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L L A A P P R R E E S S S S E E D D E E L L A A M M A A N N C C H H E E MERCREDI 10 AVRIL 1912 EDITION SPECIALE MARDI 10 AVRIL 2012 Supplément gratuit de La Presse de la Manche du mardi 10 avril 2012 - N° 20 612 - Ne peut être vendu séparément 9, rue Gambetta - BP 408 - 50104 Cherbourg Cedex Cherbourg salue le Titanic A Southampton, une collision évitée de justesse ! -- Le navire repart ce soir pour l’Irlande Plus personne ne l’ignore mainte- nant : le 10 avril 1912, pendant une heure et quarante minutes, le Titanic a honoré de sa courte présence la rade de Cherbourg. Quatre jours plus tard, le paquebot de la White Star sombrait dans l’Océan après avoir heurté un iceberg. La catastrophe faisait 1.495 victimes parmi les 2.207 personnes présentes sur le navire. Un fait divers qui marqua son époque par son am- pleur, mais aussi parce que le Titanic, plus grand navire de son époque effec- tuait là son premier voyage, précédé d’une réputation d’insubmersibilité, presque d’invincibilité. Enfin, le bateau transportait un certain nombre de per- sonnalités, qui ont survécu ou pas au drame, mais dont la présence à bord ajoutait une dernière touche “glamour” dont toutes les grandes histoires ont be- soin. Tous ces éléments rassemblés ont fait que d’année en année, le Titanic est resté dans toutes les mémoires et qu’un mythe s’est progressivement construit autour du bateau et de sa courte et dramatique histoire. En 1997, le film Titanic de James Cameron et son succès mondial, ont incontestablement réveillé l’intérêt du grand public pour le sujet. Et nous voilà donc en 2012, commé- morant le centième anniversaire du premier voyage du Titanic et de son passage à Cherbourg. Dans le hors-série Cherbourg, port du Titanic et des transatlantiques, que nous avons édité en novembre dernier, nous revenons largement sur l’histoire du Ti- tanic et son escale cherbourgeoise. Il n’était donc pas question pour nous ici, de redire et réécrire les mêmes choses. Nous avons donc pris le parti, puisqu’il s’agit d’un centenaire, de repartir cent ans en arrière, et d’offrir à nos lecteurs, le vrai-faux journal du 10 avril 1912. Même maquette, même police de carac- tère, même colonnage, même pagination (4 pages), mêmes publicités que le Cher- bourg-Eclair d’il y a cent ans. Et pour les textes, nous avons puisé à diverses sources d’époque pour plonger nos lec- teurs dans le Cherbourg et dans le Co- tentin d’il y a cent ans, dans le Cher- bourg qui accueillait le Titanic. Quels visages offraient la ville et région à cette époque, quel temps faisait-il ce jour-là, quels étaient les salaires et les prix pratiqués, comment passait-on le dimanche, quelle était l’ac- tivité de l’arsenal ou dans quels grands magasins les ménagères cherbour- geoises faisaient-elles leurs emplettes, qu’est-ce qui faisait l’”actualité” à Sainte-Mère-Eglise, Carentan ou Saint- Lô… Autant de questions qui trouvent leurs réponses dans les colonnes sui- vantes, à coups d’anecdotes, de cou- pures de presse et d’illustrations. Bon voyage dans le temps et bonne lecture. 10 avril 1912, 18 h 30. Le paquebot Titanic vient enfin de faire son entrée dans la grande rade par la passe de l’Ouest. Attendu initialement à Cherbourg à 17 h 30, le paquebot de la White Star a frôlé la collision avec le paquebot New York au moment de son départ de Southampton sur le coup de midi. Le temps de régler l’incident, le Titanic a repris la mer avec une heure de retard sur son horaire. Mais enfin le voilà. Partis de la gare Saint-Lazare le matin même par le New York Express, 274 passagers l’attendent à bord des deux transbordeurs de la White Star affectés à Cherbourg, le Nomadic et le Traffic. Celui-ci s’avance en premier vers le Titanic pour que les passagers de troisième classe et les bagages puissent monter à bord du paquebot. Puis c’est au tour du Nomadic d’opérer la même manœuvre afin de transborder les passagers de première et seconde classe. Une fois tout le monde à bord, une vingtaine de passagers qui n’ont pris qu’un aller simple entre Southampton et Cherbourg, quittent le Titanic et embarquent à bord du Nomadic qui les ramène à terre. Une opération qui dans sa globalité, n’a pris qu’une petite heure et demie. A 20 heures, le Titanic lève l’ancre, effectue un demi-tour, et repart par la même passe de l’Ouest. Direction, le port irlandais de Queenstown, où il doit faire une dernière escale le lendemain. Avant d’affronter l’Atlantique… Les deux photos que nous reproduisons ici, montrent le Titanic dans la grande rade de Cherbourg, sous deux angles différents. Le premier cliché a été pris par un jeune agent de la compagnie transatlantique allemande Norddeutscher Lloyd : le bateau est ancré au large du fort de l’Ouest, que l’on voit sur la droite (collection Claude Molteni de Villermont). Le deuxième cliché, dont l’auteur est inconnu, montre le Titanic ancré au même endroit, mais pris de l’autre côté : on aperçoit au fond, les hauteurs dominant Cherbourg. Peut-être l’auteur de ce cliché était-il sur le fort de l’Ouest ? (collection Valéry Bouet). Le jour où le Titanic est passé par Cherbourg Le bulletin météo DU 10 AVRIL 1912 (7 HEURES DU MATIN) - La digue de Cherbourg : baro- mètre 754,5, vent d’ouest forte brise, mer houleuse, pluie, température 10°C. - Barfleur : baromètre 753,8, vent d’ouest nord ouest, forte brise, mer agitée, ciel couvert, température 10°C. - Hague : baromètre 756,5, vent d’ouest, forte brise, mer houleuse, ciel couvert, température 9°C. - Carteret : baromètre 758, vent d’ouest nord ouest, forte brise, mer très houleuse, ciel couvert, tempéra- ture 9°C. POUR É ÉV VI IT TE ER R OU POUR G GU UÉ ÉR RI IR R Maux de Gorge, Rhumes, Bronchites, Grippe, Influanza, Asthme, Catarrhes, Pneumonies, etc. PRENEZ DES PASTILLES VALDA REMÈDE ANTISEPTIQUE D’UNE INCOMPARABLE EFFICACITÉ MAIS SURTOUT D DE EM MA AN ND DE EZ Z, , E EX XI IG GE EZ Z dans toutes les Pharmacies LES VÉRITABLES PASTILLES VALDA vendues SEULEMENT en BOITES de 1 1 fr. 2 25 5 PORTANT LE NOM VALDA

M D AN S LEC OT IM ’ VR 19 2 LLERCREDAAI 10 … · téléphérique en cours de construction pour la mine sous-marine. (A rchiv esdép atmn l Manche/ CG50. Fonds Victor Lefrançois

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LLAA PPRREESSSSEE DDEE LLAA MMAANNCCHHEEMERCREDI 10 AVRIL 1912 EDITION SPECIALE MARDI 10 AVRIL 2012

Supplément gratuit de La Presse de la Manche du mardi 10 avril 2012 - N° 20 612 - Ne peut être vendu séparément

9, rue Gambetta - BP 408 - 50104 Cherbourg Cedex

Cherbourg salue le TitanicA Southampton, une collision évitée de justesse ! -- Le navire repart ce soir pour l’Irlande

Plus personne ne l’ignore mainte-nant : le 10 avril 1912, pendant uneheure et quarante minutes, le Titanic ahonoré de sa courte présence la rade deCherbourg. Quatre jours plus tard, lepaquebot de la White Star sombraitdans l’Océan après avoir heurté un iceberg. La catastrophe faisait 1.495 victimes parmi les 2.207 personnes présentes sur le navire. Un fait diversqui marqua son époque par son am-pleur, mais aussi parce que le Titanic,plus grand navire de son époque effec-tuait là son premier voyage, précédéd’une réputation d’insubmersibilité,presque d’invincibilité. Enfin, le bateautransportait un certain nombre de per-sonnalités, qui ont survécu ou pas au

drame, mais dont la présence à bordajoutait une dernière touche “glamour”dont toutes les grandes histoires ont be-soin.Tous ces éléments rassemblés ont

fait que d’année en année, le Titanic estresté dans toutes les mémoires et qu’unmythe s’est progressivement construitautour du bateau et de sa courte et dramatique histoire. En 1997, le film Titanic de James Cameron et son succès mondial, ont incontestablementréveillé l’intérêt du grand public pour lesujet. Et nous voilà donc en 2012, commé-

morant le centième anniversaire du premier voyage du Titanic et de son passage à Cherbourg.

Dans le hors-série Cherbourg, port duTitanic et des transatlantiques, que nousavons édité en novembre dernier, nousrevenons largement sur l’histoire du Ti-tanic et son escale cherbourgeoise. Iln’était donc pas question pour nous ici,de redire et réécrire les mêmes choses.Nous avons donc pris le parti, puisqu’ils’agit d’un centenaire, de repartir centans en arrière, et d’offrir à nos lecteurs,le vrai-faux journal du 10 avril 1912.Même maquette, même police de carac-tère, même colonnage, même pagination(4 pages), mêmes publicités que le Cher-bourg-Eclair d’il y a cent ans. Et pour lestextes, nous avons puisé à diversessources d’époque pour plonger nos lec-teurs dans le Cherbourg et dans le Co-

tentin d’il y a cent ans, dans le Cher-bourg qui accueillait le Titanic. Quels visages offraient la ville et

région à cette époque, quel temps faisait-il ce jour-là, quels étaient les salaires et les prix pratiqués, commentpassait-on le dimanche, quelle était l’ac-tivité de l’arsenal ou dans quels grandsmagasins les ménagères cherbour-geoises faisaient-elles leurs emplettes,qu’est-ce qui faisait l’”actualité” àSainte-Mère-Eglise, Carentan ou Saint-Lô… Autant de questions qui trouventleurs réponses dans les colonnes sui-vantes, à coups d’anecdotes, de cou-pures de presse et d’illustrations. Bonvoyage dans le temps et bonne lecture.

10 avril 1912, 18 h 30. Le paquebot Titanic vient enfin de faire son entrée dans la grande rade par la passe de l’Ouest. Attendu initialement à Cherbourg à 17 h 30, le paquebot de la White Star a frôlé la collision avec le paquebot New York au moment de son départ de Southampton sur le coup de midi. Le temps de régler l’incident, le Titanic a repris la mer avec une heure de retard sur son horaire. Mais enfin le voilà. Partis de la gare Saint-Lazare le matin même par le New York Express, 274 passagers l’attendent à bord des deux transbordeurs de la White Star affectés à Cherbourg, le Nomadic et le Traffic. Celui-ci s’avance en premier vers le Titanic pour que les passagers de troisième classe et les bagages puissent monter à bord du paquebot. Puis c’est au tour du Nomadic d’opérer la même manœuvre afin de transborder les passagers de première et seconde classe. Une fois tout le monde à bord, une vingtaine de passagers qui n’ont pris qu’un aller simpleentre Southampton et Cherbourg, quittent le Titanic et embarquent à bord du Nomadic qui les ramène à terre. Une opération qui dans sa globalité, n’a pris qu’une petite heure et demie. A 20 heures, le Titanic lève l’ancre, effectue un demi-tour,et repart par la même passe de l’Ouest. Direction, le port irlandais de Queenstown, où il doit faire une dernière escale le lendemain. Avant d’affronter l’Atlantique…Les deux photos que nous reproduisons ici, montrent le Titanic dans la grande rade de Cherbourg, sous deux angles différents. Le premier cliché a été pris par un jeune agent de la compagnie transatlantique allemande Norddeutscher Lloyd : lebateau est ancré au large du fort de l’Ouest, que l’on voit sur la droite (collection Claude Molteni de Villermont). Le deuxième cliché, dont l’auteur est inconnu, montre le Titanic ancré au même endroit, mais pris de l’autre côté : on aperçoit au fond,les hauteurs dominant Cherbourg. Peut-être l’auteur de ce cliché était-il sur le fort de l’Ouest ? (collection Valéry Bouet).

Le jour où le Titanic est passé par Cherbourg Le bulletin météoDU 10 AVRIL 1912(7 HEURES DU MATIN)

- La digue de Cherbourg : baro-mètre 754,5, vent d’ouest forte brise,mer houleuse, pluie, température10°C.

- Barfleur : baromètre 753,8, ventd’ouest nord ouest, forte brise, meragitée, ciel couvert, température10°C.

- Hague : baromètre 756,5, ventd’ouest, forte brise, mer houleuse,ciel couvert, température 9°C.

- Carteret : baromètre 758, ventd’ouest nord ouest, forte brise, mertrès houleuse, ciel couvert, tempéra-ture 9°C.

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Combiença coûte ?

Voilà quelques salaires del’époque relevés pour différentesprofessions : l’architecte de la villede Cherbourg touche en 1912, 8 500 francs par an. Le chef machi-niste du théâtre de Cherbourg est à2 200 francs par an et le chef cantonnier de la ville, 1 350 francspar an. Un garçon de bureau gagne1 200 francs par an. Pour une journée de travail, le contremaîtrede l’atelier municipal gagne 5,25 francs (soit 1 638 francs par an), un manœuvre 3,90 francs(1 216 francs par an).

Voilà maintenantquelques prix relevésà la même époque :

- Un ticket de tramway Cherbourg (place du Château/Urville) : 60 centimes.- Un aller en train de Cherbourg à

Barfleur : 2,40 francs (premièreclasse), 1,75 franc (deuxièmeclasse).- Une séance de cinématographe

au Palace d’Equeurdreville : de 0,70à 0,25 francs.- Une bicyclette routière (vendue

par la maison Cardet, Equeurdre-ville) : 105 francs. - Une douzaine d’œufs au marché

de Sainte-Mère-Eglise : 90 centimes.- Le pain : 2,10 francs les 6 kilos

au marché de Sainte-Mère-Eglise.- Le beurre : 3,40 francs le kilo de

première qualité au marché deSainte-Mère-Eglise.- Le lait : 0,25 francs le litre

à Cherbourg.- Une poule : 4,25 francs à

Cherbourg.- De la viande de bœuf :

1,80 francs le kilo à Cherbourg.- Des haricots : 40 francs

l’hectolitre à Cherbourg.- Du cidre : 13,50 francs

l’hectolitre à Cherbourg.Pour conclure le tout, le prix

moyen d’un passage sur le Titanic

en troisième classe était de 7 livressterling par personne : presque deuxmois de salaire d’un garçon de bureau de la ville de Cherbourg en1912. Charlotte Cardeza, passagère

de première classe sur le Titanic, a payé sa cabine 512 livres del’époque : un peu plus de dix ans de salaire du même garçon de bureau…

A Bricquebec, les grands marchés aux bestiaux du lundi, ont rencontré aussitôt le succès.(Archives départementales Manche/CG50 (6 Fi 82 - 319).

Grain, charbon et autres marchandises : le port de Carentan est très actif en ce début deXXe siècle. (Archives départementales Manche/CG50 (6 Fi 99 - 443).

La grande jetée de Diélette, avec au premier plan, une structure métallique destinée au téléphérique en cours de construction pour la mine sous-marine. (Archives départementalesManche/ CG50. Fonds Victor Lefrançois (32 Num 58).

L’hôtel de ville de Sainte-Mère-Eglise. (Archives départementales Manche/CG50 (6 Fi 523-16).

VALOGNES- La saison de football se clôt en

ce mois d’avril et l’équipe locale del’US Valognes joue son derniermatch contre une équipe de lycéensdu département. Le match a lieu àBrix, et les joueurs locaux sontconvoqués en ces termes dans leJournal de l’arrondissement de

Valognes : “les joueurs de Valognesse rendront à Brix en bicyclette,et sont priés en conséquence dese trouver à midi moins un quartroute de Cherbourg, près le pas-sage à niveau du chemin de fer. Le match aura lieu vers 2 heureset demie”.

BRICQUEBEC- La mise en place de ce qu’on ap-

pelle Les grands marchés, deux foispar mois le lundi, rencontre immé-diatement le succès : les éleveurs dela région y amènent nombre debêtes, en particulier des veaux gras

qui intéressent beaucoup les grossistes venus de Paris pour l’occasion. Porcs et moutons sontmontrés et vendus sur la place desButtes, les veaux sur la place des Halles.

CARENTAN- Le port est régulièrement visité

par des navires de transport effec-tuant du cabotage entre les diffé-rents ports de la Manche : Le Havre,

Boulogne… pour y amener des mar-chandises diverses : grains, char-bon...

SAINT-LÔ- Le conseil municipal vote un

emprunt de 700 000 francs pourdoter la ville d’un système de filtration des eaux, identique à

celui déjà installé à Cherbourg. Les eaux filtrées seront ensuite stérilisées avec des appareils à ultra-violets.

LA HAYE-DU-PUITS- C’est le derby manchois (foot-

ball) entre l’Avant-Garde de LaHaye-du-Puits et le club de La Haye-Pesnel, dont on trouve le compte-rendu dans Le Réveil Avranchinais.Menés rapidement 2-0, “les joueursde La Haye-Pesnel, qui ont à coeurde gagner, en mettent terrible-ment et après de nombreuses des-centes vers les buts adverses,réussissent bientôt un but suivipeu après d’un second et d’untroisième”.

3-2 à la mi-temps. Cinq minutes derepos et la partie reprend : “cettedeuxième mi-temps fut tout àl’avantage de La Haye-Pesnel : lesjoueurs dans toute leur ligne pa-raissaient bien supérieurs à leursadversaires”. Après trois nouveauxbuts marqués, la partie se terminesur le score de 5-3 pour La Haye-Pesnel, et par “une collation sou-pante au terme de laquelle lesdeux sociétés se sont quittés entoute cordialité”.

LES MARAIS- Dans le centre du Cotentin, la

mise aux marais des bestiaux se faitde manière avancée dans plusieurscommunes à cause de la pénurie defoin. La marque du bétail se fait la

veille que pour les locaux, le jourmême pour les bêtes appartenant àdes "étrangers”. Dans de nom-breuses communes, des droits sontà vendre.

AU CONSEIL DE RÉVISION- On ne fait pas de cadeaux aux

jeunes conscrits puisque la Francea besoin de soldats en cette époquetrès revancharde contre l’Allemagne: au conseil de révision du canton deValognes, qui examinait 102 jeuneshommes de la classe 1911, 80 ont

été déclarés bons pour le service etseuls 4 ont été exemptés. A Bric-quebec, sur 80 hommes, 67 bonspour le service et 3 exemptés. Etenfin à Barneville, sur 79 inscrits,63 ont été déclarés bons pour le ser-vice et 3 exemptés.

CINÉMA- Un peu partout, le cinémato-

graphe est déjà répandu dans le Co-tentin. Ainsi à Valognes, lors de lafête de l’aviation militaire qui a lieuà la salle des fêtes le 14 avril 1912,le conférencier invité s’appuie surune projection de films pour ap-puyer son discours. A Saint-Pierre-Eglise, on mentionné la présenced’un cinéma, sans que l’on sache s’ils’agit d’un cinéma en dur ou d’un ci-néma ambulant. A Néhou/Colomby,lors d’une soirée récréative donnée àl’école des garçons sous les auspicesde la municipalité, on donne le pro-gramme cinématographique sui-vant : Corrida de taureaux au Chili,Droit seigneurial (drame), Rigalin estfier d’être témoin (comique), La puréeest enragé (comique), Jalousie de Gi-tane (drame), Gross country (origi-

nal, comique), Noël du peintre (co-médie), En Suisse, promenade sur lelac des quatre cantons, et Julot a dujarret (comique). Il est préciséqu’”entre chaque vue, le gramo-phone se fera entendre”. Il fautcroire que ces séances ont beaucoupde succès, puisque le même journalrend compte une semaine plus tardde cette soirée récréative : “on ap-plaudit longuement à la fin dechaque film, car il faut louer chezMr Férey (l’organisateur de la pro-jection), à la fois l’habileté du mé-canicien et le goût heureux del’artiste ! Les airs du phonographeet les chants des enfants ajoutè-rent à l’intérêt de la séance. undîner fut offert à Mr Férey par lamunicipalité. On y but à l’école età la République”.

BARNEVILLE- Les travaux pour l’édification

d’un chalet de plage destiné à laprincesse de Chimay, viennent de

commencer. On estime la facture à100 000 francs de l’époque.

RAUVILLE-LA-BIGOT- La municipalité décide que les

revenus tirés des propriétés appar-tenant à la commune seront dédiés

à l’achat de fournitures scolairespour les enfant des écoles publiquesde la commune.

SAINTE-MÈRE-EGLISE- A Sainte-Mère-Eglise, l’actualité

locale est dominée par l’inaugura-tion de l’hôtel de ville le 21 avril,

avec une soirée-concert donnée pourl’occasion par la Société des anciensélèves et amis de l’école publique.

Faits divers- Pas de faits divers sanglants à

la une des journaux locaux de cemois d’avril 1912 : rien que l’habituel film des petits évènementsde la rue d’alors.- Des accidents de circulation :

un cheval qui s’emballe, un néo-cy-cliste qui éprouve quelques difficultés à maîtriser sa monture,un paysan tombé de sa charrette etqui se fait enfoncer les côtes par laroue lui passant dessus.- Des scènes d’ivrognerie assez

fréquentes : on ramasse dans la rueun homme (ou une femme) plus oumoins imbibé, parfois raide-mortd’avoir forcé sur la bouteille.

- Des bagarres : c’est assez fréquent à l’époque que l’on s’empoigne pour un larcin ou unmot de trop. Ça se termine souventau tribunal de police par une remontrance et une amende. Mais quand un militaire est mêlé à l’histoire, il y a souvent effusion desang, les coloniaux en garnison à Cherbourg, voire les équipages des torpilleurs, ayant le sang chaudet le coup de poing facile : parfois,ils n’hésitent pas à utiliser leurs armes de service pour faire admettre leur point de vue sur laquestion…

SAINT-VAAST-LA-HOUGUE- On apprend dans Le journal de

l’arrondissement de Valognes, la pu-blication prochaine à Saint-Vaast deLa gueule de fer, “grand journal lit-téraire, amusant, humoristique,nullement politique”. Edité tousles 8 jours et tiré à 2 500 exem-plaires, il se propose de publier labiographie des “grands hommes denotre ville” et “pourra être luaussi bien par les jeunes filles quepar leurs mamans” : “son but estde léguer à la postérité les faits etgestes de nos concitoyens mar-quants et de les présenter aux lec-teurs sous leur vrai jour, enexhaltant leurs vertus - pour ceuxqui en ont - et aussi en faisantconnaître leurs petits travers - carchaque grand homme a ses fai-blesses”. Même s’il se proclame“nullement politique”, La gueulede fer, publié à quelques jours desélections municipaux, ne fait pas

mystère de ses objectifs : tirer à boulets rouges sur certains citoyensqui se présentent devant les électeurs locaux. Comme par exemple, le chef du Comité des intérêts de Saint-Vaast, qui “se promène dans les rues de notreville, la démarche posée, le gestelent, l’air inspiré comme ilconvient à un penseur. Tel qu’ilest, il n’est pas méchant, et entemps ordinaire, c’est un mouton.Malheureusement pour lui, c’estl’époque des élections, aussi leprintemps aidant, il s’est éveilléet le mouton est devenu enragé. Il est allé prendre ses ordres chezle voisin d’en face : Mr le Curé quilui dicte sa ligne de conduite, carc’est un chef bien pâle et quelquepeu timoré”. On ne sait pas si les électeurs de Saint-Vaast ont étédes lecteurs assidus de La gueule de fer…

QUETTEHOU- Une conférence en faveur de la

création d’une Société de tir et depréparation militaire, remporte unfranc succès. Sur la proposition deMr Jouet, instituteur et initiateur dela conférence, la société a été créée

et dénommée La Patriote : son prési-dent est Mr Fargeas, ancien deSaint-Cyr et percepteur, et le mairede la commune, Mr Quentin, en estle vice-président.

Sources- Cherbourg-Eclair et Le Réveil,

avril 1912. -------- Bulletin municipal officiel de

la ville de Cherbourg, 1912.-------

- Nouveau guide illustré de Cherbourg et ses environs, 1911.

-------- Agenda illustré de la Dépêche de

Cherbourg, 1913.-------

- Cherbourg et le Cotentin/Congrès de l’association françaisepour l’avancement des sciences(août 1905). -------- Annuaire de Cherbourg,

1903-1904. -------- Le journal de Valognes, 1912.

-------- Le journal de l’arrondissement

de Valognes, 1912.-------

- Le journal de Coutances, 1912.

TRIBEHOU- On annonce la prochaine ins-

tallation d’un bureau de poste à Tri-behou (la nouvelle est parue dans

L’Officiel). On cherche un local et onparle d’inauguration pour le mois dejuillet prochain.

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Au sortir de la seconde guerre mondiale, la flotte depaquebots français se résume à trois navires capablesd’affronter la traversée de l’Atlantique Nord : l’Île deFrance, le De Grasse, et l’ancien Bremen rebaptiséLiberté. Trois bateaux dont la construction remonte auxannées vingt.A moyen terme, il faut donc que la France se dote denouveaux paquebots, d’autant que dès la fin des an-

nées 40, le trafic passagers a repris entre les conti-nents américain et européen, et que pour l’heure, cesont les armements anglais et américains qui s’ytaillent la part du lion.

Un grand paquebot (2 000 passagers, 5 jours de tra-versée) ou deux paquebots de taille moyenne (1 300passagers chacun pour 6 jours de traversée) ? Assez

rapidement, la solution du grand paquebot s’impose,tant du point de vue économique que du prestige qu’ilapporte à l’image du pays. Même si certaines voix s’élè-vent pour prédire que le temps des paquebots trans-atlantiques est révolu et que l’avenir appartientdésormais à l’aviation, le gouvernement français indiqueà la fin juillet 1956 à la Transat qu’elle peut passercommande aux chantiers navals de Saint-Nazaire.

Et vive le France !Pendant quatorze ans, le paquebot France a représenté la culture et la technologie française sur tous les

océans. Et après avoir failli sombrer, il a connu une seconde vie encore plus longue sous d’autres pavillons.

Du côté des Français

8 février 1962 : achevant sa première traversée transatlantique, le France vient de passer devant la statue de la Liberté et est salué par les remorqueurs et les bateaux-pompe du port de New York. (Photo AFP).

En haut à gauche, les rubans que l’on distribuait aux passagers pour qu’ils les agitent lors des départs et des arrivées du paquebot. (Collection privée).

Ci-dessous et dans les pages suivantes, extraits du plan des ponts du paquebot France, offert aux passagers pour mieux se repérer sur le bateau. (Collection privée).

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46-51 France:Mise en page 1 7/10/11 14:44 Page 1

En mer

Le naufrage du Titanic, vu par un illustrateur de l’époque. (Archives AFP).

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Dimanche 14 avril 1912. Le Titanic est en plein

Atlantique. Soleil, mer belle, vents faibles : une météo

idéale pour continuer à tracer à travers l’océan à la

vitesse de 21,5 nœuds.

A bord, la vie suit son cours, rythmé par les repas (petit

déjeuner de 8 h 30 à 10 h 30, déjeuner de 13 h

à 14 h 30 et dîner de 18 h à 19 h 30). Comme c’est

dimanche, la fin de la matinée est consacrée aux

offices religieux, qui sont dits dans les salles à manger

des trois classes. En première, c’est le commandant

Smith en personne qui vient lire l’Evangile, tandis qu’en

seconde et en troisième classe, c’est le père Byles,

passager de seconde classe, qui dit la messe.

SSooiirrééee ddee ggaallaaPuis les passagers s’égayent à nouveau pour l’après-

midi, entre lectures à la bibliothèque et parties de

squash pour les premières, courrier ou promenade sur

le pont supérieur pour les secondes, et rêveries le nez

au large pour les troisièmes. Mais cette rêverie n’a

qu’un temps : au fur et à mesure que la lumière du

soleil décline et que la température extérieure chute, les

passagers désertent progressivement les ponts exté-

rieurs du navire pour se réfugier à l’intérieur. En pre-

mière classe, cela fait longtemps que les passagers et

passagères ont rejoint leurs cabines pour peaufiner leur

tenue pour le dîner : c’est en effet tout à l’heure que la

soirée de gala de la traversée a lieu. Et pour rien au

monde, il ne faudrait manquer cet évènement mondain.

Le naufrage impensable2 h 40 minutes après avoir touché l’iceberg, le Titanic sombre. Un cauchemar pendant lequel on va

assister au défilé de toutes les qualités et défauts du genre humain, de l’incompétence au sang-froid,

de la lâcheté au panache.

118-122 naufrage:Mise en page 1 8/10/11 9:05 Page 1

Du mythe Titanic à l’épopée transatlantique !

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Cherbourg, port transatlantique

Du passé à l’avenirUn océan à conquérir

Titanic, un destin

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250 pages, plus de 500 illustrations…

MARTINVAST- Dans le Journal de Coutances,

on trouve le compte-rendu de la Fêtedes couturières qui s’est tradition-nellement déroulée à Martinvast àPâques : “le lundi de Pâques, mal-gré un temps indécis, les Cher-bourgeois se sont rendus en fouleà la fête des couturières. L’excel-lente musique L’Union Cherbour-geoise, qui a donné un concertplace de la mairie, avait convié lespromeneurs à lui emboîter le paspour se rendre à la fête. D’autre

part, l’Ouest-Etat avait organisédes trains supplémentaires quiont transporté à Martinvast ungrand nombre de promeneurs.Martinvast est, chacun le sait,l’un des endroits préférés desCherbourgeois : aussi, à un cer-tain moment de l’après-midi, leparc du château et le champ del’assemblée, étaient-ils envahis.Les petits marchands, restaura-teurs et marchands forains ont dûfaire d’excellentes recettes”.

DANS LE COTENTIN EN CE MOIS D’AVRIL 1912LA HAGUE

- On parle beaucoup en ce mo-ment des auto-messageries de laHague. Leur promoteur, René Félix,a entamé une série de conférencesdans la région pour convaincre sesauditeurs de participer à la sous-cription étayant le capital de la com-pagnie. La construction des deuxautobus qui doivent sillonner laHague est paraît-il, bien avancée.

DIÉLETTE- L’exploitation de la mine de fer a

repris, et ce sont actuellement 300ouvriers qui travaillent à creuser desnouvelles galeries en plein granit. ACherbourg, un caisson est enconstruction, qui doit être posi-tionné en mer, au large de Diélette,pour constituer le terminus d’unchemin de fer aérien qui servira àacheminer les wagons transportant

le minerai extrait de la mine. Puis leminerai doit être chargé directementà bord de cargos amarrés au cais-son. On espère que les tempêteslaisseront suffisamment de répitpour permettre l’installation défini-tive du caisson en mer et des quatrepylônes qui le relient à la terre fermeen même temps qu’ils servent de re-lais au chemin de fer aérien.

BRASSERIE LE CERFBIERES DE TABLE en fûts et en bouteilles

FABRICATION A L’EAU DE SOURCE QUAI DE L’ANCIEN-ARSENAL. CHERBOURG

Pauvreté etsolidarité en 1912- Au printemps 1912, le Bureau

de bienfaisance de la ville de Cher-bourg secourt régulièrement un peuplus de 400 familles : secours en es-pèces, en nourriture ou linge, maisaussi en mois de nourrice ou eninhumations gratuites.

- Une assistance médicale gra-tuite est également proposée avecconsultations au bureau de bienfai-sance et visites d’un docteur et/oud’une infirmière à domicile.

- Le Fourneau économique de laville (équivalent de la soupe popu-laire) délivre par ailleurs lait, œufs,bouillon et portions diverses denourriture aux nécessiteux. Desrepas sont également fournis auxenfants qui fréquentent les écoles.

- Pendant le mois d’avril 1912,l’asile de nuit a accueilli unemoyenne de 30 individus par jour,dont les trois quarts sont deshommes. On compte aussi une tren-taine d’enfant accueillis en un mois.

Place du théâtre, les maraîchers ont installé leurs étals et maringotes. Mais le “ventre” de Cherbourg se trouve encore aux halles centrales où on vend viande et poisson, ou dans les annexes couvertes du théâtre pour le beurre, la volaille et les grains. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville).

A l’entrée de l’arsenal, porte du Midi. A l’époque, on peut visiter l’arsenal le dimanche ouà l’occasion du lancement d’un bâtiment. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cher-bourg-Octeville).

L’arsenal de Cherbourg travailleen ce printemps 1912 sur la sériedes sous-marins de type Brumaire :des submersibles de 52 mètres delong à propulsion diesel, déplaçant397 tonnes en surface et 551 enplongée, emmenés par un équipagede 25 hommes. Après avoir lancé leNivose le 6 janvier 1912, l’arsenallancera le Foucault le 15 juin 1912,puis le Euler le 12 octobre 1912. Etpuis, le mois d’avril 1912 est mar-qué à l’arsenal par les expériencesauxquelles l’ingénieur aéronauteSurcouf procède dans les bassins : ils’agit de tenter de relever des sous-marins avec des ballons gonflables.“Le premier essai a été effectuésur une vieille chaudière de 12tonnes avec un seul ballon. En

quelques minutes, lorsque le bal-lon eut atteint toute sa force as-censionnelle, la chaudière futremontée à la surface. Le nouveauprocédé parait beaucoup plus pra-tique que celui des docks qui esttrès coûteux et expose souvent àdes ruptures de chaînes. Un dockde 1 000 tonnes n’est pas facile-ment transportable, mais encoretous les ports n’en possèdent pas.Tandis que les ballons dont on seservirait sont peu encombrants,se gonflent soit à l’hydrogène, soità l’air comprimé, ce qui permetd’employer le compresseur d’untorpilleur ou d’un sous-marin. Lesexpériences que dirige M. Surcouf,vont se continuer en haute mer”explique Le Réveil de l’époque.

A Cherbourg, port et ville de gar-nison importante, la prostitution estactive : en 1912, trois maisons detolérance sont installées à Cher-bourg, pour certaines depuis des dé-cennies. La première au 25, rue duFaubourg (là où tourne désormais larotative de... La Presse de laManche), les deux autres quasimentinstallées côte à côte au 34 de la rueThomas-Henry et au 36 de la rue del’Amiral-Troude. Chacun de cestrois bordels compte une dizaine depensionnaires, un peu plus rue duFaubourg qui est incontestablementl’établissement le plus connu (“leplus populaire”) du genre à Cher-bourg. Quels hommes fréquententces bordels ? Un peu tout le monde :des jeunes, des moins jeunes, desmarins, des agriculteurs, des gensde passage, des bourgeois, des com-

merçants, un écclésiastique (!). Etbien sûr, les militaires de l’impo-sante garnison locale : dix millehommes, jeunes, qui ont une solde àdépenser, du bon temps à passer enattendant d’être envoyés au Tonkinou dans le Rif, et pour qui, “passerau bordel” fait partie des habitudes,voire participe au “passage à l’âged’homme”.Outre les pensionnaires des troismaisons closes, il y a aussi les fillespubliques qui exercent leurscharmes dans la rue : place Divette,quand la foire bat son plein, on peutles voir arpenter les allées à la re-cherche d’un client. On les trouveaussi dans les rues du vieux fau-bourg (l’actuel quartier Divette), surles quais, rue Tour-Carrée… Enfin,il y a aussi les filles travaillant dansles cafés, officiellement comme do-mestiques, mais dont la majeurepartie du temps consiste à attirerdes hommes dans l’établissementpour les faire consommer d’aborddes boissons, puis ensuite monterdans les chambres à l’étage.Une prostitution en maison, dans

la rue ou dans les cafés, qui est to-lérée (on parle de “maison de tolé-rance” pour désigner un bordel) etrigoureusement encadrée du pointde vue policier et sanitaire: pasquestion qu’une épidémie de vérolecontamine la garnison. Ce n’estpoint tant une question de moralequ’une question de sécurité natio-nale…Enfin, la “cohabitation” entre pros-tituées et militaires contribue à met-tre une animation certaine àCherbourg, qui passe parfois des sa-medis soirs agités, quand lestroupes coloniales ou les équipagesviennent de percevoir leurs soldes etpartent en bordée : soûleries, ta-page, bagarres, mauvais coups… Uncatalogue de faits divers où les bor-dels cherbourgeois sont souvent auxpremières loges, quand ils ne sontpas eux-même au cœur de l’action…

Déniché dans les colonnes du Ré-veil en ce mois d’avril 1912, ce textedécrivant le fonctionnement de lamachine à dicter, dernière inventiond’un monde déjà en constante évo-

lution technologique : “nous avionsdéjà le phonographe et la machineà écrire. Edison a cherché lemoyen de les utiliser en mêmetemps et il vient d’inventer la ma-chine à dicter. Un industriel n’apas le temps de dicter sa corres-pondance à ses dactylographes aumoment de la présence de ces der-nières. Ceci n’a plus pour lui lamoindre importance. A son heure,tout seul, il mettra l’appareil enmarche au moyen d’un simple dé-clic : il prononcera à haute voixdans un cornet et aussi rapide-ment qu’il le voudra, le texte detoutes les lettres ou mémoires àrecopier. Tout cela s’imprime surun rouleau et quand le dactyaloest prêt, il n’a plus qu’à remettreen marche, à écouter et à écrire.Un dispositif permet de couper lesphrases si la dictée est trop ra-pide. En appuyant le pied sur unbouton, on arrête l’instrument, eton lui rend sa marche normale enn’appuyant plus. Un de ces appa-reils du volume d’une machine àécrire ordinaire se trouve chezM. Bissonnier, libraire place de laRépublique. Il en fera aimable-ment la démonstration aux per-sonnes que celà pourraitintéresser”.

A l’arsenal

Où s’arrêtera le progrès ?

Y’a d’la joie ?

- Le train : pour aller de Cher-bourg à Paris, il y a six trains quoti-diens (même nombre dans l’autresens), et le plus rapide d’entre euxmet 6 h 54 pour arriver à Saint-La-zare.Les trains plus lents desserventtoutes les petites gares de cam-pagne, à savoir entre Cherbourg etCarentan : Martinvast, Couville, Sottevast, Valognes, Montebourg,Fresville, Chef-du-Pont et Carentan.Cherbourg est également relié àCoutances (cinq trains par jour,deux heures trente de trajet dans lemeilleur des cas, avec arrêts à Martinvast, Couville, Sottevast,Bricquebec, Néhou, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Saint-Sauveur-de-Pierrepont, La Haye-du-Puits, Angoville-sur-Ay, Lessay, Millières, Périers,Saint-Sauveur-Lendelin) et Barfleur(quatre trains par jour, environ uneheure trente de trajet, arrêts à Ba-gatelle, les Flamands, le Becquet,Bretteville, Maupertus, Fermanville,

Carneville/Théville, Saint-Pierre-Eglise, Varouville/Réthoville, Néville,Tocqueville/Gouberville, Rauvile,Gatteville, Quénanville et Barfleur).On parle aussi de la nécessité de re-lier Cherbourg à Bordeaux etNantes, via Rennes. Des lignes se-condaires sillonnent également ledépartement : Valognes/Monte-bourg/Saint-Vaast/Barfleur, Pont-L ’ Abbé/Sa in t e -Mè r e -Eg l i s e ,Carentan/Carteret, Regnéville/Orval-Hyenville et Granville/Condé-sur-Vire. Saint-Lô est enfin relié àVire (trois trains par jour) et Caen(trois trains quotidiens).

- Le tram : un service de tram-ways sillonne l’agglomération cher-bourgeoise d’est (place deTourlaville) en ouest (Urville) tousles jours de la semaine depuis 1897.

- Les voitures publiques : ellessillonnent le nord-Cotentin tous lesjours au départ de Cherbourg :

2 francs pour aller à Beaumont,2 francs 50 jusqu’à Auderville (dé-parts à 6 h 15 et 16 h). Pour Bar-fleur et Fermanville, 2 francs (départà 16 h). Pour les Pieux, Flamanville,Saint-Vaast et Omonville, c’est qua-tre fois par semaine seulement.

- On a aussi la possibilité delouer une voiture (de 0,50 à 0,75francs le kilomètre selon la voiture)ou de prendre le taxi (une course de900 mètres pour 2 ou 3 personnes :0,75 francs. 10 centimes de plustous les 250 mètres supplémen-taires).

- Enfin, à Cherbourg en 1912, ily a six garages automobiles (vente,location, réparations, parking) : Mal-let (rue du Bassin), Lemonnier (ruedu Bassin), Gros (quai de Caligny),Burnouf (rue Noël), Sanson (rueLouis-XVI), et enfin le garage Peu-geot de la rue Gambetta.

DANS LES TRANSPORTS

6 heures 54 minimum pour rallier Paris depuis Cherbourg en train. La plupart des convois s’arrêtent dans toutes les gares de campagnedu Cotentin. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville).

- Au recensement de 1911, laManche comptait 476.119 habi-tants, soit 11 000 de moins qu’en1906 (487.343). Une dégringoladedémographique que l’on peut expliquer par l’exode rural vers lesgrandes villes qui affecte les campagnes manchoises.- Des six arrondissements que

compte alors le département, seulcelui de Cherbourg est en solde légèrement positif. Au niveau desvilles les plus importantes du Cotentin, c’est Cherbourg qui remporte bien sûr la palme avec43.731 habitants en 1911, suivi deTourlaville (7.879), Equeurdreville(7.517), Valognes (5.649), Carentan(3.987), Octeville (4.193), Bricquebec(2.816), St-Vaast-la-Hougue (2.549),Saint-Sauveur-le-Vicomte (2.266) etLa Glacerie (2.148). (Annuaire du dé-partement de la Manche). - Pour le mois d’avril 1912 à

Cherbourg, on enregistre 86 nais-

sances, 107 décès et 33 mariages.Parmi les causes de décès, la tuber-culose (33 décès), la bronchite et lacoqueluche. A noter dans la ru-brique de l’état-civil des journaux del’époque, l’effroyable mortalité in-fantile : quasiment pas une seulejournée sans qu’on enregistre la dis-parition d’un nouveau-né ou d’unenfant. A l’époque, c’est monnaiecourante de mourir à 1 jour, deuxmois ou trois ans.

476.119 Manchois

123, rue Hélain, 123CHERBOURG

TÉLÉPHONE N°177

Photographie Artistique

V. MAS22, rue Tour-Carrée, 22

CHERBOURG

LA SUSCEPTIBILITÉD’AGLAÉSur le front

de l’infoEn 1912, il y a six journaux qui

se partagent le lectorat de Cher-bourg et du Nord-Cotentin : en pre-mier lieu, les deux journaux dirigéspar Jean-Baptiste Biard, qui sont Le Réveil et Cherbourg-Eclair. Instal-lés rue Gambetta, Cherbourg-Eclairparaît quatre fois par semaine, tan-dis que Le Réveil est un bi-hebdo-madaire. Les deux journaux coûtent 5 centimes, font quatre pages. Le tirage de Cherbourg-Eclair est environ de 20 000 exemplaires. Quatre autres journaux paraissentencore à Cherbourg à la mêmeépoque : Le Phare (rue de l’Alma), LaDépêche (rue Gambetta), La Croix(rue François-La Vieille) et L’avenirde la Manche (impasse Gouberville).Ailleurs dans le Cotentin, il y a le Journal de Valognes et le Journalde l’arrondissement de Valognes. A Carentan, on lit Le Cotentin, àCoutances, le Journal de Coutances.

- Vous n’êtes pas polie, Aglaé,vous pourriez bien me dire bon-jour ?.

- C’est comme madame, ellepourrait bien frapper avantd’entrer dans ma cuisine !…

CHERBOURGDISPARU

Dans son édition de 1911, le Nou-veau guide de Cherbourg et de sesenvirons, donnait une descriptiontrès précise du Cherbourg d’alors.L’occasion de faire une visite rétros-pective d’un Cherbourg désormaisdisparu. C’est parti pour une baladehistorico-virtuelle :

- “Dans l’espace compris entrele bassin de retenue et le bassindu Commerce, derrière une belleallée ombragée, on trouve uneusine de lait concentré pour l’ex-portation anglaise, les magasinsde l’habillement et du campementmilitaires et les abattoirs. Au norddu bassin de retenue, on voit lesbureaux de l’intendance et du re-crutement, une caserne où estlogée une compagnie d’infanterieet la manutention militaire”...

- “Devant le casino s’étend laplage, et à côté l’établissementdes bains. Avis aux baigneurs prudents qui craignent les brutalités de la vague sournoise :l’eau y est calme et le sable régulier et doux. A marée basse, laplage est pendant les après-midisd’été, la propriété des enfantsroses aux jambes nues quiconstruisent eux aussi des digues,des forteresses, des arsenaux”...- “Voyez le long de la grande

jetée, ces noirs débris, ces amasde ferrailles, ces carcasses éventrées. Ce ne sont pas lesépaves d’un sinistre naufrage :c’est le cimetière ou plutôt l’abat-toir des navires. Quand un bâtiment de guerre est démodé,quand un transatlantique est horsd’usage, c’est là qu’on les échouepour les dépecer”...- “Dans l’aile gauche du

théâtre, on pourra visiter lemusée Le Véel, créé à l’aide descollections léguées à la ville parl’illustre statuaire. Ce qui en fait

le charme, C’est l’heureuse disposition des objets. Ce n’estplus un musée à vitrines, maisbien un appartement orné demeubles superbes groupés avecgoût et dont l’agencement fait leplus grand honneur à notre concitoyen, Mr Féron, qui en futl’organisateur. Au rez-de-chaussée, les meubles Renais-sance et Louis XIII : c’est letriomphe du bois sculpté. A noterde belles armures, des tableaux del’école flamande, de superbesfaïences. Au premier étage, lesépoques plus modernes de LouisXIV à notre époque, beaux tableaux et belles gravures dutemps.Vitrines pleines de menus objetsintéressants, enfin la collectionde numismatique dont la sérieroyale française, seule exposée,remplit 9 vitrines riches en piècesdu plus grand intérêt. Enfin, unedernière salle est consacrée auxsouvenirs locaux : tableaux, gravures, médailles, pièces

diverses se rapportant à Cherbourg ou à son histoire”....- “Dans des annexes couvertes

du théâtre, se tiennent les marchés du beurre, de la volailleet des grains. Les bestiaux se vendent sur une place immense,située derrière le théâtre, la placeDivette, où ont lieu aussi lesconcours de chevaux, les foires,où dès la fin mai, s’installent desthéâtres, forains, cirques, montagnes russes, baraques diverses”...- “La rue Tour-Carrée, ainsi que

celle qui la prolonge de l’autrecôté de la place d’Armes, la rue dela Paix, sont fort curieuses pourun étranger : c’est le lieu de promenade favori des matelots etdes soldats d’infanterie colonialeaprès cinq heures : les petits cafésabondent, on y boit, on y chante,on y circule bras dessus bras des-sous en criant à tue-tête et enjouant de l’accordéon”...- “Dans la rue de l’Alma à

gauche, est l’ancien théâtre quisert aujourd’hui de salle de conférences et de Bourse du Travail. De la place de l’Alma,nous découvrons à droite l’usineà gaz qui est rue Hélain”...- “Fermée de toutes parts, sauf

aux passes Est et Ouest, la radeest un excellent refuge pour l’escadre du Nord, et bien défen-due contre une attaque possible.Elle est protégée d’abord par desforts modernes, dissimulés surtoute la côte, les uns en bas, à tirrasant, les autres sur les hauteurs,à tir plongeant. Au large et dansles passes, à des endroits connus,il y a des torpilles mouillées. Desprojecteurs électriques placés surla digue permettent d’explorer auloin la mer pendant la nuit. Deplus, il y a douze batteries, lesforts de Querqueville et de Chavagnac à l’Ouest, le fort central et le fort de l’île Pelée àl’Est. Contre les croiseurs etmême contre les torpilleurs, la défense est efficace. Peut-être ce-pendant ne l’est-elle point contreles sous-marins qui pourraient enplongée, éviter les feux croisésdes batteries et des forts, et venirdans la rade faire sauter notre es-cadre. Aussi a t-on commandé récemment une série de travaux

consistant en fermeture de la radepar une digue partant du fort duHomet et allant vers la grandedigue, dans le but de former unavant-port en eau profonde, permettant l’entrée par tous lestemps, des navires du plus forttonnage actuellement à flot”...

- “Devant le dépôt des équi-pages de la Flotte, on tourne àdroite : nous traversons un pont-levis jeté sur des fossés pleinsd’eau, nous sommes alors sur unevaste place : à droite, sont les bâtiments de l’Intendance de laMarine, en face l’entrée principalede l’arsenal. Sur la gauche, dansl’ancienne Majorité, un lieutenantde gendarmerie délivre des permisd’entrer aux personnes qui peuvent prouver leur nationalitéfrançaise. Sous la conduite d’unmatelot, on passe devant les gendarmes qui gardent l’entrée eton visite le port. Une flotteconsomme surtout du charbon,des munitions et des vivres. Desdocks de charbon existent dansl’arsenal, le long du petit bassinde Chantereyne. Des vivres abon-dants sont accumulés dans le ma-gasin des subsistances qui est lepremier monument rencontré àdroite, dès l’entrée dans l’arsenal.Les munitions enfin qui il y a peude temps encore, étaient accumu-lées au fort des Flamands, loin del’arsenal et de la ville, sont main-tenant reléguées dans l’intérieurdes terres, dans le petit vallon duNardouet, qui débouche dans lavallée de Quincampoix. Un che-min de fer relie ce vallon au portde guerre ainsi qu’au port des Flamands. Autour des bassins etcales de construction sont grou-pés de nombreux ateliers et bâti-ments : ajustage, machines,constructions navales, directiond’artillerie, direction des travauxhydrauliques, atelier de répara-tion des chaudières… Dans le bassin Charles-X, sont rangésgarde-côtes cuirassés et torpilleurs de première ligne,prêts à partir au premier signal.Dans le petit bassin au nord, lestorpilleurs de seconde ligne. Dansle bassin Napoléon-III, les sous-marins que l’on ne peut voir que de loin. Le long des quais, croiseurs et cuirassés d’escadreen armement”.

Trônant devant la plage qui porte son nom, le casino de Cherbourg accueille alors les messieurs et les élégantes : restaurant, établisse-ment de bains, spectacles...un lieu où on s’amuse ! (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville).

AU CINÉMA- Au théâtre Omnia-Pathé (qui est

la première salle de cinéma installéedans le département) de la rue de laPaix à Cherbourg (là où se situe toujours actuellement l’Omnia), onpasse drames, comédies et le Pathé-Journal.

- Au Palace d’Equeurdreville (quise trouve alors sur le côté opposé dela mairie par rapport à son emplacement actuel), scènes comiques et drames, et le Gaumont-Journal.

- Place Divette, avec la foire, uncinéma ambulant, le cinéma Ketorza, vient s’installer pourquelques semaines.

ET VIVE LE SPORT !A Cherbourg en 1912, on peut

pratiquer plusieurs sports : pas forcément les mêmes selon la classesociale à laquelle on appartient :yachting et escrime pour les plusfortunés (ou ceux qui veulent le paraître en tout cas), gymnastique(Les Enfants de Cherbourg), football(US Cherbourgeoise) et cyclisme :c’est incontestablement cette discipline qui a le vent en poupe àl’époque (le Tour de France est passépour la première fois à Cherbourg en1911), et le club local, Cherbourg-Pédale, organise régulièrement desépreuves qui envoie les courageuxcoureurs s’esquinter la santé sur unparcours tel que celui disputé le 7 avril 1912 pour la course éliminatoire départementale desEtoiles Gladiator : Cherbourg (place Marie-Ravenel), Quettehou, Montebourg, Sainte-Mère-Eglise,Carentan, Pont-L’Abbé, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Valognes,Cherbourg (avenue Carnot, café Voisin), soit 129 km. Des amateurs ?

AU BOULOTOutre l’arsenal qui emploie envi-

ron 3.000 personnes, d’autres en-treprises cherbourgeoises sont lesmoteurs de l’économie locale audébut du XXe siècle : Simon Frères,spécialisée dans les matériels agri-coles, les Carrières de l’Ouest, leschantiers navals Lesénéchal etHamel, les constructeurs de chau-dières Du Temple, l’atelier de me-nuiserie Noyon… Le port de pêche,s’il n’a pas de grosses unités,compte par contre une flottille im-pressionnante de petites barques depêche : en 1905, on en recensait250, faisant travailler 600 hommes.

DES MÉTIERSDISPARUS

A Cherbourg à l’époque, il y avaitdes brasseurs de bières (Lecerf rueHélain, Morizot, quai de l’Ancien-Arsenal, Daniel avenue Carnot), desmarchands de bois, des buandierset lessivières, des fabricants et marchands de bonneterie, des brodeuses, des cafetiers-limona-diers, des chaisiers, des charrons,des chemisiers, des fabricants et marchands de cierges, des fabricants et marchands de cordages, des fabricants de corsets,des magasins d’équipements et passementerie pour la marine etl’armée, des ferblantiers lampistes,des marchands de fourrages et pailleen gros, des fumistes, des graveurssur métaux et des graveurs surpierre, des lardiers, des poulieurs etconstructeurs de mâts, des marchands et fabricants de sabotset galoches, des selliers et

bourreliers, des marchands de suif,des tonneliers et un tambour deville.

Dans le port de Cherbourg

(Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville).

ShoppingA Cherbourg, en 1912, on fait

des affaires à La Maison des Abeilles(32, 34, 36, quai de Caligny), auxgrands magasins Ratti (2, 4, 6 ,8, 10rues Gambetta et 56, 54, 50, rue desPortes), au Grand Bazar Parisien (24bis, rue du Château), chez Saint-Crespin (chaussures, 44 et 46, ruede la Fontaine), à la maison Des-chateaux (toiles et tissus, 24, rue duBassin), à la Maison de Paris (placeBricqueville), à La Belle Jardinière (9et 9 bis, rue du Château), au Pharede Cherbourg (13, rue Gambetta), àla Maison Bleue (5 et 7 rue du Châ-teau et 1, rue Notre-Dame), auGrand Paris (19, rue de la Fontaine),ou au Grand Bazar Divetain (25-27,rue de la Fontaine).

Ah, lesbeaux militaires !

Cherbourg en 1912 est un port de guerre et une ville de garni-son particulièrement fournie en troupes, comptant au bas mot

quelques dix mille militaires. A l’intérieur de l’arsenal, le 25e régimentd’infanterie de ligne est caserné à Proteau, le 1er régiment d’infanterie colo-

niale à la caserne Brière de L’Isle, le 5e régiment d’infanterie coloniale à la caserneBadens, le 2e régiment d’artillerie coloniale à Rochambeau. La caserne Le Marois ac-

cueille aussi un détachement du train. Des troupes sont également présentes à la caserneMartin des Pallières (dans l’ancienne abbaye du Voeu) et à la caserne du Val de Saire (en facede l’actuel commissariat de police). On compte aussi deux bataillons d’infanterie au polygone de

Querqueville. Il y a aussi des militaires en garnison à Tatihou, à Granville et à Saint-Lô.

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Outre le cinéma et le sport, voilàquelques autres distractions aux-quelles les Cherbourgeois(es) peu-vent se livrer lors de leursdimanches : les spectacles musi-caux et théâtraux donnés par les di-verses associations locales(patronages...), la promenade sur leport ou au jardin public (où on peutassister aux concerts donnés par lesmusiques militaires des régimentslocaux, qui jouent aussi en soiréedans les jardins du Casino).A Pâques, la foire s’installe sur la

place Divette et accueille le cinémachantant Ketorza “qui a toujours lavogue du public”, les loteries Pier-rot et Buffard, les tirs et les diseusesde bonne aventure. “L’avenir dé-voilé pour deux ou trois sous,voilà qui va tenter les curieux”.On annonce aussi le cirque Anci-

lotti-Plège en mai et le carrousel-Salon Benner en mai-juin. Il y aaussi le Casino qui propose tous lessoirs “un spectacle attrayant, unjeu de roulette, un jeu de bacca-rat. Ceux qui ne sont pas possédéspar la fureur du jeu pourront allersur la terrasse, et goûter au fraisla paix des soirs d’été”.

Il y a aussi la Société d’horticul-ture, la Société artistique et indus-trielle, la Société des pêcheurs à laligne de Cherbourg (fondée en 1895),les sociétés musicales (Société phil-harmonique, Union Cherbourgeoise,chorale sainte-Cécile, Harmonie dela Prolétarienne), et bien entendu, leComité cherbourgeois de la ligue po-pulaire pour le repos du dimanche.Enfin, Cherbourg compte à l’époqueplus de 300 cafés.

UN DIMANCHE CHERBOURGEOIS

Sur la place Divette, ont coutume de s’installer les foires et les cirques, qui restent là plusieurs semaines. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville).

Les steamers de la compagnieLondon and South Western Railwayrelient Cherbourg à Southamptontoute la semaine, transportant den-rées alimentaires, engrais, houille etautres combustibles, mais aussi des

passagers entre les deux ports. Desvapeurs anglais apportent égale-ment régulièrement du charbon deNewcastle et de Cardiff. Venant deNorvège, des grandes cargaisons desapin, dont Cherbourg s’est fait une

spécialité, fournissant en bois laplupart des chantiers français. Uneligne relie également Cherbourg auHavre à raison de deux aller-retourspar semaine. A Barfleur, les indus-triels laitiers de Valognes, BretelFrères, ont aussi leur propre vapeur,qui effectue deux aller-retours heb-domadaires sur Le Havre.

En ce qui concerne les paquebotstransatlantiques, Cherbourg abrite527 escales en 1912 (60 637 passa-gers débarqués ou embarqués surl’année). Par le biais des compagniesanglaises et allemandes qui fré-quentent son port, Cherbourg est enrelation avec New York, BuenosAires, Valparaiso, les Antilles, Sou-thampton, Liverpool, Anvers, Brêmeet Hambourg.

Pendant la semaine du 8 au 14avril 1912, outre le Titanic, Cher-bourg a accueilli les paquebots sui-vants : Kaiser Wilhelm der Grosse,allant à Brême (lundi 8 avril 1912),le Lanfranc, allant à Liverpool (mer-credi 10 avril 1912), le New York, al-lant à New York (samedi 13 avril1912).

Bois avec la Norvège, produits frais, légumes et charbon avec l’Angleterre, cabotage avecLe Havre… Le port de Cherbourg est plutôt actif en 1912.(Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville). - Non, madame, je n’ai pas de

certificat pourtant je suis restécinq ans dans la même maison.

- Laquelle !…

- La maison centrale deFresnes-les-Rungis.

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FABRICATION A L’EAU DE SOURCE QUAI DE L’ANCIEN-ARSENAL. CHERBOURG

Pauvreté etsolidarité en 1912- Au printemps 1912, le Bureau

de bienfaisance de la ville de Cher-bourg secourt régulièrement un peuplus de 400 familles : secours en es-pèces, en nourriture ou linge, maisaussi en mois de nourrice ou eninhumations gratuites.

- Une assistance médicale gra-tuite est également proposée avecconsultations au bureau de bienfai-sance et visites d’un docteur et/oud’une infirmière à domicile.

- Le Fourneau économique de laville (équivalent de la soupe popu-laire) délivre par ailleurs lait, œufs,bouillon et portions diverses denourriture aux nécessiteux. Desrepas sont également fournis auxenfants qui fréquentent les écoles.

- Pendant le mois d’avril 1912,l’asile de nuit a accueilli unemoyenne de 30 individus par jour,dont les trois quarts sont deshommes. On compte aussi une tren-taine d’enfant accueillis en un mois.

Place du théâtre, les maraîchers ont installé leurs étals et maringotes. Mais le “ventre” de Cherbourg se trouve encore aux halles centrales où on vend viande et poisson, ou dans les annexes couvertes du théâtre pour le beurre, la volaille et les grains. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville).

A l’entrée de l’arsenal, porte du Midi. A l’époque, on peut visiter l’arsenal le dimanche ouà l’occasion du lancement d’un bâtiment. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cher-bourg-Octeville).

L’arsenal de Cherbourg travailleen ce printemps 1912 sur la sériedes sous-marins de type Brumaire :des submersibles de 52 mètres delong à propulsion diesel, déplaçant397 tonnes en surface et 551 enplongée, emmenés par un équipagede 25 hommes. Après avoir lancé leNivose le 6 janvier 1912, l’arsenallancera le Foucault le 15 juin 1912,puis le Euler le 12 octobre 1912. Etpuis, le mois d’avril 1912 est mar-qué à l’arsenal par les expériencesauxquelles l’ingénieur aéronauteSurcouf procède dans les bassins : ils’agit de tenter de relever des sous-marins avec des ballons gonflables.“Le premier essai a été effectuésur une vieille chaudière de 12tonnes avec un seul ballon. En

quelques minutes, lorsque le bal-lon eut atteint toute sa force as-censionnelle, la chaudière futremontée à la surface. Le nouveauprocédé parait beaucoup plus pra-tique que celui des docks qui esttrès coûteux et expose souvent àdes ruptures de chaînes. Un dockde 1 000 tonnes n’est pas facile-ment transportable, mais encoretous les ports n’en possèdent pas.Tandis que les ballons dont on seservirait sont peu encombrants,se gonflent soit à l’hydrogène, soità l’air comprimé, ce qui permetd’employer le compresseur d’untorpilleur ou d’un sous-marin. Lesexpériences que dirige M. Surcouf,vont se continuer en haute mer”explique Le Réveil de l’époque.

A Cherbourg, port et ville de gar-nison importante, la prostitution estactive : en 1912, trois maisons detolérance sont installées à Cher-bourg, pour certaines depuis des dé-cennies. La première au 25, rue duFaubourg (là où tourne désormais larotative de... La Presse de laManche), les deux autres quasimentinstallées côte à côte au 34 de la rueThomas-Henry et au 36 de la rue del’Amiral-Troude. Chacun de cestrois bordels compte une dizaine depensionnaires, un peu plus rue duFaubourg qui est incontestablementl’établissement le plus connu (“leplus populaire”) du genre à Cher-bourg. Quels hommes fréquententces bordels ? Un peu tout le monde :des jeunes, des moins jeunes, desmarins, des agriculteurs, des gensde passage, des bourgeois, des com-

merçants, un écclésiastique (!). Etbien sûr, les militaires de l’impo-sante garnison locale : dix millehommes, jeunes, qui ont une solde àdépenser, du bon temps à passer enattendant d’être envoyés au Tonkinou dans le Rif, et pour qui, “passerau bordel” fait partie des habitudes,voire participe au “passage à l’âged’homme”.Outre les pensionnaires des troismaisons closes, il y a aussi les fillespubliques qui exercent leurscharmes dans la rue : place Divette,quand la foire bat son plein, on peutles voir arpenter les allées à la re-cherche d’un client. On les trouveaussi dans les rues du vieux fau-bourg (l’actuel quartier Divette), surles quais, rue Tour-Carrée… Enfin,il y a aussi les filles travaillant dansles cafés, officiellement comme do-mestiques, mais dont la majeurepartie du temps consiste à attirerdes hommes dans l’établissementpour les faire consommer d’aborddes boissons, puis ensuite monterdans les chambres à l’étage.Une prostitution en maison, dans

la rue ou dans les cafés, qui est to-lérée (on parle de “maison de tolé-rance” pour désigner un bordel) etrigoureusement encadrée du pointde vue policier et sanitaire: pasquestion qu’une épidémie de vérolecontamine la garnison. Ce n’estpoint tant une question de moralequ’une question de sécurité natio-nale…Enfin, la “cohabitation” entre pros-tituées et militaires contribue à met-tre une animation certaine àCherbourg, qui passe parfois des sa-medis soirs agités, quand lestroupes coloniales ou les équipagesviennent de percevoir leurs soldes etpartent en bordée : soûleries, ta-page, bagarres, mauvais coups… Uncatalogue de faits divers où les bor-dels cherbourgeois sont souvent auxpremières loges, quand ils ne sontpas eux-même au cœur de l’action…

Déniché dans les colonnes du Ré-veil en ce mois d’avril 1912, ce textedécrivant le fonctionnement de lamachine à dicter, dernière inventiond’un monde déjà en constante évo-

lution technologique : “nous avionsdéjà le phonographe et la machineà écrire. Edison a cherché lemoyen de les utiliser en mêmetemps et il vient d’inventer la ma-chine à dicter. Un industriel n’apas le temps de dicter sa corres-pondance à ses dactylographes aumoment de la présence de ces der-nières. Ceci n’a plus pour lui lamoindre importance. A son heure,tout seul, il mettra l’appareil enmarche au moyen d’un simple dé-clic : il prononcera à haute voixdans un cornet et aussi rapide-ment qu’il le voudra, le texte detoutes les lettres ou mémoires àrecopier. Tout cela s’imprime surun rouleau et quand le dactyaloest prêt, il n’a plus qu’à remettreen marche, à écouter et à écrire.Un dispositif permet de couper lesphrases si la dictée est trop ra-pide. En appuyant le pied sur unbouton, on arrête l’instrument, eton lui rend sa marche normale enn’appuyant plus. Un de ces appa-reils du volume d’une machine àécrire ordinaire se trouve chezM. Bissonnier, libraire place de laRépublique. Il en fera aimable-ment la démonstration aux per-sonnes que celà pourraitintéresser”.

A l’arsenal

Où s’arrêtera le progrès ?

Y’a d’la joie ?

- Le train : pour aller de Cher-bourg à Paris, il y a six trains quoti-diens (même nombre dans l’autresens), et le plus rapide d’entre euxmet 6 h 54 pour arriver à Saint-La-zare.Les trains plus lents desserventtoutes les petites gares de cam-pagne, à savoir entre Cherbourg etCarentan : Martinvast, Couville, Sottevast, Valognes, Montebourg,Fresville, Chef-du-Pont et Carentan.Cherbourg est également relié àCoutances (cinq trains par jour,deux heures trente de trajet dans lemeilleur des cas, avec arrêts à Martinvast, Couville, Sottevast,Bricquebec, Néhou, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Saint-Sauveur-de-Pierrepont, La Haye-du-Puits, Angoville-sur-Ay, Lessay, Millières, Périers,Saint-Sauveur-Lendelin) et Barfleur(quatre trains par jour, environ uneheure trente de trajet, arrêts à Ba-gatelle, les Flamands, le Becquet,Bretteville, Maupertus, Fermanville,

Carneville/Théville, Saint-Pierre-Eglise, Varouville/Réthoville, Néville,Tocqueville/Gouberville, Rauvile,Gatteville, Quénanville et Barfleur).On parle aussi de la nécessité de re-lier Cherbourg à Bordeaux etNantes, via Rennes. Des lignes se-condaires sillonnent également ledépartement : Valognes/Monte-bourg/Saint-Vaast/Barfleur, Pont-L ’ Abbé/Sa in t e -Mè r e -Eg l i s e ,Carentan/Carteret, Regnéville/Orval-Hyenville et Granville/Condé-sur-Vire. Saint-Lô est enfin relié àVire (trois trains par jour) et Caen(trois trains quotidiens).

- Le tram : un service de tram-ways sillonne l’agglomération cher-bourgeoise d’est (place deTourlaville) en ouest (Urville) tousles jours de la semaine depuis 1897.

- Les voitures publiques : ellessillonnent le nord-Cotentin tous lesjours au départ de Cherbourg :

2 francs pour aller à Beaumont,2 francs 50 jusqu’à Auderville (dé-parts à 6 h 15 et 16 h). Pour Bar-fleur et Fermanville, 2 francs (départà 16 h). Pour les Pieux, Flamanville,Saint-Vaast et Omonville, c’est qua-tre fois par semaine seulement.

- On a aussi la possibilité delouer une voiture (de 0,50 à 0,75francs le kilomètre selon la voiture)ou de prendre le taxi (une course de900 mètres pour 2 ou 3 personnes :0,75 francs. 10 centimes de plustous les 250 mètres supplémen-taires).

- Enfin, à Cherbourg en 1912, ily a six garages automobiles (vente,location, réparations, parking) : Mal-let (rue du Bassin), Lemonnier (ruedu Bassin), Gros (quai de Caligny),Burnouf (rue Noël), Sanson (rueLouis-XVI), et enfin le garage Peu-geot de la rue Gambetta.

DANS LES TRANSPORTS

6 heures 54 minimum pour rallier Paris depuis Cherbourg en train. La plupart des convois s’arrêtent dans toutes les gares de campagnedu Cotentin. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville).

- Au recensement de 1911, laManche comptait 476.119 habi-tants, soit 11 000 de moins qu’en1906 (487.343). Une dégringoladedémographique que l’on peut expliquer par l’exode rural vers lesgrandes villes qui affecte les campagnes manchoises.- Des six arrondissements que

compte alors le département, seulcelui de Cherbourg est en solde légèrement positif. Au niveau desvilles les plus importantes du Cotentin, c’est Cherbourg qui remporte bien sûr la palme avec43.731 habitants en 1911, suivi deTourlaville (7.879), Equeurdreville(7.517), Valognes (5.649), Carentan(3.987), Octeville (4.193), Bricquebec(2.816), St-Vaast-la-Hougue (2.549),Saint-Sauveur-le-Vicomte (2.266) etLa Glacerie (2.148). (Annuaire du dé-partement de la Manche). - Pour le mois d’avril 1912 à

Cherbourg, on enregistre 86 nais-

sances, 107 décès et 33 mariages.Parmi les causes de décès, la tuber-culose (33 décès), la bronchite et lacoqueluche. A noter dans la ru-brique de l’état-civil des journaux del’époque, l’effroyable mortalité in-fantile : quasiment pas une seulejournée sans qu’on enregistre la dis-parition d’un nouveau-né ou d’unenfant. A l’époque, c’est monnaiecourante de mourir à 1 jour, deuxmois ou trois ans.

476.119 Manchois

123, rue Hélain, 123CHERBOURG

TÉLÉPHONE N°177

Photographie Artistique

V. MAS22, rue Tour-Carrée, 22

CHERBOURG

LA SUSCEPTIBILITÉD’AGLAÉSur le front

de l’infoEn 1912, il y a six journaux qui

se partagent le lectorat de Cher-bourg et du Nord-Cotentin : en pre-mier lieu, les deux journaux dirigéspar Jean-Baptiste Biard, qui sont Le Réveil et Cherbourg-Eclair. Instal-lés rue Gambetta, Cherbourg-Eclairparaît quatre fois par semaine, tan-dis que Le Réveil est un bi-hebdo-madaire. Les deux journaux coûtent 5 centimes, font quatre pages. Le tirage de Cherbourg-Eclair est environ de 20 000 exemplaires. Quatre autres journaux paraissentencore à Cherbourg à la mêmeépoque : Le Phare (rue de l’Alma), LaDépêche (rue Gambetta), La Croix(rue François-La Vieille) et L’avenirde la Manche (impasse Gouberville).Ailleurs dans le Cotentin, il y a le Journal de Valognes et le Journalde l’arrondissement de Valognes. A Carentan, on lit Le Cotentin, àCoutances, le Journal de Coutances.

- Vous n’êtes pas polie, Aglaé,vous pourriez bien me dire bon-jour ?.

- C’est comme madame, ellepourrait bien frapper avantd’entrer dans ma cuisine !…

CHERBOURGDISPARU

Dans son édition de 1911, le Nou-veau guide de Cherbourg et de sesenvirons, donnait une descriptiontrès précise du Cherbourg d’alors.L’occasion de faire une visite rétros-pective d’un Cherbourg désormaisdisparu. C’est parti pour une baladehistorico-virtuelle :

- “Dans l’espace compris entrele bassin de retenue et le bassindu Commerce, derrière une belleallée ombragée, on trouve uneusine de lait concentré pour l’ex-portation anglaise, les magasinsde l’habillement et du campementmilitaires et les abattoirs. Au norddu bassin de retenue, on voit lesbureaux de l’intendance et du re-crutement, une caserne où estlogée une compagnie d’infanterieet la manutention militaire”...

- “Devant le casino s’étend laplage, et à côté l’établissementdes bains. Avis aux baigneurs prudents qui craignent les brutalités de la vague sournoise :l’eau y est calme et le sable régulier et doux. A marée basse, laplage est pendant les après-midisd’été, la propriété des enfantsroses aux jambes nues quiconstruisent eux aussi des digues,des forteresses, des arsenaux”...- “Voyez le long de la grande

jetée, ces noirs débris, ces amasde ferrailles, ces carcasses éventrées. Ce ne sont pas lesépaves d’un sinistre naufrage :c’est le cimetière ou plutôt l’abat-toir des navires. Quand un bâtiment de guerre est démodé,quand un transatlantique est horsd’usage, c’est là qu’on les échouepour les dépecer”...- “Dans l’aile gauche du

théâtre, on pourra visiter lemusée Le Véel, créé à l’aide descollections léguées à la ville parl’illustre statuaire. Ce qui en fait

le charme, C’est l’heureuse disposition des objets. Ce n’estplus un musée à vitrines, maisbien un appartement orné demeubles superbes groupés avecgoût et dont l’agencement fait leplus grand honneur à notre concitoyen, Mr Féron, qui en futl’organisateur. Au rez-de-chaussée, les meubles Renais-sance et Louis XIII : c’est letriomphe du bois sculpté. A noterde belles armures, des tableaux del’école flamande, de superbesfaïences. Au premier étage, lesépoques plus modernes de LouisXIV à notre époque, beaux tableaux et belles gravures dutemps.Vitrines pleines de menus objetsintéressants, enfin la collectionde numismatique dont la sérieroyale française, seule exposée,remplit 9 vitrines riches en piècesdu plus grand intérêt. Enfin, unedernière salle est consacrée auxsouvenirs locaux : tableaux, gravures, médailles, pièces

diverses se rapportant à Cherbourg ou à son histoire”....- “Dans des annexes couvertes

du théâtre, se tiennent les marchés du beurre, de la volailleet des grains. Les bestiaux se vendent sur une place immense,située derrière le théâtre, la placeDivette, où ont lieu aussi lesconcours de chevaux, les foires,où dès la fin mai, s’installent desthéâtres, forains, cirques, montagnes russes, baraques diverses”...- “La rue Tour-Carrée, ainsi que

celle qui la prolonge de l’autrecôté de la place d’Armes, la rue dela Paix, sont fort curieuses pourun étranger : c’est le lieu de promenade favori des matelots etdes soldats d’infanterie colonialeaprès cinq heures : les petits cafésabondent, on y boit, on y chante,on y circule bras dessus bras des-sous en criant à tue-tête et enjouant de l’accordéon”...- “Dans la rue de l’Alma à

gauche, est l’ancien théâtre quisert aujourd’hui de salle de conférences et de Bourse du Travail. De la place de l’Alma,nous découvrons à droite l’usineà gaz qui est rue Hélain”...- “Fermée de toutes parts, sauf

aux passes Est et Ouest, la radeest un excellent refuge pour l’escadre du Nord, et bien défen-due contre une attaque possible.Elle est protégée d’abord par desforts modernes, dissimulés surtoute la côte, les uns en bas, à tirrasant, les autres sur les hauteurs,à tir plongeant. Au large et dansles passes, à des endroits connus,il y a des torpilles mouillées. Desprojecteurs électriques placés surla digue permettent d’explorer auloin la mer pendant la nuit. Deplus, il y a douze batteries, lesforts de Querqueville et de Chavagnac à l’Ouest, le fort central et le fort de l’île Pelée àl’Est. Contre les croiseurs etmême contre les torpilleurs, la défense est efficace. Peut-être ce-pendant ne l’est-elle point contreles sous-marins qui pourraient enplongée, éviter les feux croisésdes batteries et des forts, et venirdans la rade faire sauter notre es-cadre. Aussi a t-on commandé récemment une série de travaux

consistant en fermeture de la radepar une digue partant du fort duHomet et allant vers la grandedigue, dans le but de former unavant-port en eau profonde, permettant l’entrée par tous lestemps, des navires du plus forttonnage actuellement à flot”...

- “Devant le dépôt des équi-pages de la Flotte, on tourne àdroite : nous traversons un pont-levis jeté sur des fossés pleinsd’eau, nous sommes alors sur unevaste place : à droite, sont les bâtiments de l’Intendance de laMarine, en face l’entrée principalede l’arsenal. Sur la gauche, dansl’ancienne Majorité, un lieutenantde gendarmerie délivre des permisd’entrer aux personnes qui peuvent prouver leur nationalitéfrançaise. Sous la conduite d’unmatelot, on passe devant les gendarmes qui gardent l’entrée eton visite le port. Une flotteconsomme surtout du charbon,des munitions et des vivres. Desdocks de charbon existent dansl’arsenal, le long du petit bassinde Chantereyne. Des vivres abon-dants sont accumulés dans le ma-gasin des subsistances qui est lepremier monument rencontré àdroite, dès l’entrée dans l’arsenal.Les munitions enfin qui il y a peude temps encore, étaient accumu-lées au fort des Flamands, loin del’arsenal et de la ville, sont main-tenant reléguées dans l’intérieurdes terres, dans le petit vallon duNardouet, qui débouche dans lavallée de Quincampoix. Un che-min de fer relie ce vallon au portde guerre ainsi qu’au port des Flamands. Autour des bassins etcales de construction sont grou-pés de nombreux ateliers et bâti-ments : ajustage, machines,constructions navales, directiond’artillerie, direction des travauxhydrauliques, atelier de répara-tion des chaudières… Dans le bassin Charles-X, sont rangésgarde-côtes cuirassés et torpilleurs de première ligne,prêts à partir au premier signal.Dans le petit bassin au nord, lestorpilleurs de seconde ligne. Dansle bassin Napoléon-III, les sous-marins que l’on ne peut voir que de loin. Le long des quais, croiseurs et cuirassés d’escadreen armement”.

Trônant devant la plage qui porte son nom, le casino de Cherbourg accueille alors les messieurs et les élégantes : restaurant, établisse-ment de bains, spectacles...un lieu où on s’amuse ! (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville).

AU CINÉMA- Au théâtre Omnia-Pathé (qui est

la première salle de cinéma installéedans le département) de la rue de laPaix à Cherbourg (là où se situe toujours actuellement l’Omnia), onpasse drames, comédies et le Pathé-Journal.

- Au Palace d’Equeurdreville (quise trouve alors sur le côté opposé dela mairie par rapport à son emplacement actuel), scènes comiques et drames, et le Gaumont-Journal.

- Place Divette, avec la foire, uncinéma ambulant, le cinéma Ketorza, vient s’installer pourquelques semaines.

ET VIVE LE SPORT !A Cherbourg en 1912, on peut

pratiquer plusieurs sports : pas forcément les mêmes selon la classesociale à laquelle on appartient :yachting et escrime pour les plusfortunés (ou ceux qui veulent le paraître en tout cas), gymnastique(Les Enfants de Cherbourg), football(US Cherbourgeoise) et cyclisme :c’est incontestablement cette discipline qui a le vent en poupe àl’époque (le Tour de France est passépour la première fois à Cherbourg en1911), et le club local, Cherbourg-Pédale, organise régulièrement desépreuves qui envoie les courageuxcoureurs s’esquinter la santé sur unparcours tel que celui disputé le 7 avril 1912 pour la course éliminatoire départementale desEtoiles Gladiator : Cherbourg (place Marie-Ravenel), Quettehou, Montebourg, Sainte-Mère-Eglise,Carentan, Pont-L’Abbé, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Valognes,Cherbourg (avenue Carnot, café Voisin), soit 129 km. Des amateurs ?

AU BOULOTOutre l’arsenal qui emploie envi-

ron 3.000 personnes, d’autres en-treprises cherbourgeoises sont lesmoteurs de l’économie locale audébut du XXe siècle : Simon Frères,spécialisée dans les matériels agri-coles, les Carrières de l’Ouest, leschantiers navals Lesénéchal etHamel, les constructeurs de chau-dières Du Temple, l’atelier de me-nuiserie Noyon… Le port de pêche,s’il n’a pas de grosses unités,compte par contre une flottille im-pressionnante de petites barques depêche : en 1905, on en recensait250, faisant travailler 600 hommes.

DES MÉTIERSDISPARUS

A Cherbourg à l’époque, il y avaitdes brasseurs de bières (Lecerf rueHélain, Morizot, quai de l’Ancien-Arsenal, Daniel avenue Carnot), desmarchands de bois, des buandierset lessivières, des fabricants et marchands de bonneterie, des brodeuses, des cafetiers-limona-diers, des chaisiers, des charrons,des chemisiers, des fabricants et marchands de cierges, des fabricants et marchands de cordages, des fabricants de corsets,des magasins d’équipements et passementerie pour la marine etl’armée, des ferblantiers lampistes,des marchands de fourrages et pailleen gros, des fumistes, des graveurssur métaux et des graveurs surpierre, des lardiers, des poulieurs etconstructeurs de mâts, des marchands et fabricants de sabotset galoches, des selliers et

bourreliers, des marchands de suif,des tonneliers et un tambour deville.

Dans le port de Cherbourg

(Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville).

ShoppingA Cherbourg, en 1912, on fait

des affaires à La Maison des Abeilles(32, 34, 36, quai de Caligny), auxgrands magasins Ratti (2, 4, 6 ,8, 10rues Gambetta et 56, 54, 50, rue desPortes), au Grand Bazar Parisien (24bis, rue du Château), chez Saint-Crespin (chaussures, 44 et 46, ruede la Fontaine), à la maison Des-chateaux (toiles et tissus, 24, rue duBassin), à la Maison de Paris (placeBricqueville), à La Belle Jardinière (9et 9 bis, rue du Château), au Pharede Cherbourg (13, rue Gambetta), àla Maison Bleue (5 et 7 rue du Châ-teau et 1, rue Notre-Dame), auGrand Paris (19, rue de la Fontaine),ou au Grand Bazar Divetain (25-27,rue de la Fontaine).

Ah, lesbeaux militaires !

Cherbourg en 1912 est un port de guerre et une ville de garni-son particulièrement fournie en troupes, comptant au bas mot

quelques dix mille militaires. A l’intérieur de l’arsenal, le 25e régimentd’infanterie de ligne est caserné à Proteau, le 1er régiment d’infanterie colo-

niale à la caserne Brière de L’Isle, le 5e régiment d’infanterie coloniale à la caserneBadens, le 2e régiment d’artillerie coloniale à Rochambeau. La caserne Le Marois ac-

cueille aussi un détachement du train. Des troupes sont également présentes à la caserneMartin des Pallières (dans l’ancienne abbaye du Voeu) et à la caserne du Val de Saire (en facede l’actuel commissariat de police). On compte aussi deux bataillons d’infanterie au polygone de

Querqueville. Il y a aussi des militaires en garnison à Tatihou, à Granville et à Saint-Lô.

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Outre le cinéma et le sport, voilàquelques autres distractions aux-quelles les Cherbourgeois(es) peu-vent se livrer lors de leursdimanches : les spectacles musi-caux et théâtraux donnés par les di-verses associations locales(patronages...), la promenade sur leport ou au jardin public (où on peutassister aux concerts donnés par lesmusiques militaires des régimentslocaux, qui jouent aussi en soiréedans les jardins du Casino).A Pâques, la foire s’installe sur la

place Divette et accueille le cinémachantant Ketorza “qui a toujours lavogue du public”, les loteries Pier-rot et Buffard, les tirs et les diseusesde bonne aventure. “L’avenir dé-voilé pour deux ou trois sous,voilà qui va tenter les curieux”.On annonce aussi le cirque Anci-

lotti-Plège en mai et le carrousel-Salon Benner en mai-juin. Il y aaussi le Casino qui propose tous lessoirs “un spectacle attrayant, unjeu de roulette, un jeu de bacca-rat. Ceux qui ne sont pas possédéspar la fureur du jeu pourront allersur la terrasse, et goûter au fraisla paix des soirs d’été”.

Il y a aussi la Société d’horticul-ture, la Société artistique et indus-trielle, la Société des pêcheurs à laligne de Cherbourg (fondée en 1895),les sociétés musicales (Société phil-harmonique, Union Cherbourgeoise,chorale sainte-Cécile, Harmonie dela Prolétarienne), et bien entendu, leComité cherbourgeois de la ligue po-pulaire pour le repos du dimanche.Enfin, Cherbourg compte à l’époqueplus de 300 cafés.

UN DIMANCHE CHERBOURGEOIS

Sur la place Divette, ont coutume de s’installer les foires et les cirques, qui restent là plusieurs semaines. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville).

Les steamers de la compagnieLondon and South Western Railwayrelient Cherbourg à Southamptontoute la semaine, transportant den-rées alimentaires, engrais, houille etautres combustibles, mais aussi des

passagers entre les deux ports. Desvapeurs anglais apportent égale-ment régulièrement du charbon deNewcastle et de Cardiff. Venant deNorvège, des grandes cargaisons desapin, dont Cherbourg s’est fait une

spécialité, fournissant en bois laplupart des chantiers français. Uneligne relie également Cherbourg auHavre à raison de deux aller-retourspar semaine. A Barfleur, les indus-triels laitiers de Valognes, BretelFrères, ont aussi leur propre vapeur,qui effectue deux aller-retours heb-domadaires sur Le Havre.

En ce qui concerne les paquebotstransatlantiques, Cherbourg abrite527 escales en 1912 (60 637 passa-gers débarqués ou embarqués surl’année). Par le biais des compagniesanglaises et allemandes qui fré-quentent son port, Cherbourg est enrelation avec New York, BuenosAires, Valparaiso, les Antilles, Sou-thampton, Liverpool, Anvers, Brêmeet Hambourg.

Pendant la semaine du 8 au 14avril 1912, outre le Titanic, Cher-bourg a accueilli les paquebots sui-vants : Kaiser Wilhelm der Grosse,allant à Brême (lundi 8 avril 1912),le Lanfranc, allant à Liverpool (mer-credi 10 avril 1912), le New York, al-lant à New York (samedi 13 avril1912).

Bois avec la Norvège, produits frais, légumes et charbon avec l’Angleterre, cabotage avecLe Havre… Le port de Cherbourg est plutôt actif en 1912.(Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville). - Non, madame, je n’ai pas de

certificat pourtant je suis restécinq ans dans la même maison.

- Laquelle !…

- La maison centrale deFresnes-les-Rungis.

BONNE RÉFÉRENCE

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Cherbourg salue le TitanicA Southampton, une collision évitée de justesse ! -- Le navire repart ce soir pour l’Irlande

Plus personne ne l’ignore mainte-nant : le 10 avril 1912, pendant uneheure et quarante minutes, le Titanic ahonoré de sa courte présence la rade deCherbourg. Quatre jours plus tard, lepaquebot de la White Star sombraitdans l’Océan après avoir heurté un iceberg. La catastrophe faisait 1.495 victimes parmi les 2.207 personnes présentes sur le navire. Un fait diversqui marqua son époque par son am-pleur, mais aussi parce que le Titanic,plus grand navire de son époque effec-tuait là son premier voyage, précédéd’une réputation d’insubmersibilité,presque d’invincibilité. Enfin, le bateautransportait un certain nombre de per-sonnalités, qui ont survécu ou pas au

drame, mais dont la présence à bordajoutait une dernière touche “glamour”dont toutes les grandes histoires ont be-soin.Tous ces éléments rassemblés ont

fait que d’année en année, le Titanic estresté dans toutes les mémoires et qu’unmythe s’est progressivement construitautour du bateau et de sa courte et dramatique histoire. En 1997, le film Titanic de James Cameron et son succès mondial, ont incontestablementréveillé l’intérêt du grand public pour lesujet. Et nous voilà donc en 2012, commé-

morant le centième anniversaire du premier voyage du Titanic et de son passage à Cherbourg.

Dans le hors-série Cherbourg, port duTitanic et des transatlantiques, que nousavons édité en novembre dernier, nousrevenons largement sur l’histoire du Ti-tanic et son escale cherbourgeoise. Iln’était donc pas question pour nous ici,de redire et réécrire les mêmes choses.Nous avons donc pris le parti, puisqu’ils’agit d’un centenaire, de repartir centans en arrière, et d’offrir à nos lecteurs,le vrai-faux journal du 10 avril 1912.Même maquette, même police de carac-tère, même colonnage, même pagination(4 pages), mêmes publicités que le Cher-bourg-Eclair d’il y a cent ans. Et pour lestextes, nous avons puisé à diversessources d’époque pour plonger nos lec-teurs dans le Cherbourg et dans le Co-

tentin d’il y a cent ans, dans le Cher-bourg qui accueillait le Titanic. Quels visages offraient la ville et

région à cette époque, quel temps faisait-il ce jour-là, quels étaient les salaires et les prix pratiqués, commentpassait-on le dimanche, quelle était l’ac-tivité de l’arsenal ou dans quels grandsmagasins les ménagères cherbour-geoises faisaient-elles leurs emplettes,qu’est-ce qui faisait l’”actualité” àSainte-Mère-Eglise, Carentan ou Saint-Lô… Autant de questions qui trouventleurs réponses dans les colonnes sui-vantes, à coups d’anecdotes, de cou-pures de presse et d’illustrations. Bonvoyage dans le temps et bonne lecture.

10 avril 1912, 18 h 30. Le paquebot Titanic vient enfin de faire son entrée dans la grande rade par la passe de l’Ouest. Attendu initialement à Cherbourg à 17 h 30, le paquebot de la White Star a frôlé la collision avec le paquebot New York au moment de son départ de Southampton sur le coup de midi. Le temps de régler l’incident, le Titanic a repris la mer avec une heure de retard sur son horaire. Mais enfin le voilà. Partis de la gare Saint-Lazare le matin même par le New York Express, 274 passagers l’attendent à bord des deux transbordeurs de la White Star affectés à Cherbourg, le Nomadic et le Traffic. Celui-ci s’avance en premier vers le Titanic pour que les passagers de troisième classe et les bagages puissent monter à bord du paquebot. Puis c’est au tour du Nomadic d’opérer la même manœuvre afin de transborder les passagers de première et seconde classe. Une fois tout le monde à bord, une vingtaine de passagers qui n’ont pris qu’un aller simpleentre Southampton et Cherbourg, quittent le Titanic et embarquent à bord du Nomadic qui les ramène à terre. Une opération qui dans sa globalité, n’a pris qu’une petite heure et demie. A 20 heures, le Titanic lève l’ancre, effectue un demi-tour,et repart par la même passe de l’Ouest. Direction, le port irlandais de Queenstown, où il doit faire une dernière escale le lendemain. Avant d’affronter l’Atlantique…Les deux photos que nous reproduisons ici, montrent le Titanic dans la grande rade de Cherbourg, sous deux angles différents. Le premier cliché a été pris par un jeune agent de la compagnie transatlantique allemande Norddeutscher Lloyd : lebateau est ancré au large du fort de l’Ouest, que l’on voit sur la droite (collection Claude Molteni de Villermont). Le deuxième cliché, dont l’auteur est inconnu, montre le Titanic ancré au même endroit, mais pris de l’autre côté : on aperçoit au fond,les hauteurs dominant Cherbourg. Peut-être l’auteur de ce cliché était-il sur le fort de l’Ouest ? (collection Valéry Bouet).

Le jour où le Titanic est passé par Cherbourg Le bulletin météoDU 10 AVRIL 1912(7 HEURES DU MATIN)

- La digue de Cherbourg : baro-mètre 754,5, vent d’ouest forte brise,mer houleuse, pluie, température10°C.

- Barfleur : baromètre 753,8, ventd’ouest nord ouest, forte brise, meragitée, ciel couvert, température10°C.

- Hague : baromètre 756,5, ventd’ouest, forte brise, mer houleuse,ciel couvert, température 9°C.

- Carteret : baromètre 758, ventd’ouest nord ouest, forte brise, mertrès houleuse, ciel couvert, tempéra-ture 9°C.

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Voilà quelques salaires del’époque relevés pour différentesprofessions : l’architecte de la villede Cherbourg touche en 1912, 8 500 francs par an. Le chef machi-niste du théâtre de Cherbourg est à2 200 francs par an et le chef cantonnier de la ville, 1 350 francspar an. Un garçon de bureau gagne1 200 francs par an. Pour une journée de travail, le contremaîtrede l’atelier municipal gagne 5,25 francs (soit 1 638 francs par an), un manœuvre 3,90 francs(1 216 francs par an).

Voilà maintenantquelques prix relevésà la même époque :

- Un ticket de tramway Cherbourg (place du Château/Urville) : 60 centimes.- Un aller en train de Cherbourg à

Barfleur : 2,40 francs (premièreclasse), 1,75 franc (deuxièmeclasse).- Une séance de cinématographe

au Palace d’Equeurdreville : de 0,70à 0,25 francs.- Une bicyclette routière (vendue

par la maison Cardet, Equeurdre-ville) : 105 francs. - Une douzaine d’œufs au marché

de Sainte-Mère-Eglise : 90 centimes.- Le pain : 2,10 francs les 6 kilos

au marché de Sainte-Mère-Eglise.- Le beurre : 3,40 francs le kilo de

première qualité au marché deSainte-Mère-Eglise.- Le lait : 0,25 francs le litre

à Cherbourg.- Une poule : 4,25 francs à

Cherbourg.- De la viande de bœuf :

1,80 francs le kilo à Cherbourg.- Des haricots : 40 francs

l’hectolitre à Cherbourg.- Du cidre : 13,50 francs

l’hectolitre à Cherbourg.Pour conclure le tout, le prix

moyen d’un passage sur le Titanic

en troisième classe était de 7 livressterling par personne : presque deuxmois de salaire d’un garçon de bureau de la ville de Cherbourg en1912. Charlotte Cardeza, passagère

de première classe sur le Titanic, a payé sa cabine 512 livres del’époque : un peu plus de dix ans de salaire du même garçon de bureau…

A Bricquebec, les grands marchés aux bestiaux du lundi, ont rencontré aussitôt le succès.(Archives départementales Manche/CG50 (6 Fi 82 - 319).

Grain, charbon et autres marchandises : le port de Carentan est très actif en ce début deXXe siècle. (Archives départementales Manche/CG50 (6 Fi 99 - 443).

La grande jetée de Diélette, avec au premier plan, une structure métallique destinée au téléphérique en cours de construction pour la mine sous-marine. (Archives départementalesManche/ CG50. Fonds Victor Lefrançois (32 Num 58).

L’hôtel de ville de Sainte-Mère-Eglise. (Archives départementales Manche/CG50 (6 Fi 523-16).

VALOGNES- La saison de football se clôt en

ce mois d’avril et l’équipe locale del’US Valognes joue son derniermatch contre une équipe de lycéensdu département. Le match a lieu àBrix, et les joueurs locaux sontconvoqués en ces termes dans leJournal de l’arrondissement de

Valognes : “les joueurs de Valognesse rendront à Brix en bicyclette,et sont priés en conséquence dese trouver à midi moins un quartroute de Cherbourg, près le pas-sage à niveau du chemin de fer. Le match aura lieu vers 2 heureset demie”.

BRICQUEBEC- La mise en place de ce qu’on ap-

pelle Les grands marchés, deux foispar mois le lundi, rencontre immé-diatement le succès : les éleveurs dela région y amènent nombre debêtes, en particulier des veaux gras

qui intéressent beaucoup les grossistes venus de Paris pour l’occasion. Porcs et moutons sontmontrés et vendus sur la place desButtes, les veaux sur la place des Halles.

CARENTAN- Le port est régulièrement visité

par des navires de transport effec-tuant du cabotage entre les diffé-rents ports de la Manche : Le Havre,

Boulogne… pour y amener des mar-chandises diverses : grains, char-bon...

SAINT-LÔ- Le conseil municipal vote un

emprunt de 700 000 francs pourdoter la ville d’un système de filtration des eaux, identique à

celui déjà installé à Cherbourg. Les eaux filtrées seront ensuite stérilisées avec des appareils à ultra-violets.

LA HAYE-DU-PUITS- C’est le derby manchois (foot-

ball) entre l’Avant-Garde de LaHaye-du-Puits et le club de La Haye-Pesnel, dont on trouve le compte-rendu dans Le Réveil Avranchinais.Menés rapidement 2-0, “les joueursde La Haye-Pesnel, qui ont à coeurde gagner, en mettent terrible-ment et après de nombreuses des-centes vers les buts adverses,réussissent bientôt un but suivipeu après d’un second et d’untroisième”.

3-2 à la mi-temps. Cinq minutes derepos et la partie reprend : “cettedeuxième mi-temps fut tout àl’avantage de La Haye-Pesnel : lesjoueurs dans toute leur ligne pa-raissaient bien supérieurs à leursadversaires”. Après trois nouveauxbuts marqués, la partie se terminesur le score de 5-3 pour La Haye-Pesnel, et par “une collation sou-pante au terme de laquelle lesdeux sociétés se sont quittés entoute cordialité”.

LES MARAIS- Dans le centre du Cotentin, la

mise aux marais des bestiaux se faitde manière avancée dans plusieurscommunes à cause de la pénurie defoin. La marque du bétail se fait la

veille que pour les locaux, le jourmême pour les bêtes appartenant àdes "étrangers”. Dans de nom-breuses communes, des droits sontà vendre.

AU CONSEIL DE RÉVISION- On ne fait pas de cadeaux aux

jeunes conscrits puisque la Francea besoin de soldats en cette époquetrès revancharde contre l’Allemagne: au conseil de révision du canton deValognes, qui examinait 102 jeuneshommes de la classe 1911, 80 ont

été déclarés bons pour le service etseuls 4 ont été exemptés. A Bric-quebec, sur 80 hommes, 67 bonspour le service et 3 exemptés. Etenfin à Barneville, sur 79 inscrits,63 ont été déclarés bons pour le ser-vice et 3 exemptés.

CINÉMA- Un peu partout, le cinémato-

graphe est déjà répandu dans le Co-tentin. Ainsi à Valognes, lors de lafête de l’aviation militaire qui a lieuà la salle des fêtes le 14 avril 1912,le conférencier invité s’appuie surune projection de films pour ap-puyer son discours. A Saint-Pierre-Eglise, on mentionné la présenced’un cinéma, sans que l’on sache s’ils’agit d’un cinéma en dur ou d’un ci-néma ambulant. A Néhou/Colomby,lors d’une soirée récréative donnée àl’école des garçons sous les auspicesde la municipalité, on donne le pro-gramme cinématographique sui-vant : Corrida de taureaux au Chili,Droit seigneurial (drame), Rigalin estfier d’être témoin (comique), La puréeest enragé (comique), Jalousie de Gi-tane (drame), Gross country (origi-

nal, comique), Noël du peintre (co-médie), En Suisse, promenade sur lelac des quatre cantons, et Julot a dujarret (comique). Il est préciséqu’”entre chaque vue, le gramo-phone se fera entendre”. Il fautcroire que ces séances ont beaucoupde succès, puisque le même journalrend compte une semaine plus tardde cette soirée récréative : “on ap-plaudit longuement à la fin dechaque film, car il faut louer chezMr Férey (l’organisateur de la pro-jection), à la fois l’habileté du mé-canicien et le goût heureux del’artiste ! Les airs du phonographeet les chants des enfants ajoutè-rent à l’intérêt de la séance. undîner fut offert à Mr Férey par lamunicipalité. On y but à l’école età la République”.

BARNEVILLE- Les travaux pour l’édification

d’un chalet de plage destiné à laprincesse de Chimay, viennent de

commencer. On estime la facture à100 000 francs de l’époque.

RAUVILLE-LA-BIGOT- La municipalité décide que les

revenus tirés des propriétés appar-tenant à la commune seront dédiés

à l’achat de fournitures scolairespour les enfant des écoles publiquesde la commune.

SAINTE-MÈRE-EGLISE- A Sainte-Mère-Eglise, l’actualité

locale est dominée par l’inaugura-tion de l’hôtel de ville le 21 avril,

avec une soirée-concert donnée pourl’occasion par la Société des anciensélèves et amis de l’école publique.

Faits divers- Pas de faits divers sanglants à

la une des journaux locaux de cemois d’avril 1912 : rien que l’habituel film des petits évènementsde la rue d’alors.- Des accidents de circulation :

un cheval qui s’emballe, un néo-cy-cliste qui éprouve quelques difficultés à maîtriser sa monture,un paysan tombé de sa charrette etqui se fait enfoncer les côtes par laroue lui passant dessus.- Des scènes d’ivrognerie assez

fréquentes : on ramasse dans la rueun homme (ou une femme) plus oumoins imbibé, parfois raide-mortd’avoir forcé sur la bouteille.

- Des bagarres : c’est assez fréquent à l’époque que l’on s’empoigne pour un larcin ou unmot de trop. Ça se termine souventau tribunal de police par une remontrance et une amende. Mais quand un militaire est mêlé à l’histoire, il y a souvent effusion desang, les coloniaux en garnison à Cherbourg, voire les équipages des torpilleurs, ayant le sang chaudet le coup de poing facile : parfois,ils n’hésitent pas à utiliser leurs armes de service pour faire admettre leur point de vue sur laquestion…

SAINT-VAAST-LA-HOUGUE- On apprend dans Le journal de

l’arrondissement de Valognes, la pu-blication prochaine à Saint-Vaast deLa gueule de fer, “grand journal lit-téraire, amusant, humoristique,nullement politique”. Edité tousles 8 jours et tiré à 2 500 exem-plaires, il se propose de publier labiographie des “grands hommes denotre ville” et “pourra être luaussi bien par les jeunes filles quepar leurs mamans” : “son but estde léguer à la postérité les faits etgestes de nos concitoyens mar-quants et de les présenter aux lec-teurs sous leur vrai jour, enexhaltant leurs vertus - pour ceuxqui en ont - et aussi en faisantconnaître leurs petits travers - carchaque grand homme a ses fai-blesses”. Même s’il se proclame“nullement politique”, La gueulede fer, publié à quelques jours desélections municipaux, ne fait pas

mystère de ses objectifs : tirer à boulets rouges sur certains citoyensqui se présentent devant les électeurs locaux. Comme par exemple, le chef du Comité des intérêts de Saint-Vaast, qui “se promène dans les rues de notreville, la démarche posée, le gestelent, l’air inspiré comme ilconvient à un penseur. Tel qu’ilest, il n’est pas méchant, et entemps ordinaire, c’est un mouton.Malheureusement pour lui, c’estl’époque des élections, aussi leprintemps aidant, il s’est éveilléet le mouton est devenu enragé. Il est allé prendre ses ordres chezle voisin d’en face : Mr le Curé quilui dicte sa ligne de conduite, carc’est un chef bien pâle et quelquepeu timoré”. On ne sait pas si les électeurs de Saint-Vaast ont étédes lecteurs assidus de La gueule de fer…

QUETTEHOU- Une conférence en faveur de la

création d’une Société de tir et depréparation militaire, remporte unfranc succès. Sur la proposition deMr Jouet, instituteur et initiateur dela conférence, la société a été créée

et dénommée La Patriote : son prési-dent est Mr Fargeas, ancien deSaint-Cyr et percepteur, et le mairede la commune, Mr Quentin, en estle vice-président.

Sources- Cherbourg-Eclair et Le Réveil,

avril 1912. -------- Bulletin municipal officiel de

la ville de Cherbourg, 1912.-------

- Nouveau guide illustré de Cherbourg et ses environs, 1911.

-------- Agenda illustré de la Dépêche de

Cherbourg, 1913.-------

- Cherbourg et le Cotentin/Congrès de l’association françaisepour l’avancement des sciences(août 1905). -------- Annuaire de Cherbourg,

1903-1904. -------- Le journal de Valognes, 1912.

-------- Le journal de l’arrondissement

de Valognes, 1912.-------

- Le journal de Coutances, 1912.

TRIBEHOU- On annonce la prochaine ins-

tallation d’un bureau de poste à Tri-behou (la nouvelle est parue dans

L’Officiel). On cherche un local et onparle d’inauguration pour le mois dejuillet prochain.

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Au sortir de la seconde guerre mondiale, la flotte depaquebots français se résume à trois navires capablesd’affronter la traversée de l’Atlantique Nord : l’Île deFrance, le De Grasse, et l’ancien Bremen rebaptiséLiberté. Trois bateaux dont la construction remonte auxannées vingt.A moyen terme, il faut donc que la France se dote denouveaux paquebots, d’autant que dès la fin des an-

nées 40, le trafic passagers a repris entre les conti-nents américain et européen, et que pour l’heure, cesont les armements anglais et américains qui s’ytaillent la part du lion.

Un grand paquebot (2 000 passagers, 5 jours de tra-versée) ou deux paquebots de taille moyenne (1 300passagers chacun pour 6 jours de traversée) ? Assez

rapidement, la solution du grand paquebot s’impose,tant du point de vue économique que du prestige qu’ilapporte à l’image du pays. Même si certaines voix s’élè-vent pour prédire que le temps des paquebots trans-atlantiques est révolu et que l’avenir appartientdésormais à l’aviation, le gouvernement français indiqueà la fin juillet 1956 à la Transat qu’elle peut passercommande aux chantiers navals de Saint-Nazaire.

Et vive le France !Pendant quatorze ans, le paquebot France a représenté la culture et la technologie française sur tous les

océans. Et après avoir failli sombrer, il a connu une seconde vie encore plus longue sous d’autres pavillons.

Du côté des Français

8 février 1962 : achevant sa première traversée transatlantique, le France vient de passer devant la statue de la Liberté et est salué par les remorqueurs et les bateaux-pompe du port de New York. (Photo AFP).

En haut à gauche, les rubans que l’on distribuait aux passagers pour qu’ils les agitent lors des départs et des arrivées du paquebot. (Collection privée).

Ci-dessous et dans les pages suivantes, extraits du plan des ponts du paquebot France, offert aux passagers pour mieux se repérer sur le bateau. (Collection privée).

46

46-51 France:Mise en page 1 7/10/11 14:44 Page 1

En mer

Le naufrage du Titanic, vu par un illustrateur de l’époque. (Archives AFP).

118

Dimanche 14 avril 1912. Le Titanic est en plein

Atlantique. Soleil, mer belle, vents faibles : une météo

idéale pour continuer à tracer à travers l’océan à la

vitesse de 21,5 nœuds.

A bord, la vie suit son cours, rythmé par les repas (petit

déjeuner de 8 h 30 à 10 h 30, déjeuner de 13 h

à 14 h 30 et dîner de 18 h à 19 h 30). Comme c’est

dimanche, la fin de la matinée est consacrée aux

offices religieux, qui sont dits dans les salles à manger

des trois classes. En première, c’est le commandant

Smith en personne qui vient lire l’Evangile, tandis qu’en

seconde et en troisième classe, c’est le père Byles,

passager de seconde classe, qui dit la messe.

SSooiirrééee ddee ggaallaaPuis les passagers s’égayent à nouveau pour l’après-

midi, entre lectures à la bibliothèque et parties de

squash pour les premières, courrier ou promenade sur

le pont supérieur pour les secondes, et rêveries le nez

au large pour les troisièmes. Mais cette rêverie n’a

qu’un temps : au fur et à mesure que la lumière du

soleil décline et que la température extérieure chute, les

passagers désertent progressivement les ponts exté-

rieurs du navire pour se réfugier à l’intérieur. En pre-

mière classe, cela fait longtemps que les passagers et

passagères ont rejoint leurs cabines pour peaufiner leur

tenue pour le dîner : c’est en effet tout à l’heure que la

soirée de gala de la traversée a lieu. Et pour rien au

monde, il ne faudrait manquer cet évènement mondain.

Le naufrage impensable2 h 40 minutes après avoir touché l’iceberg, le Titanic sombre. Un cauchemar pendant lequel on va

assister au défilé de toutes les qualités et défauts du genre humain, de l’incompétence au sang-froid,

de la lâcheté au panache.

118-122 naufrage:Mise en page 1 8/10/11 9:05 Page 1

Du mythe Titanic à l’épopée transatlantique !

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MARTINVAST- Dans le Journal de Coutances,

on trouve le compte-rendu de la Fêtedes couturières qui s’est tradition-nellement déroulée à Martinvast àPâques : “le lundi de Pâques, mal-gré un temps indécis, les Cher-bourgeois se sont rendus en fouleà la fête des couturières. L’excel-lente musique L’Union Cherbour-geoise, qui a donné un concertplace de la mairie, avait convié lespromeneurs à lui emboîter le paspour se rendre à la fête. D’autre

part, l’Ouest-Etat avait organisédes trains supplémentaires quiont transporté à Martinvast ungrand nombre de promeneurs.Martinvast est, chacun le sait,l’un des endroits préférés desCherbourgeois : aussi, à un cer-tain moment de l’après-midi, leparc du château et le champ del’assemblée, étaient-ils envahis.Les petits marchands, restaura-teurs et marchands forains ont dûfaire d’excellentes recettes”.

DANS LE COTENTIN EN CE MOIS D’AVRIL 1912LA HAGUE

- On parle beaucoup en ce mo-ment des auto-messageries de laHague. Leur promoteur, René Félix,a entamé une série de conférencesdans la région pour convaincre sesauditeurs de participer à la sous-cription étayant le capital de la com-pagnie. La construction des deuxautobus qui doivent sillonner laHague est paraît-il, bien avancée.

DIÉLETTE- L’exploitation de la mine de fer a

repris, et ce sont actuellement 300ouvriers qui travaillent à creuser desnouvelles galeries en plein granit. ACherbourg, un caisson est enconstruction, qui doit être posi-tionné en mer, au large de Diélette,pour constituer le terminus d’unchemin de fer aérien qui servira àacheminer les wagons transportant

le minerai extrait de la mine. Puis leminerai doit être chargé directementà bord de cargos amarrés au cais-son. On espère que les tempêteslaisseront suffisamment de répitpour permettre l’installation défini-tive du caisson en mer et des quatrepylônes qui le relient à la terre fermeen même temps qu’ils servent de re-lais au chemin de fer aérien.