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auditeurs apportant des connaissances diverses, la même composante du discours sera redondante pour certains et trop elliptique pour d’autres. L’unité de sens n’existe qu’au plan du discours, c’est une représentation mentale. Le sens reste dans l’esprit des auditeurs, tandis que les mots qui servaient à l’exprimer disparaissent. La traduction au niveau du texte est le résultat d’une opération mentale sur des unités de sens (1981 : 377). Comme l’a dit Seleskovitch : « Le sens [...] se définit comme la chose qu’il convient de faire passer d’un vêtement linguistique à un autre » (1986 : 271). D’après les auteurs de la Stylistique comparée du français et de l’anglais, l’unité de traduction est le plus petit segment de l’énoncé dont la cohésion des signes est telle qu’ils ne doivent pas être traduits séparément. Delisle pour sa part insiste sur le fait qu’on ne traduit pas par phrases détachées, mais que la prise en compte de la dynamique interne du texte fait de sorte que le traducteur perçoit un sens qui s’intègre de façon cohérente dans le suivi du texte. Il a alors capté l’unité de sens. La déverbalisation est ainsi une conceptualisation nécessaire afin de créer des traductions idiomatiques dans l’autre langue. Si le concept original de la déverbalisation, créé par Seleskovitch, est un apport à la traductologie, il est néanmoins un concept qui a suscité de vives discussions. La TiT place la déverbalisation au centre du processus de la traduction, entre la compréhension et la réexpression, ce qui fait que le processus de la traduction n’est plus considéré comme un processus linéaire, mais comme une opération triangulaire. Tous les théoriciens ne partagent pas cette vue sur la nature de cette étape. Certains pensent que la déverbalisation ne constitue pas une phase distincte, mais qu’elle s’intègre dans la phase de compréhension et dans celle de la réexpression (Ladmiral 2005 : 476). Il n’est pas encore possible de savoir exactement ce qui se passe dans le cerveau du traducteur, alors pour étudier le processus de la traduction les chercheurs ont recours entre autres à des méthodes d’introspection, où le traducteur décrit ce qu’il fait pour résoudre les problèmes rencontrés au cours de son travail au moyen de protocoles de verbalisation. L’analyse de ces protocoles permet de cerner de plus près l’opération traduisante et d’émettre des hypothèses sur la nature de la déverbalisation qu’il reste à tester. La problématique concernant la phase de déverbalisation touche également la traduction des textes littéraires, où la préservation de la forme du texte est particulièrement importante. La mise en valeur de la forme est un trait caractéristique des textes littéraires. Contrairement au 29

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  • auditeurs apportant des connaissances diverses, la mme composante du discours sera

    redondante pour certains et trop elliptique pour dautres. Lunit de sens nexiste quau plan

    du discours, cest une reprsentation mentale. Le sens reste dans lesprit des auditeurs,

    tandis que les mots qui servaient lexprimer disparaissent. La traduction au niveau du texte

    est le rsultat dune opration mentale sur des units de sens (1981 : 377). Comme la dit

    Seleskovitch : Le sens [...] se dfinit comme la chose quil convient de faire passer dun

    vtement linguistique un autre (1986 : 271).

    Daprs les auteurs de la Stylistique compare du franais et de langlais, lunit de traduction

    est le plus petit segment de lnonc dont la cohsion des signes est telle quils ne doivent pas

    tre traduits sparment. Delisle pour sa part insiste sur le fait quon ne traduit pas par phrases

    dtaches, mais que la prise en compte de la dynamique interne du texte fait de sorte que le

    traducteur peroit un sens qui sintgre de faon cohrente dans le suivi du texte. Il a alors

    capt lunit de sens. La dverbalisation est ainsi une conceptualisation ncessaire afin de

    crer des traductions idiomatiques dans lautre langue.

    Si le concept original de la dverbalisation, cr par Seleskovitch, est un apport la

    traductologie, il est nanmoins un concept qui a suscit de vives discussions. La TiT place la

    dverbalisation au centre du processus de la traduction, entre la comprhension et la

    rexpression, ce qui fait que le processus de la traduction nest plus considr comme un

    processus linaire, mais comme une opration triangulaire. Tous les thoriciens ne partagent

    pas cette vue sur la nature de cette tape. Certains pensent que la dverbalisation ne constitue

    pas une phase distincte, mais quelle sintgre dans la phase de comprhension et dans celle

    de la rexpression (Ladmiral 2005 : 476). Il nest pas encore possible de savoir exactement ce

    qui se passe dans le cerveau du traducteur, alors pour tudier le processus de la traduction les

    chercheurs ont recours entre autres des mthodes dintrospection, o le traducteur dcrit ce

    quil fait pour rsoudre les problmes rencontrs au cours de son travail au moyen de

    protocoles de verbalisation. Lanalyse de ces protocoles permet de cerner de plus prs

    lopration traduisante et dmettre des hypothses sur la nature de la dverbalisation quil

    reste tester.

    La problmatique concernant la phase de dverbalisation touche galement la traduction des

    textes littraires, o la prservation de la forme du texte est particulirement importante. La

    mise en valeur de la forme est un trait caractristique des textes littraires. Contrairement au

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