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Libertes! DÉPOT À BRUXELLES X BELGIQUE- BELGIE PP 1/2345 BXL X Ne paraît pas aux mois de juillet-août. 9, rue Berckmans 1060 Bruxelles BHOPAL 25 ANS D'INJUSTICE GUINÉE CARNAGE TROPICAL PARTIES DE CAMPAGNE NOVEMBRE 2009 – N°458 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

Libertés! Novembre 2009

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Dans ce numero fourni du mensuel belge d’Amnesty International, on trouve un editorial sur la mascarade electorale en Tunisie, le malaise des femmes au Kirghizistan et un retour sur le carnage provoque par l’armee en Guinee Conakry. Un dossier fait le point sur la campagne « Exigeons la Dignite » et revient sur les manifestations d’Amnesty devant le siege de Shell et contre la peine de mort. Rendez-vous est deja pris pour une manifestation devant le siege de Dow Chemicals a l’occasion du 25e anniversaire de la catastrophe de Bhopal.

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Libertes! DÉ

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BELGIE

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1/2345

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Ne paraît pas auxmois de juillet-août.

9, rue Berckmans1060 Bruxelles

BHOPAL25 ANSD'INJUSTICE

GUINÉECARNAGETROPICAL

PARTIES DE CAMPAGNE

NOVEMBRE 2009 – N°458 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

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ACTUEL■ Kirghizistan : L’islam «authentique»

comme unique horizon■ Guinée : Carnage tropical■ Insolites-Brèves

DOSSIERPARTIES DE CAMPAGNE■ Des initiatives sur tous les continents■ Pour faire disparaître la misère, il faut

d’abord la voir■ Pixel art

MOUVEMENT■ Militantisme : En automne, les actions

se ramassent à la pelle■ Bhopal : 25 ans d’injustice■ Belgique : Ajoutez votre voix

ISAVELIVES.BE■ Lettres du mois : Grèce, RDC et Irak■ Bonnes nouvelles

CULTURE/AGENDA■ Du plomb dans les Andes■ Pékin avec les pépins■ Logique du fou?

É D I T O R I A L

S O M M A I R E

Libertés! • Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles • Tél : 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 • [email protected] • www.libertes.be • Éditrice responsable: ChristineBika • Rédacteur en chef: Pascal Fenaux • Comité de rédaction : Bruno Brioni, Thandiwe Cattier, Véronique Druant, Samuel Grumiau, Anne Lowyck,Brian May, Suzanne Welles • Ont collaboré à ce numéro : Gilles Bechet, Pierre Delagrange, Paola Peebles • Iconographie: Brian May • Maquette: RIF• Mise en page: Gherthrude Schiffon • Impression (sur papier recyclé non blanchi) : Remy Roto • Couverture: Une famille péruvienne de la commu-nauté indigène d’Occopampa, dans la région d’ Huancavelica. Le Pérou est en passe d’adopter une législation dépénalisant sous conditions l’avortement,premier pas dans la lutte contre la mortalité maternelle. Occopampa, 23 juin 2008. © Salud Sin Limites Peru

CHANGEMENT D’ADRESSE – ATTESTATION FISCALE – MODIFICATION, ANNULATION OU NOUVELLE COTISATION DE

MEMBRE/DONATEUR(TRICE)Madame Michele Ligot : [email protected]

je change d’adresse (inscrire uniquement la nouvelle adresse)Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . N° de membre: . . . . . . .Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . bte . . . . . . . . . .Code postal: . . . . . Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Oui, j'adhère aux objectifs d'Amnesty et souhaite devenir membre

Je répartis le montant de : ma cotisation de mon abonnement sur toutel’année en complétant ce coupon et en le renvoyant à Amnesty International, 9 rue Berck-mans à 1060 Bruxelles. Tout montant qui dépassera 14,87 e (prix de la cotisation oude l'abonnement), sera considéré comme un «don», et par là-même jouira de la déduc-tibilité fiscale pour autant que ce supplément soit de 30 e ou plus.Je verse tous les mois, au départ de mon compte n° . . . . . . . . . . – . . . . . . . . . . . . . . lasomme de : 6 e 10 e 20 e . . . . . . . . e (ou tout autre montant demon choix) au profit du compte 001-2000070-06 de Amnesty International à partirdu . . . . . . . . . . et jusqu’à nouvel ordre. Je conserve le droit d’annuler ou de modi-fier cet ordre à tout moment. ou je verse en une fois le mandat de . . . . . . . . . . . . . . au compte 001-2000070-06Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . bte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Profession: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Date: . . . . . . . . Signature:

Ne rien inscrire dans cette case s.v.p. (réservé à l'organisme bancaire)

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Le 25 octobre, les électeurs tunisiens étaient convoqués pourun double scrutin présidentiel et législatif. Comme decoutume depuis 22 ans, le président sortant, Zine el

Abidine Ben Ali, a été officiellement et triomphalement élu avec89,62% des voix), tandis que le parti présidentiel, le Rassemblementconstitutionnel (ou destourien) démocratique (RCD) a obtenu unevictoire écrasante en emportant 161 sièges sur 214 à la Chambre desdéputés, soit une victoire officielle de 75%. Zine el Abidine Ben Aliest arrivé au pouvoir en 1987, à la suite de ce que la population tuni-sienne, avec fatalisme et humour, avait qualifié de «coup d’Étatmédico-légal». En effet, voici 22 ans, le président Habib Bourguiba,qui régnait en «despote éclairé» sur la Tunisie depuis son indépen-dance en 1956, était destitué officiellement pour raisons de santépar celui à qui il avait (imprudemment) confié les charges depatron de la Sûreté nationale, de Premier ministre et de ministrede l’Intérieur.Depuis ce coup d’État, les autorités tunisiennes n’ont jamaisménagé leurs efforts sur la scène internationale pour présenter laTunisie comme une société ouverte et tolérante régie selon les règles

de l’État de droit. Or, une répression constante frappe les partis d’op-position qui sont systématiquement interdits ou entravés dans leursdroits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Des fonc-tionnaires ou des individus agissant pour le compte des autoritésfont subir aux détracteurs du gouvernement et aux défenseurs desdroits humains une surveillance oppressante, des menaces, desmanœuvres de harcèlement et des violences physiques. Quantaux médias, ils restent en grande partie la propriété de l’État ousous le contrôle ou l’influence de celui-ci, tandis qu’en critiquantle gouvernement ou en relayant les soupçons de corruption incri-minant les sphères du pouvoir, les rares journalistes indépendantsprennent également le risque de se faire harceler, intimider etemprisonner.Le 29 octobre, le journaliste et opposant éprouvé Taoufik Ben Brika été écroué pour la prétendue agression contre une Tunisienne,tandis que, la veille, le blogueur Slim Boukhdhir a été passé àtabac et momentanément enlevé par des inconnus. Quelquesheures auparavant, il avait eu le «tort» de répondre à une interviewde la BBC. Lors du lancement de sa campagne électorale, le11 octobre dernier, le président Ben Ali n’avait pourtant pas craintd’affirmer, entre autres déclarations solennelles, que, depuis sonaccession au pouvoir, il avait accordé aux droits humains «uneplace prépondérante dans [son] projet civilisationnel.»ePascal FenauxPour en savoir plus:Tunisie – Les violations des droits humains se poursuivent au nomde la sécurité (Index AI : MDE 30/010/2009)

L’ÉTOUFFOIRTUNISIEN

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Des barres de logements sociaux dans une ville de l’est du Kirghizistan. Karakol, juillet 2006. © HEMIS/Stefano Torrione

Appelons-la Akulaï. Elle a grandi durant lapériode post-soviétique et appartient à ceque certains appellent la «génération

perdue». Elle ne s’identifie ni à l’image de la femmesoviétique, athéiste et associée à l’idéologie commu-niste, ni à l’image de la femme de l’Ouest véhiculée parle cinéma, perçue comme sacrifiant sa famille à sacarrière. Akulaï ne se retrouve pas davantage dans lanouvelle société kirghize. Le manque d’opportunitééconomique et de sécurité sociale contraint Akulaï àenvisager l’avenir avec peu d’enthousiasme. Accéderau marché de l’emploi relève du parcours du combat-tant : en tant que femme, les salaires sont jusqu’à2,5 fois moins élevés que celui des hommes, lechômage touche davantage les femmes et unique-ment 17 % d’entre elles peuvent briguer de hautesfonctions dans l’administration. Quant à la participa-tion sociale de l’État en cas de maternité, cettedernière est modique : actuellement, il ne reste seule-ment que 26 % des jardins d’enfants ouverts et lesemployeurs refusent souvent d’engager des femmescar ils doivent contribuer en partie au congé de mater-nité. Sans oublier qu’une femme qui travaille coûtecher car son espérance de vie est plus longue.Akulaï est désenchantée. La société kirghize d’après la«Révolution des Tulipes», qu’on appelle démocratie, lafrustre. Elle ne se reconnaît du reste dans aucun despartis de la scène politique kirghize. Socialement,économiquement et culturellement cette société nerépond pas à ses attentes. Le fossé se creuse entre lapopulation et le gouvernement. Pour illustration,

l’arrestation d’une trentaine de militants du Hizb-ut-Tahrir (2), suite à l’annulation des festivités de la fin duRamadan de la bourgade de Naukat (Sud-ouest de larégion de Osh) en octobre 2008, a laissé les Kirghizespantois. Les 32 accusés, dont deux femmes, ont étécondamnés au terme d’un procès expéditif à delongues peines d’emprisonnement. Les villageoisn’ont compris ni l’interdiction d’une fête tradition-nelle ni la sévérité de la sentence. Pour legouvernement kirghize, les événements de Naukatsymbolisent l’amplification de la radicalisation reli-gieuse. La lutte contre l’islam radical est impérieuse.Dès lors, les femmes revêtant le hijab (foulard) ou leparanja (burqa kirghize) sont perçues comme unemenace. Depuis février 2009, le ministre de l’éducationa banni le hijab des écoles. Akulaï se dit que finale-ment ce n’est pas contre le terrorisme que legouvernement lutte, mais contre sa propre foi :l’islam. Cependant, Akukaï constate qu’autour d’elle, de plusen plus de femmes pieuses bénéficient d’un prestigeconsidérable au sein de leur famille et de leur commu-nauté, surtout quand elles enseignent le Coran. Alorscomme beaucoup de ses contemporaines, elle setourne vers l’islam, facilement accessible et sociale-ment approuvé. L’État kirghize n’a pas suffisammentpris conscience des aspirations religieuses de sa popu-lation (80 % de musulmans) et particulièrement desbesoins des femmes. Les groupes islamiques radicauxeux ont pris la relève pour pallier les manquementsde l’État.

Libertés ! Novembre 2009 3

A C T U E L

SRI LANKAENTRE ARMÉE ET MOUSSON250 000 Sri-Lankais enfermés par l´armée dansdes camps de réfugiés suite aux affrontementsentre Tamouls et gouvernement (qui ont prisfin en mai 2009) risquent de vivre un désastrehumanitaire à l’approche de la mousson. Enseptembre déjà, les camps surpeuplés avaientvu les fortes pluies déferler entre les tentes et lesimmondices rejetées par les égouts envahir lecamp. En plus de la privation de liberté, l´accèsdans les camps à la santé, la nourriture et l´eaucontinuent à poser problème. Déjà en mai, BanKi-Moon, secrétaire général de l’ONU déclaraitn´avoir «jamais vu de scènes aussi effroyables.»e

TCHAD REFUGES D’INFORTUNES’il est avéré que les femmes qui s’aventurent àl’extérieur des camps de réfugiés de l’est duTchad s’exposent à des harcèlements et des violsgénéralisés, il apparaît qu’elles ne sont pas plusen sécurité à l’intérieur des camps, malgré laprésence de l´ONU. Les femmes, jeunes filles etfillettes ayant dû fuir le Darfour vivent sous lamenace quotidienne de se faire violer ou desubir d’autres formes de violences tout aussisystématiques. Les auteurs sont autant lesmembres de leur famille ou d’autres réfugiésque le personnel des organisations humani-taires. e

IRANLE NETTOYAGE CONTINUELes premières condamnations à mort consécu-tives aux manifestations post-électorales de juinont été prononcées le 10 octobre, le jour mêmede la Journée mondiale contre la Peine de mort.L’Iran a annoncé deux condamnations à mortpour «lien avec des organisations interdites».L’un des condamnés est probablementMohammad Reza Ali Zamani, 37 ans. Cespeines font craindre le pire, dès lors que quelque140 personnes ont comparu devant le Tribunalrévolutionnaire de Téhéran pour avoir pris unepart active aux manifestations de juin et juillet.Les condamnés vont faire appel auprès de laCour suprême. e

RUSSIELA PALME DU COURAGELe Parlement européen a attribué ce 22 octobrele Prix Sakharov 2009 pour la Liberté de l’esprità l’ONG russe Memorial de défense des droitshumains dans les États post-soviétiques et faitrégulièrement les frais de pressions. Sa repré-sentante à Grozny, Natalia Estemirova, a ététuée en juillet. Le prix a été décerné à Memorial«au nom de tous les autres défenseurs des droitsde l’homme en Russie». e

URUGUAYAMNISTIE RECONDUITEL’Uruguay a voté par référendum contre l’annu-lation de la loi «d’amnistie» des crimes de ladictature (1973-1985). Quelque 48 % desUruguayens ont voté en faveur de cette annula-tion, ne franchissant pas la barre des 50% requispour l’adoption de la proposition qui auraitpermis de poursuivre les militaires et policierscoupables de violations des droits humainspendant cette période. Jusqu’à présent, seuls 10responsables ont été condamnés pour des exac-tions commises durant la dictature. e

KIRGHIZISTAN

L’ISLAM «AUTHENTIQUE»COMME UNIQUE HORIZONAu Kirghizistan, le radicalisme islamique devient le refuge de la population féminine délaissée etignorée dans ses aspirations par l’État. C’est le constat d’un récent rapport de l’InternationalCrisis Group (1).

Page 4: Libertés! Novembre 2009

Des écolières passent devant un mur recouvert du graffiti : «Dadis, on ne peut pas tromper tout un peuple.» Conakry, 22 octobre 2009. © AFP PHOTO/Sia Kambou

L’INSOLITE

A C T U E L

Le Hizb-ut-Tahrir (HT) offre ce qu’une théologienne appelle«un point de référence continu». Il propose des solu-tions concrètes aux problèmes des femmes Kirghizestelles les injustices et discriminations sociales ainsi quela désintégration des services sociaux. Hizb-ut-Tahrirencense la vision traditionnelle et patriarcale de lafamille. Il prône le retour à l’islam des origines etprésente ce dernier comme seule issue possible à lacrise sociale et économique de la société kirghize. Hizb-ut-Tahrir a développé une véritable stratégie de recru-tement de ses membres féminins. Dans les régionsrurales, celui-ci se fait via la famille, le voisinage et lorsdes événements familiaux ; les épouses de membres duHT sont recrutées par leur mari, volontairement ou deforce. Certaines activistes «hizbistes» organisent chezelles leur propre «jamaat» (groupe) de voisinage où ellesdiscutent de leurs préoccupations quotidiennes. Béné-ficiant souvent de la réputation de bonnes enseignantesdu coran, leurs salons font fureur. On retrouve égalementles femmes militantes à l’œuvre lors de mariages oud’enterrements. Elles savent réconforter les veuves et lescélibataires en parlant de l’islam.Dans les villes, les madrasas (écoles coraniques) pourfemmes ainsi que les bazars sont les lieux principaux derecrutement. Maintes femmes activistes travaillent dansles bazars et en profitent pour discuter avec leursclientes ou leurs collègues. Les militantes «hizbistes»sont entreprenantes dans les rues alors que les mollahsrestent à la maison. Akulaï fréquente quant à elle une

madrasa ; en ville, il s’agit de l’équivalent des «jamaat»de la campagne. Les madrasas regorgent de femmesmusulmanes croyantes et assoiffées de réponses à leursquestions existentielles ou tout simplement du quoti-dien. Akulaï trouve enfin un environnement auquelelle peut s’identifier. Elle a rejoint, suivant les sources,les 800 à 2000 femmes «hizbistes» ; ce qui représente 8à 10 % des membres du Hizb-ut-Tahrir. Alors commenceson initiation via une cellule appelée «halqa» (cercle)consacrée à l’instruction religieuse par des femmes acti-vistes jusqu’au moment où l’étudiante devient unemusulmane «authentique», capable de voir le monde àtravers le prisme «hizbiste».Jusqu’à présent, l’implication des femmes dans lemouvement HT se réduit au cercle familial et commu-nautaire et leurs activités se concentrent sur l’éducationet le recrutement d’autres militantes. Toutefois à longterme, une génération éduquée dans le discours«hizbiste» risque de s’imposer. Le défi des autoritéskirghizes réside davantage dans l’intégration sociopoli-tique et religieuse de sa population féminine que dansun renforcement des lois pour contrer le terrorismeislamique. Au fond, c’est tout ce qu’Akulaï demande. eVéronique Druant

(1) Woman and Radicalisation in Kyrgyztan, Crisis Group Asia ReportN°176, 3 septembre 2009.(2) Le Hizb-ut-Tahrir (Parti de la Libération) est une organisation quimilite pour la création d’un califat en Asie centrale. Cette organisa-tion est bannie au Kirghizistan.

4 Libertés ! Novembre 2009

Avec plus de 157 morts, la répression qui s’est abattue contre les participantsà une manifestation de l’opposition, le 28 septembre 2009 dans le Stadedu 28 Septembre de Conakry, est d’ores et déjà considérée comme l’un des

pires carnages commis en une seule journée depuis un quart de siècle dans ce paysd’Afrique de l’Ouest, dirigé depuis son indépendance en 1958 par des militaireset où l’armée est régulièrement accusée de graves exactions. De son côté, une sourcepolicière ne parle «que» de 87 personnes tuées. Non contentes de tirer sur lafoule, les forces de sécurité se seraient également livrées ensuite à de véritablesscènes de barbarie, dont de multiples viols.Dans les heures et jours qui ont suivi cette répression, des forces de sécuritécomprenant des membres du Bataillon autonome des Troupes aéroportées (BATA)et de la garde présidentielle (les «Bérets rouges») ont ratissé plusieurs quartiers dela capitale Conakry connus pour leur opposition à la junte au pouvoir. Despersonnes ont été arrêtées chez elles ou dans la rue. Certaines ont été frappées,puis mises dans des coffres de véhicules par des militaires et ont depuis lorsdisparu. D’autres enfin ont été victimes d’exécutions extrajudiciaires à l’arme àfeu et à l’arme blanche. Plusieurs cadavres remis à leurs familles par les autoritésportent des marques de torture.Par ailleurs, Amnesty International est très préoccupée par le sort du lieutenantMohamed Lamine Diallo, âgé de trente-sept ans, arrêté à la caserne militaireAlpha Yaya à Conakry, le 7 octobre 2009, par des membres du Bataillon autonomedes troupes aéroportées (BATA). Depuis lors, personne n’a pu l’approcher et l’onignore l’endroit où il est détenu. Amnesty International craint pour sa sécurité etsa vie car, dans le passé, un certain nombre de soldats ont été torturés en déten-tion. Depuis l’arrivée au pouvoir du chef de la junte, Daddis Camara, en décembre2008, plusieurs soldats ont été arrêtés et au moins 11 se trouvent encore actuel-

F O C U S

lement incarcérés au secret et sans inculpation dans un lieu de détention situé surl’île de Kassa, à l’ouest de Conakry. Amnesty International a appelé à l’établissement d’une enquête internationale,ainsi qu’à la cessation immédiate de tout approvisionnement du gouvernementguinéen en matériels de sécurité et de police susceptibles d’être utilisés pourcommettre des violations graves des droits humains, et ce, tant que le gouverne-ment guinéen n’aura pas mis en place des mesures concrètes visant à prévenir detelles atteintes par les forces de sécurité et à traduire en justice les responsablesde ces actes.Le 27 octobre, la présidence suédoise de l’Union européenne a annoncé que lesministres des Affaires étrangères de l’UE avaient décrété des sanctions ciblées (gelsd’avoirs, interdictions de visas, etc) à l’encontre du CNDD (Conseil national pourla Démocratie et le Développement, junte au pouvoir) et un embargo sur lesarmes a indiqué la présidence suédoise de l’UE. eP.F.

Fin septembre, une manifestation interdite mais pacifique étaitsauvagement réprimée par les forces de sécurité guinéennes et le bilanle plus prudent fait était de la mort de plus de 150 personnes. Depuis, larépression se poursuit à l’abri des regards, tandis que l’UE a décrété unembargo sur les armes à destination de ce petit État africain.

UN ŒIL NOIR TE REGARDEUn nouveau jeu en ligne devrait bientôtpermettre de signaler des délits en se connec-tant au réseau de caméras de surveillancebritannique CCTV. Les joueurs qui contribue-ront à l’arrestation du plus grand nombre demalfaiteurs gagneront jusqu’à 1 000 livrespar mois [1100 euros]. Le site d’Internet Eyescomportera également une galerie où figure-ront les photos des supposés «criminels», ainsique la liste de leurs délits et le nom de l’inter-naute qui aura permis leur capture. Si lesONG de défense des droits humains hurlent,Tony Morgan, créateur du concept et ancienpropriétaire de restaurant, estime, lui, que sonservice offrira une protection aux commerceslocaux contre les petits délinquants et que laprésence ostentatoire de panneaux «InternetEyes Are Watching You» aura un effet dissuasif.Le service sera facturé 20 livres [22 euros] parsemaine et par caméra à ses utilisateurs(commerçants, autorités locales ou mêmecommissariats de police). Au final, le systèmepourrait générer des milliers de livres chaqueannée… e© Daily Mail

RÉPUBLIQUE DE GUINÉE

CARNAGE TROPICAL

Page 5: Libertés! Novembre 2009

Lancement de la Caravane contre la Mortalité maternelle dans la capitale sierra-léonaise. Freetown, 22 septembre 2009. © Philippe Hensmans

Libertés ! Novembre 2009 5

D O S S I E R

Fin mai 2009, Amnesty

International lançait la

campagne « Exigeons la Dignité»

(Demand Dignity). Au menu,

5 thématiques: la mortalité

maternelle, les bidonvilles, la

responsabilité des entreprises,

les discriminations et la mise en

œuvre de tous les

instrumentents juridiques

internationaux pour faire

respecter les droits politiques,

civils, sociaux, économiques et

culturels. Depuis ce lancement,

beaucoup d’eau a coulé sous les

ponts, tandis que, outre la sortie

d’un ouvrage de sa secrétaire

générale Irene Khan, The

Unheard Truth, AI a multiplié les

missions et les publications de

rapports sur la Sierra Leone, le

Nigeria, les Territoires

palestiniens occupés, la Turquie,

la Corée du Sud, etc. En Belgique,

la campagne se poursuit

également, avec plusieurs

initiatives telle que la récolte de

voix aux quatre coins du pays, la

distribution de dazibaos dans les

gares, ainsi que la présentation

de deux initiatives d’action et de

campagne électroniques: le pixel

art et l’action « 1 million de clics

contre la misère». Ce dossier se

veut un aperçu en temps réel de

la campagne « Exigeons la

Dignité», une partie de

campagne en quelque sorte.

DES INITIATIVES SUR TOUSLES CONTINENTSLancée voici cinq mois par Amnesty International, la campagne «Exigeons la Dignité» poursuit sonbonhomme de chemin, sans mauvais jeu de mots.

Le 22 septembre dernier, la secrétaire générale d’Am-nesty International, Irene Khan, à la tête d’unemission d’AI à laquelle participait également le

directeur d’AIBF, Philippe Hensmans, a donné à Freetownle signal de départ à la caravane d’Amnesty Internationaldestinée à sensibiliser la population sierra-leonaise aufait que le problème des décès liés à la maternité relève desdroits humains en SIERRA LEONE et pour demanderau gouvernement sierra-léonais une amélioration desservices de santé dans le pays. Ce fléau ravage particuliè-rement ce petit État d’Afrique subsaharienne déjàlourdement frappé par une guerre civile atroce qui, de1991 à 2002, fit quelque 100 000 morts et provoqua ledéplacement forcé de plus de 2 millions de personnes.

Le rapport qui accompagnait cette action, Out of Reach: TheCost of Maternal Health in Sierra Leone (Index AI : AFR51/005/2009) (1), se fonde sur des témoignages personnelsqui montrent que de nombreuses femmes et jeunes fillesne peuvent pas bénéficier de soins qui leur sauveraient lavie parce qu’elles sont trop pauvres pour se les payer.Ainsi, en Sierra Leone, une femme sur huit risque demourir pendant la grossesse ou l’accouchement. Il s’agitde l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés aumonde. Des milliers de femmes meurent d’hémorragieaprès l’accouchement. La plupart meurent chez elles.Certaines meurent en se rendant à l’hôpital, en taxi, enmotocyclette ou à pied. En Sierra Leone, moins de lamoitié des naissances se passent en présence d’une accou-

PARTIES DE CAMPAGNE

Page 6: Libertés! Novembre 2009

droits civils et politiques. «Nous ne pouvons aborder les droits humains de façon frac-tionnée ou incomplète si nous voulons résoudre la question de la pauvreté. Il est aussiimportant d’exiger le droit à la participation que d’affecter les ressources nécessairesà la satisfaction de besoins essentiels comme la nourriture, la santé et le logement. Laprotection des personnes contre la violence est tout aussi décisive que la fin de ladiscrimination. Pour réduire la mortalité maternelle, il faut un meilleur suivi sanitaire,mais il faut aussi améliorer la condition des femmes.»

EXPULSIONSAprès la sortie le 30 juin 2009 d’un épais rapport consacré à l’industrie pétro-lière du Delta du Niger (voir Libertés ! n°456 de septembre 2009), laquelle nesignifie pour la majorité des habitants que paupérisation et violence, leNIGERIA a fait également l’objet d’une action à l’occasion de la Journéemondiale de l’Habitat du 5 octobre 2009. Cette action était consacrée auxviolations massives et systématiques du droit au logement dans ce pays. Ainsi,sur l’ensemble du territoire nigérian, plus de deux millions de personnes ontété expulsées de chez elles depuis le début du XXIe siècle. La plupart d’entreelles étaient déjà marginalisées et beaucoup vivaient depuis des annéessans avoir accès à une eau potable, à un système sanitaire correct, à desservices de santé dignes de ce nom ou encore à l’enseignement. En 2006, leNigeria a été désigné par le Centre sur les droits au logement et les expulsions,basé à Genève, comme étant l’un des trois pays où les autorités bafouent leplus les droits au logement.Aujourd’hui, les expulsions se poursuivent de plus belle dans tout le pays.Pour la seule capitale, Abuja, on estime à environ 800 000 le nombre depersonnes qui ont été forcées de quitter leur domicile depuis 2003. De maià juillet 2008, des expulsions ont eu lieu presque toutes les semaines àLagos. Certains groupes ont connu à cette époque leur troisième déplacementforcé. À Port Harcourt, capitale de l’État de Rivers et ville la plus peuplée dudelta du Niger,les pouvoirs publics procèdent à des expulsions massives lelong des berges, alors que le gouvernement de l’État avait promis qu’aucunemesure de ce type n’aurait lieu. Des milliers de personnes risquent ainsi dese retrouver sans abri.

DISCRIMINATIONSLa CORÉE DU SUD est un autre pays couvert par la campagne «Exigeons laDignité». En effet, bien que des dispositions réglementaires destinées àprotéger leurs droits aient été adoptées, un grand nombre de travailleursmigrants y sont brutalisés, soumis à la traite à des fins d’exploitationsexuelle et privés de salaire durant de longues périodes, écrit Amnesty Inter-national dans un nouveau rapport. Dans un rapport de 98 pages (3),l’organisation présente des informations montrant que les migrantstravaillent souvent sur de grosses machines et avec des produits chimiquesdangereux, sans équipement de protection et en n’ayant pas été suffisammentformés pour ces tâches. Ils sont davantage exposés aux accidents du travail,

qui se révèlent parfois mortels, et sont moins rému-nérés que leurs collègues sud-coréens.Bien que la Corée du Sud ait été l’un des premierspays d’Asie à inscrire dans la législation les droits destravailleurs migrants et à accorder à ces personnesun statut identique à celui des travailleurs locaux,cinq ans après l’entrée en vigueur du système relatifaux permis de travail, un grand nombre des 220000migrants restent dans une situation difficile et sonttoujours victimes de violations de leurs droits. Pourtenir sa promesse de réduire ce chiffre de moitié d’icià 2012, le gouvernement sud-coréen a déclenchéune action massive, et parfois violente, contre lestravailleurs migrants. Les fonctionnaires de l’immi-gration et les policiers sont accusés de parfois agiren dehors du cadre légal et recourir à une forceexcessive contre les étrangers.Enfin, le 27 octobre, Amnesty International a publiéun rapport(4) accusant ISRAËL de priver les PALES-TINIENS de leur droit d’accéder à une eau suffisanteen poursuivant une politique discriminatoire quilimite abusivement l’accès à l’eau dans les terri-toires palestiniens occupés et empêche lesPalestiniens de mettre en place un réseau de distri-bution efficace. Israël ne laisse les Palestiniens

cheuse compétente et moins d’un accouchementsur cinq a lieu dans un établissement de santé.La date du 22 septembre n’avait pas été choisie auhasard car, au moment même, les dirigeants de laplanète se réunissaient à New York pour discuterde l’accroissement du financement des soins desanté dans les pays en voie de développement. Cepen-dant, a déclaré Irene Khan à Freetown, «l’argentsupplémentaire ne résoudra pas à lui seul le problème. EnSierra Leone, la tragédie terrible de la mortalité maternelletrouve en effet ses origines dans la discrimination dont lesfemmes font l’objet et dans le statut social dévalorisé qui estle leur. Dans ce pays, les filles sont contraintes de se mariertrès jeunes, sont exclues des écoles et subissent la violencesexuelle. Or, les besoins des femmes en matière de santé ne

sont pas considérés comme prioritaires par les familles, les dirigeants communau-taires et le gouvernement.»Toujours en lien avec la mortalité maternelle ou les droits sexuels et repro-ductifs, Amnesty International a salué les autorités du PÉROU et les aencouragées à poursuivre leurs efforts en faveur de la dépénalisation de l’avor-tement dans le pays. Le retrait des sanctions pénales devrait contribuer àempêcher que des femmes et des jeunes filles vivent dans l’angoisse et nemettent leur vie en danger en recherchant des traitements clandestins à l’issueincertaine, et sans suivi médical adapté, tout en courant le risque d’être incar-cérées si elles sont découvertes .

UNE VÉRITÉ PASSÉE SOUS SILENCEPar ailleurs, la secrétaire générale d’AI a mis à profit le 17 octobre, date dela Journée internationale pour l’Élimination de la pauvreté, pour appeler lesdirigeants politiques internationaux à modifier leur approche de la pauvreté.Alors que ce débat se focalise généralement sur les questions économiques,il ne s’intéresse que peu aux problèmes sociaux liés directement et indirec-tement aux droits humains, des droits humains dont les violations plongentet retiennent les populations dans la pauvreté. Pour Irene Khan, «la discrimi-nation, la répression exercée par les autorités, la corruption, l’insécurité, la violence sontdes caractéristiques de la pauvreté, tout autant que l’absence de ressources matérielles.Ces problèmes de droits humains ne peuvent pas être résolus en augmentant simplementles revenus.»Promouvant à New York la sortie de son livre intitulé The Unheard Truth: Povertyand Human Rights (2), un ouvrage salué par le secrétaire général de l’ONU, BanKi-moon, qui considère qu’il s’inscrit parfaitement dans le cadre des Objec-tifs du Millénaire pour le développement. Dans ce livre, non encore traduiten français, Irene Khan soutient qu’il est nécessaire, pour éliminer la pauv-reté, que les droits économiques, sociaux et culturels (par exemple les droitsà la santé, à l’éducation ou au logement) soient respectés tout autant que les

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6 Libertés ! Novembre 2009

jDes migrantes chinoises d’ethnie coréenne dans un refuge pour femmes. Séoul, novembre 2008. © AI

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Libertés ! Novembre 2009 7

La campagne «Exigeons la Dignité» sedéroule également sur la Toile et utilise touteune série de ressources numériques, dont lepixel art.

Le visuel des pages 8 et 9 peut sembler incom-préhensible, voire incongru. Il s’intègrepourtant dans la campagne «Exigeons la

Dignité» et a déjà été distribué à plusieurs dizaines demilliers d’exemplaires sous la forme d’un dazibaodans toutes les grandes gares de Bruxelles, de Flandreet de Wallonie. Sous des dehors approximatifs, cevisuel est en fait un pixel art. Le pixel étant l’unité desurface minimale d’une image numérique, le pixel art(ou «art du pixel») désigne la réalisation d’une compo-

sition numérique (ou d’une image numérique) pixelpar pixel, en utilisant un nombre volontairementlimité de couleurs. Des groupes d’artistes se sont rendus célèbres encomposant pixel par pixel de véritables villes, deslogos, scènes de vies. Pour Amnesty International,les plus célèbres d’entre eux, les Studios Eboy, ontréalisé un pixel art qui tente de rendre compte detoutes les formes de violations des droits humains quepeut entraîner la pauvreté.Pour Amnesty, le pixel art est une forme artistiquecomme une autre, mais dont la modernitécorrespond à son message et son slogan : «La misèreest moderne». Nous n’en avons pas fini avec la pauv-reté, la misère et malgré les efforts surhumains faitspour la cacher, Amnesty et d’autres ONG spécialistes

dans ce domaine depuis longtemps, tentent de lamettre au jour pour mieux la combattre.C’est le sens du site Internet créé à cet effet, le«1 million de clics contre la misère», qui masque lepixel art et invite les internautes à cliquer sur l’écrannoir pour, petit à petit, pixel par pixel, faire apparaîtreles scènes les plus «emblématiques» ou «caricatu-rales» de violations des droits humains. Ces dizainesde scènes composent l’image numérique du pixel art.Au fur et à mesure de votre progression, différentesinformations et actions vous sont proposées et vousêtes renvoyés vers notre site Internet principal. eBrian MayPour en savoir plus:http://www.amnestyinternational.be/doc/http://1milliondeclicscontrelamisere.org/

utiliser qu’une faible quantité des ressources communes en eau, qui sesituent principalement en Cisjordanie occupée, alors que les colonies israé-liennes y bénéficient d’un approvisionnement quasi illimité. De même,dans la bande de Gaza, le blocus israélien n’a fait qu’aggraver une situationdéjà catastrophique.Israël utilise plus de 80 % de l’eau provenant de l’aquifère de montagne,principale source souterraine en Israël et dans les territoires palestiniensoccupés, tout en limitant à seulement 20% la consommation des Palestiniens.Or, il s’agit de l’unique source d’eau pour les Palestiniens en Cisjordanie, alorsqu’Israël dispose de plusieurs sources d’approvisionnement et utilise toutel’eau disponible du Jourdain. Tandis que la consommation d’eau des Pales-tiniens s’élève à peine à 70 litres par personne et par jour, celle des Israéliensdépasse 300 litres par jour, soit quatre fois plus. Dans certaines zones rurales,les Palestiniens survivent avec à peine 20 litres par jour, le minimum recom-mandé pour un usage domestique en situation d’urgence. Quelque 180 000à 200 000 Palestiniens vivant dans des zones rurales n’ont pas accès à l’eaucourante et l’armée israélienne les empêche souvent de recueillir l’eau depluie.Par ailleurs, les limitations sur les déplacements dans les territoires palesti-niens occupés accentuent les difficultés que rencontrent les Palestinienspour mettre sur pied des projets relatifs aux réseaux d’eau et d’assainissementou simplement pour distribuer de petites quantités d’eau. Dans la bande deGaza, l’aquifère côtier, unique source d’eau, est contaminé à 90 à 95 % etimpropre à la consommation.Israël s’est approprié de vastes secteurs des terres palestiniennes occupéesriches en eau, interdisant aux Palestiniens d’y accéder. Il a en outre instauréun système complexe de permis que les Palestiniens sont tenus d’obtenir del’armée israélienne et de certaines autorités pour mener à bien des projetshydrauliques dans les territoires palestiniens occupés. Bien souvent, leursdemandes sont rejetées ou retardées. Dès lors, les colons israéliens, établis enCisjordanie en violation du droit international, ont recours à l’irrigation inten-sive pour leurs cultures et disposent de jardins luxuriants et de piscines.Quelque 450000 colons utilisent autant d’eau, sinon plus, que l’ensemble dela population palestinienne estimée à 2,3 millions.Enfin, les mois de novembre et décembre, la Belgique sera également le lieude plusieurs actions menées dans le cadre de la campagne «Exigeons laDignité», comme on le verra dans les pages Mouvement de ce numéro (p.10-12). ePascal Fenaux

(1) Une synthèse, couplée à une proposition d’action, existe en français : Des vies écourtées (IndexAI : AFR 51/001/2009).(2) The Unheard Truth : Poverty and Human Rights, W. W. Norton & Co, 272 p.(3) South Korea : Disposable Labour : Rights of migrant workers in South Korea (Index AI : ASA25/001/2009).(4) Israel/Occupied Palestinian Territories : Demand Dignity : Troubled waters – Palestinians denied fair accessto water (Index AI : MDE 15/027/2009).

POUR FAIRE DISPARAÎTRE LA MISÈRE, IL FAUT D’ABORD LA VOIR

lUne citerne et des vergers détruits près d’Hébron. Beit Ula, mai 2008. © AI

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M O U V E M E N T

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FORMATIONS

LES FORMATIONS DE NOVEMBRE

14 novembre de 09h00 à 13h00Les droits des femmes (BXL)

14 novembre de 09h30 à 12h30Découvrir et s’orienter au sein d’Amnesty (BXL)

21 novembre de 09h30 à 16h30Mission et fonctionnement d’Amnesty (BXL)

21 novembre de 10h00 à 16h30Homosexualités et droits humains (BXL)

28 novembre de 09h00 à 14h00La lutte contre l’impunité (BXL)

Pour vous y inscrire et obtenir des détails concer-nant le contenu des modules, rendez-vous sur notresite internet : http://www.amnesty.be/formations ePour tout renseignement, envoyez-nous un e-mail à [email protected] ou téléphonez-nous au 02 538 81 77, depréférence les mardi, jeudi et vendredi.

DEVENEZ FORMATEUR/TRICE BÉNÉVOLE POUR AMNESTY

Nos formateurs conçoivent et animent des forma-tions destinées à accroître les connaissances etdévelopper les compétences de nos membres etsympathisants en matière de défense des droitshumains. En collaboration avec des permanentsou bénévoles qui maîtrisent les sujets traités parAmnesty, les formateurs veilleront à ce que la miseen forme des différents modules permette aumouvement d’atteindre ses objectifs pédagogiques.Vous obtiendrez des informations complémentairessur nos formations actuelles à cette adresse :www.amnesty.be/formations

LE PROFIL RECHERCHÉ? De la motivation pourla défense des droits humains et de l’intérêt pour letravail d’Amnesty; des aptitudes pédagogiques et, sipossible, une expérience en formation d’adultes ;être en mesure de concevoir des formations et d’uti-liser différents outils de communication et/oud’apprentissage ; des capacités d’écoute, d’analyseet de synthèse ; des cmpétences en prise de paroleen public et en gestion de groupes LES DISPONIBILITÉS DEMANDÉES ? Plusieurssoirées et samedis sur l’année à partir de janvier2010. Fréquence à définir, en partie, selon vos possi-bilités.LE LIEU DE TRAVAIL? Essentiellement à Bruxelles,avec des déplacements occasionnels à prévoir égale-ment dans la partie francophone du pays. e

Intéressé(e) ? Merci de bien vouloir nous envoyer votre CVainsi qu’une lettre de motivation, pour le 15 novembre auplus tard, par e-mail à [email protected] ou par courrier àl’adresse suivante : Amnesty International Belgique franco-phone, à l’attention de Sophie Ypersiel, Service Formations,Rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles.

Les mois de septembre et octobre ont été riches en évènements militants et enactions symboliques pour la section belge francophone d’Amnesty. Le 30 septembre,plusieurs centaines de personnes ont ainsi nettoyé symboliquement le trottoir

devant le siège central de SHELL à Bruxelles. AI a ainsi voulu placer l’entreprise pétrolièredevant ses responsabilités au vu des violations des droits humains et la pollutionenvironnementale au NIGERIA, comme le démontre le rapport Nigeria. Petroleum,pollution and poverty in the Niger Delta (Index AI : AFR 44/017/2009). Les employés de Shellont reçu un exemplaire du dernier rapport d’Amnesty sur le sujet. Nommé président deShell le 1er juillet, Peter Voser a reçu d’Amnesty le rapport sur le delta du Niger et lui avaitdemandé l’assainissement des régions touchées, avec comme priorité la dépollution et laconsultation des populations locales. Amnesty avait alors demandé à Peter Voserd’accomplir un premier geste durant les 100 premiers jours de son mandat, périodeprobatoire dont la fin a été marquée par cette action symbolique.

Le 10 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale contre la PEINE DE MORT, AIBF et AIVL,les sections francophone et flamande d’AI, ont mené une action symbolique devant lacathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles. Une cinquantaine d’activistes des droitshumains munis de parapluies ont formé le mot «No», à côté du dessin d’une corde portéeà bras le corps. Certes, ont rappelé les membres d’Amnesty, de plus en plus de paysabolissent la peine de mort et, aujourd’hui, 139 pays sont actuellement abolitionnistes endroit ou en fait. Néanmoins, il reste du pain sur la planche et la situation dans plusieurspays aurait même tendance à se dramatiser, comme en Iran, par exemple. Lesmanifestants ont à cet égard souligné leur slogan «No» en brandissant les drapeaux des5 États qui recourent le plus à la peine de mort – la Chine, les États-Unis, l’Iran, l’Irak etl’Arabie saoudite – et celui du dernier État européen à encore la pratiquer : le Bélarus.Enfin, Dave Atwood, fondateur de la Texas Coalition to Abolish the Death Penalty, étaitégalement de la partie et a témoigné sur les exécutions au Texas.

M I L I T A N T I S M E

EN AUTOMNE,LES ACTIONS SERAMASSENT À LA PELLE

lÀ l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, des membres d’Amnesty Internationalforment le slogan «No» au bas de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule et d’autres brandissent lesdrapeaux du Bélarus, de la Chine, des États-Unis, de l’Iran, de l’Irak et de l’Arabie saoudite. Bruxelles,10 octobre 2009. © Clinckemaille Michel

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CERCLE PETERBENENSON3 DÉCEMBRE – LIÈGEDOCUMENTAIRE: «VICTOR»TÉMOIGNAGES D’ARGENTINE

En Argentine, entre 1976 et1983, la dictature militaire fait«disparaître» environ 30 000personnes. Victor Basterra estl’un des rares survivants duplus grand camp clandestin de détention durégime: l’ESMA. Après six mois de torture, il acceptede prendre des photos d’identité. Depuis le retourde l’Argentine à la démocratie, ces clichés consti-tuent des preuves majeures contre les militaires etleurs complices.La projection du documentaire sera suivie d’uneinterview des réalisatrices Cécile et Alice Vers-traeten, ainsi que de Victor Basterra (à confirmer).eÀ 20h00 au Cinéma Le Parc, rue Paul-Joseph Carpay 22, 4020LiègePrix : 5 e pour les membres d’Amnesty (au lieu de 6 e)Réservation auprès d’Ingrid Plancqueel([email protected] ou 02 538 81 77)

LOIN DE CORPUS CHRISTIDU 28 NOVEMBRE AU 18 DÉCEMBRE – BRUXELLES

À l’occasion du 20e

anniversaire de ladisparition du Murde Berlin, le Théâtredu Rideau deBruxelles présente sanouvelle création,Loin de Corpus Christi,qui recueille à sontour quelques miettesdu mur, des bribes dece passé proche quine peut tomber enpoussière. Entremê-lant les destinées etles époques, l’auteur de la pièce, ChristophePellet, ne se heurte pas qu’au seul Mur dans cettefresque qui court sur tout le XXe siècle. Du maccar-thysme à l’ouverture des archives de la STASI, ilmet en scène 3 protagonistes qui se cherchent àtravers les décennies et les écrans de cinéma, là oùles grandes et petites histoires se dévoilent. eDu 28 novembre au 18 décembre 2009 à 20h30.Au Théâtre Le Marni, rue de Vergnies 25, 1050 Bruxelles(Ixelles)Prix : de 8 à 20 eRéservations : www.rideaudebruxelles.be ou 02 507 83 61

10 X 2 places sont offertes aux membres d’Am-nesty et lecteurs de Libertés ! Ces places sontvalables pour la PREMIÈRE du spectacle, le28 novembre, sur simple présentation d’un cartond’invitation. Pour obtenir ce dernier, il suffit d’en-voyer un e-mail à [email protected] avec la mention«Corpus Christi».

iLes balayeurs

d’Amnestyespèrent qu’après

avoir reçu lerapport d’AI sur le

delta du Niger,Peter Voser

répondra à leurdemande des’engager en

faveur del’assainissement

des régionstouchées parl’exploitation

pétrolière.Bruxelles,

30 septembre2009.

© AIBF

lL’opération de balayage était une initiative commune de la section francophone (AIBF) et de la sectionflamande (AIVL) d’Amnesty. Bruxelles, 30 septembre 2009. © AIBF

jLes militantsd’Amnesty sepréparent àbalayer le trottoirdevant le siègesocial de la SABelgian Shell àIxelles, pourdénoncer l’impactnégatif del’exploitationpétrolière auNigeria sur le plandes droitshumains. Bruxelles,30 septembre2009. © AIBF

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Un jeune homme souffrant de la cataracte face à un plan d’eau contaminée. Bhopal,janvier 2007. © Andy Spyra

12 Libertés ! Novembre 2009

M O U V E M E N T

Le 2 décembre 1984, peu avant minuit, une fuite de40 tonnes d’acide cyanhydrique dans l’atmosphèrede cette ville de l’Inde s’était produite dans l’usine

de pesticides de la société Union Carbide à Bhopal, dans lecentre de l’Inde. Près d’un demi million de personnes yavaient été exposées. Au total, ce sont entre 7000 et 10000personnes qui sont mortes peu après l’accident et 15 000autres au cours des vingt années qui ont suivi.Un quart de siècle s’est depuis écoulé, mais le site del’usine n’a toujours pas été décontaminé. Plus de 100 000personnes continuent de souffrir de problèmes de santé.Les mesures qui ont été prises pour venir en aide auxvictimes – soins médicaux et initiatives visant à faire faceaux conséquences socio-économiques de la fuite deproduits chimiques – ont été très insuffisantes par rapportaux besoins. Un grand nombre de personnes touchées par cette cata-strophe attendent toujours une réparation convenabletandis que la fuite et ses répercussions n’ont toujours pasfait l’objet d’enquêtes exhaustives. Personne n’a jamais euà répondre de ce qui est arrivé à Bhopal, et les initiativesprises par des associations de victimes pour obtenir justiceet réparation par le biais des tribunaux indiens et améri-cains n’ont toujours pas abouti. Quatre ans après la catastrophe, le gouvernement indienet Union Carbide étaient certes parvenus à un règlementà l’amiable prévoyant une indemnisation de 470 millionsde dollars des États-Unis (quelque 350 millions d’eurosau taux moyen). La Cour suprême avait confirmé l’arran-gement bien que les victimes, des groupes de la sociétécivile et d’autres personnes eurent considéré le montantinsuffisant. Et pourtant, malgré cela, les survivants qui ontessayé de toucher ces indemnisations se sont heurtés à denombreux d’obstacles comme la corruption, de longs

BHOPAL

25 ANS D’INJUSTICE

Dans le cadre de son projet mondial de récolte de voix, Amnesty International essaie de rassembler un maximumde réponses à la question : «Que signifie, pour vous, vivre dans la dignité ?» Les réponses, sonores, filmées, ou écrites(avec ou sans photo) sont postées sur www.amnesty.be/dignite.

Vous pouvez aussi poster directement votre réponse sur le site d’AIBF, à l’adresse : www.amnestyinternational.be/doc/article15041.html. L’enregistrement et la retranscription de ces milliers de témoignages, sontdestinés à être portés devant des responsables politiques durant la campagne, comme une pétition mondiale pour lerespect de la dignité. Le but est que les témoignages que nous récoltons soient transmis et répercutés à l’opinion publique,aux médias et aux instances politiques nationales et internationales, afin de contribuer à réduire le nombre desatteintes aux droits fondamentaux. e

délais de versement et le refus d’accès à des mécanismesappropriés d’appel.Le gouvernement indien néglige depuis 25 ans ses devoirsà l’égard de la population de Bhopal. Les diversespromesses qui ont été faites n’ont pas été respectées etaucune mesure satisfaisante n’a jamais été prise pourfaire face aux répercussions de la fuite de gaz toxique.Alors que les habitants de Bhopal doivent lutter pourpouvoir avoir accès ne serait-ce qu’à de l’eau salubre, lesentreprises impliquées se sont soustraites à leurs respon-sabilités et ont entravé les démarches entreprises par lesvictimes pour obtenir réparation.Le 2 décembre 2009, les habitants de Bhopal marquerontle 25e anniversaire de cette catastrophe. Amnesty Interna-tional se joindra à eux pour attirer l’attention sur lesgraves conséquences que cette fuite, qui remonte à 1984,continue d’avoir en termes de droits humains. Amnesty International accueillera le «Bhopal Bus», unautobus qui sillonne l’Europe et qui, en Belgique, aprèsavoir fait escale le 30 novembre à l’UGent (Université deGand), s’arrêtera le 1er décembre à l’ULB (Université librede Bruxelles), à l’avenue Paul Héger, sur le campus duSolbosch. eLE 2 DÉCEMBRE 2009 : MANIFESTATIONBHOPAL – METTRE FIN À 25 ANS D’INJUSTICEQuand? De 12h30 à 13h30.Où ? Devant les bureaux de Dow Chemicals, avenue deCortenbergh 52, 1000 Bruxelles (à deux pas de la GrandeMosquée du Cinquantenaire et à 150 mètres du rond-point Schumann).Que faire ? Venir avec une bouteille non étiquetée d’eausale, pour symboliser la contamination toujours actuelle dusite de Bhopal. Les masques seront fournis.Comment s’informer sur cette action ?www.amnesty.be/bhopal ou [email protected]

SECRÉTARIAT NATIONAL AIBF

Rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles 02 538 81 77Fax: 02 537 37 29www.amnesty.be

SECRÉTARIAT INTERNATIONAL

Easton Street 1, London WC1X ODWUnited Kingdom00 44 207 413 5500

AMNESTY INTERNATIONAL VLAANDEREN

Kerkstraat 156, 2060 Antwerpen 603 271 16 16

RESPONSABLES RÉGIONAUX D’AMNESTY

BRABANT WALLON

Jean-Philippe CHENUchemin de la Terre Franche 131470 Genappe010 61 37 73 – [email protected]

BRUXELLES

Luis SCHOEBERLAvenue du Loriot 221150 Bruxelles (Woluwe-Saint-Pierre)02 660 08 [email protected]

HAINAUT ORIENTAL

Nicole GROLETav. Elisabeth 6, 6001 Marcinelle071 43 78 [email protected]

LIÈGE

Poste à pourvoirChristine BIKAResponsable de la gestion de la permanence – C/O Bureau régional d’AI –rue Souverain Pont 11 – 4000 Liège – du lundi au vendredi de 13h30 à 17h3004 223 05 [email protected]

LUXEMBOURG

Daniel LIBIOULLEAvenue de la Toison d’Or 266900 Marche en Famenne084 31 51 [email protected]

NAMUR

Romilly VAN GULCKRue Vivier Anon 8, 5140 Sombreffe071 88 66 [email protected]

WALLONIE PICARDE

Marie NOËLRue Cheny 1, 7536 Vaulx069 77 66 13 – 0499 13 57 [email protected]

Ce sont aussi 80 groupes locaux qui, sur leterrain, font un travail d’action et desensibilisation aux droits humains. Pourvous y joindre, contactez votre régionale.

La nuit du 2 au 3 décembre 1984,l’explosion d’une usine de la société depesticides Union Carbide (rachetéedepuis lors par Dow Chemical) avaitdégagé plusieurs milliers de tonnes deproduits chimiques mortels dansl’atmosphère de la ville de Bhopal, enInde, causant la mort d’entre 7000 et10000 personnes, dont 8000 la nuitmême de l’accident. Le 2 décembre,Amnesty «célèbrera» ce sordideaccident un peu partout dans le monde.

BELGIQUE

AJOUTEZ VOTRE VOIX !

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Libertés ! Novembre 2009 13

I S A V E L I V E S . B E

Le 22 décembre 2008 à Athènes, Kons-tantina Kouneva a été grièvementblessée par un homme qui lui a jeté de

l’acide sulfurique au visage. Cette travailleusemigrante bulgare, dirigeante syndicale, estrestée plusieurs jours dans le coma à la suitede l’agression. Elle a perdu un œil et la visionde l’autre œil est très affaiblie. De graveslésions aux cordes vocales et à la trachéerendent nécessaire une série d’interventionschirurgicales. Konstantina Kouneva est venueen Grèce en 2001 avec le projet de gagner del’argent pour financer les soins médicauxdont son fils avait besoin. Elle a trouvé dutravail comme femme de ménage et acommencé à militer pour le respect de sesdroits et de ceux de ses collègues. Devenuesecrétaire générale du syndicat des agentsde nettoyage et des employés de maison de larégion de l’Attique, elle a dénoncé des retardsde paiement des salaires qui pouvaientatteindre cinq mois et le non-versement descotisations patronales pour l’assurancesociale des employés (qui sont souvent destravailleurs migrants). Ses activités syndi-cales lui ont valu des pressions visant à luifaire quitter son emploi, et elle a reçu desmenaces anonymes par téléphone. La policea ouvert une enquête sur l’agression maisles investigations s’orientent essentiellementsur la vie privée de Konstantina Kouneva,sans qu’il soit tenu compte de son engage-ment syndical. Ses avocats estiment quel’enquête initiale a été entachée d’erreurs etredoutent qu’un non-lieu soit prononcé. e

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur le Ministre,Konstantina Kouneva est une dirigeante syndicale qui a été agressée à l’acide sulfurique le 22

décembre 2008 à Athènes, probablement en raison de ses activités militantes. Une enquête a été ouvertesur cette agression mais s’oriente principalement sur la vie privée de cette dernière sans tenir compte deses activités syndicales, et a, d’après ses avocats, été entachée d’erreurs. En tant quemembre/sympatisant(e) d’Amnesty International, je vous prie de ne pas mettre fin à la procédure et derenvoyer le dossier soit au même juge d’instruction, soit à un magistrat différent afin que l’enquête surcette affaire soit poursuivie. Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma considérationdistinguée.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Minister of Justice, Nikolaos Dendias, 96, Mesogeion Avenue, 115 27 Athènes, Grèce

COPIE À ENVOYER À :Ambassade de la République hellénique, Rue des Petits Carmes, 10, 1000 BruxellesE-mail : [email protected] – Fax : 02 545 55 85

GRÈCE

SYNDICALISTEAGRESSÉE À L’ACIDE

BONNES NOUVELLESDans tous les pays du monde, des gens sont libérésgrâce au travail des membres d’Amnesty. Destémoignages émouvants nous parviennent desprisonniers libérés ou de leur famille. Ils montrentqu’une action de masse peut avoir des résultats pourun meilleur respect des droits humains.

NIGERIADÉSARMEMENT RÉUSSIDes milliers de combattants rebelles du sud du Nigeria ontsuivi leur chef Tompolo à Oporoza où ils ont déposé leursarmes en échange de l’amnistie gouvernementale. Tompoloétait le dernier des grands dirigeants rebelles du sud pétrolierà devoir accepter l’offre du président Umaru Yar’Adua, qui arri-vait à échéance le 3 octobre. Ateke Tom et Farah Dagogo,deux autres dirigeants du MEND (Mouvement pour l’émancipa-tion du Delta du Niger), avaient déjà désarmé suite à cetteproposition destinée à rétablir le calme dans la zone pétrolièredu delta du Niger, en proie aux violences depuis 2006, afin quele pompage puisse reprendre pleinement et que la région puissese développer (voir le dossier Nigeria du Libertés! n°456 deseptembre 2009). e

RWANDAPLUS QUE ONZEIdelphonse Nizeyimana, un des hommes les plus recherchéspour sa participation au génocide rwandais de 1994, a été arrêtéà Kampala (Ouganda). Il voyageait depuis la République démo-cratique du Congo (RDC) avec de faux papiers. Le procureur duTribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), HassanBubacar Jallow, estime d’ailleurs que la plupart des onzeaccusés encore recherchés par le tribunal sont cachés en RDC.Le capitaine Nizeyimana avait été très actif dans la préfecture deButare. Il est notamment accusé d’avoir mis en place des unitésmilitaires qui ont perpétré le génocide. Il a été transféré auTPIR à Arusha (Tanzanie). e

IRAK36 IRANIENS LIBÉRÉSUn groupe de 36 iraniens, détenus par les forces de sécuritéirakiennes, ont été remis en liberté le 7 octobre et ramenés aucamp d’Ashraf, au nord de Bagdad, où résident depuis le milieudes années 1980 quelque 3 400 membres de l’Organisationiranienne des moudjahidin du peuple, un groupe d’oppositionen exil. Les 36 hommes arrêtés dans ce camp en juillet ont étédétenus dans un premier temps à un poste de police situé àenviron 25 kilomètres du camp, puis transférés sur une baseaérienne à Bagdad, malgré une décision de justice ordonnantleur libération. Amnesty craignait qu’ils n’y subissent destortures. Ils ont observé une grève de la faim pendant leurdétention, et la plupart étaient en mauvaise santé à leur retourau camp d’Ashraf. e

SYRIEPRISONNIER D’OPINION LIBÉRÉArrêté le 20 juin par des agents de la Sécurité militaire dans laville d’Alep, le prisonnier d’opinion Jakarkhon Sheikho Ali, unKurde de Syrie âgé de 28 ans, a été libéré sans inculpation le3 octobre, après avoir été mis au secret pendant plus de trois moisà la Section Palestine, un centre d’interrogation et de détentionde la Sécurité militaire situé à Damas et tristement célèbrepour la torture. Jakarkhon Sheikho Ali a probablement étédétenu en raison de ses activités en tant que membre importantdu parti démocratique kurde Al Wifaq, un parti politique syriennon autorisé. e

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Page 14: Libertés! Novembre 2009

Le 27 novembre 2006, à Kinshasa, lesautorités congolaises ont arrêté lecolonel Paul Ndokayi, qui diri-

geait un programme de démobilisationdes anciens miliciens en Républiquedémocratique du Congo (RDC). L’hommea été transféré le lendemain de son arres-tation à Kin-Mazière, siège de la Directiondes renseignements généraux et servicesspéciaux (DRGS) où il a été battu et torturédurant cinq heures. Ligoté, les chevillesenchaînées, allongé par terre, il a étéfrappé à coups de ceinture, de matraqueet de bâton et a reçu des coups de pied surla tête. Il a perdu connaissance quand onlui a planté un couteau dans le pied et sestortionnaires l’ont ranimé pour lui casserla main en plusieurs endroits avec unmorceau de bois. Après un mois de détention au DRGS, il aété transféré au Centre pénitentiaire et

de rééducation de Kinshasa (CPRK), prin-cipale prison de la capitale, où il estactuellement incarcéré. Inculpé de terro-risme à l’instar de plusieurs autresanciens officiers, il n’a jamais comparudevant une autorité judiciaire et n’ajamais pu contester la légalité de sonarrestation et de sa détention. Lorsquedes représentants d’Amnesty Internationall’ont rencontré en prison, en juin 2007,Paul Ndokayi avait mal dans tout le corps;ses mains et ses bras manquaient de mobi-lité. Il se plaignait de douleurs et desaignements aux oreilles et souffraitd’une perte d’audition. Paul Ndokayi est toujours incarcéré et nereçoit pas les traitements médicaux néces-saires pour soigner les lésions qui lui ontété infligées. Les responsables présumésdes tortures qu’il a subies n’ont toujourspas été inquiétés. e

14 Libertés ! Novembre 2009

I S A V E L I V E S . B E

Walid Yunis Ahmad a été arrêtéle 6 février 2000 à Erbil, capitaledu Kurdistan d’Irak. Il travaillait

dans une chaîne locale de radio et de télé-vision, pour laquelle il participait à laproduction d’émissions ; il traduisaitégalement des documents en kurde, enarabe et en turkmène. Peu avant son arres-tation, Walid Yunis Ahmad avait participéà une réunion du Mouvement islamiquedu Kurdistan, un parti d’opposition légal.À l’issue de la réunion, la voiture qui leramenait chez lui a été arrêtée et fouilléepar la police qui a affirmé y avoir trouvédes explosifs. Les agents ont appréhendéle chauffeur et Walid Yunis Ahmad, bienque ce dernier ait déclaré tout ignorer dece matériel. Le chauffeur a été remis enliberté trois mois plus tard. Dans un premier temps, les autorités ontaffirmé ne pas détenir d’information surle sort de Walid Yunis Ahmad, et l’on est

resté sans nouvelles de lui durant troisans. Ses proches ont alors été informéspar le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qu’il était vivant et qu’il setrouvait en détention. Ils ont été auto-risés à lui rendre visite dans les locauxdes Asayish (les services de sécurité) àErbil. Durant les trois années qu’a duré sa dispa-rition forcée, Walid Yunis Ahmad auraitété torturé; il dit également avoir vu d’au-tres détenus subir des tortures, et avoir faitune grève de la faim. Le 10 mars 2009, leministre des droits humains du gouverne-ment régional du Kurdistan a informéAmnesty International qu’aucun texte deloi n’avait pu être appliqué dans cetteaffaire au moment de l’arrestation deWalid Yunis Ahmad, mais que les Asayishne souhaitaient toutefois pas le remettreen liberté, le considérant comme un«homme dangereux». e

IRAK

DÉTENU SANSJUGEMENT DEPUIS9 ANS

TARIFS POSTAUXLettres (jusqu’à 50 grammes)Belgique: 0,59e; Europe: 0,90e; restedu monde: 1,05e. La surtaxe aérienneest incluse (étiquette requise).

COMMENT AGIR EFFICACEMENT ?Les cas exposés concernent des victimes de violations des droits humains dont s’occupe Amnesty International. Chaque appel compte.Un texte (à écrire ou à photocopier) vous est proposé pour chaque cas. Dans l’intérêt des victimes, écrivez en termes mesurés et cour-tois aux adresses indiquées. Ces lignes sont lues partout dans le monde par les quelque 1800000 membres d'Amnesty International.Elles sont reproduites dans de nombreux pays par des dizaines de journaux et constituent la clé de voûte de l'action du mouvement.

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur le Président,Le colonel Paul Ndokayi, inculpé de terrorisme, est incarcéré depuis le 27

novembre 2006 mais n’a jamais été jugé. Détenu durant près d’un mois au siège dela Direction des renseignements généraux et services spéciaux, il a été soumis à destortures et à d’autres formes graves de mauvais traitements. Il est maintenantdétenu au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa où il ne reçoit pas lessoins médicaux que nécessitent ses graves blessures. En tant quemembre/sympatisant(e) d’Amnesty International, je vous prie, Monsieur le Président,de veiller à ce que Paul Ndokayi reçoive immédiatement des soins médicaux et soitremis en liberté immédiatement, ou jugé sans délai dans le cadre d’une procédureconforme aux normes internationales. Je vous demande également de traduire enjustice les responsables présumés des tortures qui lui ont été infligées. Je vous pried’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :Monsieur le Président Joseph Kabila, Présidence de la RépubliqueKinshasa Gombe, République démocratique du CongoE-mail : [email protected] ou [email protected]

COPIE À ENVOYER À :Ambassade de la République démocratique du CongoRue Marie de Bourgogne, 30, 1000 BruxellesE-mail : [email protected] – Fax : 02 213 49 95

MODÈLE DE LETTRE

Monsieur le Président du gouvernement régional,Walid Yunis Ahmad a été arrêté le 6 février 2000 à Erbil et est détenu

depuis dans les locaux des Asayish sans jamais avoir été ni jugé ni inculpé. Durantles trois premières années de sa détention, ses proches n’ont pas pu obtenird’informations quant à sa détention, et M. Walid Yunis Ahmad dit avoir été toturé.En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International, je vous demande delibérer immédiatement et sans condition Walid Yunis Ahmad, à moins qu’il ne soitinculpé d’une infraction dûment reconnue par la loi et jugé selon une procédureéquitable. Je vous demande également de faire en sorte que les allégations de torturefassent l’objet d’une enquête et que les responsables présumés soient déférés à lajustice. Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considérationdistinguée.

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À :President Mas’ud BarzaniKurdistan Regional GovernmentErbilIrak

COPIE À ENVOYER À :Ambassade de la République d’IrakAvenue Franklin Roosevelt, 1151050 Bruxelles (Ixelles)E-mail : [email protected] : 02 374 76 15

RDC

TORTURÉ ENDÉTENTION

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Page 15: Libertés! Novembre 2009

A G E N D ATHÉÂTRE AU POCHEMORT SI J’VEUX

Racket, tabassage, humiliations diverses, agressions,viols et, parfois, meurtres. Les jeunes sont-ils devenusviolents ? À en croire les médias, les statistiques, laviolence juvénile connaîtrait ces dernières annéesune augmentation significative. À en croire lespsychologues, les sociologues, les enseignants, lesparents, bref, le monde des adultes, les causesseraient identifiées : pas d’avenir, pas de repère, pasde cadre familial stable, etc. Pourtant les disposi-tifs éducatifs, les mesures judiciaires, lerenouvellement des méthodes de suivis, tous cesefforts semblent vains à comprendre et surtout àapporter des solutions. Quelle est donc la nature decette violence? C’est cette question que le dramaturgeFrançois Clarinval se propose d’aborder dans Mortsi j’veux, une création du Poche mise en scène parJean-François Noville.Dylan, Juliette, Jasmine et Erika, quatre grands adosbien dans leurs pompes et dans notre époque, porta-bles et profils Facebook chargés à bloc, tracent leurvie à 200 à l’heure entre réel et virtuel, entre vievécue et vie rêvée, entre colères éphémères et espoirsfous. Famille recomposée en voie de décomposition,parents bobos un rien trop cool aux entournures,envies d’indépendance et de transgression dévorentle quotidien de ces sympathiques pieds nickelés…Il suffira d’un simple accroc, d’un dérapage de la viepour que la bande parte en vrille, se mette définiti-vement en marge, hors-jeu, pied soudé àl’accélérateur, pour que le joyeux délire se mue envirée sauvage, rageuse et effrénée, en quête d’ab-solu, d’indépendance et d’émotions fortes. Trèsfortes.Leur empreinte, les quatre la consignent par frag-ments sur le net, sur YouTube, sur leur blog, surTwitter, archivant méthodiquement rêves, confi-dences, secrets, délires et déclarations prophétiques,pour se les repasser en boucle, comme on secontemple dans un miroir. Une obsession : laisser satrace, marquer le présent, être quelqu’un (soi, sipossible), exister. Au bout de l’aventure, dans uneultime confrontation sur un parking d’autoroute,une seule limite : la mort. Celle qu’on subit, quel’on reçoit, que l’on fuit. eDu 14 au 28 novembre 2009 à 20h30 (relâche les dimanches etlundis).Bois de la Cambre, 1A Chemin du Gymnase - 1000 BruxellesRéservations : 02 649 17 27 ou [email protected]

DU PLOMB DANS LES ANDES

Il va sans dire que l’exploitation des ressourcesnaturelles dans les régions déshéritées est souventun fléau pour les populations locales. Comme son

nom le suggère, Altiplano se situe quelque part dans lesAndes où l’exploitation des mines d’or a des consé-quences désastreuses pour les Indiens qui vivent sur ceshauteurs reculées. Délaissant le documentaire, PeteBrosens et Jessica Woodworth, un couple de réalisateurs belgo-américains, poursuivent leur travail de fictionavec un film d’une grande maîtrise et d’une grande beauté. Dès les premières images qui suivent la sortied’une statue de la Vierge escortée d’Indiens masqués, s’ouvre un monde où le réalisme magique est la meilleureclé pour ouvrir les portes d’une autre culture. La caméra panoramique s’intéresse autant aux préparatifs demariage d’un jeune couple du village qu’aux efforts d’une équipe de médecins venus sur place pour soignerles maladies des yeux, comme à l’angoisse d’une photoreporter, restée en Belgique après une expériencetragique en Irak. Blancs et Indiens vivent chacun dans leur monde et ne se comprennent pas malgré unecertaine bonne volonté, et l’incompréhension comme toujours mène au rejet. Incarnés avec beaucoup de forceet sans la moindre lourdeur psychologique, les personnages gardent cette part de mystère qui les rend para-doxalement plus humains. Visuellement superbe, Altiplano pose un regard réenchanté sur un monde global.Par la grâce du cinéma, il réussit à rendre l’étranger plus proche sans pour autant l’expliquer. e Gilles BechetAltiplano, Pete Brosens et Jessica Woodworth, sortie nationale le 25 novembre

PÉKIN AVEC LES PÉPINS

À17 ans, Fengfang pose se valises à Pékin, laissant derrière elle l’étouffantvillage du sud de la Chine où elle a grandi. Comme elle adore le cinéma,elle se présente aux Grands studios de la capitale dans l’espoir de décro-

cher un premier boulot de figuration. C’est avec le formulaire 6787 que débutesa dérive dans une ville en constante mutation, de cachet dérisoire en planfoireux, d’appartement minuscule en immeuble collectif sans intimité. Avided’amour, la jeune fille multiplie les liaisons en cul-de-sac, quittant un chinois jalouxpour un Américain de passage. Pour l’amour romantique, elle repassera. D’ailleurs,il paraît qu’aucun dictionnaire chinois ne contient d’équivalent au mot roman-tique. Dans la métropole surpeuplée, la meilleure option est donc de se fondre dansla foule, car en Chine, tout ce qui sort de la norme devient louche et l’individua-liste est considéré comme un danger pour la société. Entre le passé figé et la modernité en trompe l’œil,Fengfang ne trouve pas sa place. Écrivaine, cinéaste et photographe, Xiaolu Guo décrit par petites touches,dans de courts chapitres introduits par des photos, le parcours d’une jeune chinoise postmoderne qui ne veutpas décrocher la lune ou faire la révolution, qui veut juste mordre la vie à pleines dents. e G.B.Xiaolu Guo, Vingt fragments d’une jeunesse vorace, Buchet/Chastel, 192 pages 17 e

LOGIQUE DU FOU?

«La guerre la plus brutale qu’Israël ait jamais entreprise». C’est ce qu’é-crivait le 20 janvier 2009 le quotidien hébreu Ha’Aretz aulendemain de l’opération Plomb durci menée par l’armée israé-

lienne dans la bande de Gaza, un territoire palestinien administré parle Hamas. D’où viennent ces armes qui offrent à l’État hébreu son écra-sante supériorité militaire? Pourquoi un tel recours à la force? Qu’en est-ildu respect des lois de la guerre ? Dans l’ouvrage collectif Qui arme Israëlet le Hamas?, des chercheurs belges et français passent en revue les ques-tions humanitaires et militaires posées par ce violent effort de guerre,et tout particulièrement la problématique des transferts d’armementsvers Israël. Le livre évoque également les armes du Hamas, certes artisa-nales pour la plupart, mais dont l’utilisation indiscriminée contre despopulations civiles israéliennes est à la fois condamnable et contre-productive. Dans une étude extrêmement fouillée, le livre exploreensuite les origines de ce que l’on peut nommer la «violence d’État» israé-

lienne. Et d’expliquer qu’une certaine culture de la forteresse assiégée a fini par produire une sociétéconvaincue de sa vulnérabilité face à un environnement hostile et donc du bien-fondé de ses guerres. Vien-nent enfin plusieurs rapports d’ONG internationales (Amnesty International, Human Rights Watch,CICR), lesquelles jugent sévèrement tant les pratiques de l’armée israélienne que celles du Hamas, juge-ments corroborés depuis par le rapport remis par le juge Richard Goldstone au Conseil des Droits del’Homme de l’ONU. e Pierre DelagrangePatrice Bouveret, Pascal Fenaux, Caroline Pailhe et Cédric Poitevin, Qui arme Israël et le Hamas?, co-édition GRIP, Observatoire desArmements et Amnesty International, 136 p, 9,90 e

Libertés ! Novembre 2009 15

C U L T U R E

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BON DE COMMANDEÀ renvoyer à Amnesty International – Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles ou par fax au 02 537 37 29

(en MAJUSCULE svp) Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Rue : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .N° : . . . . . . Bte : . . . . . . . . . .

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