Lucier, P. - Camille Laurin et l’éducation : des visées à long terme, 29 mai 2009

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    Camille Laurin et lducation : des vises long terme

    Pierre Lucier

    Chaire Fernand-Dumont sur la culture

    29 mai 2009

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    Camille Laurin a t ministre de lducation du 6 novembre 1980 au 5 mars 1984, soit

    presque deux fois plus longtemps que la moyenne observe depuis 1964 chez les

    titulaires de ce ministre en fait, le quatrime plus long mandat aprs les ministres

    Claude Ryan, Jacques-Yvan Morin et Franois Cloutier. Mais, si lon se souvient

    demble du pre de la Loi 101, il arrive souvent que lon oublie de mentionner celui

    qui a tenu les rnes du Ministre de lducation dans les annes difficiles qui ont suivi le

    rfrendum de 1980 et marqu le deuxime gouvernement Lvesque.

    Le prsent propos nentend pas entreprendre de corriger cet apparent blanc de mmoire,

    la mmoire tant souveraine en matire de souvenir et se conjuguant toujours vainement

    limpratif. Il convient mieux lesprit et la manire du Docteur Laurin car cest

    ainsi quil aimait tre appel de procder quelques coups de sonde sur le fond des

    choses et de faire ainsi merger des hritages majeurs qui, le plus souvent sans porter son

    nom, ont structur le paysage de lducation, la faon de balises qui ont accompagn et

    structur lvolution de la mission ducative au cours du dernier quart de sicle.

    On le fera en deux temps. Dans une premire partie, de type introductoire, on esquissera

    le projet ducatif densemble du Docteur Laurin, un vaste projet qui a pris forme avant sa

    nomination lducation et quil a t contraint de devoir raliser dans un contexte

    radicalement diffrent de celui dans lequel il lavait pens et approfondi. Ce sera comme

    une toile de fond pour la bonne saisie de luvre. Dans une deuxime partie, qui

    constitue le corps de ce propos, on identifiera un certain nombre de chantiers dans

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    lesquels le Docteur Laurin sest engag, ceux dont il a pris les relais et ceux quil a lui-

    mme ouverts. On en rappellera les pices centrales et on les mettra en lien avec des

    orientations et des dcisions qui ont ensuite ponctu lvolution du systme qubcois

    dducation. Cette analyse devrait conduire le lecteur conclure quil ny a pas de

    commune mesure entre le poids rel de lhritage Laurin et le souvenir quon en a

    couramment.

    Cest la comprhension des faits, des crits, des gestes publics qui servira ici de guide, et

    non quelque interprtation des motivations ou des aspirations intimes. Des conversations,

    des textes indits, des pices darchives non encore libres, certaines consistant

    justement en des bilans de sa propre action, on ne gardera, mais sans les identifier, que ce

    quils ont fourni de confirmation.

    1. Un vaste projet ducatif

    Camille Laurin ne sest pas improvis comme promoteur de la mission ducative. On en

    trouve videmment des enracinements lointains dans ses tches denseignement et de

    vulgarisation scientifique tout autant que dans son action pour la rorganisation des soins

    psychiatriques au Qubec. Mais on pensera surtout aux annes 1976-1980, o il fut

    ministre dtat au dveloppement culturel.

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    traitement quitable du droit dauteur et qui sest traduit dans un dispositif, ax sur

    laccs et le respect, toujours unique au Canada, visait beaucoup lutilisation scolaire des

    uvres. Lidentification dune culture de convergence8 comme fondement et repre

    des approches relatives laccueil des immigrants et au dveloppement des

    communauts culturelles visait aussi trs directement le projet dducation

    interculturelle9 dont lcole qubcoise sest nourrie jusquici et qui semble avoir pouss

    la Commission Bouchard-Taylor jusqu ses derniers retranchements10.

    8 Voir :Autant de faons dtre Qubcois. Plan daction du Gouvernement du Qubec lintention des

    communauts culturelles, Qubec, Ministre dtat au dveloppement culturel et scientifique, 1981, 78 p.Cest sur ce concept de culture de convergence quon sy appuie pour viser lintgration de la diversiten se dmarquant du multiculturalisme canadien : La socit qubcoise na pas () adopter les

    principes du multiculturalisme, tels que voudrait les mettre en uvre la mosaque canadienne. Ledveloppement des divers groupes culturels qubcois passe par la vitalit collective de la socit franaisequest le Qubec. Un peu comme une branche ou des greffes profitent de lenracinement et de la sve delarbre tout entier. Cest cette condition seulement que tous pourront se sentir vraiment Qubcois. On nesera plus en prsence dune juxtaposition des traditions culturelles, mais devant une convergence desefforts vers la ralisation dun projet culturel collectif. Et on aura vit lassimilation des groupesminoritaires puisque chacun, bien reli lensemble et capable de communiquer avec les autres, auraconscience de ce quil apporte doriginal au dveloppement culturel qubcois (p. 12). Issu de la

    politique du dveloppement culturel et mis en route par Camille Laurin, ce plan daction a t men termeet prsent par son successeur au Ministre dtat au dveloppement culturel et scientifique, Jacques-YvanMorin.

    9 Les grands documents, la fois phares et tmoins, se succdent depuis lors comme rfrences pourlaction du systme scolaire dans ce domaine. Voir, par exemple : Conseil suprieur de lducation,Lducation interculturelle, Qubec, 1983, 51 p.; Commission des tats gnraux sur lducation,Rnovernotre systme dducation : dix chantiers prioritaires. Rapport final, Qubec, 1996, 90 p. (Une des tchesse rattachant au premier chantier prioritaire propos recommandait dlaborer un nonc dorientation qui

    prciserait les responsabilits de lducation en matire dintgration des lves immigrants et dducationinterculturelle, p. 11-12.); Ministre de lducation, Une cole davenir. Politique en matiredintgration scolaire et dducation interculturelle, Qubec, 1998, 42 p. Au Ministre de lducation, du

    Loisir et du Sport, il y a toujours une Direction des services aux communauts culturelles, dont un voletmajeur du mandat est le dveloppement de lducation interculturelle. On observe aussi que plusieurscommissions scolaires se sont dotes dune politique dducation interculturelle; cest le cas, parexemple, des commissions scolaires de Montral, English Montreal, Marguerite-Bourgeoys, Marie-Victorin, Laval, Sherbrooke, des Sommets, Lester B. Pearson.

    10 Ds son document de consultation (Vers un terrain dentente : la parole aux citoyens, Qubec, 2007, 44p.), la Commission fait tat dAutant de faons dtre Qubcois et du concept de convergence culturelle(p. 14). Mais, dans la dfinition de linterculturalisme quelle propose, elle ne retient pas lide:

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    Ces mentions concernent des dossiers que le Docteur Laurin a lui-mme pilots comme

    ministre dtat au dveloppement culturel et dont la porte ducative tait explicite.

    Mais, comme ministre dtat et conjointement avec le ministre de lducation, Camille

    Laurin a aussi pris des initiatives relevant directement du champ de la mission ducative.

    Il faut surtout penser ici la Commission dtude sur les universits (Commission

    Angers)11 12et la Commission dtude sur lducation des adultes (Commission Jean) ,

    deux entreprises denvergure dont le mandat et la visibilit doivent beaucoup la volont

    Interculturalisme : politique ou modle prconisant des rapports harmonieux entre cultures, fonds surlchange intensif et axs sur un mode dintgration qui ne cherche pas abolir les diffrences (p. 42). Lerapport final (Fonder lavenir. Le temps de la conciliation, Qubec, 2008, 307 p.) propose la mmedfinition (p. 287), mais sans rfrence quelque culture de convergence. La raison en est explicitementfournie : Dans ses versions anciennes et rcentes, linterculturalisme qubcois est porteur dune tensionentre deux ples : dun ct, la diversit ethnoculturelle et, de lautre, la continuit du noyau francophone etla prservation du lien social. Il se caractrise aussi par laccent (variable) mis sur le second ple. Mais cetaccent, qui fait cho linscurit culturelle des Francophones, leur sensibilit de minoritaires, se traduit

    principalement par une vigilance accrue pour tout ce qui touche lintgration et par une valorisation desrapprochements (changes, communication, interaction, concertation, formation dune culture commune,action intercommunautaire, enrichissement mutuel). (p. 119). On comprend ds lors la difficultquprouve la Commission distinguer fonctionnellement linterculturalisme, propos duquel ellerecommande que ltat entreprenne une vigoureuse campagne de promotion (recommandation D1), et le

    multiculturalisme, ce systme ax sur le respect et la promotion de la diversit ethnique dans une socit,qui peut conduire lide que lidentit commune dune socit se dfinit exclusivement par rfrence des principes politiques plutt qu une culture, une ethnicit ou une histoire (p. 288). On est loin de laculture de convergence que Laurin plaait au centre des dynamiques interculturelles.

    11 Cette commission, prside par Pierre Angers, fut mise sur pied par le dcret gouvernemental 2374 -77du 20 juillet 1977 sur la proposition du ministre de lducation et du ministre dtat au dveloppementculturel; son mandat, soumis par les deux ministres, avait t approuv par le Conseil des ministres le 29

    juin 1977 (Dcision 77-253). Le ministre de lducation et le ministre dtat au dveloppement culturel entaient les rpondants gouvernementaux. Guy Rocher, sous-ministre au Dveloppement culturel, sigeait aucomit de coordination titre dobservateur. La commission remit son rapport en mai 1979. En fait, ilsagit de quatre rapports : lun provient du comit de coordination, les trois autres proviennent de trois

    comits sectoriels luniversit et la socit qubcoise; lorganisation du systme universitaire; laformation et le perfectionnement des enseignants. Les divergences de vues entre les comits et lesdissidences exprimes lintrieur de lun des comits nont pas beaucoup favoris la mise en uvre dessuivis souhaitables.

    12 Cette commission, prside par Michle Jean, fut cre par le dcret gouvernemental 129-80 du 23janvier 1980. Ce dcret confiait au ministre Laurin la prsidence du comit ministriel charg de sonapplication.

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    du Docteur Laurin den faire deux dossiers du plus haut niveau politique. Le ministre

    dtat eut alors justifier son intrt en montrant la porte supra-sectorielle de ces deux

    dossiers. On a alors bien compris quil entendait sassurer ainsi den marquer

    limportance et lamplitude.

    Comme ministre responsable de la coordination du secteur culturel, Camille Laurin a

    galement affirm sa prsence et son influence dans des dossiers sectoriels de la mission

    ducative. On pense ici surtout au Livre vert (1977)13 et au Livre blanc orange, en fait!

    (1979) sur lcole qubcoise14 15, au Livre blanc sur les collges (1978) , de mme

    quaux livres vert (1977)16 17et blanc (1980) sur la politique du loisir, dont la

    responsabilit politique et administrative tait alors loge au Ministre de lducation. Par

    une participation active et directe aux processus dlaboration, voire de rdaction, il a

    voulu imprimer sa vision des choses, son appui politique semblant alors compenser pour

    une intervention parfois juge lourde par les ministres responsables.

    13Lenseignement primaire et secondaire au Qubec. Livre vert, Qubec, Ministre de lducation, 1977,147 p.

    14Lcole qubcoise. nonc de politique et plan daction, Qubec, Ministre de lducation, 1979, 163 p.

    15Les collges du Qubec. Nouvelle tape.Projet du Gouvernement lendroit des cegep, Qubec.Ministre de lducation, 1978, 79 p.

    16Prendre notre temps.Livre vert sur le loisir au Qubec, Qubec, Haut-Commissariat la jeunesse, auxloisirs et aux sports, 1977, 87 p.

    17On a un monde rcrer. Livre blanc sur le loisir au Qubec, Qubec, Gouvernement du Qubec, 1979,107 p.

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    On le voit, les proccupations et les vises ducatives ont occup une grande place dans

    laction de Camille Laurin comme ministre dtat au dveloppement culturel et se sont

    traduites dans un ensemble de politiques et damnagements dans le champ mme de

    lducation. Il faut le souligner car, ds ces annes passes au-dessus des impratifs de la

    gestion sectorielle quotidienne, le Docteur Laurin sest dfini comme porteur dune

    vision de la mission ducative. telle enseigne que sa nomination lducation,

    lautomne 1980, a pu tre vue par plusieurs ou bien comme une suite logique de son

    mandat au Conseil excutif, ou bien comme une sorte de rgularisation de la situation.

    Personne ne stonnera donc que, quoique en toute fin de mandat gouvernemental et laveille dun rendez-vous lectoral, Camille Laurin soit arriv lducation avec des

    cartons abondamment garnis et bien dcid poursuivre sur sa lance. De fait, ds les

    premires semaines dans son nouveau poste, il a command des travaux denvergure sur

    plusieurs pans du systme dducation restructuration scolaire, universits, formation

    des matres, formation professionnelle, etc.

    Le Docteur Laurin voulait labourer tout le terrain, retourner chaque pierre, aimait-il

    dire. Tout couvrir, tout remuer, tout recentrer sur le dveloppement quil jugeait le plus

    important en vue de la prise en main collective dont il rvait. maints gards, ctait l

    des ambitions dmesures, dont il savait pertinemment quil ne pourrait pas les raliser

    toutes, et pour plusieurs raisons. Dabord, bien sr, parce que la conjoncture politique,

    sociale et conomique avait bien chang depuis llan euphorique des premires annes

    du gouvernement Lvesque : le gouvernement souverainiste avait perdu la bataille

    rfrendaire, les difficults conomiques commenaient imposer des coupures

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    18massives, les ngociations collectives de 1982-1985 sannonaient ardues -et elles le

    furent-, le nombre et limportance des rformes gouvernementales avaient engendr des

    lassitudes, etc. Laurin tait aussi bien conscient que laction dun ministre sectoriel

    engag dans la gestion du quotidien et dans des partenariats-rseaux complexes na peu

    prs rien voir avec celle dun ministre dtat, libre des contraintes et des

    responsabilits oprationnelles directes. Et puis, disons-le, il savait fort bien quil faisait

    peur : et si sa dtermination, son intelligence, son sens de la stratgie, son poids

    politique allaient modifier le jeu des influences et des alliances en place? Bref, on le

    voyait venir : avec respect, mais non sans crainte.

    Homme didal, Camille Laurin ntait pas idaliste au sens o il naurait pas bien

    mesur ltat des lieux. Mais il avait accept, comme il le disait, de ne pas voir court

    terme tous les rsultats escompts des orientations et des balises quil voulait donner

    lducation. Conscient dtre certains gards contretemps et de foncer sur ce qui

    serait des murs, il tait pourtant convaincu que, le moment venu, une partie de la route

    aurait t trace. Il avait bien appris de Freud que la satisfaction peut tre diffre. Cest

    illustrer certains lments majeurs de ces actions longue porte que semploie la

    deuxime partie de ce propos.

    18 Ces difficiles ngociations se firent, comme dhabitude, sous la gouverne du Conseil du Trsor. Commeministre responsable dune importante portion du secteur public, et en dpit de son intrt plus que limit

    pour ce type de travaux, Camille Laurin y fut associ et tint y jouer la solidarit gouvernementalejusquau bout, y compris dans la dcision dimposer la ponction salariale de trois mois courammentdsigne comme la piscine. Son action en ducation, cependant, a longtemps port le poids et lescicatrices de ces mois de crise.

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    2. Des chantiers nombreux

    La liste des chantiers mis en uvre par Camille Laurin, ministre de lducation, est elle

    seule impressionnante et tmoigne, dans le contexte du deuxime gouvernement

    Lvesque, dintentions long terme bien davantage que de projets immdiats. On peut

    mme dire que plusieurs de ces chantiers seront, pour des temps variables, laisss en

    plan, littralement inachevs. Cest la suite des vnements qui en dvoilera la porte

    relle.

    2.1 Des relais assums

    Il y a dabord, hrites des oprations antrieures, des tches que Camille Laurin a tenu

    mener terme, comme pour assurer les points de non-retour. Cest le cas, par exemple,

    des rgimes pdagogiques du primaire et du secondaire adopts et annoncs ds fvrier

    198119. On oublie gnralement quil sagissait l des premiers rgimes pdagogiques

    ayant statut de rglement gouvernemental20 adopt en vertu de la Loi sur lInstruction

    publique, dfinissant les services ducatifs auxquels les lves ont droit et balisant les

    contenus dapprentissage pour lensemble de lcole de base. Ce type dinstrument

    19 Les rgimes furent adopts par le dcret gouvernemental 552-81du 25 fvrier 1981 et rendus publics lelendemain, en mme temps que dautres mesures dcoulant deLcole qubcoise , dont une politiquegnrale dvaluation pdagogique et un projet de politique des services personnels aux lves.

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    La lgislation de 1964 avait, de faon bien indirecte au demeurant, plac dans laLoi sur le Conseilsuprieur de lducation le pouvoir du ministre de lducation de faire des rglements en matirepdagogique. Larticle 30 stipulait que le ministre tait tenu de consulter le Conseil sur tout projet derglement quil comptait adopter. Cest ainsi que les rglements les plus connus en matire dorganisation

    pdagogique et doctroi dautorisations denseigner (rglement no 4) furent, pendant longtempsjusqutout rcemment dans le cas des autorisations denseigner, des rglements adopts en vertu de laLoi surle Conseil suprieur de lducation. Les nouveaux rgimes pdagogiques remplaaient ainsi les rglements2, 6 et 7.

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    rglementaire va maintenant de soi, mais il nen tait pas ainsi lpoque et tout le

    monde nen rclamait pas. quelques semaines du dclenchement des lections, il avait

    tenu sceller ainsi lentreprise de son prdcesseur, Lcole qubcoise de 1979, forant

    mme le jeu en annonant le report progressif de la date dentre lcole du 31

    septembre au 31 dcembre et lallongement du temps denseignement au primaire, des

    mesures propos desquelles le contexte de rcession fora ensuite le gouvernement

    plusieurs avances et reculs21 et dont le dnouement dut attendre les annes 1990. Du

    mme coup, il assurait les bases de la rvision des programmes dtudes alors en cours,

    qui allaient passer des programmes cadres des annes soixante-dix des programmes parobjectifs22 23appuys par une politique approprie dvaluation des apprentissages , une

    autre premire.

    21 Au cours des annes 1980, le Conseil suprieur de lducation dut se prononcer plusieurs fois surlallongement ou le gel du temps prescrit, telle enseigne que, dans un avis de 1986, il pouvait affirmer,

    sans que le ministre dalors ne sen formalise, que le dossier du temps prescrit au primaire commence ressembler une saga (Projets damendements au rgime pdagogique du primaire. Avis au ministre delducation, octobre 1986, p. 19). Voir les lments de cette saga dans : Conseil suprieur delducation, Le temps prescrit lducation prscolaire et au primaire, avril 1983;Projet de rglementmodifiant le Rglement sur le rgime pdagogique du primaire et lducation prscolaire et le Rglementsur le rgime pdagogique du secondaire, aot 1984, p. 8-10;Le gel du temps prescrit lducationprscolaire et au primaire, juin 1986;Projets damendements au rgime pdagogique du primaire, octobre1986, p. 19-20.

    22 Ainsi senclencha une nouvelle gnration de programmes, la plupart accompagns de Guidespdagogiques. On la dsigna familirement comme la mare bleue pour le primaire et comme la mareverte pour le secondaire, du nom des couleurs dominant cette double dition. [Il arrive couramment que,

    mieux intentionns que bien informs, des observateurs voquent les incessantes rformes deprogrammes denseignement. En fait, aprs les dcennies de programmes-catalogues , les programmes-cadres du tournant des annes 1970 ont constitu la premire gnration de nouveaux programmes. Lesprogrammes par objectifs des annes 1980, issus deLcole qubcoise, en ont form la deuximegnration. Les programmes par comptence issus de la Rforme pdagogique amorce en 1997 larforme Marois en sont la troisime gnration.]

    23Politique gnrale dvaluation pdagogique. Secteur du prscolaire, du primaire et du secondaire,Qubec, Ministre de lducation, 1981. Cette politique a t en vigueur jusqu la politique de 2003,

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    Il compltera, peu avant son dpart en 1984, le mme type dopration pour ladoption du

    rgime pdagogique du collgial, qui tait galement une premire, les collges ayant

    fonctionn jusque-l avec un rgime convenu sans valeur juridique assure. Prvu dans le

    livre blanc sur les collges de 197824, on se souviendra que ce projet de rgime avait

    tran travers la crise conomique et les difficiles ngociations du secteur public. Aprs

    avoir pass le test dune commission parlementaire anime la fin de 198325, et sachant

    quil nen retirerait pas grand-chose pour lui-mme une semaine dun dpart quil

    connaissait dj, Camille Laurin avait tenu aller chercher ce rglement26. Le voici,

    enfin! , avait-il gliss au retour de la sance du Conseil des ministres.

    tre valu pour mieux apprendre. Politique dvaluation des apprentissages, Qubec, Ministre delducation, 2003, 68 p.

    24 Le rgime pdagogique fait lobjet du chapitre le plus long :Les collges du Qubec, p.47-57. Auxyeux du gouvernement, peut-on lire en conclusion de ce chapitre, ces ajustements du rgime

    pdagogique constituent la pice matresse de la relance souhaite de lenseignement collgial. Ils noussituent demble au cur des pratiques ducatives et la source de tous les renouveaux. Cest aussi ceniveau que se dessinent les dfis essentiels lancs aux agents de lenseignement collgial et, au premierchef, aux enseignants (p. 57). Dans sa prsentation duPlan de travail pour donner suite au projet duGouvernement lendroit des collges (Qubec, Ministre de lducation, 1980, 23 p.), le ministre Jacques-Yvan Morin (p. 5) parle aussi du rgime pdagogique comme de la pice matresse du renouveausouhait.

    25Journal des dbats, Commission permanente de lducation, 32e Lgislature, 4e session, 7 dcembre1983 (no 184, B-10081-10141), 8 dcembre 1983 (no 186, B-10245-10336) et 9 dcembre 1983 (no 191,B-10517-10554).

    26 Le rgime pdagogique fut adopt par le dcret gouvernemental 464-84, le 29 fvrier 1984. Le 5 mars1984, le Docteur Laurin quittait le Ministre de lducation.

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    32 33 34lessentiel , Maintenir le cap , Les rendez-vous de lavenir : une smantique

    toute centre sur les objectifs identifier et les directions prendre, par-del les

    mandres de leur mise en uvre. Cest dailleurs ainsi quil dfinissait le rle du dcideur

    politique : indiquer la direction prendre et convaincre du bien-fond de sy engager.

    Ctait, selon ce quil rptait, le meilleur moyen de travailler en vue du long terme.

    Certains des chantiers quil a ainsi ouverts sont particulirement rvlateurs de cette

    approche des choses et mritent quon les examine brivement sous cet angle.

    2.2.1 Lcole de base

    La restructuration du systme scolaire entendons par l des modifications touchant les

    rles et les responsabilits des diverses instances et leur organisation linguistique et

    confessionnelle est un dossier qui avait t clairement problmatis par la Commission

    Parent35, mais pratiquement laiss en plan depuis lors. Plusieurs tentatives de

    restructuration, notamment Montral, avaient t faites dans les annes 70, dont celle du

    ministre Guy Saint-Pierre, que lOpposition pquiste Camille Laurin en tte avait

    battue en brche, au motif que la langue franaise naurait pas t adquatement

    32Discerner lessentiel. Lducation en 1981-1982, Discours loccasion de la dfense des crdits, 11 juin1981.

    33Maintenir le cap. Lducation en 1982-1983, Discours loccasion de la dfense des crdits, 4 mai1982.

    34Les rendez-vous de lavenir. Lducation en 1983-1984, Discours loccasion de la dfense des crdits,3 mai 1983.

    35Rapport de laCommission royale denqute sur lenseignement dans la province de Qubec, Tome III,Ire partie (Diversit religieuse, culturelle, et unit de ladministration), Qubec, 1966.

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    36protge . Plusieurs signes donnent penser que Camille Laurin a toujours regrett

    lissue strile de cette opration et stait pour ainsi dire jur dy revenir un jour37. En

    1976, il sinvestit prioritairement dans la question linguistique, tout en appuyant

    stratgiquement son collgue de lducation, qui avait dcid de sengager dans une vaste

    rforme pdagogique sans sattaquer au difficile dossier des structures scolaires. Mais il

    nen pensait pas moins. telle enseigne que, ds son arrive lducation lautomne

    1980, et fort des avances de la loi 101 sur la langue denseignement, Camille Laurin

    avait bel et bien son plan en tte : prendre sans tarder le relais de la rforme de Jacques-

    Yvan Morin et, malgr une conjoncture qui chaque mois sassombrissait, sattaquerfrontalement la restructuration du systme scolaire, avec le souci de montrer que la

    fcondit de la rforme pdagogique entreprise lexigeait.

    Le livre blanc de 1982 Lcole qubcoise, une cole communautaire et responsable

    campa demble le projet : placer lcole au centre du systme scolaire, la faire exister

    comme entit spcifique, lui reconnatre des pouvoirs et des responsabilits pdagogiques

    dornavant accrues et exerces par un conseil, lui donner un meilleur contrle de

    36 En fait, en juillet 1971, le ministre Guy Saint-Pierre dposa deux projets de loi. Lun le projet de loi28 prvoyait des commissions scolaires unifies sur lle de Montral; lautre le projet de loi 27, lafaon dun contrepoids politique, proposait, pour lensemble du territoire qubcois en dehors de Montralet de Qubec, de rduire substantiellement le nombre des commissions scolaires, qui seraient dornavant

    dsignes pour catholiques ou pour protestants, un statut confessionnel quelles navaient jamais euauparavant. Rsultat paradoxal de la stratgie de lOpposition pquiste, le projet de loi 28 fut retir et le

    projet de loi 27, adopt! On obtenait ainsi un effet juridique de confessionnalisation accrue, alors quonvisait linverse.

    37 Dans le premier chapitre deLcole qubcoise : une cole communautaire et responsable (Qubec,Ministre de lducation, 1982, 99 p.), intitul Une rforme scolaire inacheve (p. 5-16), le docteurLaurin avait explicitement souhait que cette histoire soit raconte, brivement mais clairement.

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    lensemble de ses ressources en vue de raliser son projet ducatif, en faire le lieu

    dexercice des droits linguistiques et confessionnels. Les catholiques et les protestants

    conserveraient leur droit des services conformes leurs convictions, mais ce serait

    dornavant en vertu de la Loi sur linstruction publique et non en vertu des dcisions des

    comits confessionnels, un systme universel de triple option devant remplacer un

    rgime dexemption jug inadquat. Dans un systme ainsi recentr, les commissions

    scolaires, dj limites dans leur pouvoir de taxation par une rforme fiscale que Laurin

    avait appuye38, deviendraient des coopratives de services orientes vers les besoins

    des coles. En dehors des territoires dorigine de Montral et de Qubec et tout enmaintenant ailleurs le droit constitutionnel la dissidence, elles ne seraient plus

    confessionnelles. Elles seraient linguistiques ou unifies, intgres sur lensemble du

    territoire et rduites de 250 environ une centaine, pour calquer globalement la carte des

    municipalits rgionales de comt. Quant aux coles prives, que Camille Laurin

    considrait comme faisant partie dun mme et unique systme dducation, elles seraient

    invites sassocier plus troitement au projet scolaire commun 39.

    38 Projet de loi 57,Loi sur la fiscalit municipale, 1979

    39 Lanne prcdente, en 1981, le mode et le niveau de financement de lenseignement priv avaient tsignificativement modifis. Par des amendements lgislatifs que le ministre des Finances avaient co-

    parrains avec le ministre Laurin et qui avaient fait se masser les protestataires dans le salon rouge delAssemble nationale, on avait introduit dans la loi des montants de subventions par lve pour remplacerles pourcentages des cots du secteur public pratiqus jusqualors, ce qui avait eu pour effet de diminuerles subventions gouvernementales un pourcentage dun peu plus de 50%, soit beaucoup moins que ce quitait vers depuis ladoption de laLoi sur lenseignement priv de 1968. Le Docteur Laurin avait djvoqu une rforme plus globale de cette loi. En 1979, il avait mme fait esquisser un projet de politiquequi devait y conduire, mais des positions irrconciliables au sein mme du Parti qubcois avaient faitavorter cet essai sur un dossier qui a toujours eu des allures de quadrature du cercle politique. Il dut donc serabattre sur cette mesure financire cible, alors mise au compte de la rcession conomique plutt que surquelque position politique ou idologique. La refonte de la loi, dailleurs sans grande rvolution,attendra1992 et laction conjointe des ministres Michel Pag et Lucienne Robillard, donc bien aprs que leministre Claude Ryan eut demand lavis pralable de la Commission consultative de lenseignement priv.

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    La bouche tait norme, cela va sans dire. Le Docteur Laurin tait pleinement conscient

    de sen prendre lensemble de ldifice, de soulever coup sr les protestations des

    commissions scolaires et de braver larticle 93 de la Constitution canadienne, dont il

    entendait par ailleurs respecter la stricte lettre. Prcis et incisif sur les changements

    prconiss, Camille Laurin avait voulu que le chapitre central du livre blanc expose les

    vises fondamentales du projet. Dans des pages directement inspires de ses propos, on y

    montre comment et pourquoi le projet constitue une option pour la qualit 40 et une

    option pour lessentiel41. La pense ducative de Camille Laurin, centre sur la

    personne et son dsir sans fin, y atteint un degr de clart et de profondeur qui en fait

    un incontournable pour qui veut saisir les vises ducatives de lhomme politique42. Y

    40Lcole qubcoise : une cole communautaire et responsable, p. 42-44.

    41Ibid., p. 44-46.

    42 Quel est-il cet essentiel en ducation, si ce nest la personne humaine elle-mme, son dsir dapprendreet de se dvelopper, sa soif de connatre, sa passion de vivre, ses rythmes dvolution, sa manire toujoursimprvisible de se dcouvrir elle-mme en mme temps quelle dcouvre le monde et se lapproprie?Lenfant ladolescent, ladulte nest pas un rservoir que lon remplit ou un robot qui reoitmcaniquement les informations quon lui transmet et les accumule froidement, quelle que soit la qualit deson environnement humain. Il est bien plutt un tre vivant et rflchi qui, en dcouvrant le monde et enapprenant le nommer et le matriser, renoue pour ainsi dire avec sa nature profonde, qui est elle-mmemmoire dhumanit, capacit insatiable de connatre, daimer, dentrer en relation avec lautre; capacit degoter aussi, dapprcier, de distinguer, de choisir, selon son lan ou ce quon pourrait appeler sa penteirrpressible de libert et dautonomie. duquer, cest donc aller la rencontre dun dynamisme djimprgn dintelligence, de dsir, de libert et mme de projet. Bien sr, moins de glisser dans quelque

    vision idyllique de lhumanit, nous faut-il reconnatre que, mme lorsque nous sommes tout disposs apprendre et progresser, des obstacles nombreux se dressent devant nous, commencer par ceux quisurgissent du dedans de nous-mmes. La paresse, la lassitude, la peur de leffort, lennui nous guettent sanscesse. Cest pour cela que lapprentissage et lducation sont aussi entranement, discipline, rigueur,valuation, ajustement constant, parfois redressement. Mais duquer, cest toujours accompagner un sujetqui est son propre agent de dveloppement et qui est finalement responsable de sa propre croissance. (p.44-45). () Nous sommes ainsi renvoys une conception de lducation fondamentalement centre surla personne, son dveloppement, ses apprentissages, son insertion dans une culture et dans une socit, etsur la ncessit damnager lenvironnement ducatif le plus propice possible ses cheminements. Une

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    affleure aussi nettement lordonnancement des matires du projet de Loi 40, qui a prsid

    toutes les versions de la Loi sur linstruction publique qui se sont succdes depuis

    lors : llve, lenseignant, les parents, lcole, le milieu dappartenance, la commission

    scolaire, le ministre. En somme, lessentiel au centre et la raison dtre au dbut.

    On connat la suite: retrait du projet de loi 40, mutation du ministre Laurin au Ministre

    de la Sant et des Affaires sociales, rdaction et prsentation dun nouveau projet de loi

    par le ministre Yves Brub43, prsentation de la loi 107 par le ministre Claude Ryan du

    nouveau gouvernement libral avec renvoi la Cour suprme sur la question

    confessionnelle, etc. Cet chec importe ici moins que la suite de lhistoire, qui nous

    amne lamendement constitutionnel de 1997, la cration de commissions scolaires

    linguistiques44 et, toujours en 1997, la redfinition des rles respectifs de lcole et de

    la commission scolaire45. Ce qui frappe, lanalyse mme sommaire de ces

    dveloppements, cest la permanence des ides de fond du livre blanc de 1982 et du

    projet de loi 40 qui le traduisait. On pourrait tablir une corrlation presque point par

    point entre ce que le Docteur Laurin proposait et ce qui, maintenant, nest plus gure

    conception de lducation qui table sur la capacit des communauts dappartenance dassumer, en liaisonet en harmonie avec lensemble de la collectivit socioculturelle, la responsabilit immdiate de cetenvironnement ducatif. Une conception de lducation qui nisole pas lcole de la vie et qui, en mmetemps quelle se soucie de communiquer des savoirs, se proccupe de sensibiliser et dexposer aux

    valeurs les plus fondatrices de la culture. Une conception qui subordonne ladministratif au pdagogique,le comment au pourquoi. (p. 46).

    43 LeProjet de loi 3. Le projet fut adopt, mais la loi fut rapidement invalide par la Cour pour motifdinconstitutionnalit.

    44 Projet de loi 109,Loimodifiant laLoi sur lInstruction publique.

    45 Projet de loi 180,Loi modifiant la Loi sur lInstruction publique et diverses dispositions lgislatives.

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    discut tant cela fait partie des rfrences conceptuelles et institutionnelles communes.

    Lcole existe maintenant comme instance identifie, elle a un conseil dtablissement,

    elle exerce dimportants pouvoirs en matire de services ducatifs, elle est capable de

    conclure des partenariats communautaires, la Constitution canadienne a t amende, les

    commissions scolaires sont intgres et tablies sur des bases linguistiques, etc. Cest

    proprement saisissant. En matire confessionnelle, Camille Laurin avait t de son temps

    et de sa gnration et navait pas envisag directement la dconfessionnalisation

    complte maintenant ralise. Mais, aprs le livre blanc de 1982, cest bel et bien la Loi

    sur linstruction publique qui a dfini les services confessionnels offrir et laConstitution canadienne est de plus en plus apparue tous comme tant le verrou46

    empchant les volutions souhaitables. lchelle du long terme, il ne stait donc pas

    tromp.

    2.2.2 Lducation permanente

    La Commission Jean, dont il avait propos le mandat en janvier 1980, remit son

    volumineux rapport en fvrier 198247. On tait alors en pleine crise des ngociations des

    46 En janvier 1986, peu aprs le jugement invalidant la loi issue du Projet de loi 3, le Conseil suprieur delducation avait recommand au Ministre de cibler lamendement de larticle 93 comme un des objets desngociations constitutionnelles alors annonces. Voir : Conseil suprieur de lducation, Pour une

    volution quitable des structures scolaires de Qubec. Avis au ministre de lducation, janvier 1986, 4 p.Rencontrant le Conseil quelques mois plus tard, selon une habitude quil fut le seul ministre pratiquer demanire rgulire, le ministre Claude Ryan avait eu cet unique commentaire : Ce nest pas votre meilleuravis!

    47 Commission dtude sur la formation des adultes,Apprendre : une action volontaire et responsable.nonc dune politique globale de lducation des adultes dans une perspective dducation permanente,Qubec, Gouvernement du Qubec, 1982, 869 p.

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    conventions collectives du secteur public. Coinc de toutes parts par des impratifs

    budgtaires dont le poids tait devenu norme, Camille Laurin ne sengagea pas moins

    lui donner suite. Au dbut de 1984, avec ses collgues Pauline Marois de la Main-

    duvre et Denise Leblanc-Bentey de la Condition fminine, il fit adopter et lana Un

    projet dducation permanente48 49. Ceux qui, en 2002 , ont annonc ce quils ont appel

    la premire politique dducation des adultes du gouvernement avaient sans doute rat

    ou oubli les avances majeures de cette politique de 1984, laquelle allait tablir jusqu

    aujourdhui lducation permanente comme obligation structurante de lensemble des

    rseaux de lducation et laccs des formations qualifiantes comme cible stratgiqueprioritaire. Cette politique prenait acte de la pluralit des ministres et des lieux

    qubcois dintervention, et elle dfinissait une rpartition des tches qui, dfaut de

    supprimer immdiatement toutes les lourdeurs, allait puissamment contribuer mettre fin

    limbroglio des rapports entre lducation et la Main-duvre et clarifier les choses

    pratiquement jusqu maintenant.

    En affirmant demble la mission des rseaux et du Ministre de lducation en matire

    dducation permanente et daccueil des adultes, dans le cadre scolaire aussi bien que

    dans le cadre non scolaire, en prcisant leur mission de service par rapport aux

    48Un projet dducation permanente. nonc dorientation et plan daction en ducation des adultes,Qubec. Gouvernement du Qubec, 1984, 77 p.

    49Apprendre tout au long de la vie.Politique gouvernementale dducation des adultes et de formationcontinue, Qubec, Ministre de lducation, 2002, 43 p. Cette politique, qui reprend plusieurs des choixfondamentaux de la politique de 1984 et qui fut galement coparraine par le ministre de lducation et laministre dlgue lEmploi, tait accompagne duPlan daction en matire dducation des adultes et deformation continue, Qubec, Ministre de lducation, 2002, 40 p.

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    programmes de dveloppement de la main-duvre grs par les rseaux et le Ministre

    de la main-duvre, eux-mmes articuls aux programmes fdraux dintervention, la

    politique de 1984 a permis une clarification des pratiques et un assainissement des

    climats qui ne comptent pas pour peu dans la concertation rgionale et nationale accrue

    qui a suivi, rendant elle-mme ensuite possible la cration de la Socit qubcoise de

    dveloppement de la main-duvre50 et de ses versions subsquentes, puis lentente

    administrative qui scella le transfert au Qubec de la gestion de grands programmes

    fdraux en dveloppement des ressources humaines51. Camille Laurin rsista aux

    pressions alors exerces pour imposer le monopole de lducation ou pour lgitimerlintrusion des rseaux de la Main-duvre dans le champ de la formation et russit

    rpondre au voeu du Premier ministre de rduire une page la prsentation du

    cheminement des activits de lEntente ducation-Main-duvre, qui tenait alors

    peine dans un diagramme de plus dun mtre de longueur!

    Les pices du vaste puzzle taient ds lors en place, de mme que les enjeux concrets

    toujours considrs comme allant de soi : approche renouvele de la distinction jeune-

    adulte, vise du Diplme dtudes secondaires (DES) comme seuil minimal pour tous,

    diversification des pratiques pdagogiques, reconnaissance des acquis de formation,

    formation distance, formation en alternance, concertation rgionale et nationale des

    50 La cration de la Socit qubcoise de la Main-duvre (SQDM) fut annonce dans le livre blanc de1991 :Partenaires pour un Qubec comptent et comptitif. nonc de politique sur le dveloppement dela main-duvre, Qubec, Ministre de la Main-duvre, de la Scurit du revenu et de la Formation

    professionnelle, 1991, 85 p.

    51 Lentente Canada-Qubec sur le partage des responsabilits en matire de main-duvre fut ratifie le 21avril 1997. Lanne suivante, la SQDM disparaissait, au profit dEmploi-Qubec.

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    partenaires du march du travail, soutien aux organismes dducation populaire, tout ce

    autour de quoi gravitent toujours les engagements gouvernementaux en matire de

    dveloppement de la main-duvre. Ici aussi les textes et les faits parlent deux-mmes :

    la politique de 1984 a balis la suite des choses, et manifestement par le fond.

    2.2.3 Les universits

    Lenseignement et la recherche universitaires avaient dj proccup Camille Laurin

    alors quil tait ministre dtat au dveloppement culturel, on la dj mentionn en

    rappelant la mise sur pied de la Commission Angers et la vaste opration relative la

    politique de dveloppement scientifique. Comme ministre de lducation52, cest ds

    fvrier 1981 quil voulut jeter les bases de ce quil faut bien appeler une premire

    politique des universits53, encore que, comme il le rappelait cette occasion, les rgles

    qui prsident au financement gouvernemental sont elles-mmes objectivement,

    disait-il un discours dorientation et un nonc de politique54. Dans cette autre

    premire, le Docteur Laurin semploie les fondements dabord dfinir la mission

    de luniversit comme une mission essentiellement ducative et culturelle, confirme sa

    ncessaire autonomie et, dans des mots qui tonnent pour lpoque, nhsite pas

    affirmer que ltat traite les universits pour ce quelles sont en fait et en droit, cest--

    52 Au moment de sa nomination comme ministre de lducation, il tait depuis peu ministre dtat audveloppement culturel et scientifique.

    53 Camille LAURIN,Lavenir des universits qubcoises. Vers une politique des universits, Qubec.Ministre de lducation, 3 fvrier 1981, 16 p

    54Ibid., p. 2.

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    dire dauthentiquesservices publics, envers lesquels la collectivit a des responsabilits et

    des droits55. Accessibilit et dmocratisation, ncessit de dvelopper la recherche,

    notamment par la mise en place dactions structurantes aux cycles suprieurs,

    importance de disposer de donnes fiables et reconnues par tous, clarification des rles

    des divers grands intervenants les universits elles-mmes, le ministre, le Conseil des

    universits, accroissement de laccueil des tudiants trangers dans les universits

    francophones, affirmation forte des comptences qubcoises en matire universitaire,

    voire signal dalarme propos du projet fdral dinstituer des centres dexcellence :

    se dessine ainsi le faisceau des points de proccupation qui nont cess depuis lors, avecla question des niveaux et des sources de financement, de polariser la discussion

    entourant luniversit.

    Au chapitre des donnes dinformation, on rappelera que cest le Docteur Laurin qui avait

    autoris llaboration dune entente de partenariat avec la Confrence des recteurs et

    principaux des universits qubcoises (CRPUQ) pour la cueillette des donnes

    institutionnelles dinformation, une entente qui, moins de changement tout rcent, est

    toujours en vigueur. Comme sont aussi annuellement publis depuis 1986, selon une

    impulsion qui porte sa signature, les indicateurs de lducation56 qui font lenvie de

    plusieurs autres systmes dducation et qui ont influenc jusquaux oprations de

    lOCDE. On noubliera pas non plus, surtout loccasion dun colloque coparrain par

    55Ibid., p. 2.

    56 Publis chaque anne depuis 1986,LesIndicateurs de lducation se sont progressivement enrichis denouvelles donnes. Ils sont maintenant disponibles sur le site Web du Ministre de lducation, du Loisir etdu Sport.

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    lUniversit du Qubec en Outaouais (UQO), que celle-ci, sous le nom de lUniversit du

    Qubec Hull (UQAH), a obtenu ses lettres patentes le 10 mars 1981 et lUniversit du

    Qubec en Abitibi-Tmiscamingue (UQAT), le 19 octobre 1983, les deux sur la

    proposition de Camille Laurin et malgr les contraintes financires et les pressions

    contraires de ces annes difficiles.

    En lien avec cette action dans le secteur universitaire, Camille Laurin est aussi intervenu

    trs tt, en mars 1981, sur le complexe dossier de la formation et du perfectionnement des

    57matres . Mission ducative des matres des propos fondateurs dignes de la tradition

    des traits De Magistro58, professionnalisation de la fonction denseignement,

    ncessit de travailler en collaboration avec les milieux scolaires rels, identification

    57 Camille LAURIN,La formation et le perfectionnement des matres. Premiers lments dune politique,Qubec. Ministre de lducation, 5 mars 1981, 16 p.

    58 Le matre (), nest-ce pas fondamentalement le guide, lveilleur? Celui qui accompagne desindividus en qute dintelligence et de libert? Celui qui, comme le mystrieux pdagogue de laRpubliquede Platon, aide les prisonniers de la caverne se librer de la prison des ombres et des apparences et marcher vers la lumire et vers les choses qui existent vraiment? Le matre, cest celui qui inspire, suggre,appuie, stimule, reprend mme, aussi bien par sa parole que par son action, par son savoir comme par samanire dtre et dagir. Cest celui qui aide comprendre, choisir, crer, communiquer, sorienterdans la vie.La formation et le perfectionnement des matres, p. 3. Et plus loin : Au cur de toute

    philosophie de lducation qui ne se dtourne pas de son objet, il doit y avoir une authentique passion delenfant et, par consquent, un immense respect pour lintervention pdagogique. Lchange et le dialogueen quelque sorte mystrieux qui se nouent entre lenfant et lducateur au premier chef, entre lenfant etlenseignant- rejoignent des ralits humaines aussi fondamentales que lveil de la vie, lveil la vie,

    lveil de lintelligence et de laffectivit, la dcouverte de soi et de lautre, lapprentissage de la viesociale, la formation de la conscience morale, le dveloppement de lintriorit et du sens de latranscendance. Je suis davis que le discours politique ou administratif sur la formation des matres et, engnral, sur lducation doit senraciner dans ce pour quoi et pour qui lcole existe.Ibid., p. 3-4. [ lafin de 1981, le Docteur Laurin a sign et diffus un autre texte nourri des mmes perspectives(Lenseignante et lenseignant : des professionnels, Qubec, Ministre de lducation, dcembre 1981,20 p.), mais avec des rfrences explicites des objets des ngociations en cours. Jug belliqueux dans lecontexte du moment, ce document fut reu plutt froidement.]

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    institutionnelle claire des responsabilits universitaires en formation des matres,

    dveloppement des cycles suprieurs en sciences de lducation, relance des instances

    nationales dorientation et de concertation, rvision du rglement numro 459,

    notamment quant au libell et la dure du brevet denseignement et de la nature du

    stage probatoire, importance des comptences linguistiques, relance de la formation des

    matres du professionnel, etc. : confirmes la lumire des ateliers quil avait fait tenir

    sur ces thmatiques, toutes les pices taient l, dont les annes de turbulence qui ont

    suivi ont repouss laboutissement, mais qui seront remises, pratiquement telles quelles,

    sur lardoise de la rforme majeure des annes 1990. La permanence des thmatiques, desenjeux et des orientations est, ici aussi, saisissante : Camille Laurin tait dj davis que

    le matre est dabord un initiateur culturel, comme lvoque le mme mot grec

    qui dsigne la fois la culture et lducation.

    2.2.4 Dautres avances durables

    dfaut que lon puisse y consacrer ici le temps quelles mriteraient, dautres cibles de

    laction politique de Camille Laurin en ducation doivent tre tout le moins

    mentionnes, justement parce quelles ont laiss des traces durables.

    59 Comme on la rappel plus haut, ce rglement existait en vertu de laLoi sur le Conseil suprieur delducation. Cest la Loi 118 qui, en 1997, a inscrit dans laLoi sur linstruction publique le pouvoirhabilitant le Gouvernement adopter un rglement sur loctroi des autorisations denseigner. Mais ce nestquen 2006 quun telRglement sur les autorisations denseigner (c.1-13.3, r. 2) fut adopt enremplacement du rglement no 4.

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    reconnaissance des acquis, de la visibilit et de larticulation des instances du ministre

    intervenant en formation professionnelle et technique, de la clarification des liens avec

    les rseaux et le Ministre de la Main-duvre, de laffirmation et de la dfense des

    responsabilits qubcoises en la matire. Camille Laurin navait pas prvu la mise sur

    pied des centres de formation professionnelle actuels, ni la formidable injection de

    ressources financires qu a ensuite connue ce secteur, ni lmergence des programmes

    par comptences. Mais, sur les vises de fond, les vecteurs taient l, bien camps,

    comme ils le sont explicitement en ce qui concerne certains lments plus spcifiques

    comme la carte intgre des programmes du secondaire et du collgial, les processusdlaboration des programmes, voire, depuis plus de 15 ans63, la fonction de sous-

    ministre adjoint la formation professionnelle et technique au Ministre de lducation..

    La vitalit des associations tudiantes et la participation des tudiants aux diverses

    instances de dcision ont trouv chez le Docteur Laurin un appui tout--fait dterminant.

    Cest lui qui, en 1983, malgr les objections et les rsistances, pilota ladoption de la Loi

    sur laccrditation et le financement dassociations dlves ou dtudiants64, qui fixe

    toujours ces modalits dassociation et de participation. Lencadrement et la protection du

    droit de reconnaissance et daccrditation, de mme que le pouvoir de dsignation aux

    instances accord aux associations tudiantes, ont substantiellement modifi le dcor et

    continuent, plus de vingt-cinq ans plus tard, tre la rfrence en la matire.

    63 Cette fonction sous-ministrielle a t instaure, en dcembre 1993, lors de la fusion du Ministre delducation et du Ministre de lEnseignement suprieur et de la Science sous le nom de courte dure de Ministre de lducation et de la Science.

    64LRQ, c. A-3.01. On la longtemps dsigne comme la Loi 32.

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    Docteur Laurin avait souhait, bien avant toutes les oprations de ralignement et de

    ringnierie qui se sont ensuite succdes, que le ministre donne lui-mme lexemple

    de la frugalit impose aux rseaux de lducation67. Il quittera le ministre avant la fin

    des travaux et son successeur, soucieux de ne pas traner une image de prsident du

    Conseil du Trsor, ne se montra gure intress cueillir cet hritage. Vingt-cinq annes

    plus tard, force est tout de mme de constater que les oprations subsquentes de

    contraction et de rduction deffectifs ont impos une cure minceur ct de laquelle la

    rduction envisage par cette opration de 1984 apparat comme une mdecine bien

    douce.

    * * * * *

    Comment ne pas conclure que lhritage de Camille Laurin en ducation a t important,

    dterminant mme? On peut toujours penser que ses ambitions avaient quelque chose

    dexcessif et que le ralisme politique ny tait pas toujours doses appropries. Mais ce

    serait passer ct de laction politique de Camille Laurin que den mesurer la porte au

    seul calcul de leffet immdiat ou de la louange publique. Le Docteur Laurin savait

    parfaitement, surtout dans le contexte du second gouvernement Lvesque, quil ne verrait

    67 Cest ainsi quil prsentait les choses dans son discours de la dfense des crdits de mai 1982 : Danslesprit des questions et des propositions que nous soumettons lensemble des partenaires des rseaux, ilme parat ncessaire que nous cherchions aussi les moyens dussent-ils tre ventuellement assezradicaux de dlester le Ministre de certaines fonctions accessoires, de poursuivre sa dynamique dedcentralisation, daccentuer ses mcanismes de concertation et de coordination, de lorganiser trsnettement en fonction de sa mission propre, de le convier, lui aussi, faire plus avec moins. (Maintenir lecap. Lducation en 1982-1983., p. 13).

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  • 7/30/2019 Lucier, P. - Camille Laurin et lducation : des vises long terme, 29 mai 2009

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    pas les rsultats attendus de tous les chantiers quil ouvrait, certains mme envers et

    contre tous. Examiner chaque pice de ldifice, la resituer par rapport aux finalits

    essentielles, la redfinir dans la perspective dun dveloppement culturel capable

    dassurer lpanouissement des personnes et de la collectivit, ouvrir des brches, assurer

    les inscriptions juridiques et institutionnelles qui comptent et, pour le reste, laisser au

    temps et la rflexion collective le temps de faire leur uvre : lhomme qui plantait des

    arbres, en quelque sorte. Ctait sa faon de raliser cette maxime que Sutone attribue

    Auguste et que le Docteur Laurin aimait bien citer : festina lente, hte-toi lentement,

    cest--dire agis et avance, avec dtermination et sans attendre, mais sans agitation courte vue. Cest la meilleure faon de raliser quelque chose. Cest le prix de laction

    qui dure.

    On laura compris, le prsent propos nest pas de prtendre que Camille Laurin aurait tout

    vu, tout prvu ou tout amorc. La vrit est plutt que, sur un nombre important de

    questions, de problmatiques et de perspectives qui travaillent toujours le systme

    dducation et la direction politique de la mission ducative, le Docteur Laurin a

    puissamment contribu tablir et lguer ce quon pourrait appeler le pensable

    disponible et, dans plusieurs cas, des dispositions structurantes, matricielles mme. Sil

    est de mise de clore ici par un hommage, cest celui-l mme qui convient sans doute le

    mieux ce ministre de lducation.