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# 42 - hiveR 07 / 08 le Mag mUSicAl qu’on N’AchETe PaS ! ETIENNE DAHO . MORIARTY INA-ICH . PAULINE CROZE SEMTAZONE . LES VEDETTES DIONYSOS . BRISA ROCHÉ

Longueur d'Ondes n°42 (Hiver 2007-2008)

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Sommaire : Katerine, Les Vedettes, Etienne Daho, Dionysos, Moriarty, Pauline Croze, Semtazone au Japon, French Cowboy, Deportivo, Les Blaireaux, Samarabalouf, Brisa Roch , Tue-Loup, Ina-Ich, Amélie-les-Crayons, Sna-Fu, Domb, Resistenz, Yerban Kuru, Suki Brownies, Ed-Äke, Amédée Colère, Monsieur Z, Uminski, Benoît Dorémus, Sarcloret, Têtard, Chez Paulette, Les Cowboys, Fringants, Dumas & Marie-Annick Lépine, The Wedding Present, Crise du disque : solutions ?…

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# 42 - hiveR 07 / 08

le Mag mUSicAl qu’on N’AchETe PaS !

ETIENNE DAHO . MORIARTYINA-ICH . PAULINE CROZE

SEMTAZONE . LES VEDETTESDIONYSOS . BRISA ROCHÉ

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SUR LA MÊME LONGUEUR D’ONDESBP 50 - 33883 Villenave d’Ornon Cedex Tél. 05 56 87 19 57 www.longueurdondes.comhttp://myspace.com/[email protected]

100 000 EXEMPLAIRES

Publicité : [email protected] EDITIONS5 rue André Messager75018 Paris (sur RDV)I.S.S.N. : 1161 7292

Directeur / Rédacteur en chef : Serge BeyerResponsables infos / com’ : Cédric Manusset, Bruno AubinDirection artistique et conception :Cédric ManussetResponsable com’ Québec : Jean-Robert Bisaillon Distribution Québec : Local Distribution etles librairies Renaud-Bray.

Rédacteurs : Rafael Aragon, Bruno Aubin,Patrick Auffret, Alain Birmann, Bastien Brun,Béatrice Corceiro, Caroline Dall’o, SamuelDegasne, Jean Luc Eluard, Benoit G. Gerbet,

Yann Guillou, Fred Huiban, Jacques Kasbi,Isabelle Leclercq, Aena Léo, Sarah Lévesque,Cédric Manusset, Stéphane Martel, Marie-Hélène Mello, Vincent Michaud, Eric Nahon, Elsa Songis, Jonathan Tabib, Martin Véronneau.

Photographes :Patrick Auffret, Thomas Béhuret, Alain Dodeler, Robert Gil, Raphaël Lugassy, Nicolas Messyasz,Michel Pinault, Yannick Ribeaut, Pierre Wetzel.

Couverture : Photo © Thomas Béhuret

Les articles publiés engagent la responsabili-té de leurs auteurs. Tous droits de reproduc-tion réservés. Imprimerie : MCC GraphicsDépôt légal :Décembre 2007Remerciements :DaFont.com

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ON Y CROIT !Sna-Fu, Domb, Resistenz, Yerban Kuru, Suki

Brownies, Ed-Äke, Amédée Colère, Monsieur Z,

Uminski, Benoît Dorémus, Sarcloret, Tétard

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RENCONTRESMoriarty

Pauline Croze

Semtazone au Japon

Etienne Daho

Dionysos

Crise du disque : solutions ?KATERINE

Les Vedettes

Pas vu à la TV #2

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ZONE LIBREChez Paulette

Labels d’Aquitaine

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SOMMAIRE

EDITOLA FICHE SIGNALEE... TOC

Nadj

“Marcia”, “Andy”, “Sacha”, “Marc et Robert”, “Harpie et Harpo” sont orphelins.Ils se remémorent la “Cool frénésie” des “Nuits d’ivresse” du temps de“La belle vie” où “Les Amants”, “Les guerriers”, les “Communiqueurs d’amour”les empêchaient de “Forget the nite”… Et “Même” s’ils étaient “parfaits l’unpour l’autre”, “L’amie ennemie” vient de faire son œuvre : “c’est le cancer quetu as pris sous ton bras”, Fred. Te voilà parti pour “Ailleurs” par le “Le petit train,le train de la mort”. Et en ce “Soir de peine”, franchement “on n’a pas qued’l’amour, ca non, y’a d’la haine” ! On n’arrive pas à se dire “C’est comme ça”,on pense juste “Tu me manques”, et c’est le “No comprendo” total !

Serge Beyer

“C’ÉTAIT UN HOMME”

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ON Y TIENT !French Cowboy, Deportivo, Les Blaireaux,

Samarabalouf, Brisa Roché, Tue-Loup,

Ina-Ich, Amélie-les-Crayons

Prochain numero le 13 fevrier 2008

On Music, le jeune labelde Warner qui avait signé

Nadj ferme boutique…Du coup la belle ne sait

pas encore si elle resterachez la major. Mais elle

reste “à bloc” : “On vientde faire deux shows avecQueenadreena : énorme !On enregistre la semaine

prochaine notre nouvelalbum, à la maison.”

En attendant, ne la ratezpas sur scène, c'est géant !

K COMME KÉBECLes CowboysFringants, Dumas &Marie-Annick Lépine

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Ne pas jeter sur la voie publique

36 PLANÈTEThe Wedding Present

Pour toute demande d’abonnement, veuillez consulter notre site Internet : www.longueurdondes.com/magazine.php

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MARCHE OU BREVES

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QUE LA FORCE SOIT AVEC EUXKiemsa et Mass Hysteria ont décidéde collaborer sur un titre intitulé “Laforce”. Forts de leurs influences etdifférences, les deux groupes s’al-lient pour un single teinté d’am-biances “Star Wars”. Plus d’infos surwww.kiemsa.com et www.surla-breche.com. Dans le même état d’es-prit, c’est Mick est tout seul qui aprêté sa voix au “Vertige” du groupequébécois Karkwa, dont le premieralbum (une merveille) est enfin dispoen France (depuis le temps que l’onvous parlait de ce quintette) :“Les tremblements s’immobilisent” -PBox / Boxson / Anticraft. www.karkwa.com,myspace.com/karkwa

CLICHÉSSortie du livre “Un œil sur lamusique” de Richard Bellia. Un beaulivre de photographies sur lamusique rock des années 80 àaujourd’hui. Clichés de stars(Bashung, Radiohead, Wampas, TheCure, Siouxsie…) et de foules en déli-re. Un espace d’exposition seraconsacré au photographe lors desTransmusicales de Rennes. Pour seprocurer l’ouvrage, aller sur :www.richardbellia.com

SYMPHONIE SANS GLUTENC’est le nom que portera le concert unique réunissant Marcel et sonOrchestre et Les Symphonistes Européens au profit de l’AFDIAG (AssociationFrançaises Des Intolérances Au Gluten) pour la recherche contre les maladiescoeliaques (intolérances au gluten). Treize chansons de Marcel et des grandsmorceaux classiques seront revisités durant cette représentation le jeudi 20décembre 2007 au Nouveau Siècle à Lille. Toutes les infos sur :www.marceletsonorchestre.com

ENFONCE LE CLOU, MAN !Il est chanteur-compositeur certifiélabel AB, soit… Artiste Biologique ! Ilvient de Villefranche-sur-Saône etson album se nomme “Clouman selance et tout le monde s’en fout”. S’ila un petit côté Gotainer déconnantpar moment, ne ratez pas son beauclip “Le peu de toi” qui ne fait pasfranchement rire, mais plutôt réflé-chir… www.clouman.com

AS HAPPY AS…Les Thugs en remettent une couche,le temps de quelques concerts (aumoins…), notamment un à Seattlepour les 25 ans du label Sub Pop. Ducoup, quelques dates en Francedevraient suivre…

NOUVEAU NÉ…Tof et Ben, respectivement auteur-compositeur-accordéoniste et bat-teur du groupe N&SK, s’associent àMichel à la basse pour créer un pro-jet parallèle : Altam. Ce trio, emmenépar la voix slamée ou chantée de Tof,explore des sonorités électro-rock.Le premier 6 titres sera dispo en jan-vier. La formation recherche unlabel… myspace.com/altam

…ET MORT ANNONCÉE !Après 13 ans d’existence, Matmatah adécidé de mettre un terme à l’activi-té du groupe à la fin de l’été 2008.Une décision collective prise pourdes raisons aussi bien artistiques queprofessionnelles, chacun d’entre euxayant pour désir de continuer diffé-remment son aventure musicale. Latournée d’hiver se poursuivracomme prévu jusqu’au 15 décembreet le groupe remontera sur scènel’été prochain pour quelquesconcerts exceptionnels.

INFRASTITIONCe label spécialisé dans la réédition des groupes français indépendants desannées 80 rajoute des références prestigieuses à son catalogue déjà bienfourni, dont l’album culte “3” de Charles de Goal (New Rose, 1984) qui sortpour la première fois en CD dans une version remasterisée avec 5 titres enbonus. Prochaines parutions sous forme de compilation, avec des inédits :Tanit (duo Elsa Drezner / Pascal Humbert) et L’Enfance Eternelle. A (re)décou-vrir absolument ! www.infrastition.com

“NYARK NYARK !”…était le célèbre cri de guerre desBérurier Noir, qui ont lancé, lors deleur dernier concert en 1989 :“Formez des groupes de rock libres !”,sorte d’épitaphe du rock alternatif. En2007, paraît “Nyark Nyark !, fragments

PAS DE BLAH, BLAH !“Blah ! Une anthologie du Slam (1997-2007)”, c’est un livre + un CD 10 titresqui regroupe une quarantaine d’au-teurs en y présentant leurs textes.On y trouve des paroles d’artistesémergents et d’autres plus connuscomme Abd Al Malik et Grand CorpsMalade. 17,90 euros, Spoke Editions.

des scènes punk et rock alternatif,1976-1989” (FZM / La Découverte).Arno Rudeboy (célèbre activiste etguitariste du groupe Bolchoï) y retra-ce en 260 pages l’histoire orale, gra-phique et sonore des scènes punks etrock alterno en France, de la naissan-ce de Metal Urbain, jusqu’à ce concertd’adieu des Béru. Des dizaines d’inter-views inédites, des centainesd’images d’archives et un CD bande-son originale.

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MARCHE OU BREVESNECTARLes soirées “I love jungle” organiséespar Hugabass se sont arrêtées enplein apogée… C’est pourquoi lesorganisateurs ont décidé de pour-suivre en s’alliant avec Faya Reflex,structure organisatrice de concertsjungle en Avignonnais, pour créer lessoirée “Jungle Juice”. Les deux pre-mières éditions auront lieu auGlaz’Art et à la Bellevilloise (Paris). myspace.com/junglejuiceparty

ENREGISTREZ DANS VOTRE SALLE DE BAINL’enregistrement à domicile devientpossible sans matos ! Sur demande,Jean-Michel Cotard, ingénieur du sonformé à Londres, après avoir travailléau Drop Studio et son “Home StudioServices”, débarque chez vous avecune station audio numérique perfor-mante pour capter votre prestation !www.homestudioservices.com

ON MET LA GOMMDe nouvelles versions inédites de“No disappointment”, “Call me”(reprise de Blondie), “Don’t take achance” et “Why can’t I relieve you”sont à écouter sur le MySpace deGomm. Assez différentes des origi-nales, elles ont été créées à l’originepour être jouées en session radio, enutilisant des petits amplis et uneboîte à rythme… myspace.com/myspacegomm

OUF !La petite salle de concert lyonnaise,Le Bistroy, avait été traînée devant lajustice pour des infractions hélaspropres aux structures de musiquesamplifiées. L’équipe a été relaxée enseptembre dernier grâce au soutiendu SMA et de nombreuses autresassociations musicales. La vigilancereste de mise car les différentes pro-cédures sont loin d’être terminées.www.sma-syndicat.org

A L’AFFÛTL’association Sourdoreille, créatrice de plateformes multi expressives (webzi-ne, émission radio hebdomadaire, émission télé mensuelle et site MySpace)soutient les artistes et groupes en développement ne trouvant aucun échoauprès des moyens de diffusions classiques. Une belle attitude pour uneassociation qui se veut un média relais. Les artistes choisis pour la saisonsont : The Sugar Plum Fairy, Depth Affect, Revo, Sheer-K, Dialect et Selar.Faites de la résistance et aller surfer sur www.sourdoreille.net.

TCHAD & COLe nouveau maxi du rappeur toulou-sain classieux Tchad Unpoe est entéléchargement libre sur www.tchad-unpoe.net. Fruit de la rencontre avecKeny Arkana, ce morceau figurera surson prochain d’album, prévu pour leprintemps 2008. Seront aussi invitésInsight, Cassidy (X-Men), DJ Trouble &Grems, Supermicro, Sept, Soklak etbien d’autres encore. Le premieralbum “Emcique furilla” a été rééditéen vinyle.

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URBS-TICAIRERadiohead s'est passé d'intermédiaires pour son dernier album en téléchar-gement libre. Aux visiteurs de payer le prix qu’ils souhaitent. Problème : com-ment généraliser une telle initiative ? Le groupe étant au préalable mondiale-ment connu… Solution : des micros réseaux proches de la scène musicale…

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ON Y CROIT

Sna-Fu“Tonnerre binaire”Ladilafé / Anticraftwww.snafu.comOn devine instinctivement les belles moti-vations qui poussent ce groupe à se défon-cer à ce point. On écoute la musique, vio-lente, sans compromis, on voit les cinqmusiciens soudés, complices. Une générosi-té qui ne peut être feinte. Ces jeunesFranciliens qui ont creusé leur trou, ont étérepérés sur quelques scènes enflamméesoù l’on a pu apprécier leurs prestationsremuantes. Charles (batteur) raconte : “Onaime bien quand c’est le bordel et forcé-ment, ça se retranscrit un peu quand onjoue… C’est pas hyper poli, on ne se posepas la question de savoir si on va vraimentbien jouer : on donne toute l’énergie quel’on a, et après, ça passe ou ça casse…”En 2004, un EP annonçait leurs velléitéshardcore. Ils ont dû prendre leur mal enpatience avant la sortie officielle deTonnerre binaire, ce qui leur a finalementpermis de peaufiner l’ensemble de bout enbout. Résultat, un premier album devantlequel il est impossible de ne pas s’incliner :puissance, rapidité, nervosité, rage, sansomettre quelques respirations subtiles. Il ya de l’adresse instrumentale dans les grosriffs hard rock, de la personnalité dans lechant exalté. “On aime bien ce côté sansconcession, tout à blinde, tout letemps…” Un bien bel objet, fignolé jus-qu’à sa pochette flamboyante. Le titreDorian s’offre même un superbe clip animéoù des personnages évoluent dans desdécors en “carton de synthèse”, entière-ment réalisés en 3D. Les garçons ont faitdes choix bien réfléchis : “On essaie d’êtrele plus neutre possible dans la démarche,de réduire au maximum la possibilité d’êtrecatalogué.” Sna-Fu a l’intelligence deconjuguer talent et attitude saine… Desqualités qui engendrent les plus grands.Béatrice Corceiro

Resistenz“Le bal folk moderne” - Thermogènemyspace.com/resistenzRencontre avec Ana Igluka, initiatrice du sombreduo nantais qui provoque le buzz depuis sa sélec-tion au tremplin Découverte du Printemps deBourges en avril dernier. Ce projet polymorphemélange “post-rock, poésie contemporaine etcatharsis”. Le réalisme est troublant, entreBertrand Cantat, André Breton et Brigitte Fontaine.Car à la manière des surréalistes, Résistenz résulted’un accident. La rencontre tout d’abord avec ElMotou Grosso, puis “le rejet des structures clas-siques guitare/basse/batterie et des textes enfrançais.” Il en découle des “lectures poétiques”,quelque fois illustrées par le cinéaste Charlie Mars.Et à ceux qui trouvent le spectacle pessimiste, Anarépond : “C’est le principe même de l’écriture. Unefois écris, les mots ne nous appartiennent plus. Etêtre pessimiste, c’est justement garder les chosespour soi. Il y a ici une lueur d’espoir et les genss’identifient. Il s’agit de domestiquer sesangoisses.” Pour autant, le processus créatif n’enest pas plus difficile. Au contraire, il en devient sal-vateur : “Ce qui est difficile, c’est la rigueur tech-nique. J’essaie de décrire les sensations, ce quidonne au final des images oniriques avec des cou-leurs et des odeurs.” Un thème est récurrent àtoute cette œuvre musicale et théâtrale : l’histoirede l’attachement et de la fidélité, d’où l’utilisationd’un chien rouge comme logo. “L’animal est lesymbole de l’engagement et de la stabilité menta-le. Il est très hiérarchisé et seul l’esprit civiqueimporte.” L’artiste a aussi cette mission. Dire auxautres : “Vous n’êtes pas seul”.Samuel Degasne

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Domb“Pamalalarache” - Alarrashasso / Rue Stendhalwww.domb.frDepuis l’aube de ce siècle ce drôle de quartet parcourt l’Hexagone avecson impressionnant attirail instrumental, fait de fûts et d’instrumentsaux racines lointaines. Une demi-décennie d’appel à la danse ou à la tran-se, de pogos et de salles en sueur. Cinq ans à distiller leur fusion world-metal, une batucada accompagnée de guitares distordues et de bassesénormes, souvent fiévreuses, parfois rêveuses. Et pourtant leur premieralbum vient tout juste d’atterrir dans les bacs : “Ce sont les aléas del’autoproduction ! Il a fallu s’y prendre à deux reprises pour l’enregis-trer. Sitar, berimbau, derboukas, la diversité des instruments utilisésrend très long et délicat ce processus. Sans parler du défi de poser surdisque une musique de scène !” Après un premier essai avorté, leurmanager les oriente vers l’ingénieur du son Stéphane Buriez, deLoudblast : “Il a déjà fait ses preuves dans le “gros son” et il a très biensaisi notre problématique de groupe de live. On a donc eu droit à un vraipremier album et non une simple maquette.” Ce premier opus accouché,il était temps de retrouver les routes et le public. “Le disque est déjà loinderrière nous. Il nous a permis de redécouvrir notre répertoire, de recher-cher l’efficacité dans chaque morceau. Depuis on a aussi travaillé notrejeu de scène, dans le cadre d’une résidence, et intégré de nouveaux ins-truments comme la guitare jouée à l’archet et d’autres surprises. A pré-sent, on en est presque à penser au prochain album !” En attendant, ons’arrache Pamalalarache parmi un large public rencontré lors de leursincessantes tournées. D’ailleurs, les notes de pochettes invitent directe-ment l’auditeur à se joindre à leurs grand-messes festives et percus-sives… “Pour un meilleur rapport qualité / bruit !”Rafael Aragon

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Yerban Kuru“Yerban Kuru” - Trollsprod / Anticraftwww.yerban-kuru.comVoilà maintenant trois ans que nousparviennent les échos de ce quartetfranc-comtois au nom exotique, àgrands coups de premières partiesmémorables et de maxis prometteurs.Voilà un groupe singulier, aux confins del’électro et du rock dur. Leur musiqueest difficilement définissable, sans par-ler d’invoquer d’interminables listesd’influences ou d’inventer une obscureterminologie stylistique à base de“post-” et de “néo-” quelque chose.Proche par la démarche des défricheursdub “à la française”, Lab° en tête, YerbanKuru puise aussi son inspiration dans la tra-dition rock locale et la scène britannique : “LeRoyaume-Uni a une longueur d’avanceniveau ouverture musicale, ce genre de fusionpunky-dub y existe depuis vingt ans, parexemple avec Inner Terrestrials. C’est à monavis la découverte de ces groupes qui insuffledu sang neuf à la scène française. Quant à laFranche-Comté, c’est une terre de metal, depost-rock et de noise, où on fait un peu offi-ce d’ovni. Cependant les salles nous ouvrentleurs portes avec confiance.” Ce mélange demachines et d’instruments n’exclue pas lestextes, samplés ou déclamés, discrets, maiscentraux : “Leur place est celle d’un instru-ment à part entière. Plus qu’une ligne direc-trice, ils sont un élément de relief dans notremusique. C’est elle qui est source de texte etnon l’inverse.” Repérés par l’équipe deTrollsprod, qui a trouvé leur mixture auda-cieuse, Yerban Kuru se prépare à sortir sonpremier long format à la fin de l’hiver : “Oncontinue de planifier la sortie de l’album,musicalement et administrativement. Cen’est pas toujours facile, mais on a la niac etune équipe sérieuse nous suit, ce qui est trèsmotivant ! Parallèlement, on rentre dans unepériode assez calme qui nous permettra denous concentrer d’avantage à l’écriture.”Eclosion prévue début mars !Rafael Aragon

Ed-Äke“In loving memory…”Wicked Music / Discographwww.myspace.com/edakeEd-Äke, ce sont cinq garçons de la banlieue parisiennequi font du rock au sens large, mêlant esprit metal etacoustique, accroches pop et puissance électrique. Toutcommence en 2000 et la réunion de plusieurs amis delongue date. Dym assure le chant aux côtés de sonfrère Nico à la batterie, de Fred et JB à la guitare etde Julien à la basse. En 2003, le groupe sort son pre-mier maxi Stade kritik, davantage orienté néo-metal :“Au début, on ne savait pas trop si on devait chanteren français ou en anglais. Puis après le maxi, on acommencé à trouver notre voie”, explique Dym. Elles’exprime tout au long de leur premier album In lovingmemory of a dead rock band, d’approche résolumentanglo-saxonne et décomplexée de ses origines fran-çaises : “C’est un objectif que l’on a depuis le début :ne pas faire de la musique franco-française ! On sou-haite qu’elle plaise à toutes les populations… et auxAnglo-Saxons évidemment ! On reçoit parfois desmessages sur notre MySpace de gens qui nous croientanglais ou américains ! Ca fait plaisir de ne pas êtrejugé sur notre nationalité, mais sur notre musique. Ontrouve qu’artistiquement, les Français sont souventtimides, comme s’ils avaient peur de faire vraiment duspectacle et d’essayer de s’exporter. Quand on voitl’exemple de Gojira, on se dit que l’on ne s’est peut-être pas trompé et que tout peut arriver. L’avenir nousle dira…” Leur disque paru en France et en Belgique,c’est à la scène que les membres d’Ed-Äke accordentaujourd’hui toute leur attention. Un retour à la sourcepour ce groupe qui a taillé sa réputation dans le boisde ses sets rageurs. Ils entendent bien ainsi imposerleur style et prouver que le rock ne connaît pas defrontières…Caroline Dall’o

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Suki Brownies “Suki Brownies” - LaFolie Recordswww.sukibrownies.comIl ne leur aura fallu que trois ans pour se forger une véritable person-nalité, dotée d’un son brut et poignant qui pioche dans leursinfluences et leurs propres expériences, pimentée d’une bonne dosed’originalité. Les Suki Brownies naissent en région lyonnaise avecl’arrivée de Suki, chanteuse anglaise à la voix douce et sauvage,toute disposée à poser son timbre et ses mots sur les compositionsde Jo et Romu : “Il y avait chez chacun de nous une pulsion d’écrireet de faire de la musique. Aussi a-t-on laissé parler l’inconscient.”L’alchimie est parfaite, entre les références américaines des années90 des garçons et la sensibilité de la belle Anglo-saxonne. Les mélo-dies pop se laissent tenter par les riffs grunge pour accompagner destextes personnels interprétés en anglais : “Suki s’inspire de l’individuet de son rapport avec l’espace qui l’entoure. Elle se sert du quotidienainsi que du rêve ; le réel et l’irréel se côtoient. L’angoisse, l’aliéna-tion et la crise de l’identité sont des sujets récurrents.” Leur rencontreavec Jean-Baptiste Ayoub marque le début d’une démarche profes-sionnelle et la construction de leur premier album. Le producteurcanalise leur énergie créatrice jusqu’à ce qu’ils soient enfin prêts àentrer en studio : “Il nous a encouragés, c’est quelqu’un qui a tou-jours cru en nous et en notre univers musical. L’enregistrement s’estdéroulé dans une tranquillité débordante. On a pris le temps de seconnaître soi-même, avec un maximum d’écoute, tout en respectantle teatime !” Sorti en septembre, le disque ne pouvait que porter leurnom, tant il leur ressemble! Une belle façon de se lancer sur la scènerock indépendante française…Yann Guillou

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AmédéeColèremyspace.com/amedeecolerePrésence scénique détonante, textes fins etémotions à la pelle : ce quintette a trouvé labonne équation pour un rock qui envoie. Al’époque de leur rencontre, en 2005, Fanch,l’auteur des textes, cherchait des musicienspour l’accompagner dans son projet solo.Mais la complicité qui va naître entre eux don-nera naissance à un nouveau groupe, AmédéeColère : “Nous venons d’univers très diffé-rents : jazz, rock, chanson, reggae. Il nous afallu un moment pour digérer ces influences”,expliquent-ils. Un éclectisme qui fait aussi leurforce : “Nous l’avons travaillé jusqu’à donnerà nos instruments une couleur inédite.” Enquelques mois et deux passages par leChantier des Francos, c’est chose faite. “Onse reconnaît à peine dans ce que l’on jouait ily a six mois ! Nous sommes allés vers plusd’électrique et de rock, moins de chanson.”L’audace de leur répertoire doit beaucoup auvibraphone, qui colore leur rock d’accords cris-tallins et jazzy. Mais pas seulement.L’alchimie de la contrebasse menée avec dex-térité, de la batterie et de la guitare aux riffsdéfinitivement rock est tout aussi puissante.L’accompagnement, nourri d’influences anglo-saxonnes, laisse la part belle aux mélodies etaux textes héritiers d’une veine plutôt chan-son. Ils explorent une poésie intime et subti-lement engagée. Sur scène, elle est incarnéepar la voix de Fanch qui susurre, s’énerve,habite les mots avec une énergie haletante.Le groupe tourne actuellement avec une quin-zaine de titres qu’il continue de peaufiner :“Ils évoluent en fonction de nos rencontres,des réactions du public…” Objectif : garderles meilleurs pour leur premier album, courant2008. D’ici là ? “Du live, encore du live, tou-jours du live !”Aena Léo

Uminski“Les curiosités” - Warnermyspace.com/uminskiAprès deux albums solo où il laissait s’exprimer sa passionpour le rock garage sixties, cet artiste complet, fondateurdu groupe Montecarl dans les 90’s, revient avec douzetitres en français, orchestrés façon cabaret. Quelle a été la démarche pour concevoir Lescuriosités ?J’ai eu très envie d’écrire des chansons de mon âge, d’en-lever la patine du rockeur et d’être au plus près de moi-même. J’ai beaucoup travaillé les textes, m’interdisantd’enregistrer une seule note avant que la chanson ne tien-ne la route en guitare / voix. A l’enregistrement, nousavons joué intégralement en live, sans accordeurs et tem-pos électroniques, dans ce même souci de vérité. Je croispouvoir dire que ce fut un beau moment pour tous ceux quiy ont participé. Pour moi, c’est un album de libération.Les textes ont un ton assez désabusé, maisgardent une confiance en la vie, la destinée.C’est un état d’esprit ?Absolument ! On me décrit comme un dépressifoptimiste ! J’ai un regard un peu dur, un peu sec sur lemonde, mélangé à une grande joie de vivre.Pourquoi avoir introduit des cuivres et descordes ?J’adore écrire pour orchestre ; j’ai étudié au conservatoireassez longuement. Je le fais souvent pour des productionsauxquelles je participe. Pour la première fois, mon styleétait en accord avec ce genre de pratique, alors je ne mesuis pas privé !Quelle est la chanson que tu as le plus de plaisirà chanter ?Celles que j’ai écrites me conviennent vocalement, dans unregistre où je suis bien, sans essayer d’imiter machin outruc (ou alors pour m’amuser). Du coup j’aime toutes leschanter, avec une mention spéciale pour Lola Lola, dontj’apprécie le côté décadent et tendrement misogyne dutexte. Elsa Songis

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Monsieur Z“Propagande de l’hybride” - Autoproduitwww.monsieurz.orgZ comme zélé. Electro sensible ciselée sur une base de guitares : cequatuor de Besançon ne laisse rien au hasard et travaille ses mor-ceaux en véritables “orfèvres du son”. Après un premier albumélectro-ragga-féroce, ils reviennent avec une nouvelle galette réso-lument rock : “On a réalisé qu’il y avait une rupture entre le son dudisque et celui sur scène, plus puissant. On a travaillé les nouveauxtitres dans ce sens, avec plus de basse et de batterie.” Résultat :un son habilement manœuvré pour paraître brut d’énergie et subti-lement bigarré. Z comme zig zag. Le groupe navigue entre lesgenres, brassant groove, ragga, électro. Une étendue de référencesempêchant les comparaisons hasardeuses. “Nous croyons ferme-ment aux mélanges des styles, des humeurs et surtout des gens.C’est une source d’élévation.” Leurs titres métissent égalementpoésie et de politique. Guillaume, autour de qui s’est formé le pro-jet, façonne des textes coups de poing, corrosifs et révoltés :“J’ouvre les yeux, je regarde le journal, les gens. Je couche tout surun cahier, l’accompagnement avance en parallèle.” Z comme zone.“Le 21 avril 2002, le pays a franchi une ligne. C’est le règne de lapeur et du chacun pour soi.” Vindicatif, Monsieur Z frôle souvent lacrise de nerf, il dénonce : “On ne veut pas se la jouer donneur deleçon. On dresse simplement un constat.” Chantés ou rappés, lestextes frappés aux riffs de guitare appellent à tout foutre en l’air,mais pas pour rien : “Plutôt pour construire de nouvelles bases, unmonde meilleur.” Z comme Zorro ? Un peu. “On ne changera pas laface du monde, mais si une ou deux personnes sont touchées, c’estdéjà pas mal.” A vérifier dès janvier, où débute leur tournée.Aena Léo

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BenoîtDorémus“Jeunesse se passe” - Capitolwww.benoitdoremus.comDans Génération X, l’écrivain canadienDouglas Coupland évoque ces gens “mortsà 20 ans et enterrés à 80”. Le moins quel’on puisse dire c’est que Benoît Dorémus,Parisien d’origine messine, est loin d’enfaire partie. A l’écoute de son premieralbum et après l’avoir côtoyé, on est mar-qué par son extrême sérénité, qui cohabi-te avec une rage évidente. Il avoue sonamour des mots : “J’ai toujours vouluécrire, hésitant entre chanson et littératu-re. J’ai même écrit un livre, qui heureusementn’a jamais été publié.” Après quelques annéesde galère, à 27 ans, son histoire ressemble àun vrai conte de fées : “Fais bien attention àce que tu te souhaites car cela va finir par t’ar-river”, a prévenu Max Gelbstern. Notrehomme explique : “Depuis tout petit, je vaischercher mon destin. Je savais que, tôt outard, je croiserais la route de Renaud.”L’homme providentiel s’appelle Sarcloret (voirarticle même page) qui demande à Benoît derécupérer sa femme à la gare et… une guita-re destinée à l’auteur de Mistral Gagnant. Larencontre a lieu. Deux jours plus tard, sontéléphone sonne : “Bravo, p’tit salaud !”.Renaud est enthousiaste à telle enseigne qu’ilveut produire l’album. Ce contexte a donnédes ailes à celui à qui on reprochait souvent defaire du Renaud… Impossible désormais dechanter comme son maître. Aidé d’AymericWestrich, brillant réalisateur, il a réussi às’émanciper de cette référence tutélaire enallant vers un son hip hop, tout en conservantdes ballades, traditionnelles dans la forme,mais très efficaces, comme lorsqu’il se montrecaustique : “Eh, m’oublie pas quand tu serasune star ! Je t’aurai oublié bien avant ça,connard”, écrit il dans L’enfer. L’album se ter-mine par un très bel instrumental : “C’est unepiste pour mon deuxième album auquel jepense déjà.” On a hâte d’écouter et on sedemande si, entre chanson et hip hop, BenoîtDorémus n’aurait pas ouvert une brèche. Ets’il était l’alpha d’un courant qui n’existe pasencore ?Jacques Kasbi

Tétard“Faudra faire avec…” - Booster / Piaswww.tetard.frVoici déjà cinq ans que l’on suit de près David Tétard.Dès son premier album, 12 pures chansons, autopro-duit, autodistribué et édité à quelques 1500 exem-plaires (puis réédité en 2005), quelque chose en nousvibrait à l’écoute de ces chansons simples, efficaces etsensibles. On découvrait alors un artiste qui, sur descompositions pop subtilement arrangées, livrait seserrances amoureuses tout en évitant l’écueil de la faci-lité. Repéré alors par Philippe Almosnino, guitaristedes Wampas, David s’entoure de Pierre Dubost (bas-siste de Tarmac) et de Gérard Gacoin (batteur deVegomatic) pour s’attaquer à la scène où Tétarddevient un groupe à part entière ; le même qui enre-gistrera un second album, Mes dix doigts, toutefoisintégralement encore écrit par David : “L’album le plusrock que je ferai”, pense l’intéressé. Car Tétard, c’estavant tout de la chanson, une écriture personnelle, desportraits de couples, de femmes, des histoiresd’amour qui finissent… mal, en général. On retrouvesur son nouvel opus, paru en septembre dernier, lesmêmes ingrédients qui nous avaient précédemmentséduits. C’est le retour à une pop aux orchestrationsvariées, avec à la réalisation deux noms familiers :Gaétan et Robin, chanteur et bassiste de LouiseAttaque. Un apport extérieur qui permet à Tétard, legroupe (rejoint depuis par Matthieu à la guitare etCécile au xylo et voix), une approche différente (lavérification peut s’effectuer gratuitement sur leur siteoù l’album est disponible dans son intégralité, enstreaming). Aujourd’hui, c’est en live que s’épanouis-sent ces nouveaux titres : “J’ai toujours détestéentendre en concert la même chose que ce qu’il y a suralbum. Si c’est la simplicité qui prime sur mes disques,le message n’est pas le même sur scène. Le maîtremot y est clairement : énergie !” Faut faire avec etc’est tant mieux ! Caroline Dall’o

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Sarcloret“A tombeau ouvert - Chansons posthumes vol.1”Côtes du Rhône / Kiuiprod - www.sarclo.comNouvel album, nouveau spectacle pour Sarcloret, le plus “chantiste”des architectes helvètes. Déjà 37 ans qu’il fait de la chanson sonpropre théâtre “comme une façon personnelle d’enquiller 23 tragé-dies, comédies ou observations de mœurs sans être emmerdé par desmetteurs en scène.” Tout en étant une référence de la chanson fran-cophone reconnue parmi ses concitoyens et ses confrères (encensé parRenaud, Richard Desjardins ou encore Vincent Baguian…), il déran-ge souvent par son franc-parler. “C’est mon côté intègre. Les sima-grées, je ne sais pas faire.” La demi-teinte, ce n’est pas son truc…etça le rend terriblement drôle et attachant. “Les grossièretés, elles sontjustement là pour censurer le flot de la tendresse ou de la chaleur, ellesviennent comme des espèces de ponctuation pour empêcher la miè-vrerie d’assaillir l’auditeur et le locuteur.” Il s’arrange tant bien quemal entre ses origines, “cette chape de bourgeoisie suisse à la con”,le monde qu’il s’est construit et vers lequel il tend. Qu’il soit questionde politique ou d’amour, il n’a pas la langue dans sa poche. “Je nesuis pas du tout anarchiste, je suis bordélique ! Je suis social démo-crate à fond, juste rose / vert gentil, mais quand je suis poète et quej’écris des chansons, je vais dire des horreurs, faire de la pochade, dunoir / blanc. Je dis que je voudrais zigouiller Blocher, parce que jetrouve que la plume doit faire plus que le bulletin de vote…” Le folksinger suisse romand à l’humour féroce, celui qui a repris son pseudoinitial, Sarcloret, au détriment de son abréviation, Sarclo, pour évitertout amalgame fâcheux avec une politique à laquelle il n’adhère pas,avoue aimer ‘gratter les croûtes, pas les siennes, celles des autres’ etne laisse personne indifférent. Sarclo, c’est juste une belle personnequi séduit les sensibles et les intelligents sans s’encombrer despénibles et des suffisants. Sur scène, il ne fera pas semblant non plus,ni de vous bousculer, ni de vous émouvoir… Valérie Bour

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il en a connu des shérifs scalpés, FedericoPellegrini, quand il sévissait avec sa bande popThe Little Rabbits. Aujourd’hui repenti folk, le

pistolero nous refait le coup de l’attaque de la diligenceavec quelques anciens compères. Préparez le goudron etles plumes, French Cowboy est en ville… Du nouveau àl’Ouest ? Les Nantais l’ont prouvé toute leur vie. Toutd’abord avec leur pop anglaise, popularisant une reprisede Jazz Butcher et autres comptines innocentes de feude camp. Puis, avec la fameuse “vague rose” décrite parles Inrocks il y a plus de dix ans où girls américaines, je-m’en-foutisme dandy et irrévérence juvénile cohabi-taient avec indécence. C’est à croire que les LittleRabbits avaient trop d’avance pour une époque où lapop française faisait dans le mélodrame. A la dissolutiondu groupe, chacun parti “dans une chevauchée en soli-taire”. Les uns sous le nom de Secte Machine, officiantavec Katerine, et de l’autre côté, le chef des petits lapinsjouant les duellistes avec Helena Noguerra, aka DillingerGirl. “Nouveau paysage. Nouveau territoire à explorer.”Le groupe, quasi au grand complet, est de retour dansl’eldorado, non loin de The Married Monk. L’atmosphèrefolk est marquée au fer, avec quelques portraits d’aïeulscountry au contour jauni. L’écriture est “spontanée, sansorchestration ambitieuse”. Ici, les squelettes désossésgisent parmi les bourrasques de sable et attaquent à lagorge les aventureux. “Rien n’est figé.” Sans cesse enmouvement, comme “le bluesman affine sa mélodie”tout au long de sa vie au fond d’un rade noirci par letemps. French Cowboy ? C’est le surnom donné àFederico par le producteur Jim Waters (Calexico, JonSpencer). “Presque une philosophie”, tant l’artiste et sesdesperados ont défriché les paysages. Non pas que lesmusiciens s’aventuraient en terrain vierge, mais chaquefois c’était à contresens, perdurant dans le hors-pistes.Car Federico est de son propre aveu “boulimique”,concrétisant ses idées sur bande “dès qu’elles arrivent”.Résultat ? Une mélancolie jouée à bâtons rompus jus-qu’au générique. Une clameur qui résonne à travers lesportes de son nouveau saloon : Havalina Records.

Samuel Degasne “Baby Face Nelson was a…” - Havalina Records /

Differ-Ant - myspace.com/thefrenchcowboy

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Avec ses riffs arrogants et ses concerts incan-descents, Deportivo a imposé un style sansfaux-semblants, ni compromis. Le trio de Bois

d’Arcy revendique une liberté de ton et d’action pour unemusique instinctive sans prise de tête, ni prise de risque.Leur deuxième album confirme leur tendance punk-rock àla française : “On a toujours une guitare, une basse, unebatterie et un chant, sourit Jérôme Coudrane, chanteurguitariste. Cela ne pouvait pas être très loin de ce que l’onfaisait.” Pourtant, la différence est bien là entre lesoreilles : le son est cette fois énorme ! L’aboutissementd’un travail collectif dans leur studio fétiche, à Angers :“Notre ingénieur du son, Yann Madec, a construit le BlackBox avec Iain Burgess et Peter Deimel. Il le connaît par-faitement, nous n’avons eu qu’à profiter du formidablematériel de Iain. Là-bas, on était confortable, on dormaità la ferme, on se sentait chez nous…” Gordon Raphaël,l’homme qui a fait le son des Strokes, a rejoint le quatuorpour le mixage. Un choix initié par Nicolas, leur directeurartistique, qui avait, sans mot dire, obtenu l’aval du pro-ducteur avant de le proposer aux trois Frenchies. “On estallé passer dix jours chez Gordon, à Londres, avant devenir au Black Box. On a fini quelques chansons… et prisdu bon temps !” L’association Yann / Gordon s’affirmepertinente, et la mission est remplie avec ces dix nou-velles chansons qui font plaisir à entendre : entre punk,folk et grunge. Le trio, inspiré pas seulement par NoirDésir, La Mano Negra ou Sloy, électrise à merveille Lesbières d’aujourd’hui …, titre de Miossec devenu un clas-sique de leurs concerts. Proche des Wampas ou desLouise Attaque, mais pas vraiment de Luke avec qui ilsont pourtant fait une tournée triomphale, Deportivoparaît apte à reprendre à son compte l’héritage alternatif.Sans se fourvoyer ni se corrompre : “Ne faire que ce quenous avons envie de faire, ce n’est pas évident tout letemps, il faut résister à certains trucs pénibles, mais lesmaisons de disques avec qui on travaille sont assezconciliantes et nous comprennent. Nous n’avons quandmême pas arrêté de travailler en usine pour avoir lesmêmes contraintes avec notre passion !” Carpe diem !

Patrick Auffret“Deportivo” - Le Village Vert / Barclay

myspace.com/deportivoofficial

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en préparant Parades prénuptiales, lesToulousains ont franchi un palier. Dans leurschansons, il y a de la mélancolie sans pathos,

de la tendresse pas lourdingue et toujours de la fine etfranche rigolade. C’était déjà bien avant, mais là, çasonne mieux. Cette révolution, Les Blaireaux ne l’ont pasfaite tout seuls. Pour le live, une metteuse en scène leura appris quelques “trucs de comédiens” : des manièresde se placer, de jeter des regards pour mettre plusd’émotions dans l’interprétation… “Nos saynètes et noshistoires s’y prêtent, mais il nous a quand même falludeux ans de boulot pour ne plus avoir l’image d’un“groupe festif”, reconnaît Alexandre. Ca a été difficilepour moi d’assumer les chansons tristes et calmes.”Néanmoins, ça s’apprend ; c’est même un métier ! “A nosdébuts, je pensais que le public devait rire tout le tempset applaudir à tout rompre, se souvient le Blaireau chan-tant, mais depuis quelques temps, je prends plaisir àinterpréter les chansons plus sensibles.” L’autre apportest venu du réalisateur-studio Dominique Ledudal. Touten préservant le groupe cohérent et soudé, il lui a permisde s’ouvrir à des invités : Emily Loizeau, Manu de Tryo,qui joue quelques percus ou Pierre Sangra, guitariste deThomas Fersen. “Dominique est heureusement sorti deson rôle d’ingénieur du son. Il y a mis du sien pour servirl’album, c’est essentiel.” Et côté textes ? “Les chansonsprésentes sont celles que l’on a le plus travaillées. Detoute façon, il n’y a jamais de premier jet sur disque. Ilfaut que les textes m’amusent et m’appartiennent plei-nement pour que j’y revienne. Balance l’info ou Le gar-dien de musée m’ont accompagné pendant longtemps.”Pour écrire, Alexandre a besoin de rentrer dans son per-sonnage afin de comprendre comment il agit et ressentles choses. C’est la méthode actor’s studio appliquée àla chanson. Certes, c’est un peu plus long, mais le résul-tat est là. Les autres membres qui écrivent des textesn’ont pas la même démarche, mais partagent la mêmeobsession : être compris de tous. Foin de vers de mirli-tons, les mots sont simples, mais le propos jamais sim-pliste. Pas mal pour un prétendu “groupe festif”.

Eric Nahon“Parades prénuptiales” - At(h)ome / Wagram

les.blaireaux.free.fr

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vous entendrez sur cet album une trentaine delangues. Au détour d’un morceau, il s’y susur-re même quelques mots d’amour en langage

imaginaire. “Nous voulions travailler les voix d’unefaçon très spéciale, explique François, guitariste. Ons’est construit une bibliothèque de sons dans lesquelsnous avons pioché à souhait pour agrémenter chaquetitre.” Ces voix, ils les ont mis en boîte lors d’une jour-née d’enregistrement à Savigny le Temple. “A côté dustudio, il y avait un centre regroupant une cinquantained’associations du monde entier : on a demandé auxmembres de venir, ils ont joué le jeu.” Résultat : deséclats de rire, des bouts de phrases, des bruits debouche, de baisers, des chœurs foutraques ou encore,des chuchotements à vous coller des frissons tout lelong de la colonne. Ce trio guitares-contrebasse n’a plusgrand-chose à voir avec le groupe de jazz manouche desdébuts, en 1998. “On s’en est éloigné pour construirenotre propre genre en s’inspirant de nos voyages.Finalement, notre musique est plus world que jazz”,expliquent ces virtuoses des cordes qui parfument leurswing à la rumba, au flamenco, au rock ou aux rythmesarabisants. Quelques accords se colorent parfois d’ac-cents country, fruits de leurs nombreux séjours auxEtats-Unis, où ils jouent désormais tous les ans grâce àun tourneur qu’ils ont rencontré sur place. En revanche,le groupe a choisi de ne quasiment jamais accompagnerses titres de paroles. Du coup, l’imagination vagabondesans retenue au fil de ce quatrième album généreux etmélodique, souvent dansant ou drôle. On s’imaginemarchant seul sur une falaise venteuse, ou en bas sur laplage avec les sirènes, ou encore au milieu d’un caférigolard et chaleureux… Seule exception de l’album,L’étoile au Sahara, chantée en arabe par Leila d’OrangeBlossom, une perle sucrée et sensuelle qui transportedu côté du désert. En concert, les trois musiciens déga-gent une énergie presque rock. Ils entrent en fusionavec leurs instruments, laissant exploser la puissanceémotive des morceaux. Captivant… Sur scène àL’Européen du 30 janvier au 2 février, puis en tournée.

Aena Léo“Bababa” - F2F Music / L’Autre Distribution

www.samarabalouf.fr

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vous aurez lu ici ou là que la charmante Brisa(la Brisa Day Roché pour être exact) ressem-blait fort à Björk. S’il ne faut pas tout le temps

croire ce que les médias vous disent, vous pouvez dansle cas présent leur faire confiance ! Oui, la ressemblan-ce est troublante : même air mutin, même talent à fleurde peau. Et si les accointances avec l’Islandaise ne s’ar-rêtent pas là (on pense à cette aisance vocale qui lui faitbalader son joli timbre au-delà de nos habitudes har-moniques, jonglant entre graves et aigus avec une faci-lité déconcertante), c’est davantage du côté d’une autrefigure du rock qu’il faut aller chercher sa principaleinfluence : “Quand j’avais 18 ans, je voulais devenir lanouvelle PJ Harvey. Je jouais dans des groupes, mais jen’arrivais pas à trouver des gens qui comprenaient ceque je voulais. J’étais une jeune femme politisée, pasencore très sûre de sa féminité. Les garçons avec les-quels je jouais me voyaient comme une sorte de SarahMcLaughlin (NDR : chanteuse canadienne). Moi je vou-lais durcir le trait, mais je n’étais pour eux qu’une fille àla voix douce. J’ai été tellement déçue que j’ai fini parvendre ma guitare électrique et me suis tournée vers lejazz. J’ai alors mis totalement de côté cette premièreenvie jusqu’à ces dernières années”, explique laCalifornienne dans un français impeccable. Résidenteparisienne depuis 2002, Brisa signe avec Takes unsecond opus plus personnel, dans lequel elle s’est tota-lement investie : “Ce disque est une autre aventure: jesavais ce que je voulais, où j’allais. J’avais envie demélanger tout ce que j’aime, d’y retrouver ce qui me faitvibrer dans la musique.” Plus folk et psyché, Brisaserait-elle nostalgique des années 60/70 ? “Je necherche absolument pas à faire référence à une époquequelle qu’elle soit. Mais je voulais que ma musiquefasse un effet physique à ceux qui l’écoutent. Et les sonsqui ont ce pouvoir viennent souvent d’une autre époqueoù les logiciels ne rectifiaient pas tout, des respirationsaux souffles, en passant par les fausses notes. Je préfè-re les chansons qui vivent sans artifices”, conclut-elledans un sourire espiègle.

Caroline Dall’o“Takes” - Discograph

myspace.com/brisaroche

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P le temps passe vite. Deux ans déjà sans nou-velles de Tue-Loup. La précieuse formationSarthoise nous avait habitués à des albums en

constante évolution. Leur “folk rural en français” (ça yest, c’est dit, on n’y reviendra plus) s’agrémentait devariations atmosphériques orageuses à base de rock,rap, trad’ franchouille ou Réunionnais. Le Lac de Fishsonne comme un “retour aux sources”. Si la plume esttoujours trempée dans une encre noire et lucide quiferait passer Miossec pour Jean Roucas, les ambiancescountry classieuses sont les héritières des Sardines, deLa bancale ou La belle inutile, les trois premiers dia-mants du groupe. Xavier Plumas, auteur-chanteur s’ex-plique : “En fait, ce disque s’est fait à l’envers. Ces chan-sons étaient destinées à un projet solo guitare-voix queje préparais en même temps qu’un album de Tue-Loup.Et puis, je me suis dit que ça serait sympa que Thierryvienne jouer de la guitare avec moi sur un morceau. Et ila joué sur tout le disque. Après, nous nous sommes ditqu’un peu de batterie ne ferait pas de mal. Evidemment,c’était encore meilleur avec de la basse, surtout qu’Ericvenait de s’acheter une basse acoustique…” La bandeau complet, Le Lac de Fish avance tellement bien qu’ilsort avant le disque originellement pressenti… encoreen cours de mixage. Cet album incident, arrivé parhasard et par envie est bien du pur Tue-Loup et du Tue-Loup épuré. Le groupe n’a pas son pareil pour exposersa fragilité, fendant l’armure comme jamais au détourd’un trait d’harmonica ou d’une basse fine. “L’album estmoins contrasté et plus fluide que les précédents. Nousl’avons mixé comme une session, tous les instrumentssont joués au même endroit.” Même entièrementacoustique, Tue-Loup sonne encore beaucoup plus rockque ses congénères. D’ailleurs si on leur cherche deséquivalents, c’est du côté de Will Oldham et Calexicoqu’on les trouve. Sur scène, le groupe oscille entre ten-sion, électricité et poésie. Ca joue du feu de Dieu et avecune classe folle ! Depuis dix ans, Tue-Loup, cousin deMurat ou de Noir Désir, nous rappelle que la tempête esttoujours plus intéressante qu’un ciel bleu sans nuage.

Eric Nahon“Le Lac de Fish” - T-Rec / Anticraft

myspace.com/tueloup

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Parmi les découvertes de cette fin d’année,voici un projet qui s’illustre par sa maturité etson originalité. Les apparences (le single Ame

armée et la pochette du disque), trompeuses évidem-ment, laissent présager d’un énième girl-band metal-leux ou d’un rejeton de la culture manga. Fausse piste.Ina-Ich réussit le pari osé de marier deux universjusque-là éloignés, la chanson à texte et le rock énervé,en se jouant des clichés et avec une forte personnalité.Le soutien simultané d’une certaine presse rock “à gui-tare” et d’instances de la chanson, comme le Chantierdes Francos, en est la preuve. Le pseudo choisi par KimThuy est révélateur : “C’est en fait une variation du viet-namien “in-ich” qui signifie “larsen”, mais aussi, éty-mologiquement, “vacarme utile”.” Une clef pour com-prendre l’univers musical et textuel qui s’offre à nous.Les thèmes, tour à tour intimes et universels, sont trai-tés avec brio dans un langage direct et accessible, sansartifices. Comme la musique, ils ont été conçus dans lasolitude d’un home-studio parisien : “De formation clas-sique, j’ai suivi une formation pour devenir accordeusede piano, puis je suis montée sur Paris pour y travailler.Je suis alors devenue choriste dans un groupe local,mais je me suis vite aperçue de la nécessité de m’expri-mer en mon nom propre, et c’est ainsi que j’ai commen-cé à composer, d’abord au piano, puis avec les pro-grammations.” Kim entreprend donc de se promouvoirseule, dans un pur esprit d’indépendance, quand l’équi-pe de Baïdjan la repère : “Je les ai rencontrés grâce à unami pianiste, Yaron Herman. J’étais plutôt méfianteenvers les producteurs et industriels de la musique, etj’appréhendais l’idée de déléguer. Le label m’a doncsuivi pendant quatre mois, à chaque concert, avant degagner ma confiance ! Je voulais être certaine de pou-voir garder mon univers intact. Cette patience m’a per-mis de m’entourer des bonnes personnes, qui formentautour de moi une sphère presque familiale.” Face audéfilé incessant des gloires éphémères retombant dansl’anonymat au gré des caprices de la mode et du com-merce, une telle démarche pourrait bien lui garantir lapérennité, en plus d’une intégrité conservée.

Rafael Aragon“Ina-Ich” - Baïdjan / Wagram - www.ina-ich.net

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Un an après la tournée du spectacle Le chant descoquelicots, la chanteuse lyonnaise est deretour avec un nouveau projet. Le personnage

sombre toujours dans la douce folie féminine ou virevol-te entre obsessions maladives et délires féeriques. Unechanson française théâtrale au goût de bonbon acidulé.

COMMENT FAIT-ON POUR NE PAS SE LASSER EN 3 ANS DE TOURNÉE ?C’est dingue, oui ! D’un autre côté, le spectacle est dansl’interactivité… Au départ, il faisait 1h15, à la fin de latournée il en faisait 2h. Et nous n’avons rien rajouté !Moi, je viens plutôt de la scène. J’ai mis plus de temps àsavoir comment faire un disque.EN QUOI AVEZ-VOUS ÉVOLUÉ DANS CETTE RELATION COMÉDIENNE /CHANTEUSE ?Au fur et à mesure, j’ai de plus en plus accepté ma voixet pris notamment des cours. J’ai vraiment conscienced’être chanteuse désormais. Entre les deux disques, matechnique a évolué c’est évident, mais davantage d’unpoint de vue des arrangements, des chœurs ou desenvolées lyriques. C’est sûr que je n’aurai jamais la voixde Tom Waits. A moi d’en faire le deuil… (rires)QUELLE EST LA TENEUR DE CE NOUVEL ALBUM ?C’est plus posé, plus profond, moins hystérique et anec-dotique. Dans le rêve… Il y avait déjà tous les ingré-dients dans l’ancien album, mais pas dans les mêmespourcentages. Oui, Amélie est quand même moins folle-dingue, elle a juste besoin de se raccrocher à l’enfance.Ribeyron y a fait un travail généreux avec une illustra-tion par chanson. Ca devient ainsi un objet précieux etc’est important à l’heure de la musique virtuelle.VOUS VOUS RECONNAISSEZ DANS LA DÉMARCHE DE CRÉATION DE

PERSONNAGES COMME -M- OU ZIGGY STARDUST ?Parfaitement. Cette Amélie me colle à la peau. Elle mepermet d’aller dans des extrêmes que je ne m’autorisepas. Elle s’est par exemple mariée 200 fois au cours dela tournée ! Il y a bien sûr des chansons autobiogra-phiques. Mais alors que dans la vie je suis plutôt réser-vée, Amélie-les-Crayons est moitié nymphomane…

Samuel Degasne"Le porte plume" - Néômmewww.amelielescrayons.com

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S’il subsiste autant de mystère autour du groupe, c’estvolontaire. “Chacun des membres a vécu plusieursvies et cultive le mythe pour ne parler que de

musique.” Ils sont comme ces peintres qui brûlent leurstoiles : “Ne jamais regarder derrière soi mais puiser dans sesexpériences pour avancer”. Le nom Moriarty leur évoquait audébut “le côté nomade de Dean”, le person-nage du livre de Kerouac. Rien de plus nor-mal pour des fils d’immigrés communistes,vietnamiens ou de nationalité américaine,suisse et française. Mais l’abondance de“significations est ensuite devenue une rai-son en elle-même”.

Il existe une esthétique indéniable dansl’œuvre de Moriarty que le groupe n’ex-plique que par son côté rationalisé. “Unezone où les influences se rencontrent, un noman’s land où converge plusieurs frontières comme à Bâle oudans l’Ohio. Et puis, nous essayons vraiment d’incarner noshistoires et nos personnages”, répondent-ils d’une seule voix.Ainsi, aucun des Moriarty ne peut prévoir la direction des mor-ceaux, “fonctionnant par contradiction” et essayant chacun de“tirer sa barque vers la rive qui l’intéresse”. Quant au singleJimmy, l’histoire d’un bison, sorte de comptine enfantine réin-terprétée pour adultes, il s’agit de “la première chanson quele groupe a jouée ensemble il y a dix ans”. Une chanson parmila quarantaine d’inédits qu’il reste dans les cartons.

Le buzz ? Le groupe ne le ressent pas, à l’exception d’une dateà la Maroquinerie où le public reprenait en chœur les chan-sons. Une seule chose est sûre : “quelqu’un tente sans succèsde nous rentrer sur Wikipédia”. Car pour l’instant, Moriartyétait plus habitué “au buzz de l’ampli” de leur local de répéti-tion, une cave dont la voisine a été retrouvée morte dans sabaignoire trois semaines plus tard.

Puis, vient la rencontre avec la compagnie Jérôme Deschampset Macha Makeïeff (Cie Deschiens) grâce à “la bande origina-

le réalisée pour la pièce de théâtre de leurfille, Juliette. C’est de là qu’est issue la têteempaillée présente sur scène, un cadeau deMacha. Depuis, nous sommes co-produitspar eux et non montés comme nous avonspu le lire sur Internet. Nous étions venusjouer deux fois ici, puis finalement on s’estincrustés. Mais ce n’était pas vraiment desconcerts. Nous étions en acoustique, demanière informelle, avec une grande natteafricaine et un micro taxi.” Une configuration

qu’ils renouvellent de temps en temps en première partie,comme l’a démontre le concert parisien d’AaRON.

Prochaine étape : le Canada. Une halte qui devrait s’avérerfacile tant leur musique comporte “une dimension outre-atlantique”, avec pour même leitmotiv : “se mettre en dangeret se dépouiller de tout artifice”. Car avoir plusieurs publics denationalités différentes, notamment américaine, n’est pas unhandicap ou une prétention en soi. Bien contraire… Pour legroupe, “il existe de nombreuses références françaises dansla musique traditionnelle américaine comme le cajun. Dans lesAppalaches, on trouve de l’écossais ou de l’anglais. Et commece sont des régions retirées, certaines chansons paraissentparfois plus authentiques que celles de leur lieu d’origine. Ilest donc absurde de rejeter la musique anglo-saxonne. LesEtats-Unis ont besoin de notre musique et nous nous nourris-sons de la leur.” Avec cet album, la boucle est bouclée.

Samuel Degasne“Gee whiz but this is a lonesome town”

Naïve / Deschamps & Makeïeffwww.moriartyland.com

Sur laroute de

MoRiaRTYSorte de carnet de voyage del’Amérique traditionnelle, ce

groupe cultive un folklore rural etintemporel. Révélation du

Printemps de Bourges 2006, ilbénéficie des faveurs de la scèneindie et en profite pour imposer

son esthétisme désuet. Rencontre.

“Se mettreen danger

et sedépouiller

de toutartifice.”

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“Plus on s’intéresse aux coïncidences et plus ellesapparaissent”, écrivait Nabokov. Est-ce un signeou bien une série de hasards ? Son attachée de

presse s’appelle Muriel Valentin, son premier album est sortile 14 février 2005 et c’est au magnifique Musée de la vieromantique, à Paris, que Pauline Croze donne rendez-vouspour ses press-junkets. Elle n’a presque pas changé : brune,jolie, humble, simple, souriante et talentueuse, mais moinsfragile en apparence que lorsqu’on la découvrit avec T’es beauet les autres morceaux de son premier disque, vendu àquelques 130 000 exemplaires. Son très beau succès commer-cial et l’énorme buzz à oreilles qui l’avait précédé ont dû don-ner confiance à la nouvelle protégée d’Anne Claverie, ancien-ne manager d’Etienne Daho. Inévitablement, on l’attendait autournant en se demandant comment elle allait pouvoir serenouveler. La très belle pochette signée Annabel Salesadonne le ton : cet album est vraiment lumineux et planant ! “Jevoulais être plus polyvalente sur ce disque, d’où desinfluences très vastes : du jazz aux musiques africaines.C’était aussi une remise à zéro nécessaire, car je m’étais pro-gressivement lassée de quelques chansons de mon premierCD. Je voulais aller vers des contrées non explorées”, expliquecelle qui n’a pas encore 30 ans.

Assistée de Jean Lamoot pour la réalisation, Pauline signetous les morceaux (sauf le titre d’ouverture Faux contacts, co-composé avec Antoine Massoni, nouveau venu qui prépareson projet perso, et Baiser d’adieu signé Arthur H). Elle confir-me ses qualités de mélodistes hors pair et ses textes, entreonirisme et réalités urbaines, sont beaux ; il y est bien sûrquestion d’amour, de voyages (son hommage à Valparaiso estdigne du film que Joris Ivens consacra à cette ville Chilienne aucharme légendaire), mais aussi de la beauté du quotidien,comme dans Jour de foule : “J’ai eu un jour une espèce de révé-lation et compris que ce qui nous paraît souvent banal devraitêtre reconnu à sa juste valeur : il nous faut faire preuve de plusde discernement et faire plus attention à ce(ux) qui nousentoure(nt).” On retrouve aussi avec grand plaisir sa voix augrain si unique. Elle avoue d’ailleurs : “Si je devais me réin-

PaulineCroze

Après le très bel accueil

de son premier disque,

on retrouve avec un

plaisir non dissimulé la

charmante Pauline,

pour un album aérien,

enjoué et mobile.

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carner, ce serait en voix que j’aimerais le faire. Si je devaisciter une voix qui me trouble, ce serait celle de Dave Gahan, lechanteur de Depeche Mode.”

Celle qui reconnaît sortir peu voir des concerts et être volon-tiers solitaire, affiche avec un bel enthousiasme une décou-verte bien surprenante parmi ses récents coups de cœur musi-caux : Ina-Ich, une jeune femme qui chante du metal en fran-çais (NDR : voir article page 13). “J’ai été bluffée par sa rage,sa sincérité ! J’ai hâte de la voir sur scène.” A ce propos, poursa prochaine tournée (avec notamment le Bataclan les 10 et 11mars 2008) Pauline sait déjà dans quelle direction elle veutaller : “Ce disque est beaucoup plus fluide et en mouvementque le premier, je veux conserver cet esprit. Je ne m’interdiraipas quelques pas de danse et je suis en train de rechercherdes musiciens allant dans ce sens.” Parmi ses autres envies :le désir de composer une B.O., en grande cinéphile qu’elle est,et prendre le temps de se plonger dans la lecture du livremythique pour les musiciens La partition intérieure de JacquesSiron. Elle y découvrira peut-être de nouvelles pistes, pré-ludes à un troisième album que l’on guettera avec impatience.

Jacques Kasbi“Un bruit qui court” - Wagram

www.paulinecroze.com

“Il faut faire plusattention à ce(ux) qui

nous entoure(nt).”

Raph

aël L

ugas

sy

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On nous avait mis en garde : le Japon c’est Mars vu parTarantino ! Mais une fois de plus, nous voulions allerau bout de notre idée avec pour unique aide, celle des

Japonais… Et croyez nous, ça valait le coup de la faire cettetournée !

Après presque 500 concerts en France, en Europe et au Maroc,on avoue avoir un peu de mal à s’arrêter, et puis on trouve tou-jours une bonne raison pour persévérer. La bonne excuse del’année, c’était la sortie de notre live Trafic intense, en France(Du Goudron et des Plumes / Irfan), mais aussi au Canada et auJapon, où il aura même bénéficié d’une édition spéciale.Résultat des courses, nous voilà partisavec notre chanson rock, de plus en plusrock et de moins en moins chanson, surles routes du monde, pour tout l’autom-ne. Première étape : le Japon !

Vendredi 5 octobre 2007, trajet : Paris -Moscou - Tokyo - Kofu - Ina, en ayant uti-lisé presque tous les moyens motoriséspour se déplacer (voiture, métro, avion,bus), nous voilà arrivés près de 25heures après notre départ, pour jouerdans un lieu qui n’aurait jamais pu ouvriren France : un bar clandestin. L’uniqueentrée, où l’on passe péniblement à unepersonne, sert de sortie de secours, pasde ventilation, et bien sûr 80 personnesdans une salle de 50. Concert de dingue pour une journée de 36heures… Tout le monde est à fond et on découvre le public japo-nais désinhibé et franchement surexcité !

Le lendemain, arrivée à Kaï pour la fête du village ; bon, un vil-lage de 80 000 habitants, qui fait une fête avec 6000 per-sonnes… Après avoir testé presque tous les stands (sauf le lan-cer de botte) et le simulateur de tremblement de terre, onmonte sur scène, en line-check, en milieu d’après-midi devant

près de 1500 personnes et face au Mont Fuji. Ambiance. C’étaithyper impressionnant et aussi très émouvant de voir les petitsvieux au premier rang taper dans leurs mains. Et puis on aquand même joué entre le spectacle de Bioman (et ouais lesenfants, le vrai, l’unique !) et la chanteuse certainement la pluskitsch de l’archipel nippon ! Le repas du soir mériterait à luiseul un article : méduses et palourdes crues, poivrons frits à lapanure, cheval cru… le tout à genoux et au thé de riz grillé dansun restaurant japonais typique.

Lundi 8 octobre. Après avoir visité un temple bouddhiste, unsanctuaire shintoïste, et mangé notre premier repas à l’occi-

dentale depuis notre arrivée, le concertdu soir se fera à Kofu, au Jazz Club Alone.La salle de concert, à l’étage, est pleine àcraquer. Notre pote Hideaki nous dira fiè-rement : “C’est complet depuis hier, maisje vends encore des places”. Résultat descourses : 150 places vendues pour un lieude 70 ! Avec nous, Lost Color People,groupe de funk japonais, très très bonnesoirée ! Et au fait, y’a pas de limitation duvolume sonore ? Nan, ici on joue et onvoit après…

Quatrième journée, direction Tokyo : çabrille, ça fait du bruit, ça marche en mini-short et en bottes, y’a des milliers detaxis, des télés de 15 m de haut, des mil-

liers de Patchinko… Tokyo Power !!! Arrivée à Shimokitazawa,lieu très estudiantin avec des milliers de boutiques et de sallesde jeux (si vous vous demandiez dans quoi notre argent étaitpassé…). Concert au Club 440 où nous jouons avec Hinemos etChopin, groupes japonais fans de musique allemande, dejouets pour enfants et de marionnettes. Et un DJ qui passe dela musique bavaroise, c’est pas banal ! Fin de soirée très trèsarrosée avec des Japonais survoltés et peu pudiques (ce n’estpas une légende !).

SemtazoneAU JAPON

“Ca brille, çafait du bruit,

ça marche enmini-short eten bottes, y’ades milliers

de taxis, destélés de 15 m

de haut…”

Phot

os ©

Sem

tazo

ne

En six ans d’existence et deux albumsautoproduits, Semtazone a pu effectuerplus de 500 concerts en Europe et auMaroc, du café concert aux grandsfestivals, et rencontrant ainsi la majeurepartie des groupes de la scène françaiseactuelle. Au gré de ces rencontres, lamusique de Semtazone s’est enrichie,affirmée, et a su trouver sa maturitédans un style qui ne se limite ni à lachanson, ni au rock, mais à tous lesstyles qui les influencent…

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Mercredi 10 octobre. Le dernier concert de la tournée se fera àShibuya, quartier survolté, surpeuplé et où il ne fait jamaisnuit ! La balade dans le quartier nous scotchera complètement.Avant cela, quelques interviews et rencontre avec Sylvain duBureau Export, qui se révélera, plus tardivement dans la soirée,être un adepte d’Elmer Food Beat et un incroyable chanteur.Concert au Lush totalement hallucinant : cinq groupes (dontles Oink, mélange entre les Pistols, les Clash, les Pogues et laculture japonaise), à fond, dans tous les sens du terme, et unpublic qui a décidé de se lâcher au moment de notre concert.Résultat : au lieu de 45 minutes, on joue 1h30 et on finit à unevingtaine sur scène. Ca danse, ça crie, ça chante, ça parletoutes les langues, mêmes celles que l’on ne connaît pas.Dernière soirée mémorable autour de plats toujours aussi exo-tiques…

Avant de partir, on s’engage dans une visite de Tokyo :Akihabara, la Mecque de l’électronique avec trois ans d’avancesur la France (c’est aussi là que l’on croisera ENFIN des fillesdéguisées en personnages de mangas !), le Tokyo Dome (oasisde verdure au milieu de la ville avec un grand huit qui passe aumilieu des bâtiments, une grande roue qui monte à près de 80m de haut), Asakusa, haut lieu touristique, et pour finir un bonrepas à la japonaise avec sushi, sashimi, et plein d’autrestrucs, mais on ne sait pas ce que c’est, et peut-être vaut-ilmieux ne pas le savoir…

On remercie Ryosuke et Shiho, gérants de la maison dedisques Taiyo Record, qui a sorti une édition limitée deSemtazone pour le Japon, et qui distribue une grosse partie dela scène chanson (HDL, Grosses Papilles…), Terumi notre inter-prète, Hideaki, tous les punks japonais qui nous ont fait mourirde rire lors des concerts ou au restaurant… Et pour finir enbeauté, on a reçu une invitation pour l’année prochaine !Sayonara.

Domo Arigato, Matané, Semtazone.www.stz.biz

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Si on y réfléchit deux minutes, Etienne Daho est l’un desrares survivants des années 80. C’est peut-être mêmele seul qui a eu un succès colossal et qui continue son

chemin avec le même talent. Il se bonifie même. On l’a dit mort,on l’a dit “ressuscité”. Le voilà aujourd’hui apaisé. Le pape dela pop moderne ne cède à aucune mode, mais sonne terrible-ment actuel. Daho laisse entrer le soleil dans la musique etdans sa tête, mais ça “turbule” toujours. Il n’a pas son pareilpour dépeindre les sentiments : c’est comme s’il vous parlaitles yeux dans les yeux. Avec L’invitation, son neuvième album,il va encore plus loin dans l’exploration de l’intime sans oublierde faire dodeliner de la tête. Chapeau.

DANS CE NOUVEAU DISQUE, LE RAPPORT AUX AUTRES EST TOUJOURS AUSSI

DIRECT…L’intimité vient du fait que ce sont des thèmes universels. J’ail’impression d’être relié aux autres. Au bout d’un moment onarrive à toujours à trouver un lien précis de familiarité. Je penseque ça se retrouve à un moment dans mes chansons. DansL’invitation, je parle à une personne et donc… au monde !

ON RETROUVE DES THÉMATIQUES INTIMES, À LA LIMITE DU PSY COMME

L’ACCEPTATION DE SOI…C’est l’acceptation dans la turbulence. Je n’apprends rien del’apaisement. L’agitation m’aiguillonne, me donne des forces

et une philosophie insoupçonnées. C’estun album très apaisé, car même s’il parlede choses douloureuses, il y est questionavant tout de liberté. Pour moi, c’est l’in-vitation à la vie, au voyage. J’ai voulumettre de l’énergie de vie dans ce disque.

DAHO, C’EST CARPE DIEM ?(sourire) On n’a qu’une vie…

QUELS SONT VOS PRINCIPES DE VIE ?D’abord, le respect absolu des autres.C’est la base pour aimer les autres. Et jesuis un grand amoureux, dans son sensle plus littéraire. Je suis amoureux del’amour. Tous les artistes sont dans unmode de fonctionnement érotique. Ontrempe sa plume dans la passion. J’aibesoin d’intensité… Pour moi le couplene fonctionne que dans l’intensité. Oualors je n’ai pas le talent de le faire durercar je suis déjà engagé avec la musique…Je suis entré en musique comme on entreen religion. Mais bon, tout va très biendans ma vie !

AVEC BOULEVARD DES CAPUCINES, VOUS

ABORDEZ LE PARDON…Ce morceau s’adresse à mon père. Le

De son aveu même, L’invitation est un disque ouvert sur les

autres. Après 25 ans de carrière, l’occasion était trop belle de

questionner l’éternel jeune homme sur l’impact que peuvent

avoir ses chansons. Confessions d’un peintre des sentiments.

LE SENTIMENT SELON

“Je suisentré enmusiquecomme onentre enreligion.”

étienneD

.R.

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boulevard des Capucines, c’est l’Olympia. En 1986, mon pèreque j’avais très peu connu, est venu me voir sur scène. Jen’étais pas au courant. Et quand il est venu me voir backstage,je lui en ai refusé l’entrée. J’étais jeune, je l’ai toujours regret-té. Entre temps, on ne s’est pas parlé et je l’ai perdu. Justeavant de faire l’album, j’ai reçu un paquet de lettres quim’étaient adressées. Dans l’une d’elle, mon père parle de cettesoirée-là. Nous portions le même prénom : il a vu son nom enénorme lettres rouges devant l’Olympia… Cette lettre m’aremué. Cette chanson prend son point de vue et devient aussiune chanson sur le pardon et l’apaisement.

UNE CHANSON AUSSI PERSONNELLE, C’EST PLUTÔT RARE…En tout cas, ça m’a fait du bien de l’écrire. Je suis heureux del’avoir fait. Cette douleur est devenue une chanson. Si elle estsur l’album, c’est aussi parce que tout le monde peut se l’ap-proprier. Généralement je n’aime pas expliquer les chansons,car en tant que “consommateur”, je n’aime pas du tout qu’onme dise quoi penser quand j’écoute de la musique.

VOUS N’AVEZ JAMAIS FAIT DE CHANSONS RÉALISTES NON PLUS !Pour moi si ! Parce que je sais tout ce que j’y raconte, même sij’emploie des métaphores, des formules pour planquer tout ça.

ET APRÈS, C’EST À CHACUN DE S’IMAGINER SON HISTOIRE ?Mais c’est ça la musique. C’est choisir quelqu’un qui vous parleet grandir avec. Certaines chansons vous font pousser, vousaccompagnent.

DEPUIS 25 ANS, VOS CHANSONS ACCOMPAGNENT LA VIE DES GENS. CA NE

VOUS FAIT PAS UN PEU BIZARRE ?Parfois oui. On me parle souvent du Premier jour du reste de tavie : cette chanson a donné à des gens l’envie de prendre desdécisions importantes. C’est fantastique ! Ouverture a eu ceteffet-là aussi.

COMMENT LE VIT-ON ?Ca me dépasse forcément un peu. Mais quand on a un métierpublic, il faut l’assumer. J’ai toujours essayé d’avoir un proposadulte, mature. Il y a aussi une part de mystère que l’on ne peutpas expliquer. Les chansons provoquent des émotionsdifférentes pour chacun. Il y a des chansons qui sont plusimportantes que n’importe quelle leçon qu’on pourrait vousprodiguer !

L’ARTISTE EST-IL PAYÉ POUR SOUFFRIR ?Il y a très peu de chansons sur le bonheur. Quelle que soit letype d’émotion qu’elle provoque, une chanson parle de l’amourou de son absence. On ne s’intéresse pas beaucoup aux gensqui vont bien. Nous sommes des tissus de contradiction, alorson est forcément touché par les gens qui l’expriment. Je mesens assez solide dans la vie pour pouvoir parler de ceschoses-là.

ET LA PUDEUR NATURELLE DANS TOUT ÇA ?L’idée, c’est de la dépasser. Si on ne parle pas des choses quisont essentielles, on passe à côté de tout. Ou alors, c’est quel’on a une recette et ça n’est pas mon cas. Je n’ai jamais fait dechanson parce que j’y étais obligé. Pour moi, c’est une passion-vocation. Mais c’est quand même tellement intime, que parfoisj’ai l’impression de marcher à poil dans la rue.

Eric NahonCD : “L’invitation” - Capitol / EMI

Livre : “Etienne Daho, Portraits et entretiens” - Ed. Tournonwww.etiennedaho.com

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Avant l’écoute de La mécaniquedu cœur, on ressent quelquespalpitations. Ce disque est la

bande originale du livre du même nom,signé Mathias Malzieu, le rouquin sau-tillant, chanteur et parolier de…Dionysos. Cette belle mécanique estégalement uniquement composée deduos. Heu, on parle bien d’un album deDio’ là ? Mathias Malzieu a-t-il “vampiri-sé” son groupe ? Nous ferait-il un“Soldat Rose” avec Dionysos relégué à

l’aimable fonction de backing band ?Heureusement non (et ouf !) : “Nousnous sommes posés la question, avoueMike Ponton, guitariste et bricoleur desons, mais Mathias avait envie de lefaire avec le groupe et le groupe avaitenvie de bosser sur ce projet.” Dionysosest donc un gang d’inséparables etmême si Babet, lors de l’enregistre-ment, était retenue par sa tournée solo,elle participe toutefois au disque etsera, bien sûr, de la tournée. “L’entité

Dionysos réside dans la faculté qu’on a àse surprendre les uns les autres, expliqueMathias. Le groupe ne perd pas en entitéparce que nous avons des invités. Pas plusque nous ne nous sommes perdus enjouant avec un orchestre symphonique desoixante musiciens…” C’est chez Mike ques’est déroulé l’enregistrement. Tous lesmembres du groupe ont participé à l’éla-boration de cette ambitieuse aventure,dont la création a débuté lors de leur der-nière tournée marathon.

L’auditeur est en terrain familier, puisqueil y est question de l’enfance de GiantJack, personnage déjà aperçu dans lesplages de Monsters in love. 1874 : LittleJack naît à Edimbourg, le jour le plus froiddu monde, d’où son cœur gelé. Seulmoyen pour le sauver un seul moyen : luimettre une horloge à la place. Mais gare àlui s’il tombe amoureux car tout peut sedérégler. Pour transcrire ce postulat, Mikeet le gang ont commencé par rendre visiteà un horloger à Loche afin d’enregistrerdes tic-tac et des coucous. Ce sont cessons qui servent de base aux rythmes desmorceaux. De là à donner une tonalité hip-hop, il n’y avait qu’un pas vite franchi parces fans du Beck de la première heure :“Cette influence était déjà présente surnos disques précédents, confie Mike. Ici,nous l’avons accentuée en jouant avec letempo des sons. Et puis, on aime bien tou-cher un peu à tout, tourner autour de tousles instruments.”

La mécanique du cœur est un projet ambi-tieux, mais plus abordable et cohérentque Monsters in love. S’il y avait une cou-leur dominante, ce serait la chanson. Maischez Dionysos, on est toujours dans l’arc-en-ciel : pop, rock, psyché, cabaret, il y atoujours de quoi être surpris pour peuqu’on y prête l’oreille. Le groupe mélangeles sons tout neufs et les vieilleries desannées 1920. Des anachronismes assu-més que l’on retrouve aussi dans lespages du livre : “Ca me plaisait de parlerde Charles Bronson ou du Tour de Francealors que les personnages sont entre la findu XIXème et le début du XXème siècle, jubile

L’orage mécaniqueGonflé à bloc comme d’habitude, le gang de Valence

joue les horlogers en dopant son rock d’une dosede hip hop. En composant la B.O. du livre de leur

leader, les Dionysos restent personnels, inventifs etgénéreux. Ca tombe bien, on les aime comme ça.

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syas

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Mathias Malzieu. Ca piège le conte et le place hors du temps.”Son univers poétique a grandi, mûri. On n’y trouve nulle tracede fée cette fois-ci ; les femmes sont bien réelles. La magiecède la place au surréalisme façon Boris Vian.

L’interaction entre le disque et le livre est totale, mais le tourde force, c’est que les deux s’apprécient indépendamment etque l’album n’est pas “concept”. Les chansons aux différentesambiances peuvent s’écouter individuellement. Evidemment,les plus curieux liront le livre en écoutant le disque. Et ils neseront pas déçus. Mathias a d’abord écrit l’histoire, scène parscène, avec des incontournables : les personnages et leschansons : “J’aimais l’idée que les personnages viennentchanter leur chanson. Il y en a qui prennent plus ou moins deplace dans le livre. Les proportions ne sont pas toujours res-pectées, mais on s’en fout.” Côté casting, que du beau monde.Par ordre d’apparition : Emily Loizeau, Arthur H, Olivia Ruiz,Babet, Rossy de Palma, Grand Corps Malade, Jean Rochefort,Alain Bashung et Eric Cantona. Si Mathias est allé chercherdes voix dans le monde du cinéma, c’est qu’il a conçu son pro-jet musical comme un long métrage. Ce n’est pas simplementune chanson que les artistes viennent interpréter, mais unpersonnage !

Les duos sont à 20 000 lieues de ce que l’on aurait puattendre… Ici, tout le monde prend des risques et étonne. JeanRochefort joue un homme sans trucage sous un déluge de cla-viers rétro-futuristes rappelant Messe pour un temps présent,le psychérock de Pierre Henry. Emily Loizeau fait du hip hophorloger. Grand Corps Malade se révèle en méchant crédible,alors que Bashung est parfait en Jack l’Eventreur. Les chan-

sons avec Olivia Ruiz sont d’une tendre beauté, car laMécanique est avant tout une histoire de cœur. Le disque et leroman sont-ils “à clef” ? Mathias : “Je ne crois pas du tout auxauteurs qui affirment que leurs créations ne contiennent riende personnel. Le livre et le disque sont un chant d’amour.J’assume et je sais que je vais subir un peu de curiosité mal-saine. J’établis des passerelles entre réalité et imaginaire.Tout est question d’équilibre entre les deux, comme quand onfait les arrangements d’un disque. Trop d’imaginaire tuel’émotion et trop de réel verse dans le pathos.”

Plus l’équilibre est fragile, plus il est beau. Ceux qui voudrontchercher le vrai du faux auront de quoi faire. Les autres s’enamuseront et apprécieront le roman pour ce qu’il est : unebelle histoire d’amour, moteur d’inspiration. “Je ne racontepas ma vie, je raconte mes sensations…” Quant au disque, ilpourra certainement attirer un nouveau public à Dionysos, quiconforte encore sa place au top de la scène française en seréinventant encore sous cet orage sonore et mécanique.

Eric NahonDionysos : “La mécanique du cœur” - Barclay

Mathias Malzieu : “La mécanique du cœur” - Flammarion

“Je ne crois pas du tout aux auteursqui affirment queleurs créations necontiennent rien de personnel.”

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MUSIQUE 2.0

Borey Sok

“Investir dans

les médiathèques”

Ecrivain (Irma), ex-chargé depromotion chez Skyrock etWarner Music France, mémoire de MasterMarketing / CommunicationISC Paris “Le marketing sau-vera-t-il l’industrie du disquede la crise ?”

QUEL EST L’AVENIR DES MAJORS ? Elles tentent de s’adapter, même sile CD représente leur plus grand pourcentage de revenus. Ainsi,Warner ou Sony / BMG diversifient leurs activités en s’ouvrant aumerchandising, aux live ou aux spectacles. EMI France s’est lancé

dans Reset Junior, une plateforme on-line utilisant les possibilitésdu digital : exclusivités, pré-écoutes, chats, widget, WebTV…Quant à Universal, la major table plus sur le rachat de cataloguespour contrôler l’accès à la musique et faire monter les enchères.Une stratégie qui devrait être payante.

EXISTE-T-IL D’AUTRES INITIATIVES ? Le champ d’actions des labels indé-pendants doit être revu, car la configuration actuelle rétrécie leurspossibilités. Par exemple, My Major Company propose de déve-lopper des artistes avec l’aide des internautes sous forme de par-rainage : mécénat, choix des photos, de la pochette et des titres.Enfin, MyGroovyPod diffuse des concerts sur Internet. On notedonc une véritable envie du public de se rapprocher de l’artiste.Oui, il y a une “éducation à la musique” qu’il fallait mettre enplace. Et sur ce terrain, les majors ont échoué, car elles ont marte-lé le public à coup de tubes. Je pense qu’il est donc important d’in-vestir dans les médiathèques.

> sokborey.blogspot.com

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Artistes remerciés par les labels (Eiffel, Alain Chamfort, Lofofora)

ou quittant à l’inverse les majors (Madonna, Radiohead, George

Michael), fusions / acquisitions castratrices (Atmosphériques, V2,

Sony BMG), scène indépendante étouffée, piratage en hausse…

Le disque, physique ou virtuel, est en pleine mutation. Sur Internet,

un contre-pouvoir s’organise. Rencontre avec les principaux acteurs.

DEEZER

Sophie Samama

“Ce n’est

qu’un début”

Ex-BlogMusik, premier sited’écoute de musique à lademande, illimité gratuit etlégal contenant 400 000titres et dont le lancement a été parrainé par Free

pendant l’été 2007 ; la fonction Smartlist propose une playlist aléatoire vers des artistes indépendants.

QUE PENSEZ-VOUS DE L’AVENIR DES ARTISTES ET DES MAISONS DE DISQUES ?Aujourd’hui, nous évoluons dans un marché en pleine mutation etsommes confrontés au problème du piratage. Deezer est uneréponse concrète et efficace au problème, puisque nous sommespassés de 300 000 membres à 1 million, et ce, en un mois. Côtécatalogue, nous devrions passer à 1 million de titres à la fin del’année. La plupart des acteurs du marché commencent donc à“repenser” tout le système d’exploitation. Les derniers accordsque nous avons signés avec la Sacem, la major Sony / BMG et laSPPF (NDR : producteurs indépendants) en sont les parfaitsexemples. Et ce n’est qu’un début puisque le site souhaite rapi-dement et activement faire évoluer son offre en passant d’autresaccords.

> www.deezer.com

JAMENDO

Romain Becker

“Très

prometteur”

Première plateforme demusique libre avec 5000albums internationaux,lancée en 2005 ; possibilité de télécharge-ment, utilisation de

tags (mots clés de recherche) et diffusion sur les sites peer-to-peer : eMule et BitTorrent.

QUE SONT LES LICENCES CREATIVE COMMONS ?C’est une innovation juridique primordiale qui permet des droitsd’auteur adaptés à l’environnement web qui est un excellentmoyen de promotion pour les artistes. Elles permettent auxartistes de diffuser leur musique sur Internet gratuitement etlégalement (sans but commercial), tout en les protégeant.

QUEL EN EST L’AVENIR ?Très prometteur ! Un projet pilote existe en Hollande. On peut êtreinscrit à l’équivalent de la Sacem et déposer ses œuvres enCreative Commons, permettant la copie et le partage en cadreprivé. Cette initiative donne le “la” aux évolutions des législa-tions, qui sont pour l’instant en phase d’observation.

> www.jamendo.com/fr

Crise de l’industrie du disque :

QUELLES SOLUTIONS ?

MUSIQUE 2.0

Borey Sok

“Investir dans les

médiathèques.”

DEEZER

Sophie Samama

“Ce n’est

qu’un début !”

JAMENDO

Romain Becker

“Très

prometteur.”

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THIERRY

CHAZELLE

Artiste indé

“Je prête mes

disques”

Auteur de deux albums popélectro rock, parolierd’Isabelle Boulay avecFrancis Cabrel (Une autrevie), concepteur multimédia,

éditeur musical (Jazzimuth Création), créateur de Sofia Labelavec Lili Cros.

QUE PROPOSEZ-VOUS ? Dans mes concerts, en échange d’une adres-se, je fournis mon dernier album avec une enveloppe qui sera uti-lisée pour m’envoyer un chèque ou me renvoyer le disque selon lesappréciations… C’est un geste basé sur la confiance et qui affirmemon indépendance. Je mène cette expérience depuis plusieursmois et 80% des gens ont envoyé un chèque. J’ai eu un seul retouret quelques personnes qui ont “oublié” de prendre une décision…20% de perte c’est peu finalement quand le système de distribu-tion classique finit par coûter 50% du revenu des disques. L’autreavantage, c’est que le lien entre le public et moi se resserre : laplupart du temps, je reçois un petit mot accompagnant le chèque.Cette idée a aussi séduit quelques journalistes qui ont souhaité enparler : Europe 1, France Inter, Libération, France 3 Aquitaine…

> www.thierrychazelle.com

Eric Aouanès

“Besoin de

soutien”

Association militante d’archi-ve de la musique libre etespace d’information créé en2000 ; réfractaire à la publici-té, mais ouverte aux labelsindépendants.

QUEL EST L’INTÉRÊT DES LICENCES CREATIVE COMMONS ?L’auteur gère ses droits selon les clauses de la licence, dont l’at-tribution ne nécessite aucune démarche spécifique. Dans le casd’une exploitation commerciale, il peut fixer ses éventuels reve-nus, mais aussi refuser tout contrat d’exclusivité ou une utilisa-tion qu’il ne cautionne pas. L’utilisateur a libre accès à cesmusiques et peut contacter les artistes ou les rétribuer.

QUEL EN EST L’AVENIR ?L’accroissement du nombre d’œuvres déposées prouve leur dyna-misme. Elles sont plus adaptées aux bouleversements technolo-giques et aux nouvelles mentalités, et commencent à être recon-nues institutionnellement en France. Ce sont des pistes de déve-loppement culturel adaptées aux circuits indépendants souffrantde la concentration massive du secteur industriel. Mais soyonsréalistes, nos projets sont jeunes et ont besoin de soutien pourcontinuer à exister.

> www.dogmazic.net

LAST.FM

Christian Ward

“S’orienter

sur du

Do it yourself”

Web radio communautaire,créée en 2002 et traduite en12 langues, proposant uneplaylist qui s’adapte auxhabitudes d’écoute de vingt

millions d’utilisateurs, des événements personnalisés auxgoûts musicaux, des vidéos et l’achat de billets.

QUEL EST L’AVENIR DES ARTISTES ET DES LABELS ?L’artiste va progressivement s’orienter sur du “Do It Yourself”. Etil existe déjà de nombreux outils disponibles qui lui permettentde créer, distribuer et promouvoir sa musique sans recourir à lavoie traditionnelle. Nous avons lancé nous-mêmes la campagne“Now for my band” visant à inciter les nouveaux artistes àprendre le chemin de l’indépendance. La promotion et la distri-bution peuvent être gérées par les fans et les utilisateurs deréseaux sociaux, même si les labels vont continuer à jouer un rôlecrucial en fournissant une expertise auprès des musiciens et deleur promotion vers un public plus large.

> www.lastfm.fr

Jeff Caly

“Des acteurs

qui ne seront

plus du métier”

Label éthique communau-taire, création du conceptde la musique équitable en2005 sur la base du com-merce équitable (économie,

éducation, politique) en respectant le partage des marges et en laissant à l’internaute le choix du prix d’achat.

QUEL EST L’AVENIR DES ARTISTES ET DES LABELS ?Nous sommes entrés dans l’ère de la musique fragmentée avecdes “écosystèmes” plus ou moins importants, plus ou moins spé-cialisés, underground, technologiques, légaux ou non. Chaquepersonne va pouvoir choisir ses prescripteurs et leur lieu dedécouverte et d’écoute. C’est la création de son propre universmusical. L’important pour un artiste aujourd’hui, c’est que lui etson équipe (label ou non) devront faire des partenariats intelli-gents avec des acteurs qui ne seront plus forcément du métier :une marque, un réalisateur, un lessivier, une distribution web ouen exclu autour d’un concept, d’un festival, d’un magazine… Ilfaudra faire un choix ou un équilibre entre le plus offrant et sonsystème de valeurs. On en revient au métier d’artisan des années60 (ère post-industrielle) : une diffusion sans frontières et noncontrôlable. Le verrouillage par les industriels est plus difficile etles DRM (gestion numérique des droits) sont caducs. Le rôle deslabels de demain sera donc de personnaliser les moyens en fonc-tion de l’identité des artistes.

> www.reshape-music.com

THIERRY

CHAZELLE

Artiste indé

“Je prête mes

disques…”

LAST.FM

Christian Ward

“S’orienter

sur du

Do It Yourself.”

RESHAPE MUSIC

Jeff Caly

“Des acteurs

qui ne seront

plus du métier.”

DOGMAZIC

Eric Aouanès

“Besoin de

soutien.”

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007 était l’année du Cochon, elle

est devenue l’année Katerine.

Après deux ans de tournée, de

petites salles en gros festivals, Katerine

est aujourd’hui superstar et disque d’or.

Il réussit à être consensuel en restant

abrasif et singulier. Mais, même si tout

le monde peut fredonner “J’adooooore”,

il reste des réticents pour fredonner

“Excuse-moi j’ai encore éjaculé sur

tes cheveux”… Katerine appartient

aujourd’hui à tout le monde : un live en

studio, un DVD qui ne ressemble pas

vraiment à un DVD de concert, un livre à

cerveau ouvert, une relecture de ses

premiers morceaux par un orchestre de

jazz, le projet Imbécile et la supervision

du disque des extraordinaires Vedettes.

Qui est-il ? D’où vient-il ? Et c’est qui

ces majorettes sur la photo ?

Thom

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et

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D’OÙ VIENS-TU MISTER KATERINE ?

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On s’interroge. On lui peinturlure le corps, on le met enscène dans un DVD, Gros Cube reprend ses premiersmorceaux en mode jazz. Ce type est si singulier que

tout le monde a envie de jouer avec lui comme avec une pou-pée Barbie, à commencer par les photographes. Tout ce(ux)qui touche(nt) Philippe Katerine devien(nen)t du Katerine :“Katerine, c’est eux aussi, explique-t-il. Mes amis, font partiede moi, influencent ce que je fais et donc, deviennent moi. Jesuis une éponge, j’absorbe, je digère, je transforme tout, par-fois inconsciemment.” Il le chante même sur le fameuxLouxor : “Prenez-moi / faites de moi n’importe quoi / pendez-moi la tête en bas / comme la dernière fois.” Sa vision estaussi celle des gens avec qui il travaille. Et jouer les AiméJacquet ou les Jim Phelps de Mission Impossible, c’est sondada. Une fois sa team complétée, il n’a plus qu’à s’abandon-ner : “Pour le meilleur et pour le pire. J’aime m’abandonnerdans les bras d’un autre. Mais il faut bien choisir son bour-reau.” Katerine se retrouve ainsi à la tête d’un collectif créatifqui parle en son nom. Dans la tête des gens (dont nous), toutça c’est du Katerine : “Nous avons un esprit commun danslequel j’ai beaucoup puisé.”

Il puise aussi dans l’air du temps. Robots après tout colle inti-mement à l’époque, faisant écho à notre frustration face à lamodernité. Le style est très visuel. Katerine manie le stylocaméra, comme on dit dans les écoles de journalisme. Ilobserve, glane et récolte des saynètes, mais ce n’est pas luiqui invente ces travers, c’est nous ! Lui ne dit pas “trop cool”,“cheesy” ou “bordeline”… Alors, on se reconnaît dans seschansons ; de là naît le succès. Mais comment gérer un succèsaussi énorme ? “Quand je suis déprimé, ça me fait un bien fouque les gens me disent “J’adoooore” dans la rue.” Sacré chan-gement : il y a une dizaine d’année, quand les gens lui chan-taient “Je suis dans la merde et je vous emmerde”, il se disait“gêné”, presque honteux. Aujourd’hui, il assume : “C’est unpeu comme quand on va à la piscine la première fois, on estgêné d’être en maillot, l’eau est froide… La deuxième fois, çava mieux. Et après on aime bien.”

Le disque électro et la tournée toutes guitares dehors sont dif-ficiles, originaux et abrasifs ; et pourtant, le disque est d’or etles salles combles. Une analyse ? “Ce succès s’est construitpetit à petit et beaucoup par la scène. Mais il y a une phraseque je déteste dans le milieu que je fréquente c’est : “Les gens

Badin, parfois (boni)menteur,

Katerine manie les pirouettes

ironiques avec une aisance gracieuse.

Aussi fascinant que ses chansons, il

nous offre un regard acéré sur la vie

et peut fendre l’armure au détour

d’une phrase… Il est fort ce Katerine

et c’est pour ça qu’on l’aime.

Le dandy allie l’irrévérence au je-m’en-foutisme sur fond d’une image-rie résolument contemporaine. Héritierbâtard et hybride du Pop Art, cePygmalion a su s’imposer en maniantle contre-pied, toujours à contre-cou-rant. Pourtant, un seul thème récurrentet méconnu subsiste : son angoisseobsessionnelle.

“La répétition ne m’attire pas énormé-ment. Quand je vais prendre un café,je ne vais jamais dans le même bar,pour la musique c’est un peu pareil.”Né le 8 décembre 1968 à Chantonnay,

en Vendée, dans une famille catholiquetraditionnelle, Philippe Blanchard ad’abord pratiqué le basket à hautniveau. La musique ? Il la composeseul dans sa chambre sur un magnéto-phone 4 pistes, malgré des expériencesde groupe. C’est sous la pression desamis qu’il publie Les mariages chinoisen 91, mêlant à la transgressionparoles morbides ou burlesques, poé-sie pléthorique et collages audio. Maistraumatisé par sa voix, Philippedélègue le chant à sa sœur Bruno et sacompagne, Anne, sur L’éducationanglaise en 94. Premier émoi de l’in-telligentsia auquel il n’appartientpas… et de ses amis nantais :Dominique A, Françoiz Breut, The LittleRabbits.

Mes mauvaises fréquentations franchitun cap en 96 avec l’emploi de musi-ciens extérieurs, un retour au chant etune tournée presque thérapeutique.Katerine s’offre ensuite une pauseavec les Sœurs Winchester, chanteusesanglo-japonaises, permettant d’oublierses peurs infantiles. Mais son insatis-faction resurgit et pour tromper lemalaise, il édite Les créatures (avec LesRecyclers) et L’homme à trois mains en99. Rattrapé par le succès de son titreJe vous emmerde, Philippe joue mal-gré lui le jeu de la promotion.

Chacun vient alors solliciter son cabaretonirique et nihiliste : Anna Karina (Unehistoire d’amour), Héléna Noguerra,sa nouvelle compagne (Azul) ouKahimi Karie. En 2002 arrive 8èmeCiel et Katerine s’émancipe de PhilippeBlanchard. Il s’essaie aussi cinéma. Pasétonnant qu’en 2005, il confie sanscrainte la musique de Robots aprèstout aux producteurs Gonzales etRenaud Letang. Le live qui suit prendalors un contre-pied salvateur et multi-plie les approches rock avec les LittleRabbits (Secte Machine) ou fantasques(Les Vedettes). Enfin libre, Katerine semoque de tout et ne respecte rien. Pasmême ce qu’il est : une névrose uni-verselle de la paranoïa, des artifices etde l’inconscient collectif.

Samuel Degasne

Patr

ick

Auffr

et

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ne vont pas comprendre”. C’est atroce, jene veux pas niveler par le bas. Les genscomprennent tout. Comme vous, commemoi. On comprend tout, mais pas de lamême façon. Les idées de ce disque sontdevenues plus compréhensibles et plusabouties grâce à la production deGonzales et Renaud Letang.”

Ce travail de collaboration-abandon a étéune révélation. Cette tournée est deve-nue, au fur et à mesure, du grand n’im-porte quoi que “les gens” se sont appro-priés. C’est bordélique, empirique, maiscohérent. Bref, c’est du Katerine. Il s’entire par une pirouette : “Les costumes,c’est purement pratique. Quand tuchantes en civil, tes fringues sentent lasueur et sont immettables. Alors j’ai testéd’autres choses : des paillettes, de lapeinture sur corps, une tenue de footbal-leur américain ou des robes. Et puis,

quand on tourne avec des amis, on sesent invincibles, on est en confiance.”Toute la troupe prend goût aux délires.Les ex-Little Rabbits (alias “la sectehumaine”) n’y sont pas étrangers. C’estd’ailleurs Gaëtan Châtaigner, le bassistedu groupe, qui a laissé traîner ses camé-ras partout, sur scène, en coulisse et quia mélangé tout ça à des saynètes surréa-listes pour créer le DVD Borderlive. Lerésultat ? Un road movie musical un peufoutraque, à la fois film et bonus enmême temps. Encore du Katerine : “Je meretrouve bien dans ce DVD, commeGaëtan se retrouve chez moi. C’estlogique. Etre intégré dans un groupegénère plus d’excitation. On est plusfort.” Lors de cette tournée rock extrava-gante, une furie sonique a tout emportésur son passage et a aussi changé lechanteur. De ces restes d’incendie, la

troupe a voulu garder une trace : un CDlive s’imposait à côté du DVD. Ce seraRobots après tout joué dans les condi-tions du live… mais réenregistré en stu-dio ! “Je n’aime pas les disques live, engénéral. L’idée était de retourner Robotscomme un gant. L’humain prenait sarevanche. On enlève les uniformes et onjoue sur un tempo qui n’est pas celuid’une machine, mais celui d’un êtrehumain.” On enlève les uniformes et onchange les perruques ! La démarche estexactement la même pour la sortie deDoublez votre mémoire, aux éditionsDenoël. L’obsédé textuel et capillaire aacheté un livre vierge et l’a rempli pen-dant sa tournée. C’est un peu le cahierde texte d’une écolière… enfin, dans ladémarche. “J’ai fait ce livre comme unjournal, avec des collages. C’est un par-cours mental, lié à mon histoire, je

voyais que j’étais en train de me méta-morphoser. Il y a des rêves, des halluci-nations, des récits d’enfance, de tour-née…” Comme dans un film de DavidLynch : on est dans un labyrinthe, maistout est relié. Et la fin ? “Un luxe inouï…la fin était décidée d’avance : il n’y avaitplus de pages !” Heureusement pournous, le “grand livre” de Katerine comp-te encore beaucoup de chapitres. Et lasuite de ses aventures risque d’êtreencore radicalement différente de ceque l’on connaît. C’est cela, la Superstarattitude !

Eric NahonCD : “Studio Live” - Barclay

Le Gros Cube Vs Katerine“Le Pax” - Anticraft

DVD : “Borderlive” - Barclay

Livre : “Doublez votre mémoire”Editions Denoël

Pier

re W

etze

l

“Je ne veuxpas nivelerpar le bas.

Les gens comprennent

tout.”

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Des majorettes ? Ca nous évoque le bâton, les bottes à lacets, lespaillettes et quelques fantaisies kitsch. Sauf que ces majorettes-làsont Belges et qu’elles chantent l’amour du gang bang ou la mort de

leur papa (et ça ne leur fait pas vraiment de peine). Entre rêves de petites fillesà paillettes et fantasmes de pervers pépère, Les Vedettes ont choisi leur camp.Celui du délire surréaliste. Cette joyeuse troupe réunit huit copines comé-diennes, danseuses, plasticiennes, stylistes qui se sont acoquinées pour créerun spectacle de rue. Katerine et sa Secte Humaine les ont kidnappées pour faireles zouaves sur scène. Séduit, le K propose de leur écrire un disque et de le pro-duire ! Le premier fruit de cette collaboration se nomme Vive papa ! (plus connusous le nom de Papa est mort), un des ovni de la présélection française pourl’Eurovision 2007. L’album en préparation sera du même (bon) tonneau. Al’écoute les maquettes, on tape déjà du pied, en pensant à un mix de Gotainer,Lio (période Banana split), des Parisiennes (Il fait trop beau pour travailler,L’argent ne fait pas le bonheur) et Plastic Bertrand ! De la pop très acide donc,jouée vite, avec des paroles délirantes et trashy. Graveleuses, mais jamais vul-gaires, et avec cet ineffable aspect majorette : quand elles chantent à l’unisson,elles sont irrésistibles. Les meneuses de revue, Jill (la blonde platine) et Agathe

(la brune pas platine), ont accepté faire unepause durant l’enregistrement pour s’expli-quer devant une vodka glace. Interview d’unvrai groupe d’artistes avec quelques boutsde Katerine dedans…

LES VEDETTES, C’EST QUOI ?LES VEDETTES : Nous avons rassemblé unedizaine d’artistes bruxelloises pour lesmettre dans la rue, en majorette. Au départ,c’était un happening qui durait 10 minutes.Nous avons poussé le truc en nous amusantà le théâtraliser. On tient aujourd’hui 40minutes avec nos personnages burlesques.Puis nous avons gagné un concours pourfaire la première partie de Katerine àBruxelles. On a monté une chorégraphie. Enplus, nous avions déjà travaillé avec les LittleRabbits…KATERINE : Eric, le batteur de la SecteHumaine, m’avait parlé de leur spectacle.Nous les avons rencontrées en allant jouer àBruxelles. Elles ont participé au final et je lesai trouvées divines. C’est un groupe qui nousressemble avec des personnalités très mar-quées. Et elles sont toutes en uniformes, çam’excite énormément !

DES MAJORETTES, POURQUOI ?LV : C’est un rêve de petite fille. NosMadonna à nous. Et pourtant, personne dansle groupe ne l’a été quand nous étionsenfants. Une majorette, c’est une princesse àpaillettes. Et puis, si on peut faire plaisir auxpetits vieux libidineux, on est contentes !

UN TON SOMME TOUTE PARTICULIER…K : Elles sont comme ça dans la vie :piquantes, trash, parfois sans limites. Maisaussi avec des petites fêlures. Il m’a suffi deles fréquenter pour que les chansons vien-nent toutes seules. Les Vedettes n’engen-drent pas la mélancolie, mais il y a aussiquelques ressorts un peu rouillés, un fond detristesse. Ce que je cherchais pour elles,c’était la puissance d’un groupe en dosantl’acide et le doux. C’est directement inspiréde ce qu’elles sont, du groupe qu’elles for-ment… et des uniformes. Ca me rend fou, sur-tout lorsqu’elles chantent à l’unisson.Comme elles ne chantent pas depuis long-temps, ça nous offre une émotion nouvelle ;je leur donne juste un peu de matière, etaprès, c’est leur histoire, pas la mienne. Elles

“Avec Philippe,c’est une vraiecollaboration,mais nous nesommes passa création !”

Thom

as B

éhur

et

Elles sont plus ou moins majorettes, mais

bel et bien chanteuses. Ecrit et composé par

Katerine, le disque des Vedettes n’est pas

un disque des Claudettes. Ici on parle d’un

spectacle totalement pop-punk et qui

fonctionnera sans l’ombre du Maître.

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ont une telle force de création, qu’elles n’ont pas besoin degrand monde. Elles peuvent déplacer des montagnes !LV : Philippe nous a toujours dit que les chansons nous appar-tenaient et que l’on pouvait tout réécrire si on le voulait. On aadapté des choses à notre univers. On n’est pas des filles quiont été trouvées dans la rue, comme les Spice Girls. AvecPhilippe, c’est une vraie collaboration, mais nous ne sommespas sa création. Il s’est vraiment adapté à notre univers. Lesparoles qu’il nous a écrites ressemblent à ce que peuvent diredes femmes de notre âge, qui ont la trentaine et des enfants.Quand nous les avons écoutées, nous avons éclaté de rire :c’est comme s’il avait entendu nos discussions dans notrecamion ! Il s’est vraiment mis à notre place. Les choses sontbien dîtes, c’est du trash élégant. On assume totalement !

LE TRASH, C’EST POLITIQUE ?LV : On ne fait pas ça comme des oies blanches avec des rêvesde gloire. Si c’est du féminisme, c’est non réfléchi. Maisaujourd’hui, monter sur scène, à l’âge que nous avons, pourchanter des histoires de fesses, oui, ça tranche avec le dis-cours ambiant… L’image de la femme est tellement stéréoty-pée. Au départ, on pensait que ça n’allait pas plaire aux filles,mais a priori ça les branche. Nous sommes le plus sincèrespossible. C’est notre projet et nous nous y retrouvons tout àfait. Dans chaque chanson, il y a des choses à la fois aciduléeset cyniques. Ce sont des choses sincères auxquelles lesfemmes pensent. Il n’y a pas de tabou et on aborde parfois nosdoutes ou ce qui se passe quand une amitié féminine dérape.L’une de nos idées fortes, c’est qu’une femme ne doit pas selaisser diriger. On joue avec des stéréotypes sexy, mais nousne sommes pas des femmes objets.

EN SPECTACLE, ÇA DONNE QUOI ?LV : C’est un vrai défilé de fausses majorettes ! Ca commencenormalement, mais il y a plein d’accidents qui nous emmènentailleurs. Voilà le point de départ du spectacle. On ne va pasexister uniquement grâce à cela, on a d’autres costumes voussavez… Mais on aime bien chanter en majorettes !Musicalement, ça sera rock électro et joué vite : ça c’est sûr !

Eric NahonAlbum en mars 2008 - Cinq7 / Wagram

www.vedettesplusoumoinsmajorettes.be

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PAS VU ÀLA TV #2En proposant trois CD au prix d’un seul, soit 50

groupes pour moins de 20 euros, Mike souhaite donner

au plus grand nombre l’opportunité de découvrir

cette scène française audacieuse, éclectique et

définitivement talentueuse : “Ces groupes existent par

le disque et par la scène. Et cette culture vivante et

créative est une richesse à défendre. Mais les grands

médias n’ont visiblement ni le temps ni la place pour

la présenter à tous…” Partenaire de la compile,

Longueur d’Ondes prend le contre-pied : que pensent

les artistes des médias et de l’avenir du disque ?

Second volet pour Pas vu à la TV, lacompilation initiée par Mike d’Incade Sinsemilia, qui souhaite ainsi

défendre et présenter les nouveaux talentsqui témoignent de la bonne santé de la scènemusicale en France, remplissent les salles,vendent des disques et continuent malgrétout à être ignorés des médias TV qui neprennent plus le risque de refléter cetteimmense diversité de talents pour privilégierles sempiternels artistes de prime time…

Pour Syrano, “il y a une ligne bien distincteentre la télévision et le concert. C’est lemonde du divertissement et celui de la créa-tion. Les uns font du spectacle, du show, don-nent aux gens ce qu’ils veulent pour passerun bon moment le samedi soir… Les autresexplorent, proposent et bousculent un publiccertainement déjà plus ouvert. La mortannoncée du disque aura deux consé-quences : l’obligation pour les artistes des’adapter au média ultime qu’est Internet, oubien, cela aura l’effet d’une sélection naturel-le où le quantitatif devra trouver son salutdans le qualitatif.” Armens pense que “latélé va évoluer grâce à la TNT où l’offre sediversifie un peu… Cependant, pour “séduire”les médias nous n’avons que le choix d’ache-ter de la pub ou monter un partenariat.” PourSpline et la Mauvaise Herbe, “la télé a aban-donné son rôle de découvreur de talents pourdevenir exclusivement un média de promo-tion extrêmement coûteux réservé auxgrosses maisons de disques qui peuvent se lepermettre. Au contraire, Internet, et à uneautre échelle les radios associatives, repré-sentent actuellement les uniques moyens depromotion médiatique pour des artistes à larecherche d’une voie alternative de dévelop-pement. Cette compilation réalise, avec suc-cès, la jonction entre ces deux mondes etprouve à l’industrie du disque qu’il existe unpublic important toujours prêt à acheter des

disques dans un esprit de soutien ou dedécouverte.” Chair Chant Corps confirme :“Ne confondons pas : l’industrie du disqueest en danger, pas forcément celle de lamusique. Un nouveau modèle économique,viable pour les artistes, reste à trouver, maisle disque subsistera sûrement sous uneforme où une autre, car l’intérêt pour l’objetreste vivace chez une partie du public.”

Rémi pour Siméo, précise : “Les mass media,pas seulement la TV, ne donnent une visibili-té qu’à une certaine frange d’artistes et ainsine permettent pas de rendre le grand publicplus curieux et plus cultivé, ce qui le pousse-rait à être plus acteur dans son approche dela musique et à s’intéresser à des créationsmoins formatées. En même temps, le sens dela scène indépendante est d’acquérir au fil dutemps, à force d’expérience et de travail, lalégitimité qui les propulsera sur le devant dela scène, c’est donc aux artistes de faire ensorte que leurs créations les rendent incon-tournables.” Redbong, auto-défini “groupeélectro-hip-hop qui se lève tard”, pensequ’inciter le public à “aller voir des concerts,des spectacles vivants, reste à l’heure actuel-le la meilleure façon de découvrir desartistes. Cependant, notre label FactoRecords a réussi à mettre en place avecwww.cd1d.com, une micro-économie avecdes profits à échelle humaine, fédérant denombreux labels indépendants.” Selon MesAnjes Noires, “la consommation musicaleatteint des degrés de stupidité tels qu’il estdifficile d’avoir un avis objectif sur la ques-tion. Quand on voit l’argent qui circule dansla musique et qui n’est pas toujours néces-saire, on se dit qu’effectivement, la microéconomie est l’avenir des petits groupes.”“Intéressant, sauf qu’un artiste n’est pas unlabel, temporise Bruno de Néômme (Amélie-les-Crayons, Poncet…). Un label est capital.On peut supprimer des intermédiaires, mais

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“Pas vu à la TV #2” - Exclaim / Echo Productions

Avec : Aldebert, Amédée Colère, Amélie-les-Crayons, Armens, Babx,Boogie Balagan, Chair Chant Corps, Claire Lise, Coup d’Marron, DavidLafore 5 Têtes, Demians, Deportivo, Didier Super, Domb, Emzel’Café,

Florent Vintrigner, Gojira, Imbert Imbert, Improvisators Dub, Jack theRipper, Jules, Karpatt, La Caravane Passe, Le Petit Dernier, Les Doigts de

l’Homme, Loïc Lantoine, Maxxo, Medi and the Medicine Show, Mell, Mes Anjes Noires, Miro, Mo’Kalamity, MyPollux, Nadj, No Mad ?, Oldelaf etMonsieur D., Orange Blossom, Rageous Gratoons, Redbong, Rémingway,

Rodolphe Testut, Rude Boy System, Semtazone, Siméo, Spline et laMauvaise Herbe, Swing Gadjé, Syrano, Tasmaniac, Zenzile, Zong.

www.echoprod.fr - www.pasvualatele.net

pas tous. Sinon, on risquerait d’instaurer unpaysage d’artistes businessmen qui ferme-rait la porte à la diversité.” Amélie-les-Crayons justement, insiste sur le live : “C’estle spectacle vivant qui fait la balance. Si lesconcerts deviennent une habitude et sontaccessibles à tous, c’est par là que “le grandpublic” peut trouver autre chose qu’il n’a pasdans sa télévision ou dans sa radio : levivant ! Pas de concurrence possible… Alorsguider les gens “mal informés” vers lesconcerts et le spectacle, me semble être laseule solution !” Ce que confirme Domb :“C’est par la scène que nous nous sommesfaits. Les deux catégories de personnes quiréagissent vraiment bien à notre musiquesont les programmateurs et le public !”Dépités, ils ajoutent : “Pourtant, malgré nos350 dates et les spectateurs qui vont avec,nous n’avons presque jamais intéressé lesmédias, ni les professionnels…” Rémingwaysurenchérit : “Séduire les médias, pour unartiste indépendant ou autoproduit, n’est paschose facile, vu l’écart énorme entre l’offre etla demande. Il faudrait que les médias (sur-tout les radios) jouent le jeu de la nouveauté,de la découverte…” Tasmaniac penchedavantage pour la responsabilisation :“A nous, individuellement, de nous inscriredans des démarches alternatives, commeaider à distribuer un fanzine, soutenir uneradio de chez soi, tenir une émission… C’estsimple et ça peut véhiculer beaucoup dechoses, toucher du monde. On peut se mon-trer, on n’a pas besoin de TF1 ou de NRJ !”Miro, lui, pense qu’il faudrait “permettre àdes radios libres d’exister sur des grandesfréquences, laisser de vrais programmateurspasser la musique qu’ils aiment… Il n’existepas, en France, de grande radio qui permetteà des gens d’exprimer leurs goûts musicaux.Forcément, elles sont partenaires de grandsgroupes / majors, ce n’est pas dans leur inté-rêt que les gens suivent les vrais goûts musi-caux des programmateurs…”

Jules : “Pour découvrir d’autres artistes queceux que la TV propose, il faut aller les cher-cher ! Et on ne sait pas forcément où, ni com-ment. Personne n’est contre la pluralité et ladiversité, c’est juste une question derecherche. Et chiner n’est pas très tendanceen ces temps du prêt-à-porter / prêt-à-jeter.Tout le monde aimerait goûter des platsinconnus, exotiques ou aventureux, mais à lafin on se retrouve à la pizzeria du coin, car ce

n’est pas loin, c’est pratique, on sait où c’estet on sait à quoi s’attendre…” La CaravanePasse, “le groupe le plus célèbre de tout levillage de Plèchti”, pense que “pour guiderles gens vers des artistes non marquetés, onpeut toujours rêver ! Il ne faut pas confondrela Muzika avec ce qui passe sur les radiospour le grand public, qui veut juste ne pasêtre seul. Il y a un grand business autour deça. C’est pas des radios, c’est des pubs avecplein de fréquences qui font mal à la tête !”Amédée Colère est encore plus radical :“Aujourd’hui on peut considérer que la télévi-sion est morte, elle anime encore peut-être lanostalgie des plus âgés, mais elle n’apporterien aux artistes émergents. Les consomma-teurs de musiques actuelles font leur marchésur le Net, légalement ou pas.” Mell ironise :“Moi, j’ai pas la télé… mais j’imagine que l’ony entend beaucoup de musique… pendant lespubs !”

Nadj, dont la devise est “Jouir, chanter, vibrerà l’infini”, donne un avis tout à fait personnelet pertinent : “L’information n’a jamais étéaussi disponible qu’aujourd’hui, mais sousl’apparence du choix délibéré, les médiasverrouillent l’esprit des consommateurs enamoindrissant leur capacité à choisir. Onanesthésie leurs sensations, leur sens cri-tique ; leurs pensées, même les plus contes-tataires, sont du pré-mâché. La rébellion sevend bien, et surtout, permet aux gens de secroire dans une expérience de vie plusauthentique. Je ne crois qu’au chemin d’éveilintérieur, par soi-même et par volontéfarouche. La confusion rock’n’roll a étésemée, mais je crois en même temps quecette époque est fantastique car, en cestemps de perte de repères, la seule personnevers laquelle nous tourner pour trouver desréponses, c’est nous-même. Il n’y a pas à gui-der les gens, il y a juste à s’éveiller indivi-duellement. Le reste, c’est l’univers qui s’encharge…”

Photos : D.R., R. Gil, R. Lugassy, A. Dodeler, N. Messyasz.

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UN K COMME KEBEC

Sorte de terre promise, la France pour le chanteur ou legroupe québécois ? Après les voix québécoises fabri-quées pour la variété, des personnalités plus singu-

lières, à l’image d’une scène montréalaise effervescente, veu-lent aussi laisser une trace outremer. Et qui s’en plaindra ?Réunis dans les locaux de la maison de disques La Tribu,Dumas, Les Cowboys Fringants et Marie-Annick Lépineconnaissent chacun à leur façon prix et reconnaissance dansla belle province.

Ceux que l’on surnomme affectueusement Les Cowboys ontoccasionné un véritable séisme au Québec, vendant plus de220 000 albums, remplissant arénas et multipliant les spec-tacles. Une aventure incroyable pour un groupe connu pourses chansons folk country qui jouent sur les archétypes qué-bécois, du motel de banlieue au drapeau bleu à fleurs de lys.Marie-Annick Lépine, également violoniste du groupe, débuteparallèlement une carrière solo avec un premier disque sortien France, comme au Québec, le printemps dernier : Au boutdu rang. Dumas a quant à lui conquit plus de 50 000 fans avecson deuxième opus Le cours des jours. Sa dernière galette,Fixer le temps, assoit un style personnel, à la fois intime, rocket fragile. Le chanteur Karl Tremblay, le bassiste JérômeDupras des Cowboys Fringants, Marie-Annick Lépine et Dumasconfient leur expérience hexagonale, un périple excitant, pluscomplexe que les simples jeux d’apparence.

SI LE SUCCÈS VOUS SOURIT AU QUÉBEC, COMMENT RÉAGIT LA FRANCE ?MARIE-ANNICK LÉPINE : Je reviens tout juste de France où j’ai réa-lisé quatre spectacles. Avec Les Cowboys Fringants, on estrendu à 45 000 albums vendus. A notre dernière tournée, onremplissait des salles de plus 1200 personnes. Il nous reste àdécider maintenant si on veut s’y rendre plus souvent.JÉRÔME DUPRAS : Ca a été le même processus, là-bas comme ici.On n’est pas à la télévision, on joue très peu à la radio. Dansle fond, on se fait connaître par le bouche-à-oreille. On y estallé pour la première fois en 2003, à l’Elysée Montmartre. Lasalle était pleine de gens qui connaissaient par cœur nosparoles alors que notre disque n’était même pas distribué. MAL : On a réalisé que c’était principalement à cause desFrançais qui venaient en voyage chez nous et qui se faisaientrecommander nos disques parce que ça représentait bien leQuébec. Les médias français, eux, ne comprennent pas le suc-

Depuis Félix Leclerc, en passant

par les opéras rock à la Plamondon,

les Québécois ont cherché

confirmation en France. Mais cette

fois, une nouvelle génération de

musiciens voyage avec un style

racé, une langue épicée. Est-ce

toujours la même chanson?

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UN K COMME KEBEC

cès des Cowboys, ils ne savent donc pas comment nousappuyer, puisque tout s’est fait sans eux.JD : C’est aussi grâce à l’Internet. Un site comme “Les cousinsfringants” (www.cousinsfringants.asso.fr), des fans quiaiment la musique québécoise, nous a donné un coup de main.DUMAS : Même pour moi, quand je vais en France, “Les cousinsfringants” sont une quarantaine dans la salle. Mon premiercontact avec la France s’est réalisé grâce à des premières par-ties pour les Cowboys avec qui j’ai tourné pendant un mois.Fixer le temps vient de sortir cet automne alors je me préparepour les concerts.

LE PUBLIC FRANÇAIS RÉAGIT-IL COMME LE PUBLIC QUÉBÉCOIS ?D : Je ne sais si c’est en raison de tout l’historique de la Franceavec la chanson, mais on ressent un respect plus profond dutexte. Le public semble en général plus attentif.MAL : Même chose pour les Cowboys, on arrive à placer deschansons beaucoup plus calmes qui ne fonctionnent pas auQuébec. On est beaucoup plus agité en Amérique du Nord. Onveut que ça brasse tout le temps. KARL TREMBLAY : C’est certain qu’en France, personne ne com-prend mes blagues. Mais ils se renseignent auprès d’amisquébécois.

JUSTEMENT, EST-CE QUE LA LANGUE, ET MÊME L’ACCENT, PEUT DEVENIR

UNE BARRIÈRE EN FRANCE ?MAL : J’ai plutôt l’impression que c’est un atout actuellement.Les gens sont intrigués par notre accent, mais aussi par les

racines de la musique des Cowboys. On a un côté très folklo-rique, les gens ont donc l’impression de découvrir une autreculture.

EST-CE QUE L’ON CHANGE ALORS SA FAÇON DE FAIRE, DE SE PRÉSENTER ?MAL : En solo, en France, je m’attarde un peu plus à expliquermes textes. Par exemple, une “Pontiac Grand Prix”, une voitu-re américaine, ne suscite pas une image forte en France. C’estdonc important d’expliquer la source de l’inspiration.D : Je joue avec le déroulement de mes chansons puisque lessuccès ne sont pas toujours les mêmes. Par exemple, unechanson comme J’erre qui a eu un impact au Québec, je ne laplace pas à la fin d’un spectacle en France. Elle n’est pas assezrythmée. Je mets donc l’emphase sur des chansons plus mélo-diques, comme Tu m’aimes ou tu mens, la chanson du film Lesaimants. On a aussi revu la jaquette de Fixer le temps qui res-semblait à l’origine à une pochette de… Johnny Hallyday !

EST-CE QUE LES COUPS DE MAIN ENTRE ARTISTES QUÉBÉCOIS ET FRANÇAIS

EXISTENT ?JD : C’est du cas par cas. Avant, nous étions avec une compa-gnie de disques, Indica, qui croyait énormément aux échangesde ce genre. Pourtant, ça a rarement été le cas.MAL : On achète beaucoup de disques français. Alors quanddes gars comme Bénabar ou Thomas Fersen arrivent auQuébec, on va voir le spectacle comme des fans. Mais on n’apas de dialogue avec eux.D : J’ai eu des rapports charmants avec La Grande Sophie aveclaquelle j’ai échangé des premières parties, tout comme avecCalogero. Il faut que l’artiste français soit déterminé à venir auQuébec et ce n’est pas toujours le cas puisque le marché estpetit. Ca reste quelque chose d’exotique pour eux.JD : Alors que pour le Québécois, on cherche souvent uneconfirmation de son succès en France, une validation commece fut le cas avec Félix Leclerc, et même, Céline Dion. MAL : Mais nous, on n’a jamais senti ça comme un passageobligé. On avait plus le goût de montrer aux Français l’exis-tence d’une scène musicale québécoise diversifiée, pleined’énergie.

Sarah LévesqueLes Cowboys Fringants : DVD Live - www.cowboysfringants.com

M-A. Lépine : “Au bout du rang” - www.marieannicklepine.comDumas : “Fixer le temps” - www.dumasmusique.com

(Exclaim en France / La Tribu au Québec)

LES COWBOYS FRINGANTS,DUMAS & MARIE-ANNICK LÉPINE

LA TENTATION HEXAGONALE

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PLANETEAALLPPHHAAWWEEZZEENN““FFrreeeezzee””(Undercover / Naïve)Voyage intérieur dans des terres d’électro éthéré quise prélasse volontiers dans une pop doucereuse auxsynthés magnétiques, Alphawezen pousse encore plus

loin la confusion desgenres et cède auxassauts des rythmesclub. Sans perdre devue la chaudemélancolie propre àl’univers en apparen-ce aseptisé du grou-pe, Freeze s’égare

dans des rêves hypnotiques et planants où le sombren’est jamais loin. Plus pessimiste que les précédents ,le troisième opus de ce duo allemand offre quelquesperles de noirceur, à l’image de Gun song et de sondiscret violoncelle. Les quatorze morceaux s’enchaî-nent et s’unissent dans un ensemble riche où la voixd’Asu Yalcindag surgit au détour de plages instrumen-tales pour se noyer dans les samples d’Ernst Wawra.Une nouvelle preuve qu’Alphawezen reste digne repré-sentant d’une musique électronique distinguée.www.alphawezen.com Yann Guillou

TTHHEE DDUUSSTT DDIIVVEE““CCllaawwss ooff lliigghhtt””(Own Records / Differ-Ant)Nouvelle curiosité soutenue par le label luxembour-geois Own Records, ce trio de Brooklyn débarque avecun disque étonnant, réalisé en collaboration avec

Jason Loewensteinde Sebadoh.Dispersant desindices déroutants, ilconvoque une sortede folk psychédé-lique et expérimen-tal pour peindre unpaysage rustique et

désertique. La radio, le chant du coq, l’orgue, le vio-lon, l’accordéon, la guitare servent de matière à tra-vailler des thèmes narratifs qui s’étalent lentement,délicatement. Il y a un côté un peu mystique et non-chalant, et une certaine mélancolie se diffuse finale-ment à travers la voix de Bryan Zimmerman. Les sonsagencés sur des nappes d’ambiance dégagent uneesthétique cinématographique à ce Claws of light.myspace.com/thedustdiveBéatrice Corceiro

FFIILLKKOOEE ““LLoosstt zzoooo kkeeyyss aanndd tthheeaanniimmaall ssppiirriittss tthhaatt hhaauunntt tthheemm””(Endemik Music / Hausmusik)Le hip hop sait sortir des voies toutes tracées.Conscient des mécaniques néfastes misent en route,Filkoe tel un chamane visite les esprits des animaux

avec son flow bienenjoué, entouréd’instrumentationsvagabondant d’ununivers à l’autre, ducinématique au lo-fimidi et acoustique.On prend du plaisirtout au long des 19

titres, comme à bord d’un train fantôme sympathiqueoù rien ne nous effraie, se sachant en présenced’étranges créatures qui nous sont familières. Unalbum qui résonne comme un grand bal loufoque etludique, qui dans le monde du hip hop aujourd’hui, estune prise de risque, malgrè le débroussaillage réalisépar les Puppetmastaz. Mention spéciale pour Occleoccle in come free usant avec habileté du Moanin’ deCharles Mingus. www.myspace.com/filkoe176François Justamente

JJEENNSS LLEEKKMMAANN““NNiigghhtt ffaallllss oovveerr KKoorrtteeddaallaa””(Secretly Canadian / Differ-Ant)Le deuxième album du Suédois fait évoluer ses pré-mices baroques vers une pop aux arrangementsluxueux. L’artiste précoce évoque Pulp, Neil Hannon

(The DivineComedy) ou ScottWalker. Et les cordestirent ici vers l’in-temporel. Entredisco, clochettes,production lo-fi ouorchestration élan-cée, Jens Lekman

s’éclectise. Une palette de couleurs optimistes aux his-toires simples, mais jamais condescendantes. L’albums’étale, s’étire, prend le temps de vivre ou de respirercomme au réveil d’une sieste amoureuse. Une douceurqui colle au teint de cette voix de crooner omniscientet élégant. Un beat hip hop ou un racolage “à laLambada” plus tard, revoici l’enfant de Göteborg enprise avec des samples introuvables (voire même deses propres chansons). Une bande originale 70’s entreregrets nostalgiques et bonheur zen. La vie, tout sim-plement. www.jenslekman.com Samuel Degasne

PPRROOMMIISSEE AANNDD TTHHEE MMOONNSSTTEERR““TTrraannssppaarreenntt kknniivveess””(Imperial / Differ-Ant)Imaginez : perdu au milieu d’une forêt suédoise, vousapercevez une fée jouant à cache-cache avec les fan-tômes. Vous lui courez après et finissez votre course

au pied d’un lacmagnifique entouréde montagnesenneigées. Eh bien,écouter cet albumvous procurera lesmêmes émotions.En charge de prati-quement toutes les

instrumentations (guitares acoustiques, violons…), lachanteuse Billie Lindhal qui se cache derrière ce nométrange dessine un folk mystérieux et épuré. On selaisse envelopper par ses arpèges cristallins, sa voixenfantine, son orchestration lancinante. La formulepop au grand air des fjords n’est pas inédite, mais ellefonctionne ici à merveille : on caresse les secrets deBillie sans vouloir complètement les découvrir, commeon ne touche pas aux ailes d’un papillon pour le lais-ser voler. myspace.com/promiseandthemonsterAena Léo

PPSSYYCCHHIICC TTVV // PPTTVV33““HHeellll iiss iinnvviissiibbllee,, HHeeaavveenn iisshheerr//ee”” (Cargo / Differ-Ant)Depuis 1981, Genesis P-Orridge, chanteur aux grosseins, défraye la chronique tant par ses prises de posi-tion que par son comportement outrancier. Sa musique

est à l’avenant, etle techno-dub-indus-triel de cet opus fré-nétique une invita-tion à la déca-danse.La pandrogénie, phi-losophie prônant ledépassement dessexes, voire l’uni-

sexe, est glorifiée en dix titres à rallonge. Une ported’entrée technoïde (Higher and higher) donne les clésde cet univers fantasmé dont la pochette annoncesans équivoque le concept. Freaks de tous pays, lessonorités fantomatiques de In thee body ou deHookah chalice sont faites pour vous attirer dans undrôle de pays des merveilles électro-pop et post-punk.Seul regret, Lady Jane, la compagne claviériste dugourou trash, est décédée cet été. La tournée attenduea donc été annulée. Juste un report, espérons-le.www.genesisp-orridge.com Patrick Auffret

EELL HHIIJJOO““LLaass oottrraass vviiddaass””(Acuerela / Tremolow)Les noms de Migala et d’Abel Hernandez ne vousdiront probablement rien. Ce n’est pas très grave,juste rageant. A la fin des années 90, les Espagnols

de Migala avaientporté très haut lescouleurs de l’ameri-cana “à l’espagno-le” : un (post) rockrugueux aux douxaccents folk. Le frèrejumeau de Calexicoou Will Oldham.

Oui, c’était une tuerie, un p… de beau groupe. Indé,confidentiel donc voué à devenir culte (si trois taréss’en souviennent…). Aujourd’hui, Abel Hernandez,son chanteur à la voix chaudement rauque nous grati-fie d’un disque inespéré. Les textes, en espagnol, pui-sent dans l’imagerie médiévale. Côté musique, c’estdu folk acoustique délicatement rehaussé de clavierspsychés. Les sentiments clairs-obscurs exhalés par cesbelles mélodies ne peuvent qu’émouvoir (même si onne comprend rien à la langue de Cervantès).www.tremolow.com Eric Nahon

FFIIGGUURRIINNEESS““WWhheenn tthhee ddeeeerr wwoorree bblluuee””(Morning Side / La Baleine)Dans Childhood verse, des chœurs planent haut, Theair we breathe flotte littéralement dans l’air et le soleilsemble veiller à procurer la chaleur nécessaire aux

morceaux de ce nou-vel album. La bandedanoise peint allè-grement une pop enplein épanouisse-ment, le genre dechansons floris-santes à la MercuryRev, où la voix s’ex-

prime avec enthousiasme. Comme la pochettel’illustre, l’ambiance rayonnante s’étend à la rondedans des compositions en tiroirs bien organisés. Unecascade de mélodies alertes et des harmonies per-chées s’inscrivent dans une succession de titres élé-gants. L’ambiance limpide est contrebalancée pard’heureuses incursions plus tendues (Drunkard’sdream), des passages aux rythmes hachés, à lamanière de la tension et la folie qui peuvent émanerde The Shins ou Cold War Kids. www.figurines.dkBéatrice Corceiro

PPIICCAASSTTRROO““WWhhoorree lluucckk””(Polyvinyl / La Baleine)Cordes grinçantes et cuivres poussiéreux pour unemusique sombre et minimaliste, tenue par un chantfantomatique à la limite de la plainte. Folk maudit,

dépouillé et oppres-sant, glissant vers lepost-rock pour pen-cher vers le slowco-re, le monde dePicastro est froid etsec. Inquiétant etécrasant à la pre-mière écoute,

Whore luck s’apprivoise peu à peu et laisse entrevoirla lumière qui émaille ses compositions, comme leslueurs d’un espoir trompeur. Ce troisième album, dansla droite lignée de ses prédécesseurs, se mue en expé-rience déroutante avec pour seul guide la voix toujoursaussi fascinante de Liz Hysen. De dissonances en mur-mures étouffés, les dix pistes invitent à se laisseremporter par une sensibilité presque palpable mêlée àune férocité rampante et voilée qui captivent l’audi-teur. Dérangeant et poignant. www.picastro.netYann Guillou

PPOOWWEERRSSOOLLOO““EEgggg””(Lolipop Records / Pias)Question power trio, ces trois-là en imposent. Danoisd’origine, ils puisent leur inspiration du côté du rocktrad et crad, façon Jon Spencer. Et si l’entame de ce

disque se fait dansla retenue, c’estpour mieux faireexploser les gui-tares. Un détourne-ment du I wanna bea dog d’Iggy Popaffole la machineavec de jouissives

rythmiques électro-punk. Un tube pour dance-floor enpuissance, tout comme Action, cet autre titre vraimentbien dansant. Plasma crystal dope brouille les pistesen mettant en avant des accents de fusion et desdoubles voix. A partir de l’endiablé Rockin’, l’albumest plus conformiste. La voix sexy Kim Kix s’imposedans des élans rockabilly. Un titre en français, Dans lesrues d’ici, affirme la tendance jusqu’au romantiqueGentle on the nards, belle complainte torturée, plusparlée que chantée. www.powersolo.dkPatrick Auffret

SSOOIILL && ““PPIIMMPP”” SSEESSSSIIOONNSS““PPiimmppooiinntt””(Brownswood / Coop Music)Après plus de deux ans d’attente fébrile, voici enfin ledeuxième album du combo hard-bop tokyoïte. A l’ima-ge de leurs voisins du Tokyo Ska Paradise Orchestra,

le Japon abrite cer-tains des groupesles plus furieux denotre ère. L’énergiepunk est très vivacedans cette sociétérigoureuse et conta-mine tous les stylesmusicaux. Bien

qu’ils aient levé le pied depuis le premier opus, leurjazz frénétique évolue toujours à des tempi trèsrapides. Il emprunte au funk et au rock, lorgnant ainsivers la sueur du dancefloor. Mais ne nous y tromponspas, c’est souvent le cas pour ce style musical qui doittout à la magie de l’instantané, aussi jubilatoire quesoit le disque, l’énergie restituée ici n’arrive pas à lacheville des prestations scéniques du groupe, qui res-tent parmi les plus mémorables des dernières années.www.jvcmusic.co.jp/soilpimpRafael Aragon

YYOOUU AANNDD MMEE““TThhee rroommaannttiicc aanndd tthhee rreeaalliisstt””(Autoproduit / Local)Inspiré par le regretté Elliott Smith, le groupe folk-popanglophone parcourt depuis 2003 les hauts lieux de larelève musicale montréalaise pour offrir de petites

pièces mélodiquesqu’on garde aucreux de la main.Un talent pourdépeindre le quoti-dien et créer desimages fortes semanifeste à traversleurs airs acous-

tiques qui trottent dans la tête. L’harmonie des voix deSandra J. et de Shawn Donnelly (le couple qui consti-tue le noyau de You and Me) est omniprésente etappuyée par Danny Roy (basse) et Edmund Lam (gui-tare). Après un mini CD, il s’agit d’un premier albumréussi qui témoigne de la beauté de la simplicité.Epuré, accrocheur et un brin naïf. A découvrir : le pla-nant Head noise pollution, aussi sur la compilationQuébec émergent 2007 (Sopref), et la douceur inti-miste de March. www.theyouandmeband.comMarie-Hélène Mello

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PLANETE

George Best a 20 ans. The Wedding Present rejoue son premieralbum sur scène en cette fin d’année 2007, poussé par la fer-veur des fans. Ce groupe n’a jamais explosé aux yeux du

grand public, mais sa réputation s’est forgée dans le circuit indé. Il faitbel et bien partie de la scène britannique symptomatique d’uneépoque particulière : alors que les Smiths démissionnent, le song-writting pop se joue sur fond de guitares noise. Aujourd’hui, son lea-der David Gedge, petit sourire en coin, évoque la nostalgie qui l’enva-hit à l’idée de cet anniversaire. Ironiquement, s’il ne peut choisir unalbum préféré dans sa discographie, il avoue tout de même : “GeorgeBest est celui que j’aime le moins ! Dans le sens où après ce disque,nous nous sommes améliorés. On a appris de nos erreurs…” A Leedsen 1985, les quatre membres d’origine autoproduisent le premiersingle Go out and get’em boy. John Peel, parmi les premiers fans, lesinvite dans son émission de radio dès 86, et l’engouement pour cegroupe indépendant se répand. George Best paraît en 87 et consacresa première tournée conséquente. David Gedge se remémore lesconcerts en Europe et dans des salles plutôt grandes, surtout enGrande-Bretagne, car sa musique “était dans l’air du temps”. Sous lenom de la star du football anglais, l’album renferme des pop songs àguitares noisy. Rejouer ces chansons aujourd’hui ? Le chanteur souritau challenge que cela représente (“C’est surtout qu’elles sont trèsrapides !”), lui qui s’est toujours tourné vers l’avant, travaillant des

compositions de plus en plus sophistiquées (en parti-culier avec son projet Cinerama, à partir de 1997, etdans le renouveau de Wedding Present en 2005 avecl’album Take fountain). Et on n’a pas de mal à croirequ’il est difficile de se replonger dans sa peau vingtans plus tôt. N’empêche, les fans des Weddoes sonttenaces et à jamais marqués par les histoires d’amoursous forme de conversations cyniques et drôles quitravaillent l’esprit de Gedge à temps plein : “On a com-mencé cette tournée en Grande-Bretagne, devant devieux fans. Et puis, il y a cette fille qui est venue medire qu’elle était ravie de nous voir jouer George Best,car elle n’était pas née quand l’album est sorti. Je mesuis senti un peu vieux, mais après tout c’est pas mal :c’est une partie de l’histoire qu’elle n’avait pas connue!” Sur scène en 2007, le chanteur-guitariste commu-nique toujours avec simplicité et arbore son flegmeindécrottable. Il taquine son public (“Non, nous ne fai-sons pas de rappel, vous le savez bien !”) et parvientsurtout à interpréter ses vieux morceaux avec fougueet vitesse, comme au premier jour. A l’attention desfans qui ont usé les enregistrements cassettes que legroupe vendait lui-même après les spectacles del’époque, deux concerts de 87 sont désormais gravéssur un double album distribué par des labels indépen-dants dans diverses zones géographiques. Il marqueun souvenir et non une fin, car Gedge compte enregis-trer un nouveau disque dès janvier à Chicago, avecSteve Albini. Ce qui laisse au moins facilement suppo-ser que les guitares seront au premier plan…

Béatrice Corceiro“Live 1987” - Talitres / Differ-Ant

www.scopitones.co.uk

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POUR LE MEILLEUR

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C’est l’événement des professionnels du spectacle et acteurs culturels.Musique, théâtre, danse, arts de la rue, cirque… les BIS ont pour ambi-tion de permettre à tous ceux qui s’impliquent dans le monde culturel de

se rencontrer, de développer leurs réseaux professionnels, d’initier des pro-jets et de trouver des solutions utiles à leurs activités. Et c’est devenu laplus importante manifestation internationale des professionnels des arts dela scène. Elle s’adresse à tous les acteurs de la vie culturelle internationale,des artistes, bien sûr, aux lieux de diffusion de spectacles et collectivitésterritoriales, en passant par les producteurs, agents artistiques, tourneurs etautres organismes professionnels et institutions culturelles. Des représenta-tions dans les lieux culturels de référence à Nantes seront proposées le mer-credi soir aux participants des BIS, avec une programmation exigeante et enphase avec les tendances de la création artistique française. Mais le plusimportant, ce sont les grands débats quotidiens. Consacrés à l’actualité et àl’avenir du spectacle vivant, cetteannée ils tourneront autour de cesthèmes : “Démocratisation cultu-relle : les mythes, les réalités”, “La diffusion peut-elle sauver laproduction ?” “Politiques cultu-relles : évolutions, nouveauxmodèles ? “Éducation artistique :construire une véritable politique.”Tout un programme !

Le Réseau 92, association crééeen 1994, fédère 16 structuresdes Hauts-de-Seine dédiées

aux musiques actuelles. L’objectifest de développer les pratiques demusiques actuelles du départe-ment. Ses missions concernentl’information, la formation, la miseen réseau des acteurs de ce sec-teur, l’accompagnement d’artistes,et… Träce, qui est un dispositif derepérage, de professionnalisationet de promotion de musiciens qui accompagne chaque année sept groupesautoproduits. Destiné aux groupes et musiciens indépendants du départe-ment, Träce met en synergie les éléments nécessaires au développement deleurs projets. Les sept groupes bénéficient, au cours d’une année, d’une for-mation sur l’environnement professionnel et artistique (suivi en répétition,préparation à l’enregistrement et à la scène), d’une aide au développement deleur projet et d’une distribution de leurs disques dans les médiathèques dudépartement. La finalité est un festival, véritable aboutissement du travaild’accompagnement des groupes de la sélection annuelle. Les groupes sontprogrammés en première partie de têtes d’affiche, qui, elles, sont program-mées en fonction des influences et styles musicaux des groupes de lasélection. Les groupes sélectionnés pour participer à l’édition 2008 dufestival sont Ghost Orchid, Mamasaid, Ronysaï Bertivox, Joke et Bazarsonik,et les têtes d’affiche Maximum Kouette, Rike, Parabellum, Elzef, Meï Teï Shôet Misanthrope.

Biennales Internationales du SpectacleLes 16 et 17 janvier 2008 - Nantes (44)www.bis2008.com

www.reseau92.com - 01 47 36 78 23Du 25 janvier au 15 février 2008 - Hauts-de-Seine (92)

Festival Träce38

FESTIVALS

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FESTIVALS

Désin’VoltLES 26 OCTOBRE ET 8 NOVEMBRE 2007 - PARIS (75)

Les studios SMOM (10 rue Boyer, 20e) sont à l’origine de l’événement. Ils se donnent pour missionde soutenir et de faire découvrir des groupes parisiens émergents (sélectionnés par leurs soins) augrand public et aux professionnels. Cette deuxième édition a lieu à la Bellevilloise, également rueBoyer. La première soirée s’articule autour d’un débat ouvert à tous, rassemblant des intervenantsissus du monde de la musique. On échange intelligemment sur la problématique : “Le développe-ment et la diffusion d’artistes / Paris : place française incontournable ou ville vitrine inaccessible ?”On écoute ensuite la chanson colorée de JB Manis. La pop élégante de Thibaud ouvre la secondesoirée à la Halle aux Oliviers. Puis on descend au Club pour les concerts de Pilot (rock 80’s percus-sif), Milestone (rock 90’s harmonique) et Eldia (cabaret rock éclectique). On finit avec Flox, artisteanglais chevronné, et son “reggae-flow” électro. myspace.com/smomdesinvolt Elsa Songis

Pilot ThibaudE. S

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Milestone

Waga Hip HopDU 8 AU 20 OCTOBRE 2007 - OUAGADOUGOU (BURKINA-FASO)

Le Waga Hip Hop est dédié aux cultures urbaines. Cette année il s’est étendu de la capitale duBurkina-Faso, Ouagadougou où le siège de l’organisation est implanté, vers les différentes provincesdu pays : Pö, Koudougou, Ouahigouya et Bobo Dioulasso. Riche en diversités d’artistes du milieuhip hop, cet évènement d’ampleur internationale doit sa réussite à la forte implication des artistesburkinabés et à l’association Umané Culture assurant d’une main de fer une logistique infaillible. Larichesse des spectacles, des programmes, conférences et formations hisse assurément le Waga HipHop au premier rang africain des festivals du genre. www.wagahiphop.com

Faso Komba Smokey & DJ AwadiD.R

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M pour MontréalLES 15 ET 16 OCTOBRE 2007 - CABARET ET STUDIO “JUSTE POUR RIRE”, MONTRÉAL (QUÉBEC, CANADA)

Nous étions sceptiques quant à l’attraction de cet événement qui se déployait sur deux jours, mais lepublic, disons l’industrie, s’est déplacé pour voir les espoirs les plus prometteurs de Montréal : durock lourd à la Priestess, aux joyeux orchestraux Torngat en passant par la bande pop-rock polis-sonne des Hot Springs, et les électro-magiques We Are Wolves, gagnant d’un prix Galaxie. On avaitmême invité pour l’occasion des journalistes étrangers, en plus de quelques programmeurs de festi-vals internationaux. Mais ce qui manquait cruellement, c’est une ambiance, comme des véritablesfans surexcités, au lieu d’une petite foule distante, bavarde et pointilleuse. Une question s’impose :pourquoi ne pas jumeler les efforts de M pour Montréal au sein d’un festival déjà existant commePop Montréal ? Une histoire à suivre… www.mpourmontreal.com Sarah Lévesque

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Coup de Coeur FrancophoneDU 1ER AU 11 NOVEMBRE 2007 - MONTRÉAL (QUÉBEC, CANADA)

L’événement s’étend sur six fuseaux horaires, de St-Jean (Terre-Neuve) à Vancouver. Mais c’est àMontréal que bat le cœur du Coup de Cœur… L’édition 2007 a été marquée par les femmes. Marie-Jo Thério d’abord, brindille blonde ébouriffée aux yeux allumés de galaxies qui n’existent pas, téles-copant le Consort Contemporain de Québec pour une rencontre émotionnelle. Puis la lumineuseChloé Sainte-Marie qui vide son cœur sur scène dans un spectacle profond et fort. Et l’éléganteGeneviève Letarte, “écrivaine”, poétesse et chanteuse de grande classe qui se balade du jazz-rock àla chanson intemporelle qu’elle nomme “poèmes rythmés”. Aussi la frêle Emilie Proulx qui, de sonacoustic-folk-ambient marche sur les traces de Suzanne Vega. Puis Moriarty, chant en anglais, beatfolkisant, accents des pays de l’Est mâtinés de country. Enfin Watcha Clan et son groove électro quifait décoller la salle. Explorations musicales et le charisme de la chanteuse qui vous happe littérale-ment ; l’une des grosses claques du festival ! www.coupdecoeur.qc.ca Serge Beyer

Geneviève LetarteM. P

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Le Husky

Airs du Nouveau-BrunswickDU 18 AU 20 OCTOBRE 2007 - LA CONDITION PUBLIQUE, ROUBAIX (59)

En 1902 à Roubaix, l’entrepôt “La Condition Publique” stockait la laine afin de la conditionner avantde pouvoir l’utiliser. En 2007, c’est un gigantesque lieu culturel de 8000 m2 ! Outre une prog pointueà l’année, en collaboration avec Musique Nouveau Brunswick, le lieu se paye une tranche demusique acadienne à l’entrée de l’hiver. Pour l’occasion, la rue principale se transforme en cabane àsucre, caribou et ours compris ! Et chaque soir “ça swingue au pays d’la Sagouine” comme l’écriraitAntonine Maillet ! Ryan LeBlanc propose des morceaux sans chant mais emballants, Christian KitGoguen, à la voix éraillée, fait du folk mélancolique, Fayo chante en Chiac, ce vieux français acadienqui se frotte a l’anglais omniprésent pour accoucher d’une langue délicieusement bâtarde, RolandGauvin reste sans rival pour faire “lever le party”. JP Leblanc est un prodige du blues, Hot Toddy untrio de blues mélodique, et Les Païens jazzent-rockent de façon débridée. Trois jours d’immersionqui donnent envie d’aller manger une “chaudrée de poissons” dans les rues de Moncton ! www.laconditionpublique.com Serge Beyer

Christian Kit Goguen Ryan LeBlancS. B

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Il y a des festivals dans des villes, d’autres dans des champs, d’autres encore sur des îles ou enbord de plages, mais jamais encore nous n’avions été conviés sur un bateau (en marche) pour allerfestoyer ! C’est donc à Stockholm que nous avons atterri, quelques heures avant de monter à bordd’un ferry en direction de Turku, pour vivre cet événement hors du commun : une “croisière-express” de 24h totalement déjantée, rythmée par le roulis des vagues mais aussi, et surtout, par lescadences sauvages du rock garage et du punk. Cuir, clous, jeans, slim, tatoos, piercings, pin up,etc., c’est une foule très “lookée”, qui embarque, et une fois ses paquetages jetés dans les cabines,commence à s’éparpiller à travers les étages. Le magasin “duty free” est immédiatement pris d’as-saut par les festivaliers venus faire leurs (larges) provisions éthyliques pour la nuit… C’est au biennommé Dancing Palace, sorte de mini-dancefloor façon “Love Boat” à la déco kistchissime, qu’ontlieu les concerts. Les Patsy Walkers d’Helsinki sont les premières à se jeter à l’eau (façon de parler),suivies par Baby Shakes, de jeunes et sexy New Yorkaises dont les compos rock / power pop man-quent un peu de piment. Pendant que certains immortalisent cette soirée directement sous leur peauau salon des tatoueurs, d’autres s’aèrent sur le pont, respirant à plein nez l’air de la Baltique avant dereplonger dans le ventre du bateau pour retrouver UK Subs, The Flaming Sideburns, The Datsunset Henry Fiat’s Open Sore - les “rois du punk à 13 couronnes” -, tous plus explosifs les uns que lesautres (à part Datsuns, peut-être…). La nuit se laisse envahir par les démons du rock, et se dérouleainsi jusqu’au petit matin. Quelques minutes de sommeil plus tard, ça redémarre avec Randy,touche-à-tout du punk, qui “décapitent” une partie du public dès leurs premiers riffs. Toniques lesSuédois, mais pas autant que leurs compatriotes de The (International) Noise Conspiracy qui clo-sent le festival en apothéose, devant un public en adoration. Sans hésiter : le meilleur set de la tra-versée ! 24h chrono après notre départ, nous revoilà déjà à quai, la tête pleine de souvenirsrock’n’roll… Une deuxième édition est déjà en cours de préparation pour 2008, sur un bateau, dit-on, deux fois plus gros… Mycket bra ! www.rocknrollbaten.se Cédric Manusset

Baby Shakes

Courants d’AirDU 10 AU 13 OCTOBRE 2007 - SATIN DOLL, BORDEAUX (33)

La quatrième édition bénéficiait cette année du parrainage de Clarika. En préambule, la défection desSinges Savants permit à Bastien Lucas d’occuper seul la scène durant deux bonnes heures qu’ilremplit de son répertoire alternant humour et émotion. Le lendemain, le festif était de mise, avec aumenu la chanson insolente de sensualité de Coco Guimbaud, suivie de l’humour caustique d’Oldelaf& Monsieur D. La soirée de vendredi débuta par la prestation du Bordelais Olivier Gallis. Ses chan-sons, superbement troussées, en ont séduit plus d’un. Jérémie Kisling, en solo, lui succéda. Sonrépertoire dépouillé s’offrit d’une manière inédite et la qualité de son écriture éclata au grand jour.Clarika, en trio, a clôturé le festival avec un show énergique à la hauteur des espérances, par contreon regrettera qu’une fois celui-ci terminé l’artiste se soit refermée comme une huître, devenant pourle coup totalement inabordable. Dommage pour les organisateurs, qui se sont une fois de plus sur-passés afin de mettre sur pied un festival attractif. www.bordeaux-chanson.org Alain Birmann

Oldelaf & Monsieur D. Coco GuimbaudD.R

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Clarika

RocknrollbåtenLES 20 ET 21 SEPTEMBRE 2007 - STOCKHOLM (SUÈDE) / TURKU (FINLANDE)

The (Int.) Noise Conspiracy

P. W

etze

l

Emilie Proulx

Torngat Priestess We Are Wolves

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BRUITAGECCEECCIILLIIAA::::EEYYEESS ““MMoouunnttaaiinn ttooppss aarree ssoommeettiimmeesscclloosseerr ttoo tthhee mmoooonn”” (dEPOT 214)

AA..PP..PP..AA..RR..TT..““DDiiggiittaall wweesstteerrnn””(Deontologie)

A.P.P.A.R.T est un illustrateur dont le sens de la déco-ration est particulier. Digital western n’est pas unevraie-fausse bande-son de plus : il y a toujours beau-coup de poussière dans un western et A.P.P.A.R.T.dépoussière justement le genre - il n’y a pasqu’Ennio Morricone dans la vie -, mais pour le resaliraussitôt. Il sait entretenir la curiosité de l’auditeur ;chaque titre ou presque contient sa touche d’insolite :“dirty harmonica” versus synthébass, ou quand laguimbarde rencontre le big beat. Ces pièces rappor-tées sonores évoquent parfois l’art et la manière duPeuple de l’Herbe ou de Kid Loco, avec cependantplus d’allers-retours entre le rock et l’électro (guitares“ambiance désert” obligent…). Beaucoup de voixsont également présentes, oscillant entre soul et pop(un peu trop soul peut-être). En bref, des objets inté-ressants et hétéroclites, tel l’intérieur d’une carriolede colporteur, 150 ans après la conquête de l’Ouest.myspace.com/appartdigitalwesternBenoit G. Gerbet

Superbe premier album de la part de cette formationbelge dont le EP Echoes from the attic, sorti fin 2005,avait laissé de bonnes espérances. Les voici exhaus-sées en neuf longues plages au cours desquelles legroupe, obsédé par le souci esthétique, prend letemps de peaufiner des ambiances vaporeuses afinde créer une sorte d’apesanteur à la Kubrick, magni-fiquement lente et troublante, qui perturbe la respi-ration et les perceptions. Les guitares, enrichies enreverb, sont la clé de voûte de ces nébuleuses post-rock instrumentales, durant lesquelles chaque mou-vement est progressivement décomposé, étiré, puisenluminé, à la manière de Mogwai ou Explosions inthe Sky. Une approche qui nécessite de grandsespaces de jeu et de la minutie dans la préparation,choses que le quatuor sait si bien pratiquer que l’onest tenté de n’en dire que du bien… Ah, que neferait-on pas, de nos jours, pour les (beaux) yeux deCecilia ? www.ceciliaeyes.be (cliquez au centre…)Cédric Manusset

EELLEEPPHHAANNTT LLEEAAFF““EEmmoottiioonnaall ppoowweerr””(Tutuguri / Cod&S)

CCOOUURRIIRR LLEESS RRUUEESS““DDee ll’’aauuttrree ccôôttéé ll’’hheerrbbee eessttvveerrttee”” (Anticraft)

Ce quatuor de Cergy-Pontoise a emprunté son nom àun recueil de poèmes de Queneau. A l’instar de l’écri-vain, ils jouent avec les mots avec l’aisance demaîtres jongleurs, comme sur 6 belles, où ils s’amu-sent avec les sonorités en “elle”, tenant le défi toutle long du titre. Leurs balades empruntent aumanouche et au swing musette. On pense aux Ogresde Barback, mais le groupe a su sculpter un son bienà lui, plus intimiste, avec par exemple l’interventionsur un même titre (Intro java), de violons lyriques,d’accordéon java et d’une contrebasse jazzy. Sur unevalse de guitare, trombone, trompette et caisse clai-re, ils chantent tour à tour en duo ou en chœur. Ils ycausent de leurs amours bien sûr, plutôt éméchés parla routine, mais aussi de thèmes plus engagés : lessans-le-sou, les maux qui bouffent la planète (la listeest longue), la solitude… Le tout, avec humour etfantaisie : on est d’abord là pour danser ! www.cou-rirlesrues.comAena Léo

Derrière ce pseudo à la signification improbable secachent les protagonistes du duo Vicious Circle,auteur en 1990 d’un unique disque, remarqué inter-nationalement. Exilés en Belgique où ils participent àdivers projets et y fondent leur propre label, LucieDelhi et Stephan Ink reviennent avec un nouveauprojet apaisé, aux confins du post-rock et du trip-hop. Les caresses des arpèges de guitare et la lan-gueur de la voix féminine nous plongent dans unspleen cotonneux proche de la dépression post-coïta-le, dont on sort à de rares occasions, quand la ryth-mique se fait plus présente et appuyée. L’album estconstruit comme un long rêve éveillé et diurne, lesyeux mi-clos floutant les contours et tamisant lalumière. Depuis l’artwork, magnifique, jusqu’aumixage, tout a été soigné de main de maître par lesartistes, permettant une imprégnation optimale danscet univers onirique et hanté. Une brillante réussite.myspace.com/elephantleafRafael Aragon

CCHHOOZZPPAARREEÏÏ““LL’’aauuttrree bboouutt dduu ssooiirr””(Autoproduit)

MMAARRIIEE CCHHEERRRRIIEERR““AAlloorrss qquuooii ??””(Caroline Prod / L’Autre Distrib.)

En concert, elle monte pieds nus sur scène, pourmieux danser autour de ses musiciens. Difficile de nepas tomber sous le charme de cette fausse ingénuequi signe, à 23 ans, son deuxième album. Moinsinsouciant que le premier, elle y évoque l’amour, seschagrins et le goût amer que laisse parfois le monde,avec pourtant une joie de vivre jamais forcée. Elleaffiche une maîtrise de la langue impressionnante,dévoilant une poésie qui mêle sans heurt vocabulairedésuet et contemporain. Ca s’écoute comme des his-toires au coin du feu, on se laisse bercer par sa voixà la Vanessa Paradis. Marie passe parfois derrièrel’accordéon, colorant ses morceaux d’un accentmusette-manouche. L’intervention de guitares élec-triques, basse, banjo et percus lui évite de s’enfermerdans le genre. On craque pour sa chanson hommageà Renaud, où elle ne se prive pas de lui envoyerquelques coups, mais avec tendresse. Il fallait oser.www.mariecherrier.comAena Léo

Ces gars-là sont des batteurs de pavés, c’est leurpochette qui le dit : on y voit leurs instruments posésà la va-vite dans une rue mal éclairée. De leurspérégrinations de villes en villes, ils ont ramené destranches de vie douces ou dures, mises en motscomme des bonbons entourés d’un joli papier rose.On craque, par exemple, sur Les albatros qui, pourparler des galères des banlieues, prend la métaphoredes oiseaux qui ne peuvent plus voler. Le groupe estné en 2001, lorsque les six amis, alors étudiants àMontpellier, ont commencé à jouer ensemble. Sur cetroisième album, ils déploient une belle palette d’ins-truments : batterie, percus, guitare, sax, basse, clari-nette, ukulélé, scie musicale, accordéon… Tous lesingrédients d’un disque de chanson néo-réaliste. Maisles compères s’éloignent du genre un peu trop rebat-tu en électrisant leurs instruments et en osant desrythmes beaucoup plus rock. www.chozparei.comAena Léo

DDAANNIIEELL FFEERRNNAANNDDEEZZ““SSeelloonn””(Son de Peau / Rue Stendhal)

FFAAMMIILLHHAA AARRTTUUSS““OOrrbb””(Collectif ça-i / L’Autre Distribution)

La question de l’identité n’est jamais légère, surtoutdans une France hyper centralisée qui ignore mêmesa diversité interne (sans parler des populationsimmigrées). Le double sens de l’adjectif “radical”n’est donc pas un hasard. L’expression d’une cultureminoritaire ne peut être modérée, et son rapport ausang est étroit, comme le rappelaient les Brésiliensde Sepultura. Dans un tout autre registre, le premierlong du collectif gascon vibre d’une intensité trou-blante, réinterprétant un folklore local oublié, avecune puissance et une modernité insolente. Entre élec-tro-acoustique, prog-rock, thèmes et instruments tra-ditionnels, la musique est un pont tendu entre passéet avenir, où le verbe gascon déploie sa charmantephonétique (traductions sur le site). Voilà de la vraiemusique populaire française, celle qui s’ouvre à l’ex-térieur sans s’édulcorer, celle que l’on aimeraitinébranlable, et pourtant si fragile.familha.artus.free.frRafael Aragon

Ce musicien s’exile régulièrement à Tanger pour tra-vailler avec des musiciens arabo-andalous. Ajouter àcela ses origines espagnoles et son enfance dans unecitée métissée, et vous obtenez un second album enforme d’invitation au voyage et de pont entre lescultures. Fernandez réussit à insuffler toute l’agilitéguitaristique et la puissance émotive des chantsgitans à ses titres. Les chants, il les emprunte égale-ment à l’Afrique (en wolof, dialecte sénégalais), à lapampa sud-américaine, sans oublier la France. Et lesinstruments suivent : guitares, percus, tama, cajon etaccordéon se lancent la balle dans un tourbillon detango, flamenco, bossa… Sa voix chaude et vibran-te empreinte d’une mélancolie douce y évoque lesorigines, la douleur des déracinés, la caresse dusoleil. On se sent quelque part entre une médinabruyante, une plage andalouse et Paris. Et on n’aplus vraiment envie de rentrer… (En concert àL'Européen le 18 février). www.danielfernandez.frAena Léo

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BRUITAGEDDJJ CCOOSSHHMMAARR““CCoonnccrreettee oorr aabbssttrraacctt””(Compos.it)

CCLLAAUUDDIIUUSS && IIOOKKAANNAAAANN““BBeeaauuxx ttrroouubblleess // PPeeaauu ccoouurraannttee //VVeeaauuxx ppoottaabblleess”” (Autoproduction)

Etonnant objet ! Ce duo nous propose un triptyquede maxis, déclinant chacun une formule d’accompa-gnement différente. La voix de Claudius étantconfrontée tour à tour au piano seul, à un orchestreacoustique et à des programmations électroniques,pour quatre courtes fables par disque. Vaste panora-ma musical pour des textes singuliers, à la foisludiques et recherchés, contant souvent le désamouret les difficultés à cohabiter. Sur scène, leur universdonne lieu à un véritable cabaret, à mi-chemin entreprestation théâtrale et happening comico-musical,une scénographie omniprésente servant de liant auxaspirations éparses du duo, via le thème de l’eau,auquel les titres renvoient implicitement. Un groupevéritablement inclassable qui convainc par la qualitéde ses textes et son exigence mélodique, surtoutdans son versant acoustique. Leur beau et originalsite web n’étant qu’une raison supplémentaire de lesdécouvrir : www.chimeriens.com.Rafael Aragon

Cet énième DJ ne vous dit peut-être rien, pourtantc’est un personnage omniprésent de la scène hip hopfrançaise, multidisciplinaire, comme le prône le mou-vement : homme de radio, graffeur et donc pousse-disque, comme on dit dans le jargon. S’il n’a rien derévolutionnaire, son électro hip hop est d’excellentefacture, dynamique et coloré à souhait. Un brin mini-maliste, ses instrumentaux sont parcourus de scratchen pagaille et de traditionnels samples vocaux. Maisson talent de beatmaker atteint son zénith lorsqu’ilcroise la route des MC’s invités : L2OP et Webbafieden tête. Les ambiances sont assez diverses, du pla-nant au dansant sans oublier les instants plus agres-sifs où les guitares montrent les dents. Si sa musiqueest généreuse, l’homme l’est aussi, tous les samplesétant isolés dans la version vinyle, au grand bonheurdes cratediggers. Les CD-philes ne sont pas en reste,avec un mix bonus de 35 minutes.myspace.com/djcoshmarRafael Aragon

HHOOTT DDOOGG AADDDDIICCTT““PPhhoottooggrraapphhiicc lliigghhttss””(Autoproduit)

VVIINNCCEENN GGRROOSSSS““DDeemmii--ddeeuuiill””(Autoproduit)

Un son lourd, oppressant, des textes forts etsombres, chargés émotionnellement, plus scandésque chantés : voici ce que nous propose cet auteuratypique, multi instrumentiste, basé à Besançon. Parailleurs travailleur agricole itinérant - c’est-à-dire “sai-sonnier” -, Vincen Gross trouve l’inspiration sur lesroutes de France et d’ailleurs, ainsi que “dans lecalme des champs et du grand air”. Ce premieralbum, réalisé dans l’urgence, dans le souci “deconclure un cycle, d’expulser au plus vite, de trouverle sens à un désarroi” (c’est présent et palpable danschacun des 12 titres), mérite toute notre attention.On est littéralement bouleversé par John Merrick, quidonne la parole à l’homme éléphant, égrenant sessouffrances et ses regrets, ou Vénissieux 76, quinarre avec froideur et justesse l’enfer des violencesfamiliales, jusqu’à un point de non-retour. De la noir-ceur, de la colère, mais aussi de l’espoir.myspace.com/vincengrossElsa Songis

Les influences new wave tirent vite vers l’électropour livrer une alchimie sonore tendance et réussie.Le trio parisien repousse les limites du genre enmâtinant ses accents punks d’une bonne dose d’élec-tronique. Sur ces dix titres inspirés, et un morceaucaché, la voix profonde et saccadée, voire épilep-tique, du chanteur Alain Pannetrat se montreconvaincante. Il y a aussi les beat répétitifs d’unesection rythmique sans batterie, mais soutenue parles abondants effets d’un clavier omniprésent sur les-quels se greffent des guitares bien triturées. Martinigirl impose, à grand coups de structuration/ déstruc-turation, une ambiance déglinguée qui ne lâche rien.La répétition des boucles sonores s’avère ensuite par-fois “gavante”, mais certaines ruptures et l’apportd’une voix féminine donnent un nouvel élan, commesur Tonight et sa rengaine aux accents de Blur. Undisque sautillant pour réconcilier rock et dancefloor.www.hotdogaddict.comPatrick Auffret

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BRUITAGE

KKIINNGG KKOONNGG WWAASS AA CCAATT““KKiinngg KKoonngg wwaass aa ccaatt””(Unique Records / La Baleine)

AANNAAÏÏSS KKAAËËLL““CChhaannssoonnss ccooqquueelliiccoott--ttrraasshh””(Autoproduit)

Sorte de Jeanne Cherral qui aurait lâché le “politiclycorrect”, ou de Sanson punky, cette amoureuse dupiano ne mâche pas ses mots : “C’est la chorale dessans couilles, des minets qui ne se mouillent pas, etmoi je me demande si c’est dans votre caleçon queça bande.” “Viens te faire lécher tes blessures infec-tées de remords et d’amers regrets, de rancœur etde lâcheté. Viens, prends-moi comme tu me haies oum’aimeras…” Les mâles en prennent ici largementpour leur grade ! “Mais mon vagin, ça tu l’aimesbien.” “Polie, jolie, obéis au lit ! Rappelle-toi que tuas le choix d’aller pisser sur l’autel de l’autorité.”Mais quelques accalmies pointent ici ou là (“Arrache-moi à mon bunker, même si dehors je risque mavie.” “Ma sombre bouée s’est crevée et je sombre.”),révélant des fêlures bienvenues. Avec sa voix hautperchée, ses mélodies ciselées et son petit air mutin,Anaïs ébouriffe la chanson française d’un souffle trashy, et ça fait du bien ! www.anaiskael.comSerge Beyer

En écoutant Dou you mind, proche des ritournellesd’EZ3kiel, on se dit qu’on est tombé sur une bonneadresse. Et si le reste de l’album se démarque nette-ment du combo tourangeau, il reste pour points com-muns l’imagination et la jubilation communicative.Cette électro, tout à la fois débridée et abstract, rallieainsi les suffrages des cérébraux et des instinctifs.Les aficionados de Reflex et de Boom Bip, parexemple, seront comblés. Les textures sonores làencore ne cèdent pas à la facilité : étoffées, elleshabillent pleinement la trame mélodique. King KongWas a Cat, en bon félin, bondit d’un territoire musi-cal à un autre tout au long de ce disque.Multidisciplinaire, cette quête artistique se poursuitsur le net, avec un site cartoonesque. Pas évident des’y retrouver, mais on s’y perd agréablement.www.kingkongwasacat.comVincent Michaud

MMAALLOODDJJ’’““KKiiéékkii””(Autoproduit)

MMAADDII““CCaarreeffuullllyy””(Autoproduit)

Une voix singulière, haute et chaude comme lamusique noire, quelques accents à la Tracy Chapmanet pourtant, Madi est français. Il manie parfaitementla langue de Shakespeare pour parler d’amour,d’amitié, mais aussi de ses doutes. Il s’accompagned’une guitare sèche discrète et élégante et de percus-sions éloquentes pour mettre en valeur ce grain devoix si particulier. Les chansons sont limpides et cou-lent paisiblement, une belle douceur s’en dégagecomme sur Story of a friend. Un peu plus “plugged”,le morceau You are mine revient aux sources du folkaméricain tutoyant des influences country avec seschœurs puissants. Un bel album qui distille de jolismoments tout en retenues et langueurs. Seulementvoilà, l’album n’est pas distribué à ce jour. Dommagecar Madi est un artiste à côté duquel les labels nedevraient pas passer. L’appel est lancé ! Quelquestitres en écoute sur : myspace.com/madifik.Isabelle Leclercq

Ca fait chaud au cœur et au corps, ça sent le chacha, les percus des îles et le soleil des tropiques.Après deux maxis, ce quatuor bordelais sort son pre-mier album métissé, au croisement d’influences deplusieurs continents. Les musiciens chantent en fran-çais mais mélangent les rythmiques du maloya de LaRéunion avec l’esprit festif du pagode brésilien. Ons’amuse à pister les instruments du monde qui défi-lent : cajon, congas, conques, violon, et mêmequelques animaux de la jungle. Leur invitation auvoyage colorée et subtile a déjà séduit Femi Kuti etIsrael Vibration, dont ils ont assuré les premières par-ties. Leurs textes parlent d’amour, de racines, d’es-poir et surtout appellent à la tolérance et à l’optimis-me. “Même les gens qui pleurent sont tristes parerreur”, chantent-ils. Ca ne vous donne pas envie desourire ? L’album idéal pour ceux qui n’en peuventplus des cols roulés et des gelées hivernales. myspace.com/malodjAena Léo

KKOOWWAALLSSKKII““AA rroooomm ffoorr ttwwoo””(Autoproduit)

KKIITT TTHHOOMMAASS““TThhee WWAA SSaalluuttee””(La Cavalerie)

L’album s’ouvre sur des accords de guitare folk puis,comme sur la plupart des 14 titres, suit la voix auxmultiples harmonies délicieuses façon Beach Boys.Quelques intros au son d’un xylophone rétro illumi-nent une voix plutôt haute, chaude et mélodique. Cetancien de la formation 8LPM! offre un beau premieressai avec un amusement communicatif pour l’ha-billage sonore (clapping, feutre griffonnant, guim-barde, bruits de pas, portes qui claquent). Commechez la plupart des groupes anglo-saxons, les mélo-dies sont primordiales, mais les textes sont aussimalicieux et empreints d’humour comme lorsqu’ilimplore ironiquement “Remind me on the next CD”et, pour sûr, de nombreux le feront. A noter que letitre Hello est déjà diffusé sur Radio Nova. C’est doncun disque empli de soleil qui vous scotche un sourirepermanent sur les lèvres. A écouter lors de soiréeslumineuses… myspace.com/khenwoodIsabelle Leclercq

Deuxième album pour ces Bretons fans de folk tradi-tionnelle. Kowalski, c’est un son rugueux toutcomme ces doigts qui glissent sur la guitare sèche ;c’est une voix nonchalante, traînante et des chœursenveloppants ; mais c’est aussi des paroles à la poé-sie subtile dans un anglais parfait. L’opus possède unbel équilibre entre voix et guitare, créant un toutdésarmant de cohérence. Night bird nous emportedans une boîte à musique nostalgique à la mélodiesoyeuse alors que le titre suivant plante son décordans les steppes de l’Ouest américain. Ici les sonssont bruts, simples et râpeux. De temps à autre, unpiano s’échappe pour aérer la chanson et des lignesde percussions jaillissent. Cependant, pas de doute,l’élément central de l’album reste cette guitare toutepuissante qui vous capture inévitablement d’un titre àl’autre et vous balade délicieusement au cœur decette bonne vieille folk. myspace.com/aroomfortwoIsabelle Leclercq

NNAAÏÏMM AAMMOORR““SSaanngguuiinnee””(Atmosphériques)

MMIIAAMM MMOONNSSTTEERR MMIIAAMM““LL’’hhoommmmee lliibbeelllluullee””(Freaksville Record)

Benjamin Shoos, artiste belge multi facettes très pro-lifique, se cache derrière cet amusant pseudo qui endit long sur sa créativité boulimique et insatiable, unpeu comme le Cookie Monster de la Rue Sésame. Ilconçoit un monde à son image, délirant, extrava-gant, farfelu et fantaisiste, empreint de (fausse) naï-veté, d’insolence et de poésie. Ce nouvel album,chanté en français, mêlant pop, disco, génériques deséries télé, psychédélisme 70’s, électronique vintage,etc., raconte en treize titres l’histoire insensée del’homme libellule. Après avoir échappé à ses créa-teurs et vécu des aventures exceptionnelles jusquesur la planète Plutanus 91 (prononcez “nonante etun”), il répandra l’amour et la paix dans l’humanité.Les références fourmillent, tant sonores que tex-tuelles : à chacun de les débusquer et de les attraperdans son filet. On placera ce petit trésor cosmique etallumé près de Melody Nelson et Fleur de métal.www.miammonstermiam.comElsa Songis

Tucson, Arizona : cette contrée évoque pour beau-coup le lieu où évoluent des chantres de l’americana,à savoir Calexico, Giant Sand, M. Ward, autant detalents qui poursuivent avec brio l’œuvre initiée parleurs aînés. Devenue terre sainte pour nombre d’ar-tistes francophones (Murat, Little Rabbits, AmorBelhom Duo…), elle continue de faire fantasmer, etlégions sont ceux qui viennent y enregistrer. NaïmAmor, issu du duo précité, a pour sa part décidé, paramour, d’y vivre et d’y faire de la musique. Ses amisont pour nom Joey Burns et John Convertino(Calexico), dont la contribution à Sanguine, premieralbum distribué en France, s’avère essentielle. Outreun talentueux line-up, le disque est une réussite, tantsur le plan musical que textuel. Ainsi, il est permis desavourer jusqu’à plus soif ce délicat nectar, chansonscountry aux volutes lascives, évoquant, dans un fran-çais châtié, un Ouest américain fantasmé.www.amormusic.comAlain Birmann

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BRUITAGELLUUDDEEAALL““LLuuddééaall””(Jive Epic / Sony BMG)

LLOOFFOOFFOORRAA““MMéémmooiirree ddee ssiinnggeess””(At(h)ome / Wagram)

Reuno, l’intègre chanteur du groupe alternatif pharedes années 90, prouve qu’il n’a rien lâché. La chan-son Mémoire de singes est un véritable hymne jus-qu’au-boutiste qui réaffirme haut et fort les principesfondateurs du combo à la méchante voix. Si l’opusprécédent pouvait paraître plus sage, la rage est biende retour, plus tribale que jamais, avec une batterieà faire s’emballer une boîte à rythme ! Les textescollent à cette musique furieuse, apocalyptique maissurtout concernée, presque citoyenne. Mention spé-ciale au nauséabond Tricolore, mais aussi au vite ditbien dit Employé du mois ! Bien vue aussi la collabo-ration avec King Ju, chanteur de Stupeflip. Elle estsonore sur Trop, le morceau de clôture, et picturaleavec cette très belle pochette proche d’Armagenon.Ce sixième album poursuit le combat autonome etrévolutionnaire avec une hargne intacte. En cestemps troublés, c’est rassurant, à défaut d’être salu-taire. www.lofofora.comPatrick Auffret

Sélection CQFD des Inrockuptibles, le dénomméLudéal (pseudo et anagramme) présente son premieralbum enregistré sous la houlette de Jean-Louis Piérot(Bashung, Miossec, Yves Simon) et Frédéric Lo(Daniel Darc, Stephan Eicher) : un recueil de dixtitres esquissant les contours d’un talent peu com-mun. On est d’emblée happé par cet univers cinéma-tographique inédit, bizarre, où évoluent pétroleusesdéchues, lycéennes débridées, ange au clair de luneet soupirant déclarant sa flamme dans son costumede nonne. Finement ciselée, l’écriture est inventive,poétique, captivante. Le phrasé évoque Bashung,période Bergman, le timbre de la voix, un certainFrédéric Lo du temps où il s’essayait au chant. Il estdes chansons qui s’imposent par leurs vertus mélo-diques, d’autres par leur fort pouvoir d’évocation ;celles contenues dans cet album satisfont avec brio àces deux critères. www.ludealmusique.comAlain Birmann

OO--RRUUDDOO““LLee ppaarrffuumm ddeess ééttooiilleess””(Kick Ass Club)

OORRBBOORR““TTaaiiss--ttooii eett cchhaannttee””(Autoproduit)

De prime abord, les chansons acoustiques et dyna-miques d’Orbor possèdent une petite gouaille swin-guante rappelant Sanseverino. Mais si l’on poussel’écoute un peu plus loin, la finesse musicale et lemordant des textes s’éloignent des voleurs de poulespour le rapprocher de la butte Montmartre, deRenaud (période XXème siècle) ou Romain Dudek(période XXIème). Le chanteur possède aussi cet espritrock qui ne se prend jamais au sérieux. “Je necouche jamais le premier soir, sauf si c’est le der-nier…”, avoue-t-il en toute fin d’un morceau. LeParisien déclare aussi sa flamme au Brésil et au footavec une saudade tout simplement excellente.L’humour continue sur une “chanson cul-cul”, douceode à la sodomie (si, si, c’est poétique). Orbor pra-tique l’intelligence avec humour (et vice-versa, biensûr). Sa guitare est une Ovation et Orbor mérite lar-gement les vôtres. Sur scène, comme sur ce disquetrès réussi. www.orbor.comEric Nahon

A quoi ressembleraient aujourd’hui les disques de Airsi le duo n’avait pas chaussé ses plus confortablespantoufles pour ne servir, depuis quelques années,que de tièdes bouillies régurgitées ? O-Rudo, sciem-ment ou pas, apporte en partie la réponse. Trompeurau début tant les sons semblent tout droit sortird’une prod signée par nos chers Versaillais, la suiteest truffée de surprises et d’ingéniosité. L’humain etla machine se confrontent au cours de symphoniesspatiales, évocatrices de sensations extatiquescomme l’immensité, la vitesse, l’expansion…Certains titres renvoient à des constructions kraftwer-kiennes, strictes et souples à la fois, tandis que lavoix, très souvent “vocoderisée”, suit des schémasplus pop. On pense à Portishead sur l’intro de In theday, mais aussi à Archive, Death in Vegas, etc. Debien belles influences diluées dans un premier opussuave et enivrant. Serait-ce donc cela, le parfum desétoiles ? www.o-rudo.comCédric Manusset

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BRUITAGE

GGHHIISSLLAAIINN PPOOIIRRIIEERR““NNoo ggrroouunndd uunnddeerr””(Ninja Tune / Outside)

OORRWWEELLLL““LLee ggéénniiee hhuummaaiinn””(Twin Fizz / Rue Stendhal)

Le génie d’Orwell, c’est sa qualité d’écoute, tant ilest évident que pour ce nouvel opus, de nombreusesinfluences pop ont contribué à enrichir une palettemusicale (allant d’un folk intimiste à des orchestra-tions luxuriantes) déjà bien appréciée sur L’archipel,précédent album du groupe. Gageons que LouisPhilippe en est une, tant ce disque semble flirter avecle meilleur de son œuvre. Le combo nancéen déploieici des trésors de trouvailles mélodiques, la richessedes textures sonores et la virtuosité des arrange-ments faisant le reste. De nombreux invités, dontJP Nataf et Mérédic Gontier de Tahiti 80 aux gui-tares, contribuent à enrichir le propos. Flûtes, cordes,vibraphone et voix dialoguent harmonieusement, tis-sant un écrin du plus bel effet que vient peaufiner àl’occasion, sur les savamment orchestrés Le bonendroit et Le génie humain, l’ensemble Gradus AdMusicam. www.orwellmusic.comAlain Birmann

Ce quatrième album explosif confirme le titre demaître des pistes de danse du DJ producteur mont-réalais et marque son entrée chez l’illustre labelNinja Tune. Oscillant entre des pièces hip hop / dan-cehall dangereusement contagieuses et des instru-mentaux électro minimalistes, on y retrouve les deuxfacettes de Poirier : celui qui sait s’entourer de MCtalentueux (Face-T, Ambitieux, Zulu…) et celui quisait proposer des beats d’influence world avec bassesdominantes, confirmant son efficace polyvalence surun album de qualité. Hybride et plus soignée queBreakupdown, sa nouvelle bombe fait des malheurs(comme en témoignent, entre autres, les singleBlazin’ et Go ballistic). Les titres, qui nous font passerde la fête à l’introspection, forment un tout, maisauraient mérité d’être regroupés par genre pour unemeilleure écoute en continu. www.ghislainpoirier.comMarie-Hélène Mello

SSHHIINNEE““TThhee CCoommmmoonn SSttaattiioonn””(Bonzaï Music)

PPUUNNIISSHH YYOOUURRSSEELLFF““CCuulltt mmoovviiee””(Active Entertainment / Pias)

Parenthèse dans une carrière digital-hardcore-électro-industriel-metal-dancefloor - et j’en passe - bien rem-plie, la dernière production des zombis fluos se pré-sente comme un hommage évident au cinéma degenre et à son univers qui les inspire depuis leursdébuts. Le bien nommé Cult movie pourrait être labande originale d’un film qui n’existe pas, effroyableet violent, comme un télescopage imprévu entrel’horreur brute et l’angoisse incontrôlable. Véritablebrassage musical, l’habillage sonore sans paroleappelle les images pour nous plonger au cœur d’unmonde hostile: des titres évocateurs (Dead Hills,Blood is the key, 12 toons army, Always hungry) oùl’électro-punk se mêle au free jazz déviant, le rockprogressif à l’industriel old-school, et le big-beat à unmetal poisseux… Tout en restant fidèle au stylePunish Yourself, cet album instrumental dévoile unemusique plus fouillée et cérébrale qu’auparavant,sans oublier la folie qui les anime. www.punishyourself.free.fr Yann Guillou

Qui écoute encore du trip hop en 2007 ? Si le mou-vement à explosé il y a presque vingt ans (déjà !), iln’a su faire éclore qu’une poignée d’artistesinfluents. L’excellent quatuor parisien Shine a dûmanger du Portishead au déjeuner, du Morcheeba augoûter, et du Zero 7 au dîner durant des annéespour réanimer cet esprit à la fois doux et groovy quipourrait refaire le bonheur des publicités pour sham-poing à la kératine d’ici quelques mois. L’album pré-sente des compos solides (le tubesque In the midlifezone en tête) et des arrangements qui enveloppentl’auditeur dans une couverture sonore chaude pourdimanche matin cocooning. Le chant caressant etsubtil de la souriante Hanane n’est pas en reste, avecun vocable anglais qui sied bien au genre. Et lors-qu’elle s’aventure dans deux titres en français, onpense soudain à la coccinelle Emilie ou à notre divineVanessa évoluant dans l’électro. Une éblouissantesurprise. www.shine-music.netLudochem

PPUULLLL““TThhee PPrraawwnn cclloowwnn””(Autoproduit)

PPOOKKEETTTT““TThhee ppeeaakk”” (Active Suspension /Abeille Musique)

Le deuxième album attendu de Stéphane Garry, ditPokett, est sorti. L’ouverture se fait par une belle bal-lade au piano où, l’air de rien, le songwriter pose savoix douce, pour s’achever dans une explosion decordes. Sur The peak, les guitares jouent à allongerles notes vers une nonchalance pop folk aérienne.Parfois, les morceaux sont plus enlevés, commeAnything today ou Strange. La production est propremais pas lissée, les sons bien en place et la voixjamais mangée par les arrangements. Le titre Followfait partie de ces chansons qui vous flanquent la chairde poule avec ses chœurs et sa guitare sèche :dépouillée et poétique. Or quelques cuivres insolentset bruits étranges viennent clore le morceau tel unpied de nez à l’évidence. Le jeune homme réussi unalbum tout en délicatesse, dans la plus pure traditionfolk, procurant un délice pour l’auditeur en mal desons acoustiques. www.pokett.tkIsabelle Leclercq

Bonne nouvelle pour aficionados de pop indie :David Lespès, depuis son exil berlinois, a fait le pleinde 32 nouveaux morceaux présentés en troismanches (l’album, des B-sides autoproclamées, etdes clins d’œil à quelques influences). Bricolagesmaison, ces petits concentrés de pop (guère plus de 3minutes) font office de formidable odyssée où four-millent héros et légendes, rêveries et souvenirs plusvrais que nature. Hey girl s’impose en parfait tubepower-noisy. Les trophées s’enchaînent ensuite grâceà des mélodies animées par guitares et claviers auxintentions plus ou moins légères. David finit sonsprint tranquille, tend la perche à ses fétiches Guidedby Voices, a aussi l’heureuse idée de déterrer le tou-chant Power race des Thugs ou de remonter Up thehill des Married Monk. L’autre bonne nouvelle, c’estque le label Parklife éditera cet hiver une versionspéciale de l’album. myspace.com/pullorchestraBéatrice Corceiro

SSPPOOKKEE OORRCCHHEESSTTRRAA““NN’’eexxiissttee ppaass”” (Basaata / Musicast)

SSOOLLAANNGGEE LLAA FFRRAANNGGEE““RReeyykkjjaavviikk””(Poor Records / Namskeîo)

Avis aux coiffeurs, stewards et hôtesses de l’air, les“So.” débarquent près de chez vous. Ces Suissespassés maîtres dans l’art du “poum tchack” s’apprê-tent à ravager les dancefloors avec leur électroclashacidulée et délirante. Des frissons le long de la colon-ne vertébrale, voici ce que procure cet album “hyperbien” voire même “trop bon”. Créateurs de fringuesle jour, DJ la nuit, ils ont un showroom sur leur site(leur journal intime vaut aussi le détour…). Sur l’al-bum, on trouve le titre Reykjavik qui énumère desdestinations sur un beat transcendant (remixé parLove Motel) : “This is the flight to… New York,Geneva, Barcelona, Tunisia, Africa…”, à la manièred’un Salut à toi. Entrez dans cet univers people unpeu loufoque : Toni Rigatoni, Nico Proscuitto, EvaMozarella, Bruna Mortadella… Ils revendiquent plu-sieurs influences, de Matthew Herbert à RoisinMurphy, en passant par DFA.www.solangelafrange.chFred Huiban

Formé en 2002, le noyau se compose de Nada (ex-punk toxico), Kabal (rappeur de Bobigny), Abd elHaq (Bouchazoreill), Felix J. (auteur, performer etéditeur). Les compositions, mises en musique parFranco Mannara, créent des univers poétiques désta-bilisés et passionnants. L’écriture acide de ce secondopus décape et quelques francs tireurs font leurapparition : Serge Teyssot-Gay, Greg Slap, GillesCoronado. Plus jamais seul raconte le suicide d’untoxico en pleine montée d’héroïne. Forcément cen’est pas pour toutes les oreilles, mais au moins, onn’est pas dans le consensuel ! Le syndrome du polovert et marron rayé est un autre exercice de stylequi met en scène les souffrances d’un tricard, d’unbouffon naïf. Quant à Kiffe la merde City, un motsur deux sera bipé à la radio ! D’autres titreslugubres et subtils font de cet album un chef-d’oeuvre punk et slam à la fois.www.spokevousparle.comFred Huiban

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BRUITAGEANDRES ET LESCHIENS GIRAFES“Chut” (Autoprod.)Tout commence avec

cette drôle de pochette où un jeune homme au sourirebéant est entouré d’animaux bizarres ; mi-chiens, mi-girafes. Ce groupe aime mélanger cultures musicales etlangues (français, anglais, espagnol). Une belle voix gravesur des rythmes de guitares rock dérapant sur des riffs reg-gae ou des accents latinos. En live, le combo offre une belleénergie à un public réceptif et vite conquis ! www.myspa-ce.com/andreschiensgirafes IL � CASARECCIO“Live” (Autoproduit) Enregistré à Ay (51), fief deJano, chanteur et guitariste du groupe, lors d’une série detrois concerts, ce CD contient des titres issus des deuxalbums studio précédents et des inédits. Il retranscrit bienl’énergie dégagée sur scène par le quintette, qui se dis-tingue par son humour et sa bonne humeur. Casarecciomélange avec joie rock, chanson, reggae, jazz, musiqueespagnole. myspace.com/casareccio ES � DAMIEN“L’art du disque” (Record Makers) “Veuillezapplaudir la mort du disque” : Damien nous balance un LPà mi-chemin entre électro-bricolo aux sonorités pas toujoursdu meilleur choix, et chanson-démo dont les rimes déclen-cheraient des éclats de rire chez n’importe quel directeurartistique. Un vrai concept, génial : du mauvais goût, certes,mais réalisé avec un talent d’orfèvre. Album cultissime endevenir. myspace.com/damien LC � FLAVIA “Lamètis” (Autoproduit / Mosaic) Pas de faute d’ac-cent, mais une référence à un vieux mot grec : la mètis est“une ruse de l’intelligence tout en nuance”. Flavia, arméede sa guitare et de samples de sa voix, en use et en abuseau fil de ses treize chansons qui mêlent jazz et bossa nova.L’humour vif des premiers titres (Matez la télé !, Prolixeappétence) s’essouffle vers la fin, nous laissant un peu surnotre faim. www.lesitedeflavia.com ES � FUTURS EX“Futurs ex” (Futursex Records) Trois briscards de lascène punk new wave française du début des eighties(Oberkampf, WC3, Attentat Rock) ont fusionné leurs expé-riences pour sortir un bon vieux punk rock francophone dansl’esprit des défunts OTH, sur des sujets actuels (téléchargez-moi !) et des sujets éternels (l’amour, la politique…). Lesex-no future font de très bons futurs ex !myspace.com/futursex BGG � OLIVIER GALLIS“Session Live à Barbey” (Autoproduit) Enouvrant par le mois de Septembre d’une voix grave et pro-fonde, on pense inévitablement à Novembre de BenjaminBiolay, mêmes saisons nostalgiques et grises inspirant poé-sie romantique et Jeux incertains. De véritables poèmes oulettres d’amour posés sur une guitare blues ou sur desaccords mineurs de piano doux et moroses, à écouter entoute saison. oliviergallis.free.fr EP � GENERIC “Opencity” (Kicking Records / Slow Death /Cryptophyte) Après Second Rate, Fred et Sylvain jouenten basse-batterie une noise noire, hypnotique et tordue. Lesdeux Bisontins proposent un premier album qui résume bienleurs nouvelles humeurs. Les tournures sont plutôt déca-pantes, concentrées dans des forces assourdissantes etpesantes, mais éclatées ici ou là autour de décalages extra-vagants et étonnants (effets électro, violon, dialogues defilm). myspace.com/genericnoise BC � LOLY BOAM“Arrghhh” (Boam Record) Quelques reprises deGainsbourg (encore) façon rock voire hard français de la findes années 70, en particulier sur le titre La rétine. Pour unefois, Jane B. ne participe pas, c’est Anis Equinoxe qui s’ycolle, accompagnée de ses trois musiciens, et sa voixréveille ! Ex-fan des sixties devient fan des eighties et vénè-re Ian Curtis ou Kurt Cobain… www.lolyboam.net EP �MARIJANE MIRACLE “La vie est dure”(Paramonde) Il m’aime, c’est un problème, La Francebrûle et Le temps des épidémies siéraient parfaitement àBrigitte Fontaine, La fille de personne, à Buzy, La vie estdure, comment éviter la crevure ou J’ai mal, aux Rita, Oùest-ce qu’on va à B.B., Mais je vais bien à Amélie Morin /Elisa Point et Les stars en plastique à Billy Ze Kick… Bref,à défaut de “miracle”, on peut parler de révélation pourcette jeune chanson électro à fort caractère. www.marija-ne.fr SB � NICHOLSON “Les rastas et lespunks” (Les Chroniques Sonores / Cod&S) Unalbum pop. Mais c’est quoi la pop de nos jours ? C’est del’électro-pop. Ici, on donne en plus dans le texte français,on fait aussi bien dans la gravité que dans la légèreté sansêtre dupe. Pop ironique, qui pourrait réserver quelques sur-prises à l’avenir : avec un titre comme (Et en plus, il fau-drait que je m’ habille comme) les Strokes ?!, on a dupotentiel. myspace.com/nicholsonfrommarseille BGG �PERIO “The great divide” (Minimum / Differ-Ant) Joli album écrit et réalisé entre les deux rives del’Atlantique, baigné dans des vagues blues, pop et folk,déviant de ritournelles mélancoliques (Lo-Res NYC) en

effluves beaucoup plus catchy (Leap the frog). L’ambiancenocturne donne une couleur particulière à cet ensemble deonze chansons harmonieuses. www.geocities.com/perio-music BC � SKYSCRAPER “Wasted waves oflove” (Autoproduit) L’œuvre de Benoît Cassina, est decelles qui nous rassurent car elle prouve que l’on peut enco-re s’abreuver d’influences sans forcément condamner sapropre production. D’une main il tripote le trip hop, caressela pop, flirte avec la cold, de l’autre il gratouille des mélo-dies avec une sensibilité non simulée et le souci du détail.L’électronique, fracassante ou subtile, selon le besoin, achè-ve un opus rempli de promesses. www.skyscraper.fr CM �BEA TRISTAN “Les palissandres” (Autoproduit)Les vrais connaisseurs la retrouveront comme si ses deuxalbums parus il y a quasi quarante ans ne les avaient pasquittés. Béa livre un disque majeur, abouti et dense. Destextes intenses, un son unique et une voix exceptionnelle.Une question nous taraude : peut-on lui pardonner de nepas nous avoir donné de ses nouvelles depuis si longtemps.www.beatristan.com JK � YULES “The release”(Productions Spéciales) Les deux frères à l’origine duprojet sont adeptes d’un songwriting vertueux, et leur com-plicité artistique fait ici plaisir à entendre. Leur enfance a étébercée par les chansons de McCartney et celles de Simon &Garfunkel, deux influences bien présentes sur ce premieropus. La symbiose est parfaite, et leurs pop-songs entière-ment conçues à quatre mains, possèdent de forts plaisantsatours. www.yules.net AB

EN BREF

BRUIT QUI COURT“Réaliste” (Autoproduit)Elle court la rumeur, comme une

alarme, un vent de révolte ou un cri de rage, celui quepoussent ces cinq musiciens au rock brûlant et militant.Leurs mots coups de poing dressent le portrait d’unesociété affolante, où les médias parlent de ceux quidérapent plutôt que de ceux qui s’en sortent. Seulel’imagination permet à certains d’y voyager, même dufond d’un bus de banlieue. myspace.com/bruitquicourtAL � DATA (Autoproduit) Du rock impulsif, métro-nomique, avançant mesure après mesure sans que rienne semble pouvoir le faire dévier de sa route. Dessamples électroniques et atmosphériques, une baserythmique indéboulonnable laissant place à un chantvoletant dans cet univers apaisant comme un rivage. Ala fois dans une pop mélancolique et un rock qui procè-de par nappes, Data dépayse. myspace.com/databandFJ � MINUSCULE HEY “Bananoffe” (Disco-Babel) Toujours accompagné de sa boîte à rythmes, leduo bordelais présente joyeusement cinq nouveauxtitres de facture minimale et timbrée. On est séduit parle son lo-fi ou sucré, efficace et heureux. Rock bancal,construit sur des surprises quant à sa structure, on nepeut s’empêcher de songer aux Fiery Furnaces. Une fraî-cheur imparable. myspace.com/minusculehey Cl.M �SHARITAH MANUSH (Autoproduit) Westernsous substances. Le duo bordelais nous propose unedémo audacieuse et un brin déroutante de prime abord.Manu, chaman armé d’une douze cordes, chante et crieà faire frémir les coyotes. Sonia, complice toute en sou-rires et percussions ingénieuses, l’accompagne en desrythmes hallucinés. Leur musique est grandiose et puis-sante, terriblement addictive. myspace.com/sharitah-manush Cl.M � SOCIAL SQUARE (Autoproduit)Plusieurs atouts dans les cordes de ce trio power-rock :on ressent de manière évidente la lignée Weezer, FooFighters, Pavement, ses compositions avec structures encontrastes, ses passages noise et aérés. Les climats plusévolutifs, post-rock de Wait for more ouvrent aussid’autres portes. myspace.com/socialsquare BC �SPLEEN VS IDEAL “Souvenirs” (ThroneRecords) Dans la famille du rock barré et défricheur,voici un nouveau venu, français de surcroît. Le duoenvoie du bois dans le plus simple appareil chant /basse / batterie. Proche musicalement des icônes pat-tonesques avec qui ils partagent l’esprit ludique et l’in-génieur du son (Billy Anderson), le groupe signe un pre-mier maxi, distribué internationalement via le labelespagnol Throne. www.spleenvsideal.com RA �VAN DEN LOVE “La bouche” (Mercury /Universal) Le quatuor pop rock, fondé en 2004 entreNevers et Paris, rassemble des musiciens venus d’hori-zons divers. Enregistrés dans le studio Et La Nuit àMontreuil, ces quatre titres, au son très travaillé, auxarrangements fouillés, aux rythmiques inventives, sontservis par des textes sensibles et sensés. Les guitaresdégagent une saine et vigoureuse énergie. On attendl’album ! myspace.com/vandenlove ES

MAXIS

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BRUITAGETTEETTEESS RRAAIIDDEESS““BBaannccoo””(Warner)

SSYYDD MMAATTTTEERRSS““GGhhoosstt ddaayyss””(Because Music)

Syd Matters évoque ces choses Buried in mybedroom sur le premier titre de son nouvel album,toujours pas échappé de ses angoisses, de ses pen-sées nostalgiques. Ces nouveaux morceaux nés for-cément en réaction à des sentiments solitaires, desréflexions sur l’intime. Ghost days resplendit alorsdans un noir et blanc filmique, traversé d’une lumiè-re douce. Les nappes musicales flottent et l’ambiancefantomatique imprègne vraiment l’ensemble. Lepaysage prend forme avec guitares, piano, cordes,ondes Martenot, cuivres, instruments à vent. La voixtraînante n’a jamais autant évoqué les tourmentssensibles que peut aussi traduire un Thom Yorke. Il ya aussi des petites surprises et des clins d’œil fami-liers à son univers musical (Shame on you crazyJackson). Assemblage de chansons de folk progres-sif, imagé et lunaire, ce très bel album apporte enco-re une pièce maîtresse à l’œuvre du jeune musicien. www.sydmatters.comBéatrice Corceiro

Le titre Notre besoin de consolation est impossible àrassasier dure 19’34”. La musique oscille entre fanfa-re et chanson à fredonner, le texte est un long mono-logue (écrit en 1950 par le Suédois Stig Dagerman),se rapprochant du slam par moments, mais c’est sur-tout un constat humanitaire sur la liberté, qui nousparle du plus profond de l’être. Une introspection lumi-neuse qui rejaillit sur l’auditeur : “Sentir que je ne suispas seulement une partie de cette masse que l’onappelle la population du globe, mais aussi une unitéautonome !” Et rien que pour ce superbe morceau, ceBanco est indispensable car il revigore le cœur, parle àl’âme et fait son chemin intérieur qu’on le veuille ounon. Et, comme tous les morceaux demandent uneécoute attentive, demandons-nous quels sont lesartistes d’aujourd’hui qui sollicitent autant notreréflexion, qui entament le dialogue et nous font nousremettre en question ? En ces temps de superficialitéexacerbée et de zapping permanent, ça vous dit pasde mettre sur “pause” ? Serge Beyer

LLEE TTRRIIOO JJOOUUBBRRAANN““MMaajjââzz””(Randana / Harmonia Mundi)

VVIICCTTOORRIIAA TTIIBBBBLLIINN““VViiccttoorriiaa TTiibbbblliinn””(Mercury)

La petite Victoria, Suédoise de son état, a grandi aLondres. Et elle a du être bercée trop prêt de la sonode ses parents qui devaient passer les Clash enboucle, voire Siouxie, les Cranberries et les Rita, sil’on en croit l’univers de leur rejetonne de vingtbalais, qui, depuis qu’elle vit à Paris, s’est mise à lalangue de Molière (et sans accent) pour un titre surdeux de son premier album étourdissant. Dans lalignée de Nadj, Mlle K ou Adrianne Pauly, la demoi-selle feule, griffe, hurle (“T’as fait du rêve un cau-chemar, tu m’écœures t’es lourd. Va pourrir enenfer.”) ou ronronne (“Ca sera plutôt plus tard !”)suivant ses humeurs… et pour notre plus grandbonheur ! Le son est rock, parfois crade, parfois vio-lent, mais malgré tout souvent sensuel. “Je prends etje jette, eh ouais mec c’est par là” prévient-elle, ben,nous, on garde ! Et on attend de voir le phénomènesur scène. www.victib.comSerge Beyer

Ce second opus du groupe palestinien rassembleonze compositions instrumentales, qui sont autant depièces d’orfèvrerie instrumentales. L’oud, instrumentautour duquel s’articule l’ensemble de l’album, n’estpas ici utilisé comme second rôle rythmique ou mélo-dique, mais tient la tête de l’affiche, et de bien bellemanière ! Le trio, emmenée par Samir, joueur éméri-te de ce luth oriental aux sonorités si particulières,est accompagné par ses deux plus jeunes frères,Wissan et Adnan, ainsi que pour la première fois, parle percussionniste Yousef Hbeitsch. Tout au long dece voyage musical, les trois frères jouent, s’interpel-lent, se répondent à l’aide de leur instrument.Chaque plage est une histoire sur laquelle se décli-nent les maqamats, gammes de la musique arabe. Sisur le papier la simplicité de la formule peut paraîtrerébarbative, les mélodies, tout comme le jeu collectif,sont d’une rare intensité. www.letriojoubran.comCaroline Dall’o

TTHHOOMMAASSII““LLee bbaazzaarr dduu bbiizzaarrrree””(Autoproduit)

TTHHIIEEFFAAIINNEE PPEERRSSOONNNNEE““AAmmiiccaalleemmeenntt bblluueess””(RCA)

Trois des titres de cet album étaient initialement des-tinés à un disque en préparation pour JohnnyHallyday, mais son staff n’en a retenu aucun… Qu’àcela ne tienne, le challenge était lancé et les deuxcompères décidèrent de faire leur propre album !Ainsi sont nés treize titres épurés, avec une formationréduite (guitare, basse, batterie), mais un résultatimpeccable. Les musiques bluesy de Paul sont misesen valeur par les textes ciselés et forts d’Hubert-Félix,le tout nous invitant à verser dans un bain de mélan-colie douce-amère mêlée d’histoires et d’émotionspartagées… Distance, Photographie d’un rêveur,Le vieux bluesman et la bimbo, des titres évocateursreflétant tout l’univers qui unit ces deux oiseaux denuit, bourlingueurs en marge des grands titres dejournaux et des plateaux de télés “prime time”. Lebourbon coule à flot, les dentelles, string et nylon nesont jamais loin, et on trinque à la santé de RobertJohnson, August Strindberg, Bob Dylan, Fender,Marshall et Gibson… David Starosta

Après Lundi dans la lune paru en 2006, voici undeuxième album très abouti, écrit dans la mêmeveine que le premier. Les compositions énergiques,enlevées, virevoltantes, font la part belle au swing,au flamenco, au jazz manouche, à la musette.Guitare, violon, contrebasse, piano, accordéon, batte-rie, rivalisent d’ingéniosité et de virtuosité. Les chan-sons, poétiques, réalistes, toujours attachantes,explorent des thèmes familiers (l’univers populaireparisien, l’amour, l’amitié…), mais aussi plus inat-tendus. Bien inspiré, Thomasi nous fait part de sesjoies créatrices dans Moleskine Swing. Il chante avecfinesse l’attirance d’un hétérosexuel pour les amoursmasculines dans Banana Café, raconte la vie du lionrugissant des films de la Metro Goldwyn Mayer dansMon vieux Léo. Lucie décrit l’existence ratée d’unejeune comédienne. La palme de l’émotion revient àFranck, interprétée sobrement, sans artifices.www.thomasi.netElsa Songis

ZZËËRROO““JJookkee BBooxx””(Ici d’Ailleurs / Differ-Ant)

WWAATTCCHHAA““FFaalllliinngg bbyy tthhee wwaayyssiiddee””(Exclaim / Warner)

Avec ce cinquième album, le groupe revient à un sonplus dur et métallique. Un bienfait tant le précédentalbum était hésitant et avait coûté le départ demembres historiques. Retour aux racines, auxfondamentaux du mouvement quelques années(décennies ?) auparavant, quand l’immolationn’avait pas un goût sucré ou marketée. L’albumouvre les hostilités dès sa première piste avec unbrûlot énergique. Même la reprise de Carl Perkins(et non d’Elvis Presley) Blue suede shoes est passé àla moulinette ; un exercice maladroit, mais dontl’effort mérite d’être souligné. Le diptyque Samconstitue la seule parenthèse en français. Car oui,Watcha passe de Molière à Shakespeare, avec pourleitmotiv une œuvre sombre et libératrice. De la ragecomme étendard et l’envie d’en démordre. L’unitéest d’une grande cohérence entre guitares incen-diaires et rythmes appuyés, donnant à l’ensembleune classe américaine dont il ne faut pas rougir.myspace.com/watchamusic Samuel Degasne

Traitement choc pour ouvrir les yeux et les oreilles,les ex-Bästard reprennent dans cette “boîte àblague” le fil interrompu en 97. Entrée sur Bigscreen / Flat people, où le premier riff semble pleu-rer en solitaire. Puis les notes se délient, les instru-ments communiquent avec ardeur, les terreurs s’affo-lent. Guitares électriques, basse et batterie construi-sent les sons en imprimant force et liberté. Dans lesrecoins d’un sous-sol sombre et délabré, le groupeinsuffle une noise désolée mais aussi vindicative, dublues fantomatique (Drag queen blues), un rockdésarticulé qui ensorcelle. Les emboîtements mélo-diques libèrent une fluidité impressionnante alors quela voix scande, déclame, et que l’orage éclate. Larichesse des ambiances révèle l’émotion des sons.On en espérait pas moins de la part de ces maîtresartificiers du côté obscur. Un disque admirable denoirceur et d’intensité. myspace.com/zeromusikBéatrice Corceiro

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IMAGES

SEX ! Quand on demande à Tue-Loup, “Mais, c’est quoi le Lac de Fish ?”, ils répondenten chœur : “Il faut aller voir le projet SexFish pour comprendre”. On fonce donc sur l’es-pace de leur nouveau batteur, le pas si jazzymyspace.com/thomasfiancette. On clique fiévreusementsur la vidéo Sur les pas de Sex Fish : un document rare.C’est… comment dire… l’enfant mutant du Projet Blair Witchet de la minute nécessaire de Monsieur Cyclopède ? Ou bienplus encore ? En tout cas, c’est unique.

JEU ! La plate-forme www.playlive.fm est en bêta-test. Ca promet d’être un site àvocation musicale (l’avenir de MySpace ?). Pour le moment, ça semble confus et touffu,MAIS leur système de roulette nous emballe déjà ! Il suffit de cliquer pour tomber sur unclip au hasard. Evidemment, que de l’inconnu, de l’autoprod’… Du bon, du moins bon,mais aussi du très bon. Prêts à tenter votre chance ?

BÉARN ! Capibara est une petite surprise de MySpace : leur répertoire rock est bien mûriet très efficace (bonnes grosses parties de guitares…). Les musiciens sont vraiment bonset l’écoute de leurs quelques titres donne vraiment envie de les voir en concert (ce qui estquand même rare sur MySpace…). Le groupe a besoin d’un ti’ coup de main d’un tour-neur et, probablement, d’un éditeur pour se développer. myspace.com/groupcapibara

CALI ! Des nouvelles de Cali ? http://fr.youtube.com/virginmusicfrance où l’onpeut voir quelques ébauches de son album en cours. Et quand il dort, on le voit aussi ron-fler ? Le principe peut-être bien sympa (le côté “feuilleton intime etc.”), mais si c’est pouravoir 45 secondes de bribes musicales… Non merci !

HEY ! Ils font de l’indie-folk et viennent de Bordeaux. Ils s’appellent Minuscule Hey(.com de rigueur) et leur site est tout mignon. Côté musique, ça s’écoute sur MySpace etc’est drôlement bien. Sur leur site, on peut voir une bien jolie vidéo avec un lapin en foliedans les rues de Bordeaux, ou faire une partie de pong, mais l’ordinateur est trop fortalors c’est pas drôle… Mauvais joueur, moi ?

MERVEILLE ! Un bien joli site (alicesemerveille.com) pour cette ACI dans une veinevariét’ (ce n’est pas un gros mot) et intimiste. Encore une galérienne de la musique à mi-chemin entre Zazie, Maurane et Pauline Croze.

VICTIME ! Une voix haut perchée et une musique gothico-électronique, bienvenue dansl’univers barré et asphyxié de Dixième Victime (myspace.com/dixiemevictime). Surles quatre chansons proposées, pas une ne ressemble à l’autre. A voir aussi : www.dai-lymotion.com/lac-v-mengin, une bande annonce rigolote mettant en scène la chan-teuse et acteuse, Aurélia Mengin.

JAH ! “Lâche les sous ça vaut le coup !” Rien que pour ce beau slogan, on fonce sur lesite de Dawta Jena (www.dawta-jena.com). Le site n’est pas pratique, mais il y aplein d’infos sur ce combo raï-reggae bien allumé aux belles mélodies chaloupées. Pour leson, non pas un, mais deux espaces (un pour emmerder l’autre dirait mon grand-père).myspace.com/dawtajenaurbanlions ou fr.youtube.com/dawtajena. On n’arrêtepas le progrès.

Néric

WWW

Vos spams, je les méprise. Vos liens, je les prise :

[email protected]

COPINAGES.COM

DVDBonne nouvelle, les géniauxfrères Sparks sont de retour !Après l’excellent Hello younglovers, voici enfin le témoignagede la tournée mondiale qui asuivi. La première partie deconcert reprend intégralementl’album mis en images sur scènedevant un grand écran interactif ;la deuxième partie, en forme debest of, revisite une douzaine detubes incontournables, dont l’ex-cellent Change proposé ici enpiano-voix. Ron reste impertur-bable et impassible derrière sesclaviers, pétant les plombs justequand il faut, tandis que Russelvampirise la scène, le jeu est par-fait ! Comme toujours, les trou-vailles harmoniques sidèrent, lemix entre rock, glam et musiqueclassique emballe et l’interpréta-tion est irréprochable. Les extrasexpliquent comment les Sparksont construit ce show, et nouspermettent d’assister aux répéti-tions ou de les suivre au Japon.Bref, LE DVD indispensable !

Restons dans l’originalité avecKaterine qui, surfant sur la vaguedu “Luxor”, offre un éclaté comp-te-rendu de tournée ou lespublics et les tenues s’enchaînentdans la même chanson, tradui-sant par là même les ambiancesdes différentes salles visitées.Mieux que des bonus, les titressont entrecoupés de tranches devies toutes aussi farfelues lesunes que les autres… à laKaterine, quoi !

Délirant encore, le show deChampion, le DJ québécois quis’entoure de guitares en foliepour un show rock qui décoiffe.Les invités de ce live enregistré au

CChhèèrreeAAddééllaaïïddee,,

Métropolis de Montréal se don-nent à fond devant un public com-plètement subjugué ! Champion asu faire le lien entre l’électro et leshow rock d’exemplaire façon.

Amoureux de la terre, inspiré parses rencontres humaines (autanten Arizona qu’au Japon, ou dansles réserves indiennes), Garlo,musicien nomade, allie rock etethno-funk aux instruments tradi-tionnels, le temps d’un concert :Earth link. “Le monde est untambour et toi n’es que poussièresur la peau du tambour”, chante-t-il habité. Mais il hurle aussi :“On te demande pas d’être heu-reux, tout ce qu’on te demande,c’est d’acheter !” Engagé et impli-qué, cet artiste éveille lesconsciences de façon jouissive.Cinq clips retraçant sa carrièresont dispos en bonus.

SPARKS : “Dee Vee Dee” - Liberation / Pias

KATERINE : “Borderlive” - Barclay

CHAMPION & SES G-STRINGS :“Live” - Maple Music / Saboteur

GARLO : “Earth link” - Aimv /www.cipaudio.com

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ZONE LIBREILS NE FONT PAS DE MUSIQUE, MAIS ILS EN VIVENT

“Chez Paulette”, c’est l’histoire d’un café-bal de vil-lage devenu salle de concerts rock. Une jeunesselocale habituée aux nouvelles musiques venues

d’Amérique, avec les soldats de la base aérienne voisine,une envie de changement d’avec les soirées de toujours etune occasion qui se présente, voilà comment et pourquoi,depuis l’été 66, des groupes de rock se suivent dans ce petitbled près de Nancy. Depuis, c’est concert certains soirs de lasemaine et “disco” le samedi ! Paulette (84 ans) et Yves,qui prend sa retraite cette année (tout en restant présent,bien sûr), ont passé la main à Claudine, leur fille, qui conti-nue avec ses enfants. Une belle histoire de famille ! La pro-grammation se fait en partenariat avec deux associationsnancéenne (Prodige Music et Station Rock). Ce sont d’aborddes coups de cœur qui deviennent pour certains des “his-toires d’amour”, débutées avec des artistes il y a bien long-temps : de Vince Taylor à Robert Gordon, le “Dick-Rivers-avant”, de Calvin Russel - dont les tournées françaises pas-sent presque traditionnellement par là -, à tout récemmentCharlElie Couture, qui y a fait sa seule date lorraine en2006. L’esprit “Chez Paulette” est typique de ces petits lieux(maxi 600 places) : les groupes aiment y passer, le public yrevenir, car c’est là que vit la musique. C’est aussi un lieuoù elle se crée, puisque s’y déroulent des résidences et desrépétitions… Alors si vous passez par la Lorraine, avec ousans sabots, regardez le programme et rendez vous là bas.

Alain Dodelerwww.paulettepubrock.com

ChezPaulette

Vous faisiez quoi vous

en août 1966 ? Paulette,

elle, organisait son premier

concert rock à Pagney,

derrière Barine.

Elle recevait les

Carefully Don’t

Patient…

Dans un contexte internatio-nal de crise profonde de lafilière du disque et d’avan-

cée technologique permanente, leConseil Régional d’Aquitaine aadopté un dispositif intitulé “Aideaux entreprises d’Aquitaine de pro-duction et d’édition phonogra-phiques”. Cette idée de soutien estnée d’une rencontre amicale entreFrédéric Vilcocq, conseiller régionaldélégué aux cultures émergentes etPhilippe Couderc, fondateur du labelbordelais Vicious Circle. Idée suiviepar la tenue des premières“Rencontres régionales musiquesactuelles en Aquitaine”, dont un ate-lier était consacré aux labels indé-pendants. Il en a résulté une volontécommune de résistance, qui s’esttraduite par la mise en œuvre d’uneanalyse partagée du contexte régio-nal de la filière du disque et la co-écriture de ce dispositif à vocationdouble, soit : allier une volonté destructuration économique de filière,tout en garantissant la diversité dela production artistique. Le ConseilRégional est venu compléter cetteétude par l’adoption d’un plan dedéveloppement des industries cultu-relles 2007 / 2009, avec un protoco-le Etat-Région sur le livre et ledisque qui s’appuie sur la logique dela Convention de l’Unesco.

Pour assurer la réussite du disposi-tif, une Fédération des Editeurs etProducteurs PhonographiquesIndépendants Aquitains (FEPPIA) avu spécialement le jour, avec uncoordinateur de projets. Dans lecadre de la production phonogra-phique, 20 labels (soit une trentained’albums) ont ainsi perçu 91 000

euros d’aide directe. Et pour encou-rager la structuration de la filière etla promotion des labels, le ConseilRégional, la FEPPIA et le RéseauAquitain des Musiques Actuelles(RAMA) œuvrent sur plusieurschamps : la mise en place d’unréseau de distribution physiquealternatif, en partenariat avec leslibrairies indépendantes et le réseaudes médiathèques, pour la construc-tion d’un groupement de vente ; l’ai-de aux commerces culturels deproximité (disquaires indépen-dants), permettant de sécuriser leslieux existants et de développer unmaillage cohérent ; une réflexion surune plateforme de distributionnumérique (servant autant à la pro-motion des labels qu’à l’écoute et àla vente de titres par télécharge-ment) ; le développement de liensavec les scènes régionales sur desmodèles établis (“Carte blancheà…”, “Labels en scène”, “Labels enrésidence”) ; des assises des labelsd’Aquitaine, intégrées dans le pro-cessus de concertation territorialedes musiques actuelles.

Réalisation résultant de ce disposi-tif, la compilation Labels d’Aqui-taine, 12 morceaux choisis (Voices ofPraises, Calc, Kim Novak,BikiniMachine, Manufacture Verbale, JonSmith, 3 Rocks & a Sock, LieutenantFoxy, Disciples MC’s, Benat Achiary,Hot Flowers, Earth Link) est offertepar le Conseil Régional d’Aquitainedès le 20 décembre dans les média-thèques, les librairies indépen-dantes, les agences culturelles(Oara, Arpel, Frac, Aic, CentreFrançois Mauriac), les pôles de res-sources artistiques et culturels, ousur simple demande sur le site…

www.jeunes.aquitaine.fr

Labels d’Aquitaine

Naissance de

la compilation

Labels d’Aquitaine,

12 morceaux choisis,

accompagnée d’un

dispositif d’aide aux

labels indépendants

régionaux éditeurs

et producteurs

phonographiques.

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CA GAVEHUMEUR & VITRIOL

Il s’en est fallu de très peu quenous récupérions enfin unehéritière digne de porter le

lourd fardeau de la successiond’Arlette L., quincaillière en idéolo-gie au rayon des espoirs déçus etdes lendemains qui chantent moinsforts, chaque jour que le CAC 40fait. Une égérie de la cause proléta-rienne, une porte-parole des dam-nés de la terre. Bref, une chieusehéroïque dans la lignée des Olympede Gouge qui finit plus courte queson nom ne le laisse transpirerparce qu’elle faisait suer les révolu-tionnaires à vouloir être plus révo-lutionnaire que nécessaire (note àl’attention des ignares et autresadolescents qui tomberaient parhasard sur ces lignes d’une hautetenue intellectuelle et pour celamême repoussées à la fin de cenoble opuscule : Mme de Gougefinit décapitée pendant laRévolution française, celle-là mêmequi aboutit deux siècles plus tard àl’élection de l’actuel président, pouravoir voulu défendre la conditionféminine. Bien fait pour sa gueule !). Cette âme noble et progressiste,parce que je sens que l’impatience gagne et que le CAC 40 flageole, n’estautre que Fanny Ardant, actrice asinaire remarquée notamment pour sonallure grand-bourgeoise qui provoque des érections incontrôlées chez lespartisans de la sodomie sociale.

Voilà-t-y pas qu’invitée d’une émission télévisuelle transalpine (note à l’in-tention des ci-dessus mentionnés qui, de toute façon, ont déjà dû passerà des lectures plus aisées comme l’Equipe ou le Journal de Mickey, trans-alpine veut dire italienne et ne désigne nullement une émission consacréeaux passions automobiles chez les transsexuels), je disais donc qu’à latéloche des Ritals, Fanny Ardant, toutes dents dehors, avoua tout de goson admiration pour le fondateur des Brigades Rouges. En soi, cela n’arien de gênant, et c’est même plutôt sympathique à l’heure où l’actuel pré-sident de la République, né de la Révolution française, n’hésite pas à brai-re sa dévotion canine et frétillante devant l’immensité de l’œuvre d’un GWBush, responsable pourtant de beaucoup plus de morts que le modesteembastillé brigadiste dont les idéaux étaient moins vulgaires (du latin vul-gus, vulgare, qui signifie commun, et non pas grossier. Je sais être gros-sier lorsque je le veux, mais le premier qui me traite de vulgaire, je l’envoiead patres voir s’il maîtrise les pages roses du Larousse aussi bien quemoi… même si les pages roses, pour draguer les filles, c’est plus ce quec’était, mais revenons à notre chevaline amazone). Ce qui est plus gênant,par contre, c’est qu’à peine 48 heures après sa fracassante déclaration depolitique générale, la passionaria de la révolution indolente se repointaitdevant les bouffeurs de nouilles pour s’excuser, se désoler, se lamentercomme une carmélite contrôlée positive à l’ecstasy, d’avoir pu dire cequ’elle avait eu non pas le malheur de penser, mais la maladresse de dire.

Sans doute aiguillonnée par le remord et un attaché de presse frisant lacrise d’apoplexie, qui voyait là, compromise une intéressante percée surun marché porteur en terme de contrats publicitaires et éventuellement

artistiques, la Walkyrie au kalachni-kov entre les dents ravalait sesmots et son semblant de courage,rongeait son frein et s’aplatissaitmollement devant les sondagesmontrant que 95% des joueurs demandoline n’en avaient rien àfoutre, mais que 75% désapprou-vaient ses propos parce que ce sontdes choses qui ne se disent pas,même si 83% juraient sur la tête deleur mamma qu’ils les auraientoubliés dans les deux jours.

Ce désolant exemple de contritionpublique, qui s’apparente à la fla-gellation des pénitents expiant leursimprobables péchés par l’exposi-tion publique de leur repentir, estmalheureusement un exemple enmille d’un phénomène qui s’étendavec plus d’efficacité que le H5N1 :la rétractation publique qui tient lieude censure a posteriori. Plus tristeencore que la détumescence post-coïtale de l’éjaculateur précoce invi-té à une soirée SM, la rétractationpost-déclarative symbolise jusqu’à

la nausée une société où l’opinion majoritaire a plus de pouvoir dictatorialque les tribunaux de la regrettée Inquisition et où les intervenants média-tiques ont moins de courage encore que d’intelligence et d’à-propos. Osez,ne serait-ce que du bout des lèvres, proférer une opinion un tant soit peupersonnelle, un tantinet à côté du marigot putride où surnagent les mor-ceaux rances du brouet fade de la pensée commune, pour ne pas dire vul-gaire parce que je suis poli, et vous êtes aussitôt menacé d’excommunica-tion sondagière. Toute parole doit être contrôlée, ravalée, digérée pourpouvoir ensuite sortir et aller s’entasser sur le fumier aigre de la non-pen-sée contemporaine.

Le démenti est désormais un sport de combat où triomphe celui qui saitretirer plus vite que l’autre une parole souvent à peine plus vivifiante quel’odeur d’œuf pourri que répand l’idéologie molle du quotidien. Deuxécoles s’affrontent à ce sport de vitesse : celle du “Je l’ai dit, mais je ne lepensais pas vraiment”, plutôt pratiquée par ceux qui n’ont pas honte de nepas vraiment penser et estiment qu’il vaut mieux passer pour un crétin quepour un original. Et celle du “Les journalistes ont déformé mes propos”,qui préfèrent sauver leur face de rat en accusant les autres de penséedéviante. Et comme les journalistes sont la plupart terrorisés à l’idée den’être pas les amis de ceux qui comptent et par les armées d’avocats plusou moins véreux qui contrôlent tout ce qui s’écrit par-dessus leur épaule,ils se gardent bien de faire preuve eux-mêmes d’une volonté de mettrel’anguille rhétorique devant ses contradictions.

Ce sont là deux formes d’une pensée contraceptive qui s’apparente au coï-tus interruptus où l’on préfère se finir dans la déception manuelle d’un acteinachevé que dans l’extase charnelle de l’affrontement, de peur d’engen-drer un monstre qui vous pourrira la vie en grandissant. Avec FannyArdant, la main n’est peut-être pas la pire des solutions. Mais peut-êtreque je déforme mes propos.

Jean Luc Eluard

Interruptionvolontaire de pensée

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