Lois en Histoire

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  • 8/14/2019 Lois en Histoire

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    Y a-t-il des lois en histoire ?

    On peut distinguer deux grands courants :- Les uns dans la ligne des philosophes allemands des Geisteswissenschaften considrent que lhistoire porte sur les

    vnements singuliers, quelle vise comprendre les actions de sujets humains (gnralement on les considre

    comme des sujets rationnels) et quelle est non nomologique (elle ne produit pas des lois) mais seulementinterprtative.- Inversement, ceux qui se placent dans la ligne de lcole sociologique franaise (Durkheim et Mauss), considrent

    que lobjet de lhistoire est constitu par les structures durables, les mentalits stables, lhistoire presque immobiledont parle Braudel.

    Si on cherche placer Marx dans cette configuration, on est trs ennuy : il va puiser dans lune et lautre mthode, augr de ses besoins, mais sans jamais lucider les problmes pistmologiques auxquels il est confront. Il y a ainsi dansloeuvre de Marx des contradictions importantes, mme si les marxistes ont depuis longtemps pris le parti de cacher lespoussires sous le tapis quand ils font le nettoyage dans loeuvre de Marx.

    Quoi quil en soit, nous sommes donc en histoire dans lincapacit de construire une science positive qui ressemble de prs

    ou de loin aux sciences naturelles. Les lois de lhistoire dont parle Marx sont des lois si gnrales quelles permettentseulement dessayer de tracer des grands tableaux gnraux mais ne permettent de rien prvoir ! Cela ne veutvidemment pas dire que lhistoire ne nous apprenne rien ou quelle soit un genre de savoir irrationnel. Mais cela veutsimplement dire quelle reste en dehors du champ de ce quon appelle proprement science . On peut, certes, dciderdappeler science tout savoir rationnel. Mais ce nest pas trs avantageux de se procurer ainsi des victoires purement

    verbales. En histoire, on peut argumenter pour soutenir des hypothses plus ou moins probables ; on peut tablir des faits,mais ni lois, ni thormes, ni principes gnraux opratoires. Il me semble que cest l un fait dont nous devonshonntement prendre acte, mme si cela entrane que nous devons srieusement rabattre les prtentions den finir avecspculations hasardeuses pour faire place une science vritable.

    1. Le dterminisme en Histoire.

    La pense doit se garder ici de deux excs contraires: laffirmation dun dterminisme qui gouvernerait les faits historiquesaussi rigoureusement que les autres sortes de faits, et la ngation non moins radicale du dterminisme historique en faveurde la contingence et de la libert.LHistoire ne se met pas en quations mais elle ne se rduit pas non plus une srie dvnements accidentels etrationnellement inexplicables.La principale difficult est de savoir sil existe des lois en Histoire comme en Physique ou en Chimie.On a pu dire que le concept de loi historique tait une contradiction dans les termes. Il semble difficile en effet de faire delvnement le cas particulier dune loi gnrale ou la simple variable dune fonction abstraite. Le dpouiller de sescaractristiques particulires, de tout ce qui fait quil est unique, original, non rptable, ce serait le dtruire dans sa ralitconcrte et individuelle. M. Seignobos crit trs justement : La raison, la clef dun fait historique est toujours un autrefait historique, faire abstraction de laccidentel ce serait ici faire abstraction de ce qui est essentiel lexplication. Cestdire que pour chaque fait particulier il faut une explication particulire. Ce qui semble dtruire le dterminisme.Concevoir les choses autrement, rduire loriginalit de lvnement pur au bnfice de la loi ou de la relation causalegnrale, ce serait exposer lHistoire au risque de se confondre avec la Sociologie. Il existe un conflit entre les historienshistorisant attachs laspect vnementiel de lHistoire, tel Seignobos, et les historiens sociologisant, tel Simiand, quiacceptent et mme prconisent labsorption de lHistoire dans la Sociologie car ce qui les intresse nest pas la descriptionde lunique ou de laccidentel, cest la recherche des lois de lvolution humaine devenue lobjet dun savoir rationnel.On pourrait proposer quil y a bien des lois en Histoire mais que ce ne sont pas des lois spcifiquement historiques. Endautres termes les lois que lHistoire fait jouer dans une explication, elle les emprunte dautres sciences quelle-mme,pour mieux clairer lenchainement des faits. Ainsi lhistorien peut invoquer:

    - Les lois dordre sociologique, comme le processus gnral: toute priode danarchie, quelle quelle soit, succdeune dictature restaurant lautorit de ltat.

    - Les lois dordre psychologique, notamment la constance de la nature humaine travers le temps, lanalogie delhomme prsent avec lhomme pass, tous deux conduits par des mobiles semblables: intrts, passions, idal.

    Lacombe en formulait ainsi le principe: " Lhomme temporaire et local a pour substratum lhomme gnral dontla permanence est tablie par la psychologie normale. "- Les lois dordre conomique. On sait que les marxistes ont insist sur de tels facteurs en voyant dans la ralit

    conomique, la lutte des forces de production en prsence, le moteur principal de lHistoire. Sans souscrireobligatoirement leur thse, il est bien vident quon ne peut mconnaitre limportance de la vie conomiquedans la gense des faits historiques.

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    2- Les lois dordre gographique. Les facteurs proprement physiques jouent un rle non ngligeable: ainsi dans la

    vocation maritime dun pays insulaire comme lAngleterre.- Cest en ce sens, semble-t-il, quon pourrait parler dun dterminisme en Histoire.

    2. Causalit et probabilit en Histoire.

    Il ne faut pas oublier que les hommes sont les acteurs du drame historique ; bien plus, ils ne se contentent pas de jouer unrle prvu, ils sont les auteurs de leur propre drame. Aussi faut-il faire appel en Histoire cette causalit que nous avonsappele humaine, spirituelle ou subjective, qui ne ressemble en rien la causalit naturelle et qui nest autre que lactioncratrice de la libert ou de la volont. Cest parce que les hommes sont des tres libres que des vnements apparaissent,qui ne se fussent jamais produits par le seul jeu des forces naturelles ou des conditions conomiques. LHistoire doitcompter avec ce facteur de libert qui est videmment un facteur dimprvisibilit et de contingence.De plus il va sans dire que la finalit ou la cause finale est un principe indispensable lintelligence des faits historiquespuisque, la diffrence des forces naturelles, les hommes agissent toujours en visant une fin, en tendant un but, pourraliser un projet, avec des intentions dont ils prennent conscience.Toutefois cette causalit et cette finalit psychologiques ont compter avec dautres facteurs: la part du hasard et la partdu dterminisme.Si bien que pour expliquer les faits historiques il faudrait tenir compte de - trois sortes de facteurs :

    - la prsence de lhomme dont lintervention imprime au cours des vnements un mouvement dcisif ;-

    le hasard qui rend les vnements alatoires, tant convenu quil faut entendre par hasard non pas labsence decausalit mais la rencontre de sries causales indpendantes dont lintersection tait contingente et non-prvisible ;- le dterminisme social, conomique, naturel, qui conditionne les situations historiques.

    La part du hasard, apparent ou rel, nest pas ngligeable : le fortuit, laccidentel, limprvisible sont des lmentsirrductibles. Contentons-nous de rappeler le mot de Pascal : Le nez de Cloptre, sil et t plus court, la face de laTerre aurait chang. Le rle de la probabilit en Histoire demande tre pris en considration. Vendrys la mis en lumire sur lexemple de lacampagne dEgypte et Bloch souligne : Lhistorien qui sinterroge sur la probabilit dun vnement coul tente de setransporter par un mouvement hardi de lesprit avant cet vnement mme, pour en jauger les chances telles quelles seprsentaient la veille de son accomplissement. Finalement il convient de dire que les vnements sont non pas dtermins mais conditionns par divers facteurs formantune situation donne.

    3. Lordre et le genre en Histoire.

    En prsence de la masse impressionnante du pass, la question se pose de savoir quel ordre lhistorien doit adopter pourlorganiser en un rcit intelligible et clair.Il va sans dire que lordre chronologique ne suffit pas, encore quil soit indispensable : lHistoire ne saurait tre un simplecatalogue ou rpertoire de faits dats. Elle nest pas simplement la table des matires du pass selon lordre chronologique.Lordre gographique, spatial et non plus temporel, permet disoler une nation, ou un continent pour en faire ltudespare, mais il ne peut manquer dtre artificiel.Lordre logique est plus satisfaisant pour lesprit. Mais il engage toute une philosophie de lHistoire. Il implique que lon

    voie dans la marche de lHistoire tout autre chose quune srie dvnements accidentels dont la succession chapperait une explication rationnelle. Par l mme il prsuppose le choix dun principe dexplication dduit dune certaine

    conception de lhomme et de son destin.

    On peut cependant combiner ces trois types dordre. A cette proccupation se trouve li le choix dun genre historique.Expliquons-nous. On peut faire essentiellement de lhistoire politique, cest--dire retenir dans la narration du pass lesvnements sensationnels dordre politique ou militaire, sattacher aux grandes figures, ltude des grands hommes.Histoire de surface que ses contempteurs appellent lhistoire bataille.

    On peut au contraire faire lhistoire de la civilisation et du mouvement de lhumanit en marche dans les temps et lesespaces, en tudiant surtout la culture, la technique, lconomie, les facteurs gographiques. Histoire profonde au dire deses partisans mais qui risque de se confondre avec la sociologie.Au fond la vritable Histoire est lhistoire intgrale qui ne nglige aucune espce de facteurs, aucune des conditions detout ordre qui constituent une situation historique, en prenant soin de montrer leur interaction dans le tissu complexe des

    circonstances.Le genre en Histoire cest, encore lallure artistique ou lallure scientifique quelle peut avoir. Art ou science? Il faudraitque lHistoire ft les deux la fois et quelle concilie la beaut de lvocation avec la rigueur de lexplication et la richessede linformation.

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    34. Caractristiques des faits historiques

    De lvnement pur, qui est un donn ltat brut, on peut distinguer le fait historique qui est lvnement interprt,reconstruit, insr dans une srie causale o lon tente de lui donner une signification rationnelle.

    Voici les principales caractristiques des faits historiques :- Les faits historiques sont connus indirectement par les documents que lon possde sur le pass et les diverses

    traces ou vestiges quil a laisss sur la terre des hommes. Ils sont rvolus une fois pour toutes, emports par lecourant dun devenir irrversible. Cest dire quils ne sauraient faire lobjet dune exprimentation permettant larptition des phnomnes comme cest le cas dans les sciences de la nature, quelles que soient par ailleurs lesconstantes de lvolution humaine.

    - Les faits historiques ont une situation prcise dans lespace gographique et dans le temps, une localisation spatio-temporelle qui leur constitue une sorte dtat civil, alors que les faits physiques par exemple sont tudisabstraction faite de ces particularits. Un fait historique se passe hic et nunc, ici et maintenant, ce qui lui donneson caractre existentiel et singulirement concret.

    - Les faits humains sont dits historiques quand ils ont un certain degr dimportance sociale par leur retentissement,leur rpercussion sur le cours des choses. Si tout est vnement pour le moi qui vit son histoire personnelle, il nesensuit pas ncessairement que lvnement ainsi entendu mrite la qualit de fait historique. Pour accder ladignit de fait il faut que lvnement franchisse un seuil dhistoricit que les historiens eux-mmes parviennent

    fixer plus ou moins. Ainsi lhistoricit revient de droit un vnement concernant un personnage dont la fonctionsociale est importante. Cependant bien des historiens ont tendance actuellement sattacher davantage lhistoire du peuple et de la masse qu celle des personnalits exceptionnelles : cest ncessaire notamment pourltude des conditions conomiques, techniques et culturelles.

    Les faits historiques sont des faits singuliers ou particuliers : Entendons par l quils ont un caractre trs marqu dunicit. Lhistoire, crit Marc Bloch, est par essence science du changement. Elle sait et enseigne que deux vnements ne se produisent jamais tout fait semblables parce que jamais les conditions ne concident exactement. Malgr les analogies, chaque bataille, chaquervolution a sa physionomie propre originale, distinctive. En faire abstraction ce serait passer de lHistoire la Sociologie. Quelles quesoient les gnralisations possibles, lHistoire a pour devoir de retenir dabord ce qui est unique et singulier, ce qui nest arriv quune foiset ne se reproduira jamais tel quel. Elle pourrait prendre pour devise le mot du pote : aimez ce que jamais on ne verra deux fois. Henri

    Poincar a soulign dune faon spirituelle ce caractre original de lHistoire, si diffrente sur ce point de la Physique : Carlyle nous

    dit : Jean sans Terre a pass par ici, voil ce qui est admirable, voil une ralit pour laquelle je donnerai toutes les thories dumonde... Cest l le langage de lhistorien. Le physicien dira plutt : Jean sans Terre a pass par ici, mais cela mest bien galpuisquil ny passera plus.

    Les faits historiques sont-ils contingents et accidentels ? Une fois quils se sont produits, il semble quils ne pouvaientmanquer de se produire comme ils se sont passs. Mais cest peut-tre une illusion rtrospective. Lhistorien PierreVendrys a montr, sur lexemple de la campagne dgypte, quelle part il convenait de faire la probabilit en Histoire silon veut bien se replacer au moment o ce que nous appelons un fait nest pas encore accompli et fix, au moment ocest encore une chose faire, non faite, dans le jaillissement du devenir, alors que toutes les possibilits sont encoreouvertes et que le destin nest pas accompli. Cest en ce sens quon peut parler dune contingence des faits historiques carils peuvent tre ou ntre pas dans leur aspect individuel, concret, incomparable. A cette contingence est li un caractredaccidentalit. Laccident serait lvnement qui rsulte de la rencontre de deux sries causales indpendantes ou bien

    celui dont le dterminisme est si complexe dans la multiplicit de ses facteurs que nous nen pouvons faire lanalyse.Remarquons immdiatement que ce caractre accidentel et contingent des faits historiques nexclut pas quils puissenttre rattachs des causes, ni mme quils comportent quelque chose dessentiel et de ncessaire. Cest le problme delexplication en Histoire.

    La question est souvent pose de savoir si lHistoire est une science. Or il suffirait de considrer sa mthode pour avoiraussitt une rponse positive, non que cette mthode se confonde avec celle des autres sciences, mais parce quelle estrationnelle et digne de confiance. En voici les principaux aspects et les principales difficults.

    La mthode classiqueNous entendons par conception classique de la mthode historique celle qui sest forme au XIXe sicle et qui se trouveformule en ces termes par Fustel de Coulanges : Lhistoire est une science ; elle nimagine pas, elle voit seulement... elle

    consiste comme toute science constater les faits, les analyser, les rapprocher, en marquer le lien... Lhistoriencherche et atteint les faits par lobservation minutieuse des textes comme le chimiste trouve les siens dans des expriencesminutieusement contrles. Ainsi conue la mthode historique comporte deux temps, comme la mthodeexprimentale, ltablissement des faits ou analyse historique et lexplication des faits ou synthse historique.Son travail essentiel consiste dans ltude critique des documents o sont inscrits les faits quil faut en extraire avant queden tenter lexplication. Des historiens comme Langlois et Seignobos ont codifi les rgles de ce travail, notamment en ce

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    4qui concerne lanalyse historique. On distingue avec eux deux sortes de critique : externe et interne. La critique externe apour but dtablir lauthenticit du document grce tout un jeu de critres permettant de dtecter les faux, les textesapocryphes, les copies altres de textes originaux. Cest une critique drudition ou de restitution. La critique interneconsiste sinterroger sur la valeur du document en fonction de la psychologie de son auteur.Il sagit alors de sassurer que son information est exacte, son tmoignage digne de foi, quil a t sincre ou au contrairequil a dform la vrit, volontairement ou non, pour diverses raisons, etc... Cest une critique dinterprtation du texte.Ce patient labeur une fois effectu, on passera la synthse historique cest-- dire lexplication des faits reconnus, par larecherche des relations causales qui les relient ou des lois qui les sous-tendent.Rien daussi rationnel en apparence que de telles rgles inspires, toutes choses gales, de celles qui rgissent le travailspcifiquement scientifique. Pourtant lesprit qui les anime ne fait pas la raison la part qui lui revient : cest lespritempiriste, dont nous avons dj dnonc linsuffisance dans la conception de la mthode exprimentale.

    La nouvelle conception de la mthode historique.Cest celle qui a t dfinie par des historiens et des philosophes contemporains tels que : Marc Bloch, Lucien Febvre,Marrou, Raymond Aron, J. Hours. Elle comporte la fois la critique de la prcdente faon de voir et lnonc dunethorie de la mthode, dinspiration rationaliste.La notion de document est dabord discute. On estime quil faut entendre par l non seulement les textes mais touteespce de traces, de vestiges, de tmoignages laisss par les hommes du pass. Ce qui implique un large recours auxsciences auxiliaires de lHistoire.

    Mais la principale objection concerne la notion de fait historique. Les nouveaux auteurs sont daccord pour penser quilny a pas de ralit historique toute faite que lon rencontrerait telle quelle dans la recherche. Lerreur a t de croire queles faits existent par eux-mmes en dehors de nous et quil suffit de les dcrire. J. Hours montre pertinemment que ceserait oublier lactivit et linitiative de lesprit qui construit les faits historiques partir des vnements purs et dessuccessions dapparences qui lui sont seulement donns. Comment dailleurs tablir ou chercher des faits sans savoir ceque lon cherche, sans avoir aucune ide directrice? Dj dans les sciences exprimentales lide commande lobservationet est indispensable ltablissement du fait, a fortiori dans les sciences humaines comme lHistoire. Il faut donc enhistoire laborer de vritables hypothses que lon sattache contrler.Il en rsulte que le fait historique est le rsultat dun choix. Cest par le choix quun vnement est promu la dignit defait historique. La diffrence entre la faon dont nous traitons les divers vnements, vouant les uns loubli, les autres lattention des hommes, est toujours leffet dun choix (J. Hours).Mais aussitt cela met en cause lobjectivit de lhistorien puisquil faut un critre pour choisir dans la masse des

    vnements ceux auxquels on confre limportance du fait. Comment le choix sera-t-il opr?La conception classique reprenait son compte le mot fameux de Fnelon : le bon historien nest daucun temps nidaucun pays. Et certes limpartialit est souhaitable dans une Histoire qui se veut scientifique. Toutefois prendre cettergle la lettre on risque de striliser lHistoire, voire mme de la rendre impossible. Halphen objectait que le bonhistorien est de tous les temps et de tous les pays en ce sens quil sefforce de comprendre de lintrieur lpoque ou lemilieu quil tudie par un acte de sympathie intuitive, de se faire lme quil faut pour sentir ce quil reconstitue. Il lui fautoublier son temps et son milieu, soublier lui-mme et avoir le don de sympathie pour ce qui a t pens et vcu pardautres hommes.Marc Bloch fait observer quil y a deux faons dtre impartial, celle du savant et celle du juge. Lhistorien est pris entre lesdeux. Il lui faut expliquer comme le ferait un savant, rserve faite pour la spcificit des faits humains, mais il ne peutsempcher de juger, par exemple propos des crimes nazis.Cest justement en quoi lhistorien ne peut faire abstraction de toute philosophie. Quil le veuille ou non, sa vision du

    monde commande plus ou moins le choix et lexplication des faits. Cest pourquoi il y a, ct de lobjectivit, unesubjectivit qui joue en Histoire. Il ny a pas dHistoire sans une certaine thorie de lhomme. M. RICUR a dfini lasubjectivit propre lhistorien comme une attitude mettant en jeu plusieurs harmoniques : le jugement dimportance surles faits, le transfert dans un autre prsent imagin, la sympathie pour dautres hommes, pour dautres valeurs et lacapacit de rencontrer un autrui de jadis. Tout cela ne diminuant en rien, bien au contraire, la valeur de lHistoire.

    Les sciences auxiliaires de lHistoire.Lobjectivit garde ses droits en Histoire et notamment par le recours ncessaire diverses disciplines qui peuvent tre dessciences autonomes mais nen seront pas moins considres comme sciences auxiliaires de lHistoire dans la mesure oelles lui serviront dinstruments de recherche.Dans une liste toujours ouverte, citons seulement : lpigraphie, la palographie, liconographie, larchologie, lanumismatique, la toponymie et bien dautres. De lHistoire proprement dite se distinguent la Protohistoire qui a pour

    objet les civilisations antrieures lgypte antique et la Prhistoire qui, dans son tude des hommes primitifs ou fossilesdevra faire appel des sciences biologiques et physiques telles que lAnthropologie et la Gologie.