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Profession écrivain C’est un métier de faire un livre comme de faire une pendule La Bruyère Le copiste ou scribe, copie les manuscrits dans un atelier monastique appelé scriptorium. “Ô très heureux lecteur, lave-toi les mains et prends ainsi le livre, tourne lentement les feuillets et pose tes doigts loin des lettres, car celui qui ne sait pas écrire ne croit pas que c’est un travail : il fatigue les yeux, il brise les reins et tord tous les membres. Comme le marin désire arriver au port, ainsi le copiste désire arriver au dernier mot.” La galaxie Gutenberg Moyen Âge Le clerc Saint Jérôme, traducteur de la Bible Le temps des manuscrits En découvrant l’imprimerie vers 1440, Johannes Gensfleich dit Gutenberg (v. 1397-1468), donne à l’Occident la maîtrise du livre, mais aussi de la science, des arts et des techniques. “La main à la plume” Arthur Rimbaud “L’écrivain public” reste cantonné dans son domaine technique. L’image conventionnelle du “poète crotté” disparaît, mais les seules sources de revenus restent les pensions officielles, les largesses des grands seigneurs… ou les bénéfices ecclésiastiques. Jusqu’à la Révolution, la condition d’écrivain n’est pas une sinécure, à moins de disposer d’une fortune personnelle, comme Lesage ou Mirabeau, d’être un homme d’affaires avisé, comme Voltaire, ou un fermier général, comme Helvétius. Rousseau est obligé de copier de la musique pour vivre, et Diderot de faire des traductions. Corneille est le premier auteur à vivre de sa plume. Sans la langue en un mot, l’auteur le plus divin Est toujours quoi qu’il fasse un méchant écrivain. Boileau Dès 1515, le concile du Latran instaure l’Index pontifical. C’est au XVIII e siècle, en prélude à la Révolution, que pouvoir et littérature se heurtent le plus : 100 livres sont brûlés de la main du bourreau contre 73 au XVII e et 37 au XVI e . Parmi les embastillés célèbres, Diderot, Voltaire et Sade… Au XIX e siècle, Madame Bovary et les Fleurs du mal connaissent des procès retentissants. Plaisir d’écrire... Durant des années, j’ai compté sur le débit torrentiel de l’écriture automatique pour le nettoyage de l’écurie littéraire. André Breton Il est aussi facile de rêver un livre qu’il est difficile de le faire. Balzac Littérature : occupation des oisifs. Flaubert XVIe siècle Le lettré de la Renaissance incarne la vision humaniste du savoir universel et l’idée d’une Europe unie à travers une “république des lettres”. XVIIe siècle L’écrivain La littérature se différencie du domaine philosophique ou scienti- fique. Le latin reste l’apanage des savants tandis que les écrivains deviennent garants et législateurs de la langue française. Descartes, le premier, écrit en français le Discours de la méthode XVIIIe siècle “L’auteur est maître de son ouvrage.” Diderot La notion de propriété littéraire date seulement de 1710, même si l’anglais Milton revendique le copyright dès 1667. Les encyclopédistes se battent pendant tout le siècle des Lumières. La loi du 14 juillet 1806 reconnaît enfin les droits d’auteur. Le régime actuel est régi par la loi du 11 mars 1957. L’œuvre dont les droits sont arrivés à terme tombe dans le domaine public. La Nouvelle Héloïse de J.-J. Rousseau, est le premier best-seller. XIXe siècle L’écrivain polygraphe La révolution industrielle : sous la pression de la presse, l’écrivain est souvent un forçat du roman-feuilleton, qui doit d’abord faire ses armes dans le journalisme. Le Figaro est une pépinière littéraire. XXe siècle L’intellectuel L’engagement déplace le centre de gravité de l’écrivain à l’intellectuel, de l’homme de lettres à l’homme de savoir : Jean-Paul Sartre, “guide des masses”, Albert Camus, “l’homme révolté”... Le télécrivain ou la mort de “l’auteur” ? Les écrivains qui ont toujours refusé de “passer à la télé” : Henri Michaux, Maurice Blanchot, René Char, Julien Gracq, Jean-Paul Sartre... Le diable par la queue Les risques du métier De l’horrible danger de la lecture Voltaire J’ai toujours senti que l’état d’auteur ne pouvait être illustre et respectable qu’autant qu’il n’était pas un métier. J.-J. Rousseau Albert Camus Jules Vallès Diderot Chacun va tirant à ce diable d’argent, vers 1640 Écrivains maudits Verlaine invente la formule, pour s’associer à Rimbaud et Lautréamont. “Mendieurs d’azur”, dira Mallarmé… Rabelais Descartes Goya Une expérience surréaliste Verlaine et Rimbaud Qui a peur de McLuhan ? Ce sociologue canadien (1911-1980) prédit la mort de la “galaxie Gutenberg”, et invente le “village global” dominé par la télévision. Chansons d’amour manuscrit du XVe siècle Keith Haring Un calligramme d’Apollinaire © 1995 Nicole Priollaud / Didier Pinot 2 Imprimerie Augustin • Tél. : 40 36 10 15

Litterature française (Panorama)

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Page 1: Litterature française (Panorama)

Profession écrivainC’est un métier de faire un livre comme de faire une pendule

La Bruyère

Le copisteou scribe, copie les manuscrits dans un ateliermonastique appelé scriptorium. “Ô très heureuxlecteur, lave-toi les mains et prends ainsi le livre, tournelentement les feuillets et pose tes doigts loin des lettres,

car celui qui ne sait pas écrire necroit pas que c’est untravail : il fatigue les yeux,il brise les reins et tord tous les membres. Comme le marindésire arriver au port, ainsi le copiste désire arriver audernier mot.”

La galaxie Gutenberg

Moyen ÂgeLe clerc

Saint Jérôme, traducteur de la Bible

Le temps des manuscrits

En découvrantl’imprimerie vers 1440,

Johannes Gensfleichdit Gutenberg (v. 1397-1468),donne à l’Occident la maîtrise

du livre, mais ausside la science, des arts et

des techniques.

“La main à la plume” Arthur Rimbaud

“L’écrivain public” reste cantonné dansson domaine technique. L’image conventionnelle du “poète crotté” disparaît,

mais les seules sources de revenus restent les pensionsofficielles, les largesses des grands seigneurs… ou lesbénéfices ecclésiastiques. Jusqu’à la Révolution, la conditiond’écrivain n’est pas une sinécure, à moins de disposer d’unefortune personnelle, comme Lesage ou Mirabeau, d’être un

homme d’affairesavisé, commeVoltaire, ou un fermiergénéral, commeHelvétius. Rousseauest obligé de copier dela musique pour vivre,et Diderot de faire destraductions. Corneilleest le premier auteurà vivre de sa plume.

Sans la langue en un mot, l’auteur le plus divinEst toujours quoi qu’il fasse un méchant écrivain.Boileau

Dès 1515, le concile du Latraninstaure l’Index pontifical. C’est au

XVIIIe siècle, en prélude à laRévolution, que pouvoir et littérature

se heurtent le plus : 100 livres sontbrûlés de la main du bourreau

contre 73 au XVIIe et 37 au XVIe.Parmi les embastillés célèbres,

Diderot, Voltaire et Sade… Au XIXe

siècle, Madame Bovary et les Fleursdu mal connaissent

des procès retentissants.

Plaisir d’écrire...

Durant des années, j’ai comptésur le débit torrentiel de l’écritureautomatique pour le nettoyagede l’écurie littéraire.André Breton

Il est aussi facile de rêver un livrequ’il est difficile de le faire.Balzac

Littérature : occupation des oisifs.Flaubert

XVIe siècleLe lettré

de la Renaissance incarnela vision humaniste du savoir

universel et l’idée d’une Europeunie à travers une

“république des lettres”.

XVIIe siècleL’écrivain

La littérature se différencie dudomaine philosophique ou scienti-fique. Le latin reste l’apanage des

savants tandis que les écrivainsdeviennent garants et législateursde la langue française. Descartes,

le premier, écrit en français leDiscours de la méthode

XVIIIe siècle“L’auteur est maître

de son ouvrage.”Diderot

La notion de propriété littérairedate seulement de 1710, même si

l’anglais Milton revendique lecopyright dès 1667. Les

encyclopédistes se battent pendanttout le siècle des Lumières. La loidu 14 juillet 1806 reconnaît enfin

les droits d’auteur. Le régimeactuel est régi par la loi du

11 mars 1957. L’œuvre dontles droits sont arrivés à terme

tombe dans le domaine public.

La Nouvelle Héloïsede J.-J. Rousseau, est le

premier best-seller.

XIXe siècleL’écrivain polygraphe

La révolution industrielle : sous la pression de la presse,

l’écrivain est souvent un forçatdu roman-feuilleton, qui doitd’abord faire ses armes dans

le journalisme. Le Figaro est unepépinière littéraire.

XXe siècleL’intellectuel

L’engagement déplace le centre degravité de l’écrivain à l’intellectuel,

de l’homme de lettres à l’hommede savoir : Jean-Paul Sartre, “guide

des masses”, Albert Camus,“l’homme révolté”...

Le télécrivainou la mort de “l’auteur” ?

Les écrivains qui ont toujoursrefusé de “passer à la télé” :

Henri Michaux, Maurice Blanchot,

René Char, Julien Gracq,Jean-Paul Sartre...

Le diable par la queue

Les risques du métier

De l’horrible danger de la lectureVoltaire

J’ai toujours senti quel’état d’auteur nepouvait être illustre etrespectable qu’autantqu’il n’étaitpas un métier.J.-J. Rousseau

Albert Camus

Jules Vallès

Diderot

Chacun va tirant à ce diable d’argent, vers 1640

Écrivains mauditsVerlaine inventela formule, pour

s’associer à Rimbaudet Lautréamont.

“Mendieurs d’azur”,dira Mallarmé…

Rabelais

Descartes

Goya

Une expériencesurréaliste

Verlaine et Rimbaud

Qui a peur de McLuhan ?Ce sociologue canadien (1911-1980)

prédit la mort de la“galaxie Gutenberg”,

et invente le“village global”

dominé par latélévision.

Chansons d’amour manuscrit du XVe siècle

Keith Haring

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Le lecteur, cet inconnuCe vice impuni, la lecture…Valéry Larbaud

codexA l’époque d’Auguste, à Rome,on appelle ainsi, pour le différencierdu volumen, un assemblage de feuillespliées qui donne au livre sa formemoderne. Toutefois, on parletoujours de “volume”...

colophonApparu à la fin du Moyen Âge,il indique en quelques lignes, à la findu livre, les principales référencesde l’ouvrage (nom de l’auteur, titre,lieu et date d’édition...). Aujourd’hui,on l’appelle “achevé d’imprimer”.

ex-librisInscription apposée sur un livre pouren indiquer le propriétaire. Lesbibliophiles utilisent souventdes vignettes artistiques à leur nomou à leurs armes.

incipitSe dit des premiers motsd’un livre ou d’un manuscrit.

incunableNom donné aux ouvrages imprimésavant 1500.

palimpsesteManuscrit dont on a effacé les premièresinscriptions pour pouvoir écrire un nou-veau texte. Pratique courante au MoyenÂge, du fait de la rareté du parchemin.

Les mots de la tribu...

Moyen Âge“Lecteur” veut d’abord

dire enseignant.

A partir du XIVe sièclel’usage du livre d’heures, lié audéveloppement de la dévotion

personnelle, répand lafréquentation du livre dans de très

larges couches de la société. Latradition orale ne disparaît pas

avec la civilisation de l’écrit

XVIe siècleA la conquête de la lecture

silencieuseAlde Manuce (v. 1449-1515),imprimeur vénitien, invente le

“livre de poche” : un in-octavoplus maniable que les volumineuxin-quarto et in-folio de l’époque.

On lui doit aussi le caractèrepenché, l’italique.

1537Le dépôt légal

est instauré par François Ier.Les imprimeurs sont obligés de

déposer deux exemplaires dechacune de leur production à la

Bibliothèque du roy. Il permet deconstituer la bibliothèque royale,

de surveiller le contenu des écrits,et de créer la mémoire

de la France.

L’imprimerie révolutionne lalecture. Le format diminueet l’ouvrage monumental duMoyen Âge, destiné à êtrelu à haute voix sur unpupitre, cède le pas à unlivre aisément maniable.

La révolution typographique permet l’abandon dugothique au profit de caractères plus facilementlisibles. La présentation du livre est une aide à lalecture : création d’une page de titre, mise en pageaérée avec paragraphes et alinéas, mise en valeurdu texte au détriment des enluminures.

Au Moyen Âge, seuls lesmonastères possèdent desbibliothèques. En cas deprêt, il faut fournir ungage - un autre livre ou unbijou. Les livres ne sontpas répertoriés par ordre

alphabétique, mais par disciplines. On aménage aussi despupitres tournants pour la consultation de plusieursouvrages à la fois.Les cabinets de lecture se créent au XIXe siècle pour louerles livres au plus grand nombre à des sommes modiques.

BibliothèquesA l’origine, apanage

des monastères.Jusqu’au XVIIIe siècle,

les livres sontprésentés le dos au

mur, le titre inscrit surun bout de parchemin,

puis de papier, aurecto du plat ou sur la

tranche intérieure. La préoccupation majeure dulibrarius, c’est le vol. Certains livres sont doncfixés aux pupitres au moyen d’une chaîne dont

seul le bibliothécaire possède la clé.

L’Univers, que d’autresappellent la bibliothèque…J.-L. Borges

LibrairiesLes premiersimprimeurs sontmarchands en mêmetemps qu’artisans, etjusqu’au XIXe siècle,éditeur et librairene font qu’un.

Une grande forme en mouvement, la lecture...

Un imprimeur au XVIe siècle

A la Renaissance, leslivres circulent dans destonneaux, “en blanc”,c’est-à-dire en feuilles nonreliées, la reliure sefaisant au goût du client.

Les colporteurs diffusentdans les campagnes la“bibliothèque bleue”.Inventée par Oudot,éditeur à Troyes, dès 1602,c’est une formule quipermet de vendre à basprix, moyennant unequalité médiocre, les“best-sellers” de l’époque.Vecteur de la littératurepopulaire, le colportagesert à propager les idéesd’avant-garde comme leslivres “à l’eau de rose”.Le développement de lapresse, au XIXe siècle,lui est fatal.

Un bon livrene se vend pas plusqu’une femme honnête…Gaston Gallimard

…considérée comme un des beaux-arts

Louis Hachette, 1853 :La littérature de gareinaugure le train deslectures pour tous.

Un vieillard qui meurt,c’est une bibliothèque

qui disparaît.Proverbe africain

Et Fragonard créaLa Lectrice...

Le monde est fait pour aboutir à un beau livre.Mallarmé

Autant de livres,autant de lecteurs.André Gide

La chair est triste, hélas !et j’ai lu tous les livres…Mallarmé

Au XVIe siècle, le nombre totald’éditions atteignait environ 150 000 ; au XXe siècle, il dépassera sans douteles 40 millions. Les happy few auxquelss’adressait Stendhal se sont multipliésmais, à l’instar de Baudelaire, chaque

auteur peuttoujours s’écrier :“Hypocritelecteur, monsemblable, monfrère !”

Un ex-libris

Le Bibliothécaire, Arcimboldo

Marque d’imprimerie d’Alde Manuce

François Ier

Un éditeur au XIXe…

Les Très Riches Heuresdu Duc de Berry.

André Gide

Stéphane Mallarmé par Manet

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L’homme cultivé est le clerc, quipratique les arts libéraux - qui

rendent “libres”- par opposition auxartisans. On rêve de faire, comme

Saint Thomas d’Aquin, la synthèsedes connaissances (Somme

théologique) Les chroniqueurs ou lesdébuts de l’histoire : Commynes,

Froissart, Joinville, Villehardouin.

Les périodes, c’est peut-être très commode pour les historiens, mais dans la vie ça n’existe pas.Aragon

Vents portants…“ ”

1600-1660 Préclassicisme

1635 L’Académie Française

1660 Comédie-Française

1648-1652 La Fronde

1650-1660Baroque et Préciosité

1661-1688 Classicisme

1688-1697 Querelle desAnciens et des Modernes

1699 Quiétisme : le “pur amourde Dieu” (Fénelon)

L’Ancien régime

Moyen Âge IXe-XVe

RenaissanceXVIe - 1515-1610

Contre scolastique etthéologie, science etconscience. Lefèvre

d’Etaples traduit la Bible etJacques Amyot, Plutarque. Henri

Estienne : La Précellencedu langage français. EtiennePasquier : Recherches de la

France. Jean Bodin : LaRépublique. La Boétie…

La révolution cartésienne. Contre l’humanisme encyclopédique,

la connaissance n’est pas uneaccumulation, mais une méthode.

Philosophie = logique + métaphysiqueDescartes, Pascal, Bossuet, Malebranche

Le jansénisme s’oppose aux jésuites au nom de la grâce divine.

La Contre-Réforme catholique, apostolique et romaine.

842 Le Serment de Strasbourg est le premier texte en français

Scolastique et féodalité

1200 Fondation de la Sorbonne

XIIIe La guerre des AlbigeoisLa culture troubadour meurtdans le Midi. Le Nord destrouvères la récupère

1337-1453 Guerre de Cent Ans

Pré-Renaissance

1436 découverte de l’imprimerie

1453 Prise de Constantinoplepar les Turcs. Les savants grecss’exilent en Italie et fondent laRenaissance européenne

1492 découverte de l’Amérique

Humanisme et Pléiade

1507 Révolution copernicienne

1515-1547 François Ier

1529 Création du Collège Royal

1521 La Réforme

1545 Concile de Trente

1548 Interdiction des Mystères.

1572 La Saint-Barthélémy

1598 Édit de Nantes

1632 Le monde selon Galilée

Le Grand Siècle XVIIe

Le siècle des LumièresXVIIIe

1715-1750 Formation de l’esprit critique

1750-1789La lutte philosophique

1750-1772 L’Encyclopédie

1789-1800De la Révolution à l’Empire

PréromantismeLe sentiment entre en littérature

La crise de la conscience européenne(1688-1715) : “philosophes“ avant la

lettre : Bayle et Fontenelle. Naissancedes sciences humaines. Littérature plus

Idées, pour le meilleur - l’Esprit deslois, l’Histoire naturelle, l’Emile et le

Contrat social… Et pour le pire - latragédie voltairienne, le drame

bourgeois ; la poésie ne rime plus…pour cause de didactisme. Naissance

de l’opinion publique, Paris et lessalons contre la Cour. L’aristocratie de

l’esprit, contre les privilèges. Unephilosophie expérimentale et sociale.

Les invasions arabes font redécouvrir lesmathématiques, la médecine, la philosophied’Aristote. La conquête de l’Angleterre parles Normands introduit les légendesceltiques. Les croisades révèlent la gloire deByzance. Marco Polo, le premier des grandsvoyageurs, inaugure les relations de voyage.L’Espagne du XIIe exporte Le Cid. LesNibelungen (Allemagne, XIIIe), ancêtres destroubadours. La France exporte ses chansonsde geste dans toute l’Europe.Le quattrocento (Italie) : Dante, Boccace etPétrarque.

Les guerres d’Italieimportent L’Arioste,Machiavel et laCommedia dell’artequi préfigure notrecomédie classique.Shakespeare met

plus de deux siècles àtraverser la Manche.L’Espagne donne son célèbreroman de chevalerie Amadisde Gaule, qui inspirera lesPrécieux et, a contrario,Don Quichotte.

CosmopolitismeL’Europe parle français, lit français, écrit français…Voltaire chez Frédéric dePrusse ; Diderot et Catherine de Russie. Le modèle anglais

Tolérance, “confortable”, liberté civique,dignité du commerce. Locke, Pope,Richardson, Daniel De Foe, Swift. Entrée de

l’Allemagne : Leibniz, Lessing. LeWerther de Goethe est traduit en1776. La “légende noire” del’Espagne - Inquisition etobscurantisme. Vive l’Europe !Contrefaçon et édition àl’étranger (Hollande,Angleterre…) pour cause de censure…

Robinson Crusoë

Paul et Virginie deBernardin deSaint-Pierre

L’Historien, Manuscrit des“Chroniques” de Jean

Froisssart

1660-1715Règne de Louis XIV

Le baroque, une traînée de poudre sur toute l’Europe, et dans tous les domainesartistiques. Góngora en Espagne, Marini etBernin en Italie, euphuisme anglais. L’apogéedu classicisme, au sens propre du terme, dans

toute l’Europe.L’AngleterreElisabéthaine, et leSiècle d’Or espagnol enphase avec le siècle deLouis XIV.

Je pense donc je suis.Descartes

Le moi est haïssable.Pascal

“ ”

“ ”

Descartes en visite à la cour de Suède

Miniature du roman Renart le Nouvel XIIIe siècle

La Divine Comédie,Dante

Erasme

Sphaera

l’Europepersonnifiée,

allégorie du XVIe

Luther

Montaigne

Le Bernin, Grenade

Rousseau herborisant

Planche de l’Encyclopédie

Diderot, Fragonard

Voltaire jeune, Quentin de la Tour

Le château de Versailles

…parce que c’était lui, parce que c’était moiMontaigne.“ ”

Madame de Pompadour Les comédiens italiens, Watteau (détail)

Fontenelle méditant surla pluralité des mondes,gravure de Moret, 1791

Louis XIV en Apollon, J. Werner le jeune

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PsychanalyseL’œuvre de Freud est traduite en 1921

Gaston Bachelard, Teilhard de Chardin,Phénoménologie

Maurice Merleau-PontyExistentialisme : Jean-Paul

Sartre, Gabriel Marcel.Absurde : Albert CamusStructuralisme : Claude

Lévi-Strauss, MichelFoucault, Jacques Lacan,

Roland Barthes.

Maîtres à penser… Raymond Aron, Louis Althusser, Edgar Morin,

Alain Touraine, Jean Baudrillard,Pierre Bourdieu, Emmanuel Levinas,

Michel Serres, Jacques Derrida,Gilles Deleuze, Félix Guattari…

Situationnisme : Guy Debord : La Société du spectacle

“Nouveau”… histoire, critique, philosophie, roman…

On se trouve bien dans tout pays d’accueillir les influences étrangères…Mme de Staël

Siècle de feu et de ferXIXe

1804-1814Premier Empire

1815-1830Restauration

1830Révolution

1830Prise d’Alger

1830-1848Monarchie de Juillet

1848Révolution

1848-1871 Second Empire1871 La Commune

Années 1880Expéditions coloniales

1881 Loi instaurant la liberté dela presse

Impressionnisme

Traditionalisme : Joseph de MaistreLes idéologues : Maine de Biran, Destutt deTracy, Cabanis. Le public n’est plus ce qu’il

était… Sainte-Beuve prédit la “littératureindustrielle”, sous l’influence grandissante

et conjuguée de la presse et de l’opinionpublique. Genres-rois : roman et théâtre.

Libéralisme : de Tocqueville et Benjamin Constant à Paul-Louis Courier.

Socialisme utopique : Saint-Simon, Fourier,Proudhon. Positivisme : Auguste Comte

Anglomanie La France romantique découvreShakespeare… Young, Milton, Byron, Ossian,Walter Scott : naissance du roman historique.Les brumes allemandes Mme de Staël lance

un engouement, qui ira de 1814 à1870. Kant, Fichte, Schelling.Henri Heine s’installe à Paris.Nerval traduit Goethe, Les Contesd’Hoffmann inspirent-ils les“comptes d’Haussmann” ?…Wagner déclenche une révolution

plus que musicale… L’Espagne joue le grandair de Carmen, qui envoûte Hugo, Gautier,Mérimée, Dumas. Tandis que Goya peint lecauchemar napoléonien. Entrée de la Russieà partir de 1860. Pouchkine et Gogol avantDostoïevski, et Tourgueniev, francophileémérite, correspondant de Flaubert…L’Atlantique est franchi. Les Histoiresextraordinaires, d’Edgar Poe, traduites parBaudelaire.

…Vents d’ailleursLes temps modernes

XXe SiècleCinéma, télévision, ordinateur, libération

de la femme, décolonisation, mondialisation1898-1906Affaire Dreyfus ; naissance des“Intellectuels”

1909Marinetti : Manifeste du futurisme

1910Le cubisme

1914-1918La Grande Guerre

1916Dada à Zurich

1917Révolution russe

1919La revue LittératureSurréalisme

1920Congrès de Tours. Création du PCF

1936Front PopulaireGuerre civile espagnole

1945Existentialisme

1947Apparition du mot goulag dans J’ai choisi la liberté, de Kravchenko

1948Début de la Guerre froideLe 1er ordinateur

1951Les Cahiers du Cinéma ou le “cinéma d’auteur”

1952-1954Guerre d’Indochine

1954-1962Guerre d’Algérie

Années 60Structuralisme

Mai 1968

1989 Chute du mur de Berlin

Le monde véritable que la sciencenous révèle est de beaucoup

supérieur au monde fantastique créépar l’imagination.

Ernest Renan

Je me suis rencontré entre lesdeux siècles comme au confluent

de deux fleuves…Chateaubriand

Avant 1914

Entre-deux-guerres

Années folles, années noires

La “montée des périls” La guerre d’Espagne est un tournant de conscience

- Bernanos, Malraux…

1939-1945Les voies de la guerre - résistance ou collaboration -

sont aussi littéraires…

Les lendemains qui déchantent

Les “sciences humaines” investissent tous les champs d’investigation et d’action autour

de la littérature.

ContemporainesAprès Barthes, le “style” devient définitivement

“écriture”, et l’auteur aventurier d’un texte perdu.“Le philosophe doit devenir journaliste“

Michel Foucault.

Le mur, et après…

Personnalisme :Emmanuel Mounier

fonde la revue Esprit,d’inspiration

chrétienne.Intuitionnisme : Henri Bergson

Les maîtres à penser de la Belle Epoques’appellent Anatole France, Romain Rolland,

Maurice Barrès et Charles Maurras.Sociologie : Emile Durkheim

Linguistique : Ferdinand de Saussure1857-1913 (édition posthume ; 1916)

«Toutes ces femmesde Paris avec leurs

cuisses nues, sidouces, sous

leur jupe mince».Paul Morand

Montparnos BluesVan Dongen (1925)

Il y a longtemps que je suis appliqué à saisir en moi, de toutes manières,

les données de l’inconscient…Max Jacob

Il ne faut pas confondre une littérature d’avant-garde avec une

littérature d’arrière-train.Alfred Jarry

Les monstres du siècle sont étrangers…

Dans le “village planétaire”, l’âge d’or duroman “made in USA” Dos Passos,

Hemingway, Faulkner,Steinbeck… Toutesnationalitésconfondues…Strindberg, Kafka,Brecht, Pirandello,Rilke, Borges,Soljenitsyne et Umberto Eco.La francophonie

1850-1880Réalisme et naturalisme

1820-1850Romantisme

Symbolisme

Marx : le communisme Nietzsche : l’élan vital

Freud : la psychanalyse Einstein : la relativité

Guernica, Picasso

C’est à un espace de l’étrangeté dans lalangue et de la langue que la francophonie

doit son développement. Nabile Farès

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Un sans-culotte et une révolutionnaire

La Liberté guidant lepeuple, Delacroix

Goethe dans lacampagne romaine,

Tischbein

Napoléon, caricature

Les chemins de fer LKa grève, Adler 1899

Impression, soleil levant,Claude Monet

“J’accuse” Zola etl’Affaire Dreyfus

Flag on Orange Field, Jasper Johns (1957)

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Le droit au refus.L’époque est mécène, mais

Rabelais connaît censure, exil et prison. Au“que sais-je ?” de Montaigne répondent “le

bruit et la fureur” de Shakespeare etl’héroïsme pitoyable de Don Quichotte.

L’humanisme est combat et vigilance.

Je ne bâtis que pierres vives, ce sont hommes.Rabelais

Humanisme et RéformeDu libre examen à l’espritcritique, pour la scienceet la vérité, à n’importequel prix… la longue etcourageuse postérité del’humanisme.

Humanisme et imprimerieL’invention de Gutenberg,vers 1440, est un“présent divin”.

Les guerres d’Italie importentle quattrocento. De la chutede Constantinopleà l’assassinat d’Henri IV.1453-1610.

Humanisme

Tant qu’il y aura des hommes…“Le culte de tout ce qui est del’homme…” Renan.

“On ne peut plus vivre sanspoésie, couleur ni amour.”Saint-Exupéry.

Contre La Peste, l’Hommerévolté, Camus.

“Qu’entendez-vous par dignitéhumaine ? - Le contraire del’humiliation, répondit Kyo.”Malraux, La Condition humaine.

“ ”

Je t’ai installé aumilieu du monde…Pic de la Mirandole

Des lettres humainesLe retour aux sources est principe et révolution.Guillaume Budé, Jacques Lefèvre d’Etaples, Fichet,Amyot inventent la philologie et traduisent sans trahirles textes fondateurs : grecs, romains…sans oublier l’hébreu pour la Bible.

Pour fairel’homme à sonimage,l’idéal humaniste estune école de rigueur,de liberté etd’enthousiasme.A l’abbaye de Thélème,

Rabelais imprime la devise : “Fay ce que vouldras.”Les “Lettres d’humanité” forment l’homo sapiens.

Chaque homme porte en soila forme entière de l’humaine condition.Montaigne

L’éclat des lumièrescontre les “barbares”, les “goths”, lesthéologiens scolastiques effrayés parce retour aux sources trop vives de la

foi… Lefèvre d’Etaples relit la Bible etdénonce les abus - le célibat des prêtres,

par exemple…

Science et véritéDepuis Copernic la Terre tourne autour du

Soleil, malgré l’abjuration de Galilée,en 1531… L’anatomie est pratique courante avec

Ambroise Paré, et un moine, médecin de surcroît,opère en public une des premières dissections sur

corps humain. Il s’appelle François Rabelais.

La Réformes’inscrit dans la pensée humaniste,

même si elle aboutit à la barbariedes guerres de religion…

L’humanisme se définit pourtant contreles fanatismes de tous bords.

Un monde ouvertLe château féodal perd sesmeurtrières et devientchâteau de plaisance, ouvertsur un site choisi. Libre est

la circulation des idées et deshommes ; l’érudition est “circulaire”(G. Budé). François Ier ouvre sabibliothèque de Fontainebleau,l’enrichit de manuscrits anciens etd’ouvrages nouveaux par le dépôtlégal. En 1529, il crée le Collègeroyal, futur Collège de France,pépinière et vivier humaniste.

Le seul mot de passe,c’est l’homme.Gide

Attention !“Ceux qui parlent trop souvent de

l’humanité ont une curieuse tendance àdécimer les hommes.” Anouilh

Le souci pédagogiquetraverse le siècle, de Rabelais à

Montaigne. Mais la boulimie“pantagruélique” reste à l’échelle

humaine : une “tête bien faite”plutôt qu’une “tête bien pleine”.

L’éducation de la liberté s’oppose àla scolastique moyenâgeuse des savants

“pituiteux, chassieux et crasseux” et refusel’imitation servile des Anciens.

“ ”Au nom de l’homme

la substantificque moëlle.Rabelais“ ”

“ ”… D’après ton vouloir etpour ton propre honneur,modeleur et sculpteur detoi-même, imprime-toi la

forme que tu préfères.Pic de la Mirandole

Science sans consciencen’est que ruine de l’âme.Rabelais

“ ”

Secunda musculorum tabula, André Vesale

Erasme par Holbein

François Rabelais par Pierre Sablon

Le Pédagogue ridicule,G. Mathieu

Humani corporis mensura, gravure sur bois

Une révolution culturelle La “République des lettres”

Agrippa d’Aubigné par P. Scarburgh

Ce siècle,autre en ses mœurs,

réclame un autre style.Agrippa d’Aubigné

Guillaume Budé par Jean Clouet

Montaigneélu et réélu maire de Bordeaux

François Ier

CitoyenL’idéal d’héroïsme civique, emprunté aux Romains, prône un homme libre dans une cité libre ; hommed’action, il choisit l’engagement, le contact des autres,en artisan de son propre destin.

Soldat de la paixAprès les terribles pestes du XIVe siècle et lesravagesde la guerre de Cent Ans, Rabelais imagine la guerrepicrocholine pour condamner aussi bien les guerres

Champion ducosmopolitisme

A l’heure des grandesdécouvertes, curiosité et

mobilité signalentl’humaniste. L’Europe estd’actualité vivante, et les

voyages formentl’humanisme de la maturité.

… Un certain polygraphequi ne cesse d’user desa plume pour faire haïr laguerre et aimer la paix.Erasme par lui-même

Tout le monde est plein degens savants, de

précepteurs très doctes, delibrairies très amples.

Rabelais

“”

“”Entrée de

Henri II, roide France,

à Rouen(détail)

En continuelle mutation et branle.Montaigne

Saint Socrate, priez pour nous !Erasme

Notre monde vient d’en trouver un autre…Bien crains-je que nous aurons bien forthâté sa déclinaison et sa ruine par notre

contagion, et que nous lui aurons biencher vendu nos opinions et nos arts.

Montaigne

Humanisme et RenaissanceSphaera, XVe siècle

Comment oninstruit lajeunesse

“”

Étude d’un embryon,Léonard de Vinci

“ ”

Des idées et des hommesLe mot “humanisme” n’apparaîtqu’au milieu du XIXe siècle pourdéfinir le mouvement intellectuelassocié au réveil des langues et dela littérature anciennes, à l’époquede la Renaissance.

Au XVIIIe sièclel’esprit des Lumières reprendle flambeau : L’Encyclopédieet le mythe du bon sauvage.

Au XXe siècleL’Existentialisme est un Humanisme : un titre et un programme.

Héraut de la tolérancePour l’enrichissementpar la différence, au nom dela clairvoyance : ne dit-onpas, dans la symboliquedu XVIe siècle, que les

lunettes sont l’apanage des sots ?…

Frotter et limer notre cervellecontre celle d’autrui.

Montaigne

Je désire être citoyendu monde.

Erasme

Mercure,Jean de Bologne

Au collège deCoqueret,Dorat forme lafuture Pléïade,qui applique lesrègles humanistesau renouveau dela poésie et à

la “Défense et illustration dela langue française”.

“”

“ ”Les Ambassadeurs, Hans Holbein

De l’éducation libérale des enfants.Erasme“

Voyages en Amérique,Théodore de Bry

Adam et Eve, Albrecht Dürer

La Géhenne,gravure du XVIe siècle

La Saint-Barthélemy, gravure

Pierre Ronsard

Concert dans la courd’un château,

émail limousin

Un des projets initiaux duchâteau de Chambord

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Il faut instruire et plaire.La Fontaine

Puisque le mot “classique” n’existe pas, Voltairel’invente… en 1761 ! L’auteur du Siècle de LouisXIV appelle ainsi les “Modernes” pour lesdifférencier des “Anciens”… Il faut attendre leXIXe siècle et la réaction romantique pour quele classicisme prenne son sens actuel…

Blaise Pascal : Inventeur de génie - la machine àcalculer, la brouette… Polémiste de talent, aunom de la rigueur janséniste contre lechristianisme, trop laxiste selon lui, des jésuites.Écrivain dont “l’éloquence se moque del’éloquence”, pour le pari de la sincérité.“On croyait trouver un auteur, et l’on trouve unhomme.”

1685 Révocation de l’Edit de Nantes

1688-1697Querelle des Anciens et des Modernes

A l’origine, on appelle“classique” ce qui est depremier ordre, “digned’être enseigné dans lesclasses”. Le classicisme estun club d’immortels…

Le classicisme rayonnetraditionnellement,mais arbitrairement surtout le XVIIe siècle

Humanisme,christianismeet rationalismecomposent ensemblecette alchimie qu’onappelle classicisme

Point fixe horsde l’espace etdu temps, le classicismeexprime une tendanceuniverselle et unâge d’or, l’apogée detoute civilisation.

1635Fondation de L’Académie française1666Colbert installe la Bibliothèque nationalerue Vivienne1669Fondation de l’Opéra

1680Création de la Comédie-Française

Je suis maître de moicomme de l’univers.Corneille

Quand Versailles m’était conté…

Les allées du RoyMercenaires du plus grand des

mécènes, les écrivains sont reçus à lacour à l’égal des nobles courtisans et

Louis XIV est connaisseur… mais Colbertet Chapelain tiennent la liste des faveurs.

Chaque année, les “récompenses” sontrévisées… Racine commence au bas de

l’échelle pour finir historiographedu roi… au détriment de la tragédie.

La Fontaine, frondeur impénitent, joue leloup contre le chien… et attend un an la

ratification de son élection à l’Académie !

Dans les règles de l’artLe jardin à la française pour illustrer l’ArtPoétique de Boileau. Les arts et lettres vivent àl’heure des Anciens. Les sujets sont empruntésà l’Antiquité ; les règles classiques inspiréesd’Horace et d’Aristote sont inflexibles.

Au théâtre, les fameuses trois unités- lieu, temps, action - ont force de loi.La séparation des genres est garante du bongoût. Vraisemblance et bienséance sont lesmamelles de la France classique.

Les genres mondainsfont une entrée remarquée oùl’aristocratie se forge d’autreslettres de noblesse.

La grande règle de toutes les règlesest de plaire et de toucher.Molière

Colbert

Racine

Une comptinetrès classique :

Sur la Racinede La Bruyère,la CorneilleBoileaude La FontaineMolière.

Molière

La Bruyère

Boileau Corneille

L’honnête hommeLe héros cornélien a vécu.La naissance n’est plus seulgage d’aristocratie, et lesjeux de l’esprit remplacentla gloire des armes. L’art deplaire à la cour forge unidéal de modération,simplicité et respectd’autrui.

Il faut qu’on ne puisse dire qu’il estmathématicien,ni prédicateur, ni éloquent, mais ilest honnête homme : cette qualitéuniverselle me plaît seule.Pascal ”

Classicisme

L’éloge de la raisonLe Discours de la Méthode créel’esprit cartésien. La nouvelleAcadémie impose le bon

usage de la langue contre modes etpatois. Le grammairien Vaugelas donne sesRemarques sur la langue françaiseet les dictionnaires apparaissent pourdicter la loi du mot juste.

Genre-roi, il donne le ton. Tragédie etcomédie sont à leur apogée, et la maisonde Molière devient la Comédie-Française.Les divertissements royaux sont merveillesde machineries, où l’astre royalparaît en personne. Pascal dénonce le”divertissement“, mais l’église elle-mêmeest au goût du jour, et Bossuet fait sallecomble à chaque sermon.

Il y a une espèce de honte d’êtreheureux à la vue de certaines misères.La Bruyère

La parfaite raison fuit toute extrémité.Et veut que l’on soit sage avec sobriété.Molière

Petit Louis prend sa revancheet efface jusqu’au souvenir de

la Fronde (1648-1652) enimposant l’image souveraine

du Roi-Soleil.

Sous le signe du théâtre

Mon imitation n’est pas un esclavage.La Fontaine

On prend quelquefois le mot classique comme synonyme de perfection…

Ordre et beauté“L’art naît de contrainte, vitde lutte et meurt de liberté.”André Gide“L’enthousiasme n’est pas unétat d’écrivain.”Paul Valéry

La langue et le style“Toutes les sauvageriesdu monde ne valent pas unjardin à la française.” PéguyFrancis Ponge écrit Pour unMalherbe de façon à restituerà la langue française “l’ordreet la force”.

“Si, par classicisme, on veutexprimer qu’un auteur n’écritpas dans un style salopéou plein d’acrobaties inutiles,disons-le.” M. Yourcenar

Métier“Un romantique qui a apprisson art devient un classique.”Valéry

Modernité“L’avant-garde, c’est notretemps justement parce quec’est classique.”Ionesco

Une littérature après leclassicisme ?“En réalité, il n’y a pas delittérature classique ni delittérature romantique.Il y a, d’une part, la littératuresaine, intelligible, dont lesmots restent dans un rapportfidèle avec les objets qu’ilsdésignent et, d’autre part, lalittérature viscérale, qui s’estdonnée aux femmes et où lerespect des mots, de la valeurpropre a fait place au culte duflou, du vague, de l’étrange.”Marcel Aymé

“ ”

“ ”“ ”

“ ”

“ ”

“ ”

L’envers du décor

“ ”

Molière en habitde Sganarelle,gravure de Simonin

Louis XIV en Apollon,J. Werner le jeune

Dessin aquarelléde Durand

Pascal et les religieuses de Port-Royal

Vue perspective du château de Versailles, Pierre Patel

Molière

1661-1715Règne de Louis XIV

Le Roi Soleil

Costume deLouis XIVen Apollon

Contes et fables,ou le grain de folie dans

les rouages de la raison classique.Perrault et La Fontaine prennent date

pour une longue postérité.

Les lettressont un genre inéditoù s’illustrentune marquise,Mme de Sévigné,et un comtemystérieux,Guilleragues,traducteur de lanon moins mystérieuseReligieuse portugaise…

Maximes et mémoiresimmortalisent les noms de deux ducs,La Rochefoucauld et Saint Simon.

Le romanclassique s’intitule la Princessede Clèves, et Madame de La Fayetteinaugure l’ère du romanmoderne.

Et la poésie ?Le moi étant “haïssable”, lyrisme nerime pas avec classicisme. SeulLa Fontaine fait exception, “paysandu Danube” de son temps…

L’honnête homme

Gravure du XVIIe siècle

l’Ordre moral détournéLa Contre-Réforme étend sur la France

son intolérance très catholiquePersécutés, les protestants n’ontd’autre choix que la conversion

ou l’exil. La censure est instituée surtous les théâtres…

Misère et obscurantismeLa Bruyère exprime pour la première

fois avec Fénelon une révolte sociale.Philosophes avant la lettre, Bayle et

Fontenelle opposent les lumières de la science à la superstition.

Figure caricaturale de la Ligue

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Préromantisme

1761Rousseau

La Nouvelle Héloïse

1787Bernardin de Saint-Pierre

Paul et Virginie

1791Sade : Justine

1802Chateaubriand : René

1804Senancour : Oberman

1810Mme de Staël

De l’Allemagne

1816Benjamin Constant

Adolphe

1820 - 1850Romantisme

1820Début des traductions de

Shakespeare, Goethe, Shiller,Byron

Lamartine : Méditations

1823-24La Muse Française

Salon de Nodier à l’Arsenal fondation du journal Le

Globe

1828-30Le Cénacle chez Victor Hugo

1830Bataille d’Hernani

Stendhal : Le Rouge et le Noir

1843George Sand

La Petite Fadette

1833-44Michelet

Histoire de France

Ruines et cimetièresattirent le promeneur romantique - réjouissancesmacabres, messes noires et autres pratiquessataniques. L’exhumation est de rigueur : après

Herculanum et Pompéi, leMoyen Âge, l’art gothique,le baroque refont surface et lalittérature-troubadour piétineles ”vieilles perruques“…

Sous le signe de Satanle romantisme arbore sa face frénétique. Le roman noirest importé d’Angleterre. L’imagination déballe le grandjeu de la cruauté et du fantastique. Charles Nodierouvre le défilé des conteurs : Balzac, Mérimée, Gautier,Nerval, Villiers de l’Isle Adam : cauchemar ethallucination garantis… Place aux marginaux :

Don Juan, le poète maudit, le pirate, et Caïn, le mal absolu.

Le mal du siècleest nostalgie de l’AncienRégime chez desaristocrates dépossédés,rongés par un sentiment desolitude et d’échec. Avec le temps, la posearistocratique à la Byron,mort en héros à la bataillede Missolonghi, s’affadit en”bovarysme“ ou s’exaspèreen ”spleen“.

Le romantisme… est dans la manière de sentir.Baudelaire

Romantisme

Un classique,c’est un romantique arrivé.Edgar Degas

Êtes-vous romantique ?Si c’était…une couleur :Le Rouge et le Noirun animal :L’Albatros, de Baudelaireune maladie :la tuberculose, qui emportaChopin… et laDame aux caméliasun paysage :le mont Blanc ou les ruinesde l’Acropoleune fleur :Le Lys dans la vallée,

de Balzacun personnage historique :Napoléonun défi :la dictée de Mériméeun instrument de musique :le piano.

L’éternel romantiqueTous les écrivains qui prônentune littérature irriguée par lapassion et le vécu, contrel’impersonnalité. Unelittérature de confiance dans lacréation et l’art contre letragique de la conditionhumaine. Sachant que lesdjinns et autres vampires sontremplacés, depuis lesurréalisme, par les pulsionsou les complexes del’inconscient…

La force de l’exceptionLe grand poème de l’homme :Roger Martin du Gard,Jules RomainsL’élan vital : BergsonPassion et nostalgie : BarrèsLittérature de l’exploit, dudépassement : Malraux,Saint-ExupéryLittérature aux dimensions“totales” : ClaudelLittérature de la révolte :Camus.“

“ ”

…et lumière

Couleur localeDépaysement et recherche

d’absolu imposent le voyage.Explorant le passé, on fait

renaître les traditions et, auxquatre coins de l’Europe, se

lèvent des revendicationsnationalistes. Le goût du

pittoresque est un besoind’ailleurs : Colomba ou Carmen. Aux marches de

l’Orient, odeurs et couleurs, comme la saveurdes “verts paradis“ de l’enfance.

Barricades de l’histoireLe grand air de la libertéaccompagne les révolutions.Lamartine au balcon après 1830renvoie à Hugo, l’exilé duSecond Empire. Le poètedescend de sa tour d’ivoire.

Le socialisme naissant inspireune littérature de la colère.

Pour défendre la femme, le paysanexploité, la prostituée, le forçat, lesMisérables… George Sand, Vallès, Lamennais, et la grande voix de Victor Hugo, “écho sonore” de son siècle.

La poésie renaîtdu sommeil des Lumières, plusbelle que jamais. Pas d’artpoétique, mais ce ”vague des

passions“ quiexacerbe lesentiment etprivilégie le lyrismepersonnel.

Alfred de Musset

Monsieur Michelet, caricature duNouveau Panthéon charivarique,lithographie de Paul Hadol

“Une force de la nature”

Alfred de Vigny

Ombre…

Je suis leténébreux- le veuf -l’inconsolé.Nerval

“”

Littérature totale

Napoléon passant le coldu Grand-Saint-Bernard, David

Les plusdésespéréssont les chantsles plus beaux.Musset

“”

René, gravure de Delannoy

Des héros noirsQuand Chateaubriand invente René,sur le modèle du Jeune Werther de

Goethe, une vague de suicidesconsacre cette mode ravageuse.

”Ô mort, vieux capitaine…“consolation, refuge, évasion : outre-

tombe ou promesse de nouveau. Etdéfi sublime à la médiocrité

bourgeoise, le saut de l’ange noir. Mort violente, depréférence : Pouchkine tué en duel, Hölderlin emporté

par la folie, le suicide éminemment romantique de Kleist et de Nerval…

Le romantismen’est pas unedoctrine littéraire,c’est une façond’entendre la vie.Georges Duhamel

Voyageur au dessusde la mer de nuages

Caspard David Friedrich

1850Mort de Balzac

1855Suicide de Nerval

Hamlet et Horacio au cimetière,Delacroix

Affiche de librairie par Grasset (1887)

Goethe dans la campagne romaine,Tischbein

Femmes d’Alger dansleur appartement, Delacroix

La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime,

Pierre-Paul Prud’hon

… Les brumescolorées de l’Orient.

Nerval“

Le classicisme,c’est la santé ; le romantisme,c’est la maladie.Goethe ”

“A nous deux, maintenant !“Le rêve de Prométhéehante l’âme romantique.Passion, enthousiasme,goût de l’action forgentdes titans au chevet dumonde : le Balzac de laComédie humaine, Hugoet la Légende des siècles,Alexandre Dumas. Balzacinvente Rastignac, etStendhal Julien Sorel,les héros de l’énergieromantique.

La Liberté guidant le peuple Delacroix

La liberté dans l’artA bas les règles classiques, tout est permis,les genres se mélangent et les verrous sautent :prosaïser la poésie, poétiser la prose. Le drameromantique, sur le modèle shakespearien,révolutionne le théâtre. Le roman devientl’“épopée bourgeoise moderne” (Hegel) :

historique, social,régionaliste, policier,roman-feuilleton, à l’eaude rose… Les créateursrêvent de “sommes”,d’œuvres totales.

L’art n’a quefaire des lisières,

des menottes,des bâillons.Victor Hugo”

La Grande Chevauchée de la postérité,Grandville

Le romantisme esteuropéen. Né dans lesbrumes du Nord- Angleterre et Allemagne -le “Sturm und Drang”(Tempête et Assaut) reniel’esprit des Lumières.

La France est uneromantique tardive :une forte traditionnéo-classique et un certainNapoléon ne jurant que parl’“ancien régime” littéraire.

Le mot “littérature”acquiert son sensmoderne à l’époqueromantique : du concept techniqueà une conception créativeet esthétique.

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La terre est bleue comme une orange.Paul Eluard

“Quand l’homme a vouluimiter la marche, il a crééla roue, qui ne ressemblepas à une jambe. Il a faitainsi du surréalismesans le savoir” Apollinaireinvente le mot. Troisparrains : Rimbaud,Lautréamont et Jarry.

Le surréel ne s’opposepas au réel comme l’irréel,mais lui intègrel’imaginaire.Poésie contre roman.

Mouvement nonexclusivementlittéraire,qui remet en cause lasignification même del’art… sauf peut-êtrela musique. C’est uneactivité mentale.

Ce n’est pas une école,et toutes les expériencesfinissent par êtreindividuelles. Mais lesurréalisme a imposédans le monde entierune référence universelle.

Naissance du surréalisme 1919Les Champs magnétiques

André Breton et Philippe Soupault(1re “écriture automatique”)

• Benjamin Péret 1920

• Dada (Tzara) 1922• Desnos, Vitrac

1924La Révolution surréaliste

• Artaud, Queneau, Leiris, Limbour

1925 • Jacques et Pierre Prévert, Duhamel

• Soupault est “excommunié” 1926

1927Breton, Aragon, Eluard

et Péret adhèrent au PCF

•Vitrac (tiédeur politiqueet déviation artistique)

• Artaud (ostentation)

19292e Manifeste du surréalisme

• Desnos (coquetterie littéraire)

• Leiris, Prévert, Char, Sadoul, Dali

1930 Les exclus du mouvement

publient un pamphlet anti-Breton

1932 • l’“Affaire Aragon”

(positions infamantes)

• Roger Caillois

1933 Revue Minotaure

1935Suicide de René Crevel

• Le Grand Jeu (Daumal, Vailland)

1936 • Dali (conversion au fascisme)

1939 • Eluard (communisme)

1939-1945Breton s’exile aux USA

L’Honneur des poètes (1943) (Eluard, Aragon, Tardieu, Desnos,

Ponge, Seghers, Pierre Emmanuel, LoysMasson). Le Déshonneur des poètes,

Benjamin Péret (1945)

Desnos, Max Jacob assassinés par les nazis

Et il ne reste bientôt plus que Benjamin Péret auprès d’André Breton,

combattu par les communistes etconcurrencé par les existentialistes…

Mais, surréalisme pas mort… 1947

Un nouveau groupe autour de Breton.

• Alain Jouffroy, Sarane Alexandrian,Pieyre de Mandiargues

• Max Ernst 1954(auto-exclusion pour Prix de peinture,

Biennale de Venise)

• Joyce Mansour 1955

Revue La Brèche 1961

Mort d’André Breton 1966

Revue l’Archibras 1967-1969

1969• auto-dissolution du groupe surréaliste

• adhésion / • exclusion

Surréalisme“ ”

C’est de la boue dansla composition delaquelle n’entrentguère que des fleurs.André Breton

Retrouver la faculté d’émerveillement et forcer le réelpar le “hasard objectif” de la rencontre ou de la

trouvaille. Les objets se laissent détourner, manipuler,ré-inventer : “poème-objet” de

Breton, “objets à fonctionnementsymbolique” de Dali, ou “ready-made” de Marcel Duchamp : aulieu de faire d’un égouttoir une

œuvre d’art, il utilise unRembrandt comme planche à

repasser…

Au-delà d’Eros et de ses jeuxpervers hérités du grand

ancêtre, Sade, c’est l’émotionqui compte - la femme, comme

l’art, centre et circonférenced’une recherche primitive de“sympathie”. Mais la femme

surréaliste reste marginale dans le groupe. Malgré sesappels à l’émancipation, lesurréalisme est resté dans

l’alternative mythique : fée ou sorcière.

Table rase“Plus rien, rien, RIEN, RIEN, RIEN.”

AragonAnarchisme

“… une révolte absolue, une insoumission totale,un sabotage en règle.”

BretonTerrorisme

“L’acte surréaliste le plus simple consiste,revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à

tirer au hasard, tant qu’on peut dans la foule.”Breton

Révolution“Monde occidental, tu es mort… Nous nous

liguerons avec les grands réservoirs d’irréels.”La Révolution surréaliste, n° 4, 1925

L’humour noir estmorale et règle de vie,pour concilier la soifde jeu et le besoind’action. Mais “lesurréalisme au servicede la révolution” faitlong feu. Plus fort queMarx et le PCF, le rêvelibertaire et l’utopie…

Les réunions du groupese succèdent

et prennent toutes plusou moins l’aspect

de tribunauxrévolutionnaires.

G. Duhamel

La clé des champs

La clé des songes

Enfants de Freud, les surréalistessont oniriques mais pas

psychanalytiques. Le “sommeilhypnotique” est une technique pourfaire du rêve un moyen de création,non de transcription. Sans compter

que, de rêve à rév…olution…

Au nom de Freud et de Dada, des jeunesgens en colère, après la boucherie de14-18, découvrent les pouvoirslibérateurs de l’inconscient. Deuxétudiants en médecine au front : LouisAragon et André Breton, qui faitdécouvrir Freud en France et devient le“pape” du surréalisme. Mouvementcollectif, et provocateur. Revues, tracts,enquêtes, collages, séances d’hypnose,

expositions, manifestes et manifestations. Leur premier texte : Un cadavre,pamphlet iconoclaste aux funérailles d’Anatole France en 1924.

Portrait degroupe avec

scandale

Freud : l’honneurétoile noire (le Rêvedans le nouveau jeude tarots iventé par

les Surréalistespendant la guerre)

“Au Rendez-vous desamis”, Max Ernst.1 Crevel 2 Soupault4 Ernst 6 Dostoïevski9 Eluard 10 Paulhan11 Péret 12 Aragon13 Breton 17 Desnos…

La Clé des champs,René Magritte

Papillon-tract dada, 1922

Je chante pour chanter,je t’aime pour chanter.Eluard

Ailleurs, le voyage,anticipé par Cendrars, le

“bourlingueur”, et sublimé dansle cinéma ou les paradis

artificiels. Rêve multiforme,plongée dans l’inconscient qui

aboutit à la démence, chezArtaud, ou au suicide, Crevel.

Redécouverte de Nerval,romantique et fou etjustement suicidé…

Le cadavre exquis est un jeu de papierplié qui consiste à fairecomposer une phraseou un dessin parplusieurs personnes…

…beau comme la rencontre fortuite d’une machine à coudre et d’un parapluiesur une table de dissection.Lautréamont

Ou bien le salut par l’artRetrouver le sens du naïf, du

primitif, contre la civilisation,pour une survivance

“du temps et du rêve”.

Il y a un autre monde,mais il est dans celui-ci

Paul Eluard

Révolte sans révolution

Premier numéro dela revue, déc. 1924

Ecrire pour ne pas écrire…hypnose, écriture automatique,cadavres exquis, collages, frottages,décalcomanies… Le langage n’est plus communication, mais tremplinpour l’esprit. L’écriture doit donner la parole à l’imaginaire enfoui sous la conscience.

“”

L’œil existeà l’état sauvage.

Breton

“ ”

“ ””“

“ ”

“Le Faux miroir”,René Magritte

Louis Aragon René Crevel André Breton

Couverture de Nadja, André Breton

La Joconde, interprétée parMarcel Duchamp

André Bretonà Laval

La clé des songes, René Magritte

l’amour la poésie

L’aventure contre la littérature

“Une vague de rêves”

Étonnez-moi !…Dictée de lapensée, enl’absence de toutcontrôle exercépar la raison, endehors de toutepréoccupationesthétique oumorale.Breton ”

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Page 9: Litterature française (Panorama)

le Parnasse1860-1866Dans Émaux et Camées,Théophile Gautier enfermela poésie dans un écrin etLeconte de Lisle écrit des“poèmes-musées”. Au nomde “l’art pour l’art”, commeThéodore de Banville,José-Maria de Heredia,Sully Prudhomme.

PanacheStyle travaillé et tenue

sophistiquée. La pointe faitmouche : la préciosité

développe la satire, Proustécrit des pastiches, et

Huysmans a “le style de sesnerfs” (Valéry). Georges Perec,

virtuose des lettres, écrit toutun roman sans la lettre “e”…

Ô charme d’un néant follement attifé…Baudelaire

Exercices de style“ ”

Les Animaux de Chantecler, Daniel Thouroude de Losques, 1910

Heinrich von Meissen à la cour deRodolphe de Habsbourg,

Codex manesse

CourtoisieAu Moyen Âge, le courtois

habite une cour princière ouseigneuriale, par opposition au“vilain”. Au sud de la Loire, à

la charnière des XIe et XIIe

siècles, un arsenal de règlespour un idéal de civilisation.

Préciosité 1650-1660Entre baroque et classicisme,au XVIIe siècle. A l’hôtel deRambouillet ou dans le salonde Mademoiselle de Scudéry, lanoblesse n’est pas de naissance,mais de cœur et d’esprit. Êtreprécieux, c’est savoir donnerdu “prix” à sa personne.

Julie d’Angennes encostume d’Astrée, Claude Deruet, XVIIe

Dans la ruelle,au pied du lit de la dame, les précieux tournent le dos auxbanalités du monde, dans lacontinuité de l’enfermement courtois.Le tournoi remplace la guerre,

et la conversation la joute. Mouvement européen - euphuïsme en Angleterre, marinisme en Italie etgongorisme en Espagne. En France, L’Astrée, d’Honoré d’Urfé et la Carte du Tendre de mademoisellede Scudéry disent l’amour précieux.

Un monde à part

Haut les masques !

La beauté du geste

Une espèce nouvelle d’aristocratiebasée sur les facultés les plusprécieuses, les plus indestructibles etsur les dons célestes que le travail etl’argent ne peuvent conférer.Baudelaire

Maurice Barrès

“Égotisme”et “dilettantisme”,

de Stendhal au Barrèsde La Colline inspirée.

A Reboursdans le luxesubtil et morti-fère d’unedemeure à

l’écart du monde et des gens, vitdes Eisseintes. Le héros deJ. K. Huysmans est devenu le typedu personnage symboliste.

“Châtier” la langueLes précieuses se fabriquent

un jargon à coup demétaphores, périphrases etautres hyperboles. On leur

doit nos adverbes en ment, etcertains mots courants

comme ”lapin”, en placed’un “conil” jugé par trop trivial… Mais les “écluses du

cerveau” n’ont pas remplacé le bon vieux nez, ni les“commodités de la conversation” les fauteuils !…

Les précieuses sont fortementpersuadées qu’une pensée ne vaut rien

lorsqu’elle est entendue de tout lemonde…

Décadentisme.Les fins de siècles trouvent dans lalittérature un équilibre funambulesque.Du grotesque triste de Bouvard etPécuchet, où Flaubert fustige la bêtise,aux actes gratuits, à la manière deGide, une révolte qui n’existe qu’en cequ’elle est “éphémère, stérile,périssable”. Sartre.

A la recherchedu temps perdu.Malade et reclus danssa chambre tapisséede liège, MarcelProust fait del’observation d’unesociété artificielleune des œuvres les

plus profondes de notrelittérature…

Dandysme.Une mise pour parier sur sapersonne, par l’originalité etl’impertinence héritée dansles années 1830 d’un certainGeorges Brummel…

La cravate, c’est l’homme.Balzac

La Coquille, Odilon Redon

Au nom du style,Marivaux et Giraudoux perpétuent

l’héritage léger et pourtant si sérieuxd’une préciosité qui est d’abord féerie du

langage et des sentiments. Les puristesfont leurs gammes… Stendhal admirait le

style du Code Civil… Flaubert, dans son“gueuloir”, voulait faire un roman sur rien,

“qui tienne debout par le style”…

HermétismeMallarmé revendique l’obscurité des mots

au nom de la musique, et Verlaine écrit des Romances sans paroles…

ParadeA Julie d’Angennes, une guirlande de

fleurs… de rhétorique, commandée à dix-neuf poètes par son soupirant platonique,

le duc de Montausier. Le mariage eutlieu… quatorze ans plus tard !

Snobisme.Le mot, fabriqué

outre-Manche, définit une aristo-

cratie d’emprunt sousle vernis de la contre-

façon. Du côté dechez Swann, Proustobserve la foire aux

vanités un peu commeSaint-Simon la cour de Louis XIV… Au

lecteur de distinguer le vrai du faux !

J’ai parfois, dans ma vie,été bien malheureux, maisje n’ai jamais quitté mesgants blancs.Barbey d’Aurevilly

la Revue blanche, couverture de Abel Bonnard.Parmi les jeunes collaborateurs, un tantinet précieux,un certain Léon Blum…

Balzac et T. Gautier en visite chezFrédérick Lemaître, ThéophileGautier, aquarelle

La Guirlande de Julie, N. Robert

MimeUne comédie mondaine

avec des rites, où des“marionnettes” échangent

des signes. Les excèsvestimentaires corres-

pondent à ceux du langageet, devant le miroir, la

danse est menuet oupavane pour l’instant

d’un bonheur…

Ridicules, les Précieuses ?…

Je suis belle, ô mortels,comme un rêve de pierre.

Baudelaire

“Je suis belle”,Auguste Rodin

“”

“ ”

Robert de Montesquiou, par Giovanni Boldini :modèle proustien malgré lui… 1895

Théophile Gautier,

Jules Barbey d’Aurevilly

Sans prendre garde àl’ouragan qui fouettaitmes vitres fermées…Théophile Gautier

“”

“ ”

”Une “ruelle”, F. Chauveau

Un style qui serait beau…avec des ondulations, des

ronflements de violoncelle,des aigrettes de feu…

Flaubert

“”

Madeleine Béjart et Charles la Grange dans Les Précieuses ridicules, de Molière

L’art ou les manières ?

Le Bal, James Tissot

Un meuble de boudoir…mais un être pensant,jamais !Balzac ”

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La vie devant soioù l’action serait la sœur durêve. L’engagement est unetradition depuis l’humanisme.Mais notre siècle met l’écrivainau pied du mur de lalittérature : à quoi ça sert ?…

Absurde et cruautésortent la littérature des boudoirsfeutrés où elle se replie aprèschaque coup de semonce desréalités. Au risque de la tuerdéfinitivement ?…

Philosophe.L’existentialisme, après guerre, fait descendrel’écrivain dans l’arène.Sartre se réfère à l’humanisme,et Camus invoque Vallès, l’”insurgé”

Patenté…Un nom d’écrivain sur une cause, et “l’homme-termite” de Saint-Exupéry se retrouve en Terre des hommes… Calas- Voltaire, Dreyfus - Zola, Péguy et Barbussecontre la guerre, Vercors - Le Silence de lamer… à moins que ne se referme l’impasse des beaux sentiments…

Terroriste ?…Les surréalistes descendant un jour dans la rueavec leur revolver comme avec “… une gommeà effacer l’immondice humain.” Aragon

Changer la vie.Rimbaud

Dès le Moyen Âge, le Roman de Renart,contre le Roman de laRose, inaugure la traditionréaliste. Rabelais prend lerelais sur le modehumaniste.

Réalisme et idéalisme alternent périodiquementdans l’histoire littéraire. En plein Grand Siècle, lesburlesques - Scarron, Sorelet Furetière, qui préfiguredans son Roman bourgeoisle réalisme balzacien.

Diderot invente l’Encyclopédie et le dramebourgeois. L’école naturaliste se faitchampionne de la réalité auXIXe, et, de surréalisme enabsurde, le XXe siècledépasse la fiction.

Batailles du réel“ ”

pour le meilleur…La Satire Ménippée est l’œuvre decirconstance d’une poignée demagistrats et de bourgeois parisiensnourris d’humanités contre lesagissements de la Ligue pour enappeler au “sauveur”, Henri IV.… et pour le pireComme on brûle les livres, onassassine les poètes :

Théophile de Viau brûléen effigie ; Chénier guillotiné ;Robert Desnos, Max Jacob,massacrés.Chienne de vie…Villon réchappé du gibet,Sade embastillé, Verlaine et Genet emprisonnés.Une œuvre, et après ?…… Brasillach fusillé, Drieu laRochelle suicidé, Céline banni…

Pour réaliser le monde

Un dictionnaire des idées vivantesCe siècle invente ou dépoussière les mots de notremodernité - liberté, progrès, tolérance, nature -le bonheur en plus.

L’utile et l’agréableJamais la littérature n’a autantcoïncidé avec tous les “arts”,techniques, libéraux, de vivre etd’agrément. La connaissance est unemaîtrise du monde. Montesquieu fondeL’Esprit des lois et Buffon racontel’Histoire naturelle.

L’aventure de l’Encyclo-pédie

Plus de vingt ans (1750-1772), malgré censures et polémiques,

pour vulgariser l’ensemble desconnaissances.

Le bonheur est une idée neuve en Europe.Voltaire

M. de Buffon, parL. Carmontelle,aquarelle, 1769

Une bombeau milieude lalittérature.Goethe

Aux grands hommes la patrie reconnaissante : Rousseauet Voltaire sur la voie de l’immortalité, gravure anonyme

Le romancier réalistecrée un monde parallèle, maisaussi chargé de sens que levrai. Non pas un trompe-l’œil,mais une entreprise“scientifique”. De Balzac

faisant “concurrence à l’état civil”, aux 20 tomes desRougon-Macquart de Zola, la “rugueuse réalité”brutalise la littérature.

La “tranche de vie”saigne sous l’œil du microscope. Le romancier expérimental, commeClaude Bernard, observe jusqu’à lasensation presque matérielle deschoses. Le héros n’est plus un puresprit, et Zola invente la “bêtehumaine”.

Mais, sur “ce mondeoù l’on s’ennuie”,l’écrivain met une “note d’or et dechair”… Au réalisme agressif de ce“siècle de fer” répondent deslendemains qui chantent…

Journalistedepuis le XIXe siècle. Globe-trotter, grand reporter,l’écrivain raconte un vécu dont l’œuvre se nourrit ;d’où la prolifération des mémoires, journaux,autobiographies.

Intellectuelle mot se fixe vers 1898, àl’occasion de l’AffaireDreyfus. Pour la premièrefois, un groupe de combat -artistes, journalistes,

universitaires - entoure l’écrivain engagé.

Maître à penser.Depuis Lamartine et Hugo, lapolitique est une tentation.L’écrivain se tourne vers lepouvoir. Bernanos à la têtede l’Action française, face àAragon, directeur de Ce soir.Gide et Malraux vont à

Berlin réclamer la libération de Dimitrov, accusé del’incendie du Reichstag.

Un livredoit être

un danger.CioranComment peut-on être écrivain ?

Voltaire aux cent visages,aquarelle de Denon-Divers

Jaurès à la tribune, E. Vincent, 1910

Une œuvre d’art où il y a desthéories est comme un objet surlequel on a laissé la marque du prix.Proust

Je me révolte, donc nous sommes.Camus

“J’accuse” (Zola)

Au nom du despotisme “éclairé”Frédéric II de Prusse et la grande Catherinede Russie font appel aux philosophes. Mais esprit critique et obscurantismecohabitent… On brûle le Dictionnaire soi-disant hérétique de Voltaire, mais aussile corps décapité du jeune chevalier de laBarre, qui a commis le crime de le lire…

Une planche del’Encyclopédie

C’est la faute à Voltaire,…c’est la faute à Rousseau…Gavroche (Victor Hugo)

J’écris pour agirVoltaire

Au café, dit l’Absinthe, Degas, 1876

Les réalistes de talentdevraient s’appelerplutôt des illusionnistes.Maupassant

Zola et le triomphedu naturalisme,caricature deRobida, 1880.

La grève, Adler, 1899

Le vice et la vertu sont des produitscomme le sucre et le vitriol.

Taine

Sans titre, Grosz

La Chaise, Van Gogh

La fonction del’écrivain est defaire en sorte quenul ne puisseignorer le mondeet que nul ne s’enpuisse direinnocent.Sartre

les existentialistes(Douanier Rousseau)

Tout artiste aujourd’hui est embarqué dans la galèrede son temps… Nous sommes en pleine mer…Camus

André Malraux Antoine de Saint-Exupéry

Samuel BeckettGlouglou de vidange…Beckett

L’œuvre et la vie : même combat

“”

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“ ”

“”

XVIIIe

Que les Lumières soientXIXe

Dans le vif du sujetXXe

La littérature en marche

Fontenelle méditant sur la pluralité des mondes,gravure de Moret, 1791

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Le XXe siècle poseaussi le décor,mais dans unchamp de mines…en attendantl’explosion…

Dada,après 14-18,

sème le nihilisme pour mieux récolter la tempête du surréalisme.

L’absurde, après la barbarie, fait del’homme un “étranger” dans un monde de“malentendu” et de non-sens. Dansl’inutilité du désœuvrement existentiel, letragique n’est pas d’en finir, mais de n’enfinir jamais de ne pas finir…

De fantastique en science-fictionUtopie : il était une fois un mot…1516 : Thomas More crée le motUtopia pour intituler un voyageimaginaire vers une île idéale.1532 : Rabelais reprend le mot dansGargantua. 1752 : Première

définition officielle dans le Dictionnaire deTrévoux. Et le mot, traversant les siècles, inspireles États et Empires de la Lune de Cyrano deBergerac, l’An 2440 de Louis-Sébastien Mercier,l’Eldorado de Candide, et tous les voyagesimaginaires des livres.

Alors, l’idée germa dans les imaginations…Le romantisme intronise le mystère, et, de la“fantaisie” - merveilleux et féerique d’antan - tirele “fantastique”. La science détrône la magie, et latechnique remplace l’alchimie. Nodier, en tête,puis Mérimée, Maupassant, Villiers de l’Isle Adam.

Et, à Vingt Mille Lieues sous les mers…Un certain Jules Verne rêve de marcher sousl’eau… ou de voler, ou d’arpenter la Lune…comme, au XVIIe, déjà, Cyrano de Bergerac… Mais

la SF naît quand l’anticipation se faitplus mythique que magique.L’invention du premier sous-marin suitde dix ans seulement la descriptiondu Nautilus…

Le monde à l’enversLe burlesque inverse les valeurs et parleaussi bassement des choses nobles que

magnifiquement des choses vulgaires.Saint-Amant fait sérieusement l’éloge du…

melon ! Le grotesque s’oppose au sublimechez les romantiques : l’envers du beau,

non pas son contraire.

Il y aura toujours une pelle au vent dans les sables du rêve.André Breton

De la fantaisieau fantastique,la littérature pour fairela part du rêve…

L’écrivain, funambuled’un monde enéquilibre instable.

Et, quand le décors’écroule, une idée,un mot, pour recommencerà zéro.

Baroque1550-1560Du portugais “barroco”, pour désigner une perle irrégulière, le mot est d’abord employé enarchitecture dans toute l’Europe.Longtemps étouffé par le classicisme, il exalte la Contre-Réforme.

Agrippa d’AubignéThéophile de ViauTristan L’HermiteSaint-AmantCyrano de BergeracJean de SpondeLe Corneille de l’Illusion comique.

Burlesque1644-1660L’art de la parodie.Boileau, Scarron, et leur postérité :La Fontaine, Voltaire (Candide),Prévert, Queneau…

SymbolismeVers 1880décadents et vers-libristes.

Lautréamont, Verlaine, Mallarmé,Laforgue, Cros, Corbière, Nouveau,Kahn, Moréas…

Mondes et merveilles“ ”

Maquette pour“Pluton” dansProserpine de

Philippe Quinault

Quasimodo, un ange de la laideurdans Notre-Dame de Paris.

Du romantisme…Les paradis artificiels, pour oublier les“miasmes morbides” de la société industrielle.Tentations orientales et goût pour l’ésotérisme.Victor Hugo et le spiritisme ; Balzac et lesnouveaux alchimistes… Le “club deshachichins” est un repaire d’écrivains…

…au symbolismeLittérature de religion et religion de lalittérature, il inocule le mystère vénéneux ausein de la description du monde pourthéâtraliser, dénaturer le réalisme et saplatitude scientifique. A la limite de la stérilitéet du silence, Salomé présente pour l’éternité latête coupée d’une certaine modernité…

Jeune fille thraceportant la têted’Orphée,Gustave Moreau

Cyrano face à la Lune,Henri Maigrot, dit Henriot.

Un monde après la fin du monde ?

Voici le monde démondé…Gautier de Châtillon

Périodiquement, la violence,la guerre, le malheur.Après, tout est permis et,comme un défi à la mortvorace, le déferlement detous les sens montre, côté face une follesarabande, et côté pile le rictus du désespoir.

Rutebeuf, au XIIIe siècle, déplorece monde “bétourné”, qui a perdu

l’idéal féodal, et voilà que laRenaissance détrône l’homme du

centre du monde…

Mes regrets impuissants,mes sanglots violents,qui font dema raison uneguerre civile.Agrippa d’Aubigné

Le baroque,après les guerres

de religion et la Fronde,enferme le désespoir dans une

bulle dérisoire où la société tourneà vide. Instabilité, inconstance,

déguisement, miroir, bulle et balle,nuages et vent, eau qui coule,

feu, temps qui s’écoule,trompe-l’œil, métamorphose,

ostentation, spirale infernale,spectacle : le règne de la

métaphore, ou comment arrêter le mouvement de la vieavec les mots… pour mieux affronter la mort…

Le monde à l’envers gravure du XVIIe

J’ai tenté d’introduireun mot dépourvu designification : Dada.Tristan Tzara, 1921

DadaFondé à Zurich, au Café Voltaire, en1916, par Tristan TzaraPrélude au surréalisme

Science-fictionLe mot est importé des USA en 1950.Jules Verne, Rosny Ainé, Pierre Boulle,René Barjavel

AbsurdeAprès-guerre (39-45)Camus, Sartre, Céline, Beckett, Ionesco

Je tire de l’absurde troisconséquences qui sont ma révolte,ma liberté, ma passion.Camus

Le Triomphe de la mort, École d’Antoine Caron

Au pays des merveilles…

J’étouffe dansl’univers.Rousseau

L’épanchement du songedans la vie réelle.Nerval

C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière.Rostand

Un scandale, une déchirure, uneirruption insolite, presqueinsupportable dans le monde réel.Roger Caillois

Couverture de l’Eve future,de Villiers de l’Isle Adam

Ascension vers la Lune, àl’aide de “quantités defioles pleines de rosée”,attirées par le soleil,gravure du XVIIe

L’ennui naquit un jourde la réalité… Le rêve

entre en littérature avecle romantisme, et lesurréalisme en fera

le ressort systématiquede son inspiration.

La Porte du ciel, William Blake

“”

“ ”

Si ce Dieu visible éclairel’homme, c’est paraccident, comme leflambeau du roi éclairepar accident aucrocheteur qui passe par la rue.Cyrano de Bergerac

Le Bernin, Grenade

“”

Il joue avec les mondes,J. J. Grandville

“”

Invalides de guerre jouant aux cartes,Otto Dix

“ ”

Le Cauchemar, Johann Heinrich Füssli

“ ”

“”

“ ”Anges baroques, Raguse, Sicile

Le Travesti,Paul-Albert Laurens

Je est un autre.Rimbaud“ ”

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Sans rire… la comédie s’essouffle. Le Sage est ledernier des amuseurs. Marivaux pèse “des œufs de mouche dans desbalances de toile d’araignée”

(Voltaire), et Beaumarchaisinvente un Figaro plus frondeur

que rieur… Ne pas confondremarivaudage et badinage…

Engagé Les clercs font de la scène une

tribune. Sur le modèle deBrecht, le théâtre à thèse meten scène les grandes causes.

(Camus, Sartre, Gatti, Adamov)

Avant-garde Répertoire d’importation :

Pinter, Albee, Osborne,Durrenmatt. Le “Living

Theatre”… Théâtre d’auteur(Duras). Une idée du théâtre,

loin parfois de la littérature…

La Révolution, dès 1791, décrète laliberté complète des théâtres.

Condamnés à expliquer le mystère de la vie, les hommes ont inventé le théâtre.Louis Jouvet“ ”

Renaissance Le théâtre à l’italienne sépare la scène et la salle

et organise l’espace de manière à faciliter l’illusion.La salle semi-circulaire reproduit les clivagessociaux et deviendra le lieu d’exhibition par

excellence au XIXe siècle.

Comédie La comédie de mœurs et de caractère s’affirme avec Molière, contre la formeromanesque, toute d’invention et derebondissements, héritée du théâtreespagnol du Siècle d’or. Mais le pèredes “Comédiens Français” fait rire desridicules de son temps parce qu’il nerenonce ni à la farce ni aux bonnesvieilles conventions de la comédieitalienne.L’époque classique

installe les spectateurs de marque sur la scène et laisse le peuple - exclusivement les hommes - auparterre, debout. Les comédiens, même protégés

des “grands”, sont toujours excommuniés…

Pastorales et tragi-comédies

de l’époque baroquedisparaissent au nom de la

“bienséance” classique.

Sérieux Diderot invente, en 1757, sur le

modèle de la “comédielarmoyante”, le drame bourgeois ou

“tragédie domestique” : une idéede philosophe, un échec théâtral…

XIXe

La bataille d’Hernani plantele décor romantique. Avecson gilet rouge, ThéophileGautier fait la claque. La Comédie-Française transformée en champ debataille : une révolutiondans un sanctuaire…

Le Boulevard du Temple.

XXe

Plus populaire, plus éclaté, moins dépendant ducontexte littéraire. Le règne des metteurs en scèneet l’abolition des frontières culturelles, la fin des

lieux désignés, plus de rampe, un texte à“interpréter” au sens large… Décentralisation et

expression “totale” : théâtre en liberté.

BoulevardAprès Haussmann et la destruction duBoulevard du Temple, le théâtredevient bourgeois sur les GrandsBoulevards. Argent et adultère :l’amant est resté dans le placarddepuis le Second Empire… Opérette etvaudeville en tête d’affiche.

…et farceAlfred Jarry, sur lemode “hénaurme”,avec son père Ubu.

MéloBaptisé “Boulevard du Crime” pour

cause de mélodrame. Les “Enfants duparadis” applaudissent Frédérick

Lemaître en Robert Macaire et le mimeBaptiste Debureau. On appelait

“paradis” les loges où s’entassaientles spectateurs populaires.

Spectacle Le café-théâtre amuse avec lesmoyens du bord ; la parade du“Magic Circus” de Jérôme Savary,le dernier des saltimbanques…

AbsurdeUne farce tragique.

Dérision et défoulement. La plupart des auteurs sontétrangers… et un marginal,

Jean Genet…“Tout est permis au théâtre.”

Eugène Ionesco, roumain.Samuel Beckett, irlandais :

Fin de partie.

Georges Feydeau,Eugène Labiche,

Georges Courteline, Tristan Bernard,

Edmond Rostand,Sacha Guitry,

Marcel PagnolMarcel Achard

Paul ClaudelMaurice Maeterlinck,Jean CocteauJean GiraudouxJean Anouilh

Lugné Poe. Jacques Copeau.Le “Cartel des Quatre” : Georges Pitoeff, Charles Dullin,Louis Jouvet et Gaston Baty. Jean Vilar, Jean-Louis Barrault.Ariane Mnouchkine. Patrice Chéreau. Marcel Maréchal.Guy Rétoré. Jorge Lavelli. Jean-Marie Serreau. Roger Blin.Antoine Vitez. Guy Sobel…

Le théâtre c’est comme la messe, pouren bien sentirles effets ilfaut y revenirsouvent. Alain

Tragédie Elle naît, après l’interdiction des

mystères par le parlement de Paris,d’un retour aux sources antiques. Les

règles classiques sont établies en 1574sur le modèle d’Aristote. Tous les rôles sont tenus par des hommes.

Ni costumes, ni décors.La diction se doit d’être

grandiloquente et unchœur ponctue le

déroulement de l’action.

Farce Tradition comique française, entreMoyen Âge et Renaissance. La Farce de maître Pathelin (1464).Les jeux sont plus satiriques et les

soties, parades bouffonnes des “sots”, serventd’exutoire à une société pour qui “le rire est lepropre de l’homme”…

Le rideau refermé et des questions ouvertes.Brecht

“ ”

Religieux.Du Xe au XIIe siècle,

le drame liturgique met enscène les textes sacrés.

Puis, les miraclesillustrent les sermons, avec la vie

des saints. Aux XIVe et XVe siècles,les mystères représentent

la Passion du Christ.

La première tragédie française : Cléopâtre captive, d’Etienne Jodelle, en 1553.

XVIIIe

Contre le monopole de la Comédie-Française, desgenres nouveaux. Dans la “pièce en écriteaux”, le

public dit les textes, mimés sur scène par les acteurs :l’opéra-comique est né…

les premières comédies classiques régulières, diteshumanistes, apparaissent enItalie. Influencées par latradition antique, elles restentlimitées aux cercles lettrés. La Commedia dell’arte renoueavec les formes populaires du Moyen Âge et immortalise,

à travers ses personnages devenus des types conventionnels - Pierrot, Arlequin, Pantalon - la veine comique.

Le meneur des Jeux,Adam de la Halle

Peindre les hommes au naturel.Molière ”“

Corneille Racine

Décor de la tragédie, gravure du XVIe siècle

Le fils ingrat, Greuze XVIIIe siècle

L’acteur Keandans Othello, 1820

DramatiqueMélodrame + drame historique

= drame romantiqueAu nom de la liberté dans l’art, Hugo

revendique le mélange des genres. Chatterton de Vigny ;

Lorenzaccio de Musset.

Romantique.Anglomanie : Stendhal célèbre lavictoire sur Racine de Shakespeare…qui aura mis un siècle à traverser laManche… Kean, d’Alexandre Dumaspère ; Les Vêpres siciliennes, de Casimir Delavigne.

1880 : Antoine inaugure le règnedes metteurs en scène

Rêve Le symbolisme, sous l’influenced’Ibsen et de Wagner, invente le

théâtre poétique.

La Commedia dell’arte, école française du XVIIe siècle

Décor de la comédie, gravure du XVIe siècle

La loge au mascarondoré, Toulouse -Lautrec

Arlequin etColombine, anonyme, XVIIIe siècle

Ubu, dessin d’Alfred Jarry

Cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie.

Corneille ”“

Costume de Talma dansCinna, de Racine

Farce, vers 1330Mystère de la Passion de Valenciennes

Moyen Âge Les représentations, trop occasionnelles, ne

nécessitent pas de théâtres permanents. Sur leparvis des églises, les “demeures” représentent le

palais, l’enfer, le paradis…

Sarah Bernhardt,monstre sacrécomme Talma, ouRachel, dans sonrôle-titre : L’Aiglon.

La Perruque de Racine attaquée etdéfendue, lithographie de Mendhouse

Victor Hugo, Dévéria

M. Dazincourt dans Figaro

Entrepôts Lainé, BordeauxCour des Papes, Avignon

Loge un jour de spectaclegratuit en 1830, L. L. Boilly

Molière

Avatars du théâtre©

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Un poète est un monde enfermé dans un homme.Victor Hugo

D’origine grecque,le mot “poésie” signifie“création”.

Premier de tous lesgenres et dans tous lespays, par l’origine et dansl’ordre hiérarchique.

Un poète français, Sully Prudhomme, ouvreen 1901, le palmarèsNobel… Mais Saint-JohnPerse, prix Nobel en 1960,n’augmente pas sestirages…

Clefs pour la poésie“ ” Le monde dans un homme, tel est le poète moderne

Max Jacob

La prose ”marche“, dit Valéry,quand la poésie ”danse“…Même si, depuis Guillaume

de Machaut, les règles pré-définies limitent

l’improvisation, et malgré ledéfilé des ”arts poétiques“ - Du Bellay, Boileau, Hugo,

Moréas, Breton… Le XXe

siècle inaugure une poésie de la vitesse - plus de ponctuation- de la liberté d’expression - vers libre, calligramme - liée à

une esthétique nouvelle - cubisme, abstraction.

Des pouvoirs surnaturels…

Quand elle cesse d’être un bibelot de luxe, “La poésie devient

une activité de l’esprit”. Signé TristanTzara, père de dada, né à Zurich des horreurs de la guerre de 14.

Agrippa d’Aubigné et la StBarthélemy ; Chénier guillotiné ;

Apollinaire et Péguy, “poètesmassacrés” ; Robert Desnos et Max

Jacob, assassinés ; poètes de laRésistance, de toutes les guerres.

“Voleur de feu”, Rimbaud ; “l’enchanteurpourrissant”, Guillaume Apollinaire,

invente le mot “surréalisme” pour lesfuturs “magnétiseurs des temps

modernes” ; “dynamiteur archangélique”,Mallarmé écrit à une cadence de 20 vers

par an une poésie dite hermétique… Mais Malherbe ne

jugeait-il pasRonsard

illisible ?…

Les poètes viventde miracles.Cocteau

Ça a toujours kekchosed’extrême / un poèmeQueneau

Un regard“dévisager l’absolu”

Saint-Pol Roux

La bouched’ombre“magicien duverbe” Hugo

Écho sonore“Je décalquel’invisible”Cocteau

le Prince des poètes, Ronsard

Le cœur”…c’est làqu’est le génie”Musset

“Semelles de vent”Rimbaud

Charles d’Orléans et sa femme Marie deClèves, tapisserie du XVe siècle

Dans le noir nousverrons clair mesfrèresMichaux

Depuis les poètes de La Pléiade,”ministres de la Déité profonde“, en

passant par le poète romantique, ”mage“ et ”prophète“, le débat

est ouvert : technique ou inspiration ?

Sache, lecteur,que celui seravéritablement lepoète que jecherche en notrelangue, qui me feraindigner, apaiser,réjouir, doloir,aimer, haïr.Du Bellay

J’ai voulu nier, anéantir les soleils noirs de maladies et de misère, les nuits saumâtres, tous les cloaques de l’ombre et du hasard, la mauvaise vue, la cécité, la destruction, le sang séché, les tombes. Eluard

Déchiffreur, il trouve lescorrespondances, au-delà des

apparences. Pour faire co-naissance du monde, le nommer et

le créer en même temps. L’”alchimiedu verbe“ de Rimbaud, la ”chimie

verbale“ des surréalistes.

Poète, j’écris ton nom…

Sous la dictée des dieux…

“ ”

L’Inspiration du poète,Nicolas Poussin

Paul Eluard

“ ”De la musique…

Ange musicien, Rosso

Guillaume Apollinaire

Affiche pour laLibération de Paris,Paul Colin (1944)

La Muse inspirant le poète,Henri Rousseau

L’honneur des poètes

“ ”

Trois pendus,François Villon

Clément Marot

Joachim du Bellay

Victor Hugo

Goethe et la métamorphose des plantes,André Masson

Rimbaud par Verlaine

André Chénier

Charles Baudelaire

Saint John Perse

“Ses ailes degéant l’empêchentde marcher”Baudelaire

“”

Calligrammed’Angot del’Eperonnière

Soyez symboliste,portrait-charge de JeanMoréas, Paul Gauguin

Quand priment les “facultésdescriptives ou instructives” que refuse Rimbaud, le “voyant”…Quand Vigny invente la tour d’ivoirepour conjurer le malheur d’êtrepoète dans un monde matérialiste…Quand les tenants de “l’art pourl’art” se retirent sur le Parnasse…Quand Le XXe siècle favorise la recherche personnelle et la poétique au détriment de lapoésie, une “parole en archipel”selon René Char

Et le poète…Se jura que

la mort nel’aurait pas

vivantCocteau

Il est mort, le poète

Pour faire le portrait du poète

Le frontceint delauriers,

Époque féodale :de la chanson de geste à la poésie…

Troubadours et trouvères, du Sud au Nord de laFrance. La poésie est d’abord aristocratique ;

Rutebeuf, au XIIIe siècle, la popularise.

Pré-Renaissanceou naissance du lyrisme personnel

Le pionnier, au XIVe siècle : François Villon, Charles d’Orléans, Alain Chartier, Christine de

Pisan

La Renaissanceapplique l’humanisme à la poésie

Clément Marot, Marguerite de NavarreÉcole Lyonnaise : Maurice Scève, Louise Labé,

La Pléiade

Le classicisme,après l’explosion baroque.

Malherbe et Boileau : l’art poétique contre la poésie ?Tristan l’Hermite, Saint-Amant, Théophile de Viau :

le baroque n’est reconnu qu’au XXe siècle

Le Siècle des lumières… et des idéesle poète, “grotesque du genre humain”

(Montesquieu). Chénier sauve l’honneur.

Romantisme = poésie“… Quand verra-t-on naître des poètes ? Ce sera

après les temps de désastres…” DiderotLamartine, Hugo, Vigny, Baudelaire, Nerval. Et

pour finir, le Parnasse, ou l’“art pour l’art”,réaction esthétique aux épanchements.

Gautier, Banville, Leconte de Lisle, Heredia

Des décadents aux symbolistesCros, Corbière, Nouveau, Moréas, Laforgue,

Verhaeren, Maeterlinck, et un chef de file,Mallarmé.

Le XXe siècle invente le Vers-librismeApollinaire, Péguy, Valéry, Claudel.

Les fantaisistes : Carco, Fargue, Salmon, Toulet ;L’exotisme : Segalen, Cendrars

Entre-deux guerres : Dada et le surréalismeTzara, Breton, Soupault, Aragon, Péret, Desnos,

Eluard, Crevel…

Après-guerre : retour du Lyrisme…Reverdy, Jacob, Jouve, La Tour du Pin, Supervielle,

Cocteau, Saint-John Perse, Pierre Emmanuel

…Ou place au réalisme ?Prévert, Char, Queneau, Ponge, Leiris, Caillois

Contre-lyrismeFollain, Guillevic, Frenaud, Tardieu

Années 60 : sciences humaines et poésieQueneau et Perec créent l’OU.LI.PO.(Ouvroir de Littérature Potentielle) :

un laboratoire de poésie.

Jean Rousselot recense 749 poètescontemporains… Bonnefoy, Du Bouchet, Roche,Roubaud, Tortel, Jaccottet, Deguy, Faye, Jabès,

Pleynet, Risset, Benezet, Perros…

Jean Cocteaupar lui-même

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Le Chevalier, miniature extraiteduBréviaire d’amour d’Ermengol

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Pour faire le portrait du poète

Un roman est comme un archet, la caisse du violon qui rend les sons, c’est l’âme du lecteurStendhal

Le “roman” est à l’origine un récit en vers et enlangue vulgaire, qui s’oppose à la chansonde geste. La prose nes’impose qu’au XIVe siècle.

La langue française utilise le même mot pour désigner levraisemblable et lafantasmagorie (“novel” et“romance” en anglais)

Mineur et bas, à l’origine, le roman est devenu genre-roi.Moyen Âge

AntiqueRoman d’Alexandre,CeltiqueTable Ronde, Perceval(Chrétien de Troyes)CourtoisTristan et IseutRoman de la RoseParodique animalierRoman de Renart

RenaissanceChevalerieLes conteurs

XVIIe

PrécieuxPastoral HéroïqueBaroqueParodique (Scarron,Sorel)Trivial (Furetière)ClassiqueDidactique (Fénelon)Psychologique(Mme de Lafayette)

XVIIIe

Epistolaire(Montesquieu,Rousseau, Laclos)Picaresque(Le Sage)

Philosophique(Voltaire, Diderot)Sentimental (l’Abbé Prévost)Fantastique(Cazotte)

XIXe

Tout un romanAfin que ceux quine comprennentpas le latinpuissent prendreplaisir au roman.Chrétien de Troyes

La fictioncommence au XIIe siècle, quand meurtla chanson de geste. Le temps réel de

la narration remplace le tempsmythique du héros guerrier et de ses

exploits. Le roman remplace l’épopée.

L’intrigue devient analyse psychologique

et l’individu centre de lanarration. Souci de la

vraisemblance etsimplicité du ton signent

le roman moderne. Exit leconte, dont Rabelais etMarguerite de Navarre

ont fait l’agrément de laRenaissance.

Romancier,à l’origine, est unverbe qui veut diretraduire un textelatin en français,puis raconter enfrançais.

Naissance du roman

Sans lieu ni loi, le roman est dugenre attrape-tout …Indiffé-

remment poétique, dramatique ouautre, il est essentiellement

multiforme. C’est pour endiguerses débordements - 5 000 pages

de L’Astrée ! - que le classicismeinvente le roman moderne ; et, parcrainte de donner l’air de céder à

la fiction, les Lumièreschoisissent le mode épistolaire

ou philosophique. Mais,décidément bien noir, le roman,

de Laclos à Sade, ose faire de labonne littérature avec les plus

mauvais sentiments ! Et dire que,depuis le XVIe siècle, Don

Quichotte se bat contre les

Mauvais genre…

Ce vague délicieux, riche de surprises attendues, qui est le romanesque.Proust

Cherchez la femme !le roman, d’origine courtoise,

illustre un idéal de sociétéraffinée et pacifique, dominée par

les femmes. Fait pour être lu, etnon plus chanté, il engendre un

spécimen nouveau, la lectrice. Leromanesque prend vite réputation

de “romansonge” et de frivolité,doublée d’effet pervers. Voir DonQuichotte… et Madame Bovary,

amoureuse et sulfureuse,condamnée avec Les Fleurs du

Mal pour atteinte aux bonnesmœurs… Les dernières grandes

héroïnes emportent dans la mort leromanesque, né sur la Carte duTendre… Mathilde de la Mole,

Thérèse Raquin, ThérèseDesqueyroux… Or, le roman n’est-

il pas la première conquête descréatrices féministes ?

Tout est romanRomantisme

rime avec roman, quidevient un instrument

privilégié d’expression,en totale liberté

d’inspiration. Peu à peu,la Révolution industrielle,

la presse à grande diffusion,

l’alphabétisation donnent auroman un rôle d’initiation

au monde moderne.

Démiurges Balzac, humble“secrétaire” de la société française,donne avec sa Comédie humaine une description encyclopédique duréel. A partir de 1850, Zola, pape dunaturalisme, invente le “romanexpérimental”, sur le modèle dupositivisme scientifique.

Lesécrivainsn’invententjamais rienBalzac

Roman-feuilletonLes plus grands se

soumettent à la dureloi du rendement

avec un championtoutes catégories,

Eugène Sue…

Social etrégionalisteHugo, GeorgeSand, Zola,Jules Vallès

FantastiqueMérimée,Maupassant,Villiers del’Isle Adam

MœursInvention duXIXe siècle,réaliste ettotalisant.

XXe

Roman fleuveR. Martin du GardJules RomainsPopulisteLéon Lemonnier,André Thérive (1931)ÉthiqueSaint-Exupéry,MalrauxMétaphysiqueSartre, CamusPoétiqueBernanos, Colette,GionoNouveau RomanMichel Butor, AlainRobbe-Grillet,Nathalie Sarraute,Claude Simon(années 50)

HistoriqueInspiré de Walter

Scott, il trouve sonmaître en Alexandre

Dumas.

AutobiographiqueRené, ChateaubriandAdolphe, B. Constant

Obermann, Senancour

PolicierProduit d’impor-tation, via EdgarPoe. Avec unetradition française- Gaboriau, Leroux,Leblanc.

AnticipationJules Verne,prophète de lascience-fiction

ExotiqueA l’ère de la machine àvapeur et de lacolonisation, avant les“bourlingueurs”…

Roman nouveau

Le roman est un miroirqui se promènesur une granderoute…Stendhal

Stendhal rompt avec la narration

linéaire pour élireun “point de vue” àpartir duquel mener

le récit.

Flaubert invente leroman-œuvre d’art,contre le schémaclassique “intrigue-narration-personnage”.

Céline veut “retrouver l’émotiondu “parlé” à traversl’écrit”, la véhémencepersonnelle au détriment de la repré-sentation du réel.

Marcel Proustne veut plus conquérir le mondemais l’élucider,A la recherche dutemps perdu.

André Giderecherche le “romanpur”, où l’histoire sepasserait dans laconscience.

Vivant sansentrailles.Valéry

L’intrigue,disloquée, se noie dans

l’absence dechronologie, la

fragmentation de lasyntaxe et le dédain de

l’histoire.Le personnagen’est plus le héros

parfait de l’épopée,encore idéalisé dans leroman réaliste. Réduit à

un regard, une voix, ilfait du roman un

monologue intérieur.

Le romanciers’efface en narrateuranonyme devant la“vaste conscience”d’une créature qui ne sedéfinit plus par sonambition sociale, maispar son doute, voire sonéchec, et la myriaded’impressions qui vontavec…Le lecteurest prié de quitter sadéfroque passive de“liseur”…

De La Princesse de Clèves àl’”égotisme”stendhalien, un instrumentd’éducation et deconnaissance de soi.

Le roman est unpoème en prose.Boileau

Honoréd’Urfé et les5 000 pagesde L’Astrée

Le Roman comique décrit la vie d’unetroupe de comédiensambulants. Réalismeet gaieté par unmaître du romanparodique.

Marguerite deNavarre, conteuse,écrit l’Heptaméronsur le modèle duDécaméron deBocace

Actualité romancéele roman du fait diversRoman photoCiné-romanAlain Robbe Grillet

Attention, roman !Le roman contemporain est à deux vitesses. D’un côté,

les “créateurs”, qui privilégient l’écriture (Duras, Le Clezio, Modiano), de l’autre, les classiques, quireviennent à l’intrigue (Tournier, Yourcenar), et les

amuseurs, parfois marginaux - sentimental, policier,SF, BD, etc… Sous le signe romanesque traditionnel,

le roman coule encore des jours heureux…

Madame de La Fayette

Les comtesses de Blot et de Barbantane, Carmontelle

L’apparition du Graalaux chevaliers de laTable ronde,manuscrit du XVe

“ ”

“ ”

“ ”“

Nana, Manet

Scarron

René, gravurede Delannoy

Illustration pour Zadig, de Voltaire

Balzac Zola

Stendhal Flaubert

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Cet obscur objet du désir, le corps féminin. Les blasons

où s’illustrent Marot et sesamis au début de la

Renaissance, ou l’érotismeau détail… Tandis que,

retournant la rhétoriqueamoureuse traditionnelle…,

c’est l’homme qui devientobjet érotique.

Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre…La Fontaine

Lettres d’amour

Quelques couples de la littérature

Dans la vie…Héloïse et AbélardMme de Staël etBenjamin ConstantChateaubriandet Mme RécamierGeorge Sand et MussetBalzac et Mme HanskaAragon et Elsa TrioletEluard et NushSartre et Simone deBeauvoir (le castor)…

… et dans les livresTristan et YseultRodrigue et ChimènePhèdre et HippolyteJulie et Saint-PreuxPaul et VirginieManon et Des GrieuxRodrigue et Doña ProuhèzePelléas et Mélisande…

“ ”

Les jeux d’Erosou “l’enfer” en vocabulaire

bibliothécaire… Apollinaire :Les Cent Mille Verges ;Mirbeau : Le Jardin des

supplices ; Aragon : Le Cond’Irène, et cette fameuse

Histoire d’O, signée PaulineRéage et seulement préfacée

par Jean Paulhan ?…

La cristallisationou la naissance de l’amour.

“…C’est l’opération de l’esprit,qui tire de tout ce qui se

présente la découverte quel’objet aimé a de nouvelles

perfections.” Stendhal

Éducation sentimentale.L’idéal est féminin, comme les délices,

amours et orgues où se complaîtl’exception grammaticale. Ronsard

- Cassandre, Chateaubriand - laSylphide, Nerval - Aurélia… Marot a

décrit ce monstre adorable, une femme,Marguerite de Navarre…

La leçon d’amourest un éternelrecommencement.Art d’aimer, plaisir d’amour,chagrin d’amour, dans tousles genres, sur tous les tons,“je t’aime” est unedéclaration…de guerre, parfois.

Version galante Comme un livre

Dans la Cité desfemmes, l’amour

est poétique etplatonique. La Belle Dame

sans merci, derrière les toursde son château, écoute le

troubadour, genou à terre etmain sur le cœur, lui rendre“service d’amour”, pendant

que son chevalier guerroie auloin. L’amour courtois est une

passion blanche.

Les précieuses inventent la“carte du tendre”, champ closde l’amour, qui s’y déplacecomme un pion sur un terrain

de mines. Lapréciosité prône lemariage à l’essai,voire l’union libre.“On ne badine pasavec l’amour…”Musset contreMarivaux, maîtredu discoursamoureux avec

trente-deux comédies sur l’amour. Pétrarqueinspire Ronsard puis Honoré d’Urfé, auteur deL’Astrée, le premier roman d’amour de la littératurefrançaise. Marivaudage,bavardage sur l’amour, l’amour de l’amour, qu’on retrouve chez Giraudoux, et Prévert…

Sur le fleuve amour, mêmesi les “intermittences ducœur” se moquent de lagéographie… Amour à

mort. Flotte l’ombre de lamort. Corps désexualisés,

amour éthéré : les lits sontdes tombeaux. Ophélie se

noie dans des rêves demystère. Ou bien, c’est la foliemeurtrière de Sardanapale, la

mort aux couleurs du désir.Romantisme. Amour de tête. Leshéroïnes stendhaliennes. Amour

noir. Thérèse Raquin, ThérèseDesqueyroux, meurtrières,

marginales.

Passion fatale. Depuis Tristan et Yseult,

la tentation d’un amour absolu joue la destinée contre l’amour.

L’amour-passion marque la littérature au fer rouge du malheur d’aimer.

Dans Belle du Seigneur, Albert Cohenreprend ce legs de la chevalerie,

fatal à l’amour. Jalousie …Signe d’unamour exclusif. Pour Marivaux,

elle révèle la naissance de l’amour ; Proust y voit l’expression même

de l’amour, cause et volupté de sasouffrance, qui meurt avec lui.

Il n’y a pas d’amour heureux

Vénalité. Le mythe de la P… augrand cœur… Carmen, MarionDelorme, Marguerite Gautier,autant de courtisanes purifiées parla passion, et la littérature…Banalité. Quand l’absurde s’enmêle… le ”huis clos“ oppressantdu couple, et La Cantatrice chauve,M. et Mme Smith, ou la conjugalitépar défaut…

Si c’était àrecommencer,je te rencontreraissans te chercher.Paul Eluard

Que la fête commence !

Le scandale amoureux éclate avec le libertinage. La Fontaine, conteur licencieux, ferait un bon Don Juan, dansl’esprit de Molière ; rien à voir avec ce personnageau regard froid, qui agit avec méthode contre lamorale et la vertu, incarné par Valmont dans Les

Liaisons dangereuses.On appelle ”bijoux indiscrets“des sexes qui parlent… Diderotles imprime au “Monomotapa”,mais, lestes et effrontés, ilsappartiennent au jeune XVIIIesiècle… avant le moralisme de

Rousseau et Bernardinde Saint-Pierre…Sodome dans le boudoir,des limites de l’érotismeà la jubilation tragiquede la perversion.Casanova et Restif de laBretonne, mais surtout le”divin marquis“, Sade,dernier des aristocrates,ou l’art de la débaucheavant la Révolution.

Si, de mes bras le tenantaccolé,Comme du lierre est l’arbreencercelé…Louise Labé

L’amour à l’ombre vénéneuse et mortelle.Breton“ ”

Amour fou. Le surréalisme créeune femme nommée désir et luivoue un véritable culte.Arrache-cœur. Entreromanesque et romantique :Chloé est belle, Colin est riche.Ils s’aiment. Mais Chloé tombemalade ; un nénuphar luipousse dans la poitrine et ellemeurt… L’Écume des jours, une“love story” signée Boris Vian.

Les contes de fées sont les romansérotiques des enfants.Jean Paulhan

“ ”

“”

“”

Corps féminin, cœur d’homme et tête d’ange.“ ”

Gabrielles d’Estrées et une de ses sœurs,École de Fontainebleau

Les Funérailles de l’amour, Atelier d’Antoine Caron, XVIe

L’idée du crime sut toujours enflammer les sens et conduire à lalubricité.

Sade

Eve, Cranach (détail)

“ ”

Les Amants,Magritte

Hercule et Omphale,François Boucher

Allégorie de l’amour ou de l’eau,École française

Pheodora, ou la forêtde Minki, roman

de Mary Charlton

La Carte du tendre des précieuses, parue en 1654 dans Clélie, de Mademoiselle de Scudéry

Fausse amour ou lemariage, Miniature duXIVe siècle

Dans le jardin d’Amour, Miniature du XVe

Vénus et Cupidon,Lucas Cranach

Le Tombeau des lutteursMagritte

Le Verrou, Fragonard

Le Baiser,Rodin

Le cœur fourobinsonne à traversles romans.Rimbaud

Mignonne,mignonne,si tut’imagines…”

Tristan et Yseult,enluminure du

XIVe siècle

“”

Le Baiser, Gustav Klimt

ManuscritL’Amour, la poésie,Eluard

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Pour moi donc j’aime la vie.Montaigne

Vivre, c’est apprendre à mourir.Montaigne

A la vie, à la mort“ ”

La danse macabreA la fin du Moyen

Âge, après lesgrandes pestes, la

“camarde” s’installe.Le christianisme

impose le réalismemorbide de la danse macabre et l’art

baroque de la Contre-Réforme donne lamort en spectacle. Le Triomphe de la Mort,

inspiré du cavalier de l’Apocalypse,traverse les âges jusqu’à Cocteau, qui

actualise le thème au cinéma, dans Orphée et ses

La vie en fleur,selon le titre du romand’Anatole France, ou l’hymne àla vie… On la voit en rose chezles épicuriens, qui ont pourdevise le fameux “carpe diem”…

Le don de vivre a passé dans les fleurs.Valéry

Cueillez dès aujourd’huiles roses de la vie…Ronsard

Le but de notre carrière, c’est la mort…Montaigne

Peau de chagrinPour dîner avec le diable, il faut, ditla légende, une grande cuiller… Le

pacte démoniaque est l’éternelletentation de la littérature et, comme

Don Juan, il est des héros témérairesprêts à braver les flammes de l’enferpour brûler la vie par les deux bouts.

Mais, inexorable, la “faucheuse”…

Mort saisit sans exception.Villon

Choses de la vieQuand le Nouveau Roman choisitde raconter la vie par le menu, leroman meurt … et de la vie restel’écume des jours et des choses.Madame Bovary ne choisit-ellepas le poison contre lequotidien ?…

Car la vie est passée avantqu’on ait pu vivre.Hugo

Mort à créditla belle mort

survient à l’heure dite, et àl’improviste… Douce et

naturelle, elle n’est qu’unsommeil sans retour…

Le suicideest romantique quand il fait de

la mort une consolation, unedélivrance, une récompense.Rien à voir avec le suicide philosophique

des stoïciens ni avec la provocationsurréaliste, L’Invitation au suicide de

Philippe Soupault, par exemple. Mais RenéCrevel a appliqué La Mort difficile…

…Elle est la nuit de ce jour inquiet qu’on appelle lavie.

Notre grans et glorieux chefd’œuvre c’est vivre à propos.Montaigne

mais sans mode d’emploi.Alors, prendre la viecomme elle vient : sagesse“Quand je danse, je danse ;quand je dors, je dors…”(Montaigne). Ou bien sedépasser avant detrépasser : la passion “La vie est double dans les

flammes” Vigny. A chaque époque sonmode de vie, des modes qui passent etreviennent, comme la vie et la mort,éternelles…

La mort entre lesdents, ou du moinsentre les gencives ;car de dents je n’enai plus…Voltaire

La vieillesse

et la maladie…

Un seul être vous manque…car la vie est assez cruelle pour

donner et reprendre. La mort d’un êtrecher, d’un enfant. Léopoldine Hugo,

“La Jeune Captive” d’André Chénier.Mort, où est ta victoire ?

La guerreDe Rabelais à Céline en

passant par Zola,Barbusse, Dorgelès,

Malraux, Giraudoux, lalittérature est pacifiste et

crie avec Benjamin Péret :Mort aux vaches et au

champ d’honneur.

La guerre n’est pas unemaladie… C’est un malinsupportable parcequ’il vient aux hommespar les hommesSartre

La mort, spectre masqué, n’a rien sous sa visière.Victor Hugo

Le soleil ni la mort ne se peuvent

regarder fixement.La Rochefoucauld

Entre la vie et les livres

Et Dieu créa l’auteur…Pour témoigner, l’historien - pour juger, le moraliste - pour observer et décrire…

…et, l’auteur se prenant pour Dieuse mit à romancer, poétiser,dramatiser le mondeenvironnant… Il n’hésita pas,romancier tout-puissant, à créeret recréer des hommes et desfemmes à son image, faisantd’apparents personnages desêtres si vraisemblables… Enfin,pour ne plus rien devoir à sonillustre créateur, voilà l’écrivainqui se recrée lui-même…

Ainsi naîtl’autobiographieLe mot apparaît vers 1800 et sedéveloppe avec le romantisme,qui introduit une dimensionpersonnelle dans l’écriture.Mais il y a déjà eu le Montaignedes Essais et les Confessions oùJean-Jacques pose pour lapostérité de Rousseau. Mêmes’il en est qui rusent encore : JV = Jules Vallès ou JacquesVingtras ?…

La mort ne m’intéresse pas, la mienne non plus.Colette

Musiciens pour une danse macabre, XVe

Danse des morts, XVIe

La Belle Rosine, Antoine-Joseph Wiertz, 1843

La Chambrière et la mort, XVIe

…beauté des jeunes mourantes et desfleurs qui se fanent… de la maladiequi mine, de l’amour qui dévore, del’art qui tue ; la mort est partout…Sartre

La mort aux trousses

La vie devant soi

Je hais les livres ; ilsn’apprennent qu’à parlerde ce qu’on ne sait pas.Rousseau.

Le mépris des livres au nomde la vie est une ânerie.Julien Benda

Une récitation du monde.Georges Pérec

La mort du fossoyeur, Carlos Schwabe Flore, Rembrandt

Eva Prima Pandora, Jean CousinL’Étreinte mortelle, Armand Rassenfosse, pour Les Fleurs du mal

La Guerre, Arnold Böcklin La Consolation, Fred Stevens 1857

Caricature,Grandville

Baudelaire et Victor Hugo par eux-mêmes

Vanité au cadran solaire, École Française du XVIIe

Bacchus adolescent, Le Caravage

Le Printemps, Botticcelli (détail)

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La fêteLes libertins du XVIIesiècle lancent lafarandole et le plaisirentre dans le métierd’écrire. Les annéessont folles à Montparnasse : La Closerie des Lilas,Le Select, Le Dôme, LaCoupole, La Rotonde…Au Bœuf sur le toit, letout-Paris entoureCocteau et Sachs,Fargue, Radiguet endécouvrant le jazz…

A Montmartre, de1878 à 1884, au Chat

Noir, coexistenthydropathes, hirsutes,

Zutistes,Jemenfoutistes,

littérateurs de la“décadence”

La littérature est une propriété de l’espritPaul Valéry

Scènes de la vie littéraire“ ”

Qu’est-ce qui fait courir les écrivains ?Pour un fauteuil,la voie royale est une coursed’obstacles… Aux auteurs refusés, la patrie reconnaissante offre larançon de la postérité : Stendhal,Balzac, Baudelaire, Verlaine ou Zola, pour mémoire…

L’Académie Françaiseest créée par Richelieuen 1635 pour “normaliser”la langue française.Le premier dictionnaire

date de 1694. L’habit vert n’apparaîtqu’en 1801 et le premier romancier n’estadmis qu’en 1856… En 1980, la premièrefemme parmi les “immortels” :Marguerite Yourcenar.

Quand je n’aurai plusqu’une paire de fesses

pour penser, j’irail’asseoir à l’Académie

Bernanos

Pour un prix… et il y en a 1500 à tenter par an… depuis leXIVe siècle et les “Jeux floraux” del’Académie de Toulouse…

Le Goncourt date de 1903. Le lauréat, désignéchez Drouant, reçoit un chèque symboliquede 50F… et la promesse d’un gros tirage !Dès 1904, les femmes de lettres réagissenten créant le Fémina : cinq mille francs et untirage honorable. Le même jour, depuis 1958,est décerné le Médicis. Les journalistes

créent le Renaudot pour “corriger” le choix duGoncourt, comme en 1932 avec Céline… Réservé à unjournaliste-écrivain, l’Interallié a couronné Malraux,Vaillant, Blondin.

Une Académie du refus…Julien Gracq, le Goncourten 1951 ; Henri Michaux,le Grand Prix National desLettres en 1965 ; Jean-PaulSartre, le Nobel en 1964.

Pour une critiqueAprès la Querelle des Anciens et

des Modernes, on juge les œuvresen fonction de leur époque. Les

Romantiques découvrent larelativité du Beau. Mais la critiquelittéraire ne naît qu’au XIXe siècle

avec Sainte-Beuve. Le XXe

l’enrichit de l’apport des scienceshumaines. Roland Barthes est l’un des ténors decette “Nouvelle Critique” où se distingue l’école

suisse (Poulet, Starobinski, Rousset…)

…Petit écran devenu grand…la médiatisation comme

consécration… Des émissions comme “Le Masque et la plume”

et “Apostrophes”, entrent dans la mythologie de l’audiovisuel

grâce à la littérature…

Une littérature peuten cacher une autre…Le nerf de la plumea longtemps été le mécénat. Ecrivains de

grande maison - La Bruyère chez lePrince de Condé - ou mécénatd’État pour une littérature“mercenaire”… Mais, dégagée dusouci quotidien, elle y gagne deschefs d’œuvre ! Ce que regrettepeut-être un Jules Vallès réduit àLa Rue…

…L’esprit des lieuxInséparables : Pascal et Port Royal ;Chateaubriand et la Vallée aux loups ;Victor Hugo à Guernesey ; la maison de Pierre Loti à Rochefort… A en croire Rabelais, l’abbaye deThélème existe !…

Je passe là et laplupart des jours de mavie, et la plupart desheures du jour.Montaigne

Des lieux d’esprit…Salons, cafés et clubsdonnent sur le tonallègre et frondeur de laconversation le sensdes Lumières.

Le mouvementperpétuelLa Pléïade s’estd’abord appelée “la Brigade”… le“général” Hugo, à latête de son Cénacleromantique gagne labataille d’Hernani…

Zola et les Soirées de Médan, en 1880,font le naturalisme. Les “Mardis de la ruede Rome” des symbolistes chez Mallarmé

Cherchez l’écrivain !…Des goûts et des auteursSur la route des épices et de la soie : du Moyen Âge à la Renaissance.

Le Grand Siècle découvre “l’herbe àNicot”… Lumières riment avecexcitants - café, thé, chocolat -et ça pétille, comme

l’invention d’un certainDom Pérignon, le champagne… De fer et de feu,

le XIXe siècle s’abrutitdans l’absinthe populaire ou se réfugie dans lesparadis artificiels…

La CauseA St-Germain-des-Prés, jazz et rock’n

roll occupent lescaves de l’après-

guerre avec BorisVian, Prévert,

Camus… Et Sartreécrit sur un coin de

table, au Flore ouaux Deux magots.

Les littératuresdémocratiquesfourmillent

toujours de ces auteurs quin’aperçoivent dans les lettres qu’uneindustrie, et pour quelques grandsécrivains qu’on y voit, on y compte parmilliers des vendeurs d’idées.Tocqueville

S’installer là, jour et nuit, avec son calepin et son crayon à bille,et il n’y aurait rien d’autre à faire qu’à écrire, écrire, écrire.J-M. G. Le Clézio

La coutume des offrandes de fin d’année.Jean Ricardou

Critiques : Leplus sale roquetpeut faire uneblessuremortelle ;il suffit qu’il aitla rage.Valéry

En marge aussi, Nerval le “bousingot”, la“bohême galante” de Théophile Gautier,

façon Jeune-France et, plus tard, lesrapins de la Butte - Alphonse Allais,

Charles Cros, le JulesLaforgue des

Complaintes et leMaurice Rollinat des

Névroses…

Le Lapin Agile, Maurice Utrillo

Le Chat Noir, T. Steinlein

Affiche de Paul Colin, 1925

La préface del’Académie, de l’Hôtel-Dieu ou de la morgue.Henri Murger

Un café sous la Régence. Avec leNeveu de Rameau…Le Procope, ouvert en 1686 parun sicilien, est le plus célèbre

café littéraire. A la mort de Louis XIV, en 1715, onen compte déjà trois cents à Paris.

Suivez les femmes !Mme du Deffand, Mme

du Châtelet, Mlle de Tencin et les autres,incarnent le pouvoir du deuxième sexeavant la lettre… Paris contre Versailles

Le “Royaume” de Mme Geoffrin,modèle du salon philosophique

Le paradis terrestre est où je suis.Voltaire

Au-dessus de la mêléeLes revues connaissent un âge d’or débutXXe. Pour mémoire la NRF - NouvelleRevue française - qui a pignon sur la rueSébastien Bottin…

La “librairie” deMontaigne

Funérailles nationales de V. Hugo

La Critique, gravure anonyme, 1840

Les Intellectuels àla Coupole,Tullio Garbari 1916

Réunion d’amis, Eustache Lesueur

La Belle Chocolatière,Jean-Etienne Liotard

Les frères Goncourt par Nadar

Bibliothèque du monastère deWaldsassen (Autriche)

Louis XIV et Molièredéjeunant à Versailles,J. Dominique Ingres

«…c’est la passion des honnêtesgens, et qui vit sans tabac n’estpas digne de vivre». MolièreLe Fumeur, J. van Craesbeeck

Portrait-charge d’Apollinaireen académicien, Picasso

Valéry, Maurice Henry

Grande Course auclocher académique,

Grandville

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Cetteimpérieusemélancoliequi sort dessaxophones.Paul Morand

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La BohêmeVillon le vagabond, le

“poète crotté” deSaint-Amant…

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J’ai commencéd’écrire à plus dequarante ans etl’extrême bienveillancedu public à mon égard…ne me convaincra pasd’être un écrivainprofessionnel.Georges Bernanos,inspecteurd’assurances, père desix enfants…

Gens de lettres… comme gendarmes…Balzac

Vivre livre“ ”

Une comédie presque humaine

Relieuse de livres, Martin Engelbrecht

Pantagruel, Gustave Doré

Faire concurrence à l’état-civilBalzac

Pour s’y retrouveravec ses 2 500personnages,l’auteur de la Comédie Humaine se confectionnaitdes poupées aide-mémoire…

La vie commence dans le dictionnaire. Rabelaisien, balzacien ouproustien : quand l’auteur perdson patronyme dans lelangage courant, c’est qu’il aété rattrapé par la postéritéet le mythe… De même, il estdes personnages littérairesdevenus noms communs.

Gogo: personnage niais et crédule ;Gribouille: Brave et simplet depuis 1548 ;Jocrisse : type de niais à la logiqueabsurde ; La Mouche du coche : donneurde bons conseils ; Mimi Pinson: unegrisette signée Musset ; Passepartout :valet de chambre fidèle et débrouillard ;Pipelet : concierge parisien.

Plus nos personnages vivent, et moins ils nous sont soumisMauriac

En famille, la communauté des lecteurs sereconnaît à travers ses cousins à lamode littéraire… Gargantua etPantagruel, Panurge et ses moutons,Don Juan, Tartuffe et Harpagon,Gavroche, Rocambole, Tartarin,Ubu… Sans oublier les grandesfamilles qui animent la saga de lalittérature - Nucingen, Rougon-Macquart, Boussardel… A moins des’en tenir avec Le Clezio à desinitiales ou une voix “off”, un“procès-verbal”.

Si tous les personnages deslivres se donnaient la main…Arsène Lupin, Candide, Chérubin,Claudine, Cyrano de Bergerac, Diafoirus,la petite Fadette, Fantômas, Lagardère,Lancelot et Perceval, Maître Pathelin,Monsieur Jourdain, Monsieur Teste,

Perrette, Poil de Carotte, Quasimodo,Raminagrobis, Rastignac, Roland, Rouletabille,Swann, Tristan et Yseult, Zazie…

Un personnage de roman, c’est n’importequi dans la rue, mais qui va jusqu’au boutde lui-mêmeSimenon

Auteurs en quête de personnagesIl y a dans la vocation d’écrire quelque chose qui tient du vol, de la magie et de la religion.M. Jouhandeau

Pseudo…l’écriture comme moyen de

changer de peau, de vie,d’identité. Par jeu

- Romain Gary devenantEmile Ajar pour un

deuxième Goncourt… parréférence, un certain

Isidore Ducasse prenant lenom d’un personnagemalfaisant et cynique

d’Eugène Sue,Lautréamont… pour la

beauté du mot - Aragon,Mac Orlan, Nord…

Achard = FerréolApollinaire = KostrowitzkyAragon = Andrieux Céline = DestouchesCourteline = MoinauxDorgelès = Lecavelé Duhamel = Thévenin Eluard = Grindel Mac Orlan = DumarcheyMarceau = Carette Maurois = Herzog Nord = Brouillard Romains = Farigoule Sagan = Quoirez Saint-John Perse = LégerSollers = Joyaux Stendhal = Beyle Troyat = Tarassov Vercors = Bruller, Voltaire = Arouet…

Beaumarchais, agent secret du gouvernement, arme à ses frais les colons américains insurgés pour leurindépendance… Rimbaud s’embarque un jour pour l’Ethiopiefaire le négoce des peaux et du café ; on le dit mêmetrafiquant d’armes et d’esclaves… Cendrars invente le mot“bourlinguer” pour perdre la trace d’un certain Frédéric-Louis Sauser, né à La Chaux-de-Fonds, Suisse… Paulhan,avant de devenir à la NRF “l’éminence grise des lettres”, est successivement chercheur d’or, coupeur de bois, boxeur,coureur motoycliste, zouave… Malraux, aventurier en Asie,combattant en Chine, dans les Brigades Internationales enEspagne, résistant et ministre de de Gaulle… Jean Genet,marginal, vagabond, prostitué, voleur…

Je décidai de vivre tête baissée et de poursuivremon destin dans le sens de la nuitJean Genet

La vie mode d’emploiIl était une fois un agentde change qui s’appelait

Jules Verne ; quatre diplomates : PaulClaudel, Saint-John Perse, Jean Giraudoux,Albert Cohen ; Germaine de Staël, fille deNecker, ministre de Louis XVI ; uncentenaire, Fontenelle, par ailleurs neveudu grand Corneille; deux Alexandre Dumas,père et fils ; J-M de Heredia et son gendrePierre Louÿs ; des couples pour écrire àquatre mains - Erckmann-Chatrian, Boileau-Narcejac, Flora et Benoîte Groult…

Et, depuis le XVIIIe siècle,le “nègre” écrit…

les best-sellers d’hier etd’aujourd’hui… AlexandreDumas a employé une trentainede collaborateurs pour rédigerses 257 romans et 25 pièces de théâtre… MaisBalzac écrit tout seul Le PèreGoriot… en 3 nuits et 3 jours…

Du côté des éditeurs…Du côté de chez Swann, le pre-mier volume de La Recherche,de Proust, a été publié à compted’auteur… Il s’est vendu 125exemplaires d’En attendantGodot, la première année… etc’est au bout du quatrièmeroman que Georges Pérec trou-ve enfin un éditeur et remportedu même coup… le prixRenaudot…

Nana, par ManetEmile Zola donne lenom de son héroïne àsa barque et à lafameuse tour carréequ’il accole à samaison de Médan. Uneautre tour, hexagonale,eut nom “Germinal”…

Les personnages imaginairesm’affolent, me poursuivent; - ou plutôt,c’est moi qui suis dans leur peau.Flaubert

Vendeur d’images, Martin Engelbrecht

Rastignac,Balzac

Tristan et Iseuts’embarquant,Everardd’Espingues, XVe

Gavroche,Delacroix, d’aprèsVictor Hugo

Don Juan et la statue du Commandeur,Fragonard

Ponson du Terrail,caricature par Gill

Le gentlemancambrioleur de

Maurice Leblanc

Jeune garçon lisant, Franz Hals

Alexandre Dumaspère et son amie

Miss Menken, vers 1867

L’illustre auteur en pleintravail, dessin de Bernanos

Rimbaud “roi des sauvages”, Delahaye

Projet de couverture pour Les Travailleursde la mer, dessin de Victor Hugo

Le vrai Ubu, dessin de Jarry

Poil de Carotte, F. Poulbot

Reliures des ateliers de Bodoni, Parme

Son Excellence E. Rougon, aquarellede H. Lebourgeois 1898

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Quand littérature rime avec aventure

Le Corbeau et le renard,Grandville

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Salons.Début XVIIe, le “caquetage” desfemmes entre dans la vie de

société. Elles créent le modèle de l’”honnête homme”, sur lemode pédagogique et galant, avant que les Lumières ne leurconfient les philosophes et leur réputation littéraire. Diderotchez Mme d’Epinay ; Buffon chez Mme Necker ; Voltaire, idolechez Mme du Châtelet avant Mme du Deffand.

La femme est l’avenir de l’hommeAragon ”

Entre parenthèses,la femme tient dans la littérature une place

centrale, mais décorative et mythique.

Dame de cœur,elle est inspiratrice et égérie,modèle éternel de beauté et puretéidéales : créature fragile et douce,tendre, maternante et dévouée, auxpieds de laquelle s’accumulenttrophées et dépouilles. Depuis laLaure de Pétrarque et la Béatrice deDante, de rêve ou de chair, elles ont

nom Cassandre, la Sylphide,Mme Récamier, MarieDorval, Mme Hanska…dérisoire royauté…

Dame de pique,elle est démon et maléfice.

Michelet n’écrit-il pas à la fois LaFemme et La Sorcière ? Tentatrice

et perverse, c’est marquise deMerteuil dans Les Liaisons

dangereuses. Suicidaire, MadameBovary est aussi radicalement

destructrice.

Un de ces animaux qu’onappelle généralement“mon ange”, c’est-à-direune femmeBaudelaire

Muse ou madone.Baudelaire

est un domaine réservé où,depuis le Moyen Âge, l’espritvient aux femmes. QuandRutebeuf ricane dans son Dit des béguines, Christine dePisan invente La Cité desDames dès la fin du XIVe siècleet s’impose, la première, auteur à part entière.

Oser, moy femme…

Une coalition contre lagrossièreté

Magendie

Les cours d’amourdu Moyen Âge instaurent une traditionprincière et lettrée qui se poursuit à laRenaissance.

Écrire, disent-elles…Convenances

Jusqu’au XIXe, une femmen’écrit pas pour publier. Mlle

de Scudéry publie d’abord sousle nom de son frère… Entre

“Bas Bleus” et “Femmessavantes”, la comédie se

moque… mais prend date… Enattendant, la pratique épistolaire, qui faisait

office d’exutoire féminin, devient un genrelittéraire avec la marquise de Sévigné…

Écrire, c’est perdre lamoitié de sa noblesse.Mlle de Scudéry

ExceptionsPionnière, Christine de Pisan fait école : Margueritede Navarre ; Louise Labé, la “Belle Cordière”, même déguisée en homme… Mme de Lafayetteinvente le roman, les genres nobles étant interditsaux femmes… Mme de Staël, fille de Necker, aiméede Benjamin Constant, exilée par Napoléon.

Le dix-huitième a proclamé le droit del’homme ; le dix-neuvième proclamera

le droit de la femmeVictor Hugo

Révolution.Tricoteuses, pétroleuses, scandaleuses

- Flora Tristan, Séverine, LouiseMichel, les premières féministes -

elles annoncent en militantesl’apparition sur la scène

littéraire de la femme écrivain

La littérature et la politique sontaujourd’hui ce qu’était autrefoisla dévotion pour les femmes, ledernier asile de leurs prétentions. Balzac

George Sandest la première vraie romancière. Elle

institue la femme-auteur, créatrice etplus seulement lectrice de romans…Mais, le pseudonyme masculin est de

rigueur ! Seul Flaubert, à l’époque, arrive àse glisser dans la peau d’un personnage

féminin : “Madame Bovary, c’est moi !”

Les deux sexes ne font qu’un pour l’être qui écrit.George Sand

ScandaleDe la fougueuse Anna deNoailles aux “femmesdamnées” adeptes de Lesbos,comme Renée Vivien, la modeest aux “garçonnes” et autres“amazones”. Comme Colette,qui se coupe les cheveux,s’exhibe nue au music-hall etécrit des romans libérés.Spontanée, un brin immorale,la littérature féminine estlancée début XXe.

Féminisme.Le XXe siècle pose la question :existe-t-il une “écritureféminine” ? Dès 1904, lescréatrices du Prix Féminaentendent “renforcer lesrelations de confraternité entre

femmes de lettres”. Après les suffragettes,Monique Wittig invente les “guerrières”…

“Ainsi soient-elles”…

La femme et l’ennui attisent la littérature, etla littérature le leur rend bien.Jules Laforgue

Après l’oppression, le silence et le cri, lesfemmes sont devenues écrivains. MargueriteDuras, présente sur tous les fronts - livre,théâtre, cinéma - Marguerite Yourcenar enhabit vert… le combat continue : auxmilitantes de l’écriture de créer descollections spécifiques, une vraie presseféminine, et des œuvres qui ne parlent passeulement d’histoires de femmes…

La chambre des dames les Controversesdes sexesmasculin etfemenin, Gratiandu Port, Toulouse1534

Marquise duChâtelet,

Marianne Loir

La Lettre, Gérard Ter Borch

Madame de La Fayette,gravure du XVIIe

La Dame à la licorne : Le Goûtvers 1500

Couverture deL’École desfemmes, deMolière

Madame de Sévigné,Claude Lefebvre

Colette au music-hall

Culottes fin de siècle,Fernand Fau

Portrait d’une dameinconnue en

costume de bal,Anonyme XVIIe

George Sand,T. Kwiatkowski

Madame Roland coiffée du bonnet girondin,École française du XVIIIe

Conversations dedames en l’absencede leurs maris,d’après AbrahamBosse

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Marguerite d’Orléans-Angoulême, reine deNavarre, vers 1525,

anonyme français XVIe

Madeleine deScudéry,gravure XVIIe

Femmes de lettres©

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Une card'identitéL'id

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Un métier à métisser les imaginaires.René Depestre

Le mot “francophonie”,inventé au XIXe sièclepar le géographe OnésimeReclus, ne renaît qu’en1962 dans la revue Esprit.

Nouveauté majeure del’histoire littéraire du XXe

siècle : le français n’est niune langue morte ni la pro-priété exclusive des seulsfrançais de métropole

En français dans le monde“ ”

Nous voulonshabiter notre nom

Jean Amrouche

La métropole reconnaissanteEn 1921, pour la première fois, le Goncourt est attribué à un

“roman nègre”, Batouala, de René Maran. Avant Gabrielle Roy,la Québécoise Marie-Claire Blais, les Belges Charles Plisnier

et Conrad Detrez, Antonine Maillet, Acadienne, et Patrick Chamoiseau, Antillais.

Plus francophones que les français…

Dès 1921, Blaise Cendrarspublie une Anthologie nègre, à partir des littératuresorales.

Négritude

Suisse et Belgique, ou les aléas de lafrancophoniefrontalière…Cendrars ou Simenon

plus français que d’origine ; Baudelaire etVerlaine s’acharnant sur la “pauvreBelgique”… Mais une identité bienpartagée côté critique littéraire avec la Suisse, côté fantastique et surréaliste avec wallons et flamands.

C’est à un espace del’étrangeté dans la

langue et de lalangue que la

francophonie doitson développement.

Nabile Farès

“Le métissage à nos yeux est unenrichissement” Folon, Alechinsky

Une guerrilla linguistique.Rachid Boudejdra

Le Québec était unecolonie canadienne-française ; à partir desannées 50, il devient un”pays”… Rien à voir avecMaria Chapdelaine, imaged’Epinal de LouisHémon…

Je suis d’un pays quiest comme une tachesous le pôle, commeun fait divers, commeun film sans images…Guy Pilon

Afrique NoireSembène Ousmane et Birago Diop(Sénégal) Amadou Hampaté Bâ(Mali), Mongo Beti (Cameroun)Camara Laye et Alioum Fantouré(Guinée) Olympe Bhêly Quénum(Dahomey) Bernard Dadié (Côted’Ivoire) Gérald TchicayaU Tam’Si (Congo)

Antilles Léon-Gontran Damas,Maryse Condé, Edouard Glissant,Simone Schwarz-Bart, RaphaëlConfiant, Patrick Chamoiseau

Algérie Jean Sénac, MohammedDib, Mouloud Feraoun, MouloudMammeri, Kateb Yacine, AssiaDjebar, Malek Haddad, RachidBoudjedra, Rachid Mimouni,Nabile Farès

Tunisie Albert Memmi, MoncefGhachem, Chems Nadir,Mustapha Tlili, Souad Guellouz

Maroc Driss Chraïbi, AbdelkebirKhatibi, Abdellatif Laabi,Mohammed Khaïr-Eddine, Tahar Ben Jelloun.

Et les beurs… Leila Sebbar,Mehdi Charef, Nacer Kettane,Mohammed Choukri

Québec Rita Lasnier, AnneHébert, Jacques Godbout, GastonMiron, Gatien Lapointe, Marie-Claire Blais, Réjean Ducharme,Michel Tremblay, Gilles Vigneault

Acadie Antonine Maillet

Liban Georges Schéhadé, Andrée Chedid

Egypte Edmond Jabès, AlbertCossery, Joyce Mansour

Île Maurice Malcolm de Chazal,Robert-Edward Hart, LoysMasson, Edouard Maunick, JeanFanchette, Marie-ThérèseHumbert

Madagascar Jean-JosephRabeariveloHaiti Jacques-Stephen Alexis,Jacques Roumain, René Depestre,Frank Etienne, Jean Metellus,Davertige

Aujourd’hui que cette langue est en plein déclin, ce qui m’attriste le plus c’est de constater que les Français n’ont pas l’air d’en souffrir. Et c’est moi, rebut des Balkans, qui me désole de lavoir sombrer. Eh bien, je coulerai, inconsolable, avec elle ! E.M. Cioran (roumain)

Une géographie linguistiqueLe monde négro-africain, les îlescréoles, l’aire maghrébine et le

Proche-Orient, Canada, Suisse etBelgique francophones, sans oublier

les survivances en Louisiane,Nouvelle Calédonie, à Tahiti…

Paris, fin des années 30, africainset créoles se rencontrent…“pousser le grand cri nègre”.,déclare Aimé Césaire, l’Antillais ;(à droite) “l’ensemble des valeursde civilisation du monde noir”précise Léopold- Sedar Senghor,l’Africain. La négritude est née…

Belgique Emile Verhaeren, MauriceMaeterlinck, Georges Simenon,Maurice Carême, Henri Michaux,Françoise Mallet-Joris, FélicienMarceau, Béatrix Beck, DominiqueRolin, Hubert Juin

Suisse J. J. Rousseau, BenjaminConstant, Blaise Cendrars, AlbertCohen, Denis de Rougemont…

Femme nue, femme noire Vêtue de ta couleur qui est vie…L-S Senghor

Un cri pour Les Damnés de la terre avec Franz Fanon ;un rêve pour le Tiers-Monde révolutionnaire Rue

Cases-Nègres avec Joseph Zobel ; leDevoir de violence du Malien YamboOuologuem, quand l’imposture post-coloniale fait voler en éclats lemythe de la grande fraternité noire ;une “africanité” à inventer aprèsle départ de l’homme blanc, enréponse à la revendicationd’”antillanité” de la jeunegénération créole. Sans oublier Haïti,indépendante dès 1804, oùRené Depestre, le poète, et Jacques Roumain, leromancier, témoignentpour toute la race noire.Des griots aux écrivains,Cheikh Hamidou Kaneraconte L’Aventureambiguë, le passagedifficile de la tradition à la modernité

Dans le moment que lesOrphées noirsembrassent le plusétroitement cetteEurydice, ils sententqu’elle s’évanouit entreleurs bras.Sartre

Le Maghreb vit sa francophonieà travers la fracture del’Indépendance. L’ÉternelJugurtha de Jean Amroucheexprime la tentative impossible deréunir “dans un même homme sonhérédité africaine, l’Islam etl’enseignement de l’Occident”…Mais kateb, “l’écrivain”, peut-ilencore revendiquer son appartenanceau français, comme un Kateb Yacine ?

Maghreb

Vive le Québec francophone !

Voisins de la patrie

L’histoire se moque de la géographieAux quatre coins de la planète, des écrivains se

retrouvent en langue de connaissance, la francophonie.Par l’intermédiaire du français, la prise de consciencede l’identité et de l’originalité des cultures indigènes.

La colonisation par d’autres moyens ? Une ou des francophonies ?

Voleurs de langue ?Langue de cœur, langue “maternelle” et

maternante… langue d’emprunt, jamais langue debois… la francophonie est un plus-que-français,dans l’affrontement, souvent douloureux, avec la

langue du colonisateur - exil intérieur…

Affiche pour le 2e congrès des écrivains et artistes noirs, Picasso 1958

Portrait de femme noire, M. Benoist

Fête des Gilles, à Binche (Belgique)

Toussaint-Louverture, libérateur deSaint-Domingue, anonyme

Scène de rue à Alger aprèsl’Indépendance

N° 18 des LettresQuébécoises 1980

L’Afrique, Encyclopédie desvoyages, 1796

L’Amérique, Encyclopédie desvoyages, 1796

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Une carted'identité

Les mots sont les passants mystérieux de l’âmeVictor Hugo

Par l’arrêt de Villers-Cotterêts, en 1539,François Ier impose le fran-çais comme langue officiel-le des actes de justice.

En latin médiéval, “litteratura” définit lalangue savante par rapport au “vulgaire”, le français.

1832 : instauration d’uneorthographe officielle1966 : création du HautComité de la langue française

En français dans le texte“ ”

C’estdans ledictionnairele succès del’Encyclopédie de Diderot,

associé au développement de l’industrie du livre etdes sciences, provoque la floraison desdictionnaires… Le XIXe siècle, porteur d’un idéal descience et d’éducation, donne avec Emile Littré et PierreLarousse les deux monuments du genre, le Dictionnaire dela langue française (1863-1872) et le Grand Dictionnaireuniversel du XIXe siècle (1866-1876).

Le baptême des motspasse parfois par la littérature. Et la langues’émaille d’appellations plus ou moinscontrôlées où les auteurs, le plus souvent àtitre posthume, impriment au-delà des livresleur vision du monde. Machiavélisme,dantesque, sadisme, marivaudage,bovarysme…

Jeux de mots, jeux d’écrivains…A travers sa parabole des “parolesgelées”, Rabelais démontre que lalangue est faite pour parler… etl’imagination prend le pouvoir dedire… Contre censure et caviardage,sans y perdre un “traître” mot, au piedde la lettre, les mots font recette

- Langage cuit deDesnos - …Ralentir :mots-valises, s’écrieAlain Finkielkraut,auteur par ailleurs d’unFictionnaire…

Moyen Âge : Vieux françaisLe “jongleur”, du verbe “jogleer” :

bavarder, joue littéralement avec lesmots. Avant de devenir “trouvère” :

trouveur, c’est-à-dire le poète, l’inventeur.

Au Moyen Âge, le français s’exporteen Angleterre avec Guillaume leConquérant, et c’est en français queMarco Polo, à la fin du XIIIe, dicte lerécit de ses aventures.

XVIe : langue vivanteLa Pléïade enrichit la langue et

l’élève à sa dignité littéraire. Du Bellay propose d’inventer des

mots… Irrite-mer pour dire le vent,par exemple… Le e muet ou

comment le français, perdant sesconsonnes finales, met sa

prononciation au diapason de sa modernité

Le français remplacepeu à peu le latin

comme langueinternationale

XVIIe : le corset académiqueMalherbe, Vaugelas, les grammairiens de

Port-Royal et la toute nouvelleAcadémie instaurent les “purges

linguistiques”, au nom du “bonusage” et de la “bienséance”…

Certains mots sont ainsi bannis :angoisse, immense, poitrine,épingle… Mais les cabinets

satyriques préfèrent la languequand… “elle parle en oison

qui jase dans la crotte”…Sans oublier les

Précieux et leursnéologismes : s’encanailler, pommadé,

anonyme, bravoure, féliciter, billet doux,travestir sa pensée, tout langage châtié…

que nous leur devons !

Les patois, définitivementbannis, la France parle à

deux vitesses…Racine à La Fontaine, à propos

d’un voyage à Uzès en 1661 :“J’avais commencé dès Lyon à neplus guère entendre le langage du

pays, et à n’être plus intelligiblemoi-même. Ce malheur s’accrut àValence, et Dieu voulut qu’ayant

demandé à une servante un potde chambre, elle mit un réchaud

sous mon lit…”

L’AllemandLeibniz écrit laplupart de sesœuvres en français

La souplesse et l’esprit s’imposent àl’Europe, mais la poésie cède le pas aux

idées… La langue est “une gueusepincée et dédaigneuse” à qui il faut “fairel’aumône” (Voltaire). Ce siècle voit naître

les mots : humanisme, tolérance,civilisation, bienfaisance, progrès, député,

plébiscite… d’une part… de l’autre,bonheur, nature, sentimentalisme et

bureaucratie, agio, idéologie, néologismecréé par Destutt de Tracy en 1797.

C’est à ce prixque vous mangezdu sucre enEurope.Voltaire

L’Italien Casanova écrit sesMémoires en français, mais…“ Laissez les Français tirervanité de l’expansion actuellede leur langue. Nosétablissements d’Amérique,solides et en pleine croissance…promettent à la langue anglaiseune stabilité et une duréesupérieures”David Hume, 1767

XIXe : Liberté, liberté chérie…

Un bonnet rouge au vieux dictionnaire.Hugo

Libération et élargissement.Réalisme et naturalisme

introduisent le vocabulairetechnique. Après Vidocq, l’argot

- criminalité et misère - entre en littérature.

Les débuts de la francophonievia le colonialisme

XXe : Tout est permisCoexistence de la langue classique - Montherlant,

Julien Green : ”L’amour de la langue française, c’est cetteéconomie de mots”- et populaire (Céline). Avec Boris Vian

et Alfred Jarry, au “Collège de pataphysique”, Queneaujoue au ”chahuteur de mots”, en inventant le

“néo-français” (souplesse, diversité, fonetik…), avec l’aide des mass-media, de la BD, des régionalismes.

L’écrivainvéritable est unhomme qui netrouve pas sesmots. Alors, il lescherche. Et en lescherchant, iltrouve mieux.Valéry

XVIIIe : rayonnement

Les mots, agentsd’une policeintellectuelle.René Crevel

Les Mots en liberté, Marinetti 1919

La Chasse à la liberté, Grandville

Gravure extraite de l’Expédition contre les nègresrévoltés au Surinam, J. Gabriel Stedman,1796

Le Cardinal deRichelieu, Philippe deChampaigne

La révolution en marche,aquarelle de Gœthe

Paysan desenvirons de Paris,

gravure XVIIe

Joachim du Bellay écritLa Défense et illustration de la

Langue française

La Lecture, Fernand Léger

Gargouille de Notre-dame de Paris

Enluminure d’un tropaireprovenant de Saint-Martial

de Limoges, XIe siècle

Pierre Larousse

Portrait imaginaire du marquisde Sade, Man Ray

“Comment entre lesparolles gelées,Pantagruel trouvades mots degueule”, Rabelais

Caricature de Rimbaud pour Voyelles, Charles Decaux

Arthur Rimbaud écritVoyelles en 1872

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