12
Brèves Prix Départemental de l’Architecture, de l’Aménagement et de l’Habitat social P. 3 Opération Salle culturelle et de loisirs de Bourgneuf-en-Mauges P. 10 N°55 Janvier 2012 Lieux de culture et de proximité La publication trimestrielle du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Maine-et-Loire (CAUE) et de la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage (MATP)

Lieux de culture et de proximite

  • Upload
    caue49

  • View
    231

  • Download
    0

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Imago n°55 - Janvier 2012 Publication trimestrielle du Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement de Maine-et-Loire (CAUE49)

Citation preview

Page 1: Lieux de culture et de proximite

BrèvesPrix Départemental de l’Architecture,

de l’Aménagement et de l’Habitat socialP. 3

OpérationSalle culturelle et de loisirs

de Bourgneuf-en-MaugesP. 10

N°55Janvier2012

Lieux de cultureet de proximité

La publication trimestrielle du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Maine-et-Loire (CAUE) et de la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage (MATP)

Page 2: Lieux de culture et de proximite

ExPosiTionsPRIX DÉPARTEMENTALDE L’ARCHITECTURE,DE L’AMÉNAGEMENTET DE L’HABITAT SOCIAL

Le CAUE et le Conseil général de Maine-et-Loire s’associent une nouvelle fois pour organi-ser la 11e édition du Prix dépar-temental de l’Architecture et de l’Aménagement, manifestation biennale de promotion de la créativité architecturale et ur-baine. L’exposition présente les 32 opérations sélectionnées par le jury pour l’édition 2011Du 15 déc. 2011 au 29 jan. 2012

DESSINONS LE PATRIMOINE DE DEMAIN - CONCOURS D’IDÉES “MAISONSPASSIVES LIGÉRIENNES”

Lancé en 2010 par le parc natu-rel Loire Anjou Touraine avec le concours du CAUE 49, l’appel à idées “Maisons passives ligérien-nes” propose un pari audacieux : combiner efficacité énergétique, intégration urbaine et sociale dans un contexte patrimonial fort. L’exposition présente les projets lauréats sur chacune des communes participant à l’opéra-tion : Blou, Candes-Saint-Martin, Bourgueil, Gizeux, Turquant et Saint-Clément-des-Levées.Du 9 fév. au 8 avril 2012

Soirée inaugurale le 9 fév. 2012 avec un documentaire réalisé par le collectif Othon “Le fleuve, la tuffe et l’architecte” pour pro-longer la réflexion engagée par le concours et traduire “la parole habitante”, suivi d’un débat.

312 avenue René Gasnier - 49100 ANGERStél. 02.41.22.99.99 / courriel : [email protected]

Lieu d’exposition ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 12 h 30et de 14 h à 18 h, le dimanche de 14 h à 18 h.

AGENDA

Toutes les collectivités territoriales connaissent une crise majeure de leurs capacités budgétaires et, ainsi, de leur aptitude à l’anticipation ou à l’accompagnement des évolu-

tions sociétales. Cette crise est sans doute profonde et durable. Plus encore qu’en période d’expansion, les élus sont aujourd’hui dans l’obligation de réfléchir à l’opportunité de leurs investis-sements. L’utilisation des finances publiques, à quelque niveau que ce soit, impose la clarté des orientations et des choix.

J’ai toujours pensé, parfois à contre-courant, que la culture était de ces priorités car si le rôle de l’élu local est de favoriser la cohésion sociale, l’adhésion à un socle culturel partagé est un atout essentiel. Ce partage est facilité par deux moyens, fon-dateurs en quelque sorte de l’identité nationale et républicaine, celui de l’éducation et celui de la culture. La diffusion culturelle participe de la propagation des savoirs mais aussi de l’accepta-tion des différences, l’ouverture d’esprit et la tolérance. Au-delà de l’approche solitaire que suppose le livre ou la télévision, le citoyen a besoin de lieux collectifs où la réception est partagée et où se dégage le sentiment d’une communion.

L’exemple du déploiement des petits équipements culturels, en milieu rural comme périurbain, est significatif de l’effort fait par les collectivités, depuis des années, pour donner aux ha-bitants les moyens de cette diffusion. Ainsi le spectacle vivant est-il présent et actif sur l’ensemble du territoire.

Ce numéro d’IMAGO tend à montrer combien l’équipement culturel de proximité, quelle que soit la maîtrise d’ouvrage et quelle qu’en soit l’échelle reste un équipement public embléma-tique de l’identité et de la concorde locales. La qualité de son architecture est en ce sens essentielle.

ProGrAmmE mATP

1_2_3 SCULPTURESDE FIBRESMarie-Noëlle Fontan,Jill Galliéni, Simone Pheulpin, cheminement de trois femmes artistes françaisesMusée Jean-Lurçat de la tapis-serie contemporaine, Angerswww.musees.angers.frJUSqU’AU 28 MAI 2012

EXPOSITION FLORALE17ème ÉDITIONBiennale des étudiants d’Agro-campus Ouest à Angers “Le végétal fait campagne”. Le végétal mis en scène à travers une quarantaine de jardins autour des thèmes de l’horticul-ture et du paysage : exposition et nombreuses conférences.http://expoflo.free.frDU 16 AU 18 MARS 2012

DECORS ET ENLUMINURESL’art dans les manuscritsUne sélection des plus beaux manuscrits enluminés, peints ou dessinés appartenant au Département.Archives départementalesde Maine-et-Loirewww.archives49.frJUSqU’AU 24 FÉVRIER 2012

SALON DU VÉGÉTAL 2012L’horticulture ornementale pos-sède “son” rendez-vous incon-tournable : le Salon du Végétal qui présente la plus exhaustive des gammes : jeunes plants, semences, arbustes, plantes en pot, fleurs coupées, vivaces et plantes aquatiques…Parc des Expositions, Angers

www.salonduvegetal.comDU 21 AU 23 FÉVRIER 2012

Gilles LERoYConseiller général de BeaupréauPrésident du CAUE de Maine-et-Loire

P2

ÉDITo

SOMMAIRE

AGENDA / En Maine-et-Loire et ailleurs ................................................................. P.2PROGRAMME MATP / Janvier-mars 2012.............................................................. P.2BRèVES / Berges de Maine, rives nouvelles.......................................................... P.3DOSSIER / Lieux de culture et de proximité........................................................... P.4OPÉRATION / Salle culturelle et de loisirs de Bourgneuf-en-Mauges.................. P.10DÉCOUVERTE / Ceci n’est pas un château........................................................... P.12

Ani

ta N

OU

TE

AU

Musée du glacier norvégien - Sverre Fehn, architecte

Page 3: Lieux de culture et de proximite

ConFÉREnCEsHABITAT ET MODE DE VIE ARISTOCRATIqUEL’exemple de Montgeoffroy

Sophie SASSIER,guide conférencière(cycle de conférence “Habitat et mode de vie du Moyen Âge à nos jours”)Jeudi 5 janvier à 18h30

CoURs d’ARChiTECTUREà l’Institut municipal à Angers

ALVARO SIZA - DESSEINS D’UN ARCHITECTE PASSEUR

François BRUGEL, architecteJeudi 12 jan. 2012 à 18h30

LUDWIG MIESVAN DER ROHE L’ESPACE qUI N’EXISTE PAS

Paolo AMALDI, architecte, enseignant à l’ENSA Lyon Jeudi 19 jan. 2012 à 18h30

SVERRE FEHNÀ LA RECHERCHE DU LIEU, LE LIEU RETROUVÉ

Alexandre LENOBLE, archi-tecte associé de l’agence Ber-nard Quirot architecte et asso-ciés (BQ+A)Jeudi 15 mars 2012 à 18h30

VoYAGEsd’ÉTUdEs

LE HAVRE-ROUENDU 30 au 31 MARS 2012

Les deux villes normandes Rouen et Le Havre bénéficient d’un atout majeur mis en exer-gue lors des réflexions menées sur le Grand Paris : la Seine. Chacune développe un projet urbain ambitieux comprenant la réalisation d’équipements, la requalification de leur port, le développement des transports urbains, des opérations de ré-novation urbaine…Inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco en 2005, le Havre, ville reconstruite, est aussi un formidable exemple de la pen-sée urbaine d’Auguste Perret.

Inscription avant le 6 marsRenseignements auprèsdu CAUE de Maine-et-Loireau 02 41 22 99 99ou de l’URCAUEau 02 41 22 99 91.

ÉVÉnEMEnTs

CONCOURS DÉPARTEMENTAL D’URBANISME DURABLE2e édition

Remise des prix aux lauréats du concours des 19 communes en-gagées dans la démarche pour l’édition 2010-2011.Mardi 28 février 2012 à 18h

312 avenue René Gasnier - 49100 ANGERStél. 02.41.22.99.99 / courriel : [email protected]

Lieu d’exposition ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 12 h 30et de 14 h à 18 h, le dimanche de 14 h à 18 h.

www.matp-angers.euProGrAmmE mATPP3

BrèvEs

Musée du glacier norvégien - Sverre Fehn, architecte

Dans le cadre de sa mission de formation, le CAUEpropose chaque année, en partenariat avec l’Associationdes Maires de Maine-et-Loire, un programme de formationsdestiné aux élus.

Le programme 2012, adressé à toutes les mairies du département en janvier prochain, proposera une offre de formations riche et variée, adaptée au plus près aux exigences et à la complexité du mandat d’élu. Au-delà de ce catalogue, une démarche personnalisée sera engagée auprès de chaque structure intercommunale qui se verra proposer un plan de formation adapté dans son contenu et son organisation à la spécificité de ses besoins et de son territoire.

Le programme détaillé des formations 2012 sera consultable sur le site :

www.caue49.com

Renseignements et inscriptions auprès de Véronique LEBOUVIER / Tél. : 02 41 22 99 94 - mail : [email protected] / Programme consultable sur le site : www.caue49.com

PRIX DÉPARTEMENTALDE L’ARCHITECTURE, DE L’AMÉNAGEMENTET DE L’HABITAT SOCIAL (édition 2011)

Lors de la soirée inaugurale du 15 décembre dernier, le palmarès du Prix dépar-temental de l’architecture, de l’aménagement et de l’habitat social de Maine-et-Loire, édition 2011 a été rendu public et les prix décernés dans les catégories suivantes :

• Prix architecture (1): plateau de gynécologie obstétrique du CHU d’Angers, Rocheteau-Saillard Architectes • Mention spéciale du jury : Crédit agricole Anjou Maine, DMT et Tétrarc, architectes associés à Phytolab, paysagistes• Mention spéciale : musée Joseph-Denais de Beaufort-en-Vallée, Bruno Pantz, architecte et Sophie Thomas, muséographe• Prix habitat social (2) : logements collectifs du Val de Loire, de Coquereaumont-Lebreton, architectes• Prix aménagement (3) : Val d’Argance à Durtal, Egis aménagement.

BERGES DE MAINE, RIVES NOUVELLESExPOSITION AU QUAIDU 6 AU 20 JANVIER 2012

Lancé en 2010 par la ville d’Angers, le projet de reconquête des berges de Maine entame une nouvelle étape en ce début d’année 2012.Après plusieurs mois de travail, les trois équipes retenues pré-sentent leurs propositions dans une exposition présentée dans le forum du Quai. Les trois équipes présenteront également leurs projets au public, salle 400 du Quai :

- vendredi 13 janvier, 20h-22h : équipe de François Grether- Lundi 16 janvier, 20h-22h : équipe de Bernard Reichen- Mardi 17 janvier, 20h-22h : équipe de Finn Geipel

Cette exposition est un lieu d’information des Angevins mais également un es-pace de recueil des avis.

1 2 3

Page 4: Lieux de culture et de proximite

P4

Après que les investissements affectés à l’équipement des territoires aient été pour l’es-sentiel sinon achevés du moins bien avancés à la fin des années soixante-dix, une priorité a été donnée depuis plus de trente ans à l’équi-pement qualitatif du milieu rural et périur-bain. on est passé d’un effort essentiellement attaché à l’électrification et à l’assainissement des bourgs à celui de la création de lieux de culture ou de loisirs. Les dernières décennies ont été davantage celles du qualitatif que du quantitatif.

Ainsi il est peu d’habitants de Maine-et-Loire qui soient éloignés de plus de quinze ki-lomètres d’un équipement dont la fonction est la diffusion culturelle. Chacun des chefs-lieux de canton rural en est doté et cet équipement est le plus souvent assorti d’une programma-tion professionnelle établie soit spécifique-

ment soit dans le cadre d’une dynamique de Pays. C’est vrai pour l’espace rural comme pour l’espace périurbain, la forte attractivité des villes centre ne limitant pas l’offre locale comme l’exprime dans l’agglomération ange-vine la qualité de ce que proposent le Théâtre de l’hôtel de Ville à saint-Barthélemy-d’An-jou, le centre Jean Carmet de Mûrs-Érigné, le festival estival de Trélazé.

Au début des années 60 et de la cinquième République, la politique culturelle portée no-tamment par le nouveau ministère d’André Malraux, constitue une première vague drai-nant une culture trop diffusée dans les seules grandes métropoles (à commencer par Paris) vers les villes de France qui s’équipent ou rêvent de s’équiper de Maisons de la Culture et de lieux rayonnants. Le projet de Maison

à Angers alimentera les discussions pendant plus de dix ans, depuis l’association de ses amis jusqu’à sa préfiguration fonctionnelle.

C’est aussi au cours de cette décennie que les Affaires culturelles sont déconcentrées au niveau régional avec la création des di-rections Régionales des Affaires Culturelles (dRAC) en 1968.

Mais cette politique volontariste de l’État, poursuivie durant plus de 40 ans, porte prin-cipalement sur la construction des bâtiments, les collectivités ou leur délégataire devant assurer le fonctionnement, la programmation et la production. Ainsi, en 1990, le ministère finance seulement un quart de la dépense pu-blique en matière de culture, les trois quarts étant assurés par les collectivités territoriales. Celles-ci financent encore aujourd’hui plus de 70% de la dépense publique en ces domaines.

Le principe d’égalité d’accès à la culture, principe fondateur du ministère éponyme,

DossIEr

Centre socioculturel la Closerie à Montreuil-Bellay -Yves et Sophie Seigneurin, architectes

Lieux de culture

Le département de Maine-et-Loire est un départe-ment équilibré. Grâce à l’histoire et à la géographie, heureusement maillée par un réseau de villes et de chefs-lieux de canton structurant, l’offre d’équipe-

ments et de politiques culturels y est importante, dense et bien répartie sur le territoire.

Page 5: Lieux de culture et de proximite

P5

est ainsi longtemps assuré conjointement par l’État, avec l’aide à l’équipement, et par les collectivités territoriales, avec un apport très majoritaire en matière de fonctionnement et d’offres culturelles. de cette implication de l’État comme de la considération de la culture comprise comme partie prenante de l’aména-gement du territoire, est né le maillage excep-tionnel des équipements, leur proximité avec l’habitant étant privilégiée, peut-être même davantage que la qualité de la production. Cel-le-ci fait d’ailleurs, depuis 1989, l’objet d’une évaluation critique au travers de l’observa-toire des politiques culturelles (oPC) mis en place à compter de cette date.

La politique de “grands travaux” lancée avec le premier septennat de François Mit-terrand va finalement marquer une rupture avec ce principe de déconcentration culturelle, l’État favorisant l’implantation d’équipements culturels, principalement à Paris même si il

incite également à l’équipement provincial (avec les Zénith notamment) mais dans une bien moindre mesure. Elle aura pour princi-pale conséquence de mobiliser très largement et très prioritairement le budget de l’État au profit de plus en plus exclusif des grands éta-blissements nationaux, tous (ou presque) étant implantés à Paris ou en région parisienne. C’est ainsi que les crédits alloués au Musée du Louvre sont passés de 44 à 120 millions d’euros entre 2000 et 2009, de 97 à 207 mil-lions pour la Bibliothèque nationale de France, de 87 à 112 millions pour l’opéra de Paris, de 60 à 86 millions pour le Centre Georges Pom-pidou. Plus d’un tiers du budget du ministère de la Culture est affecté à ses établissements publics, 60% des crédits d’intervention étant réservés à Paris et à l’ile de France.

dans un contexte de restriction budgétaire, on comprend vite les conséquences de cette concentration sur la capacité du maillage ter-ritorial à poursuivre sa densification et à faire vivre, ailleurs qu’à Paris, un haut niveau de culture de proximité.

Le relais est ainsi pris par les collectivités. suite à la loi de juillet 1999 relative au renfor-cement et à la simplification de la coopération intercommunale, les trois quarts des commu-nautés d’agglomérations se dotent de la “com-

pétence culturelle”. Celle-ci sera également assimilée par les autres niveaux de territoriali-té, la loi de 2010 sur la réforme des collectivi-tés en faisant même une exception au principe mettant fin aux compétences générales.

si l’on risque un parallèle entre le dynamis-me des politiques territoriales d’équipements culturels dédiés aux arts vivants, au cinéma, aux musées ou à la lecture et celui plus atta-ché, par exemple, à la conservation et l’ani-mation du patrimoine historique, on constate à l’évidence un fort déséquilibre en faveur des

La France dispose, en 2009, de 5 500 salles de cinéma, 4 400 bibliothèques publiques, 1200 “musées de France”, 1 100 galeries d’art, 750 structures de création-production, 1 200 équipes ar-tistiques subventionnées par le ministè-re de la Culture, 120 écoles d’enseigne-ment supérieur sous tutelle, etc.

INVENTAIRE

« La culture n’est pas simplement la formation de l’individu par la connaissance et la pratique des beaux-arts, complétées par l’initiation aux grandes œuvres littéraires du passé et du présent, mais un savoir qui est à la fois connaissance du passé et du présent, de ce qui a été créé et de ce qui se crée ; elle est un choix d’existence, elle est enfin une pratique »

Jacques DUHAMEL, ministre de la Culture de 1971 à 1973,discours à la première conférence des ministres européens de la Culture, Helsinki, 9 juin 1973.

Pho

to B

runo

RO

US

SE

AU

Centre socioculturel la Closerie à Montreuil-Bellay -Yves et Sophie Seigneurin, architectes

et de proximitéLieux de culture

Page 6: Lieux de culture et de proximite

P6

premiers. Les médiathèques par exemple ont joué un rôle déterminant dans la dynami-sation des villes et des quartiers, donnant tout son sens à l’idée selon laquelle la culture est un vecteur essentiel au développement social et à la qualité de vie collective. Les projets de musées portés par des communes comme Beaufort-en-Vallée avec Joseph-denais ou Parçay-les-Pins avec Jules desbois sont une autre illustration de cette capacité de l’équipe-ment culturel à participer au projet collectif. Les monuments historiques eux-mêmes, com-plètent leur attractivité intrinsèque par une of-fre événementielle et culturelle parfois en par-faite communion avec le lieu (c’est le cas de l’abbaye de Fontevraud par exemple) parfois avec une certaine et opportune distanciation.

Les collectivités jouent ainsi un rôle es-sentiel en matière de diffusion culturelle et d’équipements affectés mais elles ne sont pas les seules. Les initiatives citoyennes, celles des artistes par exemple, se multiplient. Plus de la moitié des nouveaux lieux de la création artistique est issue d’initiatives associatives, souvent relayées par l’impulsion des collecti-vités mais participant d’inventions sociales et militantes, étrangères aux cadres institution-nels ou marchands et le plus souvent attachées à un espace existant constituant un patrimoine autant qu’un lieu d’expression ou de produc-

tion. Le village d’artistes de Rablay-sur-Layon participe de cette dynamique fondatrice de nouveaux modes de diffusion comme l’est aussi l’occupation des installations minières de nyoiseau et le succès grandissant du fes-tival “Tout Art Fer” ou le rôle de “la Rêverie des Allumettes” pour la sauvegarde patrimo-niale du site de la manufacture des allumettes de Trélazé. il va de soi qu’un risque de “ré-cupération” institutionnelle plane sur ces ini-tiatives comme peut l’illustrer par exemple les Machines de l’ile de nantes devenues lieux de spectacles emblématiques de la politique ur-baine de l’agglomération nantaise. Reste que

cette troisième strate, complémentaire de celle de l’État et des collectivités, apporte une dy-namique nouvelle conforme à une occupation de l’espace, forte et spécifique.

Mais l’essentiel reste toutefois l’équipe-ment culturel comme premier outil de la dif-fusion, premier vecteur de mise en relation entre l’habitant et le spectacle vivant, la lec-ture, la conservation patrimoniale, etc… Et, à l’exception notable de fondations ou de gale-ries privées, cet équipement est le plus souvent public, communal ou intercommunal.

DossIEr : LIEux DE cuLTurE ET DE ProxImITÉ

“L’analyse des contextes locaux, nous a appris que le paysage local joue un rôle important, sans que l’on puisse pour

autant identifier des conditions favorisant l’émergence de ces nouvelles pratiques. Des villes très pourvues en institutions et qui connaissent des pratiques culturelles très développées semblent tout autant prédispo-sées à générer des espaces intermédiaires ou à les rejeter que des villes peu institution-nalisées en matière de politique culturelle. Même si la plupart des projets que nous avons approchés sont localisés dans des villes, de plus en plus d’expériences émer-gent de territoires ruraux. Un peu plus de la moitié doivent leur naissance à des artistes. Un tiers sont impulsés par une ou plusieurs collectivités locales. Moins d’un cinquième sont lancés par des opérateurs culturels et des membres de la société civile.”

Extrait du rapport de Fabrice Lextrait, ancien ad-ministrateur de la friche marseillaise La belle de Mai, à la demande de Michel Duffour, secrétaire d’État au patrimoine et à la décentralisation cultu-relle – Juin 2001

EXTRAIT

« Les équipements culturels ont eu comme rôle premier la démocratisation, issue au xixe siècle de la construction d’un idéal de réunion entre art, peuple et État, incarné dans le musée. Depuis les années 80, ils ont pris d’autres dimensions – de développement économique et social, de changement d’image et de revalorisation des zones défavorisées, et ont permis aux théâtres, aux médiathèques, aux scènes de musiques actuelles, aux musées… de revivre un âge d’or» Philippe POIRRIER

Les Politiques culturelles en France, La Documentation française 2002

Médiathèque de Bouchemaine “Les Boîtes à Culture” - Anne Pouillard et François Cohen, architectes

Page 7: Lieux de culture et de proximite

P7

dans un contexte de révision générale des politiques publiques et de fortes tensions sur les équilibres budgétaires, il n’est pas inutile de s’interroger sur l’impact économique de ce type d’équipement ainsi que sur leur capacité à contribuer positivement au développement et à la cohésion sociale.

il est clair aujourd’hui que les grandes institutions culturelles sont aussi (sans être d’abord) des outils du développement écono-mique. Une étude récente montre que le mu-sée du Louvre produit plus de 200 millions d’euros de richesse alors qu’il ne coûte que

120 millions de subventions publiques. Le mo-teur de l’implantation d’une antenne du centre Georges Pompidou à Metz ou, a fortiori, d’une succursale du Louvre à Abou dhabi, participe

au moins autant de l’optimisation économique que de la diffusion culturelle.

on peut penser qu’il en est de même pour les équipements existants en milieu rural ou

DossIEr : LIEux DE cuLTurE ET DE ProxImITÉ

« Il faut rappeler la grande tradition de théâtre dans notre département avec l’existence de nombreuses troupes, amateurs et professionnelles, et un réseau de petits équipements très dense »

Cyril GILBERT, directeur de l’Établissement Pu-blic de Coopération Culturelle Anjou théâtre souligne la singu-larité du département de Maine-et-Loire et rappelle les objec-tifs de la politique départementale en matière de théâtre.

Imago : Comment s’organise la diffu-sion théâtrale en milieu rural en Maine-et-Loire ?

CG : Il existe aujourd’hui des réseaux, des équipements et des programmateurs qui assurent un excellent travail de diffu-sion et de sensibilisation au théâtre. L’un des objectifs de l’EPCC est de contribuer à une plus large diffusion de l’offre de théâtre sur l’ensemble du territoire, au travers notamment de la valorisation de la création locale, riche dans notre dépar-tement. L’EPCC a ainsi mis en place un comité technique consultatif du théâtre réunissant une vingtaine de profession-nels qui apportent leur expertise dans le cadre de nos réflexions sur les soutiens et les actions de développement. L’inven-taire exhaustif des salles comprenant un descriptif précis sur les données techni-ques (jauge, équipements, plateau, loges, noir, etc) et architecturales (conformités ERP…) n’existe pas encore sur le dépar-tement. Cet inventaire, qui nécessiterait une mise à jour régulière, constituerait un outil formidable pour les professionnels et les élus. I : Comment expliquer le fort investis-sement du Conseil général de Maine-et-Loire dans le soutien au théâtre ?

CG : Le Conseil général accompagne une tradition. Le Festival d’Anjou, 2e festival de théâtre en France ayant fêté ses 60 ans en 2009, constitue un moment fort avec plus de 25 000 spectateurs chaque année. L’EPCC Anjou Théâtre, créé en 2009 à l’initiative du Conseil général qui lui apporte son soutien financier, a pour mission d’anticiper et de prolonger « l’ef-fet festival » en soutenant la création, la diffusion et la formation théâtrale. Il faut rappeler la grande tradition de théâtre dans notre département avec l’existence de près de 350 troupes, professionnelles et d’amateurs, et un réseau très dense de petits équipements répartis sur l’ensem-ble du territoire.

I : Comment les professionnels par-viennent-ils à concilier exigence artis-

tique et adaptation à des lieux polyva-lents ? CG : Il existe plusieurs catégories d’équi-pements. A côté de ceux proposant une programmation à l’année et avec du per-sonnel dédié (notamment technique), existent de nombreuses salles de spec-tacles qui présentent parfois un potentiel formidable mais restent peu utilisées et/ou ne sont pas mises aux normes par manque de moyens. Les salles polyvalen-tes servent aussi, pour certaines, occa-sionnellement au théâtre. Elles sont nom-breuses sur le territoire et généralement bien entretenues par les collectivités pro-priétaires car fréquemment utilisées pour d’autres activités. Certes, la polyvalence a ses limites et ces salles ne sont pas tou-jours adaptées au théâtre. C’est pourquoi, pour faciliter les tournées, bon nombre de compagnies professionnelles adaptent leurs spectacles en « petites formes », leur permettant de jouer dans des conditions satisfaisantes et adaptées au lieu sans porter atteinte aux exigences de qualité. Si un maire souhaite construire une salle polyvalente pouvant accueillir du specta-cle vivant, il doit être bien conseillé, faire appel au CAUE mais aussi à un techni-cien du spectacle confirmé qui lui fournira les informations techniques nécessaires.

I : quelles sont les pistes de dévelop-pement ? CG : La solution pour l’accueil optimisé des professionnels dans les petits équi-pements passe par la mutualisation tant au niveau des programmations que de la gestion et de l’animation des salles. Un technicien pourrait ainsi intervenir sur plusieurs salles au sein d’un groupement de collectivités. Cette mutualisation, qui peut prendre des formes diverses, est déjà largement amorcée sur certains ter-ritoires. Le département détient un fort potentiel en matière de pratique théâtrale et d’équipements sur son territoire. Notre objectif, en tant qu’organisme partenaire du Conseil général, est de donner le coup de pouce nécessaire pour valoriser et dy-namiser l’existant.

Médiathèque de Bouchemaine “Les Boîtes à Culture” - Anne Pouillard et François Cohen, architectes

Page 8: Lieux de culture et de proximite

P8 DossIEr : LIEux DE cuLTurE ET DE ProxImITÉ

périurbain quand on sait, par exemple, que les retombées économiques nettes par visiteur et par musée de la région nord-Pas-de-Calais ont été évaluées, selon les années, entre 10 et 12 euros.

outre l’emploi qu’il induit nécessairement (le centre culturel de la Closerie à Montreuil-Bellay a généré la création d’une dizaine d’emplois directs ou indirects), l’équipement culturel est également compris par nombre d’élus comme un outil répondant aux pro-blèmes sociaux, participant de la lutte contre l’exclusion (au moins l’exclusion culturelle) et favorisant la cohésion sociale. il va de soi que cette dimension est plus forte dans les villes que dans les campagnes, l’investissement de celles-ci, par habitant, étant d’ailleurs propor-tionnellement plus important en ce domaine.

La construction et l’animation d’un équi-pement culturel ne seraient donc pas un in-vestissement sans fondement économique et social. Elles participent depuis un demi-siè-cle à une politique d’aménagement du terri-toire et de cohésion nationale. Elles contri-buent à l’identité et à la vitalité des territoires et apparaissent parfois, en certains lieux dés-hérités, comme l’une des dernières marques de l’appropriation et de la vitalité collective. L’architecture, outre qu’elle est en elle-même une expression de la culture (comme le pré-cise l’article 1er de la loi du 3 janvier 1977), participe de cette ambition et donne, par sa qualité et sa spécificité, tout un sens à un pro-jet ancré dans une réalité territoriale. Ce qui s’est construit depuis trente ans en Maine-et-Loire et que rappelle, par exemple, depuis 1992, les éditions biennales du Prix départe-mental de l’architecture, atteste parfaitement cette adéquation. La qualité du projet est alors

comprise globalement, qualité de l’édifice et qualité de l’offre culturelle ne faisant qu’un, comme étant induit naturellement son appro-priation par la population. Il suffit de consta-ter la toponymie des lieux de culture pour se rendre compte qu’on est passé de la “salle polyvalente” ou du “centre culturel” à un es-pace familier, situé, référencé dans l’histoire locale, “Jardin de Verre” à Cholet, “Théâtre Foirail” à Chemillé, “Boîtes à culture” à Bou-chemaine, “Carré d’Art” à Pellouailles, etc.

L’équipement culturel devient une pièce essentielle à la constitution du bourg ou du quartier. il représente à l’échelle du village ce que le “Grand théâtre” exprime dans la ville du xixe siècle, un élément de centralité. il est, au sens étymologique du terme, un mo-nument. La qualité architecturale est ici une exigence d’expression de cette monumen-talité bien comprise comme le potentiel de “mobilisation de l’affectivité” dont fait état Françoise Choay dans son ouvrage L’allégorie du patrimoine et non pas l’illustration d’une fonction que la grandiloquence ou l’immo-destie sauraient magnifier. La plus modeste salle de loisirs en milieu rural, le plus simple équipement culturel dans un quartier périur-bain, s’affirment par leur vocation au partage et à la transmission, par leur véritable acces-sibilité plutôt que par l’image qu’une archi-tecture ostentatoire peut vainement chercher à souligner.

Pour avoir du sens, l’architecture de l’équi-pement culturel doit trouver la formule qu’une parfaite intégration dans le tissu social sup-pose tout en marquant l’idée d’une exception fonctionnelle.

Une même alchimie participe de la défi-nition préalable de son programme et de la clarification d’une notion ambiguë, celle de la polyvalence. La construction de l’équipement, compte tenu de son coût et de son impact, est l’affaire d’un mandat. Les élus chercheront alors à y satisfaire le plus d’aspirations pos-sibles, surtout si le projet pour être partagé, comme il se doit, fait l’objet d’une concerta-tion avec les habitants et leurs représentations associatives.

LA CASE À CAZALS

Salle des Fêtes à Beausse - Lahaye-Labatut, architectes

Page 9: Lieux de culture et de proximite

P9DossIEr : LIEux DE cuLTurE ET DE ProxImITÉ

Imago : Comment une petite commune traduit-elle un besoin d’équipement en un projet architectural ?

RA : Sur notre commune, de moins de 400 habitants, il n’y avait pas de lieu de convivialité. L’ancienne salle était dé-sagréable et humide. Les premières ré-flexions sur un nouvel équipement ont été lancées lors de mon premier mandat mais l’équipe municipale était plutôt réticente. La deuxième équipe, plus jeune, s’est montrée ouverte et motivée. Nous avons alors décidé de faire appel au CAUE de Maine-et-Loire afin de nous aider à cerner les besoins et possibilités de réalisation. L’élaboration du programme a duré deux ans durant lesquels le cahier des charges a été rédigé et l’architecte choisi. L’équipe municipale avait déjà défini le terrain et une enveloppe budgétaire. Ce projet a satisfait la quasi unanimité du conseil municipal qui a pris du plaisir dans sa réalisation. Au début, la population était mitigée, mais elle a évolué comme l’attes-tent les enquêtes menées après chaque événement. Cet équipement est l’aboutissement de mon deuxième mandat. Notre seul regret concerne la faible participation financière de la communauté de communes.

I : Les usages de la salle ont-ils évolué en cours de programme et surtout de-puis l’ouverture ? RA : Le projet a subi des changements dès le début. L’architecte nous a d’abord proposé un projet ambitieux nécessitant 150 000 € de budget supplémentaire. Il a ensuite conservé l’esprit du bâtiment mais certaines choses ont évolué pour entrer dans l’enveloppe budgétaire. Ainsi toute la partie vitrée de la façade à l’arrière de la salle a été supprimée et la hauteur de la salle réduite de 50 cm.Nous avons fait quelques erreurs comme le fait de ne pas intégrer la climatisation et de même, nos rideaux ne sont pas assez opaques ce qui est gênant pour les spec-tacles de jour. Cette année nous avons d’ailleurs agrandi le podium dans l’espace initial de stockage et nous avons réalisé une extension à l’arrière pour la salle de dépôt, accessible seulement depuis l’ex-térieur.

Nous sommes satisfaits de la salle, adap-tée aux besoins de la commune. Les baies vitrées s’ouvrent sur la terrasse, très pri-sée pour les vins d’honneur, et permettent aussi d’accueillir davantage de person-nes. Nous avons fait une seule conces-sion au projet de l’architecte : le bardage bois qui nécessite 2 000 € d’entretien tous les trois ans, et nous avons quelques pro-blèmes pour le nettoyage des grandes baies vitrées.

I : L’équipement bénéficie-t-il d’un rayonnement au-delà de la commune ?

RA : La commune bénéficie d’un milieu associatif très dynamique. L’ancienne salle n’étant pas adaptée, les événements se déroulaient dans les communes voisi-nes. Avec cet équipement, nous voulions ramener ces manifestations sur Beausse ce qui est presque le cas aujourd’hui avec 85% des week-end réservés. Toutes les fêtes du village, réunions, petits mariages, spectacles d’écoles ont dorénavant lieu ici. Cette salle attire et ravit. Sa cuisine, bien équipée, est aussi un atout, notamment pour les traiteurs. Elle séduit également la population des communes voisines qui réserve de plus en plus la salle.

I : Comment se positionne votre com-mune par rapport à la programmation culturelle ? RA : A l’origine le projet prévoyait l’accueil de spectacles, mais les matériels vidéo et sono n’ont pas été mis en place faute de moyens. Notre commune est trop pe-tite pour faire partie des scènes program-mées d’autant que le Pays propose déjà ailleurs une offre culturelle très riche. Mais l’accueil ponctuel est possible d’autant que la salle dispose d’une bonne acoustique. Ainsi cette année, une petite compagnie, LéZ’arts vivants, a répété et enregistré son spectacle dans notre salle en contrepartie d’une représentation gratuite d’un specta-cle de Noël pour la commune. Nous avons par ailleurs accueilli, en exté-rieur, la première du spectacle Concerto perché du programme Scènes de Pays à la rentrée, suivie par un vin d’honneur sur place.

Rémi ALBERT, maire de Beausse, revient sur les difficultés et l’enthousiasme indispensable pour une petite commune rurale dans l’exercice de la maîtrise d’ouvrage publi-que, à travers l’expérience de la salle polyvalente.

Pourtant la polyvalence fonctionnelle atteint vite des limites qui peuvent rendre l’équipement finalement contre performant et décevoir tout le monde. La vocation à l’accueil d’un banquet républicain n’est pas forcément compatible avec celle attachée à l’audition théâtrale ou musicale. Le maître d’ouvrage doit être ainsi amené à trancher en faveur de l’une ou l’autre destination, une salle de spec-tacle n’est pas un lieu de rassemblement festif et inversement. sans doute est-il préférable de concevoir des espaces différents, modestes dans leur taille mais adaptés à leur fonction. La spécificité acquise par les médiathèques a donné à ce type d’équipement une vraie valeur d’usage, il devrait en être de même pour les lieux scéniques.

Ainsi, dans le processus progressif de l’aménagement du bourg ou du quartier, l’implantation de l’équipement culturel reste un élément essentiel du projet urbain. il ne s’agit pas d’un équipement ordinaire mais d’un bâtiment public constitutif de la collec-tivité comme l’est l’église, la mairie et l’école. L’exigence grandissante de la population en matière de qualité d’usage nécessite une pro-grammation fine et l’adaptation fonctionnelle à une vocation principale pré-définie. Lieu festif ou scène d’expression des arts vivants, il convient de choisir et de ne pas tomber dans l’illusion de la polyvalence.

L’équipement culturel est au xxe siècle et à la République ce que la mairie-école était au xixe siècle, l’expression d’une cohésion métis-sée, un nouveau socle du “vivre ensemble”.

BL

Pho

to P

asca

l GU

IRA

UD

Salle des Fêtes à Beausse - Lahaye-Labatut, architectes

Page 10: Lieux de culture et de proximite

P10

oPÉrATIoN / ArcHITEcTurE

LIEUBourgneuf-en-Mauges

MAITRE D’OUVRAGE Commune de Bourgneuf-en-Mauges

MAITRE D’œUVRE François NARBONNE et Sabine LUxEY,architectes ; 7 LIEUx, paysagistes

PROGRAMMATION CAUE de Maine-et-Loire (2001)

PROGRAMME Salle de spectacle (200 personnes de-bout, 115 personnes en gradins) avec scène surelevée, office cuisine (pour restauration scolaire), salles annexes.

Nbres D’HABITANTS 714 habitants

CALENDRIER Date d’achèvement : avril 2005

SURFACE - espace scénique : 155 m2

(extensible à 200 m2)- scène : 80 m2

- Total : 670 m2 SDO

COÛT 980 770 € TTC ( bâtiment, aménage-ments extérieurs, équipement scénique, équipement office, tribunes )

implanté en centre bourg, en extension de la mairie, l’équipement offre plusieurs salles à vocation polyvalente, autour de la salle Charlie Chaplin, dans un cadre bucolique. son jeu de volumes

répond au gabarit varié du contexte urbain environnant tout en s’inscrivant en surplomb. Le traitement des espaces extérieurs limite l’impact des volumes tout en créant des ambiances de jardins intimistes et sereins.

À l’origine juxtaposition de bâtiments indépendants, pour certains vétustes et mal adaptés (petite salle des fêtes, foyer des jeunes), la salle culturelle et de loisirs de Bourgneuf-en-Mauges est aujourd’hui un ensemble regroupant :

A - mairie,B - bibliothèque,C - cantine scolaire,D - salle de spectacle (avec scène et gradins escamotables),E - Salle de conseil et d’exposition,F - office, cuisine.

Les bâtiments construits et aménagés permettent à toutes ces fonctions d’être autonomes ou de se conjuguer. deux halls lumineux desservent et associent les différents locaux (en jaune sur le plan).

sALLE CU LTURELLE ET dE LoisiRs

4 - Gradins escamotables de la salle de spectacle

3 - Scène de la salle de spectacle

1 - Volume de la salle de spectacle

5 - Entrée extérieure de la salle de spectacle à l’arrière de la mairie

Page 11: Lieux de culture et de proximite

P11

sALLE CU LTURELLE ET dE LoisiRs

F

2

1

6

7

A

B

C

E

4

3

5

D

A - mairieB - bibliothèqueC - cantine scolaireD - salle de spectacle (avec scène et gradins escamotables)E - Salle de conseil et d’expositionF - office, cuisine

2 - Vue sur la mairie et son extension1 - Volume de la salle de spectacle

7 - Surface vitrée de la salle de spectacle donnant sur l’extérieur

6 - Aménagements paysagers jouxtant la salle de spectacle

Page 12: Lieux de culture et de proximite

P12

DÉcouvErTE

Mai 2011. Angleterre. Tout le pays rêve de féérie et de conte de prince charmant. Le Prince William vient

d’épouser la belle Kate Middleton. Je m’éloi-gne de l’effervescence de la capitale pour prendre le cap à l’ouest. L’air est frais. L’her-be est humide. Les collines ondulent dans le brouillard. Les châteaux hantés guêtent les vi-siteurs perdus. J’arrive à Coventry, ville d’un peu plus de 300 000 habitants, nichée au cœur de West Midlands, près de Birmingham. J’er-re dans les ruelles de la ville entre les monu-ments médiévaux et les vestiges de la seconde guerre mondiale. Au détour de l’une d’elles, j’aperçois une sorte de forteresse moderne, de brique d’une couleur intense. d’énormes che-minées métalliques émergent de sa silhouette massive et transpercent le ciel gris.

Ceci n’est pas un château... dirait Magritte. Et pourtant... Une atmosphère étrange se dé-gage de ce bâtiment. L’esprit d’un fantôme, peut-être… Quel trésor s’y trouve ? Quel se-cret cache-t-il ? Visiblement neuf et contempo-

rain, mais pourtant d’une époque tout autre... Je pénètre dans l’antre du bâtiment, un léger souffle me caresse le cou et me suit... Je me dirige dans les étages, où se trouve le trésor. Celui de l’érudition britannique, des milliers de livres... La lumière inonde la salle. L’air est pesant... un souffle, une brise... le fantôme me suit.

Le bâtiment abrite un grand secret et un autre trésor, gardé précieusement par son fan-tôme qui le surveille depuis les moindres re-coins de la forteresse. son secret réside dans sa technique de ventilation, dite ventilation naturelle assistée ou ventilation passive. son trésor, l’air, y est précieusement emmagasiné dans 5 atriums, puis passe par des ventelles commandées électroniquement dans chaque pièces et niveau du bâtiment. Les ventelles s’ouvrent et se ferment selon l’humidité, la te-neur en Co2 et la température de l’air captées à l’intérieur de la salle. L’air balaye tout le bâ-timent d’un petit souffle léger.

Pas de fantôme, mais plutôt un génie... ce-lui du vent associé à l’électronique, pour une architecture d’une époque future telle que les Anglais l’écrivent et la dessinent, celle de l’ère environnementale.

VLN

Directeur de la publication : Bruno Letellier - Rédaction : Clarisse Bodinier, Valérie Le Nicol, Bruno Letellier - Entretiens : Sandrine Prouteau - Maquette : Mickaël Bouglé - Photo de la Une : Salle des fêtes au Puy-Saint-Bonnet - Lahaye-Labatut, architectes - Photo : Pascal GUIRAUD - Crédit photos : CAUE de Maine-et-Loire, sauf mention contraire - Papier recyclé : Symbol freelife, 130 g/m2 - Dépôt légal : janvier 2012 - Impression : ABELIA Imprimerie. N° ISSN : 1282-5204

IMAGO n°55 - janvier 2012Publication trimestrielle du CAUE de Maine-et-Loire 312 avenue René Gasnier - 49 100 ANGERSTél : 02 41 22 99 99 / Fax : 02 41 22 99 90Courriel : [email protected] : www.caue49.com

Ceci n’est pasun château

Mar

ie-L

aure

Bel

licau

d

Mar

ie-L

aure

Bel

licau

d

“Cheminées”, coiffant des atriums utilesà la ventilation du bâtiment

Atrium

Bibliothèque universitaire de Lanchester, à Coventry, Angletterre - Alan Short, architecte (2000)