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LITTÉRATURE MAGHRÉBINE DE LANGUE FRANÇAISE 1991 Jean DÉJEUX La production litteraire en langue francaise parait aussi importante que Ics années précédentes en ce qui concerne les romans, mais moins en ce qui concerne les recueils de pot;mes. Nous avons ajouté cette année la liste des récits de vie et des ténioignages, qui en effet, paraissent, pour l'Algérie du moins. se niultiplier. Une des difficultés de I'édition au Maghreb est que, d'une part, les auteurs doivent attendre des années et des années avant d'être publiés et., d'autre part. que pour l'Algérie du moins des ouvrages avec le millésime de 1990 par exemple ne sont diffusés que trois ou quatre mois après en 1991. Il est difficile de faire rapidenient le bilan de l'année si I'on veut, comme il se doit, prendre connais- sance des ouvrages. Par ailleurs, sur ce plan de I'édition on remarque que les éditeurs marocains progressent dans la qualité de fabrication des ouvrages. dépassant sans dificulté d'ailleurs l'édition algérienne, souvent de médiocre présentation, sauf exception. 1. -- ROMANS ET RECUEILS DE NOUVELLES Algérie BOURAOUI (Nina) -La Voyeuse interdite, Paris, Gallimard, 1991,299 p., roman. Née en 1967 à Rennes. l'auteur a vécu à Alger les quatorze prernif.res anii6cs de sa vie, mais ce n'est pas cette vie qu'elle raconte. N. Bouraoui dit -je 3 . mais ne s'identifie pas à l'héroïne. qui fillette et adolescente, vit recluse dans un appartement. Elle ne voit le monde que par une fenctre. Que faire dans I'enfermement?Rêver et se rêver, donner à voir et 5 entendre sa vie intime, son corps, ses humeurs. Ceci avec un grand lyrisme. Ecriture de délire et d'excbs B la manière de celle de R. Boudjedra, mais beaucoup plus contrôlée. Le père est dictateur ,,, la mère est .. meurtrière *,, le monde des femmes volubile, débile futile. Comment vivre sa puberté dans cet univers siiioii dans les fantasmes sanglants et I'affruiiternent avec le père. Par ailleurs, comment ne pas s'en- nuyer dans un pays inusulman quand on est fille musulniane? ... Et la narratrice de s'interroger aussi sur la faillite de la civilisatil~n oii elle vit. Pas d'éclats de rire, mais la tristesse, le repli sur soi. Bref un monde niortifère ou même morbide. A la fin, l'adolescente se prépare pour le iiiariage ; on prévoit qu'elle Annuaire de i'Afrique rlu Nord. tanie LYS, 1991. CNRS Editions

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LITTÉRATURE MAGHRÉBINE DE LANGUE FRANÇAISE 1991

Jean DÉJEUX

La production litteraire en langue francaise parait aussi importante que Ics années précédentes en ce qui concerne les romans, mais moins en ce qui concerne les recueils de pot;mes. Nous avons ajouté cette année la liste des récits de vie e t des ténioignages, qui en effet, paraissent, pour l'Algérie du moins. se niultiplier.

Une des difficultés de I'édition a u Maghreb est que, d'une part, les auteurs doivent attendre des années e t des années avant d'être publiés et., d'autre part. que pour l'Algérie du moins des ouvrages avec le millésime de 1990 par exemple ne sont diffusés que trois ou quatre mois après en 1991. Il est difficile de faire rapidenient le bilan de l'année si I'on veut, comme i l se doit, prendre connais- sance des ouvrages. Par ailleurs, sur ce plan de I'édition on remarque que les éditeurs marocains progressent dans la qualité de fabrication des ouvrages. dépassant sans dificulté d'ailleurs l'édition algérienne, souvent de médiocre présentation, sauf exception.

1. -- ROMANS ET RECUEILS DE NOUVELLES

Algérie

BOURAOUI (Nina) - L a Voyeuse interdite, Paris, Gallimard, 1991,299 p., roman .

Née en 1967 à Rennes. l'auteur a vécu à Alger les quatorze prernif.res anii6cs de sa vie, mais ce n'est pas cette vie qu'elle raconte. N. Bouraoui dit - je 3. mais ne s'identifie pas à l'héroïne. qui fillette et adolescente, vit recluse dans un appartement. Elle ne voit le monde que par une fenctre. Que faire dans I'enfermement?Rêver et se rêver, donner à voir et 5 entendre sa vie intime, son corps, ses humeurs. Ceci avec un grand lyrisme. Ecriture de délire e t d'excbs B la manière de celle de R. Boudjedra, mais beaucoup plus contrôlée. Le père est

dictateur ,,, la mère est .. meurtrière *,, le monde des femmes volubile, débile futile. Comment vivre sa puberté dans cet univers siiioii dans les fantasmes sanglants e t I'affruiiternent avec le père. Pa r ailleurs, comment ne pas s'en- nuyer dans un pays inusulman quand on est fille musulniane? ... E t la narratrice de s'interroger aussi sur la faillite de la civilisatil~n oii elle vit. Pas d'éclats de rire, mais la tristesse, le repli sur soi. Bref un monde niortifère ou même morbide. A la fin, l'adolescente se prépare pour le iiiariage ; on prévoit qu'elle

Annuaire de i'Afrique rlu Nord. tanie LYS, 1991. CNRS Editions

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produira, adulte, l'eiifermemeiit vécu dans sa jeunesse. Grande réussite dans I'écriture : luxuriance, poésie, sensualité, excès. N. Rouraoui a certainement l'étoffe d'un grand éciivaitl.

DJAOUT (Tahar), Les Vigiles, Pa r i s Le Seuil, et Alger, Bouchène, 1991, 219 p., roman.

L'argument du ronian est soinme t,out.e ténu : un brave citoyen qui tra- vaille à l'invention origiiiale d'un n~etier à tisser est soupçonne par les gardieils vigilants du parti d'être parmi des comploteurs. Onle surveille donc. Aprèsmille difficultés surmontées il obtient son passeport pour aller à la foire B Heidelberg présenter son iiivention, qui reçoit un prix. Rctoiir trioniplial, mais grise mine des autorités qui n'ont pas su discerner la gloire nationale et qui plus est ont soupçonné notre hoinme injustement.

II faut donc trouver un coupahle pour expier la faute. T. i)jaoiit, pincesans rire, en profite pour critiquer la bureaucratiestupide et tat,illonne, les corrompus du régimc, <,la caste th6ologique bx et les profiteurs en place. Critiques salubres d ' u n ~ société à la dérive qui se ddtruit elle-même. Le roniancier vigilant se montre un éveilleur de conscieiice.

DJERAR (Assis) -Loin de Médine Filles d'Ismaël, Paris , A. Michel, 1991, 315 p., roman.

L'auteur arelu les C11roii.iques de Tabari traduites en français, les hadiths de Boul<liari sur les femmes et a brossé une série de tableaux de la vie des fen im~s du Prophète et des premiercs fcmmes de I'Islain. Mohammed laissait neuf veuves et une fille chérie : Fatima. Aïcha est la jeune épousée éplorée. Mais ce sont ci1 tout près de dix-neuf femmes qui sc sont revivifiées ici par la fiction. Elles s'imposent par leurs voix et leurs corps, m@me si domine Aicha comme .,diseuse de mémoire ,S. L'auteur se tient près des récits e t des faits, réssuscitant ainsi une mémoire collective des débuts de l'Islam. A1ni.s que les hommes se disputaieiit leurs préséancesl cc sont bien les femmes qui ont transmis les faits e t les gestes du Prophète. Ce roman est vécu comme une mémoire passionnelle des voix et des corps fémiiiiiis.

FALAKI (Reda) - Balade du Berbère, Scénario pour Algérie d'autrefois, Paris , l 'Harmattan, 1991,167 p., roman.

Ilauteur est le fils $Abdelkader Hadj Hamou i1891-1954) rnrnancier cles années 26-35. K. Falalii a été animateur de la jeunesse autrefois; il vit mainte- nant ii Bruxelles. Le narrateur a été co~!voqub à Alger pour raconter l'histoire aiicieiiiie, mais l'interrogation cst quasiment celle d'un tribunal. Poiirquoi es-tu parti, as-tu épousé me étraiinère. etc? Il raconte donc sa vie, dis~imulant.~ arrangeant les événements: inventant des personiiages. Qui est-il'? <,Un type qui n'pst ni Arabe ni Fraiiyais ... Un Nègre-Blancz.. Haroun, le narratetir, se dit .l'homme de nulle part.. . Etranger dans le Nord, renié dans le Sud, métèque dans son propre pays,.. Kn 1962 on lui a dit de changer de peau, de SC laver le cerveau : *.Glorifie la langue du Coran généreiix.. . Bref, notre homme bâtard .,

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a pris le chemin de l'étranger. Roman caustique, dévoilant un ..cris. parmi tant d'autres. Les propos de Haroun sont ceux d'un hoinme lucide.

KALOUAZ (Ahmed), Leçons d'absence, Paris, Noël Blandin, 1991, 189 p., roman .

Ecrivain issu de l'immigration en France, A. Kalouaz a déjà montré ses taleiits dans l'écriture. Ici, récit autobiographique, il évoque très douloureuse- ment la disparition tragique d'une jeune sœur de vingt-cinq ans. Absente, mais présente B la mémoire, le narrateur tente de la retrouver à travers ses voyages : Berlin ou la province en France, il part même pour New York. 11 a fait ..le vide autour de lui n, réglé même ses comptes avec ses parents. -L'enfance dispersée >j le poursuit. Ce roman est celui des absences, sans aucun horizon spirituel. L'écriture est suggestive, simple, mais fort humaine, émouvante même, dans ilne forte tension narcissique, bien que l'évocation d'enfants juifs envoyés aux fours crématoires élargisse l'horizon.

Commissai re LLOB - L e Dingue a u bistouri, Alger, Laphomic, 1990, diff. 1991,158 p., r o m a n policier.

Un chroniqueur (A. Lounès) dit que l'auteur est une femme. En tout cas de 1973 à 1990 ont paru 13 romans policiers algériens. Or, celui-ci non seule- ment contient les ingrédients du genre, mais en possède vraiment toutes les ficelles. Enfin, on sort des conventions, des bienséances, des réserves e t des précautions : critique de l a société pourrie, style enfiévré, argotique e t savou- reux; clins d'=il ici e t là aux auteurs algériens. Du sang, il y en a autant qu'on veut avec ce dingue qui ftripe ici et là. La pudibonderie et la respectabilité hypocrite volent ici en éclats.

MIMOUNI (Rachid) - Une Pe ine à vivre, Paris, Stock, 1991,278 p., roman .

Le pays n'est pas nommé :il a du pétrole, des ruines romaines e t se trouve près de la mer, mais c'est tout. Le Maréchalissime qui va atteindre le sommet de 1'Etat est le fils d'un bohémien abandonné. Il a suwécu sans s'embarrasser de inorale et de scrupules, a suivi les écoles et, entré dans la cairière militaire. est parvenu a u plus haut grade par la corruption, le mépris des autres, la débrouillardise. Il a fait disparaître son prédécesseur. Mais un jour il tombe amoureux d'une belle blonde, fitna, irrésistible. Elle disparaît, il la fiiil rechei- clier, la retrouve, mais elle se refuse. Sa peine à vivre? Comment vivre le pouvoir absolu e t le grand amour? Faut-il céder le pouvoir? Mais il est trop tard pour lui : il est renversé e t envoyé comine les autres devant le peloton d'exécution. La verve de l'auteur ne t a n t pas, niais ce roman aurait pu être moins long.

Parmi les autres romans de l'année, retenons l'originalité de Farid Abache dalis Camisole degré : discours décousu, avec néologismes, spontanéité dans les réflexions, style fragmentaire.

Kadri Agha dans Le Purgatoire ... tourne autour du macabre c t s'amuse avec les petites ho i~eurs . La mort est souvent présente ici et l'insolite presque à toutes les pages. Mohammed Benayat se lance dans le roinan policier avec

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Fieddj la rafale : en France à la veille de l'indépendance de l'Algérie, des membres de I'OAS s'affrontent aux combattants algériens. Tortures, viols, nieurtres à travers la vie de deux couples. Il y a les mauvais harkis (par définition) et les combattants purs et durs. Assez manichéeil donc.

PPOII dési l de AïchaBauabaci est unrecueil denouvellcs diffusées cn 1991. II ne s'agit pas de l'exil g6ographique, exterieur, mais celui d'une femme qui vit ses réalités de femmes en Algérie. Cet exil se manifeste ici dans de nombreiises si~uations que dévoile chaque nouvelle : ambition avortée, architecture, confis- cation du rêve, incertitude. aveuglement de l'injustice, etc ... Mustapha Roucha- red dans Ciel de feu écrit un roman d'introspection jusqu'à la découverte d'un mariage incestucux (frère-saur). CR drame est divul

gu

é au docteur qui raconte et qui l'apprend en faisant passer des tests psychiatriques. La véritt accule toute une famillr à un drame final.

On passe avec Anissa Bournediène à un roman inoins sombre : La fiil d'un inor~dc, roman historique. L'amour passionnel unit au vrre siècle Tawba et Leïla, nouveaux Qaïs et. Leïla. [;amant est tué, mais Lpïla deviendra une grande poétesse. Hocine Bouzaher dans Le sel et la plaie laisse sa nostalgie d'un amour ancien avec Anne-Marie connue à Bordeaux. L'image de son propre pays y est désabusée; les riives du jeune révolutionnaire d'autrefois sont retombés.

U n - négre ,, accepte d'écrire pour un vieillard à Oran dans les années 1990. El Hadj hlahfoud El-Gembri fait donc écrire ses mémoires, l'épopée fastueuse de sa tribu. Le =négre s'abaisse au rôle de -scribouillard B pour l'amour de la belle Saadia, dix-sept ans, femme du vieillard. Abdelkader écrit cette fiction avec bonlieur : Mémoires d'un nègre. Moussa Lebkiri dans Bor~r'louf.. tête de i~~ociton rasscinble des histoires à raconter, mais l'écriture manque.

Abderrahmane Loiines dans Satire à vue se livre b son plaisir favori, celui des bons mots, satiriques, parfois caustiques. en tout cas plein d'humour transcendant la inorosité ambiante. Son roman Ras el Meh~za est un récit à r6sona1ices autobiographiques sur son enfance dans la casbah d'.Alger. Né en 1952 il n'avait donc que dix ans cn 1962. Ce qu'il dit de la vie dans la casbah pendant la guerre parait ressembler à la casbah des années 30 ou 40, mis à part les iéierences à la guerre.. Ce récit est plein d'humour, de vivacité. de chaude ambiance, du moins t,elle qu'un garçon de cet âge-là l'a vécue : un garçon petit diablc. Ce sont des -tranches de vie>. sur différents -milieux.> de ce quartier. Mais poiirquoi faut-il que l'auteur paraisse en rajouter ici et là? 11 ironise sur le fait que I'instituteiir demandait de mettre un G majuscule à Gaulois. 11 en faut un dvidemrnent, comme B Berbères, Arabes ou Irakiens. Le garçon a-t-il appris texluellcment que les ancétres de l'Algérie étaient des Gaulois? 11 n'est pas nécessaire de prendre des institute irs pour des imbéciles, même dans un roman. II a vu aussi ..pas inal de lieux publics réservés exclusivemenl aux Européens avec l'inscription : .-entrée interdite aux Arabes; aux juifs et aux chiens.,. Et ceci dans la casbah! Ras el MeIlila, par ailleurs, se lit avec beaucoup d'intbrèt.

Quant. au roman de Farouk Cheikh Ln Hc~lle arr.ïgrair~s il s'agit d'uiie sorte de clironiqiie de crois jeunes gens, l'un exclu de l'école, l'autre échouant au Bac, le troisième gratte-papier : le résultat est le désenchantement.

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La réédition des deux romans de Chukri Khodja El EuLdj et MCII~~OILII est une judicieuse initiative, ces ueuvres montrant bien l'ambiguïté dans laquïile Écrivaient les romanciers de ces années 25-30, dans uii double désir du Même et de l'Autre_ avec un langage diff6rent selon qu'ils en parlaient en arabe ou en français e t selon les auditoires.

Maroc

BEN JELLOUN (Tahar) - Les Yeux bais si.^, Paris, Le Seuil, 1991, 299 p., roman.

Dans le sud marocaiil une fillelte, la narratrice, est affrontée à une tanle cnielle. Elle aurail un secret, celui d'un trésor caché dans la m o n t a s e ; elle seule pourrait le trouver unjoui: Le père parti pour la France conime travailleur fait venir sa famille. La jeune fille effectue sa promotion dans le monde des 'e autres .,, va à I'6cole. ouvre les yeux, dit "je -. ,.Baisse les yeux quand t u me parles lui avait dit le père. Mais peu à peu la jeune fille a appris à regarder en face. Ccpendanl un manage est rà té ; Revenue au village natal des aiiiiées plus tard, elle s'y sent étrangère. Elle est maintenant entre deux niondes et det~u cultures. L'eau vive a été découverte par les villageois, mais elle-même a vu ailleurs une autre eau vive. Son aventure demeure tout de in6irie ambiguë. La liberté conquise par l'héroïne n'est pas pleinement satisfaisante. Quant à Tahar Ben Jelloun il profite de ce nouveau roman pour évoquer son travail d'écrivain : = Ecrire pour ne pas devenir fou, pour s'accrocher à ses racines 2..

CHRAIBI (Driss), L'Inspecteur Ali, Paris, Denoël, 1991,237 p., roman.

L'auteur tente de retrouver la verve de E i i q ~ ~ ê t e a u p a j s , niais il avouait lors d'un débat à l'Institut du Monde Arabe à Palis que le propos de cc nouveau roman était tout de même bien léger. I,e romancier fait pour ainsi dire parler son double; il veut s'amuser et en même temps vitupérer quelque autre roniaii- cier de renom, son compatriote. Un certain Brahiiii Orourke, alias B.O.'Rourke auteur de ..polars.', revient au Maroc avec son épouse écossaise; Fiona. Les parents de celle-ci débarquent bientbt au Maroc e t une I~istoire invraissemblable commence, à laquelle le lecteur ne prend guère d'intérêt. Driss Chraïbi a voulu siniplement se distraire. jouer avec les niots e t les langues. La fin du roniaii évoque la sourate de la Lumière lors de l'ûccoucheriient de Fiona. Le g a r ~ o i ~ naissant rappelle à l'auteur sa vie e t sa propre mère ; le passé enfoui remonte i la surface. On attend de l'auteur un vrai roman policier, proinis.

Deux autres romans en cette année 1991 : celui de Aherdan, l i n poilne po i rré te~~dard , se veut une vaste fresque où s'exprinie l'àiiie du peuple aiiiazigh dont le nom signifie liberté.. . Cauteur a rasseiiiblé ici contes, I6gcndes. tradi- tions orales de la socitté berbère avec les sens de l'honneur, de la dignité e t d u courage dans la lutte contre les Francais. Il revendique aussi sa culture nienacée de nos jours. Quant au roman de Fatiha Boucetta, A ~ ~ i s s n captire. il s'agit d'uii roman autobiographique. Fille d'ambassadeur, elle a une enfance e t une adoles- cence dorees d'enfant gâtée dans diverses capitales. Mais quand clle se marie.

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c'est la catastrophe : le m a n boit. Divorce. L'auteur s'aperçoit que l'argent ne fait pas le bonheur. Falbalas, coutumes, amusements ne changent rien à la situation de mineure. Anissa se rend compte un peu tard qu'elle reste captive, non majeure de surcroît. Tout à fait du roman seulement c'est le sursaut contre la société phallocratique. Elle veut SC suicider, mais la vie l'emporte. Ce sursaut final paraît artificiel : tout un roman pour raconter un ~ ~ b o n h c u r , ~ frelaté, bourgeois e t doré. Des milliers de Marocaines pourraient raconter, elles, une vie de luttes.

La réédition du roman de Chatt change curieusement le prénom de l'auteur : Ahdelkader e t non Benazous comme en 1932.

Tunisie

BEN HAJYAI~IA (Emna), Chr0niqu.e frontalière, Paris, Noël Blandin, 1991, 240 p., roman.

Une nou\~elle femme-écrivain fait son entrée dans la littérature avec une écriture d'une bonne tenue, à l a fois limpide et très évocatrice de la quête profonde. L'auteur raconte la vie de deux femmes, Zeineb et Narjess. Celle-ci s'est mariée avec un Français ; reniée elle doit partir pour la France oùelle finira dans le néant, en se laissant mourir, ne pouvant venir à bout de son drame intérieur. Elle était la - lu ron i i e~~ qui brisait les tabous. Zeineb se raconte elle-niéme sur le mode de l'introspection. Elle est en réaction contre l'hypocrisie, les coutumes sclérosées, la bonne conscience, les dignités apparentes. Elle n'aime pas cc les eaux endormeuses,.. Or, tout dort. puisqu'elle est née %dans une société du l ivre, dans l a société d'un Livre où tout est dit, prévu et. écrit -. Bref, elle agit selon la liberté critique. A Paris, elle a I'iinpression de <<naître au monde %,. Elle a accédé à la vraie vie à travers la langue étrangère. D'excellentes pages pourraient être citées sur l'atmosphère du hammam, le jeûne du ramadan. La télévision e t les langues. etc ... Au bout de son aventure Zeineb est .<condam- née à vivre dans un lieu où le désir cohabite avec la soif et la fabulation,>. A Tunis, sa ville natale, elle est <.obligée de se cacher pour tressaillir ..

EL HOUSSI (Majid) -Lt. Verger des poursuites, Paris, Noël Blandin, 1991, 144 p., roman.

L'auteur, né en Tunisie, habite depuis de longues années à I'adoue. Il est avant tout poète e t son <.roman.. est une déambulation e t une méditation poél.iques à travers sa ville d'adoption. La terre natale interfcre dans cette rêverie. Autour des cinquante ans, le poète est ,. contraint de faire en [luil même chemin éboulé et perdun. Mais comment traduire le fuyant, l'évanescence, les visions fugitives et lcs arabesques? Lr voyageur dit a u début qu'il a sept portes à ouvrir; en fait, il parait s'avancer dans un labyrinthe. Récil =difficile donc sur un pullulement d'imagesss à travers ruelles e t palais, places publiques e t monuments. Les cultures sont en symbiose. Sur le plan de l'écriture, Majid El Houssi croise Abdelwahab Medded (Talis~nano, 1979). Il supprime les particules e t les articles : .couvrir plaies ou blancheur écumante-. La langue est souvent ainsi exténuée, forcre dans sa forme, dans les règles mêmes de l'écriture.

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[,'essentiel pour le poèle c'est le comment dire. Un visage aimé, celui de Taos. apparaît en toile de fond. comme une Béatrice. Cette poursuite b. est comme un poème animé par un soume, mais, à la porte du '.verger',, le lecteur doit se débarrasser de tout raisonnement cartésien. cela va de soi. On entre, en effet, dans le domaine du merveilleux.

Deux autres ronians lunisiens en 1991. Celui de Ali Becheur, D e i ~ l i e l et d 'alo6s, raconte la vie de l'auteur jusqu'au divorce. Cécrilure a de la ressource. mais la vie racontée n'a rien d'édifiant : aprhs avoir couru Ics jupons il faut se ranger. L'auteur se découvre <<un radeau au milieu de l'océan 3.. 11 est demeuré instable, non adulte, tiraillé entre deux univers : .'Oriental occideritalisé? Occidental d'orient?.. Il est <.fnistré b vie ,.; Sala11 Ben Rafik écrit Lei t res scellées a u Présidei i t , une longue histoire assez filandreuse d'un <<voyageur,% qu'on appelait Ibn Battuta. II faudrait pouvoir s'y intéresser

II. RECUEIL DE POÈMES

Algérie

BENCHEIKH ( J a m e l Eddine) -Alchimiques, poèmes avec onze sér igra - phies de Sarah Wiame, Paris, Poegram, 1991.

L'auteur a lu ses poèmes, avec la participation d'Hossein Ouiiioumi n la flute nay, a u Centre Poinpidou le 27 janvier 1992. Présentés dans une Gdition de luxe sous emboîtage, ces poèmes sont d'une haute inspiration.

Cycle des ~ ï ~ u t u t i o ~ t s i'itnles Instiilci d,-essé contre neunt Voici l'ulliu~ice des rères Oit se distille l'éther i~itiiiïe Quundpurtoul iiibre /'unicers

SASSI (Salah) -Mots lus mots (lits, Paris , Caractères , 1991,75 p.

Le recueil tient plutôt de la prose poétique que de la poésie mise en vers. sauf pendant quelques pages. Ce qui domine c'cst la simplicité, la spontaiiéité, le retour au merveilleux et à la fraîcheur de l'enfance. .' L'importaiit c'est d'aimer et de vivre pour cette cause 2 ) . L'auteur parle de rencontres amoureuses, mais en voulant cicatriser une plaie imbécile b 3 .

A li inio~ir je dis bor~joirr A ihlnitir; je disguieté i\ l'liuiiioi~r je dis brinjour A lu mechui~cheté je dcs que fuis-tir là .Je 0i.î voirs rie nzëchnpperer pus!

DFUX :lutres recueils ont paru : de Djarnal Benraïs à comple d'auteiir à Alger; de El Mehdi Chaïbeddera. Baglidad a u birriker de moi^ cceilr, écrit dans la fièvre ou la révolte de la y e r r c du Golfe.

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1204 JEAN DiGJEUX

Des rééditions sont à signaler : de Rachir Hadj, Ali, L'Arbitraire, pour ses poèmes rassemblés à la fin de ce témoignage; de Kateb Yacine, Soliloques. introuvables depuis 1945 : luxuriances rimbaldiennes et tristesses baudelai- rietines. Le recueil était écrit à dix-sept ans. Kateh disait de lui en 1967 : .Cc ne fut guère I-irillant.. .

Maroc

KHAIR-EDDINE (Mohammed), Mémorial, Paris, Cherche-Midi édit. 1991, 93 p. Préface Jean Orizet : <,Songe et clameur du réel S..

Après un long silence, l'auteur fait irmption plein de fièvre e t de lyrisme échevelé. Le lecteur est littéralement pris dans un vertige : accuniulation de iiéologisines, de mots insolites, de clins d'œil mythologiques, de rencontres culturelles e t d'images venant de tous les horizons. Explosion de mots e t d'images, volcan en pleine fusion.

il I I - n q~r'rin coiitc nncieil, le mei~iorial d 'ui~ Stre i,<nepareil o u r circoni~olirlior~s et nir.i. ocellefi des glosniiies: serpeiltnii~e. il n:va dans l'iris de ce liorl qri'irn ltorizoli que brisera le wnt.

Les autres recueils sont ceux de Tahar Ben Jelloun Ln Remontée des cei7dres. édition hilingle français-arabe (version arabe de Kadhim Jihad), suivi de iVorz idelltifjBs, poèmes sur les pays arabes après la guerre du Golfe. Khalid Dinia dans Hybrides présente un travail produit sur un double corpus francais arabe auqucl s'ajoute épisodiquement le berbère. Il s'agit de poèmes de labora- toire pour des lecteurs de petits cénacles, un peu comme Pierre Guyotat avec Le Licre. Combien de lecteurs autres que l'auteur? Salah Lahoussine écrit Chaii- norispour irn atrtenr eri hauteur. L'auteur est né à Paris de mère belge e t de père inconnu. Ses poèmes sont sentiinentaiix, non coincés dans des fronrières. Enfin, Mohammed Aziz Lahbabi poursuit la réédition de son œuvre avec (E'iiure poétique, t. II, qui coiitient des inédits.

Tunisie

BOUHIAL (Hatem) - L a source noire, Tunis, La nef, 1991,45 p. et id. Ln Septième face d u dé , Tunis, La Nef, 1991, 48 p.

Cauteur dirige les éditions La Nef qui publient d'élégantes plaquettes de poèmes; qualit6 de la présentation et. du contenu, c'est ce que Yon peut dire des recueils déjà publiés. La jeune poésie tunisirnne depuis les annGes 80 ii'em- priinte pas néccssairenient Ics sentiers des anciens. Hatem Rourial le montre bien dans ses deux recueils. 1,a recherche sur les mots cst poussi.c, la lutte contre les banalités e t les lieux con~muns menée radicalement.

Jailli soleil I%e.~nèdrepetri taraude LE oide. Hébeté. niiiet. riiir; h l'orient de 1'01,~bi.e. Un rfè s'abiiiie dans lèsjmce oij briiisseiit

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Encure d'autres espaces niastabns du choos Plits hout :le bruit

iT,n septieiiie face di1 dé)

SMOUI (Ali), Orphée o u l ' a tnouréternel , 'hnis , Orbis Impress ion, 1991, 110 p. Pré face d e Léopold S é d a r Senghor.

Le poète veut =incarner la mission- d'Orphée tout en étant ..sa propre voie ... La poursuite de l'aimée traverse les obstacles et à la fin de la quête ..les ténèbres n'existent plus)>. Le poète poussant à l'extrême le désir passionné se heurte à l'inassouvisserneiit : l'Amante n'est jamais totalement rejointe. A. Smaoui avarice donc sur des sentiers spirituels escarpfs.

Je meiirs de clionter l'iiidicible Le verbe eii moi sëfuit fuit chair Orace! nln passiun la pliis chère est d2ri.e i ~ i i jour ta seule cible.

En 1991. également Hedi Rouraoui publie Arc-ewterre que nous n'avons pu lire.

Algérie

Bli~AlsS.4 (Slimane) - A u d e l à d u voile, Corn iè res (Belgique), 1,ançnian. 1991.48 p.

11 s'agit de la traduction francaise de Rak Kliouya oii a r ~ a achko~liz 3 joui.? ü Alger eii arabe, ainsi qu'en francais ensuite en France. Discours d'idées de deux femmes à propos entre autres du hijab. La mise en scène est plutôt défaillante.

Maroc

SN>DIKI (Tayeb) - Les sept G r a i n s d e beauté. Casablanca , Eddif , 1991, 111 p.

Un conteur de Janiaâ el Fna quitte Marrakech à la recherclie de Dounia la belle aux sept grains de beauté. 11 effectue dix-huit voyages, autant de contes e t légendes où le rève SC mèle à la réalité. L'auteur s'est inspiré des conteurs dc Jamaa el Fna el du Diwcin el Mujdoub notamment.

IV. RECITS UE VIE ET TÉMOIGNAUES

Ce sont. des auteurs algériens qui racontent leur vie ou portent ténioi- gnage : Salem Kacct sur Le Droit à la Fruizce, c'est-à-dire à l'intégration e t à la nationalité, niais surtout des fr.nimes : Nacéra Rech plaide la cause de I'Algé-

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rienne avec passion, dénonçant tout ce qui l'emprisonne, de même Fatiiiia Rensli. Dalila Kerouani dans une filie dXigPrie ,... ali titre commercial, raconte les déboires de ses mariages. puis son sursaut pour survivre e t sauver sa vie personnelle : Exemple de courage ct de persévérance. Enfin Farida Scllal laisse parler sa souffraiicc dans Furès : combat Cime nière (et du pèrci pour sauver son garçon de quatre ans grièvement brûli.. Récit éinouvaiit, fort intimiste parfois.

Nous distinguons les ouvrages généraux, ceux sur les auteurs, puis les actes dc colloques, enfin les numéros spéciaux de périodiques.

Nicolas d'Ambrosio sipie en Italie une Bibliographie de la poésie inaghré. biiie de lui7gup française' 194.5 - 1990 dont le sous-titre pourrait être seloii nous : ou comment élahorer une bibliographie avec le travail des autres. L'auteur écrit sans vergogne qu'il a puisé directement dans nos propres travaux; disons purement et simpleinent, en iious remerciant B> de surcroît. Son travail s'arrête eii 1987 et pour cause : IXilnuaiie de I'Afiiqtre clrr Nord de 1988 diffusé en 1990 n'a pu être copié par lui. 1,'autcur est é\.idemment incapable de rendre compte critiquement des titres cités dans sa recherche^^. Rudler écrivait en 1927 :.Il est évident qu'un écrivain, parce qu'il déclarerait ses sources, ne cesserait pas d'être un plagiaire s'il l'&ait en effet. II ne serait qu'un plagiaire impudent, cornnie celui qui se tait serait un plagiaire honteux,>. (Techniques de la critiqice et de l'hinloire liftér«ir.e, Genève, Slatkine Reprints. 1979, p. 136, note 11. 1,e méritc chez D'Amhrosio revient à l'ordinateur qui assure le classement!

Un ouvrage collectif Diwaii d'inquiétude et déspoir, sous 121 direction de Christine Achour, rassemble des essais sur des écrits f6minins algériens de langue fiançaise : monographies, genres littéraires divers, suivis de textcs e t d'intervie\\is. La bibliographie non exhaustive des œuvres de fiction s'arrête en 1987, alors que l'ouvrage est publié en 1991.. Il conviendrait de signaler par exemple que L'Histoire cle inu uie de Fadhma Aïth Maiisour Amrouclie a fait l'ohjet d'une réécriture, au moins partielle, par sa fille Taos. Denise Rrahiini dans Appareillages écrit dix études comparatistes sur la litlérature des hommes et des femmes dans le monde arabe e t aux Antilles. Les auteurs au Maghreb retciius sont A ; Djebas, AM. Mammeri. D. Chraîbi, A. I,aâbi, H.Béji, A. Mecldeb, A. Lemsine e t A. Khatibi. Ces lectures sont class6es sous les rubriques sui- vantes : Traumatismes, société, tragédies et création.

Jean Fontaine consacre un chapitre aux écrivains de langue francaise (ch. VIII) dans son histoirt. de La Littératiire ttriiisieni~e co~zteii~poiuine. Celle-ci est du plus grand intérêt, inais il serait utile de compléter la liste des écrits de langue francaise.

Alcc G. Hargreavcs de YUriiversité de Lougborougli (Angleterre1 public une première synthèse en anglais sur la littérature qu'il appplle .,Beur : Voices fronl the North Africail Inîi,iigrnnt Cominunity i n Frarzce.

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LI~TI',RATURE MAGHKEBINE DE LANGUE FltANC.41SE 1207

L'auteur recourt aux approches contemporaines des théories critiques pour l'étude des textes dont le corpus s'arrête ici en 1989. Quatre parties : la biographie, l'autobiographie et la fiction, le jeu des pronoms. le présent et le futur. Des influences très variées soiit mises en lumière, de mènie la recherche de l'identité. Le thènie du conflit religieux e t linguistique e t de ses expressions littéraires est bien mis en valeur. Nous avons avec ce livre une bonne synthèse, instr~ictive et éclairante, sur ces auteurs qui continuent d'écrire; de nouveauv noms apparaissent après 1989. Saliin Jay s'amuse dans Les Ecrivains sont dans leur assielle ; il cite quelques Maghrébins.

Parmi les ouvrages généraux, celui de Naget Khadda sur la Représenta- tion le lu férninité dans le lwnzan algérien est. extrait de sa thèse d'Etat. L'auteur s'arrête à quelques romans seulement, donc l'essai est =fatalement fragmen- taire, lacunaire et volontaireinent sélectif.. .

Parmi les romans étudiés La inacéralion de Boudjedra est écrit cn arabe idu moiris est-ce ce que déclare le romancier); il eût été bon alors de partir du texte arabe.N. Khadda fait ren~arquerjudicieusement que <<la feiiimc a servi de support à l a transformation diachronique du roman algérien e t où chez un mSme auteur la mutation d'écriture s'est montrée chaque fois médiatisée d a i s la reconnaissance du protagonisme féminin.. Autre remarque à retenir et à rappeler du reste àcertainscritiques : .,Si le texte n'est pas une image spéculaire de la société, il entretient avec elle un réseau de communications qui rend difficile e t souvent vaine la séparation drastique entre extra e t intra-texte 8,. I,e texte ne se ballade pas. en effet, entre ciel et terre.

Mostefa Lacheraf fait rééditer ses textes anciens : Litfdrafures de coinbat, c'est-à-dire des préfaces, des introductions, des essais qui sont toujours des textes vigoureux, critiques e t plein de lucidité dans le regard porté sur les réalités culturelles algériennes.

Giuliana Toso Rodinis coordonne e t fait rééditer l'ouvrage collectif Le huiiquet inaghi.ébin paru en 1981 sous le titre 11 Banchetto rnaghrebino. Il s'agit donc d'un ensemble d'essais sur des auteurs maghrébins ou sur diff6rents problèmes de cette littérature. Cetce réédition permet à certains de préciser leurs propos e t niéme d'augmenter le nombre des contrihutions.

Andrée Montero brosse rapidement une vue d'ensemble sur IXigérie cori71ize source d'inspiration littéraire. Adire vrai le sujet est bien connu, souvent exposé. Nous renvoyons, par exeniple, aux fascicules de Si~noun autrefois sur la question (n" 25 et 26) . De mème JO Sohet écrit Lo1gt;rianisnte. retraçant rapi- dement Ihistoire de ce mouvement littéraire qui a pris naissance partir des années 20 e t qui a été dépassé à partir des années 35 par le Méditerranéisme de l'Ecole dite d'Alger. L'auteur en profite cependant pour lier le mouveinent - algéria~iiste.~ depuis 1962 aux auteurs des années 20-30.

Quelques travaux sont consacrés à des auteurs. Ainsi la livraison de Arual de 1990 (diffusée en 1991) ccntrEc sur Mouloud Mammeri (1917-1989). Ce fascicule contient des hommages et des entretiens avec le romancier. Asignaler un dossier spécial sur M. Mammeri durant la guerre, fort utile. le roiiiancier écrivait, en effet, dans 1eji)urnalEspoir des libéraux d'Aigkiie ; près de 150 pages sont ainsi coiisacrées i Mouloud Mammeri. Elles sont les bienvenues, coiiiine

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une iiitroduction à ilne réédition de t ~ x t e s mêmes de l'auteur : Clrlture ~ac'niltr et ci~lture uecile: des études que Mammeri avait écrites entre 1938 et 1989 dont celles parues dans.4guedal en 1938.

Elles sont présentées par Melha Eenbrahim-Benhamadouche e t Rachid Bellil. Cet ensemble rappelle au le

c

teur que Mouloud Mammeri était attentif à la tradition orale de son pays et A l'anthropologie e t pas seulement rnmancier. Il est tout dc même regrettable qu'un effort n'ait pas etc fait pour regrouper aussi les intervicws que l'auteur a données. surtout celles parucs dans Le J o ~ o . de Beyrouth en niai et juin 1966 et les plus rkrentes entres autres dans Horizoi7s, Algérie-Actiralilé oii Actunlilé de I%inigrrrtioi~ quand la censure ne pouvait plus sr'vir. Du reste: certaines n'ont été publiées qu'après sa mort. II faudra bien quc toutes ces interviews depuis la première dans L'Effort alg6rieri di1 28 novembre 1952 soient regroupées et rééditées un joui:

Réunis autour d'Albert Mcmmi des chercheurs ont discuté de la dépen- dance :Figures de la dépenda~ice. Il ç'agit bien, en effet, d'un des thèmes inajeurs de la recherche sociologique de I'auteur du Portrnit du coloilisé.

Pour Knteb Yacirie est le titre d'une brochure consacrée à l'auteur de A'edji~ia i 1929-1989) dont on continue la célébration. Caiitcur avait dit qu'il était devenu *un mythe -, mais les s,fans,. arriveront sans doute à liii élever une qirhha. lui qui avait pourtant Écrit dans l'Orient de Beyrouth en 1965 : ..Gare à l'adoration il est vrai au sujet de la langue arabe. Ici, tieize auteurs algériens portent leur témoignage sur le disparu. Des illustrations de peintres algeriens rehaiissent la présentatioii de cette plaquette distribuée en juillet 1991.

Enfin, Tayeb Eoiiguerra publie sa thèse :Le dit et le lion-dit. Apropo.5 de l'Algérie et de l'Algérie chez Alhert Cu11ius (sd, diff. 1991). Couvrage se présente coinnie une volonté de lecture crit.ique d'un Algérien de I'œiivre de Caiiius. Intéressant donc au premier abord. Cependant le critique lui-mème part d'une idéologie, il interprète à partir de scs présupposes : il n'hésite pas à faire des proc&s d'intention à Camus. Il est bien vrai que celui-ci ne parle de <. I'Arabe 3,

qu'en termes impersonnels, mais faut-il oublier pour autant qu'il a dénoncé la misère en Grande Kabylie. Jules Roy a mëme pu écrire : .<Camus m'a enseigné que les Arabes avaient une âme .. Jean Sénac pouvait en dire autant malgré sa brniiille par la suite avec lui. Lc critique doit se garder d'etre aussi catégorique quand il a à parler de Camus, si bit,n que, tout en reconnaissant l'intérét de I'ét~ide de T. Bouyerra , on peut souhaiter que d'autrcs critiques (.tudient également ce non-dit camusien. L'intérêt de la thèse éditr'e est que 1'011 commence à s'iniircsser à I'autcur de La Peste en AIgPric, car il fait bien partie de son héritage culturel.

Quelques actes de colloques ont fait l'objet de publications. Ainsi ceux di1 Congrès des 5.6 et 7 avril 1990 sur L'Apport de la Psycliopathologie iuaphrèbiiie, organisé par le Centre de Recherches en Psychopathologie de I'Uiiiversit& de Paris XII1 (Villetaneuse). Plusieurs communications portaient sur la psychaiia- lyse et le texte maglirébiii. Cellcs-ci sont condensées dans ces actes. Pour les lire int~graleinent il faut recourir à la brochure Psychar~alyse nt terte littéraire au ~VTo,~lireh. sous la direction de Charles Bonn et Yves Baumstimler (disons qu'ils

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ont écrit des avant-propos). Sous la rubrique <,Roman familial et texte litté- raire,>, nous avons quatre études dont trois s'intéressent à Rachid Boudjedra, l'autre, celle très pertinente de Claude Cals, à l'ensemble des romans marocains. La Pluie de Boudjedra est un roman très étudié, niais tout se passe comme si on le prenait pour un texte écrit directement en francais, alors qu'il est dit par Ic romancier être écrit d'abord en arabe. I,e psychanalyste devrait être d'abord à l'écoute de la langue première au risque autrement d'interprèter à côté. On sait aussi que les romans de Roucljedra sont une affaire en or car on a toujours I'impression que le romancier fabrique ,, ceux-ci en fonction de telles études qui opèrent la dissection de l'intime. Sous la rubrique .<Au miroir de I'autrc .,, quatre autres études dont une sur Khatibi, une autre sur .,les béances de l'écriture., ternie à la mode depuis quelques années. Il faut bien avouer que de pareilles études risquent parfois de verscr dans le discours ésotérique, flou ou logomachi- que. La brochure contient aussi notre propre communication sur cc Jeh'a ou la saillie ( r iüdiru)~~, car le rire peut servir aussi de thérapie quand le sérieux ou la morosité dominent.

Uiscours enljeilix), irlterte.~tuulité ou inter-action des discoiirs. tel est le titre alambiqué des -4ctes du colloque du Départemeiit de f ranp i s de l'univer- sité d'Alger en 1986. On y a discuté des théories à l'ordre du jour, Jean Duchet, l'initiateur du courant socio-critique étant présent. C'est dire si les intervenants ont brassé les concepts théoriques en tentant des applications aux romans maghrébins ou non maghrébins. Ida censure a aussi été évoquée, ce qui était assez courageux, somme toute, en 1986. En effet, pour un plus large débat sur la question il faut attendre le colloque organisi. par la Ligue algérienne de Défeuse des Droits de l'Homme en avril 1988 : <<Le créateur face à l'expression .S.

De toute favon, les colloques permettent, quand les commuiiications sont de bonne tenue ice qui n'est pas toujours le cas), d'ouvrir des hoiizons. de soulever des problèmes. de edéconstruiren même puisque pour certains cela parait primordial.

1,a revue Itiizéraires et Coiitucts de czrltitres de l'université de Pans-XII1 (Villetaneuse, diff I'Harmattani rassemble dans deux livraisons les textes de deux colloques. Dans le vol. 13. ceux d u Colloque de I'APELA de 1990, sous le titre Autohiographies et récits de uie en Afi-igue. Plusieurs coinmunicatiuns portaient sur des auteurs algériens ou sur l'émergence du "jen dans la littéra- ture maghrébine, alors que la mise en valeur de ce '<je- n'était pas très prisée dans la vie (les sociktés musulmanes, comme y sont surveillées les nianifes- tations de l'individualisnie. L'autre livraison, celle du vol. 14, contient une sélection de coinmuiiications du colloque qui aurait dû se tenir à l'Institut du Ivlonde Arabe en janvier 1991 et qui a été annulé à cause de la gucrre du Golfe : Poéti</ues croisées du Maghreb. Trois rubriques : Lectures croisées, Intertextua- lités, Ecritures des deux rives et Actualités (dont un entretien fort intéressant avec hIohamiiied Khaïr-Eddinei. Là encore les interprktations des critiques peuvent se donner libre cours, dans le vocabulaire au goût du jour. Il est certain que parfois le discours aurait gagné à être plus clair, autrement on risque les C C mécoriipréheiisions~~, comme dit un intervenant! D'autres comniunications, prévues lors de ce colloque, sur Kateb Yacine et sur Mouloud Marrirneri feront l'objet de deux autres publications.

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1210 JEAN DEJEUX

Aux éditioiis Nouvelles du Sud, dirigées par Paul Dakeyo, il faut retenir la parution des actes du colloque de 1'APELAde 1989 : Littératures africaines et Histoire. Une seule communication sur le Maghreb, celle que nous avions faite sur CAI~ZOUI; la fantasia. d'Assia Djebar où la romancière parle de <.voix enseve- lies .. e t de .fièvre scripturaire n.

Enfin, Mildred Mortimer publie à Londres Jouriae.vs Through The French Africanx Novel que nous n'avons pu consulter.

Comme chaque année un certain nombre de numéros spéciaux de pério- diques ont été publies, ceux déjà cités contenant les actes de colloques et d'autres.

Aube Magazine, sous le titre Lrcrnières d'exil, contient quelques textes de Maghrébins.

Le Cahier d%tudes ~~iaghrébines <n o 3 ) de Lucette Heller de YUiiiversitc de Cologne est consaré entièrement à la Litterature jndéomughrihine d'expres- sioii j?aiiqaise. Cette copieuse livraison illustrée est divisée en trois parties : l'Histoire e t la Civilisation qui rappelle l'histoire des Juif5 du Maghreb; Litté- ratures judéo-maghrébines ensuite sous les rubriques judéo-marocaine etjudéo- tunisienne. Nous avons ainsi de bonnes présentations, analyses et intewiews sur les auteurs ou des auteurs eux-mêmes, d'Albert Memmi en particulier. Des illustrations bien choisies rehaussent la aualité de ce Cahier. Cbaaue année Lucette Heller livre de substantielles contributions à l'étude des littératures du M a ~ h r e b dans des présentations bien étudiées et accessibles à de larrces publics, .

non pour de petits cénacles

Coup de soleil - Ilifos, de l'Association Coup de soleil, consacre une livraison spéciale aux livres. Plusieurs études font ainsi le point sur plusieurs domaines du Livre portarit sur le Maghreb ou le inonde arabe.

Hoi,~~izcs et Migrations, sous le titre Lettre d'exil, rassemble plusieurs études et. tables rondes consacrées à ce thème de <'l'exil. ou de ..l'ailleurs.. chez des écrivains venant de plusieurs pays du monde; Le dossier est. coordonné par le Huu Khoa. Nous avons teiiti. sous le titre q.1,~ Maghreb en France. de synthétiser Ics réactions de? romanciers par rapport cet '<ailleurs,. désirable et désiré. Le véritable exil est celui que porte avec lui celui qui a été banni de son pays ct qui ne peut y retouniei: Le cas est rare quand on considère la situation des éciivains niaglirébins. Et, même si ce fut le cas pour l'un ou l'autre, les situations politiques évoluant, plusieurs écrivains ont pu retourner dans leur pays qu'ils avaient fui. Mohammed Khaïr-Eddine est même reparti de nouveau du Maroc pour vivre en France. Si ..l'exil >, en France était si insupportable que d'aucuns se plaisaiciit à le dire, ils repartiraient dans leur pays, mais ce n'est pas le cas. Retenons dans ce fascicule l'art,icle d'Abdellatif Laâbi <c exil ..et création+. Comme il le disait lui-même au cours d'utie table ronde, la distance prise avec '.la tribu lui permet la critique de celle-ci. Rabah Belaiiui est bien de cet acis : la France est pour lui un -espace de liberté .. ; il n'y est ..pas du tout en exil 2,. Le fait d'être en France .<m'a permis 1 dt-i l) de jeter un regard plus lucide sur moi-meme, sur des valeurs cult.urelles de mon milieu et de me poser des questions ,*. II n'y a ..pas de déchirenient .-. II y a donc li<w de déconstruire un discours de mauvaise foi sur l'exil que trop souvent on enknd ou qu'on peut lire dans la presse algérienne.

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Horizoiis i~zagl~rébiils (de Toulouse> publie en décembre 1991 (mais diff en 199%) une excellente livraison sur La perceptioiz critique du texte inaghrebin. Les articles portent sur la critique littéraire et le discours journalistique, sur la vision globale, sur la mise en relief de telle œuvre ou de tel autcur. Les approches sont diverses cornnie il se doit, "La critique ayant tout à gagner de la multiplicité des approches ... C'est pourquoi on s'étonne de polémiques mesquines de critiques qui voudraient sans doute que tout le inonde pense comme eux et qui ne tolèrent pas que d'autres soient libres d'exprimer leurs points de vue. On peut lire en outre, sous la signature de Chiistiane Achour, à propos de chercheurs étrangers, que. le comble est que ces nii.nies chercheurs étrangers qui accueillent les chercheurs algériens dans leur pays se font plus facilement éditer en Algérie même que les chercheurs algé~iens ., ! Que faut-il eii conclure? Chacun chez soi?

La renie Ii~~pressions du Sud d'.4ix-en-Pru\aence consacre sa livraison d'Hi- veriFriritemps 1991. nu 27/28, à E.xp,~ssionsalgc'i.lei~nes. Il s'agit d'un bel ensemble joliment présenté et illiistré. Les textes portent aussi bien sur Ics arts que sur les littbratures et les langues. Pour une fois la littérature féminine est largemciit traitee. Mais curicusemeiit est ouhlié le mniaii de Houaria Kadra-Hadjadji Oi~i11e1- 12hei.r pourtant paru en 1989. La poésie est traitée ainsi que le théâtre où une place est faite avec bonheur aux pièccs de Fatima Gallaire, mais où les pikces de théstre de Nourcddine Aba' pourtant joubcs avec succès en France, sont coinplèteinent oubliées. II y aainsi dans le fascicule de cur ieu~ .. oublis-, cornrne si certains étaient à exclure. L'édition est présentée : une trentaine de maisons privées existent; mais tout le monde sait que les éditeurs se débattent dans de grandes difficultés. Quelqucs pases sont consacrées à Kateb Yacine. Un débat entre écrivains à Sc'raïdi est du plus grand intérêt. faut en chercher la suite dans le fascicule suivant de la inênie revue : 11" 25, bté 1991.

Alec G. Hargicaves traite dans ELrprussiolis algérieiznes de la littérature I3cur.. et dresse une liste de romans d'auteurs issus de I'imrnigratioii. Kaniel Zeniouri est reparti en Algérie e t n'a sans doute pas envie de s'appeler .. Beur ,>, non plus d'ailleurs que bien d'autrcs auteurs de cette liste.

Poesie 91 d'avril 1991 rassemble les pol.mes d'Algériens d'aujourd'hui qui ont été lus à la Maison de la Poésie à Paris le 16 avril 1991, c'est dire ceux de Malek Alloula. Nabile Farès, Tahar Djaout, I\.loharnnied Sehaba e t Aniiii Khan.

La Reriie des Delis Mondes de novembre 1991. consacrée a la la~lgue f i ~ i ~ a i s c , contient une excellente comrnunicatirin de Jamcl Eddine Bencheikli. A iioter aussi le ttiiioignnge de Rachid Mimouni.

Enfin un nuniéro special du Chec!al de ?).oie consacré à Djoh'a est parti- culii.rement intéressaiil. Rédigé par plusieurs auteurs, ce fascicule étudie le pcrsonnngc sous de nombreux aspects, y compris le Giuià sicilien.

VI. ANTHOLOGIES

L'aiithologie réalisée sous la direction de Gio\,anni Dotoli' Poésie inl'cliter- raiz~er~iie rlèspr-essioiz fr.on(.nise 1945.1990 l'est sous l'égide de la Coriirnunauté des Cniversités de la Méditerraiiée. G. Dotoli est professeur à I'LJniversité de Bari et est I'aiitciir du projet 8 Littérature méditerranéenne d'expression fran-

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$aise e t son coordinateur général. Le volume signé d'Ambrosio Bibliographie de la poésie ..., cité e t stigmatisé supra, fait partie des premières recherches. L,a présente anthologie est constituPe par de substantielles études e t une sélection de poètes de France, Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Liban, Israël e t \'al d'Aoste. Le Maroc est signé par Noureddine Bousfiha, l'Algérie par nous-inême e t la Tunisie par Majid El Houssi.

Mort d'un seigneur ... est le titre d'une anthologie de quinze ~iouvelles publiées sous 1'6gide de YACTT et de RFI. Nous y remarquons trois auteurs maghrébins : Amar Bouanani, Sid'Ahmed Bouali et Moha Souag.

Kanthologie de Laura Lopez Morales, Decir la diferencia rendra service à tous les lecteurs de langue espagnole. C'est en effet, la première en cette langue concernant la Francophonie. Le Maghreb y est largement représenté avec seize auteurs pr4cédés d'une introduction.

ATo!ociuelles arabes dlc Maghreb est une anthologie bilingue de six auteurs de langue arabe : Zehour Ounissi (Algérie), Ahmed 1. al-Faqih (Libye), Nafila Dhahab (Tunisie), Muhammad Rerrada (Maroc), Izz Ed-dine Madani (Tunisie) et. Muhammad Zafzaf (Maroc). Les nouvelles traduites sont classées par ordre de difficulté de la langue en progressant vers Zafzaf. De courtes notices précè- dent les textes. Cette heureuse initiative est signée par Routros Hallaq e t Yves Gonzales-Quijano.

BIBLIOGRAPHIE DE L'ANNÉE 1991

1) Romans, récits, recueils de nouvelles et de contes

Algérie

.~BCHF (Fa~ ld l - Lu Cornisole de gré, Alger, Lahomic, 1991, 145 p., roman. AFHA IKadri) - Le Purgatoire et aiitres Ptrai~getées. Alger, ENAI,, 1991. 160 p. nou\~elles. An..~~nioir (Mohamnied! - La médnille et son reoers, 2 Ltllteriiatiiie, Alger, Enap, 1990, diff. 1991' 137 p.. roman. Azzouz iZakiaï - Le Labyriiitl~e de iizo~i e.~iste~ice, Pans, I,a Pensée universelle, 1991. 129 p., récit. REXA'IARA iKhalifa) -La Porole éfi-aiiglCe. Alger, ENAL, 1990, diff 1991,226 p., ronian. REN.AY.V~ (Mohammed! - Fred? Io iofale, Alger, ENAL, 1991, 200 p.. roinaii policier. ROIIAHACI IAïclia! - Pcazi d'exil. Alger, EKAL, 1990. diff 1991, 160 p., iiouvcllos. UnLIcH.4REu iMustapha1- Ciel de feu, Alger, ENAL, 1991,230 p., minan. tk)lIMEnIEYE (Anissa) -La fin rlùn iiionde, Alger, Rouchène, 1991, 304 p., roman Ror!n?oui (Sina! - La royeiisr iiite,ïlile, Pans, Gallimard, 1991, 147 p.. roman. ROLILAH~; .~ iHocinel- Lr Sel et lu ploie, Alger, ENAP, 1991, 200 p.. roman. B.I.AOI.T [Tahari - Les I'igiles, Paris, T,e Seuil et Alger, Bouchi.iie, 1991, 219 p., roman. L).IERAR (Assial L o i n de bf6dine. Paris, ilMichel. 1991,215 p., ronian. U.IFBIAI irlbdelkadcri MPinoires de 116gre. Alger, ENAL. 1991, 145 p.. roman. FAIAKI iRedai- La Baludedir Brrhérr. Sce~~ariopouril lgér~eduutrefois . Pans, 1;Harinat- taii. 1991. 167 p., roman. I s s ~ ~ n iRanidanei - Pégase. Paris, Denoel. 1991, 227 p., somail.

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b 1 . o ~ ~ (Ahmedi - IRÇO~IS d'ubseizce, Paris. Noël Blandin, 1991, 159 p.. roirian. I.~~lil~I(Mous:jai-Rou~'louf..téte&iizouton. Paris, Lerre et Coudrier. 1991,219 p., récits. 1.1.~)~. Commissaire - lie Dingue au. bistoitri' Alger: Laphomic, 1990, diff 1991. 158 p., roman policier. L o u u ~ s (Abderrahmanei -Sotire à ['[te, Alger, ENAL, 1991. 145 p., humour. LOUSES (Abderrahiiianel- Rus el Mehna. Alger, ENAL, 1990. diff 1991, 269 p.; roiiian. MIMOUNI (Rachid) - Une peine ?t viure, Pails, Stock. 1991. 278 p.. roman. OULDCHF,IIUI IFarouki-La Haileauxgrains, Alger. El Adib, 1990, diff. 1991,103 p., nimaii.

Rééditions

DJAOUT (Tahar) - L'exproprié. I'aris, Fran~ois Majault, 1991, 129 p., remanié. JHOD.JA (Chukrii - El Eilldj, captif des barbares yu es^ Paris, Sinbad, 1991 ilrr édit. 19291, préface de A. Djeghloul, ct Algei: OPU, 1991: Marnouil, l'ébauclie duri ideal, Alger, OPU; 199 1 i l r e édit. 1925). Les rééditions faites à Alger sont présentaes par Nadia Bouzar-Kas- badji.

Maroc

A H E R ~ . L N - Unpo6ni.e pour étendard, Paris, L'Harmattan, 1991,256 p., roman BEN JELLOUN iTahar! -Les Yeu.\- baissis, Paris, Le Seuil, 299 p., roman. B o r c E n ~ iFa~ihai A n i s s a cnpfiue, Casablanca, Eddif, 1991, 365 p., romaii. CHRAIHI (Drissi - L'inspecteur Ali, Paris, Denoël, 1991, 237 p.; roinaii.

Réédition

CIIAIT (Abdelkaderi-iMosaïqt~es ternies, Casablanca, Wallada, 1991, i lTe édit. 1932, sous le nom de Benazous Chatt), 204 p., roinan.

Tunisie

BELHADJYKHIA(E~~~~~-Chroniquefioiitalière, Paris, Noël Blandin. 1991,240 p., ronian. BECHE'R (Ali) - Les Saisolis de léxil, 'hnis. Cérès Productions, 1991. 154 p., iiouvelles. BEK R.WIR (Salahl - Lettres scellées ou Président, Genève, édit. Rousscau, 1991, 170 p.. roinan. EL IIOUSSI (Majid! L e Vérgerdespoiirsuifes, Paes , Noël Blandin. 19911 144 p., roniaii. HAFSIA (Jalila) - Soudain ln c:ie. Tunis Chania, 1991,65 p., recueil de nouvelles.

2) Recueils de poèmes

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SASSI (Salahi - Mots lus - mots dits, Paris: Caractères, 1991, 75 p

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Maroc

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1A~nuSiilK~ (Salahi- ~!7onsorlspolir~ uil auteur el1 hnuleilr.. i'ails, La IJensCe universeiic. 1991.90 p. L.AALA.~. (Mohammed1 -Ail deiù de 10 pnssioii, Bruxelles, chez l'auteur. sd. 10 p. ronéo.

Tunisie

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3) Pi6ces de théâtre

BEN,\ISSA iSlimaiici. Au deln dii poile. Carrières iRelgiquei. Lansman, 1991, 45 p., trad. de I'arahe.

Maroc

Sxiiuiiir (Tayeh) [.es Sept gruiris de beuiité, Casablaiica, Eddif, 1991. 111 p.

4) Récits de vies et témoignages

Algérie

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5 ) Essais sur la littérature et les auteurs

Xci!or~ ~Ciiiistiaiiei (sous la dir. dei. Diii'urz d'iriqiiii'tude et dbspoir. Keghaïa, ENAG. IRRI, 517 pl.. plusieurs auteurs.

Au.01, Spécial 1991 ..I'Hoii~r?icige ii iMou!oi~dMnmi~?eri 8,. 1990, diff.1991, 315 p.

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LITTERATLIRE MAGHRÉBI'IE DE LANGUE FRrWÇAISE 1215

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Tosa KODINIS !Giulianai édiior. IA Banquet iriaxhrdbin, Roma. Gulzoni. 1991, 411 p. Ou\,rage collectif.

6) Anthologies :

Decir la dife~~izcia - La finncofonia a tra['Ps de SII prosa. trad. compil. estudios y noias de Laiira Lopcz hlorales. Mexico, Direction générale de Publications. 1991, 355 p.

Do~or.1 iGiovani); éditor. Poésie i7léditerrniléeniie dètpression frailçaise, 1945-1990, Fasa- no (Dr-Italic). Scl~ena et Paris, Nizet, 1991, 680 p. Introductions critiques et anthologie par plusieurs auteurs. dlort d 'u~ i seigiieurparPhiiipi~e Cuiiyet quotorzeaicti-esi~ouvelles, Pails. ACTT-RFI, 1991. 23.1 p. .Vo~irel/esnrabas du Ahghreb, trad. et notes par B. Hallaq et YvesGonzales-Quijano, Press Pocl<ct. 1991,224 p., bilingue.