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TRIBUNE LIBRE L’ultrasonographie à haute fréquence et le celluscore : un progrès dans l’évaluation objective du phénomène de cellulite High frequency ultrasonography and celluscore: an improvement in the objective evaluation of cellulite phenomenon B. Mole *, P. Blanchemaison, D. Elia, M. Lafontan, J. Mauriac, M. Mauriac, S. Mimoun, J. Raison 15, avenue de Tourville, 75007 Paris, France Reçu le 20 octobre 2003 ; accepté le 2 juin 2004 MOTS CLÉS Cellulite ; Lipodystrophie ; Échographie à haute fréquence ; Liposuccion superficielle KEYWORDS Cellulite; Lipodystrophies; High frequency echography; Superficial liposuccion Résumé Longtemps considérée comme un phénomène négligeable, voire inexistant du fait de l’absence d’effets secondaires graves, la cellulite est un phénomène répandu chez la quasi-totalité des femmes à partir de la ménopause, parfois bien avant, sous la dépendance de nombreux facteurs parmi lesquels l’insuffisance circulatoire, l’hérédité et les dérèglements hormonaux semblent jouer un rôle prépondérant. Mal apprécié parce que mal exploré, son retentissement psychologique peut être d’autant plus considérable que les solutions thérapeutiques restent modestes dans leur efficacité en dehors de la liposuccion superficielle parfois accompagnée de réinjection de graisse, geste délicat aux conséquences parfois désastreuses. Aujourd’hui, l’échographie à haute fréquence permet d’objectiver très simplement le type de cellulite auquel on a affaire — adipeuse, infiltrée ou scléreuse — permettant d’affiner l’approche thérapeutique ; associée à un score informatisé d’histoire de l’affection et son retentissement, elle permet une certaine objectivation des troubles laissant espérer dans ses futurs développements leur prise en charge globale dans de meilleures conditions d’efficacité. © 2004 Publié par Elsevier SAS. Abstract As they usually do not have any serious effect on health condition, cellulite phenomenons are not considered as potentially hazardous by general practitioners; unfortunately they involve almost all the feminine population after the forties and may really induce bad side effects either psychological or physical whatever the confusing origin of that cutaneous deformation: heredity, nutrition, circulatory and hormonal diseases etc. Trying to appreciate in a more scientific way this superficial skin disorder, we have developed a computerised questioner which can be combined with the finest upto date way of skin exploration, high frequency ultrasonography. It seems possible to * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (B. Mole). Annales de chirurgie plastique esthétique 49 (2004) 387–395 www.elsevier.com/locate/annpla 0294-1260/$ - see front matter © 2004 Publié par Elsevier SAS. doi: 10.1016/j.anplas.2004.06.005

L'ultrasonographie à haute fréquence et le celluscore : un progrès dans l'évaluation objective du phénomène de cellulite

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TRIBUNE LIBRE

L’ultrasonographie à haute fréquenceet le celluscore : un progrès dans l’évaluationobjective du phénomène de cellulite

High frequency ultrasonography and celluscore:an improvement in the objective evaluationof cellulite phenomenonB. Mole *, P. Blanchemaison, D. Elia, M. Lafontan, J. Mauriac,M. Mauriac, S. Mimoun, J. Raison15, avenue de Tourville, 75007 Paris, France

Reçu le 20 octobre 2003 ; accepté le 2 juin 2004

MOTS CLÉSCellulite ;Lipodystrophie ;Échographie à hautefréquence ;Liposuccionsuperficielle

KEYWORDSCellulite;Lipodystrophies;High frequencyechography;Superficial liposuccion

Résumé Longtemps considérée comme un phénomène négligeable, voire inexistant dufait de l’absence d’effets secondaires graves, la cellulite est un phénomène répandu chezla quasi-totalité des femmes à partir de la ménopause, parfois bien avant, sous ladépendance de nombreux facteurs parmi lesquels l’insuffisance circulatoire, l’héréditéet les dérèglements hormonaux semblent jouer un rôle prépondérant. Mal apprécié parceque mal exploré, son retentissement psychologique peut être d’autant plus considérableque les solutions thérapeutiques restent modestes dans leur efficacité en dehors de laliposuccion superficielle parfois accompagnée de réinjection de graisse, geste délicat auxconséquences parfois désastreuses. Aujourd’hui, l’échographie à haute fréquence permetd’objectiver très simplement le type de cellulite auquel on a affaire — adipeuse, infiltréeou scléreuse — permettant d’affiner l’approche thérapeutique ; associée à un scoreinformatisé d’histoire de l’affection et son retentissement, elle permet une certaineobjectivation des troubles laissant espérer dans ses futurs développements leur prise encharge globale dans de meilleures conditions d’efficacité.© 2004 Publié par Elsevier SAS.

Abstract As they usually do not have any serious effect on health condition, cellulitephenomenons are not considered as potentially hazardous by general practitioners;unfortunately they involve almost all the feminine population after the forties and mayreally induce bad side effects either psychological or physical whatever the confusingorigin of that cutaneous deformation: heredity, nutrition, circulatory and hormonaldiseases etc. Trying to appreciate in a more scientific way this superficial skin disorder,we have developed a computerised questioner which can be combined with the finestupto date way of skin exploration, high frequency ultrasonography. It seems possible to

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (B. Mole).

Annales de chirurgie plastique esthétique 49 (2004) 387–395

www.elsevier.com/locate/annpla

0294-1260/$ - see front matter © 2004 Publié par Elsevier SAS.doi: 10.1016/j.anplas.2004.06.005

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consider now cellulite as the result of various disorders which can be separate into fibroticor retentional phenomenons (surrounding superficial fat tissues) and the direct adipocytereaction (adiposis). We hope to be able in the future to extend the treatment of cellulitebeyond the limits of liposuction which seems until today the only way to bring someimprovement to that phenomenon in spite of the very delicacy of the surgical approach.© 2004 Publié par Elsevier SAS.

Introduction

Certes, la cellulite, déformation superficielle del’enveloppe cutanée ne peut être assimilée à unemaladie dans la mesure où son retentissement estessentiellement psychique. Son approche scientifi-que a été d’autant négligée que son explorationreste difficile et que les traitements aujourd’huiproposés sont encore modestes. Ses caractéristi-ques histologiques bien mises en évidence dès 1978par les biopsies de Nürnberger [1] peuvent êtrefacilement confirmées aujourd’hui par l’ultrasono-graphie à haute fréquence. Cette cellulite dontsouffrent souvent en silence une grande majoritédes femmes des pays développés devrait pourtantintéresser divers spécialistes tant son retentisse-ment est encore mal évalué. On objectera avec bonsens qu’il s’agit d’une affection sans danger quin’intéresse qu’une modeste fraction des femmesdans le monde — celles qui peuvent s’offrir le luxede s’en plaindre...— mais le fait est là, au mêmetitre que la perte des cheveux, la transformationdes formes ou d’autres disgrâces purement esthé-tiques, gênantes parfois jusqu’à l’obsession...En France, le « Groupe Cellulite »1 qui réunit

depuis huit ans diverses spécialités (nutritionniste,gynécologue, psychologue, phlébologue, fonda-mentaliste et chirurgien plasticien) s’est donnépour objectif de faire la synthèse d’une réflexioncontinue en proposant un « celluscore », arbores-cence clinique informatisée capable d’affiner ladémarche diagnostique des médecins et une cer-taine orientation thérapeutique même si les possi-bilités curatives restent encore hélas très limitées.

Une maladie inventée...

La cellulite est donc une maladie qui n’existe pasmais dont la plupart des femmes souffrent... Cetaphorisme en apparence paradoxal montre que lesujet est sans doute moins anodin qu’il ne paraît.Certes, aucune femme ne succombe à proprement

parler de cellulite, mais beaucoup d’entre ellesdépensent une énergie et un budget parfois consi-dérables dans la recherche d’une solution à ceproblème un peu désespéré, leur déception répé-tée accroissant encore leur manque de confiancedans la multitude des solutions thérapeutiques pro-posées. Dès 1978, dans son article princeps [1] dontnous rappellerons ici brièvement les conclusions, F.Nürnberger avait exposé quasiment tous les aspectsde la question :

• il existe une corrélation histologique de l’aspectde la peau : les biopsies de femmes et d’hommesdu même âge montrent des différences structu-relles fondamentales, avec l’existence dansl’hypoderme de chambres adipocytaires sépa-rées par des murs de tissus conjonctifs (rétina-cula cutis) disposés de façon parallèle chez lafemme ; chez l’homme en revanche, ces sépa-rations conjonctives sont beaucoup plus minceset distribuées de manière polygonale. La pres-sion mécanique (pinch-test) entraîne donc l’ap-parition d’une surface irrégulière chez la femmedu fait de l’accroissement de pression distribuévers le haut (phénomène de la peau d’orange)alors que chez l’homme, la disposition du réseauconjonctif en résille étale cette même distribu-tion des chambres graisseuses vers le bas, lapeau demeurant régulière ;

• cette disposition tissulaire est déterminée hor-monalement : chez le fœtus jusqu’au 7–8e mois,il n’y a pas de différence de structure dans lapeau dans les deux sexes. Ce n’est qu’en fin degrossesse que chez le garçon l’aspect du tissusous-cutané jusque-là identique à celui de lafille commence à prendre les caractéristiquesdécrites ci-dessus, ceci coïncidant avec le débutde fonctionnement des testicules : la différen-ciation histologique serait donc due à l’impré-gnation androgénique du mésenchyme ;

• chez la femme, le derme atteint son épaisseurmaximale vers l’âge de 30 ans puis il s’amincittandis qu’apparaissent des amas isolés de cellu-les graisseuses en son sein ; progressivement lesadipocytes s’hypertrophient et les chambresadipocytaires s’élargissent ;

• seuls les hommes présentant un déficit net enandrogènes présentent un aspect et une distri-bution de la cellulite comparable à celle de la

1 Groupe Cellulite : Ph. Blanchemaison, D. Elia, M. Lafontan, J.et M. Mauriac, S. Mimoun, B. Môle et J. Raison, avec le soutienmatériel de Pierre Fabre Santé

388 B. Mole et al.

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femme (hypogonadisme primaire ou secondaire— syndrome de Klinefelter, séquelle d’orchite,castration chimique, traitement estrogéniquepour cancer de la prostate). Encore faut-il quele taux d’androgènes chute sous 300 ng pour quela cellulite puisse apparaître.À la suite de ces travaux, Nürnberger a proposé

une classification clinique de la cellulite qui resteencore très utile de nos jours du fait de sa simpli-cité avec ses quatre stades :

• stade 0 : Pas d’aspect spontané, pas de peaud’orange au pincement ;

• stade 1 : Apparition de peau d’orange unique-ment au pincement ;

• stade 2 : Peau d’orange apparaissant spontané-ment uniquement sous l’action der la pesanteur( position debout) ;

• stade 3 : Peau d’orange permanente quelle quesoit la position.Une confirmation des conclusions de Nürnberger

a été récemment rapportée au plan de l’histologiepar M. Rosenbaum [2] : chez l’homme et les sujetsféminins indemnes de cellulite les septas conjonc-tifs sont plus épais et disposés de manière oblique,alors que leur disposition perpendiculaire en cas decellulite permet la protrusion vers la surface d’élé-ments adipocytaires ; ces aspects sont confirméspar l’ultrasonographie à 20 Mghz. La mesure parmicrodialyse du flux sanguin et de l’activité méta-bolique (lipolyse) ne montre cependant aucune dif-férence entre les individus atteints ou non ou chezle même individu sur des zones intéressées ou nonpar le phénomène, alors que les différences histo-logiques existent sur l’ensemble de l’individu, avecou sans cellulite.Pour Ph. Blanchemaison [3], la cellulite est à

rapprocher d’une hyperlipodystrophie superfi-cielle, au même titre que les stéatoméries sont deshyperlipodystrophies profondes localisées, l’obé-sité étant une hyperlipodystrophie profonde dif-fuse ; à l’opposé, les hypolipodystrophies sont com-munément appelées lipoatrophies (Barraquer-Simons, VIH, lipodermatoscléroses).S.B. Curri [4] se fondant sur les biopsies cutanées

de 48 femmes atteintes de cellulite estime quel’origine du trouble est essentiellement vasculaire :lipœdème par excès de perméabilité, puis hyper-trophie adipocytaire entraînant une sclérose secon-daire qui va se pérenniser et devenir palpable.Ainsi trois facteurs se conjuguent pour favoriser

le phénomène de cellulite :• la dystrophie adipocytaire (en nombre, en vo-lume et en qualité) ou adipose : ces adipocytesriches en récepteurs alpha2 adrénergiques sontpeu sensibles à la lipolyse par les catécholami-nes [5] ;

• la stase (augmentation de la pression veineusede retour, excès de perméabilité capillaire souscontrôle hormonal, défaut de drainage lympha-tique), bien authentifiée par l’ultrasonographieà haute fréquence (cf. infra) ;

• la fibrose, consécutive à la stase hydroprotéi-que, qui rend la cellulite perceptible au palper-rouler et parfois très sensible (ce qui a probable-ment justifié le suffixe inflammatoire duterme).Suivant la prédominance de l’un ou l’autre ce ces

facteurs — Infiltration, Fibrose, Adipose des Tis-sus — Ph. Blanchemaison propose une « classifica-tion IFAT » des cellulites [3] en cellulites infiltrées(« hydrolipodystrophies superficielles »), fibreuses(« fibrolipodystrophies superficielles ») et adipeu-ses (« lipodystrophies superficielles ») dont les sé-quences thérapeutiques pourraient être différentes(Fig. 1).Pour anodin qu’il paraisse, le retentissement

psychologique et social de la cellulite est loind’être négligeable comme en témoigne l’enquêteouverte que le groupe avait mené il y a quelquesannées à partir de questionnaires portant sur2449 réponses analysables explorant 15 items [6] :plus de 90 % des répondantes estimaient ainsi souf-frir de cellulite. Cette souffrance morale était« considérable » pour 54 % d’entre elles et neuffemmes sur dix avait déjà eu recours en moyenne àsix moyens thérapeutiques pour tenter de s’en dé-barrasser. Les causes incriminées étaient d’abordla « mauvaise circulation sanguine » (64 %), lemanque d’exercice (54 %) et une prise de poidsexcessive (50 %). D’abord localisée sur les cuisses,la cellulite s’étendant ensuite régulièrement surl’abdomen, les seins, les genoux et les bras, 81 %considéraient en fait la cellulite comme une mala-die — un terme pourtant lourd pour une affectionsans conséquences directes sur la santé... Curieu-

Figure 1 Les hypothèses pathogéniques de la cellulite et laclassification IFAT.

389L’ultrasonographie à haute fréquence et le celluscore

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sement peu incriminaient son déterminisme hormo-nal malgré l’évolution généralement liée à des mo-ments clés de la vie féminine (adolescence,contraception, ménopause) ; l’indifférence généra-lisée des gynécologues à l’égard de cette plainteexplique sans doute cela.Si les moyens de lutte employés relevés sont

extrêmement variés, ils peuvent être classés enquatre catégories :

• les médecines dites douces (homéopathie, laxa-tifs, stimulants de la circulation veineuse) ;

• les médicaments (diurétiques, extraits thyroï-diens, amphétamines, antidépresseurs) ;

• les méthodes faisant intervenir un tiers : massa-ges, cures thermales, relaxation, mésothérapie,chirurgie, etc ;

• les soins physiques autogérés : sport, muscula-tion, applications directes de diverses substan-ces, hydrothérapie etc.Parmi les quelques moyens jugés efficaces, trois

d’entre eux ont été rapportés fréquemment : laliposuccion (par 46 % de celles qui y ont eu recours),les amphétamines (41 %) et les hormones thyroï-diennes (27 %).Les deux conclusions de cette enquête pouvant

intéresser la communauté des chirurgiens plasti-ciens sont que 71 % des femmes qui ont réponduconsidéraient la cellulite comme une « maladie » etque la liposuccion chirurgicale restait la méthodejugée la plus efficace ; malheureusement c’étaitencore une des moins employées (8 %) sans doutedu fait de son caractère agressif et de l’incertitudede ses résultats.Il est difficile de séparer clairement le rôle res-

pectif de la lipodystrophie profonde et de la cellu-lite superficielle tant l’une et l’autre se majorentréciproquement ; pourtant une mesure anodine etfacilement répétitive permettrait déjà d’objecti-ver à la candidate à la chirurgie la part respectivedes quatre phénomènes : la stéatomérie profonde,génétique, gynoïde, bien accessible à la lipoaspira-tion, et la véritable infiltration de surface dontl’abord implique des techniques superficielles sy-nonymes de risques quant à la qualité finale durésultat...

Apports des technologies récentes àl’exploration de la cellulite :l’ultrasonographie à haute fréquence

Le Dermcup*[7,8] utilise une sonde à balayage sec-toriel mécanique permettant la réalisation d’unecoupe du derme sur 5 mm de profondeur et 6 mm delargeur. La coupe apparaît à l’écran sous forme

d’une image numérisée grossie (4 à 6 cm) avec unerésolution de 0,08 mm en axial et 0,2 mm enlatéral. Son développement initial est destiné àl’objectivation des troubles rétentionnels hydri-ques : ainsi on réalise une mesure de l’épaisseur duderme au niveau de la face antérieure de l’avant-bras et de la face externe de la cuisse avec repé-rage précis par rapport au sol pour chaque patient.L’index de rétention d’eau (IRE) est défini par lerapport en mm derme de l’avant-bras/derme de lacuisse. Chez un sujet indemne de toute rétentiond’eau, ce rapport est constamment supérieur ouégal à 0,7 (la peau de la cuisse est plus épaisse quecelle de l’avant-bras). En cas d’infiltration dermi-que, l’indice devient inférieur à 0,7. En ce quiconcerne la cellulite, cette même mesure permetd’évaluer l’importance relative de la surchargegraisseuse, de la fibrose et de la rétention d’eau.Ainsi a pu être confortée la « classification IFAT »définissant les trois types de cellulite [8] :

• la cellulite adipeuse (adipose)ou lipodystrophiesuperficielle simple (surcharge graisseuse domi-nante) : elle reste la meilleure indication de laliposuccion ;

• la cellulite fibreuse ou fibrolipodystrophie,moins favorable à la liposuccion et qui seraitplutôt l’indication des méthodes drainantes ;

• la cellulite infiltrée ou hydrolipodystrophie danslesquelles l’intervention du phlébologue devraiten toute logique précéder celle du chirurgien(Fig. 2).

Le Celluscore

Conscient de la pluralité des causes possibles ouaggravantes de la cellulite, le Groupe Cellulite asouhaité élaborer un outil informatique simpled’utilisation destiné aux médecins généralistes etaux spécialistes éventuellement concernés parcette affection afin de mieux dégager les originesdiverses de la cellulite et apporter un débutd’orientation thérapeutique.

Le « Celluscore » est un outil fondé sur l’interro-gatoire qui se compose de six scores :

• un score hérédité ;• un score hormonal ;• un score psychoaffectif ;• un score phébologique ;• un score nutritionnel ;• un score clinique.L’évaluation de ces scores fait appel d’une (hé-

rédité) à trois questions (tous les autres items)attribuant à chacune un score de 0 à 3.

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Q 1 Composante héréditaire (1 question)

Dans votre famille avez vous déjà entendu d’autresfemmes se plaindre de cellulite ?

• Jamais = 0• Une personne proche (sœurs, mère, tante) trèsoccasionnellement = 1

• Une personne proche, souvent = 2• Toutes les femmes semblent souffrir de cellu-lite = 3

Q 2 Composante hormonale (3 questions)

Avez-vous les seins douloureux (mastodynie) ?• Jamais = 0• Parfois = 1• Souvent = 2• Très souvent = 3

Q 3 (Œdèmes et rétention hydrosaline)

Vous éprouvez une ou des sensations de « gonfle-ment » (ventre, visage, jambes, mains, pieds) ?

• Jamais = 0• Parfois = 1• Assez souvent = 2• Très souvent, à chaque cycle par exemple = 3

Q 4 (Sensibilité individuelle aux hormones« exogènes » ou « endogènes »)

Vous avez déjà développé une prise de poids à lasuite d’une prise de pilule contraceptive ou d’unmédicament hormonal ?

• Non = 0• Oui, plus de trois kilos dans les premières semai-nes de prise d’une pilule contraceptive ou d’unmédicament hormonal = 1

• Oui plus de 20 kilos pendant la grossesse = 2• Oui dans ces deux cas = 3

Q 5 Composante psychoaffective(3 questions)

Votre cellulite est un problème qui vous préoccupe• Jamais = 0• Parfois = 1• Souvent = 2• Quotidiennement = 3

Q 6 Votre cellulite vous occasionneune souffrance morale

• Pas du tout = 0• Réelle mais supportable = 1• Forte = 2• Insupportable = 3

Q 7 Votre cellulite vous empêche de vousregarder devant votre glace ou vous gênepour aller essayer des vêtements neufou un maillot de bain

• Jamais = 0• Parfois = 1• Souvent = 2• Tout le temps = 3

Q 8 Composante phlébologique (3 questions)

Vous marchez en moyenne• Plus d’une heure par jour = 0• D’une demi à 1 heure par jour = 1• Moins une demi heure par jour = 2• Le moins possible = 3

Figure 2 Mesure de la rétention d’eau par échographie de haute fréquence : à gauche épaisseur du derme de l’avant-bras, à droiteépaisseur du derme de la face externe de la cuisse (Ph. Blanchemaison).

391L’ultrasonographie à haute fréquence et le celluscore

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Q 9 Vous éprouvez des sensations de jambeslourdes et de chevilles gonflées en finde journée

• Jamais = 0• Parfois = 1• Souvent = 2• Quotidiennement = 3

Q 10 Vous avez constaté l’apparitionde veinules sur vos jambes

• Non, pas du tout = 0• Oui, mais très peu = 1• Oui, éparses = 2• Oui, nombreuses et étendues = 3

Q 11 Composante nutritionnelle(3 questions)

Ressentez-vous des sensations de faim dans la jour-née ?

• Jamais ou exceptionnellement = 0• Parfois = 1• Souvent = 2• En permanence = 3

Q 12 Lorsque vous êtes contrariée vousmangez

• Moins = 0• Comme d’habitude = 1• Un peu plus que d’habitude = 2• Beaucoup plus que d’habitude = 3

Q 13 Corpulence :

l’IMC (Indice de Masse Corporelle ou BMI (Body MassIndex) est calculé automatiquement

Q 14 Composante clinique (3 questions)

(Vécu du patient) ; vous estimez avoir de la cellu-lite depuis

• Moins de 1 an = 0• 1 à 5 ans = 1• 5 à 10 ans = 2• Plus de 10 ans = 3

Q 15 (estimation suivant la classificationde Nürnberger) ; constatez-vousune déformation de votre peau en peaud’orange ?

• Non = 0

• Oui, mais à peine perceptible = 1• Oui apparaît à la pression = 2• Spontanément debout = 3

Q.16. (répartition) votre cellulite estprésente

• Sur un seul point du corps = 1• Sur 2 zones distinctes = 2• Sur plus de 2 zones (cuisses, genoux, bras,seins...) = 3L’ensemble de ce questionnaire informatisé ré-

clame moins de cinq minutes à remplir et permetd’obtenir une arborescence étoilée qui visualised’emblée l’importance relative de chacune descomposantes (Figs. 3 A, B et C). Suivant le totalobtenu par composantes, des conseils d’ordre gé-néraux sont apportés. Le développement ultérieurdu Celluscore, en cours d’élaboration, proposeraautomatiquement en fonction des résultats d’unepart une liste d’explorations fonctionnelles com-plémentaires visant à affiner ceux-ci, d’autre partles solutions thérapeutiques éventuelles adaptées àchaque cas s’il en existe. Enfin le médecin peutenvoyer via Internet le test effectué sur la base dedonnées du groupe Cellulite afin de participer à laremise à jour de l’évaluation statistique de l’affec-tion. Bien entendu, il conserve dans son propreordinateur les tests qu’il a effectués afin de pouvoircomparer les résultats chez les patients qu’il aurapris en charge (2).

Conclusion

L’outil d’évaluation clinique Celluscore associé àune exploration simple comme l’ultrasonographie àhaute fréquence permet d’autoriser plus objective-ment l’assimilation de la cellulite à une affection etnon plus l’ignorer du fait de l’absence conjointed’effets délétères directs et de solutions faciles àproposer.Pourtant, à l’aube de bouleversements impor-

tants dans l’exploration de la physiologie des tissusgraisseux, celles-ci sont loin d’être négligeables :

• en amont, il s’agit d’équilibrer au mieux lesfacteurs hormonaux, phlébologiques et nutri-tionnels, ceux-ci s’accompagnant d’une prise encharge psychoaffective pour que ces « plaignan-tes au long cours » puissent se sentir accompa-gnées de manière sérieuse et continue ; si nous

2 Le Celluscore — disponible pour l’instant en français unique-ment — peut être demandé sur le site du Groupe : www. groupecellulite.com ou à [email protected] ou par fax(05-63-51-68-75)

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n’avons guère de prise sur l’hérédité, il est toutde même possible qu’un terrain aux antécé-dents familiaux chargés puisse faire l’objetd’une prise en charge très jeune permettantpeut être d’éviter quelque échappement catas-trophique déjà prévisible chez certaines adoles-centes;

• en aval, les propositions thérapeutiques restentlimitées sans pour autant être négligeables :C crèmes et gels à base de caféine aux effetsindiscutables mais souvent modestes lorsquela cellulite est bien installée ; elles sont àconseiller aux stades 1 et 2 de Nürnberger eten l’absence de cellulite fibreuse [9] ;

C les actions drainantes et la contention pourcontrarier l’insuffisance circulatoire très ré-pandue bien avant la ménopause ;

C la liposuccion enfin, seule thérapeutique ju-gée vraiment efficace par la minorité de cellesqui l’ont utilisée. Chacun sait que la liposuc-cion n’a pas été mise au point pour apporter

une solution au traitement de la cellulite —celle-ci constituait même une limite à sonapplication les premières années — et qu’elleest d’abord efficace sur les stéatoméries cons-titutionnelles [10]. Cependant, le dégonfle-ment des réserves de graisse sous-jacentes àla cellulite peut indéniablement avoir un effetindirect bénéfique sur celle-ci, la rendantmoins apparente (Fig. 4). Quant aux méthodesde liposuccion superficielles avec ou sans lipo-filling complémentaire, elles restent délica-tes à pratiquer du fait des risques de séquellesdéfinitives sur des peaux peu plastiques.Néanmoins, des résultats indiscutables d’amé-lioration sinon de transformation d’états savérés ont été régulièrement rapportés [11]. Ilne semble pas que les assistantes mécaniquesni ultrasoniques puissent être d’un bénéficedéfinitif dans ce domaine et il convient derester prudent devant les promesses de cer-tains.

Figure 3 Exemples de Celluscore. A : influence hormonale très prépondérante avec gros retentissement psychoaffectif : lerééquilibrage hormonal sera fondamental, avec prise en charge psychologique ; l’hérédité n’étant pas négligeable, la lipoaspirationinterviendra en complément en cours de traitement ; B : hérédité peu flagrante ; en revanche les facteurs hormonaux, phlébologiqueset nutritionnels sont à égalité avec une incidence clinique finale forte ; ce type de patient exige une prise en charge globale ; C :hérédité lourde ; seul le facteur phlébologique pourra faire l’objet d’un certain contrôle et l’indication chirurgicale est appropriée,sous surveillance du poids qui doit impérativement être stabilisé.

393L’ultrasonographie à haute fréquence et le celluscore

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Figure 4 Exemples de traitement chirurgical d’états cellulitiques âges par liposuccion. A : avant la ménopause ; B : résultat ; C : versla ménopause ; D : résultat ; E : après la soixantaine ; F : résultat.

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Enfin, la science fondamentale progresse indé-niablement et l’on peut raisonnablement espérerrapidement que l’exploration fine de ce véritableorgane qu’est le tissu adipeux-ou plutôt les tissusadipeux — dévoile des approches in — situ efficaceset moins agressives que celles de la chirurgie.

Références

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