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Ma Saintélyon 2013 Après 2 mois de préparation soignée (5 sorties CAP / semaine, repos les lundis et vendredis), me voilà enfin sur la ligne de départ de cette course mythique ! 60 ème anniversaire cette année (75 kms pour l’occasion) ! Et cette édition ne va pas faillir à sa réputation, « trop de chemins » pour les routiers, « trop de bitume » pour les trailers mais pour moi après coup il y aura eu bien assez des 2 ! 23h30 Grosse ambiance dans les sas de départ. Le speaker connaît son affaire et fait monter la température. Moment très émouvant la minute de silence en mémoire de Sébastien Bresles (ancien spécialiste du 1500m, 3’50 min) qui nous a quitté le 5 avril dernier et qui avait couru la Saintélyon en 2011 pour combattre sa maladie. Il était alors sous chimio et bouclait l’épreuve de 68 kms en 5h40 à la 15è place. Il récidivait en 2012 en 5h46, 5è place, la veille de son retour à l’hôpital pour une rechute qui l’emportera à 32 ans. Saloperie de maladie ! Après ce moment fort, le speaker fait remonter l’ambiance (olas successives, applaudissements..) jusqu’au coup de pistolet libérateur pour tout le monde. Allumage des frontales sur 500 m pour le spectacle (TV, photographes presses) et c’est parti pour une nuit dans l’inconnu… 5 kms quasi plats pour sortir de St Etienne permettent de se réchauffer tranquillement (et oui il est minuit et il fait environ – 3 degrés !) et régler son allure. Cette dernière d’ailleurs va rapidement chuter avec le début d’une montée toujours goudronnée qui calme déjà les ardeurs de certains ! Km 7 Sortie du village de Sorbier et on attaque les chemins, surprise, neige, glace, ornières et déjà les 1ères gamelles (plus ou moins grave, la glace c’est dure !). Et ça monte ainsi jusqu’au km 23.

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Ma Saintélyon 2013 Après 2 mois de préparation soignée (5 sorties CAP / semaine, repos les lundis et vendredis), me voilà enfin sur la ligne de départ de cette course mythique ! 60 ème anniversaire cette année (75 kms pour l’occasion) ! Et cette édition ne va pas faillir à sa réputation, « trop de chemins » pour les routiers, « trop de bitume » pour les trailers mais pour moi après coup il y aura eu bien assez des 2 ! 23h30 Grosse ambiance dans les sas de départ. Le speaker connaît son affaire et fait monter la température. Moment très émouvant la minute de silence en mémoire de Sébastien Bresles (ancien spécialiste du 1500m, 3’50 min) qui nous a quitté le 5 avril dernier et qui avait couru la Saintélyon en 2011 pour combattre sa maladie. Il était alors sous chimio et bouclait l’épreuve de 68 kms en 5h40 à la 15è place. Il récidivait en 2012 en 5h46, 5è place, la veille de son retour à l’hôpital pour une rechute qui l’emportera à 32 ans. Saloperie de maladie ! Après ce moment fort, le speaker fait remonter l’ambiance (olas successives, applaudissements..) jusqu’au coup de pistolet libérateur pour tout le monde. Allumage des frontales sur 500 m pour le spectacle (TV, photographes presses) et c’est parti pour une nuit dans l’inconnu… 5 kms quasi plats pour sortir de St Etienne permettent de se réchauffer tranquillement (et oui il est minuit et il fait environ – 3 degrés !) et régler son allure. Cette dernière d’ailleurs va rapidement chuter avec le début d’une montée toujours goudronnée qui calme déjà les ardeurs de certains ! Km 7 Sortie du village de Sorbier et on attaque les chemins, surprise, neige, glace, ornières et déjà les 1ères gamelles (plus ou moins grave, la glace c’est dure !). Et ça monte ainsi jusqu’au km 23.

Km 23, 2h20. Les quelques petites descentes bien défoncées et gelées cassent le rythme et occasionnent un festival de chutes !!! Merci les « chaines » pour chaussures commandées la veille après maintes hésitations et livrées sur un stand du village expo le jour du départ. Avec mes « pneus neige » aux pieds (mis au km 10 et seulement ôtés au km 55 !), je suis épargné par les chutes mais quelques glissades quand même dont une rattrapée in extrémis par un coureur à côté de moi « chacun son tour » me dit-il… Km 23, point culminant de l’épreuve (altitude 870 m) on croit que ce que l’on vient de faire était dur, erreur, c’était le plus facile mais ça on ne le saura qu’à la fin ! Je me retourne régulièrement et m’arrête quelques secondes pour voir la lueur des frontales qui s’étirent en un long ruban féérique (on vient aussi pour ça…). La suite du parcours ne sera qu’une alternance de montées et de descentes défoncées (gelées ou boueuses au choix !) toutes plus ou moins longues, de 3 à 400 m à 2 000 m, montées au ralenti à la queue leu leu, de toute manière on ne peut que marcher vu le pourcentage…chacun dans sa « bulle » dans un silence qui lorsque j’y prête attention m’impressionne fortement. Km 26 Sortie du bois des Feuilles, on aperçoit pour la 1ère fois, les lumières de Lyon dans le lointain. Km 30, Ste Catherine, 3h25. Les ravitos où je ne fais que remplir mes bidons (j’ai du solide dans mon sac et mes poches) sont des fourmilières pleines de lumières et de chaleur humaine qui réconfortent les participants. Km 35, à la sortie de Ste Catherine, après une descente de 2 kms dont le 2ème très pentu à martyrisé nos quadriceps, nous voici au pied du « terrible » bois d’Arfeuille que cette année nous prendrons dans le sens de la montée (mes quadri disent merci aux traceurs du parcours � !). Le bois d’Arfeuille c’est la trouée de Wallers-Arenberg du Paris-Roubaix, l’Alpe d’Huez du tour de France, bref le truc qui fait peur ! Et elle sera longue et lente cette montée ; 18 à 20 min du km ! Km 39. 5h du mat j’ai des frissons ☺… La course bascule vers un profil descendant mais il y aura encore quelques beaux murs. On se dit « chouette ça va descendre » sauf que les quadris eux n’en peuvent déjà plus de descendre, sans compter les gros orteils qui à force de buter dans le bout des chaussures commencent eux aussi à manifester leur sensibilité. Dans les descentes on chauffe moins et le fond de l’air étant légèrement frisquet (environ – 5 sans compter le petit vent dans les portions découvertes), les premiers frissons apparaissent malgré mes vêtements techniques, seuls les pieds (merci Goretex), les mains et la tête restent au chaud (ce n’est déjà pas mal !).

Km 45. Grosse descente pentue de 600 m environ (aïe les quadris !) suivie d’une grosse remontée de 600 m également (ouille les mollets !) et là on se demande pourquoi on est descendu si c’est pour remonter tout de suite ! Ah, ça fait parti du jeu ?! Tiens, Clarence (ma femme) est réveillée (5h25) et me suit maintenant par échange de sms (les miens étant relativement illisibles…pas facile d’écrire en courant, marchant, montant, gants !). Elle sait comme ça où j’en suis et nous pouvons ainsi estimer mon heure d’arrivée, celle-ci malheureusement reculant de Km et Km ! Ses sms d’encouragements m’aideront à tenir, car je sais bien que malgré la route et le profil descendant, ces derniers 30 kms vont être très très longs et lents ! Surtout qu’il reste 2 ou 3 surprises d’après le speaker. Km 50. Je me dis que les 25 kms restant vont être très longs vu l’état de mes jambes, mais les coureurs s’encouragent mutuellement lors des dépassements ou des coups de moins bien. Km 55, 6h48. Ravito de Soucieu en Jarrest. Plus la force d’ouvrir mes emballages, j’attrape 2 pâtes de fruits et je ne m’éternise pas car j’ai peur de ne pas pouvoir repartir. J’enlève les « chaines » car maintenant principalement de la route et des chemins carrossables. 1ères lueurs du lever de soleil, j’essaie d’en profiter et de mémoriser. Km 70, 8h55. Une des surprises du speaker… : juste après avoir quitté le ravito de Beaunant, virage à droite en angle droit et là,…un mur !!!!! 1 Km de montée sur une route quasi rectiligne oscillant entre 16 et 18 % voire même un passage à 20 % ! Suite à mon sms « je marche », Cla arrive à ma rencontre au Km 71 en courant en tenue de ville grand froid et chaussures de rando ; elle est trempée de sueur (on a pas idée de courir avec un pull en laine dixit Cla) car elle vient de se faire une longue montée que nous allons redescendre, hélas !. Cette dernière finira d’achever mes quadris carbonisés au point que je ferai les passages pentus en marche arrière. Dernière petite surprise, un escalier de 200 marches à descendre « au point où on en est »…et final de 3 kms sur le plat où nous trottinerons et qui me paraîtront interminables. Merci à ma chérie pour ces derniers kms ensemble ! Arrivée par le parc de Gerland et entrée dans le palais des sports pour franchir le portique final dans un état second. Etrangement l’ambiance surchauffée ne m’atteindra pas de suite tellement je suis cuit, j’en profiterai un peu plus tard. 9h46 d’efforts 1231è / 5800 partants dont 5090 classés (la différence représente donc les abandons !) 103è / 704 V2 (eh oui à 53 ans, on est encore V2 en CAP). J’ai effectué les 7 derniers Kms en 1h07 et perdu 166 places pourtant j’ai couru mais les escaliers et les descentes en marche arrière ont bien plombé la moyenne.

Je retiendrai de cette nuit de course : - l’organisation top, - le serpentin des frontales sur les chemins de crête, - l’ambiance et la chaleur humaine aux ravitos, - la gentillesse et le courage des 600 bénévoles, - les encouragements et la présence du public dans les villages, en pleine campagne à

n’importe quelle heure, ils sont toujours là !, - le lever du soleil durant la fin de course sur les monts du lyonnais. - mention spéciale à ma chérie qui lors de mon inscription n’avait pas prévu de venir,

mais qui heureusement pour moi a changé d’avis ! (j’adore les we organisés de mon mari ☺)

- dénivelé 1800 + , 2100 - ! En bref, aujourd’hui je dis : « plus jamais ! » ☺ Eric Masclet