16
mardi 12 juillet 2016 | N°14680 www.lorientlejour.com | 2000 L.L. QUOTIDIEN LIBANAIS D’EXPRESSION FRANÇAISE Liban-France Page 2 Ayrault exhorte les responsables libanais au compromis pour régler la crise institutionnelle Lutte antijihadiste Page 11 À Bagdad, Carter annonce l’envoi en Irak de centaines de soldats supplémentaires Liban L’éclairage Encore et toujours le spectre de la Constituante... Page 2, l’article de Philippe ABI-AKL Déchets Relance de l’usine de tri et de compostage de Minieh, financée par l’UE Page 3 International Trois binationaux et un Libanais bientôt jugés en Iran Page 11 Crise diplomatique Nouvelles tensions germano-turques après le vote sur le génocide arménien Page 12 Culture Festival de Zouk Mikaël Petites confidences d’art lyrique à trois voix... Page 15, l’article d’Edgar DAVIDIAN Aujourd’hui Carnet, Ciné/Expos/ Spectacles 7 Bourse 8 Petites annonces 9 Météo 13 Horoscope, jeux 14 BEYROUTH 25° / 31° min. max. Événement/Tourisme Syrie Et le village préféré des Libanais est... Page 3, l’article d’Anne-Marie EL-HAGE Vaste offensive rebelle contre les secteurs prorégime à Alep Page 11 ABONNEMENT Dix ans déjà. En lançant le 12 juillet 2006 une opération d’envergure pour enlever des soldats israéliens, le Hezbollah prenait unilatéralement la lourde responsabilité de déclencher, sans songer aux retombées sur le pays, une guerre meurtrière et destructrice dont les effets se sont fait ressentir tout au long de la décennie écoulée. Des effets in- commensurables au plan économique et des infras- tructures de base, certes. Mais les conséquences (macro)politiques ont été, et restent encore de nos jours, tout aussi graves. Cette guerre de juillet 2006 ne saurait être dis- sociée, quant à sa motivation, du contexte straté- gique de l’époque, aussi bien au niveau local que régional. Les événements ont, de fait, apporté la preuve qu’elle a représenté l’un des principaux ja- lons d’une vaste contre-offensive (ou contre-révo- lution) visant, dans sa finalité, à saper le processus libaniste de redressement national porté par la révo- lution du Cèdre. Car bien au-delà des considérations purement politiciennes et des querelles byzantines (somme toute normales), le projet politique du 14 Mars représente – il n’est jamais superflu de le rap- peler – l’antithèse du rôle qu’assume le Hezbollah. L’intifada de l’indépendance du printemps 2005 a constitué dans l’histoire contemporaine du Liban la première manifestation transcommunautaire d’un sentiment national centripète exprimé non seule- ment par de hauts responsables politiques – comme en 1943, avec Béchara el-Khoury et Riad el-Solh –, mais, surtout, par les bases populaires de différents horizons confessionnels. Jamais depuis la procla- mation du Grand Liban, en 1920, les composantes chrétienne, sunnite et druze ainsi que les forces chiites démocratiques n’avaient convergé de la sorte (au sein d’un vaste mouvement populaire) vers un projet politique commun, axé sur la volonté de tenir le Liban à l’écart des conflits régionaux et d’édifier un État rassembleur garant du vivre-ensemble et du pluralisme sociocommunautaire, conformément au principe de parité établi par Taëf. Un tel projet politique souverainiste avait pour leitmotiv significatif « Le Liban d’abord » et consti- tuait de ce fait, dès le départ, une sérieuse menace pour les visées syriennes persistantes et, surtout, pour les ambitions expansionnistes du pouvoir des mollahs à Téhéran. Fer de lance des pasdaran sur les bords de la Méditerranée, le Hezbollah se devait de frapper un grand coup pour stopper ce proces- sus libaniste remettant en question toute la stratégie d’exportation de la révolution iranienne et de mise en place d’un nouvel « empire perse » dans la ré- gion. La guerre de juillet 2006 aura constitué l’une des principales phases de la contre-révolution du Cèdre qui comprendra aussi, entre autres, la longue occupation du centre-ville (avec ses désastreuses retombées économiques) et l’opération milicienne du 7 mai 2008. Mais l’unilatéralisme du Hezbollah, qui a entraîné le pays dans le conflit de 2006, ne s’arrêtera pas là. Il se manifestera également, près de six ans plus tard, dans la décision tout aussi unilatérale du parti pro-iranien de s’impliquer à grande échelle dans les combats en Syrie aux côtés des forces du régime Assad. Là encore, ce nouvel aventurisme guerrier – résultat, à n’en point douter, de directives en prove- nance de Téhéran – a des retombées politiques tout aussi fâcheuses que celles de l’attaque du 12 juillet 2006, mais d’un tout autre calibre. En se lançant, sans songer une fois de plus aux conséquences sur le Liban, dans la bataille visant à sauver le clan Assad – allié fondamental pour la République isla- mique iranienne –, le Hezbollah a ravivé les démons des tensions sectaires sunnito-chiites. Mais qu’im- porte : le waliy el-faqih de Téhéran en a décidé ainsi. Le maintien du régime Assad, nécessité stratégique pour l’Iran, reste la priorité absolue. Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé- ratifs du fragile équilibre sociocommunautaire du pays sont quantité négligeable. Il ne faut toutefois pas désespérer de voir, un jour, le parti chiite prendre conscience du fait qu’il est de son intérêt, et de celui de sa communauté, de retrouver sa place sur l’échiquier strictement libanais. Cela nécessite ce- pendant qu’il se livre à une sorte de révolution cultu- relle pour rompre le cordon ombilical avec le mentor iranien. Et pour cause : cette guerre de mille ans contre le monde sunnite, le parti chiite ne peut la gagner, quels que soient les efforts, les armes et les vies humaines qu’il est décidé à y investir. Un retour à la raison – et au Liban – s’impose donc plus que jamais, loin des appels d’empire, de la folie milléna- riste et de la tentation au suicide. Michel TOUMA Double unilatéralisme L’édito Entretien express Rapprochement Égypte-Israël : quels intérêts communs ? Page 11, les propos de Jean-Paul Chagnollaud recueillis par Myrto VOGIATZI Anniversaire Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan, quelles leçons ? Une décennie entière s’est écoulée depuis le désastre national qu’a représenté la guerre de juillet 2006 déclenchée à la suite d’une attaque d’envergure lancée le 12 juillet 2006 par le Hezbollah pour enlever des soldats israéliens. Une guerre dont les effets se sont fait ressentir sur les plans stratégique, politique, sécuritaire, économique et même culturel. Dix ans après, quel bilan peut-on effectuer de ce conflit et quelles leçons devrait-on en tirer, à la lumière des circonstances qui ont jalonné cette guerre de 33 jours ? Pages 4, 5, 6, 8, 10, 15 et 16, les articles de Sandra NOUJEIM, Zeina ANTONIOS, Claude ASSAF, Suzanne BAAKLINI, Sylviane ZEHIL (à New York), Céline HADDAD, Antoine AJOURY, Lina KENNOUCHE, Marie FAROULT, Caroline EL-KHOURY, Mira TFAILY et Carla HENOUD, ainsi que le courrier des lecteurs. Illustration Ivan Debs

Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

mardi 12 juillet 2016 | N°14680 www.lorientlejour.com | 2000 L.L. QUOTIDIEN LIBANAIS D’EXPRESSION FRANÇAISE

Liban-France Page 2

Ayrault exhorte les responsables libanais au compromis pour régler la crise institutionnelle

Lutte antijihadiste Page 11

À Bagdad, Carter annonce l’envoi en Irak de centaines de soldats supplémentaires

LibanL’éclairageEncore et toujours le spectre de la Constituante...Page 2, l’article de Philippe ABI-AKL

Déchets Relance de l’usine de tri et de compostage de Minieh, financée par l’UE Page 3

International Trois binationaux et un Libanais bientôt jugés en Iran Page 11

Crise diplomatiqueNouvelles tensions germano-turques après le vote sur le génocide arménien Page 12

CultureFestival de Zouk Mikaël Petites confidences d’art lyrique à trois voix...Page 15, l’article d’Edgar DAVIDIAN

Aujourd’hui

Carnet, Ciné/Expos/Spectacles 7Bourse 8Petites annonces 9Météo 13Horoscope, jeux 14

BEYROUTH

25° / 31°min. max.

Événement/Tourisme Syrie

Et le village préféré des Libanais est...Page 3, l’article d’Anne-Marie EL-HAGE

Vaste offensive rebelle contre les secteurs prorégime à Alep Page 11

ABONNEMENT

Dix ans déjà. En lançant le 12 juillet 2006 une opération d’envergure pour enlever des soldats israéliens, le Hezbollah prenait unilatéralement la lourde responsabilité de déclencher, sans songer aux retombées sur le pays, une guerre meurtrière et destructrice dont les effets se sont fait ressentir tout au long de la décennie écoulée. Des effets in-commensurables au plan économique et des infras-tructures de base, certes. Mais les conséquences (macro)politiques ont été, et restent encore de nos jours, tout aussi graves.

Cette guerre de juillet 2006 ne saurait être dis-sociée, quant à sa motivation, du contexte straté-gique de l’époque, aussi bien au niveau local que régional. Les événements ont, de fait, apporté la preuve qu’elle a représenté l’un des principaux ja-lons d’une vaste contre-offensive (ou contre-révo-lution) visant, dans sa finalité, à saper le processus libaniste de redressement national porté par la révo-lution du Cèdre. Car bien au-delà des considérations purement politiciennes et des querelles byzantines (somme toute normales), le projet politique du 14 Mars représente – il n’est jamais superflu de le rap-peler – l’antithèse du rôle qu’assume le Hezbollah.

L’intifada de l’indépendance du printemps 2005 a constitué dans l’histoire contemporaine du Liban la première manifestation transcommunautaire d’un sentiment national centripète exprimé non seule-ment par de hauts responsables politiques – comme en 1943, avec Béchara el-Khoury et Riad el-Solh –, mais, surtout, par les bases populaires de différents horizons confessionnels. Jamais depuis la procla-mation du Grand Liban, en 1920, les composantes chrétienne, sunnite et druze ainsi que les forces chiites démocratiques n’avaient convergé de la sorte (au sein d’un vaste mouvement populaire) vers un projet politique commun, axé sur la volonté de tenir le Liban à l’écart des conflits régionaux et d’édifier un État rassembleur garant du vivre-ensemble et du pluralisme sociocommunautaire, conformément au principe de parité établi par Taëf.

Un tel projet politique souverainiste avait pour leitmotiv significatif « Le Liban d’abord » et consti-tuait de ce fait, dès le départ, une sérieuse menace pour les visées syriennes persistantes et, surtout, pour les ambitions expansionnistes du pouvoir des mollahs à Téhéran. Fer de lance des pasdaran sur les bords de la Méditerranée, le Hezbollah se devait de frapper un grand coup pour stopper ce proces-sus libaniste remettant en question toute la stratégie d’exportation de la révolution iranienne et de mise en place d’un nouvel « empire perse » dans la ré-gion. La guerre de juillet 2006 aura constitué l’une des principales phases de la contre-révolution du Cèdre qui comprendra aussi, entre autres, la longue occupation du centre-ville (avec ses désastreuses retombées économiques) et l’opération milicienne du 7 mai 2008.

Mais l’unilatéralisme du Hezbollah, qui a entraîné le pays dans le conflit de 2006, ne s’arrêtera pas là. Il se manifestera également, près de six ans plus tard, dans la décision tout aussi unilatérale du parti pro-iranien de s’impliquer à grande échelle dans les combats en Syrie aux côtés des forces du régime Assad. Là encore, ce nouvel aventurisme guerrier – résultat, à n’en point douter, de directives en prove-nance de Téhéran – a des retombées politiques tout aussi fâcheuses que celles de l’attaque du 12 juillet 2006, mais d’un tout autre calibre. En se lançant, sans songer une fois de plus aux conséquences sur le Liban, dans la bataille visant à sauver le clan Assad – allié fondamental pour la République isla-mique iranienne –, le Hezbollah a ravivé les démons des tensions sectaires sunnito-chiites. Mais qu’im-porte : le waliy el-faqih de Téhéran en a décidé ainsi. Le maintien du régime Assad, nécessité stratégique pour l’Iran, reste la priorité absolue.

Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile équilibre sociocommunautaire du pays sont quantité négligeable. Il ne faut toutefois pas désespérer de voir, un jour, le parti chiite prendre conscience du fait qu’il est de son intérêt, et de celui de sa communauté, de retrouver sa place sur l’échiquier strictement libanais. Cela nécessite ce-pendant qu’il se livre à une sorte de révolution cultu-relle pour rompre le cordon ombilical avec le mentor iranien. Et pour cause : cette guerre de mille ans contre le monde sunnite, le parti chiite ne peut la gagner, quels que soient les efforts, les armes et les vies humaines qu’il est décidé à y investir. Un retour à la raison – et au Liban – s’impose donc plus que jamais, loin des appels d’empire, de la folie milléna-riste et de la tentation au suicide.

Michel TOUMA

Double unilatéralisme L’édito

Entretien express

Rapprochement Égypte-Israël : quels intérêts communs ?Page 11, les propos de Jean-Paul Chagnollaud recueillis par Myrto VOGIATZI

Anniversaire

Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan, quelles leçons ?

Une décennie entière s’est écoulée depuis le désastre national qu’a représenté la guerre de juillet 2006 déclenchée à la suite d’une attaque d’envergure lancée le 12 juillet 2006 par le Hezbollah pour enlever des soldats israéliens. Une guerre dont les effets se sont fait ressentir sur les plans stratégique, politique, sécuritaire, économique et même culturel. Dix ans après, quel bilan peut-on effectuer de ce conflit et quelles leçons devrait-on en tirer, à la lumière des circonstances qui ont jalonné cette guerre de 33 jours ?

Pages 4, 5, 6, 8, 10, 15 et 16, les articles de Sandra NOUJEIM, Zeina ANTONIOS, Claude ASSAF, Suzanne BAAKLINI, Sylviane ZEHIL (à New York), Céline HADDAD, Antoine AJOURY, Lina KENNOUCHE, Marie FAROULT, Caroline EL-KHOURY, Mira TFAILY et Carla HENOUD, ainsi que le courrier des lecteurs.

Illustration Ivan Debs

Page 2: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

2 Liban mardi 12 juillet 2016

Arrivée de la nouvelle ambassadrice US La nouvelle ambassadrice des États-Unis, Elizabeth Richard, est arrivée à Beyrouth pour présenter ses lettres de créance aux responsables libanais, avant de prendre en charge ses nouvelles fonctions diplomatiques.Mme Richard a été reçue par

des cadres de l’ambassade des États-Unis à Beyrouth.

Elizabeth Richard, nouvelle ambassadrice des États-Unis à Beyrouth. Photo Ani

L’éclairage de Philippe ABI-AKL

La visite à Beyrouth du chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, inter-vient au moment où le chef du bloc du Changement et de la Réforme, Michel Aoun, et le président des Forces libanaises, Samir Geagea, mènent une offen-sive pour sortir le dossier présidentiel de sa longue léthargie. La vacance prési-dentielle menace désormais la stabilité sécuritaire et économique du pays et si les leaders ne s’empressent pas d’assumer leurs res-ponsabilités à cet égard, la situation pourrait prendre une tournure dangereuse, estiment des sources diplomatiques. Le tandem Aoun-Geagea a ainsi pris les devants, le second ayant convaincu le premier de reprendre langue avec les leaders musulmans, surtout le président de la Chambre, Nabih Berry, et le chef du courant du Futur, Saad Hariri, pour s’en rapprocher. Le président des FL a pris à sa charge une initiative sérieuse visant à convaincre M. Hariri, le chef du Ras-semblement démocratique, Walid Joumblatt, ainsi que M. Berry, de la candidature Aoun et de « l’importance » de son arrivée au palais de Baabda. L’initiative du binôme chrétien part en fait de l’accusation por-tée par la communauté internationale aux leaders libanais, et particulière-ment les chrétiens d’entre eux, de ne pas remplir leur devoir constitutionnel en ne prenant pas part aux séances électorales, et d’ignorer, ce faisant, leurs responsabilités à l’égard du pacte natio-nal. Selon des sources FL, l’initiative Geagea a ainsi permis de sortir le dossier de son immobilisme pour com-bler la vacance, notamment après l’attaque terroriste contre Qaa. Avant sa visite au Liban, le chef du Quai d’Orsay Jean-Marc Ayrault avait tenté de

mener une médiation auprès des deux pôles régionaux en conflit, l’Arabie saoudite et l’Iran, sans succès. Le chef de la diplomatie française s’est heurté à des positions de la part des deux pays ap-pelant les parties libanaises à assumer leurs responsabi-lités et à élire un président sans attendre de signaux de l’extérieur ou la fin des crises régionales, telle que la guerre syrienne, sous peine de patienter longtemps. Et pour cause, la solution au conflit syrien ne serait pas proche. Elle pourrait requérir des années d’efforts, d’autant que la plupart des puissances influentes sont à l’approche d’élections pré-sidentielles chez elles après septembre. C’est en tout cas le message implicite qu’au-rait transmis l’émissaire russe Mikhaïl Bogdanov à l’un de ses amis libanais, affirmant qu’il ne se rendrait plus au Proche-Orient avant un changement de données pouvant faciliter sa mis-sion. Il avait pourtant été question d’une visite de M. Bogdanov au Liban dans le but de plaider auprès de Téhéran pour le déblocage de la présidentielle. Préoc-cupé par d’autres dossiers régionaux, Moscou y aurait donc renoncé. Jean-Marc Ayrault pour-rait donc bénéficier d’un climat local éventuellement favorable au déblocage de l’échéance présidentielle. Surtout avec l’initiative Berry d’organiser un « mini-Doha » à Aïn el-Tiné en présence des principaux leaders politiques, afin de mûrir l’idée d’un compro-mis global sur les questions fondamentales, notamment la présidentielle. Avec, à la clé, quelques amende-ments au système politique réclamés par la communauté chiite sous le prétexte qu’ « elle n’était pas correcte-ment représentée à Taëf ». Il convient de rappeler que Hussein Husseini, par

exemple, pourtant l’un des parrains de l’accord, avait payé cher le prix de sa par-ticipation à la conférence, et avait été écarté des postes de responsabilité, notam-ment après l’émergence du tandem Amal-Hezbollah et le raffermissement de la mainmise syrienne sur le pays. Pour le tandem chiite, la parité islamo-chrétienne, qui se trouve à la base de Taëf, n’est plus viable, sur-tout avec la montée en puis-sance du Hezbollah à partir du retrait israélien de l’an 2000. Selon des sources bien informées, le parti chiite ne saurait plus se contenter de la présidence de la Chambre et réclame désormais plus de participation insti-tutionnelle à la décision politique, notamment que le pouvoir exécutif ne soit plus circonscrit au Grand Sérail, c’est-à-dire aux mains de la communauté sunnite, poin-tée du doigt comme l’agent de Riyad au Liban. Toute solution à la crise libanaise passerait donc inéluctable-ment par un dialogue avec le Hezbollah sur la refonte du pouvoir, estiment ces sources. Sinon, le Liban risquerait fort bien de rester dans les limbes, jusqu’au printemps 2017, date de la fin du mandat prorogé de la Chambre, et de plonger ensuite dans le vide total et ses dangers. Inutile de dire que ce worst case scenario est exploité sans modération par le Hezbollah pour pousser ses adversaires politiques à accepter le compromis et les réformes qu’il sou-haite. Même l’élection d’un président de la République, quel qu’il soit – y compris M. Aoun – n’y changerait pas grand-chose, souligne ces sources, avant d’ajouter que le Hezbollah ne laisse-rait en effet aucun président gouverner, ni aucun État fonctionner, avant d’obtenir les réformes qu’il souhaite.

Encore et toujours le spectre de la Constituante...

Le ministre français des Af-faires étrangères et du Déve-loppement économique, Jean-Marc Ayrault, a exhorté hier les différents responsables politiques libanais au compro-mis pour régler la crise insti-tutionnelle qui paralyse le pays depuis deux ans, estimant que le conflit syrien ne peut justifier à lui seul le blocage.

« Il faut trouver une solution, il appartient aux partis libanais de trouver les voies d’un com-promis politique », a déclaré le ministre devant un parterre de responsables politiques, conviés à un dîner à la Résidence des Pins. Étaient notamment pré-sents le chef du bloc du Futur, le député et ancien Premier ministre Fouad Siniora, le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, le président des Forces libanaises, Samir Geagea, le chef du Rassemblement dé-mocratique, le député Walid Joumblatt, le chef du parti Ka-taëb, le député Samy Gemayel, le chef des Marada, le député Sleiman Frangié, et le chef du Courant patriotique libre, le ministre Gebran Bassil, ainsi que plusieurs ministres, dépu-tés, diplomates et personnalités de la société civile.

« La crise syrienne ne peut à elle seule justifier l’absence de solution à la crise institution-nelle qui dure depuis trop long-temps  », a estimé M. Ayrault dans son allocution.

« Nous dialoguons avec tous les pays qui exercent au Liban une influence, a par ailleurs as-suré le ministre. Le message est que la solution ne viendra pas de l’étranger. Personne ne fera obstacle à un accord des Liba-nais entre eux. »

« C’est ici qu’il faut négocier un cadre global, solide, durable, c’est un choix souverain que vous avez à faire. La France est prête à vous y aider, nous sommes des facilitateurs  », a-t-il ajouté, estimant qu’un compromis «  ouvrirait la voie à un meilleur soutien interna-tional ».

M. Ayrault a par ailleurs exprimé son attachement à la souveraineté, l’unité et l’inté-grité territoriale du Liban, sou-lignant la volonté de la France de voir les armes saoudiennes de la Donas remises en temps dû à l’armée libanaise.

Auparavant, M. Ayrault avait reçu à la Résidence des Pins le chef du courant du Futur, Saad Hariri, rentré d’Arabie saoudite pour l’occasion. En présence de l’ambassadeur français, Emma-nuel Bonne, et du conseiller de l’ancien Premier ministre, Hani Hammoud, les deux hommes ont évoqué les efforts qui sont déployés pour mettre un terme à la vacance présidentielle, ainsi que les contacts internationaux entrepris par la France dans ce cadre. Les débats ont en outre porté sur les aides requises pour renforcer l’État libanais et ses

institutions et pour maintenir la stabilité dans le pays à l’ombre des événements sécuritaires et du terrorisme qui font rage dans la région. Également à la table des discussions, le dos-sier des déplacés syriens et le soutien demandé par le Liban pour affronter les problèmes provoqués par leur présence sur le territoire.

Plus tard dans la soirée, M. Ayrault a reçu le chef du bloc du Changement et de la Réforme, Michel Aoun, avec lequel il a passé en revue les derniers développements. Il s’est égale-ment entretenu avec le chef des Marada, Sleiman Frangié, qui était accompagné du ministre de la Culture, Rony Araijy.

Au siège de la FinulLe chef du Quai d’Orsay

était arrivé en milieu de jour-née, à bord d’un jet privé, à l’aéroport de Beyrouth où il a été accueilli par l’ambassadeur français, Emmanuel Bonne. Il a immédiatement embar-qué dans un hélicoptère de la Force intérimaire des Nations unies (Finul) pour se rendre à Naqoura (Liban-Sud), où il a inspecté le contingent fran-çais opérant au sein de la force multinationale, où la France compte quelque 850 militaires sur 10 000 hommes.

M. Ayrault a rendu hom-mage aux Casques bleus du contingent pour les sacrifices qu’ils offrent en vue du main-tien de la paix au Liban-Sud.

Le chef de la diplomatie française a promis que son pays ferait tout pour aider à main-tenir la paix au Liban et assuré que la France maintiendrait son engagement au sein de la Finul.

« Il y a dix ans jour pour jour éclatait une guerre meurtrière entre Israël et le Hezbollah  », a rappelé le ministre devant les soldats français de la mission onusienne.

«  La stabilité de la ligne bleue est une priorité pour la France  », a-t-il déclaré, assu-rant que celle-ci resterait « plei-nement engagée » au sein de la force.

L’action de la Finul «  rend possible le maintien d’un calme précaire qui doit se transformer en cessez-le-feu définitif, c’est notre objectif », a-t-il ajouté.

«  Je viens ici avec un mes-sage de soutien à nos forces et au peuple libanais. Nous vou-lons aussi dire aux Israéliens de l’autre côté de la frontière que nous ferons tout pour garantir la paix et la sécurité pour tous, a-t-il déclaré. Aujourd’hui, il y a encore d’autres menaces qui pèsent sur le Liban  », a poursuivi M. Ayrault, citant la

guerre en Syrie. «  Il faut que le Liban soit

tenu à l’écart du conflit syrien », a exhorté le chef de la diploma-tie française.

Au siège de la Finul, M. Ayrault a été accueilli par le commandant en chef adjoint, Omran Reza, ainsi que par des officiers supérieurs français et des officiers de la Finul. Il a ainsi eu l’opportunité d’être informé du rôle et de la mission que remplit l’unité française de la Finul dans le cadre de l’appli-cation de la résolution 1701, en collaboration étroite avec l’armée.

Le ministre français doit poursuivre aujourd’hui ses ren-contres avec les officiels et les autres responsables libanais. Au programme, des réunions avec le Premier ministre, Tam-mam Salam, le président de la Chambre, Nabih Berry, le mi-nistre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï (qui a regagné Beyrouth hier soir au terme d’une visite pastorale aux États-Unis), le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, et le chef du Rassemblement démo-cratique, Walid Joumblatt.

Diplomatie

Ayrault exhorte les responsables libanais au compromis pour régler la crise institutionnelle

Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, a estimé hier que l’Arabie saoudite est la seule partie qui entrave la tenue de l’échéance présidentielle. « Nous sommes sûrs que toutes les forces politiques au Liban veulent élire un président de la République, pour régler le fonctionnement des institutions et trou-ver des solutions aux problèmes de la population », a dit le cheikh Kassem dans une déclaration.Selon lui, « nous ne pouvons pas concrétiser cette échéance parce que les convictions et les tendances requises du futur chef de l’État diffèrent d’une partie à l’autre, et parce que des forces régionales et internationales imposent leurs conditions et leur veto au candidat qui ne leur convient pas ».Le cheikh Kassem a souligné que « les convictions et les tendances ne devraient pas être un obstacle au président qui a un poids populaire important, qui dispose d’un soutien au sein de sa communauté

et qui respecte ses engagements ». Et le numéro deux du Hezbollah de poursuivre : « Le problème essentiel réside dans l’ingérence extérieure. Durant les deux dernières années, il s’est avéré que la seule partie qui entrave la tenue de l’échéance et impose des conditions est l’Arabie saoudite. »Le responsable du parti chiite a rappelé que « l’ancien ministre des Affaires étrangères du royaume, Saoud al-Fayçal, a refusé un accord presque complet pour choisir un président de la République, sachant qu’aucun pays n’a imposé son veto à un candidat ».« Pour résoudre le problème de la présidentielle, cherchez l’Arabie. Si elle approuve, l’échéance se tiendra demain, sinon la crise sera longue et ne pourra être réglée par les déclarations, les justifica-tions ou les accusations, ou encore par des visites de responsables étrangers. La solution est en Arabie saoudite », a conclu le cheikh Naïm Kassem.

Présidentielle : « Pour résoudre le problème, cherchez l’Arabie », lance Kassem

Page 3: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

3Libanmardi 12 juillet 2016

Drame

Tragique agression sexuelle à TripoliUne jeune fille de 16 ans, A.M., originaire du village de Dahr el-Aïn (Koura), a été victime dimanche de viols de la part de trois jeunes hommes, Khaled M., Houssam D. et Nagib D., dans le quartier de Zahiriyé à Tripoli. Les services de rensei-gnements de l’armée ont réussi à arrêter les trois criminels, ainsi qu’une quatrième personne, qui aurait contribué au crime.

On apprenait en outre hier que lors d’une perquisition, un lot de haschisch et des drogues hallucinogènes ont été trou-vés dans l’appartement où s’est déroulé le drame. Par ailleurs, et selon l’agence al-Markaziya, le bâtonnier de Tripoli, Fahd Mokaddem, a annoncé qu’il interdira à tout avocat de la ré-gion de prendre la défense des

auteurs de l’acte. Un médecin légiste a d’autre part confirmé l’agression sexuelle après avoir examiné la jeune fille, orphe-line de mère et dont le père se trouve en voyage. Des sources avaient indiqué dimanche que son grand-père, chez qui elle réside actuellement dans le quartier d’Abi Samra à Tripoli, a été victime d’une attaque car-diaque en apprenant le drame et a été transporté à l’hôpital. Ces informations ont été démenties hier en début d’après-midi. On apprenait à ce sujet que le grand-père se trouve en bonne santé et n’a fait l’objet d’aucun soin dans un quelconque établissement hospitalier. Par contre, la mère de l’un des trois violeurs aurait été victime d’une crise cardiaque mortelle en apprenant que son

fils avait participé à l’agression.Élie Kayrouz, député de Bé-

charré, a fermement condamné hier cet acte de viol collectif. Il a exhorté la justice à « appliquer

les sanctions appropriées à ce crime, conformément au code pénal, et ce en vue de renforcer la protection de la femme liba-naise ».

JusticeArrestation de l’un des auteurs du crime de BtediiL’un des auteurs du meurtre de Sobhi et Nadimé Fakhri, assassinés à Btedii (Békaa) le 22 novembre 2014, a été arrêté hier par des éléments de l’armée. Le prévenu, qui appartient au clan Jaafar, a été atteint de blessures et admis dans un hôpital pour y recevoir des soins.Dans la même affaire, le juge

d’instruction chargé de mener l’enquête, Sami Sader, a reporté au 27 septembre prochain l’audience qui était prévue pour hier et qui devait être consacrée à la poursuite de l’interrogatoire de trois autres coauteurs du crime. L’avocate de ces derniers avait présenté auprès du juge une note s’excusant de ne pou-voir assister à la séance.

Événement / Tourisme

Et le village préféré des Libanais est...À partir de demain et pendant 10 jours consécutifs, 10 villages libanais sont racontés aux lecteurs de « L’Orient-Le Jour », dansle cadre de notre sélection 2016. Ces derniers sont invités à voterdès le 23 juillet pour leur village préféré.

Anne-Marie EL-HAGE

Quel est le village préféré des Libanais ? C’est ce que se pro-pose de découvrir L’Orient-Le Jour, à travers un concours que lance le quotidien francophone dans ses colonnes, dès demain, mercredi 13 juillet 2016. Concours qui verra la participa-tion des lecteurs, au Liban ou à l’étranger. Placé sous le parrai-nage du ministère du Tourisme, en collaboration avec la Fransa-bank, l’événement a pour objec-tif d’encourager le tourisme rural. Il vise surtout à pousser touristes, expatriés et habitants à sortir des sentiers battus, pour découvrir le patrimoine natu-rel, culturel, religieux, archéo-logique et gastronomique du Liban profond. Une façon de contribuer au développement durable de ces localités.

La présentation du concours a fait l’objet d’une conférence de presse, hier au ministère du Tourisme. Elle a vu la participa-tion du ministre du Tourisme, Michel Pharaon, du corédac-teur en chef de L’Orient-Le Jour, Ziyad Makhoul, de la res-

ponsable marketing et commu-nication d’entreprise au sein de la Fransabank, Dania Kassar, et de la directrice générale du ministère du Tourisme, Nada Sardouk.

« Quand tout est bouché, le village est le meilleur refuge.  » Quoi de mieux donc qu’un retour aux racines, lorsque tout va mal, que l’État vacille, que la région brûle, que s’étiole la ré-putation du Liban. « C’est pour toutes ces raisons que L’OLJ a envisagé un projet de tou-risme interne, explique Ziyad Makhoul. Ce projet est aussi preuve de résistance. »

Un projet étalé sur trois ans

Étalé sur trois ans, le projet mettra en lumière dix villages libanais chaque année. Dix villages « du nord au sud, de la Békaa au littoral », sélectionnés sur base «  d’une distribution équitable », seront donc racon-tés par les reporters de L’OLJ, vidéos à l’appui. Au menu de cette première édition, les reportages sur Akkar el-Atika, Dhour Choueir, Douma, Eh-

den, Hammana, Jezzine, Kfar-debiane, Rachaya el-Wadi, Sarafand et Yammouné seront publiés par ordre alphabétique du 13 au 23 juillet. Date à par-tir de laquelle seront ouverts les votes du public, au Liban ou à l’étranger, jusqu’au 6 août sur www.lorientlejour.com/village. Le résultat sera connu le 8 août.

Saluant l’initiative de L’OLJ et ce « projet de grande impor-tance lié au tourisme rural  », Michel Pharaon est certain qu’il aura «  des répercussions positives sur le développement durable et sur l’emploi dans ces villages », dans les domaines des maisons d’hôte et de l’artisanat, notamment. Il est nécessaire «  de protéger le patrimoine rural » et d’« encourager les ha-bitants à rester dans leurs loca-lités », note-t-il, faisant part du « soutien du ministère du Tou-risme à ce projet qui permettra de mieux connaître les villages et leurs particularités  ». Une initiative qui sera l’occasion, par le fait même, de réarranger les pierres, puisque « plus de 2 000 sites archéologiques religieux nécessitent d’être réhabilités  ».

Autre avantage de l’initiative, elle pourrait provoquer un phé-nomène de contagion et pous-ser les municipalités « à mieux préserver le caractère rural des localités », voire à « stopper la bétonisation des villages  », as-sure le ministre.

C’est un « franc succès » que souhaite à l’initiative Dania Kassar, représentante de la Fransabank. Reconnaissant l’essor du tourisme rural au Liban ces dernières années, elle fait part de l’engagement de l’institution bancaire dans le développement du secteur. « Cette initiative s’inscrit dans le cadre de notre stratégie qui prône le développement équi-table des régions, la réduc-tion de la pauvreté et la créa-tion d’emplois dans les zones rurales  », dit-elle, mettant en exergue «  l’attention particu-lière » de la banque « aux pro-jets visant à préserver l’environ-nement, développer les espaces verts et lutter contre l’exode rural ».

Place donc, demain, au pre-mier village libanais en lice, Akkar el-Atika.

Cimenterie de Aïn Dara

Antoine Haddad et son frère Abdallah comparaissent devant la police judiciaireAïn Dara dénonce une instrumentalisation de la justice par Pierre Fattouche.Le secrétaire général du Renou-veau démocratique, Antoine Haddad, ainsi que son frère, Abdallah, ont comparu hier devant un représentant de la police judiciaire de Baabda pour répondre d’un ensemble d’accusations, dont celle de dif-famation, lancées contre eux et 23 autres habitants de Aïn Dara et de sa région, par l’industriel Pierre Fattouche.

«  Le dossier de l’accusation est vide  », a affirmé dans un communiqué M. Haddad, à l’issue de sa comparution, pré-cisant que ces accusations se basent toutes sur « des extraits de pages Facebook et d’opi-nions qui s’inscrivent dans le cadre de la liberté d’expression, d’objection et du droit d’agir pour mettre fin à un danger public ».

Parallèlement à l’interroga-toire préliminaire conduit par la police judiciaire, tout le village de Aïn Dara a d’ailleurs mani-festé devant le Sérail de Baabda en signe de solidarité avec les accusés, y compris le respon-sable des Forces libanaises à Aley, Kamal Khairallah, ainsi que des cadres du PSP.

« Nous avons été convoqués pour répondre aux accusations lancées contre nous par Pierre Fattouche dans l’affaire de la construction d’une cimenterie à Aïn Dara, a déclaré M. Haddad dans son communiqué. Nous ne cachons pas notre ferme opposition à ce projet, à l’instar

des habitants de Aïn Dara, de son conseil municipal, de son moukhtar, sans compter les appuis que nous recevons des édiles et populations du Haut-Metn, de Aley et du Chouf. »

«  Les questions qui nous ont été posées reposent sur des accusations creuses ; nous aurions exprimé des diffama-tions à l’égard de M. Fattouche, falsifié la vérité et autres accu-sations de ce genre, poursuit le communiqué. Le différend qui nous oppose à Pierre Fattouche n’est pas personnel, nous ne le connaissons pas personnelle-ment. Nous lui reprochons, par contre, les activités destructrices de son groupe sur les hauteurs de Aïn Dara et le projet d’ins-tallation d’une mégacimenterie sur une superficie de 1,2 mil-lion de mètres carrés, que nous considérons très dangereux. »

« À notre avis, et de l’avis des experts, ce projet conduira à la

désertification non seulement de la région de Aïn Dara, mais de celle de tous les villages avoi-sinants, sachant qu’à l’altitude de 1 500 mètres où l’on cherche à installer cette cimenterie, c’est tout le Chouf et même une par-tie de la Békaa qui risquent de devenir inhabitables », ajoute le texte.

La justice instrumentalisée

M. Haddad a déploré en outre que l’appareil judiciaire soit ainsi instrumentalisé par Pierre Fattouche, estimant qu’il s’agit là d’une initiative «  abu-sive » qui nuit à l’esprit de jus-tice.

«  Nous allons œuvrer pour mettre fin à ce processus (d’in-terrogatoires successifs) sachant que rien ne nous fera reculer quand il s’agit de nos vies et celle de notre village », a dit M. Haddad.

Les deux personnes citées à comparaître aujourd’hui devant la police judiciaire de Baabda sont le moukhtar Antoine Badr et le journaliste et activiste Ro-ger Haddad.

S’adressant à M. Fattouche, le responsable du mouvement du Renouveau démocratique a affirmé que «  le temps de la tutelle sur Aïn Dara est révolu, le village étant désormais confié aux soins d’une nouvelle muni-cipalité qui a mis l’intérêt public, et non pas les intérêts privés, en tête de ses priorités ».

Enfin, s’adressant aux mi-nistres de l’Industrie et de l’En-vironnement, qui ont accordé au projet de M. Fattouche les autorisations nécessaires, M. Haddad a jugé qu’il s’agit, en fait, «  d’autant de condamna-tions à mort pour Aïn Dara, sur lesquelles nous espérons que vous reviendrez en fin de compte ».

Pierre Fattouche : Des rumeurs infondéesLe bureau de presse de Pierre Fattouche a publié, hier, un communiqué dénonçant « les campagnes d’instigation et d’agression menées contre lui par le président du conseil municipal de Aïn Dara ». « La dernière campagne en date est celle de samedi dernier au cours de laquelle il a mobilisé des activistes écologiques sou-

tenus par un parti politique et venus de Beyrouth au village, lançant les pires mensonges au sujet de l’usine de ciment que M. Fattouche compte construire à Dahr el-Baïdar. »« M. Fattouche tient à préciser que toutes ces rumeurs sont infondées et que le projet de l’usine de ciment à Dahr el-Baïdar-Aïn Dara est tota-

lement différent d’un projet de cimenterie qui devait voir le jour à Zahlé sur un terrain d’une superficie de 20 000 mètres carrés. M. Fattouche dispose de toutes les autori-sations pour entamer le projet qui respectera les normes internationales pour préserver l’environnement », souligne le communiqué.

La présidente du Festival inter-national de Baalbeck, Nayla de Freige, ainsi que les membres du comité, Elga Trad, Mar-tha Hraoui, Bassam Mortada, Hammad Yaghi et Guy Yaz-beck, ont effectué hier une tour-née auprès du commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, du directeur général des Forces de sécurité inté-rieure, Ibrahim Basbous, et du ministre des Travaux publics, Ghazi Zeaïter.

Dans un communiqué qu’il a publié, le comité du festival

a indiqué que «  l’objectif des deux visites auprès de MM. Kahwagi et Basbous est de s’informer auprès de ces res-ponsables du plan de sécurité prévu par les services sécuri-taires et l’armée en vue d’assu-rer la protection de toutes les routes conduisant à la forte-resse de Baalbeck ».

Les membres du comité ont également fait part des «  propos rassurants de MM. Kahwagi et Basbous au sujet de la situation sécuritaire dans la région de la Békaa, et (de)

leurs promesses d’y envoyer des forces militaires pour four-nir la meilleure protection et assurer une sécurité rigoureuse lors des soirées du festival ».

La délégation s’est ensuite rendue auprès du ministre des Transports, Ghazi Zeaï-ter, avec qui elle a évoqué les moyens de «  réussir cette saison  ». Elle a exposé à M. Zeaïter le programme du « 60e Festival international de Baal-beck  », indiquant que celui-ci «  sera inauguré le 22 juillet avec le spectacle de la troupe

Caracalla ». De son côté, le mi-nistre a promis aux membres du comité qu’il déploiera tous ses efforts pendant toute la du-rée du festival, notamment au niveau de l’éclairage des routes de la ville de Baalbeck et des routes qui y mènent.

Notons enfin que le mohafez de Baalbeck-Hermel, Bachir Khodr, a rendu publique hier une décision visant à interdire aux déplacés syriens de circuler dans la ville de Baalbeck de 18 heures à 6 heures durant toutes les nuits du festival.

Culture

Mesures sécuritaires maximales pour le Festival international de Baalbeck

Le vote sera ouvert au public à partir du 23 juillet et jusqu’au 6 août sur www.lorientlejour.com/village. Résultat le 8 août. Photo Michel Sayegh

La fédération des municipalités de Minieh a inauguré l’usine de compostage et de recyclage de Minieh, dans le cadre du Pro-gramme de gestion des déchets solides, financé par l’Union européenne.

La cérémonie a eu lieu en présence, notamment, du mi-nistre d’État pour la Réforme administrative, Nabil de Freige, de la chef de la Délégation de l’Union européenne au Liban, l’ambassadrice Christina Las-sen, et de nombreux hauts fonc-tionnaires de la région.

«  Grâce à cette usine, nous contribuons à résoudre le pro-blème chronique des déchets dont de nombreuses régions libanaises souffrent, y com-pris Minieh, et nous offrons de fait une solution optimale à la majorité des municipalités, a déclaré à cette occasion le ministre Nabil de Freige. Nous

n’épargnerons aucun effort pour contribuer, en coopération avec les autres ministères et institu-tions publiques, à trouver des solutions aux problèmes aux-quels sont confrontés les ci-toyens dans cette région comme dans les autres régions. »

L’usine de tri et compostage de Minieh, dont la construction et l’équipement ont été finan-cés par l’Union européenne à hauteur de 1 364 000 euros, a été lancée pour la première fois en 2013. Après quelques mois d’inactivité, un nouveau contrat a été signé, basé sur la techno-logie du compostage en andain, validé par la Cour des audi-teurs. L’usine a pu reprendre ses activités en mai 2016. Cinq municipalités, membres de la fédération des municipalités de Minieh, bénéficient des activi-tés de l’usine : Minieh, Yahou-dieh, Bourj al-Yahoudieh, Deir

Ammar, Markabta, soit une population estimée à 100  000 résidents ainsi que 50 000 réfu-giés syriens.

« L’usine de Minieh que nous rouvrons aujourd’hui gérera plus de 75 tonnes de déchets par jour  », a souligné de son côté l’ambassadrice Christina Lassen qui a ensuite développé les autres projets de l’UE dans la région, avant de conclure  : «  Une fois opérationnels, ces sites couvriront tous les besoins du Liban-Nord. »

Dans ce cadre, le ministre Nabil de Freige et l’ambassa-drice de l’UE ont rappelé que leur action pour une meilleure gestion des déchets ne s’arrê-tait pas aux frontières de ces municipalités. «  Nous avons réalisé l’année dernière que le Liban faisait clairement face à de sérieux défis lorsqu’il s’agit de gérer les infrastructures adé-

quates pour traiter les déchets solides », a souligné Mme Las-sen. Elle a affirmé à ce propos que « si quelque chose de bien est sorti de cette crise, c’est qu’aujourd’hui, au Liban, il semble y avoir une plus grande conscience du besoin d’avoir des systèmes efficients de gestion des déchets et en même temps de se concentrer bien plus sur le recyclage et le compostage ». Et d’ajouter en substance que la construction d’infrastructures nouvelles ne peut être suffisante sans maintenance durable de la part des municipalités.

Depuis 2004, l’UE a alloué plus de 77 millions d’euros au financement de solutions pour gérer le traitement des déchets. Le but étant in fine de bénéfi-cier à 540 municipalités partout dans le pays pour atteindre une capacité de traitement de 43 % des déchets solides.

Déchets

Relance de l’usine de tri et de compostage de Minieh

Page 4: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

Sandra NOUJEIM

Le réexamen de la guerre de juillet 2006, dite guerre des 33 jours, dix ans après, est rendu ardu, à première vue, par ce qui semble être, depuis l’intervention du Hezbollah en Syrie, une réorientation de sa résistance contre Israël, vers un conflit ouvert avec les pays arabes, sous couvert de lutte contre les fondamenta-listes, désignés sous le label de «  takfiristes américano-sionistes, appuyés par l’Ara-bie ».

Mais ce repositionnement du Hezbollah avait d’ores et déjà pris forme à la suite de la guerre de juillet, dans le contexte antérieur à l’épisode du conflit syrien.

Passer au crible les para-mètres objectifs de la situa-tion à la veille de la guerre permet de constater le carac-tère secondaire de la menace sioniste contre le Liban. Les frontières sud étaient relati-vement calmes depuis la déci-sion stratégique d’Israël de se retirer du territoire libanais en 2000.

Le défi le plus urgent pour le Hezbollah en 2006 était de rattraper le cours des évé-nements de la révolution du Cèdre en 2005, en l’occur-rence l’assassinat de Rafic Hariri, le retrait des troupes syriennes et la mise sur pied d’une enquête onusienne sur la série d’attentats contre des personnalités médiatiques et politiques. L’étau se resser-rait sur le parti chiite après le printemps de Beyrouth, en partie à la suite de pressions

internationales, d’ailleurs ini-tiées avec l’adoption de la ré-solution 1559 du Conseil de sécurité en septembre 2004.

L’appréhension du parti chiite, avant la guerre de juillet 2006, portait sur les moyens pour lui de mener, sur le double plan militaire et politique, une contre-révolu-tion du Cèdre. La démarche du Hezbollah s’articulant sur deux dynamiques mili-taro-sécuritaire et politique concomitantes, l’alliance dite «  quadripartite  » des législa-tives de 2005 après le retrait des troupes syriennes, mar-chandée à l’époque par le tan-dem chiite Amal-Hezbollah comme un passage obligé vers la relance des institutions, suivi du cabinet d’union nationale et de l’entrée de ministres du Hezb au gouver-nement, était une première réussite de sa stratégie poli-tique sous le couvert de «  la main tendue » et de « l’ouver-ture à l’autre  » sur la scène interne. Une stratégie qu’il lui restait à équilibrer par une dynamique militaro-sécuri-taire à même de lui faciliter, au niveau interne, aussi bien la mobilisation d’une açabiya communautaire contre le projet adverse qu’une attitude de supériorité, d’unicité en matière de légitimité natio-nale, à travers le maintien de son aptitude à «  intimider  » par les armes et de sa position de «  garde prétorienne  » des frontières nationales.

L’aspect militaire de cette dynamique prendra forme à travers la guerre de juillet  : le parti chiite ravivera son

action guerrière contre Israël, qu’il avait réduite depuis 2000 à des offensives ponctuelles de pure routine, par lesquelles il disait vouloir faire « acte de présence » sur le front sud.

Du point de vue du Hez-bollah, l’enlèvement des sol-dats israéliens a seulement servi de «  prétexte  » à Israël pour mener une attaque contre le parti, dans le cadre d’un plan coordonné entre Washington et Tel-Aviv pour mettre un terme à la milice chiite. Un plan que le parti aurait mis en échec à l’issue de la guerre de juillet.

La cessation des hostilités après une vaste offensive is-raélienne de 33 jours sera vite véhiculée par le Hezbollah comme une « victoire ».

Et le Hezbollah a assorti son nouveau rôle de «  vain-queur d’Israël  » par un plai-doyer plus fort en faveur du maintien de son arsenal. Qua-lifiant sa victoire de « divine » il a fait d’une pierre deux coups  : il a enraciné, dans sa base, mais aussi dans celle d’une partie des populations arabes, la conscience non seulement de la nécessité de lutte contre Israël, mais aussi la conscience de la possibilité de vaincre cette puissance ré-gionale réputée irréductible. Divinisé et hyperlégitimé, son arsenal devenait, du reste, intouchable.

La « victoire » du Hezbol-lah contre Israël est en réalité une victoire par défaut (une victoire à défaut d’avoir été vaincu). Certes, la difficulté même pour une armée puis-sante de combattre une milice

sur son terrain n’est pas à mi-nimiser. Mais le retranche-ment israélien après trente-trois jours d’offensive menée au-delà des quadrilatères sé-curitaires du Hezbollah révèle que l’armée israélienne n’avait pas pour mission d’éradiquer le parti chiite. Et celui-ci était visiblement conscient, dans ses calculs préalables au rapt des deux soldats, qu’une éventuelle offensive ne serait pas menée jusqu’au bout.

La résolution 1701, décré-tant la cessation des hosti-lités de 2006, marquera une défaite théorique du Hezbol-lah, tant elle prévoit, dans sa lettre, de circonscrire la pré-sence militaire du Hezbollah aux frontières, c’est-à-dire sa résistance, et de le désarmer définitivement, en vertu de la 1559 et des dispositions des accords de Taëf. Cette réso-lution prévoit notamment «  l’établissement, entre la ligne bleue et le Litani, d’une zone d’exclusion de tous per-sonnels armés, biens et armes autres que ceux déployés dans la zone par le gouvernement et les forces de la Finul ». Le texte prévoit également « l’ap-plication intégrale des dispo-sitions des accords de Taëf et des résolutions 1559 et 1680 qui exigent le désarmement de tous les groupes armés au Liban afin que (…) seul l’État libanais (soit) autorisé à déte-nir des armes et à exercer son autorité au Liban ».

La 1701 ne sera appliquée qu’aux frontières et ne le sera que partiellement  : les forces onusiennes accompliront la mission essentielle de sécuri-

ser les frontières israéliennes, mais se trouveront de facto devant la contrainte de coo-pérer avec le Hezbollah. En somme, la 1701 sera appli-quée de manière à garantir la sécurité d’Israël, sans toucher à l’arsenal du parti chiite. Un équilibre que le Hezbollah interprète strictement en sa faveur, estimant que la 1701 a été une « vaine tentative de la communauté internatio-nale de gagner en politique ce qu’elle n’a pu gagner sur le terrain ».

Éloigné de facto des fron-tières, mais auréolé de sa « victoire divine », le Hezbol-lah peut désormais se consa-crer à la conquête du pouvoir au Liban, dont le premier acte est le siège populaire, sous le couvert d’une oppo-sition multicolore, du Sérail pour faire chuter le cabinet Siniora, fin 2006. Un étape supplémentaire sera franchie lors de la première tentative de l’autorité légale libanaise de toucher à une partie de l’arsenal illégal du parti – à travers la volonté du Conseil

des ministres de démanteler le réseau de communication du parti chiite. La volonté de puissance du parti est d’ail-leurs renforcée par l’impro-babilité, au niveau interne, d’un véritable contrepoids politique  : l’alliance du 14 Mars, trop hétéroclite, pas assez dissuasive, reste fragile. Cette improbabilité, l’épisode du 7 mai 2008, c’est-à-dire le retournement des armes du Hezbollah contre les prota-gonistes libanais, la confirme. Mais il est clair que ce retour-nement a été facilité par la sa-cralisation de l’arsenal du par-ti chiite à la suite de la guerre de juillet. Les accords de Doha viendront couronner, eux, la dynamique politique interne du Hezbollah axée sur l’impératif du consensus – même si le «  consensus  » en question a été arraché par la violence.

Mais cette dynamique n’est que le reflet du positionne-ment iranien dans la région, dont la guerre de juillet sera un point d’inflexion. En 2006, l’enjeu pour Téhéran,

à l’origine de la décision de l’enlèvement des deux sol-dats israéliens aux frontières, était de sécuriser, au niveau international, le maintien des armes du Hezbollah. Le retrait des troupes syriennes ajoutait une nouvelle donne à la configuration : celle d’assu-rer le relais du régime syrien au Liban. Enfin, au plan arabe, il s’agissait de s’appro-prier la carte de la résistance à Israël et du soutien à la cause palestinienne face aux pays dudit « front arabe de la modération ».

Révélées au grand jour de-puis 2011, notamment depuis l’ingérence militaire flagrante en Syrie, les aspirations hégé-moniques iraniennes héritées de l’Empire perse (ou, si l’on préfère, sa tendance prag-matique à se créer des zones d’influence dans la région arabe, là où l’État est fragi-lisé ou absent) ont de moins en moins d’aisance à progres-ser sous le couvert de la lutte contre Israël. L’apparence – et encore – d’une corrélation entre la cause palestinienne et

le combat armé du Hezbollah contre Israël aux frontières sud du Liban a quasiment pris fin depuis que ce combat est mené contre l’insurrection du peuple syrien – même si des milieux proches du parti chiite font état de «  rapports iraniens recouvrés avec le Fateh et maintenus avec des responsables militaires du Hamas ».

Après avoir capitalisé sur la rhétorique antisioniste, le Hezbollah recourt désormais à la fédération de la açabiya chiite au Liban et de l’alliance des minorités dans la région : les masques territoriaux et idéologiques sont tombés. Il s’agit désormais de vêtir ses velléités expansionnistes d’une lutte à caractère com-munautaire, fondée sur la protection des minorités. Une rhétorique qui, au cœur des mutations arabes actuelles, peut s’avérer rapidement épuisable, alors que cette fois, contrairement à 2006, le Hezbollah s’est embourbé dans une guerre dont il ne peut anticiper la fin.

Zeina ANTONIOS

Que s’est-il réellement passé en juillet 2006 au Liban ? Is-raël avait-il planifié la guerre à l’avance ? Le Hezbollah s’at-tendait-il à une attaque d’une telle envergure ? Dix ans après cette guerre qui a mis le pays à feu et à sang pendant 33 jours, L’Orient-Le Jour revient sur les stratégies militaires des deux protagonistes de ce conflit sanglant.

«  Peu avant la guerre de 2006, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait assuré lors de la confé-rence sur le dialogue national qu’il ne voulait pas de guerre avec Israël. Lorsque la guerre s’est achevée, il a déclaré dans l’un de ses discours que s’il avait su que la riposte israélienne serait d’une telle ampleur, il ne se serait pas lancé dans cet affrontement », indique le général à la retraite Khalil Hélou qui tente de replacer ce conflit dans le contexte géopolitique qui pré-valait à ce moment-là.

Samir Kantar a-t-il déclen-ché la guerre ?

En juin 2006, Israël avait lancé une offensive à Gaza qui ne devait se terminer qu’en

novembre de la même année, et ce en réaction à la capture par le Hamas du soldat Ge-laad Chalit. « L’Iran aurait-il demandé à ce moment-là au Hezbollah d’ouvrir un front nord avec Israël afin d’alléger la pression sur Gaza ?  » se demande M. Hélou.

Le Hezbollah, qui avait lui-même capturé trois soldats israéliens en 2000, avait essayé de négocier leur échange en 2004. «  Le Hezb voulait que Samir Kantar fasse partie des prisonniers échangés. Sauf qu’Israël le considérait comme un prisonnier de droit com-mun et non comme un prison-nier de guerre, révèle M. Hé-lou. En 2006, le parti de Dieu a décidé de capturer des sol-dats israéliens pour tenter un nouvel échange contre Kan-tar.  » Emprisonné en Israël en 1979 après une opération menée dans la ville de Naha-riya pour le compte du Front de libération de la Palestine, Samir Kantar finira par être libéré en 2008 avant d’être tué en Syrie en décembre 2015 alors qu’il combattait dans les rangs du Hezbollah.

En juillet 2006, le Hezbol-lah entreprend donc de tendre une embuscade à une pa-

trouille israélienne à Aïta el-Chaab, tuant deux soldats et blessant deux autres qu’il fait prisonniers. Un char envoyé en représailles à la frontière libanaise saute sur une mine, et c’est alors que les bombar-dements aériens commencent. «  Les Israéliens avaient pré-paré une liste de 83 positions à bombarder au Liban, in-dique M. Hélou. La stratégie israélienne était basée sur un non-engagement des forces terrestres, copié sur le modèle américain de la guerre du Golfe en 1990, qui consiste à lancer une campagne aérienne massive avant que les forces terrestres n’entrent en jeu, et ce pour leur éviter des pertes », ajoute le général à la retraite.

Sauf que les Israéliens ont été confrontés au fait que le Hezbollah avait caché ses combattants et ses armes dans des positions souterraines non visibles à l’aviation et sur les-quelles il a commencé à tra-vailler dès 1996 (suite au pre-mier bombardement de Cana par Israël). « Israël a annoncé avoir détruit les deux tiers des missiles de moyenne portée du Hezbollah ainsi que tous ses missiles de longue por-tée. Ce genre de missile est

facilement détectable quand il est activé. Seuls les missiles de petite portée ont été épar-gnés parce qu’ils sont difficile-ment détectables », relève M. Hélou. «  Les radars syriens renseignaient probablement les combattants du Hezb quand il y avait des éclaircies. Ils sortaient alors pour tirer leurs missiles et retournaient se cacher », souligne-t-il.

L’aviation israélienne aura détruit 75 ponts en tout pour empêcher le Hezbollah d’acheminer des munitions de la Békaa-Nord et de la Syrie vers le sud. Son plan de départ consistait à mettre le pays à sac afin de faire plier le gouvernement libanais et le Hezb. «  Si les Israéliens ont fini par épargner les grandes infrastructures, telles que les centrales électriques, l’aéro-port ou les grands silos, c’est grâce à la pression américaine. Ils espéraient tout détruire pour mettre l’État libanais à genoux et l’obliger à faire pression sur le Hezbollah. Les États-Unis ont déployé beau-coup d’efforts pour empêcher ces destructions. Même le ministère de la Défense a été menacé à un certain moment. Les Américains sont interve-

nus parce qu’ils considèrent que l’armée libanaise est une armée alliée », révèle M. Hé-lou.

« Les Israéliens ont détruit les missiles du Hezbollah pour l’obliger à plier et lâcher les soldats kidnappés, chose qu’il n’a pas faite. Ils espé-raient limiter leurs pertes en vies humaines et obtenir leurs objectifs politiques par la pression », ajoute-t-il.

Pour le général Hélou, c’est l’incident de Cana (Israël avait bombardé un immeuble rési-dentiel et tué une trentaine de civils dont la moitié étaient des enfants) qui a constitué un tournant et qui a marqué le début de la fin de la guerre. « Lorsque les photos de Cana ont commencé à circuler, l’aviation israélienne a arrêté les bombardements, a indiqué le général Hélou. Israël a alors lancé 30  000 soldats dans le sud du Liban pendant les dix derniers jours du conflit. Il est clair que le Hezbollah n’avait plus l’avantage à ce moment-là. Le but des Israéliens était de déployer l’armée libanaise et la Finul au Liban-Sud, et c’est ce qu’ils ont fini par ob-tenir avec la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies », précise-t-il.

La version du Hezbollah Pour Amine Hoteit, général

à la retraite (dans la mouvance du Hezbollah), le but d’Israël était de neutraliser le Hez-bollah afin de « mettre fin à la résistance contre le projet amé-ricain du Nouveau Moyen-Orient ». «  Israël pensait qu’il n’y aurait plus de Hezbollah après la guerre, affirme-t-il. Une fois le Hezbollah détruit, les États-Unis voulaient se lancer dans la construction du Nouveau Moyen-Orient, qui consiste à partager les pays de la région selon les communau-tés religieuses. »

Selon M. Hoteit, Israël avait déjà prévu de faire la guerre avec le Hezbollah. « La guerre devait avoir lieu en septembre, mais elle a été avancée de deux mois parce que les Israéliens avaient trouvé un prétexte pour la déclencher plus tôt  », déclare-t-il.

«  Israël avait prévu que la guerre durerait deux semaines. La première semaine devait constituer une phase de des-truction par voies aérienne, terrestre et maritime. L’armée

de terre devait entrer au Liban lors de la seconde semaine de combat  », indique le général Hoteit. «  Le Hezbollah, lui, voulait limiter les dégâts dans ses rangs. Sa stratégie consis-tait d’abord à faire diversion pour occasionner le plus de dégâts possibles à Israël, et ensuite à faire pression avec les missiles pour qu’Israël arrête ses bombardements  », révèle-t-il.

Il estime par ailleurs qu’«  une partie des Libanais étaient proches d’Israël et ont coordonné avec lui ». « Fouad Siniora (qui était Premier mi-nistre à l’époque) était à leur tête», croit savoir le général pro-Hezbollah. «  Le gouver-nement de Siniora et Israël tra-vaillaient en accord. C’est M. Siniora qui a présenté au gou-vernement les demandes d’Is-raël pour arrêter la guerre. Et c’est Émile Lahoud (qui était président de la République au moment des faits) qui lui a demandé d’arrêter de pleurer parce qu’on était victorieux, affirme M. Hoteit. Les États-Unis ont obligé Israël à conti-nuer la guerre malgré ses pertes et les Arabes ont financé. »

Pour le général Hoteit, il y a «  la victoire et le prix de la victoire  ». Selon lui, «  le Hezbollah a clairement été victorieux, malgré les des-tructions infligées au Liban qui, elles, font partie du prix de la victoire  ». «  Les Israé-liens n’ont pas pu récupé-rer les soldats kidnappés au moment où ils le voulaient ni mettre le Hezbollah à genoux. Même la résolution 1701 est un renoncement à la 1559 qui demandait le désarmement du Hezbollah », a-t-il estimé en conclusion.

4 Guerre de juillet 2006 : 10 ans déjà mardi 12 juillet 2016

Israël a épargné les grandes infrastructures libanaises sous la pression américaine

De la « victoire » de 2006 à la guerre en Syrie, le Hezbollah et ses mutations

• 7 000 tonnes de bombes ont été déversées par Israël sur le Liban contre un maxi-mum de 440 tonnes pour le Hezbollah.• 2 500 obus maritimes ont été lancés par Israël.• 12 000 missions aériennes ont été effectuées au-dessus

du Liban en 33 jours. • Entre 189 et 1 000 victimes du Hezbollah, selon les sources. Non moins de 700, selon l’agence américaine StratFor. • 1 300 civils tués au Liban.• 160 morts civils et militaires israéliens.

La guerre de juillet 2006 en chiffres

Scène apocalyptique dans la banlieue sud.

À Nabatiyé comme ailleurs, les avions israéliens ont tout détruit.

Hassan Nasrallah proclamant la victoire divine, après la fin de la guerre.

Un immeuble détruit dans la banlieue sud.

Page 5: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

5Guerre de juillet 2006 : 10 ans déjàmardi 12 juillet 2016

Tarek Mitri retrace le cheminement de la rude bataille diplomatique autour de la résolution 1701 Claude ASSAF

Les négociations qui ont suivi la guerre de juillet 2006 ont duré près d’un mois. Ardues et intensives, elles ont été me-nées à Beyrouth, New York et dans plus d’une capitale étrangère par Fouad Siniora, au nom du gouvernement libanais, et par l’envoyé spé-cial de ce dernier, le ministre Tarek Mitri. Quels étaient les éléments de ces négociations qui ont abouti à l’adoption par le Conseil de sécurité de l’Onu, le 11 août 2006, de la résolution 1701 ? Quelles étaient les positions respec-tives des parties concernées ?

L’ancien ministre Tarek Mitri retrace, dans une inter-view à L’Orient-Le Jour, le long chemin parcouru jusqu’à l’adoption de la résolution 1701.

D’emblée, M. Mitri évoque le premier jour (12 juillet 2006) de l’offensive israé-lienne. Il souligne notamment que le Conseil des ministres, présidé par Fouad Siniora, a très vite pressenti qu’il s’agis-sait là d’une véritable guerre

et non de simples représailles à l’enlèvement par le Hezbol-lah de deux soldats israéliens en territoire israélien, après avoir franchi la frontière du Liban-Sud. «  Nous avons aussitôt réclamé l’instaura-tion d’un cessez-le-feu, mais les chancelleries occidentales ont montré très peu d’en-thousiasme à l’égard de notre requête  », indique M. Mitri. Il était question de « créer les conditions nécessaires pour assurer la durabilité du cessez-le-feu ». L’ancien ministre ex-plique cette attitude réticente par une sorte de blanc-seing accordé par les États-Unis à «  l’objectif d’Israël de venir à bout du Hezbollah  ». Pour le Liban, il fallait arrêter la machine de guerre israélienne engagée dans une opération qui allait bien au-delà des représailles contre le Hezbol-lah et menaçait l’ensemble du Liban, sa population civile et ses infrastructures.

Le gouvernement a alors mobilisé ses amis et s’est ac-tivé sur le plan de la diploma-tie traditionnelle et publique. «  Il fallait dire haut et fort

que le Liban était victime et non agresseur et que l’inva-sion israélienne ne saurait être une légitime défense  », souligne Tarek Mitri. L’Onu et la France se sont montrées réceptives aux positions liba-naises, indique M. Mitri, sou-lignant néanmoins que «  les participants au sommet du G8, qui se tenait le 16 juillet à Saint-Pétersbourg, se sont alignés bon gré mal gré, hor-mis le secrétaire général des Nations unies, sur la position des États-Unis qui voulaient retarder le cessez-le-feu au motif de vouloir traiter les causes profondes du pro-blème ».

Le plan en sept pointsMais pour le gouvernement,

il était vital de faire cesser les bombardements intensifs qui atteignaient de plein fouet les populations et les infras-tructures civiles. « En concer-tation avec le président de la Chambre, Nabih Berry, qui était en contact permanent avec le Hezbollah, le Premier ministre et ses collaborateurs, ministres et conseillers, ont

planché sans répit sur l’élabo-ration d’un plan en sept points pour servir de base à des né-gociations futures », relève M. Mitri. Cette feuille de route portait sur « un cessez-le-feu immédiat, la libération de tous les prisonniers, la res-tauration de la souveraineté de l’État sur l’ensemble du territoire, le retrait de l’armée israélienne, l’élargissement et le renforcement de la Finul, le placement du secteur des fermes de Chebaa sous juri-diction des Nations unies, et le retour à l’accord d’armis-tice de 1949  ». La teneur de ce plan fut largement agréée par le Conseil des ministres et son texte adopté plus tard, le 29 juillet, à l’unanimité.

L’échec de la conférence de Rome

Avec le soutien de l’Onu, de la France et de l’Italie, le gouvernement réclame une réunion du Conseil de sécu-rité des Nation unies mais ob-tient une Conférence interna-tionale sur le Liban à Rome. Celle-ci se tient le 27 juillet avec la participation de 15

États, dont les cinq membres permanents du Conseil de sé-curité. «  Mais malgré l’appui qu’ont manifesté la France, l’Italie, la Russie et les Na-tions unies à notre demande de cessez-le-feu, la conférence n’a pas été concluante, vu que les États-Unis campaient toujours sur leurs positions », souligne l’ancien ministre.

Parallèlement, l’opération israélienne passait à la vitesse supérieure, entraînant davan-tage de morts et de destruc-tions. Le 29 juillet, le Conseil des ministres décide à l’unani-mité de dépêcher à New York Tarek Mitri, le chargeant de participer au processus diplomatique qui venait de s’enclencher au Conseil de sécurité.

À New York, versionset objections

Dix ans après, l’envoyé spé-cial du gouvernement garde de cette mission diplomatique aux États-Unis un souvenir aussi vivace que s’il s’agissait d’un événement survenu tout récemment. «  Ce furent les 15 jours les plus difficiles de ma vie politique », souligne-t-il, affirmant qu’il ne comptait plus ni les jours ni les nuits, d’autant que le décalage horaire avec le Liban lui imposait de se concerter à des heures impos-sibles avec le Premier ministre au sujet des discussions en cours à New York, M. Siniora le tenant également informé de ses échanges avec le président français de l’époque, Jacques Chirac, et avec la secrétaire d’État, Condoleezza Rice, ain-si que d’autres dirigeants.

Le 31 juillet 2006, M. Mitri entame des contacts avec cha-cun des représentants des 15 États membres du Conseil de sécurité. À peine arrivé à New York, il prononce un discours devant le Conseil de sécurité, au cours duquel il expose le plan gouvernemen-tal en 7 points, «  fruit d’une entente unanime des membres du gouvernement ». M. Mitri s’emploiera à le défendre avec acharnement pour tenter d’écarter les projets de résolu-tion qui se concoctaient alors et qui étaient en défaveur du Liban. Les représentants des États-Unis et de la France né-gociaient dans la plus grande discrétion, les uns défendant

Israël et les deuxièmes appor-tant leur soutien au Liban. Le 4 août, le ministre libanais apprend que deux projets suc-cessifs de résolutions étaient envisagés, l’une proclamant la cessation des hostilités et l’autre créant une force inter-nationale, sous le chapitre VII. L’idée de confier à l’Otan la mise en place de cette der-nière fut évoquée mais elle fut écartée. Le Liban exprimera son rejet ferme d’une telle option. « Il n’était pas question d’accepter une solution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui autorise le recours à la force et, si nécessaire, sans le consen-tement du gouvernement  », explique-t-il.

Le 5 août, une première mouture de la résolution onusienne circule, prônant l’application du chapitre VII ainsi que la cessation des seules «  opérations offensives  » de l’armée israélienne, « comme si la résolution laissait la latitude à Israël de lancer des opéra-tions défensives  », relève M. Mitri. « De plus, aucune men-tion concernant notre proposi-tion sur le secteur des fermes de Chebaa n’y était mention-née, ni même une référence à l’accord d’armistice de 1949 », ajoute-t-il. La partie libanaise exprimera donc également son opposition à ce projet de réso-lution. M. Mitri soulignera haut et fort cette opposition, devant la presse d’abord, et le 8 août, devant le Conseil de sécurité. Le jour même, la pré-sence d’une délégation minis-térielle venue dire l’appui des ministres arabes des Affaires étrangères réunis à Beyrouth contribue à faire monter la pression pour arriver à une résolution plus acceptable par le Liban.

L’ancien ministre souligne l’importance de la réunion du gouvernement libanais tenue la veille, au cours de laquelle celui-ci avait affirmé sa dis-position à déployer l’armée au Sud et jusqu’à la «  ligne bleue  ». « Avec cette position du gouvernement libanais, précise Tarek Mitri, les dis-cussions au Conseil de sécu-rité avaient noté l’importance d’éviter une vacance sécuritaire dans la zone au sud du Litani, le vide que créerait le retrait de l’armée israélienne devant être

comblé par le déploiement de la troupe. »

La mouture finaleEnfin, le 11 août, le Conseil

de sécurité adopte à l’unani-mité une résolution portant le numéro 1701, dans laquelle les revendications libanaises ne sont pas ignorées. Il n’y est plus question de la cessation des «  opérations offensives d’Israël » mais de « la cessation immédiate par Israël de toutes les offensives militaires ». Éga-lement, la résolution ne men-tionne plus le chapitre VII de la charte et elle est adoptée sous le chapitre VI. « Il s’agit pour la Finul renforcée d’aider l’État à restaurer son autorité sur l’ensemble du territoire au moyen d’une force d’inter-position et de soutien, et non d’intervention  », relève M. Mitri.

L’ancien ministre évoque en outre avec satisfaction les deux références à l’autorité de l’État libanais dans le texte de la résolution. «  L’une men-tionne le recouvrement de la souveraineté de l’État sur tout le territoire à travers ses forces armées, et l’autre l’établisse-ment entre la ligne bleue et le Litani d’une zone d’exclusion de toute présence armée autre que celle de l’État libanais et de la Finul  », souligne M. Mitri.

Avec le recul d’une décen-nie, quel bilan peut-on dresser de l’application de la résolution 1701 ? « Toutes les parties sont

plus ou moins satisfaites  », estime M. Mitri, indiquant qu’« elles continuent tant bien que mal à la respecter, même si elles l’interprètent chacune à sa façon ». Il y a eu, certes, des compromis dans l’application. « Dans la zone d’exclusion de toute présence armée autre que celle de l’armée libanaise et de la Finul, il a été jugé de facto que ce qui n’est pas visible n’existe pas.  » Certes, toutes les frontières du Liban ne sont toujours pas sécurisées et les armes continuent d’en-trer sur le territoire malgré la clause relative à l’interdiction de toute vente ou fourni-ture d’armes qui n’aurait pas obtenu l’approbation du gou-vernement, relève M. Mitri. Certes, aussi, les violations par Israël de l’espace aérien per-sistent, mais la résolution n’est pas pour autant galvaudée, affirme-t-il.

La résolution 1701 n’a pas donné au gouvernement liba-nais les moyens d’étendre son autorité sur l’ensemble du ter-ritoire national. Aujourd’hui, le Conseil de sécurité ne serait pas prêt à considérer l’éventualité de confier à la Finul une quelconque mis-sion au-delà de sa zone d’acti-vité actuelle. Il est clair que la 1701, en couvrant une variété de thèmes, continue de prê-ter à une certaine confusion. Son caractère parfois général témoigne de la rude bataille diplomatique qui a débouché sur son approbation.

De notre correspondante aux Nations unies,Sylviane ZEHIL

La coordonnatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Sigrid Kaag, a tenté, une fois de plus, de « haus-ser le standard du Liban au Conseil de sécurité  ». Pré-sentant le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies sur l’applica-tion de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécu-rité de l’Onu, Mme Kaag a appelé vendredi dernier le conseil, réuni en concerta-tions à huis clos, à être plus

attentif à la situation du Liban, en ce qui concerne notamment la détérioration de la sécurité, l’importance de la prévention de l’extré-misme violent, l’érosion tangible des institutions étatiques, la nécessité d’une assistance et d’une protec-tion continues, la nécessité de maintenir l’allocation de fonds pour les nombreux réfugiés accueillis par le pays du Cèdre, sans comp-ter l’absence de progrès dans la mise en œuvre de la réso-lution 1701 du Conseil de sécurité. Car le «  Liban est plus fragile et encore moins

stable », a-t-elle relevé. Lors d’une conférence

de presse tenue après ces consultations, au Palais de Verre à New York, la coor-donnatrice onusienne a in-diqué qu’elle a eu « une dis-cussion constructive  » avec les membres du Conseil de sécurité. Elle a rappelé les attaques «  terroristes  » sur-venues la semaine dernière à Qaa – attaques qui ont été condamnées à la fois par le Conseil de sécurité et par le secrétaire général de l’Onu –, menant à la détérioration des conditions sécuritaires. «  Les personnes qui se

livrent à des actes terroristes sont infiltrées dans le pays, a-t-elle souligné. Au cours des six derniers mois, il y a eu plus de 272 arrestations pour des motifs liés au ter-rorisme, soit plus de 70 par rapport à l’an dernier à la même période. C’est un indicateur révélateur  », a-t-elle noté.

« Travail remarquable » de l’armée

Saluant le rôle de l’armée libanaise et des FSI, la coor-donnatrice spéciale de l’Onu n’a pas manqué de relever le « travail remarquable » réa-

lisé avec « peu de moyens » par cette institution pour faire face aux multiples menaces qui pèsent sur la stabilité et la sécurité du Liban. «  L’armée libanaise a montré qu’elle méritait de recevoir la confiance et le soutien de la communauté internationale  », a-t-elle souligné. Aussi a-t-elle ap-pelé à lui apporter « un sou-tien tangible  » pour qu’elle puisse mieux répondre à la détérioration des condi-tions sécuritaires. Sigrid Kaag a également sou-levé au Conseil de sécurité l’importance de la mise en œuvre du plan d’action du secrétaire général de l’Onu pour prévenir l’extrémisme violent au niveau national. Elle a ainsi demandé aux membres du conseil d’aider le pays à renforcer ses capa-cités pour y parvenir.

Mettre fin à la crise politique

La coordonnatrice spé-ciale a relevé par ailleurs devant le conseil «  l’érosion tangible  » des institutions de l’État, qui est un « résul-tat clair et incontestable de la crise prolongée  ». «  Cela affecte tous les niveaux de la société, mais d’abord et avant tout cela frappe les citoyens du pays et surtout les marginaux. » Elle a relevé que le gouvernement était à peine capable de se réunir, encore moins de prendre des décisions. «  Après avoir été au Liban depuis janvier 2015, je suis profondément préoccupée par l’incapacité claire du gouvernement à prendre certaines des déci-sions les plus fondamentales dans l’intérêt du pays et par l’incapacité des dirigeants politiques, ou le manque de volonté politique, à se réunir dans l’intérêt national », a-t-elle relevé.

Dénonçant le coût d’une telle inaction pour le pays, Mme Kaag a «  insisté sur l’urgence de cette situation » en demandant au Conseil de sécurité de travailler avec le Liban ainsi qu’avec les parte-naires régionaux, y compris l’Iran et l’Arabie saoudite, afin «  d’éviter que les crises régionales ne se répercutent sur le Liban  », et afin de parvenir à un compromis politique capable de mettre fin à la crise politique et à la question de la vacance présidentielle. «  Les diri-geants libanais, soutenus ou encouragés par les acteurs et les partenaires régionaux, y compris l’Iran et l’Arabie saoudite, doivent assumer la pleine responsabilité afin de parvenir à un compro-mis dans l’intérêt du Liban. Cela se rapporte à une série de questions politiques clés, mais commence par la pré-sidence, comme la clé pour déverrouiller le blocage plus large  », a laissé entendre Mme Kaag devant le conseil.

Impact de la crise syrienne

Concernant la «  spirale descendante  » de l’impact du conflit syrien sur le Li-ban, la coordonnatrice spé-ciale a insisté sur le besoin de soutenir les communau-tés d’accueil au Liban, ainsi que les réfugiés vulnérables, y compris les Syriens et les Palestiniens. Elle a souligné la nécessité pour les pays bailleurs de fonds d’accé-lérer l’allocation des fonds promis. Elle a estimé que le Liban devait prendre un certain nombre de mesures pour accéder aux 800 mil-lions de dollars de finance-ment à taux réduit mis à la disposition du pays.

«  L’économie du Liban est négativement impactée » par le conflit en Syrie avec

une réduction continue des investissements, des envois de fonds étrangers directs de la diaspora et un déclin du tourisme qui nuisent considérablement au pays. La spirale économique des-cendante est le mal des pays pauvres en termes dispro-portionnés. Par conséquent, le besoin d’assistance et de protection est nécessaire, y compris aux réfugiés sy-riens et palestiniens, qui comptent parmi les plus pauvres au Liban. Actuel-lement, 30  % des Libanais vivent en dessous du seuil de pauvreté, « a-t-elle indi-qué.

La coordonnatrice spéciale a souligné en concluant que «  la stabilité du Liban est un bien public régional indispensable, mais délicat. S’il venait à s’éroder au-delà du réparable, les répercussions seront impor-

tantes, non seulement pour le Liban, mais aussi pour la région », a-t-elle averti.

Près de dix ans après l’adoption de la résolu-tion 1701, qui appelle à un cessez-le-feu perma-nent, un «  calme relatif  » règne. «  Mais il ne faut pas confondre le calme qui règne actuellement avec la stabilité durable. Peu est fait pour éliminer nombre de causes profondes du conflit. Pour que la résolu-tion ait un effet préventif à long terme, il faut que nous nous efforcions activement d’avancer, ensemble, dans la mise en œuvre de cette résolution 1701  », a-t-elle ajouté. La coordonnatrice onusienne a enfin appelé le Conseil de sécurité à re-chercher les moyens de ré-engager les parties en faveur de la paix juste, globale et durable au Moyen-Orient.

Sigrid Kaag appelle les antagonistes à être « plus actifs » pour l’application effective de la 1701

Le Premier ministre de l’époque, Fouad Siniora, en compagnie de Condoleezza Rice à la conférence de Rome. Photo archives

Page 6: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

6 Guerre de juillet 2006 : 10 ans déjà mardi 12 juillet 2016

La marée noire de 2006 : une résolution onusienne marquant une victoire juridique... et l’habituelle négligence

Votre souvenir le plus marquant de la guerre de juillet 2006

La guerre de juillet, c’est aussi le bombardement israélien qui a pris pour cible les réservoirs de la centrale de Jiyeh, provoquant la pollution la plus catastrophique qu’ait connue le pays.

12 juillet 2006 : un commando du Hezbollah attaque une patrouille israélienne à la frontière libano-israélienne. Trois soldats sont tués et deux autres capturés. Israël lance immédiatement des représailles massives et larguera, 33 jours durant, une pluie de bombes sur le Liban, en particulier sur la région sud et la banlieue de Beyrouth. Une guerre qui aura fait 1 200 morts côté libanais, en grande majorité des civils, et 165 morts côté israélien, essentiellement des soldats. À l’occasion du 10e anniversaire de la guerre de juillet, nous vous avons demandé quel est votre souvenir le plus marquant de ces 33 jours de guerre.

Suzanne BAAKLINI

Le 13 juillet 2006, le pays est encore en plein choc face à cette nouvelle guerre israé-lienne lancée la veille à la suite d’une opération menée par le Hezbollah en territoire israé-lien, après avoir traversé la frontière. Le bombardement israélien des réservoirs de fuel de la centrale électrique de Jiyeh, au sud de Beyrouth, ce jour-là, 13 juillet, n’émeut pas instantanément grand monde,

du fait du flux d’informations sur les violences, les pertes en vies humaines, les premiers rapatriements d’étrangers et les déplacements de popula-tions. Jusqu’à ce que l’inévi-table devienne évident : outre le pétrole qui brûle dans les réservoirs, le bombardement a causé des fuites importantes de fuel dans la mer.

Durant tout le mois qui suivra, et jusqu’au 14 août, date de la fin du conflit, les images des plages noires

resteront comme une cica-trice que rien ni personne ne pouvaient effacer, puisque le conflit et le blocus imposé par Israël empêchaient tout effort de traitement de la pollution pétrolière. Les Israéliens, eux, savaient qu’ils ne risquaient rien puisque les courants, sur nos côtes, vont du sud au nord. Quelque 150 kilomètres de côtes libanaises ont finale-ment été noircies par plus de 15 000 tonnes de fuel déver-sées sur le littoral.

Un témoin direct, Mo-hammad Sariji, président du syndicat des plongeurs pro-fessionnels et membre de l’association Bahr Loubnan, se souvient de cette période terrible et des mois de traite-ment qui ont suivi. « En tant que militants, même sous les bombes, nous étions en train d’observer la progression de la fuite pétrolière, dit-il. J’ai moi-même photographié les plages polluées par le pétrole. Nous étions déjà conscients de l’ampleur de la catas-trophe, convaincus que c’est le pire désastre que pouvait connaître un pays qui n’arrive pas à gérer des problèmes bien plus modestes. Nous crai-gnions que les côtes ne soient jamais plus nettoyées. »

Après la guerre est venu le temps de l’action. Moham-mad Sariji rappelle que les ONG écologiques s’étaient réunies pour entamer une ac-tion commune en vue de net-toyer la côte, mais ces contacts resteront sans suite. Lui-même obtient un don de son association pour participer au nettoyage. «  Nous avons réussi à intervenir sur toutes les plages, exceptées celles que le ministère de l’Environ-nement devait confier à des sociétés étrangères, qui ont bénéficié de larges budgets alloués au Liban en ce temps-là par des organisations inter-nationales », souligne-t-il, ne cachant pas ses doutes sur les actions qui avaient été menées

à cette époque par certaines de ces sociétés.

Sur son propre travail, il garde des souvenirs indélé-biles. «  Je me souviens des images effrayantes de la pol-lution sous-marine, de ce pétrole qui avait tout noirci, dit-il. Nous avons nettoyé les fonds sous-marins à la main, avec les moyens du bord. Mais quand je constate que dix ans plus tard, il n’y a plus de trace de pollution, et qu’aucune goutte de pétrole n’est remontée à la surface, je me dis que c’est une grande victoire. »

Des rapports périodiques

Une autre victoire, juri-dique celle-là, devait survenir des années plus tard, suite à un long processus. C’est huit ans plus tard que le Liban obtient gain de cause contre Israël dans l’affaire de la pol-lution pétrolière de la côte. Le 20 décembre 2014, l’As-semblée générale de l’Onu adopte en effet une résolution qui demande à Israël de ver-ser au Liban des indemnités à hauteur de 856,4 millions de dollars. Cette résolution est le fruit d’un long processus et de plusieurs rapports rédigés au sujet de cette affaire. Un processus que détaille pour L’Orient-Le Jour Nasri Diab, professeur de droit et avocat aux barreaux de Paris et de Beyrouth. C’est lui qui a sou-mis deux rapports juridiques

au Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en 2011 et 2014, sur base desquels, notamment, la résolution a été adoptée.

Dès 2006, explique Me Diab, l’Assemblée générale des Nations unies établit la responsabilité de l’État d’Is-raël dans les dégâts causés à l’environnement au Liban, estimant que les consé-quences de la marée noire exigent des compensations. La question n’a jamais été abordée en Conseil de sécu-rité, pour des raisons évi-dentes (veto systématiques contre toutes les décisions impliquant l’État hébreu). L’Assemblée nationale a donc demandé au secrétaire général de l’Onu de publier des rapports périodiques sur cette question, ce qui a été fait durant des années.

Au Liban, sous l’égide du ministère de l’Environnement et du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), un premier rapport sur les conséquences juri-diques de la marée noire est rendu public en 2011, suite à près de cinq ans d’étude. Ce premier rapport établis-sait clairement la responsa-bilité juridique d’Israël sur le préjudice causé, ainsi que

la nécessité d’une compen-sation adéquate. «  L’Assem-blée générale de l’Onu nous a alors demandé un nouveau rapport pour quantifier les conséquences de la marée noire  », explique Me Diab. Avec l’aide d’un économiste spécialisé, l’équipe parvient à un chiffre, celui de 856,4 mil-lions de dollars. Ce second rapport a été transmis à l’As-semblée générale, suite à quoi la résolution a été adoptée à l’écrasante majorité des 170 pays membres.

Deux regretsQu’est-ce qui peut obli-

ger Israël à appliquer cette décision ? « Les décisions de l’Assemblée générale ne sont pas contraignantes, contrai-rement à celles du Conseil de sécurité, explique Me Diab. Mais il existe d’autres moyens à mettre en œuvre, comme recourir à des conventions in-ternationales ou porter plainte auprès de la Cour pénale in-ternationale. »

À ce propos, Me Diab sou-ligne avoir «  deux regrets  ». «  Le premier est en rapport avec l’époque au cours de la-quelle le Liban était membre non permanent du Conseil de sécurité (en 2010-2011), dit-il. Le Liban n’a pas su profiter

de cette position pour mettre cette question en avant. Mon second regret, c’est que rien n’a été fait depuis (l’adoption de la résolution par l’Assem-blée générale). Il aurait fallu essayer de faire bouger les choses au niveau de cette affaire d’une façon ou d’une autre. Le travail abattu du-rant dix ans était énorme  : il a permis de prouver que le préjudice est imputable direc-tement à l’État qui a causé un dommage à un autre, qu’il y a eu préjudice et que, vu le lien de causalité, il faut qu’il y ait dédommagement. Ce sont des victoires incontestables. Or le Liban n’a même pas essayé d’en tirer profit. »

Dans le cas de crimes sem-blables, y a-t-il prescription ? «  Non, il n’y a pas prescrip-tion, affirme Me Diab. Mais plus le temps passe, plus il sera difficile de faire valoir le droit à la compensation. »

Négligence ou défaitisme ? Comment qualifier ce com-portement face à un ennemi contre lequel la logique vou-drait que l’on ait recours à toutes les armes possibles, d’autant que ses actions ont fait subir à la société libanaise de graves préjudices sur les plans économique, environ-nemental et moral ?

La frayeur totale d’une petite fille

J’avais 14 ans à cette période. Je m’en souviens comme si c’était hier. Comme pour tous les Libanais qui vivent à l’étranger, venir pas-ser l’été au Liban est incon-tournable. J’étais venue revoir mes amies, mes grands-pa-rents, ma famille que j’avais quittés en allant vivre au Sénégal. Avec ma voisine, on avait l’habitude de traîner dans un petit coin du quartier d’Achrafieh, où on jouait et on se racontait des histoires à n’en plus finir. On aimait nos petites habitudes de l’été. On ne faisait pas grand-chose mais ça nous suffisait. Tout a basculé du jour au lende-main. Toute jeune, je n’y comprenais rien  : des avions qui tourbillonnaient, le trem-blement suivi du bruit sourd des bombes qui nous empê-chaient de fermer l’œil pen-dant la nuit. La frayeur totale d’une petite fille innocente, qui n’était certainement pas égale à la peur dans laquelle vivaient les régions attaquées.

Christina NASR

Adieu mon enfanceDix ans déjà, peut-être

plus, peut-être moins. Dix ans que j’ai dit adieu à mon enfance, à cette petite fille qui courait parmi les oliviers et qui effleurait le soleil. Dix ans déjà que le vent effleure les rues dans lesquelles elle courait, celles d’un Liban-Sud abandonné à ses peurs. Qu’en reste-t-il encore aujourd’hui ? Une danse de violences. L’éclat du pont qui s’écroule, l’image d’un avion dans le ciel, le souvenir d’un ami qui avait

souri. Une danse de violences faite de pas qui s’entremêlent si maladroitement. Pour cer-tains, cette danse marque la fin de l’espoir, pour d’autres, elle en est le commencement. La question est alors la sui-vante  : faut-il entrer dans cette danse ? Faut-il se retour-ner pour quelques instants et s’y faufiler de telle sorte à faire vibrer toutes ces violences, ou vaudrait-il mieux ne pas regarder ? Dix ans après, je danse plus intensément que jamais.

Sofia FARHAT

Des sanglotsDe cette guerre, je me sou-

viens d’une date, lundi 7 août, de la réunion des ministres des Affaires étrangères arabes et de la voix étouffée du Pre-mier ministre (Fouad Siniora, NDLR) par des sanglots qu’il n’a pu retenir. Ce jour-là, l’entame du processus de paix rime avec une escalade de la violence. Et dans la grande salle de réunion, on se lève pour applaudir le courage d’un homme, et celui de son peuple. On compatit. On lui donne une petite tape dans le dos, puis on lui adresse un « au revoir » poli.

Tania ARWACHAN

Nasrallah est un menteur

Mon souvenir le plus mar-quant  : tout d’abord ce n’est pas la réponse d’Israël mais bien l’attaque irresponsable du Hezbollah. Le jour même, je passais en voiture devant un barrage volant du Hezbol-lah juste avant l’ancien Hard Rock Café à Aïn el-Mreissé

quand j’ai appris la nouvelle. J’ai tout de suite compris la folie de cette attaque. J’ai hur-lé (j’ai perdu tout contrôle) contre les militants du Hez-bollah en leur disant qu’ils ne réalisaient pas qu’ils venaient de déclarer la guerre. Un res-ponsable du barrage a dit à ses miliciens qui se dirigeaient vers cet intrus (moi) : Laissez-le, c’est un fou (majnoun). J’ai démarré. Un chauffeur de taxi qui était derrière moi et qui m’avait entendu m’a pour-suivi et m’a apostrophé : « Ce sont des héros, tu n’as pas à leur parler comme cela.  » Résultat  : les héros ont fait tuer 1  200 civils et détruire pour 6-7 milliards de dollars de constructions. Juste pour le compte de wilayet el-fa-kih. Mon deuxième souvenir fut que la veille de l’attaque, Nasrallah en personne pro-mettait en Conseil de sages de ne rien faire au cours de l’été qui puisse perturber la vie économique. Aussi il m’a été confirmé ce que j’ai tou-jours affirmé  : Nasrallah est un menteur.

Saleh ISSAL

Déculottée J’étais en vacances en Italie.

Au bout du 10e jour sur CNN, j’entends Hala Gorani ré-pondre à l’attaché de presse du pays de l’usurpation : What do you mean you cannot defeat Hezbollah easily ? Cela faisait 10 jours qu’Olmert annonçait la fin du Hezb résistant. Et le pire, c’est que je le croyais.

C’est depuis ce jour que je me suis fait à l’idée que l’«  usurpie  » ne pourra plus jamais s’aventurer à attaquer

les résistants du Hezb qui leur ont confirmé que 2000 était une année qu’ils devaient bénir dans leurs annales  : elle leur a permis de détaler avant que leur armée de poltrons ne s’effondre au Liban-Sud. Mon Dieu la déculottée qu’ils se sont prise ce mois de juillet ! Un rappel : on ne compte pas une victoire ou une défaite sur le nombre de morts, mais sur les objectifs à atteindre. Sinon les Américains auraient gagné au Vietnam et les Russes au-raient perdu contre les nazis. Une très grande victoire pour le Liban.

Jaber KAMEL

La petite ShirineMon souvenir est celui

d’une petite Shirine âgée de huit ans que ma famille a accueillie en France pendant deux mois cet été-là. Elle est venue avec une trentaine d’en-fants de son âge par le biais d’une association de la région de Zahlé pour découvrir la France et apprendre le fran-çais. La guerre a éclaté à peine une semaine après son arrivée. Consigne nous est donnée de taire la guerre à nos petits Li-banais  : nous dissimulons les journaux et évitons de regar-der les journaux télévisés avec eux. Meurtrie de ce que vivait le Liban, j’ai eu alors à cœur de mieux connaître ce pays, son histoire, sa culture et ses habitants. J’ai développé un grand amour pour le Liban qui est maintenant mon deu-xième pays de cœur.

Anne F.

Les yeux de ma mèreJe me souviens encore de

cette inquiétude dans les yeux de ma mère. Du bruit sourd des roquettes qui s’abattent sur les immeubles voisins. La faim, la soif et la peur. Je me souviens encore des avions au-dessus de nous, bombardant au hasard. Notre famille est séparée, et nous sommes tous pris au piège, nous sommes une vingtaine à nous cacher dans un petit F3. Dehors, les cadavres s’accu-mulent sous les décombres. C’est une angoisse omnipré-sente, d’avoir peur de mourir, de ne pas savoir à quoi res-semble la mort. Au Liban, la guerre est presque culturelle. On s’habitue. On ne devrait pourtant pas s’habituer à ce genre de choses. Je me sou-viendrai toujours du 14 juillet 2006, jour de mes 10 ans, et de ne pas avoir vu de couleurs dans le ciel ni de bruit de feu d’artifice.

Tanya MELHEM

33 bombes Aujourd’hui, 10 ans après

cette guerre, j’ai 21 ans. La guerre de 2006 est l’un des événements les plus mar-quants de ma vie. Je me souviens très bien des nuits blanches que mes parents et moi passions. J’avais très peur que j’ai quitté ma maison pour aller dans une région plus éloignée. Toutes ces journées passées loin de mes parents, de mon lit, de mes jouets, à cause d’une guerre inoubliable, méchante et violente. Le der-nier jour, le jour de la trêve, je suis revenue à la maison. J’étais assise, tranquillement sur le balcon, quand soudain 33 bombes effrayantes détrui-

sirent le silence de cet après-midi. Depuis ce jour-là, cette guerre devint le souvenir le plus déplaisant.

Mélanie STEPHAN

Le sens des responsabilités

Mon souvenir le plus mar-quant de la guerre de juillet 2006 serait probablement l’émotion et le sens des res-ponsabilités ressentis en voyant, dans un parking à An-télias, mes collègues et leurs familles (16 personnes au to-tal) réunis devant les voitures que mon employeur avait louées (gardes du corps com-pris) pour nous évacuer. Leurs vies m’avaient été confiées. La tâche la plus lourde que j’aie eu à assumer dans ma carrière jusqu’à aujourd’hui. «  Toni, il faut faire arriver tout le monde à bon port, les réins-taller à Amman et au Caire et continuer à fonctionner pour que Beyrouth garde sa place comme centre pour le Levant et l’Afrique du Nord.  » Ces mots, qu’avait prononcés mon patron la veille, ne cessaient de tourner dans ma tête. Encore une fois, un groupe de Liba-nais allait braver la machine de guerre israélienne. Pour aller «  exploiter leur savoir-faire » et survivre. Et cela avec l’inévitable sens de culpabilité d’avoir abandonné les siens en partant.

Toni M. PRINCE

Fuir au lever du soleilNous avions été poten-

tiellement épargnés, hormis le pont enjambant le fleuve

Litani. Mais le 14e jour, trois roquettes sont tirées par le Hezbollah du centre du vil-lage. Toute la nuit durant, le village est bombardé, des maisons sont détruites et le bilan des morts augmente. Nous nous sommes enfuis au lever du soleil, quand la maison de notre voisin a été touchée. Après six heures de route, nous sommes arrivés à Bikfaya. Les habitants nous ont bien accueillis et bien trai-tés jusqu’à la fin de la guerre.

Zorkot MOHAMED

Nuit sans sommeil«  Allô maman, écoute je

n’en peux plus je quitte de-main et vais rejoindre mon mari à l’aéroport de Damas et repartir avec lui à Dubaï. » Et voilà, c’est ainsi que ma fille, enceinte de trois mois et réfugiée depuis une semaine avec son fils âgé de trois ans dans un chalet à Faraya, me fit part de sa décision de prendre la route de Tripoli pour rejoindre la frontière syrienne. Nuit sans sommeil à Baabdate, passée à compter les étoiles et parmi elles, fur-tives, les traces de ces avions israéliens sillonnant le ciel, bombardant ponts et routes. Le jour se lève, l’angoisse me prend à la gorge, la peur me serre le ventre, le téléphone sonne  : «  Le taxi est arrivé nous partons, je te tiendrai au courant. » J’ai mon portable. J’ai mis la télévision, allumé la radio et un cierge devant l’icône de la Vierge. J’ai joint les mains pour ne pas trem-bler et attendu. Les heures ont passé, interrompues par des coups de fil  : on est sur

l’autoroute ; on a traversé Jounieh ; il y a un barrage ; quelque chose a explosé de-vant nous ; on arrive à Jisr el-Madfoun ; il y a des hommes armés.

C’est quoi une heure ? Quand elle est divisée en minutes et en secondes ? Il suffit d’une seconde pour qu’un destin bascule. Heu-reusement, ce jour-là, Dieu, les saints, nos chers défunts, tous étaient avec nous. Ma fille est arrivée à destination. Combien d’autres n’ont pas eu cette chance ?

Dolly TALHAMÉ

La voix de la mèreJ’avais 11 ans. Ce n’était

pas les tremblements du bâti-ment qui m’ont réveillé ce matin-là, mais la voix de ma mère. Elle a ouvert la porte de ma chambre et à voix haute, mais sans crier, m’a dit qu’on descendait au premier étage. Dans les escaliers, les voisins étaient tous prêts. Ce qui me semblait comme une urgence était, pour eux, une routine. Leur manière mécanique de descendre les escaliers était plus effrayante que le son assourdissant des bombes. J’avais 11 ans et je ne vivais qu’une des plusieurs guerres qu’ils avaient vécues. À la télé, les politiciens étaient au centre de l’attention. Aucune mention de mon quartier qui brûlait. Une heure plus tard, de retour chez nous, ma mère, si calme, m’a préparé à man-ger. Comme si de rien n’était. J’avais 11 ans et j’ai réalisé que moi aussi je devais m’habi-tuer.

Karim NADER

Deux enfants libanais regardent les cercueils de 72 personnes tuées lors d’un raid israélien à Tyr, au Liban-Sud, le 21 juillet 2006. Hassan Ammar/AFP

Le nettoyage des côtes était laborieux, durant de longs mois. Photos Michel Sayegh

Des plages teintées de noir, durant plusieurs semaines, sans possibilité d’intervention, sur 150 kilomètres de côte.

Page 7: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

7Carnetmardi 12 juillet 2016

1er rang (6 bons numéros) : pas de grilles gagnantes2e rang (5 bons numéros + complémentaire) : pas de grilles gagnantes3e rang (5 bons numéros) : Valeur totale des lots : 48 877 560 LLNombre de grilles gagnantes : 24Lot pour chaque grille : 2 036 565 LL4e rang (4 bons numéros) :Valeur totale des lots : 48 877 560 LLNombre de grilles gagnantes : 839Lot pour chaque grille : 58 257 LL5e rang (3 bons numéros) :Valeur totale des lots : 105 376 000 LLNombre de grilles gagnantes : 13 172Lot pour chaque grille : 8 000 LLSommes cumulées du 1er rang pour le prochain tirage n° 1422 : 1 141 189 712 LL Sommes cumulées du 2e rang pour le prochain tirage n° 1422 : 152 882 638 LL

Les résultats du Zeed n° 1421Numéro gagnant : 270151er rang : 75 000 000 LL.Numéro gagnant : 27015Montant total des lots : 75 000 000 LL.Nombre de billets gagnants : 1Lot unitaire par billet : 75 000 000 LL.Billets dont les numéros se terminent par : 7015Lot unitaire par billet : 900 000 LLBillets dont les numéros se terminent par : 015Lot unitaire par billet : 90 000 LLBillets dont les numéros se terminent par 15Lot unitaire par billet : 8 000 LLCumul reporté du 1er lot Zeed : 25 000 000 LL.

Les résultats de Yawmieh n° 121Yawmieh 3 : 844Yawmieh 4 : 4991Yawmieh 5 : 63614

9 29

Les résultats du Loto n° 1 42122 31 34 37 42

Nécrologie

Condoléances

Pensée pieuse

Pour placer vos annonces Carnet à partir du web :www.lorientlejour.com, onglet « Carnet ».

Pour les hommages, s’adresser à Mlle Thérèse SABER. Tél. : 05/956444.

L’Orient : Fondé par Georges Naccache en 1924Le Jour : Fondé par Michel Chiha en 1934

Société Générale de Presse et d’Édition SALBaabda-route de Damas - Imm L’Orient-Le JourB.P. 45-254 - Hazmieh - Tél : 05/956444

Abonnement 05/[email protected]

Administration Fax 05/454201 [email protected]

Rédaction Fax 05/[email protected], petites annonces Tél. Fax 05/454108Régie publicitaire - PressmediaTél. 01/577000 - Fax 01/561380

Président-directeur généralMichel EDDÉ

Directrice exécutiveNayla DE FREIGE

Directeur exécutif adjointMichel HELOU

ÉditorialisteIssa GORAIEB

Rédaction en chefMichel TOUMA

Ziyad MAKHOULÉmilie SUEUR

Informatique Moustapha KHAZAAL

GraphismeFady SAAIBY

Yehya HAMDAN

Rédacteur en chef adjointÉlie FAYAD

Directeur responsable, Médiateur

Abdo CHAKHTOURA

Directeur des éditions spéciales

Gaby NASRLiban

Tilda ABOU RIZKMichel HAJJI GEORGIOU

Fady NOUN (adjoint)

Web Rita SASSINE

MarketingHanaa GEMAYEL

AdministrationGeorges CHAMIEH

Amal KASSIS

InternationalAntoine AJOURYSamia MÉDAWAR

(adjointe)

ÉconomieCyrille NÊME

CultureMaya GHANDOUR HERTCarla HENOUD (La Seize)

Zéna ZALZAL (adjointe)

Sports Makram HADDAD

AgendaCINÉMAPremières visions★★ BIL HALAL une comédie très bien menée par Assaad Fouladkar, avec Darine Hamzé et Rodrigue Sleiman. Le cinéaste suit quatre histoires tragi-comiques de musulmans pieux, hommes et femmes, qui essaient de vivre leurs amours et leurs désirs sans briser aucune règle imposée par leur religion. Grand Cinemas ABC Achrafieh,

Dbayeh/Concorde/Grand The Spot Saïda/Galaxy, CinemaCity (Beirut Souks et Dora), Empire Dunes, Première, Espace, Empire Cinemas The Spot, Planète City Complex Tripoli, Cinemall, Vox B.C. Center★★ FINDING DORY 2 Le Monde de Dory est un film réalisé par Andrew Stanton pour les studios Pixar. C’est la suite du film Le Monde de Nemo avec Ellen de Generes et Ty Burell. Grand Cinemas ABC Achrafieh, Dbayeh/Concorde/Las Salinas/Grand The Spot Saïda/Galaxy, CinemaCity (Beirut Souks et Dora), Empire Dunes, Espace, Empire Cinemas The Spot, Planète City Complex Tripoli, Vox B.C. Center■ FRIEND REQUEST film d’horreur de Simon Verhoeven. Grand Cinemas ABC Achrafieh, Dbayeh/Concorde, CinemaCity (Beirut Souks et Dora), Vox B.C. Center, Cinemall■ ISMAT ABOU EL-SHANAB Grand Concorde/Grand The Spot Saïda/Galaxy, CinemaCity (Beirut Souks et Dora), Empire Cinemas The Spot, Vox B.C. Center★★ NOW YOU SEE ME 2 de Jon M. Chu, avec Jesse Eisenberg et Mark Ruffalo. Un an après avoir surpassé le FBI et acquis l’admiration du grand public grâce à leurs tours exceptionnels, les 4 Cavaliers reviennent ! Pour leur retour sur le devant de la scène, ils vont dénoncer les méthodes peu orthodoxes d’un magnat de la technologie à la tête d’une vaste organisation criminelle. Grand Cinemas ABC Achrafieh, Dbayeh/

Concorde/Las Salinas/Grand The Spot Saïda/Galaxy, CinemaCity (Beirut Souks et Dora), Empire Dunes, Espace, Empire Cinemas The Spot, Vox B.C. Center, Cinemall★ THE LEGEND OF TARZAN pour la 46e adaptation de l’œuvre littéraire d’Edgar Rice Burroughs, depuis 1918, David Yates propose une relecture du mythe. Avec Alexander Skarsgård et Margot Robbie. Grand Cinemas ABC Achrafieh, Dbayeh/Concorde/Las Salinas/ Grand The Spot Saïda/Galaxy, CinemaCity (Beirut Souks et Dora), Planète City Complex Tripoli, Empire Dunes/Première, Espace, Empire Cinemas The Spot, Cinemall, Vox B.C. Center.

En salle★★ BORDERS OF HEAVEN de Farès Naanaa, avec Lotfi Abdelli et Anissa Daoud. Comment un couple, vivant tranquillement, peut-il se reconstruire face au drame et à l’inacceptable ? Lotfi Abdelli a obtenu le Muhr du meilleur acteur au Dubai Film Festival 2016. Metropolis Empire Sofil ★ INDEPENDANCE DAY : RESURGENCE de Roland Emmerich, avec Liam Hemsworth et Jeff Goldblum. La terre est menacée par une catastrophe d’une ampleur inimaginable. Pour la protéger, toutes les nations ont collaboré autour d’un programme de défense colossal exploitant la technologie extraterrestre

récupérée. CinemaCity (Beirut Souks et Dora), Empire Dunes/Première, Espace, Empire Cinemas The Spot, Grand Cinemas ABC Achrafieh, Dbayeh/Concorde/Las Salinas/Galaxy, Planète City Complex Tripoli, Vox B.C. Center, Cinemall★★ JUNGLE BOOK remake de Jon Favreau, avec les voix de Bill Murray et Scarlett Johansson. Vox B.C. Center★ ME BEFORE YOU de Tea Sharrock, avec Emilia Clarke. Lou accepte de travailler comme aide-soignante auprès de Will, un paralytique. Elle est bien décidée à lui redonner goût à la vie. Les deux jeunes gens s’éprennent passionnément l’un de l’autre. CinemaCity (Beirut Souks), Vox B.C. Center★★ MONEY MONSTER de Jodie Foster, avec George Clooney et Julia Roberts. Un journaliste, spécialiste dans les placements, se fait prendre en otage par quelqu’un qui aura suivi ses conseils. CinemaCity (Beirut Souks), Empire Première, Vox B.C. Center■ TEENAGE MUTANT NINJA film d’action avec les célèbres tortues. Sont-elles encore d’actualité ? De Dave Green, avec Megan Fox. CinemaCity (Beirut Souks et Dora), Empire Dunes, Vox B.C. Center★★ THE ANGRY BIRDS sur une île entièrement peuplée d’oiseaux heureux et qui ne volent pas – ou presque – arrivent des cochons verts mystérieux. Un film animé de Clay

Kaytis et Fergal Reilly, avec les voix de Jason Sudeikis et Peter Dinklage. Vox B.C. Center■ THE CREW de Nicolai Lebedev. Film russe catastrophe qui a lieu dans les airs. Attachez vos ceintures. Grand Cinemas ABC Dbayeh, CinemaCity (Beirut Souks et Dora), Empire Dunes/Première■ THE PURGE : ELECTION YEAR un thriller d’action, d’horreur et de science-fiction américano-français réalisé par James DeMonaco, avec Frank Grillo. Grand Cinemas ABC Achrafieh, Dbayeh/Concorde/Grand The Spot Saïda/Galaxy, CinemaCity (Beirut Souks et Dora), Planète City Complex Tripoli, Vox B.C. Center, Cinemall■ TINI THE MOVIE film italo-argentin musical qui évoque la vie de Violetta, une star ado qui perd goût à tout jusqu’à ce qu’elle découvre qui elle est vraiment. CinemaCity (Beirut Souks)

N.B. : Les programmes ci-dessus sont donnés sous toute réserve.

CINÉ-CLUBLA 55e SEMAINE DE LA CRITIQUE À BEYROUTH au Metropolis Sofil jusqu’au 12 juillet. Tél. : 01/204080.

CONCERTSMETROPHONE PRÉSENTE WADAD au

Métro al-Madina Hamra à 21h30. Tél. : 01/753021VARTAN AGOPIAN à l’Assembly Hall AUB à 18h30. Tél. : 01/350000.

FESTIVALSFESTIVAL INTERNATIONAL DE ZOUK MIKAËL : JOSEPH CALLEJA ET BRYN TERFEL AVEC MONICA YUNUS à 20h30. Tél. : 01/999666BEIRUT HOLIDAYS : PLAYING FOR CHANGE au Biel à 21h00. Tél. : 01/999666.

EXPOSLULU : TRAPPED à la galerie 392Rmeil393 rue Gouraud Gemmayzé jusqu’au 27 juillet. Tél. : 01/567015BLAST FROM THE PAST au Geek Express Saifi Village jusqu’au 22 juillet. Tél. : 01/972370BARRAK NAAMANI : LES MACHINES À COUDRE REVISITÉES à la galerie Aïda Cherfan Fine Art rue Georges Haddad imm. Beirut Harbor Saïfi jusqu’au 28 juillet. Tél. : 03/839111EXPOSITION COLLECTIF à la galerie Mark Hachem Mina el-Hosn jusqu’au 29 juillet. Tél. : 01/999313ANNIE DIARBEKIRIAN SAADÉ : HRAIRISSIMO à la galerie Hamazkayin Bourj Hammoud centre

Shaghzoyan jusqu’au 16 juillet. Tél. : 01/241263RZAI WARDÉ : IN BLOOM Gemmayzé rue Gouraud imm. Rmeil jusqu’au 16 juillet. Tél. : 03/244577ZIAD ANTAR : SAFE SOUNDS II au Beirut Art Residency Gemmayzé jusqu’au 20 septembre. Tél. : 71/347540MARWAN CHAMAA MASHROU3 LULU à Tawlet Mar Mikhaël jusqu’au 31 août. Tél. : 01/448129NATHALIE GRENIER, LI WEI ET LÉOPOLDINE ROUX : DOTS AND PIXELS à la galerie Alice Mogabgab Achrafieh imm. Karam jusqu’au 9 septembre. Tél. : 01/204984YOKO FUKUSHIMA : ENDLESS TALES à la galerie Alice Mogabgab Achrafieh imm. Karam jusqu’au 29 juillet. Tél. : 01/204984EXPOSITION ARTISTES ÉTRANGERS à la galerie Les Plumes Elsie Braidi Achrafieh Tabaris rue Chéhadé jusqu’à fin août. Tél. : 01/333537NADIM ASFAR : WHERE I END AND YOU BEGIN à la galerie Tanit Mar Mikhaël imm. East Village jusqu’au 5 août. Tél. : 01/562812Y TO BARRADA : FAUX GUIDE à la galerie Sfeir-Semler La Quarantaine imm. Tannous jusqu’au 26 août. Tél. : 01/566550MOHAMMAD ORABI : MU’ALLAQAT à la galerie Ayyam rue Zeitouni

Solidere jusqu’au 16 juillet. Tél. : 01/374450JEAN-MICHEL VINAY : COCCINELLE à The Alternative Mar Mikhaël jusqu’au 15 juillet. Tél. : 03/605093AT THE SEAMS à Dar el-Nimer Hamra jusqu’au 29 juillet. Tél. : 01/367013NABIL NAHAS à la galerie Saleh Barakat Hamra jusqu’au 30 juillet. www.salehbarakatgallery.comRANIA STEPHAN : ON NEVER BEING SIMPLY ONE à la galerie Marfa’ jusqu’au 30 juillet. Tél. : 01/571636EXPOSITION COLLECTIVE au musée Sursock jusqu’au 1er août. Tél. : 01/201892SOUVENIR DE LA ROUTE DE LA SOIE au Musée de la soie Bsous jusqu’au 6 novembre. Tél. : 05/940767.

THÉÂTREMIND AND SOUL au The Garten Biel les 14, 18 et 21 juillet et 1er et 4 août à 20h30. Tél. : 76/019465MARIONNETTES : TINE ET ZBIB présentées par Nayla Khayath tous les vendredis, samedis et dimanches à 16h30, LE PETIT NICOLAS ET LA CHOCOLATERIE tous les vendredis à 16h30 et FORMULA FUN les samedis et dimanches à 16h30 à la Planète de la découverte rue Ayass Souks de Beyrouth jusqu’au 15 juillet. Tél. : 01/957000, ext. : 3 440-3 441.

Pour connaître les horaires duCIRCUIT EMPIRE, appeler le 1 269.PLANÈTE ABRAJ 01/292 192GRAND CINEMAS ABC ACHRAFIEH 01/209 109GRAND CINEMAS ABC DBAYEH 04/444 650GRAND CONCORDE 01/343 143GRAND LAS SALINAS 06/540 970GRAND SAÏDA MALL 07/723 026CINEMACITY DORA 01/899 993CINEMACITY BEIRUT SOUKS 01/995 195METROPOLIS CINÉMA 01/204 080VOX B.C. CENTER 01/285 582

À voir absolument ★★★

À voir ★★

À voir à la rigueur ★

Ne pas se déranger ❍

Pas vu ■

L’ordre des rédacteurs de presseL’ordre des artistesLaudy Émile AbedZiad, son épouse Ludmilla Rifenco et leur filleOussamaSoula, épouse du député le Dr Farid Élias el-Khazen, et leur familleLes enfants de feu Sabeh Salibi et leurs famillesLes enfants de feu Nemer Salibi et leurs famillesLes enfants de feue Victoria Mitri Habis et leurs famillesainsi que les familles Salibi, Abed, Saba, el-Khazen, Rifenco, el-Bone, Choueiri, Habis, Merheb, Baroudi, Nassar et leurs alliés au Liban et à l’étranger ont la douleur de faire part du décès, survenu dimanche 10 juillet 2016, de leur regretté époux, père, beau-père, grand-père et cousin

ÉLIE MICHEL SALIBIJournaliste

Les obsèques auront lieu aujourd’hui mardi 12 juillet à 13h30, en l’église Saint-Nicolas des grecs-orthodoxes, à Achrafieh.La dépouille mortelle sera transférée à son village natal Souk el-Gharb, où l’inhumation aura lieu dans le caveau de la famille.Les condoléances seront reçues avant l’absoute, dans le salon de l’église, à Achrafieh, et après l’inhumation, jusqu’à 19h, à Souk el-Gharb, ainsi que mercredi 13 juillet, de 11h à 19h, dans le salon de l’église Saint-Nicolas des grecs-orthodoxes, à Achrafieh.Prière de remplacer les couronnes par des dons à l’église.

Z

Nicolas Alfred CurmiAlfred Nicolas Curmi et familleNadine, épouse Daniele Borgomanero, et leur filsSélim Georges Maatouk et familleJoe Georges Maatouk et familleReine, Vve Aziz Mouzannar, et ses enfantsainsi que les familles Curmi, Maatouk, Choueiry, Borgomanero, Jamil Pasha, Haddad, Mouzannar, Rizk, Nader, Tohmé et leurs alliés au Liban et à l’étrangeront la douleur de faire part du décès, survenu lundi 11 juillet 2016, de leur regrettée épouse, mère, belle-mère, grand-mère, sœur, belle-sœur et tante

CLAUDE CURMInée Maatouk

L’absoute sera donnée demain mercredi 13 juillet à 13h, en l’église Notre-Dame des Dons, à Achrafieh.L’inhumation aura lieu dans le caveau de famille, à Bickfaya.Les condoléances seront reçues avant l’absoute à partir de 11h, ainsi que jeudi 14 et vendredi 15 juillet, de 11h à 18h, dans le salon de l’église Notre-Dame des Dons, à Achrafieh.Prière de considérer cet avis comme tenant lieu de faire-part personnel.

Z

Imad, son épouse Souha JoumblattMirna, épouse du Dr Ismail KhalilJamal, son épouse Lamia al-Aawar (à l’étranger)Mazen Ali AhmadNawal, épouse Ghazi Chakerainsi que les familles Ramlé, Ali Ahmad, Joumblatt, Chaker, Khalil et al-Aawaront la douleur d’annonce le décès de leur regrettée mère, belle-mère, sœur et belle-sœur

DALAL (HYAM) SADEK RAMLÉVve du capitaine Abdallah Ali Ahmad

sœur de feu Walid Ramlé.Les prières ont été récitées lundi 11 juillet 2016, à Damas.Les condoléances seront reçues mercredi 13 et jeudi 14 juillet, de 15h à 19h, dans le salon du centre Dunes, Verdun, Beyrouth.

Z

La ligue de la famille KaramLeila, épouse Habib Letayf, et familleDr May Toufic HazazHayat SafiAntoine Malek Fakhry et familleLa famille de feue Salam, Vve Boutros AbboudRenée, Vve Saba Fakhry, et ses enfantsThérèse, Vve Nasri Salhab, et son fils (à l’étranger)La famille de feue Siham, Vve Abdel-Ghani DimachkiéMarie, épouse Élias Boueri, et familleAlbert Karam et familleLa famille de feue Yvette, Vve Anis Abboud (à l’étranger)La famille de feue Angélique, Vve Nassib Assaf Harb (à l’étranger)La famille de feue Alice, Vve Aziz Tannous MatarLa famille de feue Louisa, Vve Halim Gergi MadiLa famille de feue Souraya, Vve Edmond cheikh Tanios el-Khoury Karamont la douleur de faire part du décès, survenu lundi 11 juillet 2016, de leur regrettée mère, belle-mère, grand-mère, sœur, amie, belle-sœur et tante

NAJLA MALEK MANSOUR FAKHRYVve du Dr Victor Youssef el-Khoury Karam

(ancien président de la municipalité de Hadeth)Les obsèques auront lieu aujourd’hui mardi 12 juillet à 17h, en l’église Notre-Dame, à Hadeth.Les condoléances seront reçues avant l’absoute à partir de 10h, ainsi que mercredi 13 et jeudi 14 juillet, de 11h à 18h, dans le salon de l’église Notre-Dame, à Hadeth.

Z

Naaman Khoury (directeur des statistiques à la Banque du Liban) et son épouse Katia TannousPierre Khoury et famille Louis-François CarrièreMarianne Carrière ainsi que les familles Khoury, Ziadé, Carrière, Tannous, Chahwan et leurs alliés au Liban et à l’étrangeront la douleur de faire part du décès, survenu à Montréal, de leur regrettée sœur, épouse, mère et belle-sœur

MAY JOSEPH KHOURY

Les condoléances seront reçues aujourd’hui mardi 12 juillet, de 11h à 18h, dans le salon de l’église Saint-Joseph de La Sagesse, à Achrafieh.Prière de considérer cet avis comme tenant lieu de faire-part personnel.

Il y a vingt-trois ans, disparaissait tragiquementKARL ANDRÉ TABOURIAN

Sa joie de vivre, son rire, sa bonne humeur sont toujours présents chez ses proches.Une pensée, une bougie, une prière pour lui.

Z

Il y a un an, était rappelée à DieuRENÉE MOUTRAN

née Abou Nader

Une pensée pieuse est demandée à tous ceux qui l’ont connue et aimée.

Wafa’Me Mohammad Matar, son épouse Mayada Fayez Kanj et leurs fils : Farid et HachemRafah, épouse de l’ingénieur Riad Ali Mortada, et leurs enfants : Rami, Racha, Rouba et Raghda, épouse Fouad Mohammad ItaniMe Rabeh Matar, son épouse Shirine Mohammad Jokhadar et leurs filles : Souraya et HindL’ingénieur Rabih Matar, son épouse Catherine Squier et leurs enfants : Sophia, Noah et Emiliaainsi que les familles Matar, Safa, Kanj, Mortada, Jokhadar, Squier, Itani, Abbas, Fakih et Badreddineont la douleur de faire part du décès de leur regrettée mère, belle-mère et grand-mère

YUSRA Hajj MOHAMMAD AMINE SAFAVve du juge Farid Mohammad Matar

sœur de feus Mahmoud Mohammad Amine Safa, Fatmé, Khadigé, Samia, Mariam et Zeinab.Les prières seront récitées aujourd’hui mardi 12 juillet à 12h, à Rawdat al-Chahideyne, où l’enterrement aura lieu.Les condoléances seront reçues, pour les femmes et les hommes, après l’enterrement, de 16h à 19h, ainsi que mercredi 13 et jeudi 14 juillet, de 15h à 19h, dans la salle de l’Alumni Club de l’Université américaine de Beyrouth, place Wardié, puis dimanche 17 juillet, de 15h à 18h, dans la salle du siège de l’Association islamique pour la spécialisation et l’orientation scientifiques, près du siège de la Sécurité de l’État.

Z

L’ingénieur Antoine Aoun, son épouse Josette Yazbeck et leur familleClaude, épouse Élie Saliba, et leur familleMirna, épouse Khattar Skaff, et leur familleLa famille de feu Georges NassarLa famille de feue Jeannette TohméLa famille de feue Salwa Maaloufont la douleur d’annoncer le décès de leur regrettée mère, belle-mère, grand-mère et tante

LAURICE ASSAAD NASSARVve Youssef Tanios Aoun

L’absoute sera donnée demain mercredi 13 juillet à 15h, en l’église Saint-Maron, à Gemmayzé.La dépouille mortelle sera transférée à son village natal Aktanit, où une cérémonie religieuse sera célébrée, en l’église Saint-Georges, suivie de l’inhumation dans le caveau de la famille.Les condoléances seront reçues aujourd’hui mardi 12 juillet, de 14h à 18h, et mercredi 13 juillet, avant l’absoute à partir de 10h, ainsi que jeudi 14 juillet, de 11h à 18h, dans le salon de l’église Saint-Maron, à Gemmayzé.

Société Atelier de travail du syndicat des maquettistes et des réalisateurs artistiques

DisparitionHommages politiques et médiatiques à Élie Salibi

SocialPassation des pouvoirs au Rotary Club du Kesrouan

Le syndicat des maquettistes et des réalisateurs artistiques a organisé samedi un atelier de travail portant sur le métier de maquettiste, en présence d’étudiants universitaires et de professeurs de la discipline au centre-ville de Beyrouth (notre photo).

Dans une allocution, le président du syndicat Patrick Nacouzi a exposé les activités académiques que le syndi-cat organisera annuellement pour améliorer le niveau des étudiants et des maquettistes professionnels.

De son côté, un maquet-tiste britannique a évoqué l’historique de l’imprimerie et son lien étroit avec les métiers de maquettiste et de réalisa-teur artistique. Il a également mis l’accent sur la nécessité d’adapter la photo à la nou-velle et au titre pour en faire

une « unité artistique ».La spécialiste en calligra-

phie arabe Arlette Boutros a ensuite pris la parole pour évoquer la dimension artis-tique de cette calligraphie et la difficulté d’en créer de nou-velles formes.

À son tour, le professeur Mourad Boutros a fait état de la difficulté de préserver le droit de propriété dans ce domaine, vu les vols conti-nus, en l’absence de contrôle susceptible de mettre fin à ce phénomène.

Enfin, Zeid Hilaly a évo-qué son expérience dans le domaine des techniques rela-tives à l’imprimerie numé-rique.

Les participants ont pris part à une session de forma-tion sur le thème de l’adap-tation des calligraphies arabe et latine.

Plusieurs personnalités des mondes politique et des mé-dias ont salué la mémoire du journaliste Élie Salibi, ter-rassé par une crise cardiaque, dimanche, à l’âge de 75 ans.

Le ministre de l’Informa-tion, Ramzi Jreige, s’est arrêté dans un communiqué sur sa disparition subite « alors qu’il était toujours très actif ». Il a rendu hommage à sa « plume qu’il n’a pas déposée depuis près d’un demi-siècle  » ainsi qu’à son « talent unique ».

Né en 1941 à Souk el-Gharb, dans le caza de Aley, Élie Salibi avait, entre autres, occupé les postes de présen-tateur, rédacteur et conseiller dans plusieurs médias. Il est passé par Télé Liban, la Voix du Liban, la LBCI, Orbit, Voice of America et Radio Liban, entre 1984 et 2008.

Le leader des Forces liba-naises, Samir Geagea, a com-menté sur son compte Twitter le décès du journaliste. «  Ta plume s’est caractérisée par son engagement et sa révolte. Adieu Élie Salibi  », a-t-il écrit.

L’ordre des journalistes a aussi exprimé sa consterna-tion dans un communiqué, relevant à son tour que le journaliste a disparu «  alors qu’il était toujours très ac-tif au niveau intellectuel  ».

L’ordre s’est arrêté « sur la car-rière brillante et riche » d’Élie Salibi, en soulignant qu’avec sa disparition, « le Liban perd une de ses figures excep-tionnelles qui ont laissé une empreinte indélébile dans le monde des médias ».

Le président du syndicat, Élias Aoun, a indiqué dans ce contexte qu’Élie Salibi devait être accueilli au siège de l’ordre auquel il voulait offrir plusieurs de ses œuvres dédicacées au cours d’une rencontre-débat avec tous les membres au sujet des défis auxquels le monde des médias est confronté.

Le Club de la presse a sou-ligné qu’avec la mort d’Élie Salibi, « le Liban a perdu une partie supplémentaire de sa richesse intellectuelle, litté-raire et médiatique », avant de rappeler que le journaliste a contribué au développement du monde de l’information au Liban, depuis sa consti-tution. «  Il a formé des jour-nalistes qui ont à leur tour enrichi, de par leur action, les médias qui les ont accueil-lis.  » « Aujourd’hui, des gens comme lui, capables de laisser leur empreinte dans chaque image, chaque mot et chaque idée, nous manquent  », selon le communiqué du Club de la presse.

Toujours fidèles aux valeurs humaines et rotariennes, les rotariens du club du Kesrouan, accompagnés de leurs conjoints et amis, se sont réunis dans le cadre feutré du restaurant La Martingale, au Casino du Liban, pour célé-brer dans une atmosphère conviviale la cérémonie de passation des pouvoirs entre Nouhad Chémali et Fawzi Maroun.

Les discours des inter-venants ont été axés sur les actions accomplies et celles planifiées pour l’année à venir, mettant aussi l’accent sur le nouveau thème lancé par le Pr John Germ, «  Le Rotary au service de l’humanité ». Trois nouveaux membres, Diah Jazzar, Georges Tcheroyan et Robert Abdel Hay, ont été admis comme nouveaux membres au club.

Le gâteau de la cérémonie.

Photo de groupe.

Aide humanitaireCentre social du CJC – Cas 4 656Une femme âgée de 69 ans, travaille comme concierge, a à sa charge son mari, épileptique, diabétique et en dépression nerveuse, a besoin d’être hospitalisée. Malgré l’aide du ministère de la Santé, elle n’arrive pas à couvrir les frais. Souhai-

terions votre contribution à ce cas.

Le cas 4  655 est couvert. Merci.

Fransabank – Tabaris n° 20.10.0302648.03.

Tél.  : 01/335844, cell.  : 70/145301, après-midi 01/335750.

Page 8: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

8 Guerre de juillet 2006 : 10 ans déjà mardi 12 juillet 2016

Bourse de Beyrouth

Devise Achat VenteDollar US 1 501 1 514Livre syrienne 6,97 7,01Dinar irakien 1,28 1,29Dinar koweïtien 4 996,68 5 023,21Dinar jordanien 2 129,43 2 140,74Dinar bahreïni 3 994,06 4 015,27Dirham EAU 1 135,64 1 141,85Rial qatari 413,90 416,09Rial saoudien 401,74 403,87Livre égyptienne 170,09 170,99Livre sterling 1 957,86 1 958,11Franc suisse 1 532,30 1 542,30Yen (100) 14,64 14,74Franc CFA (1 000) 2,54 2,56Dol. canadien 1 150,07 1 151,07Dol. australien 1 135,90 1 141,93Euro 1 668,70 1 671,20

Taux d’intérêt

Taux croisés

Devise $ USD £ GBP CHF ¥ YEN € EUR

$ Dollar US – 1,30 1,02 0,0097 1,1055

£ Sterling 0,77 – 0,78 0,0075 0,85

CHF Franc suisse 0,98 1,27 – 0,0096 1,09

¥ Yen 102,83 133,47 104,66 – 113,69

€ Euro 0,90 1,17 0,92 0,0088 –

Taux de change (L.L.)

S&P 5002 137,15

+0,34 %

Or1 355,50–0,28 %

Argent20,32

–0,38 %

Euro1,1055

+0,02 %

Yen102,81–0,05 %

Pétrole WTI44,45

–2,11 %

Nikkei15 708,82+3,98 %

CAC 40 4 264,53+1,76 %

Dow Jones18 226,80+0,44 %

Nasdaq 1004 554,71+0,58 %

Euro Stoxx 502 885,32+1,67 %

Les valeurs Volume Prix Var. (%) Montant

BLOM Stock Index – 1 155,57 –0,03 –Solidere A 7 165 9,47 –2,27 67 879,82Solidere B 1 618 9,38 0,11 15 312,13Solidere - GDR 4 300 9,54 –0,10 39 891Bank Audi - SAL N/A 6,21 0 N/ABank Audi - GDR N/A 6,20 0 N/ABank of Beirut N/A 18,80 0 N/AByblos Bank 40 000 1,63 –1,21 65 200BEMO Bank N/A 1,50 0 N/ABLOM Bank 5 093 9,96 0,50 50 725,35BLOM Bank - GDR 11 000 10,05 0 110 550

Rasamny Younis Motor N/A 3,23 0 N/AHolcim Liban SAL N/A 14,31 0 N/A

Euro obligations libanaises - 5 ansEuro obligations libanaises - 10 ansObligations américaines - 10 ansObligations du Trésor français - 10 ansObligations du Trésor allemand - 10 ansObligations du Trésor britannique - 10 ansObligations du Trésor japonais - 10 ans

5,65 %6,70 %1,43 %0,12 %

–0,17 %0,76 %

–0,28 %

Nom Rendement

Bons du Trésor

Devise 2 j. 1 m. 3 m. 6 m. 1 an

$ USD 0,5 0,48 0,67 0,94 1,25

£ GBP 0,5 0,48 0,52 0,61 0,85

CHF –0,75 –0,82 –0,78 –0,70 –0,59

¥ YEN 0 –0,08 –0,03 –0,03 0,05

€ EUR 0 –0,36 –0,30 –0,19 –0,07

Banque d’Angleterre : pas de temps à perdre ! Il y a de fortes chances que la politique mo-nétaire anglaise soit assouplie cet été. Mark Carney, le gou-verneur de la Banque d’An-gleterre (BoE), n’a laissé aucun doute là-dessus à peine connus les résultats du référendum sur le Brexit. Depuis 2008, dans des situa-tions de stress, les banques cen-trales sont rarement avares de leur soutien aux marchés. Le consensus Bloomberg penche pour une baisse des taux dès cette semaine (56  % vs 44  % pour le statu quo). Pour autant, le taux de base étant déjà très bas (0,50 % depuis mars 2009), une baisse des taux n’est pas la panacée. Il y a même des argu-ments pour attendre un peu afin de calibrer au mieux la ré-ponse monétaire. Les effets du vote pro-Brexit sur l’économie réelle ne sont pas encore mesu-rables. Les données «  dures  » (ventes au détail, production, inflation, crédit) pour juin ne seront connues que dans les prochaines semaines et celles

de juillet pas avant fin août ou début septembre. À ce stade, on sait seulement que le cli-mat de confiance a, sans sur-prise, pris un gros coup sur la tête (graphe). La BoE a une autre réunion le 4 août, où elle publiera son Inflation Report en ayant plus de recul sur l’évé-nement. La BoE a des objectifs contraires. D’un côté, stabiliser les conditions financières, mais de l’autre, contrôler l’inflation. La chute de la livre sterling (-13  % face au dollar depuis le 23 juin) va renchérir les im-portations. La question d’une relance du QE va aussi se poser, mais c’est une décision qui mé-rite sans doute plus de réflexion que la baisse des taux.

Cet article est réalisé par Fidus

Céline HADDAD

Dix ans jour pour jour après le déclenchement de la guerre de juillet 2006 au Liban, les stig-mates des destructions me-nées par l’armée israélienne ne sont plus qu’un vague souve-nir. De fait, il a fallu environ trois ans pour que la totalité des sites soient reconstruits.

Pourtant, le bilan matériel des infrastructures détruites ou endommagées était plus que conséquent avec quelque 117 661 logements dans plus de 354 villages, 342 écoles, 46 centres de soins, une cen-taine de ponts, des réservoirs d’eau, câbles électriques et infrastructures télécoms… Le tout pour un coût total estimé entre 2,8 milliards de dollars et 3,6 milliards de dollars, selon les sources.

Solidarité internationaleDix ans plus tard, de nom-

breux acteurs louent l’effica-cité de la conduite de ce chan-tier colossal  : «  En quelques jours, le Liban est passé d’une économie de croissance à une économie d’urgence. Les infrastructures ont été recons-truites en un temps record. À mon avis, cette reconstruc-tion a été bien menée compte tenu de la situation gravis-sime de l’époque  », estime Jihad Azour, ministre des Finances durant les années 2005-2008. «  La recons-truction d’après-guerre a été excellente  », confirme Ramzi el-Hafez, directeur général d’InfoPro, qui a travaillé pour l’initiative Rebuild Lebanon. Ce portail Internet avait été mis en place par le bureau du Premier ministre, en collabo-ration avec InfoPro, l’institut des Finances Basil Fuleihan et OMSAR, pour permettre l’accès à l’information en continu sur les efforts de re-construction. Il a stoppé ses travaux en 2009.

Premier facteur de suc-cès  : l’abondance des fonds octroyés au Liban et la rapi-dité avec laquelle ils ont été récoltés. «  La rapidité des constructions a été permise par la disponibilité des res-sources », explique Khalil Ge-bara, ancien directeur exécutif de la Lebanese Transparency Association (LTA). « Il y a eu une vraie solidarité interna-tionale pour le Liban et ce fut

très rapide », se félicite Jihad Azour.

La mobilisation interna-tionale et régionale sur ce dossier interpelle en effet par son tempo et son ampleur. La Conférence internationale à Stockholm sur l’aide d’ur-gence au Liban qui s’est tenue seulement deux semaines après la fin des hostilités, où plus de 30 donateurs se sont réunis, a permis de réunir 900 millions de dollars de dons, quasiment le double de ce que le gouvernement espé-rait alors récolter. Outre la fourniture d’abris temporaires à 30 000 familles et le démi-nage du pays, ces dons, des-tinés à la réponse en urgence, ont également permis le réta-blissement de l’alimentation en électricité, en eau et des réseaux télécoms.

S’ajoutent à ces dons les engagements (sous la forme de subventions et en excluant ceux liés à la conférence de Paris III) pris par un total de 66 donateurs avant et après-Stockholm, pour un montant total atteignant 2,1 milliards de dollars. Le plus grand do-nateur étant l’Arabie saoudite avec 590 millions de dollars, suivie du Koweït (315 mil-lions) et du Qatar (300 mil-lions).

« L’aide résultant de Stoc-kholm a été canalisée de trois façons différentes, soit par des dons directs au gouvernement libanais – par le biais de la Banque centrale et du Haut-Comité de Secours (HCS) –, soit par le parrainage de pro-jets de reconstruction (ponts, routes, écoles, hôpitaux) avec un versement direct aux béné-ficiaires, soit par l’intermé-diaire des agences des Nations unies et organisations inter-nationales  », note un rapport de la LTA, en collaboration avec Majal, sur la reconstruc-tion après la guerre de 2006, publié fin 2008.

L’enveloppe de cette aide internationale a été en majo-rité utilisée pour la recons-truction des habitations (avec 680 millions de dollars), puis pour les infrastructures (349 millions), pour le secteur de l’éducation (174,8 millions) et la gestion de l’eau et de l’eau usée (162 millions).

« Maisons fictives » En ce qui concerne les

habitations, le Conseil des ministres de l’époque avait mis en place un mécanisme d’assistance pour les mai-sons endommagées et celles partiellement ou totalement détruites. Les donations extérieures ont représenté 62 % des besoins de finance-ment de reconstruction des habitations, le reste ayant été couvert par le gouvernement libanais.

Les propriétaires des habitations endommagées – 88,3  % des logements concernés – ou détruites re-cevaient une compensation sous forme de chèque variant entre 200 000 et 50 millions de livres libanaises, selon l’estimation des dégâts, afin de procéder eux- mêmes aux travaux de réhabilitation.

Or la gestion des chèques d’assistance délivrés par l’État était assurée par de nombreux organes publics : le bureau du Premier ministre, le HCS, le Conseil du Sud et le minis-tère des Déplacés, les muni-cipalités, ainsi que le cabinet de conseil Khatib & Alami embauché par l’État … « La multiplicité des acteurs impli-qués dans la reconstruction, avec des chevauchements des fonctions, ont affecté l’efficacité du processus de reconstruction. Il n’était pas efficace et ouvrait la porte au manque de transparence, au népotisme et au clientélisme. De plus, cela engendrait des retards au niveau de l’octroi des compensations, explique Khalil Gebara. (Le Conseil du Sud et le ministère des Déplacés étaient) chargés de la même tâche, ce qui a compliqué l’administration. Parmi d’autres problèmes lo-gistiques, cela a conduit à des accusations de clientélisme politique, ces deux orga-nismes étant liés à des partis politiques », note en outre le rapport de la LTA.

«  De nombreux villageois avaient également mentionné l’existence de “maisons fic-tives”: parce que le bureau du Premier ministre ne stipule pas l’emplacement des mai-sons à reconstruire, certaines maisons ont été construites sur des lots vides. On peut donc se demander si les fonds reçus pour ces maisons ont été obtenus par les voies lé-gales prévues ou bien à travers

des pratiques de clientélisme ou de corruption  », ajoute Khalil Gebara.

Les dérives potentielles liées à cette compétition entre les autorités en charge ont par ailleurs pris une autre dimen-sion, plus politicienne, dans le cas de la banlieue sud, où la gestion de la reconstruction des logements détruits ou en-dommagés a fait l’objet d’un système parallèle, géré par le Hezbollah (voir encadré).

Exceptions aux règlesAutant de problèmes qui

ont sans doute contribué au fait que les administrations publiques aient été en grande partie court-circuitées dans l’exécution de la reconstruc-tion des infrastructures dé-truites.

Le Qatar a, par exemple, entrepris la reconstruction de quatre villages entiers (Bint-Jbeil, Khiam, Aïnata et Aïta ech-Chaab), soit 3  137 mai-sons, ainsi que leurs écoles, églises, mosquées, hôpitaux et infrastructures. «  Au lieu d’utiliser le mécanisme de l’État, le Qatar a collaboré directement avec les autori-tés locales et a transféré les sommes d’argent à la Banque Audi  », ajoute le rapport. Le tout pour un coût estimé à 10 millions de dollars.

«  Ces donateurs payaient pour le projet et contractaient eux- mêmes les entreprises

chargées de construction. Seuls les grands projets d’in-frastructures, comme pour l’eau ou l’électricité, suivaient les procédures publiques habituelles  », poursuit Jihad Azour.

La même logique a présidé pour les dons privés. Exemple avec la Byblos Bank qui a donné environ 4 millions de dollars pour reconstruire le pont de Fidar (Jbeil). Après avoir signé un accord avec le Conseil pour le dévelop-pement et la reconstruction (CDR) pour financer l’étude de faisabilité, la conception et la construction du nouveau pont, la Byblos Bank a em-bauché elle-même le cabinet d’ingénieur et l’entrepreneur supervisant le projet, qui a été achevé en moins d’un an.

«  Beaucoup d’exceptions ont été faites aux règles pour pouvoir exécuter rapidement les projets de reconstruction, par exemple beaucoup de pro-jets étaient décernés de gré à gré et ne passaient pas par des appels d’offres », explique Ramzi el-Hafez.

Mais ce gage à l’efficacité a eu aussi des effets pervers. « Le choix des entrepreneurs et des fournisseurs dépen-daient des donateurs privés, ce qui a créé des opportuni-tés pour le clientélisme (...). Il était également difficile de déterminer le coût réel des projets  », note le rapport de

la LTA. « Cette privatisation de la reconstruction a affecté les mécanismes de contrôle du secteur public, qui n’a pas sur-veillé la qualité de la recons-truction des ponts et n’avait mis en place aucun plan pour leur entretien. Ces pro-blèmes peuvent être observés aujourd’hui », explique Khalil Gebara. «  L’État intervenait pour s’assurer que les normes étaient respectées  », déclare néanmoins Jihad Azour.

« L’abondance des dons et les bras de fer politiques ont permis d’apporter une com-pensation financière satisfai-sante, mais pas de solution à long terme », conclut la LTA dans son rapport.

Elle préconise avant tout l’adoption préventive d’un plan d’urgence national. «  Le conflit de l’été 2006 a démontré l’absence d’un plan d’urgence efficace capable de soutenir la durabilité et la cohérence des mécanismes mis en place à moyen et long terme », affirme son rapport.

Ses autres recommanda-tions portent notamment sur une définition claire du rôle de chaque organe public, la mise en place d’un système de réparation et d’entretien des infrastructures et la modi-fication des lois pour obliger l’État et les donateurs à pu-blier des rapports financiers et les procédures d’attribution des contrats.

Un chantier de plusieurs milliards de dollars a érigé les exceptions en règles pour répondre rapidement et efficacement à l’urgence, avec toutefois quelques bémols.

Focus

La reconstruction du Liban,un modèle de réussite ?

Les destructions dans la banlieue sud de Beyrouth en août 2006. Photo Mahmoud Tawil

La reconstruction des habi-tations dans la banlieue sud de Beyrouth est un cas à part. D’abord par l’ampleur des des-tructions : plus de 55,47 % des pertes économiques subies par le Liban y étaient concentrées. Dans cette partie de la ville, 262 bâtiments ont été détruits, dont 232 à Haret Hreik. Plus de 8 000 autres appartements ont été endommagés ou partielle-ment démolis. Ensuite parce que le gou-vernement a mis en place un mécanisme d’assistance exclusivement pour la banlieue, permettant aux propriétaires de recevoir un chèque entre 200 000 et 80 millions de livres libanaises si l’habitation était totalement détruite (un plafond supérieur de 60 % à celui pré-valant dans le reste du pays). Mais la plupart des familles de la banlieue sud ont préféré donner leurs chèques de rému-nération au Hezbollah pour le réaménagement de la zone dévastée via un plan ambitieux, appelé « Waad » mené via la compagnie Jihad al-Bina. « Waad a pu reconstruire la totalité des habitations détruites entre 2006 et 2012. Dans la banlieue sud, il était impossible que chaque propriétaire rénove son propre appartement, car ils étaient plusieurs par immeuble et ne pouvaient pas faire face à l’ampleur de la reconstruction seuls, nous avons donc décidé de reconstruire les quartiers détruits via le projet Waad », explique le directeur général du projet Waad, Hassan Jichi. Au final, le coût total de la

reconstruction de la banlieue sud a atteint les 400 millions de dollars, couverts en partie par les chèques de compensations, à hauteur de 190 millions de dollars, le reste ayant été financé par le Hezbollah par le biais de l’Iran. « Néanmoins, il y a eu des plaintes concernant la lenteur de la reconstruction qui a soulevé des débats entre Jihad al-Bina et le gouvernement », note la LTA dans un rapport publié fin 2008. « Le gouvernement n’a rien fait, il a seulement payé des compensations venant de donateurs internationaux, mais il n’y avait pas de véritable plan pour la reconstruction. Ce n’était pas assez. Si le Hezbollah n’avait pas pris en charge la reconstruction de la banlieue, les habitants seraient encore dans la rue. D’ailleurs, jusqu’à maintenant nous n’avons pas reçu le total des compensations de l’État. Au Liban-Sud, certains habitants ont dû contracter des prêts pour reconstruire leurs maisons », déplore Hassan Jichi. « C’était une minicrise poli-tique. Le Hezbollah attaquait le gouvernement au niveau de l’image en disant que l’État était défaillant et privilégiait certaines populations », affirme Jihad Azour. Pour la LTA, cette compétition entre le parti chiite et l’État pour s’ attribuer les lauriers de la reconstruction a pu être source de conflits d’intérêts, même si son rapport ne détaille pas précisément lesquels.

Banlieue sud : un cas particulier géré par le Hezbollah

Royaume-Uni : sentiment des entreprises

En partenariat avec

www.fidus.com.lb

Page 9: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

9Économiemardi 12 juillet 2016

OFFRE D’EMPLOI Needed a laboratory technician for a pharmaceutical company in Mansourieh. CV: [email protected]

IMMOBILIER LOCATION Sassine, apt 70sqm, fully renovated, salon, 2 bedrooms, 3 bathrooms, elevator. Tel.: 03/689399.

Achrafieh, près Lycée, appt neuf 185m2, 3 ch., park., 13000$/an. Tél.: 01/616000, www.sodeco-gestion.com

Rent/year, chalet, Plateau

Faraya, villa 4 bdr., furnished, next to slopes. 03/301044.

IMMOBILIER VENTE Mar Mikhaël, 2 appartements neufs 223m2, 90m2 avec parkings. Tél.: 01/336957 – 03/130134.

À vendre ou à louer appt, Abdel-Wahab, 3 c. à c., sal., s. à m., 4 s. d. b., ch. d. bonne, park., a/c, génér. 03/611043.

Achrafieh, Mar Mikhaël, appt 180m2, sécurité 24/7, piscine, gym, 2 parkings, 590000$. 01/993399 – 70/600670.

Achrafieh, Sassine ABC, triplex roof 750sqm, panor. lift, high standard, 4 bedrooms, 5 salons, dining, 360 views, landscaped terraces, 2 generators, VRV a/c. 70/979392 – 03/721201.

Achrafieh, Charles Malek, nouveau bâtiment, appt 270m2  3 c. à c., chambre de bonne, 2 parkings, 891000$. 01/993399 – 70/600670

Baabda, Yarzé, appt neuf 215m2, r. d. c., 3 ch., 1 park., jardin 180m2, 550000$. Tél.: 01/616000, www.sodeco-gestion.com

Faqra Club, chalet triplex 170sqm garden floor, core & shell, 3 park. indoor + storage in a compound, 450000$. Baz Real Estate 70/446486.

Faqra Club, chalet simplex furnished 75sqm, 2 bedr., kitchen equipped, 1 park. indoor + storage in a compound, 315000$. Baz Real Estate 70/446486.

Baabdate, appt 175m2 +120m2 jardin, en très bon état, vue dégagée, 2 ch., 2 park.,

310000$. Tél.: 01/616000, www.sodeco-gestion.com

Bayada, duplex 550m2 + terrasse 150m2, vue sur mer, super de luxe, prix attrayant. Tél.: 03/662626

À vendre ou à louer magasin 80m2, Achrafieh, Sassine, imm. Byblos Bank. 03/822020 – 01/241306.

Deir el-Qamar, à vendre maison + jardin, excellent état, 650000$. Tél.: 03/409025.

AUTOMOBILES

Volvo XC 60, R Design, 2011, noir/beige, 1re main, entretiens agence, 105000km, 32000$. 76/191911.

VW Beetle, 2007, noire, excellentes conditions, 127000km, prix final 6000$. Contact: 70/367689.

Pour placer vos Petites Annonces à partir du web :

www.lorientlejour.com, onglet « Petites Annonces ».

Liban

International

Petites annonces

Des panneaux solaires inaugurés à l’AUBL’Université américaine de Beyrouth (AUB) a inauguré hier la première installation de panneaux solaires photovoltaïques dans ses locaux, plus précisément sur les toits de la faculté d’ingénierie et d’architecture, en présence du ministre de l’Agriculture Akram Chehayeb. Avec l’aide du Programme des Nations unies pour le développement, une équipe de l’AUB a mis en place 474 panneaux dont la puissance maximale est

de 315 watts chacun sur une surface de 1 500 m2, d’après le communiqué de l’université. « Annuellement, ce système permet d’économiser environ 40 000 dollars et de réduire les émissions de CO2 de 150 tonnes. » Le but de l’AUB – bien qu’aucun délai n’ait été fixé – est d’installer des panneaux sur 15 000 mètres carrés afin de réduire ses émissions de CO2 de 1 500 tonnes et d’économiser 500 000 dollars par an. Ce programme a été financé à 85 % par le programme

Medsolar de l’Union européenne, qui développe des générateurs équipés de systèmes photovoltaïques solaires au Liban, en Jordanie et en Palestine. La faculté d’ingénierie et d’architecture de l’AUB et l’ONG Moneera ont également participé au financement du projet dont le coût n’a pas été communiqué.

Le syndicat des orfèvres et des joailliers renouvelle son bureau exécutifLe syndicat des orfèvres

et des joailliers du Liban a annoncé vendredi dans un communiqué le renouvellement automatique, en l’absence de campagne, de son bureau exécutif pour les deux prochaines années. Douze représentants des 400 membres du syndicat ont réélu le président Antoine Moughanni, son vice-président Vasken Hadidian, son secrétaire général Atef Nsouli et son trésorier, Tony Ouzounian.

Brèves

Focus

Un an après avoir frôlé le Grexit, les Grecs restent exténués par l’austérité

Libre-échange

TTIP : les États-Unis et l’UE reprennent les pourparlers malgré les doutes

Il y a un an, le Premier mi-nistre grec Alexis Tsipras capitulait et signait un troi-sième plan d’aide à la Grèce. Aujourd’hui, Athènes est rentrée dans le rang, mais les mesures difficiles continuent de s’abattre sur des Grecs exténués.

Fin juin 2015, le jeune lea-der de Syriza et son icono-claste ministre des Finances Yanis Varoufakis n’avaient pas réussi, après cinq mois de bataille, à convaincre les créanciers du pays (UE, BCE, FMI) d’adoucir les mesures d’austérité imposées par les deux premiers plans conclus depuis 2010.

Sevrée d’aide financière, la Grèce alors manque fin juin un remboursement au FMI, événement rarissime. Alexis Tsipras annonce un référen-dum sur la dernière propo-sition en date des créanciers. La panique bancaire menace et un contrôle du crédit – toujours en vigueur quoique assoupli – doit être instauré.

Le 5 juillet, les Grecs disent non aux créanciers à plus de 61  %. Malgré cette victoire, Alexis Tsipras refuse le risque d’une sortie de l’euro. Une se-maine plus tard, le 13 juillet, il signe le troisième prêt au pays de 86 milliards d’euros (95 milliards de dollars) sur trois ans, mais assorti de nouvelles hausses d’impôts, réforme des pensions, mesures diverses si dures qu’il est qualifié de « coup d’État » sur les médias

sociaux.Mais depuis, la Grèce l’ap-

plique malgré la grogne so-ciale et les répercussions sans précédent de la crise migra-toire de 2015. Le pays a déjà obtenu de l’UE le versement de 28,9 milliards d’euros (31,9 milliards de dollars) et un début de discussion sur l’allè-gement de sa dette de 182 % du PIB. « La Grèce a franchi un cap critique », se félicitait le mois dernier le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Cependant, le directeur gé-néral du Mécanisme européen de stabilité Klaus Regling déplorait qu’à cause « de lon-gues négociations », il ait fallu « neuf mois au lieu de trois » pour conclure la première évaluation du programme.

M. Tsipras se dit ferme sur

ses principes voulant aussi répondre aux nombreuses défections et critiques au sein de son parti Syriza depuis sa volte-face l’année dernière. La semaine dernière, il a ainsi qualifié sur Twitter la victoire du non l’an dernier «  d’acte sublime de résistance » contre l’Europe de l’austérité.

Cette manière de «  faire semblant de négocier de ma-nière très dure et de laisser les choses traîner peut s’avé-rer son erreur la plus grave », remarque le politologue Georges Sefertzis.

« Dépression massive » Le PIB grec devrait cette

année, selon la Commission européenne, baisser encore de 0,3 %, recul ininterrompu depuis 2009 hormis en 2014.

Le député du principal parti

d’opposition Nouvelle démo-cratie (ND, conservateur), Théodore Fortsakis, reproche à M. Tsipras d’avoir privilégié les hausses d’impôts sur les baisses de dépenses publiques afin d’atteindre les objectifs d’excédent budgétaire pri-maire (hors charge de la dette) imposés par le plan : 0,5 % du PIB cette année, 1,75  % en 2017 et 3,5 % en 2018.

Certains, du FMI (qui hésite toujours à s’associer à ce plan) au gouverneur de la Banque de Grèce Yannis Stournaras, jugent irréalistes les 3,5  % d’excédent prévus par les créanciers pour 2018.

Or le gouvernement s’est engagé à tailler encore dans les pensions et traitements de fonctionnaires s’il n’atteignait pas les objectifs et procéder au plan controversé de privatisa-tions. Un engagement risqué qui, selon Georges Sefertzis, pourrait à terme déclencher de nouvelles élections anticipées, le gouvernement préférant «  laisser la patate chaude  » à ND, créditée actuellement de jusqu’à 11,5 points d’avance sur Syriza.

Mais personne ne les ré-clame. « Aujourd’hui, résume Georges Sefertzis, le pays commence à être furieux avec Tsipras, mais il n’est pas en-thousiasmé par ses opposants. Il est en état de dépression massive, mais pas prêt à se révolter, ne croyant plus à la révolution. »

Odile DUPERRY/AFP

Les États-Unis et l’Union euro-péenne ont repris hier les pour-parlers pour tenter de sceller un accord commercial avant la fin de l’année, en dépit d’une oppo-sition croissante et du choc lié au vote britannique pour quitter l’UE.

Les négociateurs se sont re-trouvés à Bruxelles pour un 14e round de discussions sur la pro-position d’accord de commerce et d’investissement USA-UE, dit TTIP ou Tafta, qui créerait la plus grande zone de libre-échange du monde. Les négo-ciations doivent durer jusqu’à vendredi.

Ces pourparlers se pour-suivent malgré l’opposition de poids lourds de l’Union, comme l’Allemagne et la France, et la

mobilisation citoyenne anti-Tafta.

Les représentants des deux parties ont publiquement fait part de leur volonté de clore les négociations avant la fin de l’administration Obama.

Mais en coulisses, les diplo-mates doutent de plus en plus de cette éventualité, convaincus que les négociations devront être suspendues au moins jusqu’après les élections en France et en Allemagne l’année prochaine.

«  Je pense qu’un accord en 2016 est impossible et tout le monde le sait bien, y compris ceux qui, à longueur de com-muniqués, disent le contraire », a affirmé la semaine dernière le secrétaire d’État français au

Commerce extérieur, Matthias Fekl.

Paris est frustré en particulier par le manque de progrès ac-complis dans des dossiers-clés comme l’agriculture et l’accès aux marchés publics améri-cains pour les entreprises euro-péennes.

Impopulaire, le Tafta est la cible depuis le début des négo-ciations en 2013 des associa-tions écologistes et antimondia-lisation qui l’accusent de laisser la part belle aux multinationales en leur permettant de contour-ner les réglementations.

À Bruxelles, entre 50 et 100 militants anti-Tafta, membres d’un collectif de défense de la nature, ont tenté – costumés en animaux – d’accéder à des bâti-

ment européens où se tiennent les négociations. Ils ont été repoussés par le service de la sécurité, selon l’agence Belga.

La commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malms-tröm, a répété la semaine der-nière que ses équipes travail-laient toujours à la conclusion d’un accord d’ici à la fin 2016.

Lors d’une visite à Washing-ton, Mme Malmström a aussi fait savoir que les pourparlers survivront au vote sur le Brexit, même si le Royaume-Uni est le principal partisan de cet accord de libre-échange. «  La logique du Tafta est aussi forte aujourd’hui qu’avant  » le réfé-rendum britannique, a assuré Cecilia Malmström.

(Source : AFP)

Une femme passe ce 11 juillet 2016 à Athènes devant un magasin proposant des soldes d’été. Louisa Gouliamaki/AFP

Karen OBEID

Le contrat liant Électricité du Liban (EDL) à la société turque Karadeniz Powership (KP) portant sur la location de deux navires-centrales va être prolon-gé pour une durée de deux ans, selon des informations recueillies hier par L’Orient-Le Jour auprès des deux organismes, ainsi qu’au ministère de l’Énergie. «  Le PDG de KP, Orhan Remzi Karadeniz, était ce samedi à Beyrouth pour la signature du nouveau contrat avec EDL pour la période allant du 1er octobre 2016 au 30 septembre 2018 », a annoncé à L’Orient-Le Jour une source à KP.

Dans le cadre du plan Bassil voté en septembre 2011, KP loue deux navires-centrales à Électri-cité du Liban, le Orhan Bey (82 MW) et le Fatmagül Sultan (188 MW), alimentant respective-ment la centrale de Jiyeh depuis septembre 2013 et la centrale de Zouk depuis avril 2013.

Cette prolongation avait été envisagée dès la signature du contrat en 2013. «  L’accord du Conseil des ministres portait sur un contrat de 5 ans, avec une première période obligatoire de 3 ans, et une deuxième de deux ans supplémentaires en cas de besoin. C’est le cas aujourd’hui,

donc le ministère de l’Énergie et le ministère des Finances ont donné à EDL l’autorisation de prolonger le contrat  », précise à L’Orient-Le Jour le ministre de l’Énergie, Arthur Nazarian.

« Le nouveau contrat offre de meilleures conditions à EDL, particulièrement en matière de prix, en plus de quelques bénéfices techniques », précise à L’Orient-Le Jour un représentant de KP au Liban. En termes de capacité de production, « le nou-veau contrat assurera un total de 370 MW produits par les deux navires-centrales, contre les 270 MW prévus par le contrat ini-tial », se félicite la source précitée à KP, qui ajoute que « 20 des 100 MW seront produits gratuite-

ment par KP, c’est-à-dire sans qu’elle ne facture le coût du fuel nécessaire à cela ».

Modifications majeuresEn outre, « le nouveau contrat

comporte 4 modifications ma-jeures  », confirme une source à la direction d’EDL. Le nouveau contrat prévoit la réalisation de certains travaux de rénovation et de modernisation des infras-tructures libanaises par KP. « KP procédera au renforcement des 2 brise-lames (digues) de Zouk et Jiyeh, et au renforcement de la sous-station de Jiyeh », ajoute la source à EDL. « Il s’agit d’infras-tructures très anciennes dont certaines ont été endommagées durant la guerre civile et n’ont

jamais été rénovées », explique la source à KP précitée.

Les deux autres modifications sont d’ordre financier. « Les prix facturés par KP vont baisser, pas-sant de 5,95 à 5,85 dollars par kWh, et les bonus auxquels avait droit KP en cas d’économie de fuel seront annulés », se réjouit la source à EDL précitée.

Le représentant de KP ajoute par ailleurs que l’acheminement d’un troisième navire-centrale de KP au Liban est possible. «  Des négociations informelles ont bien eu lieu  », affirme-t-il. « EDL sait que nous proposons les coûts de production les moins élevés parmi ses prestataires, car nous utilisons du fuel et non du mazout. Nous sommes même prêts à effectuer une transition vers le gaz en adaptant nos na-vires-centrales, ce qui permet-trait de réduire encore davantage les coûts de production », ajoute la source à KP qui estime que la construction des nouvelles cen-trales de Zouk et Jiyeh (décidée en janvier) «  prendra au mini-mum 5 ans, alors que les besoins du Liban en électricité atteignent les 2  500 MW en été.  » Inter-rogée à ce sujet, la source à la direction d’EDL a simplement déclaré «  qu’EDL n’avait rien à dire sur cela, car on ne nous a rien proposé ».

Électricité

EDL prolonge son contrat avec Karadeniz pour 2 ansLe Liban a décidé de louer pour deux années supplémentaires les navires-centrales de Karadeniz Powership, avec à la clé une augmentation de leur production à 370 MW.

Le Salon de l’immobilier Dream a ouvert ses portes, hier, au Biel, en présence du mohafez de Beyrouth, Ziad Chebib, du président de la Chambre de commerce de Beyrouth et du Mont-Li-ban, Mohammad Choucair, ainsi que du président du syndicat de l’immobilier Élie Sauma.

Pendant quatre jours, envi-ron 65 exposants présenteront presque 200 projets immo-biliers. «  L’année dernière, ils étaient à peine 53. Les promoteurs ont bien com-pris qu’à cause de la crise ils allaient devoir faire deux fois plus de promo. Le salon leur sert de vitrine. »

«  Avant la crise, on ven-dait quatre appartements par mois. Aujourd’hui on n’en

vend plus que deux », déplore Joe Nehmé, partenaire d’In-vestors Group.

En 2015, les transactions immobilières ont baissé de 5,4 % en volume et de 13,4 % en valeur. Le début de l’année semble toutefois indiquer un retournement, puisque le vo-lume et la valeur de ces tran-sactions ont respectivement augmenté de 8,4 % et 17,8 % en glissement annuel sur les cinq premiers mois de 2016. « La situation s’est améliorée ces derniers mois, mais ça n’a pas encore beaucoup d’impact sur nos ventes », nuance néan-moins Joe Nehmé.

Parmi les exposants, peu d’étrangers. Le salon compte toutefois quelques exposants grecs, turcs et chypriotes. «  Les Libanais profitent des

avantages qu’offre l’adminis-tration chypriote qui permet d’obtenir le visa Schengen en investissant dans l’immobi-lier », souligne Nabil Baz.

Mais le tarissement des investisseurs étrangers sur le marché se confirme  : au pre-mier trimestre 2016, la part des transactions immobilières réalisées par des étrangers s’élevait à 1,6  % seulement contre 2,4 % sur la même pé-riode en 2015. Une tendance naturellement aggravée par le fait que les pays du Golfe ont à nouveau demandé en février à leurs ressortissants de ne pas se rendre au Liban.

Pour autant, chez la majo-rité des acteurs présents, l’op-timisme reste malgré tout de mise. « Le secteur immobilier ne va pas si mal. Il a su résister

à toutes les crises et même aux périodes de guerre ! Si le pays retrouve une stabilité poli-tique, l’économie immobilière repartira », affirme Nabil Baz. Certains exposants misent aussi sur le changement calendaire. «  L’année der-nière, le salon avait eu lieu en novembre. Là, avec l’été, on devrait voir plus d’étrangers et d’expatriés  », espère Ziad Selfani, directeur marketing de Rise Properties.

D’autres sont cependant plus sceptiques  : «  On sait bien qu’on ne va pas faire des super-affaires pendant le sa-lon. On est plutôt ici pour se montrer et essayer d’écouler nos stocks  », résume Michel Georr, directeur de CDI.

M. M.

Immobilier

Au Salon Dream, l’optimisme des promoteurs reste de rigueur

Le navire-centrale Fatmagül Sultan de Karadeniz à Zouk. Photo archives OLJ

Page 10: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

Lina KENNOUCHE

Considérée par un grand nombre d’observateurs de tous horizons comme un échec, la guerre de juillet-août 2006 contre le Hezbol-lah a donné lieu à plusieurs réajustements stratégiques au sein de l’organisation mili-taire israélienne.

L’affrontement de l’été 2006 a mis fin à la fausse représentation selon laquelle la supériorité stratégique et opérationnelle apportée par la révolution technologique suffit à assurer une victoire militaire. Elle a essentielle-ment démontré que la puis-sance aérienne écrasante des forces armées israéliennes, le ciblage précis grâce à l’observation satellitaire et la pratique du combat à dis-tance par des frappes lourdes ne peuvent se substituer au combat rapproché. Souhai-tant une destruction radicale du Hezbollah au début du conflit, les Israéliens ont, au fur et à mesure des évolutions de terrain, revu à la baisse leurs objectifs militaires et politiques. De la volonté initiale d’anéantissement de toute capacité de résistance du parti de Dieu, à l’objectif de refoulement du parti à 40 km du fleuve du Litani, les Israéliens ont fini par accep-ter la résolution 1701 qui prévoit de mettre fin « à toute présence armée apparente au sud du Litani et éviter les provocations envers Israël ou la Finul ».

Les objectifs israéliens se sont donc évanouis un mois après le début du conflit. Comme le souligne l’expert militaire français Michel Goya dans ses réflexions Fureur et stupeur, les ensei-gnements psychologiques de la guerre entre Israël et le Hez-bollah (2008), l’inventivité accrue dans la guerre asy-métrique d’une organisation hybride, c’est-à-dire une guérilla dotée des moyens

d’une armée convention-nelle, est un paramètre non négligeable dans l’interpré-tation de l’échec israélien. « Analysant parfaitement son adversaire rigidifié dans sa doctrine et son obsession de la sécurité, le Hezbollah s’est montré capable de mettre en place le seul instrument offensif susceptible de per-cer la barrière défensive israélienne (les roquettes) et s’est organisé ensuite pour résister à la force de frappe ennemie (souterrains, décen-tralisation, bouclier civil) et même à une éventuelle attaque terrestre (missiles antichars, engins explosifs). Malgré son réseau de ren-seignements et sa multitude de capteurs, Israël n’a rien vu de ces évolutions, car il ne pouvait concevoir l’existence d’un adversaire hybride entre des armées classiques et des mouvements de guérilla  »,

note l’historien, spécialiste de l’évolution des armées.

Rapport WinogradDès la fin de la guerre,

les critiques militaires abondent côté israélien, mettant en cause la doctrine d’emploi des forces en 2006 et une conception reposant entièrement sur le perfec-tionnisme technologique qui conduit à des échecs stratégiques sur le terrain, où l’«  ennemi  » développe continuellement des tac-tiques innovantes (« guérilla statique », selon le concept de l’analyste de Roger Naba). « Hormis Bint Jbeil, on ne parle que de contrôle, et surtout pas d’occupation du terrain. Cet engagement massif agit comme un révé-lateur chimique. Les soldats engagés se retrouvent face à un adversaire bien équipé, parfois mieux qu’eux, bien

entraîné et, loin du mo-dèle post-héroïque, prêt à se sacrifier. Ce nouveau contact avec le combat est un choc  », soulignait ainsi Michel Goya dans son appréciation du rapport de force sur le terrain en 2006.

Une série d’enquêtes de la direction politique israélienne a effectivement conduit à l’évaluation cri-tique de la doctrine stra-tégique des Effects-Based Operations (opérations fon-dées sur les effets, EBAO). Cette approche techni-ciste de la guerre consi-dère que la supériorité d’un arsenal militaire informa-tisé constitue le fondement d’une stratégie victorieuse, et qu’il n’est pas indispen-sable d’occuper le terrain ou d’anéantir toutes les forces de l’adversaire, la destruc-tion de la structure de com-mandement suffisant à le

neutraliser. Comme le sou-ligne Alain Joxe, spécialiste des questions stratégiques, «  c’est toute la conception de l’approche des EBAO qui participe en fait de l’auto-intoxication par un modèle publicitaire com-mercial  : le bon fonction-nement de l’appareil, l’effet, serait garanti d’abord par le sérieux technique du dis-cours commercial, comme un aspirateur aspirant conformément au cahier des charges affiché. Mais l’ennemi est bien différent de la poussière inerte  : il est capable de manœuvrer sournoisement, laissant par exemple passer l’envahis-seur et contre-attaquant sur ses arrières comme le fit le Hezbollah au Liban face à l’armée israélienne en juillet 2006 ».

Si le rapport de la com-mission Winograd sur

la guerre de 2006, rendu public le 30 janvier 2008, n’est pas exclusivement dirigé contre l’organisation militaire et dresse une éva-luation critique des choix politiques, il recommande surtout une reconfigura-tion des forces et des struc-tures de l’armée israélienne. Constatant que «  l’armée a échoué dans sa conduite de la guerre et n’a pas fourni à l’échelon politique un ré-sultat susceptible d’être ex-ploité au niveau politique », il pointe la faible perfor-mance des forces terrestres et recommande leur réhabi-litation dans les combats de haute intensité.

« Grandeur politique »La dialectique de l’interac-

tion avec l’adversaire a ainsi rendu nécessaires la réorga-nisation des forces terrestres et l’élaboration d’un nouveau programme militaire pour les préparer à un affronte-ment hybride. La remise à niveau des stocks d’arme-ment, un entraînement intensif de la brigade et de chaque division, et l’acqui-sition d’équipements nou-veaux en fonction des leçons tirées de l’engagement avec les combattants du Hezbol-lah, constituent les princi-paux axes d’une réhabili-tation des forces terrestres renforcées par leurs effec-tifs et le matériel de guerre (blindés Namer). L’épisode de la guerre de juillet a in-troduit une rupture dans les représentations israéliennes.

Alors qu’auparavant, la probabilité d’un conflit avec les pays limitrophes était perçue comme faible, la confrontation avec le Hezbollah va progressive-ment conduire la direction politique et stratégique israélienne à identifier une menace «  tous azimuts  », et réévaluer la situation dans les territoires palestiniens. La crainte d’un big river,

ou d’une intifada générali-sée, est de plus en plus pré-sente dans les conceptions israéliennes. Dans cette perspective, les opérations militaires conventionnelles tendent à être remplacées par des opérations de police et de commandos des uni-tés d’élites. Les territoires occupés deviennent alors le champ d’expérimentation des nouveaux ajustements imposés par l’échec de 2006 et une zone d’entraînement aux guerres urbaines expéri-mentales (Gaza 2014).

Enfin, Israël renforce également son système per-manent de contrôle et de prévention en investissant massivement dans les bou-cliers antimissiles, notam-ment Dôme de fer et la Fronde de David, dernière innovation destinée à parer au scénario catastrophe d’une attaque massive de missiles du Hezbollah sur Haïfa, Tel-Aviv, et Jérusa-lem-Ouest.

Malgré la supériorité mili-taire israélienne et les réajus-tements stratégiques post-2006, l’absence de projet politique reste la cause prin-cipale de l’affaiblissement de la force morale de l’armée.

En revanche, la résistance au service d’une fin politique a permis au Hezbollah de compenser l’asymétrie de dé-part et l’écrasante supériorité technologique d’une armée occidentale. Comme l’ex-plique Alain Joxe, qui rap-pelle l’acuité et la pertinence de la pensée de Clausewitz, la rationalité de la technolo-gie doit être placée au service d’un projet politique global. «  L’identité politique com-plexe qui gagne une guerre doit être en tout cas dotée d’une bonne raison politique de se battre. L’identité qui a perdu la guerre en manquait, car la volonté de combattre, au niveau des combattants armés, du peuple ou des dirigeants, s’y est épuisée plus vite. L’évaluation de ce que Clausewitz appelle la grandeur politique du but de guerre est toujours la mesure de la volonté popu-laire de poursuivre le com-bat, volonté déterminante de la relation des forces stratégiques, aussi détermi-nante – et même plus – que l’arsenal dominant, comme l’ont encore montré depuis les années 1990 une série de guerres et de soulèvements totalement asymétriques ».

10 Guerre de juillet 2006 : 10 ans déjà mardi 12 juillet 2016

Le dessin de pinter

Et Tsahal pataugea.

Défense

Côté israélien, le changement de doctrine stratégique...L’absence de projet politique reste la cause principale de l’affaiblissement de la force morale de l’armée israélienne.

L’affrontement de l’été 2006 a mis fin à la fausse représentation selon laquelle la supériorité stratégique et opérationnelle apportée par la révolution technologique suffit à assurer une victoire militaire. Baz Retner/Reuters

Il a été élu « diplomate euro-péen de l’année » en 2006 par European voice, du groupe Eco-nomist, grâce notamment à son implication dans l’élaboration et l’adoption de la résolution 1701 au Conseil de sécurité de l’Onu. Jean-Marc de La Sablière était à cette époque

le représentant permanent de la France au Conseil de sécu-rité et chef de la mission per-manente auprès des Nations unies de 2002 à 2007. Mieux encore qu’un grand diplomate, il a été ce que les Américains appellent un deal maker, un faiseur de paix.

Dans son ouvrage Dans les coulisses du monde, paru en 2013 (aux éd. Robert Laffont), le diplomate français revient

sur l’ensemble de sa carrière au service de son pays, notam-ment celle passée à l’Onu. Son témoignage passionnant dé-voile surtout les affrontements et les jeux d’influence qui se déroulent au sein du Palais de Verre à New York. Il fait vivre de l’intérieur les nombreuses batailles diplomatiques qu’il a menées au sein du Conseil de sécurité, dont notamment celle concernant le Liban,

jouant un rôle déterminant dans l’adoption des résolutions 1559 et 1701.

Le dossier du Liban, ce pays dont il est «  lié par le destin », comme il l’écrit dans son livre, va ainsi l’accaparer durant plusieurs années. Un dossier pour lequel il a person-nellement beaucoup bataillé, notamment sous l’impulsion de l’ancien président français Jacques Chirac, dont il a été

l’un des proches collaborateurs et un de ses conseillers les plus influents.

Ses talents de grand négo-ciateur lui ont permis en août 2006 de mener avec succès des négociations ardues avec les États-Unis pour aboutir finalement, en partenariat avec Tarek Mitri, le ministre liba-nais des AE p.i. de l’époque, à la résolution 1701 qui permet-tra de mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah. Dans son livre, il en fait un récit palpitant, presque jour par jour.

Dix ans plus tard, Jean-Marc de La Sablière revient pour L’Orient-Le Jour sur ces négociations.

La guerre commence le 12 juillet alors que la France as-sure la présidence du Conseil de sécurité. Vous dites que certains étaient, au début, favorables à l’idée de laisser faire les Israéliens. Comment a évolué la position de Paris ?

Cela est certain de la part des Américains et explique que jusqu’à la fin du mois de juillet, il n’ait pas été pos-sible de nouer la négociation. Du côté français, certains au départ avaient trouvé qu’il y avait là une opportunité de voir détruite l’infrastructure militaire du Hezbollah au Sud. Mais très tôt, dès le 14 juillet, le président Chirac, devant les bombardements sur tout le territoire, dénonce la réaction disproportionnée des Israéliens et une «  volonté de détruire le Liban  ». Il appelle à la cessation immédiate des hostilités.

Les négociations avec les

Américains étaient ardues. Quels souvenirs gardez-vous de cette période ?

La négociation s’est nouée après que la France, trouvant insupportable les souffrances du peuple libanais, eut fait circuler fin juillet un projet de résolution. Les Américains comprenaient de leur côté, après plus de deux semaines de guerre, qu’Israël n’attein-drait pas ses objectifs. Elle a commencé au niveau des deux capitales, puis, très vite, cette négociation a été transférée aux deux ambassadeurs aux Nations unies. Tous les ma-tins John Bolton venait avec un collaborateur à la Mission française et nous négociions toute la journée. J’étais assisté également par un collabora-teur.

La discussion a été difficile : nous nous sommes trompés une fois et le résultat a été refusé par le Premier ministre (libanais de l’époque) Fouad Siniora. Elle a été tendue parfois  : le 9 août, après une séance très difficile la veille au soir, au cours de laquelle j’avais refusé des demandes améri-caines, le président Chirac, à la suite de mon rapport, a même menacé de mettre fin à la négociation en disant que la France pourrait présenter seule un projet de résolution. Mais elle a été aussi créative : nous avons trouvé finalement les formules acceptables par le Liban et Israël.

Pouvez-vous nous expli-quer votre méthode de tra-

vail ? Votre tactique pour aboutir à une résolution bé-tonnée et qui peut passer au Conseil de sécurité ?

Il y avait beaucoup de pro-blèmes, mais quatre étaient clés : la cessation des hostilités, le retrait israélien et celui des forces du Hezbollah du sud du Litani, faire avancer la réso-lution 1559 et revoir le man-dat de la Force internationale qui devait être plus robuste. Je pensais que dès lors qu’il y avait un souhait des deux côtés d’aboutir, il fallait être très créatif à l’intérieur des lignes rouges libanaises et israé-liennes, mais aussi très ferme : les Israéliens ne pouvaient ten-ter d’imposer leurs conditions de sortie.

Comment qualifieriez-vous la position du Liban et celle de son gouvernement ?

Je pensais que la position de Fouad Siniora était diffi-cile : il y avait à la fois le court terme, qui était de mettre fin à la guerre et aux souffrances qu’elle entraînait, le long terme pour préserver et conso-lider le Liban, et le problème de la relation avec le Hezbol-lah. Sa décision concernant le déploiement de forces armées libanaises au Liban-Sud a été très importante. Dans l’en-semble, je trouvais que sa posi-tion concernant la négociation était compréhensible et juste.

Vous parlez dans votre livre du Liban avec beaucoup de passion et de compassion. Pourquoi ?

Sans doute à cause de mon enfance passée à Beyrouth qui a été très heureuse. Sans doute, aussi, parce que j’aime le peuple libanais dans sa diversité. Sans doute, enfin, parce que le Liban est le jeu de forces extérieures sur lesquelles il ne peut avoir prise.

Sur le plan personnel et sur le plan français, ces négocia-tions et la résolution 1701 sont une victoire. Comment vivez-vous ce succès ?

Je suis surtout soulagé de la fin de la guerre. Avoir aidé à trouver la sortie, sous l’autorité du président Chirac, est un moment que je n’oublierai pas.

Comment évaluez-vous le rôle de la France ?

Je pensais que la France était le seul vrai ami du Liban.

Comment analysez-vous, 10 ans plus tard, les consé-quences de cette guerre ?

Je suis satisfait de voir que, malgré le nouveau contexte dans la région, le Liban-Sud est calme. Cela tient aux parties qui y ont un intérêt. Cela tient aussi à la résolu-tion 1701. Elle n’est mal-heureusement pas appliquée dans toutes ses dispositions, mais je constate que la Finul fait du bon travail et que les parties tiennent à cette force onusienne. Il faut cependant être très vigilant car il y a des risques de dérapages. Il est dommage que l’on n’avance pas sur un cessez-le-feu per-manent.

Diplomatie / Résolution 1701

Au Conseil de sécurité, « la France était le seul vrai ami du Liban »En septembre-août 2006, Jean-Marc de La Sablière, représentant permanent de la France au Conseil de sécurité à cette époque, prend une part déterminante dans la résolution 1701 qui permettra de mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah. Dix ans plus tard, il revient pour « L’Orient-Le Jour » sur ces négociations.

Jean-Marc de La Sablière a été élu « diplomate européen de l’année » en 2006 par European Voice, du groupe Economist, grâce notamment à son implication dans l’élaboration et l’adoption de la résolution 1701 au Conseil de sécurité de l’Onu. Photo Antoine Ajoury

Le conseil de sécurité de l’Onu. Shannon Stapleton/Reuters

Propos recueillis par Antoine AJOURY

Page 11: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

11Internationalmardi 12 juillet 2016

Propos recueillis par Myrto VOGIATZI

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, s’est rendu di-manche en Israël pour une visite officielle, la première d’un chef de la diplomatie égyptienne à l’État hébreu depuis neuf ans. Le ministre égyptien avait pour mission de relancer les négociations de paix israélo-palestiniennes, au point mort depuis plus de deux ans. Jean-Paul Cha-gnollaud, professeur émérite des universités et directeur de l’Institut de recherches et d’études Méditerranée et Moyen-Orient (Iremmo), craint que le réchauffement des relations entre les deux pays vise plutôt à promouvoir leurs intérêts nationaux qu’à aborder la question centrale du conflit israélo-palestinien.

La visite de Sameh Choukri dans les territoires palestiniens et sa rencontre avec le président de l’Autori-té palestinienne, Mahmoud Abbas, il y a quelques jours, a été beaucoup moins média-tisée que sa visite en Israël. Pourquoi à votre avis ?

Une visite d’un chef de la diplomatie égyptienne à l’Autorité palestinienne devrait être de l’ordre de la norme même si ça ne l’est pas. C’est aussi une manière de prétendre être un médiateur possible entre Israël et les Pa-lestiniens. Mais je pense que ce qui prévaut fondamentale-ment dans une visite de cette nature, c’est l’intérêt national égyptien d’avoir des relations très privilégiées avec Israël. La Palestine a toujours passé au second plan et je crains fort que ce soit le cas maintenant. Même pendant les accords de Camp David, il y avait un double débat  : d’une part, le président égyptien Anouar el-Sadate demandait la resti-tution du Sinaï, et d’autre part il voulait avancer le règlement

avec les Palestiniens. Tous ces échanges entre Sadate et le Premier ministre israélien, Menahem Begin, se faisaient par des lettres et Begin a tou-jours jeté à la poubelle toutes celles qui concernaient les Palestiniens et leur prétendue autonomie. Dès ce moment-là, il était évident que l’intérêt national égyptien était abso-lument prioritaire.

À part le processus de paix, quels sont les intérêts nationaux des deux pays, comme vous dites, derrière le réchauffement de leurs relations ?

Historiquement, c’était très important pour les deux pays de nouer des relations diplomatiques à la suite du traité de paix de 1979, donc il s’agit d’une histoire ancienne. Dans la configuration actuelle du Moyen-Orient, il y a tout intérêt pour les deux pays à essayer de nouer davantage des relations et surtout les of-ficialiser, les montrer au grand jour. Il est clair que pour l’Égypte, les intérêts d’une relation proche avec Israël sont multiples, notamment en matière de sécurité mais aussi en matière de ressources énergétiques. Israël aide aussi l’Égypte à apaiser son conten-tieux avec l’Éthiopie. Quant à Israël, avoir l’Égypte comme partenaire officiel lui permet de montrer sa capacité d’en-tente avec le monde arabe. Malheureusement, je crois que tout cela se fait au détri-ment des Palestiniens et que lorsqu’on dit que les deux cô-tés vont discuter ensemble du processus de paix, il s’agit plus d’éléments de langage formel que de la réalité.

Est-ce que l’interven-tion, du moins partielle, de l’Égypte dans le processus de paix israélo-palestinien pourrait briser la bilatéralité des négociations tant voulue par Israël ?

Non, je ne pense pas du

tout que l’intervention des Égyptiens brisera cette asy-métrie entre une puissance occupante qu’est Israël et les Palestiniens. De toute façon, les Égyptiens ont une marge de manœuvre extrêmement étroite, puisqu’au fond ils sont d’abord les alliés des Améri-cains qui les soutiennent sur le plan militaire. Donc je ne vois pas du tout que cela puisse contribuer à un redémarrage d’un règlement du conflit israélo-palestinien. D’autant qu’Israël et l’Égypte ont des ennemis communs qui sont les Frères musulmans et le Hamas.

Un des facteurs ayant contribué au “réchauffe-ment” des relations entre l’Égypte et Israël est jus-tement la lutte commune contre le Hamas et les mou-vements jihadistes dans le Sinaï. Pensez-vous que l’in-tensification de la menace islamiste pourrait conduire d’autres pays à normaliser leurs relations avec Israël ?

Les intérêts sont très cir-conscrits  : il y a le Sinaï, il y a les Frères musulmans et puis le Hamas qui, pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, est un adversaire évidemment prio-ritaire qu’il instrumentalise d’ailleurs pour montrer à quel point il ne peut pas y avoir de règlement politique avec les Palestiniens. Donc je ne crois pas qu’on puisse les étendre à d’autres pays, d’autant que les autres pays sont dans des situations catastrophiques. Le seul parallèle qu’on peut sans doute faire est avec la Jordanie puisque là aussi il y a un traité de paix. Donc on pourrait penser effectivement qu’il y a un intérêt commun à prévenir des menaces, notam-ment celle de l’État islamique puisque les Jordaniens sont très en difficulté et menacés par des déstabilisations. Pour le Liban, c’est encore plus compliqué…

Entretien express

Rapprochement Égypte-Israël : quels intérêts communs ? Quatre questions à... Jean-Paul Chagnollaud, spécialiste de la question palestinienne.

IRANTrois binationaux et un Libanais bientôt jugésTrois binationaux ainsi qu’un Libanais accusé de liens avec l’armée des États-Unis ont été inculpés en Iran, a annoncé hier le procureur général de Téhéran, précisant que leurs dossiers avaient été transmis au tribunal. Les charges pesant contre les trois binationaux n’ont pas été dévoilées.L’homme d’affaires irano-américain Siamak Namazi a été placé en détention en octobre 2015, selon sa

famille, tandis que son père âgé de 80 ans est détenu depuis fin février 2016. Washington demande régulièrement leur libération.L’Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Racliffe, emprisonnée en Iran depuis le 3 avril, a été accusée par les gardiens de la révolution d’avoir participé au « mouvement de sédition » de 2009 après la réélection controversée de l’ex-président conservateur Mahmoud Ahmadinejad.Arrêtée début juin, Homa Hoodfar, une anthropologue

irano-canadienne de 65 ans, a pour sa part été accusée d’« activités féministes » et de « délits sécuritaires », selon les médias iraniens.La télévision d’État avait affirmé que le Libanais Nezar Zaka, résidant aux États-Unis, avait de « nombreux liens profonds avec la communauté militaire et du renseignement des États-Unis ». Elle avait montré plusieurs photos d’un homme en tenue militaire en affirmant qu’il s’agissait de Nezar Zaka sur une base américaine.

En bref

Le gouvernement israélien a annoncé avoir débloqué près de 13 millions de dollars pour les colonies situées à Kiryat Arba et dans la ville palestinienne de Hébron en Cisjordanie occupée après une série d’attaques pales-tiniennes, a-t-on appris de sources officielles. Cette aide de 12,8 millions de dollars sera allouée sur trois ans aux services sociaux, d’éducation

et de sécurité de ces colonies, selon ces sources. « Les bureaux du gouverne-ment ont tous été mis à contri-bution pour aider les résidents à faire face héroïquement au terrorisme brutal », avait déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu avant cette annonce.Le gouvernement Netanyahu, qui soutient le développement des colonies dans les territoires

palestiniens, avait déjà ap-prouvé en juin 560 nouveaux logements à Maale Adoumim, une autre colonie israélienne en Cisjordanie occupée.La communauté internationale considère comme illégale au regard du droit international la colonisation, c’est-à-dire la construction d’habitations civiles israéliennes sur les territoires palestiniens occupés ou annexés depuis 1967.

Israël débloque une nouvelle aide financière pour des colonies de Cisjordanie

Le chef du Pentagone Ash-ton Carter a annoncé hier à Bagdad l’envoi de centaines de soldats supplémentaires en Irak pour aider les forces gouvernementales à lutter contre le groupe jihadiste État islamique (EI) et sur-tout à reprendre la ville de Mossoul.

À l’occasion de sa qua-trième visite en Irak depuis sa prise de fonctions en février 2015, M. Carter a rencontré le Premier ministre Haïder al-Abadi et son homologue Khaled al-Obeidi, alors que les États-Unis dirigent une large coalition internationale qui lutte contre l’EI.

Sa visite survient deux jours après la reprise par les forces irakiennes de la base aérienne de Qayyarah à quelque 60 km au sud de Mossoul, per-çue comme une étape cruciale en vue de la bataille pour la reconquête de la deuxième ville d’Irak aux mains de l’EI depuis juin 2014.

« Devant les récentes avan-cées des forces de sécurité, M. Carter a annoncé que les États-Unis, en étroite coor-dination avec le gouverne-ment irakien, déploieront 560 militaires supplémentaires en Irak pour poursuivre sur cette lancée  », a indiqué un communiqué du Pentagone. «  Ces effectifs supplémen-taires apporteront aux forces

irakiennes un soutien notam-ment en matière de capacités logistiques et en infrastruc-tures sur la base aérienne de Qayyarah », a-t-il précisé.

Cet accroissement des effectifs militaires améri-cains portera à plus de 4 600 le nombre de militaires des États-Unis déployés en Irak, essentiellement pour des missions de formation des troupes irakiennes.

Reprendre MossoulDurant ses rencontres avec

les responsables irakiens, M. Carter a mis l’accent sur les succès de la campagne anti-EI, plus de deux ans après

que ce groupe jihadiste s’est emparé de vastes régions en Irak et en Syrie voisine.

Mais l’EI riposte aux revers subis sur le terrain par des attaques dévastatrices en Irak et à l’étranger. Il a commis le 4 juillet un attentat-suicide à Bagdad qui a fait près de 300 morts, l’un des plus sanglants en Irak depuis l’invasion amé-ricaine de 2003.

«  Laissez-moi commen-cer par exprimer mes condo-léances et celles des États-Unis pour les attaques terroristes ayant visé le peuple irakien ces dernières semaines », a dit M. Carter devant M. Abadi. Ces attaques «  renforcent encore

plus notre détermination à aider à vaincre (l’EI) ».

Il a aussi «  félicité  » les forces irakiennes pour leurs «  succès  », notamment après la reprise le 26 juin du fief jihadiste de Fallouja, puis en juillet de la base de Qayyarah qui pourrait servir de point de départ pour lancer les opéra-tions en vue de la reconquête de Mossoul (Nord), «  capi-tale  » du groupe jihadiste en Irak.

M. Carter avait déclaré aux journalistes avant son arrivée en Irak qu’il «  discu-terait avec M. Abadi et nos commandants sur place des prochaines étapes de la cam-

pagne, notamment la reprise de Mossoul ».

L’objectif ultime, a-t-il ajouté, est «  la reprise par les forces irakiennes de la tota-lité du territoire irakien, mais Mossoul en constitue bien sûr la plus grosse partie ».

Succès des premières « 10 étapes »

Outre le déploiement de conseillers militaires améri-cains en Irak, les États-Unis apportent une couverture aérienne cruciale aux forces gouvernementales dans leurs opérations antijihadistes. En Syrie, des centaines de militaires américains sont déployés auprès de groupes rebelles et kurdes face à l’EI, également bombardé par l’aviation de la coalition inter-nationale.

La lutte anti-EI a permis de reconquérir, selon le Penta-gone, 45 % du terrain que les jihadistes contrôlaient en Irak depuis 2014 et 20  % des ré-gions occupées par le groupe jihadiste en Syrie.

Au Pentagone, on se félicite du succès des premières « 10 étapes » de la campagne anti-EI, qui incluent la reprise de plusieurs villes importantes, dont Ramadi en Irak et al-Chaddadi, un ex-fief jihadiste du nord-est syrien.

(Source : AFP)

Lutte antijihadiste

À Bagdad, Carter annonce l’envoi en Irak de centaines de soldats supplémentaires Le chef du Pentagone a rencontré le Premier ministre et son homologue irakiens pour discuter des moyens de lutter contre l’EI.

Le chef du Pentagone, Ashton Carter, rencontrant le Premier ministre irakien Haïder al-Abadi, hier à Bagdad. Iraqi Prime Minister’s Press Office/AFP

Poignée de main chaleureuse entre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri. Gali Tibbon/AFP

Des groupes rebelles syriens ont lancé hier une offensive majeure contre les secteurs tenus par le régime à Alep après que l’armée eut coupé leur unique voie de ravitaille-ment vers la métropole divisée et meurtrie par les combats.

Une pluie de roquettes re-belles et des raids aériens du régime ont tué au moins 22 civils et détruit des maisons des deux côtés de la cité sep-tentrionale.

Deuxième ville de Syrie et l’un des principaux enjeux de la guerre, Alep est divisée depuis 2012 entre quartiers aux mains du régime à l’ouest et quartiers contrôlés par les groupes rebelles à l’est.

Le 7 juillet, les forces pro-régime, qui cherchent à assié-ger totalement les quartiers rebelles pour ensuite tenter de les reprendre, sont parvenues à couper de facto la route dite du Castello, dernier axe de ra-vitaillement vers ces quartiers.

«  Les rebelles ont lancé une vaste offensive sur quatre fronts contre les prorégime à Alep, notamment dans la vieille ville  », a affirmé l’Ob-servatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Les rebelles ont tiré quelque 300 roquettes sur les secteurs ouest d’Alep, tuant au moins neuf civils, et ont fait explo-ser un tunnel dans la vieille ville, tuant 19 soldats, selon l’OSDH.

Treize civils ont également été tués dans des raids aériens contre les quartiers rebelles hier, la plupart dans le quar-tier de Bab al-Maqam, près de la ligne de front, a ajouté l’OSDH.

Les roquettes « pleuvent »

La maison d’Ahmad, un habitant du quartier des Sy-riaques dans le secteur gou-vernemental, a été complète-

ment détruite. « Les roquettes ont commencé à pleuvoir sur les quartiers ouest à partir de 04h30 (01h30 GMT).  » Des habitants de ce quartier se sont rassemblés dans l’une des rues touchées par le pilon-nage pour soulever les tas de débris et aider les personnes à récupérer leurs affaires pour fuir dans un endroit plus sûr. « Les bombardements sur les quartiers ouest sont toujours en cours, le bruit est très fort », affirme Ahmad.

Les rebelles ont recours à «  l’artillerie lourde et toutes sortes d’armes à feu  » dans une offensive qui « vise à ré-duire la pression » sur le front de la route du Castello, a indi-qué Mahmoud Abou Malak, porte-parole d’un groupe rebelle à Alep.

La veille, une contre-at-taque des insurgés pour re-pousser les forces du régime loin de la route du Castello a échoué. Au moins 29 com-battants du groupe rebelle

islamiste Faylaq al-Cham et de son allié du Front al-Nosra (branche syrienne d’el-Qaëda) avaient été tués.

Ces violences interviennent malgré la trêve décrétée par le régime de Bachar el-Assad à l’occasion de la fête du Fitr et renouvelée samedi pour 72 heures. Mais dans les faits, le régime a poursuivi son offen-sive visant à encercler Alep, ainsi que ses bombardements sur les localités rebelles ail-leurs dans le pays.

« Très peu de légumes »Les forces prorégime se

trouvent à moins de 500 mètres de la route du Castello au nord d’Alep et peuvent ti-rer sur toute personne ou tout véhicule empruntant cet axe utilisé par les civils comme les rebelles. La route est ainsi de facto coupée. Le régime tente d’avancer pour la reprendre et assiéger ainsi totalement les quartiers rebelles où vivent quelque 200 000 personnes.

L’arrêt de tout ravitaille-ment depuis quelques jours se fait déjà sentir, les produits de première nécessité et le carbu-rant devenant de plus en plus difficiles à trouver. « Il y a très

peu de légumes aujourd’hui car la route du Castello est coupée », soupire Abou Mo-hammad, un vendeur.

Selon l’Onu, près de 600  000 personnes vivent dans des zones assiégées en Syrie, dans la plupart des cas par le régime, sans accès à la nourriture ni à une aide médi-cale.

Ailleurs en Syrie, 17 civils ont péri dans des frappes dont 14 dans la localité de Tarma-nine, dans la province d’Idleb (Nord-Ouest), a indiqué l’OSDH sans pouvoir dire s’il s’agissait de raids de l’aviation du régime ou de celle de l’allié russe.

À Rome, le médiateur de l’Onu en Syrie Staffan de Mistura a estimé que le mo-ment était « crucial ». « Entre maintenant et septembre nous avons une fenêtre encore ouverte  » pour aboutir à une transition politique et vaincre les jihadistes, a-t-il déclaré. Deux sessions de pourparlers de paix intersyriens se sont tenues sous l’égide des Na-tions unies depuis le début de l’année, sans avancées.

Déclenchée en 2011, la ré-volte en Syrie contre le régime s’est transformée en guerre dévastatrice dans laquelle sont maintenant impliqués une multitude d’acteurs locaux, régionaux et internatio-naux. Le conflit a fait plus de 280 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

(Source : AFP)

Syrie

Vaste offensive rebelle contre les secteurs prorégime à Alep Les attaques des insurgés « visent à réduire la pression » sur le front de la route du Castello.

Scène de chaos dans le quartier des Syriaques à Alep, après un bombardement rebelle sur cette zone contrôlée par le régime. George Ourfalian/AFP

Le président Recep Tayyip Erdogan a défendu son projet d’accorder la citoyenneté turque aux réfugiés syriens en Turquie, une démarche qui a provoqué une vive controverse. L’homme fort de Turquie avait annoncé le 2 juillet que le régime islamo-conservateur travaillait sur un projet qui permettrait aux réfugiés syriens le souhaitant d’obtenir la nationalité turque. Ils sont quelque 2,7 millions de Syriens à avoir trouvé refuge en Turquie depuis le début du conflit dans leur pays en 2011. Seuls 10 % environ vivent dans des camps, les autres se battent pour s’intégrer à la société et au marché du travail.M. Erdogan, cité hier par la

presse turque, a suggéré que les Syriens puissent bénéficier de la double citoyenneté et rester ainsi en Turquie une fois terminée la guerre civile dans leur pays. « Est-ce une obligation pour les gens possédant une double citoyenneté de retourner dans leur pays d’origine ? » s’est demandé le chef de l’État turc, donnant l’exemple des travail-leurs turcs qui se sont rendus par dizaines de milliers en Allemagne au début des années 1960. « Personne ne leur a demandé s’ils allaient retourner ou non en Turquie », a-t-il dit.Dans une volonté d’apaiser les inquiétudes en Turquie au sujet de ce projet aux contours vagues, M. Erdogan a insisté sur le fait

que la Turquie disposait d’une superficie suffisamment grande pour accueillir les Syriens, a rapporté le journal Hürriyet. « Il n’y a rien à craindre, ce pays abrite 79 millions de personnes sur une superficie de 780 000 kilomètres carrés. L’Allemagne a une population de 85 millions sur une superficie deux fois moins grande », a-t-il dit.M. Erdogan a notamment suggé-ré que des Syriens puissent être logés dans les logements vides bâtis par l’agence publique des logements collectifs. Toutefois, le porte-parole du gouverne-ment, Numan Kurtulmus, a indiqué que « les travaux sur le projet n’avaient pas encore été finalisés ».

Erdogan défend son projet controversé de naturalisation des Syriens

Un journaliste travaillant pour al-Jazeera a été tué hier dans une frappe dans le nord-ouest de la Syrie, a annoncé la chaîne de télévision qatarie, en accusant l’aviation russe alliée du régime syrien. Ibrahim al-Omar, un collaborateur de la chaîne al-Jazeera Mubashar,

est mort dans « des raids aé-riens russes à Tarmanine », une localité de la province d’Idleb, a ajouté la chaîne sans donner d’autres détails. Al-Jazeera a déjà perdu au moins sept de ses employés dans la couver-ture du conflit syrien depuis son déclenchement en 2011.

Un journaliste d’al-Jazeera tué dans un raid aérien russe à Idleb

Page 12: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

12 International mardi 12 juillet 2016

Le gouvernement d’Angela Merkel a insisté hier pour qu’Ankara lève son oppo-sition à une visite de dépu-tés allemands sur une base turque où stationne la Bun-deswehr, nouvelle pomme de discorde dans les rela-tions déjà tendues entre les deux pays.

« Il est nécessaire que nos députés puissent se rendre auprès de la Bundeswehr sur la base d’Incirlik » dans le sud de la Turquie, où sont stationnés des soldats allemands dans le cadre de la lutte contre l’organisation État islamique, a déclaré à la presse le porte-parole de la chancelière, Steffen Sei-bert.

La Turquie a récemment empêché la visite d’une délégation de parlemen-taires allemands sur place, après le vote le 2 juin par les députés allemands d’une résolution reconnaissant le génocide arménien de 1915 sous l’Empire ottoman. Une initiative qui a ulcéré Ankara.

« Armée parlementaire »Le porte-parole a rappelé

que les missions de la Bun-deswehr étaient strictement encadrées par les députés allemands, qui ont donc un devoir de contrôle, et même employé à ce sujet l’expres-sion d’«  armée parlemen-taire ».

La chancelière est elle-même montée au créneau au cours du week-end, ten-tant d’obtenir le feu vert de la Turquie lors d’une ren-contre en marge du sommet de l’Otan à Varsovie avec le président Recep Tayyip Erdogan. Elle a reçu une fin de non-recevoir. «  Les dissensions ne disparaissent pas après seulement un tel entretien  », a-t-elle déclaré à l’issue de la réunion.

Le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus a justifié hier le blocage par le fait que des parlementaires

n’avaient rien à faire sur un site de l’armée.

« Pour nous il s’agit d’une affaire militaire », a-t-il dit, alors que « du côté allemand la question d’Incirlik ou de l’envoi de soldats allemands est sous l’autorité du Parle-ment allemand (...) La visite n’est pas encore certaine, les discussions continuent ».

Mais il ne fait guère de doute qu’il s’agit surtout d’une mesure de rétorsion après le vote du Bundestag sur le génocide arménien. Selon le quotidien Hurriyet de lundi, le président Erdo-gan a signifié à Angela Mer-kel lors de leur entretien du week-end son malaise au sujet de la résolution et lui a dit qu’il attendait que le gouvernement allemand prenne ses distances publi-quement avec le texte.

Menace de retraitFace au blocage turc, le

ton commence à monter en Allemagne, dont les rela-

tions avec la Turquie ont déjà été envenimées récem-ment par une satire télévisée du président Erdogan diffu-sée sur une chaîne publique allemande. Le chef de l’État a porté plainte contre l’au-teur du pamphlet, Jan Böh-mermann.

Les attaques et menaces personnelles dont ont été victimes les députés alle-mands d’origine turque de la part de médias ou res-ponsables en Turquie ont suscité aussi un vif émoi à Berlin et conduit le pré-sident du Bundestag à pro-tester publiquement.

Plusieurs députés ont appelé au retrait des soldats allemands de la base d’In-cirlik si Ankara ne devait pas céder.

Cette base aérienne est utilisée par l’Otan dans le cadre de la lutte contre l’EI. Des chasseurs turcs, américains, britanniques mais aussi allemands y sont déployés. Les Tornados

allemands sont chargés de mission de surveillance et l’Allemagne contribue aussi au ravitaillement des appa-reils en vol dans la zone.

Le président Erdogan « risque un retrait de la Bun-deswehr par son attitude  », a jugé Andreas Scheuer, le secrétaire général de la CSU, la branche bavaroise du Parti conservateur d’An-gela Merkel.

« Il faut que ce soit clair, un refus durable de la part de la Turquie peut amener la fin de la participation allemande à la mission de l’Otan » sur place, lui a fait écho Niels Annen, du Parti social-démocrate.

Angela Merkel préfère pour le moment la voie du dialogue, car elle a besoin de la Turquie notamment dans le cadre de l’accord passé avec l’UE pour conte-nir le flux de réfugiés venant de Syrie vers l’Europe.

(Source : AFP)

Crise diplomatique

Nouvelles tensions germano-turques après le vote sur le génocide arménien Berlin insiste pour qu’Ankara autorise une visite de députés allemands sur la base aérienne d’Incirlik. La ministre de l’Intérieur

Theresa May prendra les rênes du gouvernement bri-tannique demain, a annoncé hier le Premier ministre démissionnaire David Ca-meron. «  Nous aurons un nouveau ministre dans ce bâ-timent derrière moi mercredi soir  », a déclaré M. Came-ron devant le 10 Downing Street, ajoutant qu’il présen-terait sa démission à la reine mercredi après les questions au Parlement.

La course à la succession de David Cameron avait connu hier un rebondisse-ment spectaculaire avec le retrait de la secrétaire d’État à l’Énergie Andrea Lead-som, laissant la ministre de l’Intérieur Theresa May seule en lice pour devenir celle qui devra gérer le Brexit.

Andrea Leadsom, une pro-Brexit, a jeté l’éponge lors d’une brève allocution devant la presse à Londres, seulement quatre jours après avoir été sélectionnée par les députés pour concourir aux fonctions de leader du Parti conservateur et de Premier ministre britannique.

Reconnaissant que Mme May avait recueilli davan-tage de soutien de la part des parlementaires tories, Andrea Leadsom s’est ran-gée derrière elle. «  Elle est idéalement placée pour mettre en œuvre le Brexit de la meilleure manière possible pour les Britanniques et elle a promis qu’elle le ferait », a déclaré la secrétaire d’État.

Alors que les deux femmes auraient dû être départa-gées cet été par un vote des 150  000 adhérents du parti, ce retrait laisse à Mme May le champ libre pour succéder au Premier ministre David Cameron, qui avait annoncé sa démission le 24 juin, peu après l’annonce du résultat du référendum sur l’UE.

« Brexit is Brexit »Mme May, une euroscep-

tique passée dans le camp du maintien dans l’UE pendant

la campagne référendaire, a indiqué hier qu’elle respecte-rait la victoire des pro-Brexit, laissant peu d’espoirs à ceux au Royaume-Uni qui récla-ment une seconde consulta-tion sur l’UE. « Je ne saurais être plus claire  : il n’y aura pas de tentative pour rester au sein de l’UE », a-t-elle dit lors d’une déclaration dans la matinée à Birmingham (centre de l’Angleterre). «  Brexit signifie Brexit  » et « nous en ferons un succès », a insisté celle qui est en passe de devenir la seconde femme Première ministre du pays.

Eagle au LabourLa guerre des chefs se

poursuivait en revanche du côté de l’opposition travail-liste, après que la députée Angela Eagle eut annoncé sa candidature pour détrôner Jeremy Corbyn. Cette can-didature ouvre la voie à de nouvelles élections pour dé-signer le chef du parti, dont les divisions ont été exacer-bées par la victoire du Brexit.

Triomphalement élu en septembre à la tête du

Labour grâce au vote des militants, Corbyn n’a jamais réussi à s’imposer auprès d’une grande partie des cadres du parti, qui le jugent trop à gauche, et incapable de remporter des élections législatives.

Les critiques ont redoublé ces deux dernières semaines, avec une motion de défiance des députés travaillistes et la démission des deux tiers de son cabinet fantôme.

Le comité exécutif du parti doit se réunir pour décider s’il doit recueillir le soutien de 50 députés pour concou-rir, ou s’il est automatique-ment candidat.

Soulignant que le pays traversait une «  période dangereuse  », Angela Eagle a estimé hier en lançant sa campagne que M. Corbyn n’était « pas capable de four-nir le leadership » nécessaire.

«  Le Labour a besoin d’être sauvé », a en outre dé-claré Angela Eagle, 55 ans, dans une interview au Daily Mirror.

Alors que les frondeurs avancent leurs pions, M.

Corbyn a indiqué qu’il était prêt à se battre pour conserver son poste. «  Il serait contraire à la justice et à l’équité que le leader en poste ne soit pas dans le scrutin  », a répondu Diane Abbott, une proche de M. Corbyn, hier sur la BBC, en qualifiant Mme Eagle de candidate du passé.

Commentant ces querelles d’appareil, Iain Begg, un ex-pert de la London School of Economics (LSE), a estimé qu’elles étaient en train de « détruire le Labour ».

Ces événements inter-viennent alors que plus de mille avocats ont écrit à Da-vid Cameron pour réclamer que le Parlement étudie avec soin l’opportunité de lancer la procédure de divorce avec l’UE. Soulignant que le réfé-rendum n’était « pas contrai-gnant  », ils affirment que «  le résultat du référendum a été influencé par une pré-sentation tendancieuse des faits et des promesses qui ne peuvent être remplies ».

(Source : AFP)

Royaume-Uni

Theresa May prendra les rênes du gouvernement britannique demainAngela Eagle lance la guerre des chefs au Labour.

La chancelière allemande avec le président turc, lors du sommet de l’Otan. Kayhan Ozer/Presidential Palace/Handout via Reuters

Angela Eagle, lors de sa conférence de presse, hier. Chris J. Ratcliffe/AFP

Pyongyang a menacé hier de lancer une « action physique » contre un système antimissile américain qui doit être déployé en Corée du Sud.

La Corée du Nord a ainsi réagi avec virulence à l’annonce par les États-Unis et la Corée du Sud du déploiement en ter-ritoire sud-coréen du bouclier antimissile THAAD (Termi-nal High Altitude Area De-fence), parmi les plus sophisti-qués du monde. Les deux alliés n’ont pas précisé la date ni le lieu prévus de ce déploiement mais ont souligné qu’ils en étaient à la phase finale de la sélection.

Le système THAAD tire des missiles conçus pour inter-cepter et détruire des missiles balistiques alors qu’ils sont encore juste à l’extérieur de l’atmosphère ou bien qu’ils viennent d’y entrer, durant leur dernière phase de vol.

«  La République populaire démocratique de Corée (nom officiel de la Corée du Nord) engagera une action physique pour contrôler entièrement le système THAAD », a annoncé l’armée du Nord.

Les forces nord-coréennes disposent «  de moyens suffi-sants et sophistiqués de frappe offensive  » et prendront «  les mesures correspondantes les plus impitoyables et les plus puissantes contre les États-Unis, qui veulent déclencher une guerre en déployant le sys-tème THAAD ».

Le ministère sud-coréen de la Défense a dénoncé des « menaces ridicules ». Le Nord doit « reconnaître qu’il menace la paix et la stabilité sur la pé-ninsule et présenter ses excuses pour ses provocations  », selon un porte-parole.

L’annonce du déploiement du bouclier antimissile ne fait pas l’unanimité en Corée du Sud. Les habitants des sites

potentiels de déploiement ont organisé des manifestations pour protester contre le projet. Samedi, plus de 3  500 habi-tants du comté de Chilgok, dans le sud-est, se sont rassem-blés pour dénoncer la décision, disant que la région stagnait depuis le déploiement de troupes américaines en 1960.

Ce projet a également suscité l’ire de Pékin, principal allié de la Corée du Nord, et de la Rus-sie, qui reprochent à Wash-ington sa volonté de montrer ses muscles dans la région et de mettre en péril la sécurité régionale.

La présidente sud-coréenne Park Geun-hye a défendu un déploiement «  purement dé-fensif  » destiné à protéger son territoire.

« Déclaration de guerre »

Sur un autre plan, Pyong-yang annoncé la rupture d’un des derniers canaux de com-munication encore existants avec Washington en raison de

sanctions contre son dirigeant. Les États-Unis avaient placé la semaine dernière Kim Jong-un sur une liste noire de personnes sanctionnées en invoquant de graves violations des droits de l’homme, ce que Pyongyang avait assimilé à une «  déclara-tion de guerre ».

Le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a infor-mé Washington qu’il allait ces-ser toutes les communications avec le gouvernement améri-cain par l’intermédiaire de la mission nord-coréenne au siège des Nations unies à New York, selon l’agence officielle KCNA. «  Nous (les avons) informés que nous allons mettre un coup d’arrêt total aux communica-tions officielles via New York », ajoute KCNA, ajoutant que les questions bilatérales seront dé-sormais traitées conformément au droit en temps de guerre.

Le bureau de la Corée du Nord à l’Onu servait depuis longtemps à des discussions officielles et informelles avec Washington, y compris des

pourparlers qui avaient eu lieu sur l’arrêt du programme nu-cléaire nord-coréen.

Depuis le quatrième essai nucléaire nord-coréen du 6 jan-vier, suivi le 7 février par un tir de fusée généralement consi-déré comme un essai de missile balistique déguisé, les tensions ne cessent de s’aggraver sur la péninsule.

Alors que les résolutions de l’Onu lui interdisent tout pro-gramme nucléaire ou balistique, la Corée du Nord progresse, se-lon les experts, dans ses efforts pour mettre au point un missile intercontinental (ICBM) ca-pable de porter le feu nucléaire sur le continent américain.

Samedi, Pyongyang a an-noncé avoir testé un missile balistique lancé par sous-marin, s’attirant de nouvelles critiques internationales. Le 22 juin, elle avait tiré deux missiles de moyenne portée Musudan, capable en théorie de toucher les bases américaines sur l’île de Guam, dans le Pacifique.

(Source : AFP)

Tension

La Corée du Nord menace de lancer « une action physique » contre un système antimissile USPyongyang rompt ses communications avec Washington à l’Onu.

Manifestation sud-coréenne contre le déploiement d’un système antimissile américain (THAAD). Jung Yeon-je/AFP

Le président sud-souda-nais Salva Kiir et son rival, le vice-président et ex-rebelle Riek Machar, ont fini hier par répondre à l’appel de la communauté internationale en décrétant un cessez-le-feu après quatre jours de combats meurtriers entre leurs troupes dans la capitale Juba.

«  Le président a réitéré son engagement à la mise en œuvre de l’accord » de paix du 26 août 2015 et signé un décret ordonnant «  la cessation des hostilités avec effet immédiat » à partir de 18h00 heure locale (15h00 GMT), a annoncé le ministre de l’Information, Michael Makuei, dans une allocution retransmise à la té-lévision d’État (SSBC). Tous les commandants de l’armée gouvernementale (SPLA) ont «  ordre de cesser tout com-bat et d’obéir à ce décret, de contrôler leurs forces et de pro-téger la population civile et ses biens », ainsi que d’« assurer la protection de tout groupe eth-nique qui pourrait être visé », a poursuivi M. Makuei.

Environ deux heures plus tard, Riek Machar a égale-ment annoncé dans un en-tretien à la radio locale Eye Radio Juba avoir ordonné à des troupes « un cessez-le-feu immédiat » à partir de 20h00 (17h00 GMT). «  J’ai donné des instructions aux comman-dants de respecter cet ordre », et ceux-ci «  le transmettent à leurs troupes », a-t-il ajouté.

Répondant à une question d’un journaliste de Eye Radio Juba lui demandant s’il contrô-lait ses troupes, M. Machar a répliqué  : «  Je suis avec mes troupes, comment puis-je les perdre de vue ?  » Il a égale-ment assuré que son camp «  n’était pas responsable  » du déclenchement des premiers affrontements.

Juba est le théâtre depuis vendredi soir de combats entre

les forces loyalistes, fidèles à Salva Kiir, et les ex-rebelles aux ordres de Riek Machar. Les affrontements ont impli-qué hier de l’artillerie lourde près de l’aéroport (Nord-Est) et dans le quartier de Tom-ping (centre), selon une source diplomatique occidentale.

Les affrontements ont été provoqués par une altercation meurtrière jeudi soir à un des nombreux barrages de la ville.

Hélicoptères de combatCes combats ont fait « plus

de 300 morts  » dans la seule journée de vendredi, a précisé le ministre de l’Information. Aucun bilan n’est dispo-nible pour les jours suivants, alors que deux Casques bleus chinois ont été tués par une «  bombe  » ayant touché di-manche un véhicule blindé de l’Onu.

Quelques coups de feu spo-radiques ont été brièvement entendus hier soir à Juba, les premiers depuis 14h00 heure locale (11h00 GMT), sans qu’il soit possible de détermi-

ner leur origine ou leur cause.Ces nouvelles violences, qui

coïncident avec le 5e anniver-saire de l’accession à l’indé-pendance du Soudan du Sud, font craindre une reprise des combats à grande échelle dans tout le pays, déchiré depuis décembre 2013 par une guerre civile dévastatrice qui a déjà fait plusieurs dizaines de mil-liers de morts et près de trois millions de déplacés.

Devant la poursuite des vio-lents combats à Juba, Ban Ki-moon a exhorté hier le Conseil de sécurité de l’Onu à «  ren-forcer la mission de l’Onu au Soudan du Sud » (Minuss) en la dotant notamment d’héli-coptères de combat.

M. Ban a réclamé « un em-bargo immédiat sur les armes » destinées au Soudan du Sud et de nouvelles «  sanctions ciblées » contre les fauteurs de troubles.

Réuni en urgence à New York dimanche soir, le Conseil de sécurité de l’Onu avait déjà dit envisager de renforcer la Minuss et demandé aux pays

de la région «  de se préparer à fournir des troupes supplé-mentaires au cas où le Conseil le déciderait ».

Pris dans les combatsLes ministres des Affaires

étrangères des pays membres de l’Igad, organisation des pays de la région, se sont réunis à Nairobi hier et ont indiqué qu’ils demanderaient une révision du mandat de la Minuss pour «  permettre la présence de plus de soldats (de l’Onu) dans la capitale Juba  » si les armes n’étaient pas déposées immédiatement. Dans un communiqué, ils ont également « recommandé que les responsables de l’actuelle vague de violences répondent de leurs actes ».

Le président de la Commis-sion de surveillance et d’éva-luation de l’accord de paix signé le 26 août 2015, Festus Mogae, a pour sa part exhorté hier à «  une mise en œuvre immédiate » de cet accord.

Dans la nuit de dimanche à lundi, des pluies orageuses ont rendu encore plus précaire la situation des milliers de civils qui ont dû fuir les quartiers les plus touchés par les affronte-ments. Parmi eux, le corres-pondant de l’AFP a décrit une « situation terrifiante ».

Selon la Minuss, 7 000 civils se sont réfugiés dans deux de ses camps, dont un à proximité duquel les combats ont éclaté, et qui abrite déjà 28 000 dépla-cés. D’autres se sont réfugiés par centaines dans les églises de la ville.

Assurant que son camp a été « pris directement dans les combats », la Minuss a indiqué que 67 personnes avaient été blessées, dont huit sont en-suite décédées, dans ou autour de sites de protection réservés aux civils.

(Source : AFP)

Soudan du Sud

Kiir et Machar annoncent un cessez-le-feu à JubaBan réclame de nouvelles « sanctions ciblées » contre les fauteurs de troubles.

Les violences à Juba depuis vendredi ont entraîné le déplacement de plus de 3 000 personnes, qui se sont réfugiées dans le camp de l’Onu à Tomping. Unmiss/Beatrice Mategwa/AFP

Page 13: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

13Sportsmardi 12 juillet 2016

Le Faqra Club a inauguré la saison estivale par un concours équestre de saut d’obstacles. À cette occasion, l’élite cavalière du pays s’était donné rendez-vous sur le manège du club à Faqra. Placée sous l’égide de la Fédération équestre libanaise, cette compétition a rassem-blé pas moins de 80 cavaliers et cavalières, qui se sont mesurés dans les 5 catégories au pro-gramme.

Fidèle à sa réputation, le Dbayé Country Club a été un véritable juge de paix tout le long du concours, s’octroyant les premières places dans toutes les séries.

La performance de la talentueuse cavalière Sara Ghorayeb en série N a mis tout le monde d’accord. De son côté, sa coéquipière Yasmina Bocti, prouvant son ascension internationale, est revenue au pays et a débuté sa saison en remportant haut la main les séries E et D. La série C a vu le triple champion du Liban Albert Sehnaoui revenir avec une jument en forme (Woeste Willy), pour s’adjuger cette catégo-rie au terme d’un barrage serré face à Issam Haddad. Signalons que Sehnaoui représentait bénévolement la Fondation Philippe Hatem pour une enfance heureuse. Pour finir, le talent national Tony Assaf, portant sur ses épaules toute l’équipe du Dbayé Country Club, a brillé en série B en accomplissant un parcours digne des plus grands.

Le jury était présidé par Samir Soubra, secondé par Myriam Maitala et Maroun Me-hanna au chrono. Le parcours a été tracé par la course designer international allemand Volker Schmidt.

Voici les résultats complets :

Série N – 85 cm1. Sara Ghorayeb sur Pivano (Dbayé

Country Club)2. Mateo Rachid sur Birania (Country Farm)3. Rasha Khallaf sur Vutanja (Dbayé

Country Club).

Série E – 105 cm1. Yasmina Bocti sur Adelfee (Dbayé

Country Club)2. Michelle Saad sur Delgado (Equestrian

Circle)3. Layal Salloum sur Arlequin (Dbayé

Country Club).

Série D – 115 cm1. Yasmina Bocti sur Barcelona (Dbayé

Country Club)2. Marek Maitala sur Jack Sparrow (Dbayé

Country Club)3. Issam Haddad sur Vabiola (Dbayé

Country Club).

Série C – 125 cm1. Albert Sehnaoui sur Woeste Willy (Dbayé

Country Club)2. Issam Haddad sur Bugs Bunny (Dbayé

Country Club)3. Joe Abboud sur Coolen Hoof (Dbayé

Country Club).

Série B – 135 cm1. Tony Assaf sur Arlequin (Dbayé Country

Club).

M. H.

Saut d’obstacles

Ghorayeb, Bocti, Sehnaoui et Assaf en vedettes à Faqra

Football

L’équipe de France a bouclé son Euro sur une note frus-trante en finale, mais sa belle aventure préfigure des len-demains qui chantent dans l’optique du Mondial 2018 en Russie, où elle sera cette fois attendue de pied ferme avec un statut de favori à gérer.

Quarts-de-finalistes de la Coupe du monde 2014, fina-listes de l’Euro 2016, les Bleus n’en finissent pas de grandir et vont désormais mettre le cap sur la Russie bardés de certitudes. Didier Deschamps n’avait pas trop la tête di-manche soir à se projeter sur les prochaines semaines. «  J’aurai besoin de temps pour digérer. Les joueurs vont reprendre avec leurs clubs. Je vais analyser avec mon staff et on repartira pour ce qui nous attend dans deux ans », a simplement déclaré le sélectionneur. Mais il n’aura

pourtant pas trop le temps de gamberger.

La vie des Bleus ne va pas s’arrêter à cette finale perdue face au Portugal (1-0 a.p.). Et la prochaine mission, le Mondial 2018, commencera dès septembre avec la phase qualificative. Après un amical de rentrée le 1er septembre en Italie, les Français débuteront leur campagne au Belarus le 6 septembre, dans un groupe A pas trop compliqué com-prenant également les Pays-Bas, la Suède, la Bulgarie et le Luxembourg. Après avoir passé deux ans à disputer des matches amicaux en tant que futur organisateur de l’Euro entre 2014 et 2016, la France va redécouvrir le charme des voyages exotiques, l’incertitude des qualifications et devra cette fois aller chercher son billet sur le terrain. Si aucun de ses

futurs adversaires n’a de quoi la faire trembler, il faudra tout de même boucler la poule à la 1re place, les 8 meilleurs deuxièmes étant reversés en barrages.

Avec quel groupe ?Difficile de ne pas donner

la priorité pour les échéances à venir à des joueurs vice-cham-pions d’Europe, mais Des-champs va tout de même devoir trancher des cas épineux. Un beau casse-tête en perspective.

Il y a d’abord la situation des absents pour cause de blessures (Varane, Diarra, Mathieu) ou d’affaires extrasportives (Ben-zema, Sakho), tous des cadres du groupe avant leurs indispo-nibilités. Si des petits nouveaux ont marqué des points à l’Euro ou vont forcément s’inscrire dans la durée (Umtiti, Kanté, Coman, Martial), d’autres en ont perdu beaucoup (Mangala,

Rami). Quid aussi des trente-naires (Evra, Sagna) ? Certains jeunes se bousculent en tout cas déjà aux portillons et auront une carte à jouer dans l’optique de la Coupe du monde (Laca-zette, Zouma, Rabiot, Fekir, Dembele, Kurzawa, Areola).

Reverra-t-on Karim Benze-ma en équipe de France ? L’ex-attaquant n° 1 des Bleus a raté le wagon de l’Euro en raison de sa mise en examen dans l’affaire du chantage à la sex-tape. Son avenir dépendra en premier lieu des suites judiciaires de ce scandale. S’il est rapidement blanchi, le joueur du Real Ma-drid sera de nouveau sélection-nable, mais il n’est pas sûr que Deschamps ait gardé sa place bien au chaud. En son absence, un groupe s’est révélé et des attaquants se sont émancipés, menant la France jusqu’en fi-nale, alors que Benzema n’a ja-

mais eu un rendement optimal en équipe nationale (27 buts en 81 sélections). Sa déclaration choc avant le tournoi, accusant Deschamps d’avoir « cédé à la pression d’une partie raciste de la France » en le privant de championnat d’Europe, a pro-fondément meurtri l’ex-capi-taine des champions du monde et d’Europe 1998 et 2000, dont la maison en Bretagne a été en-suite taguée du mot « raciste ». Très impopulaire et rejeté par l’opinion, Benzema risquerait en outre, en cas de retour, de briser l’élan populaire qui s’est créé autour des Bleus.

État d’esprit à conserverLe fameux adage « Le groupe

vit bien », tellement galvaudé, a pris tout son sens avec les Bleus. Il y a bien eu des polémiques durant la préparation et pen-dant le tournoi (Benzema, bras

d’honneur de Pogba), mais elles n’ont pas eu d’incidence ma-jeure sur la vie en communauté. L’engouement suscité par cette équipe s’explique en partie par le climat apaisé qui règne au-tour d’elle, loin des tourments des années passées. Au-delà des résultats, c’est sans doute le principal acquis du mandat de Deschamps que d’avoir fait oublier le séisme provoqué par la grève de l’entraînement du Mondial 2010 et ses répliques lors de l’Euro 2012. «  On n’a pas été récompensés, mais j’ai eu un groupe extraordinaire à disposition. Je suis malheureux pour eux, mais ça ne s’arrête pas là. Même si on prend un gros coup sur la tête, ça laisse envi-sager des jours meilleurs et un avenir intéressant  », a conclu Deschamps dimanche soir. On se revoit en septembre…

Keyvan NARAGHI/AFP

Euro 2016

Pour la France, un avenir en bleu...Même frustrés d’un sacre européen à domicile, la belle aventure des Bleus lors du tournoi préfigure des lendemains qui chantent dans l’optique du Mondial 2018 en Russie.

Basket-ball

NBA

Tim Duncan raccrocheAprès Kobe Bryant en avril, un autre monument de la NBA a pris sa retraite  : à 40 ans, après 19 saisons et 5 titres à San Antonio, Tim Duncan a décidé hier de tirer sa révérence. Comme Bryant, Duncan a fait toute sa car-rière dans la même équipe et a été sacré 5 fois champion NBA. Mais à la différence de la star des Lakers, à l’ego sur-dimensionné, Duncan a tou-jours privilégié son équipe et ses coéquipiers, entretenu une relation quasiment filiale avec son entraîneur Gregg Popovich et fui autant que possible l’attention.

Surnommé «  The Big Fundamental  » pour sa constance et son rôle unique, Duncan (2,11 m et 113 kg)

a permis, avec Popovich, à San Antonio de devenir une place forte de la NBA. Les deux hommes sont arrivés quasiment au même mo-ment à San Antonio (1996 pour Popovich, 1997 pour Duncan) et lui ont offert cinq titres NBA (1999, 2003, 2005, 2007, 2014). Si Duncan est discret, presque maladivement timide, loin des terrains, il a toutefois collectionné les trophées et les honneurs (15 sélections pour l’All Star Game), avec ce mélange de redoutable ef-ficacité au tir et d’incroyable sang-froid. Il a également été élu meilleur joueur de la NBA à deux reprises (2004, 2008).

(Source : AFP)Tim Duncan, « The Big Fundamental » des San Antonio Spurs (maillot n° 21). Brendan Smialowski/AFP

Équitation Auto

Makram HADDAD

Abdo Féghali et son naviga-teur Marc Haddad, au volant de leur Ford Fiesta, ont rem-porté avec brio ce week-end la vingt-cinquième édition du rallye des Cèdres, qui a été organisée par l’Autorité nationale sportive (ANS) relevant de l’Automobile et Touring Club du Liban (ATCL), sur les routes du Liban-Nord.

Cette course automobile, qui était placée sous l’égide du commandant en chef de l’armée, le général Jean Ka-hwagi, a été marquée par le départ de 22 équipages au total, mais seules 11 voitures ont réussi à rallier l’arri-vée, dimanche. Signalons que cette épreuve annuelle compte pour le champion-nat du Liban des rallyes, dont elle constituait la troi-sième levée après les courses du printemps et de Jezzine, qui s’étaient déroulées il y a quelques semaines.

Abdo Féghali s’est impo-sé en parcourant les 339,42 kilomètres, dont 99,90 kilo-mètres de spéciales, en un temps d’une heure quatre minutes et vingt-huit se-condes, distançant ses pour-suivants immédiats Roger Féghali et Joseph Matar, deuxièmes à une minute seulement, et Eddy Abou Karam et Joseph Kmeid, troisièmes à trois minutes. L’équipage composé de Abdo Féghali et de son copilote Marc Haddad, un des grands favoris de cette course, a répondu présent à l’attente de ses nombreux fans, en se classant premier sur onze des douze épreuves de vitesse (EV) prévues au programme de ce rallye. Seule la première épreuve spéciale a échappé à Abdo Féghali au profit de son frère Roger ; histoire de confirmer la mainmise de la famille Féghali sur les ral-lyes automobiles au Liban.

Voici le classement final

officiel de la course, après homologation des résultats par l’ATCL :

1. Abdo Féghali et Marc Haddad (Ford Fiesta R5)

2. Roger Féghali et Joseph Matar (Mitsubishi Lancer EVO X)

3. Eddy Abou Karam et Joseph Kmeid (Mitsubishi Lancer EVO X)

4. Rabih Ayoub et Cathy Derousseaux (Mitsubishi Lancer EVO IX)

5. Rony Kanaan et Samer Sfeir (Citroën DS3)

6. Bassel Abou Hamdan et Firas Élias (Citroën DS3)

7. Ra’fat el-Mouhtar et Rami Nader (Mitsubishi Lancer EVO IX)

8. Mathieu Reboisson et Georges Deaibes (Mitsu-bishi Lancer EVO IX)

9. Patrick Njeim et Char-bel Kanaan (Peugeot 208)

10. Walid Chlink et Dol-leen Chlink (Renault Clio R3)

11. Majed Khoury et Ziad Bardawil (Skoda Fabia R2).

Rallye des Cèdres

Abdo Féghali décroche la 25e édition de la course

Abdo Féghali et son navigateur Marc Haddad ont dominé la 25e édition du rallye des Cèdres, remportant 11 des 12 spéciales au programme. Photo Sarkis Yeretsian

Yasmina Bocti, lauréate des séries E et D. Sara Ghorayeb, lauréate de la série N.

Tony Assaf, lauréat de la série B.

Albert Sehnaoui, lauréat de la série C.

Liban

Météo

Vent S-O – 15/40 km/h.Humidité 65 à 85 %.Visibilité moyenne à mauvaise.Mer moyennement agitée, 28°.

23/30°-/-°

20/34°22/27°

25/31°

22/31°

20/34°

22/32°

Temps stable sur le BMO. Le temps sera aujourd’hui par-tiellement nuageux, brumeux en montagne. Demain, une hausse des températures sera motée sur le littoral.

Abou Dhabi 31/42°

Amman 21/35°

Ankara 14/30°

Bagdad 28/43°

Damas 19/36°

Djeddah 28/38°

Doha 33/44°

Dubaï 31/40°

Istanbul 22/28°

Le Caire 24/38°

Mascate 30/37°

Nicosie 23/38°

Riyad 28/43°

Téhéran 25/39°

Alger 19/32°

Amsterdam 14/20°

Athènes 25/35°

Berlin 15/27°

Bucarest 18/33°

Budapest 21/35°

Buenos Aires 8/15°

Bruxelles 13/19°

Copenhague 14/21°

Dublin 10/17°

Genève 13/23°

Kiev 17/29°

Lisbonne 17/26°

Londres 12/19°

Madrid 18/34°

Marrakech 23/41°

Marseille 20/31°

Milan 21/33°

Minsk 15/26°

Montréal 18/28°

Moscou 16/27°

Munich 14/27°

New York 22/30°

Paris 14/21°

Prague 13/30°

Rio de Janeiro 19/28°

Rome 22/35°

Tunis 24/34°

Varsovie 18/33°

Vienne 19/33°

Moyen-Orient

International

Page 14: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

14 Détente mardi 12 juillet 2016

Marche à suivre : Dès que vous repérez un mot, rayez les lettres de ce mot dans la grille et barrez-le dans la liste au-dessus de la grille. Pour plus de facilité, commencez par les mots les plus

longs. Quand vous aurez inséré tous les mots de la liste, il vous restera les lettres formant le mot secret. Pour former un mot, les lettres peuvent se suivre hori-zontalement de gauche à droite

ou de droite à gauche, vertica-lement de bas en haut ou de haut en bas et en diagonale de droite à gauche ou de gauche à droite. Une même lettre peut servir pour plusieurs mots.

Solution du n° 14 678

HORIZONTALEMENT1. Attaques en règle qui peuvent donner naissance à trois pelés et un tondu. - 2. Il est plus contraignant que la carte. Propre. - 3. Boîtes qui pro-tègent. Note. - 4. Amas. Ses éclats ne sont pas là pour rire. - 5. Maniées avec brutalité. - 6. Les petits font partie d’un corps. Ventilée. - 7. Rendues bien trop belles. - 8. Démonstratif. C’est bien court. - 9. Servent de four-rage. Bien mal entourée. - 10. Faire bon bond. Ville d’eaux en Allemagne.

VERTICALEMENTA. Qui sont capables de faire circuler. - B. Fera des bruits de pots. - C. Peu courant dans le langage. Mis en mémoire. - D. Homme d’elle… Monarque russe. - E. On est pauvre quand on est sans lui. S’attache, c’est le cas de dire, à faire la rosette… - F. Possessif. Faire cuire du bœuf. - G. Souvent ardentes au-dessus du volcan. - H. N’importe qui. Très calme. - I. Partie de cathédrale. Collabo-rateur de Jules Ferry. Regroupe des dirigeants. - J. Est là en vedette américaine. Points de suspension.

Problème n° 14 679

R.C.I. France

A B C D E F G H I J1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

G L A D I A T E U RR E C E N S E U S EO V E S I D E E SS I T U E E E SS E R I N U V AE R I N A M E R SS M E A T R U SS E M E L L E I EE T E P A T I N ES A L I E S D E S

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

A B C D E F G H I J

Le mot secret

BÉLIER (21 mars au 19 avril) : Vous n’aurez qu’à vous fixer un but pour

l’atteindre presque aussitôt. Les défis vous mettront l’eau à la bouche, mais ne sous-estimez pas vos adversaires.

TAUREAU (20 avril au 20 mai) : L’entente cordiale sera cruellement absente

de vos relations avec l’entourage familial. Vous établirez plutôt des rapports de force.

GÉMEAUX (21 mai au 20 juin) : Une activité artistique vous conviendrait à mer-

veille. Pourquoi ne pas vous inscrire à un cours de théâtre ou de danse. Ce serait positif à tout point de vue.

CANCER (21 juin au 22 juillet) : Si vous êtes en congé, profitez de cette liberté

pour prospecter même si certaines entreprises marchent au ralenti, vous pourrez déjà prendre des contacts.

LION (23 juillet au 22 août) : Atten-dez avant de mettre à exécution un grand

projet. Les appuis qui vous avaient été promis risquent de vous être retirés du jour au lendemain sans la moindre explication.

VIERGE (23 août au 22 sep-tembre) : Vous supporterez très mal des

leçons de morale de la part de votre conjoint. Et pourtant vous reconnaîtrez que vous aimez plaire et qu’il peut se poser des questions.

BALANCE (23 septembre au 22 octobre) : Votre idéalisme échevelé vous

poussera à vous battre pour des causes jugées perdues d’avance. Mais vous continuerez d’y croire. Et vous aurez raison.

SCORPION (23 octobre au 21 novembre) : La solitude, quelle

horreur ! Vous serez prêt à tout pour y échapper. Ne craignez rien, vous serez bien entouré. Modérez vos colères injustifiées car vous ferez le vide autour de vous.

SAGITTAIRE (22 novembre au 21 décembre) : Votre avenir professionnel

sera sur la sellette. Vous serez amené à prendre des décisions importantes, à vous orienter éventuellement dans de nouvelles directions.

CAPRICORNE (22 décembre au 19 janvier) : Une incompréhension totale

régnera entre vous et votre entourage. Vous vous sentirez rejetés, exclus, alors que vos proches auront l’impression que vous les manipulez.

VERSEAU (20 janvier au 19 fé-vrier) : Sang-froid, maîtrise, contrôle,

autant d’épithètes qui vous colleront à la peau. Dans toutes les situations exigeant ce type de qua-lité, vous vous surpasserez.

POISSONS (20 février au 20 mars) : En amour, vous opterez pour

la stabilité et le long terme. Que cela ne vous empêche pas de mettre une note d’enthousiasme et de fougue dans vos ébats.

L’horoscopeLes mots croisés

UN MOT DE 8 LETTRES : JARDIN

ACRESANNUELAPPUIARROSAGEASSOLE

BECHERBINEBRINS

CHAMPCHOUCITROUILLECLOSCLOTURECOMMERCECOMPLETCONCOMBRESCOSSECUEILLIR

DOSER

ECHALOTESEGOUTENGRAISENVIEESPACE

FERMEFERTILISEFEVESFLEURFORETFOSSEFRAISFROIDS

GELEEGOUTER

HAEIS

HARICOTSHERBESHUMIDE

JARDINER

LABOURLAITUELEGUMESLIGNES

MARCHEMELEEMELONSMONTEMOTTE

NATURENAVET

PASSE-TEMPS

PERCHESPIEDSPIEDSPLANCHEPLUIEPOTAGERPOUSSE

RADISRATONRHUBARBERIGOLESROULE

SAISONSARCLOIRSENEVESERPESOINSSORTE

TAILLETERRETOMATESTONNETRANSPLANTETRONC

VEGETALVERT

Solution du précédent mot secret : CÉLIBAT

Solution des mots fléchésdu précédent numéro

Chausson de dinde à la béchamelPour 4 personnes1 rouleau de pâte feuilletée, 3 escalopes de dinde épaisses, 100 g de lardons fumés coupés fin, 1 boîte de 230g de champignons émincés, 1 boîte de 410 g de béchamel, 2 cuil. à soupe de crème fraîche, 50 g d’emmenthal râpé, ½ cuil. à café de moutarde, sel, poivre.Préchauffez le four à 180 °C (th. 6). Coupez les escalopes de dinde en petits cubes. Faites chauffer une poêle, disposez-y les cubes de dinde, les lardons et faites-les dorer 4 à 5 min à feu vif. Mélangez la crème fraîche et la moutarde, puis versez cette préparation dans la poêle. Salez, poivrez, mélangez à nouveau et réservez hors du feu. Versez la béchamel dans un saladier. Ajoutez l’emmenthal râpé, les champignons et mélangez. Étalez la pâte feuilletée. Répar-tissez-y sur une moitié la béchamel aux champignons, puis la préparation à la dinde. Rabattez l’autre moitié de pâte et appuyez sur le bord de façon à former un chausson. Piquez la pâte à l’aide d’une fourchette, enfournez 25 à 30 min puis dégustez sans attendre.

Au menu

A B C D E F G H I J1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

G L A D I A T E U RR E C E N S E U S EO V E S I D E E SS I T U E E E SS E R I N U V AE R I N A M E R SS M E A T R U SS E M E L L E I EE T E P A T I N ES A L I E S D E S

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

A B C D E F G H I J

Solution du N° 3656

C E D C A B

E N T R E P R E N D R E

N A E C R I T E A U X

A T T A Q U E C U S E

R A J U S T E O R R

S A L U E E T E A R C

L S T O R E I D E E

T I N T E R R E L E V E

S E T A N N E A S

M E D E C I N E S E L

O S E E L E T O C

M E R N P T A R I E

N E U T R A L I S E R

G R E N I E R R I S F

O S M I S S E L P A

D U M E T E O E M I R

L O I E M U S A L I

R E D I R E S M I E N

R E I N E S F E S S E

Mots fléchés d’Argos N° 3657 Arbre fruitier

Fromage crémeux

Île

Inévitable, forcé Vu

avant date

Terrain plat Jour

Mouve- ment de balancier Déguste

Sujet singulier

Bière

Grande période

historique

Impossible à faire

Homme de couleurs

Cependant

Glace ou psyché

Domaine des

moutons

Rancœur De

la poitrine

Langue méri-

dionale Harmonie

Habitude

prise

Engin volant Sel de l’acide nitrique

Rival,

adversaire

Totale,

complète

C’est négatif Un peu d’eau

Dent... gâtée Indien

au Canada

Pronom indéfini

Dit après coup

Respon- sable

d’asso- ciations

Atchoum ?

Durables

Garnir (le navire)

Imitation Douce

à la source

Enlève Ensemble de règles à suivre

Pingre Caillou

de plage

Gre- nouilles

Pour montrer

Aux côtés égaux

Rouleau de viande hachée

Brasser, secouer Réunion en mer

Symbole du curie Cause du tort

Faire disparaître en frottant

Découpé en

morceaux

Manne- quin

au jardin

Bande de coutu-

rières Collège disparu

Parente proche

Divisions de logis

Préoccupé Mal

d’oreille

Le sodium Poncelet le préside

Constellée 52

semaines

Partie de grille

Contrôle du QI Vent

arrière...

Cela est

mieux

Matière textile

Fauché en été

Verti- calement

(à) Première

note

Peur des

artistes

Détaché des

brancards

Considéré comme réfléchi

Chicanes sur

des riens

Mouiller sa

chemise

Les mots fléchés

Règle du jeu

Une grille de Su Doku est composée de 9 carrés de 9 cases, soit 81 cases.

Le but est de parvenir à inscrire tous les chiffres de 1 à 9 (sans qu’ils se répètent), dans un ordre quelconque dans chaque ligne, dans chaque colonne et dans chaque carré de neuf cases.

Sudoku moyen 241

4 77 9 66 4 3 7

9 8 2

5 7 96 1 4 55 2 8

6 9Solution du précédent numéro

SU|DO|KU Moyen Bridge ♥ ♣ u ♠Dans un sursaut d’optimisme, vous appelez, en Ouest, le petit chelem à Cœur… Optimiste, il faut l’être à condition, toutefois, de savoir opti-miser votre façon de manœuvrer, sinon gare à l’hallali qui vous guette :

Vous contemplez l’entame du 10 de Trèfle venant de chez Nord pour le 4 en Sud… Cogitez avant de jouer  : pour triompher de ce piètre chelem, il vous faut, en premier, le Roi de Carreau placé, deuxio, les Carreaux adverses 3-3, sinon 4-2 avec, le cas échéant, la longueur à Carreau accompagnant celle à Cœur, dixit le bon vieux docteur Guillemart. Pour ce, la seule ligne de jeu valable consiste à surprendre l’entame du 10 de Trèfle de l’As en main, sans éco-nomie de bouts de chandelles, et à présenter, illico, petit Carreau des deux mains ; vous capturez n’importe quel retour adverse, encaissez deux seuls tours de Cœur par As-Roi puis rejoignez votre mort au Roi de Trèfle pour impasser à Carreau  : ça passe ou ça casse ! Heureusement pour vous, ça passe ! Vous tirez l’As de Carreau, le cœur battant la cha-made  : si le résidu en est 3-3, c’est gagné ; dans le cas contraire, vivez, non d’eau fraîche, mais de cet amour d’une courte à Carreau côtoyant cette autre courte à l’atout.

***

Toujours optimiste, ça n’a pas eu le temps de changer, et boosté par le chelem précédent, vous vous précipi-tez, en Sud, sur cet autre, grand cette fois-ci, ambitionnant les treize levées à l’atout Cœur, pas une de moins  :

Ouest, qui est à l’entame, hésite entre ses deux Dames noires ; le 9 fait la différence et il finit par opter pour la Dame de Trèfle… Vous défilez vos treize levées à allure vertigineuse en moins de temps qu’il faut pour l’écrire  : après l’As de Trèfle, Pique vers l’As et petit Pique coupé ; Trèfle vers le Roi pour bisser la manœuvre à Pique ; As et Roi de Cœur ; Car-reau vers le défunt ; Dame et Valet de Cœur suivis de votre gracieuse révérence… Vous êtes super ravi en Sud contrairement à l’entameur qui, lui, est en train de se morfondre et de se ronger les ongles : une entame à Carreau, introuvable, battait inexo-rablement le grand chelem !

***

Vous exécutez, en Ouest, le contrat

de Trois Sans-Atout, sur entame de la quatrième meilleure du 2 de Cœur pour l’As de Sud qui insiste dans la couleur pour trois autres plis chez son vis-à-vis et votre défausse du 5 de Pique. Ce dernier contre-attaque neutre à Trèfle ; vous encaissez votre tierce majeure noire avant de défi-ler astucieusement et dans l’ordre les Carreaux par Dame, As et Roi  : couleur partagée 3-3, vous écartez la Dame de Pique sur le Valet de Trèfle et tablez ; Carreaux 4-2, vous vous en remettez à l’impasse au Roi de Pique… Quid maintenant d’une contre-attaque pernicieuse à Pique venant de chez Sud à la seconde levée après l’As de Cœur, vous empêchant de cumuler ? Dame probabilité volera à votre secours : impassez, sans sour-ciller à 50 % au détriment du partage Carreau à 36 % et n’allez surtout pas discutailler à propos d’un éventuel squeeze Pique-Carreau, inexistant avec un compte non rectifié et non rectifiable…

***

Vous commencez à avoir ras le bol aujourd’hui des problèmes de bridge, je le sens ! Changement de cap donc et virage à cent quatre-vingts degrés avec cette addition mystère où chaque lettre représente toujours le même chiffre ; aucun nombre ne commence par zéro. Sauriez-vous re-constituer l’addition qui suit, à carac-tère bridgesque ? Solution dans notre prochaine rubrique.

Charles NASR

R S E S I L I T R E F E T T O M E R

R O E E L E M R E F C B L E E I E I

S A U L E U T I A L S R C L N D L L

T E D L O R F O R E T A E P I A E L

O T M I E G E L H S P B R M B A G I

C S U U S N I C E S S U U O M O T E

I S E O G I R R E U E H U C U O T U

R D E R G E G A S O R R A T O N C C

A E A T P E L S S P B T E V A N E S

H I H I A E C J O F M R E L O L E T

S P E C P M A H C L O E P R O B R R

C D O S E R O G A P C S T S R E U E

S H E L D B M T S L N M S E V E F G

E S O I U P P A O A O A H E S R F A

A N N U E L I T R N C T T A N S R T

S E V I U S U T T C N R E U I G A O

R S D I O R F E E H H E E S R E I P

E V E N E S L A T E G E V S B E S L

D V 10 5

3

9 8 6 2

D V 10 9

A 7 3

D V 6 4

R V 5 3

R 8

R 9 8 6 2

10 9 8 7

10

7 3 2

4

A R 5 2

A D 7 4

A 6 5 4

A R

A R D V 8

A D 6 2

A V

9 6 5 4

7 6 4

7 5 3

R 6 2

A D 5

9 8 5

D 6 3 2

A R D

7 6 2

V 7 6

A R 4

V 10 6 2

Page 15: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

15Culturemardi 12 juillet 2016

Dix ans, dix œuvres

Résistance culturelle et devoir de mémoire

Ici est ailleurs / Ayman Baalbaki / Peinture

Ce sont d’immenses tableaux à l’acrylique surplombant les tailles humaines (180 sur 250 cm, par exemple), qui rap-pellent et réincarnent les tour-ments intérieurs face aux réali-tés de la guerre. Ces immeubles fantômes, sans âme qui vive, parlent pourtant d’eux-mêmes et s’adressent aux spectateurs. Ces lignes claires mouvantes et ces coulées de peinture épaisses métamorphosées en morceaux de béton explosés et croulant en cascade, accrochent l’œil pour lui livrer le message indicible des souffrances endurées.

« Le geste incarné » de Baal-baki, ou comment transformer les matériaux morts en mé-moire de guerre vivante…

Beyrouth, juillet-août 2006 / Mazen Kerbaj / Dessin

Pendant que certains s’ex-primaient par des bombes, d’autres le faisaient par des dessins. Mazen Kerbaj a tenu un blog lors de la guerre, pré-sentant sous diverses formes ce quotidien libanais tour-menté. Face à l’angoisse et à l’incertitude du lendemain, il livre, par ses tracés, prenant l’allure de dessins de presse, croquis ou slogans, un témoi-gnage vivant de l’absurdité des actes de guerre. Chaque trait semble délivrer Beyrouth des attaques aériennes qu’elle subit sans discontinuer. La capitale libanaise semble alors faire un immense pied de nez, martelant que la vie reste la plus forte, malgré tout, malgré ces épais traits noirs et rappro-chés qui cernent d’immenses yeux incolores vidés de leur substance.

« Ce blog est consacré à l’art et en tant que tel, il vomit sur tout ce qui a trait au politique. » Le coup de crayon de Mazen Kerbaj restera un acte de résis-tance immuable. Impossible de détourner son message ou de le dénaturer.

Mourir pour des idées / Rayess Bek / Musique

Rappeur ayant trouvé sa place sur la scène musicale liba-naise, Rayess Bek reprend avec sa touche personnelle l’inoxy-dable chanson de George Bras-sens Mourir pour des idées. Por-tés par sa voix, les mots se font plus graves, martelés, comme chuchotés à l’oreille pour convaincre leur destinataire. La musique, revisitée, se veut entê-tante et décidée, faisant revivre l’indéniable vérité de ces paroles poétiques : Des idées réclamant le fameux sacrifice (…) / Et la ques-tion se pose aux victimes de nos vices / Mourir pour des idées c’est bien beau, mais lesquelles ? Avec la guerre de 2006, les Libanais se sont rendu compte que « leur vie est à peu près leur seul luxe ici-bas » et la musique reste là pour le leur rappeler.

Untitled (To the Lebanese Citizens) / Ali Cherri / Diapositives

Des diapositives mises bout à bout montrant les navires occidentaux qui évacuaient leurs ressortissants tous les jours pendant deux semaines, prises depuis le même im-meuble avec vue sur la mer. Monotone et angoissante, cette œuvre montre la frustration des Libanais qui restaient sous les bombes sans échappatoire et, paradoxalement, l’espèce de

platitude et d’ennui même de la guerre. Les diapositives sont entrecoupées par les messages israéliens adressés au peuple libanais, qui justifient de façon absurde les interventions et les bombes que l’on n’entend pas : la seule manifestation tangible de la guerre sont ces navires qui apparaissent et disparaissent à l’horizon.

Sous la tonnelle / Hyam Yared / Littérature

C’est un roman dont la trame suit la répétition et l’absurdité de l’histoire libanaise, où les mémoires de la guerre civile et de l’été 2006 s’entremêlent.

Le roman débute lorsque les obus de 2006 commencent à pleuvoir, alors que la grand-mère de la narratrice décède. Celle-ci se réfugie dans le bou-doir pour lire ses carnets et ses lettres et entrecroise les souve-nirs de sa grand-mère pendant la guerre civile à ce qu’elle vit en ce juillet 2006, calfeutrée dans le boudoir. Et c’est surtout, au-delà d’un roman qui se passe pendant une guerre, un portrait de femme, passionnelle, énig-matique, déchirée par l’histoire.

De la guerre et de l’amour / Fouad Elkoury / Photographie

Fouad Elkoury, photographe libanais, immortalise la vie et la mort dans son grain. Une

grande partie de son travail est consacrée à la photogra-phie de guerre. Constituant un cimetière d’instants sur papier photosensible, il donnera vie à un petit ouvrage à la suite du cauchemar de juillet 2006 qui durera 33 jours, il le baptisera « De la guerre et de l’amour ». Un ouvrage qui raconte la guerre. Un ouvrage qui ra-conte l’amour. Un ouvrage qui accouple l’amour et la guerre. Sur des pages torrides il joue avec des clichés d’une Beyrouth de 1982 à 2006 accompagnés d’écrits, souvenir d’une rupture amoureuse.

Rawane’s Song / Mounira Solh / Cinéma

C’est un film poétique sur le refus et l’incapacité de parler de la guerre de 2006. Mounira Solh ouvre sa vidéo par « I was particularly pissed off by the artists who came from a war background and knew how to talk about it ».

Puis, pendant un peu plus de 4 minutes, elle marche avec des chaussures rouges vernies en écrasant des objets du quoti-dien ou en les contournant dé-licatement, et en surtitrant des pensées sur ce qu’elle ne veut pas dire de la guerre. D’une certaine façon, s’échapper de la réalité permet à l’artiste de se retrouver : même quand elle parle de tout autre chose, et qu’elle fait chanter des femmes libanaises, son silence et son choix de refuser de parler de la guerre sont en eux-mêmes une prétérition.

Beyrouth ma bit mout / Charles Vallaud et Siska / Street art

L’aviation israélienne bom-barde Beyrouth. Charles Vallaud et Siska souhaitent marquer ce moment tragique dans leurs mémoires. Face aux missiles de l’agresseur, ils sortent des bombes de pein-ture. Et marquent sur un mur, en arabe, un tonitruant Bey-routh ma betmout ! (Beyrouth ne meurt pas !). Depuis, ce tag est devenu immortel. «  Ce n’était pas un message de guerre, bien au contraire. Nous voulions

rappeler que sous ces attaques, nos vies quotidiennes étaient l’otage d’enjeux plus puissants que nous, et que nous, nous voulions seulement vivre. »

Mots d’après-guerre, Liban été 2006 / Brahem et Belhédi / Documentaire

Anouar Brahem et Habib Belhédi vont à la rencontre de huit personnalités du monde de la culture et des arts, apparte-nant à des communautés diffé-rentes, afin qu’elles témoignent de leur perception de ces 33 jours d’horreur, qui ont dévoré le pays en juillet 2006. Le do-cumentaire Mots d’après guerre, Liban été 2006 porte les voix de Ryma Khechiche (chanteuse) à Bernard Khoury (architecte) en passant par Joseph Samaha (journaliste). Le film est sculpté par la volonté de reconstituer et de transmettre la complexité et les paradoxes d’un pays qui a toujours souffert de sa situation géostratégique.

P.S. : en cinéma, ne pas oublier non plus le désormais incontournable Je veux voir de Khalil Joreige et Joanna Hadjithomas, avec Catherine Deneuve et Rabih Mroueh, et le poignant Sous les bombes de Philippe Aractingi avec Nada Bou Farhat et Georges Khab-baz.

Minimal Resistance / Jad Souhaid / DJ set

Le 12 août 2006, alors qu’Is-raël bombarde de plus belle pour détruire les articulations de la ville (ponts et routes) Jade Souhaid, DJ et propriétaire du Basement, un des clubs les plus courus, à l’époque, du Proche-Orient, orchestre une soirée. Il ne laisse pas le sang couler et s’éparpiller sur le macadam sans même une note. Il invoque Dionysos le temps d’une nuit minimal resistance pour oublier la peur, ou plutôt pour se rap-peler que sur cette terre, dans cette ville en presque ruine, il existe aussi quelque chose que l’on appelle plus communé-ment l’euphorie. Témoignage poignant d’une ville qui refuse de mourir.

Lorsque l’art s’empare de la guerre, il la dénonce certes. Il la (dé)dramatise, aussi. Il met les horreurs en exergue : en images, en paroles, en musique, en couleurs. Il en parle de son point de vue. Pour exorciser ses démons. Mais aussi, parce que c’est ce que l’artiste sait le mieux faire : résister. Dix ans après la guerre de juillet 2006, une rétrospective, dix œuvres à l’appui, pour ne jamais oublier, et parce que la plus urgente des résistances reste, immanquablement, la culturelle.

Ayman Baalbaki et ses immeubles fantômes.

Beyrouth ma bit mout, un tag devenu immortel.

Mounira Solh signe un film poétique. Ali Cherri, diapos souvenirs...

Image tirée du documentaire d’Anouar Brahem et Habib Belhédi.

Mazen Kerbaj, trait(s) de guerre.

Fouad Elkoury accouple l’amour et la guerre. Le rappeur Rayess Bek.

Jad Souhaid, DJ résistant. Hyam Yared, roman de guerre ?

Festival international de Zouk Mikaël

Petites confidences d’art lyrique à trois voix...

Ils vont faire trembler les va-gues de la mer et éclipser les cheminées de la centrale de Zouk. En coulisses, quelques détails sans triolets pour un humour décapant avec Mo-nica Yunus, Joseph Calleja et Bryn Terfel. Trois visages radieux et souriants. Enthou-siasme, bonne humeur et gaieté  : de toute évidence, le Liban inspire les artistes. Rencontre à l’hôtel al-Bus-tan, après les répétitions, avec les trois chanteurs, alliant trois générations ( trente-naires aux quinquagénaires), ravis de ce cadre bucolique

et délassant. Des chanteurs dont la carrière et la répu-tation de scène sont bien établies et au talent vocal loué aussi bien par la presse que par le public. Si Monica Yunus, fille de l’économiste Muhammad Yunus, appelé le banquier des pauvres et Prix Nobel en 2006 pour son institution des microcrédits, et Bryn Terfel n’en sont pas à leur première visite au pays du Cèdre, Joseph Calleja l’est, entre éblouissement et découverte approfondie. Pas-sée l’euphorie de la rencontre d’une terre et de ses habitants dans leur surprenant art de vivre (!), on entre dans le vif

du sujet  : le concert qu’ils donneront ce soir (à 20h30) dans le cadre du festival de Zouk Mikaël. En présence du maestro Garreth Jones qui dirigera l’Orchestre phil-harmonique libanais pour les accompagner. Quelques questions, en avant-goût d’un lever de rideau belcantiste.

Quelles sont leurs im-pressions à se retrouver au Liban ?

Monica s’étonne de la facul-té de résilience des Libanais et de la construction, signe de vitalité, qui va bon train. Bryn superheureux d’être là, aime-rait jouer les prolongations en

vacances. Joseph retrouve la chaleur humaine maltaise sur nos rives. Et tous, à l’unani-mité, sont ahuris par les chauf-feurs-chauffards et les klaxons fortissimo…

À part la passion de chan-ter, qu’est-ce qui fait l’union ou le pont commun du trio ?

Bien entendu la musique. Et tous sont des bêtes de scène. Et cette réciprocité à se reconnaître mutuellement du talent.

Quelle sorte de répertoire réservent-ils ce soir à leur public ?

Des pages de Mozart,

Rossini, Gounod, Puccini, Verdi. Mais aussi des chan-sons tirées de «  musicals  » broadwayiens  : Annie get your gun, Fiddler on the roof et morceau inattendu mais toujours apprécié : La vie en rose… Et le chef d’orchestre Jones d’ajouter  : «  Il y aura aussi l’ouverture du Figaro de Mozart, la polonaise de l’Eugène Onéguine de Tchai-kovsky et l’intermezzo de Cavalleria Ruticana de Mas-cagni. »

Quel est le meilleur souve-nir de leur carrière ?

Tous les souvenirs sont bons, clament-ils à l’unisson.

C’est comme des couches que la mémoire range. De la prime enfance à la consé-cration. Et puis les nuances se précisent. Le chant de la Prom pour Calleja, la médaille remise par la reine d’Angleterre à la Royal Al-bert Hall pour Terfel. Pour tous, si recevoir émeut, don-ner au public c’est encore plus important que tous les honneurs…

De quel rôle, opéra ou morceau de musique rêvent-ils encore ?

Monica aimerait endosser les habits de Lucia. Calleja pense à Othello. Tyrfel sou-haite qu’on écrive un opéra pour le timbre de sa voix. « Que cela soit Frankenstein. » Et de se retourner sur Calleja et de lui lancer dans un rire complice  : «  Et toi tu seras parfait dans le rôle du médecin

créateur. » Calleja souscrit !

Quel message adressent-ils au public libanais ?

Les trois artistes sont heu-reux d’avoir été réinvités au Liban. Ils y reviennent, allè-grement, sans l’ombre d’une hésitation. Leur unique et commun message c’est que l’audience passe une soirée où le chant et la musique soient enchantement, féérie, émotion.

Une soprano de New Jersey entre un ténor maltais et un baryton-basse gallois (corpulence très « falstaffienne » pour les deux !) dans un récital unique où vont retentir ce soir les plus beaux airs de l’opéra avec Monica Yunus, Joseph Callejaet Bryn Terfel.

De gauche à droite, Bryn Terfel, Joseph Calleja, Garreth Jones et Monica Yunus.

Edgar DAVIDIAN

Marie FAROULT,Caroline EL-KHOURYet Mira TFAILY

Guerre de juillet 2006 : 10 ans déjà

Page 16: Liban Guerre de juillet 2006, dix ans déjà : quel bilan ... · Dix ans après la guerre de juillet 2006, le Hezbollah persiste ainsi à considérer que les impé-ratifs du fragile

« Cette photo témoigne de la volonté des Libanais de continuer à vivre en dépit des guerres et des nombreux défis. Je ne pourrais jamais oublier l’image de cette jeune fille traumatisée, qui traver-sait les ruines de sa maison en emportant avec elle ce qu’elle pouvait, quelques marmites et un modeste tapis. Elle marchait vite, craignant une nouvelle attaque aérienne des Israéliens, qui pouvait reprendre à n’importe quel moment. La guerre de 2006 était un danger permanent : on ne savait pas à quel mo-ment les raids pouvaient se déclencher à nouveau. J’ai couvert de nombreux conflits, mais lorsqu’ils se passaient au Liban, les choses étaient plus difficiles car, en tant que citoyen libanais, j’étais évidemment plus affecté de voir que mon pays en était la victime. »

16 La Seize mardi 12 juillet 2016

Guerre de juillet 2006 : 10 ans déjà

«  Je n’ai pas voulu montrer des ruines, des morts ou des gens qui souffrent, mais le départ comme un destin, une envie permanente chez chaque Libanais, depuis la nuit des temps, de partir. D’obtenir une autre nationalité, ce qu’on appelle chez nous un passe-port, pour mieux fuir même en temps de paix vers ce que beaucoup considèrent comme un avenir meilleur. Les images de guerre, les morts et les des-tructions, je les ai pratiqués pendant plus de trente ans et je n’ai plus envie de faire ça. On a tendance à banaliser cet exer-cice dans la presse, mais c’est plus tard que l’on réalise à quel point nous, les photographes, sommes atteints, à chaque fois. Dans cette photo, je pose un regard peu optimiste sur le pays qui se vide de son intelli-gentsia, qui se suicide. »

Instants volés, pour toujours...Propos recueillis par Carla HENOUD

Le choc des images fait parfois ou-blier que derrière chacun de ces cli-chés de guerre, ces témoignages qui dénoncent, choquent, dérangent ou parfois banalisent toutes les guerres du monde, il y a une histoire, un indi-

vidu, une émotion, un souvenir boule-versants. Autant pour la personne qui figure sur l’image que pour son auteur, ce photographe, connu ou pas, débu-tant ou pas, qui a également vécu ce moment en témoin, parfois indiscret. Complice impuissant d’une intense souffrance, mais dont le métier et la

mission est de montrer, de se révolter, pour que l’on n’oublie jamais la folie des hommes.

L’Orient-Le Jour a choisi, pour cette dixième commémoration de la guerre de juillet 2006, 4 photographes libanais qui ont partagé une image, un instant. Parce qu’ils n’ont pas oublié...

PATRICK BAZ – Un couple qui détient la double nationalité embarque dans un hélicoptère de la marine britannique au port de Beyrouth, le 20 juillet 2006.

JOSEPH BARRAK – Une fille marche parmi les décombres de sa maison détruite à Dalhamiyeh, près de Zahlé, le 20 juillet 2006.

HASSAN AMMAR – Un couple âgé à Bint Jbeil, traversant les décombres une fois sorti d’un abri, le 31 juillet 2006.

WAËL LADKI – Une petite fille de sept ans touchée au visage après une attaque sur son village de Marjeyoun.

Longtemps directeur photo de l’Agence France Presse (AFP) pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Chypre, Patrick Baz a fini par poser ses valises à Beyrouth et reprendre en toute liberté son métier de photojournaliste. En 1989, il couvre l’intifada pour l’AFP, la première guerre du Golfe en 1990, le Kurdistan en 1991, la Somalie et Sarajevo en 1993.

Actuellement à la tête du département photo au quotidien « al-Joumhouria », Joseph Barrak a connu toutes les guerres libanaises. Durant ses 24 ans à l’Agence France Presse, il a couvert la guerre du Golfe en 1990 et la guerre d’Irak en 2003. Il a également participé à de nombreux événements internatio-naux, parmi lesquels le sommet arabe en Algérie, en Égypte et à Beyrouth. Il a reçu de nombreux prix.

« Au cours de ce bombarde-ment, cette enfant avait perdu un œil, ainsi que ses frères. J’ai pris cette photo pour montrer à quel point ce sont les inno-cents qui payent le prix de ces conflits. C’était une petite fille prénommée Hayat qui ne savait rien à la guerre. J’ai rendu visite à Hayat un an après, elle a refu-sé que je la reprenne en photo. Ces blessures l’avaient encore plus gravement défigurée, plus profondément touchée qu’au-cun appareil photo n’aurait pu exprimer. J’ai gardé le contact avec elle au cours des années qui ont suivi et elle n’a jamais plus accepté que je la photogra-phie. Aujourd’hui, elle a 17 ans. C’est une jeune fille différente. Elle porte sur son visage les traces de la guerre, et ces traces ne partiront jamais. La guerre est finie mais Hayat continue de mener sa propre guerre à chaque instant. »

Waël Ladki travaille actuellement avec un média de presse à Abou Dhabi et expose régulièrement son travail. Il a collaboré pendant de nombreuses années avec des quotidiens libanais dont « as-Safir ». En free lancer, il a travaillé avec Reuters et des télévisions locales : MBC, al-Jadeed et LBC. Son studio « Photography Venue » lui permet de former des photographes.

« La veille, les Israéliens avaient lancé une attaque aérienne sur un immeuble de civils à Cana, au cours de laquelle 28 Libanais avaient été tués, parmi lesquels 16 enfants. Sous la pression des Américains, Israël avait déclaré un arrêt des bombar-dements aériens de 48 heures. Le 31 juillet, et après 19 jours de combats ininterrompus, Bint Jbeil a connu la dernière série de bombardements. Une grande partie de la ville n’était plus que ruines et des cen-taines de survivants, surtout des vieux et des infirmes, qui n’avaient pas pu prendre la fuite, ont émergé parmi les ruines. Lorsque je suis arrivé à Bint Jbeil ce jour-là, c’était ma première photo. Cette guerre a été la plus terrible à cou-vrir. En temps que Libanais et connaissant bien le Sud, voir tous ces corps jonchant les rues et le cœur brisé d’une femme qui pleure son fils ou un proche qui vient d’être tué, c’est inoubliable. »

Hassan Ammar a démarré sa carrière de photojournaliste dans le journal « as-Safir » (1999-2003), puis à l’AFP (2004-2008). Depuis 2008, il travaille avec l’Associated Press. Il a couvert la guerre en Irak, en 2005, la guerre libano-israélienne en 2006, le printemps arabe de Bahreïn, d’Égypte et de Libye (2011-2014). II a également photographié de nombreux événements sportifs.