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L'Orphelinat de Mme de Grassfurstök - Storycraftdata.over-blog-kiwi.com/0/44/69/32/ob_2b1a41_l...storycraft.pdf · 1 Il était une fois, en Angleterre, au dix-2 huitième siècle,

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privée individuelle. Tout partage ou revente, sans

l’accord de l’auteur, sera passible de sanctions

judiciaires conformément aux lois en vigueur

concernant les droits d’auteur.

L’Orphelinat de Madame de Grassfurstök

Romaric AUBERTIN

Copyright ©® Romaric AUBERTIN

Storycraft ™

Il était une fois, en Angleterre, au dix-1

huitième siècle, l’histoire d’un orphelinat qui 2

suscitait la méfiante curiosité des riverains. 3

Cette structure était régentée par Madame 4

de Grassfurstök, une femme à laquelle on ne 5

saurait donner d’âge à cause de son 6

apparence fort jeune qui contrastait avec son 7

âge réel, ce qui ne manquait pas d’étonner 8

les rares interlocuteurs qui se devaient d’être 9

renseigné quant à son identité. Toujours 10

est-il que cette dame, à l’allure d’une 11

trentenaire, était la directrice mais 12

également la bonne mère d’une cinquantaine 13

de gredins de tout âge qui vaquaient dans 14

tout l’édifice. 15

Recueillant des gamins considérés comme 16

maudits, parias de la société, des bambins 17

dont la vie les a arrachés à leurs parents, soit 18

par la mort de ces derniers, soit par 19

abandon, tous ces êtres en formation que les 20

autres orphelinats rejetaient ou redoutaient, 21

elle, en revanche, s’est empressée de leur 22

donner l’asile et les intégrer à son complexe 23

qui sert de gîte à ces enfants qui seraient 24

morts sans son appui. On n’ose guère 25

pourchasser ceux qu’on désirait pendre haut 1

et court, l’orphelinat de Madame de 2

Grassfurstök est considéré par tous comme 3

l’Antre du Diable, sauf bien entendu de ses 4

résidents qui le vantent comme un Eden 5

dans la ville. Il faut dire que ces gamins 6

n’ont guère idée de ce qu’est un véritable 7

Eden, n’ayant guère connu le pays, étant 8

rentré au plus tard lorsqu’ils étaient 9

adolescents, ils ne savent que peu de choses 10

et c’est avec ce genre de vaines 11

connaissances que leur jugement en semble 12

faussé, soit, s’ils sont heureux ainsi, doit-on 13

les écarter de leur idéal ? 14

Ils ont néanmoins approché la mort de 15

près : caillassés par les pauvres qui les 16

traitaient d’enfants de Satan, traqués par les 17

gardes qui n’hésitaient pas à les mettre en 18

joue pour les abattre s’ils en avaient 19

l’occasion, craints de l’Eglise qui 20

souhaitaient les faire comparaître devant un 21

Tribunal pour abjurer le Démon qui était en 22

eux, quitte à être purifié par le feu pour y 23

parvenir, quel autre choix avaient-ils ? Leurs 24

parents étaient scientifiques, libres 25

penseurs, inventeurs, philosophes, 1

psychiatres avant l’heure, d’autres étaient 2

simplement des médecins, mais tous avaient 3

le point commun d’avoir pour moitié une 4

filiation avec une personne ayant un don : 5

voyants, télékinésistes, télépathes, certains 6

tirant leurs pouvoirs d’un élément 7

particulier, tous sont des hybrides, des 8

sortes de mutants à l’aspect physique 9

humain mais aux capacités dépassant 10

l’entendement. Toujours est-il que ce don, 11

ou cette malédiction, est à l’origine de leur 12

persécution et de l’amour que leur voue 13

Madame Grassfurstök, fondatrice de cet 14

orphelinat. 15

16

Que sait-on sur cette femme qui a eu pour 17

vertu de sauver ces pauvres créatures des 18

griffes acérées de la stupidité bornée des 19

humains lambdas, des ignorants se pensant 20

supérieurs à tout lorsqu’ils sont riches et 21

dont la seule idée qu’un individu soit 22

différent d’eux les repoussent, leur faisant 23

perdre pied en leur inculquant une crainte 24

des plus effroyables qui leur fait redouter 25

d’être, un jour peut-être, détrônés par ces 1

êtres dotés de fantastiques facultés ? Pour 2

tout dire, on n’a que fort peu d’informations 3

à ce sujet : elle est veuve, mais s’est 4

remariée avec le tout premier orphelin 5

qu’elle a recueilli, un jeunot par rapport à 6

elle, il a tout juste vingt-cinq ans mais 7

reconnaît en elle une mère-épouse, une 8

relation des plus ambigües qui ne leur 9

empêche tout de même pas de jouir d’une 10

existence à leur goût suffisante : ils se 11

comprennent et s’entendent comme larrons 12

en foire, quoi exiger de plus ? 13

Son titre lui provient de son défunt mari 14

qu’elle avait connu lorsque ce dernier avait 15

étudié en Prusse, plus précisément, à Munich 16

en Bavière. Elle était noble et maniérée, sa 17

famille l’avait contrainte d’ingurgiter une 18

bonne et haute éducation pour se distinguer 19

de ses concurrentes et briller lors de dîner 20

où elle aurait pour chance de conquérir le 21

cœur d’un homme de haute lignée, bien que 22

ce fut son minois qui fit la différence auprès 23

de son ancien époux. 24

La régente a pour coutume, depuis son 25

veuvage, et ce en dépit de sa nouvelle union, 1

de s’accoutrer en vêtements noirs, couleur 2

ayant pour symbole de lui remémorer la 3

perte de l’être le plus cher de toute sa vie, 4

mais également de la mission dont elle s’est 5

chargée, lourd fardeau qui ne pèse que trop 6

sur ces frêles épaules : la sauvegarde et la 7

protection des orphelins qu’elle recueille. 8

L’étiquette gothique lui a été apposée sur le 9

front par le voisinage de l’établissement, 10

mais elle se moque bien des on-dit. Elle sait 11

bien mieux que quiconque que tous 12

aimeraient que sa structure soit désaffectée, 13

puis rasée, démolie, mise à bas afin d’édifier 14

tout autre bâtiment bien plus utile qui ne 15

servirait pas à protéger des gens de 16

mauvaise vie… Mais personne n’ose 17

prononcer tout haut ce qu’il pense, 18

redoutant les foudres de la belle et 19

imprévisible Madame de Grassfurstök. 20

Elle et ses petits protégés sont cloîtrés dans 21

l’enceinte de leur bâtiment, les sorties de 22

Madame de Grassfurstök restent rares, ils ne 23

peuvent compter que sur José, l’homme à 24

tout faire, un vieux bonhomme moustachu, 25

gras et jovial qui égaye l’orphelinat en 1

rapportant chaque semaine des provisions et 2

des petites intentions qui font plaisir à 3

chacun. Sans l’aide de cet homme, valet 4

licencié qui a trouvé en cet étrange foyer un 5

refuge pour le pauvre erre qu’il était devenu, 6

leur situation en serait moins commode. 7

Mais aujourd’hui est un jour spécial, 8

étant donné que l’orphelinat, malgré sa 9

sobriété austère, s’apprête à fêter Noël 10

comme il se doit, dans des tons plus froids 11

et spéciaux que le commun des mortels en a 12

l’habitude. Pour toute décoration « normale » 13

se dresse un grand sapin dans le hall 14

d’entrée, tout le reste a été imaginé par 15

Madame de Grassfurstök et fabriqué par les 16

enfants recueillis, et leurs créations sont 17

pour le moins prodigieuse ! Usant de glace 18

pour confectionner des sujets ou de joyeuses 19

scènes hivernales que des orfèvres 20

jalouseraient, ces décorations tirent leur 21

magie de l’habileté de leur créateur à 22

manipuler cette dernière. Chaque pièce est 23

unique, sa beauté si particulière reflète le 24

respect que tous ont pour Madame de 25

Grassfurstök ainsi que la noblesse du geste 1

de cette dame : qui d’autre peut être fier de 2

proclamer que son œuvre est parfaite dans la 3

pureté de sa confection grâce aux louables 4

intentions qui ont engendré son 5

achèvement ? Cette complexité tortueuse est 6

à l’origine de ce qui, dans un monde 7

parallèle, engendre la perfection. Grace 8

plane au-dessus de l’édifice haï de tous, une 9

bonne étoile est au-dessus de la tête de ces 10

anges à qui on a coupé les ailes : qu’en ce 11

jour festif, commémorant le retour de la 12

lumière, lumière ramenée par, jadis, la 13

naissance d’un nourrisson dans une étable, 14

souhaitons à tous les orphelins de ce foyer, 15

où ils ont trouvé l’affection d’une bonne 16

mère, d’emplir leur cœur de bonnes vertus 17

en remerciement des bonnes intentions dont 18

ils font preuves. Mais pour recevoir le 19

moindre cadeau, il faut d’abord aller se 20

coucher. 21

22

Petits et grands, après le grand dîner 23

festif du soir, rejoignent leur chambrée 24

tandis que Madame Grassfurstök et son 25

jeune mari s’affairent des derniers 1

préparatifs destinés à égayer tout leur petit 2

monde dans, ils l’espèrent, quelques 3

instants. Les pouvoirs magiques se prêtent 4

volontiers aux tâches ménagères ainsi qu’à 5

celles d’embellissement, aussi tout est 6

préparé en un claquement de doigts ! La 7

vaisselle est propre, les assiettes, verres et 8

couverts sont à leur place, le mobilier est 9

remis à sa place, la pièce est briqué : tout est 10

parfait jusqu’au millimètre près pour la 11

venue de José qui sera, pour l’occasion, 12

grimé en un populaire et apprécié livreur de 13

cadeau, faiseur de rêves, donneur de 14

bonheur. En l’attendant, ils siègent au coin 15

de la cheminée du petit salon, sirotant un 16

cocktail à base de rhum tout en feuilletant 17

un bouquin chacun de leur côté, 18

confortablement installé dans les fauteuils 19

disposés en arc de cercle autour de l’âtre. 20

Hélas, le temps s’écoule inexorablement 21

sans que José ne vienne à toquer. 22

L’inquiétude gagne le couple qui se 23

demande quelles péripéties a bien pu 24

rencontrer leur vieil ami pour n’être toujours 25

pas revenu de sa course ? Ce triturage de 1

méninges prit fin dès lors que des grands 2

coups furent frappés au battant de la 3

double-porte d’entrée. Madame de 4

Grassfurstök se précipita pour ouvrir à José 5

qui doit être frigorifié, d’autant plus que la 6

neige s’est mise à tomber depuis le début de 7

soirée, pendant que son jeune époux, lui, 8

monte l’escalier tout en scrutant le hall où il 9

contemple la splendeur de sa dulcinée. 10

Atteignant l’étage, il est sur le point de 11

gagner les dortoirs lorsqu’il fut interpellé par 12

un ton sec, inconnu. 13

14

-Madame de Grassfurstök, par ordre du 15

Roi, nous venons nous emparer de tous vos 16

orphelins ! Conformément aux instructions, 17

certains seront emprisonnés, d’autres 18

exécutés dès que les festivités seront 19

terminées, et le reste sera remis aux services 20

qui ont été délégués pour s’occuper de ce 21

genre de marmaille. L’Officier ne semble 22

guère être d’humeur à plaisanter, la régente 23

est épouvantée par la cruauté du Roi qui a 24

fait mander toute une milice pour s’emparer 25

de ses orphelins durant la nuit de Noël ! Elle 1

fixe leurs tenues rouges, une couleur chaude 2

mais violente rappelant la barbarie du 3

régime. Leurs traits sont tirés, ils sont las 4

d’être de faction en ce jour de fêtes, et sur 5

les plus âgés d’entre eux sont encore 6

visibles les stigmates du dégoût de 7

l’Indépendance des Etats-Unis. 8

Son instinct maternel la ragaillardit, elle 9

sourit en répondant d’une voix douce et 10

aimable. 11

-Plaît-il monsieur l’Officier ? Je ne 12

pense pas avoir enfreint la loi me semble-t-13

il, quant à ces orphelins, ils sont ici protégés 14

comme au sein d’une église : vous ne 15

pouvez violer mon domicile en toute 16

impunité. Veuillez adoucir votre langage et 17

discuter de ce malentendu autour d’une 18

tasse de thé, cela serait plus commode entre 19

personnes civilisées. L’œil vif de l’Officier 20

toisa la noble femme qui se dressait de toute 21

sa hauteur, et ce n’était pas peu dire vu la 22

grandeur de la dame qui dépassait l’homme 23

d’une tête. Il fronça les sourcils et regarda la 24

femme, droit dans les yeux, lui déroulant un 1

arrêté sous le nez. 2

-J’ai ici un papier officiel, signé du 3

caché du Roi en personne, qui stipule que 4

j’ai pour mission de vous soustraire de tous 5

ces orphelins dont vous ne pouvez vous 6

occuper. Vous ne faites que trop de foin 7

dans le quartier, tout le voisinage est 8

terrorisé par vos maudits garnements, on 9

surnomme votre demeure Les Portes de 10

l’Enfer, et certains de ces marmots ont eu au 11

moins un de leurs géniteurs condamné pour 12

sorcellerie : nous avons un tas de preuves 13

suffisantes pour nous autoriser à pénétrer au 14

sein de votre structure et emmener ces 15

gamins, cessez de nous entraver dans notre 16

métier. A chacun sa fonction, si vous 17

persistez, je serai dans l’obligation de vous 18

mettre aux arrêts ! Le gaillard est prêt à tout 19

pour exécuter sa basse besogne, elle se 20

résigne à le laisser rentrer, lui et sa troupe. 21

Elle communique néanmoins par télépathie 22

avec son complice de mari qui se hâte de 23

réveiller leurs protégés pour les mettre en 24

sûreté. L’Officier est défiant, se méfiant de la 25

magie qui orne ces lieux et où une neige non 1

froide tombe sur le sol sans s’accumuler. Ses 2

hommes, pour leur part, s’amusent à tenter 3

d’attraper des flocons, s’étonnant de les voir 4

disparaître dans leur main sans qu’ils les 5

rafraîchissent ou les mouillent. 6

-Les dortoirs sont bien à l’étage ? 7

L’interroge l’Officier qui est déjà dans 8

l’escalier. 9

-Vous êtes sur la bonne voie, vous 10

n’aurez qu’à pousser les double-porte sur 11

votre droite. Répondit-elle en suppliant le 12

Seigneur que les enfants puissent atteindre 13

une cachette à temps. 14

-Ce qui est sûr, c’est que l’activité qui 15

découle de votre marmaille n’est pas très 16

catholique. Nous allons purifier ce lieu 17

malsain en y chassant tous vos enfants issus 18

du Mal, sans compter que, au cas où vous ne 19

vous en souveniez plus, vous avez cumulé 20

infractions sur infractions en ayant, entre 21

autres, des orphelins non castrés dans vos 22

locaux. Vous savez pertinemment que ces 23

enfants de Satan ne doivent se reproduire 24

sous aucun prétexte, on ne sait ce que ces 25

démons engendreraient !!! 1

Levant les yeux au ciel en haussant les 2

épaules, elle s’écarte pour éviter d’être 3

poussée par les soldats qui suivent 4

aveuglément leur leader. Elle fait bonne 5

figure pour cacher sa crainte, ce qui 6

empirerait la situation si elle venait à être 7

repérée par l’Officier. 8

De son côté, son mari s’empresse de faire 9

descendre les enfants dans une galerie 10

secrète, mais les orphelins sont ralentis par 11

les plus petits qui sont effrayés par la grande 12

échelle qu’il leur faut emprunter. Trente-13

cinq sont déjà dedans, le pas lourd des 14

hommes de troupe l’empêche d’aller 15

chercher les quinze derniers. Ils sont 16

malheureusement perdus, il faut avant tout 17

assurer la sécurité des protégés qu’il a sous 18

la main. Il referme juste à temps le pan de 19

mur qui dissimule le passage. Le trio de 20

garde qui vient d’entrer ne prête guère 21

attention au petit chuintement annonçant la 22

fermeture. Ils pestent de ne trouver que des 23

lits vides et tapent à coups de poing dans les 24

murs, maudissant la maîtresse des lieux et 25

jurant comme des charretiers. Le jeune 1

époux de Madame de Grassfurstök les 2

observe par un trou caché dans un tableau, 3

redoutant qu’en s’en prenant au mur ils 4

actionnent par mégarde le mécanisme 5

d’ouverture. Il s’emploie donc à créer un 6

courant d’air censé chasser les intrus de la 7

pièce. Le trio se carapate comme prévu sans 8

demander son reste, ne prenant même par le 9

temps de ramasser leurs chapeaux, ce qui ne 10

manque pas d’amuser le jeune premier. 11

12

L’Officier descend l’escalier, accompagné de 13

ses prisonniers escortés par ses hommes. Il 14

s’arrête au bas des marches à hauteur de la 15

maîtresse des lieux, la défiant de par son 16

regard, lissant sa moustache entre le pouce 17

et l’index de sa main droite tout en pointant 18

de sa main gauche un doigt accusateur. 19

-Vous !!! Je sais pertinemment que vous 20

cacherez ces petits démons jusqu’à votre 21

dernier souffle, je vous préviens donc que je 22

n’ai fait que passer et suis susceptible de 23

revenir n’importe quand, d’ici-là, que je n’ai 24

pas à trouver de porte-fermée, autrement, je 25

me chargerai de la faire sauter ! N’ayant pas 1

d’autre mandat, je ne peux qu’émettre un 2

doute à propos d’une planque située dans 3

votre résidence, mais il m’est impossible de 4

la mettre à sac pour le vérifier. Estimez-vous 5

heureuse de cette bévue, donnez le peu de 6

temps qu’il vous reste à vos sales marmots, 7

car dès lors que je mettrai le grappin dessus, 8

vous ne les reverrez plus non plus et croyez-9

moi, le monde ne s’en portera pas plus mal. 10

Vous voilà prévenue, que je n’aperçoive pas 11

chez vous ou vos acolytes le moindre signe 12

de résistance, autrement, je vous fais tous 13

passer à l’échafaud. Ai-je bien été clair ? 14

Bien qu’elle préfèrerait lui cracher à la 15

figure plutôt que de lui déclamer des 16

gentillesses, elle joue la carte de la 17

courtoisie pour mener son rôle à bien. 18

-Assurément monsieur l’Officier, partez 19

assuré que nos portes vous serons toujours 20

ouvertes en toute circonstance. Mais 21

permettez-moi de faire amener des 22

couvertures pour ces enfants, surtout pour 23

cette jeune fille qui souffre d’un problème 24

que seules les femmes ont. Il ne faudrait 25

qu’ils attrapent une congestion durant le 1

transport ! 2

Agacé, l’Officier la coupe net, portant la 3

main à son sabre. 4

-Halte, il est hors de question ! Cette 5

marmaille n’est bonne qu’à donner au 6

cochon, pas d’excès d’attention, ils ne 7

méritent que d’être tourmentés par la fange 8

dans laquelle ils n’aspirent qu’à se rouler. 9

Regardez-moi ça, des gosses maudits élevés 10

avec la petite cuillère en or dans la bouche, 11

que je vais te l’arracher de ce pas moi ! Pas 12

de ça pour vous, piétaille ! Votre place est 13

dans un cercueil ou un orphelinat moins 14

accueillant pour vous punir du péché qui a 15

fait que vos parents vous ont été retiré, le 16

chemin de la rédemption est long et semé 17

d’embûches, vous vous devez de le goûter 18

dès votre plus jeune âge si vous espérez un 19

jour sauver votre âme. 20

21

Forcés de se déchausser et d’être vêtus 22

le moins richement possible, la colonne des 23

quinze orphelins et leur escorte cheminent 24

dans la neige sous une tempête battante. 25

L’Officier, pour sa part, nargue Madame de 1

Grassfurstök de par sa présence tout en 2

ayant fait mander le perfide délateur. 3

-Te voilà cancrelat ! Me certifies-tu, 4

manant, qu’il y a plus qu’une quinzaine de 5

gosses en ces lieux ? 6

-Je le jure sur la tête de ma bien-aimée 7

mère, Officier. Cette dame abrite en son sein 8

tout une troupe de démons plus infectes les 9

uns que les autres, le quartier est gangrené 10

par leur présence, tous les riverains s’en 11

plaignent. 12

La surprise de la directrice de 13

l’orphelinat ne manque pas d’éclater au 14

grand jour, donnant lieu à un puissant 15

soufflé envers le mendiant qu’elle croise 16

régulièrement, faisant la manche dans les 17

alentours de sa structure. Elle ne se doutait 18

pas que cet homme qu’elle faisait aider par 19

José risquerait un jour de leur poser 20

problème. Les gardes du corps de l’Officier 21

s’empressent de séparer les deux individus 22

-Ordure ! Dire que José te portait 23

gentiment de la soupe et du réconfort 24

pendant les périodes les plus froides, et toi, 25

tu nous remercies en vendant des enfants 1

comme des chiens ! Sois maudit, comment 2

Dieu peut souffrir de voir vivre des 3

énergumènes dans ton genre ? 4

-Tu n’as rien d’autre à me répondre, 5

maudite sorcière ? Que m’importe ton aide, 6

elle semblait gratuite et pourtant n’avait de 7

compensation que mon silence, entends-toi 8

parler ! Je n’ai fait que mon devoir de citoyen 9

de ce bon pays en dénonçant tes bougres 10

qui t’aveuglent, ne sais-tu voir que le grain 11

de poussière sur mon dessus de lit alors que 12

sous ton matelas sont engrangés des tas de 13

moutons ? 14

-Doucement vous deux, autrement je 15

vous fais enfermer vous aussi ! Pas plus de 16

grabuge qu’il n’y en a déjà, on ne veut pas 17

de débordement dans les rues, nous 18

sommes en fin d’année, en pleine période 19

festive, il ne faudrait pas gâcher la 20

réputation de la ville ou de la police de par 21

vos agissements. 22

Madame de Grassfurstök, soyez assurée que 23

je vous ai à l’œil. Passez tout de même un 24

Joyeux Noël, si vous êtes capable de vous 25

tenir à carreau ! Si je puis vous donner un 1

conseil, il serait préférable que vous nous 2

apportiez vous-même les derniers orphelins 3

que vous cachez, plutôt qu’on ne les 4

découvre malencontreusement dans votre 5

demeure, vous comprenez ? 6

Ses menaces prononcées, il sort une 7

bourse pleine de pièces d’or qu’il jette au 8

mendiant avant de l’expédier dans le froid 9

d’un coup de pompe au séant, puis s’en va à 10

son tour lorsque ce dernier est assez 11

éloigné. 12

13

Les double-porte de la demeure se 14

referment, la neige magique ne tombe plus, 15

l’ambiance lumineuse de la demeure est 16

atténuée et un grand cri déchire toute la 17

structure. Son jeune époux s’élance à sa 18

rencontre, la prenant dans ses bras, tandis 19

que les orphelins émergent timidement de 20

l’obscurité du couloir d’où ils sont arrivés. 21

José arrive enfin, les bras chargés de 22

cadeaux. Les bras lui en tombent en 23

découvrant la bien triste nouvelle. Les 24

enfants, démoralisés, ne songent même pas 25

aux cadeaux ou au passage du Père Noël : 1

toute la magie de cette fête qui réunit petits 2

et grands dans le bonheur et la joie s’est 3

envolée, il ne reste plus que chagrin, peur et 4

larmes pour l’orphelinat de Madame de 5

Grassfurstök. 6

Enfin, c’était ce que nous croyons, jusqu’à ce 7

que, hardi, José propose un plan des plus 8

insensés. 9

-S’ils nous ont, de force, arrachés nos 10

orphelins, alors nous les reprendrons ! Nous 11

ne sommes trop habitués à ne voir en eux 12

que de pauvres rejetés que la société n’a pas 13

ménagé, mais savons-nous voir leur valeur ? 14

Ces mômes sont bien plus forts que nous 15

trois réunis, plus mûrs et plus rusés que des 16

gamins du même âge, sans compter qu’ils se 17

soutiennent mutuellement telle une vraie 18

fratrie. En ce foyer, ils ont trouvé une famille 19

accueillante et dans laquelle ils peuvent se 20

ressourcer, un Paradis terrestre qui les a 21

élevés et choyés tandis que le monde ne 22

prônait que méchanceté à leur encontre. 23

Je suis persuadé qu’on peut compter sur eux 24

pour employer leurs incroyables pouvoirs 25

dans le but de délivrer leurs compagnons 1

d’infortune qui ont, en ce lieu, trouvé un 2

véritable refuge où amour et affection leur 3

est octroyé. Que je sois damné si je me suis 4

trompé à leur sujet, que Dieu m’abandonne 5

si je me suis fait berner par de maudits êtres 6

égoïstes qui n’aspirent qu’à se servir de leur 7

faculté pour anéantir l’humanité ! Dans le 8

cas contraire, alors, que Dieu nous accorde 9

sa bénédiction et me montre que ces enfants 10

sont prêts à lutter pour sauver leurs 11

camarades. Que ceux qui sont avec moi le 12

proclament haut et fort ! 13

Le jeune époux de la régente applaudit 14

et lève son poing le plus haut possible en 15

exhortant à mettre en pratique les sages 16

paroles du bon José. Un à un, les orphelins, 17

petits comme grands, lèvent eux aussi leur 18

poing en implorant que la fortune leur sourit 19

pour le salut de leurs compagnons. Madame 20

de Grassfurstök est émue, elle ne peut 21

contenir ses larmes qui coulent, elle 22

embrasse follement sur les lèvres son jeune 23

mari et les encourage tous à préparer la 24

mission de sauvetage de leurs captifs, car il 25

faut agir et vite : demain matin, deux-tiers 1

d’entre-eux seront fusillés. 2

3

* 4

* * 5

6

Après une longue marche exténuante, les 7

orphelins gagnent la Tour de Londres où ils 8

sont enfermés à double-tour dans cinq 9

cellules distinctes. Les plus jeunes pleurent à 10

n’en plus finir, ce que les gardiens exaspérés 11

ne manquent pas de calmer en tapant sur les 12

barreaux tout en aboyant des insanités. La 13

peur engendrée par le comportement de ces 14

brutes suffit, ils redoutent que ces hommes 15

se précipitent à l’intérieur de leur cellule 16

pour leur coller la rouste de leur vie, et pour 17

ainsi dire, ce régime de la terreur leur 18

impose un silence absolu. D’ailleurs, ils en 19

sont tellement devenus calmes que même 20

les autres détenus prennent exemple sur 21

leur mutisme et apprennent à écouter le 1

silence. C’est mieux que de chercher à 2

énerver les gardes et se ramasser une 3

peignée à cause d’un comportement 4

provocateur ! Seul un intellectuel qui fut 5

troublé dans ses pensées par le remue-6

ménage ambiant et a contemplé la scène est, 7

lui, en pleine révolte intérieure alors qu’il 8

songe à sa dulcinée. Vingt-ans qu’il est 9

enfermé ici, tout ça pour avoir tenté de lever 10

une insurrection destinée à détruire le 11

régime en place pour devenir une 12

République constitutionnelle. Il risquait la 13

pendaison, il n’a encouru que la peine à 14

réclusion perpétuelle. Il n’empêche qu’il ne 15

cesse jamais de songer à son épouse qui 16

doit bien avoir changée depuis tout ce 17

temps, peut-être s’est-elle remariée et a eu 18

des enfants ? Qu’en sait-il, puisqu’elle ne lui 19

donne aucune nouvelle depuis son 20

arrestation ? Toujours est-il que ce soir, il 21

réfléchit tout en contemplant Vénus, parée 22

de mille-feux, pour la commémoration de la 23

naissance du fils de Dieu. 24

Peut-il mener sa petite révolte en prison, de 25

manière à se sortir de ce trou à rats ? Il en 1

doute, même s’il y aspire fortement. C’est 2

alors qu’il perçoit le chuchotement des 3

garnements qui traitent de sujets qui lui 4

semblent irréalistes. C’est alors que la 5

rumeur « d’enfants du Diable », soulevée par 6

le dialogue de deux gardes, se propage de 7

cellule en cellule jusqu’à lui parvenir aux 8

oreilles. Surveillant la ronde des gardiens, il 9

entre en contact avec les enfants pendant 10

que le garde poursuit sa tournée. 11

-Pssst ! Eh, petit ! Tu peux me montrer 12

ce dont tu es capable ? 13

Le gamin le plus proche de lui à qui il 14

s’adresse est seulement âgé de six ans, c’est 15

d’ailleurs le plus âgé de sa cellule. Il répond, 16

méfiant, à l’intellectuel. 17

-De quoi me parlez-vous monsieur ? 18

Vous n’êtes qu’un grand méchant comme 19

tous les autres, sinon, pourquoi seriez-vous 20

en prison ? Qu’y gagnerai-je à vous montrer 21

des prouesses ? 22

Pour un marmot, il a de la réflexion et 23

un fort caractère. L’homme ricane tout en 24

allant droit au but. 25

-Tout moi au même âge ! On va bien 1

s’entendre toi et moi. Je crois distinguer que 2

vous êtes les gamins qu’on traite d’engeance 3

du Diable, moi je pense sincèrement qu’il y a 4

des phénomènes inexplicables mais ô 5

combien génialissimes. Si tu me montres de 6

quoi tu es capable, si tu n’es pas un orphelin 7

banal d’après ce qui est dit, peut-être 8

arriverons-nous à dégotter une solution 9

pour nous extraire de nos cellules, tu en dis 10

quoi ? Tu y es gagnant dans cette histoire, 11

ne le penses-tu pas ? 12

Le petit, ayant entendu les paroles de 13

l’adulte, réfléchit sereinement, pesant le 14

pour et le contre. Il rapporte les propos de 15

l’individu en chuchotant à ses camarades de 16

l’autre cellule, ces derniers ne manquent pas 17

de les rapporter aux autres, créant ainsi une 18

chaîne qui permet de tous les mettre au 19

courant de la proposition faite. 20

Ils se concertent dans le plus grand calme, 21

non sans quand même attirer l’attention 22

d’un des gardiens qui s’en va chercher du 23

renfort. Jouant leur va-tout, le gamin 24

répondit à l’intellectuel que c’est d’accord. 25

-Bon, écoute-moi bien, on a trop peu 1

de temps. Lorsque les gardes seront 2

revenus, arrangez-vous pour user de vos 3

pouvoirs contre eux et récupérer les clés. 4

Ensuite, ouvrez nos cellules. On se charge de 5

libérer tous les prisonniers, on s’arme, et on 6

quitte cette putain de prison puant le moisi 7

et la pourriture. Je veillerai sur vous, vous 8

aurez toute ma gratitude si vous y parvenez. 9

Jaugeant que leur interlocuteur semblait 10

de bonne lignée de par son éducation, ils 11

placèrent en lui une aveugle confiance. 12

13

Les gardes revinrent, ils étaient plus 14

nombreux, débarquant à cinq. L’un d’eux 15

portait un fouet, un autre des chaînes, le 16

suivant du vinaigre, et les deux derniers des 17

fusils. Ils ouvrirent la cellule contenant la 18

plus grande des orphelines, celle qui était 19

bientôt majeure et avait justement le 20

malheur d’être sous l’emprise du cadeau de 21

mère nature. Cela ne rebutait en rien les 22

mécréants gardiens qui, s’introduisant dans 23

la cellule, la prévinrent de leurs intentions. 24

-Allons ma jolie, tu vas nous expliquer 1

quelle est la cause de ce calme ambiant, et 2

surtout, tu vas faire parvenir à nos oreilles le 3

plan que vous méditez. On veut que tu nous 4

pousses la chansonnette en criant pendant 5

qu’on va passer un bon quart d’heure en ta 6

compagnie, tu comprends ce que ça veut 7

dire, non ? Accouche, passe aux aveux : tous 8

nos sens sont en éveil ma belle ! 9

Ceux portant des fusils brusquent ses 10

deux compagnons de cellule en les plaquant 11

contre les barreaux, les retenant avec leur 12

fusil mis en travers, leur donnant un coup de 13

crosse dans le crâne puis les maintenant en 14

joue afin de faire chanter la belle jeune 15

femme qui refuse de se laisser toucher. 16

Les prisonniers passent leurs bras par les 17

barreaux, menaçant de tordre les coups des 18

gardes, l’intellectuel observe tandis que les 19

autres orphelins, eux, restent très calmes, se 20

concentrant de toute leur force. Et d’un 21

coup, alors que deux gardes maintenaient la 22

jeune femme contre le mur, tandis que le 23

troisième lui arrachait la culotte en lui 24

écartant les cuisses, les mystérieux pouvoirs 25

des enfants se déchaînèrent. Les deux 1

gardiens armés se firent face, leur corps mu 2

par une force invisible les força à appuyer 3

sur la détente et loger un pruneau dans la 4

cervelle de leur partenaire. L’un des gardiens 5

fut pris de cécité, tandis qu’un autre tomba 6

raide mort au sol. Quant au dernier, qui 7

s’apprêtait à violer la belle et grande 8

orpheline, des lianes sortirent du sol, 9

fouettant ses bijoux de famille pour 10

l’attendrir, tandis que d’autres lui 11

enserraient les membres et la tête et le 12

démembrèrent sans compromis. Un hourra 13

général fut poussé par les détenus qui 14

félicitaient les enfants pour leur courage, les 15

cellules furent rapidement ouverte, alors, 16

suivant le marché qu’ils avaient passé, les 17

orphelins suivirent l’intellectuel qui refusait 18

d’emprunter le même chemin que les 19

prisonniers qui, une fois armés, allaient 20

massacrer les militaires présents en ces 21

lieux. 22

23

Au dehors, faisant front à la forteresse, 24

Madame de Grassfurstök, son jeune époux, 25

José et les orphelins, se demandèrent 1

comment ils pourraient passer l’entrée 2

principale. Ils étaient encore en train d’en 3

débattre lorsqu’on les interpella du haut des 4

remparts : c’était les captifs et leur sauveur ! 5

Bouche-bée, ils les comptèrent, puis José se 6

hâta de dérouler une longue corde qu’il lesta 7

avec une pierre pour l’envoyer aux évadés 8

qui se devaient de descendre les remparts. 9

-Traînez pas, on n’a pas tout notre 10

temps : si l’armée du Roi arrive, les carottes 11

seront cuites ! Leur annonce José qui est 12

terrorisé à la seule pensée qu’on les 13

surprenne. Leurs quinze orphelins et leur 14

bienfaiteur se trouvèrent en un clin d’œil au 15

bas des remparts. Au moment où tous 16

partaient pour se cacher ailleurs que dans 17

l’orphelinat, en attendant de fuir le pays, les 18

détenus, eux, venaient d’arriver aux 19

remparts et luttaient avec la garnison sur 20

place. Ils avaient fui de justesse, au nez et à 21

la barbe des gardes de la Tour de Londres ! 22

Prologue 1

2

3

4

Non contents de tous s’être retrouvés, sains 5

et saufs, ils fêtèrent Noël dignement, José 6

s’étant empressé d’être allé récupérer leurs 7

affaires personnelles et cadeaux. Ils purent 8

festoyer dignement dans une bonne humeur 9

ambiante, la joie de Noël étant renforcée par 10

le retour des camarades qu’ils pensaient à 11

tout jamais perdus. Ils embarquèrent 12

ensuite, plusieurs jours après, pour les 13

Etats-Unis où ils espérèrent qu’on leur 14

octroierait la possibilité d’être considérés 15

comme des êtres humains et non comme des 16

monstres. 17

18

L’intellectuel, lui, après avoir une 19

dernière fois remercié les enfants, puis 20

encouragé Madame de Grassfurstök à 21

poursuivre sa bonne action, est allé 22

retrouver sa mie qu’il pensait perdue. Elle 23

vivait toujours au même endroit, cependant, 24

quand il la trouva, elle était sur le perron, 25

toutes malles dehors, assise dessus en 1

attendant qu’un cocher passe la récupérer. 2

Ruinée, elle n’avait vouée sa vie qu’à son 3

homme emprisonné, quel ne fut pas son 4

bonheur de découvrir que son amour de 5

toujours lui était revenu en ces Fêtes ! Ce fut 6

son plus beau Noël, et comme ils n’avaient 7

d’autres opportunités, ils s’embarquèrent, 8

eux-aussi, pour le Nouveau Monde, aspirant 9

à recommencer dans un monde vierge qui 10

leur était parfaitement inconnu. 11

12

L’Officier qui avait interpellé les gamins 13

s’est, quant à lui, suicidé après avoir 14

remarqué que Madame de Grassfurstök 15

s’était enfuie de Londres avec tous ses 16

orphelins. Il commit ce dernier acte de dépit 17

car son honneur en avait pris un coup, il 18

était dégoûté de constater qu’il ne pourrait 19

faire exécuter ou enfermer les orphelins 20

gardés par cette dame, mais surtout, il lui 21

incombait tant de responsabilités quant au 22

bon déroulement de cette mission qu’il en 23

finit avec la vie plutôt que d’assumer les 24

erreurs qui lui seraient reprocher. 25

1

Le mendiant qui les a dénoncés, a, lui, été 2

puni de son vice d’une manière fort simple : 3

noyant son bonheur dans l’alcool, il fut 4

repéré par des brigands comme un nigaud 5

plein aux as, et, pendant son sommeil à 6

l’auberge dans laquelle il dormait en 7

compagnie d’une prostituée, fut égorgé dans 8

son lit et soulagé de sa bourse. Il était connu 9

comme un mécréant, c’est donc sans 10

scrupules que les bandits en question l’ont 11

assassiné pendant qu’il dormait. La légende 12

rapporte qu’une partie de cet argent a servi 13

pour de bonnes œuvres afin de se faire 14

pardonner leur crime, que l’un de ces 15

assassins est devenu prêtre tandis que les 16

trois autres ont fait fructifier leur gain en 17

devenant de bons pères de famille et de 18

bonnes gens. 19

20

Toujours est-il que tout est bien qui finit 21

bien pour Madame de Grassfurstök, ses 22

orphelins, ainsi que tout le reste. Et c’est sur 23

cette joie que nous nous quittons, espérons 24

vous avoir fait rêver après vous avoir 25

chagriné. 1

2

3

4

FIN 5