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VIIe JOURNEES SCIENTIFIQUES DU RESEAU ANALYSE ECONOMIQUE ET DEVELOPPEMENT DE L’AUF SUR LE THEME INSTITUTIONS ET DEVELOPPEMENT(PARIS, 6-7 SEPTEMBRE 2006) « L’impact du rôle économique de l’Etat sur l’attractivité du territoire des PVD : cas des pays miniers et pétroliers d’Afrique centrale 1 » Par Théophile DZAKA-KIKOUTA, CREP/INICA Maître - Assistant Cames, Faculté des Sciences Economiques Université M. Ngouabi de Brazzaville (Congo-Brazzaville/RC) E-mail : [email protected] Xavier BITEMO - NDIWULU, Doctorant Faculté des Sciences Economiques et de Gestion Université Kongo de Mbanza- Ngungu (Congo-Kinshasa/RDC) E-mail : [email protected] Résumé : Ce papier vise à répondre à la question de savoir si l’intervention économique de l’Etat reste pertinente aujourd’hui dans les PVD, d’Afrique surtout, en vue de l’attractivité du territoire via notamment le développement des infrastructures économiques et sociales (IES), ainsi que la promotion du capital social. On montre que l’intervention économique de l’Etat pour l’attractivité du territoire sera d’autant plus efficace que ledit Etat se rapproche du modèle de l’Etat développeur et s’éloigne du modèle de l’Etat prédateur et rentier. Au plan méthodologique, l’étude se réfère à la littérature disponible, en particulier la Nouvelle Economie Géographique (NEG) sur l’attractivité du territoire en liaison avec l’intervention économique de l’Etat . Une étude économétrique tente d’expliquer la dynamique des Investissements Directs Etrangers(IDE),souvent effectués par les multinationales, par les variables liées au développement des IES, à travers une 1 Les auteurs remercient sincèrement les éminents membres du Comité scientifique du Réseau Analyse Economique et Développement de l’AUF, d’avoir favorablement évalué ce papier en vue des 7emes Journées Scientifiques. 1

L'impact du rôle économique de l'Etat sur l'attractivité du territoire

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VIIe JOURNEES SCIENTIFIQUES DU RESEAU ANALYSE ECONOMIQUE ET DEVELOPPEMENT DE L’AUF SUR LE THEME INSTITUTIONS ET DEVELOPPEMENT(PARIS, 6-7 SEPTEMBRE 2006)

« L’impact du rôle économique de l’Etat sur l’attractivité du territoire des PVD : cas des pays miniers et pétroliers d’Afrique centrale1 »

Par Théophile DZAKA-KIKOUTA, CREP/INICA Maître - Assistant Cames, Faculté des Sciences Economiques Université M. Ngouabi de Brazzaville (Congo-Brazzaville/RC) E-mail : [email protected] Xavier BITEMO - NDIWULU, Doctorant Faculté des Sciences Economiques et de Gestion Université Kongo de Mbanza-Ngungu (Congo-Kinshasa/RDC) E-mail : [email protected] Résumé : Ce papier vise à répondre à la question de savoir si l’intervention économique de l’Etat reste pertinente aujourd’hui dans les PVD, d’Afrique surtout, en vue de l’attractivité du territoire via notamment le développement des infrastructures économiques et sociales (IES), ainsi que la promotion du capital social. On montre que l’intervention économique de l’Etat pour l’attractivité du territoire sera d’autant plus efficace que ledit Etat se rapproche du modèle de l’Etat développeur et s’éloigne du modèle de l’Etat prédateur et rentier. Au plan méthodologique, l’étude se réfère à la littérature disponible, en particulier la Nouvelle Economie Géographique (NEG) sur l’attractivité du territoire en liaison avec l’intervention économique de l’Etat . Une étude économétrique tente d’expliquer la dynamique des Investissements Directs Etrangers(IDE),souvent effectués par les multinationales, par les variables liées au développement des IES, à travers une comparaison entre les pays émergents d’Asie de l’Est et d’Afrique australe d’une part, et de l’autre, les pays pétroliers et miniers d’Afrique centrale. Notre hypothèse de recherche consiste à soutenir qu’un territoire est d’autant plus attractif vis-à-vis des IDE que ceux-ci sont affectés à des secteurs diversifiés et porteurs(le secteur manufacturier et celui des services) grâce notamment au rôle de l’Etat capitaliste développeur qui renvoie à des IES de meilleure qualité et un niveau élevé de capital social qui correspond à des institutions de qualité. On dégage en conclusion, pour les pays pétroliers et miniers d’Afrique centrale et d’ailleurs, les enseignements de l’expérience de l’Etat capitaliste développeur d’Asie de l’Est et de rares pays émergents d’Afrique qui sont aussi tributaires de la rente minière(Afrique du Sud, Botswana,…).

Mots clés : Attractivité du territoire, rôle économique de l’Etat, infrastructures économiques et sociales, IDE, multinationales, Nouvelle Economie Géographique, Etat développeur, Etat prédateur, capital social ,institutions de qualité, pays pétroliers et miniers d’Afrique centrale.

1 Les auteurs remercient sincèrement les éminents membres du Comité scientifique du Réseau Analyse Economique et Développement de l’AUF, d’avoir favorablement évalué ce papier en vue des 7emes Journées Scientifiques.

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INTRODUCTION

Dans « the Africa competitiveness Report 2004 », publié par le World Economic Forum, le classement n’a retenu que 25 pays africains considérés comme les plus compétitifs(growth competitiveness index), au regard des facteurs générateurs d’une croissance durable et qui mettent l’accent sur l’environnement macroéconomique(macroeconomic environment index), la qualité des institutions publiques(public institutions index), le niveau de la technologie et des infrastructures(technology index). Dans ce classement, on ne retrouve que dix pays pétroliers et miniers(Botswana, Afrique du Sud, Namibie, Ghana, Algérie, Nigéria, Zambie, Cameroun, Angola et Tchad) dont à peine trois d’Afrique centrale. Ainsi les deux Congo, le Gabon et la Guinée Equatoriale n’ont même pas été retenus par le World Economic Forum. Le Botswana arrive en tête de ce classement parmi les pays africains(mais 36e sur 102 économies du monde examinées dans le Global competitiveness Report 2004), car il a progressé dans tous les domaines, notamment la qualité de ses services publics, sauf dans l’innovation, la Tunisie se classe 2e parmi les 25 pour les mêmes raisons que le Botswana et dispose d’une bonne marge de progression dans le domaine de la technologie et des infrastructures. L’Afrique du Sud se classe 3e, car ce pays domine tous les pays du Continent en matière de technologie et d’infrastructures. On constate ainsi que la compétitivité et donc l’attractivité des économies à l’échelle mondiale découlent largement du rôle économique de l’Etat. En conséquence, ce papier vise à répondre à la question de savoir si l’intervention économique de l’Etat reste pertinente aujourd’hui dans les PVD, d’Afrique surtout, en vue de l’attractivité du territoire via notamment le développement des infrastructures économiques et sociales(IES), ainsi que la promotion du capital social qui suppose la bonne qualité des institutions. On montrera sur la base de l’approche conceptuelle et contradictoire de « l’Etat développeur » versus « l’Etat prédateur », dans les PVD que l’expérience réussie des pays émergents d’Asie de l’Est qui ont fondé leurs performances économiques sur une vision stratégique du développement résultant de la conception institutionnaliste de l’Etat, s’expliquerait à titre principal par un fort interventionniste économique de l’Etat, via surtout la modernisation des IES ainsi que la promotion du capital social, d’où une forte attractivité du territoire de ces pays en termes d’ IDE notamment, dans les secteurs porteurs pour les multinationales, à savoir le secteur manufacturier et les services. Ceci s’est traduit par un comportement de type « Etat capitaliste développeur » à l’inverse de la conception néo-utilitaire de l’Etat qui caractérise la majorité des pays miniers et pétroliers d’Afrique. Il en est résulté un faible développement des IES ainsi que le faible niveau de capital social et la très faible diversification sectorielle de leur économie, du fait du comportement type « Etat prédateur » et rentier. Dès lors, le territoire de ces pays reste peu attractif vis-à-vis des IDE pour les secteurs porteurs, les Multinationales n’y étant attirées, pour l’essentiel, que par le secteur des industries extractives, spécialement les matières primaires stratégiques (pétrole, diamant, or, coltan, uranium)

Au plan méthodologique, notre étude se réfère à la littérature disponible, en particulier la Nouvelle Economie Géographique (NEG) sur l’attractivité du territoire en liaison avec l’intervention économique de l’Etat ; l’attractivité du territoire étant appréhendée au sens large comme la capacité d’un territoire à attirer et maintenir des ressources, qu’elles soient humaines, financières ou technologiques. Une étude économétrique tente d’expliquer la dynamique de l’IDE par les variables liées au développement des IES, à travers une comparaison entre les pays émergents d’Asie de l’Est et d’Afrique australe d’une part, et de l’autre, les pays pétroliers et miniers d’Afrique centrale. Notre hypothèse de recherche consiste à soutenir qu’un territoire est d’autant plus attractif vis-à-vis des IDE que ceux-ci sont affectés à des secteurs diversifiés et porteurs grâce notamment au rôle de l’Etat

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capitaliste développeur ou « Etat industrialisant » qui renvoie à des IES de meilleure qualité et un niveau élevé de capital social. Ainsi notre démarche est structurée en deux parties : d’abord nous analysons au plan théorique, les deux comportements type de l’Etat en contexte africain et asiatique pour en déduire les politiques publiques vis-à-vis de l’attractivité du territoire ; ensuite, au plan empirique, une étude économétrique basée en particulier sur la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO) tente une vérification visant à montrer, l’importance du rôle économique de l’Etat, à travers le développement des infrastructures de base et du capital humain, dans la capacité des territoires à attirer les IDE .

I–L’ETAT PREDATEUR VERSUS L’ ETAT DEVELOPPEUR DANS LES PVD

Cette partie expose d’abord les deux comportements économiques type de l’Etat en contexte asiatique et africain, puis analyse les politiques publiques pour l’attractivité du territoire

1.1. Deux visions du rôle économique de l’Etat : néo-utilitaire et institutionnalisteDans le cadre du comportement prédateur et rentier de l’Etat, sans vision stratégique du développement, comme c’est souvent le cas dans les pays pétroliers et miniers d’Afrique, l’arbitraire et le traditionalisme ont retardé le développement capitaliste et les relations ont eu tendance à dominer les comportements des administrateurs publics : tous les services publics étant à vendre, jusqu’à la libération des prisonniers. Ceci est conforme, comme le souligne Evans(1982, 1995), à la vision « néo-utilitaire » de l’Etat qui va se consacrer à la recherche de rentes et offrir surtout des opportunités aux groupes d’intérêt et aux fonctionnaires de s’enrichir au détriment du bien être collectif. Une telle conception est ainsi favorable à un rôle économique minimal de l’Etat centré sur la protection des droits individuels de personnes et de la propriété ainsi que sur le respect des contrats. Dans ces conditions, souligne cet auteur, l’imprévisibilité de l’Etat a rendu les investissements et le développement d’une véritable bourgeoisie impossibles ; contrairement à la conception institutionnaliste de l’Etat au sens des critères de Weber, Gerschenkron et Hirschman qui suppose l’existence d’une complémentarité entre les structures de l’Etat et l’échange de marché en particulier dans le processus d’industrialisation, laquelle conception renvoie à l’Etat développeur (developmental state), caractéristique des pays émergents d’Asie de l’Est. S’agissant des pays exportateurs de pétrole, Collier et Hoeffler (2005) montrent que les PVD riches en pétrole se prêtent mal à la compétition électorale sauf si celle-ci s’accompagne de mécanismes de contrôles de l’exercice du pouvoir (système de contre pouvoirs) particulièrement solides ; ce qui n’est pas le cas dans la majorité des pays riches en pétrole, d’où leur recours au clientélisme comme principal mode d’accession au pouvoir et de son exercice ainsi que leur propension à être des régimes politiques autoritaires. Dans ce sens, de la typologie des cinq régimes politiques (autocraties prédatrices comme la majorité des pays africains du golfe de guinée; autocraties réformistes comme le Nigeria et l’Indonésie; autocraties paternalistes comme la plupart des monarchies du golfe tels que l’Arabie Saoudite, Koweit, Quatar ; démocraties fractionnelles comme l’Equateur, le Venezuela et la Colombie ; démocraties avancées comme la Norvège) à laquelle se réfèrent Eifert et al.(2003), l’on retiendra que les « autocraties prédatrices » ne font face qu’à peu de contraintes étatiques et l’exploitation des ressources publiques et privées s’opère au seul profit d’un noyau de l’élite dont les pratiques prédatrices sont institutionnalisées. En effet, les régimes politiques de type autocraties prédatrices, contrairement aux quatre autres types de régimes, manquent de vision à long terme et ont tendance à privilégier le court terme dans la gestion des revenus émanant des ressources pétrolières, se caractérisent par une instabilité politique, le manque de transparence, la corruption, une faible compétitivité de l’économie et des coûts élevés de transactions ainsi qu’une absence de diversification du secteur non pétrolier de l’économie nationale.

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Or, contrairement au consensus de Washington qui a soutenu la conception de l’Etat minimaliste ayant prévalu dans les années 80, sous la contrainte de l’ajustement structurel, et comme l’a reconnu même la Banque mondiale en 1997 dans son rapport annuel « l’Etat dans un monde en évolution » en relevant que « l’Etat a mieux fonctionné en Asie de l’Est qu’en Afrique…, dans la plupart des pays africains, une réforme totale des mécanismes de l’Etat s’impose afin qu’ils fournissent des services publics de qualité et facilitent l’activité privée ». Dès lors, on est d’avis avec le Ministre des Finances d’Afrique du Sud, qui a relevé que l’Etat, dans la majorité des pays africains, a besoin de fournir des services publics de qualité : par une régulation effective des secteurs clés tels que le transport, les télécommunications ; par des politiques d’encouragement de l’innovation et de développement du capital social ; par la mise en œuvre d’institutions publiques susceptibles de contribuer à la réduction des coûts de transaction dans une économie de marché, notamment à travers les dépenses sociales (Manuel, 2003). En revanche, de nombreux travaux sur la réussite économique des pays émergents d’Asie de l’Est(Judet 1981, 2000 ; Dzaka 1985 ; Balassa 1988, Hugon 1998…etc) soulignent, à travers une conception institutionnaliste de l’Etat, le rôle catalyseur de l’Etat en osmose avec le capital privé national ; ceci grâce à une vision stratégique de la part des pouvoirs publics en vue de définir et créer un environnement nécessaire à la croissance économique. Il en est résulté l’émergence d’un Etat capitaliste développeur (capitalist developmental state) dont la principale force repose sur la collaboration entre la bureaucratie et les entreprises. L’Etat ne donne pas d’ordre, mais il suggère et influence à travers un système de « l’administrative guidance », sous formes de recommandations informelles, rarement écrites, ce qui exige que les contacts étroits soient maintenus entre l’administration et les entreprises. Les entreprises qui répondent à ces signaux sont davantage assurées d’avantages divers(Judet 2000, p.3). Le rôle catalyseur de l’Etat dans le processus de développement s’est traduit par un fort interventionnisme économique, d’où le développement des politiques macroéconomiques tendant à renforcer : la capacité individuelle(développement des ressources humaines), les capacités dans le secteur public (d’où l’amélioration de l’efficacité institutionnelle et le développement des IES), les capacités dans le secteur privé( d’où l’appui à l’efficacité des entreprises privées et la promotion des capacités au sein de la population active) et d’une politique sociale qui ont engendré le « capitalisme autoritaire d’Etat ». Il en est résulté notamment, non seulement le développement des infrastructures productives et sociales de qualité, mais aussi en tant qu’Etat entrepreneur, le développement des industries lourdes et les activités de haute technologie comme dans la filière électronique.  Par ailleurs, ce qui distingue l’Etat développeur (Developmental state) caractéristique des pays émergents d’Asie et de rares pays africains, comme l’Afrique du sud2 est que d’une part, l’Etat est la locomotive du développement, via notamment le processus d’industrialisation ; d’autre part, cet Etat est capable de mobiliser la nation autour du développement au sein du système capitaliste, en ce sens que le marché est le meilleur mécanisme pour atteindre ces objectifs et non la planification centralisée comme dans les ex- Etats socialistes de type léniniste(Johnson 1999, p.53). En conséquence, pour l’essentiel le concept d’Etat développeur s’oppose au consensus de Washington qui recommande la non intervention directe de l’Etat dans la structure de la production et de la propriété à travers les dix principes de politique économique qu’engendre cette doctrine3. De ce qui précède, il ressort que l’intervention économique de l’Etat pour 2 Voir ANC(2005), A developmental State for South Africa? Discussion paper for the 2005 Central Committee.3 Ces dix principes sont : 1) Discipline budgétaire : les déficits publics n’engendrent qu’inflation et fuite de capitaux ; 2) Réforme fiscale : l’assiette des impôts et taxes doit être élargie et les taux marginaux modérés ; 3) Politiques monétaires conduisant à des taux d’intérêt à court terme rémunérateurs en termes réels ; 4) Taux de change : ils doivent être compétitifs et favoriser l’accumulation d’excédents commerciaux ; 5) Libéralisation des échanges : baisse des tarifs douaniers et des

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l’attractivité du territoire sera d’autant plus efficace que cet l’Etat se rapproche du modèle de l’Etat développeur et s’éloigne du modèle de l’Etat prédateur et rentier. 1.2. Attractivité du territoire et intervention économique de l’Etat Le concept d’attractivité du territoire indique généralement la capacité de celui-ci à attirer et retenir les entreprises tant nationales qu’étrangères. Le territoire au sens de l’économie régionale peut renvoyer à la ville, la région, la nation ou une zone économique comme la CEMAC ou la CEEAC. Ainsi, entre autres, Coeuré et Rabaud (2003) définissent l’attractivité comme « la capacité d’un pays à attirer et retenir les entreprises ». Pour Mouriaux (2004 p. 34), « l’attractivité d’un territoire est la capacité à y attirer et y retenir les activités à contenu élevé en travail très qualifié ». Enfin, selon Lamarche (2003 p.3), « la notion d’attractivité indique la capacité d’un territoire à attirer des investissements étrangers ». L’émergence du concept d’attractivité fait suite à la crise de la logique d’aménagement du territoire et au glissement de l’économie internationale vers l’économie industrielle, en effet comme le relève Lamarche(2003), avec la construction de la notion d’avantages concurrentiels, Michael Porter transfert aux territoires une logique industrielle de construction d’atouts dans une relation de concurrence sur le marché. Les avantages ne sont plus donnés, ce sont des construits politiques, au sens de politique publique et au sens de politique d’entreprise. Les FMN acquièrent une place d’acteur prépondérant car elles décident des espaces où investir ; leur avantage concurrentiel résultera des avantages concurrentiels développés par les territoires.

L’on se réfère à deux cadres théoriques dans l’analyse économique de l’attractivité : la nouvelle économie géographique(NEG) et l’économie industrielle. La NEG est une approche qui s’est développée depuis les années 90(Baldwin et al 2003), vise à expliquer les choix de localisation des activités dans une économie globalisée qui suppose l’échange généralisé des biens et services ainsi que la mobilité des personnes. Dans ce contexte, la localisation des activités n’est que partiellement dépendante de la dotation initiale en facteurs, elle est aussi conditionnée par des effets d’agglomération. Pour les tenants de la NEG comme Krugman (1991), la théorie de la localisation des industries repose sur l’idée que les choix d’implantation résultent de deux types de forces antagonistes : a) les forces d’agglomération qui incitent les entreprises à se concentrer géographiquement pour bénéficier d’économies d’échelle et externes. Parmi celles-ci l’existence d’une zone à pouvoir d’achat élevé (effet débouché) est un facteur important ; b) les forces de dispersion, qui favorisent la dissémination des activités vu les contraintes de disponibilité des ressources naturelles et la fixité de certains facteurs de production. En résumé, la NEG permet à la fois de mieux comprendre le rôle des facteurs hors prix dans la compétitivité d’une nation et de rendre compte de situations où un ou plusieurs secteurs répartis auparavant entre plusieurs économies se concentrent dans une seule. L’intérêt de cette approche est qu’elle intègre la dissociation croissante entre ce qui concerne la compétitivité des territoires et qui a trait à celle des firmes et évite ainsi une limite de l’approche de l’économie industrielle. Quant à l’économie industrielle, elle explique les modes d’organisation et de développement des entreprises. Elle apporte ainsi un éclairage complémentaire pour appréhender les choix de localisation, vu que les ressorts de la compétitivité d’une firme ne sont pas uniquement liés aux caractéristiques de son territoire d’élection, mais dépendent aussi des caractéristiques spécifiques. Cette approche permet alors d’éviter une limite de la NEG qui serait de négliger

protections non tarifaires ; 6) Améliorer l’attractivité du territoire pour les IDE ; 7) Privatiser : il est affirmé que seules les entreprises privées sont efficaces ; 8) Supprimer les subventions publiques aux activités productives au profit d’un redéploiement de l’Etat sur ses seules missions éducatives et sociales ; 9) Déréglementation : supprimer toutes les sources institutionnelles de monopoles et de rentes et laisser les meilleurs bénéficier des profits qu’ils obtiennent ; 10) Promouvoir et défendre les droits de propriété : importance de la propriété privée et de sa défense, nécessité d’un droit des affaires et d’une justice économique indépendante.

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le rôle de ces choix stratégiques spécifiques. En résumé, l’évaluation de la compétitivité technologique et l’analyse des liaisons inter- industrielles sont les principaux apports de l’économie industrielle à l’étude de l’attractivité.

Par ailleurs, des études empiriques sur les déterminants de l’attractivité attestent du rôle clé des considérations de demande dans la localisation des firmes. En effet, comme le notent Coeuré et Rabaud (2003, p.10), les approchent théoriques ont montré que la décision de s’implanter à l’étranger et le choix de localisation d’une entreprise se fondent sur quatre critères , même si l’importance respective de ces critères reste délicate à établir: La taille du marché du pays d’accueil(demande locale), le nombre de firmes déjà présentes(économies d’agglomération), le coût du travail et du capital dans la région d’accueil, après prise en compte des mesures fiscales incitatives, enfin la qualité des infrastructures publiques et du capital humain. On considère en général que l’entreprise procède en trois étapes pour sa décision stratégique d’investir à l’étranger : elle choisit d’abord la zone d’implantation (Asie, Amérique, Europe, Afrique…) puis au sein de cette zone, elle arbitre entre centre et périphérie, avant de se pencher sur le choix d’un pays, puis d’une région de ce pays. Parmi les politiques publiques déployées pour l’attractivité des territoires on retient principalement :

- La production de biens publics qui se traduit par la qualité des infrastructures du pays (qui peut être mesuré par l’investissement en capital fixe du gouvernement rapporté au PIB). Les auteurs s’accordent aujourd’hui, en vertu de la théorie de la croissance endogène(Romer 1986, Lucas 1988) que l’investissement public en infrastructures a un impact macroéconomique important sur le taux de croissance des pays à long terme. Les externalités positives des infrastructures(notamment les transports et télécommunications, l’énergie électrique) se diffusent à l’ensemble de l’économie par divers mécanismes qui relèvent tant de la dynamique de la demande et de celle de l’offre. En effet, les infrastructures renvoient d’abord à des politiques d’équipement et de travaux avec l’impact keynésien qui en découle ; ensuite, elles réduisent les coûts de transactions et facilitent les échanges commerciaux à l’échelle nationale et internationale ; elles rendent profitables les activités non rentables sans elles, et plus profitables encore les activités déjà existantes. Ceci explique l’existence des rendements croissants du capital qui tend à invalider l’hypothèse classique de rendements décroissants d’après laquelle, le rendement du capital devrait être plus élevé dans les PVD vu que leur stock de capital est moindre que celui des pays développés ; or on observe une concentration des IDE parmi les pays développés, soit 58,6% des flux mondiaux d’IDE en 2004 (dont 33% en Union européenne, 15% aux USA et 1,2% au Japon) ; contre 5,4% pour les PECO et 36% pour les PVD (dont 2,79% à l’Afrique, ce continent étant le plus marginalisé par l’IDE vu qu’il n’est récipiendaire que de 8% dans la part des flux d’IDE destinés aux PVD, contre 29% pour L’Amérique Latine, 63% pour l’Asie et l’Océanie) ; selon la CNUCED dans World Investment report 2005. Ceci signifie que le rendement des investissements privés ne diminue pas mais s’accroît avec la densité du capital physique et humain (Lucas 1990). Finalement, certains auteurs comme Hubert et Pain (2002), pour le cas d’IDE réalisés par les firmes allemandes en Union Européenne, où l’étude de Jacquet et Charz (2003) pour le cas des pays émergents d’Asie de l’Est soulignent même que parmi les politiques publiques, c’est celle de l’infrastructure qui a l’effet positif le plus significatif sur l’attractivité du territoire vis-à-vis des IDE. A contrario, à cause de la faiblesse de l’infrastructure de base (infrastructures de transport et infrastructure constituée par le capital humain qui renvoie à l’investissement public pour améliorer la productivité du travail parce qu’il est réalisé dans l’éducation et la santé) dans les pays africains, du fait du désengagement économique de l’Etat contraint par l’ajustement structurel, Touna Mama et al .(2002) établissent la faible attractivité pour l’investissement privé des trois pays de leur échantillon

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(Cameroun, Côte d’Ivoire, Burkina Faso), car notent –ils, l’investissement public en Infrastructures économique et sociale est complémentaire à l’investissement privé, par conséquent le manque d’infrastructures handicape l’investissement privé. En outre, dans une optique de managérialisation du territoire (Lamarche 2003, p.4), où la séduction des nations devient un principe d’action publique faisant primer l’attraction des capitaux et secondairement du travail qualifié dans un schéma de rivalité des territoires, la politique publique procède de la valorisation des compétences du territoire. Dans ce sens, le développement des biens publics met en avant les infrastructures en communication(routes, télécom.), formation, diffusion de la technologie qui deviennent la condition de l’attractivité du territoire. L’essentiel n’est plus le prix mais la ressource disponible au niveau du territoire.

- Compétitivité fiscale et attractivité du territoire ; dans la mesure où les FMN recherchent les plus faibles coûts (salariaux et autres), il en découle que la fiscalité, notamment l’impôt sur les bénéfices des sociétés et les cotisations patronales, tend à orienter la localisation des firmes. Il en résulte que les facteurs de production s’installent là où la fiscalité est la plus attractive, toutes choses étant égales par ailleurs. Néanmoins, il convient de relativiser l’idée couramment admise ici que la concurrence fiscale serait en permanence néfaste, dans la mesure où en posant que les recettes de la taxe sur le capital servent à financer les infrastructures publiques et ou à améliorer la productivité de certains travailleurs, on peut montrer que les investisseurs peuvent considérer que cet effet compense le niveau plus élevé d’imposition. Dès lors, soulignent Mucchielli et Mayer (2005 p.305), l’efficacité de la dépense publique est déterminante, car à niveau de taxation égal, les investisseurs choisiront le pays fournissant le meilleur niveau des biens publics qui influencent leur coût de production, comme les infrastructures de transport par exemple. De plus, il existerait une sensibilité de la base fiscale d’autant plus forte que le taux d’ouverture de l’économie est élevé, il en découle un avantage aux grands pays du fait que ces derniers bénéficient de « rentes fiscales d’agglomération » (Anderson et Forslid, 1999) leur permettant de maintenir un degré de liberté dans la fixation des taux d’imposition. Dans ce sens, on peut comprendre pour les pays pétroliers d’Afrique pourquoi les petits pays tels le Congo, la Guinée équatoriale et le Tchad pratiquent un taux de pression fiscale pétrolière plus faible que les grands pays comme l’Algérie, l’Angola, le Cameroun ainsi que le montre le tableau ci-après :

Tableau 1: Taux de pression fiscale pétrolière apparente des pays africains et l’OPEP(en %)Pays 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003Algérie - 74 74 76 71 69 71Angola - 37 56 52 54 40 -Cameroun 62 60 45 58 53 61 66Congo 39 19 31 29 31 26 27Gabon 46 60 32 45 50 40 39Guinée E. 13 22 15 17 24 25 25Soudan - - - 42 46 44 -Tchad - - - - - - 10Arabie Saoudite

- - 62 81 82 71 -

Emirats A.U

77 69 56 70 75 77 -

Source Rapport sur les perspectives en Zone Franc, AFD, Septembre 2004

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Ainsi, Rosellini (2005, p.8) souligne à propos de la fiscalité pétrolière des pays africains, que plus que les Etats d’Amérique Latine ou d’Afrique du Nord, l’Afrique subsaharienne offre un cadre juridique, une fiscalité et des termes de contrat d’exploitation attractifs ; en particulier les petits pays hors Nigeria et Angola, aux réserves moindres ont choisi d’offrir une fiscalité avantageuse afin de conserver une certaine compétitivité. Plus on s’éloigne d’une logique de rente et plus l’Etat recherchera à augmenter le taux de pression fiscale pétrolière et à diversifier sa base fiscale. L’amélioration de la qualité de la dépense publique au sens exposé plus haut a rarement été au rendez vous dans les pays pétroliers d’Afrique centrale en raison notamment des pratiques de dépenses « hors budget » où les caisses de sociétés nationales pétrolières ont souvent fonctionné comme le deuxième « Trésor » de l’Etat. Mais à présent, ces pratiques sont en net recul sous la pression des Bailleurs de fonds et de la société civile ainsi que par nécessité de normaliser leurs relations avec les institutions de Bretton - Woods, notamment en vue de faire aboutir l’initiative PPTE. La gestion des ressources pétrolières de l’Etat tend ainsi à évoluer vers la budgétisation totale (fin du « hors budget », adoption de l’unicité des budgets, fin du deuxième « Trésor ») et l’augmentation de la transparence dans la gestion des ressources (depuis les années 2000, plusieurs pays pétroliers du Golfe de guinée comme l’Angola en 2003, le Gabon, le Congo et le Tchad en 2004, ont adhéré à l’Extractive Industries Transparency initiatiative, au Tchad c’est une loi adoptée depuis 1998 par le Parlement de ce pays qui régit l’affectation des recettes pétrolières dont 80% sont notamment destinés aux secteurs prioritaires, spécialement celui des infrastructures physiques et sociales ; cependant cette loi connaît des difficultés d’application depuis 2006 avec la décision gouvernementale de supprimer le fonds de réserve pour les générations futures). Dans l’optique de managérialisation du territoire, l’action publique ici procède d’une mise en avant de la compétitivité - prix du territoire. Dans ce sens, le lien compétitivité - attractivité conduit le décideur public à prouver aux investisseurs potentiels un bon rapport qualité – prix . Ces deux notions, qualité d’une offre territoriale et prix de ce territoire vont engendrer une focalisation sur les coûts directs pour l’investisseur (coûts sociaux liés au travail et fiscalité).

-Stabilité macro-économique et capital social en vue de l’ attractivité du territoire ; Pour rendre attractif le territoire il revient à l’Etat , autant que faire se peut, de lutter contre l’instabilité macroéconomique et de promouvoir le capital social.

a) Concernant la lutte contre l’instabilité macroéconomique ; elle renvoie notamment à l’assainissement du cadre macro-économique via l’application de politiques macroéconomiques crédibles, qu’il s’agisse de la politique monétaire, de la politique budgétaire ou de la politique de change. En matière de politique monétaire son apport à l’attractivité du territoire réside notamment dans la recherche de la stabilité des prix ou la lutte contre l’inflation. Au-delà de ce constat, il s’agit de voir, comme le note Mouriaux (2004, pp.38-39) pour la Zone Euro, en quoi la recherche d’attractivité d’un pays ou d’une zone économique peut avoir des implications pour l’action des Banques centrales. Une première implication d’une politique d’attractivité réussie est que la montée en puissance de régions économiques plus spécialisées, générant des économies d’échelle et des externalités positives telle qu’un accroissement de l’innovation, devrait engendrer une hausse du potentiel de croissance non inflationniste qui constitue pour l’action des Banques centrales, un indicateur important de performance. Une deuxième implication possible d’une politique d’attractivité réussie, serait un accroissement des flux d’entrée de capitaux, notamment des IDE stimulés par une perception positive des conditions d’implantation et de développement, ce facteur jouerait en faveur de l’appréciation de la monnaie. Pour les pays pétroliers et miniers d’Afrique centrale membres de la Zone Franc, la stabilité des prix est une réalité au sein de la CEMAC ( soit un taux d’inflation inférieur à 5% sur la période 1995-2004, selon la

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CEA, ce qui les rapproche du critère de convergence de la surveillance multilatérale qui est d’avoir un taux d’inflation annuel moyen inférieur ou égal à 3% à compter de 2004) en raison de l’application stricte par la BEAC, de la règle statutaire limitant le financement monétaire du déficit budgétaire de chaque pays à 20% des recettes fiscales de l’année antérieure. En revanche dans les autres pays pétroliers et miniers de la CEEAC, l’Angola et la RDC, le manque notoire d’indépendance de la Banque centrale vis-à-vis du Gouvernement a conduit au recours abusif à la planche à billets, tant et si bien que depuis les années 90 ces pays n’ont pas connu la stabilité des prix avec une inflation, voire une hyperinflation (soit des taux d’inflation à trois et quatre chiffres sur la période 1995-2004)4 quasi chronique qui a engendré la dollarisation de leur économie et une dépréciation quasi chronique de leur monnaie nationale (le Kwanza et le Franc congolais). Les conflits armés qui ont sévi dans ces deux pays ont compromis l’application d’une politique monétaire rigoureuse, vu la nécessité pour l’Etat de financer l’effort de guerre. En matière de politique budgétaire, la majorité des pays de la CEEAC accusent de lourds déficits du solde budgétaire primaire et sont surendettés avec un ratio Dette publique extérieure sur le PIB qui dépasse le seuil de 50% admis par les institutions de Bretton –Woods. Pour les pays de la CEMAC, l’étude de Avom (2005) pour la période 1985-2001, révèle que les pays ayant enregistré les déficits du solde budgétaire primaire les plus profonds sont aussi ceux dont le ratio dette publique extérieure/PIB est le plus élevé(Congo, Gabon, Tchad, RCA, Cameroun). La situation de l’endettement extérieur s’est dégradée à compter des années 90, surtout pour le Congo du fait que son économie s’est transformée pendant plusieurs années en une économie de guerre.

Enfin, en matière de politique de change, l’attractivité du territoire devrait s’appuyer, selon Lafay (2004) sur une « politique active de change ». En effet, dans une économie mondialisée, les multinationales, en dehors de la perspective des débouchés, fondent leur décision sur le critère du rapport entre la qualité et le coût des salariés. Or le monde est segmenté en espaces monétaires distincts, entre lesquels ne s’applique que rarement le principe de la parité de pouvoir d’achat des monnaies. Dès lors, les taux de change entre différentes monnaies jouent un rôle décisif pour comparer entre eux les salaires, compte tenu de la qualité des territoires concernés (qualification de la main d’oeuvre, infrastructures collectives, environnement fiscal et réglementaire). Lorsque les taux de change en vigueur font que les salaires sont relativement trop élevés dans un pays, les firmes d’origine locale et étrangère vont chercher ailleurs une meilleure rentabilité, à l’instar des pays de l’ASEAN ou de la Chine que l’on accuse à tort ou à raison de pratiquer le dumping de change. Dès lors, la Banque centrale devrait retenir un objectif ultime multiple, en considérant outre la stabilité des prix, d’autres objectifs comme la croissance, le plein emploi, la stabilité des taux d’intérêt à long terme, à l’instar de la FED des Etats-Unis. De plus, pour sa politique de change, il est préférable, tout en garantissant son autonomie, que la Banque centrale soit soumise aux autorités politiques. Cependant, il faut relever que la présence d’une monnaie commune comme l’Euro, ayant le statut de monnaie internationale et qui dispose de certains atouts pour concurrencer le Dollar, confère à la Zone Euro une réelle attractivité pour les entreprises qui sont ainsi à l’abri de dévaluations compétitives. Dans une moindre mesure, le Franc CFA qui jouit de la convertibilité et a le statut de monnaie de réserve à l’échelle régionale, du fait de son arrimage à l’Euro depuis 1999, procure le même avantage aux investisseurs opérant dans la CEMAC ou l’UEMOA. Il est cependant vrai qu’en période d’appréciation durable de l’Euro vis-à-vis du Dollar, comme c’est le cas depuis quelques années, la compétitivité - prix des exportations de la CEMAC ou de l’UEMOA se trouve affaiblie par l’appréciation

4 Depuis 2002, cependant la RDC a obtenu des résultats satisfaisants dans la lutte contre l’inflation, dans le cadre du PAS, car le taux d’inflation qui était de 541% en 1995 est passé à 16% en 2002 puis à 6% en 2004. Par contre en Angola la stabilité des prix reste encore hypothétique vu que de 2672% en 1995, le taux d’inflation a été de 325% en 2000 avant de descendre à 30% en 2004. Voir CEA(2004), Les économies de l’Afrique Centrale. Maisonnneuve & Larose, Paris, p.316

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mécanique du FCFA, in abstracto parfois la situation des fondamentaux de leurs économies. On comprend ainsi pourquoi certains économistes africains tels ONDO OSSA(1999, p.227, 2000) recommandent une modification du régime de taux de change du FCFA en faveur des « parités glissantes », les taux de change seraient ainsi périodiquement ajustés, soit en fonction du montant des réserves de chaque pays, soit en fonction des différentiels d’inflation. Ceci permettrait de mettre en œuvre la politique active de change au profit de l’attractivité des économies de la CEMAC et de l’UEMOA.

b) Concernant la promotion du capital social ; le capital social qui renvoie à la qualité des institutions(infrastructures constitutionnelles et juridiques ainsi que les services publics nécessaires à la vie économique) et procède d’un système de relations économiques et sociales contribuant à la constitution du capital relationnel ou capital social dans un espace géographique donné est un facteur déterminant de l’efficacité économique. Dans ce sens, un niveau élevé de capital social contribue à l’attractivité du territoire. Pour Collier et Gunning (1999), le capital social est conjointement généré par le gouvernement et la communauté. En effet, le capital social public suppose la mise en œuvre d’institutions gouvernementales pour la promotion du secteur privé ; tandis que le capital social civique concerne les avantages économiques dus à l’interaction sociale, sous-tendue par la confiance, qui réduit les coûts de transaction du fait d’une meilleure connaissance des externalités des réseaux sociaux et d’une capacité accrue pour l’action collective. Le capital social peut être saisi à travers des indicateurs tels que le degré de corruption, le niveau d’inégalités entre groupes sociaux, le degré de dispersion ethnique, les guerres civiles, le respect des contrats, le niveau de développement social … L’étude de Collier et Gunning indique l’existence d’un important déficit de capital social en Afrique comparativement aux autres PVD. En effet, le degré de corruption y serait 50% plus élevé que dans les autres PVD ; comme le degré de dispersion ethnique, de même le niveau de développement social y est deux fois plus faible. Or si l’on considère par exemple la corruption, des études économétriques ont établi l’impact négatif de celle-ci sur l’attractivité du territoire vis- à- vis des IDE. En effet Wei(2000) , par exemple, a montré qu’une augmentation du niveau de corruption d’un pays, de celui de Singapour à celui du Mexique, serait équivalente du point de vue de l’attractivité des IDE, à une hausse de 50% de la fiscalité du capital. En général, souligne Kaufmann (2006, p.3), la corruption « taxe » de façon importante l’investissement ; en effet on a montré que la corruption est équivalente à une taxe de 20% imposée aux investisseurs étrangers. Or, en matière de corruption, l’indice 2005 de Transparency international indique clairement que les pays pétroliers et miniers de la CEEAC sont très mal classés et se situent après le 131eme rang sur un total de 159 pays, à l’inverse des pays émergents d’Afrique australe et des Pays d’Asie du sud est. Dès lors, pour garantir la cohésion sociale et pour favoriser l’attractivité du territoire, il devient impératif pour l’Etat de promouvoir le niveau de capital social en améliorant la qualité de la gouvernance dans ses diverses dimensions (Kaufmann et al. 1999), à savoir : degré de démocratie, stabilité politique, efficacité des services publics, sécurité juridique et absence de corruption, degré d’intervention de l’Etat dans l’économie.

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II - ATTRACTIVITE DES TERRITOIRES ET IDE EN AFRIQUE CENTRALE :UNE VERIFICATION ECONOMETRIQUE

Cette deuxième partie vise à montrer, au plan empirique, l’importance du rôle économique de l’Etat, à travers le développement des infrastructures de base et du capital humain, dans la capacité des territoires à attirer les IDE. Nous nous appuyons pour cela sur des données des pays d’Afrique Centrale et australe et d’Asie du sud-est.

2.1. Déterminants des IDE : une brève revue de la documentation pertinenteSuivant la « théorie éclectique » des IDE, ceux-ci sont déterminés par trois types d’avantages que les IDE ont sur les autres formes de mécanismes institutionnels que l’entreprise peut utiliser pour satisfaire ses clients (Gastanaga et al., 1998, pp.1300-1302). Le premier avantage est un avantage spécifique de l’entreprise transnationale dans le pays d’accueil. Il peut s’agir de l’avantage que l’entreprise a sur ses rivales en termes de renommée, de technologie ou de marketing. Le deuxième avantage est celui de la localisation, c’est-à-dire, pourquoi il est important pour l’entreprise d’opérer dans le pays d’accueil. Cet avantage peut provenir de l’avantage comparatif du pays d’accueil ou de son avantage en termes de coûts de transaction. Enfin, le troisième avantage est l’avantage de l’internationalisation. Cet avantage fait que l’entreprise va préférer l’IDE à l’assistance technique ou au franchising par exemple. Alors que le premier avantage dépend des caractéristiques de l’entreprise et de ses activités, le deuxième avantage est étroitement lié à l’attractivité des territoires. En effet, un territoire a un avantage comparatif dans sa capacité d’attirer les IDE lorsqu’il a notamment une infrastructure développée et une main-d’œuvre de qualité. Le gouvernement peut donc construire l’avantage de localisation en rendant viable son territoire par la fourniture d’une infrastructure de base et d’une éducation de qualité.

Les avantages énumérés ci-dessus sont exploités par des entreprises dont la demande vise à satisfaire soit le marché local, soit le marché étranger (Asiedu, 2002, pp.109-110). Les IDE qui visent à satisfaire le marché domestique s’expliquent notamment par l’existence d’entraves au commerce international qui font qu’il est plus avantageux de produire sur place dans le pays d’accueil que d’exporter vers ce pays. Ces entraves comprennent notamment le paiement des droits de douane pour les biens importés et l’existence possible de diverses formes de subventions pour les entreprises locales. Le deuxième groupe d’IDE orienté vers le marché étranger se justifie notamment par la recherche des coûts de production bas (avantage de localisation) ou encore par la disponibilité, en vue de leur exploitation, des matières premières. De ce qui précède, il ressort les principaux déterminants des IDE tel qu’il suit :

(i) Le développement des infrastructures ; Lorsque, sur un territoire, l’infrastructure de base est développée, le coût de l’investissement est faible ainsi que son coût d’exploitation ; ce qui augmente le rendement de l’investissement et donc stimule l’IDE. Là où cette infrastructure manque, l’entreprise est obligée par exemple de construire elle-même les routes pour acheminer son produit ; ce qui augmente le coût de l’investissement. Le manque d’infrastructures de base ne permet pas aussi souvent à l’entreprise d’utiliser des techniques modernes de production, par exemple celles qui sont grandes consommatrices d’électricité dans un pays où celle-ci est rare. Dans la littérature, le développement d’infrastructures est saisi à travers un certain nombre d’indicateurs comme le nombre de lignes de téléphones pour 1000 habitants ou d’indicateurs de consommation d’énergie. Nous retenons dans l’ étude comme indicateur du développement d’infrastructures la consommation d’énergie électrique par habitant (en kwh). Cet indicateur nous permet d’approximer aussi bien la disponibilité que l’utilisation des infrastructures en place.

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(ii) Le coût et la qualité de la main-d’œuvre ; le coût de la main-d’œuvre est un déterminant important des IDE dans la mesure où beaucoup d’entreprises se délocalisent pour tirer profit de la disponibilité des facteurs de production, notamment du coût faible du facteur travail dans les PVD. Le faible coût de la main-d’œuvre constitue donc un facteur indéniable d’avantage comparatif pour les territoires. Cependant, les entreprises ne tiennent pas seulement compte du coût des facteurs de production mais également de leur qualité. En effet, les multinationales recherchent de plus en plus de la main d’œuvre de très bonne qualité dans la mesure où ces entreprises s’intéressent davantage à la production de biens intensifs en capital et en technologie (Noorbakhsh et Paloni, 2001, pp.1594-1595). Ainsi, une main-d’œuvre à coût bas et de bonne qualité permet d’accroître à la fois la productivité et le rendement des IDE. L’Etat peut donc rendre son territoire attractif en améliorant la qualité de la main-d’œuvre à travers l’investissement dans l’éducation de la population. Nous considérons ainsi comme indicateur de la qualité du travail l’effort de l’Etat dans l’éducation de la population ; plus précisément la part des dépenses publiques d’éducation dans le PIB. En effet comme le relèvent Bissiriou et Kern (2005 p.44-45), l’éducation étant un bien public national voire mondial, le secteur public en reste le garant de l’équité nonobstant le fait que la contrainte de la mondialisation et de la privatisation partielle des services éducatifs, conduit à des partenariats public - privé, y compris dans le cadre de la coopération Nord-Sud, qui contribuent à l’efficacité du système éducatif dans son ensemble.

(iii) Le rendement du capital dans le pays d’accueil et le risque pays ; Suivant la théorie de choix du portefeuille, les IDE se localisent dans les territoires où le rendement des IDE est élevé étant donné le niveau de risque ou encore dans les pays où le risque associé aux affaires est faible compte tenu du rendement. Les IDE sont donc élevés lorsque le rendement est élevé. Il est cependant difficile dans les PVD d’évaluer le rendement des investissements. Pour résoudre ce problème, nous supposons, comme dans Asiedu (2002, pp.110-111), que le rendement du capital est égal à sa productivité marginale. Dans ce cas, le rendement du capital est élevé dans les pays où le capital est peu abondant, pays qui par ailleurs sont pauvres. Il s’ensuit que le rendement du capital peut être approximé par l’inverse du PIB par habitant. Le rendement du capital dépend aussi de la taille et de l’expansion du marché local, principalement pour les IDE qui visent à satisfaire la demande locale. Ainsi, l’augmentation continuelle des IDE suppose une croissance rapide du marché local que nous pouvons saisir à travers le taux de croissance du PIB. S’agissant du risque pays, nous le décomposons de manière simplifiée en incertitude économique et en instabilité politique. L’incertitude économique résulte notamment de l’instabilité macroéconomique, celle-ci se traduisant spécialement par l’instabilité des prix (l’inflation).

(iv) Le degré d’ouverture commerciale du pays d’accueil ; Nous avons vu précédemment que beaucoup d’IDE cherchent à exploiter l’avantage de localisation - en termes de coût de production bas, qualité de la main-d’œuvre, développement des infrastructures, … - en produisant dans un pays d’accueil en vue de l’exportation des biens produits vers des pays étrangers. Pour cela, il convient que le pays d’accueil soit ouvert au commerce international. Dès lors, le niveau d’ouverture commerciale du pays a un effet positif sur l’afflux des IDE. Nous retenons comme indicateur d’ouverture commerciale du pays d’accueil le ratio de la somme des importations et des exportations sur le PIB.

(v) l’effet d’apprentissage ou le contenu en information des IDE ; Nous ajoutons comme variable explicative les variations décalées des IDE. Deux raisons majeurs justifient la prise en compte de cette variable. D’abord, les IDE passés contiennent de l’information sur les conditions d’exploitation et la qualité du climat des affaires dans le pays d’accueil. Ainsi, plus

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les IDE affluent dans un pays, plus les investisseurs modifient favorablement leurs perceptions pour ce pays. Ensuite, les investisseurs tendent à traiter favorablement les pays qu’ils connaissent mieux et considèrent comme risqués les territoires qu’ils ne connaissent pas ; le manque de connaissance est ainsi associé à la peur de mauvais résultats (Noorbakhsh et Paloni, 2001, pp.1598-1599). Au total, les flux passés d’IDE révèlent de l’information sur le pays d’accueil, ce qui permet d’investir davantage dans ce pays.

2.2. Les donnéesL’analyse empirique porte sur des données groupées sur la période 1980 – 2002. Les données proviennent des indicateurs de développement de la Banque Mondiale(CD-Rom, 2005 World development indicators) et concernent les pays suivants : d’une part, le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine(RCA), la République du Congo, la République Démocratique du Congo(RDC) et le Tchad comme pays d’Afrique centrale et d’autre part, l’Afrique du Sud, le Botswana, l’Indonésie, les Philippines, la Corée du Sud et la Malaisie comme pays d’Asie du sud-est et d’Afrique australe, en fait un groupe de pays émergents nous servant de comparaison. Les données ont fait l’objet d’un traitement préalable constitué de quelques transformations suivantes : primo, les données manquantes ont été remplacées par la moyenne de trois dernières années ou par la moyenne des trois années suivantes lorsqu’il n’y avait pas de données précédentes. Secundo, les valeurs nulles ont été remplacées par un centième pour le ratio d’IDE, par 20 et 200 kwh pour la consommation d’électricité respectivement pour la RCA et le Tchad d’une part et le Botswana d’autre part (ces valeurs sont bien en deçà de la moyenne observée dans chacune de deux catégories, les deux premiers pays ayant en particulier une consommation très faible d’électricité).

Tableau 2 : Statistiques descriptives des variables

Afrique centrale Asie du sud-est, Afrique du sud et BotswanaVariables Médiane Ecart -type Médiane Ecart-type IDE 0,799 15,523 0,791 3,356PIBC 2,350 9,201 5,952 4,556REND -6,403 1,119 -7,884 0,850COM 58,443 48,787 66,334 42,434EDUC 2,591 5,793 3,709 1,642ELEC 55,070 269,896 565,292 1509,671

Source : Calculs des auteurs

Le Tableau ci-dessus présente quelques caractéristiques des variables analysées. IDE est le ratio d’IDE exprimé en pourcentage du PIB, PIBC est le taux de croissance en pourcentage du PIB, REND est le rendement du capital approximé par le logarithme de l’inverse du PIB par habitant, COM désigne le degré d’ouverture commerciale du pays (la somme des exportations et des importations sur le PIB, ratio exprimé en pourcentage), EDUC est le taux en pourcentage du PIB des dépenses publiques d’éducation et enfin, ELEC désigne la consommation d’électricité par habitant en kwh. Nous retenons comme mesure de tendance centrale la médiane en lieu et place de la moyenne à cause de la forte dispersion des séries étudiées. Il ressort du tableau ci-dessus que les flux d’IDE exprimés en pourcentage du PIB sont à peu près identiques pour l’Asie du sud-est et l’Afrique australe d’un côté et l’Afrique centrale de l’autre (0,791% contre 0,799%). Alors que l’Asie du sud-est est réputée pour être

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l’une des premières destinations des IDE vers les PVD (à côté de la Chine), les pays d’Afrique centrale enregistrent eux aussi, ces dernières années, d’importants flux d’IDE à la suite d’une part, de la découverte d’importants gisements pétroliers en Guinée Equatoriale, en Angola et au Tchad notamment et de la montée du prix de pétrole du fait du 3eme choc pétrolier en cours depuis les années 2000 et d’autre part, des mesures de libéralisation économique ayant comme corollaire la privatisation de nombreux secteurs de l’économie. Cependant, il n’en demeure pas moins que les pays d’Asie du sud-est et ceux d’Afrique australe sont plus attractifs que ceux d’Afrique centrale. En effet, les flux d’IDE sont, en valeurs absolues, nettement supérieurs dans les premiers pays cités (le PIB par habitant y étant au moins trois fois plus élevé) et ils y sont affectés dans des secteurs diversifiés, notamment dans des secteurs porteurs et à forte valeur ajoutée contrairement à l’Afrique centrale où les IDE sont attirés principalement par les secteurs miniers et pétroliers. En observant le tableau 2 plus haut, on constate également que les flux des IDE sont plus volatiles en Afrique centrale qu’en Asie, c’est-à-dire que l’Afrique centrale n’arrive pas à maintenir les flux d’IDE.

S’agissant de la croissance du PIB, elle a été pour au moins la moitié de temps de l’ordre de 2,35% en Afrique centrale contre près de 6% en Asie du sud-est et en Afrique australe. Seulement au regard de ce critère, nous voyons bien pourquoi les IDE préfèrent se diriger vers l’Asie où les marchés sont en très forte expansion. Cependant, vu que les revenus par habitant sont plus élevés et donc le capital plus abondant en Asie du sud-est et en Afrique australe qu’en Afrique centrale, le rendement de l’investissement serait plus élevé dans cette dernière région du monde. Néanmoins, on sait en vertu de la théorie de la croissance endogène de Romer(1986), Lucas(1988, 1990)..etc , apparue depuis le milieu des années 80, que les capitaux ne se dirigent pas nécessairement là où ils sont plus rares, car le progrès technique matérialisé par l’amélioration des équipements et l’investissement humain qui l’accompagne, met en échec la loi des rendements décroissants ; d’où le constat que les rendements des investissements sont en fait plus importants là où la main d’œuvre est la mieux formée et les infrastructures les plus modernes, ce qui explique que les IDE vont d’abord là où leur présence est déjà forte, comme on peut le constater , par exemple, dans les rapports de la CNUCED(World Investment Report). Les pays d’Asie et d’Afrique australe sont aussi mieux insérés dans le commerce mondial que les pays d’Afrique centrale : le commerce international représente pour la plupart de ces pays plus de 66% du PIB contre 58% pour l’Afrique centrale. Concernant le développement des infrastructures. Il ressort du tableau ci-dessus que les infrastructures sont plus développées en Asie du sud-est, en Afrique du Sud et au Botswana qu’en Afrique centrale. Alors que la consommation médiane d’électricité par habitant est de 565 kwh en Asie du sud-est et en Afrique australe, elle n’est que de 55 kwh en Afrique centrale avec des pays comme la RCA et le Tchad où ladite consommation est presque nulle. Quant aux dépenses publiques consacrées à l’éducation, elles représentent, pour plus de la moitié du temps, 3,7% du PIB en Asie et en Afrique australe contre 2,6% en Afrique centrale. Dès lors, le capital humain serait plus important dans ces deux premières régions qu’en Afrique centrale.

2.3. La méthode d’analysePour mettre en évidence les déterminants des flux d’IDE en Afrique centrale comparativement aux pays d’Asie du sud-est et d’Afrique australe, nous procédons à une analyse économétrique sur données groupées s’appuyant sur un modèle de type suivant :IDEit = αXit + γt + λi + εit (1)où X est le vecteur de l’ensemble des variables explicatives présentées à la section 2.1, γ représente les effets liés au temps, λ est le terme des effets fixes qui sont spécifiques aux différents pays, ε est le terme d’erreur ayant les propriétés habituelles ; les indices i et t

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désignent le pays et le temps respectivement. Dans un premier temps, l’équation (1) est estimée telle quelle par la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO). Dans un deuxième temps, les effets fixes sont isolés et l’équation (1) estimée en considérant les déviations des variables par rapport à leurs moyennes.

2.4. Les résultatsLe tableau 3 présente les résultats de la régression pour les pays d’Afrique centrale tandis que le tableau 4 présente les résultats obtenus pour les pays d’Asie du sud-est et d’Afrique australe. Il apparaît en observant ces deux tableaux que les résultats obtenus par MCO et ceux obtenus par la méthode d’effets fixes sont de manière générale les mêmes. Dans les deux tableaux ci-dessous, la dernière variable explicative prend en compte l’interaction qui existerait entre la qualité de la main-d’œuvre et le développement des infrastructures.

Tableau  3 : Déterminants d’IDE en Afrique Centrale Variables MCO Effets fixesC -45,834*** (11,437) ∆ IDE(-1) - 0,001 - 0,001 (0,069) (0,069) PIBC 0,290** 0,292** (0,137) (0,136) REND 2,662 2,506 (2,427) (2,416) COM 15,861*** 15,368*** (3,426) (3,320) EDU 0,329 - 0,138 (0,374) (1,385)ELEC 0,020 -0,007 (0,046) (0,008) EDU*ELEC -0,007 -0,001 (0,013) (0,008)

0,265 0,264 N 159 159

Notes: - les valeurs entre parenthèses sont les écart-types des coefficients - *** : coefficient est significatif à 1% - ** : coefficient significatif à 5% -* : coefficient significatif à 10%.Source : Calculs des auteurs.

Les résultats sont, comme on pouvait s’y attendre, différents entre l’Asie du sud-est et l’Afrique australe d’une part, et l’Afrique centrale d’autre part au regard du rôle des infrastructures et du capital humain. En effet, il ressort des tableaux n°3 et 4 que les infrastructures et la qualité de la main-d’oeuvre jouent un rôle important dans l’afflux des IDE vers les pays d’Asie du sud-est, l’Afrique du sud et le Botswana. Ces deux facteurs constituent un avantage de localisation indéniable pour les entreprises multinationales qui s’installent dans les pays ci-dessus. Le développement des infrastructures, comme nous

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l’avons dit plus haut, permet de rendre les entreprises plus efficientes et donc plus compétitives en réduisant leurs coûts de production. Dans son étude, Asiedu (2002) trouve aussi que le développement des infrastructures a un impact positif sur l’afflux des IDE pour des pays autres que ceux d’Afrique subsaharienne. L’effet positif du capital humain est aussi confirmé par Noorbakhsh et Paloni (2001) étant donné que les IDE sont de plus en plus orientés vers la production de biens manufacturés incorporant la haute technologie. En effet, dans les pays émergents on sait que les IDE entrants se concentrent dans les secteurs porteurs aujourd’hui pour les multinationales, à savoir les services et le secteur manufacturier(Meyer al. 2002 p.10) ; pour ces secteurs, selon la NEG les choix d’implantation des multinationales découlent surtout des forces d’agglomération qui incitent les firmes à se concentrer géographiquement pour bénéficier d’économies d’échelle et externes. L’effet du développement d’infrastructures n’est cependant pas robuste au regard des méthodes d’estimation utilisées puisqu’il n’apparaît plus après avoir isolé les effets fixes.

Tableau 4 : Déterminants d’IDE en Asie du Sud-Est, Afrique du Sud et Botswana Variables MCO Effets fixesC -6,897*** (1,991) Δ IDC(-1) 0,166** 0,170** (0,077) (0,078) PIBC 0,119*** 0,120*** (0,033) (0,034) REND 0,859** 0,624** (0,318) (0,294) COM 2,843*** 2,710*** (0,405) (0,402) EDU 0,497*** 0,338*** (0.168) (0,124)ELEC 0,001* 0,001 (0,000) (0,001) EDU*ELEC - 0,000 - 0,001 (0,000) (0,001)

0,436 0,433 N 136 136 Source : Calculs des auteurs

Le développement des infrastructures et l’importance des dépenses d’éducation n’ont pas d’effets significatifs sur les flux d’IDE en Afrique centrale. La principale raison est que les IDE réalisés en Afrique centrale sont orientés vers l’exploitation des produits primaires (pétrole, or, diamant, cobalt, cuivre, coltan …), ce sont donc des IDE qui sont avant tout guidés par la disponibilité des matières premières et non par le développement des infrastructures et la qualité de la main-d’œuvre. Au regard de la NEG, les choix d’implantation des multinationales pour ces IDE qui se focalisent dans le secteur du pétrole et celui des mines, résultent des forces de dispersion qui favorisent la dissémination d’activités vu les contraintes de disponibilités des ressources naturelles et la fixité de certains facteurs de production. Or, les pays d’Afrique centrale ne peuvent se focaliser sur un modèle ricardien de

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spécialisation internationale qui procède de l’exploitation des avantages comparatifs en statique concurrentielle, via la simple production et exportation des produits primaires, pour leur développement, à l’heure où la compétitivité internationale repose de plus en plus sur l’économie de la connaissance ; ils devront donc diversifier leurs économies en s’orientant vers la production des biens manufacturés et à haute technologie; ceci renvoie aux théories contemporaines de spécialisation internationale (courant néo-factoriel, courant néo-technologique, courant de la demande…) ou à la nouvelle division internationale du travail qui procède de l’exploitation des avantages comparatifs dynamiques, via le déploiement d’une stratégie active de spécialisation (Lafay 2004). Pour cela, ils devraient développer leurs infrastructures physiques ainsi que mettre en oeuvre des politiques dynamiques en matière d’éducation et de recherche-développement. C’est bien la stratégie suivie par certains pays d’Afrique australe comme le Botswana et l’Afrique du sud. En effet, s’agissant de ce dernier pays, qui par ailleurs est le principal bénéficiaire des IDE en Afrique subsaharienne, Moolman et al. (2005) montrent que la qualité des infrastructures est l’un des principaux facteurs qui permettent de rendre attractif son territoire comme pour les pays émergents d’Asie du sud-est.

S’agissant des autres déterminants de l’IDE, notons que l’effet d’apprentissage joue un rôle important dans l’afflux des IDE en Asie du sud-est et en Afrique australe. En effet, les IDE ont tendance à s’orienter vers ces deux régions du monde étant donné l’importance des flux passés à partir desquels les investisseurs disposent de meilleures informations sur les conditions de production et le rendement des investissements. Concernant particulièrement cette dernière variable, elle est un déterminant important des IDE pour les pays d’Asie du sud-est et d’Afrique australe. Le coefficient associé au rendement de l’investissement n’est cependant pas significatif dans l’ensemble pour les pays d’Afrique Centrale. Ce résultat est aussi obtenu par Asiedu (2002) pour les pays d’Afrique subsaharienne dans leur ensemble. Il semble donc que les entreprises multinationales qui investissent en Afrique centrale soient plus sensibles au risque dans ces pays qu’au rendement de l’investissement. S’agissant particulièrement de cette aversion vis – à- vis du risque, il s’agirait précisément du risque politique (instabilité politique, risque de nationalisation des actifs, risque de rupture abusive des contrats, risque de non rapatriement des bénéfices…) puisque l’instabilité macroéconomique (saisie ici par l’inflation) n’a pas d’effet négatif sur l’IDE5. En effet on sait que le risque politique reste élevé en Afrique centrale puisque sur 11 pays membres de la CEEAC, 8 pays ont connu ou connaissent encore des conflits armés depuis les années 80 ; seuls le Cameroun, la Guinée Equatoriale et le Gabon ont connu une stabilité politique au sens de l’absence de conflits armés ou de guerres civiles. Comme dans les autres études (Asiedu, 2002 ; Gastanaga et al, 1998 ; Moolman et al, 2005 ; Noorbakhsh et Paloni,2001), le degré d’ouverture commerciale et le taux de croissance du PIB ont un effet positif important sur les flux d’IDE aussi bien en Afrique centrale qu’en Asie du sud-est et en Afrique australe. Un taux de croissance élevé traduirait non seulement une forte expansion du marché intérieur et donc des perspectives de profits élevés, mais également le fait que le pays serait relativement bien gouverné, tant pour la gouvernance politique que pour la gouvernance économique ; ce qui aurait un effet positif sur les perceptions des investisseurs.

CONCLUSIONAujourd’hui encore, les statistiques indiquent la prééminence de l’Etat dans le financement des IES dans les PED. En effet selon le rapport DFID(2002), 70% des investissements en infrastructures sont financés par les gouvernements ou les agences publiques à partir des ressources propres ou d’emprunts à taux de marché ; 27% de ces investissements sont financés par le secteur privé et les 3% restants le sont par l’Aide Publique mondiale au

5 Le coefficient estimé de l’inflation est partout non significatif . Dès lors nous ne l’avons pas repris dans les tableaux 3 et 4.

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Développement(APD). L’Afrique en général et l’Afrique centrale en particulier se situe à contre courant de cette situation vu que l’APD (en particulier les dons extérieurs qui sont livrés en devises, ce qui génère des fonds de contrepartie dans le Budget de l’Etat récipiendaire) finance 70% à 80% des investissements publics d’infrastructures(CEA 2004). Mais on doit aussi réaliser que d’une part, des 11 pays de la CEEAC, la grande majorité, à savoir 9 sont producteurs de pétrole(même si pour Sao Tomé et Principe l’exploitation du pétrole n’a pas encore démarré) ; d’autre part, que le niveau de développement des IES, spécialement les infrastructures de transport, est parmi les plus faibles du Continent6, avec comme corollaire des faibles performances en matière de compétitivité - prix et hors prix se traduisant par des échanges intra-communautaires de l’ordre 1, 9% (en moyenne sur la période 1994-2000), les plus faibles du continent(contre 10,3% dans la CEDEAO, 12 ,8% dans la SADC, 6% dans le COMESA, et 3,3% dans l’UMA). Il faut en effet préciser ici à la suite de Bruno Bekolo Ebe (2000, p.15) que la détérioration des infrastructures de transport en Afrique influence négativement la compétitivité des produits du fait que le coût de transport grève le coût des produits de 30 à 60%, à l’instar des produits de la filière bois. De ce constat, on est bien obligé de tirer au moins deux principales leçons de l’expérience des pays émergents d’Asie de l’Est et de celle de rares pays émergents d’Afrique(Botswana et Afrique du sud) eux-mêmes tributaires de la rente minière, à l’instar des pays d’Afrique centrale. - En premier lieu, comme l’a souligné depuis longtemps Georges Ngango (1973,p. 394), « l’Afrique ne se développe pas parce que, entre autres, l’essentiel de son investissement n’est pas engendré par elle-même, mais injecté de l’extérieur », autrement dit pour lui, précise Bruno Bekolo Ebe(2003, pp.48-49), « la croissance et le développement des économies africaines en particulier, dépendent d’abord pour lui, de l’accumulation interne, c'est-à-dire de la capacité de ces économies à assurer prioritairement elles-mêmes la formation du stock du capital ». Il en résulte pour les décideurs, la société civile, et l’intelligentsia des pays pétroliers et miniers de la CEEAC, la nécessité de questionner le rôle économique de l’Etat, pour une mutation du comportement de l’Etat prédateur et rentier, sans vision stratégique du développement, vers un comportement de l’Etat développeur ayant une vision stratégique du développement, à l’instar des pays émergents d’Asie et d’Afrique. En effet, seul un Etat développeur nous semble capable d’affecter rationnellement la rente pétrolière et minière au profit de la modernisation des infrastructures et du développement du capital humain; ainsi que de la diversification productive de l’économie, tout en sauvegardant la cohésion sociale via la promotion du niveau de capital social. Il en découle : le renforcement de la capacité individuelle, des capacités institutionnelles dans le secteur public et des capacités dans le secteur privé ; en vue de rendre plus attractif leur territoire, y compris dans les secteurs porteurs pour les IDE aujourd’hui à savoir le secteur des services et le secteur manufacturier.

- En second lieu, dans ce contexte de mondialisation où l’on observe une forte tendance à la régionalisation des échanges commerciaux et des IDE, l’attractivité du territoire vis – à – vis des IDE, pour les pays de la CEEAC suppose nécessairement, selon nous, et à la suite des recommandations la CEA(Yama Kounga, 2005) et du NEPAD, une coordination des politiques publiques, notamment pour que les revenus pétroliers et miniers concourent au financement des infrastructures physiques régionales, surtout les infrastructures et services de

6 D’après le rapport de la BAD(2005, p13) , « CEEAC, document de stratégie d’assistance à l’intégration régionale pour l’ Afrique centrale 2005-2009 », publié en Mai, la qualité du réseau routier laisse à désirer vu que d’une part, le réseau routier principal qui représente 147314 km dont 15% à peine sont bitumés, soit une densité routière de 2,2km/100 km 2 pour l’ensemble ; d’autre part on note une faible interconnexion régionale car outre la liaison Bujumbura-Kigali , aucun couple de capitales n’est encore relié par une route entièrement bitumée, même si on espère qu’à l’horizon 2005-2006, les liaisons Yaoundé – Libreville, Yaoundé - Bangui et Yaoundé - Ndjamena devraient être entièrement bitumées dans le cadre du plan consensuel de transport.

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transport, en vue de l’interconnexion de divers réseaux de transport et télécommunication (cf. le Plan Directeur Consensuel des Transports de l’Afrique centrale adopté en 2004), de réseaux d’électricité(cf. le Pool de l’énergie électrique de l’Afrique centrale créé en 2003), etc, si possible dans le cadre de partenariats public - privé (PPP) comme les contrats de concession de type BOT. En effet, comme le souligne Bekolo Ebe (2000, p.21), pour le cas du transport, l’un des axes prioritaires d’une politique interne de consolidation et d’amélioration des avantages comparatifs devrait être l’amélioration et le développement des infrastructures de transport, car l’action de l’Etat y est irremplaçable vu l’importance des moyens à mobiliser et vu les implications plus globales de toute décision en la matière.

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Annexes

Fig.1. Flux totaux des IDE en Asie du sud-est

-20000

-10000

0

10000

20000

30000

40000

50000

60000

70000

Corée du Sud Taïwan Indonésie Malaisie Philippines Singapour Thaïland Vietnam

1990-19941995-19992000-2004

Fig.2. Flux totaux des IDE en Afrique centrale et australe

-2000

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

Angola

Camero

un

Répub

lique

Cen

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aine

Tchad

Congo

Répub

lique

Dém

. du C

ongo

Guinée

Equ

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le

Gabon

Botswan

a

Afrique

du S

ud

1990-19941995-19992000-2004

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Fig.3. Répartition des IDE entre les pays asiatiques retenus (1995-1999)

Corée du Sud4% Taïwan

7%

Indonésie10%

Malaisie26%

Philippines6%

Singapour30%

Thaïland12%

Vietnam5%

(En millions de USD)

Fig.4. Répartition des IDE entre les pays africians retenus (2000-2004)

Angola34%

Cameroun0%

République Centrafricaine0%Tchad

9%

Congo4%

République Dém. du Congo4%

Guinée Equatoriale14%

Gabon1%

Botswana3%

Afrique du Sud31%

(En millions de USD)

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Tableau n°1. Flux des IDE en Asie du sud-est

Pays 1990-1994 1995-1999 2000-2004 Flux totauxCorée du Sud 3779 20390 26730Taïwan 5772 8819 12833Indonésie 8455 13112 -6957Malaisie 22114 26044 14642Philippines 4711 7705 4852Singapour 25903 58766 61818Thaïland 9951 21873 11199Vietnam 3900 9355 6849 Flux moyensCorée du Sud 755,8 4078 5346Taïwan 1154,4 1763,8 2566,6Indonésie 1691 2622,4 -1391,4Malaisie 4422,8 5208,8 2928,4Philippines 942,2 1541 970,4Singapour 5180,6 11753,2 12363,6Thaïland 1990,2 4374,6 2239,8Vietnam 780 1871 1369,8

Source : CNUCED, www.unctad.org

Tableau n°2. Flux des IDE en Afrique centrale (En Millions de USD)

Pays 1990-1994 1995-1999 2000-2004 Flux totaux

Angola 1090 4650 10248Cameroun -102 -2 1République Centrafricaine -21 30 2Tchad 58 164 2690Congo 347 827 1371République Dém. du Congo 3 31 1280Guinée Equatoriale 98 908 4471Gabon -68 -1252 427Botswana -215 375 957Afrique du Sud 563 7940 9738

Flux moyensAngola 218 930 2049,6Cameroun -20,4 -0,4 0,2République Centrafricaine -4,2 6 0,4Tchad 11,6 32,8 538Congo 69,4 165,4 274,2République Dém. du Congo(RDC) 0,6 6,2 256Guinée Equatoriale 19,6 181,6 894,2Gabon -13,6 -250,4 85,4Botswana -43 75 191,4Afrique du Sud 112,6 1588 1947,6

Source : CNUCED, www.unctad.org

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