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3 Octobre 2006 «Lorsque nous sommes unis, nous sommes forcément plus forts» << Nous donnons à l’extérieur une image positive, une image de région unie, qui va jusqu’à projeter une fusion politique sans qu’il y ait pour autant obligation.» Voilà ce que res- sentent de nombreuses personnes qui travaillent dans le tourisme, notamment l’hôtelier Claude Buchs. Si la fusion des communes devait être acceptée le 26 novembre 2006, l’ef- fet sur l’image d’Anniviers à l’extérieur serait indéniable. Evidemment, pas au point de provoquer une explosion des nuitées! Ce qui relativise aussi l’effet que pourrait avoir un vote néga- tif. En fait, c’est surtout le dynamisme de la région qui profiterait de la fusion des six communes. «Nous n’avons pas, en Anniviers, de grands projets fédérateurs. Si nous étions une seule et grande commune, nous aurions certainement plus de possibilités de lancer de grands pro- jets». Pour Claude Buchs, il manque dans la vallée des visionnaires qui fédèrent la population autour de grands défis. La fusion des commu- nes, peut-être, peut devenir ce projet pour demain. «On ne se demande pas assez ce qu’on pourrait faire ensem- ble...», regrette le président de Sierre Anniviers Tourisme. SAT, justement, a été un défi à relever pour travailler ensemble de manière plus profes- sionnelle, avec plus de moyens. «Lorsque nous sommes unis, nous sommes forcément plus forts. C’est vrai, SAT fait la promotion de toute une région, et non plus de chaque station individuellement, ce que regrettent certains encore. Mais il faut bien comprendre qu’il ne s’agit là en aucun cas d’une perte d’individualité. Je crois qu’on ne se rend pas assez compte au niveau régional combien il faut de moyens importants pour se faire connaître hors des frontières. Et pour dégager ces moyens, il faut se rassembler.» Claude Buchs cite deux exemples qui montrent que déjà des choses excellentes se font ensemble: la gratuité des bus en hiver et l’abonnement unique pour les remontées mécaniques. «Voilà deux idées qui montrent l’entente qui existe déjà entre nos six communes.» Rédiger la Politique du tourisme Prenez la «Politique du tourisme», qui est de compétence communale, et dont nos communes ne se sont tou- jours pas dotées. Cette politique serait une feuille de route pour orienter la branche. Et bien, il sera certainement plus facile de la rédiger une fois la fusion des communes réalisée. On aura alors une vision globale de la région, au niveau de la vallée. La réflexion autour de cette «Politique» amènerait peut-être à une prise de conscience de la nécessité de configu- rer les structures en fonction du tou- risme, principale activité en Anniviers. «Toutes les infrastructures devraient s’adapter aux besoins de la branche touristique. On perd des employés, donc des habitants, qui s’en vont vivre en plaine car ils ne trouvent pas dans la vallée de structures d’accueil pour les enfants correspondant aux horaires de travail dans le tourisme. Ils peinent aussi à trouver des logements. En étant une seule et grande commune, nous serions plus unis et plus forts pour trouver des solutions à ces problè- mes.» L’hôtelier relève aussi que la fusion peut faciliter la mise en place de pro- jets avec d’autres partenaires touristi- ques. Prenons un exemple: l’aéroport de Sion doit, s’il veut organiser des transports des voyageurs jusqu’en Anniviers, organiser des transferts sur six communes différentes: «C’est tou- jours plus facile lorsqu’il n’y a qu’un interlocuteur». Pour Claude Buchs, Anniviers peut tout à fait continuer à vivre comme aujourd’hui. Mais il aimerait bien que les Anniviards discutent franchement de ce projet qui déterminera leur ave- nir et que le débat vienne enrichir la réflexion. «Il y a une bonne entente entre les différents villages. Profitons- en pour nous rapprocher plus encore, pour imaginer et réaliser de nouveaux projets, des projets unificateurs qui fassent avancer notre vallée.» «L’association «Sierre-Anniviers Tourisme» a été créée longtemps avant le projet de fusion des com- munes et utilise déjà la «marque» Anniviers pour l’ensemble de sa promotion. En ce sens la fusion ne devrait pas influencer grande- ment le rendement de notre entreprise. Cependant il va de soi que nous entretenons une étroite collaboration avec les diverses communes, et qu’à ce titre, la multiplication des personnes de contacts ne nous facilite pas la tâche. Cette étape supplémen- taire améliorerait certainement l’efficacité de notre travail par la simplification des étapes déci- sionnelles tout en laissant la place à toutes les régions et à toutes les idées dans nos divers comités. De plus, la marque «Anniviers» serait reprise de manière plus impor- tante et compacte, ce qui influe- rait de manière très positive sur l’image que notre région donne vers l’extérieur. Cette fusion représenterait pour nous une har- monisation des pensées entre le tourisme et la politique et cela ne pourrait être que bénéfique.» Cœur du Valais Manu Broccard - directeur Fusion rime avec qualité de gestion D epuis une quarantaine d’années, Urbain Kittel est un acteur dynamique de la vie anniviarde. Co-artisan notamment de la centralisation sco- laire et de la création des étables en consortage, deux réalisations dont il est fier, il se prononce résolument pour la fusion des six communes. Pour lui, les nombreuses collabora- tions intercommunales ont un immense désavantage puisqu’elles induisent un gros déficit démocrati- que: «Les gens n’ont plus un mot à dire. Nous avons affaire à une série de technocrates qui ne voient que leur problème.» L’aménagement du territoire, en particulier, ne peut selon lui que profiter d’une gestion globale. Monsieur Kittel, quels sont à votre avis les besoins du val d’Anniviers en matière d’aménagement du ter- ritoire? Le premier problème est celui de l’entretien du paysage. Tous les son- dages l’ont démontré: le principal atout d’Anniviers, c’est l’environne- ment, la beauté des paysages. Cela vient bien avant l’accueil et les équi- pements. Il est donc capital de proté- ger le site naturel qui nous fait vivre. En 1970, nous avons fait office de pionniers en créant une dizaine d’éta- bles en consortage. Cela a largement contribué à l’entretien des paysages. Aujourd’hui, on se rend compte qu’on va manquer – et qu’on manque déjà dans certaines communes – de prés fauchables. Il faut aussi déboiser les prairies pour éviter une perte de patrimoine et conserver la diversité du paysage. De plus, le boom de la construction ampute chaque année les surfaces à disposition. Il faut donc réserver des zones agricoles qui devraient idéalement se situer au fond de la vallée. Un plan d’aménage- ment ne peut se faire qu’à l’échelle d’Anniviers. Pour les étables en consortage, par exemple, le Service de l’agriculture ne donne plus de préavis favorable s’il n’y a pas de vision globale. Cela ne pourrait-il pas se faire par des accords intercommunaux? Difficilement. Quand on doit tran- cher dans le terrain, il est très compli- qué de trouver des bases légales. On sait que, dans toutes les sta- tions, les personnes qui y travaillent ont de la peine à trouver un loge- ment sur place. Anniviers n’échappe pas à la règle. Une fusion pourrait- elle contribuer à résoudre le pro- blème? On sait que les terrains du bas de la vallée sont moins chers que ceux situés dans les stations. Une com- mune unifiée permettrait de réserver des parcelles aux habitants. Bagnes l’a fait, dans la partie inférieure de la vallée, pour l’habitat des employés des remontées mécaniques ou les employés communaux. On pourrait imaginer que la Commune d’Anniviers ait un droit de préemption sur certains terrains. Actuellement, beaucoup d’entre eux sont achetés par des gens de l’extérieur alors que les stations ont besoin de la vente aux étrangers. Ce problème sera accentué avec l’aban- don de la Lex Kohler et les mesures de contrainte qui ne vont pas tarder à nous tomber dessus. Avec la fusion, on pourra déterminer pour l’ensem- ble de la vallée les zones où l’on veut du développement et celles où l’on veut davantage préserver la nature. Avoir pour chacune des six commu- nes actuelles l’ensemble des zones n’est pas viable à long terme. Mais cela ne risque-t-il pas juste- ment de vider les stations de leurs habitants? Rien n’empêchera de réserver dans chacune d’elles des immeubles pour les gens qui travaillent en station comme Chandolin l’a déjà fait. La commune d’Anniviers pourra déter- miner sur son territoire, dans les sta- tions, des zones de lits chauds ou tiè- des, en fonction des besoins. Le canton a affirmé qu’en cas de fusion, il n’y aurait pas de diminu- tion des zones à bâtir. Qu’en pen- sez-vous? Je pense qu’on peut difficilement affirmer cela. Mais il y aura une bien meilleure définition des zones à bâtir. Il existe entre 15 et 20 zones différen- tes. Chaque commune a une zone artisanale. Il ne faut pas rêver. Quel artisan va s’installer à Chandolin ou Grimentz? Avec la fusion, on aura une gestion nettement plus harmonieuse et efficace de l’aménagement du terri- toire.

«Lorsque nous sommes unis, nous sommes forcément plus forts»infusion.anniviers.org/pdf/Mise_INFusion_4_prod_3.pdf · nous sommes forcément plus forts» ... Si nous étions une

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3 Octobre 2006

«Lorsque nous sommes unis, nous sommes forcément plus forts»

<<Nous donnons à l’extérieurune image positive, uneimage de région unie, quiva jusqu’à projeter une

fusion politique sans qu’il y ait pourautant obligation.» Voilà ce que res-sentent de nombreuses personnesqui travaillent dans le tourisme,notamment l’hôtelier Claude Buchs.Si la fusion des communes devait êtreacceptée le 26 novembre 2006, l’ef-fet sur l’image d’Anniviers à l’extérieurserait indéniable. Evidemment, pas aupoint de provoquer une explosiondes nuitées! Ce qui relativise aussil’effet que pourrait avoir un vote néga-tif. En fait, c’est surtout le dynamismede la région qui profiterait de la fusiondes six communes.

«Nous n’avons pas, en Anniviers, degrands projets fédérateurs. Si nousétions une seule et grande commune,nous aurions certainement plus depossibilités de lancer de grands pro-jets». Pour Claude Buchs, il manquedans la vallée des visionnaires quifédèrent la population autour degrands défis. La fusion des commu-nes, peut-être, peut devenir ce projetpour demain. «On ne se demande pasassez ce qu’on pourrait faire ensem-ble...», regrette le président de SierreAnniviers Tourisme. SAT, justement, aété un défi à relever pour travaillerensemble de manière plus profes-sionnelle, avec plus de moyens.«Lorsque nous sommes unis, noussommes forcément plus forts. C’estvrai, SAT fait la promotion de toute

une région, et non plus de chaquestation individuellement, ce queregrettent certains encore. Mais il fautbien comprendre qu’il ne s’agit là enaucun cas d’une perte d’individualité.Je crois qu’on ne se rend pas assezcompte au niveau régional combien ilfaut de moyens importants pour sefaire connaître hors des frontières.

Et pour dégager ces moyens, il fautse rassembler.» Claude Buchs citedeux exemples qui montrent que déjàdes choses excellentes se fontensemble: la gratuité des bus en hiveret l’abonnement unique pour lesremontées mécaniques. «Voilà deuxidées qui montrent l’entente quiexiste déjà entre nos six communes.»

Rédiger la Politique du tourisme

Prenez la «Politique du tourisme», quiest de compétence communale, etdont nos communes ne se sont tou-jours pas dotées. Cette politique seraitune feuille de route pour orienter labranche. Et bien, il sera certainementplus facile de la rédiger une fois lafusion des communes réalisée. Onaura alors une vision globale de larégion, au niveau de la vallée. Laréflexion autour de cette «Politique»amènerait peut-être à une prise deconscience de la nécessité de configu-rer les structures en fonction du tou-risme, principale activité en Anniviers.«Toutes les infrastructures devraients’adapter aux besoins de la branchetouristique. On perd des employés,

donc des habitants, qui s’en vont vivreen plaine car ils ne trouvent pas dans lavallée de structures d’accueil pour lesenfants correspondant aux horaires detravail dans le tourisme. Ils peinentaussi à trouver des logements. En étant

une seule et grande commune, nousserions plus unis et plus forts pourtrouver des solutions à ces problè-mes.»

L’hôtelier relève aussi que la fusionpeut faciliter la mise en place de pro-

jets avec d’autres partenaires touristi-ques. Prenons un exemple: l’aéroportde Sion doit, s’il veut organiser destransports des voyageurs jusqu’enAnniviers, organiser des transferts sursix communes différentes: «C’est tou-jours plus facile lorsqu’il n’y a qu’uninterlocuteur».

Pour Claude Buchs, Anniviers peuttout à fait continuer à vivre commeaujourd’hui. Mais il aimerait bien queles Anniviards discutent franchementde ce projet qui déterminera leur ave-nir et que le débat vienne enrichir laréflexion. «Il y a une bonne ententeentre les différents villages. Profitons-en pour nous rapprocher plus encore,pour imaginer et réaliser de nouveauxprojets, des projets unificateurs quifassent avancer notre vallée.»

«L’association «Sierre-AnniviersTourisme» a été créée longtempsavant le projet de fusion des com-munes et utilise déjà la «marque»Anniviers pour l’ensemble de sapromotion. En ce sens la fusionne devrait pas influencer grande-ment le rendement de notreentreprise. Cependant il va de soique nous entretenons une étroitecollaboration avec les diversescommunes, et qu’à ce titre, lamultiplication des personnes decontacts ne nous facilite pas latâche. Cette étape supplémen-taire améliorerait certainementl’efficacité de notre travail par lasimplification des étapes déci-sionnelles tout en laissant la placeà toutes les régions et à toutes lesidées dans nos divers comités. Deplus, la marque «Anniviers» seraitreprise de manière plus impor-tante et compacte, ce qui influe-rait de manière très positive surl’image que notre région donnevers l’extérieur. Cette fusionreprésenterait pour nous une har-monisation des pensées entre letourisme et la politique et cela nepourrait être que bénéfique.»

Cœur du Valais Manu Broccard - directeur

Fusion rime avec qualité de gestionD

epuis une quarantained’années, Urbain Kittel estun acteur dynamique de lavie anniviarde. Co-artisan

notamment de la centralisation sco-laire et de la création des étables enconsortage, deux réalisations dont ilest fier, il se prononce résolumentpour la fusion des six communes.Pour lui, les nombreuses collabora-tions intercommunales ont unimmense désavantage puisqu’ellesinduisent un gros déficit démocrati-que: «Les gens n’ont plus un mot àdire. Nous avons affaire à une sériede technocrates qui ne voient queleur problème.» L’aménagement duterritoire, en particulier, ne peut selonlui que profiter d’une gestion globale.

Monsieur Kittel, quels sont à votreavis les besoins du val d’Anniviersen matière d’aménagement du ter-ritoire?

Le premier problème est celui del’entretien du paysage. Tous les son-dages l’ont démontré: le principalatout d’Anniviers, c’est l’environne-ment, la beauté des paysages. Celavient bien avant l’accueil et les équi-pements. Il est donc capital de proté-ger le site naturel qui nous fait vivre.En 1970, nous avons fait office depionniers en créant une dizaine d’éta-bles en consortage. Cela a largementcontribué à l’entretien des paysages.Aujourd’hui, on se rend comptequ’on va manquer – et qu’on manquedéjà dans certaines communes – deprés fauchables. Il faut aussi déboiserles prairies pour éviter une perte depatrimoine et conserver la diversitédu paysage. De plus, le boom de la

construction ampute chaque annéeles surfaces à disposition. Il faut doncréserver des zones agricoles quidevraient idéalement se situer aufond de la vallée. Un plan d’aménage-ment ne peut se faire qu’à l’échelled’Anniviers. Pour les étables enconsortage, par exemple, le Servicede l’agriculture ne donne plus depréavis favorable s’il n’y a pas devision globale.

Cela ne pourrait-il pas se faire pardes accords intercommunaux?

Difficilement. Quand on doit tran-cher dans le terrain, il est très compli-qué de trouver des bases légales.

On sait que, dans toutes les sta-tions, les personnes qui y travaillentont de la peine à trouver un loge-ment sur place. Anniviers n’échappepas à la règle. Une fusion pourrait-elle contribuer à résoudre le pro-blème?

On sait que les terrains du bas de lavallée sont moins chers que ceuxsitués dans les stations. Une com-mune unifiée permettrait de réserverdes parcelles aux habitants. Bagnesl’a fait, dans la partie inférieure de lavallée, pour l’habitat des employésdes remontées mécaniques ou lesemployés communaux. On pourraitimaginer que la Commune d’Anniviersait un droit de préemption sur certainsterrains. Actuellement, beaucoupd’entre eux sont achetés par des gensde l’extérieur alors que les stations ontbesoin de la vente aux étrangers. Ceproblème sera accentué avec l’aban-don de la Lex Kohler et les mesuresde contrainte qui ne vont pas tarder à

nous tomber dessus. Avec la fusion,on pourra déterminer pour l’ensem-ble de la vallée les zones où l’on veutdu développement et celles où l’onveut davantage préserver la nature.Avoir pour chacune des six commu-nes actuelles l’ensemble des zonesn’est pas viable à long terme.

Mais cela ne risque-t-il pas juste-ment de vider les stations de leurshabitants?

Rien n’empêchera de réserver danschacune d’elles des immeubles pourles gens qui travaillent en stationcomme Chandolin l’a déjà fait. Lacommune d’Anniviers pourra déter-miner sur son territoire, dans les sta-tions, des zones de lits chauds ou tiè-

des, en fonction des besoins.

Le canton a affirmé qu’en cas defusion, il n’y aurait pas de diminu-tion des zones à bâtir. Qu’en pen-sez-vous?

Je pense qu’on peut difficilementaffirmer cela. Mais il y aura une bienmeilleure définition des zones à bâtir.Il existe entre 15 et 20 zones différen-tes. Chaque commune a une zoneartisanale. Il ne faut pas rêver. Quelartisan va s’installer à Chandolin ouGrimentz? Avec la fusion, on aura unegestion nettement plus harmonieuseet efficace de l’aménagement du terri-toire.