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L'immortelle Ti Corn

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L'immortelle Ti Corn

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2 22 Mars 2013No 824

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL

RÉDACTEUR EN CHEFGaëlle C. ALEXIS

SECRÉTAIRE DE RÉDACTIONDaphney Valsaint MALANDRE

RÉDACTIONDimitry Nader ORISMAGilles FRESLET Myria CHARLESWinnie Hugot GABRIELTeddy Keser MOMBRUNJunior Plésius LOUISRaphaël FÉQUIÈREEnock NÉRÉLégupeterson ALEXANDRE

CORRECTIONJean-Philippe Étienne

CRÉATION ARTISTIQUEResponsable graphiqueRéginald GUSTAVEStevenson ESTÈVEPhotographesFrederick C. ALEXISHomère CARDICHONJules Bernard DELVAMoranvil MERCIDIEUYonel LOUIS

Publicité: 2941-4646 [email protected]

Rédaction: 2945-4646 / 3806-3717

Une publication de Ticket Magazine S.A.

16 635FANS

levard des Arts, à la rue Villate sous le thème « Et Dieu créa la Femme… ». On y retrouvera des artis-tes comme Curtie Lainé, Gethce Pierre, Gaétan César, Geraldo, Chouloute Minouche, Junior Mercier, Vilner, Rocky, Gemina et Lucci entre autres.

Admission: 500 gour-des

David Tort à The Irish Embassy

Après une première affiche qui a avorté, David Tort, disc-jockey d’origine espagnole, sera en Haïti, à The Irish Embassy, le vendredi 22 mars. Une occasion pour les amants de la musique techno d’apprécier les derniers hits de la tendance.

David’s Ladies Night 4 à Garden Studio

Une soirée rien que pour vous, mesdames ! Stevy Mahy et Garden

Studio présentent une nouvelle soirée épicée pour les femmes en parti-culier, et aussi les hommes que cela intéresse.

Admission: US $20 à l’avance et US $25 à l’entrée

K-Zino à Anbyans Club (ex Aux Callebasses)

Retrouvez le groupe K-Zino secondé de Dj Xtacy à Anbyans Club, ancien local de Aux Callebasses.

Admission : 250 gdes

Samedi 23 mars 2013

« Echo des âmes » à La Réserve

Ayiti Deploge et Vêvê Collections vous invitent à retourner à nos racines samedi soir avec Echo des âmes. Au cours de cette soirée spéciale, le public pourra apprécier les talents de BélO, Boulo Valcourt, Tamara Suffren, Rutshelle Guillaume, Marodie Pierre et Paula Payant.

L’AGENDAde

Découvrez chaque semaine les coins branchés, les restos en vogue et les meilleures affiches de la ville avec en prime les recommandations de votre magazine préféré ! N’hésitez pas non plus à nous faire parvenir vos affiches à l’adresse email suivante : [email protected]

Vendredi 22 mars 2013

Emeline Michel à Fokal

Les fans d’Emeline Michel pourront retrouver la diva à la Fokal à 6 h pm ce vendredi. En cette occasion, la chanteuse présentera des morceaux extraits de « Quintessence », son dernier album.

The Secret Garden Fashion show

Industry et Champa-gne présentent l’événe-ment fashion de la saison au Karibe Convention Center dès 8 h pm ce vendredi. Découvrez les dernières pièces de ces deux magasins. Pour

réservations, appelez au 3663-0039

Admission: US $85 (boissons incluses)

Concert de la Caravane de la Francophonie à l’Institut Français en Haïti

Retrouvez les artistes BélO, BIC et Jean Jean Roosevelt pour l’une des soirées de clôture de la Caravane de la Franco-phonie au local de l’Insti-tut français en Haïti.

Soirée Akoustik

La septième édition de « Soirée Akoustik » aura lieu le vendredi 22 mars 2013 à 8 h pm au Bou-

Préparé par: Daphney Valsaint MALANDRE

Agenda Kont Anba Tonèl

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322 Mars 2013No 824

Dis-nous comment tu es devenue chanteuse et musicienne.

J’ai commencé très jeune à chanter les chansons créoles que j’entendais dans mon entourage. Bien que personne ne soit musicien dans ma famille, j’ai eu envie de jouer de la guitare à douze ans pour accompagner mon chant. J’ai donc pris des leçons de guitare, de chant et aussi de tambour pour mieux sentir les rythmes haïtiens. Puis j’ai travaillé avec le compositeur capois Marcel O. Gilles, Henry Célestin (à l’époque maestro des Difficiles de Pétion-Ville), le légendaire guitariste Robert Martino, la famille Wid-maier et le poète Jean-Claude Martineau (Koralen). Ils m’ont tous aidé à définir mon style musical qui aujourd’hui est devenu totalement naturel pour moi.

Il y a-t-il des chanteuses haïtiennes qui t’ont aidée à retrouver ta voix et à rêver de grandeur ?

J’admirais les chanteuses célèbres haï-tiennes, en particulier la grande Martha Jean-Claude avec qui j’ai eu l’immense joie de performer sur scène à l’une de ses dernières apparitions en public au Miami Arena. L’inoubliable Toto Bissainthe m’a aussi beaucoup marquée...

Tes chansons sont fortement an-crées dans le folklore haïtien. Tradui-sent-elles ton attache à une terre qui t’a vu grandir ? Pourquoi as-tu préféré la musique traditionnelle haïtienne à la musique allemande ?

C’est une question qui ne se pose pas vraiment pour moi, mes racines sont haï-tiennes, et ce sont elles qui s’expriment dans mon art. Je suis un vrai mélange de ces deux cultures, mais dans mes créations, c’est toujours la culture créole qui m’inspire.

Comment ce choix était-il perçu par ta génération où tout ce qui était rituels vodouesques et culture popu-laire (musique, danse ou peinture) était boudé à l’époque par les classes dominantes ?

Mes parents étaient très ouverts. Malgré les réticences qui existaient à cette époque, ils m’ont encoura-gée à puiser dans toutes les sources musicales pour créer ! Et ils m’ont ainsi soutenue tout au long de ma carrière.

Peux-tu nous parler de ton ré-pertoire et nous décrire ton univers musical ?

Mon répertoire est basé sur les chansons traditionnelles haïtiennes, des compositions de musiciens haïtiens célèbres et sur mes propres créations. J’aime interpréter ces différentes facettes multicolores de la culture haïtienne.

Quels thèmes traversent tes com-positions ?

La nature, les petites histoires humai-nes, les scènes de la vie qui se déroulent sous mes yeux, mais aussi des thèmes plus profonds qui parlent des difficultés et de l’âme de ce pays.

Où trouves-tu de l’inspiration pour composer tes œuvres ?

Mon inspiration n’est pas program-mable. Elle peut venir de n’importe où et dans n’importe quelle circonstance. Je ne vais pas la chercher, c’est plutôt elle qui vient frapper à ma porte.

Comment vois-tu la musique populaire haïtienne, et quel regard portes-tu sur son contexte actuel de production et de diffusion ?

Comme je vis surtout en Europe, je ne suis pas au contact direct avec ce qui se passe dans le milieu musical haïtien. Cependant, beaucoup de ce que j’ai pu entendre sur Youtube m’a enchantée. Ma relation avec beaucoup d’artistes anciens et nouveaux me montre combien la créa-tivité est forte dans ce pays. C’est pour moi ce qui est la vraie force d’Haïti.

Tu t’es produite une peu partout en Europe et en Amérique. Comment es-tu reçue dans ces continents ?

Les mélodies étant entraînantes, et le créole étant perçu comme une langue très douce, partout où je chante, le public aime ma musique. Je les fais participer en expliquant et traduisant le contenu des chansons.

Quels sont tes titres qui sont autant connus qu’appréciés ?

« Sous le ciel d’Haïti », « Carena-ge », « Colibri », « La m ap rete »... Moi, je continue à aimer toutes ces chansons, car elles traitent des thèmes universels, qui ne passent jamais de mode. Elles me rappellent toutes une époque où ma

L’immortelleTi CornCélèbre chanteuse et chantre de l’âme haïtienne, la légendaire Ti Corn à la voix d’or et aux cheveux jaunis, est née de parents allemands et a connu son enfance au Cap-Haïtien, terre d’adoption mais aussi lieu de ses créations. Elle chante en créole pour mieux raconter nos scènes de vie, nos contes et nos histoires mythiques que lui contait Anna Colo, celle de qui elle tient son nom d’artiste et qui l’a fait découvrir la beauté de nos morceaux traditionnels. Sa musique empreinte de poésie baigne dans notre folklore et traduit indubitablement son amour pour la culture haïtienne. Ticket vous présente Cornelia Schütt-Richard, une auteure-compositeure qu’il ne souhaite pas voir sombrer dans l’oubli.

carrière battait son plein et continuait son envol pour atteindre le summum de réussite dont j’ai toujours rêvé.

Quels ont été tes plus beaux sou-venirs sur scène ?

J’ai connu beaucoup de moments inoubliables sur scène avec des grands musiciens à travers le monde. Mais c’est le public qui fait la différence. Quand je sens que les paroles les touchent au cœur, cela me rend profondément heureuse.

Tes dernières prestations en date ? En décembre 2012 j’ai chanté dans

une soirée organisée par « Les Difficiles » à Port-au-Prince. En février 2013, j’ai donné quatre concerts dans le sud de l’Allemagne, et le 13 mars j’ai partagé la scène de la fameuse « ufaFabrik » à Berlin pour la Fête de la Francophonie avec mon ami Beethova Obas. Je suis invitée à chanter à New York le 26 mars 2013 dans le cadre d’un festival de jazz haïtien.

De nos jours, la musique devient de plus en plus commerce sans une prise en compte de la qualité des produits qui circulent sur le marché. Comment réagis-tu par rapport à cela ?

Pour moi, la musique est une histoire d’amour intime, on n’y échappe pas et elle reste une passion pour toute la vie. L’aspect commercial de ce métier est secondaire par rapport à la création. Tou-

tefois il est un aspect très important pour pouvoir continuer à produire et toucher un plus large public.

Les œuvres musicales sont en mal de survie aujourd’hui, surtout en Haïti. Elles sont pillées, piratées et les droits des auteurs bafoués. Que penses-tu de cette réalité que vivent les créateurs ?

Malheureusement, on peut difficile-ment changer cette réalité. En revanche, on ne peut pas pirater un artiste qui se produit sur scène et, sous le coup de l’émotion, le public a souvent envie de le soutenir en achetant son CD. D’autre part, il y a des pistes intéressantes à explorer, comme travailler avec des spon-sors ; ou encore, le tout nouveau moyen à travers Internet, le « Crowdfunding », où chacun peut, même avec une très petite somme, participer à la production d’un artiste.

Caresses-tu présentement des pro-jets d’album ?

En 2009, j’ai sorti un nouveau CD titré « Cap-Haïtien » et j’ai aussi réédité toutes mes productions antérieures. Je les ai retravaillées et mises à jour sous la forme d’une collection dont beaucoup de chansons sont encore à découvrir. Ac-tuellement j’ai six albums sur le marché (www.TiCorn.com). J’espère que plein de nouvelles créations viendront s’y ajouter!

Propos recueillis par Rosny Ladouceur

[email protected]

Ti Corn et Beethovas Obas, deux légendes de la musique haïtienne, ont chanté l’âme et la poésie créoles de leur île caraïbe lors de la fête de la Francophonie, à Berlin, le 13 mars 2013. La fête de lafrancophonie avait pour thème “Raconte-moi la francophonie”

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4 22 Mars 2013No 824

D’un point de vue logique, le terme créole « Fè chadèk » aurait pu faire réfé-rence à la fécondation ou la culture de cet agrume à écorce jaune ou verte, à la forme sphérique mais parfois piriforme, souvent acide ou amer et renfermant de nombreux pépins.

Dans des villes de provinces et dans certaines régions de la capitale, selon la saison, les gens peuvent mentionner les sens dénotant de cette expression dans leur conversation.

Par exemple : « M ap tann lòt yo donnen, men m ap koupe pye chadèk sa paske l pa ka FÈ CHADÈK ».

Certains d’entre nous l’ignoraient, mais dans le parler de la rue, le terme «fè chadèk» est porteur d’autres connota-tions. Sur le plan extralinguistique, l’ex-pression « fè chadèk » se veut un euphé-misme du terme vulgaire « fè chacha». De façon moins vulgaire, on dirait « fè sipèsta/stil ». Quand quelqu’un juge une personne ou une chose indigne de son

estime, de sa considération ou de son attention, pour nous autres, il la méprise ; mais dans les nouveaux modes d’expres-sions utilisées majoritairement par les « bredjenn », « l’ap fè chadèk sou li » ou «l’ap fè stil sou li» conviennent mieux.

Par exemple : « Manzè fin manje kòb mwen epi l sòti pou l fè chadèk sou mwen » ; tout comme on aurait pu utili-ser « Epi l sòti pou l fè stil sou mwen ».

Si vous entamez une conversation avec une personne et qu’elle ne prête pas attention à ce que vous dites ou qu’elle vous tourne le dos, vous pouvez toujours employer « l ap fè chadèk sou ou »; mais dans ce contexte, «monte vit sou ou» ou « pa ret sou ou » sont les termes appro-priés.

Par exemple : « M poze mèt la yon kesyon, li monte vit sou mwen» ; « Si depi maten w ap rele chòdi an w pa ka jwenn li, konnen l pa ret sou ou. »

Dans le cas où la personne vous

Lexique des bredjenn

« Fè chadèk »Il est amusant de voir comment le néologisme contemporain de notre langue maternelle offre différents clichés sémantiques de certains mots et expressions. Comme d’habitude, la rubrique hebdomadaire « Lexique des bredjenn » vous les présente. Et pour cette semaine, les lignes qui suivent vous permettront de découvrir l’expression « Fè chadèk ».

ignore dans tous les sens du terme, dans notre créole haïtien, certains diront «lap fè stil sou ou» ; mais, les mordus des néologismes contemporains du créole haïtien vous diront que le thème spécifi-que pour cette situation n’est autre que : « Fè tchèlè ».

Par exemple : « Poutèt mwen pa pase a, tout elèv ki te nan pwomosyon m nan ap fè tchèlè sou mwen » ; « Paske misye jwenn djòb la, li panse l ka fè tchèlè sou tout moun nan antouraj li. »

Il se peut que le parler de la rue

regorge de pleins d’autres équivalents de l’expression à caractère vulgaire citée au début du texte, mais les plus courants restent : « fè stil sou », « fè sipèsta sou », «fè chadèk sou », « fè tchèlè sou », « pa ret sou », « monte vit sou », etc.

La plupart d’entr’eux ne sont pas institutionnalisés. Par contre, l’utilisation progressive de ces termes peut leur per-mettre d’intégrer le parler de toutes les couches de notre société.

Wendy Simon

Le Palais municipal de Delmas a ac-cueilli, le mercredi 20 mars, une soirée de gala dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la Francopho-nie. A ce rendez-vous haut en couleur, les mélomanes se sont amusés durant plus de deux heures. Récit.

Il est déjà 7 h du soir. Un soleil pâle de veille de printemps envahit l’horizon. Dans le décor du palais municipal de Delmas, des dizaines de personnes s’ins-tallent. Look raffiné et senteurs de toutes marques sont au rendez-vous.

Pas encore de spectacle. Sinon la grande scène bien décorée d’affiches et le vent frais qui souffle. Des minutes s’écoulent. Le MC de la soirée s’amène timidement pour saluer les invités de marque : ambassadeurs, ministres et représentants des membres du gouver-nement. La grande vanne des allocutions s’ouvre. A tour de rôle, les intervenants défilent. Les discours, pour la plupart peu incitatifs, font lanterner.

7 h 45. Un ouf de soulagement quand la première prestation de la soirée est annoncée. Franketienne et BIC, dans une complicité contagieuse digne de leur spectacle intitulé « Vwa marasa », entraînent l’assistance dans une danse amalgamée de mots (créoles et français) et de chansons. Le virtuose Franketienne

est alerte. Sa posture, son élégance, ses maniérismes et sa voix ne trahissent pas trop ses 77 ans. BIC, de son côté, joue remarquablement sa part. C’est à la fois motivant et plaisant. La francophonie rime indéfectiblement avec fête. A eux deux, l’écrivain et le parolier distillent la joie au public sélect qui se fait sentir par un tonnerre d’applaudissements.

Le chanteur suisse Gaëtan et ses musiciens se prêtent parfaitement à l’euphorie qui traverse la salle. Ils jouent savamment et conjuguent des rythmes enfantins en surfant au-dessus des gam-mes avec dextérité. «Le dentier du loup», la première prestation de la bande suisse, suffit à galvaniser toute l’assistance. L’on danse au gré des souvenirs, pour ainsi dire au gré des réminiscences qui han-teront encore longtemps la vie de tout un chacun. C’est captivant. Et Gaëtan sait comment attiser son sujet. Il change de structure linguistique et chante en créole « Ayiti mwen renmen w ». Loin de se rattraper, le public se laisse plutôt entraîner par la magie de cette chanson que le temps ne peut vieillir. Dans un frisson intense de plaisir, l’assistance se met debout et augmente le tempo en frappant les paumes.

Mieux vaut ne pas parler d’interlude. Pas de Dj, ni de vrai MC. Seulement cet homme au discours froid dont tous

s’ennuient. Mais l’occasion est aussi à l’hommage. Yves Dejean, défenseur du créole, et Gérard Bornes, du collège Alci-biade Pomayrac de Jacmel, sont honorés. Des plaques d’honneur leur sont décer-nées pour leur contribution à la diversité culturelle qui est un élément majeur de la francophonie.

Une autre brochette de musiciens gravit le podium pour accompagner Wesli et Cinthia. Remarquables dans leur animation, ils forment ce duo exception-

Journée internationale de la FrancophonieQuand Francophonie rime avec Fête

nel qui, en très peu de temps, s’est fait créditer... Ils ont de quoi recréer l’assis-tance. Avec des airs qui nous sont fami-liers et additionnés par intermittence de rythmes afro-caribéens, ils ne forcent pas. Leur phrasé acoustique coule aisé-ment. La joie se répand et le public en est ravi dès l’amorce. On est libre de chanter et de suivre les caprices du talentueux guitariste haïtien, Wesli. Cinthia, pour sa part, n’est pas confinée dans son rôle de choriste. Elle joue de son corps pour raviver le spectacle. Légère dans ses pas bien esquissés, habile dans sa texture vocale, la ravissante Antillaise réunit plus d’une qualité pour faire les délices de ses spectateurs bien avertis. Le duo s’éclate. Émotions et euphorie. Rafales d’applau-dissements.

Au beau menu de la soirée vient s’ajouter une brillante prestation de danse offerte par une troupe de Théâ-tre national. Notre folklore est plus que jamais fascinant. Les danseurs et danseu-ses donnent à admirer. La diversité est de mise. Les rythmes varient et tiennent l’assistance en haleine.

Il a fallu environ deux heures pour fê-ter amplement la Journée internationale de la Francophonie. Après une ambiance aussi survoltée avec des prestations les unes plus intéressantes que les autres, ils doivent être nombreux à se dire : « Que c’est beau quand la francophonie rime avec fête ! »

Lord Edwin [email protected]

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522 Mars 2013No 824

La première exposition des œuvres des artistes du collectif Mountain Heights Kreation se tient depuis le 15 mars au restaurant Le Vert-Galant, rue Lamartinière, Bois-Verna, et durera jusqu’au 15 avril. Près de cinquante œuvres sur giclé et acrylique attendent les amants de l’art et la grande foule en général.

Valérie Noisette, Ama Makeda et Xavier Dalencour ont sélectionné plusieurs pièces parmi leurs créations, afin de lancer un projet ambitieux sous le nom de Mountain Heights Kreation. Peintres avec un doigté extraordinaire, chacun de ces artistes excelle sous un angle différent dans l’univers magique de la création d’images et de l’assemblage des couleurs.

Makeda a un faible pour les fleurs, elle les utilise pour faire parler son âme et son côté rebelle. Des toiles telles “Non à l’excision” ; “Le Endiy” ; “Find me taste me”, peintes dans l’acrylique démontrent son caractère fort... et sa désinvolture.

Valérie, elle, utilise des figures géométriques dans ses expressions artistiques. Des courbes, des droites parallèles et même le vèvè haïtien sont très présents. Ses dessins d’une inspiration voudouesque sont d’une harmonie et d’une finesse éclatantes ; elles ont été imaginées et réalisées dans le plus grand ordre.

D’un style plus différent, Xavier Dalencour se présente comme un “Ramasse-tout”. Avec lui, rien ne se perd, tout se transforme ; la matière ne se dégrade pas, mais prend une autre valeur qui donne une dimension intéressante à ses tableaux. Le fameux «Georges», sans cesse sur les lèvres haïtiennes, est peint comme des spirales dans le cerveau humain. Ses masques allient des tissus recyclés, des bouts de code, de la cire de bois, du papier...

Ses trois artistes, en créant le Mountain Heights Kreation, veulent prouver que l’art contemporain a un dynamisme en Haïti. Ils veulent, avec ce collectif, aller au-delà des activités des galeries d’art, qui selon eux, sont des conservateurs qui restent dans l’art naïf.

Le collectif veut utiliser les atouts de la technologie moderne et le sens de création de ses membres pour s’organiser et créer ses propres possibilités. Cette synergie artis-tique vise des festivals, des ateliers, des activités d’intervention psychologique...

Leur première exposition, qui se tient actuellement au Bois-Verna, transforme le cadre du restaurant Vert-Galant en un espace beaucoup plus attrayant que d’habi-tude. Les peintures exposées sont en vente sur giclé, et dans différents formats, afin de permettre aux petites bourses de se procurer des œuvres dignes de l’art contem-porain.

Plésius Junior LOUIS (JPL 109)[email protected]

Vernissagedu Mountain Heights Kreation au Vert-Galant

Vente-signature de Quintessence au Karibele 21/03/2013

Caméras ou téléphones font l’affaire pour une photo de la diva en signature

Emeline et son amie, sa confidente, sa sœur de cœur, son manager de toujours, Yole Dérose

Mots de remerciement avant la signature... Les trente minutes de spectacle surprise sont pour après

Émue aux larmes, Emeline est plus qu’heureuse et surprise du gâteau que le public lui offre en chantant “Happy Birthday”.

Comment imaginer une vente-signature de la diva sans Man Lolo ?

Ticket vous offre un avant-goût de la vente-signature du dixième album d’Emeline Michel. Le reportage complet (texte et photos) est pour le prochain numéro.

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Vendredi 22 mars 20136

RAPHAEL FÉQUIÈRE

LA GOUTTE D’OH!

Encore une victoirepour Evens Pierre

Ni siège ni site

Vendredi dernier, dans la soirée de boxe réalisée sur le terrain de basket-ball du secteur de Los ldibertadores (Betania),

notre compatriote evens Pierre a battu par décision unanime le Colom-bien Fabián Marimón.

Ce match fut le clou de la soirée de boxe organisée par la commission de boxe professionnelle de Panama

Les trois juges: Fernando Murray, Ernesto Arce et Alexis Marín ont ac-cordé 79-73 en faveur d’Evens Pierre, qui a amélioré ainsi son palmarès à 23

victoires dont 16 par KO et une seule défaite, tandis que son adversaire Ma-rimón compte 17 triomphes (12 par KO), 8 échecs et un match nul.

RF

Evens Pierre ajuste un crochet du droit à la face de Fabián Marimón

Au Brésil depuis le mois de mars 2012 en vue d’effectuer un stage dans le cadre du programme

Sport-Etudes, baptisé « Insertion sociale à travers la pratique spor-tive du football », via la coopération haïtiano-brésilienne, liant le Minis-tère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique (MJSAC) et le club professionnel « Olé du Brésil », il y a environ une année. Les 22 jeunes talents haïtiens, âgés de 15 ans, et parmi eux deux techniciens, sont de retour au bercail le mardi 19 mars 2013. Pour les accueillir à l’aéroport Toussaint Louverture, la ministre des Sports, Magalie Racine, le conseiller spécial des sports du président de la République, Olivier Martelly, l’am-bassadrice du Brésil accréditée en Haïti, Fabiana Schwarz, des parents et certaines grandes figures dans le monde du foot haïtien.

Les 22 jeunes en question sont issus de trois organes de sport diffé-rents. L’Ecole nationale des talents sportifs (Ents) du MJSAC en compte (14), six (6) sont de la Fédération haïtienne de football (Fhf) et les deux autres sont de l’Athlétique d’Haïti. Les deux techniciens sont respecti-

Les stagiaires du Brésil (U-15) de retour

vement, Gassant Théolan et la native de Dessalines, Altride Joseph. Ils sont tous deux détenteurs d’une licence d’entraîneur décrochée à Cuba.

Sourire aux lèvres, visiblement ces jeunes pousses sont contents qu’ils sont de retour au bercail. En effet, cette joie est partagée par le ministre des sports qui a tenu des propos très élogieux à l’endroit des jeunes Gre-nadiers. «C’est un immense plaisir de vous accueillir, et ce, après avoir passé une année à l’extérieur. Crois-moi, j’ai une énorme fierté de vous recevoir aujourd’hui. Je suis persuadée que vous êtes tous, de très talentueux footballeurs faisant l’honneur de notre cher pays au Brésil », tels ont été les premiers mots de Magalie Racine.

Par ailleurs, le ministre exhorte ces jeunes à se servir de l’expérience acquise au Brésil afin d’encourager d’autres jeunes dans la pratique du sport. Avis partagé par le directeur de l’Ecole nationale des talents sportifs, Murad Saint-Fort.

D’autre part, l’ambassadrice du Brésil en Haïti, Fabiana Schwarz, en a profité pour remercier le MJSAC d’avoir accepté volontiers de laisser

partir les jeunes Grenadiers au Brésil. « Je tiens sincèrement à vous remercier madame Racine pour avoir collaboré étroitement avec le Brésil dans le ca-dre de ce partenariat. Je suis certaine que ces jeunes qui avaient suivi, ont charmé le peuple de mon pays, ama-teur du beau jeu, et ce, grâce à leur talent et leur geste technique. Je vous promets que cette coopération va continuer afin d’aider d’autres jeunes haïtiens à réaliser leurs rêves.

A en croire Roberto Geffrard qui avait travaillé avec eux avant d’aller au Brésil, les jeunes Grenadiers ont disputé deux championnats dans le pays du roi Pelé avant leur come back en Haïti. Le championnat Bautista et celui de Paulista. Ils ont remporté le premier sans perdre un match. En revanche, ils ont été battus en finale dans le second. Ils en ont profité pour inscrire (35) buts contre un encaissé.

Parallèlement, ils ont disputé dix matches amicaux. Ils ont gagné huit, contre une défaite et un match nul.

Le capitaine de l’équipe U-15, Elison Ducé, membre de l’Ents a été désigné, meilleur joueur de cette jeune sélection haïtienne. S’expri-mant aux micros de la presse, il a fait

savoir l’année footballistique passée au Brésil a été très fructueuse pour eux par rapport à d’autres jeunes de nationalités différentes qui étaient là-bas. Il avait placé de bons mots également à l’endroit des dirigeants d’Olé Brésil.

Signalons que le titre de meilleur buteur des U-15 est à mettre à l’actif de Michael Lajoie (Fhf), auteur de 76 buts inscrits en une année au Brésil.

La liste des 22 jeunes GrenadiersEtiene Jeff Wesner (Fhf), Ducé

Elison (Ents), Louissaint Schneider (Fhf), Cherestal Guvenson (Athl), Petiti Frere Bilou (Ents), Jean Francois Jean Renaud (Ents), Saint-Hubert Jean Schwatze (Ents), Saint-Hubert Schwetzer (Ents), Lajoie Michael (Fhf), Bellegarde Jeff (Ents), Bruno Wendlain (Ents), Etienne Michelson (Ents), Timothee David (Fhf), Fils Aimé Thermidor (Ents), Jean Everson (Ents), Beaubrun Rood Schneider (Ents), Dorlus Eliader (Ents), Joseph Peguy (Athl), Jean Marie Jonathan (Fhf), Liberus John Kely (Ents), Jukael Mondesir (Fhf) et Saint-Felix Wendy (Ents).

Les deux techniciensAltride Joseph, technicienne de la

DAPS (licenciée de Cuba spécialisée en football) et Gassant Theolan, tech-nicien de la DAPS (licencié de Cuba entraineur de football).

Légupeterson Alexandre/[email protected] [email protected]

Les entités sportives disposant d’un siège social au sens propre et large du terme peuvent se compter sur les doigts de la main. C’est la politique du sans siège fixe qui domine chez nous.

Totalement dépourvues, les as-sociations et fédérations ne se sont jamais fixé cet objectif : l’établissement d’un siège avec un secrétariat permanent, un nu-méro de téléphone voire un site internet.

C’est là que le bât blesse. Fini le temps où les salons ou bu-reaux de certaines personnalités, de surcroît dirigeants de clubs ou d’associations, servent de podium ou de secrétariat pour accueillir athlètes et adhérents.

Aujourd’hui, on se retrouve dans la situation où le local du Comité olympique haïtien sert de siège social pour les associations dépourvues de tout, contrairement à la Fédération haïtienne de football qui dispose d’un siège administratif à la Croix des bouquets et d’un site internet à l’image de la Fédération haïtienne de tennis.

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Vendredi 22 mars 2013 7

Le vendredi 15 mars 2013 au Centre olympique le Ministre des Sports dominicains, Jaime David Fernandez Mirabal, nous rejoint

sous la tente mise en place pour la res-tauration des athlètes. Chemise jaune et jean , on le prendrait pour un sim-ple curieux venu admirer ces beautés diverses (puisque la beauté extérieure d’un être est toujours relative à l’instar de cette pensée de Pascal, vérité en-deçà et erreur au-delà des Pyrénées) qui déambulent sur les différentes voies du Centre olympique. Mais la protection rapprochée quoique dis-crète fait deviner qu’il s’agit d’ une personnalité importante.

« El senor ministro » résonne partout. Il vient s’asseoir à notre table et pose quelques questions sur notre délégation avant de raconter avec une certaine nostalgie : « J’ai lu un livre d’un auteur haïtien qui s’appelle Jacques Roumain. Le livre s’intitule « Gouverneurs de la rosée ». C’est un livre fantastique », Etonné j’écoute son appréciation avec une pointe d’humour me demandant comment il a fait, puisqu’il ne parle pas français et je ne connais pas de traduction en espagnol de ce livre. Et lui de continuer : « Ce livre m’a montré le pouvoir de la détermination dans la réussite de chacun de nous. Je m’en inspire pour mon travail ». Vlan !

Dans son regard , j’ai l’impression de lire : « Vous avez une histoire riche et vous avez la richesse intellectuelle pour faire de votre pays une nation unique au monde. Cependant vous n’avez rien fait ».

Je n’ai pas osé soutenir son re-gard. Mme Nadia Joseph qui se trouvait près de moi m’a regardé et sans même m’en rendre compte, j’ai mentalement quitté la table pour me tourner vers l’histoire de mon pays et sa littérature. Dans l’histoire d’Haïti , parfois on peut relever les oeillères que prime l’origine de classe du narrateur. Ainsi, Pétion est présentée comme le bon, Dessalines le méchant. Il n’y a pas cet effort nécessaire pour situer l’action dans son contexte. Même le récit de l’histoire d’Haïti porte les traces déictiques d’une vengeance de classe au lieu, chez le narrateur, de ce dépassement de soi qui caractérise un Mandela et qui a porté l’Afrique du Sud vers un destin de grandeur. Notre histoire est mal transmise à nos enfants et les autres qui l’étudient de l’extérieur la comprennent mieux que nous.

De plus, le curriculum scolaire ne donne que très peu de place à la pensée des auteurs haïtiens. Peu de jeunes haïtiens sont en mesure de discuter la pensée de Demesvar Delorme, d’Anténor Firmin, de Jac-

ques Stephen Alexis, de Jean-Baptiste Cinéas, de Justin Lhérisson, de Jean Price Mars, de Jacques Roumain, de Leon Laleau, de Chauvet, de Louis Jo-seph Janvier...pourtant dès leur entrée dans certaines facultés, ils aprennent à discuter Marx, Hegel, Heidegger, Hannah Arendt sans grande base théorique sur la pensée locale.

Beaucoup prétendront qu’il n’y a pas figure, mais comment comprendre notre réalité et travailler à son chan-gement si nous ne décortiquons pas le milieu ? Comment un politicien haï-tien peut-il avoir la vision nécessaire pour définir la voie de la construction de l’Haïti de demain s’il ne connait ni le passé d’Haïti ni son présent ? Il faut lire « Cette transition qui n’en finit pas » de Pierre Raymond Dumas pour avoir une idée sur les causes qui font qu’après le déchouquage de 1986, Haïti perd près de 30 ans sans vraiment progresser. Il faut lire « Le choc en retour » de Jean-Baptiste Cinéas pour comprendre pourquoi il est toujours compliqué d’appliquer l’ordre dans ce pays. Il faut lire « Le s Gouverneurs de la Rosée » de Jacques Roumain pour comprendre ce que le dépassement de soi, la détermination peuvent apporter dans l’évolution et la progression d’un peuple. Il faut lire « le Choc »...il faut, en tant qu’haïtien, connaître et comprendre les auteurs

Quand Jacques Roumain inspire les Dominicains

haïtiens sans aucun préjugé pour pouvoir nous connaître.

Beaucoup d’hypocrites se sont mis à rire quand, Jean-Claude Duvalier ose crier : « Qu’avez-vous fait de mon pays », au lieu d’évaluer ce qui a été fait en matière de progrès de 1986 à nos jours, afin de souligner les erreurs qui ont été commises et de définir un agenda de réalisation à faire pour que dans 30 ans, dans 50 ans, dans 100 ans nous ne soyons pas toujours à la case départ.

En réalisant 1804 nous avons su montrer au monde la voie à suivre pour accéder à la liberté; nous avons aidé les autres à atteindre cette liberté, cependant nous nous assu-jettissons aux autres parce que nous refusons, ce qui a fait de nous ce que nous sommes aux yeux du monde. En laissant leur pensée à la posté-rité, les auteurs haïtiens ont indiqué la voie à suivre pour parvenir à ce développement qui pourrait faire de nous l’une des plus grandes nations du monde sauf que leur pensée reste encore méconnue chez eux. Le pire, nous prenons le temps d’admirer cette réussite à laquelle les autres sont par-venus par notre aide sans pour autant nous rendre compte que nous leur avons indiqué la voie du paradis sans en avoir pris le chemin.

Enock Néré

Le Brésil s’est laissé reprendre de 2-0 à 2-2 par l’Italie et n’a toujours pas gagné depuis le retour de Luiz Felipe Scolari sur le banc, laissant voir à la fois de belles choses dans la construction du jeu et une fragilité inquiétante, jeudi en match amical à Genève.

L’Italie a fait preuve de ressour-ces mentales précieuses alors que tous ses joueurs avaient les mains sur le hanches à 2-0. Elle

a été réveillée par l’entrée de Stephan El Shaarawy à la pause, à la place de Pablo Osvaldo. Et puis elle a Mario Balotelli, auteur d’une égalisation splendide sur une trajectoire magique dans la lucarne de Julio César.

En tête grâce à des buts de Fred (33) et Oscar (42), la Seleçao a dila-pidé son avantage en trois minutes,

d’abord sur un corner conclu par Da-niele De Rossi (54) puis sur le missile de Super Mario (57).

Balotelli aurait pu en marquer d’autres, mais il a trouvé les poings de son ex-coéquipier à l’Inter Milan, Julio Cesar, sur une volée (6), une autre frappe surpuissante (38), et deux face-à-face (63, 76).

Les parades du gardien sont bien le signe que le Brésil a souffert. Les Auriverde avaient pourtant com-mencé par produire leur meilleure mi-temps depuis bien longtemps,

variant le jeu grâce à Oscar, libre d’aller de droite à gauche au milieu. Son remplacement par Kaka à l’heure de jeu n’a pas apporté grand chose. Le Brésil a aussi profité du point faible de l’Italie.

Neymar: encourageantPauvre Mattia De Sciglio... Pour

sa première sélection, l’arrière-gauche de 20 ans est impliqué sur les deux buts concédés par son équipe et a découvert, à la dure, le chemin qui lui restait à parcourir.

Le grand espoir de l’AC Milan n’était pas au marquage sur Fred, seul au second poteau pour l’ouver-ture du score après une déviation de Leonardo Bonucci, et c’est lui qui perd le ballon en attaque au départ du contre éclair amenant le second but, après une remontée du terrain canon de Neymar, qui a décalé au dernier moment Oscar.

De Sciglio était une des attractions de ce match pour l’Italie, qui cherche à étoffer son effectif après avoir trouvé son noyau dur à l’Euro-2012. Il a livré

un beau duel avec Dani Alves, mais son nom apparaît deux fois dans le but par but.

Neymar, qui a un an de plus, pourra lui expliquer que les criti-ques est dure en équipe nationale, où le niveau est bien plus exigeant qu’en club. L’étoile de Santos en a entendues de terribles pour ne pas reproduire en Seleçao ses matches éblouissants sous le maillot blanc.

Il s’est un peu entêté dans les dribbles, a semblé rechercher un peu trop systématiquement le jeu en trian-gle avec Fred et Hulk, mais il a montré sur sa passe décisive qu’il savait varier ses effets. Un match encourageant.

Le duel Neymar-Mario Balotelli, destinés à briller sur la planète foot-ball, a tenu des promesses et les com-battants ont reçu les acclamations du stade de Genève, plein pour l’occa-sion. On devrait le revoir, à commen-cer par le troisième match de poules de Coupe des Confédérations, le 22 juin à Salvador de Bahia. Miam!

L’Italie revient et renvoiele Brésil à ses doutes

Match aMical

Pirlo (à droite)

Page 8: L'immortelle Ti Corn

8 22 Mars 2013No 824

Dossiers Interdits

Par Gary Victor

René Ouari se laissa tomber dans son fauteuil, une expression dégoûtée sur le visage.

-Nous sommes piètres, monsieur Vic-tor… Terriblement piètres. Mais bien que pitoyables, nous continuons à jouer aux forbans. Bientôt nous nous fracasserons sur l’iceberg.

Je lui demandai si le naufrage n’avait pas déjà eu lieu.

-Pire, continua Ouari, sans répondre à ma question, on ose nous prendre, nous à la SAD, pour des imbéciles.

-Ah ! m’exclamai-je… Il s’est passé quelque chose qui ne vous a pas fait plaisir.

Ouari prit un dossier à portée de main sur son bureau.

-Le chat ! Dossier qui ne fait pas hon-neur à notre pays.

-Racontez, lui dis-je.-Un soir de juin 2003, un gros bonnet

de la police m’appelle en urgence. Je dois me présenter à un poste de police dans la région métropolitaine. Permettez que je ne donne pas trop de détails.

-Je connais la procédure pour dévoiler certains dossiers, lui rappelai-je.

-Je me présente donc à ce poste de police. Il y a un déploiement de forces impressionnant tout autour. Il y a même quelques agents de la DEA. Bref ! Le com-mandant de la troupe me fait entrer dans

une pièce fermée. Au centre de la pièce, il y a un bureau et sur ce bureau, une cage.

-Une cage ?!-Oui… Avec, dans cette cage, un chat.-Un chat ?!-Un superbe persan. Il est d’un noir je

dirais luxueux. Une belle bête. C’est un mâle. Le commandant me dit que c’est à moi de jouer. Je lui demande de m’expli-quer.

-Il vous explique quoi ?-Les forces de police, quelques heures

auparavant, avaient assiégé une de-meure afin de procéder à l’arrestation d’un trafiquant de drogues que la DEA a dans son collimateur depuis plusieurs mois. Quand les policiers investissent les lieux, ils sont absolument certains que, appelons le X, se trouve à l’intérieur. Il est seul dans la maison. Il est matériellement impossible qu’il s’échappe.

-Que se passe-t-il ?-Les policiers ne trouvent rien. Les

agents de la DEA s’arrachent les che-veux. On ne comprend absolument pas comment X a pu s’enfuir en se jouant de ce déploiement de force. On trouve dans la demeure seulement un chat.

-Je commence par entrevoir le pro-blème.

-Un policier rappelle que X est quelqu’un qu’on a souvent vu chez des bòkò réputés pour leur pwen. Immé-

diatement, le chat est capturé et mis en cage. Les policiers haïtiens semblent persuadés qu’ils tiennent X.

-Mais comment fournir la preuve, disons scientifique, recevable devant un tribunal, que le chat est X ?

-C’est justement pour cela qu’on me fait chercher. Les agents de la DEA sont bien sûr dubitatifs. Ils soupçonnent que leurs confrères haïtiens les mènent en bateau. Le commandant du détache-ment tient, lui, absolument à ce que rapidement je force X à retrouver sa forme humaine. Il y va, me dit-il, de sa réputation. Il paraît sincère, le coquin.

-Mission pas facile, même si on est au courant de vos connaissances en scien-ces occultes.

Ouari me regarda, comme offusqué.-Les sciences occultes sont des disci-

plines très sérieuses, monsieur Victor. Ce n’est pas le domaine des analphabètes et des forbans.

-Comment vous y prenez-vous ?-Il était important pour moi que je

gagne du temps.-Pour préparer le rituel forçant le chat

à redevenir humain ?-Non… Pour comprendre ce qui

s’était passé.-Mais X était le chat ?-C’est ce que prétendaient des poli-

ciers haïtiens. Mais, pour moi, monsieur

Victor, un chat est un chat. De toute ma vie de mage, je n’ai jamais vu un être humain se transformer en animal. En attendant qu’on réalise devant moi cette magie, je n’y crois pas.

Je le regardai, assez surpris.-Mais il fallait que je le commandant

du détachement croie que je travaillais afin que le chat reprenne forme humai-ne. J’ai demandé à Bernard de retracer le fil des événements avant qu’on ne capture le félin en question.

-Que trouvez-vous ?-Apparemment rien. Une vingtaine

de policiers assiègent la demeure en question. Tout est verrouillé. Impossible même à une fourmi de passer à travers les mailles du filet. Les agents de la DEA (ils sont cinq) ne participent pas direc-tement à l’opération. Ils attendent à l’ex-térieur. Les policiers haïtiens reviennent bredouilles.

-Ils ont le chat, fis-je remarquer à Ouari.

-Les agents de la DEA, furieux, pren-nent le risque, en dépit des ordres reçus, de pénétrer à l’intérieur. Tout est passé au peigne fin. Il n’y a aucun endroit par où X aurait pu s’enfuir. Pas de passage secret. Rien.

-Il ne reste que le chat, lui dis-je. C’est logique.

-Cessez de jouer à l’analphabète, monsieur Victor, me dit Ouari d’un ton cinglant.

-La solution de l’énigme ? lui deman-dai-je.

-Bernard Sourbier l’a trouvée. Elle était relativement simple.

-Simple ?-Oui… Les agents de la DEA n’ont pas

fait attention au nombre de policiers qui ont investi la demeure.

Je restai coi.-Bernard Sourbier a fait le compte. Il

y en eut onze… Mais en fait douze sont ressortis.

-Vous plaisantez, Ouari.-Je ne plaisante pas. Quand Bernard

a questionné les agents de la DEA, il a attiré leur attention sur ce détail. Il leur a demandé de visualiser la sortie des policiers haïtiens. Ces agents sont exer-cés pour avoir une excellente mémoire visuelle. Douze policiers sont ressortis. Mais comment penser à un détail aussi simple.

-Vous voulez dire que le peu de temps que nos policiers ont fait à l’intérieur…

-Je ne sais pas comment, mais ils avaient probablement distribué entre eux les éléments d’un uniforme supplé-mentaire. Ils mangeaient tous à la table de X. Les agents de la DEA n’y ont vu que du feu.

-Mais les Américains auraient pu reconnaître X, arguai-je.

-Difficile. Les Blancs reconnaissent plus facilement les Blancs que les Noirs. Et puis, il faisait sombre. Personne ne pouvait s’attendre à cela.

-Que s’est-il passé par la suite ?-Comme je vous l’ai dit au début, je

n’ai pas aimé du tout que des ripoux au sein de notre police me prennent pour un idiot. J’ai gardé le chat, mais plusieurs policiers sont actuellement sous les verrous.

-Et X court toujours.-Les policiers, devant une commission

de l’inspection générale, ont soutenu malgré tout que le chat était le trafi-quant.

-Mais quand même, il n’y a pas de preuve, Ouari, lui dis-je. Il aurait fallu des caméras filmant l’opération du début à la fin.

Ouari se leva pour aller classer le dossier.

-Quelle meilleure preuve que la logique, monsieur Victor ? Un chat est un chat. Et même si vous aviez la faculté de vous transformer en chat, seriez-vous resté des années sous cet aspect ?

-Dans un pays de mangeur de chats, non, lui dis-je.

-Alors la discussion est close. X est quelque part en Haïti. On l’aura bien un jour ou l’autre.

LE CHAT