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L'HÔTEL PICHOT L'AMABILAIS A DIJON (précédemment Hôtel Le Belin) par Charles GUILLAUME et Françoise VIGNIER L'histoire de l'hôtel situé 9 rue Pasteur est connue à partir de 1650, date à laquelle Jean Le Belin et son épouse, Guillemette Berbisey, achètent à l'ancien hôpital Saint-Jacques un bâtiment 1 dont subsiste aujourd'hui au rez-de-chaussée, côté rue du Petit-Potet, une belle façade à pilastres cannelés surmontés de chapiteaux ioniques et repo- sant sur un piédestal, qui comporte un entablement sur la frise duquel est inscrite en belles lettres la devise : OMNIUM RERUM SATIETAS VITAE FACIT SASIETATEM. La corniche décroche au droit de chaque pilastre pour mettre en évidence, par un effet de fausse perspective, des modillons irréguliers dans leur largeur, qui soutiennent le larmier. Les modillons sont en nombre variable dans chaque compartiment : l'un d'eux inclut même deux têtes de maçonnerie entre pilastres. Les travaux de restauration menés de 1985 à 1988 ont révélé que cette façade appartenait à un bâtiment comprenant caves, rez-de- chaussée, étage et combles, dont le mur sud était fait de pans de bois et de maçonneries mélangés. L'ensemble était complété par un appentis adossé au mur est de la cour sud dans lequel demeurent les corbeaux qui en soutenaient la charpente. Le sol, recouvert de tomettes, en était situé à environ 1 m sous le niveau actuel. Un puits se trouvait dans cette même cour. Tel était l'état des lieux lorsque, à partir de 1650, Jean Le Belin et Guillemette Berbisey envisagèrent la construction d'un hôtel digne d'un conseiller au Parlement de Bourgogne. Sur le terrain du côté de la rue Saint-Pierre (actuelle rue Pasteur), ils vont adosser contre la façade sud de la construction du xvi e siècle une extension sans doute moins épaisse, mais plus épanouie dans sa 1. FYOT (E.), Dijon, son passé évoqué par ses rues, Dijon, 1905, p. 334. Mémoires de la Commission des Antiquités de la Côte-d'Or, T. XXXVI, 1990-1992, p. 357-363.

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L'HÔTEL PICHOT L'AMABILAIS A DIJON

(précédemment Hôtel Le Belin)

par Charles GUILLAUME et Françoise VIGNIER

L'histoire de l'hôtel situé 9 rue Pasteur est connue à partir de 1650,date à laquelle Jean Le Belin et son épouse, Guillemette Berbisey,achètent à l'ancien hôpital Saint-Jacques un bâtiment1 dont subsisteaujourd'hui au rez-de-chaussée, côté rue du Petit-Potet, une bellefaçade à pilastres cannelés surmontés de chapiteaux ioniques et repo-sant sur un piédestal, qui comporte un entablement sur la frise duquelest inscrite en belles lettres la devise : OMNIUM RERUM SATIETAS VITAE

FACIT SASIETATEM. La corniche décroche au droit de chaque pilastrepour mettre en évidence, par un effet de fausse perspective, desmodillons irréguliers dans leur largeur, qui soutiennent le larmier. Lesmodillons sont en nombre variable dans chaque compartiment : l'und'eux inclut même deux têtes de maçonnerie entre pilastres.

Les travaux de restauration menés de 1985 à 1988 ont révélé quecette façade appartenait à un bâtiment comprenant caves, rez-de-chaussée, étage et combles, dont le mur sud était fait de pans de bois etde maçonneries mélangés. L'ensemble était complété par un appentisadossé au mur est de la cour sud dans lequel demeurent les corbeauxqui en soutenaient la charpente. Le sol, recouvert de tomettes, en étaitsitué à environ 1 m sous le niveau actuel. Un puits se trouvait dans cettemême cour.

Tel était l'état des lieux lorsque, à partir de 1650, Jean Le Belin etGuillemette Berbisey envisagèrent la construction d'un hôtel digned'un conseiller au Parlement de Bourgogne.

Sur le terrain du côté de la rue Saint-Pierre (actuelle rue Pasteur),ils vont adosser contre la façade sud de la construction du xvie siècleune extension sans doute moins épaisse, mais plus épanouie dans sa

1. FYOT (E.), Dijon, son passé évoqué par ses rues, Dijon, 1905, p. 334.

Mémoires de la Commission des Antiquités de la Côte-d'Or, T. XXXVI, 1990-1992, p. 357-363.

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longueur qui permettra la création de deux petites ailes en retourd'équerre. La voûte de cave de ce nouveau corps de logis s'appuieracontre celle du xvie siècle dont elle obturera les soupiraux. Une nou-velle façade est alors érigée sur trois niveaux, avec planchers prenantappui sur l'ancienne façade sud. Cette dernière est rehaussé d'un 2e

étage pour permettre le soutien d'une nouvelle charpente reprenant lapartie supérieure de l'ancienne qu'elle prolonge, avec entrait bas etentrait haut, pour coiffer le nouvel ensemble. Le contreventement longi-tudinal de la partie supérieure de cette nouvelle charpente, à faîtière,sous-faîtière, liens et étrésillons, est caractéristique du XVIIe siècle.

La disposition ainsi adoptée crée un 2e étage inclus sous un toitbrisé au nord et constituant une sorte d'attique côté sud.

Il faut noter en outre le décalage entre les deux parties du plancherhaut du premier étage qui marque la volonté de respecter les propor-tions entre hauteur et largeur des deux volumes, décalage destiné aussià mettre en valeur la pièce d'apparat dudit premier étage.

La nouvelle façade sud est noble mais austère, avec des fenêtres àsimple encadrement de pierre. La façade nord du XVIe siècle voit dispa-raître son 1er étage, repris en sous-œuvre de la charpente dans le style decelle du sud. Des lucarnes sont aménagées dans l'ancienne charpente.

Le 2e étage (semi-combles) et le 3e étage (partie supérieure descombles) ainsi que les caves sont traîtés en niveaux de service, lesefforts d'aménagement portant sur les deux étages nobles que sont lerez-de-chaussée et le premier étage, à partir duquel on accède auxcombles par un petit escalier intérieur adossé au pignon ouest.

Après démolition de nombreux cloisonnements très récents etdépose d'un revêtement de sol, fut mis au jour un magnifique parquetVersailles qui couvrait au XVIIe siècle la majeure partie du premierétage : panneaux de 97 cm de côté (3 pieds) comportant losange intégréet marquetterie.

Enfin des travaux de consolidation du plancher haut du rez-de-chaussée, dans la partie du xvie siècle, ont fait découvrir les caissonsarrondis en plâtre créés lors de la campagne Le Belin entre chaquepoutre principale de celui-ci, lesquels ont fait disparaître les élémentsdécoratifs antérieurs, en en mutilant la plus grande partie : il n'en resteque des éléments de corniche.

Les documents mentionnent des travaux effectués en 17O52 : sansdoute s'agit-il de l'érection des deux pavillons encadrant l'entrée surla rue Saint-Pierre. Celui situé à l'ouest prend la place d'un bâtiment du

2. Arch. mun, Dijon, J 23.

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3 6 0 CHARLES GUILLAUME ET FRANÇOISE VIGNIER

XVe ou xviL' siècle dont on a retrouvé les vestiges d'une baie couverted'un linteau en accolade. Sa façade aveugle sur rue aurait-elle réutiliséun ancien mur dont une arcade aurait été bouchée ? Cela n'est pasimpossible en raison des traces de fissuration apparaissant dans l'enduitactuel.

Deux arcades fines, avec une petite clef de voûte, se font vis-à-visde part et d'autre du passage donnant accès à la cour; dans l'axe dechacune d'elles une fenêtre basse d'attique. Les deux fenêtres d'extré-mité ont été percées ultérieurement.

Sans doute ces pavillons étaient-ils recouverts à l'origine de troitsbrisés et sans doute aussi s'étendaient-ils plus avant dans la cour : eneffet des travaux sont signalés entre 1826 et 1829 qui portent sur leurdécapitation et sur leur couverture par une terrasse, ainsi que sur leurréduction au nord par un mur courbe percé d'une arcade assez lourdeimitant maladroitement celle construite un bon siècle plus tôt. Pourpreuve de cette modification : la reprise en sous œuvre en angle, sous laretombée de l'arc, au moyen d'une pierre traitée différemment de laprécédente. Un petit escalier intérieur est placé contre le mur courbe dupavillon est pour donner accès à la terrasse de façon assez maladroite.

En 1775, Charlotte Le Belin, descendante de Jean, et son mariJean-Baptiste Mac-Manon vendent la propriété à Etienne Poinsotte,maître en chirurgie, et à Anne Crépey, son épouse3, qui la cèdent bien-tôt à Jean-Marie Bouhier-Bernardon qui entreprend de 1783 à 1785 detrès importantes transformations intérieures4, complétées de 1791 à1797 par divers travaux sur les façades et toitures.

Il aménage au premier étage, du côté de la rue du Petit-Potet, sur leparquet Versailles, un salon comportant un ensemble de doubles-portes-fenêtres, doubles portes, lambris à hauteur d'appui, entablementavec frise à rosaces et corniche à modillons, cheminée en marbre blancà jambages cannelés et contre-cannelés, dont la façon s'inspire de l'ate-lier du sculpteur dijonnais Jérôme Marlet qui travaillait alors au salonCondé du Palais des États. (Les éléments décoratifs créés au salon Condépar Jérôme Marlet, d'après un dessin de l'architecte Charles-Joseph LeJolivet, présentent le même décor de petites rosaces cerclées reliées lesunes aux autres par des faisceaux de feuilles dans la frise de l'entable-ment du salon réalisé pour Jean-Marie Bouhier Bernardon. Il en va demême des palmettes à la jonction de la corniche et du plafond et de

3. Arch.dép. Côte-d'Or, Chambre des notaires, n° 2872 (cote provisoire).4. Arch. dép. Côte-d'Or, 32 F 144.

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celles, épanouies dans un rectangle à chaque extrémité du linteau de lacheminée sur lequel se retrouvent, combinées, trois petites rosaces trèsvoisines de celles de la frise sous le plafond. Les modillons de la cor-niche de ce dernier sont identiques à ceux qui coiffent le trumeau de lacheminée du Salon de la Renommée du même Palais des États.)

Pour obtenir les boiseries d'ébrasement nécessaires au rabattementdes ouvrants des fenêtres du salon J.M. Bouhier-Bernardon fait dresser,en recul d'une trentaine de centimètres à l'intérieur de la pièce, unecontrecloison reposant directement sur le parquet Versailles de Le Belinet, pour obtenir une pièce rigoureusement carrée de 7 m x 7, il établitun cloisonnement lourd du côté est en faisant tout bonnement scierdans le parquet une bande de 10 cm environ, afin de faire reposer la cloi-son, délimitant un petit cabinet, directement sur une poutre de réem-ploi trop faible qu'il fallut renforcer lors des travaux de restauration.

Simultanément il fait allonger les fenêtres du premier étage desdeux façades en portes-fenêtres avec garde-corps à balustrade depierre, modification dont témoignent les pierres de tableaux rapportéesdebout dans la hauteur desdites balustrades, alors qu'au-dessus le profild'encadrement de la baie est taillé dans une pierre dont la queue faitmasse avec la maçonnerie du mur.

On lui doit peut-être aussi le portique à 4 colonnes doriques plaquécontre la façade sud dont une portion de colonne taillée dans une massemonolihique vient reprendre en sous-œuvre l'ancienne pierre du lin-teau du x\/nc siècle. C'est à lui enfin qu'il faut attribuer le portail avectympan et belle ferronnerie placé entre les deux pavillons d'entrée, à labase desquels un soubassement à fruit a été engravé côté rue, et, sur larue du Petit-Potet, une clôture constituée d'un muret en pierre de tailleà la base à fruit surmontée d'une grille à lancettes soutenue par quatrepilliers couronnés de vases en terre cuite à godrons sur socles avecanses et têtes de faunes et de bacchantes et guirlandes de fruits. Deuxde ces vases sont des copies du xixc' siècle signées « Garnaud fils, Dépôtrue Saint-Germain-des-Prés, 9 ».

Tel se présentait l'hôtel à la mort de Jean-Marie Bouhier Bernar-don survenue en 1798. Il échut alors à sa sœur, Françoise, épouse deJean-Baptiste Bretagne5. Celle-ci étant décédée sans enfants en 1803,ce fut son petit neveu, Charles-Elzéar-François de Vogué qui le reçut en

5. /</., voir aussi bail de l'Hôtel, 32 F 306. Jean-Marie Bouhier Bernardon possé-dait aussi la maison voisine, acquise des Vogiié en 1782, dont les histoires se confon-dent jusqu'à la mort de celui-ci, cf. VIGNIER (F.), «Le 16, rue du Petit-Potet»,M.C.A.C.O., t. XXVIII, 1974, pp. 237-242.

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héritage par legs testamentaire6. Lui-même disparut en 1807, aussi saveuve, Adélaïde-Zéphirine de Damas, se hâta-t-elle, dès 18087 de s'endéfaire en le vendant à Françoise Dumorey, fille de l'architecte ThomasDumorey, qui avait épousé le marquis Louis-Henri de Pons. Elle nesemble pas y avoir résidé et mourut à Paris le 18 mai 1818, le laissant àson frère, prénommé Thomas, comme son père, qui était vice-consul deFrance à Ancône. Ce dernier le vendit immédiatement à Claude Royer,négociant à Chalon-sur-Saône, qui s'en défit cinq ans plus tard, en 1823,au profit de Paul Robinet, propriétaire à Dijon, ancien président du Tri-bunal de commerce8. Paul Robinet et son épouse, Françoise Dufournel,vendirent à nouveau l'hôtel en juin 18379 à Charles-Marie BernardMarron de Meillonas, maître de forges, et Marie-Henriette Bernard deMontburon, qui ne le conservèrent que deux ans et le cédèrent dès 1839à Jeanne Ormancey, veuve du maître de forges Aubin Bureau, agissantpour son fils unique qui devait y mourir en juin 1850.

C'est durant la période 1823-1837, au cour de laquelle sa valeurpassa de 28 000 à 35 000 francs, que les bâtiments, à l'initiative duménage Robinet, subirent de nouvelles transformations (cheminées,décor du grand salon du rez-de-chaussée, etc.)10.

Le 27 septembre 1851, Jeanne Ormancey abandonna l'hôtel àPierre-Jean-Baptiste Pichot L'Amabilais" qui trouvait ainsi la placenécessaire à l'exposition de ses fameuses collections12. Pour les mettreen valeur et améliorer le confort de l'habitation il entreprit à son tourun certain nombre de travaux : pose d'une cheminée en marbre noirde Dinant d'allure néo-rocaille (récemment transférée dans la salle àmanger du premier étage), suppression des petits bois de fenêtres etéquipement de celles-ci par des crémones et poignées en bronze néo-rocaille pour la plupart, ou même en bronze d'argent « à la chinoise »pour deux d'entre elles, évocation de l'influence extrême-orientalealors en vogue.

Cependant les croisées du grand salon et de la pièce contiguë, crééeau xvme siècle, ont gardé leurs espagnolettes de style Louis XVI et il aété possible, en retrouvant les moignons des petits bois encore en place,

6. Id., Chambre des notaires, n° 2865 (cote provisoire).7. Id., Chambre des notaires, n° 2867 (cote provisoire).8. Id., 4 E 10/39.9. Id., Chambre des notaires, n° 2912 (cote provisoire).10. Arch. mun. Dijon, série 0.11. Arch. dép. Côte-d'Or, 4 E 13/1.12. Cf. GUILLAUME (M.), « Une collection exceptionnelle en France : les primi-

tifs suisses du Musée de Dijon » dans Mémoires de l'Académie des sciences, arts etbelles lettres de Dijon, t. CXXV, 1981-1982, pp. 173-186.

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d'en reprofiler de nouveaux et de conserver ainsi à ce salon son carac-tère originel.

L'escalier et son garde-corps de fonte sont contemporains de cestravaux. Il est difficile, en l'état actuel de la connaissance de l'édifice, dedéterminer à quel dispositif antérieur il s'est substitué : le procès-verbalde visite de 1798 fait état de la présence d'un escalier au même empla-cement.

Il reste à examiner ce qu'est devenu la propriété à l'époque du doc-teur Paul Dard et de Marie-Henriette Lieutaud, sa femme, fille etunique héritière du baron Pichot mort en 1869.

Ils procèdent vers 1880 à la mise en place d'une marquise au-dessusdu portique d'entrée et à la pose d'une nouvelle terrasse métalliquecouvrant à la fois les deux pavillons et le passage cocher et reliant, lelong du mur mitoyen ouest, le pavillon ouest à l'avant-corps correspon-dant du bâtiment principal. Ces ouvrages, qui subsistaient en 1985,défiguraient l'ensemble, aussi ont-ils été supprimés, après une démoli-tion délicate, afin de restituer aux bâtiments leur ambiance de la fin duxvme siècle.

Une communication avait en outre été établie au premier étageentre les deux pavillons par une galerie fermée par une grille en fontelongeant la façade arrière du portail sur rue dont elle obstruait le tympan.Pour ce faire deux têtes de contre-murs avaient été rapportées devantchaque piédroit dudit portail et l'arrière-voussure de celui-ci mutilée afind'assurer à la galerie la largeur nécessaire. Enfin deux portes étroitesavaient été ouvertes à chaque extrémité de celle-ci dans les façades envis-à-vis des deux pavillons. Les têtes de contre-mur supprimées ontlaissé réapparaître les piédroits en pierre appareillée du portail.

C'est dans ce cadre qu'ils conservaient jalousement les collectionsdu baron Pichot qu'ils consentirent à ouvrir en 1883 à Alphonse Legrosrevenant d'un voyage en Italie13.

Après le décès de Marie-Antoinette Lieutaud, survenu en 1916,l'hôtel changea à maintes reprises de mains puis fut peu à peu diviséentre plusieurs propriétaires, ce qui entraîna des dispositions altérantprofondément les structures primitives aujourd'hui en grande partierestituées.

(Séance du 19 juin 1991)

13. CLÉMENT-JANIN, « Alphonse Legros et Dijon », dans Revue de Bourgogne,n° 4,1914, p. 212.