L'~)OIATHE DE BALIN" (POLOGNE ME RIDION).IJE). NOUVEI ,LES O B S E R V A T I O N S E T

INTERPRI~TATIONS S T R A T I G R A P H I Q U E S

RADOSTAW TARKOWSKI, JACQUES TH~RRY, DIDH~R MARCHAND, CHARLES MANGOLI}, JEAN- HENRI DELANCE, JEAN-PIERRE GARCIA & BERNARD LAURE~

TARKOWSKI R., THIERRY J., MARCHAND D., MANGOLD C., DELANCE J.H., GARCIA J.P. & LAURIN B. 1994. L'"oolithe de Balin" (Pologne m~ridionale). Nouvelles observations stratigraphiques. [The "Balin Oolithe" (Southern Poland). New observations and stratigraphical interpretations]. GEOBIOS, M.S. 17 : 461-467.

RI~SUM]~

La raret~ et le caract~re temporaire des affleurements de l'"Oolithe de Balin" (r~gion de Cracovie) ont conduit les auteurs, par manque de donn~es stratigraphiques pr~cises, ~ proposer pour cette formation un age tantSt Batho- nien sup~rieur, tantSt Callovien inf~rieur. Plus de 120 ans apr~s les monographies de Laube, Neumayr, Szajano- cha, Siemiradzki et Teisseyre, de nouvelles r~coltes permettent de pr~ciser que les d6pSts gr~seux sous-jacents aux couches ferrugineuses, d~butent d~s le Bathonien moyen et atteignent le Bathonien sup~rieur (zone ~ Retrocosta- turn). Quant ~ l'"Oolithe de Balin", un ~ge allant du Bathonien sup6rieur (zones ~ Retrocostatum (= Hodsoni pars. sup. - Orbis) et Discus) au Callovien inf~rieur-moyen (zones ~ Macrocephalus/Bullatus (= Herveyi pars), Gracilis (= Herveyi pars-Koenigi-Caltoviense) et Jason) est retenu. Compte-tenu de la particularit~ des conditions de d~p6t de ce facies ferrugineux, correspondant ~ un ~pisode transgressif, et de l'action post~rieure de ph~nom~nes de cryo- turbation et de solifluxion au Quaternaire, il est ~vident que l'utilisation de cette formation pour pr~ciser la biozonation dans l'intervalle Bathonien sup~rieur - Callovien moyen ne peut qu'apporter confusions et discussions st~riles. La s~dimentation est r~duite, discontinue, et chaque profil est tr~s diff6rent par sa faune, m~me si le facies typique ~ oolithes ferrugineuses est reconnu parteut; on notera, surtout dans la faune ammonitique, qu'au- cun Proplanulites n'a ~t6 r~colt6 dans cette nouvelle coupe, alors que Teisseyre a c r ~ ce genre sur des specimens provenant de cette formation dans des coupes proches. Par comparaison avec d'autres r6gions europ~ennes, ces faunes, r~colt~es dans des d~pSts peu ~pais et caract~ristiques de l'~pisode globalement transgressif du passage Bathonien-Callovien, sont g prendre en consid6ration uniquement pour des questions purement pal~ontologiques (variabilitY, syst~matique, biog~ographie, etc. ) ; mais, en aucun cas elles n'apportent d'arguments fiables pour une biozonation fine et une meilleure compr6hension de la limite entre ces deux ~tages du Jurassique moyen.

MOTS-CLI~S : STRATIGRAPHIE, AMMONITES, BRACHIOPODES, ECHINIDES, BATHONIEN, CALLOVIEN, OOLITHE DZ BALIN, POLOGNE Mt~RIDIONALE.

ABSTRACT

The unusualness and provisional outcropings of the "Balin Oolithe" (Krakow area) have led authors to propose, either a Late Bathonian, or an Early Callovian age for this formation. More than 120 years later than the mono- graphs of Laube, Neumayr, Szajanocha, Teisseyre and Siemiradzld, new collected faunas owe to precise that the sandstones, underlaying the ferrugineous deposits, begin in the Middle Bathonian and reach the Upper Bathonian (Retrocostatum Zone). The famous "Balin Oolithe" is dated from Late Bathonian (Retrocostatum (= Hodsoni pars. sup. - Orbis) and Discus Zones) to Early (Macrocephalus / Bullatus (= Herveyi pars) and Gracilis (= Koenigi - Ca]loviense Zones) and Middle Callovian (Jason Zone). Considering the special conditions of sedimentation of this ferruginous facies corresponding to a transgressive period and the subsequently action of cryoturbation and soli- fluxion during the Quaternary, it is obvious that the use of this formation, to specify the biostratigraphy of the Bathonian-Callovian boundary, should lead to confusion and unfruitfull discussions. The sedimentation is reduced, discontinuous and the fauna is different in each profile, even if the typical ferruginous facies is widespread; one can notice that, in the new section, no Callovian Proplanulites have been collected within the ammonite fauna, although Teisseyre have created his genera on specimens coming from neighbouring sections showing this forma- tion. In comparison with other European areas, these faunas, collected in thin and lenticular sediments, typical of the global transgressive Late Bathonian-Lower/Middle Callovian, must be considered only for fundamental pro- blems in paleontology (variability, systematic, biogegraphy, etc...) but not as reliable data for a refmed biozonation to a better understanding of the boundary between these two Middle Jurassic stages.

KEY-WORDS : STRATIGRAPHY, AMMONITES, BRACHIOPODS, ECHINOIDS, BATHONIAN, CALLOVIAN, BALIN OOLI- THE, SOUTHERN POLAND.

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HISTORIQUE

Les premieres r6coltes de fossiles dans l'"Oolithe de Balin" (Pologne m4ridionale) furent effectu6es vers 1840 par des amateurs et des cartographes au cours des t ravaux ferroviaires dans cette loca- lit6, situ4e h une quarantaine de kilom~tres l 'Ouest de Cracovie. L"Oolithe de Balin" est de- venue c616bre vingt-cinq ans plus tard, alors que les affleurements n'existaient plus, ~ la suite des monographies pal6ontologiques r4alis6es sur le mat4riel collect6 et publi6 h l'initiative de Suess entre 1867 et 1894. Les plus c616bres pal6ontolo- gues europ6ens de la fin du XIX~me si6cle d6cri- virent successivement les coraux, les spongiaires et les bryozoaires (Reuss 1867), les 6chinodermes, les gastropodes et les lamellibranches (Laube 1867a, b) et les brachiopodes (Szajnocha 1879). Les ammonites furent l'objet de la monographie bien connue de Neumayr (1871), mais plusieurs autres auteurs utilis6rent du mat6riel de Balin : Waagen (1869, 6tude sur ]'"Ammonites subradia- tus"), Uhlig (1884, comparaisons avec du mat6riel d'Europe m6ridionale), Teisseyre (1887, cr6ation du genre Proplanulites et premi6re description de ses esp~ces), enfin Siemiradzki (1894, 1898-1899, monographie des Perisphinctidae). Par sa ri- chesse et sa conservation exceptionnelle, la faune de l'"Oolithe de Balin" dev~nt la plus c616bre du Jurass ique polonais ; consid6r6e comme classique pour les d6p6ts du Bathonien sup6rieur et du Callovien inf6rieur, on a m~me sugg6r6, en Suisse et en Autriche, l 'utilisation d'un 6tage "Balinien" pour les d6p6ts de cet ~ge. Les attribu- tions biostratigraphiques propos6es par Neumayr (1871) sont rest6es valables jusqu'h la fin du XIX6me si6cle, avec la reconnaissance de cinq zo- nes qui allaient du Bathonien sup6rieur au Callo- vien sup6rieur : "Oppelia fusca", "Oppelia aspi- doides", "Stephanoceras macrocephalum ", "Pe- risphinctes anceps" et "Quenstedtoceras lamberti".

proprement dite, cette disposition, doubl6e d'une condensation de faune dans un d6p6t d'6paisseur tr6s r6duite (quelques d6cim~tres) h oolithes fer- rugineuses, expliquerait son ~ge compris entre les "zones h Oppelia aspidoides et Macrocephali- tes macrocephalus" - Bathonien sup6rieur et Cal- lovien inf6rieur. Cet auteur d6montre aussi le diachronisme de l'"Oolithe" qui, de Balin jusqu'h Cracovie vers l'Est, est de plus en plus r~cente, puisqu'elle at teint la zone h Lamberti.

Enfin, dans sa monographie du Dogger et du Malm du Jurassique de Cracovie-Czestochova, R6zycki (1953) reprend les observations faites Balin et les compl6te, d'une part avec celles de coupes voisines (Trzebionka, Luszowice, Brzezie, Balin-przekop, Balin-wies) et d 'autre part avec celles des environs de Chrzan6w (KSscielec, Bole- cin-Pilta, Chraznbw). Pour lui, la disposition par- ticuli6re des couches de Balin r6sulte d'effets de solifluxion p6riglaciaire au Quaternaire, avec en- trainement et injection des calcaires r4sistants oolithes ferrugineuses au sein des assises triasi- ques marneuses et plastiques. De plus, il pr6cise l'~ge des diff6rentes formations en identifiant dans l'"Oolithe de Balin", des ammonites du Ba- thonien sup6rieur (Oppelia aspidoides, Paroeco- traustes serrigerus) et plus particuli6rement de la zone ~ Discus (Clydoniceras discus) m~16es ~ une faune du Callovien inf6rieur (Macrocephalites macrocephalus, M. tumidus, M. typicus, Keppleri- tes calloviensis, Perisphinctes funatus, Oppelia subcostaria, Hecticoceras hecticum). Au-dessous, les couches gr6seuses appart iendraient aussi au Bathonien sup6rieur (Paroecotraustes paradoxus, P. heterocostatus) ; au-dessus, les marnes glauco- nieuses seraient d'~ge Callovien moyen et sup6- rieur (Kosmoceras jason, Hecticoceras lunula, "Stephanoceras" coronatum, Hecticoceras ros- siense, Kosmoceras pollux, K. duncani, Pe- risphinctes orion).

I1 fallut at tendre le d6but du si6cle pour que des t ravaux d'61argissement de la voie ferr6e, pr6s de la gare de Balin, permet tent h WSjcik (1909, 1910) de compl6ter les r4coltes de fossiles et sur- tout de d4crire, pour la premiere fois, la strati- graphie d6taill6e de cette s6rie jurassique. Les conditions de gisement de l'"Oolithe de Balin" sont alors interpr6t4es par WSjcik : parmi les cinq facies p4trographiques reconnus, trois sont rapport6s au Dogger ("Gr6s et sables h brachiopo- des", "Oolithe de Balin" s.st. et "Marries glauco- nieuses et phosphat6es") et consid6r6s comme in- tercal6s dans le Trias ; cette disposition r6sulte- rait d'un t ransport par l'eau puis d'un red6pSt au cours du Quaternaire. Pour l'"Oolithe de Balin"

Ainsi, pendant pr6s d'un si6cle et demi, se r6f6- rant aux travaux des plus 6minents pal6ontolo- gues travaillant h Vienne, Munich, Cracovie et Lwow, des g6n6rations de biostratigraphes et de pal6ontologues ont utilis6 les faunes de l'"Oolithe de Balin". Cependant, la plupart des auteurs, si- non tous, n'ont jamais fait allusion au caract6re original des affieurements de l'"Oolite de Balin" d6crits par WSjcik (1909, 1910) et RSzycki (1953). Ceci les a conduit, soit h proposer pour cette for- mation un age Bathonien sup6rieur, Callovien in- f6rieur, ou mixte, soit h rat tacher des taxons fos- siles tant6t h l'un, tant6t h l 'autre de ces sous- 6tages. Enfin, les affleurements n'existant plus et la stratigraphie d6taill6e de ce d6p6t n 'ayant pu

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~tre r~alis~e, les t ravaux publi~s aliment~rent des discussions in~puisables sur les ph~nom~nes de condensation et de remaniement de faunes, sur le r01e des ammonites et d'autres groupes fos- siles dans la stratigraphie du Jurass ique et sur les migrations de faunes entre provinces biog~o- graphiques.

Derni~rement, l'un d'entre nous (R.T.) a eu la possibilit~ de r~colter du materiel nouveau, ~ l'oc- casion du creusement des fondations d'une mai- son dans la localit~ de Chrzan6w (Pilta Koscie- lecka) et de l 'am~nagement de tranch~es de drai- nage ~ Balin, t~ quelque distance des seules cou- pes ~tudi~es en d~tail il y a presqu'un si~cle par WSjcik (1909 ; 1910, p. 71-75), puis par RSzycki (1953, p. 242-251, fig. 47, 50). Les couches affieu- rent dans des conditions tout t~ fair identiques celles d~crites par les anciens auteurs et la faune est relativement riche en ammonites, brachiopo- des, ~chinides et bivalves. L'utilisation conjointe de ces groupes dont la valeur biostratigraphique n'est plus ~ d~montrer, permet une nouvelle dis- cussion sur l'~ge de ces d~pSts jurassiques de Po- logne m~ridionale.

DESCRIPTION DES UNITIES L I T H O L O G I Q U E S E T D E L E U R C O N T E N U F A U N I Q U E

Les fondations de la maison ont permis de rele- ver une coupe de 2 m d'~paisseur avec une suc- cession lithologique comparable ~ celle dScrite an- t~rieurement par RSzycki (1953). En revanche, les tranch~es de drainage, peu profondes, n'ont fourni que des d~blais riches en brachiopodes mais pauvres en ammonites; cette faune n'a 5t~ utilis~e ici qu'~ titre de comparaison.

LES GRI~S DE BASE

Les fondations sont appuy~es sur des gr~s l~g~re- ment argileux qui n'ont ~t~ que peu entaill~s par la fouille. Les quelques brachiopodes (Rhyn- chonelloidella nivernensis) et les ~chinides (Colly- rites ovalis) indiquent le Bathonien moyen et su- p~rieur, zones & Morrisi et & Retrocostatum (Thierry 1984 ; Laurin 1989 ; Garcia 1993). Cette attribution precise l'~ge propos~ par WSjcik (1909, 1910) et R6zycki (1953) & partir des rares ammonites et brachiopodes r~colt~s autrefois. Le toit de cette formation gr~seuse est tr~s irr~gu- lier, recouvert d'un enduit ferrugineux mat~riali- sant une discontinuit~ s~dimentaire.

L' "OOLITHE DE BALIN" PROPREMENT DITE

D'~paisseur tr~s variable (0,2 ~ 0,4m), l'"Oolithe de Balin" proprement dite, ~ stratification tr~s confuse, est un calcaire noduleux, sableux, jaun~- tre ti rouge~tre, ~ oolites ferrugineuses, grossi~o res ~ la base, plus fines et plus uniform~ment r~- parties au sommet. I1 est dispos~ en lentilles im- briqu~es, d'extension m~trique ~ plurid~cam~tri- que, s~par~es par de minces lits argileux, eux- m~mes irr~guliers et discontinus. Cette formation ferrugineuse se termine par une surface irr~gu- li~re, couverte d'un enduit ferrugineux, souli- gnant une deuxi~me discontinuit~ majeure. La faune est tr~s abondante (environ 160 specimens) et bien conserv~e ; elle renferme des lamellibran- ches, des brachiopodes, des ~chinides et des am- monites.

La faune de brachiopodes, assez diversifi~e, per- met de retrouver la plupart des taxons d~crits et figures par Szajnocha (1879) dont certains types sont conserves au Museum de Vienne et ~ l'Insti- tu t de Pal~ontologie de Munich. Les esp~ces sui- vantes, g~n~ralement r~colt~es individuellement dans le Callovien inf~rieur et la base du Callo- vien moyen d'Europe occidentale ont ~t~ identi- fi~es : Morrisithyris vercrae (zone ~ Koenigi), Te- gulithyris cf. bentleyi (zone ~ Macrocephalus), Ca- ryona saemani (zone t~ Koenigi-zone ~ Jason / sous-zone ~ Medea), Caryona balinensis (in Sza- jnocha ; zone ~ Koenigi), Dictyothyris smithi (= D. coarctata in Szajnocha, = D. luszowicensis Rollier ; zones ~ Macrocephalus et ~ Koenigi), Rugitela biappendiculata (Callovien inf~rieur-moyen s.1.), Dorsoplicathyris cf. dorsoplicata (Callovien S.1.), "Terebratula" calcarata (forme costul~e, tr~s rare, portant un sillon m~dian sur les deux valves et rapport~e ~ tort au genre Dictyothyris par Suess ; Callovien inf~rieur), Rhynchonelloidella cf. spa- thica (= cf. rambertensis; Callovien inf~rieur), Sphenorhynchia dominula (Callovien inf~rieur), Robustirhynchia sp. (Callovien inf~rieur et moyen), Capillirhynchia (?)funiculata (Callovien moyen).

L'esp~ce la plus abondante est Caryona-balinen- sis pour laquelle nous conservons le nom c r ~ par Szajnocha, plutSt que celui de C. surensis, c r ~ r~cemment par Boullier et al. (1987). D'une part, C. balinensis b~n~ficie incontestablement de la r~gle d'ant~riorit~, d'autre part les arguments d~- velopp~s par ces auteurs pour j u s t i f e r leur d~ci- sion taxinomique paraissent discutables, (Delance et al. 1993). Enfin, dans cette faune, on remarque l'absence de repr~sentants du genre Aulacothyris, dont Szajnocha avait d~crit les trois esp~ces A.

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haueri (nov.), A. pala (renomm~e A. sankaensis par Rollier 1916-1920) et A. carinata (dont Rollier a fair ses esp~ces A. anatina et A. alata). En ou- tre, et malheureusement, il n'a ~t~ r~colt~ aucune des t~r~bratelles costul~es pour lesquelles Szajno- cha avait c r ~ les esp~ces T. althi et T. niedzwiedskii.

On note donc la predominance d'esp~ces caract~- ristiques de la zone h Gracilis s.1. (= Herveyi pars. sup. - Koenigi - Calloviense ; Thierry et al. 1991) plus rarement de la zone h Bullatus/Macro- cephalus (= Herveyi pars. inf.), voire parfois de la base du Callovien moyen, zone h Anceps (= Ja- son). Plus pr~cis~ment, cette faune de brachiopo- des peut 8tre compar~e h deux associations sp~ci- fiques. D'une part, l'association Robustirhynchia - Sphenorhynchia dominula - Capillirhynchia funi- culata, bien connue h la base du Callovien moyen du Jura souabe, du Ju ra fran~ais et du Sud et de l 'Ouest de la Bourgogne (Laurin 1984 ; Alm~ras et al. 1990 ; Garcia 1994) ; d'autre part, l'associa- tion Caryona balinensis - "Zeilleria" biappendicu- lata - Dictyothyris smithi - Rhynchonelloidella spathica qui se situe en Normandie et dans la Sarthe (Laurin 1984 ; Alm~ras et al. 1990 ; Gar- cia 1994), h la base de la zone h Koenigi (= Callo- viense auct.), sous zones h Gowerianus et Curtilo- bus (= sous zone h Koenigi auct.).

Les taxons d~termin~s indiquent un ~ge allant du Bathonien sup~rieur (zones h Retrocostatum (= Hodsoni pars. sup. Orbis (Mangold 1990, 1991) et Discus) avec Bomburites suevicus, Alci- dellus tenuistriatus, Oecotraustes davaicense, Oe- cotraustes sp., Paraecotraustes maubeugei, Clydo- niceras discus, Homoeoplanulites cf. aequalis, au Callovien inf~rieur (zones h Macrocephalus/Bulla- tus (= Herveyi pars ; Thierry et al. 1991) et Gracilis (= Koenigi-Calloviense ; Thierry et al. o19. cit.) avec Macrocephalites cf. verus, Dolikephalites dolius, D. gracilis, Oxycerites subcostarius, Ho- moeoplanulites balinensis, H. furculus, Grossou- vria gr. kontkiewiczi, Elatmites sp., Choffatia sp., Choffatia (Subgrossouvria) wagneri (in Neumayr pl. XII, fig. 6), CalliphyUoceras sp..

LES MARNES OOLITHIQUES ET GLAUCONIEUSES

Au-dessus de la deuxi~me discontinuit~ majeure, les d~p6ts argileux d~crits par les auteurs et da- tes jusqu'h present du Callovien moyen (zones Anceps (=Jason) et / ou h Coronatum ?) n'ont pas ~t5 clairement reconnus et aucune faune n'a ~t~ r~colt~e dans cette nouvelle coupe au-dessus de l'Oolithe de Balin.

D I S C U S S I O N

Les ~chinides son t au contraire domin6s par des taxons plut6t bathoniens (Clavel 1984 ; Clavel et al. 1990 ; Thierry 1992) : Nucleolites amplus (Ba- thonien s.1.), N. terquemi (Bajocien-Bathonien moyen ~ sup~rieur), ColIyrites (Pygomalus) ana- lis, (Bathonien moyen h sup~rieur). D'autres at- teignent le Callovien, tel Hyboclypus gibberulus (Bathonien sup~rieur h Callovien inf~rieur), ou ont une distribution stratigraphique encore plus grande : Clypeus ploti (Bajocien a Callovien inf~- rieur), Holectypus depressus (Bajocien ~ Oxfor- dien).

Les ammonites sont quanti tat ivement les plus abondantes et les plus diversifi~es ; rassociation faunique rencontr~e d~montre sans ambiguit~ que le gisement de Balin appartient h la province biog~ographique subm~diterran~enne : absence des Kosmoceratidae, abondance des Macrocepha- litidae, Oppeliidae, Hecticoceratidae et Pe- risphinctidae, raret~ des Tulitidae et Phyltocera- tidae. Deux anomalies sont h signaler : l'absence des Reineckeiidae et celle des Proplanulitidae, ces derniers ayan t pourtant ~t~ d~crits pour la pre- miere lois (Teisseyre 1887) dans des gisements proches de celui de la gare de Balin et de celui d~crit ici.

Dans l'ensemble, la coupe pr~sent~e ici se com- pare assez bien ~ celles d~crites par WSjcik et R6zycki tout en conservant cependant une cer- taine originalitY.

Les preuves de cryoturbation et de solifluxion p~- riglaciaires au cours du Quaternaire ne sont pas ~videntes ; le fait de retrouver une succession li- thologique comparable ~ celle des coupes de Chrzan6w (R6zycki 1953 ; fig. 50, p. 247) permet en effet de penser qu'ils n'ont pas, ou peu, modi- fi5 la stratigraphie, comme c'~tait le cas dans la tranch~e ferroviaire de Balin (WSjcik 1909 ; fig. 1-4, p. 838-842), /t quelque distance de ce nouvel affleurement.

Toujours en se r~fdrant aux coupes d~crites par R6zycki (op. cit., p. 236-251) et h nos observa- tions, la lithologie et l'fige des assises encadrant les couches ferrugineuses de Balin sont assez bien gtablis : - au-dessous, les gr~s et argiles gr~seuses appar- t iennent au Bathonien moyen-supdrieur, avec, ca- ract~ris~es par ammonites, les zones Morrisi et Retrocostatum ; - au-dessus, les marnes glauconieuses seraient du Callovien moyen et sup~rieur, avec tr~s vraisem-

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blablement la Zone ~ Coronatum et sans doute la zone ~ Athleta (R6zycki op. cit.) ; - quant ~ l'"Oolithe de Balin", son fige varie consi- d~rablement d'une coupe ~ une autre, car sa ri- chesse en ammonites ne permet pas de douter des datations propos~es ; dans la coupe ~tudi~e ici, elle appartient au plus t6t aux zones a Retro- costatum (= Hodsoni pars . sup. - Orbis) et ~ Dis- cus du Bathonien sup~rieur et au plus tard aux zones ~ Macrocephalus/Bullatus (= Herveyi pars . inf.) et ~ Gracilis (= Koenigi - Calloviense) du Callovien inf~rieur, voire ~ la base du Callovien moyen. Dans d'autres coupes de la r~gion de Cra- covie-Czestochowa (R6zycki 1953), elle atteint la zone ~ Lamberti du Callovien terminal. Ceci con- firme le diachronisme de cette formation et son ~ge de plus en plus jeune, depuis Balin (~ l'Ouest) jusqu'~ Cracovie (~ l'Est).

Actuellement, le gisement de Balin est Fun des plus m6ridionaux du Jurassique polonais, quel- ques Mlom6tres au Nord du chevauchement fron- tal carpathique. Replac6 dans le contexte pal6o- g6ographique du Dogger sup6rieur de la Pologne m6ridionale, il s'int6gre ~ la bordure sud de la marge nord-t6thysienne (Dercourt et. al. 1990), occup6e par des plates-formes distales appuy6es sur les aires positives des Massifs Boh6mien et Malopolien (Dayczak-Calikowska & Moryc 1988). Du point de vue des 6v6nements marins, il illus- tre parfaitement l'6pisode transgressif majeur qui caract6rise l 'intervalle Bathonien terminal-Callo- vien moyen. Cet 6pisode, qui succ6de a celui, plu- tSt r6gressif, du Bathonien moyen, est d6montr6 par la stratigraphie s6quentielle et clairement re- port6 sur la courbe des variations a long terme du recouvrement cStier (Haq et al. 1988).

Le premier stade de cet 6pisode transgressif de recouvrement des aires positives de l'Europe moyenne est repr6sent6 par les formations gr6- seuses, qui reposent en g6n6ral sur le Trias sup6- rieur (R6zycki 1953) ; ces d6p6ts, bien d6velopp6s dans la r6gion de Chrzandw, n'existent pas plus l'Est.

Le second stade, est mat~rialis~ par les couches ferrugineuses qui repr~sentent essentiellement l'intervalle Bathonien sup~rieur (zones ~ Retro- costatum (= Hodsoni pars . sup. - Orbis) et ~ Dis- cus) - Callovien infSrieur (zones ~ Macrocepha- lus/Bullatus = Herveyi pars . inf. et ~ Gracilis (= Koenigi - Calloviense), voire le d~but du Callo- vien moyen (zone ~ Anceps = Jason). En g~n~ral, cet intervalle comporte plusieurs s~quences s~di- mentaires de troisi~me ordre (Haq et al. 1988) plus ou moins d~velopp~es. Ici, ces s~quences sont tr~s fortement condens~es (d~pSts r~duits et

lenticulaires), vraisemblablement par absence de production s~dimentaire en regard de l'espace disponible c r ~ par la mont~e g~n~ralis~e du ni- veau marin ~ l'~chelle du deuxi~me ordre. Le ra- jeunissement progressif vers l'Est des couches ferrugineuses confirme cette tendance.

nfin, le. troisi6me stade, caract6ris4 pa r une uni- rmmatlon des fames argfleux et glauconieux de

plate-forme distale, marque le maximum de la transgression callovienne avec un ennoiement to- tal des aires hautes vers la limite Callovien moyen-sup6rieur.

I1 est donc ~vident, que dans un tel contexte de d6pSts diachrones, lenticulaires, r~duits et faune condens~e, l'utilisation de l'"Oolithe de Ba- lift' ~ des fins biostratigraphiques ne peut qu'ap- porter confusion et discussions st~riles si elle est utilis~e pour d~finir la limite Bathonien-Callovien ou toute autre division biochronologique. Les fau- nes qu'elle contient doivent cependant ~tre prises en consideration pour d'autres probl~mes, mais en aucun cas elles n'apporteront d 'arguments fia- bles pour une biozonation fine au passage entre ces deux ~tages du Jurassique moyen.

En revanche, les donn~es lithologiques et pal~on- tologiques fournies par l'"Oolithe de Balin" ont un grand int~r~t pal~obiog6ographique, tout en gar- dant pr6sent ~ l'esprit que ces d6pSts ferrugineux sont affect~s de lacunes et / ou de condensation. I1 est en effet int~ressant de noter, que les asso- ciations de brachiopodes et d'~chinides observ~es sont comparables ~ celles d'autres r6gions de la marge nord-t~thysienne (Bassin de Paris, Jura fran~ais et Jura souabe ; Lain'in 1984 ; Alm~ras et al. 1990 ; Garcia 1993). Parmi les ammonites, dont la majorit~ sont calloviennes (surtout de la zone a Gracilis = Koenigi - Calloviense), on note- ra l'absence totale du genre Prop lanu I i t e s ; cette anomalie peut s'expliquer par une s~dimentation discontinue; l'intervalle de temps correspondant/~ cette unit~ biochronologique n 'ayant pas 6t~ con- serv~ dans toutes les sections. Par contre, l'ab- sence des Reineckeiidae, et plus g6n~ralement leur extreme raret~ dans toute la Pologne m~ri- dionale, est particuli~rement significative : mal- gr6 des indices subm~diterran~ens certains (pr6- sence des Macrocephalitidae et Tulitidae), la Po- logne m~ridionale semble difficilement colonis~e par cette famille. Si cette observation confirme la progression lente des Reineckeiidae vers l 'Est et le Nord, ~ partir du domaine cara~be (Cariou 1984), elle d~montre la trop grande rigidit~ des provinces biog~ographiques d~finies souvent sans tenir compte des contraintes pal~oScologiques

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( M a r c h a n d & T h i e r r y 1986 ; D o m m e r g u e s & M a r c h a n d 1988 ; T h i e r r y 1988).

R e m e r c i e m e n t s - Nous tenons /~ remerc ier tout pa r t i cu l i~ rement Mme et Mr B. et M. LADRA qui ont part icip~ /~ la r~colte des fossiles dans la nouvelle coupe de Chrzan6w (Pi l ta Koscielecka).

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R. TARKOWSKI Facult6 de G6ologie, G6ophysique et de Protection de

l 'Envi ronnement Acad6mie des Mines et de la M6tallurgie

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D. MARCHAND, J.-H. D E L A N C E & B. L A U R I N Centre des Sciences de la Terre et URA 157 du CNRS

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