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RichardAbibon

Alien:L’inconscientestl’extraterrestreen

nousàproposdelasériedesAlienaucinémaetspécialementdudernier

opusparRidleyScott,Prometheus.

Lorsque j’avaisvuPrometheus, à l’époquede sa sortie, jen’y avaispas compris

grand-chose. Je n’avais rien lu à son sujet. J’avais juste été attiré par l’affiche. Et puis,c’était de Ridley Scott quand même! C’est donc seulement à la fin du film que,reconnaissantunecréaturealien,jemesuisdit:«ah!C’estunfilmdelasérieAlien!».J’ai trouvé intéressantquecesoitamenéainsi,plongeant le spectateurnonavertiquej’étaisdansunocéandesurprise.

J’avaisvutouslesfilmsprécédents,medisantquejedevraisécrireunarticleunjour. Je ne l’avais jamais fait. Pourquoi? D’une part parce qu’il me semblait que jedevraismeretapertoutelasérie,d’autrepartparcequejecroyaisquecequej’avaisàdiretiendraitenquelquesphrases.Dèslepremieropusdelasérie,onestauparfum.Cen’estpasun simple thrillerde l’espacedans lequelpersonnenevousentendcrier.Dequoi s’agit-il alors?Dumodeparticulierde reproductionde cesaliens: ils doivent enpasserparunegestationpourautruinonvolontairequidéchireleventredel’hôtelorsdel’«accouchement».Unpremieravatardelabêtesortdel’œufetseplaqueauvisageduvisiteur, lui faisantperdre la face.C’estunesorted’araignéedemer indécollableetmunied’unlongappendicequ’elleintroduitdanslabouchedelavictimepourdéposerdans son ventre le germe ou le nouvel œuf qui devra y grandir au chaud jusqu’à ladéchirurefinale,sanglanteàsouhait.Cettegestationnondésiréeetinconnuedel’hôte,dumoins dans le premier épisode, ne dure que quelques heures. C’est bien pratiquequandonestdansducinémad’action.

L’allusionesttransparente:onnousparled’unviol.L’appendicedel’araignéedemerestunphallusetlavictimetombeenceinted’unenfantquilatue.C’estlaraisondusuccès de la série. Les femmes y reconnaissent la hantise du viol et les douleurs del’enfantement par lequel nombre d’entre elles mourraient encore il n’y a pas silongtemps.L’alien ne fait aucunediscrimination sexuelle: leshommessont soumisaumême régime. Pourquoi y seraient–ils sensibles, eux aussi? Par solidaritééventuellementinconscienteavecleurcompagne,j’osel’espérer.Ayanteudesrêvesoùjeme voyaismoi-même enceint, en ayant trouvé de semblables chez certains demesanalysants,j’oseavancerl’hypothèsed’uneuniversalitédelachose,l’enviedegrossessecommependantde l’enviedephalluschezune femme.D’unautrecôté,c’est laproprenaissance de chacun qui est évoquée là, alors qu’elle est absente de la mémoireconsciente et que le rêve et le cinéma apportent une contribution majeure à lasymbolisationdecetévénementoriginairerestésansreprésentation.

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Maispasseulement.Touslesenfants,garçonset filles,onteuunjourpeurd’unétrangerquipénètreraitdans leurchambrepour leur fairedumal.Oualors ilsenontfaitlecauchemar,etcelui-cisereproduitparfoisencorerégulièrementàl’âgeadulte.Onlui donne la figure du loup, du diable, du voleur et que sais-je encore. Comme cescréatures étrangères n’existent pas plus que l’alien, on peut se demander pour quelleraisonsecréerainsidescréaturesimaginairesettourmenteusesquicompliquentlavieaulieudelafaciliter.

Ehbien,c’estparcequ’ilestnécessairedesecréerunereprésentationdelapartieméchanteduparentque l’onaime.C’est lecôtéobscurde la forcecommeonditdansuneautresérie.Toutparentaeuunjourdesmomentsd’énervementavecsonbébé,plusoumoins selon saproprehistoire et la conjoncturequi aprocédé à samise en route.L’enfantn’aalorspasreconnulafigurehideusequisetournaitverslui,làoùilavaitprisl’habitude d’un visage aimant, caressant et nourricier. Le parent qui se fâche devientalors un étranger, un alien. Autrefois c’était le personnage de la grand-mère qui setransformaitenloupetquimangeaitlapetitefille,alorsmêmequ’elleluiapportaitsonpetitpotdebeurre.Jepensequ’onauracomprisl’allusionsexuelle,quinemanquepasnonplusdansAlien.

Carilyaplus.Cen’estpasseulementlemouvementd’humeurdéclenchéeparlafatiguedesnuits sans sommeil, c’est aussi la tentationde l’inceste, desdeux côtés, del’enfantetduparent.J’aidéjàparlédelanécessitédetoucherlesorganesgénitauxlorsdessoinsdonnésaubébé.Cen’estpassansyéveillerquelques tracesd’excitationquiresteront profondément inscrites dans l’inconscient. Selon que le soin est donné avecdégout, sècheresse, tendresse, sensualité, ou toute autre nuance de sentiment, celacontribueraàdéterminerl’attitudefuturedel’adultevisàvisdelasexualité.Sansallersi loin dans le temps, cela contribue à inaugurer ou non les peurs et cauchemars del’enfant.Celapeutêtrevécucommeinvasif,aussibiensurleplandelabrutalitéd’unviolencore inimaginable, qu’au niveau du souhait du retour d’un moment si agréablemais…interdit!

Lesrêvesderazdemaréesontextrêmementfréquents,chezbeaucoupdemonde.J’enaieubeaucoup,sousdiversesformeset,pendanttouteunepériodedemavie,dèsquej’étaissuruneplage,jerepéraisd’unregarddiscretleslieuxverslesquelsilauraitétépossiblede fuirencasde tsunami.C’est lamenacede lamer,doncde lamère,enrapport avec quelque chose d’humide et d’envahissant. Ce peut être aussi bien enrapport avec quelques gestes invasifs subis dans la toute petite enfance. Ce peut êtreaussi tout simplement la sensation de risquer d’être submergé par ses sentiments,d’autantquecesontdessentimentsinterdits.Mamanelle-mêmes’estsouventchargédecondamner les gestes qu’elle vient elle-même d’initier «en toute innocence». Parexemple,unpipisurvenantlorsduchangepeutêtreaccueilliparlamèreavecungrandrirejouisseurouparunbrutalchangementd’humeurcondamnantcetteautreirruptionhumide.Or,cepipipouvaitfortbienêtrelaréponseàuneexcitation.Voilàquipeutbienrevenirsouslaformed’unrazdemarée,métaphoredontonnecomprendplusl’origineprofondémentrefoulée.

Laconfuseimaginationdesenfantsencorepeuinformée,sesertdecesimagesdecatastrophe pourmétaphoriser un acte sexuel interdit àmettre enœuvre, etmême àimaginer. Presque tous ont entendu leurmaman dire: « tu étais dansmon ventre, làavant».Danslepeud’informationdontildispose,l’enfanttrouveuneliaisonentreactesexuel et conception des bébés, donc de luimême.On parle rarement aux enfants del’actesexuelaccompliparpurplaisir.Onl’associeparcontreimmanquablementaveclaconception, la gestation, la naissance. Ainsi se tisse une trame d’explication

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inconsciente:mamanm’atouchéauniveaudusexe,doncj’aieuunrapportsexuelavecmaman(ouavecpapa)etc’estcommeçaquejesuisarrivédanssonventreetquejesuisné. Cette hypothèse imaginaire permet de surcroit de se substituer au père commeélément fécondateur de la mère, réalisant ainsi la version archaïque du fantasmeœdipien.Icirevientlamodalitédessoinsquifaitbasculercerapportducôtédel’idéedevioloude l’idéede jouissance, l’unn’empêchantpas l’autre, le tout confusémentmêléavecl’expériencedelagestationetladéchiruredelanaissancequi,elleaussi,entrainesondéferlementaquatique.

Jenesorspasçad’unepurespéculation,maisdeplusieursannéesd’analysedemesrêves.Lelecteurcurieuxpourraseplongerdansmonlivre«Scèneprimitive»pourensuivrelesétapesetlesdétails.

Nous revoilà replongé dansAlien. Les fantasmes inconscients décrits ci-dessussont,àmonsens,auprincipedelaconceptionetdusuccèsdelasérie.Àcelaj’ajouteuneremarque sur une scène qui, dans le deuxième épisode, m’a profondémentimpressionné. Simamémoireestbonne:Ripley se trouveenprésenced’une«mère»alienentraindepondre.Dansson«regard»d’insecteselitpourtanttoutelasouffranceetlapatienced’uneparturientehumaine.

RevenonsàprésentàPrometheus.Onn’yretrouvepasRipley,maistoutdemêmeune femme en personnage principal: Shaw, une archéologue qui a fait sur terrequelquesdécouvertesàl’originedesonvoyagedansl’espace.

Lefilms’ouvresurunprologueincompréhensiblepourlespectateurlambda.Unextraterrestred’apparence trèsprochede l’humain,débarquéd’unesoucoupevolante,absorbe un liquide noir au bord d’une cascade. Ça le détruit immédiatement del’intérieur.Sapeausecraquèle,sesmembress’effondrent, il tombedans lacascadeoùl’onvoit leprocessusdedestructionsepoursuivre jusqu’auniveaudel’ADN.Pourtant,l’instantd’après,apparaissentdenouvellescellulesquicommencentàsemultiplier.

Plustard,dansledéroulédefilm,nosarchéologues,quin’ontpasététémoindecette scène, font l’hypothèse suivante: ces extraterrestres seraient à l’origine del’humanité. Nous comprenons alors que l’extraterrestre qui se délite dans la cascades’est sacrifié pour ensemencer la terre avec son ADN. Comment celui-ci peut-il sereconstruireaprèsdestruction,onnenousledirapas.Maisplustardsurcettelointaineplanète, l’analyse de traces d’ADN de ces extraterrestres confirme, aumoins pour lespersonnagesdufilm,l’hypothèse:ilestsemblableàl’ADNhumain.

Surdesparoisdecavernesdedifférentesépoques,endiverslieuxdelaterre,nosarchéologuesavaientdécouvertlemêmedessinreprésentantuneconfigurationastraleparticulière. C’est pour avoir retrouvé cette configuration dans l’espace que leurexpédition a été créée: pour trouver rienmoins que l’origine de l’humanité. Dieu, enquelque sorte. Shaw est croyante, elle porte une croix autour du cou et n’en fait pasmystère. Son compagnon lui fait remarquer que, retrouver ces extraterrestres nerésoudrajamaislaquestionfinale:peut-êtrenousont-ilscrées,maiseux,parquiont-ilsétécréés?çaneladérangepas;aumoins,c’estunmaillonimportantdelachaîne.

Or,surcetteplanètelointaine,quetrouvent-ils?Nonpasunecivilisation,nidesêtres vivantsmais une sorte de temple en ruine, àmoins que ce ne soit un entrepôtd’armesdedestructionmassive.Cen’estpasmoiquiledis,cesontlespersonnagesdufilm.Touteressemblance…etc.Cettearmeseprésentesouslaformed’unliquidenoiretvisqueuxentreposédansdesmilliersdepetitscontainersmétalliques.Iladûyavoirunefuite car on découvre un monceau de cadavres d’extraterrestres entassés près de lasortie.

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Pourquoicette«arme»,sic’enestune?N’étaientilspasentraindelatester,parsécurité,surcetteplanètedéserteplutôtquesurlaleur?Lesexpériencesauraientmaltournéetvoilà.CettehistoireestcenséesedéroulertrenteansavantlepremierépisodedelasérieAlien.Danscelui-ci,l’arme,enfinaupoint,étaitàdestinationdelaterre,maislevaisseaus’étaitcrashésurcetteplanèteoùRipleyetsescompagnonsl’ontdécouvert.Cettearme,onl’avuc’estlacréaturedudessinateursuisseGiggerrenducélèbreparlerestedelasérie,avecsonmodedereproductionparticulierquituela «mère»,etsesmâchoirespleinesdedentssedédoublantenlanguedentuetoutaussimenaçante.

Lebutdesextraterrestresàl’ADNcommunaunotreauraitdoncété,aprèsavoircréél’humanité,deladétruire.Cecitoujoursselonlespersonnagesdufilm.Sic’estbienle cas, pourquoi avoir choisi un mode aussi tordu, là où quelques bombes thermonucléairesauraientfaitletravailbienpusvite?Laseuleréponsepossibleest:parcequeles scénaristes de Prometheus étaient pris entre deux origines, celle de l’humanité etcelledechaquesujet.L’idéequisedéploietoutaulongdelasérieserait:donnerlavieentrainelamortdequiladonne,normalementavecquelquesdécenniesentrelesdeux,mais làde façon instantanée.Lemêmeconcept est alorsporté,dansPrométheus, à ladimensionde l’humanité touteentière: craignantun tel retourdebâtonde lapartdel’humanitéqu’ilsontcréée, lesextraterrestresontvouluprendre lesdevantsen tirantlespremiers.

C’est tordu, mais c’est la logique du rêve, pas celle du monde conscient; çaressemble bien aux torsions de l’inconscient dont une des figures se présente sous laformed’unebandedeMoebius.Sestroistorsionsassurentleparadoxedu1=2: ilyadeuxfaces,maisiln’yenaqu’une.

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On aura peut-être remarqué au passage que le liquide noir et visqueux de«l’arme»présentaitquelquessimilitudesavecceluiqu’absorbel’extraterrestrequi,endébutdefilm,sesacrifiepourdonnerlejouràl’humanité.Lavie,lamort,uneseuleface:leliquidenoir.

Ça ressemble bien aux torsions du complexe d’Œdipe. J’aime une femme,maispour laconserver je sensbienqu’il faut lui faireuneenfant, carc’est celaqu’ellevise,bienplusquemoi, homme.Mais cet enfantune fois là, qui devaitmepermettrede laconserver,en faitm’enéloignecarellevaaimercetenfantplusquemoi.Moi,homme,j’aime cet enfant car il témoigne de mon amour pour cette femme pour laquelle jesacrifieunepartdecequej’attendsd’elle; jel’aimedeprouveraumondemacapacitéphallique etd’assurer ladescendancedemonnom. Je lehais, car ce sacrifice réclameréparation,d’autantquejenesuispaspayéenretouràl’aunedecequej’espéraiscarildevient un rival qui prend ma place auprès de cette femme. Moi, femme, je hais cethomme que j’aimais (et que j’aime encore, parfois…) car il ne m’aide pas comme jel’auraissouhaitédanslesoinàapporteràcetenfant;iln’aimepascetenfantautantqueje l’aime car, pour ce qui est du phallus que je cherche, cet enfantme complète bienmieuxquelui.Moi,enfant,j’aimemamèretelleunedivinitécréatriceetjenecomprendspaslesinterventionsdecetype(père,enfantpuiné)enverslequelmamèreadesélansquil’éloignedemoi;pourcela,jehaiscettemèrequimetourneledos.J’aimeaussicepèrequimeprotège,menourrit, joueparfoisavecmoi,et je lehaisd’être lacausedel’éloignementdemamère.

Cene sont quequelquesunesdes combinaisonsdemise enmotsdu complexed’Œdipe par lequel l’amour et la haine s’investissent à proportions diverses sur unmême objet: 1 = 2. Le lecteur et la lectrice compléterons pour eux mêmes avec lesmodalitésquileurssontpropres.

PourquoiDieuaurait-ilcréél’humanité?Certainsdisentquelesdesseinsdedieu

sont impénétrables, d’autres répondent tranquillement: par amour. De plus, pour lasauverdupéché,disent-ilsencore,ilasacrifiésonfilsafinderacheterlafauteoriginelle.C’était déjà ce que faisait Abraham avec Isaac: tuer son fils en tribu accordé à unedivinitéqui finalementn’enveutpas.Onne leditpas,mais ce sacrificedu fils, s’il estconsenti,c’estbienqu’ilpermetd’assouvirquelquehaine jalouse,renvoyantenmiroiraumeurtredupèreparŒdipe.C’estunmythequel’onretrouveàpeuprèscheztousles

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peuples. Par exemple chez leshindous, oùKrishna, avatardeVishnou, est envoyé surterrepour libérer tel peuple du jougd’un tyran. C’est aussi le ressort d’innombrablesrécits de science fiction ou pas, dans lesquels un sauveur solitaire doté de pouvoirsextraordinairesvientdélivrerleshommes.CitonsseulementMatrix,StarWars,Duneettant d’autres. Où l’on retrouve le «sacrifice» de l’extraterrestre originaire dePrometheusetlareligioncommesurvivancedessentimentsinfantiles.

Tout se passe donc, dans le mythe, comme si une mort était nécessaire àl’apparitionouàlasurvivancedelaviehumaine.Amour=haine,vie=mort.

LacroixqueShawporteautourducoutémoignedesacroyance,maisaussidesacuriositéquel’onpourraitpresquequalifierdesexuelle.Elleveutsavoircequ’ilenestde l’origine. En ce sens elle est comme nous tous, que nous appelions cette origine«scène primitive» ou «Dieu»: ce qui manque à notre histoire et qui manqueratoujours,d’oùlaprofusiondesrêvesetdesmythesquiviennentypallier.Jerappellequela «scène primitive» est le nom donné par Freud à l’imagination du rapport sexuelayant engendré le sujet, imagination éventuellement renforcée par le spectacleréellementperçud’unquelconquerapportsexueldanslapetiteenfance.Alafin,siShawréussit à décoller de cette planètemaudite, ce n’est pas pour rentrer sur terre (versmaman) mais pour aller chez les extraterrestres (vers Dieu) poser sa question:pourquoi?

Pourquoi les hommes font-ils des enfants? Peut-être pour répondre en acte àcettequestion.Ilssontnésdivisésenhommeetfemme.Pourlesenfants,cettedivisionreposesurlapossessionduphallus.C’estcequiexpliquelapropension,principalementdes femmes, à compenser cette injustice divine par la fabrication d’un enfant. Leshommes suivent le mouvement pour la raison ci-dessus citée. Quoique, souvent,lorsqu’unefemmeannonceàunhommesagrossesse,celui-cifuit,disparaîtouréclamel’avortement. Ça ne répond jamais à la question ultime: pourquoi cette division dedépartvécuecommeuneinjusticeparlesfemmes,commeunemenaceparleshommes?

Lacastration:nousyvoilà,etnousvoilàaucœurdesscèneslesplushorrifiantesdePrometheus.

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La menace d’une tempête oblige les astronautes à revenir d’urgence à leurvaisseau.Deuxd’entre euxquin’ontpubattre en retraite assez rapidement, restent àl’abridans l’entrepôt souterrain.À l’abri?Un filetdumonstrueux liquidenoir couleàleur pied, nourrissant au passage quelques petits vers. Ceux-ci se mettent aussitôt àgrandir à toute vitesse. L’un d’eux se dresse comme un serpent en face de l’un deshommes.Cedernier leprendà la rigolade: «Regarde commeelle est jolie! C’estunefemelle!».Celamelaissepenserque,pourunefois,lesscénaristessontconscientsdecequ’ilsfont.Laformephalliquedéploiesoudainsesgrandeslèvres,etnousvoilàdevantunsexefémininpresqueexplicite:

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Lemasculin,c’estduféminin,1=2,ouplutôt:cequiauneapparencephalliquepeutaussitôtsetransformerenfémininetdévorerl’hommeencommençantparlatête.Ou encore: ce qui est féminin ne saurait se concevoir sans une queue de cobra trèsphallique etmenacede viol. Autrement dit, cette façonde concevoir la différencedessexes est bien un fantasme infantile: ça nous bouffe la tête, tous autant que noussommes. Mais chez nous, c’est inconscient. D’où l’explication de quelques migrainestenaces.

Ilnedevraitpas leprendreà la légère, l’astronaute,car lacréaturesautesur lavitredesoncasque,labrisantpoursecolleràsonvisage.Airconnudepuisl’épisodeN°1delasérie.Avecuntrèslégerpasdecôté,c’étaitunebellemiseenscènedel’angoissedecastrationetdeviolréunies.

CréatureinformatiqueNoussommesencoreune foisdans lesavatarsduconflitentre lecréateuret la

créature,lepremiercraignantlesentreprisesdelasecondepourprendresaplace,cettedernière n’attendant que l’occasion de les réaliser, craignant également lamenace ducréateurprêtàreprendrecequ’iladonné.Or,laquestionmêmedelacréationenpasseparladifférencesexuelle.Toutsujets’interrogesursonorigine.Devantlesexplicationsdes parents ou le gros ventre de maman attendant un nouveau rejeton, le toutassaisonnédequelquesobservationsdel’activitésexuelledesparents(onpeutyallerildort, et de toute façon il ne peut pas comprendre), lamise en relation du sexe et del’originemême du sujet s’impose. Il doit la vie d’être d’abord une partie phallique demaman,quis’ensépareensuite,de lamêmefaçonque lephallussedétachede la fillepourallersurlegarçonetviceversa…danslefantasme.

Un très beau spécimen d’humanoïde fait partie de l’équipe des astronautes.Commedans l’épisodeN°1 dumêmeRidley Scott, il s’avèrera être un androïde. Voilàdoncundeuxièmeconflitentrecréateuretcréature:entrel’hommeetlerobot,ressortde tant de récits de science-fiction et origine des fameuses lois d’Asimov. Il s’appelleDavid, comme le héros de la bible qui,malgré sa petitesse, a abattu le géant Goliath:image presque transparente du souhait des enfants de terrasser les parents, de lacréaturedesedébarrasserducréateur.

Toujours comme dans l’épisode 1, ses agissements sont pour lemoins bizarre.Dans cet épisode originel, l’androïde avait introduit l’Alien dans le vaisseau,transgressantlaloiabsolue,principedeprécautionélémentaire,denejamaisouvrirlaporteauxintruspossiblementmalfaisants.DansPrometheus,ilaramenésurlevaisseauunpeudeliquidenoir.Ilenintroduitunegouttedanslaboissonques’apprêteàingérerHolloway l’amant de Shaw. Pour quelle mystérieuse raison? Expérience scientifiqued’un robot dépourvu de conscience? Trahison de l’humanité au service desextraterrestres?Créatureserévoltantcontre lecréateur? Jeretiensplutôt ladernièrehypothèse,mêmesiellen’effacepas lesprécédentes.Entoutcas, logiquedurêveplusquedelaréalité.

Toujoursest-ilqu’àlasuited’unrapportsexuel,Shawseretrouveenceinted’unecréature diabolique, comme Ripley dans le dernier épisode de la série précédent cetopus. On ne nous dit pas pourquoi cela ne produit pas le même effet que surl’extraterrestre sacrifié pour donner naissance à l’humanité. Incohérence assumée, outoutsimplement:ilnes’agitpasdumêmeliquide.

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Apercevantàlaradiolemonstrequ’ellecouve,Shawseprécipitedanslemoduleautomatique d’opération chirurgicale où se reproduit de façon presque comiquel’injustice fantasmatiquede ladifférencedessexes, ici traduiteenréalité, commebiensouventdansnotremonde.Surl’écrandecommande,elledemande«césarienne»,etlamachineluirépondqu’ellen’estconçuequepourdesorganismesmâles!Commeelleestmâline,malgré lesdouleursde lagrossessequi lui tordent les tripes,ellecontourne leproblèmeendemandant«extractiondecorpsdeétranger».Elles’enfermealorsdansl’appareil qui extrait de son ventre une espèce de poulpe de bonne taille, inerte.Autrementdit:unphallusmulti-branches.

La croyante a été transformée contre son gré en Marie de l’Armageddon. Onretrouveracettecréature,quin’étaitpasmorte,unpeuplustard.Elleauraprisdupoidsetdelataille,et,commelevertransforméparleliquidenoir,elleprendraunaspectdesexefémininpeut-êtreunpeumoinsexplicitemaisencoreplusterrifiant,mélangeantàplaisirlesaspectsphalliques(tentaculesextensiblesounon)etorificeshorrifiants:

Ellesejettesurledernierextraterrestreraniméparleshumains,luiintroduisant

unpuissant tentaculedans laboucheavantde l’envelopperdesasurface tentaculaire,réalisantlavengeancedelacréaturesurlecréateurtoutenaccomplissantl’affreuxdésirdetoutunchacunderevenirdansleventredelamère,delapénétrerdesoncorpstoutentier, toutensefaisantpénétrerparelle:1=2,nousn’étionsqu’unetnoussommesdevenusdeux,ilnetientqu’àtroistorsionsderevenirun.

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5mars.17

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Elleestjolie,regarde,c’estunefemmelle!