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LIBYE ENTRE CONFLIT MULTIFORME ET DÉLITEMENT DE L’ETAT, LA DÉFENSE DES DROITS HUMAINS AU DÉFI Rapport d’enquête Février 2015 L'Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits de l'Homme

Libye - L’exil ou la mort : la violence et l’effondrement de l’Etat laissent peu d’options aux défenseurs des droits humains

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LIBYEENTRE CONFLIT MULTIFORME ET DLITEMENT DE LETAT, LA DFENSE DES DROITS HUMAINS AU DFIRapport denqute Fvrier 2015L'Observatoire pour laProtection des Dfenseursdes Droits de l'HommeLObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au dfLOMCT et la FIDH souhaitent remercier la Rpublique et le Canton de Genve, lAgence sudoise de dveloppement international (SIDA), la Fondation de France, la fondation Open Society , la Fondation Un monde par tous , la Mairie de Paris, le ministre fnlandais des Affaires trangres, leministrefranaisdesAffairestrangres,leministrenerlandaisdesAffairestrangres,le ministrenorvgiendesAffairestrangres,lOrganisationinternationaledelaFrancophonie (OIF) et Sigrid Rausing Trust pour avoir rendu possible la publication de ce rapport. Son contenu relve de la seule responsabilit de lOMCT et de la FIDH et ne doit en aucun cas tre interprt comme retant lopinion des institutions les soutenant.LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df1SommaireSOMMAIRE...............................................................................................................................................................................................................1LISTE DES ACRONYMES ................................................................................................................................................................................2I. INTRODUCTION..............................................................................................................................................................................................3I.1 Prsentation...............................................................................................................................................................................................3I.2 Mthodologie...........................................................................................................................................................................................3II. LVOLUTION DE LA SITUATION DES DROITS HUMAINS ET DE LACTION DESDFENSEURS EN LIBYE...........................................................................................................................................................................5II.1 Les annes Kadha (1969-2011).........................................................................................................................................5II.2 La rvolution, le conit arm et la difcile transition dmocratique (2011-2014) ...............8II.3 Dlitement des institutions sur fond de guerre civile (de mi-2014 aujourdhui) ........... 14III. LES DFENSEURS EN SITUATION QUOTIDIENNE DE RISQUES MAJEURS ........................................ 18III.1 Cas de violation des droits des dfenseurs.......................................................................................................... 18III.2 Des dfenseurs forcs lexil............................................................................................................................................ 22III.3 Les perspectives............................................................................................................................................................................. 23IV. CONCLUSION........................................................................................................................................................................................... 24V. RECOMMANDATIONS....................................................................................................................................................................... 25Directeurs de la publication : Gerald Staberock, Karim Lahidji.Auteurs du rapport : Sadok Ben Mhenni, Marina Tognola, Chiara Cosentino, Miguel Martn Zumalacrregui.dition et coordination : Miguel Martn Zumalacrregui, Chiara Cosentino, Alexandra Pomon ONeill.Distribution: Ce rapport est publi en versions anglaise, arabe et franaise dans son intgralit.Copyright: LOrganisation mondiale contre la torture (OMCT) et la Fdration internationale des ligues des droits de lHomme (FIDH) autorisent la libre reproduction dextraits de cette publication condition que crdit leur soit rendu et quune copie de la publication portant lextrait soit envoye leurs siges respectifsGraphic design: Druk in the WeerImpression: GraphiusOMCT ISBN 978-2-88894-063-0LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df2LISTE DES ACRONYMESAIAmnesty International AQMIAl-Qaida au Maghreb islamiqueCDHComit des droits de lHomme des Nations unies CGNCongrs gnral national (libyen)CIHRSInstitut du Caire pour les tudes des droits de lHommeCNTConseil national de transition (libyen)CPDNLComit prparatoire pour le dialogue national en LibyeCPICour pnale internationaleCRChambre des reprsentants de LibyeFIDHFdration internationale des ligues des droits de lHommeHCDHHaut-commissariat des Nations unies aux droits de lHommeHRWHuman Rights WatchLFJLAvocats pour la justice en LibyeLLDHLigue libyenne des droits de lHommeLNLARseau libyen daide juridiqueMANULMission dappui des Nations unies en LibyeREMDHRseau Euro-Mditerranen des Droits de lHommeRSFReporters Sans FrontiresOMCTOrganisation mondiale contre la tortureUNHCRHaut-commissariat des Nations unies pour les rfugis LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df3I. INTRODUCTIONI.1 PrsentationCerapportapourobjectif,dansunpremiertemps,dedcrirelenvironnementdanslequel les dfenseurs des droits humains libyens voluent, ainsi que les obstacles et dangers quils rencontrentet,dansundeuximetemps,deformulerdesrecommandationspourleur protection. Ce rapport revient tout dabord sur la quasi-impossibilit dexercer une activit de dfense des droits humains en Libye sous la dictature Kadha. Pendant les quarante annes de la dictature (1969 2011), toute voix critique du pouvoir tait rduite au silence via un arsenal lgislatifrpressifetdespratiquesattentatoiresauxnormesinternationalesdeprotection desdroitshumainsrelativeslalibertdexpression,dassociationetaudroitunprocs quitable. Les rares individus qui se sont mobiliss pour dfendre les droits des prisonniers politiquesouontdnonclesabusdurgimeonttemprisonnsoutus.Decefait,en dehors des organisations internationales ou rgionales, seuls des individus ou organisations enexil,linstardelaLiguelibyennedesdroitsdelHomme(LibyanLeagueforHuman Rights - LLHR), se sont exprims sur la situation des droits humains dans le pays.Le rapport analyse par la suite lmergence en Libye dune socit civile et dorganisations de dfense des droits humains partir de la Rvolution de 2011 et de la chute du rgime. Malgr lesconditionsdescuritdifcilesetlebesoinderenforcementdecapacit,desfemmes etdeshommessesontengagsaveclesoutiendesONG,desagencesonusiennesetdes bailleurs de fonds dans la dfense des droits humains et ont dnonc les violations commises par les parties au conit mais aussi ont soutenu des rformes institutionnelles et lgislatives favorables aux droits humains. Cet lan prometteur et courageux a pourtant connu un important coup darrt avec le conit qui a clat au milieu de 2014 opposant plusieurs groupes arms et leffondrement de ltat. Les institutions se sont montres incapables de protger qui que ce soit, y compris les dfenseurs victimesdeharclement,demenaceoudenlvement.Cerapportillustrelasituation dramatique des dfenseurs qui prvaut aujourdhui travers de nombreux tmoignages qui dmontrent que la route de lexil est redevenue quasiment la seule issue pour sexprimer sur la situation des droits humains en Libye.I.2 MthodologieCerapportdiffredesprcdentespublicationsdelObservatoirepourlaprotectiondes dfenseursdesdroitsdelHomme(lObservatoire).Gnralement,lesrapportspublis parlObservatoiresontlersultatduneenqutesurleterrainmeneparunedlgation internationalemandateparlOMCTetlaFIDH,accompagneparlesorganisations partenaires dans le pays. Sagissant de la Libye, lObservatoire a dcid de ne pas diligenter demissionsurplacecomptetenudelasituationpolitiqueetscuritaireetdesrisques quepouvaitgnrerunetellemissionpoursesinterlocuteurs.Parailleurs,laplupartdes dfenseurs qui ont travaill ces dernires annes dans ce pays sont aujourdhui en exil. De ce fait, contrairement la pratique, ce rapport nintgre pas lavis et la raction des autorits publiques ni des diffrentes parties en conit sur la situation des dfenseurs en Libye.Le prsent rapport est donc bas sur :a.Une srie de discussions et entretiens organises avec les dfenseurs des droits humains libyens en exile en Tunisie1 ;1IlsagitnotammentdelatablerondeorganiseparlOMCTles25et26novembre2014sousletitreDfendreles dfenseurs:ralitsetdslaprotectiondesdfenseursdesdroitsdelHommeenLibyeetdelatelierdetravail organis les 26 et 27 janvier 2015 Tunis par le Bureau du Haut-commissairiat des Nations unies aux droits de lhomme et le Centre dinformation des Nations unies du Caire sous lintitul de : Vers un climat plus sr pour les dfenseurs des droits de lHomme dans le monde arabe .LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df4b.Lanalyse de questionnaires remplis par une dizaine de dfenseurs des droits humains en exile en Tunisie. Ces questionnaires comportaient des questions sur leurs parcours de vie et travail en tant que dfenseurs, leur perception du contexte politique, historique etjuridiquelibyen,maisaussisurleuranalysedesformesdeharclementainsique des facteurs de vulnrabilit. Loccasion leur a aussi t donne de sexprimer sur les perspectives, les besoins et les possibles solutions qui pourraient tre recherches aux niveaux national et international ;c.LetravailralisparlOMCTetlaFIDHaveclesdfenseursdesdroitshumainsen Libye ;d.Desdiscussionsmenesaveclesorganisationsinternationalesquitravaillentsur laLibye,notammentlaMissiondappuidesNationsuniesenLibye(MANUL),la dlgation de lUnion europenne en Libye, Reporters sans Frontires (RSF), le Rseau Euro-mditerranendesDroitsdelHomme(REMDH)etlInstitutduCairepourles tudes des droits de lHomme (CIHRS) ;e.La compilation de rapports et documents publis par diverses institutions et associations libyennes et internationales travaillant sur les droits humains2.Il est important de mentionner que les interlocuteurs libyens ont souvent exprim leurs craintes dtreidentisetontdemandqueleuranonymatsoitprserv.Cestpourcetteraison que le rapport identie certains dfenseurs seulement par leur prnom ou leurs initiales. De plus, les tmoignages ont t dpouills de tout lment qui pourrait rendre ces dfenseurs identiables.2Voir infra.LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df5II. LVOLUTION DE LA SITUATION DES DROITS HUMAINS ET DE LACTION DES DFENSEURS EN LIBYEII.1 Les annes Kadhaf (1969-2011)Endpitde42annesdedictature,laLibyearatiungrandnombredeconventions internationales relatives aux droits humains :-laConventioninternationalesurlliminationdetouteslesformesdediscriminations raciales3 ; -le Pacte international relatif aux droits conomiques, sociaux et culturels4 ; -le Pacte international relatif aux droits civils et politiques5 et son protocole facultatif6 ; -la Charte africaine des droits de lHomme et des peuples7 ;-laConventionsurlimprescriptibilitdescrimesdeguerreetdescrimescontre lHumanit8 ; -laConventioncontrelatortureetautrespeinesoutraitementscruels,inhumainsou dgradants9 ; -laConventionsurlliminationdetouteslesformesdediscriminationlgarddes femmes10 ; -la Convention relative aux droits de lenfant11 et ses protocoles facultatifs12 ;-laConventioninternationalesurlaprotectiondetouslestravailleursmigrantsetdes membres de leurs familles13 ; -la Charte arabe des droits de lHomme14.Malgr ces ratications, le rgime de Kadha a tenu le pays dune main de fer, en interdisant touteexpressionduneopinionautrequelofcielleenmettantenplacedesjuridictions dexception ou parallles an de maintenir la justice sous son joug. SelonleHaut-commissairedesNationsuniesauxdroitsdelhomme,unsystme judiciaireparallletaitutiliscommeoutilderpressionpolitique,laplupartdutemps par lintermdiaire de cours de sret de lEtat qui violaient quotidiennement les droits des personnesaccuses,mmelorsquecesdroitstaientgarantisparlalgislationlibyenne. Selon les mmes afrmations, les juges, les procureurs, les avocats commis par lEtat et les membres du dpartement juridique au sein du Gouvernement formaient, en outre, un corps uniqueetlapratiquedenommerlesjugesdautresfonctionsnon-judiciaireslintrieur de ce corps tait souvent utilise par le rgime pour punir ou intimider les juges connus pour leurintgritetleurindpendance15.LeCodepnalenvigueursousKadhaconstituait galementunoutilcldelarpression16,notammentlesdispositionsrelativeslagarde--vue,lalibertdopinion,dexpressionetdassociation.Atitredexemple,leCodepnal 3Ratie le 3 juillet 1968.4Rati le 15 mai 1970.5Rati le 15 mai 1970.6Rati le 16 mai 1989.7Ratie le 19 juillet 1986. 8Ratie le 16 mai 1989.9Ratie le 16 mars 1989.10Ratie le 16 mai 1989.11Ratie le 15 avril 1993.12Ratis le 18 juin et 29 octobre 2004.13Ratie le 18 mai 2004.14Ratie le 7 aot 2006. En outre, la Libye a sign aussi la Convention relative aux droits des personnes handicapes, mais na pas encore dpos linstrument de ratication.15Cf. Rapport du Conseil des droits de lHomme, Assistance technique la Libye dans le domaine des droits de lHomme, Rapport du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de lhomme, Document des Nations unies A/HRC/25/42, 13 janvier 2014, para. 27.16Cf. Rapport du Conseil des droits de lHomme, Assistance technique la Libye dans le domaine des droits de lHomme, Rapport du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de lhomme, Document des Nations unies A/HRC/25/42, 13 janvier 2014, para 63. LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df6etleCodedeprocdurepnaleprvoientunepriodededtentionprovisoirequi,selonle crime commis, peut aller jusqu 90 jours et plus17, ainsi que des chtiments corporels ; ils ne criminalisent pas le gnocide, les crimes de guerre et crimes contre lhumanit. En outre, la peine de mort sapplique un large ventail dinfractions18, et non seulement aux crimes les plus graves tels que dnis par les standards internationaux relatifs aux droits humains19.SouslergimeKadha,plusieurscomitsontexaminlasituationdesdroitshumainsen Libyeetontmisdescritiquesportantsurlenon-respectdesesobligationsenmatirede droits humains20. Par exemple, le Comit des droits de lHomme (CDH) des Nations unies, lors de lexamen du quatrimerapportpriodiquedelaLibye21,adnoncdenombreusesviolationsdesdroits humains commises par le rgime. Il a notamment mis en vidence les violations suivantes : lalargeapplicationdelapeinecapitaleetlaprescriptiondechtimentscorporelscomme lamputation et la agellation par la loi ; les nombreux cas de disparitions forces et excutions extrajudiciaires ; lutilisation systmatique de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumainsoudgradantsdanslescentresdedtention,etlimpunitquilesentoure;la dure excessive de la dtention avant le jugement ; la rforme manque du Code pnal ; les nombreuseslimitationsimposeslalibertdexpression,danslaloietdanslapratique, enparticulierauxpersonnesexprimantpaciquementleuroppositionouleurscritiquesau rgime ; la discrimination subie par des minorits ethniques. En outre, aprs lanalyse de communications individuelles de 2007 et 2010, le mme Comit a conclu que lEtat libyen avait viol les articles 2 et 7 du Pacte international relatif aux droits civilsetpolitiques(PIDCP)danslecasdeladisparitionetdelamortdeM.AbuBakarEl Hassy22etM.Bashasha23,etdelarticle9pourladisparition,ladtentionarbitraireetla torture de Mme Aboussedra24. Le Comit a notamment demand au gouvernement libyen de mener des enqutes approfondies et de poursuivre en justice les responsables des violations25.Selon les dfenseurs interviews, sous le rgime de Kadha, les questions relatives aux droits humains taient gres par des instances sous le contrle du pouvoir, comme par exemple la Commission Libyenne des droits de lHomme ainsi que des associations de dfense des droits de la femme et de lenfant26. Enn, pendant cette priode, les procdures spciales du Conseil 17Cf. articles 176 et 177 de la Loi n3 promulgue en 2003.18Lesprincipalesincriminationspunissablesparlapeinecapitalesontlessuivantes:homicide;terrorisme;tracde stupants ; trahison ; espionnage ; infractions militaires et organisation en associations. La peine de mort est systmatique pourlappartenancedesgroupesquisopposentauxprincipesdelarvolutionde1969,pourhautetrahisonetpour subversionviolentecontreltat.Lhomicideprmditetlesdlitscontreltatsontgalementdescrimescapitaux enLibye.Voir:http://www.abolition.fr/fr/pays/libye.Parailleurs,leHaut-commissairedesNationsUniesauxdroitsde lhomme dans son rapport du 13 janvier 2014 (Document des Nations unies A/HRC/25/42) a appel la Libye instaurer un moratoire sur lapplication de la peine de mort en vue de son abolition et en attendant celle-ci, de veiller au plein respect des restrictions imposes en particulier larticle 6 du PIDCP et notamment limiter lapplication de la peine de mort aux crimes les plus graves.19Cf. Comit des droits de lHomme des Nations unies, Observations nales sur Jamahiriya Arabe Libyenne, Document des Nations unies CCPR/C/LBY/CO/4, 15 novembre 2007, para 13.20Cf.parexemple,DocumentdesNationsuniesA/54/44(26juin1999),DocumentdesNationsuniesCRC/C/15/Add.209 (4 juillet 2003), Document des Nations unies CERD/C/64/CO/4 (10 mai 2004), Document des Nations unies E/C.12/LYB/CO/2 (25 janvier 2006), Document des Nations unies CCPR/C/LBY/CO/4 (15 novembre 2007), Document des Nations unies CEDAW/C/LBY/CO/5 (6 fvrier 2009).21Cf. Comit des droits de lHomme des Nations unies, Observations nales sur Jamahiriya Arabe Libyenne, Document des Nations unies CCPR/C/LBY/CO/4, 15 novembre 2007.22Cf. Comit des droits de lHomme des Nations unies, Communication n 1422/2005, Edriss El Hassy et Abu Bakar El Hassy c. Jamahirya arabe libyenne, (constatations adoptes le 30 octobre 2007, 91me session). Voir aussi OMCT, dclaration date du 27 novembre 2007.23Cf. Comit des droits de lHomme des Nations unies, Communication n 1776/2008, Ali Bashasha et Hussein Bashasha, c. Jamahiriya arabe libyenne (constatations adoptes le 20 octobre 2010, 100e session).24Cf. Comit des droits de lHomme des Nations Unies, Communication n 1751/2008, Aboussedra et consorts. c. Jamahirya arabe libyenne (constatations adoptes le 25 octobre 2010, 100e session).25Cf.communiqudepressedelOMCT,4novembre2010,disponiblesurhttp://www.omct.org/fr/assistance-to-victims/statements/libya/2010/11/d21008/.26La Fondation Kadha pour le dveloppement et plusieurs organismes dits de bienfaisance taient grs par le ls du colonel Kadha, Seif El Islam Kadha.LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df7des droits de lHomme de lONU se sont vues interdire laccs au pays27.Toutefois,lesdfenseursontprcis,quaucoursdesderniresannesdesonrgime, Kadha avait laiss son ls, Seif El Islam, librer des centaines de dtenus politiques dont des prisonniers dopinion entre 2001 et 200628. Le rgime a pu aussi sembler un peu plus ouvert aux organisations internationales. Ainsi, aprs 15 annes de refus, une dlgation dAmnesty International a enn t autorise en fvrier 2004 se rendre dans le pays pour rencontrer des reprsentants du Gouvernement et accder certains centres de dtention29. Cependant, le mme traitement na pas t rserv aux chercheurs de Human Rights Watch, qui ont d annuler une mission programme suite un refus de visa30. A partir de 2009, la plupart des organisations internationales ont t confrontes des nouvelles restrictions et nont pas pu se rendre Benghazi pour rencontrer des familles de victimes de disparitions forces.MmesilesactionsmenesparlelsdeKadhantaientquunesimpleoprationde communicationdestinemaquillerlaralitetdonnerlillusionquunmouvementde rforme tait en marche, elles ont cr lenvironnement propice et louverture sufsante pour permettrededvoilerlampleurdesviolationscommisessousladictature.Parexemple,en 2001-2002,lesautoritslibyennesontcommencparlerpubliquementdumassacrede dtenus,des prisonniers politiques pour la plupart, perptr par les services de scurit dans la nuit du 28 au 29 juin 1996 dans la prison dAbou Salim31. Cette rpression dun mouvement deprotestationdesprisonniersafaitplusde1200victimesenuneseulejourne32.Lefait quelemassacreavaiteulieuatcommuniquofciellementparKadhalui-mmeaux familles des victimes en 2004. Les libyens considrent gnralement que le massacre dAbou Salim est ltincelle qui a allum la rvolution libyenne, puisque linsurrection de fvrier 2011 acommencsuiteunemanifestationorganiseBenghazirassemblantdesfamillesdes victimes dAbou Salim, qui protestaient contre larrestation de leur avocat Fethi Terbel33.Tous les dfenseurs interviews ont t catgoriques sur un point : il nexistait pas du temps du rgime de Kadha dorganisation indpendante de dfense des droits humains. Seules les organisations en exil taient en capacit de dnoncer les violations commises sous ladictature.Parmicelles-ci,onciteranotammentlAssociationdesPrisonniersdOpinion, qui a contribu (grce lappui de lOMCT et de Solidarit pour les Droits de lHomme) la soumission de communications auprs du Comit des droits de lHomme des Nations unies pour dnoncer des actes de torture et de disparitions forces34. La Ligue libyenne des droits de lHomme, organisation membre de la FIDH, alors exile en Allemagne, menait galement des activits de dnonciation des violations des droits de lHomme au niveau international.Silesorganisationsindpendantesdedfensedesdroitshumainsntaientpasautorises exercerenLibye,certainsindividusonttentdemenerdesactionsdepromotionoude protection des droits humains. Ceux-ci ont subi de plein fouet les reprsailles du rgime. 27Cf. Rapport du Conseil des droits de lHomme, Assistance technique la Libye dans le domaine des droits de lHomme, Rapport du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de lhomme, Document des Nations unies A/HRC/25/42, 13 janvier 2014, para 9.28Cf. Comit des droits de lHomme des Nations unies, Observations nales sur Jamahiriya Arabe Libyenne, Document des Nations unies CCPR/C/LBY/CO/4, 15 novembre 2007, para 23.29Cf. http://www.amnesty.org.uk/press-releases/libya-new-report-human-rights-climate-fear-coincides-rst-gadda-visit-europe-1530Cf. http://www.hrw.org/news/2004/12/05/libya-blocks-visit-rights-group.31Le Congrs gnral national a ordonn en juin 2013 ltablissement dune Commission denqute sur les meurtres commis en 1996 la prison dAbou Salim (loi n31 de 2013). Nanmoins, cette disposition na jamais t mise en uvre.32Cf.HumanRightsWatch,News:Libya:June1996killingsatAbuSalimprison,27juin2006.AmnestyInternationala demand une investigation indpendante sur le massacre (Cf. Amnesty International, News: Libya: investigation needed into prison deaths, 9 octobre 2006.33Cf. communiqu de presse de LFJL, 28/29 juin 2012.34Cf.communiqudepressedelOMCT,4novembre2010,disponiblesurhttp://www.omct.org/fr/assistance-to-victims/statements/libya/2010/11/d21008/. Voir aussi la Communication No. 1295/2004, El Alwani c. Libye, prsent par lOMCT et de Solidarit pour les droits de lHomme au Comit pour les droits de lHomme (CDH) aux Nations unies pour torture, disparition force et excution arbitraire. La dcision nale, prise le 11 juillet 2007, pendant la 90me session, a trouv la Libye coupable de toutes ces violations des droits humains.LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df8CependantleDr.IdrisBoufayedetdixautresdfenseurslibyensdesdroitshumains, dont notamment Al Mahdi Humaid, Al Sadiq, Salih Humaid, Faraj Humaid, Jamal Al Haji et Ahmed Yusif Al Ubaidi, ont t arrts entre le 16 et le 17 fvrier 2007 et dtenus arbitrairementpendantplusdunan,danslattentedunjugement35.Ilsontnalement tcondamnsle10juin2008despeinesdeprisonallantdesix25anspouravoir planiunemanifestationpaciquequidevaitavoireulieule17fvrier2007,pour commmorerle1eranniversairedelamanifestationdeBenghaziaucoursdelaquelle unedouzainedemanifestantsavaientttus36.Parmidautreschefsdaccusation,et aprsavoirrencontrdespersonnalitstrangres,ilsonttaccussdeplanierun coup dEtat contre le gouvernement et condamns. Jamal AL Haji avait publi quelques jours avant son arrestation un article appelant au respect de la libert, la dmocratie, un Etat constitutionnel et au respect de ltat de droit en Libye. Bien quil ait la nationalit danoise,lesautoritsconsulairesdanoisesnontpaspuluirendrevisite,cequiviole manifestement la convention de Vienne sur les relations consulaires de 196337. Cependant, le Dr. Boufayed a ni par tre libr en 2008 et il a t autoris, le 11 dcembre 2008, se rendre en Suisse pour recevoir un traitement mdical adquat38. Huit autres personnes parmi celles qui ont t arrtes avec lui ont t libres en mme temps39.Un autre cas important mentionner, est celui de Fathi El-Jahmi. En 2002, il a t arrt et condamn cinq annes de prison en raison de ses activits en faveur de la dfense des droits humains et de la dmocratie. Il a t incarcr en octobre 2002 dans des conditions de dtention inhumaines et sans aucun accs des soins mdicaux, malgr son tat de sant proccupant. Libr en 2004 suite lintervention dun snateur amricain, aprs avoir dnonc publiquement les conditions inhumaines et la torture subie en prison, il a t kidnapp par des membres de groupes de scurit, a brivement disparu avant que sa dtention ne soit conrme40. Le 21 mai 2009, il a t retrouv mort, peu aprs avoir t vacu durgence par les autorits libyennes en Jordanie, en raison de la dtrioration de ses conditions de sant. Le 29 mai 2009, la Ligue libyenne des droits de lHomme (LLHR), lObservatoire pour protection des dfenseurs des droits de lHomme et le Rseau Euro-MditerranendesDroitsdelHomme(REMDH)ontdnonclamortdeMr.FathiEl-Jahmi, dans une lettre conjointe adresse aux Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de lHomme et aux rapporteurs spciaux correspondants41.II.2 La rvolution, le confit arm et la diffcile transition dmocratique (2011-2014)Le rgime de Kadha a pu se maintenir pendant quarante-deux annes, jusqu linsurrection populaire qui a clat Benghazi en fvrier 2011 et qui a t soutenue, partir du 19 mars 2011paruneinterventionmilitaireinternationale.Cetteinsurrectionsestacheveavecla chute de Tripoli le 23 aot 2011, et nalement la capture et lexcution sommaire de Kadha en octobre 2011. Tous les affrontements arms lis la Rvolution, la rpression du mouvement protestataire, et le conit qui sen est suivi entre larme dle Kadha et les groupes arms soutenus par une coalition internationale furent maills de graves violations des droits de lHommeetdudroitinternationalhumanitaire,pouvanttrequaliespourcertainsde crimes de guerre et de crimes contre lhumanit42.35Cf. appels urgents LBY 031207 et LBY 031207.1-3 de lOMCT,3 et 6 dcembre 2007, 9 avril 2008, 15 mai 2008.36Cf. appel urgent de lOMCT, LBY 031207.4, 16 juin 2008.37Cf. Communiqu de presse de Front Line Defenders, 17 juin 2008, http://www.frontlinedefenders.org/fr/node/3852.38Cf. appel urgent de lOMCT, LBY 031207.5, 16 octobre 2008, http://www.omct.org/fr/urgent-campaigns/urgent-interventions/libyan-arab-jamahiriya/2008/10/d19587/.39Cf. appel urgent LBY 031207.6 de lOMCT, 22 dcembre 2008, http://www.omct.org/urgent-campaigns/urgent-interventions/libyan-arab-jamahiriya/2008/12/d19720/.40Cf. lettre ouverte Mouammar Kadha de lObservatoire, 20 avril 2004.41Cf.communiqudepresseconjointdelaLiguelibyennedesdroitsdelHomme,delObservatoire,duRseauEuro-Mditerranen des droits de lHomme (REMDH), 3 juin 2009.42Cf. rapport du Conseil des droits de lHomme, Rapport de la Commission internationale denqute sur la Libye, Document des Nations unies A/HRC/19/68, 28 janvier 2014.LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df9Lesdfenseursafrmentquelesexactionsetlesviolationsnesesontpasarrtesavecla chute de lancien rgime, bien au contraire. En effet, les trs nombreux groupes arms non tatiques se revendiquant de diffrentes tribus, cits, chefs de guerre ou sensibilit religieuse se sont vus octroyer, de la part des nouvelles institutions, un statut les reconnaissant, lgalisant leur existence en tant que telles et mme les nanant. Ils ont alors substitu les institutions de lEtat en les noyautant et en les rendant dysfonctionnelles. Pendant le conit arm, des populations ont t dplaces et contraintes un exode massif43. Descampsdefortunesesonttablisplusieursendroits44.Desgroupesarmsontpris possessiondeprisonsouontcrleursproprescentresdedtentionprivs.Lenombre darmesencirculationenLibyeacontinusemultiplier.Lacorruptionsestaggrave. Les ministres de la Dfense, de lIntrieur et de la Justice se sont affaiblis et les diffrentes structuresetappareilsdelEtatenreconstructionsesontgangrens.Deplus,diffrents groupes arms ont t intgrs au sein de larme et des forces de scurit, sans formation pralable.Le rapport de la Commission internationale denqute des Nations unies, envoye durgence enLibyepourenqutersurlerespectdesdroitshumainsetdudroitinternationalpendant le conit arm45, dcrit dans son rapport46 les nombreuses violations commises par les deux parties,aussibienparlesforcesarmesdeKadha,queparlesforcesrvolutionnaires.Il conclutquedescrimesinternationaux,plusprcismentdescrimescontrelHumanitet des crimes de guerre ont t commis par les armes contrles par Kadha, dont notamment desassassinats,desdisparitionsforces,desactesdetortureetdesviolsdansuncontexte dattaque systmatique contre la population civile47. De lautre ct, les forces rvolutionnaires ont aussi commis des violations graves des droits humains et des crimes de guerre, y compris desassassinats,desactesdetorture,desactesdepillage,etdesattaquesindiscrimines, surtoutenverscertainescommunautsfaisantpartiedesminoritsethniquesdupays.La commission a aussi tmoign du recours aux enfants soldats durant le conit. Il est ncessaire derappelerquelinterventionarmeinternationaleagalementoccasionndesvictimes civiles notamment lors dattaques objectifs non-militaires48.A la suite de ces vnements, et au vu de la gravit de la situation, le Conseil de scurit de lONU a cr la Mission dappui des Nations unies en Libye (MANUL), avec comme mandat de promouvoir lEtat de droit et veiller au respect et la protection des droits de lhomme, conformment aux obligations juridiques internationales de la Libye 49.***43Le UNHCR estime que suite au conit de 2011, prs de 60.000 personnes issues de divers groupes sont dplaces (Cf. che dinformation sur la Libye, http://www.unhcr.org/4c907ffe9.html).44CescampsontdabordtrigspourabriteressentiellementlespopulationsdeTawergha,villedeprsde30.000 habitants entirement dtruite par les insurgs. Mais petit--petit et suite aux conits tribaux, ethniques et rgionaux de plus en plus violents, dautres populations, dont notamment les Werchefanas, ont aussi t dplaces vers des camps ou vers dautres villes. Tous ces camps sont dans un tat de dlabrement avanc et loin de pouvoir protger leurs occupants contre les agressions et les razzias trs frquentes (Cf. rapport du Conseil des droits de lHomme, Assistance technique la Libye dans le domaine des droits de lHomme, Rapport du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de lhomme, Document des Nations unies A/HRC/25/42, 13 janvier 2014, para 17). 45Cf. Rsolution du Conseil des droits de lHomme, Rsolution S-15/1, 25 fvrier 2011.46Cf. rapport du Conseil des droits de lHomme, Rapport de la Commission internationale denqute sur la Libye, Document des Nations unies A/HRC/19/68, 28 janvier 2014.47Enparticulier,lescasdeSaifAl-Islamal-KadhaetdAbdullahAl-Senoussionttrfrsen2011parleConseilde Scurit des Nations unies au Procureur de la Cour Pnale Internationale. En 2014, le premier cas a t jug admissible, tandis que le second, pour le principe de complmentarit avec le systme judiciaire nationale, na t admis. Cependant, avec lescalade de violence en Libye dans les derniers mois, beaucoup de juges et magistrats sont menacs, en minant le correct fonctionnement de la justice. Le procureur est en train de dcider si appeler pour une rvision de la dcision dinadmissibilit des juges du cas de Abdullah Al-Senoussi (Cf. Conseil des droits de lHomme, Assistance technique la Libye dans le domaine des droits de lHomme, Rapport du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de lHomme, Document des Nations unies A/HRC/25/42, 13 janvier 2014, para 52-53).48Cf. rapport du Conseil des droits de lHomme, Rapport de la Commission internationale denqute sur la Libye, Document des Nations unies A/HRC/19/68, 28 janvier 2014.49Cf. Conseil de scurit des Nations unies, Rsolution S/RES/2095 (2013), 14 mars 2013. Cependant, suite lescalade de violence de la seconde moiti du 2014, le personnel de la mission a t relocalis hors de la Libye partir de juillet 2014 (Cf.rapportduConseildedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme, Document des Nations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015, para 8).LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df10SuitelachutedurgimeKadha,beaucoupdelibyens(juristes,avocatsoumagistrats, journalistes,enseignants,mdecins,artistes,etc.)sesontengagsdansdesactionsde dfense des droits humains. Cela sest renforc par la prsence et le soutien dorganisations internationalesnongouvernementales(tellesquAmnestyInternational,lOMCT,laFIDH, la Croix Rouge, la Fondation euro-mditerranenne de soutien aux dfenseurs des droits de lHomme) qui ont fourni une aide matrielle et nancire et ont form les nouvelles ONGs et dfenseurs. Grce cet appui international, les associations et rseaux de la socit civile se sont considrablement renforces. Cest ainsi que lOMCT50, titre dexemple, a appuy de nombreuses associations telles que : le groupe libyen pour la surveillance des violations des droits de lHomme, lAssociation Al-Rahma , la Fondation Al-Sabeel , lObservatoire libyen pour les droits de lHomme, lAssociation Victimes des droits de lHomme, le Barreau de Tripoli, le Rseau libyen daide Juridique, etc51.Organisations libyennes de dfense des droits humains cres aprs la Rvolution de 2011 (liste non exhaustive)52 :1. Fondation Al-Sabeel- Cration : aot 2011 (4 employs et 5 bnvoles)- Mission principale : monitoring des conditions de dtention et fourniture dune aide juridique aux victimes de torture et de disparition force.2. Association Al-Rahma- Cration : novembre 2011 par une trentaine de bnvoles- Sige : Tripoli- Mission principale : fournir une assistance matrielle, juridique et mdicale aux dplacs. - Statut : Son prsident et certains de ses membres ont t obligs de quitter la Libye suite des menaces dassassinat.3. Groupe libyen pour la surveillance des violations des Droits de lHomme- Cration : en dcembre 2011 par 19 des avocats bnvoles- Mission principale : documenter les violations des Droits de lHomme- Statut : a t dissoute en mai 20134. Groupe libyen dinvestigation sur les violations des droits de lHomme- Cration : en 2012 par des jeunes avocats- Sige : Tripoli- Mission principale : documenter les violations des droits humains commises pendant et aprs la rvolution 5. Organisation libyenne de magistrats- Cration : le 16 avril 2012- Sige : Benghazi- Mission principale : dfendre lindpendance de la justice et les droits des juges et procureurs 6. Association des jeunes pour Tawergha- Cration : par des jeunes de Tawergha- Mission principale : renforcer les capacits des jeunes et faire connatre le drame vcu par les habitants de Tawergha.50LOMCT a t prsente en Libye de mai 2012 juillet 2014, date laquelle elle a t contrainte de fermer son bureau de Tripoli tant donn la dtrioration de la situation scuritaire. 51Pour une liste plus approfondie, mme si elle nest pas exhaustive, voir la che ci-dessous.52Il a t impossible dtablir une liste plus complte. En effet, mme les services du Ministre Libyen de la Culture semblent nest pas en mesure de donner la liste des associations dclares et autorises. La traduction des noms des associations de larabe ou de langlais vers le franais a t ralise par les rdacteurs de ce rapport et il na pas t possible de la faire valider par une autorit comptente. LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df117. Fondation Cheick Tahar Ez-Zaoui - Sige : Zaouia- Mission principale : secourir et apporter laide ncessaire aux rgions ncessiteuses. Encourager laccs lenseignement et les activits culturelles. 8. Organisation lObservateur - Mission principale : soutien aux dtenus politiques9. Rseau libyen daide juridique (LNLA)- Fond Sebha (sud) et travaille actuellement Tripoli (ouest)- Statut : la plupart de ses membres ont d quitter la Libye10. Association des victimes des Droits de lHomme - Cration : 2013- Sige : Benghazi- Mission principale : fournir lappui et le soutien ncessaires aux victimes de violations des droits humains et des liberts publiques commises par des autorits publiques. 11. Rseau libyen de protection des dfenseurs des droits de lHomme- Cration : 2014- Sige : Tripoli- Mission principale : protger les dfenseurs des droits humains, soutenir leur action, et mettre en relation les diffrentes organisations de dfense. 12. Organisation libyenne pour lassistance juridique - Cration : 2014- Sige : Tripoli- Mission principale : soutien juridique aux victimes de violations de droits humains en gnral et de la torture en particulier. Aucoursdesinterviewsaveclesdfenseurs,ilatmentionnqueledveloppement dunesocitcivilelibyenneetlamiseenplacedactionsdelapartdesorganisationsnon gouvernementales ont t possibles seulement parce quil ny avait pas un pouvoir fort capable decontrlerlasituationetlesinstitutionstaienttrsfaibles.Mmesipareilleafrmation peut paratre excessive, elle rvle ltat desprit et la perception des dfenseurs interviews sur les vnements53. Ces nouvelles ONG et dfenseurs ont dabord ax leurs efforts sur les actions de secours et laccs aux soins, lalimentation et la justice pour les victimes de linsurrection. Les associations constitues54,appuyesparleurshomologuesinternationaux,sesontparticulirement intresses la protection des archives, la documentation des cas de torture et de mauvais traitements et amliorer, un tant soit peu, la vie des populations dplaces dans les camps improvisspendantleconitarm,notammentprsdeTripoli(ElFellahetGanzour)etde Benghazi (Gar Younis et Heless). Une attention particulire a aussi t accorde aux quelques 8000personnesdtenusparfoisausecretdansdiverscentresdedtentiondontcertains chappaient tout contrle de lEtat55.53Dun autre ct, cette situation dinstabilit et de violence a empch les visites des groupes de travail de lONU sur les disparitions forces ou involontaires et sur lutilisation de mercenaires, qui taient prvues pour mai 2013, et qui ont t reportes pour des raisons de scurit (Cf. rapport du Conseil des droits de lHomme, Assistance technique la Libye dans le domaine des droits de lHomme, Document des Nations unies A/HRC/25/42, 13 janvier 2014, para 9).54Voir liste (non exhaustive) des associations de dfense des droits humains cres suite linsurrection de fvrier 2011 ci-dessus.55Un rapport conjoint du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de lhomme et la MANUL dat octobre 2013 rend compte de la faon dont la dtention prolonge et les interrogatoires aux mains de groupes arms qui nont ni exprience ni formation en matire de dtention, ainsi que labsence de surveillance judiciaire effective et dobligation de rendre des comptes ont cr un climat propice la torture et aux mauvais traitements (Cf. rapport du Conseil des droits de lHomme, Assistance technique la Libye dans le domaine des droits de lHomme, Document des Nations unies A/HRC/25/42, 13 janvier 2014, para 22). LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df12Les ONG et dfenseurs ont aussi men un plaidoyer important pour que le Conseil national de Transition (CNT) (cr en fvrier 2011)56 puis le Congrs gnral National (CGN) (lu le 7 juillet 2012) procdent des rformes lgislatives et ladoption de nouvelles lois bases sur le respect des droits humains et balisant la voie vers une vritable transition dmocratique.Cest ainsi quen avril 2013 les cours et tribunaux dexception ont t supprims et quil a t interdit de juger les civils devant des tribunaux militaires57.Le 3 aot 2011, le CNT a adopt une Dclaration constitutionnelle58. Cette tape essentielle a marqu la prise en compte des droits humains au plus haut niveau de la hirarchie des normes. En effet, ce texte incorpore des rfrences aux droits culturels et linguistiques des minorits (art.1),auxdroitscivilsetpolitiques(art.6),aurespectdesinstrumentsinternationauxde dfensedesdroitshumains(art.7),auxdroitsconomiquesetsociaux(art.8)etaudroit dasile (art. 10).Endcembre2011,leCNTatablileConseilnationaldeslibertscivilesetdesdroits delHommequidevientainsilinstitutionnationalelibyenneindpendanteenchargede promouvoir les droits de lHomme et documenter leurs violations. Son mandat a t tabli en conformit avec les Principes de Paris59. Malheureusement, cause de ressources humaines et nancires insufsantes, cet organisme na pu commencer ses travaux quen janvier 201360. Un Comit des droits de lHomme a aussi t tabli au sein du CGN, tape qui a t salue par le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de lHomme61.Le 9 avril 2013, le CGN a adopt une loi criminalisant la torture, les disparitions forces et la discrimination. Cette loi impose une peine demprisonnement minimal de cinq ans dans le cas dactes de souffrance physique ou mentale inigs un dtenu62.Encequiconcernelesavancesenmatiredejusticetransitionnelle,uneconsultation nationale ouverte la socit civile a t organise63 et une loi sur la justice transitionnelle64 a nalement t vote en dcembre 2013, avec le soutien de la MANUL65. Malheureusement cette loi, qui xait au 2 avril 2014 la date limite pour traiter tous les cas en lien avec le conit armdelaprsrvolution,napasencoretmiseenplaceetjusticenapasencoret rendue aux victimes. En outre, pour garantir le respect des communauts amazighe, toubou et touareg, en juillet 2013,leCGNaadoptlaloin18,quireconnaitetprotgeleslanguescommepatrimoine linguistique et culturel de la socit libyenne. Des rgles de distribution des siges visant assurerlareprsentationgalitairedediffrentescomposantesethniquesetrgionalesde 56Le Conseil national de transition (CNT) a t lautorit politique de transition et dopposition au rgime de Kadha, cr loccasion de la Rvolution du fvrier 2011 pour coordonner les insurgs. Le CNT a t dissout le 7 juillet 2012 du fait de llection du Congrs gnral national (CGN).57Cf.rapportduConseildesdroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme, Document des Nations unies A/HRC/25/42, 13 janvier 2014, para 29.58Cf. Dclaration Constitutionnelle de la Libye, 3 aot 2011, texte disponible sur : http://www.wipo.int/wipolex/fr/text.jsp?le_id=246953 (en anglais seulement).59Cf. Conseil national des liberts civiles et des droits de lHomme, Strategic Plan of the National Council for Civil Liberties and Human Rights, 19 dcembre 2014, disponible sur : http://9bri.com/wp-content/uploads/2014/01/20141219-NCCLHR-Strategic-Plan-English_FINAL.pdf (disponible en anglais et en arabe seulement). De plus, la Division des droits humains, de la justice transitionnelle et de ltat de droit de la MANUL a apport au Conseil une assistance technique pour faciliter sa mise en conformit avec les Principes de Paris (Cf. rapport du Conseil des droits de lHomme, Assistance technique la Libye dans le domaine des droits de lHomme, Document des Nations unies A/HRC/25/42, 13 janvier 2014, para 60).60En octobre 2014, il a ni par cesser de fonctionner du fait de la pression de groupes arms.61Cf. Rsolution du Conseil des droits de lHomme, Rsolution 25/37 sur Assistance technique la Libye dans le domaine des droits de lhomme, Document des Nations unies A/HRC/RES/25/37, 15 avril 2014, para 4.62Cf. Communiqu de presse conjoint de LFJL, DIGNITY, REDRESS et OMCT, 25 avril 2013, http://www.omct.org/statements/libya/2013/04/d22237/.63Cf. Communiqu de presse conjoint du Conseil National des droits de lHomme libyen et de lOMCT, 6 novembre 2013, http://www.omct.org/fr/events/libya/2013/11/d22426/.64Loi 29/2013.65Cf. Rapport du Conseil des droits de lHomme, Assistance technique la Libye dans le domaine des droits de lHomme, Document des Nations unies A/HRC/25/42, 13 janvier 2014, para 42.LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df13la Libye, ont aussi t incorpores dans la loi lectorale adopte par le Congrs au cours du mme mois. Cette loi prvoyait une gale reprsentation politique des trois rgions historiques de la Libye (Tripolitaine, le Fezzan et la Cyrnaque) et deux siges assigns chacune des communauts.Enn,leGouvernementlibyenaadopt,le19fvrier2014,undcretoctroyantlestatut de victimes de guerre aux femmes victimes de viol et de violence66 lors des huit mois de la Rvolution de 2011 ayant conduit au renversement de Kadha. Ce dcret prvoit notamment dattribuer ces libyennes des aides mdicales et nancires. Il sagit dune lgislation trs importante et positive pour le pays, comme a afrm Souhayr Belhassen, prsidente dhonneur de la FIDH. Elle a soulign que ce dcret tait attendu par des milliers de femmes en Libye, et a exprim son espoir quil inspire dautres pays dans le monde, en le qualiant de premire mondiale.LaFIDHaaussifortementpressleParlementlibyenadoptercetextesous forme de loi67.Il est aussi noter que le Conseil des droits de lHomme des Nations unies a jug, au dbut de lanne 2014, que le Gouvernement libyen avait fait de la rforme du systme pnitentiaire unepriorit68.Pourtant,ladcisioneffectivederformeretdestructurercetteinstitution tardait encore se matrialiser en actions concrtes.***Malgrlapprobationdeslois(mentionnesci-dessus)quireprsententdesavances indiscutables vers la construction dun Etat de droit, trs peu de rsultats ont t concrtement raliss sur le plan de la transition dmocratique de lEtat libyen et de ses institutions, rendant prcaire la situation des dfenseurs des droits humains.Lasituationdinscuritpourlesdfenseursestnotammentaccentueparlaquasi-totale impunit des auteurs de violations des droits humains. A cet gard, il faut dabord souligner la promulgation dune loi69 accordant lamnistie tous ceux qui ont contribu au succs de la Rvolution (quels que soient les actes ou crimes commis) qui aggrave clairement le climat dimpunit qui rgne dans le pays.La non rvision du Code pnal, surtout pour ce qui est des chtiments corporels et de la dure de la dtention provisoire, va, elle aussi, dans le mme sens. En outre, la non application (et ce jusqu n 2013) de la loi 29/2013 sur la justice transitionnelle est un lment rvlateur de cette situation dimpunit gnralise.Leslimitationsencoreprgnantesauxlibertsfondamentalesconstituentgalementun facteur dinscurit pour les dfenseurs. Par exemple, la loi n 65/2012 qui rglemente le droit derunionpacique,dicteparleCGN,entraveledroitderassemblementpacique,en violation des normes internationales70.Autre phnomne qui entrave lactivit des dfenseurs : la prolifration de groupes arms non tatiques, responsables dactes de violences contre les civils et particulirement les groupes et les associations de dfenseurs des droits humains. 66Ceci a t ralis aussi avec le support de la section Autonomisation des femmes de la MANUL (Cf. Rapport du Conseil des droits de lHomme, Assistance technique la Libye dans le domaine des droits de lHomme, Document des Nations unies A/HRC/25/42, 13 janvier 2014, para 12).67Cf. communiqu de presse conjoint de la FIDH et de lObservatory on Gender in Crisis, 19 fvrier 2014, https://www.dh.org/La-Federation-internationale-des-ligues-des-droits-de-l-homme/maghreb-moyen-orient/libye/14717-la-dh-appelle-le-parlement-libyen-a-adopter-sans-delai-le-projet-de-loi.68Cf. Rapport du Conseil des droits de lHomme, Assistance technique la Libye dans le domaine des droits de lHomme, Document des Nations unies A/HRC/25/42, 13 janvier 2014.69Cf.Loin38-2012du2mai2012accordantlamnistieauxpersonnesayantcommisdescrimessileursactesvisaient promouvoir o protger la rvolution contre Kadha.70Cf. Communiqu de presse de LFJL, 3 dcembre 2012. Cf. galement lanalyse de la loi faite par le REMDH, Etude Rgionale: Le Droit la Libert de Runion dans la Rgion Euro-Mditerranenne Partie I Cadre lgislatif, 2013, disponible sur http://euromedrights.org/wp-content/uploads/2015/04/FOA2013_FR_FULL-REPORT_WEB_25NOV2013.pdf, pp. 83-95.LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df14Les pressions exerces sur les dfenseurs ds les premires semaines qui ont suivi la chute delancienrgimesesonttransformes,peupeu,enmenacestrssrieusessurtout partirdelanne2013.Lesdfenseursonttlacibledeviolencesspciquespartirdu dernier trimestre de 2012 et les attaques se sont multiplies en 2013 et continuent depuis de saggraver. Voici quelques exemples :Le meurtre de lavocat Abdallah Mismari, assassin dune balle dans la poitrine la sortie dune mosque Benghazi, est considr comme le premier assassinat politique dans la Libye post-Kadha. Abdallah Mismari a t aux avant-postes de linsurrection. Il stait afch par ses prises de position contre les violations des droits humains commises par lesgroupesislamistes,notammentconcernantlesexcutionsextrajudiciaires.Suite lassassinatdeMismari,HRWadnonclinactiondugouvernementlibyen,voquant labsence denqute exhaustive et le manque darrestation. Ce meurtre a t suivi dune vaguedassassinatscaractrepolitiquedanslestdupays(Cyrnaque,Benghaziet Dernah)71. Au dbut de lanne 2013, Hanene Al-Nouisri, avocate et dfenseuse des droits humains, attabassedevantuntribunalpardesindividusinconnus.Enjuin2013,elleat enleve et a t encore une fois tabasse par dautres individus inconnus, qui lont aussi menace de viol. Daprs les informations rcoltes, ces actes dharclement font suite ses activits de dfense des droits de lHomme. Dautres menaces ont aussi t adresses au pre de Mme Hanene Al-Nouisri, Moustapha Al-Nouisri, qui est dfenseur des droits de lenfant. Deplus,aucoursdelanne2013,troismagistrats,NajibHouidi,MouradAr-Raoubi etJomaaAl-Jazouri,ainsiquunjournalistefree-lance,MohamedAl-Hachem,ont galementtenlevsenreprsaillesdeleursengagementetactivitsprofessionnelles enfaveurdudroitunprocsquitableetdelalibertdexpression.Finalement,en aot 2013, lanimateur de tlvision Libye libre Izzeddine Koucade, engag dans la promotion des droits de lHomme, a t tu par balles par des individus inconnus.II.3 Dlitement des institutions sur fond de guerre civile (de mi-2014 aujourdhui)Depuislerefusparcertainesfactionsdesrsultatsdeslectionslgislativesdejuin2014 etlamiseenplacedunouveauParlement,ditChambredesreprsentants,unefracture institutionnellediviselepays.Eneffet,ilyamaintenantdeuxparlements:unparlement issu des lections, reconnu par la communaut internationale et connu sous lappellation de ParlementdeTobrouk72,etunautreformparuneminoritdemembresdelancienCGN, pour la plupart des reprsentants de plusieurs partis dobdience islamiste, qui continue de siger Tripoli73. Il y a aussi deux gouvernements : le premier reconnu par la communaut internationalequisuitelclatementdesviolencesdanslacapitaleattransfr Al-Bayda,etlesecondlilancienCGNquiesttabliTripoli74etautantdinstances gouvernementales.Cependant,ladivisionentrelesrgionsnestpassinette,beaucoupde rgions de lEst tant lies aux groupes islamistes et certaines rgions de lOuest tant en lien avec le gouvernement de Bayda. En outre, dautres rgions sont autogres et ne se rfrent aucun des deux gouvernements. 71Cf. Communiqu de presse de HRW, 8 aot 2013.72Selon la Dclaration Constitutionnelle, il aurait d stablir Benghazi, mais pour raisons de scurit depuis le 4 aot 2014, il sest toujours runi Tobrouk.73NormalementleCGNauraitdcesserdexisterle5juillet2014aveclinaugurationdunouveauParlementissudes lectionslgislativestenuesle25juin2014etjugestransparentesparlacommunautinternationale.Toutefois,des factions dobdience islamiste sorties perdantes de ces lections et reprsentes au sein du CGN, ont refus de reconnatre le nouveau Parlement. Ces derniers ont ensuite pris le contrle de Tripoli puis ont recouru la force un peu partout dans le pays, notamment Benghazi, pour tenter de prendre le contrle de davantage de territoire. 74Cf.RapportduConseildedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme, Document des Nations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015, para 6.LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df15Cettefracturepolitiqueestaccompagnedecombatsopposantdiversesfactionsarmes concurrentes. Dun ct, sur le territoire de Benghazi, une coalition forme par plusieurs units de larme, des anciens groupes rvolutionnaires et dautres groupes arms, appele lArme nationale libyenne 75 est engage dans lopration El Karama 76 qui soppose une alliance deforcesfondamentalistesislamistesappeleleConseilShuradesRvolutionnairesde Benghazi , compose d Ansar al-Sharia , groupe afli Al-Qaida77, et dautres groupes arms. De lautre ct, Tripoli, des combats ont oppos les groupes arms lis lopration Fajr Libya 78 dautres groupes arms rivaux comme ceux de Warshafana et Zintan79.Dans ce contexte, la violence a prcipit le pays dans une nouvelle et intense phase de chaos. Les institutions de lEtat se sont effondres, les conditions politiques, conomiques, sociales et sanitaires se sont considrablement dtriores. Des groupes aflis Fajr Libya ont mislamainsurlesarchivespubliques,notammentcellesdesministresdelaDfense,de lIntrieur et de la Justice. Beaucoup de dossiers ont ainsi t transfrs Misrata80. Larme loyaliste,desonct,danssesoprationspourgarantirlascuritBenghaziacontribu lescalade de la violence et du chaos gnralis81. Actuellement, la situation est tellement prcaireetinstablequelunitdelaLibyeestenjeuetquilexisteunvritablerisquede dstatisation.Cest dans ce contexte critique que le Conseil national pour les liberts civiles et les droits humains,lunedesplusimportantesavancesdelaprsrvolution,alentementcessde fonctionner.Suitedesmenacestlphoniquesprovenantdepersonnesserclamantdu groupe arm Fajr Libya , en octobre 2014 des membres du staff ont quitt le Conseil, et le 9 novembre 2014, le sige a t cadenass par des hommes arms en uniforme militaire qui ontpubliquementdclarlafermetureduConseiletontmenacdarrterlesmembreset employs qui auraient essay le rouvrir. Plusieurs dentre eux ont ainsi t contraints lexil82. Suitelescaladedeviolencedejuillet2014,laplupartdesinstitutionsetorganisations internationalesonttcontraintesquitterlepays,etcertainsontdrelocaliserleur personneltrangerendehorsdupays,notammentlUnionEuropenne83etlaMission dappui des Nations unies en Libye (MANUL), qui tait prsente en Libye depuis 2011, pour poursuivre leurs activits dans un environnement plus sr84. 75Enaot2014,cettefactionatincorporeauseindelarmelibyenneloyaleauParlementdeTobrouk(cf.Lettredu Conseil de Scurit des Nations unies, Lettre du Comit dExperts tabli par la rsolution 1973 (2011) adresse au Prsident du Conseil de scurit, Document des Nations unies S/2015/128, 23 fvrier 2015).76Lopration Karama ( Dignit ) a t lance en mai 2014, Benghazi, par le gnral Khalifa Haftar (Cf. rapport du Conseil dedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme,DocumentdesNations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015, para 3).77Ce groupe a t list par le Comit des sanctions du Conseil de scurit des Nations unies comme un groupe terroriste (cf. Lettre du Conseil de scurit des Nations unies, Lettre du Comit dExperts tabli par a rsolution 1973 (2011) adresse au Prsident du Conseil de scurit, Document des Nations unies S/2015/128, 23 fvrier 2015).78Fajr Libya, Aube de Libye , est une alliance forme essentiellement de groupes arms dobdience islamiste originaires pourlaplupartdeMisratamaisaussidautresvilles,comprisAl-ZawiyaetGheryan,etdegroupesarmsdeTripoli (Cf.rapportduConseildedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme, Document des Nations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015, para 4). 79Cf.rapportduConseildedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme, Document des Nations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015.80Cf. Rapport du Bureau du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de lhomme et MANUL, Update on violations of international human rights and humanitarian law during the ongoing violence in Libya, 23 dcembre 2014 (disponible en anglais seulement).81Cf. Lettre du Conseil de scurit des Nations unies, Lettre du Comit dExperts tabli par a rsolution 1973 (2011) adresse au Prsident du Conseil de Scurit, Document des Nations unies S/2015/128, 23 fvrier 2015, para 39-40.82Cf. Rapport du Conseil des droits de lHomme, Assistance technique la Libye dans le domaine des droits de lHomme, Document des Nations unies A/HRC/25/42, 13 janvier 2014, para. 81.83Cf. Rsolution du Parlement Europen, Rsolution sur la situation en Libye (P8_TA-PROV(2015)0010), 15 janvier 2015, para E.84Cf.RapportduConseildedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme, Document des Nations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015, para 8.LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df16De plus, le 27 aot 2014, au vue de la gravit de la situation dans le pays, le Conseil de scurit des Nations unies a adopt une rsolution85 ordonnant lapplication de sanctions individuelles lencontre des auteurs de violations du droit humanitaire et des droits humains en Libye.Lasituationdesdroitshumainsdanslensembledupaysnapascessdesedtriorer86. Elle est notamment caractrise par des violations du droit international des droits humains (casdedtentionarbitraire,denlvements,dexcutionssommaires,detortureetactesde violencelencontredejournalistes,defonctionnaires,depersonnalitspolitiquesetde dfenseurs des droits humains), mais aussi des violations du droit international humanitaire (attaques indiscrimines dans des zones densit de population leve, utilisation darmes non conventionnelles, etc.) et ce en toute impunit. Ces violations ont eu lieu depuis que des milices de la mouvance islamiste ont pris le contrle de Tripoli et de son aroport civil le 24 aot 2014. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de lhomme a explicitement afrm dans son dernier rapport87 que la Libye vivait la situation de crise la plus grave depuis le dbut de linsurrection anti-Kadha en 2011. Il a aussi constat que la dtrioration de lenvironnement scuritaire avait eu un impact trs lourd sur le systme judiciaire, qui a compltement cess defonctionnerdanscertainesrgionsdupays,odesmilliersdepersonnesdemeurenten dtention (pour la plupart dentre eux sous le contrle exclusif de groupes arms non tatiques) sans aucune possibilit daccs la justice88.Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de lhomme juge que la situation en Libye risque de basculer en guerre civile totale et rapporte aussi que des dizaines de civils auraient tsenlevsTripolietBenghaziuniquementsurlabasedeleurappartenancetribale, familiale ou religieuse, relle ou suppose89. De la mme manire, les combats entre milices rivales, en particulier Misrata et Zintan, ont dstabilis le pays et entrav durablement une possibletransitiondmocratique.Laprincipaleconsquencedecelaestlaugmentationdu nombre de victimes civiles, de dplacs internes et de rfugis. La MANUL estime quau moins 400 000 libyens auraient t dplacs lintrieur du pays entre mai et novembre 201490, et que plusieurs centaines de milliers dautres, dont de nombreux travailleurs migrants, auraient quitt le pays91. Beaucoup de libyens proccups par les conditions scuritaires ont ainsi d partir ltranger. Cest ainsi que le nombre de libyens vivant actuellement en Tunisie, pays voisin, est estim plus dun million de personnes.Certains dfenseurs afrment que la police nexiste pratiquement plus en tant que telle, de mme que les institutions judiciaires. La peur paralyse les membres du corps judiciaire, des dizainesdejugesetprocureursontreudesmenacesdemortouonttassassinspour avoir exerc leurs fonctions, telle que la dcision de librer des personnes dtenues par les groupesarmsnontatiques,etparailleursdescentainesdautresontfaitlobjetdactes 85Cf. Rsolution du Conseil de scurit des Nations unies, Rsolution 2174 (2014), para 4.86Pour une analyse dtaille des vnements libyens dans les derniers mois, cf. galement le rapport du Bureau du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de lhomme et MANUL, Update on violations of international human rights and humanitarian law during the ongoing violence in Libya, 4 septembre 2014 et 23 dcembre 2014 (disponible seulement en anglais).87Cf.RapportduConseildedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme, Document des Nations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015.88Cf.RapportduConseildedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme, Document des Nations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015. Dans le mme sens, Human Rights Watch, dans la prsentation de son rapport mondial de 2015, constate que la situation des droits humains en Libye a rgress au cours de lanne 2014. Cf. Rapport annuel de Human Rights Watch, 29 janvier 2015.89Cf.RapportduConseildedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme, Document des Nations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015, para 18.90Cf.RapportduConseildedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme, Document des Nations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015, para 14. Cf. aussi les donnes de lUNHCR, disponible sur http://www.unhcr.org/5465fdb89.html.91Cf. Communiqus du Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR), UNHCR position on returns to Libya, novembre 2014, www.refworld.org/pdd/54646a494.pdf ; UNHCR, News Stories: Mediterranean crossings more deadly a year after Lampedusa tragedy, 2 octobre 2014, www.unhcr.org/542d12de9.html; UNCHR, News Stories: More than 100,000 Libyans ee ghting over past month, 14 novembre 2014, http://www.unhcr.org/5465fdb89.html (disponibles seulement en anglais).LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df17dintimidationoudeharclement92.Unautreaspectjudiciaireproccupantconcerneles conditions de dtention : selon des donnes ofcielles dates de mars 2014, seulement 10 % des personnes dtenues auraient taient juges et purgeraient une peine de prison93.Concernant plus particulirement les dfenseurs des droits humains, en octobre 2014, le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de lhomme a dnonc le fait que les dfenseurs, lesmilitantspolitiques,lesblogueursetlesprofessionnelsdesmdiasenLibyetaientde plus en plus la cible dattaques menes par les groupes arms non tatiques, et cela depuis larecrudescencedescombatsBenghazietTripoli94.Lesenlvements,lesdisparitions forces et mme les assassinats de journalistes, davocats et de dfenseurs des droits humains deviennentdeplusenplusfrquents.Acedouloureuxconstat,sajoutelesdestructions commises par les groupes arms non tatiques qui incendient et dvastent les biens publics et privs.92Cf.RapportduConseildedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme, Document des Nations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015, para 48.93Cf.RapportduConseildedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme, Document des Nations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015, para 41.94Cf. Communiqu du Centre dactualit de lONU, Libye : lONU dnonce les attaques contre les dfenseurs des droits de lhomme, 14 octobre 2014, http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=33526#. LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df18III. LES DFENSEURS EN SITUATION QUOTIDIENNE DE RISQUES MAJEURSIII. 1 Cas de violation des droits des dfenseursDanslenvironnementdcritci-dessus,lesmenacesetagressionssontdevenueslelot quotidiendelapopulationcivile.Deplus,danslasecondemoitidu2014,laprolifration et la radicalisation des groupes arms lis au fondamentalisme islamiste na fait quaggraver une situation qui tait dj trs critique. Dans ce contexte, les dfenseurs des droits humains sontlesplusperscuts95.Eneffet,seloncertainessources96,lesgroupesarmsislamistes tiendraientdeslistesnoiresdesdfenseurscibler:ellescontiennentlesnomsdes personnes qui promeuvent des idaux dmocratiques et qui dfendent les droits humains et lgalit de genre entre hommes et femmes, des idologies et des valeurs qui sont totalement opposes celles des groupes arms islamistes. Les principales catgories vises parles actes de violence sont lesavocats, lesmagistrats, les reprsentants dinstitutions publiques et dorganisations (nationales ou internationales) dedfensedesdroitshumains,lesjournalistesainsiquelensembledupersonneldes media, les dfenseurs qui sont originaires de groupes ethniques minoritaires, ou bien encore desimplescitoyensetcitoyennesengag(e)spourlerespectdesdroitshumainsetdes principes dmocratiques.Les principales formes de harclement et de violence visant les dfenseurs sont les suivantes : lesactesdediffamation,lesintrusionssurlapropritpriveoulelieudetravail,les menaces tlphoniques ou physiques contre eux ou leurs familles, les agressions physiques, lesincendiessurlelieudetravailetdautresatteintesauxbiens,lesenlvements,les arrestations arbitraires et, dans les cas les plus graves, les assassinats. Aujourdhui en Libye, leclimatdintimidation,deperscutionetdimpunitestlequotidiendesdfenseursdes droits humains, et la plupart du temps il rend ce travail impossible, en obligeant les dfenseurs cesser leurs activits voire sexiler.Aujourdhui, les auteurs des violations sont surtout des membres des diffrents groupes arms nontatiquesparticulirementceuxappartenantlamouvanceislamistefondamentaliste (surtout Fajr Libya ) qui se disputent le territoire libyen. Les attaques contre les dfenseurs desdroitshumainslibyensparcesgroupesarmsvisentmanifestemententraverleurs actions de dfense des droits humains.Lestmoignagesrecueillisdanslecadredelaprparationdecerapportfournissentdes lments plus dtaills des violations subies par les dfenseurs des droits humains en Libye97.Manel al-Bouse, journaliste Benghazi, est engage en particulier dans la promotion desdroitsdesfemmes.ManelestgalementmembredelOrganisationlibyennedes droits de lHomme, au sein de laquelle elle est responsable du secteur droits de la femme. Ellepossdeaussiunpetitatelier,danslequartieral-Lithi,dominparlesgroupes extrmistes religieux. Suite la publication en octobre 2012 dun article sur les droits de la femme - en particulier demandant au CGN des reformes lgislatives sur le divorce, la pension alimentaire et la garde des enfants -, un individu inconnu, qui a revendiqu son appartenance un groupe arm, a appel Manel pour la menacer de la tuer et denlever sonls.Ennovembre2012,Manelatrouvunpetitcriteaucollsursonpare-brise lavertissantquilyavaitlefeuchezelle.Aprsvrication,ellesestaperuequelon 95En sajoutant aux anciennes tensions politiques, territoriales et ethniques dj prsentes sur le territoire libyen, au cours de 2014, le fondamentalisme islamique a redni les divisions internes, en intgrant de nouvelles menaces portes par les djihadistes : menaces contre les femmes, dmolition de mausoles jugs non conformes leurs croyances, excution de non-musulmans, etc. 96Cf. Communiqu de Front Line Defenders, 26 fvrier 2015, http://www.frontlinedefenders.org/node/2815097Pour des raisons de scurit et pour respecter la volont des tmoins, le rapport maintiendra quand ncessaire lanonymat des dfenseurs.LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df19avait tent de court-circuiter son atelier. En juin 2013, Manel a reu des photos de femmes nues, lacres et portant des stigmates vidents de torture, ainsi que la photo dun jeune la tte tranche portant la mention : Ton ls . Cela a eu lieu la suite de la publication dun article sur les droits des ouvriers trangers et de sa participation dans la prparation dune manifestation dans le cadre de ses activits de militante de lOrganisation libyenne des droits de lHomme. Le 25 aot 2013, un individu non identi a attaqu Manel en lui fracturant le bras gauche par un coup port avec un objet contondant, alors quelle tait dans sa voiture arrte un feu rouge. Lagresseur lui a cri quil regrettait de ne pas avoir pu lui fracasser la main droite avec laquelle elle crit. En novembre 2013, des inconnus taient sur le point de mettre le feu sa voiture, qui a t sauve grce lintervention des voisins. En dcembre 2013, elle a reu une menace lavertissant quelle allait perdre son atelier. Finalement, le 25 fvrier 2014, son atelier a t incendi. Manel sest exile dans un pays voisin en aot 2014, do elle continue ses activits pour les droits humains. Elle continue de recevoir des menaces. Rcemment un homme lui a jet du caf dune voiture immatricule en Libye et lui a dit que, comme elle tait une activiste et une journaliste, la prochaine fois ce serait de lacide.Messaoudestavocat,membredelaCommissiondeladocumentationetdusuivides affaires des dtenus, des mercenaires et des disparus relevant du CNT. Il est aussi actif dans le cadre de lOrganisation libyenne pour lassistance juridique. En janvier 2012, suite un diffrend avec des membres du groupe extrmiste religieux la Brigade des cavaliers li son insistance documenter un cas denlvement et de torture, il a subi des actes de menace et des agressions physiques. Un individu non identi la appel par tlphone etluiaintimlordredemettrensesactivitsdedfensedesdroitsdelHomme. Successivement,ilatvictimedunenlvement,aucoursduquelsesagresseurslont terroris et menac dtre fusill. En janvier 2014, Messaoud, qui avait rejoint entre temps lesrangsduneorganisationinternationale,atdenouveaumenacdemortparle commandant dune brigade relevant de larme nationale pour lui imposer de cesser ses activits de dfense des droits humains. En juillet 2014, le mme commandant la menac de nouveau. Messaoud a d prendre le chemin de lexil. W. est avocat, membre du bureau du Conseil de lOrdre, et membre fondateur du Groupe libyendinvestigationsurlesviolationsdesdroitsdelHomme.Ilfaitaussipartiedela Commission dobservation des procs, et a russi entre autres sauver les archives de la Prison dAbou-Salim et mener plusieurs enqutes sur des violations des droits humains. W. a chapp plusieurs reprises (mi-2012, dbut 2014 et le 9 avril 2014) des enlvements alors quil tait dans lenceinte du complexe regroupant les tribunaux de Tripoli. Il a t misenjouealorsquilsetrouvaitavecleProcureurdanslenceinteduTribunal.Etce nestquegrceausecoursdesescollguesqueW.asurvcu.LesagresseursdeW.lui reprochaient notamment de dfendre des trangers en conit avec la Haute-Commission pourlaScuritainsiquedesdtenusemprisonnsdansdescampscontrlsparles groupes arms non tatiques, et quil tmoigne sur les plateaux de tlvision notamment pour critiquer le pouvoir lgislatif ou excutif, ou de dnoncer les actes illgaux commis par des groupes arms non tatiques.Ahmadestunavocatquianotammentdfendudesprisonniersdopinion.Ilestaussi lundesmembresfondateursduGroupelibyendinvestigationsurlesviolationsdes droitsdelHommeetilacollaboravecplusieursorganisationsinternationales.Ila aussiparticipltablissementdelaCartedeslieuxdedtention,notammentdansla rgion ouest. Ahmad a aussi t nomm directeur administratif du Conseil national des libertspubliquesetdesdroitshumains.UngroupeserclamantdeFajrLibyaest entr plusieurs fois (26 septembre et 4 avril 2014) au sige du Conseil sa recherche, dans lintentiondesaisirlescachetsetlesdocumentsofcielsainsiquedelenlever.Ahmad a chapp ses agresseurs, mais le Conseil a t cadenass et demeure jusqu prsent sous le contrle du groupe arm.LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df20Samy est avocat, membre fondateur de lOrganisation libyenne pour lassistance juridique. Danslecadredesonactivitprofessionnelle,ilsestportdfenseurdesaconsur Thuraya al-Jebali suite son enlvement, en faisant tout son possible pour la retrouver. Il a fait diffrentes apparitions la tlvision pour parler delle et a pris contact avec les reprsentants des Nations unies et de lOMCT pour faire connatre son cas. Ce qui lui a valu plusieurs menaces y compris des agressions physiques avec armes, et une tentative denlvement dans lenceinte mme du tribunal de Tajoura le 16 dcembre 2013.Aliestjournalistefree-lance.SuiteloccupationdeTripolipardesmilicesaflies Fajr Libya le 24 aot 2014, il a critiqu publiquement le dmantlement de la statue archologiquedelagazellequiornaituneruedeTripoli.Suitecela,ilareude nombreuses menaces par tlphone : on la trait dapostat, de mcrant et de rengat. Le 2 septembre 2014, deux voitures ont encercl son domicile et ont cherch lenlever. Le 20 octobre 2014, il a reu une lettre anonyme le menaant et le traitant dartiste rengat.Slah travaillait au sein du Conseil national des liberts publiques et des droits de lHomme. Iltaitchargdedocumenterlesviolationscommisesdanslescentresdedtention.Il tait aussi membre actif de lOrganisation libyenne pour lassistance juridique. En janvier 2014,despersonnesnonidentieslontpoursuividanslarue.Enmars2014,ilat menac dans une caserne de larme nationale o il tait all rencontrer une victime. En juillet 2014, les Cavaliers de Janzour (formation extrmiste trs violente, engage dans les combats de Tripoli) ont tent de lenlever son domicile, suite une plainte quil avait dpos contre eux.B.estmagistrat.Ilafaitpartiedesdfenseursdesdroitshumainsquisesontports volontaires pour sauvegarder les archives et documents de lEtat. Il sest aussi positionn commeenquteur,ilarendupublicdiversesviolationsrelativesdescasdetortureet dedisparitionsforcesetacontribulacrationdunrseaudedfenseurs(quina nalement pas t autoris par les autorits). Il a dnonc publiquement les souffrances quotidiennesquesubitlapopulationcivile,enintervenantsurdiffrenteschanesde tlvision.Iladnonclaprolifrationdesarmesetlesviolationscommisesparles groupes arms. Suite loccupation de Tripoli par les forces armes islamistes de Fajr Libya mi-2014, il a t brivement arrt. Des menaces ont aussi t profres contre sa famille. Cela la pouss quitter la Libye. Actuellement, il tente dorganiser les dfenseurs libyens exils en Tunisie et dnonce ltat de la justice dans son pays, afrmant que les tribunaux ne sigent plus et que les bureaux des avocats ont t ferms.Amara Abdallah al Khatibi, rdacteur en chef dun journal de Tripoli (Al Umma), a dnonc dansunarticlepubliennovembre2012desoprationsdecorruptiondanslesquelles taient impliqus des magistrats. Il a t condamn en novembre 2014 par contumace cinq ans de prison, payer une amende de 250 000 dinars libyens (environ 170 000 EUR) etatprivdesesdroitsciviquespourdiffamationenverslesystmejudiciaire.M. Khatibi a t libr en avril 2013 pour raison de sant, a t assign rsidence et interdit de voyager aprs avoir pass quatre mois en prison alors quil na jamais t convoqu son procs. TawkBenSaoudetSamiAl-Kawa98,deuxjeunesgsrespectivementde18et17 ans,onttdlibrmentabattusle19septembre2014Benghazi(enmmetemps quunedizainedautrespersonnes)lasuitedunemanifestationlaquelleilsavaient particip. Ces deux jeunes, taient connus pour leurs prises de positions publiques contre la mouvance terroriste et pour avoir organis des manifestations condamnant les actions violentes commises par des groupuscules extrmistes religieux. 98Cf.galementrapportduConseildedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsde lHomme, Document des Nations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015, para 38.LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df21Taeib Issa, touareg originaire du sud, est fondateur dune chane rgionale de tlvision. En octobre 2014, son corps a t retrouv au bord de la route reliant Obari Gat. Mme si lassassinat na jamais t revendiqu, daprs les informations reues, les auteurs ont cherch faire taire une voix engag dans la dfense des droits des Touaregs. R.occupaitlesfonctionsdesubstitutduprocureur.Suitelinsurrectionetlesconits de2011,ilsestattelsatcheenrendantjusticeavecclritetimpartialit.Ses ennuis sont venus tout dabord de criminels et de proches de dtenus de droit commun. Par la suite, il a dcid de mener des investigations sur des cas de violations des droits humains pour le compte dune organisation internationale. En raison de ces activits, il a subi plusieurs menaces directes et par tlphone, et a t victime de plusieurs tentatives denlvement (ainsi que des membres de sa famille). Au cours de lt 2014, ne pouvant plus se dplacer aisment ni garantir la scurit des siens, il a t contraint de chercher refugedansunpaysvoisin.Lorganisationinternationaleaveclaquelleilcollaboraita galement d fermer son bureau en Libye.SalwaBoughaighis99taituneminenteavocate,quimilitaitenfaveurdelgalit dessexesetluttaitpourlaparticipationpolitiquedesfemmes.Figureemblmatique deBenghazi,elletait,avecsasurIman,parmilespremiersactivistesanti-Kadha. SalwaavaitdjfaitfacelatyranniedeKadhaavantlinsurrectiondefvrier2011 endfendantlesactivistesislamistes.ElleaaussiparticipactivementlaRvolution de 2011 et avait sig au sein du CNT, organe dirigeant de la Rvolution. Elle a ensuite t vice-prsidente du Comit prparatoire pour le dialogue national en Libye. Aprs la Rvolution,elleadnonclesgroupesislamistesquitentaientdimposerdespratiques attentatoires aux droits des femmes. Les incessantes menaces contre elle et sa famille ne lont pas dcourag. Le 25 juin 2014, alors quelle rentrait dun bureau de vote, elle a t poignarde, et abattue par cinq balles, par cinq hommes arms et cagouls. Juste avant son assassinat, Salwa Boughaighis avait donn une interview une chane de tlvision au cours de laquelle elle discutait de la dtrioration de la situation scuritaire Benghazi et voquait les pertes humaines civiles suite aux affrontements entre les units de larme etlesmilices.Deplus,M.AbdelNasseral-Jaroushi,procureurauprsduTribunalde Benghazisud,quitaitentraindenqutersurlecasdelamortdeMmeBoughaighis, atcapturle20octobre2014parlegroupearmShuhadaal-Zawiya.Aladatede publication de ce rapport il restait dtenu dans laile militaire de la prison de Gernada.Dans la matine du 24 fvrier 2015, les corps de Mme Intissar Al-Hasairi100 et de sa tante ont t dcouverts dans le coffre de la voiture de la dfenseuse Tripoli, par les forces de scurit.Ladfenseuseetsatanteauraienttabattuespardesmembresdungroupe arm.MmeIntissarAl-HasairiavaitparticiplacrationduMouvementTanweer, ungroupeapolitiquequialobjectifdepromouvoirlapaixetlacultureenLibye.Elle avait aussi particip plusieurs manifestations pour la dmocratie et lEtat de droit. Les corpsontttransfrslhpitalAbouSalimdeTripolipourleuridentication.Selon certainesinformations,lesdeuxfemmesauraientttuesparballespardesindividus non-identis appartenant un groupe arm non-tatique.Ce ne sont l que des exemples. Lobjectif de ce rapport est de prsenter un panorama gnral delatypologiedesvictimesetdesagressions.Deplus,lafragilisationdelasocitcivile libyenne, suite aux assassinats et aux dparts en exil de ses membres les plus actifs, et le danger auquel font face tous ceux qui sont rests (menaces et tentatives dagressions, enlvements et arrestations arbitraires), empchent toute documentation exhaustive des violations subies par les dfenseurs des droits humains.99Cf. communiqu de presse de lObservatoire pour la Protection des Droits de lHomme du 27 juin 2014.100Cf. communiqu de presse de Front Line Defenders du 26 fvrier 2015, disponible sur http://www.frontlinedefenders.org/node/28161LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df22III .2 Des dfenseurs forcs lexilAujourdhui, les autorits libyennes sont incapables de protger et de lutter contre limpunit des violations subies par les dfenseurs. Au cours des dernires annes, ldication dun Etat de droit ne sest pas ralise, en laissant un vide institutionnel et juridique bant, rempli par la violence de groupes arms rivaux.Sajoute ce constat, le fait que la socit civile libyenne se trouve encore en phase dorganisation etdeformation,aprsprsdequaranteannesderpressionfroceetdeclandestinit.Les associations de dfense des droits de lHomme, qui ont t cres surtout aprs la Rvolution, ne sont pas encore sufsamment solides et prennes. De plus, linstabilit politique, le climat de violence et limpunit qui prvalent actuellement, mettraient en difcult mme une socit civile bien tablie. Aujourdhui, aucune institution nest en mesure de protger les dfenseurs. De nombreux dfenseurs des droits humains sont donc contraints, sils veulent survivre et continuer lutter pour les droits humains, prendre le chemin de lexil101. La plupart des organisations internationales, que ce soit les agences onusiennes ou les ONG humanitaires ou de dfense des droits humains102 ont d elles aussi fermer leurs bureaux pour poursuivre leurs activits partir des pays voisins (tel que la Tunisie).Lexilenlui-mmeposedenombreuxproblmespourlesdfenseurs.Eneffet,dansla plupart des cas, les dfenseurs menacs quittent le pays accompagns de leurs familles. Mais les pays daccueil - la Tunisie en premier lieu qui accueille un grand nombre de libyens - sont loin de garantir aux exils des conditions de vie adquates leur permettant de poursuivre leurs activits de dfense des droits humains. AlheureactuelleenTunisie,leslibyenspeuvententreravecleurpasseportsanscondition de visa. Ainsi, nombre dentre eux rsident en Tunisie et peuvent avoir accs de nombreux services, tel la sant ou lducation103. La dure de sjour est limite trois mois, renouvelable sanslimitationetcondition.Auparavant,cesconditionspermettaientderpondreaux besoins des dfenseurs libyens qui avaient quitt leur pays en raison de menaces. La Libye a rcemment inform les autorits tunisiennes que les passeports dlivrs avant 2006 ntaient plus valables et que leurs dtenteurs devaient les renouveler. De ce fait, de nombreux libyens ne peuvent plus quitter Tunisie, en raison de la difcult de faire renouveler leur passeport104. Enoutre,suiteauxvnementsdejuillet2014,denombreuxdfenseurslibyenssontplus pessimistes quant la possibilit de rentrer en Libye dans un futur proche et souhaitent donc bncier dun statut moins prcaire et plus protecteur. Ainsi, certains souhaitent obtenir le statut de rfugi en Tunisie. Parmi eux, plusieurs souhaitent ensuite tre rinstalls dans un autre pays, dans le cadre du programme de rinstallation du Haut-commissariat aux rfugis (HCR), en raison des dciences du systme de protection des rfugis en Tunisie. Eneffet,laTunisienesestpasencoredotedunsystmenationaldasile,mmesiun projet de loi est actuellement ltude105. Ainsi, le HCR de lONU est le seul organisme qui puisse dterminer les cas de demande dasile des dfenseurs qui ont fui des perscutions en Libye. Face aux importants ux de ces derniers mois en provenance de la Libye, lagence de lONU a aussi install un bureau de pr-enregistrement dans un conteneur prs de la frontire libyenneandyinterviewerlespersonnesquiarriventetdterminercellesquiontbesoin dune protection internationale106. 101Cf.galementConseildedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme, Rapport du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de lHomme, Document des Nations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015, para 38.102Cf.ConseildedroitsdelHomme,AssistancetechniquelaLibyedansledomainedesdroitsdelHomme,Rapportdu Haut-commissaire des Nations unies aux droits de lHomme, Document des Nations unies A/HRC/28/51, 12 janvier 2015, para 8.103Si,surleprincipe,ceciestvrai,danslapratiquequotidienne,leslibyensfontfacedesactesdediscriminationetde tentatives dextorsion.104Eneffet,seuleslesautoritsoprantsursollibyenpeuventrenouvelerlespasseports,paroppositionauxservices consulaires. Ainsi, les dfenseurs qui rentrent en Libye pour renouveler leurs passeports sexposent face dimportants risques scuritaires.105Cf. prole du HCR, 2015 UNHCR subregional operations prole - North Africa : Tunisia, disponible sur : http://www.unhcr.org/pages/49e486166.html (disponible seulement en anglais).106Cf. communiqu du HCR, Rfugis et demandeurs dasile en Tunisie : un avenir incertain, 26 dcembre 2014, disponible LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df23En outre, en pratique, les dfenseurs libyens font face de nombreux obstacles les empchant de mener une vie normale en Tunisie. Ils sont victimes de discrimination dans beaucoup de situationsquotidiennes107.Ilssontaussisouventassocistortauxluttesetmouvements oprant dans leurs pays, notamment aux extrmistes islamistes. Ainsi,aujourdhui,laplupartdesdfenseurslibyensexilsenTunisienontpasdestatut juridique:ilsnesontpaslgalementdesrsidentsetnebncientpasnonplusdela protection internationale octroye par le statut de rfugi. Mme sils bncient de quelques dispositionsavantageusesenapplicationdesconventionsbilatralesentrelaTunisieetla Libye108, ils sont privs du droit de participer la vie civile, ce qui les empche de crer des associations ou autres structures an de dfendre leurs droits.En dpit des dangers, des dfenseurs des droits humains continuent mener des activits de dfense des droits de lHomme en Libye, sexposant ainsi des probables reprsailles. Certainspeuventencorebncierdeformationsproposesparlesquelquesorganisations internationales qui ont maintenu des activits en Libye. Leur objectif principal est de russir tablirdesrelationsdurablesaveclesraresorganisationsdedfenseursrestesenLibye et celles en exil en uvrant la cration dune structure de coordination permanente qui fortie le mouvement des droits humains libyen.III. 3 Les perspectivesLes dfenseurs interviews ont partag leurs ides court et long terme, en ce qui concerne le rle de la communaut internationale et des pays trangers, mais aussi en tablissant un bilan critique sur eux-mmes. Ils sont convaincus que la seule solution long terme proviendra de linstauration dun Etat de droit, et donc du retour au processus de rconciliation nationale en Libye, avec laide de la communaut internationale. Dans lattente de laccomplissement de ce long processus de rconciliation, et plus court terme, les dfenseurs appellent les organisations internationales dotes de moyens et dexpertise ncessaires retourner en Libye (au moins dans les rgions et villes o les conditions scuritaires le permettent) an de soutenir la socit civile locale. CertainsontdclarqueleurrencontreavecleRapporteurspcialpourlesdfenseursdes droitshumainsdesNationsunies,quiaeulieule28octobre2014,leuradonnespoiret ouvert de nouvelles perspectives. En outre, ils appellent les Nations unies, lUnion europenne et les Etats Unis leur fournir une aide nancire, logistique et de formation pour renforcer le soutien quotidien octroy aux dfenseurs109. Loctroiparlespaysdaccueildustatutderfugiauxdfenseurslibyensquienfontla demande est une autre question fondamentale pour ces derniers110. Lesdfenseursinterviewsontaussifaituneanalysecritiquedeleursfaiblessesettous souhaitentlacrationdunecoalitionoudunrseaudedfenseurs,tantlintrieurde laLibyecommeau-deldesfrontires.Laplupartexprimentuneamertumevidentede navoir pas russi tablir des relations suivies avec les organisations de dfense des droits humains dans les pays daccueil. Ils insistent particulirement sur la Tunisie. Ils estiment que la lutte pour les droits humains est indivisible et que les sorts des droits et liberts en Libye et en Tunisie sont lis. Ainsi, une rencontre qui a runi Tunis des reprsentants de diverses ethnies, tribus et rgions de Libye, qui sest tenue la dernire semaine de janvier 2015, a t chaleureusement accueillie par nos interlocuteurs.sur : http://www.unhcr.fr/54a6a8ebc.html#_ga=1.207735959.402999467.1426863297107A titre dexemple, la majorit des interlocuteurs libyens ont rapport souffrir au quotidien de divers abus : exploitation des propritaires de logement, chantage et extorsion de prestataires de services et autres commerants, dagents de scurit, actes de diffamation, etc.108Cf. http://www.unhcr.org/549d93ff6.html. Cf. aussi la Loi n 74-13 du 18 mars 1974 et la Loi n 74-14 du 18 mars 1974.109La plupart des dfenseurs interviews ont fait tat de leur besoin de formation en matire denqute et de documentation, de collecte de preuves, de tmoignages et de rcits et dlaboration de stratgies de plaidoyer.110LeHCRestimequuntotalde130000libyensafuiverslItalieaucoursde2014(Cf.CommuniquduHCR,UNHCR position on returns to Libya, novembre 2014, www.refworld.org/pdd/54646a494.pdf (disponible seulement en anglais)).LObservatoireLIBYE - Entre confit multiforme et dlitement de lEtat, la dfense des droits humains au df24IV. CONCLUSIONAprs la chute de la dictature, la Libye est entre dans une phase dinstabilit. La rconciliation navance pas et les groupes arms font la loi, en dissminant la violence travers le pays. Les conitsraciaux,ethniques,politiques,tribaux,religieux,inter-rgionauxetinter-villessont lesprotagonistesdecettephasechaotique.Danscecontexte,lepaysatdsertparles instances et organisations internationales, un aspect qui na pas permis une amlioration de la situation pour les dfenseurs alors perscuts.La socit civile, billonne sous Kadha, na pas eu sufsamment de temps pour se structurer, sorganiser et acqurir les mthodes et moyens adquats pour consolider son champ dactivit. Les dfenseurs des droits humains, nayant plus dinterlocuteur ni au dpartement de la justice, ni auprs dautres instances tatiques, toutes plus ou moins liques, se trouvent maintenant engrandedifcult.Ilssontaujourdhuilesciblesdeprdilectiondesactesdeviolencede lapartdesdiffrentsbelligrants.Lesagressionsphysiquesetautresintimidationssesont intensie