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L'Immigration en France au XXème siècle by Marianne Amar; Pierre MilzaReview by: Régine AzriaArchives de sciences sociales des religions, 36e Année, No. 76 (Oct. - Dec., 1991), pp. 212-213Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30125782 .

Accessed: 15/06/2014 14:58

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

doivent renforcer leur rdflexion sur les critbres dpistdmologiques, les mdthodes et les outils in- tellectuels n~cessaires a leur pratique et a leur avanc6e. Sont ici concernmes des disciplines aussi diverses que l'histoire (Esther Benbassa), l'anthropologie (Laurence Podselver), la phi- losophie (Paul B. Fenton) et les sciences po- litiques (Alain Dieckhoff). Doit dgalement etre ddbattue la question de la pertinence/lgitimitd de certains objets d'dtude (ex: sacrd/profane, cf. Sylvie Anne Goldberg) et de thdmatiques particulibres (Catherine Nicault, Roland Goet- schel). L'dcueil a dviter dans tous les cas dtant l'enclavement.

II ressort de cet ensemble la ndcessitd de la ddmarche comparatiste, de l'interdisciplinarit6 et des contacts rdguliers avec des instituts ou des chercheurs dtrangers. Il est rappel6 enfin que la vitalitd et la cr~dibilitd de chaque do- maine de recherche ddpendent du degrd d'au- to-rdflexion et de la rigueur mdthodologique investis. Un vaste chantier s'offre ainsi au sa- voir de la nouvelle gdndration de spdcialistes, prdsents ou non, dans ce recueil.

R6gine Azria

L'Immigration en France au XXeme siecle. Paris, Armand Colin, 1990, 332 p. Bibl., index.

76.300 AMAR (Marianne), MILZA (Pierre).

La question est trait6e sous la forme d'un lexique h 68 entrdes classdes alphab6tique- ment. Les rubriques prochdent de plusieurs lo- giques: celle de la g~ographie et de la gdopolitique (pays et nationalit6 d'origine des immigr6s, ethnic et religion); elles ophrent aussi des d6coupages transversaux selon diff6rents themes: questions administratives (papiers), 6conomiques (Communaut6 Econo- mique Europ6enne) ou organisationnelles (Office national d'immigration, Soci6t6 g6n6- rale d'immigration); divers axes politiques: courants iddologiques et partis (Action fran- gaise, Front national, partis communiste, socia- liste), politiques suivies par les divers gouvernements frangais (Daladier (d6crets), Fontanet (circulaires), Front populaire, Mille- rand (d6cret), Stol6ru (d6crets)); politiques en matibre de droit d'asile, du droit de vote des 6trangers, des expulsions, des clandestins; syndicats, associations et autres questions, di- verses mais non secondaires (habitat, enseigne- ment,...).

La formule choisie pr6sente des avantages et des inconv6nients. Le premier avantage est le fait d'offrir en quelques pages une vue syn- thdtique pour chaque point trait6. Mais ce d6sir

de clartd et de concision dvite difficilement certains pidges, dont le moindre rdside dans les rdpdtitions, indvitables, d'une rubrique g l'au- tre (ce qui en soit n'est pas genant outre me- sure, dans la mesure pr~cis~ment ob l'ouvrage n'est pas conqu pour etre lu d'une seule traite mais pour etre consultd par rubrique). Plus en- nuyeux m'a sembl6 le flou conceptuel que r&- vale l'usage immoddrd de la notion de communautd (communautd dtrangbre, commu- nautd maghrdbine, communautd juive, commu- nautd yougoslave, etc). II s'agit dvidemment de la part des rddacteurs d'une commodit6 de lan- gage, d'une fagon de faire bref. Dans de trop nombreux cas cependant, cet usage prcte a confusion en laissant supposer, t tort, I'exis- tence d'une pleine homog6ndit6 (sociologique, politique, religieuse ou autre) au sein des col- lectifs ainsi ddsignd. On sait, et les Auteurs plus que d'autres, que la plupart des groupes ainsi artificiellement constituds sont loin d'avoir une telle unite. Les divisions internes sont souvent une des causes de leurs difficultds d'intdgration.

L'immigration constitue une donn6e an- cienne de l'histoire de France, mais elle ne de- vient massive qu'd partir de la deuxibme moiti6 du sidcle dernier lorsqu'avec la rdvolu- tion industrielle la demande de main d'oeuvre s'accroit pendant que dans le m~me temps la natalit6 marque une baisse sensible. Ce qui change radicalement au lendemain de la deuxibme Guerre mondiale, c'est le rem- placement de l'immigration europdenne (h l'exception des Portugais) - supposde, h tort ou h raison, plus facilement assimilable et in- tdgrable - qui ne reprdsente plus que 47 % de la population dtrangbre rdsidant en France, par une immigration majoritairement maghrdbine (38,5 %), mais aussi originaire d'Afrique noire pour 4,3 % et d'Asie pour 8 %. Un constat s'impose g la lecture de l'ensemble: celui de la constance de la xdnophobie et de la peur de < l'invasion 6trangbre >>dans l'opinion publi- que frangaise, sentiments alternativement combattus ou entretenus par les mouvements ou les partis politiques et les syndicats, sehon les conjonctures, les capacitds et la volont6 de rdsistance B ces pressions de la base de la part des uns et des autres. L'ambivalence, I'ambi- guit6, le va-et-vient des politiques suivies, des d6clarations des responsables politiques et syn- dicaux et des positions successives de l'Eglise catholique en tdmoignent. L'image d'une France universelle et fraternelle, fondatrice des droits de l'homme a 6td bien souvent d6mentie par les faits qui ont jalonnd les cent dernibres ann6es. Ce qui ne l'empiche pas de rester en- core et malgr6 tout la destination privildgide

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Le Rendez-vous manqu6. Les Juifs de Mon- treal face au Quebec de I'entre-deux- guerres. Qudbec, Institut qudbdcois de recherche sur la culture, 1988, 366 p, (tabl. ill.).

76.301 ANCTIL (Pierre).

Confront6s B l'hostilit6 et aux pr6jug6s s6- culaires propres A l'ignorance et t cet < ensei- gnement du m6pris * qu'6voquait si bien Jules Isaac, les Juifs de Montreal, pour la plupart immigr6s de fraiche date d'Europe orientale, ont do attendre la <r6volution tranquille , pour se faire admettre dans la soci6td qudb6- coise.

L'Auteur fait I'historique de cette longue marche semde d'obstacles et d'humiliations en centrant son analyse sur les difficult6s d'inser- tion des jeunes Juifs dans le syst~me 6ducatif qu6b6cois.

La soci6t6 qu6b6coise de l'entre-deux- guerres connait un double cloisonnement h6rit6 des circonstances de l'histoire : celui de la re- ligion et celui de la langue, les deux se super- posant I'un l'autre; d'un c6td les anglo-protestants, minoritaires par le nombre mais jouissant d'un niveau socio-culturel et 6conomique sup6rieur, en plus du fait qu'ils sont adossds au grand ensemble des Etats- Unis; de l'autre les franco-catholiques, majo- ritaires mais essentiellement ruraux, traditionalistes et conservateurs, 6troitement encadr~s par une Eglise omnipr6sente, en po- sition d6fensive permanente. Le systhme 6du- catif est h l'image de cette soci6t6 chr6tienne mais partag6e; d'un c6t6 le r6seau anglo-pro- testant qui jouit d'un niveau et d'un prestige incontestables, de l'autre le r6seau franco-ca- tholique. Traditionnellement m6fiants A l'6gard de l'Eglise catholique et soucieux de r6ussite pour leurs enfants, les Juifs immigr6s de pre- mitre ou seconde g6ndration, quoique peu fa- miliaris6s avec ces types de formation, se tournent de pr6f6rence vers le premier. Mais l'6vidence la soci6t6 canadienne n'a pas pr6vu de place ni de structures pour ces 6h1ments non-chr6tiens arriv6s plus tardivement et elle ne semble pas particulibrement dispos6e g d6- ployer de grands efforts pour rem6dier h la si- tuation inconfortable (pour tous) qui s'installe. Protestants et catholiques d6veloppent au contraire des strat6gies qui, quoique diff6- rentes, visent h les maintenir dans les

< marges n, notamment en limitant leur nombre dans les 6tablissements confessionnels.

La crise 6conomique de l'entre-deux-guerres accroit les sentiments de x6nophobie et les at- titudes de repli. L'antis6mitisme, m~me s'il n'atteint pas la violence de celui que connait l'Europe g la meme 6poque, n'en imprbgne pas moins trbs profond6ment la soci6t6 qu6b6coise, toutes cat6gories sociales confondues et B commencer par le clerg6. Quelques rares per- sonnalit6s, juives et catholiques, 6mergent ndanmoins qui posent timidement et difficile- ment les premiers jalons dans les 6changes ju- d6o-chr6tiens.

Le sujet est passionnant, peu connu, du moins de ce c8td-ci de l'Atlantique, de meme que les documents pr6sent6s et analyses. On regrettera cependant trop de longueurs et le style, parfois h la limite du supportable (bien l61oign6 de la saveur du parler qu6b6cois).

R6gine Azria

BULLETIN DES OUVRAGES

de milliers d'hommes et de femmes d6munis de ressources ou de droits.

R6gine Azria

La Pens6e arabe. P.U.F., 1991, 128 p, (Coll. < Que sais-je ? >).

76.302 ARKOUN (Mohammed).

La premiere 6dition de ce < Que sais-je ? > date de 1975, suivant de peu (1973) l'ouvrage du meme auteur, Essais sur la pensde islami- que. L'oscillation entre < pens6e islamique w et < pens~e arabe w ne doit pas tromper le lec- teur; il s'agit bien de la pens6e historique du monde arabe au sens large, d6marr6e avec le fait coranique et poursuivie h travers l'histoire de l'islam. C'est un des int6rets de ce texte que d'y saisir les moments tant6t d'imbrication et de tl61escopage, tantat de tension et de s6- paration entre les deux entit6s identitaires de l'arabit6 et de l'islamit6. Dans une publication de 1986 en arabe, l'auteur titrait d'ailleurs His- toire de la pensde arabe islamique.

Cette quatribme 6dition comprend une ( mise a jour >, notamment par le biais d'une introduction qui s'interroge sur les attitudes et les productions des intellectuels arabes dans le passage de la r6volution arabe socialiste >> Sla revolution islamique >>. Une id6e fugitive y apparait, que certains partageraient volon- tiers, g savoir que < les soci6tds arabes contem- poraines - et plus g6ndralement les socidt6s travaill6es par le fait islamique - sont d'in- comparables laboratoires (...) oh les sciences sociales pourraient connaltre des mutations thdoriques d6cisives >>; id6e reprise plus loin (p. 123) en direction des intellectuels arabes: < soumettre les probl6matiques des sciences humaines a l'6preuve de l'exemple arabo-isla-

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