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Libertes! DÉPOT À BRUXELLES X BELGIQUE- BELGIE PP 1/2345 BXL X Ne paraît pas aux mois de juillet-août. 9, rue Berckmans 1060 Bruxelles 25 AVRIL 2009 ASSEMBLÉE GÉNÉRALE THAÏLANDE LE CALVAIRE DES ROHINGYAS LES FEMMES CHANGENT MARS 2009 – N°452 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

Libertés ! Mars 2009 n° 452

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Le dossier du numero de mars est tres largement consacre a la Journee internationale de la Femme et aux defenseuses des droits des femmes, en Belgique et dans le monde. Un reportage aborde egalement la tragedie de refugies rejetes a la mer par l’armee thailandaise.

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BELGIE

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1/2345

BXL X

Ne paraît pas auxmois de juillet-août.

9, rue Berckmans1060 Bruxelles

25 AVRIL 2009ASSEMBLÉEGÉNÉRALE

THAÏLANDELE CALVAIREDES ROHINGYAS

LES FEMMESCHANGENT

MARS 2009 – N°452 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

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ACTUEL■ Thaïlande : Des hommes à la mer■ Gaza : «Comme je n’étais pas là, ils

ont pris mon fils»■ Insolites-Brèves

DOSSIERLES FEMMES CHANGENT■ Afghanistan : Ministère amer■ Afghanistan : Protéger les défenseuses■ Liberia : Un combat pour la paix■ Népal : Une Constitution impuissante ?■ Irak : Des cibles si faciles■ 100 ans de luttes

MOUVEMENT■ Belgique : Journée de la Femme■ 25 avril 2009 : Assemblée générale d’AIBF

ISAVELIVES.BE■ Lettres du mois : Venezuela, Arménie et Haïti■ Bonnes nouvelles

CULTURE/AGENDA■ Revers de Manche■ Souvenirs de fabrique■ Le chemin de la réussite

É D I T O R I A L

S O M M A I R E

Libertés! • Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles • Tél : 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 • [email protected] • www.libertes.be • Éditrice responsable: Chris-tine Bika • Rédacteur en chef: Pascal Fenaux • Comité de rédaction: Bruno Brioni, Thandiwe Cattier, Véronique Druant, Samuel Grumiau, Anne Lowyck,Brian May, Suzanne Welles • Ont collaboré à ce numéro : Gilles Bechet, Constance de Bonnaventure, Jonathan Equeter, Louis Mbazoa (st.) • Icono-

graphie : Brian May • Maquette : RIF • Mise en page : Gherthrude Schiffon • Impression (sur papier recyclé non blanchi) : Remy Roto •Couverture: Des ouvrières de l’industrie textile défilent à Rokeya Sarani, un quartier de la capitale du Bangladesh. Dacca, 3 janvier 2008 © Munir uzZaman / DrikNEWS / Majority World/ Still Pictures

CHANGEMENT D’ADRESSE – ATTESTATION FISCALE – MODIFICATION, ANNULATION OU NOUVELLE COTISATION DE

MEMBRE/DONATEUR(TRICE)Madame Michele Ligot : [email protected]

je change d’adresse (inscrire uniquement la nouvelle adresse)Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . N° de membre: . . . . . . .Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . bte . . . . . . . . . .Code postal: . . . . . Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Oui, j'adhère aux objectifs d'Amnesty et souhaite devenir membre

Je répartis le montant de : ma cotisation de mon abonnement sur toutel’année en complétant ce coupon et en le renvoyant à Amnesty International, 9 rue Berck-mans à 1060 Bruxelles. Tout montant qui dépassera 14,87 e (prix de la cotisation oude l'abonnement), sera considéré comme un «don», et par là-même jouira de la déduc-tibilité fiscale pour autant que ce supplément soit de 30 e ou plus.Je verse tous les mois, au départ de mon compte n° . . . . . . . . . . – . . . . . . . . . . . . . . lasomme de : 6 e 10 e 20 e . . . . . . . . e (ou tout autre montant demon choix) au profit du compte 001-2000070-06 de Amnesty International à partirdu . . . . . . . . . . et jusqu’à nouvel ordre. Je conserve le droit d’annuler ou de modi-fier cet ordre à tout moment. ou je verse en une fois le mandat de . . . . . . . . . . . . . . au compte 001-2000070-06Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . bte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Profession: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Date: . . . . . . . . Signature:

Ne rien inscrire dans cette case s.v.p. (réservé à l'organisme bancaire)

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Huit mois après la libération aux forceps de la sénatriceIngrid Betancourt de la jungle dans laquelle elle étaitdétenue par les FARC depuis février 2002, la Colombie

peine à tenir sa place sur la scène médiatique. Pourtant, à moinsde se bercer d’illusions, la Colombie ne se résume pas à la destinéetoute personnelle de la sénatrice et ancienne candidate du partiOxígeno Verde à l’élection présidentielle. Cet État latino-américainest encore très loin d’avoir surmonté ses vieux démons que sont lesinégalités économiques, le narcotrafic, la guérilla des FARC etl’impunité dont de trop nombreux groupes paramilitaires conti-nuent de jouir.Si Betancourt a quitté la scène politique, les groupes armés, eux,donnent toujours le ton dans un pays qui n’en a pas fini de mangerson pain noir. Ainsi, les forces de sécurité colombiennes, lesgroupes paramilitaires et les mouvements de guérilla n’onttoujours pas renoncé à une politique qui vise à «punir» toutepersonne qui refuse de s’impliquer dans le conflit qui sévit enColombie. Les communautés afro-colombiennes des bassins du

Jiguamiandó et du Curvaradó, dans le département du Chocó,qui se sont proclamées «zones humanitaires», et la «communauté de paix»de petits paysans de San José de Apartadó, dans le départementd’Antioquia, comptent parmi ces «communautés en résistance» quisubissent depuis des années les attaques des deux camps, simple-ment parce qu’elles défendent leur droit en tant qu’entités civilesde rester en dehors du conflit. Avec les communautés afro-colom-biennes, les collectivités indigènes et paysannes sontparticulièrement ciblées par des attaques destinées à découragertoute tentative de mettre sur pied d’autres communautés ou à sanc-tionner celles qui ont déjà pris position. D’autres attaques ont pourobjectif de contraindre les communautés à quitter des terresriches en ressources naturelles ou revêtant une importance stra-tégique pour l’un ou l’autre camp. Résultat : ces violences ontentraîné le déplacement forcé de 3 à 4 millions de personnes.Seul le Soudan bat ce triste record.Ce 24 février, au nom de plusieurs «communautés en résistance»,Amnesty International a lancé une campagne de pétitionnementdemandant aux autorités colombiennes de juger les auteursprésumés d’atteintes aux droits humains visant les membres de cescommunautés et de garantir la sécurité de ces dernières. ePascal Fenaux

Lire aussi : Les zones humanitaires de Curvaradó et Jiguamiandó -Des communautés résistent en Colombie (Index AI : AMR23/001/2009)

LOIN DES YEUX,LOIN DU CŒUR?

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Des réfugiés rohingyas échoués sur une île thaïlandaise sont regroupés par le colonel Manat Khongpan, accusé d’avoir détenu au secret puis rejeté à la mer plusieurs centaines de boat people birmans musulmans. Koh Sai Baed, décembre 2008. © AFP / South China Morning Post

Les Rohingyas sont l’une des ethnies les pluspersécutées au Myanmar (1). Ils vivent principa-lement dans l’État d’Arakan, proche du

Bangladesh, et sont musulmans. Ces derniers mois, desmilliers d’entre eux ont fui par la mer en direction dela Thaïlande, d’où ils espèrent passer en Malaisie. Leurbut est d’échapper aux persécutions et à la misère, maisla plupart de ceux qui ont été interceptés par la marinethaïlandaise en décembre 2008 et janvier 2009 ontvécu l’enfer. Amenés de force sur Koh Sai Daeng, uneîle déserte contrôlée par l’armée thaïe, ils y ont étémaltraités et humiliés avant d’être contraints demonter à bord de barges sans moteur que la marine aremorqués loin des côtes, en pleine mer d’Andaman,où ils ont été abandonnés. Au moins 1 195 Rohingyaset Bangladeshis ont subi ce sort, dont quelques enfants,l’un d’eux âgé d’à peine onze ans. Seuls 859 d’entre euxont été retrouvés aux alentours d’îles indiennes(Nicobar, Andaman) ou indonésiennes, après de nomb-reux jours de dérive sans vivres. L’un des rescapés en détention en Inde a livré sontémoignage au groupe de défense des droits humainsArakan Project, spécialisé dans les questions rohin-gyas: «Nous avons navigué douze jours avant d’être interceptéspar la marine thaïe. Elle nous a amenés sur une île déserte

[Koh Sai Daeng] où nous sommes restés deux jours, puis lessoldats nous ont embarqués sur une barge tirée par un navire.Après environ deux jours de remorquage, nous avons croisé laroute de deux autres embarcations de boat people. Le navirede la marine thaïe les a arrêtés et nous avons tous étécontraints de retourner sur la même île. Nous étions 412 prison-niers sur l’île, mais l’armée ne nous donnait que de 8 à 10 kgde riz par repas. Nous dormions sous les arbres, mains liées, etnous étions souvent battus. Huit jours plus tard, l’armée nousa contraints à embarquer sur un navire qui remorquait unebarge. Après un jour et demi de navigation, ils nous ontordonné de passer dans la barge. Nous avions les mains liées,mais nous avons tous refusé, même lorsqu’ils nous ont menacésavec leurs armes. Ils ont alors lié les jambes de quatre d’entrenous et les ont jetés par-dessus bord sans leur avoir délié lesmains. Nous avons alors accepté d’aller dans la barge. Ilsnous ont libéré les mains, puis nous ont encore remorqué unpeu avant de couper le câble et de repartir».Selon ce rescapé, la marine n’a laissé que quatre sacsde riz et un peu d’eau potable à ces centaines depersonnes. «Nous avons dérivé durant environ dix jours.Nous ne pouvions quasiment plus bouger tellement nous étionsaffaiblis. Un soir, nous avons aperçu une lumière à l’horizon.Craignant que le courant ne nous éloigne de cette terre, beau-coup ont sauté à l’eau pour nager vers la lumière, mais ils

Libertés ! Mars 2009 3

A C T U E L

KENYANON À L’IMPUNITÉLe 16 février 2009, le Parlement kenyan rejetaitle projet de loi de 2009 portant amendementde la constitution ainsi que celui concernantle Tribunal spécial pour le Kenya. Ce faisant,il est à craindre que les crimes commis lors desviolences post-électorales de 2007-2008 nerestent impunis. Amnesty a rappelé aux auto-rités kenyanes l’obligation internationale quileur incombe d’enquêter sur les violences et detraduire devant la justice toutes les personnessoupçonnées d’avoir commis ces crimes. Ensanctionnant les crimes commis pendant cetépisode dramatique, la justice kenyanepermettrait en outre aux victimes d’obtenirdes réparations, ce qui éviterait l’aggravationdes problèmes politiques et économiques dupays. e

ÉTATS-UNISNOUVELLE EXÉCUTIONLe 20 février, l’État de Virginie procédait à sa103e exécution depuis 1976. Condamné à morten 2001, Edward Nathaniel Bell, un Jamaï-cain de 44 ans, était accusé du meurtre unsoir d’octobre 1999 de Ricky Brooke, un poli-cier de la ville de Winchester. La Virginie estl’État qui pratique le plus grand nombre d’exé-cutions après le Texas. Edward Bell est lepremier exécuté de cette année 2009. e

ROYAUME-UNIASILE POUR UN PRISONNIERDE GUANTÁNAMOLe 22 février, la Grande-Bretagne acceptaitd’accueillir sur son sol un futur ex-prisonnierde Guantánamo. Selon Jacqui Smith, laministre britannique de l’Intérieur, un accordest intervenu vendredi dernier entre les États-Unis et la Grande-Bretagne pour organiser letransfert de cet homme soupçonné de terro-risme et détenu depuis 2004 sur l’île cubainede Guantánamo. La libération de ce Britan-nique d’origine éthiopienne est une premièredepuis l’arrivée à la Maison Blanche deBarack Obama, qui a annoncé la fermetureà terme du camp controversé. e

MYANMAR (BIRMANIE)L’ÉTAU SE DESSERRE?Le 20 février, la télévision officielle annon-çait que la junte militaire au pouvoir avaitdécidé de libérer plus de 6 300 prisonniersafin de leur permettre de participer aux élec-tions de l’an prochain. Cette annoncesurvenait le lendemain de la visite de TomasOjea Quintana, rapporteur spécial desNations unies sur les droits de l’Homme,lequel avait appelé à la libération progressivedes prisonniers politiques, dont Aung SanSuu Kyi, Prix Nobel de la paix, assignée àrésidence depuis 2003. e

RUSSIEDÉNI DE JUSTICE?Le 20 février, la justice moscovite, après déli-bération des jurés, acquittait toutes lespersonnes accusées de l’assassinat de la jour-naliste Anna Politkovskaïa, le 7 octobre2006. Pour Amnesty International, lesenquêtes sur le meurtre de cette journalistespécialisée dans les droits humains doiventêtre reprises à zéro. e

En décembre 2008 et janvier 2009, au moins 1200 boat people originaires du Myanmar (Birmanie)et du Bangladesh ont été interceptés alors qu’ils tentaient de rejoindre les côtes de la Thaïlande.L’armée thaïlandaise les a déportés très loin en haute mer sur des embarcations sans moteur etquasi sans vivres. Certains ont été torturés avant d’être abandonnés au large.

THAÏLANDE

DES HOMMES À LA MER

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Une victime palestinienne d’une attaque de miliciens du Hamas. Gaza, 28 janvier 2009. © AI

L’INSOLITE

A C T U E L

n’avaient plus suffisamment d’énergie et nous en avons vucertains qui coulaient. Un peu plus tard, un navire de gardes-côtesindiens est arrivé et nous a secourus. Nous n’étions plus que 98sur la barge alors que nous étions 412 au départ. Les gardes-côtesont recherché les autres, mais n’ont pu en retrouver que neuf envie. Je ne sais pas si tous les autres ont coulé ou ont été dévoréspar les requins». Face au scandale suscité par la révélation dans la pressede ces pratiques abominables, le gouvernement thaï-landais a reconnu que la marine avait procédé à desdéportations en mer. Le Premier ministre, Abhisit Vejja-jiva, a expliqué aux médias qu’il ne s’agissait pas de lapolitique voulue par le gouvernement et s’est engagé àsanctionner les responsables s’ils sont découverts (il y acependant peu de chances que ce soit le cas, notam-ment parce qu’aux dernières nouvelles, l’enquête sur cesfaits a été confiée à… l’armée). Le gouvernement nie parcontre que certains ont été torturés avant leur déporta-tion. «Tous les rescapés qui ont témoigné ont pourtant mentionnéqu’ils avaient été battus, révèle Chris Lewa, directrice del’Arakan Project. Des photos montrent les marques de ces torturessur des rescapés dans un hôpital de la province d’Aceh, en Indo-nésie. L’armée nie, mais il devient de plus en plus clair que lesmilitaires utilisent des groupes paramilitaires sous son contrôle.Les tortures avaient parfois pour but de leur faire comprendrequ’ils ne devaient plus jamais revenir, dans d’autres cas, il s’agis-sait de les mater, parfois aussi ceux qui les ont battus étaientsaouls et frappaient pour s’amuser».

Il ne semble plus y avoir eu de boat people repoussés enmer en février. Le problème de cette minorité demeurecependant entier : au Myanmar, elle est visée par desmesures spécifiques très discriminatoires, comme l’ab-sence de droit à la nationalité, qui les rend apatrides defait. Ils ne sont pas non plus bienvenus au Bangladesh,tandis que l’Inde et l’Indonésie sont embarrassées parleur présence. La Thaïlande, qui adopte souvent uneattitude relativement conciliante quant à la présence surson territoire de Birmans en situation irrégulière, estagressive vis-à-vis des Rohingyas, qu’elle a parfois accusés(sans preuve) de se joindre aux mouvements rebellesdu sud du pays (2). Les Rohingyas renvoyés au Myanmar courent un grandrisque de subir de graves violations des droits humains(travail forcé, expulsions forcées, confiscations de terres,etc). Amnesty demande qu’une initiative régionaleregroupant le Bangladesh, l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie,le Myanmar et la Thaïlande (avec la participation duHCR) soit mise en place pour trouver une solutiondurable à cette tragédie rohingya. e Jonathan Equeter

(1) Voir le rapport d’Amnesty, La minorité Rohingya : déni des droits fonda-

mentaux, disponible sur http://www.amnesty.org/fr/library/asset/

ASA16/005/2004/fr/dom-ASA160052004fr.html

(2) À noter la publication par Amnesty en janvier d’un rapport sur le

recours à la torture par les forces de sécurité thaïlandaises en

campagne anti-insurrectionnelle dans le sud de la Thaïlande.

4 Libertés ! Mars 2009

La mission d’enquête envoyée par le Secrétariat international d’AI a accumuléles preuves et les témoignages d’enlèvements, d’homicides délibérés etillégaux, d’actes de torture et de menaces de mort contre les Palestiniens

accusés de «collaborer» avec Israël et contre les opposants au Hamas. Ainsi, plusde 20 hommes ont été abattus par les miliciens du Hamas, tandis que beaucoupd’autres ont été grièvement blessés par balles, passés à tabac ou torturés. Laplupart ont été enlevés chez eux avant d’être abandonnés – morts ou blessés – dansdes endroits isolés, ou retrouvés à la morgue de l’un des hôpitaux de Gaza.Certains ont été abattus alors qu’ils se trouvaient à l’hôpital pour y faire soignerleurs blessures. Les témoignages recueillis par AI l’ont tous été sous couvert de l’ano-nymat.A. : «Le 20 janvier au matin [2 jours après l’entrée en vigueur de la trêve], des miliciensdu Hamas masqués ont pénétré chez moi et m’ont bandé les yeux avant de me jeter dans unevoiture. Ils m’ont emmené dans un terrain vague, m’ont tabassé et m’ont enfin tiré dans legenou droit.» Le père d’A a quant à lui été blessé par balles dans le ventre pour avoirvoulu s’interposer. S. : «Quatre hommes masqués sont entrés dans ma maison le 31 décembre [au plus fort del’opération israélienne] vers 4 heures du matin. Sans dire un mot, ils m’ont tiré une balleà l’arrière du genou droit et ont visé ma jambe à trois reprises. Un ami a essayé d’intervenir,mais ils l’ont menacé. Finalement, quand les gens ont commencé à aff luer pour voir ce qui se

P A R O L E S

TOUCHER LE FONDL’Atlantide, la célèbre île engloutie décritepar Platon, aurait été retrouvée grâce àGoogle Ocean, cet outil qui permet aux inter-nautes d’explorer les fonds sous-marins. Uningénieur en aéronautique a repéré unrectangle parfait de lignes se coupant àangle droit, évoquant selon lui la «carteaérienne» d’une ville. Cette grille de quelque20000 km2 se trouve au large des côtes afri-caines, près des Canaries (31° 15’ 15’’ 53’’’ delatitude nord et 24° 15’ 30’’ 53’’’ de longi-tude ouest). S’agit-il de ce mythique etrichissime empire à la civilisation brillante,détruit par un raz-de-marée et des tremble-ments de terre 9000 ans avant le récit duphilosophe? Pour l’archéologue américainCharles Orser, cette découverte «est fasci-nante et mérite plus ample examen». Google nepartage pas cet enthousiasme. Pour lasociété américaine, citée par la BBC, leslignes détectées ne sont que des tracesbathymétriques dues au passage desbateaux utilisant des sonars pour déter-miner la topographie des fonds sous-marins.e (D’après The Daily Telegraph)

GAZA

«COMME JE N’ÉTAISPAS LÀ, ILS ONTPRIS MON FILS»

passait, les tireurs se sont enfuis. Fin janvier, des miliciens sont revenus chez moi, mais ne m’ontpas trouvé.»W.: «Le soir du 9 janvier, des agents de la Sécurité intérieure du Hamas m’ont forcé à les accom-pagner. À vingt mètres de chez moi, ils m’ont déchiqueté une jambe par balles et j’ai dû êtreamputé au-dessus du genou.»N. : «Le 20 janvier, des membres de la Sécurité intérieure sont venus chez moi. Il devait être 13heures. Comme je n’étais pas là, ils ont pris mon fils. Quand je suis revenu, je me suis renduau commissariat pour leur demander ce qu’ils me voulaient et faire libérer mon enfant. Unautre membre de ma famille était également détenu. Ils nous ont emmené tous les trois dansune ferme abandonnée et nous ont passés à tabac. Ils m’ont accusé d’avoir distribué des bonbonspour fêter l’assassinat de Saïd Siyam [ministre Hamas de l’Intérieur] par l’armée israé-lienne. Quand je leur ai dit que ce n’était pas vrai, ils m’ont dit qu’ils nous libéreraient si jeleur trouvais trois autres Palestiniens qui s’étaient réjouis de cet assassinat. Je leur ai réponduque, comme tout le monde, je m’étais cloîtré chez moi durant les bombardements israélienset que je ne savais donc pas ce qui se passait dehors. Ils m’ont aussi accusé d’avoir transmisdes informations à l’Égypte et à l’Autorité palestinienne de Cisjordanie. Finalement, ils nousont demandé de ne pas quitter notre domicile pendant un mois et de ne pas parler, sinon ilsnous tueraient.» ePour en savoir plus:http://www.amnesty.org/en/gaza-crisis

Le 10 février dernier, 3 semaines après la fin d’une offensive israélienneparticulièrement sanglante contre la bande de Gaza et l’administrationde facto du Hamas, Amnesty International publiait un rapport sur lesexactions et autres règlements de comptes commis par les forces duHamas et les milices.

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Libertés ! Mars 2009 5

D O S S I E R

Chaque 8 mars, la Journéeinternationale de la Femmecélèbre les progrès effectués surle terrain de la réalisation desdroits des femmes au fil desannées dans les domaineséconomique, politique et social.Au cours du siècle écoulé, desaccords internationaux,légalement contraignants, visantà protéger et à faire progresserles droits des femmes ont étéadoptés et mis en œuvre. Dansde nombreux pays, les femmesparticipent activement auprocessus politique et avancent àgrands pas vers l’égalité sur leplan des études et des salaires.Il reste cependant beaucoup àfaire. Des femmes et des jeunesfilles continuent d’être victimesde discriminations et deviolences, situation lesempêchant d’accéder àl’indépendance et d’exercercertains droits fondamentaux;elles sont particulièrementtouchées par la pauvreté, ladégradation de l’environnementet la maladie, et font souventl’objet d’attaques les visantspécifiquement lors de conflitsarmés ou au nom de traditionsculturelles ou religieuses.Malgré les difficultés auxquelleselles sont confrontées, lesfemmes s’efforcent de changerleur quotidien. Qu’elles agissenten défendant les droits humainsou simplement au sein de leurfamille et de la société, lesfemmes ont souvent donnél’impulsion à des changementssociaux positifs et à des avancéessur le plan des droits humainsbénéficiant à l’ensemble de lapopulation. Dans le mêmetemps, elles sont souvent prisespour cible précisément pour avoirdéfendu ces droits.

AFGHANISTAN

MINISTÈRE AMEREn 2009, malgré la reconstruction amorcée en 2001, l’Afghanistan est toujours en proie àde violents combats. Si les civils sont de plus en plus nombreux à souffrir desbombardements, des opérations de guérilla et de l’insécurité en général, les femmes sontquant à elles victimes à double titre, car au conflit, s’ajoute le poids de la tradition. Malgrél’engagement de la vice-ministre des Affaires féminines, Palwasha Kakar, leurs droits sontloin d’être prioritaires. Rencontre

En plein centre-ville de Kaboul, on passe unbarrage surveillé par la police, direction lafouille, avant de pénétrer au sein du minis-

tère afghan des Affaires féminines. C’est ici quePalwasha Kakar, 40 ans, vice-ministre des Affairesféminines, occupe à elle seule un grand bureau.Comme la plupart des bâtiments publics deKaboul, ce ministère est une cible potentielle pourles attentats. Ses trois téléphones portables sonnenten permanence, sa secrétaire lui annonce plusieurs

rendez-vous. Active et déterminée, Palwasha Kakara multiplié les expériences de terrain, avant d’ar-river à ce poste : pendant près de vingt ans, elle acombattu les injustices envers les femmes.Aujourd’hui, Palwasha Kakar fait partie du gouver-nement de Hamid Karzai. Un poste officiel qu’ellejuge contraignant, elle qui fut militante pendantdes années. Pourtant, elle est un des rares exemplesparmi les Afghanes à avoir su et pu contournerpresque tous les obstacles à sa réussite.

LES FEMMES CHANGENT

lPalwasha

Kakar, vice-ministreafghane des

Affairesféminines et

présidente dela

Commissionindépendantedes Droits de

l’Homme.Paris,

novembre2008.

© ChristianCourrèges/AI

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Désabusée, Palwasha Kakar n’a plus la foi d’antan. «Moi je suis une militante, doncaujourd’hui je suis malheureuse dans ce bureau. Je me trouve en prison, je ne peux même passortir de la maison!». Pourtant, elle explique qu’elle n’a pas le choix. C’est entre autrespar mesure de sécurité qu’on lui a proposé ce poste. Depuis quelque temps, elleest l’objet de menaces récurrentes, non seulement de la part des talibans mais aussid’anciens chefs de guerre qui contestent son pouvoir. «J’ai reçu plusieurs menaces demort m’accusant d’aimer les États-Unis. Je suis nerveuse maintenant, j’ai peur de tout, c’esttrop dangereux. C’est aussi pour ça que je suis revenue à Kaboul. C’est plus sûr de travaillerau ministère». Comme beaucoup d’autres femmes afghanes, Palwasha risque sa vie,simplement en travaillant. En septembre dernier, Malalai Kakar, la policière laplus connue d’Afghanistan, a été assassinée à la porte de son domicile. Assassinatrevendiqué par les talibans, mais dont les circonstances sont encore troubles. Desjournalistes célèbres, ont été tuées en 2008. Malgré l’instauration d’une républiqueen Afghanistan, Palwasha Kakar se plaint de la très faible liberté d’expression : «Jen’ai pas le droit d’ouvrir ma bouche. Je ne sais même pas qui me soutient. Avec la positionque j’ai, je ne peux pas parler honnêtement».Pour la vice-ministre, le pays vit en guerre, toute une partie de la population estoubliée de l’aide internationale. Elle déplore que le ministère des Affaires fémininesne travaille que dans la capitale et que beaucoup d’officiels ne connaissent pas laprovince. «Les ONG ne vont pas dans les endroits où ça va mal. Elles restent à Kaboul où règnela sécurité ! Actuellement, personne ne travaille dans le sud, où pourtant on aurait besoin denous. Mais notre ministère n’a aucun budget et aucune idée… Les Afghanes savent que ce minis-tère existe mais elles se demandent à quoi il sert ! Ce ministère est simplement politique.»Dans cette période de reconstruction amorcée en 2001 par l’afflux de l’aideinternationale, le droit des femmes est loin d’être une priorité. Pourtant, il étaitprévu de les intégrer aux programmes de reconstruction. Notamment en politique:le Parlement comprend 25 % de femmes ; Hamid Karzai a nommé à Bamyan unegouverneure et on compte de nombreuses policières. En matière d’éducation, legouvernement a multiplié la construction d’écoles pour filles et appuyé la forma-tion de professeurs féminins. Beaucoup de problèmes subsistent : les femmes nesont pas encore suffisamment formées pour endosser des rôles à responsabilité.Il faudra encore des années pour qu’elles prennent leur place. Et comme lesouligne Palwasha Kakar, les mentalités doivent changer. «On ne peut imposer unelibéralisation des mœurs! Les femmes ne vont pas dans les restaurants, ne choisissent pas leursmaris, ne travaillent pas. On est loin de l’égalité des sexes !».Palwasha a grandi à Jalalabad, grande ville de l’est, à proximité de la frontière avecle Pakistan. Elle évolue dans une famille aisée proche du roi Zaher Shah, del’ethnie pachtoune, bercée dans un univers moderne et cultivé. Fille aînée d’unefratrie de huit sœurs, elle garde comme modèle sa grand-mère, poétesse etfemme libérale.En 1979, au moment de l’invasion soviétique, la famille de Palwasha souffre durégime communiste. Le père est emprisonné. C’est le temps des déménagementset la fin de la vie douce à Jalalabad. À 18 ans, au lieu de se marier comme la majo-rité des jeunes filles de son âge, Palwasha privilégie sa carrière et entre en tantque stagiaire dans la grande station radio de Kaboul. Une fois par jour, elle

présente le journal de l’économie, devient une animatrice réputée. Mais sonrefus de rejoindre le Parti communiste lui coûte sa carrière de journaliste.Palwasha reprend ses études à l’université de Kaboul en 1984 et devient profes-seure. Elle s’intéresse particulièrement aux cas de jeunes filles qui, mariées, nepeuvent plus suivre les cours. Aujourd’hui, Palwasha Kakar est mère de 4 garçons.Son mari a toujours soutenu ses ambitions professionnelles. «Il accepte beaucoup dechoses pour moi. Il prend des risques.»En 1992, l’Afghanistan est en proie à une guerre civile sanglante. Palwasha quitteKaboul pour Jalalabad où, pendant près de deux ans, elle travaille comme profes-seure principale dans un collège. Elle trouve ensuite un poste à l’Unicef quil’amène à découvrir les conditions de vie des femmes en zones rurales : pasd’éducation, beaucoup d’enfants et pas grand-chose pour les nourrir. Ellecommence alors à organiser des réunions de femmes avec l’accord des mollahs.Lorsque les talibans arrivent au pouvoir en 1996, Palwasha espère qu’ils apporte-ront la sécurité. Mais pendant quelques mois, elle est obligée de rester chez elleet doit cesser ses activités professionnelles. «Sous les talibans, on n’a pas pu travaillerpendant six mois», témoigne Palwasha. Sitôt qu’elle sort de chez elle, toute femmedoit porter la burka et être accompagnée par un membre de sa famille. Complè-tement isolée, interdite de travail, Palwasha commence à désespérer. Quelques moisplus tard, après des négociations avec les talibans, l’Unicef la rappelle. Palwashaest chargée des programmes de vaccination des enfants. Elle en profite pourreprendre discrètement les discussions avec les femmes des villages et monte desécoles clandestines. «Sous les moudjahiddines, les principaux problèmes étaient l’insécu-rité et la corruption. Sous les talibans, c’était le port de la burka et les femmes qui nepeuvent pas travailler», analyse Palwasha.Mutée à Hérât en 1998, après un bref passage au Pakistan, Palwasha s’occupe desfemmes qui s’immolent par le feu, pour protester contre le mariage forcé. En 2001,après la chute du régime taliban, Palwasha est pleine d’espoir. La Commissionafghane indépendante des Droits de l’Homme la recrute. Elle y passe trois anscomme responsable des droits de la femme, puis devient en 2006 la responsablerégionale de cette institution. Ses domaines : les enfants, la justice ou encore lesdroits de l’Homme. «Je comprends bien la situation car je parle beaucoup de dialectes etje me suis promenée dans beaucoup de districts», précise-t-elle.Pour nombre d’Afghans, l’espoir de 2001 s’est évaporé pour faire place à undécouragement général. Sept ans après, l’insécurité est palpable et les conditionsde vie ne s’améliorent pas. «Les femmes ne se sentent pas en sécurité, même dans Kaboul.Regardez, pas une seule ne marche seule dans les rues après 17 heures La sécurité étaitmeilleure sous les talibans», déplore Palwasha, qui poursuit : «Aujourd’hui la situationdes droits de la femme progresse, du moins à Kaboul… Mais les Afghanes sont loin d’être indé-pendantes. Elles ne reçoivent quasiment aucune éducation, souffrent toujours des mariagesforcés et de violences conjugales».Aujourd’hui, Palwasha souhaite quitter l’Afghanistan. «Parcourir le monde entier pourque chacun sache ce qu’il se passe ici !». Elle rêve de changer la mentalité des hommes,mais aussi celle des femmes afin que celles-ci prennent leur destin en main. eConstance de Bonnaventure

D O S S I E R

6 Libertés ! Mars 2009

FAITES ENTENDRE LAVOIX DES FEMMES

Lorsqu’elles tentent d’exercer leurs droits, desfemmes se trouvent en butte à des obstaclesspécifiques que les États doivent s’efforcer de

supprimer, tandis que des mécanismes de protectionadaptés doivent être mis en place ; il faut que lesfemmes participent activement aux processusd’élaboration des politiques qui ont desrépercussions sur leur vie.C’est pourquoi Amnesty International vous propose,dans les pages ci-contre, une série d’actions cibléessur des pays où les discriminations et la lutte desfemmes contre ces discriminations sont les plusaiguës: l’Afghanistan, le Liberia, le Népal et l’Irak.Sur le sites d’Amnesty International Belgiquefrancophone (www.amnestyinternational.be/doc),vous trouverez également des propositions d’actionsur l’Iran, l’Afrique du Sud, le Venezuela et la Grèce.Enfin, dans nos pages Isavelives.be (p.14), voustrouverez également un modèle de lettreconcernant Haïti. e

Gil Won Ok, 78 ans, et d’autres anciennes «femmes de réconfort» coréennes manifestentdevant l’ambassade du Japon. Séoul, 15 mars 2005. © Paula Allen

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D O S S I E R

Libertés ! Mars 2009 7

L’intervention militaire internationale ayantdébuté en octobre 2001 sous le commande-ment des États-Unis dans le but de renverser le

régime taliban a été suivie d’un engagement, prispar le gouvernement afghan, en faveur de la protec-tion des droits des femmes et de la progression del’égalité entre hommes et femmes ; cependant, huitans plus tard, la condition des Afghanes reste affli-geante.Des progrès ont été accomplis en matière de respectdes droits des femmes depuis la chute du régimetaliban, notamment avec la création du ministèrede la Condition féminine, une Constitution prévoyantl’égalité entre hommes et femmes, un meilleur accèsà l’éducation et une meilleure représentation desfemmes au Parlement. Toutefois, les femmes, lesjeunes filles et les fillettes afghanes continuent àêtre en butte à une violence généralisée ; elles sontainsi victimes d’actes de violence domestique, d’enlè-vements et de viols imputables à des hommes armés,de la traite d’être humains, de mariages forcés –notamment de fillettes de plus en plus jeunes – etd’échanges permettant de régler des litiges et desdettes.Un petit nombre de défenseuses des droits humainspleines de courage ose remettre en question le statutde la femme et agir en faveur des droits humainspar le biais de diverses activités, notamment enfaisant état des violations commises par des seigneursde la guerre locaux, en dirigeant des centres d’ac-cueil, en menant une action de sensibilisationconcernant les mariages d’enfants et les mariagesforcés et en proposant des programmes d’éducationet des services de planning familial. Ces courageusesfemmes sont fréquemment la cible d’actes d’intimi-dation et d’agressions, souvent imputés à deséléments puissants de la société, certains d’entre euxmembres du gouvernement, d’autres alliés aux tali-

bans et à d’autres forces hostiles au gouvernement.Dans certains cas, ces femmes sont même agresséespar des membres de leur famille pouvant avoir desopinions politiques opposées aux leurs ou étant gênéspar leur franc-parler. Les défenseuses des droitshumains et leur famille font souvent l’objet demenaces de mort ou de tentatives d’enlèvement, ainsique d’agressions physiques, à l’acide par exemple.Certaines ont fui le pays tandis que d’autres ont ététuées pour s’être exprimées haut et fort. En 2007, Zakia Zaki, propriétaire de Radio Peace, dansla province de Parwan, et connue pour sa critiquevigoureuse des seigneurs de la guerre, a été tuée parballe alors qu’elle dormait aux côtés de ses deuxjeunes fils. Elle avait auparavant reçu à plusieursreprises des menaces de mort après avoir critiqué lesseigneurs de la guerre locaux et les talibans. À cejour, personne n’a été déféré à la justice pour cecrime odieux.Laila, une défenseuse des droits humains s’efforçantd’obtenir justice pour les victimes de crimes deguerre, a déclaré à Amnesty International : «Depuis2007, je fais systématiquement l’objet de pressions exercées pardes inconnus qui m’appelaient, m’envoyaient des courriersélectroniques, me suivraient et menaçaient de me tuer. Aucours des six premiers mois de l’année 2008, il y a eu au moinsdeux tentatives d’enlèvement visant mes enfants sur le cheminallant de la maison à l’école.»Shahla, défenseuse des droits humains dirigeant uncentre accueillant les femmes exposées au dangerde la violence domestique et sexuelle, et des mariagesforcés : «Je reçois des menaces de mort et mon fils de neuf ansa été victime d’une tentative d’enlèvement […] Les personnesqui me menaçaient me faisaient clairement comprendre queje devais fermer le centre d’accueil pour femmes en danger,faute de quoi je subirais les conséquences.»L’absence de volonté politique ainsi que les discrimi-nations dont les femmes font l’objet au sein des

systèmes judiciaires, tant officiel que non officiel,renforcent le climat d’impunité et consacrent lesattitudes culturelles et les pratiques abusives mettantà mal les droits des femmes. La police, les tribunauxet les jirgas locales (assemblées tribales) ne se préoccu-pent pas souvent des plaintes déposées par les femmeset les auteurs de violences sont rarement déférés à lajustice pour avoir agressé des femmes ou portéatteinte à leurs droits.Bien que l’Afghanistan ait signé la Convention sur l’éli-mination de toutes les formes de discrimination àl’égard des femmes et que sa Constitution garantissel’égalité entre hommes et femmes, le gouvernement– au même titre que la communauté internationale,qui verse à l’Afghanistan 90% de ses revenus destinésaux dépenses publiques – n’est pas parvenu à faire ensorte que les droits fondamentaux de toutes lesfemmes, jeunes filles et fillettes afghanes soientrespectés, protégés et réalisés.Pour véritablement faire progresser le statut desAfghanes, le gouvernement doit prendre des mesuresimmédiates et efficaces afin de veiller à ce que lesdéfenseurs des droits humains puissent jouer le rôlevital qui est le leur en matière de promotion et deprotection des droits fondamentaux en Afghanistan,sans avoir à craindre la violence ni les actes d’intimi-dation. e

APPEL À L’ACTION:Amnesty International vous propose d’envoyerune lettre demandant au gouvernement afghande faire bénéficier les femmes défenseuses desdroits humains d’une véritable protection enAfghanistan et de veiller à ce qu’elles puissentmener cette action vitale sans avoir à craindre deviolences ni d’actes d’intimidation.Voir http://www.amnestyinternational.be

jJeunes filles suivantun cours d’anglaisdans unétablissement privéde Kaboul. © UNHCR/N.BEHRING

AFGHANISTAN

PROTÉGER LES DÉFENSEUSES

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Au Népal, le mouvement populaire de massed’avril 2006 (connu sous le nom de JanaAndolan en népali) a soulevé de grandes

attentes en faveur d’un respect renouvelé des droitshumains au Népal – des attentes relatives à la créationd’un «nouveau Népal» et à l’occasion offerte à lanouvelle Assemblée constituante népalaise, élue enavril 2008, de placer la protection des droits humainsau cœur de son travail.Les pratiques discriminatoires anciennes se fondantsur la caste, le genre ou l’origine ethnique sont unedes questions sensibles ayant fait leur apparitiondans le cadre du processus de paix. L’Accord de paixglobal signé en novembre 2006 engage toutes lesparties au conflit interne à respecter un ensemble dedroits civils, politiques et économiques, et notam-ment à mettre fin à la discrimination. Cetengagement a incité divers mouvements identitairesà réclamer une meilleure intégration dans les struc-tures étatiques, en particulier dans la région du Teraï,dans le sud du pays. Le soulèvement madhesi dejanvier et février 2007 est sans doute celui qui a le pluscontribué à mettre en évidence le problème de lapersistance de l’exclusion politique et sociale.Plus de deux ans après le mouvement populaire de2006 et l’Accord de paix global (novembre 2006), et

malgré le soulèvement de groupes marginalisés duTeraï tout au long de l’année 2007, rares sont lespromesses d’amélioration ayant été traduites en actesdans le domaine de la protection des droits humains.L’État n’est pas suffisamment présent dans un grandnombre de zones rurales et la police n’est pas tenuede rendre de comptes à l’échelon des districts, enparticulier dans celui du Teraï, en ce qui concerne lesenquêtes portant sur des violations des droitshumains. En résulte un vide sécuritaire qui a permisla prolifération de groupes armés commettantdiverses atteintes aux droits humains telles que desenlèvements et des homicides illégaux. Les crimesperpétrés contre les femmes ne sont ni contestés nisanctionnés. Nombre de femmes et de jeunes fillescraignent de signaler viols et autres formes deviolence, non seulement en raison de l’hostilité etde la réprobation de leur communauté, mais aussi àcause de l’inaction des autorités quand il s’agit demener l’enquête, de lancer des poursuites et de sanc-tionner les auteurs par le biais du système judiciaire.Les militantes œuvrant à la protection des droits desfemmes se trouvent aux prises avec la violence car ellesremettent en question des pratiques féodales et sontexposées aux risques les plus directs : les coups, lesmenaces, voire la mort.

Alors que les défenseuses se font de plus en plusentendre, tirant parti du nouvel espace politiquepour aborder la question de la discrimination, ellescraignent de faire l’objet de réactions violentes, aucunmécanisme de protection n’étant en place poursoutenir leur travail. e

APPEL À L’ACTION:Amnesty International vous propose d’envoyerune lettre demandant à Pushpa Kamal Dahal,Premier ministre népalais, de faire en sorte queson gouvernement adopte une politique de «tolé-rance zéro» concernant la violence à l’égard desfemmes et prenne toutes les mesures envisage-ables afin de garantir la sécurité des défenseusesdes droits humains, en particulier dans les zonesrurales.Voir http://www.amnestyinternational.be

8 Libertés ! Mars 2009

D O S S I E R

Le Liberia a connu deux guerres, de 1989 à1997, puis de 1999 à 2003, qui ont débouchésur la signature d’un accord de paix à Accra en

août 2003. L’Accord de paix global prévoyait unprocessus de désarmement, démobilisation, réadap-tation et réinsertion (DDRR) dont le coup d’envoi a étédonné en décembre 2003, avec l’aide de la Mission desNations unies au Liberia (MINUL) et d’autres parte-naires, comme le Programme des Nations unies pourle développement et la Commission nationale pourle désarmement, la démobilisation, la réadaptationet la réinsertion (CNDDRR).La phase de désarmement et de démobilisation de ceprocessus a pris fin en décembre 2004, et lesprogrammes de réadaptation et de réinsertion ontdébuté en juin 2004 et se sont achevés enoctobre 2007, quand la CNDDRR a repris les rênesdu programme de réinsertion.En janvier 2008, la CNDDR a lancé la phase finale duprogramme. D’après les Nations unies, les piliers dela réadaptation et de la réinsertion sont l’enseigne-ment scolaire, la formation professionnelle et laréinsertion sociale. Reconnaissant le rôle considé-rable que les femmes et les filles ont joué durant lesecond conflit, les responsables du processus deDDRR visaient à adopter une démarche prenant encompte les questions de genre dans le cadre de leuraction.Au cours du second conflit, entre 25 000 et 30 000femmes et filles ont été liées aux forces combattantes,

un grand nombre d’entre elles participant active-ment aux combats. Elles ont choisi de prendre lesarmes afin de se prémunir contre les violencessexuelles, de venger la mort de membres de leurfamille, de profiter de gains matériels et de survivre.Ces femmes et ces filles ont servi de commandantes,de porteuses, d’espionnes, d’esclaves sexuelles, decuisinières et de mères.Le gouvernement libérien et la communauté interna-tionale se sont efforcés de faire en sorte que leprogramme de DDRR réponde aux besoins desfemmes et des filles ayant été liées aux forces combat-tantes, et ont adopté une démarche tenant compte dugenre, en particulier lors de la phase de réadapta-tion et de réinsertion. Cependant, les femmes et lesfilles concernées continuent à rencontrer des obsta-cles sur la voie de la réinsertion au sein de la société.De nombreuses femmes auxquelles Amnesty Inter-national a parlé continuent à souffrir de séquelles –symptômes et douleurs – des violences sexuelles et desviols qu’elles ont subis, et leur état nécessite des soinsmédicaux. Le climat de violence a persisté et le

nombre de cas de violence sexuelle contre les femmeset les filles au sein de la famille, des écoles, desvillages et des quartiers a continué à augmentermême une fois la guerre finie.Les femmes ne bénéficient toujours pas suffisam-ment des soins médicaux requis et beaucoup d’entreelles ont peu d’instruction, guère de formation etsont sans emploi. Amnesty International a constatéque nombre des recommandations présentées dansson rapport intitulé Liberia : A flawed process discrimi-nates against women and girls (AFR 34/004/2008) n’ontpas encore été suivies. e

APPEL À L’ACTION:Amnesty International vous propose d’envoyerune lettre demandant au gouvernement libé-rien de veiller à ce que les besoins spécifiques desfemmes ayant été liées aux forces combattantesau Liberia pendant les deux guerres soient prisen compte.Voir http://www.amnestyinternational.be

iRikma Biswakarna, une défenseuse des droits desfemmes, lors d’une manifestation demandant la

création d’une instance de lutte contre les violencesfaites aux femmes. Katmandou, 29 novembre 2008.

© Private

jFlorence Ballahet Jackie Redd,deux anciennesmineuresenrôlées deforce pendantla guerre civile. Elles sontaujourd’hui desdéfenseuses.Freetown,décembre2008. © AI

LIBERIA

UN COMBATPOUR LA PAIX

NÉPAL

UNE CONSTITUTION IMPUISSANTE ?

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IRAK

DES CIBLES SI FACILES

En Irak, les femmes et les filles sont confrontéesà des discriminations et des violences généra-lisées. Comme le reste de la population civile,

elles sont au quotidien les victimes de violences moti-vées par l’intolérance religieuse ou autres continuantà faire rage dans une grande partie du pays. Cepen-dant, les femmes et les filles sont spécifiquementprises pour cibles en raison de leur genre. Des femmessont agressées dans la rue par des extrémistes religieuxdéterminés à imposer une ségrégation et des discrimi-nations fondées sur le genre.Il arrive également que leur époux, leur père, leur frèreou d’autres hommes de leur famille soumettent à laviolence les femmes et les filles osant mener leur viecomme elles l’entendent. La législation irakienneinterdit les mariages forcés, et le droit de choisir sonépoux est reconnu par le droit international, qui estapplicable partout en Irak. Les femmes et les fillescourent cependant de graves risques lorsqu’elles refu-sent d’être mariées de force ou sont vues encompagnie d’hommes contre la volonté de leurfamille.Les femmes et les filles sont les principales victimesd’une grande partie de la violence. Des crimes visantspécifiquement les femmes et les filles, le viol notam-ment, ont été perpétrés par des membres de groupespolitiques armés, par les forces gouvernementalesirakiennes, par des soldats étrangers de la force multi-nationale placée sous le commandement desÉtats-Unis et par des membres du personnel de

sociétés de sécurité et de sociétés militaires privéesétrangères. Dans de nombreux cas, ces crimes restentimpunis. Des femmes ont également signalé avoirfait l’objet, à des postes de contrôle, de manœuvresd’intimidation et de harcèlement, qu’elles attribuentà des membres de milices ou d’autres groupes armés,qui leur reprochaient par exemple de ne pas avoirrespecté un code vestimentaire strict ou de conduireun véhicule sans être accompagnée.Des dirigeantes politiques et des défenseuses desdroits des femmes, qu’il s’agisse de militantes admi-nistrant des centres accueillant les femmes fuyant laviolence intrafamiliale ou autre, des avocates aidantdes femmes à défendre leurs droits ou des personnesréclamant la fin des discriminations et l’égalité desgenres, ont été menacées, voire tuées. e

APPEL À L’ACTION :Amnesty International vous propose d’écrirepar lettre au gouvernement irakien et aux auto-rités du Kurdistan irakien pour leur demanderde réformer ou d’abolir les textes de loi introdui-sant des discriminations à l’égard des femmes,de veiller à ce que tous les cas de violence contreles femmes donnent lieu à une enquête et que lesauteurs présumés soient déférés à la justice, derenforcer les mesures de protection et d’aug-menter le nombre d’établissements accueillant lesfemmes en danger, de mettre en place des méca-nismes de soutien destinés aux défenseuses desdroits humains, en consultation avec celles-ci.Voir http://www.amnestyinternational.be

D O S S I E R

Libertés ! Mars 2009 9

Mondiale, la Journée internationale de la Femme est avant tout le fruit de l’action des mouvementsouvriers du début du 20e siècle en Amérique du Nord et en Europe, à l’époque de l’industrie lourde.De 1909 à 1913, les Américaines célébrèrent la Journée nationale de la Femme chaque dernier

dimanche de février. En 1910, l’Internationale socialiste instaura une Journée de la Femme, de caractère inter-national, entre autres pour obtenir l’extension du suffrage universel aux femmes. Cette Journée fut célébréepour la première fois le 19 mars 1911. Outre le droit de voter et d’exercer une fonction publique, lesfemmes exigeaient le droit au travail, à la formation professionnelle et la cessation de la discrimination surle lieu de travail.Deux ans plus tard, le dernier dimanche de février 1913, dans le cadre du mouvement pacifiste qui se déve-loppait à la veille de la Première Guerre mondiale, les femmes russes célébrèrent leur première Journéeinternationale de la Femme. En 1917, alors que 2 millions de soldats russes avaient été tués, les femmes russeschoisirent de nouveau le dernier dimanche de février pour faire grève et revendiquer «du pain et la paix». Quatrejours plus tard, c’était la «Révolution de Février» : le Tsar Nicolas II abdiqua et le Gouvernement provisoirede Gueorgui Lvov et Alexandre Kerenski accorda le droit de vote aux femmes. Ce dimanche historique,célébré le 23 février selon le calendrier julien en usage en Russie, tombait le… 8 mars selon le calendrier grégo-rien utilisé ailleurs en Europe. Finalement, en décembre 1977, l’Assemblée générale de l’ONU adopta unerésolution portant création d’une Journée des Nations unies pour les Droits de la Femme et la Paix inter-nationale, dont la date était laissée à l’appréciation des États membres. e

100 ANS DE LUTTES

l Des Irakiennes célèbrent la Journée de la Femme par un concours de dessin. Bagdad, 8 mars 2008. © United Nations Assistance Mission for Iraq / Sarmad Al-Safy

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M O U V E M E N T

10 Libertés ! Mars 2009

Partout dans le monde, des femmes sesont organisées pour démasquer etaffronter la violence dont elles sont

victimes. Elles ont fait évoluer de façon spec-taculaire les lois, les politiques et les pratiquesen usage. Elles ont mis les sévices dont ellesétaient victimes sur la place publique alorsqu’ils sont en général cachés des regards. Ellesont montré que la violence contre les femmesobligeait les autorités, les sociétés et lescitoyens à réagir. Elles ont, avant toute chose,récusé l’image courante de la femme victimepassive de la violence. Malgré les obstaclesauxquels elles se heurtent dans de nombreuxpays, des militantes sont aux avant-postes dela lutte contre la violence dont les femmessont les victimes. Pour autant, ceux et cellesqui œuvrent en faveur des droits des femmesont souvent fait face à la réaction brutale deforces qui pensent que l’égalité entre hommeset femmes met en danger la stabilité sociale etcertains intérêts économiques bien établis.

À l’occasion de la Journée internationale de laFemme, Bel RTL s’est associée à Amnesty Inter-national. Des dazibaos ont été distribués dansles principales gares de Belgique par les mili-tantes et les militants d’Amnesty. OutreGeneviève Descamps, responsable du centrel’Églantier de Braine-l’Alleud, ces dazibaosmettent à l’honneur et proposent de soutenir4 défenseuses des droits humains et des droitsdes femmes en particulier :- Justine Masika – République démocratiquedu Congo - Directrice de Synergiehttp://www.isavelives.be/justine- Jestina Mukoko – Zimbabwe - Directrice duProjet de paix pour le Zimbabwe (ZPP)http://www.isavelives.be/jestina- Ronak Safarzadeh – Iran – Militante de laCampagne pour l’égalité http://www.isavelives.be/ronak- Marisela Ortiz Rivera – Mexique - Prési-dente de Nuestras Hijas le Regreso a Casahttp://www.isavelives.be/marisela e

JOURNÉE DE LA FEMME

AMNESTY AGIT, EN BELGIQUE ET DEBELGIQUEEn Belgique et dans le monde, les femmes se battent contre les injustices dontelles sont victimes, elles sont actrices de changement.

Enfin, une nouvelle version dudépliant «Violences conjugales : Quefaire ?» d’Amnesty International estdésormais disponible. Il s’adresse auxvictimes, aux auteurs, mais aussi auxpersonnes susceptibles d’êtreconfrontées à ce phénomène. Il s’agitd’un outil de sensibilisation, mais ilpeut aussi aider à s’en sortir grâceaux signaux d’alarme et aux contactsutiles qui y sont repris.

Ce guide pratique est à votredisposition gratuitement sur simpledemande au 02 538 81 77 [email protected] à poursuivre notre travailet nos actions de lutte contre lesviolences faites aux femmes endiffusant le dépliant et/ou enparticipant financièrement au coût deréalisation de cet outil imprimé en300000 exemplaires. e

Ce sont aussi 80 groupes locaux qui, sur le

terrain, font un travail d’action et de

sensibilisation aux droits humains. Pour vous

y joindre, contactez votre régionale.

SECRÉTARIAT NATIONAL AIBF

Rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles 02 538 81 77Fax: 02 537 37 29www.amnesty.be

SECRÉTARIAT INTERNATIONAL

Easton Street 1, London WC1X ODWUnited Kingdom00 44 207 413 5500

AMNESTY INTERNATIONAL VLAANDEREN

Kerkstraat 156, 2060 Antwerpen 603 271 16 16

RESPONSABLES RÉGIONAUX D’AMNESTY

BRABANT WALLON

Jean-Philippe CHENUchemin de la Terre Franche 131470 Genappe010 61 37 73 – [email protected]

Le poste de coordinateur est vacant !Pour des renseignements sur le profil requisavant d’envoyer un CV, écrire à AntoineCAUDRON – Amnesty International, rue

Berckmans 9, 1060 Bruxelles ou envoyer une-mail à [email protected] ORIENTAL

Nicole GROLETav. Elisabeth 6, 6001 Marcinelle071 43 78 40 – [email protected]ÈGE

Jean-Pierre ANDRÉ04 387 51 07 – [email protected] BIKAResponsable de la gestion de la permanence– C/O Bureau régional d’AI – rue SouverainPont 11 – 4000 Liège – du lundi au vendredide 13h30 à 17h30 – 04 223 05 [email protected]

LUXEMBOURG

Daniel LIBIOULLEAvenue de la Toison d’Or 266900 Marche en Famenne084 31 51 31 – [email protected]

Romilly VAN GULCKRue Vivier Anon 8, 5140 Sombreffe071 88 66 [email protected] PICARDE

Marie NOËLRue Cheny 1, 7536 Vaulx069 77 66 13 – 0499 13 57 [email protected]

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M O U V E M E N T

Libertés ! Mars 2009 11

RENCONTRES DU PRINTEMPSLE DÉBAT TOUT PRÈS DE CHEZVOUS

Amnesty Interna-tional se doitd’être en phaseavec l’évolutiond’un monde qui abesoin d’elle, quia besoin de per-sonnes qui repla-cent l’humain aucentre du débat.

Parce que le combat pour le respect des droitsfondamentaux s’ancre dans une réalité sans cesserenouvelée, Amnesty International a le souci de seremettre en question, de se remodeler pour mieuxs’adapter et agir plus efficacement. Cette année 2009 sera pour le mouvement uneannée déterminante car elle orientera notre actionde 2010 à 2016 par l’adoption du nouveau Planstratégique intégré (PSI). Il s’agira de l’aboutisse-ment d’un long processus démocratique auquelparticipent les membres des quatre coins de laplanète. Les rencontres du printemps seront l’occasion pourchacun de donner son avis sur une premièreversion du PSI, non définitive et soumise à la consul-tation des membres du mouvement. Cinqrencontres sont prévues dans autant de villes diffé-rentes afin de permettre à chacun de prendre partà ce débat important et de contribuer à la démo-cratie et aux orientations futures d’AmnestyInternational.Rejoignez-nous à l’une des rencontres suivantes… etparlons de l’avenir ! e

14 MARSLiège : de 10h00 à 13h00À l’Espace Beeckman, Rue Beeckman, 26 - 4000LiègeNamur : de 14h00 à 17h00Sur les hauteurs de la citadelle, Espace Lioba,Avenue Vauban 28 – 5000 Namur25 MARSHainaut : de 19h00 à 22h00 A l’École normale, Boulevard Albert-Elisabeth, 2 –7000 Mons28 MARSBruxelles : de 09h30 à 12h30Au secrétariat d’Amnesty International Belgiquefrancophone, Rue Berckmans 9 – 1060 St-GillesLuxembourg : de 15h00 à 18h00À l’Institut St-Michel, Place du Château, 3 - 6840NeufchâteauINSCRIPTIONSEn ligne :http://www.amnestyinternational.be/doc/article14283.htmlPar e-mail : [email protected] téléphone : 02 543 79 88

CHARLEROITHÉÂTRELe groupe 113 de Charleroi et le Théâtre du Vaude-ville présentent : «On choisit pas sa famille» deJean-Christophe Barc.Une soirée au profit d’Amnesty International eEspace Marignan, Bvd Tirou 53, Charleroi, le lundi 30 mars.Adultes 16 e, étudiants 9 eRenseignements : F. Demoilin- 071/413074 (le soir).

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12 Libertés ! Mars 2009

M O U V E M E N T

CERCLE PETER BENENSON

16 MARS 2009 – BRUXELLESQU’EST-CE QU’UNE POLITIQUEJUSTE DANS LA MONDIALISATION ?

Avec Sami Naïr. Conseiller d’État, député euro-péen et écrivain il enseigne à l’Université de ParisVIII et à l’Université Carlos III de Madrid en tant queprofesseur invité. Il a notamment publié Un détour-nement - Nicolas Sarkozy et la «politique de civilisation»(Gallimard, 2008).Conférence organisée dans le cadre du Colloque«Démocraties et violences à l’heure de la globalisa-tion» de l’Université catholique de Louvain. À 18h00 aux auditoires Meysen – UCL / Site univer-sitaire de Woluwe eEntrée : 5 e (prix plein) 2 e (étudiants et demandeurs d’em-ploi) - réservation souhaitée auprès d’Ingrid Plancqueel au02/538.81.77 ou [email protected]

2 AVRIL 2009 – LIÈGE«EVERY STEP YOU TAKE» -PROJECTION DE FILM ET INTER-VENTIONS

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, unefrénésie sécuritaire s’abat aux États-Unis et enEurope Occidentale. Au Royaume-Uni, plus de 4millions de caméras filment quotidiennement lesfaits et gestes des citoyens anglais. La société desurveillance rend-elle nos vies plus sûres ? Fait-ellebaisser le taux de criminalité ou fait-elle, aucontraire, de chacun d’entre nous des délinquantspotentiels ?Le film a obtenu le Prix du public des Rencontresinternationales du documentaire de Montréal en2007. Débat avec Jean-Louis Berwart (Avocat au Barreaude Liège) et Stefan Verschuere (vice-président de laCommission de la Protection pour la vie privée). eÀ 20h00 au Cinéma Le Parc – 22, Rue Paul-Joseph Carpay -4020 LiègeEntrée : 5,50 e (prix plein) 4,70 e (membre Cercle PeterBenenson si réservation)- réservation souhaitée auprès d’In-grid Plancqueel au 02 538 81 77 ou [email protected]

LES FORMATIONS EN 2009

14 mars de 10h00 à 16h30Combattre la torture21 avril de 19h00 à 22h00Découvrir et s’orienter au sein d’Amnesty9 mai de 10h00 à 15h00La responsabilité sociale des entreprises14 mai de 19h00 à 22h00Découvrir et s’orienter au sein d’Amnesty16 mai de 10h00 à 15h00USA et droits humains23 mai de 09h30 à 16h30Mission et fonctionnement d’Amnesty 23 mai de 09h00 à 14h00Lutte contre l’impunité

Pour vous inscrire dès maintenant et/ou obtenirdes détails concernant le contenu des modules,rendez-vous sur notre site Internet :http://www.amnesty.be/formations ePour tout renseignement, n’hésitez pas à nous contacter pare-mail à [email protected] ou par téléphone au 02 538 8177, de préférence les mardi, jeudi et vendredi.

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Libertés ! Mars 2009 13

I S A V E L I V E S . B E

Le 21 mai 2004, Alexandra Hidalgoétait arrachée de sa voiture par desindividus armés dans la capitale véné-

zuélienne Caracas. Jetée dans unefourgonnette, les yeux bandés et emmenéedans un endroit isolé, elle était violée ettorturée pendant 7 heures par un grouped’hommes, dont l’un fut identifié comme sonancien mari. Vers 11h30, elle fut ensuiteramenée dans le centre de Caracas et aban-donnée, toujours les yeux bandés, en face del’école de sa fille. Moins de deux mois avantl’attaque, Alexandra Hidalgo avait divorcéd’Ivan Sosa Rivero après 14 ans de mariage,pour cause d’abus sexuels, physiques etpsychologiques. Ivan Sosa Rivero, un lieute-nant-colonel de l’armée vénézuélienne, a niétoute implication dans l’enlèvement. Lorsqu’ila appris qu’Alexandra l’avait reconnu, il aurait

menacé de la tuer elle et ses enfants si elleparlait. Malgré cela, Alexandra Hidalgo estparvenue à accumuler suffisamment depreuves sur le téléphone mobile d’Ivan SosaRivero pour obtenir son arrestation. Accuséd’enlèvement, de viol et de complicité de volde véhicule, il a été placé en détentionpendant plus de 4 mois. Toutefois, il n’ajamais été traduit devant un tribunal et 14audiences ont été reportées par ses avocats. Ila été libéré sous condition en avril 2005 et adepuis lors disparu sans laisser de traces. Deuxautres assaillants ont été condamnés à 8 ansde prison, deux autres hommes ont étédéclarés non coupables et un dernier esttoujours introuvable. Alexandra Hidalgo vitdans la crainte qu’Ivan Sosa Rivero ne s’enprenne à elle et elle affirme qu’il a été vu àproximité de son appartement en avril 2008.e

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur le Ministre, Le 21 mai 2004, Alexandra Hidalgo était violée dans un endroit isolé et torturée pendant

7 heures par un groupe d’hommes. Reconnu, son ancien mari, Ivan Sosa Rivero, un lieutenant-colonel del’armée vénézuélienne, aurait menacé de la tuer elle et ses enfants. Placé en détention pendant plus de4 mois et libéré sous condition en avril 2005, il a depuis lors disparu sans laisser de traces. En tant quemembre/sympathisant(e) d’Amnesty International, je vous demande, Monsieur le Ministre, de veiller à ceque les auteurs présumés du viol soient traduits en justice, d’assurer la sécurité d’Alexandra Hidalgo etde ses enfants. Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma considération distinguée.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Tareck El Aissami, Ministerio del Poder Popular para Relaciones Interiores y JusticiaAv. Urdaneta, Esquina Platanal, Edif. Sede MIJ, Piso 1 CarmelitasCaracas Apartado postal 1010 a, VenezuelaFax : +58 (212) 5061685

COPIE À ENVOYER À :Ambassade de la République bolivarienne du Venezuela, Avenue Franklin Roosevelt,101050 Bruxelles (Ixelles)Fax : 02 647 88 20 – E-mail : [email protected]

BONNES NOUVELLESDans tous les pays du monde, des gens sont libérés grâceau travail des membres d’Amnesty. Des témoignagesémouvants nous parviennent des prisonniers libérés ou deleur famille. Ils montrent qu’une action de masse peutavoir des résultats pour un meilleur respect des droitshumains.

GUATEMALAMENACES LEVÉES

L’anthropologue judiciaire et d’identificationFredy Peccerelli, ses proches et ses collèguesne sont plus face à un danger immédiat lié à denouvelles menaces de mort reçues le 8 janvier. Ilsfaisaient l’objet de menaces de mort et d’actes deharcèlement à cause de leur action en faveurdes droits humains. Fredy Peccerelli dirige laFundación de Antropología Forense de Guatemala(FAFG), qui mène des enquêtes basées sur l’exhu-

mation de fosses communes datant de la guerre civile de 1960-1996.Amnesty International continue de suivre l’évolution de leur situa-tion et interviendra de nouveau si nécessaire. e

ÉGYPTELIBÉRATION D’UN GERMANO-ÉGYPTIENLe 11 février 2009, Philip Rizk, un ressortissant germano-égyptien,était libéré sans inculpation, après avoir été détenu au secretpendant 4 jours par le Service de renseignement de la Sûreté del’État (SSI), sans doute à Nasr City, au nord-est du Caire. Menacé àplusieurs reprises de torture, ses yeux étaient bandés et ses poignetsmenottés en permanence. Il fut interrogé sur sa participation à unemanifestation pacifique de solidarité envers la population de Gazale 6 février, sur son séjour de 2 ans à Gaza entre 2006 et 2008 et surses déplacements au Soudan et dans d’autres pays. Une délégationd’Amnesty International qui effectuait une visite au Caire arencontré Philip Rizk le lendemain de sa libération. e

COLOMBIEOTAGES RELÂCHÉSLe 5 février, le député Sigifredo López était par les Forces arméesrévolutionnaires de Colombie (FARC), était relâché après 7 ans decaptivité. Cette libération survenait quelques jours après celle del’ancien gouverneur Alan Jara. Fin janvier, les FARC avaient égale-ment libéré trois policiers et un soldat. Ces dernières libérationsont été facilitées par le Comité international de la Croix-Rouge(CICR), le gouvernement brésilien et la sénatrice colombiennePiedad Córdoba. Ce sont les dernières en date d’une série delibérations qui a débuté l’année dernière. Amnesty Internationala rappelé à cette occasion que la prise d’otages est une grave viola-tion du droit international humanitaire et peut constituer uncrime de guerre. e

INDONÉSIEDÉFENSEUR DISCULPÉEn Indonésie, un éminent avocat défenseur des droits humains aété reconnu non coupable des faits qui lui étaient reprochés, en lienavec un SMS qu’il était accusé d’avoir envoyé à des amis et à desmembres de sa famille. Iwanggin Sabar Olif est membre de l’Ins-titut pour la Protection des Droits humains (ELSHAM), uneorganisation papoue. Il risquait jusqu’à 6 ans d’emprisonnement.Le SMS annonçait que le président indonésien Susilo BambangYudhoyono avait ordonné la mise en œuvre, avec l’armée, d’unprogramme meurtrier visant à «éradiquer» la population papouepar le biais d’empoisonnements et d’autres actions violentes.Iwanggin Sabar Olif a toujours nié avoir écrit, envoyé et même reçuce message. e

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VENEZUELA

PAS DEJUSTICEPOUR LARESCAPÉED’UNVIOL

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En 1989, alors qu’elle était encoreadolescente, Greta Baghdasaryanétait violée par un homme qu’elle

connaissait depuis trois ans. Découvrantqu’elle était enceinte, l’auteur du violemmena la jeune fille chez ses parents,dans un village éloigné, afin de garder lagrossesse secrète. Ils se marièrent ensuite.Greta Baghdasaryan a fait une fausse-couche après que son mari l’ait obligée àmarcher longuement sans eau et en lafrappant. Les 11 années qui ont suivi, ellea enduré viols, coups et autres mauvaistraitements. En 2001, après un dernierviolent passage à tabac et une commotioncérébrale, elle a finalement quitté sonmari. «Jamais je n’avais imaginé que je pouvaisaller me plaindre à la police.» Gravementhandicapée après 11 ans de sévices, GretaBaghdasaryan ne peut plus subvenir auxbesoins de ses enfants. Elle et ses enfantsn’ont plus accès au domicile conjugal et,depuis son divorce en 2002, son ex-mari a

14 Libertés ! Mars 2009

I S A V E L I V E S . B E

La violence sexuelle est largementrépandue en Haïti. Plus de la moitiédes plaintes pour viol au cours des

quatre dernières années concernent desjeunes filles de 18 ans ou moins et l’onobserve un «pic» lors de la période ducarnaval. En février 2007, par exemple,50 cas de viol de femmes et de jeunes fillesont été signalés en seulement 3 jours àPort-au-Prince. Selon un schéma éprouvé,des bandes armées isolent les femmes et lesfilles hors de la foule et les violent ensuitesous la menace. Les autorités ont certesadopté en 2005 un «Plan national de luttecontre la violence contre les femmes 2006-2011». Si les mesures qu’il prévoit étaientréellement appliquées, elles pourraientapporter des améliorations significatives enmatière de prévention et de répression.Or, le système judiciaire reste défaillant

et l’unité de police en charge de la protec-tion des mineurs est en sous-effectifs : enmars 2008, l’unité ne disposait que de12 officiers pour couvrir l’ensemble dupays. Les conséquences sanitaires de laviolence sexuelle sont profondes et dura-bles : blessures physiques, grossesses nondésirées, maladies sexuellement transmis-sibles (dont le VIH) et problèmes de santémentale. Tout cela peut avoir des consé-quences sociales graves sur les filles,l’exclusion permanente de l’école, la discri-mination, etc. Cela peut ancrer davantagediscrimination fondée sur le sexe et lapauvreté parmi les femmes et les filles.Certes Haïti tente de répondre au défi del’insécurité. Mais, il ne peut y avoir de sécu-rité si une grande partie de la populationest exclue et si les violences sexuellescontre les filles restent ignorées. e

HAÏTI

CARNAVALET VIOLENCESSEXUELLES

TARIFS POSTAUXLettres (jusqu’à 50 grammes)Belgique: 0,59e; Europe: 0,90e; restedu monde: 1,05e. La surtaxe aérienneest incluse (étiquette requise).

COMMENT AGIR EFFICACEMENT ?Les cas exposés concernent des victimes de violations des droits humains dont s’occupe Amnesty International. Chaque appel compte.Un texte (à écrire ou à photocopier) vous est proposé pour chaque cas. Dans l’intérêt des victimes, écrivez en termes mesurés et cour-tois aux adresses indiquées. Ces lignes sont lues partout dans le monde par les quelque 1800000 membres d'Amnesty International.Elles sont reproduites dans de nombreux pays par des dizaines de journaux et constituent la clé de voûte de l'action du mouvement.

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur le Premier ministre, De 1989 à 2001, Greta Baghdasaryan a été mariée à un homme qui l’a

sans cesse battue et violée. En 2001, après un dernier violent passage à tabac etune commotion cérébrale, elle a finalement quitté son mari. Gravementhandicapée après 11 ans de sévices, Greta Baghdasaryan ne peut plus subveniraux besoins de ses enfants. Elle et ses enfants n’ont plus accès au domicileconjugal et, depuis son divorce en 2002, son ex-mari a retiré les noms de leursenfants du registre de population, ce qui les prive de certains droits civiques. Entant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International, je vous exhorte,Monsieur le Premier ministre, de veiller à ce que Greta Baghdasaryan obtienneréparation via une indemnisation financière, un accompagnement psychosocialet une rééducation. Je vous demande également qu’elle obtienne un logementadéquat et que son fils soit rétabli dans ses droits. Je vous prie d’agréer,Monsieur le Premier ministre, l’expression de ma plus haute considération.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Monsieur le Premier ministre Tigran SargsyanSiège du gouvernement 1Place de la République, Erevan 0010, Arménie Salutation

COPIE À ENVOYER À :Ambassade de la République d’Arménie, Rue Montoyer,281000 BruxellesFax : 02 348 44 01 – E-mail : [email protected]

MODÈLE DE LETTRE

Madame le Premier ministre,Je vous écris pour vous faire part de mes plus vives préoccupations

quant au niveau atteint par les violences sexuelles dont sont victimes les filles enHaïti, en particulier durant la période du carnaval. Chaque année, rien quedans la capitale Port-au-Prince, des dizaines de jeunes filles sont violées par desgroupes de jeunes gens armés. En tant que membre/sympathisant(e) d’AmnestyInternational, je vous demande qu’avec le soutien de votre gouvernement et celuide la communauté internationale, toutes les mesures nécessaires soient prisespour prévenir ces viols et garantir le droit de ces jeunes filles à échapper à laviolence. J’exhorte également les autres membres du gouvernement haïtien às’assurer que les auteurs de ces viols soient traduits en justice et que les victimesreçoivent soutien et réparation. Je vous prie d’agréer, Madame le Premierministre, l’expression de ma considération distinguée.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Son Excellence Madame Michèle Pierre-LouisLa PrimatureRoute de Bourdon, Impasse Prosper, 1, (Villa d’Accueil)Port-au-Prince, Haïti (W.I.)

COPIE À ENVOYER À :Ambassade de la République d’Haïti, Chaussée de Charleroi, 1391060 – Bruxelles (Saint-Gilles)Fax : 02 640 60 80 – E-mail : [email protected]

ARMÉNIE

VIOLENCE CONJUGALEET DISCRIMINATION

retiré les noms de leurs enfants du registrede population, ce qui les prive de certainsdroits civiques. Son avocat actuel estimequ’elle ne sera pas en mesure de déposerune plainte au pénal étant donné que sesdossiers médicaux ne sont pas reconnuscomme preuves valables. e

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A G E N D ATHÉÂTRE AU POCHEFEBAR

Ils viennentde tous lescoins d’Afri-que. Ils onttout sacrifiépour partir,ont parcou-ru très sou-vent des dis-tances énor-mes dansdes condi-tions extrê-mes pour re-

joindre Elinkine, le point d’embar-quement.Certains n’ont jamais vu la mer et ladécouvrent avec stupeur voire effroi...Ils ont tous la fièvre, cette fièvre duvoyage vers un ailleurs où tout semblepossible. Cette fièvre les transforme tota-lement. Ils deviennent méconnaissables.Le clandestin est un homme transformé.Il est dans un état second. Il a «la fièvre».Febar, basé sur des faits réels, est un longvoyage du désir qui débute comme unrêve pour se terminer en cauchemar...Avec Febar, Younous Diallo, MichaelDe Cock, Michel Bernard se plongentdans l’univers du désir de partir. Fruit derencontres et d’interviews, ce spectacleexplore la question de l’émigration clan-destine du point de vue sénégalais...Michel Bernard, le metteur en scène,explique quel a été le point de départ del’aventure Febar. «Notre point de départ a été de laisser le désirde partir s’entendre. Un désir légitime àécouter. Ne pas le prendre de notre point devue d’Européen mais faire exister l’incroyableespoir du lendemain. Non pas une loteriehasardeuse, mais une conviction de réaliser undevenir. C’est cela le désir, faire en sorte quecela puisse se concrétiser. L’Europe n’est certespas le paradis et son rêve peut être uncauchemar, mais de sentir la pulsion, cette«chose» incroyable qui pousse l’être humain àaffronter la mort au nom de son désir, de sonespoir, de son espérance, de son devenir... Il fautoser écouter à nos oreilles sourdes le chant dece désir. Il nous confronte également à notreindifférence, à notre compassion servile,humanitaire, ou à un racisme primaire... Lespectacle se passe juste là, dans le voyage. Est-il arrivé? Arrivera-t-il ? Qu’importe. Écoutonssimplement la température de ses désirs, de sescraintes, de ses peurs, de son imaginaire.»Une production ‘t Arsenaal (Malines) encollaboration avec le Théâtre de Poche(Bruxelles) et Fotti (Sénégal). Avec lesoutien de ccBE, du Festival Moussem,des Francophonies de Limoges, du CGRIet d’Africalia. eDu 11 au 28 mars 2009 à 20h30 (relâche les

dimanches et lundis).

Bois de la Cambre, 1A Chemin du Gymnase -

1000 Bruxelles – Réservations : 02 649 17 27 ou

[email protected]

REVERS DE MANCHE

L’errance des sans-papiers hante les consciences et lecinéma européens. Ce qui se passe à Calais est difficile-ment acceptable. Des hommes, jeunes, sont prêts à

tout pour traverser la Manche vers l’Eldorado britannique. Lesautorités font tout pour éviter les contacts entre la populationlocale et les clandestins. Toute aide individuelle à ces hommesprivés de tout est assimilée à un délit. Et aucune solutionpolitique ne semble être en vue. Comme si on attendait que leproblème se résolve de lui-même. Autour de beaux person-nages, Philippe Lioret tisse la trame d’une fiction crédible,sans effets appuyés. Simon, un maître-nageur en pleine déroute sentimentale, décide d’aider un jeune clandestinirakien qui cherche à traverser la Manche à la nage pour rejoindre sa petite amie. Et voilà ce citoyen ordinaire prisdans l’engrenage de ses propres actes. Lui qui regardait à peine ces furtives silhouettes agglutinées près du port prendsoudainement conscience des sacrifices qu’ils ont endurés pour accomplir un périple de plus de 4 000 km et goûteau sort que les autorités françaises réservent aux illégaux et à tous ceux qui leur tendent la main. Jamais parasitépar les sentiments, les bavardages et les actions inutiles, le film se révèle prenant sans jamais se poser en donneurde leçons. Vincent Lindon campe un Simon, physique, rugueux et généreux, au diapason d’une distribution toutentière au service du récit. e Gilles BechetWelcome, Philippe Lioret, sortie nationale le 25 mars

20 X 2 places sont offertes aux membres d’Amnesty et lecteurs de Libertés! Ces places sont valables dans tous lescinémas de Wallonie et de Bruxelles projetant Welcome, sur simple présentation d’un carton d’invitation. Pour obtenirce dernier, il suffit d’envoyer un courriel à [email protected] avec la mention «Places Welcome Lioret».

SOUVENIRS DEFABRIQUE

àChengdu, l’Usine 420, autrefois fleuron de l’industriemilitaire chinoise, a fermé après un lent déclin.Rachetés par un promoteur immobilier, les terrains

vont faire place à un complexe d’appartements de luxe. LaChine évolue et son socialisme avec. Le cinéaste Jia Zhang Kedresse un bilan nuancé de cette évolution au travers destémoignages de trois générations. Les anciens ouvriers, mêmepas amers, ont tiré un trait sur un passé magnifié par lafierté patriotique, l’esprit de camaraderie et l’amour dutravail. Quand l’usine a dû faire face à ses premières pertes de commande, les licenciements ont suivi sans états d’âme.Et sans indemnités, bien sûr. Un boulot de vendeuse de rue à la sauvette ne remplace pas un salaire d’ouvrier. Glis-sant d’une génération à l’autre, le cinéaste passe subtilement du documentaire à la fiction avec quatre beauxpersonnages féminins qui prolongent dans le présent les premiers témoignages. La meilleure manière, selon lui, defaire l’écho à une histoire simultanément construite par les faits et par l’imagination. Fleur de printemps, jadis laplus jolie fille de l’usine, avait tous les hommes à ses pieds. À 35 ans, elle est toujours célibataire et ne s’en porte pasplus mal. Su Na, fille d’ouvriers est une self made woman qui gagne bien sa vie. Elle ne rêve que d’une chose : fournirà ses parents lessivés par une vie consacrée au travail un appartement dans la Cité 24. Un rêve succède à un autre,avec presque le même aveuglement. Ce qui ne veut pas dire que rien n’a changé. e G.B.Cité 24, de Jia Zhang Ke, sortie Nationale le 25 mars

LE CHEMIN DE LA RÉUSSITE

En Inde, plus qu’ailleurs, coexistent la richesse la plus insolente et la misèrela plus crasse. C’est aussi un pays qui aime se présenter comme la plusgrande démocratie du monde. Le jeune auteur Aravind Adiga joue plutôt

de la comparaison avec la cage à poules, qui, assure-t-il, n’a pu être inventée que dansson pays où une poignée d’hommes a entraîné les 99,9 % restants à vivre dans uneservitude perpétuelle. Avec son premier roman, couronné par le prestigieux BookerPrice britannique, il se glisse dans les pas d’un jeune garçon quittant les Ténèbres pourla Lumière, c’est-à-dire son Bihar natal miséreux et corrompu pour le Delhi, tout aussicorrompu, des villas sécurisées et des gratte-ciels. Intelligent et débrouillard, lejeune homme tourne le dos à la fatalité pour devenir chef d’entreprise. Un succèsqu’il veut faire partager à Wen Jiabao, Premier ministre chinois en visite dans sonpays. Dans une longue lettre qu’il écrit à ce haut dirigeant d’une nation éprise deliberté, le jeune entrepreneur se propose de révéler la vérité sur la miracle indien.Dans cette fable amorale à l’ironie mordante, l’auteur égratigne joyeusement lestabous qui minent le sous-continent. Aussi volontaire qu’une mauvaise herbe, le succès pousse sur le terreau de lacorruption, du clientélisme politique et de la ségrégation sociale. Belle leçon de botanique. e G.B.Le Tigre blanc, Aravind Adiga, Buchet Castel, 320 p, 22 e

Libertés ! Mars 2009 15

C U L T U R E

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