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Notes Écrire avec une gomme au lieu d’un crayon. Dessiner un murmure au cœur du bruit. Faire bonne place à sa table, pour un qui lira. Chuchoter dans la brume. Souffler sur les cicatrices. Dormir du sommeil de l’éveillé. Savoir que la nuit n’obscurcit pas le jour, mais qu’elle le prolonge. Avoir la poésie au bord des lèvres Jouer le blues avec des cordes de pendus sur la guitare du diable. Boire le vin de l’obstination. Devenir lentement transparent. Avoir le sens en éveil. Écrire. À retardement. Dormir d’une pluie de printemps. Dans un théâtre d’ombres, c’est l’ombre qui est importante. Laisser une trace sur l’eau. Points de suspension. La nostalgie est un sentiment lent. Regarder au fond des miroirs de pierre. On n’entend pas l’oiseau marcher dans la neige mais au matin on voit bien qu’il est venu. Je ne l’écris pas mais quand tu m’auras lu, au matin d’après, tu le sauras. J’ai confiance en toi pour cela. Accumuler grain par grain, évaporer, sculpter avec le vent, comme une rose des sables. Plus loin, le même pinceau sert pour écrire et pour peindre. Ne pas oublier. Je suis en train d’écrire la phrase que tu es en train de lire. Attendre sereinement le jour où quelqu’un demandera : « y a-t-il un poète dans l’avion ? » Boire le souffle du soleil. Le regarder en face, en devenir aveugle un instant rouge sang, et puis, au moment où la vue revient par bribes, par éclairs sombres, écrire au milieu des larmes. Ici, laisser s’installer un silence troublant, interrogatif, peut-être même perplexe. Encore points de suspension. Jaillissement. Goutte-à-goutte. La décision est prise. Écrire. Michel Thion n°257 - décembre 2010 le mensuel du livre en Rhône-Alpes en +++++++++ À paraître en décembre, un guide pratique intitulé Bibliothèques et handicaps nouvelle publication de l’ARALD qui fait suite au travail lancé en 2009 par les bibliothèques départe- mentales de la région, la DRAC Rhône-Alpes et l’ARALD autour de l’accueil de tous les publics dans les bibliothèques. Cet ouvrage aborde notamment l’accessibilité des bâti- ments, des collections et des animations, l’accueil des publics… > www.arald.org les écrivains à leur place Place au livre ! Il y a peu de manifestations litté- raires qui se tiennent en décembre. Public déjà ailleurs, libraires en sur- chauffe, auteurs en fête… Mais le calendrier se chargera de nouveau dès la fin du mois de janvier 2011, une année placée sous le signe des fêtes et salons du livre puisque l’ARALD publiera l’étude sur le public des manifestations que la DRAC Rhône-Alpes et la Région ont com- mandée à Joëlle Le Marec, respon- sable du laboratoire Communication, Culture et Société rattaché à l’ENS- LSH. En attendant, on reviendra, pour finir l’année, sur une manifestation qui n’a pas pu avoir lieu (lire p.3). La 8 e édition de Place aux livres a en effet été annulée pour des raisons de sécurité, suite aux troubles de l’ordre public qu’a connus Lyon lors des manifestations contre la réforme des retraites. Un événement aux allures de non-événement.L. B. poésie/p.2 Sur le devant de la scène Hommage à la scène poétique lyonnaise… Avec La Scène Poétique, rendez-vous bimestriel à la bibliothèque de la Part-Dieu, qui fête ses sept ans, et le Cabaret Poétique, qui s’est lancé avec succès cet été dans la petite salle de concert du Périscope. bibliothèques/ p.5 Mémo + La Ricamarie D’un côté, la Memo, nouvel équipement modèle construit à Oullins, dans la banlieue de Lyon ; de l’autre, la résidence du poète Saleh Diab à la médiathèque de La Ricamarie. Deux styles, deux projets ambitieux. zoom/p.6 Chronique d’une coédition Entre Chronique sociale, à Lyon, et les Presses de l’université Laval, à Québec, le travail de coédition fait son chemin. On a voulu savoir pourquoi et comment… !!!!!!!!!!!!!! Le livre s’anime ! « Flip, pop-up et C ie : le livre s’anime ! », c’est le titre d’une exposition pro- posée par la médiathèque de Roanne. On y découvrira les secrets de fabrication de ces ouvrages, mais aussi, parallèlement à l’exposition, des livres animés du XVI e au XVIII e siècle apparte- nant au fonds patrimonial, ainsi que des conférences, des ateliers autour de la création contemporaine de livres animés. Jusqu’au 15 janvier 2011 - Médiathèque de Roanne - www.bm-roanne.fr Les “dix mots” 2011 Accueillant, agapes, avec, chœur, complice, cordée, fil, harmonieusement, main, réseauter… Dix mots et d’infi- nies possibilités littéraires, visuelles, sonores, pour jouer avec ces « mots qui nous relient ». Comme chaque année, à l’occasion de la Semaine de la langue française et de la francophonie (du 13 au 20 mars 2011), l’espace Pandora invite tous ceux qui le souhaitent à proposer leur contribution – texte ou image, dessin ou vidéo… –, qui sera soumise à un jury régional. La sélection fera l’objet d’une publica- tion et les travaux seront exposés au Théâtre des Asphodèles (Lyon). Contributions à envoyer avant le 4 février 2011 Mél. [email protected] http://espacepandora.free.fr événement Claudio Pozzani en lecture à la Scène Poétique, un cycle conduit par Patrick Dubost à la bibliothèque de la Part-Dieu, à Lyon (lire p.2). © Josette Vial © GOLEM Images/Gautier + Conquet Architectes

livre et lire - n° 257 - décembre 2010

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L'Arald publie chaque début de mois "livre & lire", journal d'information sur la vie du livre en Rhône-Alpes. Ce mensuel de douze pages est un supplément aux revues professionnelles Livres-Hebdo et Livres de France, publiées par le Cercle de la librairie.

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Page 1: livre et lire - n° 257 - décembre 2010

NotesÉcrire avec une gomme au lieu d’uncrayon.Dessiner un murmure au cœur du bruit.Faire bonne place à sa table, pour unqui lira.Chuchoter dans la brume.Souffler sur les cicatrices.Dormir du sommeil de l’éveillé. Savoir que la nuit n’obscurcit pas le jour,mais qu’elle le prolonge.Avoir la poésie au bord des lèvresJouer le blues avec des cordes de pendus

sur la guitare du diable.Boire le vin de l’obstination.Devenir lentement transparent.Avoir le sens en éveil.Écrire. À retardement.Dormir d’une pluie de printemps.Dans un théâtre d’ombres, c’est l’ombrequi est importante.Laisser une trace sur l’eau.Points de suspension.La nostalgie est un sentiment lent.Regarder au fond des miroirs de pierre.On n’entend pas l’oiseau marcher dans laneige mais au matin on voit bien qu’il estvenu. Je ne l’écris pas mais quand tu m’auraslu, au matin d’après, tu le sauras.J’ai confiance en toi pour cela.Accumuler grain par grain, évaporer, sculpteravec le vent, comme une rose des sables.Plus loin, le même pinceau sert pour écrireet pour peindre.Ne pas oublier.Je suis en train d’écrire la phrase que tu esen train de lire. Attendre sereinement le jour où quelqu’undemandera : « y a-t-il un poète dans l’avion ? »Boire le souffle du soleil. Le regarder en face, en devenir aveugle uninstant rouge sang, et puis, au moment où lavue revient par bribes, par éclairs sombres,écrire au milieu des larmes.Ici, laisser s’installer un silence troublant,interrogatif, peut-être même perplexe.Encore points de suspension.Jaillissement.Goutte-à-goutte.La décision est prise.Écrire.

Michel Thion

n°257 - décembre 2010le mensuel du livre en Rhône-Alpes

en + + + + + + + + +À paraître en décembre, un guide pratiqueintitulé Bibliothèques et handicaps nouvellepublication de l’ARALD qui fait suite au travaillancé en 2009 par les bibliothèques départe-mentales de la région, la DRAC Rhône-Alpeset l’ARALD autour de l’accueil de tous lespublics dans les bibliothèques. Cet ouvrageaborde notamment l’accessibilité des bâti-ments, des collections et des animations,l’accueil des publics…

> www.arald.org

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livre !Il y a peu de manifestations litté-raires qui se tiennent en décembre.Public déjà ailleurs, libraires en sur-chauffe, auteurs en fête… Mais lecalendrier se chargera de nouveaudès la fin du mois de janvier 2011,une année placée sous le signe desfêtes et salons du livre puisquel’ARALD publiera l’étude sur le publicdes manifestations que la DRACRhône-Alpes et la Région ont com-mandée à Joëlle Le Marec, respon-sable du laboratoire Communication,Culture et Société rattaché à l’ENS-LSH. En attendant, on reviendra, pourfinir l’année, sur une manifestationqui n’a pas pu avoir lieu (lire p.3). La8e édition de Place aux livres a eneffet été annulée pour des raisons desécurité, suite aux troubles de l’ordrepublic qu’a connus Lyon lors desmanifestations contre la réformedes retraites. Un événement auxallures de non-événement.L. B.

poésie/p.2Sur le devant de la scèneHommage à la scène poétiquelyonnaise… Avec La ScènePoétique, rendez-vous bimestrielà la bibliothèque de la Part-Dieu,qui fête ses sept ans, et leCabaret Poétique, qui s’est lancéavec succès cet été dans la petitesalle de concert du Périscope.

bibliothèques/p.5Mémo + La RicamarieD’un côté, la Memo, nouveléquipement modèle construit àOullins, dans la banlieue de Lyon ;de l’autre, la résidence du poèteSaleh Diab à la médiathèque de La Ricamarie. Deux styles,deux projets ambitieux.

zoom/p.6Chronique d’une coéditionEntre Chronique sociale, à Lyon,et les Presses de l’université Laval, à Québec, le travail de coédition fait son chemin. On a voulu savoir pourquoi et comment…

! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !Le livre s’anime !« Flip, pop-up et Cie : lelivre s’anime ! », c’est letitre d’une exposition pro-posée par la médiathèque

de Roanne. On y découvrira les secrets defabrication de ces ouvrages, mais aussi,parallèlement à l’exposition, des livresanimés du XVIe au XVIIIe siècle apparte-nant au fonds patrimonial, ainsi que desconférences, des ateliers autour de lacréation contemporaine de livres animés.Jusqu’au 15 janvier 2011 - Médiathèquede Roanne - www.bm-roanne.fr

Les “dix mots” 2011

Accueillant, agapes, avec,chœur, complice, cordée, fil, harmonieusement, main,réseauter… Dix mots et d’infi-nies possibilités littéraires,

visuelles, sonores, pour jouer avecces « mots qui nous relient ».Comme chaque année, à l’occasionde la Semaine de la langue françaiseet de la francophonie (du 13 au

20 mars 2011), l’espace Pandorainvite tous ceux qui le souhaitentà proposer leur contribution – texteou image, dessin ou vidéo… –, quisera soumise à un jury régional. Lasélection fera l’objet d’une publica-tion et les travaux seront exposésau Théâtre des Asphodèles (Lyon).

Contributions à envoyer avant le 4 février 2011Mél. [email protected]://espacepandora.free.fr

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Claudio Pozzani en lecture à la Scène Poétique, un cycle conduit par Patrick Dubostà la bibliothèque de la Part-Dieu, à Lyon (lire p.2).

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Depuis 2003, Patrick Dubost organise àla Bibliothèque municipale de la Part-Dieu,à Lyon, La Scène Poétique, un rendez-vousbimestriel conviant au moins deux auteurs(un Rhônalpin et un poète venant d’unpeu plus loin). Grâce à son opiniâtreté,à son art de la diversité, et malgré unecouverture médiatique étique, il a supérenniser La Scène Poétique, tout en

fabriquant et en renouvelant son public.

Quel bilan artistique tirez-vous de votre pre-mier septennat à La Scène Poétique ?

Patrick Dubost : Déjà sept ans ?(un temps) Le bilan, c’est quedurant ces quelques années, laplupart des grands poètes fran-çais sont passés chez nous. Celareprésente beaucoup de gens etun tour d’horizon de la poésiecontemporaine qui, heureuse-ment, n’est toujours pas achevé.

Comment avez-vous lancé cerendez-vous ?Jusqu’en 2001, c’est PatrickBeurard-Valdoye qui animaitun rendez-vous poétique à laBibliothèque municipale deLyon. Quand il a arrêté, il y adonc eu une ou deux années

sans cycle régulier. Un jour, pendant une dis-cussion, j’ai dit à brûle-pourpoint que ça man-quait, que d’autres gens pouvaient reprendrece cycle – ce n’était même pas une demandede ma part. Et comme il se trouve que jeconnais assez bien le monde de la poésie (j’enécris, en tant que poète, je suis invité dans lesfestivals, à l’étranger…), et que j’essaie d’avoir unregard assez large sur cette écriture même si c’estdifficile d’être au courant de tout ce qui se passe,c’est moi qui ai repris le flambeau…

Selon vous, le territoire rhônalpin est-il parti-culièrement réceptif à la poésie ?Je ne sais pas… Il n’y a pas, à Lyon, d’événe-ment aussi important que le festival Voix Vivesde Sète, par exemple – qui est énorme, auregard de la taille de la ville. Je crois en revanchequ’il y a un public potentiel partout. Hélas, cepublic n’est pas informé. Pour vous donner une

idée, en sept années de Scène Poétique, aprèsavoir invité autant de poètes, je n’ai eu droitqu’à deux articles dans les journaux… Nos évé-nements ne sont pas relayés, alors qu’il se passedes choses très diverses : des rencontres avecdes poètes sérieux, voire sévères – mais certai-nement pas élitistes, je déteste ce mot –, etd’autres plus spectaculaires, qui peuvent tou-cher tous les publics. La chance que nous avonsà La Scène Poétique, c’est que l’affluence ne fai-blit pas. Il y a une centaine d’habitués, et puisdes gens que je ne connais pas… La fréquenta-tion de chaque rencontre est très imprévisible.Parce que le mot « poésie » fait encore peur.Certains se réfugient dans le slam… Peut-êtrepour ne pas avoir à dire qu’ils font de la poésie.

Vous militez pour la mise en voix et en dia-logue de la parole poétique. Cela veut-il direque le livre « dessert » la poésie ?Non, bien sûr ! Le livre est essentiel, il résiste autemps, et je lui reste très attaché. Il est vrai queje m’implique dans l’oralisation, la perfor-mance, je travaille avec des marionnettistes,des gens de théâtre… Peut-être que jem’éloigne du cadre de la poésie dans la perfor-mance, mais je suis ma nature : j’ai une forma -tion scientifique et j’aime partir à l’aventure,dans des expérimentations. À La ScènePoétique, j’invite des poètes qui ont un rapportavec l’oralité, mais aussi des poètes du livre.Ce qui importe, c’est que toute la palette, toutle champ poétique soit représenté.

Armand le Poête – votre double poétique –sera-t-il un jour convié à La Scène Poétique ?Étant organisateur, je me vois mal l’inviter. J’yavais pensé pour un 1er avril, mais l’occasionde ne s’est pas présentée. De toute façon, ilse débrouille bien sans moi, il fait sa vie ailleurs…Propos recueillis par Vincent Raymond

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sais pas combien de temps cela durera. Les poètesviennent “pour mes beaux yeux”, nous avonszéro budget… Quant au public, il est composéd’amis réunis grâce à Facebook, de gens quin’avaient jamais mis les pieds au Périscope etd’habitués du lieu. » Un lieu mis amicalementà disposition par l’une de ses fondatrices,Françoise Bressat, et qui participe de l’ambianceparticulière de chaque cabaret. Pour la vivre,il faut se rendre sur place, aucune captation des

Lectures poétiques, vous avez dit lecturespoétiques…

Une poésie qui vitÀ Lyon, la poésie se dit, se vit, se montre, dansdes lieux divers. Coups de projecteur sur deuxrendez-vous très différents et très complé-mentaires : La Scène Poétique, organisée parPatrick Dubost à la Bibliothèque de la Part-Dieu, et Le Cabaret Poétique, lancé parFrédérick Houdaer dans la salle du Périscope.Deux genres, un seul mot d’ordre : montrerque la poésie est vivante.

Un festin de mots au Cabaret Poétique de Lyon

L’école (poétique)du dimancheAu Périscope, une salle située dans le quartierde Perrache, à Lyon, créée par deux collectifsde musiciens et l’université populaire, dedrôles de paroissiens donnent à voir et àentendre la poésie à l’heure du thé…

« Le problème de la lecture de poésie, c’est que celatourne trop souvent à la messe ». De la messe,Frédérick Houdaer n’a conservé que le jour pourles cabarets poétiques qu’il a lancés à la rentrée2010 au Périscope – une salle faisant partie dudispositif Scènes Découverte. Un dimanche parmois, à 17 heures, l’écrivain Houdaer se fait pro-grammateur et Monsieur Loyal d’une rencontrequi convie à chacune de ses sessions sept ou huitpoètes de 29 à 70 ans, représentant toutes les« chapelles » d’un microcosme régional qu’ilconnaît bien, et dans lequel il évolue depuisquelques années en tant qu’auteur et éditeur.Textes lus à voix nue, slam et performances sesuccèdent sur scène, variant les plaisirs d’unpublic dont la curiosité et la présence à cet horairebaroque ne laissent pas de ravir l’instigateur dece festin de mots : « C’est un petit miracle, je ne

sessions passées n’ayant été effectuée. FrédérickHoudaer se refuse à « accumuler de l’archive »,privilégiant la fragilité du live. Pour lui, « cescabarets, c’est de l’archi-éphémère avant tout ».V. R.

Prochain Cabaret Poétique : dimanche 9 ou 16 janvier à 17 hLe Périscope, 13 rue Delandine, Lyon 2e arr.Tél. 04 78 38 89 29Entrée libre après adhésion annuelle de 2 €http://houdaer.hautetfort.com

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n Prochaine Scène PoétiqueBernard Noël & Charles Julietmercredi 15 décembre à 18h30

Bibliothèque municipale de la Part-Dieu30 boulevard Vivier-Merle, Lyon 3e arr. Tél. 04 78 62 18 00. Entrée libre.Sur le site www.bm-lyon.fr, rubrique « Découvertes – Conférences en ligne », on peut revoirles derniers rendez-vous de La Scène Poétique.

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Poètes en scène au Cabaret Poétique.

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confirmés doiventconcerner des projetsd’écriture et de publi-cation. Bourses de découverte(4 000 €), bourses d’encoura-gement (7 000 €), boursesde création (13 000 €), dixécrivains (sur 33 dossiersreçus) sont aidés cetteannée dans le cadre de cedispositif, qui reste l’un desplus ambitieux en région. Beaucoup de projets de romans et de récits cetteannée, avec François Beaune, Antoine Choplin,Jean-Francois Dupont, Laurent Gidon, AlainLacroix et Fred Paronuzzi ; mais on trouve aussi

En 2010, dix écrivains ont bénéficié d’unebourse d’écriture attribuée par la Directionrégionale des affaires culturelles de Rhône-Alpes et la Région Rhône-Alpes, avec leconcours de l’ARALD. Sommaire.

Destinées à des auteurs de littérature – roman,récit, nouvelles, poésie, théâtre, jeunesse –, maisaussi à des auteurs d’essais (hors travaux univer-sitaires) et à des traducteurs, ces bourses sont àla fois une aide matérielle apportée aux écrivainset le signe d’une reconnaissance et d’un encou-ragement donnés aux auteurs. Examinés par unecommission mixte État et Région réunissant desexperts et des professionnels du livre, les dossiers,qu’ils proviennent de débutants ou d’écrivains

Patrick Dubost, toujours entre poé-sie et théâtre, Alex Godard, pour unprojet mêlant écriture et illustrationpour la jeunesse, et enfin deux écri-vains inclassables que sont RobertPiccamiglio, qui travaille sur desnouvelles, une adaptation théâtralede Tristan et Iseult, ainsi que sur unlivre autour de la ville de Bergame,et Patrick Laupin, dont on connaîtles proses poétiques et les formi-dables projets d’écriture et de livres

conçus avec des jeunes dits « en difficulté ».Un large panorama qui reflète celui de la créationen Rhône-Alpes. L. B.

Consultez le dossier de présentation des boursesd’écriture 2010 sur www.arald.org

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premier plan /Mais il y a aussi d’autres effets, plus profonds, del’annulation inattendue de cette édition 2010 :« Ces événements nous contraignent à uneréflexion de fond et à un certain nombre de ques-tions sur la manifestation, indique CorinnePoirieux. Parmi ces questions, celle du soutien aminima de la Ville de Lyon resurgit immanqua-blement. Celle-ci ne s’est en aucune façon mani-festée suite à ce qui fut pour tous une catas-trophe… La Ville veut-elle réellement un salondu livre de ce type ? », s’interroge la responsable,qui estime que « ce silence est un facteur de blo-cage pour la manifestation », pourtant bien inté-grée dans le paysage culturel lyonnais.Autre motif de déception, les éditeurs eux-mêmes, qui n’ont guère marqué leur solidaritéavec le salon du livre, alors que l’annulation aeu de lourdes conséquences financières pour lastructure associative : « Nous avons tenu à ce queles éditeurs récupèrent le montant de leur inscrip-tion, mais ils ne se sont guère montrés impliqués,mis à part quelques-uns, très rares, trop rares. Pournous, organisateurs, c’est dur de constater que leséditeurs viennent ici en consommateurs plutôtqu’en partenaires, alors que le salon est fait pourmettre en valeur leurs ouvrages… »Après cette annulation retentissante, Place aux

livres ! vit donc des instants dif-ficiles. Pour Corinne Poirieux,la manifestation a les moyensde faire face et de se relancerpour l’édition 2011. Mais onne jette pas aussi facilementune année de travail. Surtoutlorsque cela se fait dans la plusgrande indifférence. L. B.

Place aux livres !2, quai Claude Bernard69007 Lyon04 72 71 74 52www.salonlivrelyon.com

Retour sur l’annulation du salon du livre à Lyon

Pas de Placeaux livres ?Du 5 au 7 novembre, la place Bellecour, aucentre de Lyon, devait accueillir la 8e éditiondu « salon national de l’édition indépen-dante ». Une manifestation annulée pour desraisons de sécurité, suite aux troubles del’ordre public qu’a connus Lyon lors des mani-festations contre la réforme des retraites.Retour sur un non-événement.

Que se passe-t-il lorsqu’une manifestationculturelle telle qu’un salon du livre vient à êtreannulée pour des raisons de sécurité ? À vrai dire,pas grand chose, et c’est ce qui ne laisse pas de sur-prendre. Une décision prise par l’organisation dusalon à la suite de la non autorisation de monter lechapiteau place Bellecour, décidée par le cabinet dupremier adjoint au maire, Jean-Louis Touraine, dansle contexte des événements que l’on connaît ;un simple communiqué ; la presse locale quiveut absolument trouver des responsables ausein des pouvoirs publics… Et puis, plus rien.

Corinne Poirieux, directrice des Éditions Lyonnaisesd’Art et d’Histoire et à l’origine avec Jacques Lamy(Librairie Gibert Joseph) de l’association organisa-trice de Place aux livres !, ne cache pas son amer-tume face au grand silence qui a suivi l’annulationde l’événement que toute l’équipe – professionnelset bénévoles – avait préparé une année durant.« Compte tenu de ce qui s’était passé dans le centre-ville, le montage du chapiteau place Bellecour n’apas pu se faire au moment prévu. Pas de chapiteau,pas de salon du livre… » Sage décision lorsqu’onsait combien il est difficile d’assurer la sécuritéautour de ce chapiteau de 2 000 m2 conçu pourrecevoir environ 120 éditeurs, 300 auteurs…

Partenaires ou consommateurs ?

Corinne Poirieux a d’ailleurs exprimé son soula-gement après cette décision qui, pourtant, remetbien des choses en cause : le principe même duchapiteau tout d’abord, qui est certes festif,mais aussi et avant tout fragile. En conséquence,l’association se questionne sur la possibilité d’unautre lieu, la Halle Tony Garnier notamment,« mais c’est une salle immense, coûteuse et peudisponible », ou encore le Palais de la Bourse,« central, mais trop petit ».

Bourses à l’écriture 2010

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numériques des adolescents (« Lespratiques de lecture et d’écriturenumériques des adolescents »), desti-née aux professionnels des biblio-thèques, des centres de loisirs et desespaces multimédia.Nombre d’adolescents se serventd’Internet et des outils numériquesd’une manière inventive. Ils créentavec, et leurs productions ont à voiravec la lecture, le livre, le cinéma, lanarration… Ce qui finalement n’estpas rien. Les ateliers proposés endeuxième partie du programme pro-posent aux professionnels de com-prendre de manière vivante et dedécrypter ces utilisations du numé-rique. Le multimédia fournit par

Une journée de réflexion sur lespratiques numériques des ados

Laisserentrer lamodernitéEn proposant d’explorer les pra-tiques numériques des adoles-cents, Savoie-Biblio et ses parte-naires mettent en lumière unecréativité et une culture populairemodernes qui restent encore lar-gement à découvrir et à accompa-gner. Journée de réflexion à Cran-Gevrier le 16 décembre.

C’est une scie bien connue : les ado-lescents ne lisent pas, ne fréquen-tent pas les bibliothèques, écriventSMS et se fichent du livre commedu quart (et du reste). Passé le stadede la déploration, d’aucuns se deman-dent où et comment aller chercher cepublic, et surtout l’accompagner. C’esten tout cas la question posée parSavoie-Biblio lors d’une journée deréflexion centrée sur les pratiques

exemple une boîte à outils qui per-met à partir d’un scénario et depersonnages de créer une bandedessinée. Les « fan-fictions » serontégalement commentées et explorées :si les ados écrivent passionnément àpartir de leurs héros de lecture, on voitl’intérêt de connaître les arcanes deces labyrinthes coopératifs. Quant au« machinima », phénomène d’appro-priation numérique plus récent, lemot-valise dit bien tout ce que ce nou-veau genre doit à la fois à l’ordinateur,au jeu vidéo et au cinéma. Il s’agit eneffet pour le cinéaste amateur des’emparer des ressources d’un jeupour les incorporer dans un scénarioet un film.

Bien évidemment, ces nouvelles pra-tiques dérangent, elles percutent assezvivement les représentations, notam-ment sur la notion d’auteur, ainsi queles savoir-faire des médiateurs. Maiselles font écho aux réflexions enga-gées par les acteurs culturels sur l’im-pact de la révolution numérique,notamment sur les métiers du livre*.Cette journée met ainsi l’accent sur lechangement de territoire de la biblio-thèque et sur le rapprochement avecles professionnels de l’animation.Danielle Maurel

* voir le dossier documentaire issu de laconcertation régionale : « Le numérique :nouvelle donne, nouvelle politique culturelle : Quelles nouvelles pratiques ? »

humaines, juridiques et financières àprendre en compte, ainsi qu’en ce qui

concerne le fonction-nement d’un tel lieuau quotidien. É. P.

Pierre De HaasMonter et faire vivreune maison de santéLe Coudrier,collection « Partaged’expériences »173 p., 29 €ISBN 978-2-919374-00-7www.lecoudrier.fr

Être bergeraujourd’huiAprès Dessine-moi un berger, ledocumentaire qu’elle a réalisé en2009 avec Simon Shandor, AnnickMaziers convertit dans un ouvragesa réflexion sur ce métier ancestralque pratiquent encore aujourd’huicertains de nos contemporains.Montagnes d’hommes, paru ennovembre aux éditions Lieux Dits,présente la vie quotidienne d’hommes

Pascale Gayrard, médecinde santé publique, consul-tante et formatrice, est àl’origine de la maison d’édi-tion Le Coudrier, installée àBrignais, près de Lyon. Son intentionest de diffuser les réflexions et expé-rimentations menées à l’heureactuelle par les professionnels de lasanté, tout en évitant l’écueil d’ou-vrages trop théoriques. En septembreest paru un premier titre qui pré-sente cinq expériences réussies decréation de maisons de santé dansdifférents contextes locaux. Sonauteur, Pierre de Haas, lui-même ini-tiateur et coordonnateur d’une mai-son de santé, apporte des recom-mandations aux porteurs de projetsquant aux dimensions territoriales,

et de femmes de la montagne, qui,seuls ou en couple, à travers un modede vie nomade ou sédentaire, assurentla survie de ce qui constitue un pan denotre patrimoine. Les descriptions trèsspontanées sont illustrées de clichésde paysages et de vues de détailssaisis par Ève Dufaud.De nombreux événements liés àcette publication sont organisés dansla région durant tout le mois dedécembre. Une projection du docu-mentaire original suivie d’un débatest ainsi programmée le 3 décembreau cinéma Les Nemours à Annecy, - puis les auteurs se déplaceront dansplusieurs librairies de la région pourdes séances de dédicaces. É. P.

Annick Maziers (texte)Ève Dufaud (photographies)Montagnes d’hommes. Bergers, bergères d’exceptionLieux Dits176 p., 30 € - ISBN 978-2-362190-03-2www.lieuxdits.fr

actualités /numériqueLes pratiques de lectureet d’écriture numériquesdes adolescents

jeudi 16 décembre, La Turbine,à Cran-Gevrier (74), de 9h à 17h.Organisée par Savoie-Biblio, enpartenariat avec l’association Et

patati et patata, les Directions dépar-tementales de la cohésion sociale 73 et74 et la Turbine (cyberbase et média-thèque). Conférence de Pauline Reboulet ateliers animés par Alixe, David Graset Isabelle Arvers.

Renseignements : 04 50 09 00 91

/édition Culture et hôpitalQuel bilan pour la lecture à l’hôpi-tal, comment créer une politiqueculturelle hospitalière dynamiqueautour du livre, ce sont quelques-unes des questions que se poserontles participants à la journée profes-sionnelle « Culture et hôpital », le7 décembre au centre hospitalierde Savoie, à Bassens (entrée libresur réservation). Avec notammentune intervention de l’écrivainFabienne Swiatly, la présentationdu guide de recommandations pra-

tiques Faire vivre la lecture à l’hôpital parCamille Dégez (ministère de la Cultureet de la Communication) et une après-midi réunissant bibliothécaires, respon-sables de manifestations littéraires etdélégués culturels de plusieurs centreshospitaliers de Rhône-Alpes.

Hi.cultureTel. : 04 37 91 55 71Mél. [email protected]

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dans la région), où « les habitants n’ontpas d’habitudes culturelles très fortes,où il faut trouver des relais et s’appuyer

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En 2009, la résidence à La Ricamaried’un photographe, Philippe Hervouet,avait mis du temps pour mobiliserles énergies des autres acteurs socio-culturels de la ville. Cette année, l’in-vitation faite au poète Saleh Diabpour une résidence au long cours –neuf mois, à raison d’une journéetoutes les deux semaines environ –devrait permettre « à chacun d’en-trer dans le projet à sa manière etque les choses fermentent », commele dit Catherine Herbertz, directricede la médiathèque Jules Verne, àl’origine de cette initiative. Une for-mule de « résidence extensive » plusadaptée aux besoins d’une villecomme La Ricamarie (un peu plus de8 000 habitants, une population plu-tôt défavorisée, une image globale-ment dévalorisée, une ville marquéepar les restructuration économiquesqui ont suivi la fermeture des mines

sur le réseau associatif », pourtantdense et bien structuré.Parmi les originalités de cette nou-velle expérience, qui a pour thème« Vivre ici – Habiter la langue », lechoix d’un poète franco-syrien, quiécrit principalement en arabe ettraduit aussi du français en arabe. Ils’agira d’expérimenter des rencontresautour de la langue et de l’écriture,« chacun des habitants étant invité

à participer auxateliers et aux ren-contres muni de sapropre langue…Une résidence cen-trée sur la rencontreet l’oralité, le bruitdes langues et leurpassage, les lectures

et les traductions, les récits de vie. »Pour « matérialiser » la présence del’écrivain, les idées ne manquent pas :afficher la poésie un peu partout,ouvrir une boutique d’écriture encentre-ville, utiliser l’espace café-presse de la médiathèque, recueillirdes récits de vie des habitants, orga-niser à l’occasion du Printemps despoètes un événement poétiqueautour du thème « Comment vivreici ? », avec des poètes étrangersvivant en France…Un projet aventureux, soutenu parla Ville, la DRAC Rhône-Alpes, laRégion et le Conseil général de laLoire, porté par la médiathèque de LaRicamarie, qui fait le pari des énergiesrenouvelées et du lien culturel, àconstruire et à reconstruire. L. B.

M é m o ,CatherineM a r l i n ,qui consi-dère quela jeu-nesse estau centredu dispo-sitif. Lesnouveaux équipements (garage àpoussettes, tables à langer, transats,mobilier adapté), le personnel misà disposition (7 agents sur 19 s’oc-cupent plus spécifiquement de lajeunesse) et l’organisation du bâtimentdevraient permettre aux famillesaccompagnées de jeunes enfants defréquenter plus facilement et tousensemble la médiathèque.Dans cette optique, la totalité des col-lections a été réorganisée. Deuxespaces principaux, fiction et docu-

Depuis le 19 octobre, un nouveléquipement de haute qualitéculturelle et non moins environ-nementale a ouvert ses portes àOullins, au sud de Lyon. La Mémo,un petit nom pour un grand bâti-ment et une ambition : faire dela médiathèque le cœur d’unquartier en mutation.

Quatre ans de réflexion sur le projetainsi qu’un an et demi de travaux – création de la Mémo et rénovationdans la foulée de l’annexe deMontlouis – méritaient bien unesemaine d’inauguration. Animations,conférences, apéro-mix, performancesautour des héros de notre enfanceavec, cerise sur le gâteau, l’illustratriceCamille Jourdy comme marraineofficielle. Le tout pendant lesvacances de la Toussaint. Un partipris revendiqué par la directrice de la

mentaire, présentent la quasi-totalité du fonds sans sectorisationdes livres adultes ou jeunesse, parailleurs identifiables par leurs éti-quettes. C’est sans doute ce travailde préparation des collections qui apris le plus de temps, mais « celanous a vraiment permis d’envisagerdifféremment notre mode de fonc-tionnement », confie la directrice.Autre nouveauté, l’espace docu-mentaire accueille maintenant unpôle image et son. 1 700 dvd (3 000

prévus dans 3 ans) et deux bornesde téléchargement de musiquedevraient faire le bonheur des abon-nés. L’une réservée au télécharge-ment de musique libre de droits(Automazic) et l’autre à la musiquesous droits (Bibliomédias) permet-tent un téléchargement sur place ouà domicile de fichiers chrono-dégra-dables. Après Chambéry, Oullins estla deuxième ville de Rhône-Alpes à proposer ce type d’équipementqu’elle partagera avec les deux autresbibliothèques de l’intercommunalité :Brignais et Saint-Genis-Laval. La Mémo, c’est aussi un espaced’exposition pour le patrimoine écrit,un kiosque pour la lecture sur place,un espace multimédia, une salle detravail et deux salles d’animations. Unlieu de vie où il fait bon passer etrester. De plus, en 2013, le métro arri-vera au pied de l’établissement. Maisd’ici là, rendez-vous au « Châteaud’Anne Hiversaire », la salle d’anima-tion jeunesse, pour souffler la pre-mière bougie et faire un clin d’œilà Claude Ponti. Delphine Guigues

actualités /bibliothèquesUne résidence d’écriture à La Ricamarie

Une énergie renouveléeDe septembre 2010 à juin 2011, le poète franco-syrien Saleh Diab esten résidence à la médiathèque Jules Verne de La Ricamarie, sur lethème « Vivre ici – Habiter la langue ». Un travail au long cours et uneautre façon de fêter les dix ans de la médiathèque.

« Poète, journaliste, traducteur, organi-sateur d’événements littéraires, telssont les talents de Saleh Diab, poètesyrien né à Alep en 1967, ayant vécu auLiban puis en France à partir de 2000.Son parcours marqué par de nom-breuses ruptures et déplacements leplace en position privilégiée pourmener un travail poétique en empathieavec les habitants et en cohérence avecles problématiques de la résidence.

Sa grande connaissance de la poésiearabe et méditerranéenne contempo-raine ainsi que son expérience de traduc-tion seront précieuses pour la transmis-sion et la médiation de ces littératures,son expérience journalistique lui permet-tra d’enrichir son expérience poétiqued’une approche et d’une transmissiontrès ouverte de la réalité du territoire. »(Vivre ici – Habiter la langue. Une résidence d’écriture de Saleh Diab.)

La nouvelle bibliothèque municipale d’Oullins

Une inaugurationMémo-rable !

La Mémo8, rue de laRépublique 69600 Oullinshttp://mediathequeoullins.blogspot.com

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de vulgarisation rigoureuse, alliantune logique de savoir et un véritablesouci didactique dans le travail devulgarisation ». Spécialisée dans lesouvrages de pédagogie dans lesdomaines de l’éducation, de la psy-chologie, de la sociologie et de lacommunication, la maison d’éditionlyonnaise s’est tout d’abord lancéedans la reprise de titres pouvantintéresser le champ français, avantde passer à « une collaboration à lasource », qui allie l’éditorial et lecommercial en amont de la publi-cation, notamment autour du choixet du travail sur les manuscrits.

Coéditer des livres d’une rive àl’autre de l’Atlantique

Un pontéditorialEntre Chronique sociale, la plusancienne maison d’édition deRhône-Alpes, spécialisée dans lesouvrages pédagogiques issus despratiques professionnelles etsociales, et les Presses de l’univer-sité Laval, à Québec, la coéditionest déjà une longue histoire. Maisle travail s’approfondit au fil desans, pour le plus grand profit deséditeurs et des auteurs.

Depuis une quinzaine d’années, lesPresses de l’université Laval, ins-tallées dès 1950 dans la ville deQuébec, ont élargi leur domained’action, jusque-là purement univer-sitaire, en s’ouvrant à des livres devulgarisation destinés à un publicplus large. « Écrire des choses com-pliquées de manière simple », com-mente André Soutrenon, respon-sable de Chronique sociale, qui s’esttrès vite intéressé à cette « capacité

Concrètement,une partie deséchanges passepar la Foire dulivre de Francfort,où les éditeurs seretrouvent chaqueautomne pourévoquer les pro-jets en cours. Lesmanuscrits propo-sés à Chroniquesociale par l’édi-teur québécoissont lus comme

les autres, faisant l’objet deremarques sur la forme et sur lefond de la part de l’éditeur, et par-fois d’une demande de travail sup-plémentaire afin de s’adapter aucontexte français. S’il y a accordentre les deux parties, la négocia-tion commerciale s’engage avec unprix de cession déterminé pour uncertain nombre d’exemplaires (entre 1 500 et 1 800 côté français ; entre 300et 500 côté québécois).Pour l’éditeur de Québec, cettechaîne éditoriale transatlantiquepossède un intérêt économique,notamment en raison de la taille

réduite du marché local, mais elleest aussi « stimulante pour lesauteurs, qui voient ainsi leur travailrelayé en Europe », explique DenisDion, directeur général des PUL.Celui-ci constate d’ailleurs un mou-vement de diffusion des idées nord-américaines beaucoup plus largeque celui de l’édition, et une fortevolonté québécoise de promouvoirses chercheurs et leurs travaux.Si Chronique sociale achète plus detitres aux Presses de l’université Lavalque l’inverse, le travail de coéditionpermet en tout cas à l’éditeur françaisune véritable présence de ses livresau Québec : « Un travail que nousmenons déjà avec la Belgique et, demanière plus ponctuelle, avec laSuisse », rappelle André Soutrenon,qui considère que « l’espace de lafrancophonie est vital pour un éditeurde taille moyenne, et constitue un réelavenir commercial pour un certainnombre de ses livres ».PUL + Chronique sociale, un accordmoral et transatlantique entre cesdeux vieilles dames de l’édition, âgéesrespectivement de 60 et 90 ans. L. B.

www.chroniquesociale.comwww.pulaval.com

Un an et demi plus tard, AdLibris a déjà publié neuftitres et développé trois col-lections qui donnent latonalité de la maison : desalbums pour enfants alimen-tent la collection « Dédé »(comme DéveloppementDébrouillard…), autour desquestions environnemen-tales, mais aussi la collection« Rêve et Ris », avec des thé-matiques autour de la différence oude la peur de grandir : « On fait lepari de l’intelligence de l’enfant »,explique Aïssa Derrouaz, « et l’on pri-vilégie des histoires toujours un peumerveilleuses avec une portée péda-gogique sous-jacente ». Et puis vientd’être lancée la collection « GrandsMaîtres », qui propose des classiquesdu théâtre illustrés (avec cd-audioet narration par le comédien AlainCarré du texte adapté de la pièce),pour les jeunes, mais pas seule-ment : « Beaucoup de gens ne vontpas facilement vers le théâtre, car illeur manque des clés pour aborder

Ad Libris : un nouvel éditeurjeunesse en Rhône-Alpes

Entre les rivesAïssa Derrouaz, fondateur de lamaison Ad Libris, installée à Anthy-sur-Léman, en Haute-Savoie, depuisplus d’un an, est un passionnéd’édition et de théâtre. Sa maisonlui ressemble, parti pris de fictionsau service de la pédagogie.

Éditeur de métier, spécialisé dans lacréation de collections encyclopé-diques, Aïssa Derrouaz est aussi uncomédien. Ce n’est pas qu’il fassesemblant de jouer à l’éditeur jeu-nesse – il en est bel et bien un –,mais il a contracté une passion duthéâtre qui l’a poussé à suivre descours d’art dramatique, à Paris, il ya déjà longtemps. L’essentiel lui estresté : « Cette autre passion m’aconduit vers l’imaginaire, et au boutde vingt ans d’édition, j’ai décidé qu’ilétait temps de lancer ma propre mai-son pour raconter, à travers la fiction,des choses qui peuvent être graves. »

les œuvres. Cette collection est aussiune introduction aux pièces et uneincitation à aller vers le texte lui-même. » Avec Arlequin, serviteur dedeux maîtres, d’après Goldoni, LeSonge d’une nuit d’été d’aprèsShakespeare, et Dom Juan, d’aprèsMolière, « Grands Maîtres », inspiréed’une collection allemande à suc-cès, propose une expérience singu-lière du « théâtre raconté ».Mais Aïssa Derrouaz aime aussi àdéjouer les attentes. Il vient ainsi depublier un roman de MichelFrancesconi, La Vitesse à laquellenous oublions est stupéfiante, le

premier titre de la collection « Surl’autre bord ». Ad Libris s’installeconfortablement entre les rives. L. B.

Ad Libris12, chemin de Choiset74200 Anthy-sur-Léman04 50 81 82 07www.adlibriseditions.com

zoom /édition

Dernier titre paru dans lacollection « Dédé » :Francis Nibart et Élodie Balandras,Le Fabuleux Voyage de Jonathansous la baignoire.

Tirage de la collection « GrandsMaîtres » : 2 000 exemplairesDiffusion : Pollen Diffusion

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« Vous n’avez pas lu Jean Ier lePosthume, si vous n’avez pas lu JeanII le Bon ». Et inversement. Onconnaît le goût de Fabrice Vignepour les contraintes d’écrituredepuis son premier livre, TS(L’Ampoule, 2003), où il jouait l’in-trigue au dictionnaire. Avec ce défide théoriser la possibilité d’unesuite, il construit – pour lui-même –une contrainte de taille. Pas à pas,on retrouvera le canevas du premierroman, ainsi que son style et ses

« Jean Ier le Posthume II. La légendeest écrite, l’aventure continue ». JeanIer le Posthume est mort, vive Jean IIle Bon ! Quelques années aprèsl’écriture de Jean Ier le Posthume,roman historique, Arthur se sentrepris par le désir d’écrire. Maisécrire un nouveau roman posed’autres questions… Et Arthur d’al-ler trouver ses amis, Elsa et Stan,déjà comparses d’écriture du pre-mier. Dans l’intervalle, ils ont grandiet leurs préoccupations ne sont plustout à fait les mêmes : Elsa joue dela basse et compose des chansons ;Stan se pique de cinéma et tourneun film. Une suite, leur proposeArthur. Nécessairement un palimp-seste, répond Elsa. Une saison 2 ouune séquelle, pinaille Stan.Strictement aucun intérêt. Premierverdict. Sympa. Deuxième verdict.Bon, on va t’aider pour ton« rimèque ». Accord conclu.

principes formels (dialogues descript, citations en tête de chapitre,intervention du narrateur à la fin,etc.). Mais en choisissant un roi quivit quarante-cinq ans plutôt quecinq jours, acteur important de laGuerre de cent ans, prisonnier desAnglais, le récit gagne en épais-seur… et en invention. Liens auxautres, place dans le monde, librearbitre : autant de visions anachro-niques pour le XIVe siècle mais per-tinentes pour cette bande d’adoles-cents qui se cherche entre le collège,la création artistique, leurs familleset un voyage scolaire en Angleterre.« Jean II l’Encore Plus Meilleur quele Bon ! On se calme et on boit fraisau London Donjon ! (un film tropsympa) ». Vite, le chapitre suivant !

On est pris… Anne-Laure

Cognet

FabriceVigneJean II le BonÉditionsThierryMagnier240 p., 10,50 €ISBN 978-284420-854-5

Dragon vole !C’est l’histoire d’un dragonnetnommé Charles dont « les ailes degéant » l’empêchent de voler. C’estaussi l’histoire d’un dessinateur

lyonnais, Philippe-Henri Turin, spé-cialiste des dragons, qu’il adore des-siner (il a déjà commis avec SylvieChausse le gros livre Tendres dra-gons). Charles à l’école des dragonsest un album maxi-format qui met

en valeur des illustra-tions pétillantes d’hu-mour, avec des dragonspas effrayants pourdeux sous – expressifset contemporains – etune foule de détailsréjouissants. Une tech-nique singulière aurendu lumineux et pro-fond, des teintes acidu-lées, une dispositioninspirée de la BD : cet

album mérite le titred’œuvre illustrée. Il déploieun univers imaginaire joyeuxet haut en couleurs. M. G.

Philippe-Henri Turin (illustra-tions) ; Alex Cousseau (texte)Charles à l’école des dragonsSeuil jeunesse48 p., 19,80 €ISBN 978-2-02-100560-8

Fabrice Vigne et la possibilité d’une suite

Rimèque or not rimèqueFabrice Vigne revient… avec Jean II le Bon, suite anachronique etdélicieuse de Jean Ier le Posthume, roman historique. De l’aventure,du XIVe siècle à nos jours.

Le goût dela vieComment rendre le sourire àAyumi ? se demande Théo. Cardepuis quelque temps, Ayumi esttriste. Non, pardon, Ayumi est« kiwi » car dans cette jolie histoire,les émotions s’expriment par lesfruits. Samuel Ribeyron dessine sespersonnages avec de drôles de têtescubes. Les arbres aussi sont cubes.Et pourtant, la délicatesse de sontrait rappelle celle de RebeccaDautremer, de même que sa prédi-lection pour les couleurs veloutées.Cela ne l’empêche pas d’oser unpimpant jaune fluo glacé sur la cou-verture qui attrape l’œil sans l’agres-ser. Un audacieux mélange de géo-métrie, de punch et de tendresse !Certains reconnaîtront l’atmosphèredouce et fantaisiste des pochettesd’album d’Amélie-les-crayons, quedessine Samuel Ribeyron, égalementdécorateur aux studios de dessinanimé Folimage à Valence. Les détailsjaponisants rappellent aussi que ledessinateur aime l’Asie.Pour Salade de fruits, SamuelRibeyron s’est fait à son tour auteur,racontant une histoire originale etpoétique, dans laquelle ce quicompte plus que tout est de fairerire celle qu’on aime – non, pardonla rendre « banane » –, en lui prépa-rant une sublime salade de fruits.Samuel Ribeyron, qui vit enArdèche, propose aux enfants unhymne à la nature, à ses graines et àses fruits, aux fleurs et aux oiseaux,aux couleurs et aux goûts. Il inventeun romantisme pétillant et sucré.On en croquerait ! Myriam Gallot

Samuel RibeyronSalade de fruitsHongFei CulturesAlbum non paginé, 12,50 €ISBN 978-2-35558-020-8

livres & lectures / jeunesse

Un monarque noir« Méfie-toi de la langue qui est le meilleuret le pire des morceaux de viande, car elledit la vérité comme elle active le men-songe. » Dans son Voyage de l’empereurKankou Moussa, album illustré parChristian Epanya, Jean-Yves Loude metainsi en garde son lecteur. Les récits del’Afrique, celui-ci compris, mêlent l’histoireau merveilleux, le conte au récit. Il était donc une fois l’empereur KankouMoussa, qui régna sur l’empire du Mali auXIVe siècle, période d’apogée d’un royaumesi puissant qu’il surpassait en richesse eten faste ceux du reste de l’Afrique etmême de l’Égypte. Dans l’esprit de la tra-dition orale, l’auteur retrace le périple del’empereur à travers le nord de l’Afrique,multipliant les situations, qui permettentde comprendre le degré de raffinementde cette société africaine du XIVe siècle.Bien avant les grandes découvertes et lesravages de la colonisation telle qu’ellefut menée par les pays européens. Unalbum qui aide à remonter dans le passériche et fascinant de l’Afrique. L. B.

Jean-Yves Loude (texte)Christian Epanya (illustrations)Le Voyage de l’empereur Kankou MoussaLe SorbierAlbum non paginé, 16,50 €ISBN 978-2-7320-3973-2

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d’âmes d’un nouveaugenre – « en série »,serait-on tenté de dire.Notre anti-anti-hérosn’hésitera pas donc àtuer… pour mieux sau-ver les âmes envolées.Sa nouvelle raisond’être : racheter lesvivants en leur offrant une nécrologiequi les sublime. « Ils se détestent tous.Pourquoi est-ce que nous nous achar-nons à faire respecter une loi pour desgens qui ne se respectent plus ? »L’écriture de Christian Chavassieux,nourrie par une colère froide, estconvaincante.

Placer la barre haut

Changement de cadre pour LesFaux Cils et le Marteau de ThierryGirandon. Contexte différent, maismême noirceur et écriture d’égalcalibre. Le roman vaut mieux queson titre, digne d’un énième épisodedu Poulpe, et l’auteur a lu d’autreslivres que les aventures de GabrielLecouvreur – même s’il semble par-tager la sensibilité anarchiste de ce

Quand on l’interroge sur la genèsede cette nouvelle aventure, Jean-Patrick Péju évoque « les manuscritsintéressants reçus depuis deux ans,mais qui entraient dans le cadre duroman noir et méritaient qu’on leurfasse une place ». Le directeur de col-lection ne laisse rien au hasard : lesouvrages sont soignés (toutes les cou-vertures illustrées par Franck Perrot,un dessinateur de Roanne), leur for-mat aussi haut qu’étroit se singula-rise et l’on a « veillé à ce que le prixreste à la portée de toutes les bourses,dix euros, pas plus ». Quatre titres paran viendront enrichir la collection.Également fidèle aux auteurs déjàpubliés dans « Les sœurs océanes »,cette nouvelle collection nous présentenotamment Christian Chavassieux etson Psychopompe. Le psychopompe, c’est Nathan Charon,chargé de la rubrique nécrologiquedans un journal local. Charon, vousavez dit Charon ? La mythologie n’estpas loin, veille sur le récit… Une drôlede commande (rédiger un diction-naire de personnalités défuntes) vapousser Charon à franchir la ligneblanche et à devenir un passeur

dernier. Girandon est un auteur deromans noirs qui n’a peur ni desphrases longues, ni des points vir-gules, sans appartenir pour autant àla chapelle des « polardeux qui jouentleurs précieuses » (formule de ThierryMarignac).L’histoire ? Dans une zone où la pre-mière d’une longue série de difficul-tés consiste à ne pas se tromperd’usine lorsqu’on va au boulot, Jeanvit son enfer quotidien. Son projet defaire tuer son patron va le précipiterde Charybde en Scylla. Au fil despages, la violence est extrême, la qua-lité de l’écriture ne l’est pas moins.Ainsi, d’apparatchiks visitant uneusine : « ils avaient tous des mentonsqui se dédoublaient quand il sepenchaient de la passerelle pourobserver l’organisation du travail, en

bas, étonnés, à chaque fois,de voir entre les machinestrimer des travailleurs ».Quant aux scènes de sexe,c’est comme si l’auteurparvenait à réconcilier lesdeux styles qui ont mar-qué l’œuvre de Calaferte :le lyrique (qui ne craint pasle sordide) de Septentrionet la sècheresse tout enprécision de La Mécaniquedes femmes.Avec les deux premierstitres de sa collection« Noirceurs océanes »,Jean-Patrick Péju met labarre haut. Deux autresromans paraîtront en

2011, l’un de Michel Papet, l’autrede Grégory Chevignon.Le jour où les têtes de gondoleseront couvertes des polars deJean-Pierre Huguet Éditeur plutôtque de thrillers formatés venduspar palettes, ce sera le signe que lemonde, à défaut de se mieux porter,a commencé un véritable travail surlui-même… Frédérick Houdaer

Christian ChavassieuxLe PsychopompeJean-Pierre Huguet Éditeurcollection « Noirceurs océanes »336 p., 10 €ISBN 978-2-35575-100-4

Thierry GirandonLes Faux Cils et le Marteau Jean-Pierre Huguet Éditeurcollection « Noirceurs océanes »264 p., 10 €ISBN 978-2-35575-099-1

marié, amoureux fou, il mène une viesimple et sans accroc. Mais pour unesordide histoire qui l’oppose à sonpatron, il va mettre le doigt dans unengrenage qui fera de lui un tueursans états d’âme et fidèle à son clan.Ce récit raconte de manière à peineromancée le lent cheminement d’unexécuteur, de la prison à la repen-tance. Car sous la pression d’un jugeanti-mafieux et d’un vieux policier,Ferdinando accepte de briser l’omertaen échange d’une remise de peine etd’une protection pour lui et sa famille.Ce qu’il y a de fascinant dans celivre, c’est l’énergie que déploientles juges, les avocats et les policierspour convaincre des criminelsendurcis qu’ils peuvent espérer une

Destind’exécuteurRepenti… Arturo Buongiovannifait le récit détaillé des rouagesdu système mafieux, mais ausside la justice italienne, qui s’em-ploie à le combattre.

Si vous naissez à Naples, vous vousretrouverez un jour ou l’autre à côtoyerquelqu’un de la Camorra. Il y a mêmede fortes chances, si vous êtes unhomme, que vous ayez à travaillerpour cette organisation… Ferdinando,le héros bien réel de Repenti, romand’Arturo Buongiovanni, est ouvrierd’un atelier d’aluminium. Jeune

vie sans violence, sans meurtres, sim-plement à condition de collaborer. Lui-même avocat de repentis, ArturoBuongiovanni mêle le récit d’une viede crimes, de règlements de comptesultra-violents et declandestinité auxprocédures poin-tilleuses qui met-tront le repenti àl’abri d’une ven-geance plus que cer-taine. Si le récit n’apas la puissance deGommora, le célèbrelivre de RobertoSaviano, il touche lelecteur par la ferveurpresque naïve avec

laquelle son auteur décrit le sacer-doce de quelques magistrats incor-ruptibles qui mènent un combatsans fin contre les organisationsmafieuses d’Italie. Michel Edo

Arturo BuongiovanniRepentiTraduit de l’italien par Patrick Vighettila Fosse aux ours298 p., 19 €ISBN 978-2-357-07014-1

livres & lectures /romans noirsUne nouvelle collection noire chez Jean-Pierre Huguet Éditeur

La loi du genreJean-Patrick Péju, qui dirige la collection « Les sœursocéanes » chez Jean-Pierre Huguet Éditeur, a de la suitedans les idées. Il le prouve en créant la collection« Noirceurs océanes », qui « vogue à la découverte

d’auteurs contemporains de romans noirs ». Présentations.

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nécessaire, et offrir denombreux morceaux debravoure lorsqu’il s’agitde décrire l’atmosphèred’un bouge ou d’unpalais. L’élégance de laprose (la recherche dubeau geste pour le person-nage principal) rappelled’ailleurs le Capitaine Alatriste dePerez-Reverte plus que Tolkien.Il n’est que de parcourir les titres deschapitres qui balisent le roman pourcomprendre dans quelle sorted’aventure nous sommes embar-qués : « Où Djeeb se taille une sil-houette peut-être trop rude pourlui » ; « Où ce qui se dit en Place deJour résonnera de longs échos » ;« Où, bien que séché, Djeeb continuede prendre eau » ; « Où l’avenir ala peau douce »…Et Laurent Gidon est un auteur quitient ses promesses. F. H.

* Laurent Gidon a obtenu une boursed’écriture de la DRAC Rhône-Alpes et de la Région Rhône-Alpes en 2010.

Laurent GidonDjeeb l’encourseurÉditions Mnémos, collection « Dédales »240 p., 19 €ISBN 978-2-35408-085-3

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CHRONIQUE SOCIALE

Une école sansboussole dans unesociété sans projetde Pascal BouchardCe livre tire la sonnetted’alarme et propose desperspectives politiques pour refonder un projet de civilisation sur lequels’appuierait un nouveausystème d’éducation en France.

128 p., 11,90 €

ISBN 978-2-85008-831-5

FAGE ÉDITIONS

La Planète affoléetextes de GottfriedHonegger ; photographiesde Hans SilvesterCet ouvrage présente le travail photographiquede Hans Silvester, artisteprécurseur de la prise de conscience écologiqueactuelle, qui s’est engagédans la dénonciation des différents ravages dansl’environnement depuis les années 80. À ses imagessont associés les mots deGottfried Honneger, artisteplasticien qui est l’un des représentants de l’Art concret.

192 p., 30 €

ISBN 978-2-84975-210-4

MOSQUITO

Le Collectionneurde Sergio Toppi Seul personnage récurrentde Toppi, le collectionneurnous entraîne dans un tourdu monde échevelé autravers de cinq albumsréunis dans cette intégrale.

266 p., 35 €

ISBN 978-2-35283-044-3

PUG (PRESSES UNIVERSITAIRES

DE GRENOBLE)

L’Optimisme comparatifd’Isabelle MilhabetAvoir une perception positivede son avenir après l’avoircomparé à celui des autres,c’est bien faire preuved’optimisme comparatif… Les controverses quant

à la définition de cephénomène et sesincidences humaineset sociales sont iciexplicitées.

159 p., 14 €

ISBN 978-2-7061-1614-8

PUL (PRESSESUNIVERSITAIRES DE LYON)

Lolita ou le tyranconfondu. Lecture de Nabokovde Didier machuCet ouvrage proposed’analyser le roman deVladimir Nabokov sousl’angle de la personnalité deHumbert, tyran impérialistequi s’empare d’un corpsd’enfant comme d’uncontinent.

448 p., 14 €ISBN 978-2-7297-0831-3

livres & lectures /fantasyLaurent Gidon tient ses promesses

Embarquementimmédiat en fantasyAprès Djeeb le chanceur (Mnémos,2009), voici Djeeb l’encourseur, deLaurent Gidon*, roman fantasyà rebondissements multiples età l’écriture élégante.

Si le propre d’un roman de fantasyest de balader son lecteur et de luifaire retrouver le goût de l’épiqueautant que celui du picaresque,gageons qu’aux yeux des lecteursles plus exigeants Djeeb l’encour-seur est une réussite du genre.Question d’étoffe narrative, questiond’écriture donc. Son auteur, LaurentGidon, sait inventer et brasser ununivers digne de Jack Vance et deson Cycle de Tschaï (référencepresque obligée). Son personnageprincipal, Djeeb Scoriolis, « artisteen rupture d’engagement, à larecherche d’un public fortuné », estle guide parfait pour explorer l’Arccôtier et ses différentes cités, àcommencer par Port Rubia quegouverne un matriarcat exigeant.Las (et à la grande joie du lecteur),il lui faudra se lancer dans unequête (forcément) périlleuse.Si les rebondissements ne man-quent pas, l’auteur sait ralentir lerythme de son récit quand cela est

Et si Napoléon avait triomphé àWaterloo… Tout est possible dansle roman de Laurent Poujois,L’Ange blond, un divertissementde haute volée.

Napoléon a vaincu les Anglais…Le résultat est là, les événements poli-tiques n’ont pas suivi le cours qu’onleur connaît pour les générationssuivantes. La raison pour laquelle unemission dangereuse finit par échoir àAurore Lefèvre (dite « der BlondeEngel »), formée à la Légion impériale :démanteler la conjuration qui menacel’impératrice Caroline Bonaparte.Réussir une uchronie nécessite unealchimie complexe dont peu d’auteurs

sont capables : érudi-tion, imagination, sensdu récit (et de sonrythme). Dans cesdivers domaines,Laurent Poujois excelleavec une humilité etun sens de l’efficacitéqui impressionnent.Mieux qu’une JamesBond’s girl, son héroïneprend tous les risques,entre dirigeables à ailesmodulables et nano-technologies en folie.

L’auteur ne s’interdit rien (y compriscertaines allusions à notre époque).Il n’hésite pas à jouer sur les diffé-rentes langues européennes (et l’évo-lution qu’elles auraient connue si…).À l’instar de Jaworski (dont Gagnerla guerre est sorti chez Les Moutonsélectriques), Laurent Poujois est passépar l’école des scénarii de jeux de rôles(l’une des meilleures pour apprendreà structurer un univers fictif ). Pourtrousser un thriller aussi riche eninventions et en rebondissementsgigognes, on n’ose imaginer le travailnécessaire en amont. D’ailleurs, onn’en a cure puisque ce travail ne sefait pas sentir à la lecture, suprêmeélégance de ce divertissement dehaute volée. F. H.

Laurent PoujoisL’Ange blond Éditions Mnémos, collection « Icares »304 p., 19,90 € - ISBN 978-2-35408-071-6

Une uchronie signée Laurent Poujois

Les historiens sesont trompés…

nouveautés des éditeurs

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Sélection des nouveautés des éditeurs de Rhône-Alpesréalisée par Émilie Pellissier

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SYMÉTRIE

L’Orgue, souvenir et avenirde Jean GuillouUne quatrième édition miseà jour et augmentée danslaquelle Jean Guillou,organiste reconnu, nouslivre l’histoire d’uninstrument, de son origine à ses perfectionnementsactuels. Deux CD inéditscomplètent le récit par une démonstration sonoretrès instructive.

306 p., 45 €

ISBN 978-2-914373-70-8

LA TAILLANDERIE

Histoire secrète desMaquis de l’Ain.Acteurs et enjeuxde Patrick VeyretDix ans après l’Histoire dela résistance armée dansl’Ain, cette réédition estriche de nombreux ajoutsconcernant tant lespersonnalités résistantesque les services spéciauximpliqués dans lesopérations répressivescontre les maquis.

398 p., 24 €

ISBN 978-2-87629-325-0

l’oppression. Une narration etun traitement graphique quifont preuve d’une grandeintensité.

308 p., 24 €

ISBN 978-2-84841-015-9

TERRE VIVANTE

Tous écocitadins !Pédibus, cantine bio,compost de quartierde Carine MayoCe livre présente trenteexemples d’alternativesécologiques efficaces misesen place partout en Francepar des citadins, que ce soitdans le contexte d’unimmeuble, d’une école, d’uneentreprise ou d’un quartier.

160 p., 18 €ISBN 978-2-36098-001-7

REVUE

VOIX D’ENCRE 43

collectifCe numéro fait encore une fois la part belle auxpoèmes et se termine avecdes définitions bien penséesde Franck Castagné, de« qualité » à « raison ».

63 p., 10 €

ISBN 978-235128-058-4

ÉDITIONS TANIBIS

Blood Song, uneballade silencieused’Eric DrookerAprès Flood, l’an dernier, cedeuxième roman graphiquesans texte d’Eric Drookernous plonge dans uneodyssée qui touche au sujetuniversel de la lutte contre

regard /

Chaque mois, retrouvez Géraldine Kosiak, en texte et en image, pour un regard singulier, graphique, tendre et impertinent sur l'univers des livres, des lectures et des écrivains...

Au travailUne esquisseIl arrive que l’on se rappelle une personne ou un événement, un faitquelconque, avec d’autres petits faits en marge du souvenir, unepetite ombre qui l’accompagne chaque fois que ce souvenir revient.Tout le monde connaît l’histoire de Lolita : Humbert Humbert, pro-fesseur de littérature, loue une chambre pour l’été chez une veuve,mère d’une jeune fille de douze ans, Lolita. Il tombe amoureux dela jeune fille et, pour rester près d’elle, épouse la mère. C’est à Paris, à la fin de 1939, alors qu’il est terrassé par une attaquede névralgie intercostale, que Vladimir Nabokov sent la premièrepalpitation de Lolita. Autant qu’il s’en souvienne : « Ce frisson futdéclenché, je ne sais trop comment, par la lecture d’un article de jour-nal relatant qu’un savant avait réussi, après des mois d’effort, à faireesquisser un dessin par un grand singe du Jardin des plantes. Cefusain, le premier qui eut été exécuté par un animal, représentait lesbarreaux de la cage de la pauvre bête. Il me semble que ce singe estun emblème, un bel emblème du pauvre Humbert, décrivant la grillede la passion qui l’emprisonne. Il est dedans, il n’en peut pas sortir, ilne voit que les ombres de ses barreaux… Humbert est un nom quiest une grille : Humbert Humbert… »Cette anecdote me touche particulièrement : comment un grandroman d’amours interdites se déroulant aux États-Unis a pris forme dansl’observation d’un singe enfermé dans la cage d’un zoo français ? On estsidéré par le grand écart entre le point d’origine et l’arrivée du roman.

Et puis, il est ici égalementquestion des liens entre ledessin et la littérature,une esquisse en ame-nant une autre.

Vladimir NabokovLolitaGallimard

chronique Géraldine Kosiak 17 /

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De vrais frèresCe n’est rien moins qu’une injustice historiqueque répare Philippe Langénieux-Villard avecson dernier livre : Les frères Rattaire.

La plupart des récits sur la guerre de 1914-1918,notamment les plus réussis, abordent la réalité,souvent vécue, des tranchées. Les œuvres litté-raires relatant le conflit depuis l’arrière sont plusrares. C’est pourtant une matière assez passion-nante : comment s’organise la vie sans lesjeunes hommes appelés au front, commentles rancœurs naissent au-delà des soli-darités de circonstances, mais aussicomment s’écrit l’Histoire après qu’unévénement aussi considérable et dévas-tateur est advenu…? Ce sont tous cesthèmes que met en exergue PhilippeLangénieux-Villard dans Les FrèresRattaire, tout en dévoilant un scandalequi touche une petite commune duDauphiné, celle du Moutaret.Durant la Première Guerre mondiale, lemaire et l’instituteur s’y sont de plus enplus férocement opposés. Le premieraffichant des convictions pacifistes, qui

deviennent bien commodes lorsqu’il s’agitd’éviter à son fils la sanglante boucherie ; lesecond défendant jusqu’à l’aveuglement lesvaleurs de patrie et d’orgueil national qui, trans-mises à ses trois fils, les conduisent à tomberau champ d’honneur. Le conflit s’envenimetragiquement lorsque le maire s’abrite derrièred’absurdes prétextes pour refuser d’inscrire lenom des fils Rattaire sur le monument auxmorts du village. De son écriture fine et sen-sible, Philippe Langénieux-Villard montrecomment les grands idéaux se heurtent à larugueuse réalité, tout en s’appuyant sur des faits

historiques qui permet-tent de recréer un quo-tidien déchirant. Voilàune belle manière derendre hommage à lamémoire de cette fratrieinjustement oubliée.Nicolas Blondeau

Philippe Langénieux-VillardLes Frères Rattaire Éditions Héloïse d’Ormesson128 p., 14 €ISBN 978-2-35087-151-6

La Savoie et l’EuropeC’est l’année ou jamais ! Cet énorme Dictionnairehistorique de l’annexion (plus de sept centspages…) dirigé par Christian Sorrel et PaulGuichonnet est l’occasion de revenir sur « l’Affairede Savoie » et de se plonger dans le processus quiconduisit au rattachement de cette région à laFrance, dont on a fêté cette année le cent cin-quantième anniversaire. État des lieux de laSavoie et des savoyards en 1860, acteurs de l’an-nexion, événements de 1858-1861 et intégrationà la France, cette somme historique, qui analyseaussi bien l’aspect international que les circons-tances locales, est soutenue par des cahiers ico-nographiques précieux. L. B.

La Savoie et l’Europe1860-2010Dictionnaire historiquede l’annexionSous la direction de Christian Sorrel et Paul GuichonnetLa Fontaine de Siloé726 p., 49 €ISBN 978-2-84206-471-6

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par exemple au struc-turalisme et à l’Oulipo). Une lecture futuristedira-t-on, qui ne secontente pas deregarder vers lesrelations textuellesentre l’homme et lamachine (syndromede La Bête Humaine),mais qui se veut aussi une approche sensibledu fait littéraire, avec un retour rêvé à la sub-jectivité et même au… Beau. Une étude quirelance la machine littérature. Roger-Yves Roche

On imagine toujours la littérature hors de toute« réalité matérielle ». On la voit dotée d’une âme,évanescente, plutôt que d’un corps, solide. Vieuxcliché qui joue la métaphysique contre la phy-sique. La pensée contre l’action. Quand ce n’estpas tout bonnement la beauté contre le trivial(souvenons-nous de Théophile Gautier : « Toutce qui est utile est laid »).Voici une étude qui vient infléchir cette idée,et nous raconte dans les plus infimes détails lesrelations adultères-aventureuses entre la littéra-ture et les technologies. « Penser avec la machine » ; « Dire la machine » ;« Écrire avec la machine ». En trois chapitres inci-sifs, Isabelle Krzywkowski fait le tour d’un ima-ginaire qui est passé progressivement d’unevision mécanique à une visée esthétique, avecce moment-clé, la rencontre « fortuite sur unetable de dissection d’une machine à coudre etd’un parapluie » (Lautréamont). La modernitéest en marche, et la littérature ne se sépareradésormais plus d’un point de vue mécaniste,jusque dans son retranchement théorique (pensons

livres & lectures /essaisUne étude sur les réalités matérielles de la littérature

La machine littératureMachines à écrire. Littérature et technologies du XIXe au XXIe siècle.Une étude fort documentée d’Isabelle Krzywkowski sur les rapportsqu’entretiennent la littérature et les technologies depuis deux siècles.

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Machines à écrire, d’Isabelle Krzywkowski, est lepremier ouvrage d’une nouvelle collection auxEllug, « Savoirs littéraires et imaginaires scienti-fiques », dirigée par Lise Dumasy, Yves Citton etPatrick Pajon. Elle se propose de publier des livres

qui se situent « sur les zones-frontières éminemmentporeuses qui séparent et solidarisent les approches detype scientifique et les sensibilités de type littéraire ».

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IsabelleKrzywkowskiMachines à écrire.Littérature et technologiesdu XIXe auXXIe siècleEllug326 p., 31 €ISBN 978-2-84310-151-9

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sur place

Souviens-toide Lola

Je me souviens de la douceur del’automne à Voiron (Isère) ces jours-là. C’était la deuxième édition de« Livres à vous », manifestation lit-téraire plutôt enlevée, chorégra-phique, plastique, musicale. Je mesouviens d’avoir raté le bus-littérairedevant la gare. Je me souviensd’avoir gravi, au Musée Mainssieux,la grammaire mystique d’Olivier

Charpentier. Je me souviens d’unatelier au bord de l’eau, où MarcusMalte faisait vibrer la lassitude d’unhomme marchant sur la plage. Jeme souviens de Germano Zulloet de sa jaguar, de Fred Paronuzziqui signait des cartes postales,d’Isabelle Simon, de Sara, de ClaudePujade-Renaud, d’Emmanuel Adely,d’Arno Bertina, de Mandana Sadat,d’Albertine tout court. Et de tousles visages. Je me souviens dePatricia Bory, comment l’oublier,de Valentine Goby et de Beatrice

Alemagna, les deux marraines del’édition. Je me souviens d’un cha-piteau, où une flamboyante LolaLafon lisait et chantait, liant aveccolère et fougue le texte et les gui-tares. Quand Lola lisait*, sa mainjetait dans la poussière de la pisteles post-it, les marque-page, et nousétions marqués dans la chair par savoix. Je me souviens que la littéra-ture était un cri et une fête. D. M.

* Lola Lafon, De ça je me console (Flammarion)

Livre & Lire : journal mensuel, supplément régional à LivresHebdo et Livres de France, publié par l'Agence Rhône-Alpespour le livre et la documentation.

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Je prix, tu prix, il prix des lycéens !Cette année, c’est la troisième édition du Prix litté-raire des lycéens et apprentis rhônalpins. Hormis letemps fort du vote et de la remise, qui aura lieuen avril, le prix, c’est toute une histoire. Entre lesorganisateurs et les enseignants, entre les ensei-gnants et les professionnels du livre, entre lesauteurs et les élèves. Résumé des faits à l’occasionde deux rencontres organisées en novembre par laRégion Rhône-Alpes : l’une avec les lycées partici-pants, l’autre avec les régions « pratiquantes ».

On peut le constater, beaucoup de régions se sont(em)parées d’un prix littéraire impliquant les lycées,mais aussi les Centres de formation d’apprentis et lesMaisons familiales rurales. Chacune le fait à sa façon,avec des options pédagogiques et des budgets différents.Une chose réunit cependant toutes ces initiatives, c’estla volonté de concevoir et d’organiser pour les jeunesun prix littéraire qui ne soit pas qu’un prix littéraire.Principal souci de ces régions ou des agences régionalesdu livre qui pilotent en leur nom ces opérations, orga-niser des rencontres entre les élèves et les écrivains quis’insèrent dans un véritable projet pédagogique desenseignants, tout en respectant la spécificité des créa-teurs et de leur parole. Il s’agit donc, « dans le cadre » souvent strict de l’Édu-cation nationale et des établissements, d’un côté, des’ouvrir à une certaine forme de liberté qui offre la pos-sibilité d’un échange plutôt « hors cadre », et de l’autre,de jouer le jeu d’un environnement pédagogique quipermet à la rencontre d’être plus qu’une simple récréa-tion, durant laquelle les élèves se renseignent vague-ment sur ce que gagne un écrivain et comment lui vientl’inspiration.L’équilibre est partout trouvé différemment : enLanguedoc-Roussillon, où le prix a été relancé il y a seu-lement trois ans par Languedoc-Roussillon Livre etLecture, 46 établissements (sans sélection) votent sur unchoix de cinq romans ; en Bourgogne, ce sont 60 classesqui participent (également sans sélection), et 10 romans

prix 2009-2010, précise quant à lui que« plus la rencontre est préparée, pluselle sera riche, même si les surprisesdemeurent toujours possibles, dansun sens comme dans l’autre ». Parmi ces surprises, la non-lecturedu livre est naturellement la plus« cruelle », celle qui empêchera l’écri-vain de « trouver sa place » dans laclasse, quelque part entre la volontépédagogique et le refus du formatagede sa parole de créateur. Sur ce point,c’est aux enseignants de s’engager.Pour Marie Albertini, documentalisteet membre du comité de sélectiondes ouvrages, « il ne faut jamais fairecomme si la lecture allait de soi ». Unephrase qui pourrait être la devise duPrix littéraire des lycéens et desapprentis rhônalpins.Laurent Bonzon

qui sont en compétition ;en Provence-Alpes-Côted’Azur, région où le dispo-sitif le plus ancien (7 ans)est aussi le plus abouti, 30lycées sélectionnés parl’Agence régionale pourle livre s’engagent dansle prix pour trois ans(renouvellement par tierschaque année), et tra-vaillent sur 6 romans et6 bandes dessinées ; enRhône-Alpes, où l’histoireest plus récente, 26 lycées(sur une cinquantaine decandidats, lycées profes-sionnels ou d’enseigne-ment général) détermineront cette année les lauréatsparmi les auteurs des 4 romans et des 4 bandes dessinéesretenus par un comité de sélection composé essentielle-ment de professionnels du livre et d’enseignants.Ce dispositif mis en place par la Région (120 000 € de bud-get total) avec le concours de l’ARALD et en partenariatavec les instances académiques vient en quelque sortecompléter la centaine de rencontres par an qui ont lieuavec des écrivains dans le cadre de Soprano*.Objectif de ce prix littéraire des lycéens et apprentisrhônalpins : favoriser la rencontre avec des écrivains(deux rencontres par classe sont prévues) et la décou-verte de la chaîne du livre, à travers le partenariat del’enseignant avec un libraire et un bibliothécaire. Untrio qui ne se forme pas naturellement et qu’il convientd’encourager. Pour Maya Flandin, responsable deVivement dimanche, librairie lyonnaise partenaire deplusieurs établissements, c’est aussi « l’occasion dedéjouer la peur du monde du livre ressenti par beau-coup de jeunes ». Un sentiment que partage BrigitteGiraud, lauréate du prix 2009-2010 pour son romanUne année étrangère (Stock) : « C’est aussi la possibilitépour les lycéens de prendre conscience du fait que la littéra-ture peut les concerner dans leur vie quotidienne et que l’écri-ture d’un livre n’est pas une abstraction. » Efix, auteur dePutain d’usine (Petit à petit), bande dessinée en lice pour le

Directeur de la publication : Geneviève Dalbin

Rédacteur en chef : Laurent Bonzon

Assistante de rédaction :Fabienne Hyvert

Ont participé à ce numéro : Nicolas Blondeau,Anne-Laure Cognet, MichelEdo, Myriam Gallot, DelphineGuigues,Frédérick Houdaer,Géraldine Kosiak, DanielleMaurel, Émilie Pellissier,Vincent Raymond, Roger-YvesRoche et Michel Thion

Livre & Lire / Arald 25, rue Chazière - 69004 Lyon tél. 04 78 39 58 87 fax 04 78 39 57 46 mél. [email protected] www.arald.org

Siège social / Arald1, rue Jean-Jaurès - 74000 Annecy tél. 04 50 51 64 63 - fax 04 50 51 82 05

Conception : PerluetteImpression : ImprimerieFerréol (Imprim'Vert). Livre & Lire est imprimé sur papier 100% recyclé avec des encres végétales

ISSN 1626-1331

* Soprano est un dispositif régionald’éducation artistique et culturelle quise décline en trois volets : Lycéens etapprentis à l’opéra ; Lycéens etapprentis au cinéma et Club Culture.

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