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Traité de climatologie médicale, comprenant la météorologie médicale et l'étude des influences physiologiques, [...] Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

LivreTraité de Climatologie Médicale Comprenant La Météorologie Médicale Et l'Étude Des Influences Lombard, Henri 3

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Autor: Dr. H.-C. LOMBARDTomo 3.DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES MALADIESCHAPITRE IIICLIMATS TEMPÉRÉS Climats tempérés, chauds et torrides des deux Amériques.Climats chauds, torrides et tempérés de l'AfriquePARIS, LIBRAIRIE J.-B. BAILLIÈRE ET FILSRUEHAUTEFEUILLE, 19, PKÈSLEBOULEVARD S'-GERMAIN1879

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  • Trait de climatologiemdicale, comprenant

    la mtorologiemdicale et l'tude des

    influencesphysiologiques, [...]

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

    http://gallica.bnf.frhttp://www.bnf.fr

  • Lombard, Henri Clermond (Dr). Trait de climatologie mdicale, comprenant la mtorologie mdicale et l'tude des influences physiologiques, pathologiques, prophylactiques et

    thrapeutiques du climat sur la sant, par le Dr H. C. Lombard,.... 1879.

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  • TRAIT

    J>r:

    CLIMATOLOGIE MDICALE

    III

  • GENVE.IMPRIMERIERAMIiOZKTS('!I !'CHARDT

  • TRAIT

    DE

    CLIMATOLOGIE MDICALE

    COMPRENANT

    LA MTOROLOGIE MDICALE

    ETL'TUDE

    DESINFLUENCESPHYSIOLOGIQUESPATHOLOGIQUES,PROPHYLACTIQUESET THRAPEUTIQUESDUCLIMAT

    SUR

    LA SAT

    PARLE

    Dr H.-C. LOMBARDDEGENVE

    Arpabulumvit.

    TOME III

    PARIS,LIBRAIRIE J.-B. BAILLIRE ET FILS

    RUEHAUTEFEUILLE,19,PKSLEBOULEVARDS'-GERMAIN1879

    Tousdroitsrservs.

  • LOMBARD,Climatologie, T. ni. 1

    TRAIT

    DE

    ^|MATOLOGIE MDICALE

    LIVRE III

    !UTION GOGRAPHIQUE DES MALADIES

    CHAPITRE m

    CLIMATS TEMPRS

    (Suite)

    60Suisse.

    1 GOGRAPHIE.La Suisse est situe au centre de l'Europeet forme par un massif de montagnes qui alimente les grandsfleuves du Rhne et du Rhin ainsi qu'un trs grand nombre derivires; l'on y trouve galement des plaines plus ou moins acci-dentes dont les bas-fonds donnent passage aux cours d'eau etsont occups par des lacs qui ont une assez grande tendue. Lesprincipaux sommets de la grande chane des Alpes sont, ctdu Mont-Blanc (4800), qui est situ en dehors de la Suisse: lemassif du Mont-Rose et du Mont-Cervin, dont les pics s'lventjusqu' 4625 mtres pour le premier et 4515 pour le second;le massif de la Jungfrau (4166), du Finsteraarhorn (4275), duViescherhorn (3985), du Moine (3976) et de l'Eiger (3976) quisparent le canton de Berne de celui du Valais; le massif duGothard, dont les plus hautes sommits ne dpassent pas3597 mtres, comme c'est le cas du Gallenstock ou les 3513 m-tres pour le Sustenhorn, le Tissistock (3430) et le Spitzliberg(3418). C'est de ce massif que sortent les deux grands fleuves du

  • 2 CLIMATOLOGIEMDICALE.

    Rhin et du Rhne; enfin le grand massif des Grisons, dont lessommets dpassent peine 4000 mtres et sont pour la plupartau-dessous de cette limite. Le Piz Morteratsch atteint 4052 m-tres; les autres pics de la Bernina oscillent entre 3999 et 3194mtres. Dans le voisinage de la Bernina s'lve le Piz Linguard(3251), l'un des plus frquents par les touristes.

    Les principales sommits de ces grands massifs sont couvertesde neiges ternelles qui donnent naissance de nombreux gla-ciers. Ceux-ci descendent jusque dans la plaine et deviennentpar leur fonte graduelle la source des ruisseaux qui vont grossirles rivires et les fleuves des pays sous-jacents. Les principauxde ces glaciers sont ceux deTourtemagne, de Vieschet d'Aletschqui descendent dans le Valais; ceux du Gorner et de Thodulequi arrivent tout prs de Zermatt; celui qui vient du Gothardet donne naissance au Rhne, et enfin ceux de la Bernina et deMorteratsch dans l'Engadine. Ces champs de neige et de glacecouvrent un espace considrable et donnent la Suisse cet aspectsi vari et si pittoresque qui attire chaque t des milliers devoyageurs.

    Mais en dehors du grand massif des Alpes qui occupe le cen-tre de la Suisse et envoie des ramifications dans tous les sens,il existe une longue chane de montagnes, le Jura, dont les som-mets sont bien moins levs que les prcdents, quoiqu'ils attei-gnent une certaine altitude; c'est le cas de la Dle (1681), duMont-Tendre (1680) et du Chasseron (1610) dans le canton deVaud; de la Tte-de-Rang (1423), du Creux-du-Vent (1465) etdela Grande-Robeila (1439) dans le canton de Neuchtel. Cettelongue chane traverse toute la Suisse du nord au midi; elle estforme de plusieurs ramifications parallles qui enserrent denombreuses et riches valles. Quand on la regarde sur la carte,il semble qu'elle se soit forme par les oscillations du terrainlors du soulvement de la grande chane des Alpes en avant delaquelle elle constitue une courbe concave qui ressemble unevague chasse par les rgions centrales qui l'ont force s'in-cliner vers l'ouest.

    Ce ne sont pas seulement les montagnes qui donnent laSuisse son caractre spcial. Ce sont aussi les nombreux lacs etles cours d'eau qui la sillonnent dans tous les sens. Les princi-paux lacs sont: celui de Constance, qui est le plus tendu et dontune seule rive appartient la Suisse, les autres tant partages

  • SUISSE. 3

    entre quatre tats: le grand-duch de Bade, le Wurtemberg,la Bavire et l'Autriche. Ensuite vient le lac de Genve, celuide Zurich et ceux des Quatre-Cantons, de Neuchtel, Bienne,Morat, Thun, Brienz, Zug, Wallenstadt et quelques autresmoins tendus. Enfin, sur le versant mridional des Alpes leslacs Majeur et de Corne sont, en partie, situs sur territoiresuisse, tandis que celui de Lugano y est presque en totalit.

    Les principaux cours d'eau qui arrosent la Suisse sont: leRhin et le Rhne avec leurs nombreux affluents. Ces deux fleuvesprennent leur source dans le mme massif, celui du St-Gothard,et suivent deux directions opposes. Le Rhin coule vers le nord-ouest, traverse le lac de Constance d'o il sort Schaffhouse etse dirige de l'est l'ouest jusqu' la mer du Nord, aprs avoirtravers l'Allemagne mridionale et les Pays-Bas et avoir par-couru environ 1300 kilomtres. Les principaux affluents suissesdu Rhin sont: la Limmat, l'Aar, la Reuss et la Thur.

    Le Rhne sort du glacier qui porte son nom, parcourt le Va-lais dans toute son tendue, recevant les rivires qui arrosentles valles latrales, principalement celles de Vige o se runis-sent la Saas et la Vige, de Tourtemagne, d'Annivier, d'H-rens, d'Hrmance, de Bagne et d'Entremont. Aprs avoir tra-vers le Valais dans toute sa longueur, il entre dans le lac deGenve et en sort l'autre extrmit, o il reoit l'Arve quiamne les eaux des glaciers du Mont-Blanc et de toutes les val-les latrales. Il quitte alors le territoire suisse pour entrer enFrance et se jeter dans la Mditerrane, non loin de Marseille.Le Tessin, qui prend galement sa source au St-Gothard, se di-rige vers le midi, entre dans le lac Majeur et va se joindre auP prs de Pavie. Enfin l'on trouve un des affluents du Danube,l'Inn, qui traverse l'Engadine, l'une des plus hautes valles dela Suisse.

    H est difficile de prciser, mme approximativement, l'altitudemoyenne de la Suisse o les hauts sommets dpassent 4500 m-tres, et dont plusieurs valles habites s'lvent jusqu' 1800 et2000 mtres, comme c'est le cas de l'Engadine ; celles de Zer-matt et du bourg de St-Pierre dpassent 1600 mtres et cellesde Zernetz et du Splgen qui atteignent de 1400 1500 mtres.Si nous prenons les portions dclives de la Suisse, c'est--dire leniveau des lacs, nous avons galement de grandes diffrences,depuis les lacs de montagne, comme ceux de Mutten (2442), de

  • 4 CLIMATOLOGIEMDICALE.

    Merjelen (2350), de Bianco (2250) et de la Daube (2206)jusqu'auxlacs de l'Engadine, Sils (1796), Silvaplana (1794) et St-Moritz(1767). En dehors des hautes valles nous trouvons encore leslacs de Brienz (565) et de Thoune (560); ceux des Quatre-Can-tons (437), de Neuchtel (435), de Bienne(434), de Zurich (409),de Constance (398) et de Genve (375). Et sur le versant mri-dional des Alpes ceux de Lugano (271), de Cme (213) et le lacMajeur (197).

    Comme on le voit, il est assez difficile de fixer, mme approxi-mativement, l'altitude moyenne du sol helvtique. Si la plupartdes valles sont entre trois et cinq cents mtres, il en est ungrand nombre qui dpassent cette dernire limite et s'lventjusqu' deux mille mtres, comme c'est le cas pour la Haute-Engadine dans les Grisons.

    2 CLIMATOLOGIE.Le climat de la Suisse a fait ds longtempsl'objet de srieuses recherches par les mtorologistes les plusdistingus, depuis De Saussure et De Luc jusqu' Plantamour,Hirsch et Wolf. A l'heure qu'il est, l'institut mtorologique deZurich publie, sous la direction du prof. Wolf, un volume annuelqui comprend les observations faites dans 67 stations suisses.Ces volumineux rapports sont rsums par M. le prof. Gautier,qui a donn le rsultat des observations mtorologiques descinq annes comprises entre 1864 et 1868, en y ajoutant l'anne18741.

    La Suisse prsente de grandes facilits pour l'tude du climatdes montagnes, non seulement cause de sa configuration quicommence l'altitude de 200 mtres et s'tend prs de 5000mtres; mais aussi cause des habitations permanentes qui sontplus leves que celles de toute l'Europe, ce qui nous offre unvaste champ d'observation pour tudier l'influence des altitudessur la sant et la maladie.

    Temprature. Les extrmes nous montrent une trs-grandetendue dans l'chelle thermomtrique, puisque le maximum de36,2 a t observ Berne (538), et celui de 37,5 Inspruck,non loin des frontires suisses. Quant aux minima, l'on a observ30 Berne, ce qui ne diffre presque pas des 32 observs l'Hospice du St-Bernard.

    1 Archivesdes Sciencesphysiques et naturelles, t. XXXVII, 1870, ett. LVII, 1876, in-8, Genve.

  • SUISSE. 5

    Les moyennes annuelles sont trs diffrentes suivant les alti-tudes. Si nous commenons par celle de 200 300 mtres, sur leversant mridional des Alpes, Bellinzone et Lugano, nousla voyons osciller entre 12 et 12,6. Entre 300 et 400 mtresl'on a pour Montreux (382) une temprature annuelle assez le-ve, c'est--dire 10,7, tandis qu'Aarau (366) n'a que 8,8. De400 500 mtres l'on a 10pour Genve (408), les autres sta-tions se rapprochant plus de 8 et oscillant entre 8 et 9. De500 600 mtres l'on ne trouve que deux stations qui dpassent10; ce sont Martigny et Sion, l'une et l'autre situes dans leValais, dont les rgions basses sont rchauffes par les parois derochers qui surplombent cette valle. Toutes les autres stationsde cette altitude oscillent entre 8 et 9, quoique se rapprochantplus des 9

    De 600 700 mtres une seule station dpasse 10 ; c'est Cas-tasegna, situ dans la valle grisonne qui va de la Maloja Chiavenna, et par consquent sur le versant mridional desAlpes. Les autres stations vont de 8 9, sauf une seule,St-Gall (679), dont la moyenne annuelle n'atteint pas 8 (7,8).De 700 800 mtres nous n'avons que deux stations: l'une,Brusio (777), dans la valle de Poschiavo et dj sur le versantitalien, aussi sa temprature moyenne est-elle d'environ 10(9,9); l'autre, Affolten (795), dans le canton de Berne, n'a que7,7. De 800 1000 mtres, nous descendons 6 pour une seulestation, Einsiedeln (910), et 7 pour trois autres, Trogen (885),Uetliberg (874), au-dssus de Zurich, et Vuadens (826), dans le-canton de Fribourg. De 1000 1200 mtres la moyenne est de5 6, et plus souvent 5 que 6. De 1200 1400 mtres l'on ob-serve une fois de 4 5, deux fois de 5 6, et une seule foisau-dessous de 6 ; c'est Reckingen (1339), dans le Valais, ol'on ne compte que 4,6, et jChurwalden (1212), dans les Gri-sons, o la moyenne dpasse 6 (6,2). De 1400 1600 mtres,elle oscille entre 3 et 4 ; c'est Andermatt (1448), dans le cantond'Uri, qui a la temprature la plus basse (3,3). De 1600 1800mtres nous trouvons une fois 1,9 Bevers (1715), dans lesGrisons; pour les autres stations c'est de 2 3; il en est mmeune, Graechen (1632), dans le Valais, o la moyenne est de 4,6,comme dans les stations moins leves. De 1800 1900 mtres,il n'y a qu'une seule station, Sils Maria (1810), dans l'Engadine,qui dpasse 2 (2,1), tandis qu' l'Hospice du Grimsel (1874),

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    dans le canton de Berne, la moyenne est entre 1 et 2 (1,5).De 2000 2300 mtres l'on compte quatre stations dont uneseule a une moyenne au-dessous de 0; c'est l'Hospice du St-Gothard (2093). Le passage du Julier (2244), quoique d'environdeux cents mtres plus lev, ne donne pas une tempratureaussi basse, et cependant il approche beaucoup de 0 (0,1).L'Hospice du Simplon (2008) a mme 1,6 et celui du Bernardin(2070), dans les Grisons, P,l. Enfin l'habitation permanente laplus leve de toute l'Europe, l'Hospice du St-Bernard (2478),compte presque un degr au-dessous de zro (0,9). Telle est latemprature moyenne des diffrentes portions de la Suisse clas-ses d'aprs l'altitude. tudions maintenant la dcroissance dela temprature dans les principaux massifs qui constituent lerelief du pays. Le groupe du St-Bernard comprend huit stationsqui s'tendent de Genve Grsechen dans le Valais; celui duMont-Julier dans les Grisons, qui compte dix stations; celui duSt-Gothard runit quinze stations; le massif du Bernardin dansles Grisons a quatorze stations; le Simplon en runit neuf; lesixime groupe, qui a pour centre le Righi-Kulm, comprendvingt-deux stations. Le septime est compos de sept stations,situes autour du Chaumont, dans le canton de Neuchtel. En-fin le dernier a pour centre l'Uetliberg comme centre de quatrestations, presque toutes du canton de Zurich.

    Voici quelle est l'altitude correspondant la dcroissanced'un degr :

    Hiver. t. Anne.m. in. m.

    Groupe du St-Bernard 231,1 154,3 181,8 duJulier 245,7 165,2 171,5 du St-Gothard 239,7 143,4 165,0 du Bernardin 246,7 167,2 184,0 duSimplon 215,8 147,8 165,7 du Righi-Kulm 340,2 162,2 204,0 de l'Uetliberg 388,7 161,0 227,6

    Moyenne 280,1 159,0 186,2

    On voit donc qu'en faisant la part des circonstances topogra-phiques qui viennent modifier les rsultats gnraux, il fauts'lever de 186,2 mtres pour que la temprature moyenne an-nuelle s'abaisse d'un degr; en hiver il faut 280 mtres et ent seulement 159.

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    Les pluies ne tombent pas dans la mme saison ou avec au-tant d'abondance dans les diffrentes portions de la Suisse. Lesextrmes de pluies hivernales s'observent pour le maximum dansle Jura et pour le minimum dans le Tessin. Les pluies printani-res sont frquentes dans les valles alpines du Nord et dans leTessin; elles sont rares dans l'Engadine et le Valais. Les pluiesestivales sont frquentes au pied des Alpes du ct septentrio-nal et rares dans le Valais. Enfin les pluies automnales sont fr-quentes dans le Tessin et rares dans les plaines du nord-estainsi que dans le Valais.

    La quantit annuelle moyenne calcule sur quatre annes estde 800 900 millimtres. Les extrmes sont: 1700mm Schwytz,Bellinzone, Einsiedeln et Engelberg et 495mm Grsechen dansle Valais. Entre ces deux extrmes nous trouvons en millimtres1342 Montreux; 1253 l'Hospice du Grand-St-Bernard ;943 Zurich; 897 Berne; 850 au Simplon; Bevers dansles Grisons 818; ainsi que 817 Genve; 802 Coire; 795 Martigny; 604 Remiis dans l'Engadine. En ne prenantqu'une seule anne (1867), nous trouvons qu'il est tomb en dixmois au Bernardin 3201",6, Auen dans le canton de Glaris2209mm,8, au Grimsel 2194mm,9 et Lugano 2349mm.Mais cesont des anomalies que l'on rencontre en tout pays et non passeulement en Suisse.

    Le nombre des jours de pluie et la clart du ciel sont trs-variables en Suisse. Pour Genve l'on compte environ 117 joursde pluie ou de neige et 26 de brouillards; mais dans les autresrgions, ils sont plus ou moins nombreux, quoiqu'en gnrall'on puisse dire qu' l'exception de quelques hautes sommits etdes rgions que nous avons signales, le ciel de la Suisse est plu-tt clair que brumeux et la pluie en gnral plus rare qu'abon-dante.

    La direction des vents varie notablement d'une valle l'au-tre ; elle dpend de leur direction ainsi que des diffrences detemprature amenes par le relief du sol et les courants d'airchaud qui viennent des basses rgions ou d'air froid qui descen-dent des hauts sommets.

    Parmi ces vents, il en est un qui mrite une mention spciale,c'est le fhn ou vent chaud du midi qui souffle quelquefois avecune grande violence et contribue aux inondations en fondanttrs rapidement les glaces et les neiges; il dessche galement

  • 8 CLIMATOLOGIEMDICALE.les plantes et les maisons et contribue dvelopper les incen-dies, comme ce fut le cas pour celui de Glaris o, sous l'influencedu fhn, les trois quarts de la ville furent consums en 1861.M. Wild, qui a fait de ce vent une tude spciale, l'a compt 37fois en deux ans, principalement dans les environs de Glaris, deSchwytz, d'Engelberg, de Coire et de Klosters. L'origine dufhn a beaucoup occup les savants, dont quelques-uns la fontremonter au Sahara africain; ils ont mme cru en reconnatrele sable dans les dpts que l'on trouve aprs son passage surles champs de neiges qu'il a traverss.

    En ce qui regarde la pression atmosphrique, nous avons, endehors des variations diurnes, mensuelles et annuelles, un ph-nomne constant; c'est la diminution en raison directe de l'alti-tude. Or, comme il existe des lieux habits des hauteurs trs-variables, depuis les 2478 mtres de l'Hospice du St-Bernardjusqu'aux 200 et 300 mtres des rgions basses du Tessin, il estvident que l'on doit observer toutes les diffrences de pressionentre ces deux extrmes et que cette question mtorologiquejoue un trs grand rle dans la physiologie aussi bien que dansla pathologie de la Suisse.

    30 ETHNOGRAPHIE.Si le sol de l'Helvtie prsente de grandesdiffrences dans sa configuration, il en est exactement de mmepour ses habitants qui parlent quatre langues et peuvent trerattachs plusieurs races distinctes. Les habitants de laSuisse orientale sont presque tous de race germaine; ils en ontles traits, en parlent la langue et se rapprochent davantage ces deux gards des Allemands du sud que ceux du nord. Cesont pour la plupart les descendants des Galls ou Gaulois quel'on rencontre depuis le centre de la Suisse sur tout le cours duRhin. La partie occidentale, que l'on dsigne souvent sous lenom de Suisse romande, prsente les types burgondes et helvtes,qui ont une taille plutt leve, surtout aux bords du lac deGenve, leur langue est le franais plus ou moins ml d'ex-pressions empruntes aux rfugis que les perscutions reli-gieuses ont jet en Suisse, qui leur a servi d'asile. Dans leshautes valles des Grisons se trouve une race spciale quiparat descendre des anciens Rhtes mls des coloniesromaines, car ils parlent une langue drive du latin, qu'ilsdsignent sous le nom de romansch. Enfin, sur les versants

  • SUISSE. 9

    mridionaux des Alpes, dans le canton du Tessin, la populationest d'origine latine ou lombarde, ils ont la mme langue queleurs voisins, les Italiens.

    M. le professeur Hiss, de Ble, a dcrit les crnes des ancienshabitants de la Suisse et les a rattachs quatre types princi-paux, nomms d'aprs les lieux o l'on a trouv des ossements :1le type de Sion ou des vieux Helvtiens; 2 celui de Hohbergou type romain; 30 le type de Bel Air ou Burgonde; 4 le typede Dissentis, qui se rapproche des tribus allemandes des bordsdu Rhin. Ces quatre peuples ou nations forment un faisceau runisous la bannire fdrale dont ils ont adopt la belle devise:Tous pour urij un pour tous. Les Allemands forment plus de lamoiti de la population, les Romands ou Franais environ untiers, les Italiens et les Grisons seulement un cinquime dunombre total.

    4 DMOGRAPHIE.La superficie totale de la Suisse est estime 41,478 kilomtres carrs, et sa population d'aprs le recense-ment de 1870 est de 2,669,147; ce qui donne, pour sa densitmoyenne, un peu plus de soixante-quatre (64,3) habitants par ki-lomtre carr; mais il faut en retrancher la superficie des rgionsmontueuses, des champs de neige, des glaciers et des lacs quisont inhabits et inhabitables, formant un total de 14,588 kilo-mtres carrs dont 3500 pour les lacs et les glaciers et 11,088forms par les pturages des Alpes et du Jura; ce qui rduit lasuperficie habitable 36,890 kilomtres carrs et porte, parconsquent, la densit de la population soixante-dix habitantspar kilomtre carr.

    Mais pour apprcier plus exactement la densit de la popula-tion suisse, nous devons l'tudier dans les diffrents cantons quine se ressemblent gure cet gard.

    Densit de la population dans les diffrents cantons.

    Kilomtres Habitantsparcarrs. Population. kilomtrecarr.

    Zurich 1724 284786 165,2 4Berne 6889 506465 73,5 16Lucerne 1501 132338 88,1 12Uri 1076 16107 15,0 24

    A reporter 11190 939696

  • 10 CLIMATOLOGIEMDICALE.Kilomtres Habitantsparcarrs. Population. kilomtrecarr.

    Report 11190 939696Schwytz 908 47705 52,5 18Haut-Untervald 475 14415 30,3 22Bas-Unterwald 291 11701 40,2 21Glaris 691 35150 50,9 19Zng 239 20993 87,8 13Fribourg 1669 110832 66,4 17Soleure 785 74713 95,2 9Ble-Ville 37 47760 1290,0 1Ble-Campagne 422 54127 128,2 6Schaffhouse 300 "37721 125,7 7AppenzellRhodes-Extrieures 261 48726 186,7 3Rhodes-Intrieures 159 11909 74,9 14St-Gall 2019 191015 94,6 10Grisons 7185 91782 12,8 25Argovie 1405 198873 141,6 5Thurgovie 988 93300 94,4 11Tessin 2836 119619 42,2 20Vaud 3223 231700 74,6 15Valais 5247 9687 18,5 23Neuchtel 808 97284 120,4 8Genve 283 93239 329,4 2

    41418 2669147 64,3Nous trouvons donc en Suisse les plus grandes diffrences

    dans la densit de la population, depuis les Grisons, o il n'y aque 12,8 habitants et Uri o l'on en compte 15; jusqu' Ble,o il s'en trouve 1290 et Genve 329; mais l'explication de cesdiffrences est bien facile, puisque les deux premiers cantonssont en trs grande partie composs de montagnes avec unevaste tendue couverte de neige et de glaciers, tandis que lesdeux derniers sont des agglomrations urbaines. La ville deBle compte 44,834 habitants sur 47,760 pour l'ensemble ducanton, soit environ les quinze seizimes, et Genve 46,783 habi-tants sur 93,239. Si l'on ajoute cette population urbaine celledes communes limitrophes, l'on a 68,165 habitants pour cetteagglomration, c'est--dire qu'elle forme les deux tiers de latotalit. Les cantons dont la population est la plus dense aprsles deux que nous venons de nommer sont: Appenzell, dans lesRhodes extrieures, Zurich, Argovie, Ble-Campagne, Schaff-

  • smSSE. Il

    house et Neuchtel, qui sont tous composs de nombreuses villes.ou villages situs au milieu de terres cultives, en sorte que les.populations urbaines et agricoles se trouvent entremles surleur territoire.

    Si l'on compare la densit de la population dans la ville deBle avec celle de Paris, l'on voit que cette dernire est deux foisplus considrable, puisque dans la capitale de la France l'oncompte 2373 habitants au lieu de 1299 par kilomtre carr.

    Mouvement de la population. Natalit. Les documents-statistiques qui comprennent l'ensemble de la population suissene portent encore que sur une seule anne, 1876, qui n'a pr-sent aucune pidmie ou circonstance extraordinaire et quipeut, par consquent, tre considre comme normale. D'aprsce document1 les naissances, en excluant les mort-ns, sont annombre de 3,29 par cent habitants. Cette proportion est trs,suprieure celle de la France, qui ne compte que 2,63, etde l'Irlande, o il n'y a que 2,62 sur cent habitants; mais il estaussi trs loign des 5,07 en Russie et des 4,13 en Hongrie.

    Le-nombre des mort-ns est de 4,2 sur cent naissances ou de0,14 sur cent habitants. Ce dernier chiffre est galement loigndes extrmes, comme, par exemple, les 0,19 de la Hollande onla Saxe, et les 0,01 dela Grce. Mais il faut se rappeler que laproportion des mort-ns est trs difficile connatre d'unemanire certaine, vu que dans plusieurs documents statistiques.l'on ne distingue pas les mort-ns des enfants morts en nais-sant ou qui ont succomb peu d'instants aprs la naissance.

    Les enfants naturels ont t au nombre de 4,9 pour centnaissances; proportion trs infrieure celle de la plupart despays europens et surtout de la Bavire (21,50), de la Saxe(15,33)"et du Wurtemberg (15,01). Mais aussi trs suprieure celle de la Grce (1,26), de la Russie (3,00) ou de l'Irlande (3,24).Les diffrents cantons prsentent de grandes diffrences pour lecoefficient de l'illgitimit. C'est ainsi que sur une moyenne decinq ans (1871 1875) Genve en a compt 12,0 et Ble-Ville11,9, tandis qu'il n'y en avait que 5,4 Glaris, 2,0 dans le Tessinet 2,7 Zug.

    Les mariages ont t au nombre de 0,81 sur cent habitants ou

    1 Die Bevlkerungs-Bewegungder Schweizim Jahre 1876, in-4. Bern,1878.

  • 12 CLIMATOLOGIEMDICALE.

    de huit pour mille. Ce chiffre est, comme les prcdents, assezloign des extrmes, c'est--dire de 1,04 en Russie ou 0,90 enHongrie, que de 0,53 en Irlande ou 0,60 en Grce. Les diff-rents cantons varient beaucoup quant au nombre des mariages,les uns en comptent plus que la Russie, comme c'est le cas deBle-Ville (0,11), d'autres en ont moins que l'Irlande et descen-dent jusqu' 0,48, comme c'est le cas du Valais, mais le plusgrand nombre oscillent entre 0,7 et 0,9.

    La fcondit des mariages donnait, il y a quelques annes,d'aprs le Dr Gisi1, 4,49 ou environ quatre et demi enfants parmariage, c'est--dire un peu moins qu'en Irlande (4,82) ou enItalie (4,79). Mais beaucoup plus qu'en France (3,07) ou enBavire (3,39). Aucun canton dela Suisse ne descend aussi basque ces deux pays; quatre comptent plus de 5 enfants et tous lesautres plus de quatre depuis Fribourg avec 4,96 jusqu' Zurichavec 4,04.

    La mortalit s'est leve, en 1876, 2,42 sur cent habitants ;dans les quatre annes prcdentes elle avait t un peu plus fai-ble et n'avait pas dpass 2,20. Ce qui donne la Suisse uneposition intermdiaire entre les tats forte et faible morta-lit. Parmi ces derniers, les tats Scandinaves occupent le pre-mier rang: la Norwge n'ayant que 1,83 dcs, la Sude 1,97 etle Danemark 2,02. A l'autre extrmit de l'chelle nous trouvonsla Russie qui compte 3,68 dcs et l'Autriche 3,25 dcs sur centhabitants.

    L'ge des dcds en Suisse a fait l'objet des recherches duDr Gisi, qui en a tir les conclusions suivantes: Si l'on comptel'ge auquel sont morts dix mille habitants de l Suisse, l'on voitqu'en dfalquant les mort-ns, un peu plus du tiers (3593) ontsuccomb entre 0 et 10 ans; un peu plus de la moiti (5688)sont morts entre 0 et 50 ans; un peu plus des trois quarts(7858) entre 0 et 70 ans; environ les neuf diximes (8997) entre0 et 80 ans; enfin que 349 ou les trente-cinq millimes ontdpass les quatre-vingts. Il rsulte de ces calculs qu'en Suissesur 10,000 naissances, y compris les mort-ns, il y a 6716survivants vingt ans. Si l'on compare ce chiffre avec celuid'autres pays, nous voyons qu'en cela, comme d'autres

    1 Dr W. Gisi, Die Bevlkerungsstatistikder schweizerischenEidgenos-senschaft und ihre Kantone, in-8. Aarau, 1878.

  • SUISSE. 13

    gards, la Suisse occupe une position moyenne entre les extr-mes, mais se rapprochant plutt des pays les plus favoriss,comme on peut le voir d'aprs les documents publis par leDr Block1 auquel nous avons fait de nombreux emprunts. Troispays comptent vingt ans'plus de survivants que la Suisse, cesont: la Sude (6980), le Danemark (7130) et la Norwge (7260);tandis que sept autres en ont un plus petit nombre, ce sont:l'Angleterre avec 6440, la Belgique avec 6420, la France avec6230, les Pays-Bas avec 6160, la Prusse avec 5860, l'Italie avec5340 et l'Espagne avec 5110 survivants.

    Ainsi donc, en ce qui regarde la survivance, elle occupe enSuisse un rang honorable parmi les principaux tats europens.D'aprs Gisi2 la vie moyenne tait, il y a quelques annes, de37 ans et 8 mois dans les vingt cantons sur lesquels il avait runides documents. Cette dure est trs infrieure celle des tatsscandinaves qui oscillent entre 48 et 45 ans et 3 mois, ainsi quel'Angleterre et la Belgique avec 40 ans et 40 ans et 3 mois. Maisla Suisse se rapproche de la Hollande, o la vie moyenne est de38 ans et 1 mois, et de la France, qui compte 39 ans et 10 mois.D'autre part elle est plus longue qu'en Espagne et en Italie ol'on n'a que 31 ans et 9 ou 10 mois, et qu'en Prusse o elle nedpasse pas 36 ans et 5 mois.

    Les cantons diffrent beaucoup entre eux quant la dure dela vie; depuis Genve, qui avait, il y a quelques annes, 43 anset 8 mois, jusqu' St-Gall, qui n'en a que 27 et 11 mois;Lucerne et le Haut-Unterwald se rapprochent de Genve avec42 ans et 3 mois; Zurich et Berne, de St-Gall, quoiqu' uneassez grande distance avec 36 et 38 ans.

    Si nous recherchons maintenant la population utile, c'est--dire celle qui se compose des habitants gs de 15 70 ans,nous voyons la Suisse occuper la seconde place parmi lestats europens, c'est--dire qu'except la France, aucunautre ne compte une population adulte ou utile aussi considra-ble; ensuite viennent les anciens tats du pape, la Sude, laBelgique, le Danemark, la Hollande, etc. La Suisse compte 6760adultes et l'Irlande seulement 5951 sur dix mille habitants.

    Comme on peut le comprendre d'aprs ce qui prcde, la mor-

    1 Statistique de la France, 2 v. in-8. Paris, 1875, 2med., t. I, p. 82.2 Gisi, op. cit., p. 118.

  • 14 CLIMATOLOGIEMDICALE.

    talit des enfants est peu considrable en Suisse, puisque sur10,000 naissances l'on compte 7840 survivants un an, c'est--dire qu' cette poque il n'y en a que les 216 millimes qui aientsuccomb. Cette proportion est trs favorable pour la Suisse,puisqu' l'exception de la France, du Hanovre, de la Belgiqueet de la Norwge, tous les autres tats europens ont perdu unplus grand nombre d'enfants, y compris l'Angleterre, la Sudeet la Hollande, avec 230 dcs, la Prusse et les tats-Sardesavec 260, l'Autriche avec 270 et, enfin, la Saxe et la Bavireavec 360. Ainsi donc, il meurt fortpeu d'enfants en Suisse pendantla premire anne, et parmi les diffrents cantons c'est Genvequi en perd le moins, c'est--dire 121, tandis qu'il en meurtplus du double (250) Berne, et que dans les cantons d'Argovie,Zurich et Thurgovie la mortalit atteint 270 et 290.

    La rpartition des naissances et, par consquent, des concep-tions, entre les diffrents mois et saisons, nous montre que l'po-que du plus grand nombre des conceptions tombe sur avril et mai,tandis que fvrier et mars sont les mois o il y en a la plus faibleproportion.

    Quant la rpartition de la mortalit suivant les saisons, elleprsente une assez forte prdominance des dcs hivernaux ouprintaniers sur les estivaux ou les automnaux. Les chiffrespour 1876 ont t du 27,54 en hiver, 27,07 au printemps,23,83 en t, et 21,56 en automne. Les quatre mois froidscomptent les 36,74 010et les quatre mois chauds seulement les31,30

    La proportion des dcs urbains est plus forte pendant l'hiveret celle des dcs ruraux pendant l't. L'altitude augmente ladisproportion entre les mois et les saisons extrmes. Le froid del'hiver et du printemps est d'autant plus meurtrier que l'alti-tude est plus considrable, tandis que les mois d't et d'au-tomne deviennent de plus en plus salubres mesure que l'ons'lve au-dessus du niveau de la mer 1.

    Nous avons une preuve de cette influence des altitudes ensignalant la rpartition de la mortalit pour la ville de Sama-den (1742) dans l'Engadine, d'aprs un document qui s'tend plus de cent ans, du XVIImeau XVIIlmesicle; il a t publi dans

    1 Lombard, Rpartition mensuelle des dcs dans -quelques cantonssuisses (Journal de statistiquesuisse, 1868).

  • SUISSE. 15

    l'ouvrage rcent du Dr Ludwig 1sur la Haute-Engadine. Lesmois extrmes sont avril pour la plus forte mortalit et septem-bre pour la plus faible. Les quatre mois froids forment les36,4 0du nombre total et les quatre mois chauds seulement les27,1 % Les saisons donnent les chiffres suivants: hiver 25,8,printemps 30,8, t 21,3, automne 22,1.

    Rsumons maintenant les conditions dmographiques de laSuisse et rappelons que la population a une densit moyenne.compare celle de l'Europe, que les cantons o elle est aumaximum sont: Ble-Ville, Genve et Zurich, et ceux o elleest la plus clair-seme, les Grisons, Uri et Valais. Les premierstant composs d'une ou plusieurs villes industrielles et lesautres en grande partie montueux et, par consquent, peu habi-ts. L'tude du mouvement de la population nous a montr queles naissances ne sont ni plus ni moins nombreuses en Suisseque dans la plupart des tats europens, que les mort-ns sontplus nombreux qu'ailleurs; que le coefficient de l'illgitimit estassez lev sans atteindre pourtant les extrmes de la Bavireou du Brunswick, que la fcondit des mariages est assez levecompare la plupart des tats europens; que les mariagessont peu nombreux, la mortalit moyenne, qu'il meurt moinsd'enfants que dans la plupart des autres tats; que la popula-tion adulte ou utile est, si l'on excepte la France, plus forte quepartout ailleurs; que l'poque la plus favorable aux conceptionstombe sur les mois d'avril et de mai, tandis que l'poque de laplus forte mortalit est la fin de l'hiver et le commencement duprintemps, principalement le mois de mars; enfin, que l'altitudeaugmente les extrmes de mortalit et de salubrit. Telles sontles conditions dmographiques qui placent la Suisse, sauf quel-ques rares exceptions, dans une position trs favorable, quandon la compare avec celles des autres tats europens.

    5 PATHOLOGIE.La pathologie suisse est, proprement parler,celle des altitudes, puisqu'une portion considrable de ce paysest un niveau fort lev, depuis 200 300 jusqu' 2478 mtres,comprenant des valles fortement habites, dont l'altitude atteintdeux mille mtres. Ainsi donc: l'tude que nous entreprenonspeut tre intitule: Influence pathologique des altitudes. Il y

    1 Dr J.-M. Ludwig, Das Oberengadinin seinemEinjiuss auf Gesund-heitund Leben. In-8, Stuttgart, 1877, p. 90.

  • 16 CLIMATOLOGIEMDICALE.

    a dj bien des annes qu'elle a fait l'objet de nos recherches,puisque la premire dition des Climats de montagnes consid-rs au point de vue mdical, remonte 1856, la seconde 1858et la troisime 18731. Nous pouvons donc aborder avec con-naissance de cause l'tude pathologique dont nous avons posles principaux jalons dans cette publication.

    a. De la malaria. La Suisse est trs peu visite par la mala-ria; ce qu'elle doit, en grande partie, l'lvation du sol et l'abaissement de la temprature qui en rsulte. Aussi plusieursrgions marcageuses qui auraient, ailleurs, dvelopp de nom-breuses fivres intermittentes restent compltement inoffensives,ainsi que cela rsulte d'une enqute que nous avons faite auprsd'un grand nombre de collgues, comme aussi des documentsque nous avons runis sur la pratique nosocomiale et particu-lire.

    Dans les deux cantons de Ble, le Dr Hgler nous a dclarque les fivres intermittentes sont presque entirement incon-nues; les quelques cas qu'il a observs venaient des rgions voi-sines et, en particulier, du grand-duch de Bade o le Rhindborde souvent et devient marcageux. Il n'y a qu'une seulemaison, prs de Ble, Riehen, o l'on aurait observ des casfort rares de fivre intermittente. L'examen des registres del'hpital nous a montr que, de 1873 1875, sur 4093 maladessoigns dans les salles de mdecine, l'on avait not 18 fivresintermittentes, ce qui fait, un peu plus des 4mes(44) du nombretotal. Cette faible proportion vient confirmer les informationsparticulires que nous avons enregistres sur l'absence de lamalaria dans les deux cantons de Ble.

    Zurich est aussi trs favoris cet gard. L'un de ses plusanciens praticiens, le Dr Rahn-Escher nous crivait qu'au com-mencent de ce sicle l'on en voyait encore quelques cas dans lequartier de l'Enge, sur les bords du lac, qui taient alors trs-marcageux; mais il n'en est plus question aujourd'hui que lapopulation a envahi cette portion de la ville, autrefois inculteet maintenant transforme en rues ou en jardins. A l'autreextrmit du lac, les inondations de la Linth formaient desmarcages trs insalubres ; mais depuis la construction du

    1 1 vol in-]2. Genve, chez A. Cherbuliez et Cie,libraires.

  • SUISSE. 17

    LOMBARD,Climatologie. T. III. 2

    canal, tout le pays a t assaini et les fivres en ont complte-ment disparu. On a vu galement cesser une autre source defivres intermittentes qui taient importes par les Suisses reve-nant des services militaires Rome et Naples; il n'en est parconsquent plus question actuellement. Aussi les cas venus del'tranger sont-ils une raret pathologique. Dans les rapportsde la clinique l'on a signal, en trois ans, 16 cas de fivre inter-mittente sur 2940 malades, soit un peu plus des 5mes(5,4). Cequi vient confirmer tout ce que nous venons de dire sur la raretde cette maladie pour le canton de Zurich.

    Les mmes informations nous sont parvenues sur les cantonsd'Appenzell et de St-Gall, par l'obligeance de plusieurs prati-ciens et en particulier du Dr Sonderegger. Il en rsulte que lesfivres intermittentes sont trs rares sur les bords du Rhin,depuis les grands travaux excuts pour la correction du fleuve;avant cette poque elles n'taient point rares sur les deux rivesaussi bien en Autriche qu'en Suisse. Quant la ville mme deSt-Galll'on n'y a soign dans l'hpital que 2 fivres intermit-tentes sur 1279 malades, soit lme,5. L'on rencontre, il est vrai,quelques nvralgies intermittentes, mais qui cdent prompte-ment la kinine.

    Le canton de Berne semblerait devoir tre trsvvisit par lamalaria, en ayant gard certaines localits marcageuses,comme les environs de Bienne et le cours de l'Aar dans le See-land, et cependant elles y sont fort rares, comme on peut le voird'aprs les comptes rendus des hpitaux du district pour l'an-ne 1864:

    DISTEICTS:Oberland.Mittelland.Emmenthal.HteArgovie.Seeland.Jura.

    Malades 334 152 220 106 193 449 = 1454Fivres 6 0 0 1 1 2 = 9

    D'o l'on voit que la majeure partie des districts bernois estcompltement l'abri des effets de la malaria. L'Oberland est leseul o il y en ait un certain nombre sur les bords du lac deThoune et de Brienz jusqu' Meyringen. Les autres districtsn'ont eu qu'un ou deux cas et deux d'entre eux n'en n'ont pointprsent. Les fivres sont donc rares dans le canton de Berne;voyons ce qu'il en est de sa capitale.

    En parcourant les rapports de la policlinique, dirige par leDr Fueter de 1842 1848, nous n'avons trouv que deux fivres

  • 18 CLIMATOLOGIEMDICALE.

    intermittentes sur 12,742 malades, et encore ces deux castaient-ils imports, l'un venait d'Alger et l'autre de France.Ainsi donc, sur prs de treize mille malades soigns domiciledans la ville de Berne, il ne s'est pas rencontr un seul cas defivre originaire du pays mme. Dans l'hpital de l'Ile le nom-bre des fivres intermittentes a beaucoup vari diffrentespoques. En 1844 et 1845, il n'y en avait que 2 sur 664 malades;en 1864, 10 sur 886 malades; en 1874, 2 sur 275, et en 1875, 55sur 699, ce qui fait environ les 10mespour la premire priode etles 17raespour les deux dernires annes. II est trs probable quel'anne 1875 a t charge au point de compter elle seule les78mesdes malades, par suite des travaux de correction des eauxdu Jura, dans les environs de Bienne et de Nidau. Nanmoins,en nous appuyant sur l'ensemble de nos documents, nous pou-vons affirmer que la malaria ne rgne que trs faiblement dansle canton de Berne et surtout dans sa capitale. Il est, au reste,trs probable que lorsque les travaux dont nous venons de par-ler seront termins, la malaria disparatra en mme temps queles grands espaces marcageux qui ont exist jusqu' prsentdans le Seeland.

    Enfin, quant l'poque o l'on a rencontr des fivres inter-mittentes, nous voyons que le second trimestre en compte le plusgrand nombre, Il sur 19; ensuite vient le 1ertrimestre avec 5;le troisime avec 3 et pas un seul dans le quatrime trimestre.

    L'on a observ, dans le canton de Neuchtel un certain nom-bre de fivres d'accs, comme cela rsulte des tableaux duDr Cornaz qui a rsum les maladies rgnantes pour l'anne1869. Sur 12,771 malades soigns domicile, l'on a not 61 fi-vres intermittentes, en sorte qu'on arriverait la proportiond'environ les 5mes(4,8). Sur ce nombre, plus de la moiti (32) ontt observes dans l'troite valle de Travers, dont le fond estoccup par des tourbires fort tendues. L'altitude moyenne estd'environ 738 mtres, d'o l'on voit que les hautes valles nesont point compltement l'abri de la malaria. Aprs le Val-de-Travers, c'est Neuchtel (14) et St-Blaise (5) qui en ont eu leplus grand nombre, mais il est bien probable que celles de Neu-chtel n'avaient pas toutes t contractes dans la ville mme,et que plusieurs d'entre elles venaient d'autres localits o iln'existe pas d'hpital. Pendant les annes 1846 et 1847 le

    1 cho mdical. Neuchtel, 1860.

  • SUISSE. 19

    Dr de Castella avait soign dans l'hpital Pourtals 7 fivresintermittentes sur 964 malades, soit les 7mesdu nombre total. AuLanderon, o le Dr Muriset a sjourn huit ans, il n'a vu que qua-tre cas de fivre d'accs; deux venaient de Combes. Il a soign,-en outre, deux cas de cphale intermittente qui reconnaissaientla mme cause.

    Les autres localits neuchteloises qui ont eu quelques cas defivres sont: le Locle o, malgr une altitude d'environ 1000mtres, l'on en a soign trois; le Val-de-Ruz, o l'on en a vule mme nombre; La Chaux-de-Fonds l'on en a rencontr unedans la pratique particulire et une dans l'hpital, tandis quedans plusieurs des villages les plus peupls, comme Corcelles,Rochefort, les Lignires et les Verrires, l'on n'a observ aucunefivre d'accs. En rsum, sauf dans le Val-de-Travers, l'on peutdire que la malaria n'existe presque pas dans le canton de Neu-chtel. L'poque de l'anne o elle rgne est le printemps (26),puis l'hiver (17), ensuite l'automne (12) et, enfin, l't (6) quivient au dernier rang.

    Le canton de Fribourg est presque compltement l'abri dela malaria, mme dans les rgions basses, le long des marais dela Broye et sur le bord des lacs. C'est l'opinion du Dr Thurler,qui a bien voulu nous communiquer le rsultat de son exprience cet gard, ainsi que de ses collgues qui pratiquent dans lesdiffrentes parties du canton; les seuls cas de fivres intermit-tentes que l'on rencontre sont des importations de l'tranger etcdent facilement quelques doses de kinine.

    Le canton de Vaud est galement presque compltement l'abri des effets de la malaria. Il rsulte nanmoins d'une con-versation sur ce sujet, dans la Socit vaudoise de mdecine,qu'on en rencontre occasionnellement quelques cas dans lesenvirons de Lausanne, Cour, au Mont et Montherond. FeuleDr de la Harpe, pre, en a signal 11 cas sur 790 malades soi-gns dans l'hpital pendant l'anne 1842, et 13 sur 835 en1843, ce qui fait environ les 15mes(14,8) du nombre total; propor-tion suprieure celle que nous avons observe Ble, Berneet Zurich.

    La rgion marcageuse par excellence dans le canton deVaud, c'est Villeneuve, qui occupe le voisinage de l'entredu Rhne dans le lac. Cette portion du pays est humide etbasse, presque toujours inonde l'poque des grandes eaux;

  • 20 CLIMATOLOGIEMDICALE.aussi est-elle frquemment visite par les fivres intermittentes.En remontant le cours du Rhne dans le district d'Aigle, la fi-vre intermittente a presque compltement disparu sous l'in-fluence du drainage. Dans les montagnes des environs, o l'onn'a pas encore drain les tourbires, l'on voit souvent des fivresintermittentes, mme de grandes altitudes, comme les chaletsd'Azendaz (1897) et le hameau des Posses (1255), o le DrLeberten a rencontr, mais peut-tre y avaient-elles t importes,puisqu'il n'existe ni tourbires ni marais dans le voisinage.

    L'extrmit orientale du lac de Neuchtel et les environsd'Yverdon sembleraient devoir tre visites par les fivres, vule voisinage et l'tendue des tourbires marcageuses; il n'enest rien cependant, puisque le Dr Cordey nous crit que, dansune pratique de trente et quelques annes, il n'en a soign quequelques cas isols, presque tous imports de France ou amenspar les travaux de terrassements lors de la construction du che-min de fer. Les tourbires qui s'tendent d'Yverdon jusqu'autunnel du Mauremont ne produisent aucun effet fcheux, ainsique l'avait remarqu le Dr Olloz, qui a sjourn toute sa vie danscette rgion. C'est aussi l'opinion du Dr Brire, qui pratiquedepuis trente ans Yverdon sans y avoir jamais soign un seulcas de fivre intermittente. Peut-tre cela tient-il au drainagede ces marais, qui empche la putrfaction des substances vg-tales et facilite leur transformation en d'paisses couches detourbe. Les circonstances locales des tourbires du Val-de-Ruzsont probablement diffrentes de celles d'Yverdon, puisque lesfivres se montrent dans les premires et n'existent pas dans cesdernires.

    Le Valais est, sans contredit, aprs le Tessin, le canton o lamalaria est la plus rpandue, la suite de frquentes inonda-tions du Rhne et de la haute temprature qui rgne dans cettelongue valle encaisse entre deux parois de rochers. Sion est fortpeu atteint par les fivres, ce que nous crit le Dr Bonvin, quiy sjourne depuis vingt ans. Presque tous les villages de la plainesitus en amont de Sion, comptent d'assez frquentes attaquesdes fivres jusqu' Sierre et au del, mais la plupart des locali-ts de la montagne et du Haut-Valais en sont prservs. De Sion Martigny, l'influence fbrigne augmente graduellement jus-qu' Fully et les villages environnants o elle atteint son maxi-mum. Au-dessous de Martigny jusqu' St-Maurice, l'on rencon-

  • SUISSE. 21

    tre moins de malaria, mais de St-Maurice l'embouchure duRhne, elle est son maximum dans les villages riverains dufleuve, dont les inondations crent de nombreux marcages ;il est vrai que de grands travaux ont t excuts et, en parti-culier, le canal de Stockalper, mais sans pouvoir dtruirecompltement l'influence paludenne. Elle est, en gnral, bor-ne la plaine, dont les villages les plus maltraits sont Vouvry,Muraz, Colomba, Port-Valais et Bouveret, tous situs au-dessous de Monthey. Le Dr Beck, qui pratiquait autrefois St-Maurice, a rencontr quelques cas de fivres dans le Val-d'Illier et jusqu' Champry (1023). Mais il est bien probablequ'ils avaient t contracts par un sjour dans les rgionsbasses.

    Le canton de Genve tait autrefois gravement atteint par lamalaria dans la ville et dans les environs, mais cette endmiea presque compltement disparu. Il existait aussi quelques loca-lits marcageuses dans les environs de Jussy qui engendraientdes fivres; mais des travaux d'assainissement les ont fait cesser.Le praticien qui a demeur dans cette rgion pendant un grandnombre d'annes, nous a dit n'avoir pas soign un seul cas defivre d'accs; elle est presque inconnue dans la ville, malgr lesnombreux remuements de terre qui ont t faits pour comblerles fosss et dtruire les fortifications. Pendant les treize annesque nous tions mdecin de l'Hpital Gnral, nous avons soign190 fivres intermittentes sur 6185 malades, ce qui fait environles 31mes(30,7) du nombre total. Mais il faut ajouter que lamajeure partie de ces cas tait importe de l'tranger; c'tait,pour la plupart, des Suisses qui revenaient du service militaire Rome et Naples et qui en rapportaient la fivre intermit-tente. Nous pouvons fournir la preuve que ces circonstancestaient accidentelles, puisque dans ces derniers temps la pro-portion des fivreux notablement diminu; pendant les sixannes comprises entre 1866 et 1873, l'on n'a soign dans l'H-pital cantonal que 64 fivres intermittentes sur 7609 malades,soit un peu plus des 8mes(8,41). Et encore ne pouvons-nous affirmerque, sur ces 64 cas, il n'y en eut pas un certain nombre d'im-ports; ce qui ajoute quelque probabilit cette supposition,c'est que dans les deux dernires annes, 1872 et 1873, l'onavait compt 28 fivres intermittentes et seulement 5 dans lesdeux premires, 1866 et 1867.

  • 22 CLIMATOLOGIEMDICALE.Le Dr Marc D'Espinet, qui a publi de trs prcieux docu-

    ments sur la statistique mortuaire de Genve, a signal, entreize ans, 8 dcs amens par la fivre intermittente grave oupernicieuse; ces 8 cas, compars aux 16,856 dcs, forment peine un demi-millime (0,47), chiffre qui est infrieur celuide la plupart des villes europennes, sur lesquelles nous avonsruni des documents. En rsum, nous pouvons conclure de cequi prcde que la malaria est presque inconnue dans le cantonde Genve.

    Le canton de Lucerne est si peu atteint par la malaria que leDr Steiger nous crit n'en avoir trait qu'un cas en deux anssur plusieurs milliers de consultants. Le seul endroit marca-geux du canton d'Unterwald est Alpnach, o l'on voyait autre-fois des fivres intermittentes, mais qui ont disparu la suite-des travaux de canalisation. A l'autre extrmit du lac, dans lecanton d'Uri, Altorf et Fluelen taient trs-visits par les fi-vres; mais depuis que l'on a fait des tranches pour corrigerl'embouchure de la Reuss dans le lac, la malaria a beaucoupdiminu. Dans le canton de Sciiwytz l'on observe quelques casoccasionnels Einsiedeln, mais ils sont excessivement rares-Olaris est presque compltement l'abri des fivres d'accs.Les hautes valles des Grisons sont galement prserves; le-Dr Brugger nous crivait n'avoir vu de fivre intermittente dansl'Engadine que chez des voyageurs, qui taient promptementguris. Sur les bords du Rhin et de la Saar ainsi que sur les rivesdu lac de Wallenstadt l'on en rencontrait assez souvent, maisdepuis le desschement des marcages et leur remplacement parune culture rgulire, il n'en est plus question. L'on en voitcependant quelques cas isols Gams, Flums, Montlingen,Briezeren et Repstein, principalement sous la forme larve. LeDr Ludwig n'en a pas signal un seul cas chez les habitants dePontresinat. L'on en rencontre aussi quelques cas dans le-Val Misox. Il y en avait autrefois Zizers et Mayenfeld, maisdepuis 30 40 ans, elles ont compltement disparu.

    Grce au Dr Giovanni Reali, nous avons reu des informationstrs prcises sur le canton du Tessin. L'on rencontre quelques

    1 Essai analytiqueet critiquede statistique mortuaire compare. In-8,Genve,1858.

    2 Op.cit., p. 92.

  • SUISSE. 23

    cas de fivres intermittentes dans deux localits du district deMendrisio: Stabio et Coldrerio; il existe des marais dans ledistrict de Lugano qui dveloppent la malaria Agno et Serra, avec un certain degr de frquence, mais avec peu d'in-tensit Muzzano et Agnuzzo. Au reste, l comme presque par-tout ailleurs, les fivres vont toujours en diminuant sous l'in-fluence d'une meilleure culture du sol. Le district de Bellinzonerenferme plusieurs localits palustres o elles sont assez fr-quentes, c'est le cas de Gudo et Cugnasco; d'autres en comp-tent galement, mais avec moins d'intensit, comme Semen-tina, Cadenazzo. San Antonino et Castione, dans la communed'Arbedo. Il est enfin deux localits o elles existent, mais avecpeu de frquence, Carasso et Giubasco. Il n'y a dans le districtde la Riviera que trois localits visites par la malaria, ce sont:Prosito, Cresciano et Oscogna, mais elles le sont assez faible-ment. Le district de Locarno renferme, au contraire, biendes villages o les fivres sont nombreuses; c'est le cas deGra, Brione, Minusio, Laverlezzo, Vegrino, Cugnasco, Gor-dola et Quartino dans les communes de Magadino et Contone.Les grandes inondations de 1868 avaient recouvert tous lesmarcages et fait cesser les fivres; mais elles ont reparu lasuite des terrassements oprs pour le chemin de fer du Saint-Gothard. Dans la valle Lvantine il existe plusieurs localitsassez fbrignes, Perronico, Polleggio et Bodio. Airolo et Gior-nico le sont un degr plus faible. Dans le district de Blenio,il n'y a que Malvaglia et les localits situes vis--vis qui don-nent lieu des fivres nombreuses cause des flaques marca-geuses qui se forment le long de la rivire Brenno. Le districtde Vallemaggia ne prsente que quelques rgions palustres quisont Sanco et Gordevio, o il y a quelques fivres, Giumaglio,Coglio et Avegno.

    En rsum, aprs avoir pass en revue les diffrents cantons,nous terminons en affirmant que la Suisse est fort peu visite parlamalaria et qu' part quelques portions du Tessin, du Haut et duBas-Valais,il n'y a pas de rgion o la malaria soit vraiment end-mique, comme l'on peut s'en assurer en consultant la planchen VIII de notre atlas pathologique. Au reste, cela n'est pastonnant, puisque l'lvation du sol abaisse la temprature, etqu'en outre le sol est presque partout inclin, ce qui empche laformation des marcages, tandis que l o la pente est insuffi-

  • 24 CLIMATOLOGIEMDICALE.

    sant, les travaux de correction du Rhin, de la Linth, de l'Aar etdu Rhin ont russi diminuer l'influence morbide des eaux sta-gnantes.

    b. Fivres continues. i. Fivre typhode. La Suisse ne jouitpas du mme privilge que pour la malaria. Elle y rgne, aucontraire, avec beaucoup d'intensit, aussi bien dans les princi-pales villes que dans les villages, dans la plaine et dans les plushautes valles. Le canton de Ble, et surtout la capitale, sontspcialement atteints par la fivre typhode, qui y est endmiqueet prend quelquefois une trs-haute gravit. D'aprs les travauxduDr Hagenbach1, l'on voit que, depuis 1824 1874, c'est--dire en cinquante et un ans, l'on a compt 2255 dcs amens parla fivre typhode. De 1824 1865 le nombre annuel a suivi ga-lement une marche ascendante avec quelques oscillations, tan-dis que, depuis lors, elle a plutt diminu de. frquence, commeon peut le voir ci-dessous: de 1824 1829, la fivre typhode aform les 5mes,3de l'ensemble des morts; de 1830 1839, les29mes,8; de 1840 1849, les 35mes,4; de 1850 . 1859, les 49mes,2;de 1860 1869, les 94mes,l; de 1870 1874, les 27mes,6.Enfin, en1876, elle n'a pas dpass les 18mes,6.La diminution observedepuis 1866 est attribue par le Dr Hagenbach aux mesureshyginiques prises par l'dilit et, en particulier, l'abondancede l'eau fournie par la ville.

    Les annes qui ont compt la plus forte proportion de dcsont t celles de 1830, 1856, 1858, 1860, 1861, 1862, surtout1865 et 1866, o la mortalit dpassa le dixime (109mes)dunombre total des dcs, tandis que de 1850 1859 l'on n'encompta que les 69mes,et de 1870 1874 seulement les 25mes.Commeon le voit, avec de pareilles oscillations, il est difficile de fixerexactement la mortalit de la fivre typhode dans la ville deBle, mais ce que l'on peut affirmer, c'est qu'aprs avoir atteintune proportion considrable elle tend chaque anne dimi-nuer.

    Voici pour la mme ville la rpartition mensuelle des dcsamens par cette maladie. Les mois tant ports 31 jours :

    Janvier. Fvrier. Mars. Avril. Mai. Juin.192 158 137 125 160 175

    1 Epidemiologischesaus Basel. In-8, Basel, 1875.

  • SUISSE. 25

    Juillet. Aot. Septembre. Octobre. Novembre.Dcembre.186 202 245 237 244 193

    Hiver. Printemps. t. Automne.543 422 563 726

    Ces chiffres indiquent qu' Ble, comme dans toute l'Europecentrale, l'automne est l'poque la plus charge en dcs de ce

    genre et le printemps la saison la plus favorable.La question de l'influence des eaux souterraines a fait l'objet

    des recherches du Dr Socin qui est arriv la conclusion quela scheresse favorise le dveloppement des fivres typhodes et

    que l'humidit le diminue, et en outre que l'intensit des pid-mies ne peut tre compltement explique par les variations del'humidit; enfin, que les diffrents quartiers sont galementatteints par l'pidmie, qu'ils soient bas ou levs et qu'ilssoient voisins ou loigns du Rhin.

    Le canton de Zurich est aussi visit par la fivre typhode. Ilne nous est pas possible de prciser la proportion des dcsamens par cette maladie,vu que dans les registres mortuaires l'ona runi sous une seule dsignation les fivres gastriques, bilieuses,muqueuses et typhodes qui, dans l'espace de six ans (1862 1869), ont amen 1627 dcs sur 46,055, ce qui forme les 35mesdu nombre total; proportion infrieure celle de la mme po-que dans la ville de Baie. Mais il faut ajouter qu'il ne s'agitplus seulement d'une ville, mais de tout le canton; la ville necomptant, avec les communes environnantes, que 56,695 habi-tants et le canton 284,786. La rpartition mensuelle et trimes-trielle de ces 1627 dcs nous montre une forte prdominancedes quatre mois compris entre fvrier et mai, par consquentdu printemps sur les autres saisons, l'automne occupant le der-nier rang; ce qui prouve que ces chiffres ne peuvent se rappor-ter exclusivement la fivre typhode; d'autant plus que, d'aprsle Dr Griesinger, sur les 463 cas de ce genre soigns dans sa cli-nique lorsqu'il tait professeur Zurich, l't vient au premierrang, puis l'automne, l'hiver et enfin le printemps. En runis-sant les fivres typhodes soignes dans la clinique, de 1862 1869 l'on en compte 1,010 sur 7623 malades, ce qui donne les132mesdu nombre total. Mais ce chiffre ne peut tre considrcomme reprsentant la frquence de la fivre typhode dans la

    1 Typhus. Regenmenge und Grundwasser. Basel, 1871.

  • 26 CLIMATOLOGIEMDICALE.

    ville de Zurich, parce que les malades de la clinique sont choisispour l'tude et que, par consquent, une maladie intressantecomme la fivre typhode doit se trouver en plus grand nom-bre. D'aprs la dernire publication du Bureau de statistique,la fivre typhode aurait form les 13mes,8des morts dans l'en-semble des cantons; pour le district de Zurich, o la capitaleforme la moiti de la population, elle a constitu les 22mesde lamortalit.

    Elle s'est montre peu prs galement dans tous les districtsainsi que dans un grand nombre de localits. C'est ainsi qu'en1862 l'on compta 467 malades et 59 morts. Voici l'numrationde ces petites pidmies locales, en commenant par la plusgrave. Il y eut 94 malades Fischenthal, 66 Rafz, 35 Mn-nedorf, 28 Dubendorf, 27 Pfaeffikon, 27 Rschlikon, 26 Wald, 25 Wollishofen, 24 Bauma, 44 Zurich (en dehorsde l'hpital), 13 Ottenbach, Il Andelfingen, 9 Staefa, 7 Tss, 7 Wallisellen, 6 Wettschweil, 4 Marthalen. Commeon le voit, presque toutes les portions du canton ont t fr-quemment visites par la fivre typhode. Nanmoins elle estdcidment moins rpandue que dans la ville de Ble.

    Le Dr Schuler1 a donn le rsum de la mortalit du can-ton de Glaris pour les trois annes 1871, 1872 et 1873, pendantlesquelles on a signal 41 cas de typhus abdominal et 15autres typhus; en les runissant nous avons la proportion de 56sur 2406 dcs, soit les 23mesde l'ensemble des dcs. Glaris etles villages de Diessbach et Rutty en ont compt le plus grandnombre.

    Le canton de Berne est aussi trs frquemment atteint etdans quelques localits trs gravement. C'est ainsi qu'en 1864et 1865 les infirmeries des six districts ont reu, dans l'Ober-land, 11 fivres typhodes, dans le Mittelland, 9; dans l'Emmen-thal, 14; dans la Haute-Argovie, 8; dans le Seeland, 16, etdans le Jura, 58. L'on remarquera le grand nombre de fivrestyphodes dans les valles du Jura bernois, proportion qui estidentique dans les deux annes et qui doit correspondre quel-que circonstance locale; elles ont form dans ces infirmeries, en1864, les 37mes du nombre total des malades et, en 1865,les 41mes.

    1 Zeitschriftfur schweizerischeStatistik, 1872, p. 77.

  • SUISSE. 27

    Si l'on compare entre eux les diffrents districts, pendant lesannes 1864 et 1865, l'on voit que, dans le Jura bernois, les fi-vres typhodes ont form environ les 55mesdu nombre total desmalades; dans la Haute-Argovie, les 43mes;dans le Seeland, les39mes;dans l'Emmenthal, les 33mes;dans le Mittelland, les 32mes;et, enfin, dans l'Oberland, seulement les 17mes. Ces districtssuivent une marche dcroissante du Jura l'Oberland, o l'oncompte le plus petit nombre de fivres typhodes.

    Nous pouvons ajouter, en confirmation de ce qui prcde,qu'en 1876 la fivre typhode a form, dans l'ensemble du can-ton, les 26mes,6 de la mortalit et que le district de Berne, quicomprend la capitale, en avait les 25mes,8,tandis que l'Oberlandet les rgions alpines en comptaient seulement les 23mes3,lesvalles jurassiennes en avaient les 28mes.Les maladies se rpar-tissent de la manire suivante entre les trimestres : le 3raeencompte 45; le 4rae, 40; le 2me,18 et le 1er, 13. En sorte que lespremiers six mois en ont eu seulement 31 et les derniers 85.Exactement comme dans le reste de la Suisse.

    La ville de Berne a fait l'objet des recherches duDr AlbertWittembach1 et d'un rapport de la commission sanitaire; il enrsulte que la fivre typhode s'est dveloppe avec une grandeintensit en 1873 et en 1874, puisque l'on compta 355 malades,c'est--dire les 93raes,4du nombre total des habitants ou presqueun sur dix habitants. Le chiffre lthifre fut en 1838 et 1839 des40mes,4; de 1855 1867 des 33mes,9; de 1868 1871 des 29me%5.Si l'on prend les cinq annes comprises entre 1870 et 1874, nousavons les chiffres suivants: en 1870 les 32mes; en 1871 les 43mes;en 1872 les 30-e,; en 1873 les 55meset en 1874 seulement les3omes.

    Ces chiffres reprsentent assez exactement la mortalit ame-ne par la fivre typhode pendant ces cinq annes. L'pidmiede 1873 et 1874 a considrablement augment les entres dansl'hpital de l'Ile; en effet, tandis que pour 1844 et 1845 l'onn'avait admis que 59 fivres typhodes sur 664 malades, ce quifaisait les 89mes,en 1873 et 1874 l'on en eut 124 sur 1112 mala-des, soit les mmes ou plus d'un dixime du nombre total. Dansla policlinique l'on n'a observ que 103 cas sur douze quinzemille malades dans la ville de Berne; mais il est vident que

    1 Journalde statistiquesuisse, 1876, 1ercahier, p. 52.

  • 28 CLIMATOLOGIEMDICALE.-

    lorsqu'un malade prsentait de la gravit, il tait transport l'hpital.

    Les rapports sanitaires signalent plusieurs pidmies localescomme celles observes Kaunitz, Aarwangen et Nidau dansle Jura, ainsi qu' Morgenthal, Wynau, Bannwyl, Freiberg,Laufen, Thoune, etc. Mais aucune n'a eu la mme gravit quecelles de la capitale en 1873 et 1874. En rsum, nous voyonsque la ville de Berne et les districts du Jura, de la Haute-Argo-yie et du Seeland sont particulirement atteints par la fivretyphode, tandis que l'Oberland, le Mittelland et l'Emmenthalle seraient plus rarement.

    Le canton et la ville de Soleure avaient t visits par la fi-vre typhode dans la dernire moiti de 1873, mais nous ne pos-sdons pas de documents prcis sur la frquence et la gravitde l'pidmie. Le canton de Neuchtel n'est pas plus que sesvoisins l'abri de cette endmie, comme nous l'apprend leDr Cornaz dans une tude statistique sur la fivre typhode publieen 1854. Dans la capitale, l'hpital Pourtals a reu de 1836 1841 et de 1846 1851, 445 fivres typhodes sur un nombretotal de 1646 malades, soit les 270mesou plus du quart de l'en-semble, proportion considrable, que nous n'avons rencontrenulle part et qui doit tenir au mode d'admission.

    Dans l'enqute faite par le Dr Cornaz en 1859 auprs dela plupart des mdecins neuchtelois, 584 fivres muqueu-ses et typhodes ont t signales sur 12,676 malades, cequi constitue les 46mes du nombre total. Mais en ayantgard d'autres documents, nous voyons que les proportionsvarient beaucoup d'anne en anne. C'est ainsi qu'au lieude 6 ou 7 en 1838 et 1839, l'on en a compt 38 48 en 1839 et1840.

    Dans l'anne 1876 la mortalit de la fivre typhode a t plusforte que pour l'ensemble de la Suisse, o elle a form les 26mes,3des dcs spcifis, tandis que dans le canton de Neuchtel laproportion a t des 30mes,1. En recherchant quelle pouvait trel'influence de l'altitude, nous avons trouv que les rgions bas-ses avaient eu les 34mes,2 et les hautes rgions seulement les24mes,9,et cela est d'autant plus frappant qu'elles comprennentles grands centres industriels qui sembleraient devoir favoriserle dveloppement de la fivre typhode. Voici la rpartition desmalades en 1859: 116 en hiver, 106 au printemps, 187 en t

  • SUISSE. 29

    et 171 en automne, ce qui constitue une forte prdominance dudernier semestre sur le premier.

    Le canton de Vaud n'est pas l'abri de la fivre typhode,qui y fait de frquentes apparitions, aussi bien dans sa capitaleque dans ses diffrentes villes ou villages. Elle a surtout rgnpendant les annes 1843 et 1844, o l'on observa de vritablespidmies en divers lieux. A Lausanne, feu le Dr de la Harpe ena soign 488 cas dans l'Hpital cantonal; l'anne la plus char-ge fut 1849, o il y en eut 90, et la moins charge 1845, o l'onn'en compta que 15. En 1842 et 1843 les entres furent de 144fivres typhodes sur 1625 malades, soit les 88mesdu nombre to-tal. Il rgnait cette poque une forte pidmie dans la ville deLausanne; elle commena par les quartiers les plus sains et lesmieux ars, se rpandit ensuite de proche en proche dans plu-sieurs rues situes sur la hauteur sans descendre dans les por-tions basses o coule le Flon et qui sont habites par une popu-lation moins aise. Les 488 cas signals par le Dr de la Harpe sesont rpartis de la manire suivante dans les quatre saisons :23 en hiver, 9 au printemps, 24 en t et 44 en au-tomne, en sorte que cette dernire saison en a compt cinq foisplus que le printemps. Des pidmies semblables furent signa-les dans presque toutes les villes riveraines du lac, l'excep-tion de Rolle, qui parat jouir d'une certaine immunit cetgard. Il n'en fut pas de mme Morges, o la ville et les envi-rons furent fortement atteints. La valle du Rhne jusqu' Bexn'est point l'abri de cette endmie. Par contreil sembleraitque la Gruyre vaudoise jouirait d'une certaine immunit cetgard. Il en est de mme pour la valle de la Broy, tandis queles bords vaudois dulac de Neuchtel n'en sont pas prservs.Pour l'ensemble du canton de Vaud la mortalit amene par lafivre typhode est assez prononce, si l'on en juge par l'anne1876, o elle a form les 47mesde l'ensemble des morts, tandisque la proportion pour la Suisse entire tait seulement des26mes,4.Si l'on divise le canton en deux catgories, les districtsriverains du lac de Genve et les autres portions, l'on trouveune grande prdominance de dcs dans ces dernires rgions :les 63mes,2au lieu des 36mes,6sur les bords du lac de Genve. Ilest vrai que cette forte mortalit tient deux districts, ceuxd'Orbe et d'Yverdon, qui ont compt les 109mesdes dcs ame-ns par la fivre typhode, circonstance accidentelle et qui tient

  • 30 CLIMATOLOGIEMDICALE.sans doute une pidmie extraordinaire, puisque nous avonsvu que cette maladie y est plutt rare que frquente. Dans lapetite ville d'Aubonne, le Dr Nicati1 a compt en vingt-deux ans33 dcs de fivre typhode sur 951, ce qui forme les 33mes,6del'ensemble des morts, chiffre infrieur celui de tout le cantonde Vaud en 1876.

    Le canton de Genve participe la mme influence que sonvoisin l'gard de la fivre typhode, que l'on y observe presqueconstamment avec quelques variations suivant les poques. Pen-dant les treize annes de notre pratique nosocomiale, c'est--dire de 1834 1846, nous avons compt 465fivres typhodessur un total de 6185 malades; ce qui en forme les 75mes.A unepoque postrieure et dans l'hpital qui a succd celui onous pratiquions, l'on a soign en huit ans, c'est--dire de 1866 1873, 342 fivres typhodes sur un total de 7609 malades,ce qui forme prs des 45mes(44,95). En comparant ces deux chif-fres, l'on pourrait conclure que le nombre des fivres typhodesaurait diminu d'un tiers dans la dernire priode, mais cettediffrence peut dpendre d'une plus grande facilit d'admis-sion dans un hpital beaucoup plus tendu que l'autre; ce quidoit tendre diminuer le nombre des maladies graves, commela fivre typhode, et augmenter celui des maladies lgres.

    Dans notre pratique particulire nous avons soign en dix an-nes 439 fivres typhodes, mais il serait difficile d'tablir exac-tement la comparaison avec l'ensemble des autres malades,n'ayant pas des notes assez prcises cet gard. Quant la mor-talit de la dothinentrie, voici quelques chiffres qui la ferontconnatre. Dans l'ancien hpital, il en a succomb 73 sur 465,ce qui forme environ les 16 (15,7), soit un centime prs lamme proportion qu'il ya trente ans. Pour l'ensemble de la po-pulation nous trouvons dans l'ouvrage du Dr D'Espine que lafivre typhode fournit chaque anne les 35mesdes dcs. En com-parant deux sries de huit et de cinq annes, la proportion desmorts est presque identique, en sorte qu'on peut donner ce chif-fre des 35mescomme reprsentant la dme mortuaire de la fivretyphode dans le canton de Genve.

    'Le Dr Dunant a calcul dans sa Statistique mortuaire de Ge-

    1 Rsum de la statistique mortuaire d'Aubonne pendant 22 ans. Bul-letin de la Socitmdicalede la Suisseromande.Aot, 1877.

  • SUISSE. 31

    nveles dcs amens parla fivre typhode pour l'anne 1872.H en a trouv 37 sur 1390, ce qui forme les 27mesdu total. Mais ilfaut ajouter que les dcs dans les hpitaux ne sont pas compriset que probablement l'anne 1872 a t favorise cet gard.

    L'poque dela plus grande frquence de la fivre typhode Genve est la mme que dans le reste de la Suisse. En runis-sant les malades de l'hpital avec ceux de la pratique particu-lire, nous avons pour 904 fivres typhodes: en hiver les 26 %,au printemps les 15, en t les 23 et en automne les 36 ; cettedernire saison tant comme partout ailleurs la plus charge enmalades, tandis que le printemps est l'poque la plus salubre.

    Le canton du Valais n'est point l'abri des fivres typhodes.On les voit aussi bien dans les basses que dans les hautes rgionso les pidmies se dveloppent souvent avec une grande inten-sit, ainsi qu'on l'observa il y a quelques annes dans l'habita-tion permanente la plus leve de l'Europe, l'Hospice du Saint-Bernard (2478), dont plusieurs des religieux en furent successi-vement atteints.

    Les documents publis par le Bureau de statistique ne com-prennent qu'une seule anne, 1876, qui ne peut tre considrecomme suffisante pour en tirer des conclusions dfinitives. Lamoyenne des dcs amens par la fivre typhode tant des 26mes,3pour toute la Suisse, voici l'ordre des diffrents cantons :1 Vaud (47mes,0),2 Zoug (46mes,3),3 Valais (43mes,6),-4 Tessin(40mes,9),50Uri (37mes,0),6 Fribourg (35mes,7), 7 Glaris (35mes,3),8 Berne (34mes,7),90Schwytz (33mes,2), 10 Neuchtel (30mes,1),11 Appenzell, Rhodes-Intrieures (27mes,7), 12 Soleure (24mes,0),130 Unterwald (23mes,4), 14 Argovie (21mes,8), 15 Ble-Campa-gne (21mes,3), 16 Ble-Ville (18mes,5), 17 Genve (17mes,1),18 St-Gall (16mes,7), 19 Thurgovie(16mes,6), 20 Zurich (13mes,9),210 Lucerne (12mes,7), 22 Appenzell, Rhodes - Extrieures(llmes,5), 23 Grisons (llrnes,4). Comme on le voit, il y a de gran-des diffrences entre les cantons sans qu'on puisse leur trouverune cause gographique ou ethnographique. Aussi n'est-cequ' aprs plusieurs annes que l'on pourra dduire quelques cons-quences pratiques de cette comparaison. Nous en dirons autantde la rpartition des dcs par trimestres, qui a donn le rsul-tat suivant: 1er trim. 22,8 /0, 2metr. 21,1, '3metr. 30,3 et 4metr.25,8 %, o l'on voit la prdominance du troisime trimestredans l'ensemble du pays, comme nous l'avons signale pour descantons isols.

  • 32 CLIMATOLOGIEMDICALE.ii. Le typhus exanthmatique est un hte accidentel en

    Suisse, o il n'a presque pas reparu depuis les guerres du pre-mier empire qui amenrent l'invasion des armes allies et avecelles le vritable typhus, celui des camps. Sur tout le passagedes troupes, Ble, Berne, Lausanne et Genve, l'on vit natrede vritables pidmies qui se rpandirent dans les villes et yfirent beaucoup de victimes. A Genve, en 1814, l'on comptajusqu' huit cents malades du typhus dans l'hpital et dans lessuccursales que l'on avait ouvertes. Il y en avait galement dansun grand nombre de maisons particulires. En sorte que ce futune vritable pidmie typhique qui augmenta de 150 dcs lamortalit de 1814, compare avec celle de l'anne suivante.

    Nous ne savons pas quelle fut la proportion des morts ame-nes par le typhus dans les autres villes de la Suisse. Mais ceque nous savons, c'est que depuis lors cette maladie ne s'estmontre que d'une manire tout fait exceptionnelle. C'estainsi qu' Ble le Dr Hagenbach a not, en 1837, 38 dcs ame-ns par le typhus exanthmatique et 3 en 1838; ds lors il ensignale 7 nouveaux cas dans l'espace de 35 ans. H s'est aussimontr Zurich en 1861, mais sans y faire beaucoup de victi-mes. Le prof. Griesinger en a donn la description1.

    Le typhus rechute n'a jamais paru dans aucune partie dela Suisse.

    c. Fivres ruptives. Les fivres ruptives ne prsentent riende trs-spcial la Suisse. Voici cependant quelques dtails surce sujet :

    i. La variole. A Genve les ravages de la variole avant la d-couverte de la vaccine taient considrables, puisqu'environ lesdeux tiers des enfants succombaient en bas ge par suitede la variole. Mais depuis le commencement du XIXme sicle,grce au zle du Dr Odier, Genve fut la premire ville du con-tinent o la vaccine fut pratique. Depuis lors les pidmies va-rioleuses ont presque compltement disparu, ou tout au moinsn'ont plus t aussi meurtrires. L'on en observa cependantquelques-unes, comme en 1832, o l'on compta 468 cas de va-riole, 233 chez des vaccins et 235 chez des non-vaccins, quisuccombrent au nombre de 49, tandis que tous les vaccins

    1 Archiv der Heilkunde,2tesJahr, Berlin, p. 557.

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    LOMBARD,Climatologie. T.III. 3

    gurirent. Pendant les 13 annes observes par le Dr D'Espine,l'on n'enregistra que 41 dcs de ce genre sur 16,856, ce qui faitles 2mes,4du total. Depuis lors, le passage de l'arme franaiseinterne occasionna une assez forte pidmie qui svit pendantprs de quatre annes. De 1866 1870, en quatre ans, l'onn'avait reu l'Hpital cantonal que 7 cas de variole, tandis quedans les quatre annes suivantes, c'est--dire de 1870 1873, ily en eut 749, dont 501 pour la seule anne 1871 et 132 pour1872, proportion beaucoup plus considrable que celle des an-nes prcdentes, puisqu'en treize ans, de 1834 1846, nousn'en avions reu que 161 dans nos salles de l'Hpital gnral.

    Mais ce qui a caractris les dernires pidmies, c'est la fr-quence extraordinaire de la variole hmorrhagique qui attei-gnait aussi bien les vaccins que les non-vaccins et se termi-nait presque toujours par la mort, sans qu'aucun traitementput enrayer la marche fatale de cette complication.

    A Ble, d'aprs le Dr Hagenbach, la mortalit de la varioledepuis 1779 a t trs-peu considrable. Les seules poques oelle ait caus un certain nombre de dcs ont t: 1826, 7 ;1832, 11 ; 1849, 10; 1865, 22; 1871, 65 et 1872, 13; probable-ment sous la mme influence qu' Genve et dans le reste de laSuisse, c'est--dire la prsence des troupes franaises internes;aussi la variole a-t-elle constitu en 1871 les 55mes,6du total desdcs. A Glaris elle n'a form en quatre ans qu'environ les4mes(3,7) des dcs. Nous ne possdons pas de document sur safrquence dans les autres cantons; mais nous croyons qu'en de-hors des mouvements de troupes l'on ne compte que fort peude morts amenes par la variole.

    II. La rougeole se montre sous la forme pidmique tous lestrois, quatre ou cinq ans. Cela est surtout frappant dans le ta-bleau du Dr Hagenbach pour la ville de Ble, o le nombre desmorts a t plus considrable en 1832, 1837, 1842, 1844, 1849,1854, 1860, 1864, 1869 et 1873. C'est ainsi que dans les trois anscompris entre 1870 et 1872 l'on n'a compt que 7 morts dues cette -cause et que dans la seule anne 1873 il y en a eu 59, c'est--dire les 50mesdes dcs, et pas un seul en 1874. A Genve, dansl'espace de 13 ans, la rougeole a compt pour environ les 7mes(6,7) des dcs, qui se sont surtout rpartis entres deux annes,1837 et 1841, les autres n'ayant eu presque aucun dcs de cegenre. A Berne la mortalit a oscill entre les 15mesen 1838 et

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    1839; les 8mesde 1868 1871; elle est descendue lmeen 1871et mme ome,8 de 1855 1867. Nous ne savons rien des pid-mies de rougeole dans les autres cantons; remarquons seule-ment qu' Berne et Genve la coqueluche a presque toujoursconcid ou suivi la rougeole.

    III. La scarlatine se prsente galement sous la forme pid-mique, mais avec beaucoup moins de frquence que la rougeole.Dans le canton de Schwytz il a rgn en 1877 une violente pi-dmie de scarlatine, en mme temps que la rougeole et la va-riole se montraient dans diffrentes localits. L'on a d fermeles coles et interdire l'entre des glises aux enfants. Dans lesannes de 1870 1873 l'on n'a compt Ble que 18 dcs etpour la seule anne 1874. 28; en tout pour ces cinq annes 46,c'est--dire peine lme(0,9). Les pidmies sont beaucoup plusespaces que celles de la rougeole; elles ont eu lieu en 1828,1840, 1845, 1857 et 1870. A Glaris il n'y a eu en quatre ansqu'un seul dcs amen par la scarlatine. A Berne les 34mesdesdcs en 1871 ont t rapports la scarlatine et seulement.lme,3 en 1838 et 1839; les 5mes,7 de 1855 1867 et les 12mes,8de 1868 1871. A Genve cette maladie n'a constitu en treizeans que les 5mesdes dcs, comme Berne en 1838 et 1839, cequi nous parat tre la dme mortuaire normale ou moyennepour les villes de la Suisse.

    Ces trois fivres ruptives se montrent surtout au printemps,comme on peut le voir par la rpartition de 196 varioles, 63 scar-latines, 155 rougeoles et 41 varicelles qui peuvent se rattacher la variole. Ces 455 fivres ruptives de notre pratique parti-culire se divisent en 20 en hiver; 46 au printemps; 18 ent et 16 /oen automne, ce qui montre la forte prdominancedu printemps et surtout de mars et d'avril.

    iv. La suette miliaire n'a jamais fait son apparition enSuisse, du moins sous une forme pidmique. C'est peine si nousen avons rencontr un ou deux cas en quarante-huit ans dansnotre pratique particulire et un seul cas dans les salles de l'h-pital de 1834 1844. L'on en a soign un seul cas en huit ansdans l'Hpital cantonal. Enfin, le Dr D'Espine ne l'avait ja-mais rencontre dans une pratique de vingt-un ans et n'a trouvque deux cas de ce genre sur les 16,856 dcs qu'il a recueillisdans l'espace de treize ans; en sorte qu'on peut considrer lasuette miliaire comme peu prs inconnue Genve et dans lereste de la Suisse.

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    d. Maladies des organes de la digestion. En ce qui regardeles maladies abdominales il est une difficult qui a t signalepar le Dr D'Espine, c'est la nomenclature qui diffre d'un paysou d'une ville l'autre. C'est ainsi qu' Berne on a runi lesdiarrhes, les gastro-entrites et les cholras-nostras formantles 70mes une certaine poque et les 49meset les 69mespour d'au-tres annes. A Baie, ces maladies ont t dsignes comme dys-pepsie des enfants et ont form les 163mes des dcs. Dans lecanton de Glaris, elles ont t classes sous trois dsignations :dyssenterie (2mes,9),pritonite et gastrite (13mes,3),catarrhe gas-trique et intestinal (25mes,8)et enfin cholra-nostras (lme,6), fai-sant en tout les 43mesdes dcs. L'on voit combien il est difficiled'arriver un rsultat quelque peu satisfaisant. Aussi devons-nous laisser de ct les registres mortuaires et tudier chaquemaladie quant sa frquence et non plus seulement d'aprs saterminaison.

    Commenons par les maladies bilieuses que l'on observe leplus souvent au printemps dans la pratique particulire, puis-que sur 861 malades de ce genre nous avons trouv que mai etjuin taient les plus chargs et les mois d'hiver ceux o l'on encomptait le moins. Sur 271 malades atteints de diarrhe, nousavons eu peu prs la mme rpartition, mai, juin, juillet etaot tant les plus chargs en malades. Par contre les inflam-mations aigus de l'intestin et de ses enveloppes ont prsentdeux poques maxima, l'hiver et l't, et deux minima, le prin-temps et surtout l'automne.

    La dyssenterie sporadique est fort rare en Suisse. Dans laville de Genve nous n'en avons observ qu'un fort petit nom-bre, 63 en runissant la pratique particulire et celle de l'hpi-tal; dans cette dernire, la dyssenterie n'a pas form les 2mes(1,8) des malades l'Hpital cantonal; l'on a compt en huitans 57 dyssenteries formant les 7mes,5des malades. Mais il fautajouter que sur ce nombre il y en avait 28 en 1871, lors du pas-sage des armes franaises internes, et 19 en 1873. Del vientque la proportion a t plus forte dans cette dernire priodeque prcdemment. Dans le canton de Neuchtel l'on en a si-gnal 70 sur 12,776 malades, soit un peu plus des 5mes(5,4).

    L'on n'a compt en deux ans dans l'hpital de Lausanne que4 dyssenteries sur 1625 malades, soit les 2mes,4des malades.C'est peine si la dyssenterie est nomme dans les hpitaux deBerne et de Ble.

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    Il est vident d'aprs cela que sous la forme sporadique elleest excessivement rare en Suisse. Et quant aux pidmies, si.elles ne sont pas entirement inconnues, elles ne se rencontrentqu' de trs longs intervalles et seulement dans les rgions-moyennes des Alpes, c'est--dire de 700 800 mtres, tandis,qu'au-dessus de cette limite elles sont presque inconnues, ainsique nous l'avons vu pour la Thuringe o, depuis un demi-sicle,,on ne l'a pas aperue au-dessus de 500 600 mtres 1.

    L'poque de l'anne o l'on rencontre la dyssenterie est la.mme en Suisse que partout ailleurs, c'est--dire l'automne, qui lui seul a compt Genve les 60 du nombre total. Pour lecanton de Neuchtelles mois d'aot et de septembre en ont eules 61

    -

    Les inflammations aigus des organes de la digestion com-prenant les entrites, les gastro-entrites et les pritonites, sont.peu nombreuses dans les hpitaux, puisqu' Genve elles n'ontform que les 19mesdes malades de 1834 1846, et de 1866 1873 seulement les 14mes.

    Les diarrhes aigus et chroniques sont runies dans la plu-part des registres d'hpitaux, en sorte qu'il est difficile d'en tirerquelque consquence sur leur degr de frquence dans la plaine;l'on a souvent signal sur les hauteurs des pidmies de chol-rine et de diarrhe simple.

    Les maladies aigus et chroniques du foie ne prsentent riende spcial en Suisse; celles qui dpendent de l'alcoolisme ont.notablement augment dans ces dernires annes. L'ictre sim-ple et l'hpatite aigu se montrent assez frquemment dans les.rgions basses et sur les hauteurs. Le Dr Brugger les signalecomme assez rpandus dans l'Engadine, et le Dr Laufer dans.les rgions montueuses du canton de Schwytz. Mais il n'estpas bien certain que cette frquence soit plus grande que dansla plaine.

    Dans les hpitaux de Genve l'ictre et l'hpatite aigu ontform les 8meset les 6mesdes malades diffrentes poques. Maisdans la pratique particulire, o l'on soigne un plus grandnombre de cas lgers, ils ont form les 15raesdes malades ducanton de Neuchtel. L'ictre se montre surtout en automne Genve. C'est principalement pendant les mois d'octobre et de

    1 Voy. t. I, p. 628.

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    novembre, qui ont compt eux seuls le tiers du nombre total.Dans le canton de Neuchtel c'est surtout l'hiver et le printemps-o l'on a observ les deux tiers des malades: le mois de dcem-bre est le plus charg, ensuite viennent septembre, janvier etfvrier.

    Les entozoaires ne prsentent rien de spcial en Suisse. Letnia mediocanellata, qui tait assez rare, est devenu plus fr-quent depuis qu'on a introduit l'usage de la viande crue chez les -malades et cela n'est pas tonnant, puisque c'est chez le bufque rside le scolex de ce tnia: jusqu' ces derniers temps c'taitle bothriocphale qui prdominait, tandis que le tnia arm y esttout fait exceptionnel. On le rencontre chez les enfants et chezles adultes. Quant aux ascarides lombricodes ou oxyures ils.sont, au contraire, plus frquents chez les jeunes malades que-chez les adultes. Au reste, ils n'atteignent nulle part en Suisse-un haut degr de frquence.

    e. Maladies des organes thoraciques. Les bronchites aigus et.chroniques forment une portion considrable de la morbidit etde la mortalit en Suisse. tudions-les en mme temps que lespneumonies avec lesquelles elles sont runies dans la plupart desdocuments statistiques. Pour la ville de Ble les bronchites ai-gus et les pneumonies ont form, pendant les cinq annes com-prises entre 1870 et 1874, les 94mesdes dcs. Dans la ville deBerne les pneumonies seules ont form, de 1868 1871, entreles 70 et les86mesdes morts; si l'on y joint les bronchites aigus-et subaigus, le chiffre lthifre s'lve aux 95 et aux 109mes.Dans le canton de Olaris les tables mortuaires des quatre annes,1871 1874, ont runi les pneumonies aux pleursies et ensembleconstitu les 101raesdes dcs. Les statistiques du canton deZurich ont donn dans l'espace de sept annes les proportions-suivantes: les inflammations thoraciques ont form les 128raesdes-dcs, chiffre suprieur celui des cantons dont nous venons deparler. Les tables mortuaires des six annes, 1870 1875, n'ontpas encore t publies avec le dernier rapport qui vient de pa-ratre (1877). A Genve, pendant les treize annes, sur lesquellesle Dr D'Espine a runi des documents, les bronchites aigus ontform les 28meset les pneumonies les 60mes(59,7); en y runissantles pleursies qui forment les 4mesl'on obtient un total de 88mes.au lieu des 101niesde Glaris, des 95mesde Ble et les 94mesou 109mes

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    de Berne. En joignant les pleursies aux pneumonies, comme .Glaris, nous avons pour Genve les 64mesau lieu des 101mes.D'ol'on voit que les inflammations thoraciques aigus sont plus fr-quemment mortelles Ble, Glaris, Zurich et Berne qu' Ge-nve, et par consquent, dans la Suisse orientale que dans laSuisse occidentale.

    Si des registres mortuaires nous passons aux hpitaux, nousverrons qu' Ble les pneumonies forment les 38mes,les pleursiesles 27meset les bronchites aigus les 31mes; en tout les 96mesdunombre total des malades. A Berne les pneumonies ont comptdans l'espace de deux ans pour les 74mesdes malades; les bron-chites aigus les 24meset les pleursies les 16raes; en tout les 104mes.A Lausanne les pneumonies ont constitu les 29me%les pleursies,les 8me%tandis que les bronchites aigus comptent pour les 12mcs,en tout les 49mes; mais en y ajoutant les 27mesde fivres catar-rhales qui se rattachent la bronchite aigu, cela constitue untotal des 76mes.A Genve, pendant nos treize annes de pratiquenosocomiale, les pneumonies ont form les 48mes, les pleursiesont compt pour les 19meset les bronchites aigus pour les 79mea,en tout 146rae,proportion suprieure celle des autres hpitaux.Plus tard, les mmes maladies soignes dans l'Hpital cantonalont donn les chiffres suivants: Les 41mespour les pneumonies,.les 15mespour les pleursies, et les 25mespour les bronchites aigus,en tout les 81mes,c'est--dire beaucoup moins dans la dernireque dans la premire priode, o le nombre des catarrhes pulmo-naires a t grossi par une forte pidmie de grippe. Si l'on re-tranche cette dernire l'on a pour les pneumonies et les pleur-sies de 1834 1846 les 67mespour les inflammations aigus dupoumon et de la plvre et les 56mesde 1866 1873, ce qui sem-blerait annoncer une diminution dans cette classe d'inflamma-tions thoraciques; elles sont galement moins frquentes (37mes)que dans les hpitaux de Lausanne, mais se rapprochent beau-coup des proportions observes Ble (65) et sont moins rpan-dues qu' Berne (90). En sorte que nous pouvons confirmer, dumoins en ce qui regarde cette dernire ville, l'assertion nonceplus haut que les inflammations thoraciques sont plus nombreu-ses dans la Suisse occidentale que dans l'orientale.

    Les rapports des infirmeries locales du canton de Berne n'ontpas distingu les maladies aigus et chroniques, en sorte queleurs documents ne sont pas comparables avec ceux que nous

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    venons de passer en revue et qui concernent seulement les ma-ladies aigus. Voici nanmoins quelle a t la proportion desmaladies thoraciques admises dans les infirmeries des six dis-tricts bernois, o elles ont form en 1864 les 100meset en 1865 les113mes,ouen moyenne 107mes.Les districts se rangent dans l'or-dre suivant quant la frquence de ces maladies: 1 l'Emmen-thal avec les 57mes; 2le Seeland avec les 58,nes; 30 l'Oberland avecles 123mes;40 le Jura avec les 131mes;5 le Mittelland avec les138meset enfin 60 la Haute-Argovie avec les 182raes.Ces districtsne suivent pas l'ordre de l'altitude, puisque l'Oberland qui est leplus lev ne vient