milles à Valence, enEspagne, le 8 juillet2006, le Pape Be-noît XVI rappelait :« L’être humain seréalise pleinement lui-même seule-ment lorsqu’il se donne sincèrementaux autres. La famille est le lieu pri-vilégié où toute personne apprend àdonner et à recevoir l’amour. »« Puissent les enfants, disait-il aussi,contempler davantage les momentsd’harmonie et d’affection de leursparents, plutôt que les moments dediscorde ou d’éloignement, puisquel’amour entre le père et la mère offre

aux enfants unegrande sécurité etleur enseigne labeauté de l’amourf idè l e e t dura -ble. »

La contempla-tion est aucœur de la viebénédictine.Pourquoi cetteimportance ?N’y a-t-il pasurgence au-jourd’hui à se lancer dansl’évangélisa-tion alors quele monde de-vient de plusen plus nonchrétien ?

>>Toute la viedu moine est unerecherche de Dieuqui est Charité. Illa réalise princi-palement par la

prière qui fait entrer dans l’intimitéde Dieu. Prier et contempler, c’est àla fois regarder Dieu et ses mystèresavec les yeux admiratifs d’un enfantpour son Père et par là L’aimer, etaussi entrer dans l’intimité du templede sa vie divine, pour demeurer aveclui et l’adorer ; c’est faire passer tou-te son âme dans ce regard silencieuxet qui n’est qu’attente de la rencontredéfinitive. Tout au long de ses jour-nées, le moine est invité à découvrirle secret de cette prière intérieure trèsdouce, ce cœur à cœur avec Dieuconciliable avec bien des activités.

Mais ce t t e v ie deprière est-elle pri-mordiale pour notretemps ? C’est tou-jours la même ques-tion de la primauté dela contemplation surl’action, et la réponsese trouve comme tou-jours sur les lèvres deN o t r e - S e i g n e u r

Jésus-Christ dans l’évangile de Mar-the et de Marie : la nécessité d’êtreouvert surtout sur l’essentiel. Je vou-drais simplement reprendre ce que lecardinal Ratzinger disait à Fontgom-bault le 22 juillet 2001 en commen-tant cet épisode évangélique :« Dans cet enseignement sur la né-cessité d’être ouvert pour le Sei-gneur, d’être aux pieds du Seigneurpour entrer en communion avec leSeigneur, le Seigneur parle aussi àl’Église d’aujourd’hui. Parce que lesmêmes problèmes, disons de la justeproportion entre Marie et Marthe,existent surtout aujourd’hui aussidans l’Église. Nous faisons réelle-ment le service de Marthe : on faittant de choses extérieures ; il y a desréunions, des commissions, des sy-nodes, des décisions, des discus-sions, des documents en abondance,il y a des programmations pasto-rales, tout ça, on fait tant de cho-ses… mais peut-être dans ces actionspermanentes, dans ce service per-manent de Marthe, de préparer tou-tes choses pour le succès de l’actionpastorale, on oublie trop la dimen-sion de Marie, que cette vraie dispo-nibilité pour le Seigneur, pour sonrègne, exige beaucoup plus que nosactions extérieures, exige surtout no-tre disponibilité d’être aux pieds duSeigneur, dans la méditation, dansl’écoute de sa parole dans laquelle Ilse donne lui-même.Il y a dans une lettre de sainte Thé-rèse de Lisieux à sa sœur Céline unetrès belle parole sur cette situationde l’Église, dans l’interprétation des

figures de Marie et Marthe. SainteThérèse dit : “Quand Marie verse leparfum précieux sur la tête du Sei-gneur, les Apôtres murmurent” ; etelle continue : “C’est la même cho-se aujourd’hui : les chrétiens les plusfervents, les prêtres et les évêquespensent que nous exagérons, quenous devrions servir aujourd’hui leSeigneur comme Marthe, et pas nousconsacrer au Seigneur, consoler leSeigneur. Mais quand même, desvases brisés de nos vies vient le par-fum précieux qui purifie l’air empoi-sonné de ce monde.” »Les moines n’ont pas de ministèrepastoral à l’extérieur du monastère.Leur action sur les âmes se situe à unniveau plus transcendant, plus cachémais non moins réel, celui de la com-munion des saints, intercédant pourles hommes auprès de Dieu. Quant àla prédication silencieuse de leur vie,il faut se souvenir que le plus puis-sant moteur d’apostolat sera toujourscelui de l’être et de l’exemple. C’estla pédagogie même de Dieu qui, dansle Christ, ne s’est pas contenté de selivrer comme enseignant mais com-me modèle à imiter. Le Saint-Père l’aencore rappelé dans l’exhortationSacramentum Caritatis : « Les per-sonnes consacrées… savent que lebut principal de leur vie est la“contemplation de la vérité divine etl’union constante avec Dieu”. Lacontribution essentielle que l’Égliseattend de la vie consacrée est beau-coup plus de l’ordre de l’être que del’ordre du faire » (9).

Dans Sacrosanctum Concilium(n. 89), le concile Vatican II pré-voit la suppression de l’officede Prime, office que vous avezconservé de votre côté. Pourquelle raison ?

>>Il faut remarquer que la sup-pression de l’office de Prime neconcerne que le rite romain et non lerite monastique. Il est écrit au numé-ro 87 de la Constitution sur la litur-gie : « …le Concile a décidé de dé-créter ce qui suit (nn. 88 et 89) au su-jet de l’office selon le rite romain. »Saint Benoît prévoit dans son cursusde l’office divin ce beau petit officede Prime qui date du temps de Cas-sien et est devenu heure canonialevers 390. Le Patriarche des moines aconstruit avec soin et précision l’of-fice divin. Il a été soucieux d’obtenirun nombre d’heures atteignant lechiffre sacré de sept. Il le trouve dans

Le chœur de l’abbaye de Fontgombault :les moines y chantent les louanges de Dieu.

>>> Suite de la page 5

>>> Suite page 7

“Le moine estinvité à entrerdans l’intimité

de la vie divine.”

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7DOSSIERL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

>Les grands entretiens

le jour proprement dit grâce à Prime,l’office des Matines (Vigiles) étantpour saint Benoît l’office de la nuit.Il suit en cela la Sainte Écriture quinous invite à louer notre Créateur etRédempteur sept fois le jour et unefois la nuit : « Sept fois le jour, je

vous loue… ; au milieu de la nuit, je

me lève pour vous confesser » (10).Saint Benoît ne se flatte pas d’avoirdonné la meilleure distribution pos-sible ; et avec une parfaite humilitéet déférence pour la pensée d’autrui,il avertit que « si jamais cette distri-

bution déplaît à quelqu’un, il peut en

adopter une autre jugée par lui

meilleure ». Le seul point qui sembleessentiel à saint Benoît est « qu’on

chante chaque semaine intégrale-

ment le psautier de 150 psaumes.

(…) Ils montrent vraiment trop de lâ-

cheté dans le service qu’ils ont

voué » (11), les moines qui demeu-reraient en deçà. Il en-courage ainsi ses fils àne rien diminuer d’unoffice divin accommo-dé aux forces du plusgrand nombre. L’œuvrede saint Benoît est fortsage, tout y est heureu-sement équilibré.

Alors que dans cer-tains monastères ou ordres re-ligieux, il a été question de lasuppression des « frèresconvers », vous estimez pourvotre part qu’il s’agit d’une vo-cation spécifique et importan-te. Pour quelles raisons ?

>>À Fontgombault, au seind’une même famille, il existe deuxsortes de moines : les Pères de chœuret les moines convers ou « Frères ».Ce sont deux réalisations distinctesmais complémentaires et insépa-rables l’une de l’autre de l’uniquevocation monastique. Cette distinc-tion, très ancienne dans l’histoiremonastique, et confirmée par le con-cile Vatican II et par le pape Jean-Paul II, est une richesse dont la Sain-te Église a trouvé la justificationdans l’épisode évangélique de Mar-the et Marie (12). Marie symbolise lavie de prière : elle est là aux pieds duSeigneur, elle le regarde, elle le prie ;c’est la vie des moines de chœur : viede prière liturgique. À côté de Mariese trouve Marthe qui symbolise lasanctification par le travail, vie deservice caché, vie de dévouement etd’humilité au service de Dieu et de lacommunauté. La vie de Marie estdifférente de celle de Marthe, mais

les deux sœurs, aimées du Seigneur,vivent dans une même famille, sousle même toit, et l’on sait par l’Évan-gile combien le Seigneur aimait serendre chez elles à Béthanie.Dans « une union sans confusion »,les Pères et les Frères sont appelés àun même idéal de vie monastique etde sainteté sous la Règle de saint Be-noît. La suppression des Frères con-vers ne peut donc se réclamer du Ma-gistère de l’Église et du Concile (13).Pourquoi donc a-t-on supprimé ouédulcoré cette merveilleuse vocationde Frère ? Une des causes majeuresest l’idéologie égalitariste modernequi l’estime contraire à la dignité dela personne humaine. Dans cetteconception égalitariste, toute diffé-rence est vue comme une injustice,une dégradation : « l’honneur de ser-vir » n’a plus de sens. À cela s’ajou-te la dépréciation des tâches ma-

nuelles, un manque deréalisme naturel qui faitméconnaître la diversitédes goûts et des apti-tudes, une méconnais-sance naturaliste de laProvidence divine etd’une vocation positiveà la vie de Frère. On a voulu alors nivelerles deux vocations de

Père et de Frère en supprimant la se-conde ou en détruisant sa spécificitépropre. C’est là un grand méfait quifait s’évanouir beaucoup de voca-tions. Tout le monde n’est pas appe-lé à être moine de chœur ou prêtre,tout en étant appelé à la vie monas-tique. La vocation de Frère est vrai-ment spécifique et importante.La vie des Frères convers est carac-térisée par le service. Les Frèresconvers se sanctifient dans ce servi-ce quotidien accompli dans l’obéis-sance ; et cette sanctification par leservice conduit à l’amitié divine ets’achève dans la contemplation.C’est une spiritualité fondée surl’humilité, une imitation de la vie ca-chée de Notre-Seigneur, une certainesimplicité comme celle de la SainteFamille à Nazareth. Leur grand mo-dèle est saint Joseph.Par leur dévouement quotidien, ilsassurent les tâches artisanales néces-saires à la bonne marche du monas-tère ; pour cela ils passent davantagede temps au travail manuel. Le Frè-re convers peut être appelé à serviraux travaux de la ferme et du pota-ger, à la confection des habits et deschaussures, au service des bois, à laforge, à la boulangerie, à la menui-serie, au moulin, etc. Tous ces ser-

vices ont leur va-leur et leur utilité,tous demandentde la persévéran-ce et du courage.Chacun met sestalents au servicede l’œuvre queDieu veut accom-plir dans le mo-nastère. La lectio

divina quotidien-ne, des conféren-ces sur la doctrinechrétienne, la viespirituelle et mo-nastique les pré-parent et les ai-dent à la pratiquede leurs vœux dereligion, car ilss o n t v r a i m e n tmoines. Ils viventla vraie vie mo-n a s t i q u e d a n stoute sa pureté, sabeauté, sa richesse et avec tous sesmoyens de sanctification. Ils pro-noncent les mêmes vœux et portentle même habit que les Pères.Telle est la vie du moine conversdont la mission est de permettre auxmoines de chœur d’assurer leurœuvre liturgique. En ce sens, ils sontles « gardiens de l’office divin ».En effet, la différence spécifique dela vocation de Frère convers est danscet élément caractéristique, essentielde la vie bénédictine : l’office divin,la liturgie.Les Frères convers y ont toujours oc-cupé une place à part, non par bri-made, mais par respect pour leur vo-cation. Autrefois, ils avaient un offi-ce spécial composé de Pater et d’Ave

Maria, récité en dehors du grand of-fice des Pères ou simultanément. Sileur participation à celui-ci s’est ac-crue, ils n’ont pas à en assurer l’in-tégralité. Un signe en est donné dansle fait qu’ils ne reçoivent pas le bré-viaire. La non-intégralité de l’office,voilà ce qui, dans notre ordre, dis-tingue spécifiquement les Frères desPères : et c’est là le plus sûr critèrede discernement d’une vocation deFrère. Un candidat a-t-il besoin ha-bituellement de la messe conven-tuelle et de tout l’office, il semblealors plutôt fait pour les Pères quepour les Frères.Dans son commentaire de la Règle,Dom Delatte a cette phrase qui résu-me toute la vocation des Frèresconvers : « La journée laborieuse

des Frères devient aisément un long

colloque avec le Seigneur ; et le

spectacle de cette fidélité joyeuse et

paisible est le plus appréciable de

tous leurs services » (14).

L’abbaye de Fontgombault abeaucoup essaimé par le passé,en fondant tour à tour, Randol,Triors et Gaussan. Aujourd’huiencore, vous assumez le poidsd’une fondation aux États-Unis. Comment expliquez-vouscette fécondité mais aussi leralentissement qui semble sefaire jour aujourd’hui ?

>>Selon la volonté de DomÉdouard Roux, Fontgombault estavant tout la maison de Notre-Dameoù des âmes désireuses de perfectionviennent se livrer au Seigneur. SiFontgombault a reçu de nombreusesvocations et est encore bien vivantaujourd’hui, il faut en remercierNotre-Dame qui nous honore enconduisant des âmes dans sa maison.Qu’elle daigne encore y conduire denombreuses âmes généreuses pour lagloire de Dieu, le salut du monde etle bonheur même de ces âmes.Certes le recrutement est nettementralenti depuis plusieurs années.C’est une crise générale de notrevieille Europe. Il y a des causes so-ciales : l’avortement légalisé depuisplus d’une génération réduit consi-dérablement le nombre des jeunes ;et les jeunes gens qui y ont échappésont souvent esclaves du relativismeambiant et des séductions de notre

>>> Suite de la page 6

>>> Suite page 8

L’abbé est le père de la famille qu’est la communauté.

“Le grandmodèle desFrères est

saint Joseph.”

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>Les grands entretiens

DOSSIER L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 20088

société sécularisée à outrance. Cequi fait peut-être souffrir le cœurd’un supérieur, c’est de constaterqu’il y a des vocations qui se perdent.En effet, il y a toujours des voca-tions. Saint Jean Bosco estimaitqu’autour de lui un garçon sur troisavait la vocation. Peut-être en est-ilencore ainsi en France. Mais nous vi-vons dans un monde corrompu etcorrupteur. Notre pays et notre jeu-nesse sont largement livrés audésordre de l’esprit et des mœurs.L’Église en France subit les consé-quences d’une crise qui faisaits’écrier au vénéré pape Jean-Paul II :« France, Fille aînée de l’Église es-tu fidèle… ? ». Comment dès lorss’étonner qu’il y ait chez nous peu devocations à aboutir ? Tant de réalitésdans l’Église et dans l’État se liguentpour les exterminer, sous les coupsdu relativisme de la pensée, du natu-ralisme qui tend à mettre l’homme àla place de Dieu, du libéralisme enmorale, du matérialisme jouisseur etdu laïcisme.Cela dit, il faut espérer dans la mon-tée de jeunes familles, nombreuses etgénéreusement ouvertes au don de lavie : elles préparent une nouvelle éli-te chrétienne qui régénérera le tissusocial de nos pays. Plus que jamaisles vocations sont chez nous l’affai-re de familles qui doivent être desmodèles de vie chrétienne. Inutile degémir. C’est l’heure du courage, del’espérance, de la docilité aimante auSouverain Pontife et surtout de la fi-délité.En effet, les monastères eux-mêmespeuvent être aussi responsables dumanque de vocations. Le recrute-

ment sera assuré si nous demeuronstotalement et joyeusement fidèles ànotre vie monastique ; fidélité nonseulement individuelle de chaquemoine, mais aussi conventuelle, carc’est tous ensemble que Dieu veutnous conduire à la vie éternelle. Dansle commentaire que Dom Delatte afait de la Règle de saint Benoît, il ditqu’un monastère fervent et fidèle serecrute de lui-même, beaucoup pluspar la bonne odeur de l’observanceque par des procédés humains et desprovocations indiscrètes. La Provi-dence a ses moyens pour disposer lesévènements et les cœurs et pour fai-re connaître aux âmes tel monastèreoù elle les veut. Si parfois le recrute-ment languit ou s’arrête, il ne fautpas perdre confiance mais regarderloyalement si nous sommes bien fi-dèles à l’observance de la Règle etcorriger avec courage ce qui doitl’être.

Pourquoi avez-vous fondé auxÉtats-Unis ?

>>Il y a 30 ans environ se pré-senta à Fontgombault un groupe dejeunes Américains formés pour laplupart à l’école du Professeur JohnSenior. Plusieurs d’entre eux sontdevenus moines à Fontgombault eten 1999, c’est tout un groupe demoines formés à l’école de DomGuéranger qui a pu retourner aupays pour transmettre l’héritage deSolesmes et de Fontgombault auNouveau Monde qui en était dé-pourvu. Il y a certes beaucoup de bé-nédictins aux États-Unis, mais trèspeu sous la forme strictement con-

templative telle que nous la vivons.Les vocations qui affluent en nom-bre important dans ce nouveau mo-nastère montrent que les jeunesAméricains ont soif de cette viecontemplative, d’intimité avec Dieurecherché dans l’office divin, dansle secret et le silence du cloître. Dieunous donnait de pouvoir répondre àcette soif. Nous l’avons fait en fon-dant le monastère de Notre-Dame del’Annonciation de Clear Creek enOklahoma.

Concrètement comment sepasse cette fondation ?Construisez-vous une église etun monastère ou avez-vous re-pris d’anciens bâtiments ?

>>L’évêque de Tulsa, Mgr Slat-tery, qui nous a chaleureusement ac-cueillis dans son diocèse, est vrai-ment un Père pour cette fondation.Lorsque nous sommes arrivés àClear Creek, il n’y avait presque riencomme bâtiments bien adaptés à lavie monastique. Cette question a étéle grand défi au plan matériel. Il a fal-lu bien des tâtonnements avant detrouver le moyen de faire construiredes édifices en harmonie avec notrevocation. Nous avons pu construireun pont et un chemin jusqu’au site dunouveau monastère, puis le sous-sold’un grand bâtiment de résidenceainsi que la crypte de la future abba-tiale. Après deux ans de mise enveilleuse du chantier, nous avons pu,grâce à divers dons, terminer le bâti-ment d’habitation, dont les moinesont pris possession au début de cetteannée. En nous confiant à la DivineProvidence, nous espérons que laconstruction de l’église pourra se fai-re sans trop tarder. Avec ces deux bâ-

timents, les fondateurs auront tout cequ’il faut pour vivre pendant quel-ques années, avec la possibilité d’ac-cueillir plus de 30 moines et 8 hôtesdans l’hôtellerie.La Communauté se développe rapi-dement puisque l’effectif a plus quedoublé depuis l’arrivée des 13 fon-dateurs, le 15 septembre 1999. Lescandidats sont nombreux à se pré-senter.Le Père Prieur n’est pas trop promptà les accueillir et fait un tri assez sé-vère. Plusieurs de ces vocations sontissues de nouvelles universités ca-tholiques qui ont apparu aux États-Unis depuis quelques décennies,telles que Thomas Aquinas College.Il reste, en effet, à voir si la généro-sité de ces jeunes moines ne sera pasqu’un feu de paille : jusqu’à mainte-nant ceux qui sont entrés et qui ontpersévéré font bonne impression etpermettent des espoirs sérieux pourl’avenir, qui est dans la main deDieu, notre Père, et qui est confié àNotre-Dame dans le mystère de sonAnnonciation. !

Abbaye Notre-Dame, 36220 Fontgom-bault. Tél. : 02 54 37 12 03.Clear Creek Monastery, 5804 W. Monas-tery Road, Hulbert, OK. Site :http://www.clearcreekmonks.org1. Prologue. 2. Chap. 43. 3. L’HommeNouveau du 2 octobre 1977. 4. Sacro-sanctum Concilium n. 116 ; Sacramen-tum Caritatis nn. 42 et 62. 5. Chap. 19.6. Vatican II, Sacrosanctum Concilium,n. 36. 7. Mt 18, 3. 8. Chap. 72. 9. N. 81.10. Ps 118 v. 62 et 164. 11. Chap. 18. 12.

Lc 10, 38 et Jn 11, 1. 13. Vatican II, Per-fectæ Caritatis n. 10-15 ; Jean-Paul II,a l l o c u t i o n s d e s 2 4 / 0 1 / 1 9 8 6 e t22/02/1995. 14. Chap. 57.

À Clear Creek, la fondation américaine, les vocations à la vie toutedonnée à Dieu sont nombreuses.

>>> Suite de la page 7

>Pourparticiperà l’œuvremonas-tique del’abbayede Font-gom-bault, un bon moyenconsiste à soutenir le monastère en seprocurant des objetsmonastiques. Font-gombault est réputépour ses poteries et ses pâtes de fruits.L’abbaye a enregistré,dans la fidélité à la tradition de Solesmes, un grandnombre de disquesde grégorien, dispo-

nibles en CD. C’estle cas, par exemple,d’un disque compre-nant plusieurs piècesgrégoriennes enl’honneur de saintBenoît. On le saitmoins, parce que la grande marque de cette abbaye est ladiscré-tion –vertupeu cou-rantedans le monde mo-derne boursouflé de sa suffisance –l’abbaye de Font-gombault a publiéaussi plusieurs ou-

vrages. De spirituali-té, de liturgie,d’histoire monas-tique mais aussi des livres pour enfants qui onttoujours remportéun vif succès. Pour se les procurer ? Il suffit de demanderauprès de l’abbaye le catalogue qui présente cette production.On aidera ainsi audéveloppement de la vie monastique en France mais aussiaux États-Unis.Abbaye Notre-Dame,36220 Fontgombault.Tél. : 02 54 37 12 03.

>L’artisanat des moines

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9ACTUALITÉSL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

ÉGLISE DE FRANCEDialoguer en véritéavec l’islamAnnie Laurent

Le 22 mai, la Commis-sion doctrinale de l’épis-copat de France a publié,sous la signature de son pré-sident, Mgr Pierre-MarieCarré, archevêque d’Albi,une note officielle intitulée :« Comment chrétiens et mu-s u l m a n s p a r l e n t - i l s d eDieu ? » Ce document faitsuite aux travaux d’un groupead hoc, présidé par Mgr Mi-chel Dubost, évêque d’Évry,chargé de réfléchir sur lethème « Catholiques et mu-sulmans dans la France d’au-jourd’hui » et dont les con-clusions ont été débattueslors de l’assemblée plénièrede Lourdes, en novembre2007. Au vu des confusionset de l’indifférentisme reli-gieux qui se propagent chezbien des catholiques, y com-pris chez des prêtres, leb e s o i n s ’ e s talors fait sentird’une appro-che du dialo-g u e i s l a m o -chrétien fon-dée sur plus declar té . C’es tdans cette per-spective qu’ila été demandé à la Com-mission doctrinale de rédigerune note touchant les diffé-rences dogmatiques essen-tielles entre christianisme etislam. Le souci qui motivecette initiative est donc bien-venu. Passons maintenant au conte-nu du document épiscopal.Celui-ci commence par met-tre côte à côte le « Je crois enun seul Dieu » des chrétiens etle « Pas d’autre dieu queDieu » des musulmans. Puis ilcite le passage relatif aux mu-sulmans de la déclarationNostra ætate de Vatican II, quisouligne les points d’appuipouvant servir au dialogue

avec eux. Enfin, il énumèreles critères qui font des deuxreligions d’authentiques mo-nothéismes. Après quoi, il af-firme : « Mais une convergen-

ce aussi appa-

rente , soul i -

g n é e p a r l e

choix des qua-

lificatifs que

retient le Con-

cile, ne peut

p a s l a i s s e r

dans l’ombre

des différences

et même des oppositions radi-

cales ».La note présente alors les di-vergences les plus fondamen-tales. Ainsi, au nom de l’uni-cité de Dieu, sur laquelle leCoran insiste « très forte-

ment », l’islam, non seule-ment ignore, mais refuse laTrinité des Personnes divines.C’est pourquoi il considèrel’Incarnation comme une at-teinte à la transcendance deDieu et une manière de lui as-socier un être d’une nature to-talement différente de lui (onlit ici que dans l’islam « Dieu

est très proche de l’être hu-

main », mais il manque l’ex-plicitation du sens de cette

proximité : elle n’estp a s m a n i f e s t a t i o nd’amour mais seule-ment de puissance, si-gnifiant que Dieu voittout). Pour un musul-man, « il n’est donc ni

possible ni sérieux d’af-

firmer qu’un être puisse

être vrai Dieu et vrai

homme ». Il s’ensuit quele Jésus coranique estun grand prophète maisnullement le Sauveurdes hommes. D’ai l -leurs, le Coran réfute laréa l i t é de la Cruc i -fixion, considérée com-me un échec incompa-tible avec la toute-puis-sance de Dieu. Il ignoreégalement toute média-

tion entre Dieu et les hommes.Toutes ces croyances sontvues par le Coran comme lespreuves de la falsification del’Évangile par les chrétiens.

La RévélationViennent ensuite les manièresdifférentes dont les deux reli-gions conçoivent la Révéla-tion : pour les chrétiens, laBible a été écrite par des au-teurs inspirés ; pour les mu-sulmans, le Coran est une dic-tée, « la parole de Dieu telle

que Dieu lui-même l’exprime

et la prononce ». D’où le dog-me d’un Coran éternel et in-créé. Le texte évoque ici lesdébats qui agitent aujourd’hui« les savants et les croyants

musulmans », mais il convientde relativiser cela dans la me-sure où ces débats ne concer-nent qu’une poignée d’intel-lectuels dont les idées sontcombattues par les institu-tions traditionnelles chargéesde veiller à l’orthodoxie. À propos de la Révélation, lanote aurait gagné en netteté sielle avait souligné que dans lechristianisme Dieu se révèle

Face aux errements de nombre de catholiques dans le dialogue islamo-chrétien, l’épiscopat français a publié une note officielle. Mais, laissantdes zones d’ombre, peut-elle vraiment aboutir à un dialogue en vérité ?

L’islam refuse un Dieu en trois Personnes.

B R È V E SBENOÎT XVISainteté et bien communEn recevant le samedi24 mai, une délégation civile et religieuse orthodoxe bulgare,le Pape a évoqué les figures des saints Cyrille et Méthode,qui « nous rappellentque l'Évangile contribue à édifier la société,dans la recherche du bien commun,et façonne le patrimoineculturel d'un peuple ».

ANNIVERSAIRELe miracle de FaverneyLes 24 et 25 mai, plus de 6 000 pèlerins ontfêté le 400e anniversairedu Miracle eucharistiquede Faverney (Haute-Saône) en présence de Mgr Lacrampe,archevêque de Besançon,et du cardinal Vingt-Trois.Dans son homélie,ce dernier a insisté sur le fait que le prodigede Faverney oblige les chrétiens à prendreposition pour le Christ.

L’HUMEUR DE PASQUINTrop tardT u manifestes Bastille-Nation, tu ne veux pas

bosser deux ans de plus. Trop tard ! Tu es-sayes de faire plier le gouvernement, tu vou-

drais une retraite longue et calme qui te permettede profiter de la vie. Trop tard ! Tu bosseras de plusen plus, de plus en plus longtemps. Ne gémis pas,c’est de ta faute ! Souviens-toi : tu ne voulais pasd’enfants pour entraver ta liberté, ta femme s’estlibérée en se stérilisant chimiquement mois aprèsmois. Quand par hasard le début d’un enfant sepointait dans l’utérus, c’est à la poubelle qu’il finis-sait. Dommage, mais les cotisants, qui manquentpour payer la retraite, étaient dans les ventres et ilsgênaient. Alors bosse, tu n’auras pas de retraite, tul’as avortée !Tu espères dans les enfants de l’immigration ? Troptard, tu n’as pas voulu leur enseigner notre cultureet notre cadre, t’as insulté les flics, et traité les po-litiques de racistes quand ils voulaient réguler leflux pour réussir l’intégration, t’as traité tes pa-rents et grands-parents de colonialistes et tu as dità l’immigré que la France était un pays coupable etqu’on leur devait bien ça ! Alors, ils ont poussédans un esprit de révolte et de revanche. Ils ontfaim et pas forcément envie de changer tes cou-ches de vieillard sénile et de te donner la becquée.Ils n’auront aucune reconnaissance, tu l’as étoufféedans l’idéologie ambiante. La charité et le partagene sont pas des valeurs laïques, et t’as honte de laFrance chrétienne ! Trop tard pour pleurer ! Bosse,plus personne ne le fera pour toi. Et quand tu neseras plus rentable, que tu ne pourras plus assu-mer ta subsistance, respectueusement le médecindes droits de l’homme viendra te faire la piqûre fa-tale. Trop tard encore pour faire taire le quadragé-naire prétentieux que tu fus, celui qui militait pourla mort digne et l’euthanasie. Trop tard, la naturene pardonne jamais et l’homme rarement ! Restele temps de Dieu et de sa miséricorde. !

Selon une tradition populaire de Rome, Pasquin était un tailleur de lacour pontificale au XVe siècle qui avait son franc-parler. Sous son nom,de courts libelles satiriques et des épigrammes (pasquinades) fustigeantles travers de la société étaient placardés sur le socle d’une statue an-tique mutilée censée le représenter avec son compère Marforio à unangle de la Place Navona et contre le Palais Braschi.

“Le Coran réfutela réalité de

la Crucifixion.”

>>> Suite page 10

Page 10: L'homme nouveau n° 1423

ACTUALITÉS L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 200810

Dialoguer en vérité avec l’islamtandis que dans l’islam, Dieurévèle sa Loi. Il s’agit d’unedifférence capitale qui condi-t ionne le rapport que leshommes ont avec leur Créa-teur. Le Dieu des chrétiens faitalliance avec sescréatures, celuides musulmansattend leur sou-mission. Elle au-rait pu ainsi en ti-rer les conclu-sions en ce quiconcerne les ma-nières respectives de conce-v o i r l a p r i è r e : i n t i m i t éd’amour pour les chrétiensqui s’adressent à Dieu commeà leur Père par le Fils et dansl’Esprit Saint, accomplisse-ment d’un rite d’adorationplus ou moins servile pour lesmusulmans. Il est dommageque la note ne précise pas nonplus que l’islam ne puisse êtrevu comme s’inscrivant dans laRévélation biblique. Il reste que la démonstrationd’ensemble débouche sur cejuste constat : « Il faut bien di-re que l’impression qui émaned’une lecture du Coran parles chrétiens est que son in-

format ion concernant lechristianisme est très pauvreet bien souvent inexacte ».Un passage laisse perplexe.Prenant acte de ce que les af-firmations du Coran ont l’au-torité de la Parole de Dieu, lesauteurs de la note en dédui-

sent que « le dia-logue dogmatiqueest rendu bien dif-ficile sur ces ques-t ions essent ie l -les ». Mais ilsvoient la possibili-té d’un dialoguesur « la prière, la

vie morale, la création, lesens de l’homme ». Or, tousces thèmes font égalementl’objet de prescriptions cora-niques, donc intangibles. Onne voit d’ailleurs pas pour-quoi les chrétiens ne pour-raient pas dialoguer avec lesmusulmans sur les questionsdogmatiques dès lors qu’ilssont au clair avec le contenude leur foi et à l’aise dans leuridentité de baptisés. Le dia-logue, n’est-ce pas justementla confrontation courtoised’idées différentes ou oppo-sées, ce qui permet une meil-leure connaissance mutuelle ?Dialoguer n’implique pas

d’adhérer à ce que croit l’in-terlocuteur. Une question se pose enfin :pourquoi l’épiscopat françaisa-t-il autant attendu avant decommencer à clarifier la posi-tion de l’Église par rapport àla doctrine islamique ?

Une agression ?Ce faisant, il a laissé se propa-ger chez bien des catholiquesdes perceptions du dialogueislamo-chrétien dont il déplo-re aujourd’hui les errements.Il en résulte aussi qu’en s’étantmontré si longtemps précau-tionneux, voire accommo-dant, du moins en apparence,tout effort de clarté de sa partest aujourd’hui perçu parl’opinion, et même par cer-tains de ses fidèles, commeune agression envers les mu-sulmans. N’est-ce pas cequ’exprime Jean-Marie Gué-nois lorsqu’il écrit dans LaCroix du 23 mai que « l’Égli-se catholique durcit le ton fa-ce à l’islam » ? Or, il ne s’agitni de juger ni de condamnerles musulmans mais de pro-mouvoir un dialogue en véri-té. La démarche semble déci-dément difficile à accepter. !

Annie LAURENT

>>> Suite de la page 9

À LA RENCONTRE DU…Sanctuaire Notre-Dame de MontligeonPropos recueillis par la rédaction

Quelle est la mission du Sanctuaire Notre-Dame de Montligeon ?

>>Mgr J.-C. Boulanger,évêque de Sées : Quand lefondateur de Montligeon lepère Paul Buguet est venutrouver Mgr Trégaro pour luiparler de son projet, il avait in-sisté pour faire de ce sanctuai-re un lieu de prière pour l’âmela plus délaissée du Purgatoi-re. Mgr Trégaro, évêque deSées à l’époque, avait répon-du : « Pour toutes les âmes dé-laissées du Purgatoire ». Voilàle cœur de notre mission.

Votre mission est-elle tou-jours d’actualité ?

>>Mgr J.-C.B. : Aujour-d’hui, on veut ignorer la mortdans notre société. En mêmetemps, le sens que nous don-nons à la mort dit quelquechose de la vie que nous me-nons. Pour les chrétiens, lecorps humain est le temple del ’Esp r i t Sa in t depu i s s aconception jusqu’à sa mort.On peut dire que la mortbloque nos contemporainsdans leur inspiration de bien-être, d’hédonisme. C’est laraison pour laquelle elle estévacuée de notre culture. Or,la Pastorale du deuil dans nosdiocèses retrouve toute sa pla-ce dans l’évangélisation. Et leSanctuaire de Montligeon, parce ministère de consolation etde compassion auprès de ceuxet de celles qui vivent le deuil,a pleinement sa place dans lerenouveau de l’évangélisation

actuelle et dans ce que nousappelons la Nouvelle Évangé-lisation. Rappelons-nous quela mort d’un proche est tou-jours un moment d’épreuvemais aussi une interrogationsur le sens de la vie.

En quoi consiste votremission ?

>>Père Paul Préaux, rec-teur : Notre première missionest celle de la prière. À Mont-ligeon, comme dans le mondeentier, des groupes de chré-tiens se rassemblent pour in-tercéder et pour faire célébrerdes messes. Une autre missionen lien avec la prière est d’as-surer une formation théolo-g ique e t pas to ra l e à noscontemporains sur la vastequestion de la destinée del’homme. Le Sanctuaire re-

çoit un nombre croissant depèlerins qui ont besoin detrouver du sens aux évène-ments de leur vie, et de re-trouver de l’Espérance. Noussommes aussi, de plus en plus,appelés par les paroisses tanten France qu’à l’étranger,pour évangéliser le momentde la mort et de son après.

Devant l’intérêt suscitépar l’approfondissement dusens chrétien de la mort, nous

avons créé récemmentdes sessions d’ensei-gnement en eschatolo-gie (fins dernières).

Nous offrons ainsiu n p r o g r a m m e e nquatre sessions (1) quipermet d’aborder l’es-sentiel des différents as-pects des fins dernières.Cette formation, desti-née à un large public,

est donnée en collaborationavec le Cen t re d ’É tudesThéologiques de Caen. Lessessions ont lieu au Sanctuai-re qui possède d’importantesstructures d’accueil et offreun cadre idéal au cœur duParc du Perche, situé, rappe-lons-le à 1 h 30 de Paris. !

1. Pour s’inscrire aux sessions etcoordonnées du Sanctuaire : voiren page 19 du journal.

“Unedémarchedifficile.”

@À VOS CLAVIERShttp://citationsdespiritualite.blogspot.comL’internauteVoici un blogue, créé en juillet 2006, qui se propose d’of-frir des citations choisies et classées par auteur et parthèmes ayant trait à la spiritualité. C’est une idée excel-lente mise en application dans un blogue riche mais àl’ergonomie compliquée.Dans son état aumoment de notreconsultation, le blo-gue offrait 472 cita-tions de l’Écriture,de Pères de l’Église,d e s a i n t s o u d epapes. L’intérêt estque chaque citationest « catégorisée »en fonction des thè-mes ou « catégories » qu’elle contient, ces dernières ap-prochant les 300 ! Donnons un exemple : la dernière ci-tation mise en ligne, la n° 472, est de sainte Thérèsed’Avila. Ce nom propre apparaît dans la première caté-gorie et, en cliquant dessus, on trouvera toutes les autrescitations de la sainte sur le blogue. D’autres catégoriessuivent la citation : Amour, Conseil, Peur, etc. En cli-quant sur l’une de ces catégories on trouvera toutes lesautres citations qui traitent de l’Amour, du Conseil, dela Peur, etc. C’est très astucieux et utile. Ce qui l’estmoins c’est le recours aux « Diaporamas » qui présentesans doute un intérêt esthétique, mais se contente de re-prendre par « paquets » les mêmes citations mais « sor-ties de leurs catégories ». On a du mal à en saisir l’utili-té fonctionnelle. !

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11ACTUALITÉSL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

Jean-Michel Beaussant

Les différentes et mou-vantes approches du Pré-sident Sarkozy au sujet dela politique familiale, de-puis l’absence d’un ministèrepropre jusqu’à la nominationd’un secrétaire d’État chargéde la Famille appartenant à laGrande Loge féminine (Nadi-ne Moreno favorable à l’ho-moparentalité), en passantpar les menaces (différées) desoumettre les allocations fa-miliales à des conditions deressources ou de supprimer lacarte de famille nombreu-se…, sont très éloquentes. Àl’instar du modèle de sa pro-pre « famille » recomposée,ces velléités sont révélatricesd’une conception individua-liste dominante depuis 68.Laquelle conception apporteau droit familial ce quel’idéalisme kantien a apportéà la philosophie : une véri-table révolution copernicien-ne !

RenversementLa sociologue Irène Théry,auteur du rapport « Couple, fi-liation et parenté aujour-d’hui » (1998), s’en est fait lechantre inoubliable : « L’indi-

vidu devient la véritable cel-

lule de base, la famille étant

désormais non un groupe pré-

défini mais le réseau que des-

sinent a posteriori des échan-

ges interindividuels de plus

en plus autonomes et élec-

tifs. »

L’individu devient « unité so-ciale » au contraire de l’axio-me réaliste selon lequel la so-ciété et toute politique se fontpar la famille et non l’indivi-du. Dans la nouvelle concep-tion de la politique familiale,il n’est plus question vérita-blement de droit de la famille,mais du droit des individus àla famille ou plutôt aux fa-milles de leur choix. Car il n’y

a plus de modèle familialnaturel mais une famillecontractuelle et plurielleaux multiples visages(familles pluri, mono,hétéro, homoparenta-le…). À côté de l’unionlibre, le concubinage, lepacs et le mariage lui-même (perdant son ca-ractère d’institution na-turelle avec un divorce àla carte) deviennent au-tant de contrats révo-cables à merci. C’estl’enfant et non plus lemariage (comme unionstable et durable d’unhomme et d’une femmeayant le projet d’avoir etd’éduquer des enfants) quifonde et crée la famille…

Un choix mortifèreLe droit nouveau qui offreainsi « à chacun sa famille »

permet parallèlement à cha-cun de choisir l’enfant qui de-vient facultatif « quand je

veux, si je veux, comme je

veux » : c’est la logique con-traceptive, abortive, eugéni-que et génocidaire de nos loisde la culture de mort.Au service avant tout des in-dividus, la nouvelle politiquedite familiale n’a évidemmentque faire de la mère au foyeret de la famille nombreuse,qu’elle pénalise ouvertementen dépit de leurs bienfaits(in)quantifiables en terme debien commun. Sous la pres-sion du lobby féministe, sonsouci principal est d’obtenirla parité ou l’égalité homme-femme dans le monde actif(du travail) par une « discri-

mination positive » en faveurdes seules mères qui ont uneactivité rémunérée (gardesd’enfants, retraites…) et quiont rarement, par la force deschoses, plus de deux enfants.Perdant donc de vue le princi-pe d’universalité et la solida-rité horizontale de la politique

familiale nataliste (compen-sant l’inéquité entre famillesnombreuses et celles avec peuou sans enfants), ce qu’il res-te d’une telle politique se sub-stitue et s’aliène en politiquesociale (redistribution verti-cale) en jouant aux vasescommunicants et à la peau dechagrin, selon divers motifséconomiques et ruses déma-gogiques. Abordée de maniè-re transversale (d’où le « dé-

légué interministériel à la Fa-

mille » d’abord rattaché auministre du Travail !), cettepolitique sociale (individua-liste) s’adresse en fait àd’autres objets et d’autres pu-blics que la famil le el le-même, touchant simplement àsa périphérie (crèches, amé-nagement du temps de travail,aide au logement, à la rentréescolaire…).D’une affaire politique, la fa-mille est devenue une affaireprivée : sous le faux prétextede son incompétence (sa neu-tralité ou son laïcisme) en ma-tière morale, l’État s’estdésengagé de cette cause na-tionale, fondement de touteprospérité. Là encore, malgréses dires, Sarkozy se montrel’héritier de 68, incapable derompre avec cette funeste rup-ture de civilisation. !

La non politique familiale mise en œuvre par le gouvernementest l’illustration de l’héritage de 68 : une rupture complète de civilisation et une politique individualiste.

SOCIÉTÉLa famille n’est plusaffaire politique !

L’HUMEUR DE PASQUINLes héritiers de BoronaliRetour sur l’« art moderne » parce que la plai-

santerie, ou si l’on préfère l’escroquerie, com-mence vraiment à peser. Depuis des années,

en effet, on expose des tas de ferraille, des urinoirs,des vieux pneus ou des excréments, et l’on est priéde rire : « C’est génial, merveilleux ! ». En plus, cespauvretés, cotées par les galeries, les soi-disant cri-tiques d’art et même l’État, coûtent les yeux de latête aussi bien pour les acheter (il y aura toujoursdes imbéciles) que pour les exposer avec le label del’État, c’est-à-dire avec notre argent. On les exposedans nos grands musées. Trois exemples. D’abord,le Louvre où l’on retrouve le pornocrate et provoca-teur Jan Fabre qui expose dans une grande salle duLouvre à côté de Rubens et de Rembrandt, des tasde gravats, façon pierres tombales, jetés là commedans une déchetterie. Ensuite, le Grand Palais :l’Américain Richard Serra dont Valérie Duponchelle,du Figaro, nous dit qu’il s’agit d’un « grand artistequi expose une œuvre d’une épure toute monas-tique » : il s’agit de cinq immenses plaques en tôled’acier brut, mais rouillé, plantées là comme desportes de prison. Aucun intérêt, rien à voir, mais lessnobs parisiens n’en délirent pas moins : « Pas dedemi-mesures pour Serra, esprit d’une logique ma-thématique, même bien trempée qu’on sent vibrerde la violence contenue du conquistador » (?).Variante à l’entrée du Jardin des Tuileries, autre for-me de sidérurgie avec l’exposition, qui gâche toutela perspective, de gigantesques plaques, courbéescette fois. Serra expose les mêmes tôles mais enplus grande quantité au musée Guggenheim deBilbao, sculptures bidon puisqu’il n’y a rien que destôles courbées comme pour fabriquer des voituresou des locomotives. Mais il y a le poids : 44 tonnespour une pièce, 1 040 pour une autre. Devant tantde talent, on comprend que la ministre de la Cultu-re ait remis à l’artiste « la cravate de commandeurdes Arts et Lettres ». Enfin, le Centre Pompidou, onpouvait s’en douter, qui expose les « œuvres »d’une très vieille dame, Louise Bourgeois, qui a aus-si bien fabriqué une araignée géante en fer quedes collages enfantins, des choses en papier plié ouun essai navrant de sculpture sur marbre. Parfois,les braves gens de la voirie débarrassent nos villesd’énormes pustules que l’on nous impose, mais enattendant, trop c’est trop ! L’art « contemporain »qui se croit rebelle et génial n’est souvent qu’uneescroquerie où les gogos viennent se prendre com-me les mouches dans une toile d’araignée. !

B R È V E SEUCHARISTIERévolution chrétienne La Fête-Dieu, célébrée à Rome le jeudi 22 mai,a donné l’occasion auSaint-Père de soulignerque dans l'Eucharistie se trouve la « force de la révolution chrétienne »,la « plus profonde de l'histoire humaine »,qui donne à l'homme une « vraie liberté ».

L’ŒIL DE MIÈGE

Page 12: L'homme nouveau n° 1423

ACTUALITÉS L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 200812

Alain Chevalérias

Une vague xénophobes’est brutalement abattuesur l’Afrique du Sud.L’affaire démarrait le 12 maià Alexandra, banlieue pauvrede l’agglomération de Johan-nesburg. En pleine nuit, desbandes de jeunes arrosaientd’essence les maisons, habi-tées par des immigrants ve-nus d’autres pays africains,avant d’y mettre le feu. Cher-chant à s’échapper, certainsmalheureux auraient été re-poussés dans les flammes,disent des témoins.

Poussés par la peurEn une dizaine de jours, oncomptait plus de cinquantepersonnes brûlées vives, lyn-chées par la foule ou exécu-tées à coups de machettes àtravers l’Afrique du Sud. Pourle plus grandnombre , l e svictimes ve-naient du Mo-zambique etdu Zimbabwe.Elles avaientfui la misèreou les persé-cutions poli-tiques.Poussés par la peur, 26 000Mozambicains qui t ta ientl’Afrique du Sud. Presque au-tant de Zimbabwéens les sui-vaient pour chercher refuge,plus au nord, en Zambie.Pour Manala Manzini, le di-recteur des renseignementssud-africains, l’affaire a été« délibérément orchestrée (...)

parce que des forces, dans ce

pays et en dehors, continuent

de refuser d’accepter que

nous soyons capables de nous

diriger et de nous gouver-

ner… ». Tout le monde a com-pris, il vise les Blancs, boucsémissa i res hab i tue l s , enAfrique, quand les chosesvont mal.

Cette explosion barbare n’a enfait rien à voir avec un com-plot. Elle prend simplementracine dans la réalité du pays.En 1991, avec l’abolition del’apartheid, l’Afrique du Sud

s o r t a i t d é j àd’une longuet r ad i t i on deviolence. À lafin du XIXe

siècle, un chefr e d o u t a b l e ,Tc h a k a , r e -groupa des tri-bus sous sonautorité et leur

donna le nom de Zoulous. Ilorganisa son peuple en socié-té militaire et lui imposa unediscipline de fer. Ceux qui re-culaient au combat ou per-daient leur arme étaient exé-cutés. Les relations sexuellesétaient interdites avant l’âgede 30 ans pour exacerberl’agressivité des guerriers.Les conquérants anglais ne fu-rent pas plus tendres à l’égarddes Blancs, d’origine néerlan-daise, installés dans le paysdepuis le XVIIe siècle. Leur li-vrant une guerre cruelle de1899 à 1902 (la Guerre desBoers), ils firent mourir desmilliers de civils dans descamps de concentration.

Aboutissement du commu-nautarisme anglo-saxon, àpartir de 1948, le renforce-ment de l’apartheid exacerbales tensions entre Blancs etNoirs. Une campagne dedésobéissance civile de cesderniers atteindra son apogéeen 1960, avec la mort de 79manifestants, tués par des po-liciers cernés dans un bâti-ment de l’agglomération deSharpeville.

Tension et exactionsEn 1963, chef de l’ANC (Afri-

can national council), NelsonMandela, l’un des principauxleaders de la contestation, futarrêté et condamné à la prisonà perpétuité sous l’inculpationde « terrorisme ». La tensionn’en continua pas moins decroître et la presse occidenta-le passera trop souvent soussilence les exactions com-mises par les activistes noirs,y compris contre leurs frèresde couleur.L’un de ces comportementsles plus contestables portait lenom de punition du collier.Les individus chargés de cet-te besogne attachaient unpneu autour du cou d’un Noir,accusé de collaboration avecles Blancs, avant de l’enflam-

mer. Le condamné mourrait,le plus souvent encerclé parune foule en délire. WinnieMandela, la femme du chef del’ANC, a elle-même ordonnéce type d’exécution.En 1991, l’abolition de l’apar-theid et, en 1994, l’élection deNelson Mandela à la Prési-dence, permirent de sortir decette logique. En outre, pourune large part grâce à la sages-se du nouveau Président, lepays évita de sombrer dans unenchaînement de règlementsde comptes. Les conditionséconomiques n’en demeu-raient pas moins critiques.Certes, l’Afrique du Sud est lapremière puissance écono-mique du continent, avec unPIB de 570 milliards de dol-lars, contre 240 milliards pourl’Algérie, qui arrive en secon-de place. Mais les disparitéssont énormes au sein de la po-

pulation, en raison de la sous-éducation de la masse africai-ne mais aussi parce que cettedernière a cru que la fortuneviendrait en prime avec la finde l’apartheid.Résultat, dans un pays de50 millions d’habitants, où letaux de chômage atteint les40 %, on compte cinq millionsd’immigrés venant des payslimitrophes. Ces derniers, ac-ceptant de travailler dans desconditions plus difficiles etpour des salaires inférieurs àceux des Sud-Africains noirs,augmentent les tensions sur lemarché du travail.Une solide tradition de vio-lence et le sentiment d’êtrespoliés par des « étrangers »,ajoutés au racisme latent entreethnies de race noire, consti-tuent toujours, en Afrique, unparfait cocktail pour mettre unpays à feu et à sang. !

AFRIQUEL’Afrique du Sud à feu et à sangLoin d’être la résultante d’un complot contre l’Afrique du Sud, l’explo-sion de barbarie contre les immigrants noirs qui ébranle ce pays trouvesa source dans le chômage élevé et la violence endémique.

Le 19 mai, les manifestants envahissaient la rue àJohannesburg dans un rare déchaînement de violence.

B R È V EMISE AU POINTBéatification de Jean-Paul II Face aux ru-meurs paruesdans la pres-se italienne,le cardinal José Saraiva Martins, préfet de laCongrégation pontificalepour les causes dessaints, a rappelé la nécessité de respecter les étapes en vigueur. Il atenu à souligner qu'il est

impossible de « faire desprévisions d’aucune sorte,car tout dépend de labonne évolution de lacause dans toutes sesphases ». Il a ajoutéqu’« une fois que la posi-tio a été remise à laCongrégation (…), le docu-ment doit être examinépar des historiens, desthéologiens, des médecinsen cas de miracle présu-mé, et des cardinaux ; onne peut donc faire de pré-visions ».

“Cette explosionbarbare prendracine dans la

réalité du pays.”

>À noter• Session Jean-qui-Rit pour les ensei-gnants (GSM et CP) àParis du 18 au 23 août.Rens. : PédagogieJean-qui-Rit, 82, rue Bonaparte,75006 Paris. Tél. : 01 43 25 08 65– [email protected]

• Année Bernanos au CentreGeorges Bernanos : A) Tableronde à l’auditorium du CentreGeorges Bernanos avec YvesBernanos, Michel Estève et Pa-trick Zeyen le 11 juin à 18 h sur« Bernanos et le 7e Art ». B) Lec-ture dirigée de La Dernière àl’échafaud, nouvelle de Gertrudvon le Fort qui a inspiré Dia-logues des Carmélites, le 12 juin à15 h. C) Journal d’un curé de cam-pagne de Georges Bernanos in-terprété par Aubin Peltier etquatre comédiens les 20, 21 et22 juin. PAF : 10 !. Rés. : 06 4378 29 86. Espace Georges Ber-nanos, Saint-Louis d’Antin, 4,

rue du Havre, Paris IXe. Tél. : 0145 26 65 26 – Fax : 01 45 26 6525 – [email protected] – www.espace-bernanos.com

• Dans le cadre du mois Moliè-re à Versailles, concert Requiemde Duruflé par les Petits Chan-teurs de Saint-Charles le samedi14 juin à 20 h 30 à la chapelleNotre-Dame des Armées (4, impasse des Gendarmes,78000 Versailles). Entrée libre.Rens. : http://pcsc.free.fr

• Le Prix Bossuet récompenserale gagnant du concours d’élo-quence organisé par Défi Cultu-rel. Joute oratoire par équipe,sur des questions essentiellesde la doctrine de l’Église.Distribution des sujets le15 juillet. Ouverture du prix les 4-5 octobre. Inscriptionsavant le 15 juillet sur le site :http://www.deficulturel.net

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13ACTUALITÉSL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

Jean-Michel Beaussant

Après le verdict du trèsaccablant procès de MichelFourniret (et de sa compliceMonique Olivier) reviennentd’inévitables questions con-cernant le traitement judiciai-re de tels monstres, préda-teurs sexuels et serial killers

(sept meurtres reconnus dejeunes vierges après des violsou des tentatives de viols).« – Fourniret, vous êtes un être

humain, mais pour la premiè-

re fois de ma vie, j’ai peine à

imaginer que nous sommes de

la même espèce. Vous n’êtes

qu’un monstre nécrophile ! »

Ainsi l’apostrophait l’avocatgénéral, Francis Nachbar, lorsde son réquisitoire du 23 maidernier. Alors qu’il était en dé-tention, dans un délire perverset mégalo, selon les experts, cemonstre froid avait dessiné lamort qu’il aimerait pour lui. Ilse dépeint écrasé sous un as-censeur rempli par les famillesde ses victimes, avec en fondsonore « L’hymne à la joie ».Toujours dans son réquisitoi-re, Francis Nachbar devait leprévenir que ce vœu ne se réa-lisera pas : « Nous les êtres hu-

mains civilisés, nous ne som-

mes pas des barbares comme

vous, nous ne tuons person-

ne. »

On touche ici la faille de notresystème pénal fondé sur un telparalogisme. La barbarie cen’est pas de tuer les grandscoupables (capables de récidi-ve), c’est de priver de protec-tion les innocents !

Un troisième argumentJean-Pierre Maugendre, pré-sident de Renaissance Catho-lique, a bien résumé la situa-tion : « Que ris-

q u e F o u r n i re t

dans ce procès ?

Absolument rien.

Il a 65 ans et sait

bien qu’il finira

sa vie en prison…

On peut raison-

nablement penser

que si Fourniret et son épou-

se risquaient leur tête, l’enjeu

et la nature du procès en se-

raient radicalement transfor-

més ainsi que l’attitude des

accusés vis-à-vis des témoins

et des familles. Aux arguments

classiques qui légitiment la

peine de mort – dissuasion et

défense de la société ; un

condamné à mort exécuté ne

risque pas d’être un récidivis-

te –, me semble s’en ajouter

un troisième : tout simple-

ment épargner aux familles

des victimes le scandaleux et

douloureux spectacle d’un

criminel qui peut en toute im-

punité continuer à les nar-

guer… » (1).Si la crainte est le commence-ment de la sagesse, commel’enseigne l’Écriture, la me-nace du châtiment suprêmepeut opérer chez les criminels,même les plus irresponsables,un effet de dissuasion oud’amendement positif. Fairepeur à ceux qui font peur :« La peur est un mobile très

puissant et sou-

vent capable d’in-

troduire dans les

cœurs les plus en-

durcis un détermi-

nisme qui contre-

balance l’instinct

criminel », expli-que Gustave Thi-

bon, pour qui « la crainte est

même la seule sagesse pour

les êtres sans loi et sans

amour ».

Au-delà de l’aspect légitime-ment vindicatif de la peine demort (venger d’odieux crimesirréversibles par un châtimentlui-même irréversible inca-pable, au reste, de réparer lemal commis), il y a, en outre,l’aspect éminemment médici-nal ou curatif de cette peine,qu’on néglige trop souvent. Àpartir d’un certain seuil deculpabilité, la peine de mort

n’est-elle pas le moyen le plussûr de témoigner du respect àl’homme qui demeure ainsisous ces apparences de mons-tre ?

Protéger les innocentsIl faut que le châtiment (su-prême) soit un honneur (su-prême), pensait Simone Weilqui considérait la peine capi-tale comme une sorte de « sa-crement » : on rend à Dieu unêtre qui n’est plus destiné qu’àLui (à son jugement et à sonéventuel pardon) après que,par ses crimes horribles, ils’est rendu indigne de l’hu-manité et s’est dépossédé lui-même de son droit à la vie.N’est-ce pas dans la mesureoù on le considère ainsi res-ponsable qu’il « mérite » untel châtiment radical, lequellui offre, d’un seul coup, deretrouver une certaine dignitécomme une ultime considéra-tion humaine qui doit aussi« se mériter » ?

En rappelant le cas deGilles de Rais (Barbebleue, monstrueux as-sassin d’enfants) morten bon larron, em-brassé par son juge,devant une foule enpleurs, les familles devictimes priant mêmepour lui, Gustave Thi-bon explique égale-ment pourquoi la pei-ne de mort, devenueintolérable de nosjours, prenait – dansune société chrétien-ne – le criminel au sé-rieux, rejoignant enquelque sorte le rituelde l’extrême-onction :« Reconnaissez, Sei-

gneur, votre créatu-

re… ». Vouloir sauver son âmeplutôt que sa peau !Mais les condamnés à mortqui refusent cette grâce dubon larron (celle que connutencore Jacques Fesch), com-me moyen privilégié etunique d’expiation, si tant estque l’on puisse connaître leurdernière seconde ? C’est leurliberté. Mais on imagine malcomment, a fortiori, ils pour-raient assumer un autre (etmoindre) mode de rachat partout autre châtiment humain,y compris celui souvent bieninhumain et dégradant de laréclusion « à perpétuité », voi-re même par la clémence.C’est du moins ce que laissepenser, après ce sinistre pro-cès, l’attitude atrocement ar-rogante de Fourniret, à qui ilaura assurément manqué, fau-te d’une telle épée de Damo-clès, ce face à face de véritéavec la mort. !

1. Présent du 20 mai.

Début mai s’est tenue àRome la réunion plénière del’Académie pontificale desSciences sociales sur le Biencommun. Un sujet difficile etplus complexe qu’il n’y pa-raît. Plusieurs intervenants,pas forcément catholiques, ontsouligné le problème posé parla théorie économique libéra-le, qui s’appuie sur le modèled’un Homo economicus dontla motivation essentielle est leprofit. Le professeur Pierpao-

lo Donati, de l’université deBologne, a critiqué cetteapproche qui ne prend pas encompte le fait qu’il existe,« en dehors du marché, un

secteur qui crée des biens, les

biens communs, sans pour

autant faire droit aux méca-

nismes libéraux du marché ».

Cette affirmation juste cachecependant une ambiguïté pro-fonde. Le Bien commun n’estpas réductible à ces bienscommuns. Si l’on s’accorde

avec le Pr Donati sur le faitque « le modèle économique

actuel, qui repose sur le libé-

ralisme, est un obstacle au

développement du Bien com-

mun », encore ne faut-il pasréduire le Bien commun à desbiens communs matériels,obtenus par des voies autresque le marché. Comme le rap-pelle le Compendium de la

DSE, le Bien commun « peut

être compris comme la dimen-

sion sociale et communautaire

du bien moral ». Il n’est pas la« somme des biens particu-

liers ». !Stéphen VALLET

JUSTICELe procès Fourniretet la peine de mortLe cas de Michel Fourniret dont le procès vient de se clore démontrel’état de la justice en France. La crainte de la peine capitale ne serait-ellepas un bon moyen pour faire peur à de telles personnes ?

B R È V EMESSAGEKatholikentagDans un message envoyépour la 97e édition du Katholikentag, le Congrèsdes catholiques alle-mands, le 25 mai dernier,Benoît XVI a mis l’accentsur la foi : une vie sansDieu « ne devient ni pluslibre ni plus vaste ». Ceuxqui négligent Dieu « limi-tent la vie et le monde au

“fini”, à ce que nous-mêmes pouvons faire etpenser, et cela est toujourstrop peu ». À l’inverse,Dieu « élargit notre cœurafin que nous ne pensionsplus uniquement à nous-mêmes ».

“Faire peur àceux qui

font peur.”

La Justice, si bien représentéeavec un voile sur les yeux.

Du bien commun

Page 14: L'homme nouveau n° 1423

ACTUALITÉS L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 200814

REVUE DE PRESSE! Institutions : on réforme

Ayant été amendé un grand nombre de fois,la constitution de la Ve République n’a plusqu’un lointain rapport avec l’œuvre du géné-ral De Gaulle et de Michel Debré. Du coup, onréforme aussi ce qu’on appelle les « institu-tions ». Dernier exemple en date : le référen-

dum d’initiative populaire. Unepratique courante chez noscousins suisses ; une méthodeignorée chez nous en raison de

ses relents bonapartistes. Désormais, ce serapossible. Selon quelle modalité ? La mesure« prévoit qu’un vote puisse être demandé àl’initiative d’un cinquième des membres duParlement, soutenus par un dixième desélecteurs inscrits, soit 4 millions de per-sonnes. La question soumise à référendumdevra devenir dans l’année une propositionde loi. Le scrutin ne pourra par ailleurs pasavoir pour objet l’abrogation d’une loipubliée depuis moins d’un an ».

23 mai

! Tillinac, chronophageLes lecteurs de Famille chrétienne peuventse réjouir. L’un des chroniqueurs vedettes del’hebdo catho de la famille est Denis Tillinacque l’on retrouve aussi à Valeurs actuelleset dans les colonnes de l’anticléricalMarianne. Tillinac, écrivain de talent etthéologien de pacotille, regrette que l’Églisen’ait pas « scellé une alliance avec la scien-

ce qui, au fond, ne la menaçaitpas, au lien d’encourir le reproched’obscurantisme ». Que de plati-tudes et de contrevérités en si peu

de mots. Tout cela pour prôner « un certainrelativisme, non dans la sphère de la véritérévélée, mais dans celle de la culture reli-gieuse » (comme si l’une ne découlait pas del’autre) et que « la modernité » chemine« dans le sillage du Christ ».

N° 1584 du 24 au 30 mai

! ETA : un coup contre « L’organisation séparatiste basque a étéfrappée à sa tête avec l’arrestation dans lanuit de mardi à mercredi à Bordeaux deson numéro un présumé : Javier LópezPeña, dit Thierry (…). Il aurait (…) intégréETA militaire, aurait vécu en Amérique cen-

trale pendant un temps.Après ces années au secondplan, il aurait ensuite refaitsurface ces derniers temps.

On le soupçonne ainsi de s’être imposé surune partie de ses compagnons au fil du“processus de paix” et d’avoir précipité sarupture le 30 décembre 2006, jour de l’at-tentat qui détruisit une partie du terminalT4 de l’aéroport de Madrid, où deux émi-grants équatoriens périrent. »

22 mai

AGRICULTURELa loi de MammonAlexis Arette

Réflexion saugrenue :la saison des vaches mai-gres pour le tiers-mondeque l’on affame, sera-t-ellecelle des vaches grasses, pourles journalistes du « systè-me » ? Chaque journal y vade sa pieuse indignation,alors qu’ils furent jusqu’iciles supports, ô combien en-thousiastes, d’un « Progrès »qui devait nous conduire auxdrames humani ta i res quis’annoncent !Passons donc sur ces anciens« prophètes de Bonheur » quisont en train de virer leur cu-ti, et restons sur la nécessitéde notre temps, qui veut quel’on double, et que l’on répar-tisse mieux la productionagricole. La pé-nur ie sembledonner des ai-les aux fabri-cants d’O.G.M.qui, argumen-tant sur l’obli-g a t i o n d ’ a c -croître les ren-dements, pré-s e n t e n t l e u rtechnique com-me un « passage obligé ». Di-sons d’abord que l’on paraîtavoir « oublié » d’autres tech-niques.

Un procédé sainIl y a 30 ans que la culture des« méristèmes » fut en passe de« révolutionner » l’agricultu-re, plus encore que la généra-lisation des « hybrides ». Je nepuis ici qu’à peine esquisser leprocédé, en décrivant ce quetout lecteur peut réaliser.Prenez un grain de blé germédont la plantule atteint 2 cen-timètres. À l’aide d’une lamede rasoir, tranchez le milli-mètre terminal de la plantule,et placez sur la coupe un frag-ment de papier à plat. Repla-cez sur le papier le bout cou-pé du germe, exactement vis-à-vis de la tige, et pendantquelque temps la plante vacontinuer à croître comme s’il

n’y avait pas de rup-ture ! En effet, tou-tes les cellules dec r o i s s a n c e d e l aplante se trouventdans ces extrémités,et leur vitalité con-tinue à s’exercer àtravers l’obstacleavec un effet trac-teur.Ainsi la recherchee n a v a i t d é d u i tqu’en cultivant cetteextrémité vitale dela plantule (méristè-me) dans un bain nu-tritif, on obtiendraitdes plantes « non vi-rosées », car les ma-ladies s’attaquentaux cellules les plusfaibles, et moins

aux cellulesm u l t i p l i c a -trices des ex-trémités. Enfait, on retour-nait aux plan-tes originel-les, saines, vi-tales et vivi-fiantes !Et pourtant ,malgré les ré-

sultats prometteurs, presquedu jour au lendemain, la cul-ture des méristèmes fut aban-donnée. Pourquoi ? Parce quele profitariat économique quitruste aujourd’hui les semen-ces O.G.M. était intervenu.Qu’allaient devenir les énor-mes combinats chimiques, fa-bricant les phytosanitaires, siles maladies des plantes dis-p a r a i s s a i e n t ( o u s ’ a t t é -nuaient) d’un coup ? Ainsi ap-

pliqua-t-on à l’agriculture, lemême « malthusianisme » dé-jà appliqué sur le plan indus-triel. Un peu avant, les fabricantsd e m a t i è r e s p l a s t i q u e sn’avaient-ils pas décidé d’in-troduire des éléments « cas-sants » dans leurs produits,afin qu’ils ne durent pas troplongtemps ? Et c’est ainsi quesous le faux terme d’« Écono-mie », c’est la « dépense » etl’« usure » qui mènent le com-merce !Gandhi avait raison de dire :« L’Occident n’est pas chré-

tien : il adore Mammon ».C’est une raison suffisantepour que ceux qui trouventleur force dans le Dieu de jus-tice, le disent, et le disent trèsfort, et quels qu’en soient lesrisques, jusqu’à se faire en-tendre. "

Dans le monde agricole aussi, le profit prime sur tout. Ainsi a-t-on préféré à la culture prometteuse des « méristèmes » les produits phytosanitaires, les O.G.M. et leurs trusts.

Le lessivage des produits phytosanitaires entraîne la contamination des eaux.

“L’Occident n’estpas chrétien,

il adoreMammon.”

En mouvementDÉPENDANCELe gouvernement a présenté le 28 mai les orientationsde la réforme du risque dépendance. Les personnes aisées devront s’assurer sous peine de voir les alloca-tions récupérées sur leur succession. Si la prise encharge continuera à reposer sur la solidarité nationale,les organismes de prévoyance (assurances, mutuelles)devront participer au processus de financement.

Page 15: L'homme nouveau n° 1423

15ACTUALITÉSL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

REVUE DE PRESSE! Immigration clandestine

« L’Union européenne, dans son ensemble,s’apprête à renforcer sa lutte contre l’immi-gration clandestine. Mercredi 21 mai, lesambassadeurs des 27 États membresétaient réunis pour tenter de trouver unaccord sur le projet de directive visant à

harmoniser les normes d’ex-pulsion des migrants illé-gaux. Cette “directive retour”doit en principe être soumise

le 4 juin au Parlement européen et le 5 juinau Conseil des ministres, pour une adop-tion en première lecture. En l’état actuel, ceprojet, qui fait encore l’objet d’intensesdébats, autorise une durée de rétentionjusqu’à 18 mois et instaure une interdictionde revenir en Europe pendant cinq ans. Aucours de la présidence française de l’Union,au second semestre 2008, le présidentNicolas Sarkozy entend aussi parvenir à lasignature d’un “pacte européen sur l’immi-gration” qui engagerait notamment lesÉtats membres à “renoncer aux régularisa-tions massives et collectives” ».

22 mai

! Souvenons-nous de KolweziGiscard, lui, s’en souvient. À raison. « Il estvenu célébrer avec eux (les Légionnaires du2e REP) “l’anniversaire de la dernière victoirede l’armée française – du moins jusqu’ici”…Valéry Giscard d’Estaing se tient droit, seul,au milieu de la “voie sacrée” de la placed’armes du 2e régiment étranger de para-

chutistes, le seul régi-ment para de la Légion,celui qui a sauté surKolwezi. Il parle aux

mille hommes du régiment, rassemblés parcompagnie de part et d’autre de l’allée cen-trale. Mais devant lui se tiennent au garde-à-vous, comme les autres, douze anciensqui sautèrent là-bas, dix anciens combat-tants légionnaires en chemise blanche etbéret vert, et deux généraux, Benoît Puga,sous-chef opérations à l’état-major desarmées, et Bruno Dary, gouverneur militai-re de Paris. À l’époque, ils étaient chefs desection : le premier sauta avec la vague ini-tiale, le second, le lendemain avec la 4e

compagnie. »23 mai

! Communisme pas mortAu Népal, la monarchie a vécu. Comme l’in-dique La Voix du Nord, « l’assembléeconstituante issue des élections du 10 avrilremportées par les ex-rebelles maoïstes,s’est réunie hier pour une session histo-rique scellant l’abolition de la seule mo-narchie hindouiste au monde et proclamerla république ». La paix n’est pas assurée.

29 mai

SOCIÉTÉL’hérésie socialeJacques Héliot

Quelle identité chré-t i e n n e ? S o u s c e t i t r e ,Mgr Di Falco, évêque deGap, a évoqué dans un heb-domadaire à grand tirage lefait « d’être catholique dans

des sociétés laïcisées » (1). Ilrappelle opportunément qu’ilest possible et que l’on doit« être chrétien n’importe

où », en chrétienté ou ailleurs.Être chrétien n’a jamais étéfacile ; où que ce soit, la voieest étroite. Mais prétendrequ’il est « tout aussi difficile

d’être chrétien dans un mon-

de chrétien que de l’être dans

un monde qui ne l’est pas ou

ne l’est plus », relève d’unrefus des réalités. C’est nierle rôle du climat social pourle salut des âmes. C’est nepas considérer l’impact desinstitutions et des lois sur lesconditions de vie temporelleet spirituelle.

Conséquences funestesPeut-on, sans manque de lu-cidité, ne pas voir les misèreshumaines et sociales, consé-quences de cette société quirefuse les lois de Dieu ? Don-ner la vie, élever des enfants,transmettre la foi, et mêmeune simple éducation naturel-le, mener une vie sociale etprofessionnelle « digne de

l’homme et du chrétien » estune épopée dont les catho-liques sont les aventuriers.Certes, ce fait est de touttemps, même en époque dechrétienté. Mais, de sa propreexpérience, tout laïc peut af-firmer que travailler au salutest plus difficile quand la« christianophobie » se fait lé-

gale, dans un climat d’amora-lisme et de permissivité. Biensûr, Dieu ne ménage pas sesgrâces. Toujours est-il qu’êtrechrétien exige plus d’héroïs-me… vertu qui n’est pas éga-lement partagée chez leshommes que Mgr Di Falco re-connaît être « vulnérables ».Les institutions doivent les ai-der à se tenir debout. Les supplications répétées dela Sainte Vierge depuis 150ans, montrant les âmes se pré-cipitant en enfer, demandantde prier pour la conversiondes institutions, de sanctifierle dimanche… ne sont-ellespas des preuves que la sociétéest le grand moyen du perfec-tionnement humain indivi-duel et général en vue du sa-lut des âmes ? Si la prière, ap-prise du Divin Maître, deman-de en premier que Dieu règnesur la terre, ne peut-on penserque c’est une condition essen-tielle pour aller plus aisément

au Ciel ? De plus, affirmerque les institutions sontindifférentes à la pratiquechrétienne est mépris àl ’égard des enseigne-ments de l’Église. Devantla montée du laïcisme, lespapes depuis deux sièclesn’ont de cesse de mettresolennellement en garde :« De la forme donnée à la

société, conforme ou non

aux lois divines, dépend et

découle le bien ou le mal

des âmes, c’est-à-dire le

fait que les hommes (…)

respirent, dans les contin-

gences terrestres du cours

de la vie, l’air sain et vivi-

fiant de la vérité et des

vertus morales ou, au con-

traire, le microbe morbide

et souvent mortel de l’erreur

et de la dépravation » (2). Sil’Église nous fait un « devoir

sacré de charité politique »

(3), de travailler sur les insti-tutions, c’est qu’il doit y avoirun avantage pour la santé dessociétés et le salut temporel etéternel des hommes ! Le seulexemple de vie « d’une poi-

gnée de chrétiens », militantsd e « l a c i v i l i s a t i o n d e

l’amour », n’empêchera pasque des institutions corrup-trices et antichrétiennes en-gendrent des corrompus et desantichrétiens. Comment espé-rer sérieusement le salut duplus grand nombre dans unesociété qui ignore, méprise etse rit d’une religion que partout moyen on rabaisse, ridi-culise et dont la plupart deschefs ont pris le parti de fairele dos rond et de jouer les Pan-gloss en affirmant que tout estpossible dans le meilleur desmondes laïcs possible ? Cequi leur évite d’affronter lespuissants de ce monde. L’hé-résie est sociale. "

1. Dans Valeurs Actuelles n° 3721

du 21 au 27 mars 2008.

2. Discours du 11 juin 1941 pour

le 50e anniversaire de Rerum No-varum.

3. Saint Pie XI.

Mener une vie sociale et professionnelle digne de l’homme et du chrétien est devenu une véritable épopée dans un monde qui exclut Dieu de toute institution.

En 1873 à Saint-Bauzille de la Sylve (34), Notre-Dame duDimanche a demandé de nepas travailler le dimanche.

En mouvementÉGALITÉDeux députés UMP, contre l’avis du gouvernement,ont fait passer un amendement prévoyant l’ajout dansla Constitution de la phrase suivante : « La loi favorisel’égal accès des femmes et des hommes aux responsabi-lités professionnelles et sociales. »

Page 16: L'homme nouveau n° 1423

Le choix de votre quinzaineNe pascéder

es deux affaires n’ont pas le mêmedegré de gravité, mais elles procè-

dent de la même logique. Deuxenseignants français sont aujourd’hui

atteints dans leur liberté pour avoir, l’un, dit du mal del’islam, l’autre, pour ne pas en avoir dit assez de bien.En septembre 2006, Robert Redeker, un professeur dephilosophie, publiait dans Le Figaro une tribune danslaquelle il employait des mots durs contre la religion duProphète. Quelques jours plus tard, via Internet, il recevaitdes menaces de mort. Contraint de quitter son domicile etson travail, il voyait sa vie basculer. L’enquête policière, enFrance comme au Maghreb, permettra d’arrêter quelquesauteurs des menaces, mais la DST préviendra Redeker :pour lui, rien ne serait jamais plus comme avant. Il vitaujourd’hui dans un lieu inconnu, n’enseigne plus, et quandil sort de chez lui (on l’a aperçu récemment à la télévision à l’occasion de la sortie d’un essai qu’il vient d’écrire sur le sport), c’est sous haute protection. Dans son propre pays,il est devenu un semi-clandestin.Au mois de mars dernier, Sylvain Gouguenheim, professeurd’histoire médiévale à l’École normale supérieure de Lyon,faisait paraître un essai savant, Aristote au Mont-Saint-

Michel (1), dans lequel il démontrait que les textes grecs,au Moyen-Âge, n’avaient jamais cessé d’être traduits en Occident, et que des transmissions s’étaient toujourseffectuées entre l’Occident et l’Orient, via Byzance et les Arabes chrétiens, assurant le passage de la culturehellénique vers l’Europe chrétienne. Contrairement à la thèse en vogue, ce n’est donc pas grâce aux lettrésmusulmans que le Moyen-Âge a lu Aristote. L’affirmationn’a pas surpris les lecteurs de Jacques Heers, qui fut lepremier à la développer, mais elle a valu à Gouguenheim desubir une cabale qui rend son avenir universitaire incertain.Dans une société qui se targue de neutralité religieuse, alorsque l’on peut tout dire contre l’Église, l’islam est en voied’acquérir un statut d’intouchable. Les chrétiens feraientbien de réagir. !

1. Le Seuil, 278 p., 21 !.

P A R J E A N S É V I L L I A

La spiritualitéDemeurezen moiC’est sur cet ordre

du Seigneur ques’appuie le père

Paul-Marie de la Croix,carme déchaussé, pournous faire entrer dans lesprofondeurs de l’union à Dieu. Si ses proposs’adressent en priorité àdes carmes, quelle leçonpour tous les chrétienségalement ! Car tous sontappelés à devenir des« amis » du Christ et parlà même des contempla-tifs puisque c’est dans lacontemplation et l’orai-son que nous le rejoi-gnons. « Demeurez dans

la Personne du Christ est

le secret de toute fécon-

dité apostolique ».C’est à tous les instantsde notre vie, quelles quesoient nos activités, quenous devons rejoindre le

Christ dansson humanitéet dans sadivinité. Laprière n’est,en effet, pasun exerciceréservé auxreligieux ou

à certains moments programmés de nos jour-nées : elle doit être uneattitude d’âme qui infor-me toutes nos actions ettout notre être. La vie enprésence de Dieu nousdonne « la capacité à

discerner l’essentiel,

et à ordonner les moyens

à la fin, la lettre

à l’esprit, le relatif à

l’absolu ». Silence etsolitude sont les condi-tions extérieures à cetteunion. Mais elles ne sontrien sans la pureté ducœur. Un petit livred’une profonde richesse.Blandine FabreÉd. du Carmel, 124 p.,8 !.

Le CDMikeOldfieldMike Oldfield

nous livre unalbum de

musique symphonique,Music of the Spheres,extrêmement séduisant. Ils’agit du vingt-cinquièmedisque d’une carrièrecommencée en 1973 avecTubular Bells, un albumde rock symphoniquedevenul’un desplus grossuccès del’histoiredudisque.Oldfield, Anglais né surles bords de la Tamise, a usé avec bonheur desthèmes folkloriques cel-tiques (QE2, Voyager).On se souvient aussi desa bande originale dufilm La Déchirure sur le Génocide cambodgien.Virtuose de la guitareélectrique, Oldfieldtouche à toutes les techniques électroacous-tiques, sans pour autantverser dans l’inaudiblemusique concrète.Parfois taxée à tort demusique New Age, sonœuvre est inclassable,allant du pop rock aufolklore, et du planant ausymphonique classique.C’est le cas de ce dernieropus, inspiré comme lesPlanets de Holst del’idée de l’harmonie dessphères, où l’orchestredirigé par Karl Jenkinsdialogue avec la guitareacoustique d’Oldfield, lavoix de la soprano néo-zélandaise HayleyWestenra ainsi que lepianiste chinois LangLang. Superbe.Benoît SénéchalMercury Records(Universal) 22 ! env.

L’expositionCamilleClaudelConnue pour sa

passion malheureu-se pour Auguste

Rodin puis pour soninternement à l’asilejusqu’à sa mort, CamilleClaudel (1864-1943) a fasciné le public davan-tage par sa positiond’artiste maudite que par son travail. Le muséeRodin tente par uneexposition de dissocierses recherches plastiquesde sa vie pri-vée. Suivantun parcourschronolo-gique, 80pièces dontquelques des-sins et denombreusessculptures enterre cuite, enmarbre, enplâtre patinéou fondues enbronze, cherchent à montrer son chemine-ment artistique.Essentiellement attachéeà la figure humaine, ellea pris pour modèles despersonnes de son entou-rage (Mon frère à 16 ans,1884). Elle a égalementobservé les âges de la vieen représentant lavieillesse dès ses premières œuvres avecl’habile fusain de La

vieille du pont Notre-

Dame (1885), puis l’im-pressionnante Clotho

(1893). Ses dernièresœuvres nommées petiteschoses nouvelles indi-quent qu’elle s’affranchitde l’influence de Rodinen entrant dans l’univers« art nouveau ».Geneviève BayleMusée Rodin, 79, rue deVarenne, Paris VIIe. Tél. :01 44 18 61 10. Jusqu’au20 juillet 2008.

L

L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 200816 CULTURE chrétienne

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Les Causeuses (1895)

Page 17: L'homme nouveau n° 1423

LittératureLes CadetsNombre des livres

se contentent deraconter des his-

toires. Certains d’entreeux – peu en vérité –représentent un évène-ment à eux seuls. C’est àcette dernière catégoriequ’appartient Les Cadets

d’Ernst von Salomon queviennent de rééditer leséditions Bartillat. À pre-mière vue, l’histoire de ce livre est banale,puisque c’est celle del’auteur qui raconte lavie et la formation reçueà l’Institut du corps royaldes Cadets de Karlsruhe.Lui-même y est entré ennovembre 1913, à l’âgede 11 ans. Un an plustard, son pays entrait enguerre, avec le reste del’Europe, sans savoir quedésormais les lumièresde la vieille civilisationeuropéenne allaients’éteindre définitivement.Sans savoir que le corpsdes Cadets lui-mêmeallait disparaître dans lesdécombres de l’histoire. C’est en cela justementque Les Cadets d’Ernstvon Salomon est un livreà part. Avec une hauteexigence d’écriture, iltémoigne d’un autremonde, d’une autre jeu-nesse, d’une autre moraleque celle qui anime notremonde aujourd’hui. Illivre certes un regard surle militarisme prussien

au début du XXe siècle etl’apprentissage quotidiende la mort offert commehorizon à des adolescentsà peine sorties des jupesmaternelles. Il va cepen-dant plus loin. Iltémoigne de la vie desvertus anciennes d’hon-neur et de fidélité, de dévouement à lapatrie et de don de soiqui habitent les âmes lesplus nobles. Dans lapostface, Ernst vonSalomon, qui médite enpleine guerre froide surla disparition de l’écolequi fut la sienne, tient àsaluer la geste héroïquedes Cadets de Saumur, en1940, face aux armées deson pays. C’est qu’au-delà d’une histoire dansl’espace et dans le temps,il a décrit un type d’hom-me. Que l’on y adhère ounon, cette description estun grand moment de lit-térature. C’est le para-doxe, d’ailleurs, de vonSalomon d’avoir été« dressé » pour la guerreet la mort, d’avoir réelle-ment combattu, notam-ment au sein des Corpsfrancs (voir chez lemême éditeur son livreLes Réprouvés), et d’êtredevenu un écrivain.C’est-à-dire celui quidonne la vie, certes sur un autre plan que le mode biologique, maisla vie quand même !Philippe MaxenceBartillat, 318 p., 22 !.

Le théâtre

Les secretsde la nuitDominique Marny et

Jean-Paul Goure-vitch ont adapté

leur roman. Ils ont confiéla mise en scène à Jean-Pierre Nortel. Un hommeet une femme se rencon-trent dans une maison depêcheur un soir de tem-pête. Sur fond de sensibi-lités éclatées, dans la nuitde l’âme manifestée parl’obscurité dans laquelleà tâtons ils tentent de se dire l’un par l’autre,se joue la métamorphosede sens s’opérant chaquefois que jaillissent desparoles vraies du cœurhumain. La lumièrerenaît, le mouvement dela vie reprend et l’espoirde désenclaver l’histoirepersonnelle de sa répéti-tivité stérile redonne uneaspiration vers l’unité.Histoire d’une transition,passage dessiné d’unerive vers l’autre, sanspréjugé sur l’avenir, lejeu est construit sur cetravail du tâtonnement,dans la timidité d’un lan-gage arraché peu à peu àla banalité et à l’insigni-fiance, dans des gestes secherchant comme si toutétait à redécouvrir dansce temps hors temps dela rencontre. MarionDubos et Olivier Galfio-ne se coulent avec beau-coup de cœur dans cetéchange.Pierre DurrandeThéâtre de Nesle, 8, ruede Nesle, Paris VIe jus-qu’au 28 juin, les mer.,jdi, vdi, sam. à 21 h.Rés. : 01 46 34 61 04.

Le filmOrphelinsde HuangShui

Dans les années1930, le journalis-te anglais George

Hogg se trouve en Chine,alors ravagée par la guer-re. Avec l’aide de Lee,une infirmière américai-ne, et d’un communistechinois, il va parvenir à sauver la vie d’unequarantaine d’orphelins. Cette coproduction inter-nationale nous offre unspectacle de toute beauté.Certes l’ensemble peutparaître un peu acadé-mique et comporte quel-ques scènes assez conve-nues, mais devant despersonnages si attachants,des paysages magnifiés,un récit épique et roma-nesque à souhait, on nepeut que savourer ce purmoment de cinéma et enressortir profondémentému. George et Lee sedévouent entièrement auxenfants et à ceux qui ontété meurtris par la guer-re. Ayant quitté le confortde leur pays, ils n’hési-tent pas à risquer leur viepour les valeurs huma-nistes auxquels ilscroient. Cette abnégationforce l’admiration.Quelques scènes dures et impressionnantes.Marie-Lorraine RousselDrame (2008) de RogerSpottiswoode, avecJonathan Rhys-Meyers,Radha Mitchell, ChowYun-Fat, Michelle Yeoh(2 h 03). AdolescentsV.A. : !!. V.H. : !!.

Le téléfilmSauverSaïdÀ 10 ans, Saïd est un

très bon élève.Mais, lorsqu’il

intègre le collège, sasituation change totale-ment. Noyé dans lamasse des élèves, il seretrouve bien vulnérablequand un de ses cousins,le caïd du collège, veutl’entraîner dans ses misé-rables petits trafics.!! Adaptation du livrede Brigitte Smadja, cetéléfilm sensible décrit leparcours d’un jeune beurqui découvre la junglequ’est devenu le collège.La description de ce col-

lège n’est jamais carica-turale car elle montre à lafois le professeur quicraque et celui qui saitimposer son autorité.Cette histoire permet demieux comprendre lavulnérabilité des jeunesélèves, mal protégés dela violence des grands.!! Si son aîné a plongédans la petite délinquan-ce, le héros, lui, tente derésister par tous lesmoyens. Inutile de préci-ser que l’enfant est sou-tenu par des parents uniset qui savent faire res-pecter leur autorité.Marie-Christined’AndréTéléfilm français (2007)de Didier Grousset,avec Dean Mechema-che (Saïd), ThomasDoucet (Antoine),Souad Amidou (lamère) (1 h 30). Diffu-sion le samedi 7 juin,sur France 3, à 20 h 55.

17CULTURE chrétienneL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

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L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 200818 CULTURE chrétienne

Rémi Soulié

Philippe Barthelet est un être etun écrivain rare,autant dire qu’il ne serépand jamais : à d’autres les boursou-flures de l’ego, symptômes des patholo-gies « moimoyistes », comme disait Cé-line, lesquelles n’affectent en général que

les médiocres. Rétif au bavardage et àl’incontinence prosaïque qui caractéri-sent ceux qui n’ont rien à penser et à di-re mais qui croient ainsi faire illusion(aux temps spectaculaires, les prestidigi-tateurs les plus habiles parviennent tou-tefois à tirer leur épingle du jeu commeun lapin de leur chapeau), il se concentresur l’essentiel : de petites proses impec-cables (qu’il ne faudrait surtout pasconfondre avec les contrefaçons tex-tuelles des bonnes femmes anorexiquesinondant le marché), riches de sens, ad-mirablement prises par la rigueur de lasyntaxe, joliment corsetées par la préci-sion sémantique, finement serties d’hu-mour, de civilisation et de culture. Où

l ’ o n c o m p r e n dque la grammaireest une métaphy-

sique et que l’or-dre des mots con-ditionne l’ordre(ou le désordre) dumonde depuis quepar le Verbe deDieu tout a été fait.Les cracheurs delogorrhées, pen-dant ce temps, nes a v e n t p a s c equ’ils font. C o m m e i l e s tpieux et conscientde la nature exactede l’auteur, Philip-pe Barthelet a aus-si dirigé, dans la

collection des Dossier H, à L’Âged’Homme, de forts et beaux volumesconsacrés à Ernst Jünger et Joseph deMaistre. Il travaille en ce moment à unmême hommage à Gustave Thibon, dontil fut l’un des proches (1). Son précédentouvrage, Baraliptons (2) a reçu le prix del’essai de l’Académie française et il a pu-

blié en 2003 un magnifique Éloge de laFrance qui, si sévère (et parfois injuste)soit-il à l’endroit de Charles Maurras, de-meure l’un des plus beaux textes contem-porains dédié à la France royale, éternel-le et profonde (3). C’est donc avec joieque l’on entend aujourd’hui retentirL’Olifant vengeur du chevalier dont lacharge héroïque contre les ignorants, lespédants et autres précieux ridicules estparticulièrement exemplaire (4).

Un univers de correspondancesCette petite musique des sphères – « c’estle mot d’ordre des sourds qui l’ont trou-vé chez Céline », dit-il, mais il nous par-donnera – témoigne de l’universelle ana-logie, d’un univers de correspondancesoù les sons, les couleurs et les parfums serépondent ; Barthelet dévoile l’harmoniesous le chaos et l’invisible par-delà lesformes sensibles : « Rien n’est plus chré-tien que l’icône, en effet, puisque la reli-gion chrétienne repose sur l’Incarnationdu Verbe. Quand le Christ répond à saintPhilippe : “Qui m’a vu a vu le Père”, Ilse définit Lui-même comme l’icône duPère invisible (…). L’icône est propre-ment la vérité en peinture, l’équivalent dela méthode anagogique chère à l’Aéro-pagite, une voie d’accès à une réalité su-périeure, un symbole… » Voilà pour sonart poétique ou, si l’on veut, son hermé-neutique héraldique – « Inventer ou re-trouver un art poétique, c’est retrouver lechemin du soleil, de la langue natale, cet-te prose divine si peu prosaïque qui “écritdroit suivant des lignes courbes” selon leproverbe portugais de Claudel ». Il évo-quera dès lors avec une même finesse lalangue française et le Languedoc, les ca-lembours et les putains, les anges et JeanGenet (j’ange né, justement), Lichten-berg et les hymnes nationaux, l’obsolèteet l’incivil, Charles Trenet et CharlesDe Gaulle, les prénoms et les noms, l’ac-cent circonflexe et l’étymologie, la lan-gue hébraïque et le judéo-contadin, leQuébec et la Chine, Paul-Jean Toulet etCharles-Albert Cingria mais aussi biend’autres sujets cruciaux, le plus souventsur les modes ironique ou polémique.Quelques exemples : « Le jargon média-tique s’est enrichi d’un mot nouveau : ce-lui d’incivilité, qui ajoute une couleur in-édite au prisme de notre décompositionsociale. Est incivil ce qui n’est pas enco-re délictueux, ce qui est réprouvé sans

Philippe Barthelet, un écrivain rare.

Pieux, conscient de la nature exacte d’un

auteur, PhilippeBarthelet est non

seulement écrivain maisaussi directeur

d’ouvrages collectifs.Dans L’Olifant, il lance

une charge contre lespédants et les ignorants.

“Retrouver unart poétique,

c’est retrouver le chemin du soleil.”

!LittératurePhilippe Bartheletécrivain et poète

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19CULTURE chrétienneL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

être réprimé : cracher devant un repré-sentant de la loi, par exemple, sera répu-té incivil, mais il faudra encore joindre laparole à l’acte pour être passible decontravention. C’est un casuiste du mi-

nistère de l’Intérieur quil’expliquait naguère surles ondes. » Ou encore :« Il y a loin, par exemple– et Luc-Olivier d’Al-gange le faisait remar-quer – entre le Roi deFrance d’autrefois et le“roi des Français” de laRévolution et de Louis-Philippe. Le Roi deFrance était roi de toutce qui habite en France :certes des Français, vi-vants et morts et à naître,mais encore des bêtes etdes arbres, des anges etdes fées ; sa royauté nese limitait en aucune fa-çon aux seuls humainsactuels, au contraire duroi des Français, quin’est plus rien que sonvestige (…). Un hommepolitique que l’on ru-doyait en paroles s’indi-gnait que l’on parlât ain-si au “Premier ministrede la France”. C’étaitmal dire, et trop pré-

tendre : le rudoyé n’était Premier mi-nistre que de la République française.Les arbres et les bêtes, les anges et lesfées n’avaient pas à le connaître. » Maisaussi : « “Tout doit être permis à ceux qui

vont dans la direction de la Révolution”,écrit Saint-Just. Dont acte : il apparaît àl’usage que l’adjectif “révolutionnaire”sert à couvrir tous les dénis possibles, dejustice et même de raison ; que la quali-té recherchée de “révolutionnaire” s’ac-quiert dialectiquement par la destructiondu négatif, c’est-à-dire le massacre degens préalablement appelés “ennemis dela Révolution”. Les noyades de Carrier,à Nantes, vaudront à la Loire le beau titrede “fleuve révolutionnaire” ».

On demande des poètes !Oh ! la pertinence de l’impertinence !Philippe Barthelet s’inscrit d’évidencedans la lignée des logocrates, selon le motqu’utilisa George Steiner pour qualifierson ami Pierre Boutang – dont Bartheletcite d’ailleurs l’Art poétique. C’est grâceà Dieu et grâce à eux que l’intelligibilitédu monde et sa beauté continuent de res-plendir. On demande des poètes dansnotre grande détresse ! !

Rémi SOULIÉ

1. Voir également Entretiens avec Gustave Thi-bon, Éd. du Rocher, 238 p. , 18 !.2. Baraliptons, Éd. du Rocher,304 p., 18 !.3. Éloge de la France, F.-X. deGuibert, 102 p., 15 !.4. L’Olifant, Éd. du Rocher,224 p., 18 !.

SOCIÉTÉParents,osez dire NON !

Le bon sens se-rait-il de retour ?Il faut le croire,si l’on prendconnaissance de

ce petit livre du docteurDelaroche, pédopsy-chiatre et psychanalyste.Clairement, il rappellecombien l’enfant et l’ado-lescent ont besoin de limites pour construireleur personnalité et sa-voir être vraiment libredemain comme adulte.Loin de la fuite en avantou de la sévérité, ilconseille une certainefermeté qu’il illustre icipar des exemples. Biensûr, ce livre reste sur leplan naturel, mais onsaura le compléter par le conseil de pédagogueschrétiens. Stéphen Valletle Livre de Poche, 224 p.,5,50 !.

En poche

« L’icône est proprement la vérité en peinture ».

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L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 200820 CULTURE chrétienne

Falk van GAVER

« Je n’ai pas de meilleurs maîtresque les hêtres et les chênes. Vous trou-verez plus de choses dans les forêts quedans les livres ; les arbres, les pierresvous apprendront ce que les maîtres nesauraient enseigner… » (1). C’est en em-brassant le monde et sa durée, en consi-dérant le temps et l’espace concrets avecémerveillement et bienveillance, en enla-çant chaque instant dans une calme in-tensité, que l’univers se révèle commemiracle et comme amour, comme miracled’amour. Comme miracle tranquille,quotidien, amour simple, plein et serein.La texture même de la réalité apparaîtalors pour ce qu’elle est réellement : tis-sée de miracle. À l’amour du regard ré-pond l’amour du monde. Le monde nousfait écho. Il se révèle commeun immense écho d’amour,infini. Tout se répond, l’abî-me appelant l’abîme. Toutnous répond. Le monde nousdonne ce que nous lui don-nons.

Le grand secretdes mystiques Les grands mystiques, les er-mites et les saints portent untel amour au monde que lanature entière, transfigurée, pacifiée, ré-unie, leur répond en harmonie. Et des dé-serts d’Égypte aux forêts de Russie, desconfins de la Tartarie jusqu’aux pays duCouchant, on les voit prêcher les pois-sons et les oiseaux du ciel, donner l’ac-colade à frère ours et vivre en bonne en-tente avec les loups et les lions. Il y a làun grand secret. « J’avance aujourd’huiDans la puissance du ciel,Dans l’éclat du soleil,Dans la pureté de la neige,Dans la splendeur du feu,Dans la fulgurance de l’éclair,

Dans la vitesse du vent,Dans la fermeté du rocher.J’avance aujourd’hui Dans la main de Dieu. »(Prière irlandaise)Au mystique, au pèlerin, à l’ermite on de-mande ce qu’il part chercher. C’est celamême qu’il part chercher – au-delà desaventures et de l’aventure, des sensa-tions, impressions, découvertes, ren-contres, enthousiasmes, visions et révé-lations. À travers eux et au-delà d’eux,même s’il ne le sait pas, c’est l’amour,l’immense et intense harmonie auxnuances infinies. L’amour meut touteschoses, les amants, les errants et lesastres. La monotonie, la fatigue, la répé-tition du paysage, tout cela ne lasse pas,n’ennuie pas. Le pèlerin, l’ermite n’est aufond guère avide de nouveauté. Il est avi-

de de vérité. Il s’ins-talle dans la monoto-nie même du paysage,du chemin. Il en faitson pain, son quoti-dien. Et dans l’im-

mensité monotone de la steppe, du désert,de la plaine, de la mer, dans cet éternelmême du chemin, la monotonie s’instal-le comme un instant dilaté jusqu’aux re-bords du monde. Avec, dans cette immo-bile mobilité, dans la bouche un petit goûtd’éternité. Ce qu’il part chercher, ce n’estni l’aventure, ni le dépaysement, ni mê-me l’émerveillement, non, mais quelquechose de beaucoup plus subtil, fugace etfugitif : l’essence mystique du monde.« Puisque j’ai Dieu, tout est à moi ! Lesmontagnes solitaires et les fraîches val-lées, et les îles, et les fleuves, et les vents,et l’amour… » (2). Il faut, comme les ana-chorètes, se mettre en amitié avec le mon-de, devenir l’ami du monde entier – etl’ennemi de tout ce qui le défigure. « Cesignorants s’emparent du ciel, tandis quenous, avec notre science sans cœur, nousnous vautrons dans la chair et le sang ! »(3).

Prendre la route qui mène à la visionCe qui compte vraiment, dans la culture,ce n’est pas tant la quantité de connais-sance que la qualité d’expérience – etnous compensons la pauvreté et lemanque d’intensité de nos expériencesculturelles par la boulimie de connais-sances, ou lors d’expériences qui ont da-vantage à voir avec l’acculture qu’avec laculture : drogue, sexe, etc. Il vaut mieux,dans la pauvreté et la foi, prendre la rou-te qui mène à la vision.« À toi la paix des vagues qui murmurent,À toi la grande paix de la brise quisouffle,À toi la grande paix de la terre tranquille,À toi la grande paix des astres scin-tillants,À toi la grande paix des ombres de la nuit,Et que t’éclairent sans faillir la lune et lesétoiles,À toi la grande paix du Christ, le Fils dela Paix. » (Prière écossaise) !

1. Saint Bernard de Clairvaux.2. Saint Jean de la Croix.3. Saint Augustin.

La nature, les rencontres faites en cours de route, sont autantde visages de Dieu.

“Le monde serévèle commeun immense

écho d’amour,d’infini.”

LITTÉRATUREL’Innocence du Père BrownG.K. Chesterton

Décidément,le petit PèreBrown est unchanceux. Leséditions Om-

bres viennent en effet depublier le premier volumede la célèbre série policiè-re de G.K. Chesterton, enlui restituant son titred’origine L’Innocence duPère Brown à la place deLa Clairvoyance du PèreBrown. De « l’innocence »à la « clairvoyance », il y acomme le passage del’état profond d’un être àune simple qualité, certesutile, mais qui ne sauraitdéfinir la personne dontil s’agit. Cette « innocen-ce », Chesterton ne l’acertainement pas choisiepar hasard. Elle découlede l’état sacerdotal dupersonnage qui regardele monde et son drôle dethéâtre à travers les lu-nettes de la grâce. On entrouvera la preuve dansce petit recueil qui re-prend la traditionnelletraduction d’Émile Cam-maerts, revue, complétéeet annotée ici par PaulCholeau. Un très bon tra-vail bibliographique etdes notes permettent debien entrer dans ces his-toires de Father Brown.Philippe MaxenceÉd. Ombre, 320 p., 12 !.

RELIGIONDiviniser l’homme

Dans la collec-tion Agora dePocket, Henri-Pierre Rinckel aréuni et présenté

un choix de textes desPères de l’Église, particu-lièrement orienté vers cetrésor spirituel que repré-sente la Philocalie(l’amour de la beauté), an-thologie de textes spiri-tuels. Les introductions etles notes sont les bienve-nues pour de ne pas êtrecomplètement perdudans cet univers si éloignéde l’Occident moderne.Aliette BernardPocket, 218 p., 7,20 ".

En poche"Cælum et terraEn chemin avec les saints

De saint François à saint Bernard,nombreux ont été les saints et les Pères

de l’Église à avoir été amoureux de la nature. Ils nous ont transmis

une vision du monde à redécouvrir.

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21CULTURE chrétienneL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

Guillaume de Thieulloy

Jacques Maritain revientà la mode ! À son tour, le pè-re Valadier, ancien directeur dela revue Études, nous offreavec Maritain à contre-temps.Pour une démocratie vivante(1) un ouvrage sur la penséepolitique du philosophe tho-miste. Ce petit livre, d’une pro-fonde acuité, mérite une lectu-re attentive. Au risque de cari-caturer une pensée puissante eténergique, je résumerais volon-tiers la thèse ainsi : il est urgentde redécouvrir Maritain, carcelui-ci est l’un des rares pen-seurs catholiques à avoir abor-dé la démocratie de façon posi-tive ; à avoir reconnu ses sour-ces évangéliques ; et à avoirvoulu corriger par l’Évangileles défauts de la cité démocra-tique concrète…

La pensée politique de MaritainDe fait, Maritain est un penseuroriginal à ce triple point de vue.On est cepen-dant surpris parl ’ o m i s s i o npresque systé-mat ique d’unpan – peut-êtrele plus impor-tant – de la pen-sée politique deM a r i t a i n :l’anti-politismed e M a r i t a i n .Bien sûr, Maritain a regardé avec faveur la dé-mocratie. Mais, il ne l’a fait que dans un cadregénéral caractérisé par une forme d’allergie aupouvoir politique comme tel. La souverainetéest sa bête noire. Et pas seulement la souverai-

neté de l’État, mais aussi toute forme de souve-raineté humaine. Le père Valadier objecteraitpeut-être que Maritain évoque volontiers desformes d’organisation infra-politiques, dans les-quelles une véritable autorité est possible.Certes, mais il me semble que ces « corps inter-médiaires » ont, entre autres, pour vocation dese neutraliser mutuellement. Pour ma part, je necrois pas que le pouvoir politique soit mauvaisen soi, ou du moins à brider nécessairement – en

RELIGION

L’Esprit de la liturgie (I)Prières théologiques (II)Romano Guardini

À la première page de son ou-vrage qui porte le même titreque celui-ci, le cardinal Ratzin-ger raconte sa découverte de lapremière œuvre de Guardini etévoque l’influence historiquequ’elle eut pour le Mouvement liturgique del’entre-deux-guerres et au-delà. Il ajoute, à

propos de son propre Esprit de la liturgie, que ses intentions« coïncident pour l’essentiel avec celles de l’ouvrage deGuardini ». Cette réédition d’une traduction depuis long-temps épuisée est donc la bienvenue. Le lecteur au fait des publications dans ce domaine, dont lenombre croît d’année en année, trouvera sans doute les dé-veloppements assez succincts, mais celui qui ouvre une por-te ne peut porter avec lui tout l’équipement de ceux qui lafranchiront à sa suite. Toutefois, ce livre aurait gagné à êtreresitué dans le contexte traumatisé de l’Allemagne de Wei-mar, lorsque le renouveau spirituel prenait chez les protes-tants les voies de la théologie et chez les catholiques cellede la liturgie (qui allait se révéler d’un plus grand souffle).Si L’Esprit de la liturgie a été écrit dans l’Allemagne de lafin de la Première Guerre mondiale, les Prières théologiquesle furent peu avant celle de la Seconde Guerre mondiale,dans un presbytère de campagne où Guardini s’était réfugiéà cause de la persécution nazie. Il s’agit ici aussi d’une ré-édition, mais l’éditeur l’a fait précéder d’une préface qui ensitue les enjeux contextuels et en fait ressortir la valeur.Le contexte est encore plus sombre qu’en 1918, mais la foiet son intelligence non moins fermes. Le mot« théologiques » dans le titre ne doit pas faire peur. Il ne si-gnifie pas ici « intellectuelles » mais « fondées sur ledogme ». Ces prières constituent, en effet, les conclusionsorantes de conférences sur les grands thèmes de la foi chré-tienne. Que valent des paroles sur Dieu qui ne se terminentpas en paroles adressées à lui ? Leur fécondité et l’exempla-rité de ces prières pour celui qui médite aujourd’hui cesmêmes vérités de la foi demeurent grandes. Didier RanceI. Parole et Silence, 120 p., 14 !. II. Ad Solem, 64 p., 10 !.

THÉOLOGIE

Le chiffre trinitaire de la vérité chez BalthasarAndré-Marie Ponnou-Delaffon

À la fécondité éditoriale du grand théologiensuisse (plus de 80 volumes déjà parus en tra-duction française à ce jour) répond celle desétudes que son œuvre continue de susciter.Cette thèse de doctorat s’attache au volet lemoins exploré de la grande trilogie balthasa-rienne, La Théologique. Il en suit de près lestrois volumes pour reprendre à nouveaux

frais le problème de l’articulation du théologique et du phi-losophique. Le vocabulaire de l’ouvrage est parfois difficile,et pas seulement lorsque c’est exigé par le sujet. L’auteur voit dans cette œuvre de Balthasar une possibilitéunique de réconcilier les exigences philosophiques d’auto-nomie affirmées par les Lumières et la Révélation trinitaire(peut-être accentue-t-il ici un peu trop une volonté réconci-liatrice de Balthasar que, pour ma part, je verrai plutôt inté-grative). La conclusion propose une vision heureuse del’œuvre balthasarienne comme rhapsodique plus que déduc-tive et didactique. Didier RanceParole et Silence, 476 p., 28 !.

Le père Paul Valadier a consacré un essai à la vision

de la démocratie chez Jacques Maritain.

Une vision controversée et dont les principes restent à définir.

>>> Suite page 22

!LittératureJacques Maritain et la démocratie

“Maritain estun penseur original à

un triple pointde vue.”

Page 22: L'homme nouveau n° 1423

L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 200822 CULTURE chrétienne

revanche, dans le contexte des sociétés mo-dernes, plus il y aura de contre-pouvoirs etmieux cela vaudra… En tout cas, il importe pourbien apprécier ce jugement positif sur la démo-cratie de le lire dans le cadre d’un jugementbeaucoup moins chaleureux sur le pouvoir poli-tique.D’autre part, Valadier risquede nous induire en erreur enparlant de façon indéterminéede la démocratie. Car Mari-tain ne fit jamais, à maconnaissance, l’éloge de laforme politique démocratique(le mode de désignation desgouvernants lui était indiffé-rent) ; ni de l’ensemble des ré-gimes « démocratiques ». Il maintint même toutau long de sa vie une forte critique du « démo-cratisme » (la prétention du souverain à domi-ner la loi morale).

Un espritet non un régimeQuelle est donc la démocratie dont notre philo-sophe parle avec éloge ? C’est une question sin-gulièrement complexe. Il me semble que ce queloue Maritain est un « esprit » (et non un régi-me), conforme au principe de subsidiarité : lecorps politique doit respecter les corps infra-politiques. Il est probable que son approbationde l’esprit démocratique aille plus loin, en par-ticulier en direction d’une appréciation positivedu pluralisme comme tel (notamment reli-gieux) ; mais jusqu’où ?Une dernière remarque sur un ouvrage qui ensuscite bien davantage, et sur une œuvre qu’on

ne se lasse pas de scruter : le père Valadier relitavec un bonheur visible le plus fameux ouvragede Maritain, Humanisme intégral (2). Or, cet ou-vrage est celui dans lequel Maritain expose sonprojet de « nouvelle chrétienté » « non sacrale ».Valadier précise (p. 55 et suiv.) que cette « nou-velle chrétienté » doit se comprendre par analo-gie avec la chrétienté médiévale. Soit. Mais

quels sont les principes fon-damentaux de la chrétientémédiévale qui doivent se re-trouver dans la nouvelle ? Lànon plus la réponse n’est passimple et malheureusement lepère Valadier ne nous éclaireguère. À mon sens, ce qui estretenu de la société médiéva-le n’est pas le caractère de« chrétienté » (l’idéal d’une

société explicitement et intégralement chrétien-ne), mais bien le foisonnement de la féodalité –qui évoque pour Maritain le pluralisme et le foi-sonnement associatif des États-Unis.En un mot, l’étude du père Valadier, par toutesles questions qu’elle soulève, a toutes leschances de remplir l’objectif que s’est assignéson auteur : relancer le débat autour de la pen-sée politique de Jacques Maritain et, plus géné-ralement, autour de l’approche chrétienne de ladémocratie. Que lui souhaiter de mieux ? !

Guillaume de THIEULLOY

1. Paul Valadier, Maritain àcontre-temps. Pour une démocra-tie vivante., DDB, 144 p., 17 !.2. Jacques Maritain, Humanismeintégral, Éd. Aubier, 318 p.,16,77 !.

RELIGION

Vie contemplativePère Jérôme

Réparties par le père Jérôme lui-même en24 « thèses », ces courtes péricopes s’adres-sent principalement aux religieux contem-platifs. Toutefois, elles peuvent nourrirl’âme de tout chrétien désireux d’approfon-dir sa vue d’union à Dieu, et l’aider à avan-cer dans la vie spirituelle. Loin d’être seule-ment une vie « avec » le Christ, la viecontemplative est avant tout une vie « par »

le Christ, une vie toute donnée parce que unie à Dieu. Ce nesont pas les actes, les formules qui font la vie contemplativemais bien l’attitude de l’âme, de la volonté d’être présent àDieu. On contemple pour aimer. Par ailleurs, ce n’est pasparce que la vie mystique, les grâces d’union ne nous sontpas données qu’il faut cesser de pratiquer l’oraison : il s’agitde notre devoir vis-à-vis de Dieu, d’une simple justice. Nosefforts doivent tendre à une vie de prière, tandis que la vied’oraison est un don de Dieu, une vie d’intimité avec Dieu.Il nous faut donc être ouverts aux voies de Dieu qui ne sontpas toujours celles que nous aurions souhaitées !Blandine FabreParole et Silence, 184 p., 16 !.

RELIGION

« Tenir haut l’esprit »Père Jacques de JésusActes des colloques des 28-30 janvier2000 et 3-5 juin 2005

Saint prêtre, saint religieux, saint éduca-teur, saint martyr dans son don de lui-même au Christ et aux autres depuis saplus tendre enfance, le père Jacques deJésus ira jusqu’au bout de son amour deDieu et de sa charité, dans les horreurs ducamp de Mauthausen. Mais avant d’allerau martyre, il aura apporté aux enfantsqui lui étaient confiés au collège d’Avonune éducation appuyée sur des principes

sûrs et équilibrés. Il se décrit lui-même en donnant sesconsignes aux parents : « La douceur, c’est le trait quicaractérise l’action pédagogique, c’est la dispositionfoncière, l’état d’âme permanent de l’éducateur, c’est tou-jours une douceur faite de force, et de calme, et de maîtrisede soi, et de patience et d’amour, de dévorant amour quis’épuise dans un absolu don de soi ». Son amour de laFrance (« Chacun de vous est une petite portion de France.En vous cultivant intellectuellement, en vous sanctifiant, en formant en vous une volonté solide, c’est un peu de laFrance que vous améliorez, que vous sanctifiez »), sa foisans faille (« mais être un saint, (…) c’est surtout vivre avecla pensée que Dieu est présent autour de nous et en nous »),son amour de Dieu (« mais surtout, la principale richessedu silence, le trésor caché qui sera aussi plus doux consistedans l’indicible rencontre que l’on fait de Dieu et dansl’ineffable amitié que l’on peut contacter avec lui »),transparaissent à travers ces diverses collaborations. CesActes permettent en effet un tour d’horizon de la vie dureligieux, avec toutefois les défauts du genre (on peut se demander la place d’une conférence entière à la louangede Témoignage chrétien dans ce volume). Le don complet et généreux de lui-même à la volonté deDieu est un modèle pour tous les parents mais aussi toutchrétien, pour vivre sa foi en profondeur, en toutes circon-stances et savoir en témoigner et la transmettre. Une vie à découvrir et à méditer. Blandine FabreÉd. du Carmel, 256 p., 18 !.

>>> Suite de la page 21

ReligionSagesse de

la cosmologie ancienneL e silence éternel

des espaces in-finis, autrement

dit, la physique gali-léenne, a déconcertévoire désespéré ungrand nombre dec royan t s , con t r i -b u a n t a i n s i à r é -pandre la sombre re-ligion du nihilismequi envoûte la modernité :loin d’être une créature aiméede son Créateur, l’homme estle produit du hasard et de lanécessité, un mammifère éga-ré dans l’espace dont lesprières et les cris de joie ou dedouleur sont voués à se perdreavec lui. Dans Sagesse de lacosmologie ancienne, Wolf-gang Smith, physicien, ma-thématicien et philosopheayant enseigné au Massa-

chussets Institute ofTechnology et à l’Uni-versité de Californie,rompt « avec le maté-rialisme étroit de laphysique classique »et « rend inopérantesles objections que lemécanicisme galiléenélevait contre les don-nées de la foi », com-

me l’assure son excellent pré-facier Jean Borella. Sans ver-ser dans un absurde concor-disme (volonté de faire coïn-cider la science avec la lettrede la Bible) et un non moinsabsurde fondamentalisme, cescientifique au fait des der-nières découvertes concer-nant la théorie de la relativitéet la physique quant iquemontre combien la représen-tation que l’on peut avoir de

la « structure spatio-tempo-relle » et de la « matière » baten brèche la « superstitionscientiste » mise en place auXIXe siècle. Outre que ce livre est très exi-geant et qu’il s’inscrit dans laperspective parfois contes-table de la tradition guéno-nienne, il n’en demeure pasmoins profond, érudit, coura-geux et solidement argumen-té. Rémi SOULIÉ !

Wolfgang Smith,Sagesse de la cosmologie

ancienne, Les cosmologiestraditionnelles face à lascience contemporaine,

L’Harmattan, coll.« Théôria », 326 p.,

30,50 ". (Traduction deJean-Claude Perret etPierre-Marie Sigaud).

“Maritain ne fitjamais l’éloge de

la forme politiquedémocratique.”

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23CULTURE chrétienneL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

NATUREMon arbreGerda Muller

Mes enfantsde 5 à 10 ansont été pas-sionnés parla lecture dece très bel album.

Benjamin et Carolinesont invités à passer une semaine chez leurcousin dont le père estforestier… Sur le moded’une histoire racontéetout simplement, nosjeunes lecteurs décou-vrent les richesses de la forêt, faune et flore.Les illustrations rappel-lent celles des jolis albums d’autrefois avec de nombreux détails, des personnagesfrais et réalistes,et quelques pages plus particulièrementconsacrées aux animauxet plantes de la forêt.Une belle invitation à s’y rendre ! M.L.Gallimard jeunesse, 40 p.,13 !.

HISTOIRESissiCatherine de Lasa

Le personnagede Sissi n’a pasfini de faireécrire. Dans cejournal, Cathe-rine de Lasa

s’attache à faire revivrecelle qui allait devenirl’avant-dernière impéra-trice d’Autriche, dans descirconstances d’un ro-mantisme à faire pâlird’envie tous les roman-ciers. Avec beaucoup desensibilité tout autantque d’audace, l’auteurfait parler Sissi de sa vie,de ses envies, de ses es-poirs et de ses décep-tions. Du libre château deBavière aux ors rigides deVienne, on y suit deux an-nées durant la vie de Sis-si, jusqu’à la naissance desa première fille. Un jolilivre pour filles à partir de11 ans, illustré dequelques photos. M.L.Gallimard jeunesse, coll.« Mon histoire », 178 p.,8,50 !.

DVDMaya l’abeille

Mayal’abeilleest de re-tour surnos petitsécrans !Ces troisDVD rap-pelleront

des souvenirs à quelquesparents. Rien de vraimentextraordinaire à ce dessinanimé. Les dessins sontcorrects et les musiquesassez quelconques, maison se laisse réellementprendre aux histoiresamusantes et aux per-sonnages très attachants.Mes enfants ont bien ai-mé ces aventures sansgrande prétention si cen’est de distraire agréa-blement. Pari réussi !M.L.Maya l’abeille Reine des abeilles, Maya l’abeillechampionne de la prairie,Maya l’abeille etson ami Alexandre,Éd.TF1 vidéo, 3 DVD,19,99 ! env.

DÉCOUVERTELa mythologiegrecqueHélène Montardre

De très jolis dessins,photos et repro-ductionsdiversesillustrent

ce superbe livre consacréà la mythologie grecque.De très courts para-graphes faciles à lire,un chapitre par doublepage, une chronologiehistorique et un glossairecomplètent les récits.Autant d’atouts qui permettent de s’y retrouver dans cette mythologie complexemais passionnante, àl’origine de notre cultureoccidentale. Mon fils de 9 ans, qui n’est pas un grand lecteur,a littéralement dévoré ce livre. M.L.Milan jeunesse, coll.« Les encyclopes », 208 p.,22,90 !.

HISTOIRELes reines de France, DictionnairechronologiqueChristian Bouyer

Quoi de com-mun entre Audovère,Adèle deChampagneou Anne d’Autriche ?Elles appar-

tiennent toutes à la cohortedes reines de France. Cé-lèbres ou presque incon-nues, elles ont joué un rôleplus ou moins importantdans la constitution denotre pays et dans son gou-vernement. Pour découvrirles reines oubliées ouretrouver les plus célèbresd’entre elles, la lecture dece dictionnaire s’avèrepassionnante. Elle l’estd’ailleurs à plus d’un titre.Car la vie de chaque reine,avec son ascendance, soncontexte rapidement ébau-ché et les faits marquantsde son existence, offre unintérêt incontestable en soi.Et l’auteur sait se faire bonnarrateur. En outre, la lectu-re suivie de la successiondes reines de France appor-te à la vision de notre His-toire un éclairage nouveau.Le point de vue desfemmes. De même que lesrois ont laissé leur emprein-te et ont façonné notre paysdans un temps donné, demême leurs épousesroyales, avec leur capacité à donner ou non un héritiermâle, leur beauté (ou non),leur caractère propre etleurs qualités ont eu, forcé-ment, une influence sur le cours de l’Histoire. Oncherchera peut-être en vaincertains noms. Point deJoséphine de Beauharnaisou de Marie-Joséphine deSavoie, entre autres. L’au-teur explique très bien dansl’avertissement son choixde ne parler que des épou-ses des rois régnant. Et grâ-ce à la liste alphabétique, etsurtout aux tableaux récapi-tulatifs des différentesdynasties, le lecteur s’yretrouve dans la forêt vier-ge des cent quatorze souve-raines évoquées ! À lire encontinu ou à piocher enfonction de l’humeur pourun réel enrichissement.Marie LacroixPerrin, 352 p., 21,50 !.

Jeunesse

Page 24: L'homme nouveau n° 1423

L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 200824 CULTURE chrétienne

Musique et foiGiacomo Puccini

L es amateurs du théâtre lyrique de la fin duXIXe siècle ne peuvent ignorer la beautédes œuvres de Giacomo Puccini que l’on

range parfois, avec un mépris injustifié, dansle mouvement « vériste » issu du naturalismelittéraire, inauguré par l’œuvre de Zola.Puccini naît à Lucques, en Toscane, sixième desept enfants. Quatre générations de musiciensd’église et de petits compositeurs le précèdent.Son père fut organiste à l’église locale et sa mè-re, Albina, encourage les dons musicaux de sonfils. À l’âge de 15 ans, elle le fait inscrire àl’Institut musical de la ville, où il étudie et

compose des pièces de musique religieuse. En1876, il compose aussi une messe di Gloria et,la même année, son professeur l’initie à la mu-sique de Verdi. En effet, le jeune homme partà Pise pour assister à une représentation d’Aï-

da, évènement qui sera déterminant pour sonavenir. Désormais, le jeune Puccini décidequ’il sera compositeur de théâtre lyrique. C’estainsi que le bel canto fait irruption dans lacomposition des pièces religieuses qu’il lui in-combe d’écrire. Il part ensuite pour le Conser-vatoire de Milan qu’il quitte au bout de troisans.

Hardiesses mélodiquesSon premier opéra à succès, Manon Lescaut

(1893) d’après le roman de l’abbé Prévost, estempreint de sentimentalisme, mais renfermede belles mélodies. Puis, à partir des anecdotesde sa propre autobiographie, Puccini composeLa Bohème (1896), son premier chef-d’œuvre,dans lequel il déploie une profusion de har-diesses mélodiques et harmoniques pour dé-crire avec réalisme, un pathétique bonheur. En1900, à Rome, il crée La Tosca, un drameamoureux aux sentiments forts et poignants.Mais Puccini n’est pas encore compris dansson pays : il ne compose pas de « grands airs »qu’attend le public italien habitué aux mor-ceaux choisis des opéras de Donizetti ou de

Verdi. Dans Madame Butterfly (1904), il ma-nie le pathos et le drame humain dans un cadreexotique, assorti d’accents wagnériens à l’or-chestre. L’accueil reste relativement réservé.Apprécié davantage à l’étranger (nul n’étantprophète dans son propre pays), il crée uneœuvre sur mesure pour le Metropolitan Opera

de New York : La Fille du Far West en 1910,qui fait un peu figure incongrue de « westernspaghetti » avant la lettre. En 1918, il compo-se un triptyque, dont le dernier volet Gianni

Schicchi, en un acte, est d’un grand raffine-ment orchestral et mélodique. Sa dernièreœuvre laissée inachevée à sa mort est Turan-

dot sur une légende chinoise. En effet, Pucci-ni mourut en 1924 laissant à son ami Alfano lesoin de terminer sa partition.

Un artiste ouvertContrairement à ses compatriotes de l’époque,Puccini était un artiste ouvert aux autres musi-ciens contemporains – Debussy, Ravel, Stra-vinsky – et l’orchestration wagnérienne se faitsentir dans ses plus grandes compositions. Sesœuvres sont souvent des mélodrames qui évo-luent néanmoins vers le vrai drame humain.« Il me faut mettre en musique des passions vé-

ritables, écrivit-il, il faut que je les sente,

qu’elles m’empoignent, me secouent. » C’estainsi que la musique de Puccini a toujours étéaccessible à tous : quelles que soient lesclasses sociales, on compatit aux souffrancesde son prochain, qui sont souvent portées jus-qu’au degré universel. La musique de Puccinicontient tout l’enthousiasme d’un esprit tour-né vers la jeunesse éternelle, ainsi que vers lecharme et la poésie de ces paysages toscans oùl’on peut observer une population qui balanceentre la force des sentiments et la légèreté dela commedia dell’arte. Il contribue à nous fai-re ainsi aimer l’âme de l’Italie et louer le Créa-teur pour avoir mis autant de diversité artis-tique sur notre planète Terre. !

Judith CABAUD

Giacomo Puccini (1858-1924)

DVDDÉCOUVERTEMission, Aventure, Découverte

Êtes-vous M.A.D. ? Si vous ne l’êtes pas enco-re, certainement le serez-vous après avoirdécouvert les quatre coffrets de Gedeon pro-duction destinés aux 6-12 ans. Une tranched’âge bien restrictive, car les courts métrages dechacun de ces coffrets retiendront tout autantl’attention des adultes que des plus jeunes. Maisalors, M.A.D. ? Rassurez-vous, il ne s’agit pasd’une maladie, mais simplement d’une sorted’acronyme qui signifie « Mission ; Aventure ; Dé-couverte ». Réalisée par Jean-François Bordier,cette série documentaire permet de partir à la dé-couverte de contrées inconnues ou d’animauxlointains sans oublier certains mystères de lascience ou de l’histoire. Bien racontés et adaptésà un large public, ces documentaires ont de quoi

séduire à la fois par les images et lanarration. J’ai été particulièrementconquis par La grande aventure del’exploration qui nous offre le plai-s i r , p a r e x e m p l e , d e s u i v r eAlexandre et Sonia Poussin dans

différents périples ou de découvrir l’hom-me qui parle aux loups. Un drôle de phé-

nomène. On sera évidemment beaucoup plus cir-conspect en ce qui concerne « Abel, notre an-cêtre », présenté dans La grande aventure de lascience, même si ce coffret ne se réduit pas à cedocumentaire. Il mérite d’être vu, enfants et pa-rents réunis, pour en discuter, et, au besoin, re-dresser quelques idées fausses qui pourraientnaître. Ou, plus simplement, pour répondre auxquestions qui ne manqueront pas d’apparaître.Benoît Maubrun

Gédéon, 14,99 ! env. chaque DVD.

HISTOIRE

Antonin DvorakAlain Chitil-Fani, Éric Baude

Publier un nouveau livre sur Dvorak quatreans après la somme de Guy Erismann (pa-rue chez Fayard, 506 p., 26 !) semble rele-ver de la gageure. L’angle d’approche est,il est vrai, moins ambitieux (malgré la cen-taine de pages d’index et de notes), puis-qu’il s’agit surtout de montrer les dimen-sions internationales du musicien et de laréception de son œuvre si enracinée dansson terroir natal. C’est peut-être sur sa ré-

ception en France et sur ses difficultés que les auteurs appor-tent des réflexions originales et les plus complètes – ce thèmeoccupe d’ailleurs près de la moitié de l’ouvrage qui eût gagnéà s’appeler Dvorak et la France. Ce livre intéressera ceux pourqui l’intime et l’universel, le local et le cosmopolite ne sontpas des contraires mais des pôles – l’art en est une desmeilleures preuves. Didier RanceBuchet-Chastel, 422 p. , 23 ".

HISTOIRE

TamerlanArnaud Blin

Guerrier hors du commun, avide d’étendreson empire, suivant en cela l’exemple de sonprédécesseur Gengis Kahn, ce n’est finale-ment qu’un monumental château de sableque le grand Tamerlan (1336-1405) aconstruit, par la force du glaive et de la reli-gion musulmane. Après avoir dû faire recon-naître son autorité, Tamerlan (ou Timour) selança dans deux grands chantiers : laconstruction et l’embellissement à tout prix

de sa cité, Samarcande, et les conquêtes. Redouté pour son in-vincibilité (ses conquêtes s’étendront sur plus de trois décen-nies, sans aucune défaite militaire), le raffinement de ses tor-tures et la monstruosité de ses carnages (ses pyramides detêtes sont restées célèbres), Tamerlan, qui laisse loin derrièrelui Alexandre le Grand ou Napoléon, ne sût cependant pasconstruire un empire stable. Cela explique son oubli relatifque comble cette biographie qui étudie tous les aspects de sonrègne et de son tempérament. Agnès CottonPerrin, 252 p., 20 ".

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25CULTURE chrétienneL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

E st-il plus difficile d’êtrepère, au sens de l’éduca-tion, aujourd’hui qu’il y

a quarante ou cinquante ans ?C’est parce que je me posaiscette question il y a trente-cinq ans que je suis allérendre visite à Marthe Robin.C’était en 1973, l’évolutionde la société me paraissait ca-tastrophique et j’avais besoinde conseils pour faire face. Jesuis resté cinquante-cinq mi-nutes à lui poser des ques-tions et à écouter ses réponsesd’un bon sens et d’une sages-se remarquables en mêmetemps que pleines d’espéran-ce. D’espérance totalementdépourvue d’optimisme béat,puisque sa première interven-tion fut pour me dire que je nepouvais pas imaginer jus-qu’où la société dégringole-rait en matière de mœurs, cequi s’est avéré indiscutable.Mais elle ne s’est pas api-toyée sur le sort de ce mal-heureux père de sept enfants,qui venait lui confier son in-quiétude. Comme saint Paul,elle était sûre que, là où le pé-ché abonde, la grâce surabon-de et donc que le défi éduca-tif était jouable. En outre, se-lon ses propres paroles :« Vous verrez, le renouveau

sera extraordinaire ! », m’a-t-elle dit, ce qui fait chaud aucœur.Mais, venons-en à l’un de sesconseils : modérez vos activi-tés extrafamiliales jusqu’à ceque votre petite dernière ait 10ans. Elle m’a même précisé,car elle savait à quel point ce-la est prenant : « Pas d’activi-

té politique avant dix ans ! ».Autrement dit, tout ce qui estmis en p lace en mat i è red’éducation dans les dix pre-mières années est capital et lerôle du père pour cette mise enplace est irremplaçable. Cen’est pas une question degrande quantité de temps pas-sée avec les enfants, même sicela n’est pas à négliger, maisde vigilance, de coopérationsans faille des deux parents,donc de dialogue au sein ducouple sur les règles du jeu àimposer aux enfants mais aus-si à expliquer quand l’enfant al’âge de raison. Contraire-ment à ce que beaucoup pen-sent, le rôle du père éducateurcommence dès les premières

semaines et les bonneshabitudes se mettent enplace dès la première an-née d’existence.

Une générationmanipuléeRevenons à la questionposée. Oui, la révolutionculturelle de mai 68 aplacé dans les médias, lemonde enseignant, lestravailleurs sociaux, lagénération manipuléepar les idéologues liber-taires de l’époque. Oui,la pensée dominante prô-ne consommation, jouissance,liberté sexuelle, loisirs, irres-ponsabilité et cela pèse sur lesadolescents. Raison de pluspour que les futurs époux seposent, avant de se marier, laquestion de l’éducation deleurs futurs enfants et dialo-guent sur les manques qu’ilsont pu observer dans la leur.Et puis relativisons quand mê-me les difficultés de notreé p o q u e c a r c e l l e s d e l aDeuxième Guerre mondiale etdes années immédiatementpostérieures ont égalementperturbé les familles et leurrôle éducatif, tant sur le planmatériel que sur le plan moral.

Ce qui est positif aujourd’hui,c’est que beaucoup de ques-tions sont mieux posées, sil’on va aux bonnes sources, enmatière d’autorité, de sexuali-té aux multiples dimensions,de l’importance de l’écoute,du dialogue, des langages del’amour mais aussi que lesépoux et les parents sont plusincités à la prière, à l’adora-tion, à une vie spirituelle quifavorise la grâce d’état. Alorschers pères, regroupez-vous,confortez-vous, priez, partezen pèlerinage, gardez l’espé-rance et que saint Joseph vousprotège. !

Père Yannik BONNET

Être père aujourd’huiQuestions au Père Yannik Bonnet

REVUENotes et documentsn° 9

Sous un titremodeste, l’Insti-tut internatio-nal JacquesMaritain dont le

siège social est en Italiepublie une revue quadri-mestrielle sous-titrée« pour une recherche per-sonnaliste ». On pourradiscuter, bien sûr, de cetteréduction à l’aspect per-sonnaliste de la penséede Maritain comme onpourra discuter égale-ment de l’ensemble decette pensée. Reste letravail entrepris et dontrend compte cette revue àtravers les articles qu’ellepublie. Dans ce numéro 9,on trouvera notammentun dossier sur la mondia-lisation et des comptesrendus de livres quiretiendront l’attention deceux qui évoluent, de prèsou de loin, dans l’orbitemaritanienne. Internatio-nale, cette revue publiedans la langue d’originedes auteurs.(Via Flavia, 104,I-00187, Rome, Italie).

À signaler

Saint Joseph, modèle despères de famille.

SOCIÉTÉLa cote argus desvaleurs moralesPaul Clavier

D’Absolu àVérité, lestermes aux-quels donnerune valeurmorale nemanquent

pas. Quelle valeur attribuerà la beauté… ou à lalaïcité ? Évitant les piègestrop faciles du cloisonne-ment et des raccourcistrompeurs, Paul Claviersigne là un ouvrage origi-nal qui donne matière àréflexion. Chaque terme estanalysé selon sa perceptionau cours des âges, n’hési-tant pas à faire appel àl’humour, aux dessins ou aux exemples concrets.Certains mots ont une cotede « recyclage » médiocre :par exemple, le dialoguequi tourne au monologuedéguisé ou la pauvreté souvent subie et le faitd’injustice. D’autres onttoute leur place dans notreXXIe siècle : la paix, la res-ponsabilité, la sagesse, oula beauté. Une autre façond’appréhender des termesque nous utilisons parfoissans discerner leur véritable portée. B.F.Presses de la Renais-sance, 350 p., 20 !.

BON DE COMMANDE

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Les confessions d’un converti

de Robert Hugh Beson,Éditions de L’HommeNouveau, 260 p., 15 !

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Fils du primat anglican, le pieux et réfléchi Robert Hugh Benson (1871-1914) étaitpromis aux plus hautes destinées tant sociales qu’ecclésiastiques. Mais sa quêteincessante de la vérité, née dès l’enfance, stimulée par les nombreux et fameuxretours à Rome d’anglicans de son temps, finit par lui faire découvrir la véritécatholique dans toute sa splendeur. La conversion de cet homme silencieux fitgrand bruit.

Dans ses Confessions d’un converti, ce prêtre catholique nous confie son chemi-nement spirituel parsemé de questions qui s’adressent aussi à notre proprefidélité. Un classique des récits de conversion enfin réédité !

Les confessions d’un converti de Robert Hugh Benson

Éditions deL’HommeNouveau

HN 14

23

Page 26: L'homme nouveau n° 1423

L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 200826 CULTURE chrétienne

Ora et laboraLa sainteté moderne

La sainteté de la petite Thérèse a étécomparée à un ouragan, au momentde sa canonisation. Par elle, la sain-

teté fait irruption brusquement dans lemonde moderne. Avec cette personnalitéspirituelle, le cloître fermé se montre ou-vert à l’apostolat en grand et lui permetde rayonner d’une façon nouvelle. MèreTeresa est, elle aussi, un ouragan qui sou-ligne la vitalité de la foi et fait réfléchir.Mais chez elle, on dirait la version symé-trique d’une contemplative égarée dansune vie hyperactive : le récent ouvragesur ses pensées spirituelles révèle de fa-çon inattendue une âme burinée par lanuit de la foi. La vie spirituelle en cesdeux saintes est ainsi débarrassée du griefd’égoïsme et d’enfermement sur soi. Lavie spirituelle est une vie en Dieu, leursainteté montre que, lorsqu’elle est telle,l’âme s’ouvre en grand à tout l’universsorti des mains de Dieu.

La valeur apostolique de la vie contemplativeAu XXe siècle nous avons en France deuxautres grands modèles prouvant la valeurapostolique de la vie contemplative et lanécessaire contemplation chez l’apôtreauthentique : Élisabeth de la Trinité etMarthe Robin. La première est morte en1906, après une brève vie religieuse, plusbrève encore que celle de la carmélite deLisieux. Marthe au contraire a duré : néequasiment avec le siècle, elle est décédéepeu avant 80 ans. La petite sainte de Li-sieux lui a apparu au moment de l’of-frande de sa maladie, lui demandant si el-le acceptait de prolonger sa mission.

C’est ainsi qu’au milieu de notre temps sitechnique, si mathématique et si exactdans le sens de ses perceptions, s’est im-posée cette existence où le primat du sur-naturel règne tranquillement, dans le dé-cor bucolique d’une cour de ferme, sansrien d’extraordinaire en dehors del’unique extraordinaire qu’est la vie deJésus qui vient en nous par les sacre-ments, une vie devenue un décalque de samort ouverte sur sa vie pascale, une pa-ralysie qui a parcouru le monde. Lecloître de cette femme si active, ce fut les

quelques mètres carrés de sa chambre, savie fut un long voyage immobile, quirend dérisoire le « voyage autour de machambre » de Proust enfermé dans sa ma-ladie.Un grand spirituel, Robert de Langeac,décrivait au siècle dernier en termes fortsimples la théologie spirituelle la plusclassique. En voici le processus : « L’âme

d’oraison se recueille, se sépare, se déta-

che, se mortifie, se renonce pour trouver

Dieu. Cette âme alors Le donne. Un cen-

tre lumineux en elle éclaire, une source

d’énergie se répand, un foyer d’amour

embrase. Ne vous inquiétez pas, ne cher-

chez comment cela se fera. Par le fait mê-

me que vous serez une âme d’oraison,

vous compterez parmi ces âmes vraiment

mortifiées et apostoliques qui répandent

dans le monde un peu plus de connais-

sance de Dieu, un peu plus de charité. »

Saint Augustin au Ve siècle encourageaitdéjà à « se cacher dans le visage de Dieu :

Purifiez votre cœur, afin que je puisse

vous signaler quel enfoncement secret se

trouve dans ce divin visage et que celui

que vous invoquez entre en vous… Si pen-

dant cette vie vous le recevez dans votre

cœur, après cette vie, il vous recevra dans

son visage ». Saint Paul qui a ouvert lebassin méditerranéen au Christ continuede dire à notre temps : « Votre vie véri-

table est cachée avec le Christ en Dieu. »

L’homme moderne s’épuise à ne croireque ce qu’il voit, alors que seule la foi pé-nètre dans les profondeurs de la vérité deDieu qui éclaire toute chose et lui donneson sens. !

Un moine

Élisabeth de la Trinité,un modèle de vie contemplative.

RELIGIONÉcrits mystiquesJulienne de Norwich

On a dit de Ju-lienne, reclusemédiévale,qu’elle fut lapremière fem-me de lettres

anglaise ; quant à ThomasMerton, il la considérait àl’égal de Newman au pre-mier plan des théologiensde ce pays. De fait, lesécrits de Julienne de Nor-wich nous livrent sous uneforme élégamment écrite àla fois le récit des visionsdont elle fut gratifiée et lafaçon dont elle les reçut etles comprit, bel exemple dethéologie vécue. Dessiècles avant sainte Thérèsede Lisieux ou sainte Fausti-ne, sœur Julienne a saisipar son expérience propreque l’amour de Dieu et samiséricorde envers chacunsont au fondement de sa re-lation avec nous, et que sonhumilité et sa courtoisie ledéfinissent non moins quesa puissance. Le père IvanMarcil, carme canadien,présente ici la richesse et lahardiesse de la recluse, enintroduction à une antholo-gie de textes de la versionlongue du Livre des Révé-

lations, dans la traductionpubliée en 1992 (Éd. duCerf). Didier RanceÉd. du Carmel, 151 p.,18 !.

>Spiritualité - Été 2008• Nuit d’adoration des Semeursd’Espérance le 13 juin (20 h) avecle frère Henri Quinson, sur« Moine des cités : de WallStreet aux quartiers nord deMarseille », à la paroisse Saint-Séverin (Paris Ve), entrée par le 3,rue des Prêtres. Rens. : RomainAllain-Dupré au 06 13 16 29 08 –[email protected] –http://www.semeurs.org

• Pèlerinage international prési-dé par Mgr Olivier de Berrangeret organisé par l’Institut catho-lique Édith Stein à Lourdes àl’occasion des 150 ans des appa-ritions et des 10 ans de la cano-nisation de sainte Thérèse Bénédicte de la Croix (ÉdithStein), du 6 au 10 août. Rens. :Institut Édith Stein, 6 bis, av. Pas-teur, 93140 Bondy. Bruno Ben, 0689 77 19 61 ou 01 48 11 97 09 –[email protected] –www.edithstein.fr.

• Cours de vacances par corres-pondance, français et mathéma-

tiques du CP à la 1re, révisionstructurée et préparation à laclasse supérieure, esprit catho-lique et pédagogie traditionnel-le. Programmes détaillés sur de-mande. Rens. et insc. : CoursSaint-Expédit, 35, rue des Cor-diers, 34660 Cournonsec. Tél. : 0467 85 49 52.

• 24e retraite itinérante de Bor-deaux (abbaye N.-D. du Rivet du1er au 15 août) ou de Mugron (ab-baye N.-D. de Maylis, du 6 au 15août) sur le thème « Voulez-vous me faire la grâce de venirici pendant 15 jours ? », dansl’esprit des pèlerins d’Emmaüs,organisée par Les Pèlerins del’Immaculée. Rens. : Associationdes Pèlerins de l’Immaculée, 19,av. Toulouse-Lautrec, 33740 Arès.Tél. : Bordeaux : 05 57 70 46 16,Toulouse : 05 61 20 19 90 ;Maylis : 05 58 79 40 30.

• Prochain rassemblement na-tional ENDJ du 10 au 16 juillet àNotre-Dame de La Salette sur le

thème : « Chrétien dans le mon-de, à la lumière de l’Évangile »,pour tous les jeunes de 17 à30 ans. Rens. : Équipes Notre-Da-me jeunes, 49, rue de la Glacière,75013 Paris – Tél. : 06 61 87 06 07ou Delphine : 06 63 80 53 55 –[email protected] – www.endj.fr

• Session d’été orga-nisée par l’IPC-Facul-tés Libres de Philoso-phie et de Psycholo-gie du 25 au 29 août,pour tous, animéepar M. Boyancé, B. Mathonat,E. Brochier. Thème desjournées : « L’homme, dansquelle lumière ? », « L’homme,pour quel amour ? », « Quellesociété pour l’homme ? »,« Les questions de l’homme à travers l’histoire ». Rens. etinsc. : C. de Maupeou, IPC,70, av. Denfert-Rochereau,75014 Paris. Tél. : 01 43 35 38 50– Fax : 01 43 35 59 80 – ipc.in

[email protected] – www.ipc-asso.com

• Festival Saint-Jean, organisépar la Communauté Saint-Jeandu 19 au 24 août, à Saint-Quen-tin-sur-Indrois (Indre-et-Loire)sur le thème : « Je suis venu je-ter un feu sur la terre » (Lc 12,49), pour les jeunes de 16 à30 ans. PAF : 139 ! (formule stu-dium : 154 ! ; formule w.-e. :72 !). Préparation du FestivalSaint-Jean 2008 du 4 au 27 aoûtà Saint-Quentin-sur-Indrois(Indre-et-Loire), pour les jeunesde 16 à 30 ans. Camps proposés :musique (animation desmesses), Fra Angelico (décora-tion du site et service de litur-gie), technique (montage desinstallations et service de sécu-rité). Rens. : Festival Saint-Jean,Les Roches, 37310 Saint-Quentin-sur-Indrois. Tél. : 02 47 92 28 17ou 06 34 95 34 84 – [email protected] – www.festival-saint-jean.com

• L’association Saint-Jean-Révé-lateur propose : « Mission Ar-ménie » pour étudiants du 7 au

28 juillet ; Camp 15-20 ans « Co-médie musicale » du 4 au 28juillet sur le thème de la vie duPr Jérôme Lejeune ; Camp 15-20ans louanges « Hosanna » du 6au 27 août ; Camp 15-20 ans ci-néma « Saint & Teaser » du 9 au27 août ; Camp 15-20 ans sport« Canöe & Escalade » du 12 au 27août ; Rassemblement de jeunes« Campus révélateur d’été », les25-27 août. Rens. : P. Jean MarieLuc, Prieuré Claire de Castelbajac,16370 Richemont. Tél. : 05 45 3645 30 – www.revelateur.org – [email protected]

• Camp-pèlerinageà Assise et Romedu 26 août au 1er

septembre pourjeunes de 18 à25 ans organisépar les Serviteurs de Jésus et deMarie. Coût : 440 !.Rens. et insc. : Père Éric,Abbaye Notre-Dame,60138 Chiry-Ourscamp,tél. : 03 44 75 72 03.

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27CULTURE chrétienneL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

C’est entendu : il faut seméfier des modes. Etmême des coups de

cœur. Il est exact que l’écolo-gie est à la mode depuis denombreuses années. Le thèmeest régulièrement recyclé,afin de se revêtir du manteaude la nouveauté si nécessairedans notre société de consom-mation. C’est vrai aussi quenous avons eu un « coup decœur » pour le dernier livre dePatrice de Plunkett, L’Écolo-gie, de la Bible à nous jours,pour en finir avec les idées re-çues. En le signalant dans ledernier éditorial de L’HommeNouveau, il s’agissait surtoutd’alerter nos lecteurs sur lanécessité de se réappropriernotre propre patrimoine et dedépasser le cli-vage mondain.Ce dernier vou-drait que l’éco-l o g i e s o i t d egauche et queles défenseursde l’orthodoxiecatholique soitde droite et seulement ouvertaux questions de défense de lavie. Il faut avouer, malheu-reusement, que la réalité tra-duit cette perception. À tort,comme le montre le livre dePatrice de Plunkett. Mais l’in-térêt de ce livre ne se limitepas à ce seul aspect. C’est cequ’il convient de détailler ici. Et d’abord par une explicationdu terme d’écologie. On en-tend par là habituellement ladéfense de l’environnement etle respect de la nature. Depuisquelques années, on ignoremoins l’homme à ce sujet eton l’intègre de plus en plusdans cette vision écologiquedu monde. Dans son livre, Pa-trice de Plunkett montre bienla place qu’occupe la naturedans le patrimoine chrétien,depuis la Bible jusqu’aux ré-centes déclarations des papesen passant par la réalité de ceque l’on nomme impropre-ment le « Moyen-Âge ». Cefaisant, il répond à une objec-tion courante dans le mondeécologiste au sens large selonlaquelle c’est l’homme occi-dental chrétien qui a détruit

l’équilibre dela planète. Ilfallait s’atta-quer à cettequestion et lefaire à fond.Il ne suffitpas en effetd e b a l a y e rd’un reversde main lesoppositionsqui nous sontfaites. Dansun livre passionnant consacréà la révolte des Luddites (cf.L’H.N. n° 1409), KirkpatrickSale, qui se définit lui-mêmecomme un « biorégionaliste »,n’hésite pas à mettre en causele monothéisme chrét iencomme source de la catas-

trophe moderne.On voit là la li-mite d’une partiede l’écologie quisemble ignorerla révolution dela Renaissance etdes Lumières, etqui ne connaît

visiblement pas la cohérenceinterne du christianisme, dèslors qu’on ne le confond pasavec certains de ses résidus.

Les vrais responsablesEt de ce fait, le grand intérêtdu livre de Patrice de Plun-kett, c’est qu’il démontre fi-nalement que l’écologie ne seréduit pas à une simple défen-se de l’environnement ou dela nature, mais qu’elle intègreune vision générale de l’hom-me et de la vie en société. Iln’est donc pas possible que lechrétien reste silencieux surce sujet. C’est, si l’on veut, lapartie ad intra de son ouvra-ge. Mais il est aussi nécessai-re de montrer les vrais res-ponsables de l’univers danslequel nous vivons. Et c’est ensomme la partie ad extra deson étude. Il est évident, bien sûr, que celivre n’est pas organisé selondes cloisons aussi étanches etabsolues. Bien des chrétiensseront surpris de découvrir, ceque nous répétons nous-mêmes depuis longtemps (iciou sur le blog Cælum et ter-

ra), la responsabilité du libé-ralisme dans le bouleverse-ment qui touche notre mondeaujourd’hui. Ils seront éton-nés de la réponse chrétienneapportée dès le XIXe siècle etde manière très concrète, aus-si bien en France qu’à l’étran-ger. Je regrette juste l’oubli ducourant distributiste anglo-saxon (malgré une citation deChesterton), qui trouve unnouvel écho aujourd’huioutre-Atlantique en raisonnotamment de sa préoccupa-tion de la nature et des pau-vres. De la même façon, le non-chrétien ne pourra être insen-sible à la totalité de la visionchrétienne sur l’homme et laCréation, dès lors qu’ellen’est plus polluée – c’est lecas de le dire – par des idéo-logies séculières, qui non seu-lement n’ont rien à voir avecelle, mais qui sont nées contreelle. Au terme de son ouvrage,dans un chapitre absolumentessentiel, Patrice de Plunkettappelle à une véritable « théo-logie de la libération ». Par pi-tié, ne fronçons pas les sour-cils, en souvenir d’anciennesheures passées. C’est à un re-tour à l’intégrité du messagechrétien que l’auteur nous in-vite. Un message tellementriche que nous en oublionsdes pans entiers. Encore unefois, il faut lire ce livre. D’ur-gence ! !

Philippe MAXENCE

Éd. de l’Œuvre,328 p., 20 !.

L’écologie : pour en finir avec les idées reçues

Essai Mots croisésHorizontalement1. Proéminent. 2. On neveut plus les connaître– Change. 3. Examenmédical. 4. Plaça dansle mauvais sens – Pourle Romain, c’était unequestion de lieu.5. Cal-me, quiétude, détente.6. Attire l’attention –Tenue haute, pour fai-re payer cher. 7. En-tendre – Ne peut pasattendre. 8. Enlève-ment brutal – Le plusfort – À l’envers : filetde lumière. 9. Épuise –Attendri.10. Artisan dubois – Pronom. 11. Note – Conjonction – Grand pour la danseuse.

VerticalementA. Ce n’est pas de la haute couture. B. Contes – Vêtement liturgique.C. Mot qui imite le son de l’objet qu’il représente. D. Est couché la tê-te en bas – Note – Théâtre japonais. E. Tordu et tout de travers – Leculotté n’en manque pas. F. Quand on est dedans, quoiqu’il en pa-raisse, ce n’est pas très confortable ! G. Il fait vivre, dit-on – Endroittouristique. H. Indispensable à la vie – Démonstratif inversé. I. Alliée– Grosse pagaille dans le tour d’Italie. J. Dépouillée – Apporter de lajoie. K. Personnel – Firent naître.

(La solution au prochain numéro)Solution du n° 1422 daté du 24 mai 2008

Horizontalement : 1. Acrobaties. 2. Baisemain. 3. Abbayes – Tag. 4.To – Pore. 5. Activement. 6. Rhésus – Unis. 7. Damné – Ptose. 8. Iroi-se – Ial. 9. Diurne. 10. Jeu – Tilt – St. 11. Essartées.Verticalement : A. Abâtardi – Je. B. Cabochardes. C. Rib – Temo – Us.D. Osa – Isnia. E. Bey – Vues – Tr. F. Amenés – Édit. G. Tas – Île. H. II –Peut – Ute. I. Entonnoir. J. Artisans. K. Âge – Selèts.

123456789

A B C D E F G H I J

1011

K

en page 23 de votre journal.

“Le chrétienne peut rester

silencieux.”

Page 28: L'homme nouveau n° 1423

Quatrième de sept en-fants, Catherine Scherer estnée le 31 octobre 1825 àMeggen, au bord du lac desQuatre-Cantons (Suisse) aumilieu d’un grandiose décorde montagnes. De bonne heu-re on lui apprend à vaquer à depetits travaux domestiques, àaider au jardin et aux champs,à vivre dans la frugalité et lasimplicité. Le 15 février 1833,son père est enlevé de ce mon-de par une pneumonie fou-droyante. Catherine est con-fiée à des parents – deux frèrescélibataires dont l’un est sonparrain – et se sépare donc desa mère et de ses frères et

sœurs qui habitent, cepen-dant, le même village de Meg-gen.Catherine n’est pas une petitefille modèle : « J’étais bavar-

de, distraite, dissipée, avoue-ra-t-elle plus tard avec sincé-rité… J’étais irritable, encli-

ne à la colère. J’aimais les

beaux habits, j’éprouvais du

plaisir à être louée. J’ai sou-

vent répliqué et désobéi à la

servante. » Toutefois, elle estintelligente, consciencieuse,douée d’une excellente mé-moire, et l’étude ne lui causeaucune difficulté. « J’aimais

les sermons, écrit-elle encore,et je fréquentais les sacre-

ments quand j’en avais l’oc-

casion ».

À l’âge de 16 ans, elle partpour Lucerne. « Le curé de la

paroisse ainsi que ma mère,

mon frère et ma sœur aînés,

écrira-t-elle, connaissant ma

vivacité, ma vanité et l’amour

que j’avais pour la musique,

décidèrent de m’éloigner de

chez mon parrain et me con-

fièrent aux Sœurs hospitaliè-

res de Besançon, à Lucerne,

où je ne me rendis qu’à con-

trecœur ». Ses débuts à l’hô-pital sont pénibles. Employéecomme aide-soignante, elle setrouve sans cesse en face de lasouffrance et de la mort. Unefoule de questions lui vien-nent à l’esprit. La rigoureusemonotonie d’un horaire etd’un règlement sévère l’écra-se. Le dégoût et le surmenageprovoquent une crise. Mais unjour, par une intervention de lagrâce divine, la lumière se faitdans son âme : « Je commen-

çai à prier davantage, et je

m’approchai plus souvent des

sacrements ». Un changementradical se produit : elle sur-monte ses répugnances ettrouve de la joie dans le dond’elle-même au service desmalades.

Le père ThéodoseTrois ans passés à l’hôpitalmûrissent la jeune fille. Enjuillet 1844, elle fait un pèle-rinage à l’abbaye bénédictined’Einsiedeln, y réfléchit sé-rieusement sur le choix de savocation et peu après, prend ladécision d’entrer dans unordre religieux actif. Or, uncapucin du couvent d’Altdorf,le père Théodose, apôtre aucœur de feu, est en train demettre sur pied une commu-nauté féminine qui répondraitaux dés i rs de Cather ine .« Avant 1839 déjà, écrira-t-il,j’avais conçu le dessein de

remplacer l’enseignement an-

tireligieux par une éducation

chrétienne catholique ; de fai-

re donner aux pauvres, aux in-

digents, aux détenus, par l’in-

termédiaire de congrégations

religieuses adaptées aux be-

soins du pays, une assistance

reposant sur les principes de

la foi et de la charité chré-

tiennes ». Ce projet du pèreThéodose veut répondre à unlaïcisme virulent installé auxpostes de direction de la Con-fédération suisse qui suppri-me impitoyablement les éco-les catholiques et les commu-nautés religieuses.Le 5 octobre 1844, Catherinerencontre le père Théodose etdécide de s’engager dans sanouvelle congrégation auprintemps suivant. Sa famille

L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 200828 FIGURES spirituelles

Décédée le 16 juin 1888, après plus de 40 ans devie de religieuse, mère Marie-Thérèse Scherer

(1825-1888) aura dû surmonter bien des épreuvesavant de pouvoir asseoir sa jeune congrégation

des Sœurs de Charité de la Sainte-Croix,consacrée aux pauvres et aux malades.

“La force intérieure de mère

Marie-Thérèse lui vient de sa vie

spirituelle.”

De l’Eucharistie aux pauvres

Mère Marie-Thérèse Scherer

Repères>31 octobre

1825Naissance à Meggen, enSuisse.

>Octobre1845

Sœur Marie-Thérèse pro-nonce ses vœux chez lesSœurs de la Sainte-Croix.

>13 octobre1857

Mère Marie-Thérèse estélue supérieure généraledes Sœurs de Charité de la Sainte-Croix d’Ingenbohl.

>16 juin1888

Décès de mère Marie-Thérèse d’un cancer. Ellesera béatifiée le 29 oc-tobre 1995.

>ContactMaison provinciale des Sœurs d'Ingenbohl,Ch. des Kybourg 20,CH-1700 [email protected]

Page 29: L'homme nouveau n° 1423

29juge la décision imprudente,mais devant sa détermination,on accepte de la laisser partir.Le 27 juin 1845, elle part avecune compagne faire son novi-ciat à Menzingen où le pèreThéodose a ouvert une écoleavec trois jeunes filles qui ontinauguré sa famille religieuse,les « Sœurs de la Sainte-Croix », dans l’esprit du Tiers-Ordre de saint François, sousla direction d’une supérieure,mère Marie-Bernarde. Cathe-rine prend le nom de sœur Ma-rie-Thérèse. Son temps de no-viciat lui permet de mieuxprendre conscience de ses dé-fauts : « À cet te époque,confesse-t-elle, mes défautsprincipaux étaient la suscep-tibilité, l’orgueil et la vani-té ». Elle apprend à connaîtreDieu plus profondément et àvivre en sa présence.

InstitutriceÀ la fin d’octobre 1845, lescinq religieuses prononcentleurs premiers vœux. Aussitôtaprès, sœur Marie-Thérèse estenvoyée fonder une école àGalgenen, en compagnied’une autre Sœur. Pédagogue-née, sœur Marie-Thérèse seforme avec bonheur et succèsà son emploi d’institutrice.Toutefois, devant faire la clas-se et le ménage, tout en occu-pant ses loisirs à l’étude per-sonnelle, ses forces physiquess’épuisent rapidement. « Jedevenais scrupuleuse, dit-elle, j’étais accablée de pei-nes intérieures et, me croyantperdue, je ne pouvais assez memortifier ». Elle tombe mala-de et doit rentrer à Menzin-gen. Là, elle retrouve un peude paix intérieure et passeavec succès l’examen d’Étatpour l’enseignement. Dans lesannées qui suivent, elle estnommée dans diverses mai-sons ; partout elle se fait ap-précier par son énergie, sontravail consciencieux et sabonne humeur.Le 1er mars 1852, à l’appel dupère Théodose, sœur Marie-Thérèse est envoyée à Coirepour prendre en main un petithôpital fondé par le Père. Lamaison où est installé l’hôpi-tal ne convient pas : il va doncfalloir bâtir, mais on ne possè-de ni terrain, ni fonds. Avec une énergie peu ordinai-re et un grand talent d’organi-sation, la Mère s’occupe de laconstruction du nouveau bâti-ment, au milieu d’obstacles detoutes sortes et d’accablanteshumiliations. Elle composepour ses sœurs appelées à soi-

gner les malades, une prièredont voici un extrait : « Sei-gneur, qu’elles voient dans lespauvres et les malades, vosfrères ! Qu’elles les aiment detout leur cœur, les assistent in-lassablement avec joie, sup-portent leurs défauts et leursplaintes avec patience, ren-dent le bien pour le mal, res-tent, malgré toutes les diffi-cultés, humbles, simples,obéissantes et pures, et sup-portent leurs souffrances paramour pour Vous, mon Dieu,et pour le salut de leursâmes ». La pauvreté du nou-vel hôpital est grande et les re-ligieuses font passer les be-soins des malades en priorité ;aussi, certains jours, les sœursendurent-elles la faim.En 1855, le père Théodose dé-cide l’achat de la colline quidomine le village d’Ingen-bohl, en Suisse centrale, poury établir la Maison Mère dessœurs. Le 13 octobre 1857,mère Marie-Thérèse est éluesupé r i eu re géné ra l e desSœurs de Charité de la Sainte-Croix d’Ingenbohl.

Activités et prièrePuis viennent des annéesd’activité débordante où lesfondations se succèdent. Poursou ten i r l ’ apos to l a t dessœurs, le père Théodose intro-duit à Ingenbohl l’adorationperpétuelle du Très Saint Sa-crement. Mère Marie-Thérèsepuise dans l’Eucharistie unevie spirituelle toute simple.Ce qui compte à ses yeux,c’est l’amour qui dirige l’ac-tion, la fidélité au devoird’état, la charité fraternelle.« Il faut prier avec ferveur,dit-elle, et s’habituer à menerune vie intérieure intensedans toutes les circonstancesde la vie, sans pour autantprendre un visage de carê-me ».Mère Marie-Thérèse manifes-te une grande bonté de cœur.Elle sait qu’un malheureux at-tache plus d’importance auxégards avec lesquels il est re-çu qu’aux biens matériels quilui sont donnés. Les épreuves se succèdent. Enaoût 1872, pour remplacer lesuccesseur du père Théodosequi vient de mourir, un nou-veau supérieur, le père Paul,capucin, est nommé à Ingen-bohl. Mais bientôt ce Pèreconçoit le projet de transfor-mer la Congrégation pour larendre plus contemplative etcherche à gagner à ses vuesl’évêque, ses propres supé-rieurs capucins, les sœurs et

les novices. Il visite plusieursmaisons des sœurs et jette par-tout le trouble dans les âmes.La Mère générale, souvent envoyage, ne se rend compteque peu à peu de la situation.Avec beaucoup d’égards, elleaffirme au Père son désaccordau sujet des mesures qu’ilprend. Celui-ci s’entêtantdans ses vues, mère Marie-Thérèse adresse à son évêqueune lettre de renonciation à sacharge de supérieure. Le pré-lat accepte la démission.« Pensons à notre Sauveur etaux innombrables offensesqu’Il reçoit chaque jour, écritla Mère à l’une de ses filles.On ne me traite pas mieux,comme vous devez le savoir.Peu importe, on ne peut con-tenter tout le monde. Pourvuque Dieu soit content denous ! » Cependant, des péti-tions émanant non seulementdes religieuses, mais de prê-tres et de très nombreuses per-sonnalités importantes sontadressées à l’évêque, récla-mant le maintien de la Mère.En juillet 1873, un conseillerecclésiastique est nommépour examiner l’affaire ; sonrapport se conclut ainsi :« L’idée du père Paul est ir-réalisable au point de vue ca-nonique, et, au point de vuepratique, plutôt pernicieuse ».Éclairé, l’évêque rétablit mè-re Marie-Thérèse dans sesfonctions de supérieure géné-rale et le père Paul est muté.Toute sa vie, la Mère a dû sup-porter des ennuis de santé :rhumatisme aigu, varices, ma-ladie de foie… Dans le cou-rant de 1887, un médecinconstate une tumeur cancé-

reuse à l’estomac. Le 1er mai1888, elle reçoit les dernierssacrements. Ses derniers jourssont particulièrement doulou-reux. Le 16 juin au soir, elleentre en agonie puis exhalepaisiblement le dernier soupira p r è s a v o i r m u r m u r é :« Ciel… Ciel ! »La Congrégation des Sœursde Charité de la Sainte-Croixcomptait à la mort de sa fon-datrice 1 658 religieuses tra-vaillant dans plusieurs pays etréparties dans 434 établisse-ments : écoles, orphelinats,crèches, garderies d’enfants,

instituts pour sourds-muets,pour aveugles, pensions pourapprentis et étudiants pau-vres, maisons d’accueil pourjeunes filles, hôpitaux, infir-mières à domicile, maisonsd’aliénés, asiles pour per-sonnes âgées…« Marie-Thérèse demeurepour nous un exemple, disaitle pape Jean-Paul II, lors de labéatification de la Mère. Saforce intérieure lui vient de savie spirituelle ; elle passe denombreuses heures devant leSaint Sacrement ». !

Un moine bénédictin

FIGURES spirituellesL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

ExtraitsL’Église a toujours reconnu une saine laïcité de la société civile, c’est-à-dire la distinction entre le pouvoir temporelet le pouvoir spirituel, chacun s’exerçantdans son domaine. Mais le laïcisme, quiveut ne pas tenir compte de Dieu et dela religion en dehors du cadre de la vieprivée, est une grave erreur, contraire à la vérité et au bien de l’homme ainsique de la société. «On se trompe, écritle pape Jean-Paul II, lorsqu’on pense quela référence publique à la foi peut porteratteinte à la juste autonomie de l’Étatet des institutions civiles, ou bien que celapeut même encourager des attitudes d’intolérance» (Mane nobiscum Domine,7 octobre 2004).Le 20 octobre 1939, le pape Pie XII écrivait déjà : « Vénérables frères, peut-il

y avoir un devoir plus grand et plus urgent que d’annoncer les insondables richesses du Christ (Ép 3, 8) aux hommesde notre temps ?… À l’entrée du cheminqui conduit à l’indigence spirituelle etmorale des temps présents, se trouventles efforts néfastes d’un grand nombred’hommes pour détrôner le Christ,l’abandon de la loi de la vérité,qu’Il annonça, de la loi de l’amour,qui est le souffle vital de son règne.La reconnaissance des droits royaux du Christ et le retour des individus et de la société à la loi de sa vérité et de son amour sont la seule voie de salut… » (Pie XII, Summi Pontificatus).C’est cet esprit païen, déjà à l’œuvre au XIXe siècle, que le père Théodose entendait combattre.

Laïcité et laïcisme

>Retraites• Sous la direc-tion des pères del’abbaye Saint-Jo-seph de Clairval :Exercices Spiri-tuels pourhommes à partirde 17 ans du 13 au 18 juin (àCotignac, 83), du 25 au 30 juinet du 11 au 16 juillet à l’ab-baye Saint-Joseph de Clairval.Rens. et insc. : Abbaye Saint-Joseph de Clairval, ExercicesSpirituels, 21150 Flavigny-sur-Ozerain. Tél. : 03 80 96 22 31 –Fax : 03 80 96 25 29 – [email protected] – www.clairval.com

• Retraites de discernementpour jeunes filles du 21 au 26juillet à Chabeuil (Maison deNazareth, 26120) et du 28juillet au 2 août par l’ŒuvreCPCR à Bieuzy-Lanvaux (Mai-son N.-D. de Fatima, 56330).Rens. : 04 75 59 00 05.

• Retraites en silence selon laméthode des exercices spiri-tuels de saint Ignace de Loyo-la pour tous (à partir de

17 ans) du 7 au 11 juillet à Ars,pour hommes et jeunes gens(à partir de 17 ans) du 26 au 31juillet à l’abbaye Notre-Damede Fontgombault, prêchéespar les abbés Dor et de Servi-gny de la Fraternité Saint-Pierre. Rens. et insc. : Abbé G.de Servigny, Maison Saint Do-minique Savio, 14, rue desMoines, 78000 Versailles. Tél. :01 30 83 95 42 – [email protected]

• Retraite avec le père Eugè-ne, pallottin, sur « La Miséri-corde divine d’après le PetitJournal de sainte Faustine Ko-walska » du 17 au 21 sep-tembre au Couvent Saint-Marc, 68420 Gueberschwihr.Rens. et insc. : Tél. : 03 89 4922 98 – fax : 03 89 49 39 68.

• À l’abbaye Sainte-Madelei-ne du Barroux, retraite pourmessieurs à partir de 20 ansdu 7 au 12 novembre, prêchéepar deux Pères. Lieu et rens. :Abbaye Sainte-Madeleine,84330 Le Barroux – [email protected]

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A u j o u r d ’ h u i , n o u savons écouté un passage duLivre de l’Exode dans lequel– chose absolument excep-tionnelle – Dieu proclamason nom ! (…) Son nom estMiséricorde, Grâce, Fidélité.(…)Chers amis, en me trouvant icià Savone, comment ne pas meréjouir avec vous pour le faitque ce nom est justement ce-lui avec lequel s’est présentéela Vierge Marie, en apparais-sant le 18 mars 1536 à un pay-san, fils de cette terre ?« Notre-Dame de Miséricor-de » est le titre par lequel Elleest vénérée – et d’Elle nousavons, depuis quelques an-

nées, une grande effigie aussidans le Jardin du Vatican.Mais Marie ne parlait pasd’elle, elle ne parle jamaisd’elle, mais toujours de Dieu,et elle l’a fait par ce nom an-cien et toujours d’actualité :miséricorde, qui est synony-me d’amour, de grâce. C’estici toute l’essence du christia-nisme, parce que c’est l’es-sence de Dieu lui-même. Dieuest Un puisqu’il est tout etseulement amour, mais juste-ment en étant amour il est ou-verture, accueil, dialogue ; etdans sa relation avec nous,hommes pécheurs, il est misé-ricorde, compassion, grâce,pardon. Dieu a créé tout pour

l’existence et sa volonté esttoujours et seulement la vie.Pour ceux qui sont en danger,il est le salut. Nous venons del’entendre dans l’Évangile de

Jean : « Dieu a tant aimé le

monde qu’il a donné son Fils

unique, afin que quiconque

croit en lui ne se perde pas,

mais ait la vie éternelle » (Jn3,16). Dans ce don de Dieu enla Personne de son Fils, la Tri-nité est à l’œuvre : le Père quimet à notre disposition cequ’il a de plus cher ; son Filsqui, en accord avec son Père,se dépouille de sa gloire pourse donner à nous ; l’Esprit quisort de l’union divine paci-fique pour irriguer les désertsde l’humanité.

Le « oui » de MarieGrâce à cette œuvre de sa mi-séricorde, Dieu, étant prêt àprendre notre chair, a vouluavoir besoin d’un « oui » hu-main, du « oui » d’une femmequi devenait la Mère de sonVerbe incarné, Jésus, le visa-ge humain de la divine Misé-ricorde. Marie est devenueainsi et reste à jamais la « Mè-re de la Miséricorde », commeelle s’est fait connaître ici mê-me, à Savone.Au cours de l’histoire del’Église, la Vierge Marie n’afait qu’inviter ses enfants à re-venir à Dieu, à se confier à Luidans la prière, à frapper avecconfiance à la porte de sonCœur miséricordieux. En vé-rité, Lui ne désire rien d’autreque déverser sur le monde lasurabondance de sa grâce.« Miséricorde et justice » a

imploré Marie, en sachantqu’elle aurait certainementtrouvé écoute auprès de sonFils Jésus, mais tout aussiconsciente de la nécessité dela conversion du cœur des pé-cheurs. C’est pourquoi, elle ainvité à la prière et à la péni-tence. Par conséquent, ma visite àSavone, le jour de Très SainteTrinité, est d’abord un pèleri-nage, grâce à Marie , auxsources de la foi, de l’espé-rance et de l’amour. Un pèle-rinage qui est aussi mémoireet un hommage à mon vénéréprédécesseur Pie VII, dont ledramatique évènement est in-dissolublement lié à cette vil-le et à son sanctuaire marial. À deux siècles de distance, jeviens renouveler l’expressionde la reconnaissance du Saint-Siège et de toute l’Église pourla foi, l’amour et le courageavec lequel vos concitoyenssoutinrent le pape dans sa ré-sidence forcée, imposée parNapoléon Bonaparte, à Savo-ne. On conserve de nombreux té-moignages des manifestationsde solidarité rendues au Saint-Père par les Savonesi, parfoismême avec un risque person-nel. Ce sont des évènementsdont les Savonesi peuvent fai-re mémoire avec fierté. Cettepage obscure de l’histoire del’Europe est devenue, par laforce de l’Esprit Saint, riche

L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

Notre-Dame de Savone ou la Vierge de la Miséricorde est apparue à un vieux paysan, le 18 mars 1536. Elle suppliait son Fils de faire miséricorde au monde.

>Le pain de vie

O n célèbre aujourd’hui en Italie etdans différents pays la solennité duCorpus Domini, déjà célébrée jeudi

dernier au Vatican et dans d’autres nations.C’est la fête de l’Eucharistie, don merveilleux du Christ qui au cours de la Dernière Cène a voulu nous laisser le mémorial de sa Pâque,le sacrement de son Corps et de son Sang,gage d’amour immense pour nous. Il y a unesemaine nos regards étaient attirés par lemystère de la Très Sainte Trinité. Aujourd’hui,nous sommes invités à fixer notre regard surla sainte Hostie : c’est le même Dieu ! Le même Amour ! C’est la beauté de la véritéchrétienne : le Créateur et Seigneur de toutechose s’est fait « grain de blé » pour être se-mé dans notre terre, dans les sillons de notrehistoire ; il s’est fait pain pour être rompu,partagé, mangé ; il s’est fait notre nourriturepour nous donner la vie, sa vie divine.Il naquit à Bethléem qui en hébreu signifie« Maison du pain », et quand il commença àprêcher aux foules il révéla que le Père l’avaitenvoyé dans le monde comme « pain vivantdescendu du Ciel », comme « pain de la vie ».L’Eucharistie est école de charité et de solida-rité. Celui qui se nourrit du Pain du Christ nepeut rester indifférent devant celui qui,

aujourd’hui encore, est privé du pain quotidien. De nombreux parents ontdu mal à se le procurer pour leurs enfants etpour eux-mêmes. C’est un problème de plusen plus grave, que la Communauté interna-tionale a beaucoup de difficulté à résoudre.L’Église non seulement prie – « donne-nousaujourd’hui notre pain de ce jour » – mais,à l’exemple de son Seigneur, s’engage par tous les moyens à « multiplier les cinqpains et les deux poissons » à travers d’innombrables initiatives de promotion humaine et de partage, afin que chacun reçoive ce dont il a besoin pour vivre.Chers frères et sœurs, que la fête du CorpusDomini soit une occasion pour accroître cetteattention concrète envers nos frères, spéciale-ment les pauvres. Que la Vierge Marie nousobtienne cette grâce, elle dont le Fils de Dieua pris sa chair et son sang, comme nous le ré-pétons dans un célèbre hymne eucharistiquemis en musique par les plus grands composi-teurs : « Ave verum corpus natum de MariaVirgine » qui se termine par l’invocation :« O Iesu dulcis, o Iesu pie, o Iesu fili Mariae ! ».Que Marie, qui en portant Jésus dans son seinfut le « tabernacle » vivant de l’Eucharistie,nous transmette sa foi dans le saint mystèredu Corps et du Sang de son divin Fils, afinqu’il soit vraiment le centre de notre vie.

HOMÉLIE DU 17 MAI À SAVONESon nom est miséricorde30 MAGISTÈRE

Benoît XVI s’est rendu à Savone et Gênes à lami-mai. Savone a été le théâtre d’apparitionsde la Vierge mais également de la résistancedu pape Pie VII, à des pressions politiques et militaires. Ce fut l’occasion pour le Pape de rappeler la nécessité de la fermeté dans la foi face aux défis du monde.

Angélus du 25 mai

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31de grâces et d’enseignements,même pour notre époque. Ellenous enseigne le courage pouraffronter les défis du monde :matérialisme, relativisme, laï-cisme, sans jamais céder à descompromis, disposés à payerde sa personne pour rester fi-dèles au Seigneur et à sonÉglise. L’exemple de fermetésereine donné par le papePie VII nous invite à conserverinaltérée dans les épreuves, laconfiance en Dieu, conscientsque, s’il permet pour son Égli-se des moments difficiles, il nel’abandonne jamais. (…)

Un message d’espéranceL’apparition de la Vierge, dansun instant tragique de l’his-toire de Savone et de l’expé-rience terrible que le Succes-seur de Pierre affronta ici, con-court à transmettre aux géné-rations chrétiennes de notretemps un message d’espéran-ce, encourage à avoir con-fiance dans les moyens de lagrâce que le Seigneur met ànotre disposition dans chaquesituation. Et parmi ces moyensde salut, je voudrais rappelerd’abord la prière : la prièrepersonnelle, familiale et com-munautaire. Dans la fête de laTrinité d’aujourd’hui, je sou-haite souligner la dimensionde la louange, de la contem-plation, de l’adoration. Je pen-se aux jeunes familles et vou-drais les inviter à ne pas avoirpeur d’expérimenter, depuisles premières années de leurmariage, un style simple deprière domestique, favorisantla présence des jeunes en-fants, très portés à s’adresserspontanément au Seigneur età la Vierge Marie. J’exhorteles paroisses et les associa-tions à donner du temps et del’espace à la prière, car les ac-tivités sont pastoralement sté-riles, si elles ne sont pas pré-cédées, accompagnées et sou-tenues constamment par laprière.Et que dire de la célébrationeucharistique, spécialementde la messe dominicale ? LeJour du Seigneur est juste-ment au centre de l’attentionpastorale des évêques ita-liens : le dimanche doit êtreredécouvert dans sa racinechrétienne, à partir de la célé-bration du Seigneur Ressusci-té, rencontré dans la Parole deDieu et reconnu en rompant lePain eucharistique. Et ensuite,le sacrement de la Réconcilia-tion demande d’être réévaluécomme moyen fondamentalpour la croissance spirituelle

et pour pouvoir affronter avecforce et courage les défis ac-tuels. Par la prière et les sa-crements, d’autres moyens in-séparables de croissance sontles œuvres de charité exercéesavec une foi vive. J’ai voulum’arrêter aussi sur cet aspectde la vie chrétienne, dans l’en-cyclique Deus caritas est.

Dans le monde moderne, quisouvent fait de la beauté et del’efficacité physique un idéalà poursuivre coûte que coûte,comme chrétiens nous som-

mes appelés à chercher le vi-sage de Jésus-Christ, le « plusbeau parmi les fils de l’hom-me » (Ps 44, 3), précisémentdans les personnes souffran-tes et les exclus. (…) Je désire vous adresser,chers prêtres, une parole par-ticulière, pour exprimer monestime pour votre travail si-

lencieux et la grande fidélitéavec laquelle vous l’exercez.Croyez toujours dans l’effica-cité de votre service sacerdo-tal quotidien ! Il est précieux

aux yeux de Dieu et des fi-dèles, et sa valeur ne peut pasêtre quantifiée en chiffres nistatistiques : les résultats nousles connaîtrons seulement enParadis !

Un témoignage joyeuxNombreux parmi vous sont enâge avancé, comme moi : ce-la me fait penser à ce passagesuperbe du prophète Isaïe, quidit : « Même les adolescentsse fatiguent et se lassent, et lesjeunes hommes chancellent ;mais ceux qui se confient enl’Éternel renouvellent leurforce. Ils déploient leurs ailescomme les aigles ; ils courentsans s’épuiser, ils marchentsans se fatiguer » (Is 40, 30-31). Avec les diacres au servi-ce du diocèse, vous vivez lacommunion avec l’évêque etentre vous, en l’exprimant

dans une collaboration active,dans le soutien réciproque etdans le partage de la coordi-nation pastorale. Portez enavant le témoignage coura-geux et joyeux de votre servi-ce. Allez au-devant des per-sonnes, comme le faisait leSeigneur Jésus : dans la visiteaux familles, dans le contactavec les malades, dans le dia-logue avec les jeunes, en étantprésents dans chaque milieude travail et de vie. À vous,chers religieux et religieuses,que je remercie pour votreprésence, je réaffirme que lemonde a besoin de votre té-moignage et de votre prière.Vivez votre vocation dans lafidélité quotidienne et offrezvotre vie à Dieu : l’Églisevous est reconnaissante etvous encourage à persévérerdans votre service. !

MAGISTÈREL’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 2008

L ors de son récent voyage en Ligurie, marqué encore pardes manifestations anticléri-

cales, Benoît XVI n’a pas craintd’inviter les chrétiens à « luttercontre le matérialisme, le relativis-me et le laïcisme ». Le Pape invitemême les jeunes à Gênes à aller àcontre-courant. Pour affronter cesdéfis, dans l’homélie prononcée àSavone, Benoît XVI demandait auxfidèles d’avoir la « même fermetésereine montrée il y a deux sièclespar le pape Pie VII ». Il évoquaitainsi une page obscure de l’histoirede l’Europe, devenue, par la forcede l’Esprit Saint, source de grâceset d’enseignements. En exaltantle courage de son prédécesseur,Benoît XVI nous invite tous à nepas céder devant les compromis, àtenir fermes sur ces fameux pointsnon négociables dont il parlait dé-jà comme cardinal. Sans cela, nousne pourrons jamais rester fidèles ni au Seigneur ni à son Église,car c’est tout un.L’exemple de Pie VII reste très élo-quent en lui-même, nous invitantà conserver inaltérée dans lesépreuves la confiance en Dieu,conscients que, s’il permet pourson Église des moments difficiles,il ne l’abandonne jamais, car, ditle Pape, « le nom de Dieu est grâce,miséricorde et fidélité ». C’est iciune allusion aux termes hé-braïques qui énoncent le conceptabstrait de miséricorde, ignoré

comme tel de l’hébreu. Jean-Paul IIavait déjà fait l’étude sémantiquede ces termes dans la note 52 deson encyclique Dives in misericor-dia (30 novembre 1980).

Un siècle fatidiqueLors d’une homélie commémorantle centenaire de Pie IX, Paul VI affir-mait que le XIXe siècle « fut unsiècle fatidique pour l’Église et pourle monde ». La souffrance despapes lors de la tour-mente révolutionnaire afécondé avec le sang desmartyrs le renouveaureligieux du XIXe siècle.Pour bien comprendrecette homélie du Pape,il faut bien évoquerl’histoire. En avril 1808,les troupes françaisesoccupent une partie desterritoires pontificaux, définitive-ment réunis à l’Empire en 1809. Lenouveau roi de Naples, Murat, endevient le gouverneur. Pie VII signealors la Bulle d’excommunicationcontre les violateurs du patrimoinedu Saint-Siège, et les généraux del’empereur prennent d’assaut sanstarder le Quirinal. L’escorte pénètredans les appartements pontifi-caux, où le Pontife Suprême, à sonbureau, prie et veille. Refusant designer la levée d’excommunication,il est arrêté et, majestueusementtranquille et confiant dans la sain-te Providence, après avoir béni

la Ville Éternelle, il est conduit àSavone. C’est dans cette petite villede Ligurie, aujourd’hui visitée parson successeur, que Pie VII devaitrester jusqu’à son transfert à Fon-tainebleau, en 1812. Napoléon etFouché avaient pensé que cet exilforcerait l’« aigle romagnol » àrevenir sur sa décision. Ils en furentpour leurs frais. Le vicaire du Christresta cloué sur la Croix, fort de sesdroits et de sa foi, immobile et cou-

rageux. Et la force deson caractère le condui-sit finalement à la vic-toire, attribuée à Marie :Benoît XVI en prendoccasion pour insistersur la dévotion mariale.Cette force de caractèreet cette fermeté dansl’épreuve sont pourBenoît XVI une invita-

tion à ne jamais perdre confianceni en Dieu, ni en l’Église. Commel’avait fait Jean-Paul II à Anagni en1986, le Pape tire les leçons del’histoire. Dans la cité des papes,où Boniface VIII avait subi l’affrontde Guillaume de Nogaret, le chan-celier de Philippe le Bel, Jean-Paul II avait affirmé que « la vraiesagesse était l’humilité devantDieu ». Ici, son successeur, en citantLéon Bloy, lance un appel universelà la sainteté. Mais c’est bien dire la même chose, car sans humilité il n’y a pas de sainteté possible.

Un moine de Triors

Commentaire> La leçon de Savone

“Dans sa relation avec nous,Dieu est miséricorde,

compassion, grâce, pardon.”

“Ne jamaisperdre

confiance en Dieu.”

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L’Homme NouveauN° 1423 du 7 juin 200832 TRIBUNE libre

Oui ! Des jeunes ca-tholiques, ça existe enco-re en France. Et même desjeunes qui n’ont pas peurde proclamer leur foi. Ceprocessus d’évangélisationest la base des activités quemet en place l’associationRévélateur depuis plus dedix ans, sous l’impulsiondes frères de la communau-té Saint-Jean, à travers l’artet les moyens modernes decommunication.L’association Révélateur estnée en 1997. Ses fondateurssont un laïc, Hugues OlivierBrillouin, et un frère deSaint-Jean, le père Jean Ma-rie Luc Brun. Elle a été crééeen vue de monter des spec-tacles « Son et Lumière »nommés Lumière de sainte-

té, qui retraçaient la vie de labienheureuse Jeanne-Mariede Maillé et étaient joués pardes jeunes. L’idée était sim-ple : permettre à des jeunesde 15 à 25 ans, entourés deprofessionnels du son, de lalumière, de la chorégraphie,du chant et, bien sûr, de lamise en scène, de monter unspectacle grand public pourtoucher le plus grand nom-bre.Cette première création a étéle début de la grande aventu-re Révélateur. Car l’associa-tion n’en est pas restée là.Durant quatre ans, un nou-

veau son et lumière a étémonté chaque été. En 2001,une idée originale sortait descartons de Révélateur : unecomédie musicale sur la viede Claire de Castelbajac, unejeune fille du XXe sièclemorte à 22 ans en odeur desainteté (son dossier de béa-tification a été déposé en fé-vrier dernier).

Des succès qui entraînent des succèsDepuis le vif succès rencon-tré par cette production, unecomédie musicale retraçantla vie d’une personne ayantmarqué l’histoire catholiqueest montée chaque année : cefut Pier Giorgio Frassati en2002, Maximilien Kolbe en2003, Mère Teresa en 2004,Jean-Paul II en 2005, EstelleFaguette de Pellevoisin en2006 et Élisabeth de la Tri-nité en 2007. Cet été, c’est leProfesseur Jérôme Lejeunequi sera à l’honneur. Ainsi,d’année en année, des « an-ciens » s’étant formés dansle domaine artistique revien-nent donner un coup de mainaux plus jeunes.En parallèle, en 2002 est néel’idée d’un groupe musicalde louange : « Hosanna ».Parti de quelques jeunes ac-compagnés d’un ou deuxmusiciens, il est devenu unepetite communauté qui se re-

trouve plusieurs fois par anafin d’animer des évène-ments pour les jeunes (com-me le Festival Saint-Jean desjeunes ou les Campus Révé-lateur) et d’enregistrer desCD (trois albums sont sortisà ce jour) pour évangéliserdans la joie.

La particularité des produc-tions Révélateur réside dansle fait que des jeunes en sontles principaux réalisateurs.En effet, les spectacles ou lestournées musicales fontl’objet de camps de prépara-tion coordonnés par l’asso-ciation Saint-Jean Révéla-teur, « petite sœur » de Ré-vélateur. Cet été, deux nou-veaux rendez-vous sont auprogramme : un camp spor-tif « Canoë et escalade »pour des garçons et une mis-sion humanitaire en Arménieréservée à des étudiants.Enfin, le dernier-né des do-maines de production de Ré-vélateur est la vidéo. Ainsi,l’année dernière, le site In-

ternet de l’association acommencé à diffuser une sé-rie intitulée « La Part du ca-tho », composée de « tea-

sers » (un terme barbare quidésigne une vidéo de courtedurée diffusée sur le web)décrivant chacun un catho-lique typé (exemples : « le

catho blagueur », « le cathocoincé », « le catho bibli-que »…). Ce sont toujoursdes jeunes qui tournent cesmini-films et parfois de vraiscourts-métrages, qui fontl’objet d’un nouveau campcinéma nommé « Saint &Teaser ». Le premier campde ce type s’est tenu l’étédernier, la seconde éditionaura lieu en août prochain.Mais d’autres productionsque ces « teasers » voientprogressivement le jour. Eneffet, Révélateur effectuedepuis quelque temps unediversification de ses conte-nus vidéo afin de lancer unewebTV (entendez une chaî-ne de télévision sur Internet)

appelée RévélaTeur.tv, quicible les jeunes catholiquesfrancophones de 15 à 30 ansafin de leur apporter forma-tion et divertissement. Le si-te est en développement,mais il propose déjà, outreles « teasers », des courtsmétrages humoristiques, desreportages, des enseigne-ments, des témoignages…Ces vidéos sont, d’une part,produites par le Studio Ré-vélateur, d’autre part, sélec-tionnées dans la jungle descontenus que propose Inter-net.

« Par les jeunes etpour les jeunes »La vidéo est donc le nouveaudéfi de l’association, tou-jours désireuse de diversifierses productions « par lesjeunes, pour les jeunes ». Ré-vélateur correspond à un be-soin d’évangélisation parl’art et la littérature et tâched’y répondre le mieux pos-sible à sa manière, que cesoit à travers le spectacle, lamusique, les livres ou la vi-déo. !

Louis HAUSHALTER

Association Révélateur, Prieuré

Claire de Castelbajac, 16370

Richemont. Tél. : 05 45 36 45 30

ou 06 78 66 57 63 – www.reve

lateur.org

Révélateur : évangéliser les jeunes

Louis Haushalter, membre de l’associationRévélateur, ne cache pas son

enthousiasme pour cette associationcréée par des jeunes catholiques pour les

jeunes. Spectacles, films, camps, sontorganisés, comme une nouvelle forme

d’évangélisation. Une association moderne et dynamique,

au service de la Révélation.

“Des jeunes qui n’ont paspeur de proclamer leurfoi, cela existe !”

Louis Haushalter