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C ’est un Elie Semoun qui ose. Et visiblement, le suc- cès est au rendez-vous, au point que l’humoriste a déjà pré- vu de revenir dans certaines vil- les dont Marseille. En représen- tation ce mardi 2 février au Silo, il sera de nouveau le 1 er décem- bre dans la salle de spectacles d’Arenc, avec des personnages particulièrement gratinés. A par- tager, c’est le nom de ce nou- veau brûlot. Pédophile, djihadiste, fascis- te, vos nouveaux personnages sont sacrément licencieux... Qu’est-ce qui les lie ? C’est un peu mon créneau que de faire rire avec de la noirceur. C’est cinglant et émouvant. Ce sont des sujets que peu d’humoristes abordent. Je mets un point d’honneur à aborder des sujets originaux. Et ce qui lie tous ces "monstres", c’est qu’ils sont émouvants au final. Parce qu’ils témoignent d’une certaine détresse ? Tout à fait. C’est un peu ce que j’ai toujours fait, même dans Les petites annonces. Il y a toujours eu une misère sentimentale. Ce sont tous des personnages seuls. Mais drôles. Je suis tou- jours étonné de voir combien les gens se marrent de tant de noirceur. C’est peut-être un rire libéra- teur ? Pour le djihadiste, je sens effecti- vement que c’est un rire exutoi- re. J’explique au public que j’hésitais à garder ce sketch, étant donné que nous vivons une période troublée. Les gens se marrent, alors j’attaque. C’est une question que vous vous êtes vraiment posée ? Oui. Ça fait peur. Qu’est-ce qui fait que selon vous cela passe ? Je pense que cela tient à moi. Le public sait que je ne suis pas mé- chant. Je peux donc traiter de tous les sujets sans problème. C’est ce que m’a dit Muriel Ro- bin après avoir vu mon specta- cle: "Avec toi, tout passe". Tous me disent que c’est mon meilleur spectacle, ça c’est sûr. Ces personnages sont une fa- çon pour vous de mettre le doigt là où ça fait mal. Votre humour est-il militant ? Un peu, oui, sans prétention. Désormais, je n’arrive plus à re- garder BFM TV, c’est insuppor- table, c’est anxiogène. Je l’ai trop regardée pendant les atten- tats. Et chaque fois que j’allume la télé, j’ai le sentiment de voir une grosse émission de promo- tion pour le djihadisme. On par- le tout le temps de violence. Comme je suis sensible, c’est ma façon à moi d’évacuer cette anxiété. Du coup, en faisant rire les gens avec ça, je suis dans mon rôle de bouffon de la socié- té. Dans ma vie privée, j’évacue aussi en bricolant, jardinant... Votre spectacle invite "à par- tager" parce que le partage est la meilleure réponse à la peur ? Vous connaissez la réponse... La plaie de notre société, c’est la peur. Le FN et consorts ne jouent que là-dessus, ce sont eux qui font mal à la France. Et non pas les migrants, les Ara- bes, les juifs, les Chinois, les Roumains... Ils font une campa- gne d’affichage avec pour slo- gan "La France apaisée" alors que ce sont eux qui mettent le doute. Ce n’est pas du tout une façon d’apaiser un pays que de monter les gens les uns contre les autres. Le contexte actuel rend sensi- ble le rôle de l’artiste dans la so- ciété. Mais selon vous quelle doit être la place de l’humour ? Je suis partisan d’un humour qui a du fond. Mais attention, je ne fais pas un meeting politi- que. Je fais rire les gens. Les gars qui font du stand-up en parlant de leurs courses à Ikea, ça ne m’intéresse pas, je ne sais pas faire. L’humour doit être là pour tirer les gens vers le haut. Je suis loin d’être un philosophe, mais j’essaie d’éviter les futilités. Qu’en est-il de ce rapproche- ment avec Dieudonné ? Oui, on s’est rapproché. Je suis allé voir son spectacle. Il a vu le mien. C’est tout. Ce n’est pas pour ça qu’on va revenir ensem- ble sur scène. Il est dit qu’il veut faire un spectacle en hommage aux victi- mes des attentats avec d’autres humoristes dont vous... Oui oui, il veut faire un specta- cle mais je pense qu’il faut du temps. Il est vraiment allé très très loin... Il faut que tout ça s’apaise. Comment avez-vous donc trouvé son spectacle ? Il n’insulte plus les juifs. Déjà c’est une bonne chose. Après, j’ai toujours trouvé qu’il était drôle. Je suis bien placé pour le savoir. Tant qu’il n’insulte plus les juifs, qu’il n’y a plus d’allusions antisémites, moi ça me va. Mais au-delà du spectacle, s’est-il réellement apaisé comme il le laisse entendre ? Ah ça, je ne sais pas. Je ne suis pas dans sa tête. C’est une ques- tion qu’il faut lui poser. Avec Dieudonné, tout est toujours très ambigu, on ne sait jamais vraiment ce qu’il pense. Même moi qui le connais depuis 25 ans. Pour finir, est-il vrai que vous travaillez sur un film ? Oui, j’aimerais bien. Je vais arrê- ter de faire des apparitions dans des films parce que je l’ai trop fait. Maintenant, j’ai envie d’un vrai rôle, conséquent. Pour l’instant, on ne m’en propose pas. Alors, je suis en train de penser à l’écriture d’un film. Mais c’est encore embryonnai- re. A.K. Le 2 fév. 20h, Le Silo, Marseille (30 à 39¤), aussi le 1 er décembre. Elie Semoun "monstrueux" L’humoriste revient à Marseille avec son "meilleur spectacle" qu’il dit "cinglant et émouvant" On les a suivis dans les rues, sur les toits, dans les bus d’Aix lors de sessions acoustiques. À présent, c’est la capitale qui s’arrache leur moustache. De- puis une semaine, le groupe aixois propulsé par le label mar- seillais Chinese Man Records, est en promo pour la sortie de son deuxième album Stacheli- ght. Lundi dernier, c’est Yann Barthès et son Petit Journal de Canal+, qui leur ont offert une scène et un live de trois minu- tes pour l’interprétation de l’énergisant titre Shoes en di- rect. Une belle opération pro- mo, dans une émission qui réu- nit en moyenne chaque soir 1, 5 million de spectateurs, facilitée par "un coup de pouce" de Dee- zer. La plateforme musicale avait d’ailleurs repéré les six Aixois en leur attribuant en 2013 le prix "Adami Deezer de Talents" et le privilège de jouer dans quatre festivals internatio- naux. 2013, date de la sortie du premier album de Deluxe. Presqu’un monde déjà, puisqu’en octobre, le groupe remplira le Zénith de Paris pour la première fois. Sur la page Facebook du grou- pe, depuis le 22 janvier, date de sortie de Stachelight, les fans de Deluxe n’en finissent pas de dé- crire leur joie de recevoir le nou- vel opus, pré-commandé ou acheté en ligne (il caracole no- tamment dans le top 10 des al- bums les plus téléchargés en France sur iTunes depuis dix jours). Face à la popularité gran- dissante des moustachus, il y a aussi, déjà, quelques nostalgi- ques : "Je suis super contente pour vous, raconte une fan en commentaire d’un post, et en même temps, égoïstement, je me dis que c’est la fin de l’ère "De- luxe, mon petit groupe préféré qui passe dans les petits festo- ches"… ". Le succès que les six jeunes gens, découverts dans les rues d’Aix en 2011, rencon- trent, s’explique en grande par- tie par l’énergie débordante qu’ils sont capables de distiller sur scène. Aucune date ne pas- se inaperçue. Parmi toutes, une d’entre elles a particulièrement marqué l’esprit des Parisiens, des cinq musiciens et de la pé- tillante chanteuse franco-amé- ricaine Liliboy : leur premier Olympia, un certain 19 novem- bre dernier, soit six jours après les attentats. "Vue l’ambiance générale, la date a failli être an- nulée, explique Kilo, le batteur. Mais les artistes invités sur nos featurings voulaient le faire. Ça nous a donné un peu la rage. Fi- nalement, c’était incroyable ! C’est un moment qui restera à ja- mais gravé dans nos mémoires". Au programme de cette soi- rée inoubliable, tout ce dont les Parisiens avaient besoin pour oublier un week-end d’horreur : un combo musical de jazz, hip hop, funk et groove, de la fête et de la bonne hu- meur comme les moustachus savent si bien la partager. Une atmosphère aidée notamment par des invités surprises de re- nom : l’artiste -M- entré sur scè- ne lors du rappel et Akhenaton et Shurik’n du groupe IAM. "Ce sont vraiment des artistes qui nous ont donné envie de faire de la musique et qu’on écoute de- puis tout jeune", commente Ki- lo. Rencontrés sur des festivals durant l’été, ce sont les mêmes artistes qui signent sur Stacheli- ght les featurings des titres Ba- by That’s You (-M-), Wait A Mi- nute (-M-), À l’heure où (IAM), liste que complète Nneka avec un freestyle sur Bonhomme. Conscient de cet atout ma- jeur qu’est la scène, Deluxe a choisi de conserver la pêche qui fait son identité en pariant sur le live en studio. "On vou- lait vraiment enregistrer dans ces conditions pour garder le sens de la scène et de la fête. Il y a tout Deluxe dans l’album, des morceaux plus calmes, des mor- ceaux plus chantés, des mor- ceaux plus hip hop, plus électro. Il y a un peu de tout ça", raconte le batteur. Avec en prime, un "bonus track" : une nouvelle version de Tall Ground, un des morceaux fétiches du collectif. "Il dit : Jump jump jump jump ! ("jump" veut dire sauter en an- glais, ndlr). Ça représente bien l’esprit Deluxe, c’est la fiesta" conclut Kilo. Pour de nouveau la faire avec eux dans la région, il faudra at- tendre le 30 avril prochain. Soit leur premier Dock des Suds à Marseille. Isabelle APPY "Stachelight" (Nanana Production / Chinese Man Records) Culture TOURNAGE Alexandre Arcady va tourner à Marseille Le réalisateur (Le coup du Si- rocco , Le grand pardon , Le grand carnaval, Hold-up, Pour Sacha...) va donner une suite à son film L’Union sacrée, sorti en 1989 avec Richard Berry et Pa- trick Bruel. Présent hier au Châ- teau de la Buzine à Marseille pour un débat accompagnant la projection de son film Ce que le jour doit à la nuit (2012), il expli- quait ainsi, à La Provence, le sens de ce nouvel opus. "J’ai beaucoup hésité à faire cette sui- te mais aujourd’hui c’est néces- saire d’essayer de nous replon- ger, en fiction, dans ce combat contre la montée des extrémis- mes, avec une nouvelle formule : "seule la fraternité nous sauve- ra". S’il ne souhaite pas dévoiler le casting ("on va retrouver au moins 50 % des personnages", concède-t-il), Alexandre Arcady confirme que le tournage aura lieu à Marseille. "J’ai choisi Mar- seille parce que c’est une ville tout à fait particulière, au centre de la Méditerranée. C’est une vil- le forte, importante, de mixité, qui pourrait basculer. Mais je ne pense pas que Marseille bascule- ra..." Le tournage est prévu dé- but 2017. / PHOTO DAVID ROSSI CONCERT Alain Chamfort revisité Il vient de sortir deux albums : un best-of et une compilation de certains de ses succès revisi- tés par des artistes de musique électronique. Ce qui est assez lo- gique, au fond, pour un artiste qui a toujours rassemblé les gé- nérations. Pianiste de Jacques Dutronc, c’est dans les années 70, grâce à Claude François, qu’il rencontrera ses premiers succès. Par la suite, il croise le chemin de Serge Gainsbourg. Lequel lui écrira, entre autres, Manureva (1 million d’exemplaires vendus). Douze ans après Le Plaisir, Alain Cham- fort sortait l’an dernier un nou- vel album studio. Tout un uni- vers que le chanteur défendra sur scène, seul avec son piano, le 26 novembre à l’Espace Julien à Marseille. / PHOTO EDOUARD COULOT Tarif 43¤ HUMOUR La troupe du Jamel Comedy Club à Marseille Le Jamel Comedy Club n’en fi- nit plus de faire éclore les ta- lents. Depuis quelque temps, sa troupe fait même le plein sur les scènes de France. C’était le cas au Silo l’an dernier. Le 9 novem- bre prochain, elle remet le cou- vert à Marseille, au même en- droit, avec en alternance, lban Ivanov, Foudil Kaibou, Younes et Bambi, Christine Berrou, Fa- dily Camara, Jason Brokerss, Fa- rid Chamekh, Jean-Philippe Visi- ni et Nick Mukoko. Tarifs 34/39¤ Elie Semoun est particulièrement heureux de retrouver Marseille où il a beaucoup d’amis. / PH. C.DEMESME SORTIE DE DISQUE "Stachelight" : "Il y a tout Deluxe dans l’album" "Je suis dans mon rôle de bouffon de la société". "J’ai vu son spectacle (celui de Dieudonné). Il a vu le mien. C’est tout". Le groupe conserve la banane et la moustache qui font son identité. / PHOTO BOBY 33 Lundi 1 Février 2016 www.laprovence.com

Lundi 1 Février 2016 Elie Semoun monstrueux · sont sacrément licencieux... Qu’est-ce qui les lie? C’est un peu mon créneau que de faire rire avec de la noirceur. C’est cinglant

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Page 1: Lundi 1 Février 2016 Elie Semoun monstrueux · sont sacrément licencieux... Qu’est-ce qui les lie? C’est un peu mon créneau que de faire rire avec de la noirceur. C’est cinglant

C ’est un Elie Semoun quiose. Et visiblement, le suc-cès est au rendez-vous, au

point que l’humoriste a déjà pré-vu de revenir dans certaines vil-les dont Marseille. En représen-tation ce mardi 2 février au Silo,il sera de nouveau le 1er décem-bre dans la salle de spectaclesd’Arenc, avec des personnagesparticulièrement gratinés. A par-tager, c’est le nom de ce nou-veau brûlot.

❚ Pédophile, djihadiste, fascis-te, vos nouveaux personnagessont sacrément licencieux...Qu’est-ce qui les lie ?C’est un peu mon créneau quede faire rire avec de la noirceur.C’est cinglant et émouvant. Ces o n t d e s s u j e t s q u e p e ud’humoristes abordent. Je metsun point d’honneur à aborderdes sujets originaux. Et ce quilie tous ces "monstres", c’estqu’ils sont émouvants au final.

❚ Parce qu’ils témoignentd’une certaine détresse ?Tout à fait. C’est un peu ce quej’ai toujours fait, même dans Lespetites annonces. Il y a toujourseu une misère sentimentale. Cesont tous des personnagesseuls. Mais drôles. Je suis tou-jours étonné de voir combienles gens se marrent de tant denoirceur.

❚ C’est peut-être un rire libéra-teur ?Pour le djihadiste, je sens effecti-vement que c’est un rire exutoi-re. J’explique au public quej’hésitais à garder ce sketch,étant donné que nous vivonsune période troublée. Les gensse marrent, alors j’attaque.

❚ C’est une question que vousvous êtes vraiment posée ?Oui. Ça fait peur.

❚ Qu’est-ce qui fait que selonvous cela passe ?Je pense que cela tient à moi. Lepublic sait que je ne suis pas mé-chant. Je peux donc traiter de

tous les sujets sans problème.C’est ce que m’a dit Muriel Ro-bin après avoir vu mon specta-cle : "Avec toi, tout passe". Tousm e d i s e n t q u e c ’ e s t m o nmeilleur spectacle, ça c’est sûr.

❚ Ces personnages sont une fa-çon pour vous de mettre le doigtlà où ça fait mal. Votre humourest-il militant ?Un peu, oui, sans prétention.Désormais, je n’arrive plus à re-garder BFM TV, c’est insuppor-table, c’est anxiogène. Je l’aitrop regardée pendant les atten-tats. Et chaque fois que j’allumela télé, j’ai le sentiment de voir

une grosse émission de promo-tion pour le djihadisme. On par-le tout le temps de violence.Comme je suis sensible, c’estma façon à moi d’évacuer cetteanxiété. Du coup, en faisant rireles gens avec ça, je suis dansmon rôle de bouffon de la socié-té. Dans ma vie privée, j’évacueaussi en bricolant, jardinant...

❚ Votre spectacle invite "à par-tager" parce que le partage est lameilleure réponse à la peur ?Vous connaissez la réponse... Laplaie de notre société, c’est lapeur. Le FN et consorts nejouent que là-dessus, ce sonteux qui font mal à la France. Etnon pas les migrants, les Ara-bes, les juifs, les Chinois, lesRoumains... Ils font une campa-gne d’affichage avec pour slo-gan "La France apaisée" alorsque ce sont eux qui mettent le

doute. Ce n’est pas du tout unefaçon d’apaiser un pays que demonter les gens les uns contreles autres.

❚ Le contexte actuel rend sensi-ble le rôle de l’artiste dans la so-ciété. Mais selon vous quelle doitêtre la place de l’humour ?Je suis partisan d’un humourqui a du fond. Mais attention, jene fais pas un meeting politi-que. Je fais rire les gens. Les garsqui font du stand-up en parlantde leurs courses à Ikea, ça nem’intéresse pas, je ne sais pasfaire. L’humour doit être là pourtirer les gens vers le haut. Je suisloin d’être un philosophe, maisj’essaie d’éviter les futilités.

❚ Qu’en est-il de ce rapproche-ment avec Dieudonné ?Oui, on s’est rapproché. Je suisallé voir son spectacle. Il a vu le

mien. C’est tout. Ce n’est paspour ça qu’on va revenir ensem-ble sur scène.

❚ Il est dit qu’il veut faire unspectacle en hommage aux victi-mes des attentats avec d’autreshumoristes dont vous...Oui oui, il veut faire un specta-cle mais je pense qu’il faut dutemps. Il est vraiment allé trèstrès loin... Il faut que tout ças’apaise.

❚ Comment avez-vous donctrouvé son spectacle ?Il n’insulte plus les juifs. Déjàc’est une bonne chose. Après,j’ai toujours trouvé qu’il étaitdrôle. Je suis bien placé pour lesavoir. Tant qu’il n’insulte plusl e s j u i f s , q u ’ i l n ’ y a p l u sd’allusions antisémites, moi çame va.

❚ Mais au-delà du spectacle,s’est-il réellement apaisé commeil le laisse entendre ?Ah ça, je ne sais pas. Je ne suispas dans sa tête. C’est une ques-tion qu’il faut lui poser. AvecDieudonné, tout est toujourstrès ambigu, on ne sait jamaisvraiment ce qu’il pense. Mêmemoi qui le connais depuis25 ans.

❚ Pour finir, est-il vrai quevous travaillez sur un film ?Oui, j’aimerais bien. Je vais arrê-ter de faire des apparitions dansdes films parce que je l’ai tropfait. Maintenant, j’ai envie d’unvrai rôle, conséquent. Pourl’instant, on ne m’en proposepas. Alors, je suis en train depenser à l’écriture d’un film.Mais c’est encore embryonnai-re. A.K.

Le 2 fév. 20h, Le Silo, Marseille (30 à39¤), aussi le 1er décembre.

Elie Semoun "monstrueux"L’humoriste revient à Marseille avec son "meilleur spectacle" qu’il dit "cinglant et émouvant"

On les a suivis dans les rues,sur les toits, dans les bus d’Aixlors de sessions acoustiques. Àprésent, c’est la capitale quis’arrache leur moustache. De-puis une semaine, le groupeaixois propulsé par le label mar-seillais Chinese Man Records,est en promo pour la sortie deson deuxième album Stacheli-ght. Lundi dernier, c’est YannBarthès et son Petit Journal deCanal+, qui leur ont offert unescène et un live de trois minu-tes pour l’interprétation del’énergisant titre Shoes en di-rect. Une belle opération pro-mo, dans une émission qui réu-nit en moyenne chaque soir 1, 5million de spectateurs, facilitéepar "un coup de pouce" de Dee-zer. La plateforme musicaleavait d’ailleurs repéré les sixAixois en leur attribuant en2013 le prix "Adami Deezer deTalents" et le privilège de jouerdans quatre festivals internatio-naux. 2013, date de la sortie dupremier album de Deluxe.P r e s q u ’ u n m o n d e d é j à ,puisqu’en octobre, le grouperemplira le Zénith de Paris pourla première fois.

Sur la page Facebook du grou-pe, depuis le 22 janvier, date desortie de Stachelight, les fans deDeluxe n’en finissent pas de dé-crire leur joie de recevoir le nou-vel opus, pré-commandé ouacheté en ligne (il caracole no-tamment dans le top 10 des al-bums les plus téléchargés enFrance sur iTunes depuis dix

jours). Face à la popularité gran-dissante des moustachus, il y aaussi, déjà, quelques nostalgi-ques : "Je suis super contentepour vous, raconte une fan encommentaire d’un post, et enmême temps, égoïstement, je medis que c’est la fin de l’ère "De-luxe, mon petit groupe préféréqui passe dans les petits festo-ches"… ". Le succès que les sixjeunes gens, découverts dansles rues d’Aix en 2011, rencon-trent, s’explique en grande par-tie par l’énergie débordantequ’ils sont capables de distiller

sur scène. Aucune date ne pas-se inaperçue. Parmi toutes, uned’entre elles a particulièrementmarqué l’esprit des Parisiens,des cinq musiciens et de la pé-tillante chanteuse franco-amé-ricaine Liliboy : leur premierOlympia, un certain 19 novem-bre dernier, soit six jours aprèsles attentats. "Vue l’ambiancegénérale, la date a failli être an-nulée, explique Kilo, le batteur.Mais les artistes invités sur nosfeaturings voulaient le faire. Çanous a donné un peu la rage. Fi-nalement, c’était incroyable !

C’est un moment qui restera à ja-mais gravé dans nos mémoires".

Au programme de cette soi-rée inoubliable, tout ce dont lesParisiens avaient besoin pouro u b l i e r u n w e e k - e n dd’horreur : un combo musicalde jazz, hip hop, funk et groove,de la fête et de la bonne hu-meur comme les moustachussavent si bien la partager. Uneatmosphère aidée notammentpar des invités surprises de re-nom: l’artiste -M- entré sur scè-ne lors du rappel et Akhenatonet Shurik’n du groupe IAM. "Ce

sont vraiment des artistes quinous ont donné envie de faire dela musique et qu’on écoute de-puis tout jeune", commente Ki-lo. Rencontrés sur des festivalsdurant l’été, ce sont les mêmesartistes qui signent sur Stacheli-ght les featurings des titres Ba-by That’s You (-M-), Wait A Mi-nute (-M-), À l’heure où (IAM),liste que complète Nneka avecun freestyle sur Bonhomme.

Conscient de cet atout ma-jeur qu’est la scène, Deluxe achoisi de conserver la pêchequi fait son identité en pariantsur le live en studio. "On vou-lait vraiment enregistrer dansces conditions pour garder lesens de la scène et de la fête. Il y atout Deluxe dans l’album, desmorceaux plus calmes, des mor-ceaux plus chantés, des mor-ceaux plus hip hop, plus électro.Il y a un peu de tout ça", racontele batteur. Avec en prime, un"bonus track" : une nouvelleversion de Tall Ground, un desmorceaux fétiches du collectif."Il dit : Jump jump jump jump !("jump" veut dire sauter en an-glais, ndlr). Ça représente bienl’esprit Deluxe, c’est la fiesta"conclut Kilo.

Pour de nouveau la faire aveceux dans la région, il faudra at-tendre le 30 avril prochain. Soitleur premier Dock des Suds àMarseille. Isabelle APPY

"Stachelight" (Nanana Production /Chinese Man Records)

Culture

TOURNAGE

Alexandre Arcadyva tourner à MarseilleLe réalisateur (Le coup du Si-rocco, Le grand pardon , Legrand carnaval, Hold-up, PourSacha...) va donner une suite àson film L’Union sacrée, sorti en1989 avec Richard Berry et Pa-trick Bruel. Présent hier au Châ-teau de la Buzine à Marseillepour un débat accompagnant laprojection de son film Ce que lejour doit à la nuit (2012), il expli-quait ainsi, à La Provence, lesens de ce nouvel opus. "J’aibeaucoup hésité à faire cette sui-te mais aujourd’hui c’est néces-saire d’essayer de nous replon-ger, en fiction, dans ce combatcontre la montée des extrémis-mes, avec une nouvelle formule :"seule la fraternité nous sauve-ra". S’il ne souhaite pas dévoilerle casting ("on va retrouver aumoins 50 % des personnages",concède-t-il), Alexandre Arcadyconfirme que le tournage auralieu à Marseille. "J’ai choisi Mar-seille parce que c’est une villetout à fait particulière, au centrede la Méditerranée. C’est une vil-le forte, importante, de mixité,qui pourrait basculer. Mais je nepense pas que Marseille bascule-ra..." Le tournage est prévu dé-but 2017. / PHOTO DAVID ROSSI

CONCERT

Alain Chamfort revisitéIl vient de sortir deux albums :un best-of et une compilationde certains de ses succès revisi-tés par des artistes de musiqueélectronique. Ce qui est assez lo-gique, au fond, pour un artistequi a toujours rassemblé les gé-nérations. Pianiste de JacquesDutronc, c’est dans les années70, grâce à Claude François,qu’il rencontrera ses premierssuccès. Par la suite, il croise lechemin de Serge Gainsbourg.Lequel lui écrira, entre autres,M a n u r e v a ( 1 m i l l i o nd’exemplaires vendus). Douzeans après Le Plaisir, Alain Cham-fort sortait l’an dernier un nou-vel album studio. Tout un uni-vers que le chanteur défendrasur scène, seul avec son piano,le 26 novembre à l’Espace Julienà Marseille. / PHOTO EDOUARD COULOT

➔ Tarif 43¤

HUMOUR

La troupe du JamelComedy Club à MarseilleLe Jamel Comedy Club n’en fi-nit plus de faire éclore les ta-lents. Depuis quelque temps, satroupe fait même le plein sur lesscènes de France. C’était le casau Silo l’an dernier. Le 9 novem-bre prochain, elle remet le cou-vert à Marseille, au même en-droit, avec en alternance, lbanIvanov, Foudil Kaibou, Youneset Bambi, Christine Berrou, Fa-dily Camara, Jason Brokerss, Fa-rid Chamekh, Jean-Philippe Visi-ni et Nick Mukoko.➔ Tarifs 34/39¤

Elie Semoun est particulièrement heureux de retrouver Marseille où il a beaucoup d’amis. / PH. C.DEMESME

SORTIE DE DISQUE

"Stachelight": "Il y a tout Deluxe dans l’album"

"Je suis dans mon rôlede bouffon de lasociété".

"J’ai vu son spectacle(celui de Dieudonné). Ila vu le mien. C’est tout".

Le groupe conserve la banane et la moustache qui font son identité. / PHOTO BOBY

33Lundi 1 Février 2016www.laprovence.com

Page 2: Lundi 1 Février 2016 Elie Semoun monstrueux · sont sacrément licencieux... Qu’est-ce qui les lie? C’est un peu mon créneau que de faire rire avec de la noirceur. C’est cinglant

T rente ans de carrière et unv i n g t i è m e a l b u m a ucompteur, le chanteur ori-

ginaire de Côte d’Ivoire, AlphaBlondy garde une "positive ener-gy" (titre de son dernier opus)égale à celle de ses débuts dansles années 80.

L’icône africaine, considéréecomme l’un des pères du reg-gae, continue de distiller son in-satiable envie de voir le mondeévoluer dans le bon sens.

Ce jeudi, Alpha Blondy estl’une des têtes d’affiche de lasoirée d’ouverture de la Fiesta.

❚ La 24e édition de la Fiestades Suds se nomme "Et si ons’aimait ?". Ce titre est-il faitsur-mesure pour vous ?En effet ! Notre monde connaîtune pénurie d’amour alors qu’àmon sens, le monde est créé surun socle d’amour. Distraits pardes futilités et des petites brou-tilles, nous avons oublié denous aimer. Nous devrionsconcentrer nos efforts sur cequi nous rapproche.

❚ Où puisez-vous votre énergiepositive et solaire ?Je suis très chanceux. J’ai très vi-te été adopté par le public. Sonamour et le respect qu’il a portéà mon travail m’ont propulsé.Je lui suis redevable. Partout oùje me rends, je souhaite remer-cier le public. Il y a des gens quiont tous les problèmes du mon-de mais qui trouvent de quoiacheter un billet pour venir mevoir. Je ne saurais jamais assezles remercier de l’amour dontje jouis. Cela fait partie de lamission que Dieu m’a donnée.Tout un chacun a une missiondivine même s’il ne s’en rendpas compte. La mienne, c’estde chanter et de donner du bon-

heur autour de moi.

❚ Vous êtes connu pour voschansons engagées. Ça fait par-tie aussi de "votre mission" ?En partie, oui. Dire aux person-nes qui m’écoutent que toutesces guerres sont idiotes. J’ail’impression que les hommespolitiques lorsqu’ils sont en cos-tume deviennent sourds et myo-pes. Ils n’ont pas la science infu-s e . J e s o u h a i t e a t t i r e rl’attention sur ce qui se passe.

❚ Vous n’avez pas envie debaisser les bras parfois ?Non, je ne désespère pas del’espèce humaine mais les hom-mes n’ont pas encore pris lapleine mesure de leur importan-ce. Dieu n’aurait pas créél’homme et la matrice reproduc-trice de la femme si l’être hu-main n’en valait pas la peine.L’homme est perfectible. Notreattention est attirée vers ce quine va pas autour de nous maistout n’est pas si mauvais.

❚ Quelle est la particularité se-lon vous de la musique reggae ?C’est une musique afro-améri-caine capable de regroupertout le monde, même les lais-sés-pour-compte. C’est un vraic r i d e r a l l i e m e n t d i v i n !D’ailleurs, tous les pays du mon-de ont un groupe de reggae, mê-me au Japon. Le reggae n’estpas une musique de mode carla souffrance comme l’espoirque nous chantons ne sont pasà la mode.

❚ Sur votre dernier album "Al-lah Tano" est l’une des chansonsmarquantes. Pouvez-vous nousraconter son histoire ?C’est un hommage à la femmela plus importante de ma vieaprès ma mère. Je veux parlerde ma grand-mère. C’est ellequi m’a élevé. Quand elle a quit-té ce monde, nous l’avons ac-compagnée au cimetière aveccette chanson. Je l’ai partagéeavec mon ami marocain IssamKamal, mon ami tunisien Naou-fel Mahbouli et Ismaël Isaac(autre grand nom de la scène re-ggae en Côte d’Ivoire, ndlr). Cet-te chanson, c’est aussi une fa-çon de glorifier Dieu. Dieu estun Dieu de tolérance. Sinon iln’y aurait eu qu’une seule espè-ce sur terre et c’était terminé. Ilaurait fait Alpha Blondy et c’esttout (rires).

Propos recueillispar Isabelle APPY

En concert à la Fiesta des Suds, au Dockdes Suds à Marseille, ce jeudi 15 octobreà partir de 19h (26,80¤).04 91 99 00 00www.dock-des-suds.org/fiesta2015/Dernier album "Positive Energy"sorti le 18 mai 2015 (Wagram Music)

Astérix est de retour et, com-me d’habitude, l’irréductible pe-tit Gaulois et sa bande devraienttout faire exploser sur leur pas-sage : les Romains bien sûr maisaussi les ventes de l’édition fran-çaise. Le 36e opus des aventuresd’Astérix, Le papyrus de César, si-gné, comme le précédent, parDidier Conrad au dessin etJean-Yves Ferri au scénario, sortle 22 octobre dans le monde en-tier. Le tirage initial est de 2 mil-lions d’exemplaires rien qu’enfrançais et de 4 millions encomptant les éditions en lan-gues étrangères. "Astérix estl’album de BD le plus vendu et leplus lu au monde", s’est félicitéehier son heureuse éditrice, Isa-belle Magnac, qui gère les édi-tions Albert-René.

Publié il y a juste deux ans, leprécédent album, Astérix chezles Pictes, le premier sans AlbertUderzo, s’est vendu à plus de5,4 millions d’exemplaires dansle monde en 24 langues et dia-lectes. Depuis la créationd’Astérix, en 1959, par le génialduo René Goscinny et AlbertUderzo, quelque 365 millionsd’albums se sont écoulés.

Guerre de communicationAprès la balade (mouvemen-

tée) dans l’Ecosse des Pictes, lenouvel album se déroule enGaule. La guerre des Gaules, lecélèbre et imposant ouvrage deCésar, a servi de point de départà cette nouvelle histoire qui vavoir Astérix et sa bande se colti-n e r a v e c l e s c i r c u i t s d el’information. Admiratif, AlbertUderzo, 88 ans, qui a posé sescrayons en 2010, s’est dit "bluf-fé" par la nouvelle intrigue et letravail "extraordinaire" de sonsuccesseur, Didier Conrad.

Le suspense reste entier sur le

contenu de l’album. "Nous vou-lons in fine réserver la primeurde la surprise du nouvel Astérixaux lecteurs", assure IsabelleMagnac. Mais déjà, quelquesnouveaux personnages émer-gent. Côté "gentils", il y a unjournaliste gaulois, Doublepolé-mix, qui veut faire éclater la véri-té. "Julian Assange a servi de mo-dèle à ce personnage", a expli-qué Jean-Yves Ferri qui a confiéque ce personnage avait faillis’appeler Wikilix, en référenceau site connu pour avoir publiédes documents classés secrets.Doublepolémix est le correspon-dant de L’écho de Condate, lupar le seul lettré du village, Ré-

zowifix, autre personnage à fai-re son entrée. L’album commen-ce avec la lecture publique dujournal et l’on remarque qu’uneseule chose intéresse les Gau-lois : l’horoscope. Ils ont tort carune nouvelle arme menace levillage encerclé par les arméesromaines : l’arme de la commu-nication. César va-t-il enfin réus-sir par ce biais à conquérir toutela Gaule ? L’empereur est aidépar un conseiller fourbe et mé-chant, appelé Bonus Promo-plus. "Comme disait Hitchcock,plus le méchant est réussi,meilleure est l’histoire. On adonc soigné notre méchant", ditJean-Yves Ferri. C’est le publici-

taire Jacques Séguela qui a serviphysiquement de modèle maisi l e s t p l u t ô t i n s p i r é d e"conseillers de l’ombre" commeHenri Guaino ou Patrick Buis-son. Promoplus est lui-mêmeaidé par un majordome, Quefait-lapolis, un Egyptien très stylé.Parmi les nouveaux Romains, ily a aussi le centurion Ultrade-tendus, pas forcément le plusguerrier des envahisseurs.

Jean-Yves Ferri qui vit dans lemidi de la France tandis que Di-d i e r C o n r a d h a b i t e a u xEtats-Unis, affirment qu’ils pen-sent déjà à un troisième albumen commun. Et, "ça parlera devoyage"...

CONCERT

Lara Fabian renoueavec la scène en 2016Avec son nouvel album Ma viedans la tienne, Lara Fabian, quia vendu 12 millions d’albums etchanté des tubes comme Im-mortelle, J’y crois encore, Jet’aime, Tu es mon autre et Ada-gio, sera en concert à travers laFrance, la Belgique et la Suisse.Le 22 mars prochain au Silo àMarseille, la chanteuse à la voixpuissante interprétera nou-veaux et anciens titres. / PHOTO GUILLAUME RUOPPOLO

➔ Le 22 mars 20h, Silo, Marseille. 45 à 67¤

THÉÂTRE

Avec "Nelson",de la comédie à l’OpéraL’institution marseil laises’ouvre à d’autres formes despectacles en accueillant la piè-ce Nelson de Jean Robert-Cha-rier, mise en scène par Jean Pier-re Dravel et Olivier Macé. Avecl’humoriste Chantal Ladesou,elle parle de deux familles diffé-rentes qui vont devoir se sup-porter lors d’un dîner et tenterde cohabiter. La première fa-mille est aisée, dirigée par unemère avocate qui est passion-née par l’argent. Et la deuxièmeest 100 % écolo (genre famillemodèle) passionnée par les mis-sions humanitaires.➔ Le 4 novembre à 20h à l’Opéra deMarseille. 30 à 39¤. Et avant, le mardi 20octobre, à l’Opéra d’Avignon.

SOIRÉE NRJ

Le DJ Martin Solveig enconcert à ... l’aéroport!La radio NRJ a fait le choix d’unlieu pour le moins insolite poursa soirée "Extravadance" du 5novembre prochain. En parte-nariat avec la direction, c’estdans le Hall 1 de l’aéroport Mar-seille-Provence, transformépour l’occasion en club géant,que le célèbre DJ françaisMartin Solveig jouera ses plusgrands tubes. La soirée est réser-vée aux auditeurs de la station.

/ PHOTO NICOLAS VALLAURI

RENCONTRES

Cinéma du Sudau fémininDernière ligne droite pour assis-ter aux dixièmes rencontresFilms Femmes Méditerranée.Cette année, ce sont 42 films,fictions et documentaires quisont présentés dans les ciné-mas partenaires et les centresde rencontre jusqu’au diman-che 18 octobre. Hors les murs,le cinéma féminin méditerra-néen s’exporte à Hyères les 15,16 et 17 octobre et à La Ciotat le25 octobre.

➔ Programmation :www.films-femmes-med.org

Ce sont des héros de papiermais ils sont immortels. Ilss’appellent Astérix, CortoMaltese, Lucky Luke, Blakeet Mortimer ou Iznogoud etpoursuivent leurs aventuresalors que leurs créateursont disparu. Dans ce mondeoù l’on ne meurt jamais, Tin-tin fait figure d’exceptionlui qui n’a plus parcouru lemonde depuis la mortd’Hergé en 1983. Ainsi, Luc-ky Luke, créé par le belgeMorris (mort en 2001) conti-nue son chemin solitaire. Leprochain album sortira chezDargaud en novembre 2016avec Jul au scénario etAchdé au dessin. Le grandvizir Iznogoud revient chezImav avec De père en fils.Et c’est le fils de son créa-teur Jean Tabary, décédé en2011, qui tient les pinceaux.Pour revoir Corto Maltese,le marin ténébreux de HugoPratt, décédé en 1995, ilaura fallu attendre 20 ans.Sous le soleil de minuit (Cas-terman) des Espagnols JuanDiaz Canales et Ruben Pelle-jero est sorti le 30 septem-bre. Ce phénomène concer-ne aussi Blake et Mortimer,du Belge Edgar P. Jacobs,repris dès la mort de leurcréateur en 1987. Chez Dar-gaud, Laurent Verro pour-suit la reprise de Boule etBill, de Jean Roba, décédéen 2006, et Serge Carrèrea repris Achille Talon, créépar Greg disparu en 1999.Le Gaulois Alix, parfaite-ment intégré à la société ro-maine, a survécu à JacquesMartin, mort en 2010.

Jean-Louis Aubert qui figu-rait parmi les invités duconcert événement desAmazones d’Afrique aucôté de Tiken Jah Fakoly,Mouss & Hakim de Zebda,a annulé sa participationpour des "raisons de san-té". Le concert des Amazo-nes est prévu le vendredi16 octobre à partir de 19hau Dock des Suds.

BANDE DESSINÉE

Par Toutatis ! revoilà Astérix

A 62 ans, le reggaeman ivoirien à la carrière internationale, connu également pour son franc-parler etses prises de position politiques, revient sur scène avec un album chanté en quatre langues. / PHOTO DR

Le 36e opus des aventures d’Astérix, "Le papyrus de César", sort le 22 octobre.

HÉROS IMMORTELS

Alpha Blondy, tel un messieLa légende du reggae africain ouvre la 24e édition de la Fiesta des Suds ce jeudi 15 octobre

DERNIÈRE MINUTE

Spectacles 29Mardi 13 Octobre 2015www.laprovence.com

Page 3: Lundi 1 Février 2016 Elie Semoun monstrueux · sont sacrément licencieux... Qu’est-ce qui les lie? C’est un peu mon créneau que de faire rire avec de la noirceur. C’est cinglant

F raîchement nominé auxNRJ Music Awards dans larubrique "Artiste masculin

français de l’année" aux côtés deKendji Girac, M. Pokora et Sopra-no, le rappeur du groupe Sexiond’Assaut, est sur les routes pourla prolongation de sa tournée.Lancé en 2014 dans une carrièresolo, sur les pas de Maitre Gims,l’artiste multiplie depuis la ren-trée les propositions musicales.Il signe notamment le génériquedu film Les Nouvelles Aventuresd’Aladin avec Kev Adams (en sal-les le 14 octobre) et la reprise dutitre Dans ma rue de Doc Gynécosur l’opus Affaire de famille, enhommage au collectif hip-hopSecteur Ä (album dans les bacs le13 novembre).

❚ La période est chargée pourvous !Disons que c’est la reprise. Enseptembre, j’ai pris quelquesjours de repos qui n’en étaientpas, puisque je me suis retrouvésur la tournée de promotiond’Aladin avec Kev Adams.

❚ Vous avez déjà mentionné vo-tre rêve de faire du cinéma. Finale-ment, ce générique, c’est une for-me de lancement ?C’est vrai que c’est un universqui m’attire mais je pense que jevais devoir être patient. J’ai reçudes propositions. Des petitstrucs, des gros trucs. Mais pourl’instant, rien de concret.

❚ En un an, vous êtes devenu unartiste incontournable auprès dela jeunesse. Comment vivez-vousce succès ?J’en suis fier. C’est un kif, je profi-te de chaque instant. Beaucoupde personnes ne s’y attendaientpas, dont moi. Disons que je nem’attendais pas à ce que celaprenne de telles proportions.

❚ Vous êtes un des artistes lesplus diffusés sur les radios musi-

cales. De quel œil voyez-vous lesnouvelles règles décidées cette se-maine en termes de quota ?Ce n’est pas un problème si celaaide à découvrir de nouveaux ta-lents. A l’époque où Sexiond’Assaut ou moi n’étions pasconnus, nous aurions aimé enbénéficier. Il y a de la place pourtous !

❚ Vous participez à l’opus enhommage au collectif hip-hop duSecteur Ä. Comment avez-vousabordé la reprise du titre "Dansma rue" de Doc Gynéco ?Les producteurs m’ont contactéet m’ont proposé le projet dansson ensemble. Quand ils ontmentionné "Secteur Ä", j’ai rêvéun peu plus. J’étais un grand fande Stomy Bugsy quand j’avais14-15 ans et je m’étais rendu àl’Olympia lors du concert que le

collectif avait donné le 22 mai1998. La reprise du titre de DocGynéco s’est fait très naturelle-ment. J’y ai pris plaisir et, avecmes 30 ans, je me suis mieux ren-du compte du message.

❚ Quelle a été votre réactionquand Doc Gynéco s’est désolidari-sé du projet sur les réseaux so-ciaux ?Je ne me suis pas senti visé parses propos et je ne l’étais pas.Bien sûr, j’ai été choqué et j’aitrouvé bizarre que la productionet lui ne soient pas en accord. Jeme suis mangé pas mal de com-mentaires après la sortie du sin-gle. De lui-même, Doc Gynécol’a vu et a répondu. A partir de cemoment, je me suis calmé.

❚ Où en est la préparation de vo-tre deuxième album ?

J’ai le titre : "l’Eternel insatisfait"!Pour l’instant, les textes et les mé-lodies sont sur mon téléphone.Le reste est encore en construc-tion dans ma tête. J’aimerais ren-trer en studio en janvier pourune sortie de l’album fin 2016.

❚ Et en ce qui concerne "Le re-t o u r d e s r o i s " d e S e x i o nd’Assaut ?On en discute assez souvent.Nous avons tous envie de le fairemais ce qui bloque, ce sont nosemplois du temps. Nous aime-rions que sorte en même tempsun film qui raconterait toutel’histoire de Sexion d’Assaut.Pas de A à U mais de A à Z.

Recueillis par Isabelle APPY

Black M en concert à Martigues lesamedi 3 octobre à 20h, à Digne le jeudi22 octobre à 21h (32/39¤).

Black M sur un tapis magiqueSurfant sur son succès, le chanteur en profite pour prolonger sa tournée

Un jour, Marc Fayet s’est lan-cé un "défi idiot ": écrire sur lethème déjà très vu et corrigé ducouple. Ainsi germe Des Gens in-telligents. En avril dernier, lapièce, née de cette gageure per-sonnelle, est récompensée duMolière 2015 de la meilleure co-médie. "Quand on est auteur,on aime bien s’infliger des chal-lenges, jouer avec sa propre ima-gination, explique le dramatur-ge, lui-même comédien dans sapropre pièce. J’ai dit que c’étaitun "défi idiot". Le terme estpeut-être un peu fort maisc’était pour moi presque un exer-cice de style. Je voulais voir ceque j’étais capable d’apporterau sujet, sans me renier dansl’exigence. La statuette, c’estau-delà de mes espérances".

Le couple qu’il met en scène,c’est celui formé par David etChloé. Des gens d’exceptionmalgré une histoire très banale.David a décidé de se séparer deChloé parce qu’ils sont arrivés,selon lui, "au bout du meilleur"de leur relation. Chloé, jeunefemme habile et déterminée,ne l’entend pas de cette oreille.Et autour d’eux, leurs couplesd’amis se retrouvent un peu em-bêtés. "C’est la représentationdu couple le plus apparemmentéquilibré. Un couple bien soustout rapport et qui cherche à évi-ter les conflits. David est persua-dé que si on raisonne bien, onvit bien, mais le raisonnementpeut enlever la passion dès lorsque le discours est bien argu-menté." Chloé va donc prendreau mot son compagnon, ren-

trer dans son jeu pour mieux dé-monter sa machine. Une histoi-re du couple, de ce qu’ils se di-sent, de ce que l’on dit d’eux etde ce qu’ils s’entendent dire.

Dans ce huis clos conjugal,mis en scène par José Paul,l’humour est présent, l’ironiesous-jacente. En atteste la distri-bution des personnages dontles caractéristiques réperto-rient les menstruations des fem-mes, le poids des hommes etpour chacun, leur quotient in-tellectuel, supérieur à la moyen-ne. Alors, si "les histoiresd’amour finissent mal en géné-ral", la donne serait-elle diffé-

rente et plus policée quand onest un couple d’"intelligents "?Finiraient-elles, tout court ?"Les personnes dites intelligen-t e s s a v e n t p a r l e r , b i e ns’exprimer mais dans la maniè-re dont elles mènent leur vie, el-les agissent parfois comme desimbéciles, conçoit Marc Fayet,qui assure lui-même ne pasconnaître son QI. Avec un excèsd’intelligence, on peut perdrel’essentiel. L’émotion."

À trop parler de ce qui se ca-che sous la peau des personna-ges quand on gratte un peu, onen oublierait presque que c’estune pièce humoristique. "Une

vraie, une vraie comédie" ponc-tue l’auteur, si nous venions àen douter . Sur le papier ,d’après les critiques et les pro-fessionnels qui l’ont saluée enavril dernier, la pièce a toutpour séduire. Une comédie demœurs, destinée à un publicqui veut de plus en plus trouverdans le théâtre privé un objetde divertissement. Et quelmeilleur divertissement et exu-toire que celui du couple ? I.A.

Du lundi 5 au samedi 10 octobre à 20h30(mercredi 7 octobre à 19h).Supplémentaire samedi 10 octobre à 15h.Théâtre du Jeu de Paume, Aix. (9 à 35¤)

Contrebassiste et composi-teur, Christian Brazier garde lecap de sa traversée musicale aulong cours. L’artiste marseillaisrevient sur la scène avec un nou-vel album, Septième vague(ACM/Socadisc), qui fait souf-fler un vent de fraîcheur et de li-berté dans le petit monde dujazz. Après avoir rendu un vi-brant hommage au navigateuret écrivain Bernard Moitessierdans son disque précédent (Cir-cumnavigation), Christian Bra-zier continue sa route avec une"vague" qui, selon lui, "est la plusbelle, la plus libre, la plus porteu-se". Ce chiffre marque aussi unenouvelle étape dans sa produc-tion discographique puisqu’ils’agit en fait de son septième al-bum. "C’est bien sûr un homma-ge au monde de la mer, consentle musicien, mais c’est aussi unclin d’œil à l’époque de la Nouvel-

le vague". L’un des titres, J’saispas quoi faire, fait directementréférence à cette période.Accompagné quasiment par lemême équipage que pour sa pré-cédente création (à l’exceptiondu batteur Dylan Kent), Chris-tian Brazier privilégie le sens dela mélodie à l’image du premiermorceau, D’août, inspiré, lyri-que, mais sans trop d’emphase.Les titres s’enchaînent avec unegrande fluidité, démontrant lacohérence d’un projet maîtriséde bout en bout . On aural’occasion de le vérifier demainlors du concert de présentationcoproduit par le Cri du Port etCharlie Free à Vitrolles. Embar-quement immédiat pour unvoyage musical apaisant. Ph.F.

Demain, 21h, Le Moulin à jazz, Vitrolles,Domaine de Fontblanche. 10/12¤.04 42 79 63 60

Johnny Hallyday fait durer leplaisir. Et ce ne sont certaine-ment pas ses fans - toujours aus-si nombreux - qui s’en plain-dront. On a appris hier, que no-tre rocker national avait ajoutéune date supplémentaire à sonconcert prévu l’an prochain àMarseille. On pourra donc levoir au Dôme, les 5 et 6 février2016. A plus de 72 ans, l’artistereste l’une des icônes embléma-tiques de la chanson française,un monument dans le patrimoi-ne de la variété. En répétition àNice depuis mardi, c’est danscette même ville, au Palais Ni-kaïa, qu’il a décidé de lancer satournée, aujourd’hui et demain.Malgré les années qui défilent,l’envie de partir à la rencontredu public est toujours intacte.En juillet dernier, l’artiste avaitchoisi la région avec les arènesde Nîmes pour démarrer sa tour-née.En cuir noir et lunettes sombres,sa panoplie habituelle, dans uneépaisse fumée blanche, au-des-sous d’une batterie en lévita-tion, le rocker avait fait une en-trée remarquée.Pour sa tournée estivale, la 182e

de sa longue carrière, JohnnyHallyday avait volontairementlaissé de côté les effets spéciaux.Misant sur un rock pur et dur,l’état brut. Sans décorum, sansemphase, il avait pendant ces2h15 de concert (rappel com-pris) pris un plaisir évident àchanter quelques-uns des titresde son dernier album, Rester vi-vant, sans délaisser les tubesinoxydables ayant assuré sonsuccès. Comme J’ai oublié de vi-vre (1977), Oh ma jolie Sarah(1961) ou Le Pénitencier (1965).Pour les nouvelles dates prévuesen 2016, on parle d’un revival deson répertoire habituel. Aprèsplus de 50 ans de carrière, des en-nuis de santé à répétition et unevie amoureuse ayant bien ali-menté les gazettes, Johnny Hally-day reste droit dans ses santiags.Son dernier album, le 49e de sonimmense carrière (au moinsdans sa longévité, n’en déplaiseà ses détracteurs) s’est écoulé àplus de 600 000 exemplaires.

Les 5 et 6 février, 20h, au Dôme,Marseille. De 42 à 150¤.Locations aux points habituels et surwww.adamconcerts.com

Après la réédition de son premier album solo "Les Yeux plus gros que le monde" vendu à plus de600000 exemplaires, Black M prépare un deuxième opus pour la fin 2016. / PHOTO ARCHIVES/ALAIN PISTORESI

L’équipage de "Nouvelle vague", réuni autour du contrebassisteet compositeur Christian Brazier. / PHOTO THIERRY GARRO

Johnny Hallyday a enchaîné cet été les festivals. A Nîmes, enjuillet dernier, il avait fait forte impression. / PHOTO CYRIL HIELY

Avec "Des Gens intelligents" mis en scène par José Paul, l’auteur et comédien Marc Fayet expose uneversion moderne du couple. Une thématique qui n’a pas fini de nous faire rire. / PHOTO DR

THÉÂTRE

"Des Gens intelligents": la drôlede mécanique du couple moderne

JAZZ

Christian Braziermaintient le cap

CHANSON

Date supplémentairepour Johnny Hallyday

Spectacles40 Vendredi 2 Octobre 2015www.laprovence.com

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C e n’est pas la bouche mais la têtequ’il a en forme de cœur. Le petitbonhomme est de partout : sur la

pochette de l’album de Dionysos sortien janvier, sur le Journal d’un vampireen pyjama de Mathias Malzieu paru enmême temps chez Albin Michel et surles affiches des concerts. Il lève les brasvers le ciel en signe de V, victoire.

Plus qu’un dessin, c’est un symbole.Celui d’une renaissance. Un comblepour Dionysos dont l’étymologie signi-fie "né deux fois". En novembre 2013,Mathias Malzieu, le chanteur du groupede rock, est diagnostiqué comme étantatteint d’une aplasie médullaire, unemaladie du sang très rare. Seule une gref-fe de moelle osseuse lui sauve la vie. Leleader n’a cependant jamais cessé decréer. Aujourd’hui encore, plus que ja-mais.

❚ Comment se sont articulées l’écrituredu livre et la composition de l’album ?J’ai commencé à écrire ce journal dèsque j’ai eu le diagnostic. Comme je mesuis retrouvé à avoir des transfusions,j’ai tout de suite eu cette idée du vampi-re parce que j’avais besoin du sang desautres. Au début c’était simplement desnotes et puis le journal est devenu un re-père pour moi. Les chansons, ça s’estfait dans un deuxième temps, comme sij’avais réanimé mon envie créative avecle journal. Pendant la greffe et les cinqnouvelles semaines de chambre stérile,le groupe a travaillé sur les huit premiè-res chansons que j’avais faites guita-re-voix et ukulélé voix. Et ils ont com-mencé à faire des arrangements. Mêmedans un moment d’isolement aussi ex-trême qu’une greffe de moelle osseuse,j’ai continué d’écrire des chansons etj’ai reçu les arrangements du groupe. Le"normal extraordinaire" dont je rêvais,c’est-à-dire retourner à ma vie d’avant,écrire des chansons et des livres, fairedes films, ne s’est pas totalement arrêté.

❚ Comment le groupe s’est-il retrouvédans cette expérience qui vous est trèspersonnelle ?Dionysos a toujours fonctionné commeça. J’ai toujours donné toutes mes chan-sons au groupe sans trier. Enfin si ! Jefais mon tri d’élans et d’envies. Cellesqui arrivent jusqu’au groupe, ce sont dé-jà des bons spermatozoïdes de chan-sons (Rires). Ensuite, il y a un deuxièmetemps créatif où chacun se réapproprieles choses. Ici, c’était un peu plus extrê-me que d’habitude parce que l’enjeuétait primordial. Ce n’est ni un livre niun disque sur une maladie mais sur unerenaissance et les moyens qu’on met en

place pour résister. C’est un acte de rési-lience au final cet album. De mon côté,il fallait que ça sorte et j’ai dit au groupeque je ne serais pas du tout sincère sij’écrivais des chansons qui n’étaient pasconnectées à cet élan de renaissance. Fi-nalement il n’y a pas eu de questions, ona commencé à travailler comme avantmais à distance, avec la même intensité.

❚ Comment décririez-vous cet album ?C’est un album de western pop qui utili-se le côté épique du western pour dire lecombat. Je trouve que ce n’est pas un al-bum noir. Pour moi, Monsters in love(2005, ndlr) est beaucoup plus sombre.

Celui-là a une certaine douceur. Au fi-nal, c’est l’album peut-être le plus lumi-neux et le plus pop du groupe même s’ily a des climats cinématographiques etdes titres plus sombres comme "DameOclès"…

❚ Comment doit-on aborder le disque etle livre ? Séparément ? Ensemble ?Il n’y a rien qui est excluant, il y a justedes propositions de connexions. J’aimebien qu’il y ait des chasses au trésordans les deux sens. J’aime ce côté "bou-teille à la mer" avec des énigmes émo-tionnelles, comme une espèce de polar.Mais le projet est assez différent de LaMécanique du cœur qui était la bandeoriginale du livre.

❚ Comment vivez-vous le retour sur scè-ne ?C’est assez fou. C’est une validationd’un retour à la vie, celle qui me plaît. Legroupe a 23 ans. Le dernier concert quej’avais fait avant les soucis de santé,c’était à Valence pour les 20 ans du grou-pe. Ce retour sur scène est très chargé enémotion et le groupe est une deuxièmefamille qui m’a soutenu. Je suis contentde partager cette émotion avec eux.

❚ On vous sent toujours aussi insatiableen matière de création. C’est le cas ?Et c’est devenu pire qu’avant ! Et mieux.Pire ou mieux. Maintenant que je retrou-ve un peu mes forces, j’ai envie de faireles choses à fond, je ne supporte plus deralentir. J’ai envie d’explorer plein dechoses d’un point de vue créatif. Cet ap-pétit est aussi exacerbé pour la vie ! Monjoli problème est d’arriver à doser. Je pré-fère avoir à doser des projets que des mé-dicaments... que je dose encore un petitpeu, même si ça s’est considérable ré-duit et allégé. J’ai une vie normale main-tenant. Recueilli par Isabelle APPY

Demain 20h, Théâtre Silvain, Marseille. 33¤

Mathias Malzieu et Dionysos ont retrouvé la scène et leur public au printemps.Ils sont en concert demain au théâtre Silvain à Marseille. / PHOTO DR

Dionysos, la résilience du cœurCONCERT Passé par la maladie, Mathias Malzieu, le leader du groupe de rock, retrouve la scène

Culture

CONCERTS

Tous ensembleavec Kendji au DômeAvec plus de deux millionsd’albums vendus et une premiè-re tournée jouée à guichets fer-més, en plus de quelques datesestivales dont les arènes de Nî-mes le 13 juillet, Kendji M don-ne à nouveau rendez-vousl’année prochaine pour unetournée dans les grandes villesintitulée Ensemble, du nom deson deuxième album. A Mar-seille, ce sera le 7 février 2017.➔ Le 7 février 2017 à 20h, Le Dôme,Marseille. 39 à 55¤

Jenifer de retoursur scèneQuatre ans après son dernier al-bum de chansons inédites,L’amour et moi, Jenifer, la chan-teuse et ex-jury de l’émissionThe Voice, est en studio pourson septième album, attendupour octobre 2016. Le premierextrait Paradis Secret, composéet écrit par Emmanuel Da Silva,Jenifer et F. Fortuny, a été dévoi-lé il y a quelques jours, en seclassant directement n°1 desventes de singles. Sa tournéepasse le 15 février par le Silo àMarseille. Les billets sont à lavente dès demain à 10h surwww.livenation.fr et dans lespoints de vente habituels.➔ Le 15 février 2017, Le Silo, Marseille

33Jeudi 23 Juin 2016www.laprovence.com

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Tomber sur un répondeur, desurcroît quand c’est celui d’unartiste, n’est pas toujours desplus amusants. Le plus souvent,dès les premiers mots pré-enre-gistrés d’une messagerie vocale,on a compris que ce n’est paspossible, on raccroche molle-ment en se disant qu’on devrafixer un nouveau rendez-vous.That’s life.

Ça, c’était avant de tombersur la messagerie du téléphonefixe d’Har Mar Superstar quiavait sonné en vain ce midi-làquelque part dans le Minneso-ta. "Hey, c’est Sean ! Heu… En-voyez-moi un sms et si possibletentez de ne pas laisser un messa-ge si vous n’en avez pas besoin.Surtout rappelez-vous, ces quel-ques mots de TLC : ’Wanna getwith me with no money ! ohnoooo!’" Une voix totalement al-lumée qui chante le couplet deNo Scrubs (Pas un looser) sur samessagerie ? Cette fois-ci, onn’avait peut-être pas eu notregars au téléphone mais, on le te-nait bien. Il faut le rappeler quel-ques jours plus tard, toujoursvers midi, pour qu’il décrocheaussitôt. Il va bien et il est entrain de boucler ses valises pourprendre un vol en direction deParis. C’était il y a quelquesjours, juste avant que le chan-teur américain n’investisse laGaieté Lyrique, à Paris le 24 maiet qu’il ne commence sa tour-née en France. Celle-là mêmequi le conduit demain au Théâ-tre Silvain à Marseille en ouver-ture des soirées estivales organi-sées par Borderline. "Je suis si ex-cité de revenir en France ! assu-re-t-il. Le public a une vraie com-

préhension de ce que sont la mu-sique et l’art. Il est toujours trèsrespectueux. Cette fois-ci, je re-viens avec une bande de musi-ciens, nous serons sept sur scè-ne !" Dans la bouche du chan-teur qui travaille en indépen-dant aux États-Unis, ces motssont porteurs d’une certainefierté. Et s’il n’a pas vraiment lelook de l’emploi tel qu’on s’y at-tendrait, Har Mar Superstar, deson vrai nom Sean Tillman, estun véritable show man qui peutfinir ses concerts en petite te-nue après avoir enflammé le pu-blic. Actif dans la musique de-puis le début des années 2 000,

c’est son dernier album Bye Bye17 à l’esprit résolument soul,qui l’a révélé en France.

Cette année, il revient avecBest Summer Ever, un sixièmeopus studio dans lequel il explo-re ses "plus grands tubes" des an-nées 50 jusqu’aux années 80.Une machine à remonter letemps totalement fantasque etredoutablement efficace. "J’aitenté de faire quelque chose quirésonne quelque part avec monenfance, avec comme influenceStevie Wonder par exemple, ex-plique le chanteur qui a collabo-ré une nouvelle fois avec JulianCasablancas, créateur du grou-

pe The Strokes et fondateur dulabel Cult Records sous lequel ilsigne. Au départ, c’est juste uneidée qui m’est venue comme ça.Et puis parce que ça donnaitquelque chose de tellement diffé-rent, je me suis dit qu’il fallait laréaliser et que la productionn’en serait que plus amusante !"Pour travailler, Sean Tillman estretourné s’installer dans le Min-nesota, à l’endroit même oùHar Mar Superstar a vu le jour,dans la banlieue de St. Paul, enréférence au nom d’un centrecommercial. "C’est définitive-ment un retour aux sources, ana-lyse le chanteur. J’aime être icipour faire de la musique. Lesgens sont habitués à travaillerdur, ils prennent du temps pourleur art." De Best Summer Ever,il ressort des sonorités musica-les qui explorent la pop des an-nées 80 avec bonhomie. Tant etsi bien que le magazine Les In-rocks a, la semaine dernière,comparé l’artiste à un Prince ouun Katerine bien de chez nous.Sean Tillman conserve une iro-nie mordante dont le titre It wasonly dancing (sex) et le clip quil ’ a c c o m p a g n e s o n tl’illustration : les bandes defilles et de mecs qui s’affrontentdans un pub autour de la mêmefemme, blousons en cuir, lunet-te de soleil et bruitages sonoresdignes des meilleures comédiesmusicales de l’époque. Voilàpour le clip. Rendez-vous surscène. Isabelle APPY

En concert demain (avec Gaspart Royantet Super Soul) + apéro-mix à partir de18h. Théâtre Silvain, Marseille

Avec Har Mar Superstar, l’été sera acidulé

Son dernier album a quelquechose d’un inventaire à la Pré-vert. En bon artisan qui cent foissur le métier remet son ouvrage,Richard Lesage y dresse, à sa ma-nière, la liste de ses "petites his-toires" de la vie. Ma liste, c’estprécisément le titre de ce qua-trième opus aux sonorités dou-ces - comme sa voix de crooner- aux mélodies bien travailléeset finement arrangées aux tex-tes inspirés mais sans préten-tion qui nous parlent encore ettoujours d’amour, de bonheur,de solitude. Dans La liste desgens qui m’ennuient, le mor-ceau qui ouvre l’album, RichardLesage énumère sans méchan-ceté (ce n’est pas le genre dubonhomme) mais avec maliceet humour ces petits travers dela bêtise humaine qui pourris-sent parfois nos journées.L’homme, d’un tempéramentgénéreux, s’inscrit dans une vei-ne romantique de chanteur decharme, et il assume parfaite-ment cette particularité. Sonclip, 100 000 façons, parfaite-

ment chorégraphié, au swing or-chestral bien réglé, nous donneune meilleure idée du sens pré-cis qu’il attache à la mise en scè-ne en particulier et au monde ar-tistique en général, en soignantles moindres détails, en appor-tant une touche esthétique trèsparticulière en dehors de la seu-le musique. Auteur, composi-teur, interprète, l’artiste qui vità Bouc-Bel-Air trace son sillonau fil des ans, patiemment et sû-rement. Sans faire de tapage mé-diatique. On le suivra sur la rou-te des concerts qu’il donnerabientôt dans la région. On le ver-ra notamment cet été à Vtrollespour le festival des Nuits du ro-cher, le 22 juillet, en premièrepartie d’une soirée-hommageconsacrée à Michel Berger.

En ce début de semaine, Ri-chard Lesage va s’atteler au tour-nage d’un nouveau clip de "sa"Liste. Une façon comme uneautre de boucler la boucle.

Ph.F.

Fan club Richard Lesage sur Facebook

O n l’a connu sur scène, ensolo ou trio avec Eric Col-lado et Jean Dujardin

avant qu’il ne passe par la caseciné (Brice de Nice) et télé, no-tamment avec la série Fais pasci, fais pas ça, sur France 2.Bruno Salomone revient auone-man-show avec son hu-mour décapant et décalé pourune tournée "Euphorique", titrede son nouveau spectacle quipasse par la région.

❚ "Euphorique", est-ce le motqui correspond le mieux à votreétat d’esprit du moment ?En fait , le titre du spectaclevient de l’histoire. Je raconte lerécit d’un enfant qui est né enriant et qui va passer sa vie sur lemême registre. C’est-à-dire qu’ilne pourra jamais manifester sesémotions autrement qu’enriant.

❚ D’où vous est venue cetteidée un peu singulière ?Les gens pensent souvent qu’entravaillant dans le domaine del’humour, on passe sa vie à rire.Un jour, au cours d’une inter-view, un journaliste m’a deman-dé quel était "mon plus vieux fourire". Je lui ai répondu qu’en fait,j’étais né en riant. Certains ontpensé que c’était vrai. Je me suisdit alors qu’on pouvait y croire,que c’était plausible.

❚ Cela vous amuse-t-il de balan-cer de fausses vérités sur votrevie ?À moins d’avoir une vie de din-gue, j’estime que la miennen’est pas un intérêt énorme. Jepréfère aller dans l’évasion, leféerique, Mon spectacle a quel-que chose du conte de Perrault,version comique.

❚ Dans ce spectacle, vous inter-prétez une foule de personnagesdifférents...

Je fais 43 personnages pour expli-quer le parcours d’une vie, ceuxque l’enfant va croiser dans sonexistence. En fait,il y a des gensqui vont adorer, d’autres qui se-ront agacés, certains qui tente-ront de faire des expériences. Enmême temps j’entretiens unesorte de mystère autour du per-sonnage central. Parmi les per-

sonnages évoqués, il y a aussides Marseillais.

❚ Marseille, c’est aussi la villede votre enfance ?Oui, c’est une partie de ma viepuisque j’y ai grandi. J’y ai enco-re de la famille. En fait je fais unpeu ma mayonnaise avec lesgens réellement croisés et ceux

que j’ai pu inventer.

❚ Comment définiriez-vous vo-tre univers ?Je suis un peu dans le conte,dans l’humour décalé, dans lescoulisses de la télé. Il y a aussiquelque chose qui tient del’univers de la BD, mais ce n’estpas du cartoon.

❚ Votre carrière d’acteur est-el-le provisoirement mise entre pa-renthèses ?Au contraire, je ne fais que cela.C’est même ma prestationd’acteur la plus performante.On peut faire du café et mangerdu chocolat en même temps, cen’est pas antinomique.

❚ Que vous apporte la scène, aufinal ?Elle me met en état de transe ab-solue, c’est de la haute voltige,c’est là où on se surpasse. Le ci-néma demande une autre éner-gie. Il faut savoir doser ses effets,savoir être plus mesuré. Sur lascène, on peut y aller à fond.

❚ Pourquoi avez-vous choisides petites salles ?Il faut y aller étape après étape,même si le spectacle est bien ro-dé. Je préfère une petite sallepleine qu’une grande à moitié vi-de.

❚ Entretenez-vous toujours desliens forts avec Eric Collado etJean Dujardin ?On est toujours potes. L’idée dedépart était que chacun puissefaire sa vie, ce qu’on a fait.J’estime avoir de la chance depouvoir vivre aujourd’hui de cemétier. C’est un luxe de fou. Recueilli par Philippe FANER

Demain et mercredi 1er juin à la salleOmega live de Toulon. Du 2 au 4 juin à21h30 au Quai du rire, 16 Quai de RiveNeuve, à Marseille (7e). 04 91 54 95 00

MENTALISME

Thierry Collet lit dans les pensées et les téléphonesLes artistes savent eux aussi s’adapter aux nouvelles technologies.Dans son spectacle Je clique donc je suis, le mentaliste et magicienThierry Collet M ne se prive pas de lire dans les têtes et dans lesportables des spectateurs. À la différence d’autres représentationsoù l’on demande au public d’éteindre les portables, lui recomman-de de les laisser allumés pour mettre en place des numéros propre-ment déroutants. Entre magie et science-fiction, il nous promènecomme il veut. Tout en nous interrogeant, dans le même temps,sur notre rapport aux nouvelles technologies. / PHOTO DR

➔ Demain à Fos, le 1er juin à Istres, le 2 juin à Miramas.

THÉÂTRE

Un projet d’envergure amorcéentre le théâtre du Chêne Noir et la ChineGérard Gelas, directeur du théâtre du Chêne Noir à Avignon, ainsique son fils Julien, ont été invités par Liu Zongtao, directeur duplus grand théâtre (1 200 places) de l’agglomération de Qingdao,en Chine. Un projet de festival franco chinois Pékin-Qingdao, Pa-ris-Avignon, ainsi qu’un partenariat de coopération artistique se-raient déjà dans les tuyaux. Le début d’une longue histoire artisti-que entre Avignon et la Chine ?

À Toulon, les spectacles sont aussi dans la rueLe théâtre Liberté, à Toulon, met en place une programmation mé-diterranéenne gratuite et en plein air dans le centre-ville de Tou-lon, du 2 au 30 juin. Sur la place Liberté et au théâtre du mêmenom, le public est invité à découvrir, le 2 juin à 16h, le programmede la prochaine saison, à fêter le cinquième anniversaire du théâ-tre et en même temps l’obtention du label "scène nationale". Le 4juin, à 20h, le groupe Imarhan sera présent sur la place Puget pourun concert hors les murs. Il fera entendre des sonorités venues

d’Algérie, d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique subsaharienne.

➔ Théâtre Liberté, place de la Liberté, Toulon. 04 98 00 56 76. www.theatre-liberte.fr

Bruno Salomone continuedans sa veine "Euphorique"Le comédien revient à la scène en solo, avec un humour décapant et décalé

Sur scène comme en studio, le chanteur défend les couleurs d’unevariété française, sensible et populaire. / PHOTO PASCAL BALLAY

CHANSON

Richard Lesagetrace sa route

Actif dans la musique depuis le début des années 2 000, c’est sondernier album "Bye Bye 17", qui l’a révélé en France. / PHOTO DR

Dans son spectacle, Bruno Salomone joue 43 personnages. "Surla scène, on peut y aller à fond", déclare-t-il. / PHOTO DR

Culture 35Lundi 30 Mai 2016www.laprovence.com

Page 6: Lundi 1 Février 2016 Elie Semoun monstrueux · sont sacrément licencieux... Qu’est-ce qui les lie? C’est un peu mon créneau que de faire rire avec de la noirceur. C’est cinglant

C ette année, il y a des soirsoù Christophe Alévêquen’avait pas forcément en-

vie de monter sur scène. "Ilnous manque plus qu’un krachboursier et on aura eu la totale"analyse-t-il caustique. Pourtantson arme fatale, c’est l’humourqu’il décline en plusieurs nuan-ces : noir, corrosif, vital. Débutjanvier, sur les bases d’une so-ciété bouleversée, il crée Ça iram i e u x d e m a i n . D a n s c estand-up nourri par l’actualité,l’humoriste décortique le mon-de, avant de partir en quête deses rêves les plus extravagants.U n s a v a n t m é l a n g ed’inconscience politique et deconscience onirique. Pour no-tre plus grand bien.

❚ "Ça ira mieux demain". Voilàun drôle de titre pour un specta-cle. Quel rapport a-t-il avec lachanson d’Annie Cordy ?J’ai repris cette chanson parceque j’aime bien ses paroles dé-suètes et d’une simplicité totale-ment naïve par rapport àl’époque dans laquelle nous vi-vons. Comme dans beaucoupde chanson naïve, on en revienttoujours à l’essentiel. Elle ditdes choses d’une sagesse terri-ble : profitons-en maintenantcar après il sera trop tard.

❚ À quel moment la chan-tez-vous ?Ça, je ne peux pas vous le dire !Ça fait partie des surprises duspectacle... Sur scène, j’ai un pia-no qui me sert de repère. Il sym-bolise en quelque sorte mon rê-ve. Je lui tourne autour, je luiparle. Pendant des années,

j’étais accompagné de musi-ciens. J’ai décidé de revenir auxfondamentaux : je me suis remisau piano. Mon rêve à moiquand j’étais plus jeune, c’étaitd’être grand concertiste interna-tional.

❚ Comment avez-vous travaillél’écriture de ce spectacle ?J’ai commencé par la fin en me

posant la question de ce que jevoulais raconter. Dans ce spec-tacle, tout en racontant des hor-reurs pendant une heure et de-mie - les horreurs, c’est le mon-de qu’on est malheureusementen train de vivre - je voulais par-ler de rêve et d’imagination.C’est un spectacle qui sert à cre-ver l’abcès. Une fois qu’on a cre-vé l’abcès, on se sent mieux et,

je l’espère, plus léger et optimis-te.

❚ Vous êtes-vous posé la ques-tion des limites de l’humour ?Effectivement, je me suis poséla question des limites de monmétier et surtout de son utilité.Au mois de janvier, après les at-tentats de Charlie Hebdo, j’étaistellement effondré que je me

suis demandé ce je faisais surscène. Je trouvais mon métier fu-tile et dérisoire par rapport à cequ’il se passait. Ça n’a pas durélongtemps. Avec les attentats denovembre, le spectacle est deve-nu une vraie thérapie de grou-pe. Je suis encore plus regonflépar l’année 2015 qu’avant. Jeme sens à la fois humoriste etmédecin.

❚ Quelle relation entrete-nez-vous avec le public sur cespectacle ?Le rire du public me nourrit. Àla fin du spectacle, les gens nedisent plus "Bravo!", ils disent"Merci!". On est vraiment en-semble, on essaye de mettre desmots sur des choses qu’on necomprend plus et on rit du pire.Là, on peut parler des limites del’humour. Sur scène, personnel-lement, je n’en ai pas, c’est le pu-blic qui les fixe. Et croyez-moi,le public n’en a pas non plus.

❚ Et finalement, quelle placepour le rêve aujourd’hui ?C’est justement à nous de la fai-re. C’est l’inverse de ce que ditle Front national. Quand onl’écoute, il dit que tout est de lafaute des autres. Je pense aucontraire que tout est de notrefaute. Nous avons une responsa-bilité collective. Arrêtons de co-giter chacun dans notre coin, ar-rêtons de rejeter la responsabili-té sur tout le monde, arrêtonsd’angoisser. Et puis, redres-sons-nous. Propos recueillis par Isabelle APPY

Les 11 et 12 décembre, 20h30, théâtre duGymnase, Marseille. 08 2013 2013

"Je suis plus regonflé qu’avant"À Marseille demain et samedi, Christophe Alévêque choisit l’humour face à la sinistrose ambiante

Pour Christophe Alévêque, la scène est un espace de liberté totale. Une manière d’être dans l’action,de lutter, de résister. / PHOTO XAVIER CANTAT

SpectaclesCONCERT

Brigitte au PasinoLe duo ultra-féminin et gla-mour, qui a sorti cette année ledisque À bouche que veux-tu,encore plus rétro, avec strass etpaillettes, est annoncé le 13 maiau Pasino d’Aix-en-Provence.➔ 32 à 38¤

ANNULATION

Constance ne sera pasà MarseilleL’humoriste Constance devaitprésenter son dernier spectaclePartouze sentimentale le ven-dredi 11 mars à L’Espace Julienà Marseille. Pour des raisonsqui n’ont pas été communi-quées, cette représentation estannulée. Les billets sont rem-boursés dans les points de ven-te où ils ont été achetés.

CLASSIQUE

L’Orchestre français desjeunes avec Nelson FreirePour sa résidence d’hiver auGrand Théâtre de Provence àAix, l’Orchestre français des jeu-nes dirigé par David Zinmans’associe au piano de NelsonFreire, qui remplace Jean Fréde-ric Neuburger. Les points culmi-nants ne manquent pas dans leConcerto pour piano n°2 de Bra-hms, ouvrage qui, contraire-ment au premier concerto, ren-contra un immense succès lorsde sa création à Budapest en1881. Deux autres pages accom-p a g n e n t l e c o n c e r t o :L’Ouverture du Carnaval ro-main (1844) de Berlioz, rhapso-die de mélodies italiennes quis’achève par une saltarelle en-diablée, et les Danses symphoni-ques (1840) de Rachmaninov,œuvre lyrique nimbée de rémi-niscences russes et de mélodiessacrées.➔ Le 17 déc. 20h30. Réservation08 2013 2013, www.lestheatres.net

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43Jeudi 10 Décembre 2015www.laprovence.com

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A 61 ans, Joe Jackson est unmusicien hors pair qui n’aplus rien à prouver à qui

que ce soit. "Je fais du mieux queje peux, le reste est hors de moncontrôle", explique-t-il d’ailleurslorsqu’on évoque, avec lui, sa car-rière. Le chanteur britannique,dont la musique est issue de la ré-volution punk des années soixan-te-dix, a créé des monuments dela pop qui ont irrigué les annéesq u a t r e - v i n g t j u s q u ’ àaujourd’hui. Parmi tous, on peutciter Is She Really Going OutWith Him ?, I’m The Man ouSteppin’Out.

Dans son parcours, Joe Jack-son n’a jamais eu peur de mélan-ger les styles et les influences,sortant souvent des sentiers bat-tus et s’égarant parfois dans desaventures musicales qui n’ontpas toujours convaincu son pu-blic de fidèles. Cette manied’explorer différents univers esttoujours au cœur de son travail."Je ne comprends pas ce qu’estl’inspiration. C’est un mot excel-lent, une belle idée, commen-te-t-il, non sans un sourire dansla voix. Mais quand tu crées quel-que chose, tu dois marcher, com-mencer par mettre un pied de-vant l’autre pour aller du point Aau point B. Tu ne peux pas atten-dre que l’inspiration arrive. Ilfaut continuer à jouer, avancer.C’est ça qui est intéressant au fi-nal".

En octobre dernier, Joe Jack-son a sorti Fast Forward, un al-bum personnel et original, sept

ans après Rain. Preuve que lechanteur est toujours un être àpart dans la mouvance pop com-merciale avec laquelle il avaitrompu à la fin des années qua-tre-vingt, Joe Jackson avait envi-sagé la sortie de Fast Forwardsous la forme de quatre EPs diffé-rents. "Je trouvais ça plutôt coolde sortir un EP avec quatre pistespuis d’en sortir un autre, puis unautre... Mais il s’est avéré quej’étais la seule personne à aimercette idée. C’est pourquoi, j’en aifait un album", résume le chan-teur britannique, avec une onced’humour pince-sans-rire. Lastructure du disque a donc étéconservée, seule la forme a chan-gé. Joe Jackson a enregistré, àchaque fois, quatre chansonsdans quatre villes et avec des mu-siciens différents. D’abord àNew York, puis Amsterdam, Ber-lin et New Orleans. Si le chan-teur a vécu dans la première villeet y a enregistré notamment Bo-dy and Soul, c’est dans la troisiè-me qu’il a posé ses valises depuisquelques années. "New York abeaucoup changé. Je l’ai adorédans les années quatre-vingt,comme on aime une personneavec qui on a une aventure amou-reuse. Et puis on a rompu.New York est devenu trop propre,trop cher." Peut-être aussi troplisse pour cette icône de la popqui continue d’expérimenter leschemins de traverse. Isabelle APPY

Ce soir à 20h au Silo à Marseille. 40 à 62¤

Il était surnommé le "cinquième" Beatles. Sans lui, les Beat-les n’auraient jamais sonné pareil. George Martin a été le premier àdonner sa chance au mythique groupe de pop anglais, au début desannées 60, alors qu’aucune maison de disques ne veut entendre par-ler de ce jeune quatuor de Liverpool. Mieux, le producteur anglais vajusqu’à jouer un rôle crucial dans la musique des Beatles. Au point queRingo Starr a déclaré : "Sans George Martin, le monde aurait été diffé-rent". C’est d’ailleurs l’ancien batteur des Beatles qui a annoncé hiersur Twitter son décès, à l’âge de 90 ans. / PHOTO MAXPPP/RINGO STARR ET SIR GEORGE MARTIN AU CHELSEA FLOWER SHOW EN 2005

CONCERT

Rover, toujours aussi lumineux, à MarseilleRover, c’est un musicien français, Timothée Régnier, au visage ro-mantique, à la voix aussi grave que sibylline, et au rock poétique etensorceleur. Son premier disque émouvant et lumineux simple-ment intitulé Rover, lui a valu une nomination aux Victoires de lamusique en 2013. Cette année, il revient avec un deuxième opusLet it Glow, imprégné de sons seventies, qu’il présente ce soir àl’Espace Julien à Marseille (25¤). / PHOTO DR

Joe Jackson : "Quand tu crées quelque chose, tu dois marcher,commencer par mettre un pied devant l’autre". / PH. J. BLICKENSTAFF

Joe Jackson s’aventure surla scène avec "Fast Forward"L’icône de la pop britannique des années 70-80 est à Marseille ce soir

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Culture 37Jeudi 10 Mars 2016www.laprovence.com

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Culture

J oeyStarr est de retour au ci-néma mais cette fois-ci, pasen tant qu’acteur. Son

concert Caribbean Dandee àl’Olympia ce soir (la seule dateparisienne) est retransmis en li-ve dans plus de 100 cinémas à tra-vers la France. L’actuel jury del’émission Nouvelle Star sur D8sera accompagné de son ami, lejeune Nathy, avec qui il a sorti,en décembre, un album énergi-sant. Des invités seront égale-ment présents dont Kool Shen,artiste avec lequel JoeyStarr acomposé le groupe NTM pen-dant plus de dix ans, Oxmo Puc-cino, Seth Gueko…

❚ Comment est venue l’idéed’un concert au cinéma ?C’est Pathé Gaumont qui nousl’a proposée. On est les premiersdu hip hop à qui on propose ça.

❚ Comment appréhendez-vousce concert ? Est-ce qu’il n’y a pasune frustration de ne pas avoirtout son public dans la salle ?Moi et les miens, on joue, on estconcentré. Le reste, c’est le reste.Voilà quoi. Je pense que la frus-tration, elle est limite légère pourles gens qui sont déjà venusnous voir en concert. Ils saventque c’est comme voir un matchà la télé. Mais sincèrement, moij’aimerais voir un truc comme çaavec un vrai son, dans une gros-se salle obscure… Ça devrait lefaire aussi quand même.

❚ Qui aimeriez-vous voir parexemple ?Je sais pas, j’ai personne en tête.

❚ Sérieusement, est-ce que vo-tre concert est adapté à la posi-

t i o n a s s i s e q u e p r é v o i td’ordinaire le cinéma ?Vous pouvez le voir dans toutesles positions, allongé, la tête enbas…

❚ Vous avez annoncé sur twitterla venue de Kool Shen sur la scènede l’Olympia. Vous lui faitesd’ailleurs un clin d’œil dans "Re-bel conformiste". Quelles sont

vos relations avec lui ?Tout va très bien.

❚ Oui ?Voilà, ça ne regarde que nous,donc tout va très bien.

❚ Vous formez un duo atypiqueavec Nathy. Comment est-il né ?Ça vient du fait que Nathy m’a ac-compagné sur scène sur les

deux, trois dernières tournéesque j’ai faites. On a eu envie deprolonger le plaisir et de faire undisque puisqu’aujourd’hui ilfaut avoir une pseudo actualitépour pouvoir partir en tournée.Même à l’époque de NTM, j’aitoujours fait de la musique pouraller la jouer. Le disque est justel’alibi qui fait la raison.

❚ Vous allez sortir un secondopus à la fin de l’année…C’est ce qui est prévu, on va voir.

❚ Là aussi, c’est seulement unprétexte pour remonter sur scè-ne ?Je viens de vous expliquer que jefais de la musique pour aller lajouer. Le reste, je m’en fous.

❚ Un an seulement sépareraitles deux albums. N’y aurait-il pasquelque chose de complémentai-re entre eux ?On a fait quelque chose d’urbainsur le premier. Si on fait undeuxième opus, ça sonnera pluscaribéen.

❚ Est-ce que vous vous retrou-vez en Nathy ?Je ne cherche pas à retrouver demoi en lui. On est complémentai-re l’un pour l’autre dans cequ’on fait. Notre relation, ças’explique pas. La musique, ças’explique pas. Ça s’écoute. Cha-cun écrit ce qu’il fait, chacun faitce qu’il est. Ce qui m’intéresse cen’est pas d’expliquer, c’estd’acter.

Propos recueillis par Isabelle APPY

Ce soir à 20h, Pathé Madeleine et les 3Palmes à Marseille, Le Cézanne à Aix,Cinéma César à Apt, Le Lido à Manosque.

JoeyStarr "acte" sa musiqueCe soir, son concert à l’Olympia avec Nathy est retransmis en live au cinéma

CONCERT

Axl Rose remplace Brian Johnson pour la tournéeeuropéenne d’AC/DCLe mystère est enfin levé pour les fans des pionniers du hard rockAC/DC dont la tournée européenne de Rock or Bust doit débuter le7 mai à Lisbonne et passer le 13 mai par le stade Vélodrome à Mar-seille, le seul concert du groupe en France. Menacé de surdité, lechanteur du groupe Brian Johnson, âgé de 68 ans, avait étécontraint au repos forcé. Après des rumeurs d’annulation de latournée comme cela a été le cas aux Etats-Unis ou de retour duchanteur après repos, c’est donc Axl Rose (M), le rockeur de GunsN’Roses, qui remplacera Brian Johnson. Sur sa page facebook etson site internet, AC/DC explique son choix ainsi : "Les membresd’AC/DC aimeraient remercier Brian Johnson pour sa contributionet son dévouement envers le groupe au fil des années. Autant quenous souhaitons que la tournée se termine comme elle a commencé,nous soutenons la décision de Brian de préserver son audition.Nous sommes attachés à tenir nos engagements envers ceux quinous ont soutenus toutes ces années et sommes chanceux qu’Axl Ro-se est gentiment apporté son aide pour y parvenir." / PH. DR

AVANT-PREMIÈRES

Projection du film "Mobile Etoile" en présence duréalisateur Raphaël NadjariMobile Etoile, le nouveau film, avec Géraldine Pailhas et Luc Pi-card, du réalisateur marseillais Raphaël Nadjari (Le Cours étrangedes choses, Une histoire du cinéma israélien…), raconte l’histoired’Hannah, chanteuse de musique classique, passionnée et obsti-née, qui dirige une chorale à Montréal avec son mari Daniel, pia-niste. Ils vivent de concerts de création de musiques françaises sa-crées, véritables trésors du patrimoine, composées pour les syna-gogues de France fin XIXe — début XXe. Le film sortira le 27 avrilprochain. Des avant-premières en présence du réalisateur sont or-ganisées durant la semaine : ce soir au cinéma Palace de Saint-Ré-my-de-Provence à 19h30, au Mazarin d’Aix demain à 20h, au Césarà Marseille mercredi à 19h30 et au cinéma Le Méliès àPort-de-Bouc jeudi 21 avril à 21h.

JoeyStarr et Nathy, "Caribbean Dandee". / PHOTO ELISA PARRON

LA VILLE AUSSI PEUT RECHARGER SES BATTERIESAvec les bâtiments à énergie positive, les villes sont désormais actrices de leur propre énergie.Grâce aux services énergétiques d’EDF et de ses filiales, les bâtiments peuvent consommer moins d’énergie et même la produire sur place.

Notre avenir est électrique. Et il est déjà là.

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29Lundi 18 Avril 2016www.laprovence.com

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INTERVIEW DE L’ÉTÉ

Akram Sedkaouidonne de la voix

E nfant, il a baigné dans lamusique. Mais de loin. El-le était tradition, ryth-

mant les étapes de la vie et lessouvenirs de son père qui écou-tait le maître Fela. Ce n’estqu’adolescent, expatrié en An-gleterre pour poursuivre ses étu-des, que Keziah Jones, originai-re de Lagos au Nigéria, choisit laguitare comme compagnon deroute. Il invente son propre sty-le, le "blufunk" et se fait remar-quer en 1991, alors qu’il jouedans les métros parisiens. Unan plus tard, son titre "Rythm islove" propulse le guitariste etchanteur planétairement. Entredeux voyages entre Londres, Pa-ris, New York (villes où il a vécu)et Lagos (ville où il réside), Ke-ziah Jones se produit demain auVitrolles Sun Festival.

❚ Votre album "Captain Rug-ged" était très attendu en 2013.A quand le prochain ?Je vais commencer la prépara-tion d’un nouvel album après latournée, à la fin août. Pourl’instant, il est encore à un étattrès basique. Je continue del’écrire et certainement qued’autres idées vont me venir. Ceque je sais c’est qu’il seraconstruit en rapport avec le pré-cédent mais ce ne sera pas un al-bum conceptuel. Il sera aussit r è s d i f f é r e n t d a n sl’instrumentation, la texture etles paroles.

❚ Il y a quelques années, vousêtes retourné vivre à Lagos, la ca-pitale du Nigéria. Pourquoi cechoix ?C’était à l’époque où beaucoupde mes amis, issus d’une généra-tion qui a fait ses études en Euro-pe, sont retournés y vivre. Çam’a semblé être un choix nor-

mal. Mon travail est à présent re-connu, le Nigéria est connectéau reste du monde grâce à inter-net. Je peux continuer de com-muniquer, voyager en Europeet vivre auprès de ma famille.Et tant que je continue de fairede la musique, je veux contri-buer d’une certaine manière auprogrès dans mon pays. Je croisque c’est le bon moment pour

tous les Africains de revenirchez eux. On a toujours penséque l’Afrique était l’avenir, jepense que maintenant c’est unfait. Quand vous regardez l’étatdu monde actuel, l’Afrique estle dernier espoir en termed’économie, d’écologie et deculture.

❚ Qu’est-ce que le Nigéria peut

dire à l’Europe, selon vous ?Probablement lui montrer com-ment vivre avec des gens, des re-ligions et des cultures différen-tes. Le Nigéria concentre en unmême lieu les religions tradi-tionnelles, chrétienne et musul-mane... parfois dans une mêmefamille ! C’est le cas de la mien-ne. Cela fonctionne depuis dessiècles, même si la situation est

en train d’évoluer dans le nordd u p a y s . N o u s p o u v o n speut-être aussi montrer àl’Europe comment gérer le cha-os. Depuis des siècles, nousconstruisons dans le chaos sanspour autant paniquer. Quandles choses ne fonctionnent pasd’une certaine manière, on es-saie d’en trouver une autre.

❚ Comment ces allers-retoursentre l’Europe et l’Afrique ontnourri votre musique ?L’idée d’être chez soi est unepartie fondamentale de ma mu-sique, ça revient souvent.Quand je n’étais pas à Lagos, jecherchais à savoir qui j’étais etd’où je venais. Ça trottait dansma tête et dans ma musique par-ce que quand vous revenez à unendroit que vous avez quitté, cen’est jamais la même chose.Vous devez trouver une autremanière de garder le lien. Cen’est que quand je suis parti,que j’ai développé mon sensmusical. Soudain la musiquem’est apparu importante pourm e s o u v e n i r e t r e s t e r e ncontact.

❚ Vous continuez à collaboreravec le label franco-britanniqueBecause Music. Pourquoi ?C’est un label intéressant, petitpar sa taille mais grand par lesimpacts qu’il a atteint au grédes années. Les artistes qu’ilsbrassent proposent des chosestrès différentes (c’est le label deChristine and the Queens, Boo-ba ou Moby, ndlr). Et puis, j’aitoujours été autorisé à créer lamusique que je voulais. Et ça,c’est plutôt cool...

❚ Dans votre parcours, quandv o u s r e g a r d e z e n a r r i è r equ’est-ce qui vous paraît le plus

incroyable ?Incroyable, je ne sais pas...Peut-être le fait qu’un jour j’aipris un instrument dont jen’avais jamais joué et dont jen’avais aucune connaissance etque j’ai décidé de faire de la mu-sique. Quand j’y réfléchis, c’estassez inhabituel, tout a com-mencé par une décision. J’aipris la décision de faire dessons, qu’importe la manière, etd e c r é e r d e s c h a n s o n s .Aujourd’hui quand j’entendsles gens qui me disent que çafait vingt ans que je joue de laguitare, ça me fait rire. En toutcas, ce qui me fascine c’est la ca-pacité qu’a l’être humain depouvoir faire tout ce qu’il veut àpartir du moment où il le déci-de.

❚ Vous aviez en tête l’idée defaire un festival entre Paris et La-gos. Est-ce toujours d’actualité ?Plus que jamais ! Avec un amiqui est journaliste, nous tra-vaillons à de la curation pourn’en sortir que le meilleur. Nousparlons beaucoup, y réfléchis-sons pour le monter soit cetteannée soit l’année prochaine.Ce serait un festival de culturecontemporaine qui combine-rait plusieurs domaines artisti-ques en un seul lieu.

Recueilli par Isabelle APPY

Vitrolles Sun Festival dès ce soir. KeziahJones en concert demain. Domaine deFontblanche. vitrolles-sunfestival.com

Keziah Jones, poète en son paysInventeur d’un style qui lui est propre, le guitariste a conquis le monde avec son "blufunk". Et demain, Vitrolles!

Ils s’appellent George Awde, Giulio Rimondi, Lara Tabet et BilalTarabey et ont pour dénominateur commun la particularité d’avoirposé leur regard de photographe sur Beyrouth. En laissant parlerleur sensibilité. Et en présentant différentes facettes, souvent éloi-gnées des clichés convenus, sur la métropole du Proche-Orient.George Awde, par exemple, capte la détresse des réfugiés qui sontcontraints de venir au Liban pour échapper aux horreurs de la Syrievoisine. Le photographe redonne à ses modèles leur dignité. Artistelibanaise formée à New York, Lara Tabet s’intéresse, elle, au langagedu corps, de la sexualité, et des personnes vivant à la marge de lasociété. Photo’Med, le festival de la photographie méditerranéenne,présente à la Friche la Belle-de-Mai, à Marseille, après Sanary et Tou-lon Regards sur Beyrouth, exposition réalisée en lien avec l’Office dutourisme du Liban, sous le patronage du Consulat général du Libanà Marseille. Quatre regards croisés singuliers. / PHOTO G . AWDE

Du 8 juillet au 21 août à la Friche la Belle-de-Mai, 41 rue Jobin, Marseille (3e).

MUSIQUE

Carte blancheà Raphaël ImbertSaxophoniste, pédagogue, directeurartistique, compositeur inspiré, RaphaëlImbert est sur tous les fronts. Le Festivald’Aix accorde une carte blanche aujazzman qui en profite à son tour pourinviter la chanteuse Marion Rampal, cesoir à 21h30, à l’Hôtel Maynier d’Oppède.

PHOTO

Regards sur Beyrouth à Marseille

FESTIVAL D’AVIGNON

"Les Damnés"font sensation

NUITS FLAMENCAS

Juan Carmonaun talent sûr

"On a toujours penséque l’Afrique étaitl’avenir, je pense quec’est à présent un fait."

Pour cette tournée, Keziah Jones est accompagné sur scène de deux musiciens britanniques. / PHOTO DR

39Vendredi 8 Juillet 2016www.laprovence.com

Page 10: Lundi 1 Février 2016 Elie Semoun monstrueux · sont sacrément licencieux... Qu’est-ce qui les lie? C’est un peu mon créneau que de faire rire avec de la noirceur. C’est cinglant

ANNULATION

Le rappeur Lefa faitfaux bond à MarseilleIl est le troisième homme. Parceque la Sexion d’Assaut, ce n’estpas que Maître Gims et Black M,Lefa a sorti lui aussi son premieralbum solo. Il devait se produirele 21 avril au Moulin à Marseillemais à la suite "d’une incompati-bilité de planning", son concertest annulé. Les billets achetéssont remboursables auprès despoints de ventes.

CONCERTS

Doc Gyneco consulte auSilo en novembreÀ l’occasion des vingt ans deson album Première consulta-tion, le rappeur Doc Gynecoalias Bruno Beausir s’apprête àrevenir sur scène. En tournée, ilpassera par le Silo à Marseille le3 novembre prochain. Celui quia connu le succès en 1996 àl’âge de 21 ans avec des titrescomme Viens voir le docteur, Va-nessa, Dans ma rue, et Nirvanatentera après une pause et uneimage écornée (notamment à

cause de ses engagements politiques) de renouer avec le succès.➔ Points de vente habituels. 35¤

Eths ce soir auxPennes MirabeauEmmené par la voix de RachelAspe, la chanteuse du groupedepuis 2013, Eths évolue entremusique très metal, sombre etpuissante. Le groupe d’originemarseillaise s’est fait un nomdès les années 2000 avec un EPphare Samantha. En concert cesoir à 20h au Jas’Rod aux Pen-nes-Mirabeau, Eths prépare lasortie de son nouvel album An-kaa, dans les bacs le 22 avril pro-chain, que l’on promet plus di-versifié et plus noir.➔ 04 91 51 87 46

R églage des balances avantle concert d’hier soir auNomad’café à Marseille

(3e). Mustapha et Hakim Amo-krane, les deux frères membresdu groupe Zebda se préparent àdonner de la voix, accompagnésde leurs musiciens. Les chan-sons en kabyle, arabe et françaisqu’ils vont interpréter, sont ti-rées de leur répertoire Originescontrôlées, un projet qui revisiteles refrains des artistes tra-vailleurs immigrés des années40 aux années 80. Pendant les ré-glages, Mustapha et Hakim sedéhanchent avec une énergiediffuse, une énergie à fleur depeau, prête à s’exprimer dèsque l’occasion se présente. "Ona fait du rock et du reggae avecZebda mais même si on fait dupunk, on dansera toujours kaby-le, reconnaît Mustapha. C’estune manière de bouger très afri-caine. La force de Zebda, résideaussi dans l’énergie qu’on pou-vait déployer face au public."Après un retour sur scène et lasortie, il y a deux ans d’un sixiè-me album Comme des Chero-kees, l’heure est actuellementplus aux projets perso. MagydCherfi, l’un des chanteurs dugroupe toulousain vient de ré-colter 20 000 euros le mois der-nier sur une plateforme decrowdfounding pour mettre enroute son troisième album solo."Zebda n’a pas d’actualité en cemoment. On sait par expériencequ’il faut aller au bout de nos lo-giques" explique Mouss. Et la lo-gique actuelle des deux frèresprend racine très précisémentdans Origines contrôlées.

Le projet se monte en 2008 àpartir des chansons préféréesde leur père, maçon algérien im-migré en France et qui trouvedans la musique une expression

de sa nostalgie et de son exil."Au travers de la musique, il y ades choses qui se transmettent etnotamment quand on vit dansdes cultures et des traditions oùles émotions ne s’expriment pasavec des mots, explique Mouss.Les artistes permettent de mettredes mots sur une souffrance, qui,si elle n’est pas exprimée peut setransmettre d’une manière biai-sée, pas forcément sereine."Après 15 ans de succès avec Zeb-da, eux, qui ados avaient untemps rejeté la musique de leurenfance, travaillent avec leur pè-re à bien prononcer chacunedes paroles. Une transmission

familiale donc, avant d’êtreculturelle et multiculturelle."On aime l’idée que cet al-bum-là, ce n’est pas une encyclo-pédie de la musique algérienne.Ce qui nous plaît aussi c’est quetoutes ces chansons, c’est de lamusique algérienne certes maiselles sont toutes écrites en Fran-ce. Donc c’est de la chanson deFrance". Avec les frères Amokra-ne, la musique trouve toujoursécho avec l’action. Depuis desannées, ils travaillent avec leurassociation dans les quartiersde Toulouse sur cette histoirede France, traversée à de multi-ples reprises par les courants mi-

gratoires. Ils ont profité de leurvenue à Marseille pour échan-ger jeudi à Septèmes-les-Val-lons avec des collégiens autourdu titre Motivés et, le soir àl’Espace Jean Ferrat, autour dudocumentaire de Rachid OujdiPerdus entre deux rives, lesChibanis oubliés dont ils si-g n e n t l a b a n d e - s o n . Àl’automne, ils prévoient de sor-tir un album sur Slimane Azem,le chanteur préféré de leur père,disparu en juin. Une façon de"boucler la boucle" et de conti-nuer à parler de cette France mé-tissée et populaire. Isabelle APPY

Repris d’un concept né en2008 aux Etats-Unis, le Disquai-re day fête cette année sa sixiè-me édition en France, le same-di 16 avril prochain. Cette jour-née qui mobilise les disquairesindépendants ainsi que les la-bels et les artistes vise à fairerayonner les commerces deproximité auprès du grand pu-blic. Dans la région, c’est le Pho-nopaca (groupement des ac-teurs de l’industrie musicale enPaca) et antenne du Calif (clubaction des labels indépendantsf r a n ç a i s ) q u i c o o r d o n n el’événement auquel partici-pent, du Var au Vaucluse enp a s s a n t p a r l e s B o u -ches-du-Rhône, seize disquai-res.

Durant cette journée, denombreux vinyles inédits et col-lectors, d’artistes locaux, natio-naux et internationaux sont àretrouver chez les disquairesqui participent à l’opération."C’est à la fois une journée de fê-te et de chasse aux trésors, expli-que Stéphane Signoret, co-gé-rant du music store Lollipop àMarseille (6e). C’est pour çaqu’il faut venir de bonne heu-re !" Le marché du disque qui a

subi une forte crise voilà unedouzaine d’années connaît ac-tuellement un retour de flam-me avec le renouveau du vinylequi représente selon NadineVerna, directrice de projet chezPhonopaca, près de 70 % desventes du physique.

La journée du 16 avril se pas-sera forcément en musiqueavec des showcases organisés àla Friche de la Belle de Mai àMarseille (3e) mais aussi chezdeux disquaires de la région.Come Prima à Avignon recevraBarok Tantrik Pop à 18h et Lolli-pop à Marseille accueillera Jo-hnny Hawaii à 19h. Des foiresaux disques sont organisées à17h au Cargo de Nuit à Arles etde 14h à 22h à l’Akwaba à Châ-teauneuf-de-Gadagne. À Mar-seille, un village des labels indé-pendants et une bourse se tien-dront de 14h à 20h à la Friche laBelle de Mai.

Pour finir en beauté, une soi-rée de clôture est organiséedans les trois lieux. I.A.

Infos : facebook.com/Disquaire-DAY-Marseille-Phonopaca. Retrouvez notrereportage vidéo sur Laprovence.com

MOH (prononcer M .O.Hndlr), la figure montante du rapmarseillais, présente son deuxiè-me album L’art des mots. Le rap-peur qui a commencé à écrireses textes à l’âge de 8/9 ans,nous raconte son histoire etnous parle de son nouveau dis-que. Sorti le 25 mars dernier, leprojet comprend 20 titres, avecla participation de plusieurschanteurs dont Soprano.

❚ Quel a été votre parcours ?La musique est venue à moi, j’aitoujours baigné dedans. Jeviens de la Soli, une équipe indé-pendante qui à la base est ungroupe d’amis passionnés demusique. On est autodidactes,on n’est pas une maison de dis-ques mais on arrive à faire le mê-me travail.

❚ Pouvez-vous nous présenter"L’art des mots"?C’est mon deuxième album, lepremier était Mon manuscrit,sorti en 2012. L’art des mots estun album vivant, qui raconte lavie. Chacun va se reconnaîtredans les chansons. J’ai choisi cetitre parce que j’aime manier etjouer avec les mots, j’écris beau-coup et je lis beaucoup. On estfiers d’avoir réussi à sortir untrès bon album, parce qu’on atravaillé dur pendant un annon-stop. J’ai fait une chansonavec Soprano parce qu’il vientdu même quartier que moi, il re-présente Marseille et il m’avaitappris à écrire les textes quandj’étais plus jeune. On a appelé

notre chanson Love, parcequ’on est des amoureux de lamusique, on vit de ça. La musi-que est tout pour moi.

❚ Vous parlez des quartiers

Nord dans vos chansons. Que re-vendiquez-vous ?Je suis un enfant des quartiersNord de Marseille, je suis né là,ma mère habite toujours là.Mon quartier est ma fierté et je

veux le représenter. Je veuxprouver à tous les gens des quar-tiers Nord qu’on peut faire deschoses, c’est possible. Si j’airéussi à le faire, vous aussi vouspouvez, mais pas que dans lerap.

❚ V o u s a v e z t o u r n é u ncourt-métrage pour une chansonde l’album, "Ketama". Comp-tez-vous faire du cinéma ?Oui, j’ai envie de faire du ciné-ma, j’ai toujours aimé jouer. Grâ-ce à Ketama, des réalisateurscommencent à m’appeler pourme proposer des rôles.

❚ En 2013, vous avez été placésous le statut de témoin assistéd a n s l ’ e n q u ê t e s u rl’immobilisation d’un TGV au ni-veau de la cité Air Bel. Pou-vez-vous nous donner votre ver-sion ?Je tournais le Rassemblement,un projet que je fais sur Mar-seille qui consiste à rassemblerdes jeunes rappeurs qui ne sontpas connus et à les mettre en lu-mière. À l’époque je tournais àAir Bel, un grand quartier deMarseille, il y avait énormé-ment de gens très euphoriques.Quand on a commencé à tour-ner, on a entendu un grandbruit et un train s’est arrêté. Onétait choqués parce qu’on ne sa-vait pas ce qui se passait. Nousn’étions même pas au courantqu’un train passait dans le quar-tier. Je suis un artiste et je n’airien à voir avec cette affaire. Recueilli par Tatiana PICCIAU

Mouss & Hakim, vecteursd’émotions et d’énergieLes deux frères membres du groupe Zebda étaient hier à Marseille

CultureMUSIQUE

Le Disquaire dayva faire des heureux

Né aux Etats-Unis avant de s’exporter en France et en Europe, ledisquaire day se fête cette année le 16 avril. / PHOTO ARCHIVES /H.GIUSTI

MOH , figure montante du rap marseillais, présente sondeuxième album, "L’art des mots". / PH DR

Mouss et Hakim ont repris hier au Nomad’café à Marseille des chansons des travailleurs immigrés. Ilsprévoient la sortie d’un nouvel album à l’automne consacré à Slimane Azem. / PHOTO VALÉRIE VREL

RAP

Le Marseillais MOH sort "L’art des mots",un album qui raconte la vie

45Samedi 2 Avril 2016www.laprovence.com

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CE QUE LES LECTEURS ONT PENSÉ DE LA RENCONTRE

"Un homme à la carrière remarquable, très intelligent et tout en humilité"

I nstallé jusqu’à samedi authéâtre du Jeu de Paume àAix pour la présentation de

son spectacle Hyacinthe et Ro-se, François Morel s’est prêtéhier matin à l’exercice de notreFace aux lecteurs. Il y a abordéles multiples facettes de sa car-rière : Les Deschiens, la troupede Jérôme Deschamps et Ma-cha Makeïeff à laquelle il a parti-cipé, son amour pour la languefrançaise, ses spectacles, sachronique du vendredi dans le7-9 de Patrick Cohen…

◗ BILLET SUR FRANCE INTER"Je fais attention à ce qu’il y

ait une surprise, que de tempsen temps le ton soit rigolard,fantaisiste ou plus grave.J’essaie aussi de penser auxgens qui ne sont pas d’accordavec moi pour qu’ils aientq u a n d m ê m e e n v i e d em’écouter jusqu’au bout. C’estpour ça que j’essaie d’avoir unfrançais un peu travaillé. Ça nese voit pas forcément mais j’aiune nature assez inquiète. Cha-que chronique est un pari où jeme dis : ’Jusque-là, ils ne se sontp a s r e n d u c o m p t e d el’imposture !’".

◗ L’ÉCRITURE"J’ai l’impression d’avoir ap-

pris à lire et à écrire avec Geor-ges Brassens. C’est pour moi, leplaisir des mots et du langage.J’aime bien la radio écrite pourça, je ne me sentirais pas àl’aise de faire une émission oùon verrait que j’ai une mauvai-se maîtrise du français. Oui !mauvaise. Je viens plutôt d’unmilieu populaire où on parlaitun français assez relâché. Maisj’adore ça, les mots, j’aime lebeau langage de Marcel Aymé,ou Jules Renard. Et j’aimel’humour qu’on trouve dans lesmots..."

◗ RÔLES DES NOUVEAUXMÉDIAS"Je n’étais pas habitué à Inter-

net. Quand j’ai commencé à fai-re de la radio, ça n’existait pasencore. Maintenant à peu prèstoutes les émissions sont fil-mées. J’avais pris la défense de

Porte et Guillon (chroniqueurscongédiés par France Inter en2010, ndlr). Ça avait été vu800 000 fois, gigantesque ! Maisquand j’ai vu le t-shirt que jeportais ce jour-là je me suis ditque les fois suivantes il fallaitque je fasse attention à mon cos-

tume. Je remarque après coupsi les chroniques font le buzzou pas mais je n’ai pas envie defaire le buzz toutes les semai-nes, je m’en fous. J’ai envied’être authentique. Ma seuleobligation, c’est d’être d’accordavec moi-même."

◗ LES DESCHIENS" O n n ’ a j a m a i s e u

l’impression d’être des gens detélévision. Si quelqu’un était de-venu prétentieux, comment ilse serait fait allumer par lesautres ! On regardait ça avec dis-tance et ironie. Un jour, nous

étions aux Galeries Lafayetteset là pour le coup, on avaitl’impression d’être les Beatles.Les gens voulaient absolumentdes autographes. Bruno Lochetet moi, on se regardait. Onn ’ é t a i t p a s d e s g e n s t r è simpressionnants… On ne s’estjamais pris pour autre choseque ce qu’on était. Notre activi-té principale, c’était le théâtre."

◗ LE THÉÂTRE"Je suis très libre sur scène,

j’aime sentir la salle vibrer.Mais je suis toujours un peu in-quiet avant un spectacle. Tou-jours cette idée de l’imposturedont je vous parlais… Je ne medis pas que c’est naturel demonter sur scène. Je ne me dispas non plus que je suis telle-ment intéressant que les gensvont, pendant une heure tren-te, s’arrêter de vivre et me regar-der ! Forcément, j ’ai plusd’expérience qu’il y a trente ansmais j’ai une espèce de fraî-c h e u r s o u s - t e n d u e p a rl’inquiétude."

◗ "HYACINTHE ET ROSE""Au départ, c’était un bou-

quin du peintre Martin Jarriequi a traité les fleurs commedes personnalités. J’ai eu l’idéede partir de chaque peinturepour associer un souvenird’enfance, une sorte d’exerciceoulipien. Au final, j’ai inventéun couple de grands-parentsque tout oppose, sauf l’amourdes fleurs." Recueilli par Isabelle APPY

Glenn Marausse, étudiant en 3e an-née à l’École Régionale d’Acteurs deCannes et de Marseille (Erac) n’avaitpas forcément préparé de questionsprécises en vue de cette rencontre inti-miste avec François Morel. Et ce futune surprise pour lui de constater avecquelle facilité s’est déroulé cet échan-ge. C’est ce qui l’a poussé, tout naturel-lement, à instaurer le tutoiement dès ledépart. "Je suis surpris de l’humourdont il fait preuve, même loin des camé-ras. Il possède ce qu’il faut de retenue, eten même temps, il est très naturel."Lui qui s’intéressait plutôt à ses chroni-ques sur France Inter et son rôle dansla série télévisée Les Deschiens sans for-cément connaître sa carrière en détaille confie : "Personnellement, c’était in-téressant d’être face à un artiste et nonpas une personnalité. J’ai bien sentiqu’il ne faisait pas partie de la catégorie"célébrités" qui ne m’intéresse pas dansce domaine. François Morel est un co-médien qui a beaucoup de vécu. Il a bâ-ti une véritable carrière, et l’on sentbien qu’il dépérirait s’il ne faisait plusrien." Mais ce qui l’inspire c’est surtoutl’engagement et la détermination del’artiste.

Pauline Parigot, elle aussi à l’ERAC,est venue hier matin sans a priori. "Ilest très proche de ce que j’imaginais delui." Elle avoue être avant tout admira-tive de sa capacité à rester fidèle àlui-même, malgré des sollicitationspermanentes et une notoriété grandis-sante. L’étudiante de 24 ans se desti-nant également au métier de comé-dienne se dit rassurée de rencontrer un

homme qui ne s’éparpille pas danstous les domaines qu’il aborde : "Encomparaison avec certains artistes unpeu barrés et incompréhensibles, il reflè-te pour moi une sorte d’équilibre entrece qu’il est et ce qu’il envisage."

C’est également la sensation qu’aéprouvée Danièle Daudé, particulière-ment enthousiaste dès qu’elle appritqu’elle participerait à cette rencontre

au sein des bureaux de La Provence.Cette fan inconditionnelle n’a pas étédéçue d’avoir le privilège d’aller à larencontre d’un homme "d’un naturelsurprenant" au registre à la fois vaste etcohérent. Elle a ainsi pu trouver deséchos à ce qu’elle constatait : "Généra-lement les artistes sont monomania-ques voire bornés, mais lui est polyva-lent sans toutefois se perdre."

Mais ce qu’elle retient surtout, c’estson génie : "Il a beaucoup de répartie,et une intelligence extraordinaire.J’étais surprise par sa capacité à parlerà la fois avec profondeur, mais aussi dese montrer léger et capable de futilitéstout au long de cet entretien très enri-chissant."

Olivier Liégeois, cadre commercialde 48 ans a également passé un bonmoment. "C’est vraiment un bon gars.Un homme humble, même en vrai. Ildonne plein d’enthousiasme et d’espoirpar les temps qui courent. Les gens nesont plus spontanés, ils cherchent da-vantage la notoriété, aspirent d’abord àêtre connus et reconnus le plus vite pos-sible, et c’est cette différence qui meplaît chez François Morel."Francis Martinez, professeur de fran-çais à la retraite particulièrement atta-chée à la jeunesse, s’est également vusat is fai t de l ’ intérêt que portel’humoriste aux jeunes, en se rendantrégulièrement au sein d’écoles ou collè-ges pour initier les plus petits à la comé-die.Finalement, ce partage en petit comitéaura laissé, à l’unanimité, un "très jolisouvenir". Joëlle BENSIMON

Morel, authentiquement vôtreLe chroniqueur invétéré de France Inter, comédien et scénariste participait hier dans nos locaux à un Face aux lecteurs

François Morel : "Ça ne se voit pas forcément mais j’ai une nature assez inquiète. Chaque chronique à la radio est un pari où je me dis : ’Jusque-là, ils ne se sont pas rendu compte de l’imposture !’".

Actuellement à l’affiche du théâtre du Jeu de Paume à Aix, François Morel a rencontré hier huit lecteurs de La Provence. / PHOTOS FREDERIC SPEICH

Parmi nos lecteurs, de gauche à droite : Glenn Marausse, Pauline Parigot, Danièle Daudé et Olivier Liégeois.

"Sur scène, j’aimesentir la salle vibrer.Mais je suis toujours unpeu inquiet aussi..."

Culture36 Jeudi 12 Mai 2016www.laprovence.com

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Après l’avoir quitté dans le spectacle Lisbeth Gruweth dancesBob Dylan (voir le journal de l’été d’hier), on retrouve la chorégra-phe et danseuse flamande dans le solo It’s going to get worse andworse and worse, my friend, présenté jeudi et hier au théâtre duMerlan à Marseille. Les spectacles ont deux univers d’écart.

Pas de quoi bouder notre plaisir puisqu’ils permettent de décou-vrir différentes facettes du talent prolixe de Lisbeth Gruweth. Làoù le premier est ourlé d’élégance féminine, le second cultive lesappétences masculines. A commencer par les vêtements que por-te la danseuse. Des chaussures noires vernies. Un pantalon anthra-cite de tailleur, sur lequel elle remontera des chaussettes noiresjusqu’aux genoux, comme des bottes de cavalier. Une chemiseblanche boutonnée jusqu’en haut. Une banane comme coiffure.Lisbeth Gruweth est métamorphosée en matador. La bête à domp-ter lui fait face. C’est ce public qu’elle ne lâchera pas du regard.L’acolyte de Lisbeth, Maarten Van Cauwenberghe, n’est pas pré-sent sur scène. Il est à la console et module en live la bande-son.Cette dernière est composée de mots extraits d’un discours du télé-vangéliste américain et conservateur Jimmy Swaggart. Et chaqueson trouve un aboutissement sur scène par un mouvement qui luiest propre.

Lisbeth Gruweth incarne l’orateur, celui qui fascine à outrance,s’imprègne physiquement de ses mots. Tantôt lente, tantôt rapi-de, les courbes se succédant aux gestes secs, la cadence emporte lepublic. L’espace scénique est réduit à un rectangle lumineux queparcourt pendant cinquante minutes la danseuse. On y voit la mé-taphore d’un ring de boxe. Ce n’est pas gratuit. La chorégraphecombat, entre en transe et construit son spectacle en trois rounds,dont on ne sort pas totalement indemne. Isabelle APPY

LES SCÈNES

◆ Recondite live set A 18 h. ThéâtreSilvain Chemin du Pont de laFausse-Monnaie, Corniche J-F Kennedy.

◆ D’un Picasso, l’autre (JEUNEPUBLIC). A 17 h 30. MuCEM Place d'Armes

◆ La maison courants d'air (JEUNEPUBLIC). A 10 h. L'Astronef - CentreHospitalier Edouard Toulouse 118 cheminde Mimet (15e). 04 91 96 98 72.

◆ Corale Due Torri - Mondovi, Italie21e Festival Choral International en Pce.A 21 h. Eglise Ste Marguerite (9e) 20,place Antide Boyer. 04 94 78 63 84

◆ Stones in her mouth (DANSE).Festival de Marseille. Chorégraphie LemiPonifasio. A 20 h 30. La Criée 30 quai deRive-Neuve (7e). 04 91 99 02 50.

◆ Three studies of flesh (for afemale) (DANSE). Festival de Marseille.Mélanie Lomoff. A 18 h 30. La Criée 30quai de Rive-Neuve (7e). 04 91 54 70 54.

◆ Rêve Général / Aksak Maboul& Veronique Vincent + AquasergeCréation Festival MIMI. A 21 h 30. HopitalCaroline Ile du Frioul. 04 95 04 95 50.

◆ Music n' dance ("ON AIR") DJ PerryLouis. 04 95 09 32 57. A 19 h. Toit terrasseFriche Belle-de-Mai (3e)

ORANGE◆ Concert des Révélations Classiquesde l’Adami Les Chorégies d'Orange.A 18 h. Cour Saint-Louis 04 90 51 83 83.

◆ Madame Butterfly (LYRIQUE).Les Chorégies d'Orange. A 21 h 45.Théâtre Antique 04 90 51 83 83.

PERNES-LES-FONTAINES◆ Deluxe/Talisco/Hokins FestivalRhinoférock. A 18 h. La forge 06 22 95 48 36

PEYROLLES◆ A Gospel Journey Nuits du château.A 21 h. Cour du Château 04 42 57 89 82.

SAINT-CANNAT◆ Pierre de Bethmann trio FestivalJazz à Beaupré. A 21 h. 04 42 57 21 56.

SALON◆ Le Chat (THÉÂTRE). Avec MyriamBoyer, Jean Benguigui. A 21 h 30. Châteaude l'Empéri 04 90 56 00 82.

SAUSSET-LES-PINS◆ Ti Group La (créole) A 21 h. Môle duport 04 42 45 60 65.

VEDÈNE◆ Ludwig, un roi sur la Lune(THÉÂTRE). Festival d'Avignon. Création.Mise en scène de Madeleine Louarn.A 15 h. L'Autre Scène Av. De Coubertin.04 90 14 14 14.

VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON◆ La rive dans le noir (THÉÂTRE).Festival d'Avignon. A 18 h. La ChartreuseRue de la République. 04 90 15 24 24.

◆ La Disparition (ARTS DE LA RUE).(10h-11h30, 16h-18h30). Begat Theater.Place du Cloître 04 32 75 15 95.

◆ Tentatives d’approches d’un pointde suspension (ARTS DE LA RUE).Villeneuve en scène. Yoann Bourgeois.A 18h30. Fort St-André 04 32 75 15 95.

◆ Le cirque Poussière (CIRQUE).Villeneuve en scène. Cie la FauxPopulaire. A 20 h 30. Verger 04 32 75 15 95

◆ Maputo Mozambique (DANSE).Villeneuve en scène. Cie Th. Guérineau.A 19 h 30. La pinède 04 32 75 15 95

◆ Soif (DANSE). Villeneuve en scène.Cie Vendaval. A 20 h. Place du Cloître04 32 75 15 95.

◆ CloC (JEUNE PUBLIC). Villeneuve enscène. Cie 32 novembre. A 11 h. La pinède04 32 75 15 95.

◆ La nuit les arbres dansent (JEUNEPUBLIC). Villeneuve en scène. Cie LaFabrique des Petites Utopies. A 19 h. Closde l'Abbaye 04 32 75 15 95.

◆ Huître (THÉÂTRE). Mise en scèned'Isabelle Antoine. A 20 h 30. Clos del'Abbaye 04 32 75 15 95.

◆ La 7e vague (THÉÂTRE). Villeneuve enscène. Théâtre du Centaure. A 22 h. Closde l'Abbaye 04 32 75 15 95.

◆ Macbêtes, les nuits tragiques(THÉÂTRE). Villeneuve en scène. Théâtrede la Licorne. A 21 h. Cloître de lacollégiale 04 32 75 15 95.

◆ Rue des voleurs (THÉÂTRE). Villeneuveen scène. Cie La Fabrique des PetitesUtopies. A 21h30. Verger 04 32 75 15 95

◆ Sweet Home, sans états d’âme(THÉÂTRE). Villeneuve en scène.Marionnettes. A 19 h. Cloître de lacollégiale 04 32 75 15 95.

◆ Tartuffe ou l'hypocrite (THÉÂTRE).Villeneuve en scène. Cie le fanal. A 18 h.La pinède 04 32 75 15 95.

VITROLLES◆ Keziah Jones / Naâman / GiselaJoao / Cumbia Chicharra / CascaraVitrolles Sun Festival. A 19 h. Domaine deFontblanche 09 51 00 65 43.

L ors de son dernier défilé de hau-te-couture, présenté au restaurantMaxim’s à Paris, Pierre Cardin avait

déclaré à l’AFP : "J’ai été le plus jeune cou-turier. Je suis le plus vieux aujourd’hui."Trois ans plus tard, du haut de ses 94 ansfraîchement fêtés dans le mois, le coutu-rier continue de narguer le beau mondepar son juvénile état d’esprit, sa précau-tion à travailler d’arrache-pied et sa quê-te insatiable de créativité. Se targuantd’être un "galeriste" autant qu’un vision-naire de la mode, Pierre Cardin présenteaujourd’hui entre Lacoste, village du Lu-beron dont il est notamment le proprié-taire du château du marquis de Sade, etBonnieux, sa nouvelle collection de mo-de, luxe et prêt-à-porter. Plus de 250 jour-nalistes venus du monde entier sont at-tendus, pour ce qui ne ressemble définiti-vement pas à un défilé sur les podiumshabituels.

❚ Vous célébrez cette année vos 70 ansde carrière…C’est facile à dire ! Ça a été très long toutde même (rires) mais c’est en tout casune réussite assez agréable. J’ai travailléavec beaucoup de plaisir dans ma vie ettravailler a été une de mes raisons d’être.

❚ Vous avez choisi Lacoste pour présen-ter votre défilé en marge de la fashionweek parisienne. Pourquoi ?C’est une des décentralisations de la mo-de. J’ai pensé qu’au lieu de le faire à Parison pouvait décentraliser la mode en pro-vince et comme j’ai pas mal de maisonsà Lacoste, j’ai pensé que c’était le lieuidéal pour présenter la collection. Je nevais jamais à la fashion week, je l’ai faitpendant 70 ans, ça m’a suffi. Je laisse laplace aux autres. Je fais mes défilés indé-pendamment comme un galeriste ensomme, quand je peux, quand je veux. Jeprésente en demi-saison, en saison, à ladate que je veux, homme et femme. Lesdates fixes, ça ne veut plus rien dire. Amon âge et avec ma carrière, je n’ai plusbesoin de suivre le mouvement général.

❚ Est-ce que vous avez conscience quece défilé va attirer bien des regards ?Non ! Je vais présenter ma collectioncomme d’habitude sans autre intention.J’ai fait ma création, elle est à critiquerou à adorer mais je pense qu’elle plaira.C’est elle qui est avant tout importante.La présenter dans un lieu différent, çadistrait un peu les journalistes.

❚ Après Lacoste, où partira la collec-tion ?Elle va voyager bien sûr. Elle va partir surPékin, comme la dernière qui avait aussivoyagé à Shangai et New York. Je rendsma mode internationale. Elle l’est déjàau départ mais avec mes voyages, ça merend plus populaire à l’étranger.

❚ Quel est le fil rouge des pièces quevous présentez ?C’est beaucoup basé sur la jeunesse. Il ya un état junior très important qui estpeut-être futuriste… Un peu comme lescosmocorps il y a trente ans (ligne deprêt-à-porter unisexe que Pierre Cardina créé dans les années soixante, ndlr).C’était futuriste et maintenant on les por-te, voyez-vous ? J’ai toujours eu une mo-de d’avance pour permettre à l’avenird’exister. Effectivement, c’est une certai-ne élite de jeunesse. Il faut des leadersdans tout comme dans la musique oudans la peinture. Je suis un parmiceux-là.

❚ Est-ce qu’on peut considérer que le dé-filé est un préambule au Festival de Lacos-te que vous organisez et qui commence le14 juillet ?Je ne l’ai pas assimilé au festival mais eneffet c’est une idée que vous me donnez.Il commence quatre jours après, c’estmon seizième festival et c’est ma plusgrande saison. Je pense que je voudraisen faire également un centre culturel mu-sical basé sur Wagner comme à Bay-reuth. On pourrait y lier la musique, ladanse et la mode, pourquoi pas… Recueilli par Isabelle APPY

ON ATTEND À MARSEILLE

L’art, version Lemi Ponifasio"Le but, c’est de rencontrer la

lumière, Dieu." Lemi Ponifasio,chorégraphe samoan, prévientd’emblée, son intention artisti-que n’est pas de faire passer unquelconque message. "Le mes-sage, au théâtre ou dans la dan-se, c’est le début du mensonge.Ma proposition, n’est pas unproduit que les gens viennentconsommer, c’est un pèlerina-ge." Attablé au bar du Théâtrede la Criée, à Marseille, où il pré-sente ce soir son spectacle Sto-nes in her mouth, l’homme sur-prend par son discours. Origi-naire des Îles Samoa, désor-mais installé à Auckland, enNouvelle-Zélande, Lemi Ponifa-sio monte en 1999 sa proprecompagnie de danse, MAU. Ets’il a traversé la moitié du mon-de en avion, ce n’est pas pourprésenter un spectacle "où l’onp a r l e d e p o l i t i q u e " .L’originalité de son travail pas-se en partie par une collabora-tion avec des gens venus detous horizons, ici des perfor-meuses issues de la société ma-ories. "Avant l’arrivée des Euro-péens sur le territoire maori, lesfemmes maories communi-quaient énormémemt par lebiais de poèmes et chants". De-puis, la tradition du Moteatea acomplètement disparu, mu-rant les femmes dans un silen-ce inhabituel, pour cette cultu-re basée sur l’oralité. "Il y a qua-tre ans, j’ai demandé à ces fem-mes maories de reprendre lep r i n c i p e t r a d i t i o n n e l d el ’écriture de poèmes et dechants." Le résultat de ce tra-vail, une compilation de textesécrits durant la tenue d’ateliersest à la base du spectacle Stonesin her mouth. Présenté pour la

première en fois en France,dans le cadre du Festival deMarseille, il se pare d’un effetcosmique, porté par ces chantset poèmes, fascinants vecteursde la mémoire des hommes etd’une conscience collective."Avec ce spectacle, je voulais dé-couvrir ce que souhaitaient direces femmes. Je me souviens enparticulier d’un poème de l’uned’elles, adressé à un oiseau. Onl’a gardé pour le spectacle." Decette production, le chorégra-phe n’en a gardé qu’une petitepartie, composant avec l’appuide la danse et de la musiqueune ode archaïque et hypnoti-que. "Ces chants déclenchentune profonde conscience desoi-même. Mon objectif, c’est de

créer de vrais instants, on nepeut pas penser que ces femmessont en représentation." Onl’aura compris, la conceptiondu "vieux théâtre classique occi-dental" comme il l’appellen’est pas vraiment son truc. Lapuissance de ces femmes, dé-clamant leurs propres poèmesdoit conduire les spectateurs à"sentir leur existence. Le but del ’ a r t , c ’ e s t d e c o n d u i r e àl’imagination, de dépasser saculture et d’embarquer les gensdans un message universel"conclut-il. Réponse ce soir. Samy CHAVEROU

"Stones in her mouth", ce soir à 20h30.

Théâtre de la Criée, à Marseille .

Entre 5 et 31¤

ON A VU AU FESTIVAL DE MARSEILLE

Une Lisbeth matador

"Les dates fixes des défilés, ça ne veut plus rien dire. A mon âge et avec macarrière, je n’ai plus besoin de suivre le mouvement général." / PHOTO CYRIL HIÉLY

Pierre Cardin, une "mode d’avance"INTERVIEW Le couturier présente aujourd’hui sa nouvelle collection à l’ancienne gare de Bonnieux

Lemi Ponifasio : "Le but de l’art, c’est de conduire àl’imagination, de dépasser sa culture". / PHOTO NICOLAS VALLAURI

Le regard est d’une intensité forte. Lisbeth Gruweth nelâchera pas des yeux son public. / PHOTO DR

41Samedi 9 Juillet 2016www.laprovence.com