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Louis de GASTINES 1918: LA VICTOIRE DES ARMEES ALLIEES EN ORIENT Cette année est célébré le soixante-dixième anniversaire de l'armistice qui mit fin à la Première Guerre mondiale. C'est l'occasion de rappeler la part qui revient aux armées alliées d'Orient dans la victoire de 1918. Comme il n'est pas possible de faire en quelques pages une étude, même succincte, de la campagne d'Orient, l'auteur s'est limité à la dernière phase des opérations, celle de l'offensive victorieuse de l'automne de 1918. près l'échec, en 1915, de leur première tentative en ./xOrient visant d'abord à s'emparer des Dardanelles, puis à venir en Serbie même renforcer l'armée du roi Pierre I er , la France et la Grande-Bretagne décident de se maintenir en Macédoine. Au début de 1916, les forces franco-britanniques, dont le général Sarrail a pris le commandement le 12 octobre 1915, établissent autour de Salonique une organisation défensive. Puis, renforcées d'un corps d'armée italien et de toute l'armée serbe, elles prennent l'offensive en août 1916. Elles refoulent l'ennemi du lac d'Ortrovo jusqu'au nord de Monastir, réoc-

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Louis de GASTINES

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EN ORIENT Cette année est célébré le soixante-dixième anniversaire de l'armistice qui mit fin à la Première Guerre mondiale. C'est l'occasion de rappeler la part qui revient aux armées alliées d'Orient dans la victoire de 1918. Comme il n'est pas possible de faire en quelques pages une étude, même succincte, de la campagne d'Orient, l'auteur s'est limité à la dernière phase des opérations, celle de l'offensive victorieuse de l'automne de 1918.

près l'échec, en 1915, de leur première tentative en . / xOr i en t visant d'abord à s'emparer des Dardanelles,

puis à venir en Serbie même renforcer l'armée du roi Pierre I e r , la France et la Grande-Bretagne décident de se maintenir en Macédoine.

A u début de 1916, les forces franco-britanniques, dont le général Sarrail a pris le commandement le 12 octobre 1915, établissent autour de Salonique une organisation défensive. Puis, renforcées d'un corps d'armée italien et de toute l'armée serbe, elles prennent l'offensive en août 1916. Elles refoulent l'ennemi du lac d'Ortrovo jusqu'au nord de Monastir, réoc-

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cupent une bande étroite du territoire serbe. La première offensive des armées alliées d'Orient se termine par un succès.

En 1917, elles consacrent essentiellement leur activité au renforcement de leurs positions. Elles participent, cepen­dant, sur l'ordre du haut commandement, à l'offensive générale de la Triple-Entente au printemps de 1917. Par leur simple présence, elles retiennent des unités ennemies, qui auraient pu appuyer, en septembre et octobre, l'effort des Empires centraux sur le front russo-roumain.

En juin 1917, la déposition du roi Constantin libère les troupes alliées de toute inquiétude quant à leurs arrières ; la Grèce entre en guerre aux côtés de l'Entente et l'armée hellénique va progressivement se porter sur le front. A u début de 1918, la défaillance de la Russie libère les effectifs ennemis du front oriental et fait peser de graves menaces sur tous les fronts alliés. Les armées alliées d'Orient reçoivent la mission d'« inter­dire à l'ennemi la conquête de la Grèce ». Le général Guillaumat a remplacé le général Sarrail en décembre 1917 ; les armées d'Orient sont sérieusement renforcées. Quand le général Fran-chet d'Esperey prend son commandement en juin 1918, il trouve donc des troupes solides et un effectif suffisant pour permettre l'offensive.

Celle-ci débute le 15 septembre. Le front ennemi dans les Balkans est rompu. Les armées de l'Entente progressent au nord jusqu'au-delà du Danube et de la Save, libérant la Serbie -Belgrade fait un accueil triomphal aux troupes alliées. A l'est, elles entrent à Constantinople ; à l'ouest, elles s'emparent de Sarajevo et de Scutari, contraignant successivement la Bulgarie, la Turquie et l'Autriche-Hongrie à déposer les armes, et constituant pour l'Allemagne une menace grave qui pèsera dans sa décision d'abandonner la lutte. Les armées alliées d'Orient, en deux mois à peine, ont franchi plus de 450 kilomètres depuis leurs lignes de départ ; en fin de progression, elles tiennent un front qui s'étend sur 1 200 kilomètres, du Dnestr à Fiume.

L'ennemi et le terrain

Quatre ans auparavant, le général Franchet d'Esperey, commandant alors la V e armée, a, le 6 octobre 1914, à Jonchery,

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remis directement à Poincaré un projet de prise à revers des puis­sances centrales par une intervention dans les Balkans. Le prési­dent de la République ne l'a pas oublié et, sans aucun doute, sa voix a pesé dans la désignation de ce grand stratège. Le général Franchet d'Esperey se rappelait que, en 1797, l'Autriche n'avait pas sollicité l'armistice de Leoben et signé la paix à Campofor-mio sous la pression des imposantes armées du Rhin, de la Mo­selle et de Sambre-et-Meuse, mais bien devant l'arrivée au Sem-mering, à quelques étapes de Vienne, de la petite armée d'Italie.

Arrivé à Salonique le 18 juin 1918, le général Franchet d'Esperey se fait présenter le plan d'offensive établi par son prédécesseur, le général Guillaumat. Ce plan conclut à l'impos­sibilité d'obtenir une action décisive et se borne à essayer d'améliorer la situation par une offensive locale menée par des forces françaises, britanniques et grecques. Il ne correspond pas du tout aux intentions du nouveau commandant en chef.

Les forces ennemies du front balkanique, qui avaient, en 1916 et 1917, réussi à faire échec aux offensives alliées, semblent toujours capables d'une résistance opiniâtre.

Les Germano-Bulgares sont organisés en quatre armées. La IV e armée bulgare assure la défense des côtes de la mer Egée et de la basse Struma jusqu'à Serrés. La vallée de la Struma, de Serrés à Demir Hissar, et le Belech constituent la zone d'action de la II e armée bulgare. Plus à l'ouest, on trouve, du lac Dojran à la Dzena, la I r e armée bulgare, couvrant la vallée du Vardar. De la Dzena au Gora Top, la X I e armée allemande barre la plaine de Monastir ; elle est composée de troupes bulgares, mais les deux états-majors de corps d'armée sont allemands et de nombreuses unités de spécialistes allemands la renforcent. A l'ouest du Gora Top, le 19e corps autrichien tient, avec trois divisions, le front de l'Albanie jusqu'à la mer.

Les divers secteurs de ce front, stabilisé depuis deux ans, constituent pour la plupart des régions indépendantes, ayant peu d'influence les unes sur les autres ; les lignes de communication vers l'arrière sont divergentes. Ce sont :

- la Struma et le Belech, dont les communications divergent vers Drama et Radomir ;

- la vallée du Vardar, importante à cause de la voie ferrée d'Uskub, barrée par de solides et profondes organisa­tions ;

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- l'âpre et difficile région montagneuse entre le Vardar et la Cerna, considérée comme presque infranchissable ;

- la boucle de la Cerna et la région de Monastir, terrain des offensives de 1916 et 1917 ;

- le secteur accidenté d'Albanie, d'accès difficile, ne se prêtant qu'à des opérations en montagne, et dont la ligne de communication longe la mer Adriatique.

Cependant, les communications de la I r e armée bulgare et de la X I e armée allemande convergent presque entièrement, à 70 kilomètres du front, en un faisceau unique empruntant la voie ferrée du Vardar en amont du confluent de la Cerna. C'est à Gradsko, en effet, que se raccorde à la ligne Uskub-Guievguieli la voie de 60 centimètres qui, tantôt unique, tantôt doublée par des téléphériques, atteint Troyatsi et Prilep pour aboutir, à proximité du front, entre le Koziak et le Peristeri.

Autour de Gradsko, important carrefour des routes d'Uskub à Guievguieli et de Prilep à Ichtip, l'ennemi a accumulé magasins, dépôts et ateliers. A 60 kilomètres au nord-est, à Uskub, s'embranche la voie étroite qui, par Kalkan-delen et Kicevo, gagne Ohrid, desservant un secteur d'une quarantaine de kilomètres, entre le lac de Prespa et le Shkumbi.

S'il était possible de s'emparer de la région du confluent Vardar-Cerna, puis d'Uskub, les forces ennemies seraient irrémédiablement coupées en deux. Car, refoulées, en partie vers Kalkandelen, elles formeraient deux groupements auxquels la configuration du terrain interdirait toute liaison au nord d'Uskub.

Les forces alliées : vingt-huit divisions réparties en quatre armées

Le général Franchet d'Esperey dispose de vingt-huit divisions (neuf helléniques, huit françaises, six serbes, quatre britanniques, une italienne) réparties en quatre armées.

Le général Milne, commandant l'armée britannique, tient, avec ses trois corps d'armée, le front de la mer Egée à Mazadag.

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Le 1e r groupement de divisions, sous les ordres du général d'Anselme, avec la 16e division coloniale et deux divisions helléniques (Archipel et 4 e division) borde, de Maza-dag à Bahovo, le pied du massif montagneux Porta Douditsa.

De Bahovo à la région de Gradechnitsa, le prince Alexandre, secondé par son chef d'état-major général, le voïvode Michitch, occupe, avec les II e et P e armées serbes, les positions conquises en 1916 sur les pentes sud du Vetrenik et du Dobro Polje, et le versant sud-ouest du Sokol. Chacune des armées serbes compte trois divisions ; Choumadia, Timok et division Yougo-Slave pour la II e armée ; Drina, Danube et Morava pour la I r e armée.

Enfin, de la région de Gradechnitsa à la Tomoritsa, l'armée française d'Orient, sous les ordres du général Henrys, a en ligne des éléments variés :11 e division coloniale et 3 e division hellénique, 35e division italienne, 2 e groupement de divisions, 3 e groupement de divisions. La brigade de cavalerie française du général Jouinot-Gambetta est rassemblée dans la plaine de Monastir. Au-delà de la gauche des armées alliées, le 16e corps italien, indépendant, tient, avec trois divisions, le front jusqu'à l'Adriatique.

La comparaison des forces en présence sur le front de Macédoine fait ressortir, en faveur des Alliés, un excédent d'une quinzaine de bataillons et une supériorité de un neuvième en pièces d'artillerie et de plus du double en aviation. Toutefois, en raison de la supériorité en effectif des bataillons bulgares sur les unités alliées correspondantes, le nombre des fantassins est à peu près le même de part et d'autre.

Le général Franchet d'Esperey juge que tous les secteurs du front, à l'exception de la région du Dobro Polje, offrent à l'ennemi des positions favorables pour empêcher une pénétration profonde de l'offensive alliée. Il n'envisage le succès possible que sur les pentes du puissant massif des montagnes de la Moglena. Là, la rupture du front est possible, c'est une question de moyens. Une fois la brèche ouverte, une offensive rapide dirigée, à partir de la région Koziak et Rozden, sur Negotine est susceptible d'obtenir les plus grands résultats en séparant complètement les forces ennemies du Vadar et celles de Monastir. Ces deux groupes de forces n'ont pas de liaison latérale naturelle. Leurs communications se font par le nœud

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constitué par la région Negotine-Kavadar-Gradsko où se soudent les deux lignes de communication principales de l'armée bulgare : celle de la vallée du Vardar et celle de Gradsko-Prilep-Monastir.

Dès le 25 juin, le général Franchet d'Esperey a commencé l'inspection des armées alliées. Du 28 au 30 juin, i l visite les armées du roi Pierre I e r de Serbie. Celles-ci lui font très bonne impression. Le 29, i l se rend à Yelak, au poste de commandement de la I r e armée serbe, installé, à 1 700 mètres d'altitude, fort simplement dans des baraques en bois au milieu de la forêt, mais sur un lambeau de terre serbe reconquis en 1917. A 18 heures, après la grosse chaleur de l'après-midi, le prince régent Alexandre, le général Franchet d'Esperey, le voïvode Michitch, chef d'état-major général de l'armée serbe, et le général Boyovitch, commandant la I r e armée serbe, montent à l'observatoire de Floka (2 300 mètres). « Le soleil oblique fait ressortir les lignes bulgares qui s'étalent au-dessous de nous, face au sud. On voit jusqu'à la deuxième position sur le Koziak, ainsi que les chemins qui relient les deux positions1. »

Le dimanche 30 juin, le commandant en chef a une longue conversation avec le prince Alexandre et le général Michitch. Il arrête les bases de l'opération : ce sera une offensive générale dont l'attaque principale sera déclenchée dans le secteur serbe. Les armées serbes seront renforcées de deux divisions françaises, elles seront appuyées par toute l'artillerie lourde française disponible. « Michitch me demande si les deux divisions françaises seront sous leurs ordres. Sur ma réponse affirmative, le prince se lève et sans mot dire vient me serrer la main. L'accord est complet. »

La hardiesse de la conception de manœuvre

Le commandant en chef en arrive ainsi à la conception finale de sa manœuvre. L'offensive d'ensemble des armées alliées comprendra :

- une attaque principale, à caractère décisif, exécutée sur la région Dopro Polje-Vetrenik-Koziak, dans la direction générale de Negotine et Kavadar ;

1. Maréchal Franchet d'Esperey, la Revue des Deux Mondes, 1" septembre 1938.

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- une opération sur la Struma ; - une opération sur le front Vardar-Dojran ; - l'exploitation du succès par l'ensemble des armées

alliées. L'opération principale comportera deux phases : - l'attaque sur un front de 12 à 14 kilomètres environ

et l'enlèvement des positions ennemies de la région Dobro Polje-Vetrenik et la conquête du Koziak ;

- une exploitation rapide en montagne en direction de Negotine-Kavadar.

La première phase comportera l'engagement de deux divisions françaises et de deux divisions serbes contre des forces ennemies évaluées à cinq régiments bulgares et quatre-vingts pièces d'artillerie. L'exploitation sera entreprise par quatre divisions serbes et, si possible, plus tard, par les cavaleries serbe et française. L'ensemble des troupes sera placé sous les ordres du voïvode Michitch. Tous les besoins en personnel et matériel nécessaires à la préparation et à l'exécution de l'opération seront prélevés sur le 1 e r groupement de divisions, l'armée française d'Orient et à l'arrière, « pour faire largement face à tous les besoins ». Treize batteries lourdes de trente pièces d'artillerie de tranchée, prélevées sur la réserve générale et sur l'armée fran­çaise d'Orient, constitueront l'artillerie de renforcement de l'at­taque principale. Des actions secondaires seront menées sur la Struma en direction de Serrés et dans la région Vardar-Dojran.

Pendant l'exécution de la deuxième phase de l'attaque principale, l'armée britannique attaquera un ennemi ébranlé, pour l'empêcher de manœuvrer et de se rétablir devant la menace de ses arrières. L'armée française d'Orient aura une mission analogue en direction générale de Prilep.

L'équipement du front exigera au minimum deux mois. « L'opération doit être entreprise au plus tard vers le 15 septembre, pour qu'elle soit terminée avant l'arrivée de la saison d'hiver. La préparation doit donc commencer immédiate­ment2. »

La judicieuse économie des forces pratiquée par le général Franchet d'Esperey permet d'obtenir, sur le front de rupture, la supériorité nécessaire pour venir rapidement à bout

2. Les Armées françaises dans la Grande Guerre, vol. VIII, annexe 377.

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des organisations ennemies et des obstacles du terrain. Sur les 33 kilomètres qui s'étendent de Bahovo à Gradechnitsa, le commandant en chef dispose, avec huit divisions d'infanterie, une de cavalerie, les renforcements en artillerie et en aviation, de trois fois plus de bataillons, de mitrailleuses et d'avions, et de quatre fois plus de canons que l'ennemi.

Le 13 juillet, le commandant en chef adresse au gouvernement son projet sommaire d'opérations et réclame d'extrême urgence un certain nombre de moyens déjà deman­dés : matériels d'artillerie pour l'armée serbe et l'armée fran­çaise d'Orient, munitions, effets et équipements nécessaires à l'entrée en ligne des 4 e et 14e divisions helléniques.

Le 24 juillet, le général Franchet d'Esperey n'a encore reçu de Paris aucune réponse à l'envoi de son plan d'action. Comme il ne reste plus que huit semaines jusqu'au 15 septem­bre, dernière date après laquelle l'offensive risque de se trouver arrêtée par la mauvaise saison, le commandant en chef décide de faire entreprendre les préparatifs d'action par les armées chargées des attaques secondaires. Le 24 juillet, il adresse ses instructions au général Milne, le 26 au général Henrys, le 4 août au général d'Anselme. Sur le front serbe, l'équipement du front principal d'attaque est poussé avec vigueur. Pendant ce temps, une contre-offensive autrichienne en Albanie oblige le 16e corps italien à se replier sur la Malakastra, et l'aile gauche française doit, pour maintenir sa liaison, revenir de la Holta au Koch-nitsa.

Le 5 septembre, le commandant en chef des armées alliées d'Orient rend compte au gouvernement que les prépara­tifs de l'attaque sont en très bonne voie et que, à partir du 12 septembre, huit divisions françaises et serbes seront prêtes à attaquer. Il est indispensable de déclencher l'offensive le plus tôt possible, en raison des conditions atmosphériques dans les montagnes ; de plus, les préparatifs d'attaque, qui jusqu'ici n'avaient pas attiré l'attention de l'ennemi, commencent à être connus de lui. Les Alliés ont une forte avance, mais si leur action tarde trop, l'ennemi pourra se renforcer aux points sensibles et leur opposer une plus forte résistance. Ainsi, à défaut d'ordres contraires, l'attaque aura lieu à partir du 14 septembre.

Le gouvernement français a envoyé le général Guillau-mat à Londres et à Rome pour obtenir le consentement

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des gouvernements britannique et italien, qu'il obtient le 4 et le 9 septembre. Le 10, le gouvernement français autorise le général Franchet d'Esperey à lancer les opérations, dès qu'il le jugera convenable. Le 12, le commandant en chef fixe au 14 le début de la préparation d'artillerie et au 15 l'offensive principale.

La rigueur de l'exécution : la rupture du front

Les instructions du commandant en chef précisent le mode d'exécution de chacune des attaques envisagées.

La rupture centrale du front incombe à la II e armée serbe ; trois divisions, la Choumadia, la 17e coloniale et la 122e DI, donneront l'assaut au massif Vetrenik, à Sokol, et seront appuyées par une attaque secondaire de la I r e armée serbe. Dans la journée même, Timok et Yougo-Slave, après un dépassement de ligne, enlèveront le Stoudena Voda et le Koziak.

La rupture achevée, les divisions de poursuite, Timok et Yougo-Slave, seront poussées au plus tôt, la première en direction de Demir Kapou, pour couper la ligne de communica­tion du Vardar, la seconde en direction de Negotine-Kavadar. Elles seront soutenues par Choumadia et la 17e division coloniale, tandis que la 122e DI passera en réserve du comman­dant en chef.

Les divisions de poursuite devront « s'enfoncer auda-cieusement, comme un coin, à l'intérieur du dispositif ennemi [...], marcher sans trêve jusqu'à l'extrême limite des forces des hommes et des chevaux, en utilisant tous les cheminements, de manière à déborder les résistances qui pourraient surgir ». Arrivées au confluent du Vardar-Cerna, elles s'empareront des ponts de manière à préparer la reprise du mouvement en avant.

La I r e armée serbe appuiera à gauche l'avance de la II e armée. Les troupes anglo-franco-helléniques, à droite, et l'armée française d'Orient, à gauche, appuieront l'attaque principale en élargissant la brèche, de façon à couper en deux les armées ennemies. Les cavaleries française et serbe seront employées à la poursuite dans la plaine de Prilep.

La préparation d'artillerie commence le 14 septembre à 8 heures, de Dojran à Monastir, « égale partout de façon à

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laisser l'ennemi dans l'incertitude3 ». Malgré le vent violent, les aviations alliées lancent sur les campements ennemis près de deux tonnes d'explosifs et mitraillent un convoi d'environ deux cent cinquante camions, des renforts en route vers le Koziak, sur le chemin Dounie-Poltchichte. L'ennemi réagit faiblement.

Le 15 septembre, à 5 h 30, l'armée du voïvode Stepanovitch commence son attaque : la 122e DI donne l'assaut au Sokol et au Dobro Polje, la 17e coloniale à la Kravitsa et au Kravitchki Kamène, Choumadia, au Kamène et au Vetrenik. Toutes ces positions, les unes dès le premier assaut, les autres après une lutte acharnée, sont enlevées au cours de la journée.

Il faut rappeler deux faits d'armes : la prise du Sokol et celle du Dobro Polje. A la gauche du front d'attaque, le terrain oblige le commandement à former deux groupes : deux batail­lons face au Sokol, quatre bataillons face au Dobro Polje. La progression sur le Sokol est appuyée à l'ouest par la I r e armée serbe. Eprouvé par des pertes sérieuses dès le début de l'attaque du Sokol, le bataillon français franchit cependant les premières tranchées ennemies et parvient, à 6 h 30, à bout de souffle, à 50 mètres du sommet. La progression du régiment serbe s'arrête sur la même position. A la nuit seulement, un vigoureux coup de main chasse les Bulgares du sommet. Drina pousse immédiate­ment son avantage et prend possession de toute la crête du Sokol, sur un front de près de 7 kilomètres. Plus heureux dans son attaque, le second bataillon du groupement de gauche atteint en une demi-heure son objectif, à 1 kilomètre environ au nord-est du sommet.

Devant le Dobro Polje, c'est une très forte pente, longue d'environ 200 mètres, qu'ont gravie les assaillants pour atteindre la ligne ennemie. D'un seul bond, les deux bataillons de tête arrivent aux premières tranchées et s'en emparent, malgré une résistance acharnée. Mais lorsque, après un dépasse­ment de ligne, deux bataillons frais débouchent du Dobro Polje vers la cote 1 875, ils se heurtent à de nouvelles formations, appuyées par des batteries de tous calibres, formations qu'il faut réduire pied à pied. A 16 heures seulement l'objectif est entièrement enlevé.

3. Maréchal Franchet d'Esperey, op. cit.

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Dans la soirée du 15 septembre, l'armée du voïvode Michitch se trouve maîtresse de la première position adverse sur un front de 11 kilomètres. Si la progression de l'attaque a été moins rapide que prévu, si la capture d'éléments jusqu'alors en réserve annonce l'arrivée de renforts ennemis, le mouvement sur le Koziak ne paraît pas compromis. Le général Franchet d'Esperey recommande au voïvode Michitch de continuer vigoureusement son offensive.

Vers 18 heures, les divisions Yougo-Slave et Timok, qui, toute la journée, ont suivi de près les unités engagées, exécutent un passage de lignes et commencent, dans la nuit, à exploiter leur succès. La 122e DI et la 17e coloniale sont maintenues sur place.

Le 16 septembre 1918, une brèche de 25 kilomètres dans le front ennemi

Le 16 septembre, au soir, la brèche ouverte dans le front ennemi s'étend sur une largeur de plus de 25 kilomètres et sur une profondeur moyenne de 7 kilomètres. Le général Franchet d'Esperey juge que les résistances dans la région Preslap-Zborsko, comme vers Gradechnitsa, n'ont pour but que de permettre l'écoulement des unités en retraite, à l'est, par le col de Goloubats, à l'ouest, par le pont de Razimbey. La marche en avant continue.

Le 21 septembre, on évalue à environ sept mille le nombre des prisonniers et à une centaine le nombre des canons pris à l'ennemi, sans compter une quantité indéterminée d'ar­mes et de munitions. La X I e armée allemande est complètement séparée des I r e et II e armées bulgares ; la première partie de la manœuvre des armées alliées prend fin.

Le 21 septembre, le général Franchet d'Esperey donne de nouvelles directives pour élargir la brèche faite dans le dispositif ennemi et parachever le succès. Il attribue à la II e armée serbe la mission de tenir le Vardar, de Demir Kapou à Gradsko. La I r e armée serbe, agissant en direction de Prilep, débordera les positions de repli ennemies et facili­tera l'avance de l'armée française d'Orient. Celle-ci, en contact étroit avec la I r e armée serbe, aura Prilep comme

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direction générale. Après la rupture du front, la cavalerie sera découplée en direction de Prilep et de Nitchevo, et lancera des raids vers Vêles et Uskub. Le 1 e r groupement de divisions rejettera l'ennemi au-delà du Vardar, vers Houdova. L'armée britannique, exploitant le repli des Bulgares, les refoulera au-delà du Belech et s'emparera du col de Kostourino. L'armée hellénique harcèlera l'ennemi sur le front de la Struma et profitera de toute défaillance bulgare.

Dans la nuit du 21 au 22, le commandant en chef annonce à ses subordonnés la retraite de l'ennemi du lac de Dojran à Monastir, et les invite à manœuvrer les résistances qu'ils pourraient rencontrer et à lancer la cavalerie pour ouvrir le chemin à l'infanterie.

Les I r e et II e armées serbes poursuivent leur mouve­ment en avant. Le 23 septembre, le commandant en chef explique de vive voix au général Jouinot-Gambetta ce qu'il désire : « [le] voir atteindre Uskub le plus tôt possible. Uskub qui, une fois Prilep occupée par nous, reste la seule communication entre la XIe armée allemande et la Bulgarie. Le colonel de Bournazel et les officiers du 1er chasseurs d'Afrique nous écoutent tous pleins d'enthousiasme ; ils sont si contents de voir le terrain libre. On sent le vent de la victoire. »

La journée du 25 septembre marque une étape parti­culièrement brillante dans la marche en avant des armées alliées. Tandis que, de Dojran à Monastir, l'ennemi continue à se replier dans le plus grand désordre, on observe enfin des indices certains d'un recul de la X I e armée allemande. Celle-ci ne peut plus que faire retraite vers le nord, en empruntant le couloir long et étroit qui suit la route Dolentsi-Uskub, puisqu'il lui est impossible de se réfugier en Albanie, où elle se trouverait privée de voies de communication et de tout ravitaillement. Les armées alliées, par la rapidité de leur manœuvre, lui fermeront cette dernière porte de sortie.

Le général Franchet d'Esperey juge, le 28 septembre, que le dispositif prévu à la fin de la première phase des opérations, réalisé au centre par le 1 e r groupement de divisions et les armées serbes, est sur le point de l'être aussi aux ailes. La deuxième phase, qui va conduire les Alliés sur le front Philippo-poli-Sofia-Nich, va commencer. En raison de la désorganisation de l'ennemi, et en tenant compte du fait que la rapidité de

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l'avance n'a pas permis de rétablir les communications derrière les armées, le commandant en chef prescrit de diminuer le nombre des unités en ligne, de les doter du maximum de moyens de transport, de regrouper les réserves dans des zones bien desservies et d'organiser l'arrière.

Le 29 septembre, la division Timok de la II e armée serbe, voyant le 1e r groupement de divisions atteindre la crête de la Plachkatvitsa Planina, se hâte vers Tsarevo Selo. A l'est de la localité, la division Yougo-Slave et la cavalerie serbe, attaquées par un fort détachement bulgare, réussissent à chasser l'ennemi de la haute vallée de la Bregalnitsa, découvrant ainsi la ligne de retraite des éléments qui combattent encore en montagne devant le 1e r groupement.

Dans la P e armée serbe, Morava et Drina approchent de la ligne Kechani-Djidimir, à 15 kilomètres au nord-ouest de Sveti Nikola, à 20 kilomètres de la route Uskub-Kioustendil. Morava lance un détachement vers Stratsin.

Enfin, la cavalerie française débouche devant Uskub après avoir, au prix des plus rudes fatigues et d'une marche presque continue de quatre jours, traversé l'âpre massif de la Golechnitsa Planina en suivant des sentiers de chèvres. Par une attaque vivement menée, profitant de la surprise causée à l'ennemi, la brigade Jouinot-Gambetta s'empare de la ville évacuée en hâte, capture des prisonniers et fait main basse sur des canons et des approvisionnements considérables.

La capitulation de la Bulgarie

Inquiété par l'avance rapide des armées alliées et par des troubles intérieurs, le gouvernement bulgare a dépêché, le 26 septembre, un parlementaire face au front britannique. Conduit à Salonique, le parlementaire annonce l'arrivée pro­chaine d'une délégation qualifiée pour négocier ; i l demande aussi une suspension d'armes de quarante-huit heures, qui est refusée. Le commandant en chef se met aussitôt d'accord avec le gouvernement français sur la base d'un armistice.

Le 28 septembre, la délégation bulgare arrive à Saloni­que. Elle est chargée de déterminer les conditions d'un armistice et, éventuellement, de la paix.

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Le 29 au matin, le général Franchet d'Esperey lui communique le projet qu'il a arrêté. A 23 heures, les plénipoten­tiaires signent la convention d'armistice. Les hostilités doivent cesser le 30 septembre à midi.

La Bulgarie promet : - l'évacuation immédiate des territoires encore

occupés en Grèce et en Serbie ; - la démobilisation immédiate de toute son armée,

sauf trois divisions (deux destinées à la défense de la frontière bulgaro-turque et de la Dobroudja, une à la garde des voies ferrées) ;

- le dépôt, en des points fixés par le commandant des armées alliées, et sous son contrôle, des armes, munitions, animaux, véhicules des unités démobilisées.

Les forces alliées se réservent le droit de passage sur le territoire bulgare et la faculté d'y occuper un certain nombre de points stratégiques.

Enfin, les troupes bulgares de la X I e armée allemande se trouvant encore à l'ouest du méridien d'Uskub déposeront les armes et seront considérées comme prisonnières de guerre4. A partir du 3 octobre, la reddition ou la démobilisation de toutes les unités s'effectuent conformément aux dispositions de la convention de Salonique.

A u cours de cette poursuite de quinze jours qu'aucun obstacle n'a pu entraver, qu'aucune difficulté n'a pu ralentir, où certaines unités ont franchi jusqu'à 130 kilomètres, les armées alliées ont fait près de quatre-vingt-dix mille prisonniers, dont mille six cents officiers, parmi lesquels cinq généraux, pris plus de huit cents canons de tous calibres, des centaines de minenwer-fer et de mitrailleuses et un énorme matériel de guerre, difficile à dénombrer 5. Ces brillants résultats ont été obtenus au prix de pertes très modérées : quinze mille hommes environ hors de combat, dont trois mille cinq cents tués et disparus6.

Le 30 septembre, le front des armées alliées forme un demi-cercle de 200kilomètres de diamètre, jalonné approxima­tivement par Boutkova, Berovo, Tsarevo Selo, Egri Palanka,

4. AFGG, t. VIII, 3e vol., annexe n° 1248. 5. AFGG, t. VIII, 3e vol., annexe n° 1430. 6. AFGG, t. VIII, 3" vol., appendice 2, tableau II.

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Uskub, Strouga, le Gora Top. Le gouvernement français recommande au commandant en chef de couper la voie de ravitaillement du Danube et d'apparaître le plus tôt possible en mer Noire. Le général Franchet d'Esperey décide de porter vers le nord les I r e et II e armées serbes, l'armée française et l'armée britannique. Mais le dispositif existant va, s'il est conservé, amener une armée serbe à traverser, au moins avec une partie de ses effectifs, des territoires bulgares, et créer vraisemblablement des incidents regrettables. Par ailleurs, le commandant en chef estime préférable de faire libérer par les armées serbes leur territoire national. Il prescrit donc, le 4 octobre, un remanie­ment de son dispositif, faisant passer la II e armée serbe à gauche de la I r e armée serbe et l'armée française d'Orient à droite.

Le groupe d'armées opérant sur le front de Serbie comprend désormais, de l'est à l'ouest : l'armée britannique, l'armée française d'Orient renforcée de la division italienne et de divisions helléniques, les armées serbes. Ce groupe d'armées a pour premier objectif de « mettre la main sur le nœud de communication important de Nich et de déboucher ensuite, sur un large front, entre la Drina et le Danube, dans les régions nord de la Serbie7 ».

Le 13 octobre, les divisions Morava et Drina enlèvent Nich et continuent leur progression vers le nord. Nich, dépassée de plus de 30 kilomètres, est largement dégagée. La Ve armée serbe s'arrête quelques jours pour prendre le repos indispensa­ble après un mois de marches et de combats qui, malgré l'état lamentable des communications résultant du mauvais temps et des destructions effectuées par l'ennemi, l'ont conduite à près de 300 kilomètres, à vol d'oiseau, de sa base de départ.

La libération de la Serbie et le franchissement du Danube

Le 15 octobre, la I r e armée serbe reprend sa marche en avant avec sa vigueur habituelle. Le 29, elle arrive en face des positions avancées de la défense de Belgrade. Le 1 e r novembre, à 10 h 30, les premiers éléments de la division Danube entrent sans

7. AFGG, t. VIII, 3' vol., annexe n° 1553.

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combat dans Belgrade, que l'ennemi a évacué après avoir détruit les ponts. De Gouloubar à Chabats, des éléments de la I r e armée bordent le Danube et la Save, tandis que le gros est rassemblé entre Vintsa et Obrenovats. Des reconnaissances sont lancées jusqu'à l'embouchure de la Drina. La Serbie tout entière, à l'exception de la boucle d'Orsova, est libérée du joug ennemi.

Les armées du voïvode Michitch et l'armée française d'Orient bordent le Danube, la Save et la Drina, chassant les Austro-Allemands hors des frontières de la Serbie. Les troupes de l'Adriatique entrent à Scutari. L'armistice de Moudros arrête, derrière la Maritsa, l'armée du général Milne. L'armée du Danube se constitue pour opérer en Roumanie. Le 4 novembre, l'armistice conclu avec l'Autriche ne laisse plus en face des Alliés que les troupes allemandes de Valachie et de Hongrie, groupées sous les ordres du maréchal Mackensen.

Enfin, le 11 novembre, au moment où l'effort allié sur tous les fronts contraint l'Allemagne à mettre bas les armes, les Serbes, menaçant la retraite des troupes du maréchal Mackensen, dépassent le Danube et la Save de 40 kilomètres vers le nord, et l'armée du Danube, franchissant le fleuve à Rouchtchouk, Sistova et Nikopoli, se dispose à entamer la poursuite des divisions allemandes de Valachie.

Les conventions d'armistice arrêtent le mouvement en avant des troupes alliées, les troupes allemandes en profitent pour regagner l'Allemagne. Quant au maréchal Mackensen, i l est fait prisonnier en Hongrie en décembre et interné aux environs de Belgrade, puis à Salonique. Il sera renvoyé en Allemagne à la fin de 1919.

Les « poilus d'Orient » peuvent être fiers des glorieux faits d'armes qu'ils ont accomplis. C'est pour leur rendre hommage que ces quelques pages, consacrées à l'offensive victorieuse de l'automne de 1918, ont été écrites.

LOUIS D E GASTINES

Louis de Gastines, soixante et un ans, est le petit-fils du maréchal Franchet d'Esperey. Il est professeur de droit public à l'université de Paris I Panthéon-Sorbonne depuis sa création, et président adjoint de l'Union nationale des poilus d'Orient, des anciens combattants des T O E et d'AFN.