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L’INTERFLUVE CONGO-NIL : UN PROBLÈME HISTORICO-GÉOGRAPHIQUE PAR YVES BOULVERT (*) , Après la malheureuse affaire de Fachoda (expédition Marchand *du Congo à Djibouti via l’Oubangui et le Bahr-el-Ghazal), la France dut aban- donner toutes ses prétentions sur le bassin du Haut-Nil. I1 y a un siècle, en 1899, il fut convenu que la ligne de partage des eaux du Nil et du Congo ser- virait de frontière au sud du 1 le parallèle. La Convention du 14 juin 1898 fut promulguée par décret du 27 juin 1899. Sur le texte du 21 mars 1899 signé P. Cambon et Salisbury, on lit : <<La ligne frontière suit en principe cette ligne de partage des eaux (Congo-Nil) jusqu’à sa rencontre avec le Ile parallèle>>. De même, sur la Convention supplémentaire du 8 septembre 1919 (A.J. Balfour - S. Pichon), il est écrit: <<En principe, elle suivra cette ligne de partage des eaux jusqu’à son point d’intersection avec 11”N (fig. 1, extraite de Y. Boul- vert, 1987). Durant les vingt années qui suivirent cet accord, les nouvelles connais- sances acquises sur l’interfluve resteront minimes par rapport à celles obtenue’s lors des premières explorations. I - LES DONNÉES BIBLIOGRAPHIQUES SUR L’INTERFLUVE Les précurseurs Le célèbre botaniste G. Schweinfurth (1875) fut le premier Européen à franchir la ligne de faîte Congo-Nil, à la latitude 4”30’ N, vers l’actuelle République Démocratique du Congo. Il découvrit une importante rivière cou- lant vers l’ouest qu’il crut être le bras supérieur du Chari, l’Oubangui restant - --- -- -1 * Directeur de Recherche IRD ex-ORSTOM - (août 1999). i I

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L’INTERFLUVE CONGO-NIL : UN PROBLÈME

HISTORICO-GÉOGRAPHIQUE

PAR YVES BOULVERT (*)

, Après la malheureuse affaire de Fachoda (expédition Marchand *du Congo à Djibouti via l’Oubangui et le Bahr-el-Ghazal), la France dut aban- donner toutes ses prétentions sur le bassin du Haut-Nil. I1 y a un siècle, en 1899, il fut convenu que la ligne de partage des eaux du Nil et du Congo ser- virait de frontière au sud du 1 le parallèle. La Convention du 14 juin 1898 fut promulguée par décret du 27 juin 1899. Sur le texte du 21 mars 1899 signé P. Cambon et Salisbury, on lit : <<La ligne frontière suit en principe cette ligne de partage des eaux (Congo-Nil) jusqu’à sa rencontre avec le I le parallèle>>. De même, sur la Convention supplémentaire du 8 septembre 1919 (A.J. Balfour - S. Pichon), il est écrit: <<En principe, elle suivra cette ligne de partage des eaux jusqu’à son point d’intersection avec 11”N (fig. 1, extraite de Y. Boul- vert, 1987).

Durant les vingt années qui suivirent cet accord, les nouvelles connais- sances acquises sur l’interfluve resteront minimes par rapport à celles obtenue’s lors des premières explorations.

I - LES DONNÉES BIBLIOGRAPHIQUES SUR L’INTERFLUVE

Les précurseurs Le célèbre botaniste G. Schweinfurth (1875) fut le premier Européen à

franchir la ligne de faîte Congo-Nil, à la latitude 4”30’ N, vers l’actuelle République Démocratique du Congo. Il découvrit une importante rivière cou- lant vers l’ouest qu’il crut être le bras supérieur du Chari, l’Oubangui restant

- - - - - - -1 * Directeur de Recherche IRD ex-ORSTOM - (août 1999). i

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coup moins important que chez les autres Finno-ougriens, mais il n’est pas négligeable. En revanche les animaux à fourrure y sont devenus rares et les Mordves, paysans sédentaires, ont oublié leur passé de peuple chasseur. Ce

aucoup moins rapide. Cette aussi par l’importance rela-

a en republique souveraine mordve distorsion entre le c

qu’une seule grande ville, Sar villes moyennes ou petites. A 1’ Nijnii Novgorod, Samara, Sara d’habitants. Nijnii Novgorod d à elle toute seule plus région. Même Simbir

lgograd dépassent toutes le million resent le million et demi, c’est-à-dire des Mordves dispersés à travers la

ovsk, a 375000 habitants, et au Bref, les Mordves vivent encore

et que les succès proclamés luff. I1 est trop tôt pour dire

e marché et pour juger de ce que

Mordovie, il a dû ens dont il dispose

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Figure 1 : Massif du Dar Chala et interfluve Congo-Nil Extrait de la carte oro-hydrographique de RCA à 111 O00 O00 dressée par Y. Boulvert et J.-M. Buffard-Morel. Orstom, 1987.

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inconnu à cette date (en 1870, cf. Y. Boulvert, 1985). Son dernier itinéraire lui fit longer, sans qu’il le sût, l’actuel interfluve RCA - Soudan entre Dem Gou- dyou et Dem Bakir (ou Béchir, respectivement 7”IO’ N - 25’55’ E et 6”50’ - 26’25’). Plusieurs annotations montrent qu’il en eut le pressentiment. I1 écrit ainsi (tome II, p. 315-316) : <<L’altitude qui n’avait pas varié d’une manière sensible, prenait un accroissement considérable.. . ruisseaux (à pente rapide du sud au nord). . . D’après les différents indices fournis par la nature et les acci- dents du terrain, j’en arrive à cette conclusion que 1’ accroissement de 1’ altitude est encore plus prononcé au couchant du Dem (Goudyou) et qu’il existe pro- bablement dans cette région une ligne de faîte d’une grande importance D.

Il évoque autour du Dem Bakir un paysage d’inselbergs, pendant de celui connu sur le versant centrafricain de la Ouarra (p. 322): <(Dans toutes les directions se voyaient de nombreux sommets arrondis.. . les hauteurs dont nous parlons figurent des îles. Parfois la cime en est plate, parfois ce sont des coupoles plus ou moins élevées ... qui surgissent de la couche de limonite environnante.. . Nous avions la preuve de l’abaissem$continu des hauteurs et de l’exhaussement des vallées.. . acte d’égalisation: . .?<ommen& depuis les premiers jours >>.

Sans pénétrer plus avant, Schweinfurth prend oralement des renseigne- ments sur l’intérieur. I1 évoque ainsi des reliefs : Mont Daragoumba (cf. Mont Dangoura) ou des rivières: Mbomma (cf. Mbomou) mais les orientations en sont souvent mal indiquées ; il crut pour le Mbomou, tributaire de l’Oubangui, qu’il s’agissait encore d’un affluent du Nil.

Si l’on en croit ses dires, la ligne de crête aurait pour la première fois été franchie à l’ouest de Dem Goudyou vers le 7 e parallèle par le médecin grec Potagos (1880) qui écrit: <<Le 9 août (1876), nous arrivons sur la ligne de faîte des montagnes qui séparent le versant du nord de celui du midi. Ces montagnes s’étendent de l’est à l’ouest: je leur ai donné le nom de Monts Macédoniens D.

Les descriptions de cet auteur sont réduites et médiocres. On relève, com- me chez trop d‘explorateurs, l’appellation de montagne pour ce qui n’est que l’escarpement de cette ligne de faîte. Lui-même écrit (p. 31): <<Il faut signaler également quelques erreurs sur l’orographie de ces régions. M. Schweinfurth avait bien vu qu’à l’ouest de Dem Goutcho (Dem Goudyou), est une chaîne de montagne importante mais il n’en avait pas saisi le rôle complet. Cette chaîne se prolonge vers le sud et sépare les sources.. . C’est peut-être une loi géogra- phique que toute montagne donne naissance sur ces deux versants à deux rivières homologues D.

Il va jusqu’à ajouter: u Cette double remarque a été pour moi d’une grande utilité, alors que j’avais à ma disposition peu d‘instruments, que j’étais forcé de calculer la hauteur des montagnes par les couches de neige (sic !). . . D.

On lui doit tout de même trois notations :

Le pays plus verdoyant en allant du N.E. au S.W. La facilité des communications : ce chemin entre les affluents du Bahr-

el-Ghazal et le Bom0 (= Mbomou) est ele point central des communications entre l’ouest et l’est du continent africain)).

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Figure 2 b COUPE SCHÉMATIQUE DE L‘INTERFLUVE CONGO-NIL - SW NE -

RCA SOUDAN

Surface centrafricaine Interfluve actuei

Vers le Mbomou Piedmont nilotique

. Vers Bahr-el-Ghazal + + + i t t + +

\ noin Inselberg

. , 3-ofil dissymétrique de l’interfluve Congo-Nil au nord du mont Dangoura.

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I1 signale donc que le Mbomou et ses affluents coulent vers l’ouest mais il écrit encore (p. 24): << Cette rivière Tziggo est un affluent important d’un grand fleuve, le Bomo, qui alimenterait à la fois le Kongo et le Chari>>. Faute de précisions, il n’ose pas encore choisir entre les deux fleuves.

Rappelons que le voyage de Potagos a été mis en doute: il n’aurait pas lui-même franchi l’interfluve mais seulement enquêté au Soudan.

Lui ont succédé, après Bohndorff (1 877), un agent anglais Lupton Bey (1882) puis des missions belges: Le Marinel, Nilis et De la Kéthulle (1894); mais ces missions ne fournirent guère de renseignements sur le sujet.

Beaucoup plus remarquable est le travail d’exploration du Russe balte ger- manophone W. Junker (1889-91). I1 séjourna longtemps, décrivit soigneuse- ment ses itinéraires dans les bassins de l’Ouellé et du Mbomou et les recoupa, ce qui n’était pas fréquent.

I1 évoque le paysage, ses modifications : <<Toutes ces régions sont carac- térisées par des ondulations (p. 110) ... L’évolution des formes animales et végétales subit souvent des changements importants autour des principales lignes de partage des eaux des grands systèmes hydrographiques (p. 114). (Grâce à mes déplacements se recoupant) j’ai pu insérer dans la carte d’Afrique, la presque totalité de la ligne de partage des eaux Congo-Nil d’après son orientation principale.. . vers le nord-ouest.,).

On pourrait presque croire qu’il mentionne le passage des sols rouges fer- rallitiques centrafricains aux sols ferrugineux tropicaux (Y. Boulvert, 1983) vers le nord-est quand il écrit (p. 116) : <<Le sol presque universellement ferru- gineux des savanes boisées est rougeâtre. Mais il n’a pas encore cette teinte rouge-marron vif ou rouge brique qui caractérise les terres les plus méridio- nales et d’après laquelle on pourrait décrire comme latéritique la plus grande partie de la surface du continent. En certains endroits, il y a des fragments de granit ou de gneiss sous la latérite n.

I1 remarque que l’interfluve correspond à un changement de paysage (p. 117) : <<A l’endroit où nous l’avons traversée, la ligne de partage des eaux Nil-Congo avait l’aspect d’une éminence à large crête qui allait en pente pro- gressive vers l’est.. . Ici aussi les changements mentionnés ci-dessus quant à l’aspect des cours d’eau et du type de végétation riveraine étaient frappants. Ils résulteraient probablement de l’aspect méridional du terrain qui étant expo- sé aux alizés reçoit des précipitations plus abondantes que le versant opposé (vers le Nil). Mais ils peuvent également résulter de la pente plus forte de la ligne de partage des eaux du côté sud-ouest D.

Junker paraît avoir été abusé par les incisions <<des magnifiques galeries forestières qui sont rarement égalées plus au nord>>. I1 évoque à ce sujet: <<les magnifiques avenues fluviales qui s’écoulent dans des ravins profonds D. En fait, les pentes restent faibles mais sont relativement plus marquées sur le côté soudanais de l’escarpement. En revanche, il est vérifié que les pluies estivales de mousson venant du sud-ouest arrosent mieux le versant centrafricain <<au vent)> que le versant soudanais <<sous le vent)> (P. Franquin et al., 1988).

Beaucoup plus loin, une notation à ce sujet de Junker est judicieuse (p. 243) : <<La réalisation de la vie végétale n’est déterminée par la latitude que dans une certaine mesure... Les degrés du méridien doivent également être pris en considération pour déterminer l’étendue de certaines espbces)) (cas du palmier àhuile). <<Les facteurs plus importants sont peut-être les lignes de par-

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tage des eaux et comme la direction de la ligne de partage des eaux Congo-Nil est S.E. - N.W. dans cette région, l’extension des types de plantes semblerait ici largement déterminée par la diagonale entre la longitude et la latitude asso- ciée à une latitude plus élevée à l’ouest>). Ces remarques semblent avoir été oubliées sur les esquisses phytogéographiques d’A. Chevalier, 1933, et R. Sillans, 1958.

Le franchissement de l’interfluve le plus célèbre reste celui en 1898 de la Mission Marchand en route vers Fachoda. Ses buts politico-militaires impli- quaient la rapidité d’action au détriment des observations scientifiques. On lui doit cependant la démonstration par le futur général Baratier (1925) de la navi- gabilité du Mbomou en amont de Bangassou jusqu’à la Méré (au confluent Méré - Maerou formant le Mbokou: 5’40’ N - 26’48’ E). Elle réussit égale- ment un exploit technique relaté par M. Michel (1972) : de la Méré à Kadzalé sur le Soueh, <<une route de 160 km de long et 5 m de large fut ouverte à coup de haches, de pioches et de mélinite sur les hauts plateaux boisés de la ligne de partage des eaux. I1 fallut traîner les chaudières d’une tonne du vapeur Faid- herbe sur des rondins1 de bois >>. La mission démontra au moins que vers 5’50’ N, l’obstacle topographique de l’interfluve n’était pas insurmontable.

Les renseignements du Docteur Cureau De cette génération d’explorateurs, les notes géographiques les plus perti-

nentes sur cet interfluve Congo-Nil sont celles du Docteur Cureau (1901) qui accompagna la Mission Liotard jusqu’à Dem Ziber en 1897. Bien que schéma- tique, la figure (p. 561, cf. fig. 2 a) montre la dissymétrie des versants. Sur le versant nilotique, les affleurements (gneiss, schistes) sont fréquents, de même que les reliefs rocheux du type inselbergs : Djebel Mangayat. << La, du côté du Nil, ces massifs de schiste cristallin sont nombreux>>. Ils dominent une << plai- ne uniforme ..., steppe désolée ..., la végétation y est maigre>>. En janvier 1977, nous-même avons revu à l’est de Yubu, les <<monts des Pambias,,, découverts par le capitaine Hossinger, inselbergs granitiques qui ne figurent toujours pas sur les cartes soudanaises.

<<Au-dessus vient se superposer une couche d’éléments extrêmement complexes, épaisse sur le versant du Congo, plus mince sur celui du Nil.. . Ce sont des conglomérats enveloppés dans une gangue manifestement riche en fer (cf. latérite). La gangue ferrugineuse.. . est disposée en tables sensiblement horizontales dont la superposition constitue les plateaux de l’Afrique centra- le >>. On retrouve dans ces notes la première évocation de la morphologie cui- rassée étagée de l’Est centrafricain. Cureau évoque l’alternance des <<îlots de végétation >> et des lakéré >> ou clairières dénudées sur cuirasse compacte (avec ses maigres graminées et ses termitières-champignons : <<gros champi- gnons d’argile grise>>). Au contraire, <<sur le versant du Nil, l’action corrosive des agents atmosphériques sur les massifs cristallins a répandu dans la plaine une épaisse couche de sables.. . >>.

((L’absence du système orographique entraîne l’absence presque complè- te de sources. Les rivières prennent naissance non par filtration des eaux sou- terraines mais par ruissellement des eaux de pluies. Cette absence d’eaux vives occasionne de grandes privations aux populations du Bahr-el-Ghazal pendant

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Figure 3 : Domaine soudano-sahélien, près de la mare frontalière d’Am Dafok (10’24” - 23’15’E): Case ronde de pasteurs nomades soudanais

(nattes posées sur armature de branches) ; dans une maigre savane B rôniers (Borassus aethiopum).

Figure 4 : Encepkalartos septentrionalis, spécifique de la région soudano-centrafricaine (7’17” - 24”37’E) bordant l’interfluve Congo-Nil.

(Clichés de l’auteur).

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la saison sèche. A cette époque, les ruisseaux sont taris,,. Par contre, Cureau signale des galeries forestières sur le versant centrafricain.

Personne ne semble avoir relevé la possibilité de captures ; Cureau écrit pourtant (p. 566) : <<Comme le montrent les profils du sol, la crête qui sépare les deux bassins du Congo et du Nil est extrêmement peu marquée. Elle n’est constituée que par un plateau à peine plus élevé que les autres et tout aussi horizontal. On conçoit que sur ces surfaces planes, le partage des eaux se fasse avec une certaine indécision et qu’elles paraissent comme hésiter entre les deux directions. Pour beaucoup même de ces ruisselets, le sens de l’écoule- ment n’est pas constant ; sous le moindre prétexte.. ., ils reportent d’un bassin à l’autre leur modeste tribut.. , B.

Cureau précise l’inégalité du régime hydrique. Côté centrafricain, les rivières se déchargent sur place de leurs suspensions : ils coulent dans des val- lées herbeuses marécageuses. En revanche, << les tributaires du Bahr-el-Ghazal s’y rendent directement ..., (c’est) sans doute pourquoi le bassin du Bahr-el- Ghazal est un marais pestilentiel>>. Cureau insiste enfin sur les contrastes de climat et de végétation (p. 569) : << L’impression de cette évolution graduelle est très nette pour le voyageur qui s’avance du Sud au Nord>>.

Ces observations, oubliées par la suite, ont été bien perçues sur le moment. Un compte-rendu bibliographique anonyme (1899) les condense ainsi :

<< la ligne de séparation entre le Nil et le Congo est entièrement indis- tincte.. . >>.

<<les deux bassins du Nil et du Congo présentent au point de vue géo- graphique un contraste violent. Les formations granitiques sont beaucoup plus fréquentes, la couleur du sol beaucoup plus claire vers le Nil que vers le Congo. Dans le domaine du Mbomou, la couche d’humus considérablement plus épaisse aide à retenir les eaux tombées durant la saison pluvieuse, surtout dans les fonds >>.

Missions Jacquier, Modat et Grossard - Pearson

Au début du siècle, on ne relève que trois reconnaissances sur l’interfluve. En 191 1, le Capitaine Jacquier signale la ligne de faîte entre le Mont Abourassein (<<pic pointu et très désagrégé,,) et les sources du Chinko, <<un sol ferrugineux ou très caillouteux, coupé de fréquentes cassures et de ravins escarpés,, conespon- dant à l’escarpement cuirassé.

Le Capitaine Modat (1912) est presque aussi discret sur l’interfluve, fran- chi à l’est des sources de l’Adda (vers 8’44’ - 23’50’). I1 note cependant (p. 32-33) : <<La couche végétale devient argilo-sablonneuse et l’aridité aug- mente (près de la ligne de) séparation des versants: le terrain offre l’aspect d’un plateau couvert de bambous et assez tourmenté que creusent des ravins tortueux complètement à sec. La formation argileuse est très riche en fer, la latérite abonde.. . les schistes font leur apparition.. . Quelques échantillons de pierre verdâtre, d’éclats soyeux contiennent du cuivre (malachite). La végéta- tion de ce sol aride et sec est très rabougrie >>. Les observations de Cureau sont ainsi confirmées.

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Figure 5 a : Extrait de la carte de délimitation A.E.F.-Soudan à 1 : 500 O00 Feuille no 2 - Grossard-1924

Figure 5 b : Extrait de la carte du Soudan Anglo-Egyptien à 1 : 250 O00 Feuille 64 P éditée en 1932 d'après les levés de 1924

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La dernière reconnaissance fut celle du Capitaine Tourenq (1913) qui, venant d’Am Timan, relia Ouanda-Djallé à la source de la Ngaya et à la mare d’Am Dafok.

I1 fallut attendre, après l’Entente Cordiale, la fin de la première guerre mondiale pour qu’une mission franco-britannique (Grossard - Pearson) fût chargée de délimiter et de borner la frontière. Elle mit près de deux ans, entre 1922 et 1924, à relier depuis le sud de la Libye l’actuelle République Démo- cratique du Congo, à la source du Mbomou, point triple Soudan-Congo-Cen- trafrique. Moderne pour l’époque, elle disposait d’un poste radio pour fixer les <<tops horaires D et préciser les longitudes. Cette mission établit dix cartes dont trois à U500 O00 concernent l’interfluve Congo-Nil (Grossard, 1925). les signaux géodésiques y apparaissent localisés de façon précise (fig. 3a).

Les membres de la mission de délimitation se sont rendu compte de la dissymétrie de l’interfluve. Après avoir évoqué le <<développement d’une cui- rasse continue de latérite d’alluvions >> recouvrant << la surface horizontale de la pénéplaine>>, Grossard ajoute en effet: <<Les affluents du bassin du Nil pren- nent naissance à un niveau inférieur à celui des affluents du bassin de l’Ou- bangui, de sorte que cette ligne de partage des eaux est marquée par une petite falaise découpée dans la latérite, regardant le côté anglais 9.

La mission semble avoir ignoré l’influence de l’érosion et du recul des versants dans un milieu tropical à saisons contrastées, sur des pentes notables, sous un couvert végétal déjà discontinu.

II - INTERPRÉTATION ACTUELLE

Le travail topographique réalisé par la mission Grossard est assez remar- quable. Toutefois, plusieurs remarques peuvent être faites sur cette réalisation. En premier lieu, les reliefs du massif du Dar Chala constituent une barrière escarpée côté Soudan (fig. 1). Contrairement aux premiers explorateurs (Pota- gos - 1876, Capitaine Modat - 1912), la mission, alertée par le Capitaine Tou- renq (1913), ne s’est pas laissée prendre au piège du bassin amont de la Ngaya. A la suite d’une capture d’origine structurale, la ligne de partage des eaux, ligne frontalière, se trouve décalée de 15 kilomètres à l’est de la ligne de crête de Hadjer Ngaya (1330 mètres). C’est ainsi que le point de rencontre (9”10’30” N - 23”29’ E) des trois grands bassins africains Congo-Nil-Tchad n’est en rien un point remarquable du paysage (cf. fig. 45, Y. Boulvert, 1996 a).

Au nord du dernier relief de ce massif: le mont Michmir, s’étend une plaine recouverte par un épandage sableux d’origine éolienne, les i< Goz >> ou << Qozes D. Ces alignements dunaires d’âge estimé entre 10000 et 30000 ans B.P. sont entièrement démantelés et fixés par une savane arbustive à Combre- tunz et Acacia; toutefois, leur orientation N 80” E se devine sur les images- satellite. On y relève parfois des aspects de << brousse-tigrée>> inhabituels en Centrafrique, alors que les << Goz n sont largement répandus au Tchad et au Soudan voisins.

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Figure 6 : Schéma morphologique des sources de l'Adda et du Kaouadji sur l'interfluve Congo-Nil.

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.+.C+-b II (Carte de di?limitat¡onGROSSARD 19241

--- vallée hydromorphe levÓ 19% édition 1932) 2 arête rocheuse ,e escarpement cuiras&

5, direction de lracturation

9 lakird en h i m i e i cheveux O 2 4 6 81 lOkm I I ' ' I I

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Estimant indélimitable la ligne de partage des eaux au travers du Goz Dongo, la mission adopta un tracé frontalier reliant des repères naturels : Dje- bel Yara, mares d’Am Dafok et de Tizi. Le tracé fait foi, mais on sait aujour- d’hui que l’oued Khadra (ou Khudra) qui coule à l’est du mont Michmir vers le nord-est, serpente à travers le Goz Dongo où il perd une grande partie de ses eaux. En saison des pluies, ses eaux débordent dans la plaine mais l’excédent s’écoule vers l’ouest et la RCA où il est dénommé Koubatech, petit affluent du Bahr Oulou et donc de 1’Aouk. I1 faut retenir que la ligne de partage des eaux se situe à plusieurs dizaines de kilomètres à l’est de la frontière politique.

La liaison entre les bassins tchadien et nilotique, recherchée dans le Nord du Tchad par la mission Tilho (1910), se situe sous ce seuil eritre le massif tchadien du Ouadai et celui centrafricain du Dar Chala. En effet, sous cette plaine, gisent les prolongements des fossés d‘effondrement crétacé qui traver- sent de part en part l’Afrique Centrale, à l’ouest les fossés de Doba, B&é, Docéo prolongeant le fossé camerounais de la Mbéré jusqu’au mont Cameroun, à l’est le fossé du Bahr-el-Ghazal dont les fracturations se relaient indirecte- ment jusqu’à Djibouti. Les recherches pétrolières ont confirmé l’existence de ce trait structural majeur (M. Cornacchia et R. Dars, 1983), pressenti par les études géophysiques (P. Louis, 1970) et la télédétection (Y. Boulvert, 1977).

Au sud-est du massif du Dar Chala, le bouclier centrafricain sur socle précambrien se présente sous la forme d’un escarpement. A l’ouest, on obser- ve une surface d’aplanissement, dite surface centrafricaine (Y. Boulvert, 1996 a), surplombant à l’est un piedmont nilotique qui se prolonge par la plai- ne du Bahr-el-Ghazal. Sur la carte géologique du Soudan (BRGM, 19Sl), on distingue nettement la ligne de fracturation de Nyala ou de Wau N 130” E, qui sépare le piedmont nilotique affaissé du bassin effondré du Bahr-el-Ghazal ou fossé du Nil blanc. Ces récents travaux confilment le parallélisme avec les structures observées à l’ouest du massif du Dar Chala: surface centrafricaine - piedmont tchadien - plaine de 1’Aouk - Salamat ou fossé de Doba - Birao.

L’interfluve Congo-Nil n’est pas symétrique: il se présente sous l’aspect d’une surface d’aplanissement cuirassée, faiblement inclinée vers le sud-ouest et surmontée de quelques chicots rocheux (Mont Abourassein - 11 13 m., Mont Guyamba - 907 m.). Cette surface, escarpée au-dessus du piedmont nilotique, s’y prolonge par quelques buttes témoins cuirassées (Djebel Amgoboro - 929 m.) et des reliefs résiduels plus élevés (Djebel Manda, 1227 m). Le dégagement des altérites par l’érosion y a mis à nu de multiples affleurements (fig. 2 b).

Une opinion courante veut que les rivières tropicales soient incapables de creuser leur lit, mais les conditions climatiques se sont largement modifiées et le temps a fait son œuvre dans cette région d’Afrique où les derniers accidents tectoniques remontent au Crétacé. Des captures ont pu se produire comme le montre l’exemple de l’ouham, cours amont du Chari (cf. fig. 38 - Y. Boulvert, 1996 a). C’est également le cas dans la région de l’interfluve Congo-Nil en raison de la dissymétrie des versants (fig. 19, idem).

En confrontant la carte officielle de délimitation frontalière (Carte Gros- sard à W O O O00 de 1924) à la carte topographique IGN de 1974 (feuille Haute - Kotto à U200 000), l’on constate une différence de tracé frontalier confirmée

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par photo-interprétation. Sur la carte de 1924 (fig. 3 a), l’interfluve frontalier relie directement le Djebel Ramboukindi au nord du Djebel Gaouara alors que la photo-interprétation (fig. 4) révèle que la ligne de partage des eaux passe 8 kilomètres plus au sud. I1 eût été bien extraordinaire d’assister en moins d’un demi-siècle à une capture, même si les deux vallées supérieures de l’Adda soudanais et du Kaouadji centrafricain se suivent dans le prolongement l’une de l’autre et si on devine une vallée sèche à travers la forêt claire frontalière.

En fait, la photo-interprétation révèle que les orientations de ces vallées sont structurales ; elles sont alignées suivant la direction de fracturation N 50” E. Plus fréquente est la direction N 35” E, celle des barres quartzitiques dégagées par I’érosion à l’est du Djebel Ramboukindi. On note également des directions conjuguées de fracturation : N 120” à 155” E.

Surtout, l’entaille de l’Adda au travers de ces reliefs rocheux, excède les 150 mètres de dénivelée au sud-est du Djebel Ramboukindi; elle est beaucoup trop importante pour avoir été réalisée en un temps aussi bref. S’il y a bien eu capture, celle-ci ne pourrait être qu’ancienne. I1 faut donc admettre que la car- te Grossard est localement erronée.

I1 est surprenant de constater sur la carte internationale du Monde au 1/1 O00 O00 (feuille Am Timan - NC 34/35 - IGN 1963) que la frontière est correctement positionnée alors que le réseau hydrographique cosrespond à celui indiqué par Grossard.

Retrouvant postérieurement la carte britannique du Soudan Anglo-Egyp- tien à U250 O00 (sheet 64 P, Jebe1 Rumbukindi, éditée en 1932 d’après les levés de 19241, nous avons pu constater que les sources de l’Adda y sont cor- rectement situées (fig. 3 b). Pour une mission commune de délimitation fron- talière, la coordination ne paraît pas avoir été toujours parfaite. En tout cas, cette divergence locale du tracé frontalier ne semble pas avoir soulevé de pro- blèmes politiques; il est vrai qu’elle ne porte guère que sur une cinquantaine de kilomètres carrés dans une région désertée.

Si l’on peut dire que l’on n’est jamais assez précis, il est également exact que des frontières établies suivant des limites de géographie physique peuvent varier naturellement. A la longue, une ligne de partage des eaux peut différer d’une frontière politique joignant des bornes fixes, matérialisées et délimitées, surtout en cas de dissymétrie des versants. I1 existe une troisième limite géo- morphologique cette fois, celle de l’escarpement de la surface centrafricaine surplombant le piedmont nilotique. Ce dernier englobe en effet des buttes témoins isolées de cette surface d’aplanissement, attestant de son ancien recul.

On peut regretter que n’ait pas été adjointe à cette mission de délimita- tion, une équipe scientifique interdisciplinaire pour un tel transect nord-sud de plusieurs milliers de kilomètres dans une région peu peuplée au Tchad, quasi- déserte en Centrafrique et restant encore mal connue.

Conclusion L’Est centrafricain est aujourd’hui une région désertée ; cependant, elle

est loin d’être désertique car arrosée convenablement. C’était au siècle dernier

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le <<Dar Fertit,, ou <<pays des paiens>>, ravagé chaque année par des razzias venues de Ouadai ou du Darfour voisins. Les deux seuls postes frontières entre le Centrafrique et le Soudan (Am Dafok et Bambouti - Yubu) sont dis- tants de plus de 700 km à vol d’oiseau. La piste stratégique soudanaise reliant Yubu à Ezo, près de la source du Mbomou, a été en bonne partie tracée sur le revers de la pseudo-cuesta cuirassée, en territoire centrafricain par conséquent.

Entre les deux postes frontaliers, s’étend une sorte de <<no man’s land>> parcouru par quelques chasseurs-braconniers soudanais. En mars 1990, nous en avons rencontré un groupe sur le moyen Chink0 à plus de 130 km à vol d’oiseau de la frontière !

Toutefois, ayant examiné par couples stéréoscopiques les 28 O00 photo- graphies aériennes IGN à 1/50 O00 couvrant le territoire centrafricain et ses bordures, nous avons pu étudier d’assez près la morphologie de l’interfluve mais aussi confronter les données bibliographiques établies de part et d’autre. Comme nous l’avons exposé au Symposium international sur le bassin du Nil (Le Caire, 1987), les isohyètes s’infléchissent très nettement parallèlement à l’interfluve Congo-Nil, encadré entre 1300 et 1500 mm de pluviosité. Le ver- sant congolais << au vent>> est plus arrosé que le versant nilotique << sous le vent >>, sur lequel pèse l’influence desséchante de l’harmattan, venant du Nord- Est. Ces contrastes se font sentir sur la végétation, comme sur la faune. Selon L. Lavaudan (1932), le rhinocéros blanc dit de Burchell subsistait, dans les années trente, sur l’interfluve Congo-Nil. I1 a disparu depuis cette époque. Nous avons établi (Y. Boulvert, 1986-95) que, comme les isohyètes, les limites phytogéographiques se rabattent vers le Sud-Est sur l’interfluve, ce que G. Schweinfurth avait pressenti, y découvrant une espèce caractéristique, l’ar- chaïque Encephalartos Septenti-ionalis.

L’interfluve Congo-Nil aurait pu constituer une voie de passage privilé- giée reliant l’Afrique du Nord à l’Afrique centrale. L’installation d’un axe routier sur cet interfluve ne nécessiterait la construction que d’un minimum d’ouvrages d’art, mais il se situe à l’écart de tout courant commercial. Cet interfluve est devenu une barrière entre l’Afrique islamique et christiano-ani- miste, entre l’Afrique francophone et celle arabophone ou anglophone. Com- me nous l’écrivions (Y. Boulvert, 1996 b) : << Qui se rappelle aujourd’hui que ce cul-de-sac, isolé à plus de 1700 km de tout océan, fut <<au cœur des convoi- tises européennes >>, il y a juste un siècle ? >>.

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LAVALIDEN L. 1932 - Les rhinocéros. La Terre et la Vie, revue d’histoire Naturelle, no 9, pp. 507-509.

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POTAGOS Dr. 1880 - Voyage h l’Ouest du Haut-Nil (1876-1877), p. 5 à 50 avec 1 carie 1/8 O00 O00 ìïi Bull. Soc. Géo., 6 e série, to XX.

POTAGOS Dr. 1885 - Dix ans de voyage dans l’Asie centrale et 1’Afiique équatoriale, E. Leroux, Paris, to 1,416 p. + 1 carte à 1/8 O00 000.

SCHWEINFURTH G. 1874 - Iìn Herzen von Afiika, Reisen und Entdeckungen in Centralen Aequatorial Africa wahrend der Jahre 1868 bis 1871, Leipzig, Brockhaus, 2 vol., Trad. H. Loreau: Au cœur de l’Afrique 1868-1871, Voyage et découvertes dans les régions inexplorées de l’Afrique centrale, Paris, Hachette, 1875, 2 tomes, 508 et 404 pages + carte 1/2 O00 O00 e.

TOURENQ Cap. 1913 - Reconnaissance de février et mars 1913 et de mai, juin, juillet I913 dans le Sud-Est de la circonscription du Selaniat et de la régioiafiontière de l’Oubangui - Charì - Tclmd et du Soudan Anglo-Egyptien, Sewice Historique de l’Armée de Terre, Vincennes, 118 pages multigr.

Le voyage au Mali, organisé par la Société, sera reporté de février 2000 à la première quinzaine de novembre 2000: toutes les précisions souhaitées pourront être fournies par notre secré- tariat à partir de fin mars.

Vente photos et film Remise des Prix du 27 novembre 1999.

On peut venir les voir à notre Secrétariat. Photo: 25 F l’une ; cassette film (3 heures) : 250 E

Les deux cassettes (durée 7 heures) du Colloque du 5 juin dernier sur l’Avenir du Canal de Panama sont en vente au prix de 400 E

Elles sont disponibles huit jours après la commande.

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ATIONAL DES VIRUNGA

PAR LELO NZUZI (*)

Résumé

Depuis l’arrivée subite au Congo des 700.000 réfugiés Hutu rwandais le 14 juillet 1994 dans la province du Nord-Kivu, exode consécutif à la prise du pouvoir par les Tutsi-rwandais à Kigali, la faune et la flore du Parc National des Virung (PNVi) sont en perpétuelle destruction. Depuis cet afflux massif,

class6 par 1’ NESCO depuis 1979 ‘comme patrimoine mondial naturel.

En corséquence, tous les animaux rares de ce Parc protégés par la CITES (1) comme les gorilles de montagnes et les éléphants sont en voie d’extinction. Depuis 1996, ce parc est repris sur la liste des biens du patrimoine mondial en danger, dont les néfastes dégâts ne seront évalués qu’après les guerres.

les différent a s guerres qui s’y sont succédées ont mis en péril ce Parc, pourtant P

I - LE PARC NATIONAL DES VIRUNGA : PATRIMOINE MONDIAL

1.1. La création En 1909, c’est sans doute à cause de la diversité exceptionnelle de sa

richesse en écosystème (biotopes) que le Prince Albert, de retour d‘un voyage

’ D e p e n t de Géographie; B.P. 190; Université de Kinshasa; Kinshasa XI; République émocratique du Congo.

(1) CIT S : Convention de Washington qui réglemente le commerce et I’exporta- tion des espcces rares en voie d’extermination. i

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ACTA GEOGRAPHICA Sommaire du no 120

Pages

- Panorama contemporain de l’offre mondiale de croisière ..................

- Les fleuves finno-ougriens de Russie : les Mordves ...........................

- L’interfluve Congo-Nil : un problème historico-géographique ..........

par Pierre ARNOLD et Jacques CHARLIER

par Bernard LE CALLOC’H

par Yves BOULVERT

du Parc National des Virunga .............................................................. par Lelo NZUZI

- Les guerres au Congo-Kinshasa et la destruction

Cominuiiication : - Alexandre de Humboldt, la France, Paris

et la Société de Géographie ................................................................. par Jean BASTIÉ

Vie de la Société : - Assemblée Générale du 14 octobre 1999 ............................................ -Remise des Prix du 27 novembre 1999 ............................................... L’espace de la Société des Explorateurs .............................................

par Claude COLLIN DELAVAUD Notes de lecture : - FRÉROT (Anne-Marie) (sous la responsabilité de) :

Espaces et Sociéth en Mauritanie ...................................................... par Emmanuel IGAH

par Sophie LIGNON-DARMAILLAC Livres reçus à la Bibliothèque .............................................................

par France DUCLOS

- HUETZ DE LEMPS (Alain) : L’économie de l’Espagne ..........................

3

17

34

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63

68 81

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103

105

106

Notre Société vient de perdre l’un de ses membres les plus éminents, Monsieur le Ministre Alain Peyrefitte, Membre de l’Académie Fran- Caise et de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, Président du Comité éditorial du Figaro et qui fut huit fois Ministre. I1 avait reçu en 1995, notre Grande Médaille pour l’ensemble de son ceuvre (v. Acta, no 105, p. 50).

La Société était représentée à ses obsèques par Jean Bastié et Ber- nard Dézert. Une notice nécrologique sera publiée dans le prochain Acta.

Nous présentons à sa famille nos condoléances les plus attristées.

1

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EN VENTE À LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE Le géographe, acteur politique Colloque au Sénat du 9 janvier 1998 dirigé par Michel Phlipponneau Paris. Société de Géographie. 1999. - port inclus -

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Nouveaux espaces et Systèmes urbains (Mobilité spatiale, collection dirigée par Gabriel Wackermann) Livre jubilaire en hommage au Professeur Bernard Dézert Paris - SEDES, 1998. 41 articles. 490 p.

Mukashi-Mukashi. Le Japon de Pierre Loti Photographies coloriées par Beato et Stillfried. Présenté par Ch. Edel Paris-Arthaud, 1984. 112 p. 70 photos de la Société de Géographie

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Le Désert de Gobi par Magali Schneider Paris - Autrement, 1997, 190 p. 120 F 78,29

Régions, villes et aménagement Mélanges jubilaires offerts à Jacqueline Beaujeu-Garnier Paris - CREPIF et Société de Géographie - 1987 - 676 p. 100 F 75,24

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Les archives de la Societe de Géographie (3 ouvrages) - Le Transsibérien, Paris, Edit. Herscher - 1980 - 152 p. - Catastrophe B la Martinique, Paris - Edit. Herscher - 1981 - 132 p.

Numéros hors-série d‘Acta Geographica (1996) : - La Société de Géographie - 1821 /I996 - Vle Table des matières d’Acta Geographica - 1970/1996 - Répertoire des membres de la Société de Géographie - 1996

Les trois numéros spéciaux ci-dessus :

Numéros ordinaires d‘Acta Geographica et Tables : Tout numéro de notre revue peut être commandé et, s’il est épuisé, peut faire l’objet d’une photocopie, dont le coût sera fonction du nombre de pages.

Frontières d’Asie Texte de Kenneth White, 39 photographies de la Société de Géographie du fonds Louis Marin sur 198 au total. Musée Guimet. Imprimerie Nat. - 1993 - Format 25 x 31 - 21 8 p. 300 F 45,73

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SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE fondée en 1821

184, boulevard Saint-Germain - 75006 PARIS TÉL. : O 1 45 48 54 62 FAX : O 1 42 22 40 93

E . w : [email protected]. WEB : http://www.societe-de-geographie.ass0.h C.C.P. Paris 281-92 Z - Compte bancaire : S. Générale - Agence Paris-Croix Rouge, 6, rue de Sèvres 75006 - Compte no 000.50.24.3463.62

................................... Pour devenir membre de lu Société de Géographie : Adresser au Secrétariat un formulaire de candidature indiquant la profession, l’âge, l’adresse, les centres d’intérêt en géographie et choisir deux parrains sociétaires. Le Secrétariat peut éventuellement en proposer aux candidats. L’admission est propo- sée par la Commission Centrale à l’Assemblée générale annuelle suivant l’adhésion (art. 3 des statuts), mais devient effective dès l’acceptation par la Commission Centrale. Cotisations : - Membre actif Cotisation annuelle Abonnement 2 la Revue

France France Étranger Étranger 140 F 22€ 140 F 2% 160 F 24€ 200 F 308 ~- - -

Total 300F 46€ 340 F 5232 Tar$étudiant (sans la reime) 70F 118 70 F 1 18 Turrétudiant (avec la reme) 150 F 238 170 F 238 [Joindre une photocopie de la carte d’étudiantl - Membre actif donateur 600 F 92€ 680 F 1048

- Membre à vie (après 65 ans) 3 O00 F 460€ 3 4 0 0 F 4608

- Membre bienfaiteur 3 000F 460€ 3 0 0 0 F 460€

(y compris le serzlice de la revue)

(y compris le seriice de la reoue)

(personnes morales - cotisation annudle à partir de) - Membre d‘honneur

(réserue aux &rangers) Pas de cotisation

La Société de Géographie étant une association reconnue d’utilité publique, il est adressé à tout sociétaire un reçu ouvrant droit à une déduction d’impôt de 40% du montant de la cotisation dans la limite de 5% du revenu imposable. La même disposi- tion s’applique aux dons. Les membres de la Société jouissent de facilités pour l’utilisation de sa bibliothèque : accès direct sur présentation de la carte de sociétaire, emprunt possible de quatre ouvrages pour un mois’, sauf ouvrages de réserve ou du fonds ancien, au Département des cartes et plans de la Bibliothèque Nationale de France (58, rue de Richelieu, 75002 Paris). Ils sont invités à toutes les conférences. a w remises de pris et aux assemblées générales. I1 est répondu à toutes leurs demandes d’information. Ils bénéficient de conditions particulières pour la reproduction des documents de la Société. Ils partici- pent tous les cinq ans à l’élection de la Commission Centrale. Ils peuvent, de leur vivant ou par testament, faire don a la Société de tout ou partie de leur bibliothèque, carto- thèque, photothèque etc. Ils peuvent aussi, avec notre accord, créer un prix dont ils choisissent le nom et les conditions d’attribution. Ils ont priorité pour écrire dans la revue ou pour faire des conférences.

Abonnement Ci la r e m e pour les non sociétaires, les Sociétés et les Institutions : France : 468 Etranger : 340 F 5 2 8

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Le numéro : (plus le port) 80 F 12€ Les abonnements partent du 1“ janvier ¡quatre numéros par an). Tout changement d’adresse doit être accompagné de 10 F en timbres ¡1,5€ 1.

Couaertnre : Domaine soudano-guinéen plus humide à Anogeissus leiocarpas, Albizia zygia : au retour de Yubu (Soudan) vers Bambouti (RCA), la land-rover passe devant la borne frontière (5’2.2” - 27”13’E), sur l’interfluve Congo-Nil, au pied d’un manguier (Manguera indica L.), en janvier 1977. (Plzoto Y Boriluert).