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N° 37 – Décembre 2013 Fondation école romande pour chiens-guides d’aveugles 1683 Brenles/VD 6983 Magliaso/TI L’œil qui voit

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N° 37 – Décembre 2013

Fondation école romande pour chiens-guides d’aveugles1683 Brenles/VD 6983 Magliaso/TI

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Notre bulletin fait peau neuve !

Vous tenez entre vos mains la 37e édition de notre bulletin. Il était temps de revoir un peu sa présentation et de le mettre au goût du jour. Nous avons un nouveau partenaire pour l’impression. Artgraphic Cavin SA à Grandson est une entreprise familiale et suisse qui imprime en Suisse. Nous sommes très heureux de cette collaboration, car nous avons trouvé chez eux un savoir-faire, une qualité irréprochable et un service de grande qualité. L’œil qui voit, un nom prestigieux qui trouve son origine au début du XXe siècle quand la première école pour chiens guides d’aveugles au monde avait ses quartiers au Mont-Pèlerin au-dessus de Vevey.

Couverture :Toundra des Hauts-Tierdoz, chienne d’élevage, avec son fils Zipo, né le 7 avril 2013

Membre de la International Guide DogFederation – IGDF

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Chers amis et donateurs,

A l’aube du vingtième anniversaire, le Conseil de Fondation et la direc-tion de l’école ont mené une réflexion de fond sur l’avenir que nous souhaitons pour notre Fondation.

Actuellement, il existe une forte tendance dans de nombreuses écoles pour chiens guides d’aveugles de se diversifier et de former d’autres types de chiens d’assistance. Nous suivons ces initiatives avec beau-coup d’intérêt. Néanmoins, nous nous sommes très clairement posi-tionnés en faveur d’un service spécialisé pour les personnes aveugles ou malvoyantes. Nous avons récemment développé un programme pour les adolescents handicapés de la vue qui est très prometteur. Nous cherchons également des solutions pour pouvoir offrir des chiens guides d’aveugles à des personnes retraitées. Il faut savoir que la demande pour ce groupe de personnes est en augmentation et que l’assurance invalidité ne prend pas les frais en charge.

Il existe en Suisse quatre écoles pour chiens guides d’aveugles recon-nues par l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) : deux près de Bâle, une près de Saint-Gall et l’école romande que vous connaissez bien. Nous souhaitons offrir un service de qualité et de proximité à toutes les personnes aveugles ou malvoyantes en Suisse.

Actuellement, il y a déjà quelques détenteurs de chiens guides au Tessin, mais ils doivent pour obtenir un chien guide franchir les Alpes et la barrière linguistique. Il est ensuite, pour des raisons de distance, difficile de leur offrir un suivi personnalisé durant toute la vie active de leur compagnon. Il n’y a aucune école de formation sur place. Les services d’aide et d’entraide sont bien développés et très actifs. Ils ont une longue tradition au Tessin. Il existe également, grâce à l’enga-gement personnel d’une détentrice de chien guide, une association qui a comme but de promouvoir le droit d’accès et le chien guide en général. C’est l’Associazione Amici del cane guida (Association des Amis du chien guide) à Prosito, présidée par Claudia Biasca-Casartelli.

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Après mûre réflexion, le Conseil de Fondation et la direction de notre école ont pris la décision d’ouvrir un deuxième centre de formation de chiens guides au Tessin. Suite à d’intenses recherches, nous avons trouvé un terrain idéalement situé et accessible en transports publics, dans la commune de Magliaso. La maison mère reste bien évidem-ment à Brenles, mais nous ne pouvons pas continuer à développer cette structure à cause des restrictions dictées par la loi sur l’aména-gement du territoire. Nous nous réjouissons de relever le défi de créer une antenne de formation au sud des Alpes et comptons sur votre soutien pour arriver à réaliser ce projet ambitieux. Ainsi, les personnes handicapées de la vue de toute la Suisse pourront compter sur un excellent service si elles désirent bénéficier de l’aide remarquable et de l’amitié inconditionnelle qu’un chien guide peut leur offrir.

Je vous souhaite une bonne lecture et vous envoie mes meilleurs vœux pour 2014 !

Cordialement, Christine Baroni-Pretsch directrice

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Cari amici e donatori,

All’alba del ventesimo anniversario, il Consiglio di Fondazione e la direzione della scuola hanno fatto una riflessione di fondo sul futuro che auspichiamo per la nostra Fondazione.

Attualmente, in numerose scuole per cani guida per i ciechi esiste una forte tendenza a diversificarsi e a formare altri tipi di cani di assistenza. Seguiamo queste iniziative con molto interesse. Tuttavia siamo molto chiaramente posizionati in favore di un servizio specializzato per le persone cieche o ipovedenti. Recentemente abbiamo sviluppato un programma per gli adolescenti handicappati della vista molto promet-tente. Cerchiamo anche soluzioni per poter offrire cani guida per i ciechi a persone pensionate. Bisogna sapere che la richiesta per questo gruppo di persone è in aumento e che l’assicurazione invalidità non se ne assume le spese.

In Svizzera esistono quattro scuole per cani guida per i ciechi ricono-sciute dall’Ufficio federale delle assicurazioni sociali (UFAS) : due presso Basilea, una presso San Gallo e la scuola romanda che conoscete bene. Noi desideriamo offrire un servizio di qualità e di prossimità a tutte le persone cieche o ipovedenti in Svizzera.

Attualmente ci sono già alcuni detentori di cani guida in Ticino, ma per ottenere un cane guida devono varcare le Alpi e la barriera lingui-stica. Ne consegue che, per ragioni di distanza, è difficile offrir loro un’assistenza continua e personalizzata durante tutta la vita attiva del loro compagno. Non c’è nessuna scuola di formazione sul posto. I servizi di aiuto e di mutuo soccorso sono ben sviluppati e molto attivi. In Ticino hanno una lunga tradizione. Grazie all’impegno personale di una detentrice di cane guida, esiste anche un’associazione che ha lo scopo di promuovere il diritto di accesso e il cane guida in generale. Si tratta dell’Associazione Amici del cane guida di Prosito, presieduta da Claudia Biasca-Casartelli. Dopo matura riflessione, il consiglio di Fondazione e la direzione della nostra scuola hanno preso la decisione

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di aprire un secondo centro di formazione di cani guida in Ticino. In seguito a intense ricerche, abbiamo trovato un terreno in situazione ideale e accessibile coi mezzi pubblici, nel comune di Magliaso. La casa madre rimane evidentemente a Brenles, ma non possiamo continuare a sviluppare questa struttura a causa delle restrizioni dettate dalla legge sulla pianificazione del territorio. Siamo lieti di affrontare la sfida di creare un’antenna di formazione a sud delle Alpi e contiamo sul vostro sostegno per poter realizzare questo progetto ambizioso. Così le persone handicappate della vista di tutta la Svizzera potranno contare su un eccellente servizio se desiderano beneficiare dell’aiuto prezioso e dell’amicizia incondizionata che un cane guida può offrir loro.

Vi auguro buona lettura e vi porgo i miei migliori auguri per il 2014 !

Cordialmente, Christine Baroni-Pretsch direttrice

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Liebe Freunde und Gönner

Unser 20-jähriges Jubiläum steht vor der Tür. Der Stiftungsrat und die Direktion haben dies zum Anstoss genommen um sich grundsätzlich zu überlegen wie die Zukunft unserer Stiftung aussehen sollte. Zur Zeit besteht in vielen Blindenführhundeschulen eine starke Tendenz zur Diversifizierung und zur Ausbildung verschiedener Typen von Assistenzhunden. Wir verfolgen diese Initiativen mit grossem Interesse. Nichts desto trotz, haben wir uns sehr eindeutig zu Gunsten einer für blinde und sehbehinderte Menschen spezialisierten Institution ent-schieden. Wir haben seit einiger Zeit ein vielversprechendes Programm für Jugendliche Führhundeinteressenten entwickelt. Wir suchen eben-falls Lösungen für die Abgabe von Blindenhunden an pensionierte Menschen. Die Anfrage für diese Gruppe von Sehbehinderten steigt ste-tig an und die Invalidenversicherung beteiligt sich nicht an den Kosten.

Es bestehen in der Schweiz vier, vom Bundesamt für Sozialversiche-rungen (BSV) anerkannte Blindenführhundeschulen : zwei im Gross-raum Basel, eine bei St.Gallen, und die ihnen wohlbekannte «école romande». Wir wünschen uns allen blinden oder sehbehinderten Schweizern einen qualitativ hochstehenden und gut zugänglichen Service anbieten zu können.

Es gibt heute schon einige Führhundehalter im Tessin, aber die Tessiner müssen die Alpen und die Sprachgrenze überqueren um einen Führhund zu erhalten. Die Distanz ist so gross, dass es eben-falls schwierig ist die Gespanne auf Lebzeit des Führhundes gut zu betreuen. Es gibt bis jetzt keine Ausbildungsstätte vor Ort. Die Selbsthilfeorganisationen sind sehr gut strukturiert und aktiv. Sie haben eine lange Tradition im Tessin. Dank dem persönlichen Engagement einer Führhundehalterin besteht auch ein gemeinnüt-ziger Verein mit dem Ziel das Zutrittsrecht und den Blindenführhund allgemein zu fördern. Es ist dies die Associazione Amici del cane guida (Verein der Freunde des Blindenführhundes) in Prosito, präsidiert von Claudia Biasca-Casartelli.

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Nach sorgfältiger Überprüfung, hat der Stiftungsrat zusammen mit der Direktion beschlossen ein zweites Ausbildungszentrum für Blinden-führhunde im Tessin zu eröffnen. Nach intensiver Suche, haben wir in der Gemeinde Magliaso ein ideal gelegenes und mit öffentlichen Verkehrsmitteln erreichbares Gelände gefunden. Der Hauptsitz bleibt selbstverständlich in Brenles. Wir können jedoch diese, in der Landwirtschaftszone gelegene, Anlage nicht mehr weiter ausbauen. Wir freuen uns die neue Herausforderung wahrzunehmen und eine Antenne auf der Südseite der Alpen zu eröffnen und wir wissen dass wir auf ihre Unterstützung zählen können, um dieses ehrgeizige Projekt zu realisieren.

Somit, werden bald alle sehbehinderten Schweizer die Möglichkeit haben von einem ausgezeichneten Angebot profitieren zu können, falls sie die hervorragende Hilfe und konditionslose Freundschaft eines Blindenführhundes in Anspruch nehmen möchten.

Ich wünsche eine angenehme Lektüre und alles Gute für 2014 !

Christine Baroni-Pretsch Direktorin

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GRAZIE MILLE

Nos instructeurs et gardiens d’animaux travaillent à l’extérieur par tous les temps, été comme hiver. Grâce à la grande générosité de Switcher SA, nous avons pu équiper tout le personnel avec des vestes polaires et des vestes hardshells de très haute qualité. Switcher est une entreprise suisse qui a des principes éthiques auxquels nous adhé-rons totalement. Leur message est respect : respect des conditions de travail et des ressources de notre planète.

Nous sommes heureux et fiers de pouvoir porter des vêtements Switcher et nous vous invitons à faire de même.

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Sans le soutien généreux et renouvelé de nos amis et fidèles donateurs, nous ne pourrions pas remplir notre mission au ser-vice des handicapés de la vue. Nous tenons à remercier très chaleureusement toutes les personnes qui nous ont permis d’at-teindre nos objectifs.

Ci-après, nous publions les noms des donateurs qui nous ont attribué un don de Fr. 5000.– ou plus, ainsi que de ceux qui nous ont offert des prestations ou de la marchandise d’une valeur importante, ainsi que des cabinets vétérinaires particulièrement généreux qui accordent un rabais spécial de 25% ou plus sur leurs prestations (sur la base des dons reçus entre le 01.04.13 et le 30.09.13) :

> Fondation en faveur des aveugles – FFA, Genève

> Nestlé Purina PetCare Tous les chiens en formation sont nourris avec Purina ProPlan

> Fondation Hans Wilsdorf Carouge, Genève

> Visilab SA, Meyrin/GE

> Switcher SA, Le Mont-sur-Lausanne

> Fondation Morgan Snell, Genève

> Fondation Jacqueline de Cerenville, Lausanne

> Gascon René, Genève

> P.M.C. Charlie Foundation, Vaduz

> Fondation Aiuto, Nyon

> Fondation Marguerite, Le Mont-sur-Lausanne

> Maître Trivelli Laurent, Lausanne

> Fondation de bienfaisance de la Banque Pictet, Genève

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> Fondation Alfred et Eugenie Baur, Genève

> Carla et Daniela Baroni, Lugano, traductions en italien

> Lorenzo Cedro, Lugano, webmaster bénévole

> Sylvain Riquen, Onnens, programmation et conseils en informatique

Cabinets et cliniques vétérinaires:

> Dresses Julie Mater et Elodie Mottet Cabinet de la Blécherette, Le Mont-sur-Lausanne

> Dr Marc-Alain Tièche, Cabinet de la Gottaz, Morges

> Dr Daniel Gmür, Lausanne

> Dr Alain von Allmen, Neuchâtel

> Dr Jürg Bolliger, ophtalmologue, Oftringen

> Dr Mathias Berther, Marly

> Dr Alexandre Azelie, La Chaux-de-Fonds

> Drs W.Uebersax et A.Guerne, Clinique des Tuileries, Bellevue

> Drs Val Schmid et Nicolas Murisier, Epalinges

> Drs Brigitte et Dominique Butty, Villariaz

> Drs Alain Gonnet et Denise Laeubli, Cabinet de Riantbosson, Meyrin

> Dr Fabrice Hamann, Châtel-St-Denis

> Cabinet des Ducats, Drs A.Meystre et D.Hiltbrand, Orbe

> Cabinet vétérinaire des Berges du Rhône, Drs Charlot, Maudon et Kessler, Sion

> Université de Berne, Institut de génétique, Professeur Tosso Leeb

> Drs Olivier Glardon et Valentine Pasche, Cabinet des Jordils, Yverdon

> Dr Etienne Matile, Cortaillod

> Drs Thomas et Caroline Pilloud, Boudevilliers

> Dr François Lindt, Pully

> Cabinet vétérinaire des Mangettes, Drs G.Altweg et E.Voegeli, Nyon

> Tierspital, Clinique pour petits animaux, Berne

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Nos dERNIèREs NAIssANcEs

14 août 2013

Sasha des Hauts-Tierdoz x Volt des Hauts-Tierdoz

Labrador retriever

ZORBA mâle noir ZONTA femelle noireZANDRO mâle noir ZILLY femelle noire ZINGARO mâle noir ZYRA femelle noire

Consultez également notre nouveau site internet sous www.chienguide.ch pour voir nos portées actuelles !

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Que deviennent les chiens guides à la retraite ? par Marie-Reine Cerf, Auvernier

Comme nous, les chiens guides sont soumis au cours du temps. Cependant, avant de délivrer la réponse à la question citée en titre, je vais vous inviter à remonter quelque peu dans le passé.

Oh, rassurez-vous, le but n’est pas de m’y complaire ! Je tiens juste à partager avec vous un moment intense qui a été à l’origine d’une des passions de ma vie. Il y a une vingtaine d’années, j’écoutais la radio. Tout à coup, une information sur les chiens guides a fait sur-sauter et battre mon cœur et, suite à ce vrai « coup de foudre », j’ai su sans aucun doute que ce domaine serait un chapitre majeur de mon histoire. Lorsque je repense à cet instant-là, une émotion vive me saisit comme au premier jour et il m’arrive encore de pleurer d’émo-tion. J’ai vécu un engagement de plus de 20 ans pour la Fondation et mon cœur en a été comblé. J’ai vu naître des chiens, j’en ai accueillis, éduqués, cédés à des non-voyants, accompagnés dans la vieillesse et dans la mort. Je leur ai consacré du soin et du temps, mais j’ai été infiniment remerciée comme témoin privilégié de leur amour incondi-tionnel des humains, de leur chaleur, de leur vigilance sans faille, de leur fidélité.

Comme il leur manque la parole et que seule la présence physique leur permet de communiquer, je me fais aujourd’hui la porte-parole

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de ceux qui doivent cesser leur activité en tant que chien guide. Trop âgés pour assurer le service exigeant requis auprès de leur maître non voyant, ils sont un peu au régime des pilotes de ligne dont la retraite intervient avant qu’un problème de sécurité n’atteste que la belle machine humaine a atteint ses limites de fiabilité. Les chiens guides sont mis à la retraite après une dizaine d’années d’activité (entre 9 et 11 ans). La concentration extrême dont ils font preuve en se substituant à une personne pour garantir sa sécurité explique la nécessité d’être remplacé par un jeune collègue avant la moindre alerte, la moindre défaillance. Il reste à ces magnifiques créatures quelques années de vie qui méritent d’être pleines d’affection et de douceur.

Mais où ces chiens retraités vont-ils passer ces quelques années ?

C’est à leur sujet que la Fondation sollicite des personnes ou des familles qui les accueilleraient. Accueillir un être vivant qui a tant donné est un geste valorisant. Ces chiens sont éduqués, adaptables,

Qatar : élevé par Marie-Reine Cerf et actuellement chien guide actif au Tessin

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gentils ; leur présence agréable ne peut que susciter du plaisir et de la joie. Il est évident que ces chiens sont âgés et que les accueillir suppose une séparation dans un délai plus court que si l’on choisit un chien au début de sa vie. Leur fin de vie est une étape prévisible, normale, ne devant pas être appréhendée comme une future tragé-die, mais comme un temps de reconnaissance dicté par la dignité humaine. La Fondation sera toujours présente pour des conseils et un soutien dans les moments plus délicats.

Personnellement, j’ai accompagné :

> Sweetie, la joueuse, la fonceuse > Calypso, l’aristocrate obéissante > Isatis, le cajoleur, l’indépendant

J’ai également accueilli des chiens de famille (réformés au début de la formation vers l’âge de 18 mois) et que ces familles ne pouvaient plus assumer :

> Echo, le philosophe gourmand > Harpe, la douce, la sage > Kalia, mon ombre numéro 2

Il est aussi possible de prendre des chiots en parrainage pendant 15 mois, de donner un foyer à un chien d’élevage, ou encore d’adop-ter les chiens jugés inaptes à la formation comme chien guide. Je suis toujours active, disponible pour des chiens à la retraite ou en vacances dans le cadre de la Fondation.

Je ne suis pas rassasiée du bonheur que procure cette activité. En ayant du plaisir dans ce que l’on fait, on n’a pas l’impression de tra-vailler, au contraires, l’activité régénère ; c’est le secret de la force qui « déplace des montagnes ».

La Fondation comprend bien l’engagement que représente une telle décision, mais j’espère que mon témoignage pourra à son tour faire vibrer des cœurs. C’est un de mes vœux les plus chers.

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cALENdRIER 2014

Connaissez-vous déjà notre calendrier avec ses 12 photos couleur de nos amis à quatre pattes ? Par l’achat de ce magnifique calendrier vous faites certainement plaisir à vos connaissances et vous soutenez en même temps les activités de notre Fondation. Vous pouvez le com-mander par paiement anticipé au moyen du bulletin de versement ci-contre ou venir l’acheter directement à l’école.

MERCI DE TOUT CŒUR DE VOTRE SOUTIEN.

Format 30 x 30 cm

Prix 35.– (port et emballage compris)

Sujets du calendrier 2014

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JoURNÉEs « PoRTEs oUVERTEs » EN 2014

5 avril3 mai7 juin 5 juillet 2 août 6 septembre

4 octobre1er novembre 6 décembre

Nos journées « portes ouvertes » ont lieu par tous les temps.

Pour des groupes, les visites en dehors de ces dates sont possibles l’après-midi en semaine et uniquement sur rendez-vous. Nous vous prions de contacter le secrétariat pour de plus amples renseignements.

Nous recevons également les groupes (au minimum 15 per-sonnes), sur rendez-vous, durant la matinée des journées « portes ouvertes ».

AVIS AUX PROPRIÉTAIRES DE CHIENS : SVP ne venez pas avec votre chien aux portes ouvertes, car il ne pourra pas vous accompagner lors de la visite. Merci de votre compréhension !

Vous organisez une soirée, une rencontre ou une semaine à thème et aimeriez sensibiliser vos participant(e)s aux handica-pés de la vue et leurs chiens guides ? Appelez-nous au 021 905 60 71. Nous avons plusieurs formules à vous proposer.

de 13h30 à 17h00départ dernière visite à 16h00

Au programme :

– Film « Les yeux de son maître »– Visites guidées des installations– Démonstrations

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Kenya, mon ange gardien par Joëlle Ruch

Le parcours de David est pour le moins atypique. Né à Morges en 1980 d’un père suisse et d’une mère indonésienne, il part avec toute sa famille s’installer peu après sa naissance en Corée du Sud pen-dant trois ans, puis au Japon pendant sept ans. A l’âge de 8 ans, il commence à avoir régulièrement des céphalées qui vont jusqu’à lui faire manquer l’école à plusieurs reprises. Un médecin est consulté au Japon mais il ne décèle rien de particulier, ce sont certainement des signes de grippe. En 1990, la famille rentre en Suisse définiti-vement. A ce moment-là, toujours en proie à de forts maux de tête mais également à des difficultés au niveau de la mémoire et des pro-blèmes d’équilibre, il consulte un médecin. Une hydrocéphalie (excès de liquide céphalorachidien dans les cavités du cerveau) est décelée. David subit une intervention avec succès en 1991. La pression dans le cerveau diminue, il n’éprouve plus de peine à se concentrer et les résultats scolaires s’améliorent de façon fulgurante.

Mais la vie de David bascule lorsqu’il entreprend les démarches pour passer son permis de conduire en 1998. Il est de nouveau sujet durant

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cette période à de fréquents maux de tête. Un examen de la vue chez l’opticien décèle une vision floue, ce qui pourrait expliquer les douleurs pour le spécialiste. Une visite de contrôle au CHUV suivra, la veille de ses examens du baccalauréat. Les médecins détectent une tumeur au cerveau. C’est un véritable choc pour toute la famille. David, coura-geux, passe tout de même les examens, et réussit ! Il reçoit même un prix pour l’examen d’anglais ! Puis, les médecins ayant pris la décision de ne pas l’opérer dans l’immédiat, David part en Allemagne plu-sieurs mois pour perfectionner son allemand. En décembre 1999, il est de retour en Suisse pour contrôler le développement de la tumeur. De grade 2 (bénigne) avant son départ pour l’Allemagne, la biop-sie effectuée sans narcose révèle qu’elle est en transformation en grade 3 (maligne). Une radiothérapie est indispensable pour brûler la tumeur, David se rend donc tous les jours à l’hôpital pendant plu-sieurs mois. Chrétien, ayant la foi, David prie, entouré de sa famille et de ses proches. Il reçoit beaucoup de soutien. Après trois mois de traitement, les cellules cancéreuses sont détruites et la croissance de la lésion stoppée. David retourne en Allemagne pour terminer son séjour linguistique et pour réaliser son rêve, travailler dans un aéroport. Il est engagé pour un stage de trois mois au sein d’une agence de voyages Lufthansa. C’est en effet durant son enfance et à la suite de nombreux vols en avion avec la famille qu’il a développé une véritable fascination pour le monde de l’aviation et des aéroports. Il souhaite d’ailleurs par la suite travailler dans ce milieu. A la fin de l’été 2000, il revient en Suisse et poursuit ses études en intégrant l’Ecole suisse de tourisme à Sierre. En parallèle, il reprend les cours de conduite et passe son per-mis de conduire. Mais quelques mois plus tard, les problèmes de vision réapparaissent. Il voit double, il doit déjà arrêter la conduite. De plus, il est difficile d’étudier dans ces conditions. Durant les cours, il doit jongler entre un cache sur l’œil gauche pour éviter que la vision ne se dédouble et deux paires de lunettes. De nouveaux contrôles au CHUV mettent en évidence que la tumeur a réagi à la radiothérapie en pro-duisant un kyste. Celui-ci est à priori inoffensif mais prend de plus en plus de place, créant ainsi une pression sur les nerfs optiques, ce qui

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engendre la vision double. Les médecins pratiquent alors une interven-tion pour aspirer le kyste. Opération réussie, David peut reprendre les cours et la conduite. Puis, en juin 2001, juste avant les examens, il se rend compte que sa vue continue à se dédoubler. Un deuxième kyste est apparu. Une nouvelle opération doit être pratiquée. Il met cette fois un terme à ses études pour se consacrer à sa santé. Le deuxième kyste est aspiré mais, peu de temps après, les médecins constatent que la tumeur continue à en produire de nouveaux. C’est pourquoi en août 2002, une nouvelle opération doit être pratiquée pour procéder à l’ablation de la tumeur et des kystes. Il subsiste alors avant l’interven-tion un espoir pour que sa vue redevienne normale. Cette opération à cerveau ouvert est risquée. Lorsque David reprend connaissance, il n’arrive pas dans un premier temps à ouvrir les yeux, mais en plus il n’entend plus rien, il est devenu sourd-aveugle !

David se sent complètement isolé du monde qui l’entoure. Puis, petit à petit, on diminue les tranquillisants et il parvient à nouveau à voir mais toujours double. Il est en mesure de parler mais, pour comprendre son entourage et les médecins, il utilise la méthode de lecture labiale qu’il assimile rapidement. Suite à cette lourde opération, non seulement un travail de récupération auditive a été nécessaire mais également un travail de rééducation. Il n’arrive plus à marcher ni à tenir l’équi-libre, il faut réapprendre les gestes du quotidien. Après l’opération, un long travail de récupération auditive commence. David se rend tous les jours à l’hôpital pendant deux ans. En parallèle, il est suivi à l’hôpital ophtalmique pour sa vision double. D’abord accompagné quotidiennement par sa maman, David se déplace petit à petit seul à l’aide d’une canne pour malvoyant, mais non sans mal, car il lui arrive régulièrement de chuter. Malgré ça, il tient à rester aussi indépendant que possible.

Convaincu de l’aide que pourrait lui apporter un chien guide, notam-ment dans ses trajets quotidiens pour se rendre à l’hôpital, et rêvant depuis enfant d’avoir un chien, David, accompagné par ses parents, entreprend les démarches auprès de notre Fondation pour obtenir un

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chien guide. Il visite d’abord l’école lors d’une journée portes ouvertes puis, lors d’un rendez-vous personnalisé, teste un chien guide nommé Kheops, un beau mâle beige. David retrouve le sourire, cette expé-rience est fabuleuse. Quelques semaines plus tard, il rencontre Kenya, son futur chien guide. N’ayant pas encore terminé sa formation à

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l’école, Kenya est d’abord accueillie par toute la famille à la maison les week-ends. La famille se rend vite compte que c’est une véritable boule d’énergie et que sa joie est communi-cative. Puis vient enfin le moment de l’introduction. Accompagné par une instructrice de l’école, David apprend durant trois semaines les techniques de guidage pour se déplacer avec Kenya. A la maison, la famille doit

s’impliquer le moins possible afin qu’une grande complicité s’installe rapidement entre Kenya et son nouveau maître. Ses parents s’oc-cupent juste de la petite promenade du matin car David a besoin de douze heures de sommeil suite aux séquelles neurologiques. Pendant un peu plus d’une année, Kenya le guide chaque jour jusqu’à l’hôpital et lors de ses diverses activités. Elle est à la fois sa vue et son ouïe. Lorsqu’il y a du trafic ou un quelconque danger, elle détourne son regard. David l’observe beaucoup. Lorsqu’il la voit se retourner par exemple, il sait que quelque chose vient de derrière. Mais Kenya n’est pas « que » son guide, elle est égale-ment un précieux soutien moral.

David est régulièrement sujet à des cauchemars organiques des suites de l’intervention, même après l’ablation de la tumeur. En effet, celle-ci était logée dans une région qui contrôlait non seulement la vue et l’ouïe, mais également les rêves. Une nuit, alors qu’il fait un de ces cauchemars et crie à l’aide, Kenya se met à lui lécher le visage. Cela provoque un choc suffi-sant pour le réveiller ! Et la situation se

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reproduit à plusieurs reprises. Pour David, « à chaque fois c’est comme si elle m’avait sauvé la vie ».

En 2004, David se fait opérer des yeux, et sa vue s’améliore gran-dement. Mais il ne s’habitue pas à un tel changement du jour au lendemain. « Après avoir perdu les sens suite à l’opération, il faut apprendre à refaire confiance à ses sens, il faut refaire connaissance avec son corps, réapprendre ses nouvelles limites. » Au fil du temps, David prend de plus en plus d’assurance. Habitué progressivement à sa « nouvelle » vue, il essaie de se déplacer seul, d’abord à l’aide d’une canne blanche puis sans rien. C’est une immense victoire !

Par la suite, David suit un programme de réorientation profession-nelle à Genève. En 2006, il travaille d’abord trois mois à l’aéroport de Genève, puis il est engagé chez Nespresso au département de la comptabilité pour un travail qui doit durer trois mois. Le contrat se prolonge finalement cinq mois de plus. A l’aise dans ses tâches et au sein l’entreprise, il souhaite pouvoir y rester. C’est chose faite puisque Nespresso lui propose un contrat à durée indéterminée. Dans la foulée et après avoir passé différents tests, il récupère un permis de conduire pour véhicules limités à 45 km/h. Avec un travail fixe et son permis de conduire en poche, David souhaite prendre son indépendance et ainsi quitter la maison familiale. Il est par contre difficile pour lui d’assumer Kenya seul. Elle reste donc chez ses parents, avec notamment son papa qui vient tout juste de prendre sa retraite.

Aujourd’hui bien installé dans son appartement lausannois, c’est pour lui très valorisant de pouvoir être indépendant, d’avoir un travail et de pouvoir effectuer les tâches du quotidien seul. David travaille toujours chez Nespresso, à temps partiel car il se fatigue très vite et a toujours besoin de douze heures de sommeil quotidiennement. Les cauchemars organiques n’ont pas cessé mais sont beaucoup moins fréquents et moins violents. Il n’a pas totalement retrouvé ses facultés auditives et visuelles. Pour sa vision encore un peu double, il porte des lunettes. Il évite de conduire de longues distances ou la nuit. Pour ses problèmes

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d’audition, il utilise toujours la méthode de lecture labiale et dispose depuis peu d’un appareil auditif qui lui permet de couper tout bruit de fond, avec un micro qu’il peut tendre à son interlocuteur. David profite de partir en voyage dès qu’il en a l’occasion, en vacances au soleil ou pour retrouver des membres de sa famille qui vivent à l’étranger. Et c’est justement à l’occasion de l’un de ses voyages qu’une nouvelle passion naît en lui : la danse. Après s’être d’abord essayé aux danses de salon, il découvre par la suite la salsa, et là, c’est le coup de foudre ! Il prend des cours depuis cinq ans et il est très fier d’avoir aujourd’hui atteint un niveau intermédiaire.

Comment David voit-il l’avenir ? Il compte bien profiter au maximum de cette deuxième vie qui s’offre à lui pour passer du temps avec ses proches, voyager et perfectionner son niveau de danse pour atteindre, pourquoi pas, un niveau avancé!

N.B. retrouvez David et Kenya dans l’émission 36.9° du 16 février 2011 de la RTS :http://www.rts.ch/video/emissions/36-9/2964080-maudit-coup-du-lapin-un-cerveau-a-modeler.html

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Le périple de Timor par Ellen Weigand

Je me souviens très bien de ce matin-là fin juin 2011 à Brenles, lors de la pause café à la Fondation – je fais partie de l’équipe de béné-voles pour la socialisation précoce des chiots depuis bientôt trois ans. Christine Baroni, la directrice, me demanda soudain en souriant : « Ellen, tu as toujours envie d’avoir un chien ? » Il m’est difficile de me rappeler toutes les pensées qui traversèrent mon esprit à cet instant. Je sais que mon émotion était immense, et que je tentais de la dissi-muler un peu, étant de nature plutôt réservée, par un simple sourire. Cela faisait bien des mois que je m’étais inscrite pour accueillir un chien de famille – réformé, à la retraite – ou un chien d’élevage.

C’est au moment du brossage que j’ai ainsi revu Timor – j’avais parti-cipé à sa socialisation quinze mois auparavant, lorsqu’il n’était encore qu’un chiot, et m’en souvenais parfaitement. Bien que je n’arrivais pas seule, c’est à moi qu’il a fait une immense fête et déjà j’étais «tombée en amour», comme disent les Québécois.

Timor avait été sélectionné comme chien d’élevage, aux vues de ses caractéristiques génétiques et physiques et de son caractère – quasi parfaits évidemment pour les transmettre à de futurs chiens

Timor à gauche et son père Aaron à droite. Aaron, né à New York à l’école The Seeing Eye, est venu en Suisse à l’âge de 4 1/2 ans.

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guides d’aveugles. Inutile de dire que je l’ai adopté et amené chez moi quelques jours après, et qu’aujourd’hui je ne peux m’imaginer la vie sans lui. Sauf par période… Car j’ai signé le contrat que doivent parapher toutes les personnes qui accueillent un chien ou une chienne d’élevage. L’engagement est clair : lorsque la Fondation a besoin de Timor, ici ou ailleurs, je dois le lui laisser, pour un ou plusieurs jours, voire plusieurs mois. Y compris pour des saillies à l’étranger.

Car pour éviter la consanguinité et par souci de toujours améliorer la race, l’élevage de Brenles procède à des échanges de chiens reproduc-teurs (ou de leurs semences) avec d’autres élevages de chiens guides d’aveugles dans le monde. D’ailleurs, le père de Timor, Aaron, géni-teur d’une belle lignée de chiens guides, et chien de Christine Baroni, vient des Etats-Unis. Un présage?

Départ annoncé

Toujours est-il qu’un an après, et après une première « alerte » – il faillit être envoyé pour quelques mois en Irlande – on m’annonça qu’il était sélectionné pour un voyage dans la région de New York, à l’école Guiding Eyes for the Blind (voir aussi www.guidingeyes.org) et que je pouvais l’y accompagner si je le souhaitais. Ce que j’acceptai immédia-tement, voulant bien sûr voir où il allait séjourner pendant … quatre longs mois.

Le voyage faillit ne pas avoir lieu : Timor, féru des baignades en ruis-seau, y contracta une leptospirose, maladie pouvant être fatale si elle n’est pas traitée au plus tôt. Par chance, je réagis assez vite, l’emme-nant à Berne dès les premiers symptômes. Il passa plus de dix jours aux soins intensifs du Tierspital où il mena un véritable combat contre la mort. Il fut sorti d’affaire, grâce aux traitements d’antibiotiques et aux excellents soins de tous les collaborateurs qui s’occupèrent de lui et qui me laissaient lui rendre visite tous les jours. Mais sa convales-cence dura plus de deux mois, car il était très affaibli, amaigri, avec une fonction rénale encore diminuée et ayant de la peine à retenir ses urines au début.

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Préparation de voyage

Par chance, mon Timor avait entièrement retrouvé sa forme peu avant le départ, prévu le 14 décembre. Ainsi, après un bilan de santé, com-prenant notamment un spermogramme, afin de vérifier la qualité de sa semence, il eut le feu vert pour le voyage. J’ai même pu admirer ses spermatozoïdes au microscope !

Ayant très à cœur le bien-être de Timor durant son séjour, l’école américaine m’a fait remplir un long questionnaire au préalable. Une étape rassurante, puisque j’ai pu y consigner toutes ses habitudes, ses jouets et jeux préférés, ses habitudes alimentaires et le rythme de nos journées, ainsi que son caractère et niveau d’obéissance – parfait évidemment aussi ! De plus, j’ai dû traduire en anglais les divers ordres qu’il connaît pour les collaborateurs de l’école et pour Jamie. C’est chez elle, une adorable dame bénévole de l’école américaine, qu’il allait séjourner entre les saillies. Elle m’assura déjà par e-mail qu’elle allait le choyer comme sa propre chienne labrador, Reba.

Le voyage

24 heures avant le vol, Timor eut son dernier repas. Dans le train pour l’aéroport de Zurich, il fut difficile de lui faire comprendre qu’il

ne devait pas fixer en bavant le sandwich de notre voisine de siège. Sinon, patient et docile comme à son habi-tude, il traversa couloirs de l’aéroport et escalators et prit ascenseurs et métro en toute tranquillité.

Alexa et Arctic, deux descen-dants de Timor qui guideront un jour des personnes non voyantes aux Etats-Unis d’Amérique

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A bord de l’avion, il vomit toutefois juste avant le décollage – sans doute à cause du stress, car prendre l’avion n’avait pas fait partie de son programme de socialisation. Une passagère tombée sous son charme, assise devant moi, m’aida ensuite à le tenir (elle devant, moi derrière) durant le décollage.

Une fois dans les airs, un autre passager accepta de changer de place avec nous, pour avoir plus d’espace. Mon reproducteur-voyageur se coucha et ne bougea quasiment pas durant les neuf heures de vol, mal-gré les bruits inhabituels, les trous d’air et les va-et-vient des passagers. Il eut droit à des glaçons à mâcher pour prévenir la déshydratation, et à de nombreux câlins de la part de l’hôtesse de l’air. L’atterrissage fut plus facile que le décollage: Timor s’était bien calé, assis entre mes jambes.

A l’aéroport de New York, nous attendait un retraité bénévole qui venait de braver deux heures de bouchons – c’était vendredi, dix jours avant Noël… – pour venir nous amener à l’école, à une bonne heure de la City. Mais avant tout, après un tour « pipi » du parking, Timor eut son premier repas après plus de 35 heures. Il n’en fit qu’une bou-chée, comme à son habitude.

Arrivés à destination, en pleine nature, nous nous sommes installés dans la maison réservée aux visiteurs de l’école. Timor était ravi de pouvoir dormir dans la chambre avec moi – ce qu’il ne fait pas à la maison. Moi, j’étais un peu moins sereine – c’était la dernière nuit …

Le lendemain matin, j’ai présenté Timor au chenil, et j’ai pu visiter les installations – le bâtiment de la nursery et le chenil de reproduction. Ici naissent quelque 500 chiots par année ! Enorme à première vue, relati-vement peu, aux vues du nombre d’habitants du pays et sachant que près de la moitié des chiens allaient être réformés ou utilisés à d’autres fins. L’endroit, entouré d’un grand espace de verdure et de forêt, était accueillant, dégageant une atmosphère harmonieuse, et impecca-blement propre, malgré la demi-douzaine de portées de divers âges qu’accueillait la nursery et les dizaines de chiens et chiennes adultes en attente de saillies.

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Pour s’occuper de tous ces chiens, l’école a le soutien de nombreux bénévoles, qui s’y relaient tous les jours, y compris les week-ends et jours fériés, pour socialiser les petits et sortir et jouer avec les adultes.

Après cette visite, nous sommes retournés dans la maison, pour les dernières heures avant la séparation. Avec une forte « séquence émo-tion » lorsque Timor, à un moment donné, se coucha à trois mètres de moi et me regarda avec un regard plein d’amour, comme pour me dire : « Ne t’en fais pas, ça se passera bien. » Cela dura bien cinq minutes.

Au revoir

Puis ce fut l’heure. J’avais déjà dit au revoir à Timor, et lui avais bien expliqué quand il allait rentrer et que ce serait Christine qui irait le cher-cher. Pour ne pas craquer sur place, je le confiai très vite à un employé du chenil qui m’assura encore qu’on allait bien en prendre soin.

Le retour sans lui fut triste, bien sûr, la maison vide, et les quatre mois longs … mais je savais qu’il était entre de bonnes mains et, surtout, que c’était pour une très bonne cause. Durant son séjour américain, je reçus d’ailleurs régulièrement des nouvelles de la part de Guiding Eyes, qui me tenait au courant de chaque saillie. Et surtout de la part de Jamie, conquise par mon Timor. Elle m’envoya de nombreuses pho-tos et vidéos, de lui et aussi de sa progéniture et de ses « fiancées », et elle continue de le faire encore. Car désormais, il est le fier géni-teur (enfin, c’est moi surtout qui en suis fière) de 33 chiens aux Etats-Unis, issus de cinq portées. Les premiers sont nés un jour après mon anniversaire en février, les derniers en mai. Au dernières nouvelles, ses descendants vont tous très bien !

Un autre «bébé américain» de Timor

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ÉTAT AU 1ER NoVEMbRE 2013

CONSEIL DE FONDATION

Jean-Daniel LUTHI, La Croix-sur-Lutry / VD, présidentDr méd.vét. Alain VON ALLMEN, Neuchâtel / NE, vice-présidentMarc JOHANNOT, Cheseaux / VD, secrétaireCharly CERF, Plaffeien / FR, membre Fredy MARIAUX, Crans-près-Céligny / VD, membreIsabelle MATHIS, Signèse / VS, membreElio MEDICI, S.Antonino / TI, membre, détenteur d’un chien guideBernard SCHNEIDER, Môtiers / NE, membre, détenteur d’un chien guideChristine BARONI-PRETSCH, Brenles / VD, directrice

PERSONNEL

Direction : Christine BARONI-PRETSCH, instructrice, responsable d’élevageInstructeurs :Christian BARONI, instructeur, responsable des familles de parrainageStéphanie DUCRET, instructrice, suivi des familles de parrainageGabor SPAITS, instructeurPascal AEBY, instructeurFrançois CUENNET, instructeur en formationManoel GUYOT, instructeur en formationGardiens d’animaux :Charly RAMSEYER, responsable des gardiens d’animauxJean-Michel MAY, gardien d’animauxCatherine SCHWARTZ, gardienne d’animauxDamien FRANCEY, gardien d’animauxAmandine PILLONEL, apprentie gardienne d’animaux, 3e annéeAdministration et relations publiques :Josiane ZOSSO-BESSON, comptableJoëlle RUCH, secrétaireViviana FORNEY, relations publiques

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Bulletin réalisé par :

Christine Baroni-Pretsch, rédactionJoëlle Ruch, Marie-Reine Cerf, Ellen WeigandPhotos : FERCA et Guiding Eyes for the BlindTraduction en italien : Carla Baroni (bénévole) Traduction en allemand : Christine Baroni-PretschRelecture : Joëlle Ruch

Responsables du site internet : Sylvain Riquen (bénévole) et Joëlle Ruch

FONDATION RECONNUE D’UTILITÉ PUBLIQUEVos dons sont déductibles des impôts dans la plupart des cantons

Membre de la International Guide DogFederation – IGDF

Volt des Hauts-Tierdoz, mâle d’élevage

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www.chIENGUIdE.ch

FONDATION ÉCOLE ROMANDEPOUR CHIENS-GUIDES D’AVEUGLESHAUTS-TIERDOZ 241683 BRENLES/VD

CCP 20-8552-1 IBAN: CH71 0900 0000 2000 8552 1 Swift code: POFICHBEXXX

Tél. 021 905 60 71 (du lundi au jeudi de 8h à 12h / 14h à 17h30)(le vendredi de 8h à 12h / 16h à 17h30)Fax 021 905 60 95E-mail : [email protected] internet : www.chienguide.ch

PS : La poste est devenue très pointilleuse et n’achemine plus le courrier mal adressé. Nous vous remercions de nous faire parvenir tous vos change-ments d’adresse, y compris les nouveaux noms et numéros de rue dans les villages. Merci !

PS : Wir bitten Sie, uns eventuelle Adressänderungen, insbesondere neue Strassennamen und –nummern in den Dörfern, zuzustellen. Herzlichen Dank!

PS : Vi preghiamo di farci pervenire ogni cambiamento d’indirizzo, compresi i nuovi nomi e il numero della via nei villaggi. Grazie!