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MACHINE à FEUILLES Revue du livre et de la lecture en Limousin publiée par ALCOL - Centre régional du livre en Limousin LIMOUSIN TRAVERSÉ 15

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MACHINE à F E U I L L E S

Revue du livre et de la lecture en Limousin publiée par ALCOL -Centre régional du livre en Limousin

L I M O U S I NT R AV E R S É

n°15

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FEUILLES REÇUES EN MACHINE

• L’Alphabet lunatique, de Sandro Pécout (Éditions Le bruit des autres, 42, rue Victor-Thuillat,87100 Limoges).• L’Araignée et la rose et autres psaumes (1969-1986), de Marcela Delpastre(Edicions dau Chamin de Sent-Jaume, Royer, 87380 Meuzac).• Le Bien que je n’ai pas fait, d’Alexandre Papilian(Éditions Le bruit des autres, Collection «Nulle par t », 42, rue Victor-Thuillat, 87100 Limoges).• Botanique occitane et noms de lieux :Limousin-Marche-Périgord, d’Yves Lavalade(Éditions Lucien-Souny, Le Puy-Fraud, 87260 Saint-Paul).• Le Cabriolet volant et autres nouvelles,choisies et présentées par André-Guy Couturier,Marielle Sassi et Jean Vergnaud, avant-propos de Robert Laucournet (Association des amis de Robert Margerit, BP16, 87170 Isle, et ÉFIP).• Cahiers Robert Margerit (VI) (Association des amisde Robert Margerit, BP16, 87170 Isle, et ÉFIP).• Le Chasseur d’ombres et autres psaumes(1960-1969), de Marcela Delpastre(Edicions dau Chamin de Sent-Jaume, Royer, 87380 Meuzac).• Le Chevalier des Audiac: Ateliers d’écrituremenés par Véronique Pittolo, écrivain enrésidence dans le XIX e arrondissement (Zoned’éducation prioritaire 9, Mairie XIX e, et Éditions Méréal,26bis, rue de la Chine, 75020 Paris).• Comprendre Oradour: L’Intégrale du parcours de mémoire ( C e n t re de la mémoire d’Oradour- s u r- G l a n e -Conseil général de la Haute-Vienne, BP12, 87520 Oradour-sur-Glane).• Les Disparates, de Marcela Delpastr e(Edicions dau Chamin de Sent-Jaume, Royer, 87380 Meuzac).• L’École de Crozant: Les Peintres de la Creuseet de Gargilesse, 1850-1950, de Christophe Rameix(réédition) (Éditions Lucien-Souny, Le Puy-Fraud, 87260 Saint-Paul).

•L’ É m e rgence des figures en conception d’art e f a c t s(«Nouveaux actes sémiotiques», n°84-85), de Madeleine Arnold (PULIM, Presses universitairesde Limoges, 39e, rue Camille-Guérin, 87036 Limoges Cedex).•Les Émigrés chare n t a i s, de l’abbé Pierre Bure a u ,postface de Marie Dumont-Vergereau (PULIM,P resses universitaires de Limoges, 39e, rue Camille-Guérin,87036 Limoges Cedex).•En deçà ou au-delà des stratégies, la présencec o n t a g i e u s e ( «Nouveaux actes sémiotiques, n°8 3» ) ,d’Éric Landowski (PULIM, Presses universitaires de Limoges,39e, rue Camille-Guérin, 87036 Limoges Cedex).•Les Enfants qui tombent dans la mer,de Florence Delaporte (Éditions Gallimard, NRF,5, rue Sébastien-Bottin, 75007 Paris).•La Ferme du Père Castor, texte de Lida, images d’Hélène Guertik (Association des amis du Père Castor).•Les Fils de Monte-Cristo: Idéologie du héros de roman populaire, de Vittorio Frigerio (PULIM,P resses universitaires de Limoges, Collection «M é d i a t e x t e s» ,39e, rue Camille-Guérin, 87036 Limoges Cedex).•Le Grabote: Guide des auteurs illustrateurs jeunesseen Rhône-Alpes (Agence Rhône-Alpes pour le livreet la documentation, 1, rue Jean-Jaurès, 74000 Annecy).•Guide des bibliothèques de la Cre u s e: Janvier 2003(Bibliothèque départementale de prêt -Département de la Creuse, rue des Lilas, BP286, 23006 Guéret Cedex).•Guide occitan de la flore: Limousin-Marc h e - P é r i g o rd,d’Yves Lavalade (Éditions Lucien-Souny, Le Puy-Fraud,87260 Saint-Paul).•Un homme inutile, de Christian Viguié (Éditions Le bruit des autres, Collection «Nulle par t », 42, rue Victor-Thuillat, 87100 Limoges).•Le Lieu dans le mythe , sous la direction de Juliette Vion-Dur y (PULIM, Presses universitairesde Limoges, Collection «Espaces humains», 39e, rue Camille-Guérin, 87036 Limoges Cedex).

•L i t t é r a t u re et espaces (PULIM, Presses universitairesde Limoges, 39e, rue Camille-Guérin, 87036 Limoges Cedex).•Mémoires d’enfants: 1920-10 juin 1944( C e n t re de la mémoire d’Oradour- s u r- G l a n e-Conseil généralde la Haute-Vienne, BP12, 87520 Oradour-sur-Glane).•Pierre Bergounioux, l’héritage: Rencontres,de Pierre et Gabriel Bergounioux (Les Flohic éditeurs,Collection «Les Singuliers / Littérature», 11, rue Rottembourg, 75012 Paris).•Répertoire des éditeurs en région Centre : 2003( C e n t re régional du livre et de la lecture de la région Centre ,BP122, 41106 Vendôme Cedex).•R é p e rt o i re des éditeurs en Bourg o g n e: Année 2003(Centre régional du livre de Bourgogne, 29, rue Buffon,21000 Dijon).•Répertoire des métiers du livre en Bourgogne :Édition 2002 (Centre régional du livre de Bourgogne,29, rue Buffon, 21000 Dijon).•Rue des martyrs, de Marc Delouze (Éditions Le bruit des autres, 42, rue Victor-Thuillat,87100 Limoges).•Sauve-toi Roger (Éditions Lavauzelle, Le Prouet, BP8,87350 Panazol).•Le Siècle d’or des châteaux: Haute-Vienne,1800-1914, de Philippe Grandcoing (Culture & Patrimoine en Limousin, Collection «Regards»,6, rue François-Chénieux, 87000 Limoges).•Si je t’oublie Bamiyan: Souvenirs de ma missionen Afghanistan, 1981-1985, de Roland Barraux(Éditions Bamiyan, 18, rue Rhin-et-Danube, BP 2099,87280 Limoges).•Théâtre 3 : Chantier, La Nuit d’Agamemnon,de Brigitte Athéa (Éditions Le bruit des autres, 42, rue Victor-Thuillat, 87100 Limoges).•La véritable mort de Don Juan, de René Pons(Éditions Le bruit des autres, Collection «Nulle par t », 42, rue Victor-Thuillat, 87100 Limoges).

Livres

•A E I O U: Revue de littérature pour la jeunesse ( n °2 )(Conseil régional de Champagne-Ardenne /Office régionalculturel, Centre régional du livre, 7, place Audiffred,10000 Troyes).• Les Amis du Musée de la Résistance du département de la Haute-Vienne (n°60) (c/o Jacques Valéry, 41, avenue du Roussillon, 87000 Limoges).• Les Amis du Père Castor (bulletin n°4)(Association des amis du Père Castor, Mairie de Meuzac,87380 Meuzac).• À pierre vue: Cahiers (n°7) (À pierre vue, La Cheirade, 4, Le Pays des Eaux-Vives,23290 Saint-Étienne-de-Fursac).• Bourgogne côté livre (n°24) (Centre régional du livre de Bourgogne, 29, rue Buffon, 21000 Dijon).• Cancan: Bulletin d’information du réseau de la BDP de la Haute-Vienne (n°7) (Bibliothèque départementale de prêt- Conseil général de la Haute-Vienne, 45, rue de l’Ancienne-École-Normale-d’Instituteurs, 87000 Limoges).•Le Carnet et les instants (n°126) (Promotion des lettres, ministère de la Communautéfrançaise, 44, boulevard Léopold-II, 1080 Bruxelles).•C o m ’ m é d i a s: Lettre d’information de Comellia ( n °2 )(COMELLIA, 4, rue du Contrat-Social, 76000 Rouen).• Contrepoints(s): Actualités du livreen Languedoc-Roussillon (n°9, octobre 2002)(Agence de coopération pour le livre en Languedoc-Roussillon,BP402, 34204 Sète Cedex).• Encres vagabondes: Création littéraireet magazine de l’écrit (n°27) (23, rue des Trianons, 92500 Rueil-Malmaison).• Épithète (n°19) (Espace ressources pédagogiquesdu Limousin, AFPA Limoges-Bâtiment, 68, rue de Babylone,87036 Limoges Cedex).

• Friches: Cahiers de poésie verte (n°81) (Friches, Le Gravier, 87500 Glandon).• IPNS: Journal d’information et de débat du Plateau de Millevaches (n°3 et n°4) (IPNS 23340 Faux-la-Montagne).•L&U: Limousin Université (n°69 et n°70)(Service communication de l’Université de Limoges, 33, rue François-Mitterrand, BP23204, 87032 Limoges Cedex 1).•Lemouzi (n°165, janvier 2003) (Lemouzi, 13, place Municipale, 19000 Tulle).•La Lettre des amis des musées de Limoges( n °24, septembre 2002) (Musée municipal de l’Évêché,place de la Cathédrale, 87000 Limoges).•La Lettre d’information du ministère de la Cultureet de la Communication (n°100 à n°104)(ministère de la Culture et de la Communication, 3, rue de Valois, 75033 Paris Cedex 01).•La Lettre du CRAC (n°25 et n°26) (Centre de recherche artistique et culturelle, Seauve, 23700 Arfeuille-Chatain).•La Lettre du Limousin (n°56, 4e trimestre 2002)(Conseil régional du Limousin, 27, boulevard de la Cord e r i e ,87031 Limoges Cedex).•Lettres d’Aquitaine: L’Actualité du livre(décembre 2002-janvier 2003, février 2003, mars 2003) (Centre régional des lettres d’Aquitaine,139, boulevard du Président-Wilson, 33200 Bordeaux).•Littérature en Marche: Revue de théorie, de pratique et de création (2002) (La main courante éditeur, 59, rue Auguste-Coulon,23300 La Souterraine).•Livre & lire (n°181 et n°182) (Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation, 1, rue Jean-Jaurès, 74000 Annecy).

•Livre /échange: Vie littéraire et actualité du livreen Basse-Normandie (n°21, février 2003) (Centre régional des lettres de Basse-Normandie,

14, rue des Croisiers, BP133, 14009 Caen Cedex).

•Livres: Bulletin bimestriel d’information sur le livre et les métiers du livre en régionProvence-Alpes-Côte-d’Azur publié par l’Agencerégionale du livre (n°47, n°48 et n°49) (Ateliers du livre, 8-10, rue des Allumettes,

13098 Aix-en-Provence Cedex).

•Le Matricule des anges (n°41, n°42 et n°43) (BP20225, 34004 Montpellier Cedex 1).

•Le Mensuel littéraire et poétique(n°306 à n°310) (Cité Fontainas, 8 boîte 43,

1060 Bruxelles, Belgique).

•Nouvelles brèves (n°71, décembre 2002)(Agence de coopération des bibliothèques et centres de documentation en Bretagne, 6, cours Kennedy,

35000 Rennes).

•Ouvrez la parenthèse (n°25) (Agence régionale pour le livre en Auvergne,

6, rue Grégoire-de-Tours, 63000 Clermont-Ferrand).

•Page des libraires: Le Magazine des livres( n °79, décembre 2002) (ADL-RCS Paris, 13, rue de Nesle,

75006 Paris).

•Rézo international (n°10) (AFAA, 1bis, avenue de Villars, 75007 Paris).

•La Vache qui lit (n°42 à n°46) (La vache qui lit, 8, rue Galliéni, 87100 Limoges).

•La Voix des libraires (n°25, novembre 2002)(Syndicat de la librairie française, 98, rue de Montreuil,75011 Paris).

Périodiques

2 • Feuilles reçues en Machine.

3 • Sommaire.

5 • Édito.

6 • Calendrier.

9 • Colloques/Formations.

14 • Marque-page d’ALCOL - Centre régional du livre en Limousin.

Limousin traversé

17 • Avant-propos.

18 • Un destin tragique. André Malraux et Josette Clotis à Saint-Chamant.

20 • François Mauriac et Jean Blanzat. Amitié limousine, traversée symbolique.

22 • «Le paradis à l’ombre des fours crématoires».

Des artistes réfugiés en Limousin sous l’Occupation.

24 • «L’aventure de l’art et de la guerre » en Limousin à travers quatre extraits…

28 • Limoges, entre ville et campagne. Sous le regard poétique et compatissant de Shimazaki.

31 • Colette à Varetz. «Les figuiers au parfum de lait».

32 • «L’influence du lieu reste très difficile à détecter dans les textes».

34 • Marcelle, Denise, un printemps à Limoges.

37 • «Sauvagement ici hors de portée des grands bruits humains».

38 • René et Olivier Rougerie. Le jardin traversé.

40 • «Empêcher les fantômes d’intercepter les baisers».

41 • «Les cinq voies de Vassivière ».

43 • L’atelier «Arpenteurs » : une première exposition jusqu’au 11 avril 2003.

44 • Feuilles lues.

48 • Machin & machine.

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ÉDITO

Le titre du dossier de ce numéro de Machine à feuilles est bien plus un prétexte

qu’une quête.

À travers les propos de ceux qui nous ont rendu visite, nous aurions pu

chercher une image «brillante» de notre région, une notoriété factice

rattachée à quelques noms. Mais cette quête aurait été tout aussi vaine

que dépourvue d’objet…

Tout auteur espère des lecteurs attentifs et pénétrants. Nous pouvions

de même attendre, de nos visiteurs, des regards ni trop distraits

ni désinvoltes.

Comme à chaque thème abordé, les surprises sont au rendez-vous.

Si les rencontres sont au cœur des témoignages qui suivent,

les livres y jouent un rôle essentiel: c’est aussi grâce à eux

que le Limousin a été et est aujourd’hui traversé,

qu’une petite valise révèle le secret d’un destin tragique,

qu’un petit enfant de Limoges dévorant du pain se montre

semblable à un petit Japonais mordant avidement

dans une boule de riz, qu’un écrivain algérien pousse

un cri de révolte face à une mémoire assassinée…

À vous de poursuivre.

Jean Moyen, président,Marie-Laure Guéraçague, directrice d’ALCOL- Centre régional du livre en Limousin

Machine à feuilles n°15mars 2003

Publié par ALCOLAssociation limousine de coopération pour le livre -Centre régional du livr een Limousin34, rue Gustave-Nadaud87000Limogestél. 05 55 77 47 49fax 05 55 10 92 31e-mail [email protected]

Directeur de publication :Jean Moyen

Rédactrice en chef :Marie-Laure Guéraçague

Coordination :Olivier Thuillas

Mise en page :

François Prothée

Photograveur :Carbône, Limoges

Imprimeur :Lavauzelle graphic, Panazol

ISSN: 1286-9228Dépôt légal: mars 2003

Ont participé à l’élaborationet à la rédaction de ce numéro:• Pierre Bacle• Marie-Pierre Carel• Arsène Fadat• Marie-Laure Guéraçague• Jean-Pierre Levet• Jean Moyen• Monique Pauzat• François Prothée• Stéphanie Rellier• Catherine Roche• Olivier Thuillas• Lydie Valero• Franck Villemaud

Que soient remerciés :• Thierry Girard• Patrick Le Mauf f• Sophie Loizeau• Arezki Mellal• Olivier Rougerie• René Rougerie• Pierre Siméonin• Pascale Thirode• Claude Venturaainsi que tous ceux qui ontfourni les informationsnécessaires à la rédaction de cette publication.

ALCOL -Centre régional du livre en Limousin reçoit le soutien de l’État — ministère de la Cultureet de la Communication —,Direction régionale des affaires culturelles du Limousin, et du Conseil régionaldu Limousin.

La rédaction tient à remercier tout particulièrement le Festival international des théâtres francophones en Limousin.

Photo de couvert u re : © Pierre Siméonin.

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CALENDRIERCALENDRIER

Jusqu’au 12 avril, Médiathèque municipale, 36, avenue Alsace-Lorraine, Tulle (19). Exposition «Berlioz musicien raconté par Berlioz écrivain ».Proposé par la Médiathèque municipale de Tulle et l’École nationale de musique et de danse.Contact: Christiane Méry, 05 55 20 14 04.

Jusqu’au 15 juin, Musée départemental d’ar t contemporain, place du Château, Rochechouart (87).Exposition «Plus que Dada: Raoul Hausmann en Limousin, 1939-1971 ». Issue de l’ouvrage de Delphine Jaunasse, Raoul Hausmann: l’Isolement d’un dadaïste en Limousin (Éditions PULIM,Presses universitaires de Limoges, 2002), à travers une scénographie de Jean-Marc Berguel,cette exposition s’articule en trois temps autour des œuvres et documents récemment acquis par le Musée.Proposé par le Musée départemental d’art contemporain de Rochechouart.Contact: 05 55 03 77 77.

Les 4, 5 et 6 avril, Limoges (87). Vingtième édition de « Lire à Limoges ».Proposé par la Mairie de Limoges.Contact: Marie-Françoise Bardet, 05 55 45 61 60.

Du 7 au 28 avril, Bibliothèque municipale, place Charles-de-Gaulle, Brive-la-Gaillarde (19).Exposition ayant pour thème « Les dragons », à la découverte des dragons les plus fameux de la littérature enfantine, à travers un jeu de rôle (presque) grandeur nature.Proposé par la Bibliothèque municipale de Brive-la-Gaillarde.Contact: Viviane Badin, 05 55 92 39 23.

Le 12 avril, Musée départemental d’art contemporain, place du Château, Rochechouart (87), 17h 30.«Les rendez-vous littéraire s»: lecture de textes de Raoul Hausmann par des comédiens de l’Académie théâtrale de l’Union.Proposé par le Rendez-vous littéraire.Contact: Musée départemental d’art contemporain, 05 55 03 77 77.

Du 12 avril au 22 juin, Abbaye Saint-André - Centre d’art contemporain, place du Bûcher,Meymac (19). Exposition « Peintures. Mise en perspective de peintres nés après 1960» :pendant l’année, le Service pédagogique propose des visites accompagnées des expositions.Suscitant la curiosité, il encourage l’esprit d’ouverture et fournit les éléments de réflexion qui permettront à chacun de mener sa propre réflexion. Les ateliers, par une approche plus plastique des œuvres, prolongent la visite par une production personnelle et collective.Hors temps scolaire, les ateliers du mercredi s’adressent aux cinq-dix ans. Organisés par cycles,les enfants y découvrent les thèmes et les techniques mises en œuvre par les artistes. Afin de pro l o n g e rson action auprès des adultes, le Service pédagogique organise des conférences d’histoire de l’ar t .Proposé par l’Abbaye Saint-André -Centre d’art contemporain de Meymac.Contact: 05 55 95 23 30.

Le 25 avril, Chapelle du château des Comtes de la Marche, Guéret (23). «Hommage à Raymond Queneau » : conférence-lecture, par Jean Péchenart, de la Bibliothèqueuniversitaire de Limoges.Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse.Contact: 05 44 30 26 26.

Le 27 avril, Salle polyvalente, Neuvic-Entier (87). «Salon du livre du terroir ».Proposé par les Éditions de La Veytizou.Contact: 05 55 69 71 24.

Le 3 mai, Bort-les-Orgues (19). «Au bord de l’eau» : salon du livre.Proposé par la Mairie de Bort-les-Orgues.Contact: 05 55 46 17 60.

Le 7 mai, Limoges (87). «Marché aux livres anciens et d’occasion ».Proposé par l’association Art et collection.Contact: 05 55 48 39 47.

Du 12 au 25 mai, à travers le Limousin. Coquelicontes, septième festival itinérant du conte en Limousin (cf. la rubrique «Marque-page», page 15).Contact: Franck Villemaud, 05 55 77 49 99.

Du 13 au 30 mai, Bibliothèque municipale, place Charles-de-Gaulle, Brive-la-Gaillarde (19).Exposition « Le corps en suspens » : photographies d’Henri Zerdoun, textes de Martin Winckler(Éditions Zulma).Proposé par la Bibliothèque municipale de Brive-la-Gaillarde.Contact: Viviane Badin, 05 55 92 39 23.

Du 14 au 18 mai, Théâtre de la Passerelle, 5, rue du Général-du-Bessol, Limoges (87), 20h 30( 1 8h le 18 mai). «Le cirq u e» : lecture de C.-F. Ramuz par Andrée Eyrolle, accompagnée au violoncellepar J.-P. Nouhaud.Proposé par Cristi Urbaka et le Théâtre de la Passerelle.Contacts: 05 55 32 08 42 et 05 55 79 26 49.

Pour toute annonce dans le prochain numéro de Machine à feuilles, merci de signaler vos animations, avant le 17 mai 2003, à ALCOL - C e n t re régional du livre en Limousin, 34, rue Gustave-Nadaud, 87000 Limoges, tél. 0 55 57 74 7 49, fax 0 55 51 09 23 1 .

Le 15 mai, Bibliothèque municipale, place Charles-de-Gaulle, Brive-la-Gaillarde (19), 15h.Conférence d’Henri Zerdoun et Martin Winckler.Proposé par la Bibliothèque municipale de Brive-la-Gaillarde.Contact: Viviane Badin, 05 55 92 39 23.

Le 15 mai, Bibliothèque francophone multimédia (annexe du Val-de-l’Aurence), place du Commerce, Limoges (87), 18h 30. Rencontre avec Jean-Bernard Pouy , écrivain, au club de lecteurs de romans policiers Polardisons.P roposé par la Bibliothèque francophone multimédia (annexe du Va l - d e - l ’ A u re n c e ) - Ville de Limoges.Contact: 05 55 05 02 85.

Le 16 mai, Bibliothèque francophone multimédia de Limoges, 2, rue Louis-Longequeue,Limoges (87), 19h. «Passages de pages » : rencontre et lecture avec Gisèle Pineau, écrivain.Mise en voix: Marie-Noëlle Eusèbe.Proposé par la Bibliothèque francophone multimédia -Ville de Limoges.Contact: 05 55 45 96 00.

Les 16 et 17 mai, Liginiac (19). « Journées du livre jeunesse».Proposé par la Bibliothèque municipale et l’École primaire de Liginiac.Contact: Hélène Debar, 05 55 95 92 59.

Le 17 mai, Bibliothèque francophone multimédia de Limoges, 2 rue Louis-Longequeue, Limoges (87), 13h 30. « L’heure de la philo», sur le thème «Qu’est-ce que connaître? » :débat public avec Pascal Nouvel, du Collège international de philosophie; lecture par Daniel Cru m b .Proposé par la Bibliothèque francophone multimédia- Ville de Limoges.Contact: Pôle littérature 05 55 45 96 45.

Le 19 mai, Meymac (19). Fête du livre «Vira la paja ».Proposé par l’Office de tourisme de Meymac.Contact: 05 55 95 18 43.

Les 22 et 23 mai, Université, Campus de Vanteaux (Bibliothèque universitaire et Faculté) et Forum (nouvelle Faculté de droit), Limoges (87). « Journées Queneau ».• Le 22 mai après-midi: visite d’une exposition, interventions des étudiants de l’option théâtre,c o n f é rence de Jean-Pierre Longre sur «Raymond Queneau en scène», conférence de Claude Debonsur «Queneau et la guerre ».•Le 22 mai en soirée : adaptation théâtrale par des étudiants de l’option théâtre, résultat du concoursde poésie.• Le 23 mai en soirée (sous réserve): lecture de textes par des membres de l’OULIPO, rencontre avec Jacques Roubaud, table(s) ronde(s).Contact: M. Péchenart, 05 55 43 57 03.

Les 22, 23 et 24 mai, Guéret (23). « Mai du livre » : salon sur le thème de l’aventure.Proposé par la Bibliothèque municipale de Guéret.Contact: Noëlle Bertrand, 05 55 81 92 08.

Le 23 mai, Librairie Page et plume, 4, place de la Motte, Limoges (87), de 18h à 19h. « Les rendez-vous littéraires», sur le thème de «Miniaturisme ou littérature du fragment?Delerm, Holder, etc. »Proposé par la Librairie Page et plume.Contact: Laurent Doucet, 05 55 34 41 08.

Le 23 mai, Restaurant Le trolley, 17, rue des Grandes-Pousses, Limoges (87), 18h30. « Les lectures-dîners de L’Indicible frontière », avec Laurent Bourdelas, poète, écrivain,photographe, directeur de revue.Proposé par la revue L’Indicible frontière.Contact: Marie-Noëlle Agniau, 05 55 00 85 42.

Le 24 mai, Espace Fayolle, Guéret (23). «Mai du livre» sur le thème de «À l’aventure » : re n c o n t re sd’auteurs-illustrateurs jeunesse et adultes, précédées d’animations dans des écoles et collègesde la Creuse avec, entre autres, Arthur Tenor, Jennifer Dalrymple, Frédéric Clément.

Le 25 mai, Salle des fêtes, Saint-Étienne-de-Fursac -Saint-Pierre-de-Fursac (23), 10h. « Goûter conté », bouquet final du festival Coquelicontes.Proposé par ALCOL - Centre régional du livre en Limousin, la Bibliothèque départementale de prêtde la Creuse et la Club du livre de Fursac.Contact: 05 55 80 45 25.

Du 26 mai au 7 juin, Bibliothèque municipale, place Charles-de-Gaulle, Brive-la-Gaillarde (19).Exposition «Vers les cimes, re n c o n t re s»: photographies de Jean-Pierre Frachon, guide de haute montagne.Proposé par la Bibliothèque municipale de Brive-la-Gaillarde.Contact: Viviane Badin, 05 55 92 39 23.

Le 30 mai, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Limoges (87), 20h.Lecture-spectacle d’après le livre de Prune Berge, T’es pas ma mère (Éditions Actes-Sud, 2001et 2002), avec Françoise Pavy, Ysabelle Lacamp, Sarah Bromberg et la voix d’Annie Girardot.Proposé par la Bibliothèque francophone multimédia -Ville de Limoges.Contact: 05 55 45 96 00.

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CALENDRIER

Le 4 juin, Limoges (87). « Marché aux livres anciens et d’occasion ».Proposé par l’association Art et collection.Contact: 05 55 48 39 47.

Du 10 au 28 juin, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Limoges (87).Exposition pour « Les 20 ans de la revue Friches, Cahiers de poésie verte ».Proposé par la revue Friches.Contact: Jean-Pier re Thuillat, 05 55 75 06 40.

Le 11 juin, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Limoges (87), 17h.À l’occasion des vingt ans de la revue Friches, Cahiers de poésie vert e, re n c o n t re avec les poètesanimateurs de la revue .Proposé par la revue Friches.Contact: Jean-Pier re Thuillat, 05 55 75 06 40.

Du 20 juin au 17 août, Centre de créations culturelles, La Spouze, La-Celle-sous-Gouzon (23).«4e Jardins-jeudis de La Spouze ». «Arbres à tous vents » : poésies, chansons, contes, histoirescélébrant la beauté des arbres, leur origine, leur utilité, leur charme, et ceci, au pied ou dans les arbre seux-mêmes dans un jardin réaménagé. Les poètes et écrivains seront mis à contribution :Antonin Artaud, Jacques Prévert, Philippe Jaccottet, Georges Brassens, Raymond Queneau, Paul Nougé, Didier Trumeau, Roger Ferron…Le 20 juin, 21 h : chansons poétiques, avec Isabelle Tourbier, René Bourdet et Michel Lavaud.Le 10 juillet, 21 h : «De l’abbé Charles Dattaiguaut à René Fallet», récital de chansons de poètespar Yves Vessière.Le 17 juillet, 18 h : promenade contée, suivie à 21h d’un petit bal sous les marronniers avec La galinette.Le 24 juillet, 16 h : spectacle pour enfants, avec Isabelle Tourbier et René Bourdet, suivi à 21 hde Si tu t’imagines, de Raymond Queneau et La Messagerie, de Paul Nougé.Le 31 juillet, 18 h : promenade contée, suivie à 21h d’une soirée cabaret.Proposé par le Centre de créations culturelles.Contact: 05 55 62 20 61.

Le 27 juin, Librairie Page et plume, 4, place de la Motte, Limoges (87), de 18h à 19h. « Les rendez-vous littéraires», sur le thème d’«Autour de Gilbert Lely ».Proposé par la Librairie Page et plume.Contact: Laurent Doucet, 05 55 34 41 08.

Le 27 juin, Restaurant Le trolley, 17, rue des Grandes-Pousses, Limoges (87), 18h 30. « Les lectures-dîners de L’Indicible frontière », autour de Marcel Zang, poète, écrivain, ancien auteur en résidence du Festival international des théâtres francophones en Limousin.Proposé par la revue L’Indicible frontière.Contact: Marie-Noëlle Agniau, 05 55 00 85 42.

• Calendrier 2003 des fêtes et salons du livre en LimousinLe calendrier 2003 des fêtes et salons du livre en Limousin est disponible auprès d’ALCOL -C e n t re régional du livre en Limousin.Vous pouvez vous le procurer en contactant Marie-Laure Guéraçague, au 05 55 77 49 77.

• « Livre et petite enfance »À l’initiative de huit bibliothèques du département de la Haute-Vienne, les tout-petits seront au cœur des animations 2003de «Livre et petite enfance», avec des expositions et animations variées :

- du 5 au 14 mai, à Rochechouart (contact: Isabelle Auriat, 05 55 03 77 01).- du 16 au 28 mai, à Saint-Léonard-de-Noblat. C o n f é rence de Dominique Rateau, responsable des projets « L i t t é r a t u re jeunesse» au Centre régional des lettres d’Aquitaine,le 16 mai à 20h 30, à la Salle des fêtes (contact: Agnès Gastou, 05 55 56 76 87).

-Du 30 mai au 7 juin, à Eymoutiers (contact: Maryvonne Ringeard, 05 55 69 21 97).- Du 10 au 21 juin, dans la Communauté de communes Briance-Combade (contact : Geneviève Détivaud, 05 55 69 76 33).-Du 29 septembre au 11 octobre, à Saint-Yrieix-la-Perche (contact: Nicole Dexet, 05 55 08 88 79).- Du 13 au 25 octobre, à Ambazac (contact: Nathalie Marcheix, 05 55 56 85 76).- Du 27 octobre au 8 novembre, au Palais-sur-Vienne (contact: Annie Verneuil, 05 55 37 01 35).- Du 10 au 22 novembre, à Bussière-Galant (contact: Armelle Sauret, 05 55 78 80 26).

Les 5 et 6 avril, S a i n t - M a rt i n - d ’ H è res (38). Stage d’apprentissage sur la méthode du collectage«De la mémoire collectée à la mémoire reconstituée».Proposé par le Centre des arts du récit en Isère.Contact: 04 76 51 21 82 (site Internet: www.artsdurecit.com).

Le 7 avril, G u é ret (23). Formation «Accueillir un conteur», à l’occasion du festival Coquelicontes.Journée d‘information aux structures accueillant un spectacle de Coquelicontes en Creuse, avec Franck Villemaud, d’ALCOL.Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse et ALCOL - Centre régional du livre en Limousin.Contacts: 05 44 30 26 26 et 05 55 77 49 99.

Le 7 avril, Toulouse (31). « Le rôle de l’animation ou l’art de faire vivre le livre ».Proposé par le CRL Midi-Pyrénées (Secteur jeunesse).Contact: 05 61 15 42 18.

Les 7 et 8 avril, Limoges (87). Formation «Formulettes et comptines ».Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Haute-Vienne.Contact: 05 55 31 88 90.

Les 7 et 8 avril, Panazol (87). « Pédagogie d'un projet, interdisciplinarité, partenariat » :savoir prendre le temps et le recul pour évaluer sa pédagogie et susciter des réseaux.Contact: Jean Pierre Médrel, 05 55 30 08 70.

Du 7 au 9 avril, Vannes (56). «Créer des animations autour du livre et de l'écrit » :connaître le rôle, les limites et les contraintes des animations en bibliothèque, les différents supports exploitables, les centres de ressources existants, les partenaires.Élaboration et déroulement d'une animation. Analyse de pratiques.Contact: Ehouarn Auffret, 02 97 47 71 09.

Le 8 avril, Tulle (19). Formation «Accueillir un conteur», à l’occasion du festival Coquelicontes.Journée d‘information aux structures accueillant un spectacle de Coquelicontes en Corrèze, avec Franck Villemaud, d’ALCOL.Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Corrèze et ALCOL - Centre régional du livre en Limousin.Contacts: 05 55 29 96 40 et 05 55 77 49 99.

Les 8 et 9 avril, Poitiers (86). Journée d'étude sur « La gestion des priorités d'une bibliothèqueet la fonction transversale d'accueil».Pour le personnel d'encadrement (A) et le personnel se présentant au concours de conservateur.Proposé par le Centre interrégional des métiers du livre et de la documentation (CIRMLD).C o n t a c t s : Élisabeth Deniau, 05 49 45 33 73, et DRAC du Limousin (Lydie Va l e ro), 05 55 45 66 72.

Le 10 avril, Limoges (87). Formation «Accueillir un conteur», à l’occasion du festival Coquelicontes.Journée d‘information aux structures accueillant un spectacle de Coquelicontes en Haute-Vienne, avec Franck Villemaud, d’ALCOL.Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Haute-Vienne et ALCOL -Centre régional du livre en Limousin.Contacts: 05 55 31 88 90 et 05 55 77 49 99.

Le 10 avril, Guéret (23). Stage sur « Le roman d’amour », avec Stéphane Manfredo.Ouvert aux documentalistes de CDI de collèges et de lycées et aux bibliothécaires du réseau de la BDP de la Creuse.Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse.Contact: 05 44 30 26 26.

Le 11 avril, G u é ret (23). Formation «De l’eau de rose à la pornographie, quelle place pour l’amouren bibliothèque ?» : connaître l'édition, réfléchir à la place de cette littérature dans la bibliothèquepublique.Ouvert aux personnels des collectivités territoriales.Proposé par le CNFPT-Limousin.Contact: BDP de la Creuse, 05 44 30 26 26.

Les 14 et 15 avril, Limoges (87). Formation « Les adolescents et la bibliothèque » : connaîtreles spécificités du public, adapter l’offre aux besoins, avec Élisabeth Azrah, de Lecture jeunesse,et Pascale Thomas, formatrice-bibliothécaire.Ouvert aux personnels des collectivités territoriales.Proposé par le CNFPT-Limousin.Contact: BDP de la Haute-Vienne, 05 55 31 88 90.

Du 22 au 25 avril, Vendôme (41). Formation « Raconter aux tout-petits : en paroles et gestes».Proposé par le Centre de littérature orale (CLIO).Contact: Maud Thuillier, 02 54 72 26 76.

Les 26 et 27 avril, Saint-Martin-d’Hères (38). Stage d’initiation «Découverte et initiation au conte ».Proposé par le Centre des arts du récit en Isère.Contact: 04 76 51 21 82 (site Internet: www.artsdurecit.com).

COLLOQUES/ FORMATIONS

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COLLOQUES /FORMATIONS COLLOQUES/ FORMATIONS

Les 28 et 29 avril, Paris (75). « Le droit des images » : connaître les bases essentielles sur le droit d'auteur appliqué à la production, à la conservation et à la diffusion des images.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Du 28 au 30 avril et les 19 et 20 mai, Poitiers (86). «Gestion d'une bibliothèque publique» :élaborer et suivre un budget d'une médiathèque publique, identifier la place de la bibliothèquedans le budget de la collectivité territoriale, analyser le suivi du budget d'une bibliothèque, gérer le personnel d'une bibliothèque.Proposé par le CNFPT-Poitou-Charentes.Contact: Patrick Tourneur, 05 49 50 34 39.

Les 5 et 6 mai, Toulouse (31). « Indexation Rameau, perf e c t i o n n e m e n t » : améliorer sa pratiquede l'indexation Rameau.Contact: Geneviève Massol, 05 62 11 38 65.

Les 6 et 7 mai, Poitiers (86). Journée d'étude «Promotion des bibliothèques et valorisation ».Pour le personnel d'encadrement (A) et le personnel se présentant au concours de conservateur.Proposé par le Centre interrégional des métiers du livre et de la documentation (CIRMLD).C o n t a c t s : Élisabeth Deniau, 05 49 45 33 73, et DRAC du Limousin (Lydie Va l e ro), 05 55 45 66 72.

Les 10 et 11 mai, Poitiers, (86). Les week-ends de l’écrit, devant permettre de développer sa créativité avec des jeux de langage et d’écriture.Proposé par La forge des mots.Contact: 05 49 60 99 69.

Les 13 et 14 mai et 17 et 18 juin, Bordeaux (33). « La recherche documentair e » :s'initier à la recherche documentaire et à la bibliographie.Contact: Françoise Viaut-Dumora, 05 56 99 93 66.

Les 13 et 17 mai, 17 juin et 1e juillet, Paris (75). «Contes du soir » : cet atelier est destiné à ceux qui n'ont jamais ou très peu raconté. On y racontera un maximum d'histoires, plus spécialement des contes traditionnels, les plus divers possibles. L'atelier est avant tout pratique.Contact: Évelyne Cevin, 01 48 87 61 95.

Du 13 au 15 mai, Paris (75). « Mai: où est donc l'art? » : dans le cadre du Mai du livre d'art,ce stage proposera une approche de l'édition du livre d'art pour la jeunesse, en vue de se forgerdes outils d'analyse de la production. Rencontres avec des directeurs de collections et des auteursde livres d'art, et confrontation avec les œuvres dans quelques musées parisiens.Proposé par La joie par les livres.Contact: Juliette Robain, La joie par les livres, 01 48 87 61 95.

Du 13 au 15 mai, Metz (57). «Mettre en œuvre une organisation transversale en SCD » :appréhender les différents modes d'organisation fonctionnelle des SCD, repérer les éléments à prendre en compte dans la mise en œuvre de missions ou de services transversaux en SCD.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Du 13 au 16 mai, Troyes (10). « Construction et aménagement d'une bibliothèqueterritoriale » : savoir suivre les différentes étapes d'un programme et mener à bien un projet de construction et d'aménagement d'une bibliothèque publique.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Du 14 au 16 mai, Tulle (19). « Lire aux personnes âgées » : acquérir les techniques spécifiquesde lecture à haute voix qui permettent de proposer des animations adaptées aux personnes âgées.Proposé par le CNFPT-Limousin.Contact: Dani Dubourg-Margain, 05 55 30 08 70.

Le 15 mai, Jaunay-Clan (86), «Présenter ses comptes en assemblée générale ».Proposé par Premier’acte.Contact: Nathalie Bonnet, 05 49 88 07 20 (site Internet: www.1acte.com).

Du 18 au 23 mai, Jaunay-Clan (86). « Médiation artistique et culturelle : entrer dans le mondeculturel, la médiation à la rencontre des arts et des publics».Proposé par Premier’acte.Contact: Nathalie Bonnet, 05 49 88 07 20 (site Internet: www.1acte.com).

Les 19 et 20 mai, Guéret (23). Formation sur le thème de « Lecture et personnes âgées »,avec du Cabinet Nicole Larderet.Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse.Contact: 05 44 30 26 26.

Du 19 au 21 mai, Bordeaux (33). « Gestion d'une salle de lecture : gérer une salle de lectureet améliorer les conditions d'accueil au public ».Proposé par le CNFPT-Aquitaine.Contact: Françoise Viaut-Dumora, 05 56 99 93 66.

Du 19 au 23 mai, Paris (75). «Premiers pas en littérature de jeunesse » : ce stage, animépar les collaborateurs de la Revue des livres pour enfants, s'adresse en priorité aux personnesqui travaillent en section jeunesse sans avoir reçu de formation préalable. Il a pour but de leur appre n d reà se repérer dans les différents genres et à acquérir une méthode et des outils d'analyse.Proposé par La joie par les livres.Contact: Juliette Robain, 01 48 87 61 95.

Du 19 au 23 mai, du 2 au 6 juin, du 22 au 26 septembre et du 24 au 28 novembre ,Grenoble (38), Marseille (13) et Pantin (93). «Chansons, comptines et jeux vocaux » :avoir davantage d'aisance pour chanter avec les enfants, enrichir son répertoire de chansons,comptines et jeux de doigts, développer sa capacité à jouer avec la voix pour mieux répondreà l'exploration vocale de l'enfant, comprendre l'importance de la voix.Contact: Enfance et musique, Christine Attali-Marot, 01 48 10 30 00.

Du 20 au 22 mai, Vendôme (41). Formation « Comment collecter et compre n d re les histoire s ».Proposé par le Centre de littérature orale (CLIO).Contact: Maud Thuillier, 02 54 72 26 76.

Du 21 au 23 mai, Villeurbanne (69). «Cataloguer, coopérer: la construction d'un catalogueen ligne », afin de comprendre les enjeux de la construction d'un catalogue, du point de vue de l'échange de données et de la communication à destination du public.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Du 21 au 23 mai, Villeurbanne (69). «Concevoir une politique de valorisation des collectionspatrimoniales » : concevoir une politique de valorisation des collections patrimoniales en fonctiondes types de public visés, faire le point sur des actions de valorisation à mettre en œuvre,identifier les partenariats possibles.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Le 23 mai (à confirmer), Guéret (23). Rencontre avec Frédéric Clément autour de son œuvreet part i c u l i è rement des derniers livres pour adultes, animée par Anne-Marie Amoros, de France-bleu Cre u s e .Ouvert aux bibliothécaires bénévoles et professionnels de la région.Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse.Contact: 05 44 30 26 26.

Le 23 mai, en Limousin. « L'accueil des spectacles étrangers (en Limousin) ».Proposé par Premier’acte.Contact: Nathalie Bonnet, 05 49 88 07 20.

Du 26 au 28 mai, Pantin (93). « Le livre et le tout-petit » : réfléchir à la manière particulièredont le tout-petit s'approprie le livre, analyser les composants d'un livre pour affiner ses critèresde choix, mieux comprendre le rôle de l'adulte médiateur.Contact: Enfance et musique, Christine Attali-Marot, 01 48 10 30 00.

Du 26 au 28 mai, Villeurbanne (69). «Négocier avec sa tutelle ou ses partenaires » :développer ses aptitudes à préparer et mener une négociation auprès de sa tutelle et au sein de son équipe en bibliothèque.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Du 26 au 28 mai, Paris (75). « Élaborer une politique documentaire pour une collection de périodiques en sciences humaines» : réfléchir à la mise en œuvre d'une politique documentaire ,évaluer et développer une collection de périodiques en sciences humaines, élaborer un plan de développement des collections pour un fonds de périodiques en sciences humaines en adéquation avec les besoins documentaires des publics concernés.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Du 29 mai au 1e juin, Vendôme (41). Formation « Initiation à la narration et au conte ».Proposé par le Centre de littérature orale (CLIO).Contact: Maud Thuillier 02 54 72 26 76.

Le 2 juin, Guéret (23). Stage « La musique en bibliothèque », avec Stéphanie Brunet, de la BDP de la Creuse.Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse.Contact: 05 44 30 26 26.

Les 2 et 3 juin, Paris (75). « Les livres en VO » : lire et faire lire les langues étrangères en section jeunesse, quels livres choisir, comment les utiliser et les transmettre.Contact: Juliette Robain, La joie par les livres, 01 48 87 61 95.

Le 3 juin, Guéret (23). Stage « Introduction à la musique classique: histoire de la musique,connaissance des genres, décodages de l’information discographique », avec Vincent Péchenart,professeur de culture musicale de l’École nationale de musique de Guéret, et Stéphanie Brunet,de la Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse.Contact: 05 44 30 26 26.

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COLLOQUES /FORMATIONS COLLOQUES/ FORMATIONS

Du 3 au 5 juin, Limoges (87), «Mise en place d'un réseau intercommunal de bibliothèques » :acquérir la méthode et comprendre les problématiques.Proposé par le CNFPT-Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes-Midi-Pyrénées.Contacts: Bibliothèque départementale de prêt de la Haute-Vienne, 05 55 31 88 90, et Dani Dubourg-Margain, 05 55 30 08 70.

Du 3 au 5 juin, Villeurbanne (69). «Réussir l'intégration du SCD dans l'université » :maîtriser le fonctionnement de l'université dans son cadre réglementaire, le statut du SCD,repérer les évolutions actuelles modifiant le positionnement du SCD dans l'université,appréhender l'intégration sous l'aspect humain et organisationnel.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Du 10 au 13 juin, Valenciennes (59). «Numériser en bibliothèque», pour faire le point sur les diff é re n t sp roblèmes posés par la mise en œuvre d'un projet de numérisation en petite et moyenne bibliothèque.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Du 11 au 13 juin, Villeurbanne (69). «Un service des publics : quelles contraintes, quels enjeuxpour les bibliothèques ? » : comprendre les enjeux de la mise en place d'un service au public,c e rner les contraintes que cela entraîne pour les établissements à partir de l'exemple des muséeset des choix opérés par des bibliothèques autour des publics.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Du 11 au 13 juin, Paris (75). «Conservation et traitements des livres anciens » : pouvoir définirune politique de conservation et de restauration des périodiques anciens et de la presse.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Du 11 au 13 juin, Vannes (56). «La coopération entre bibliothèques et établissements scolaire s» :présentation des missions et de l'environnement professionnel des bibliothécaires et des enseignants.Définir un projet commun et le construire : objectifs, ressources disponibles, moyens.Contact: Ehouarn Auffret, 02 97 47 71 09.

Du 13 au 16 juin, Aubagne (13). Journées d’étude sur le thème d’« Information, libertés »,organisées à l’occasion du congrès annuel de l’Association des bibliothécaires français.Proposé par l’ABF, Association des bibliothécaires français.

Les 14 et 15 juin, Saint-Martin-d'Hères (38). «Raconter aux tout-petits (perfectionnement) » :ce stage s'adresse à tous ceux qui veulent raconter à un très jeune public. Des histoires aux comptines,entre gestes et rythmes, il sera l'occasion de réfléchir à la manière de partager notre parole avec les tout-petits.Proposé par le Centre des arts du récit en Isère.Contact: 04 76 51 21 82 (site Internet: www.artsdurecit.com).

Les 14 et 15 juin, S a i n t - M a rt i n - d ' H è res (38). «D é c o u v e rte et initiation au conte ( p e rf e c t i o n n e m e n t )» :après une mise en confiance ludique, la conteuse Gigi Bigot propose un apprentissage de la prisede parole individuelle à partir de différentes sources. Son travail porte sur la voix, ainsi que sur la perception de la différence entre la conversation et le conte.Proposé par le Centre des arts du récit en Isère.Contact: 04 76 51 21 82 (site Internet: www.artsdurecit.com).

Du 16 au 18 juin, Poitiers (86). Journée d'étude sur « Les réseaux de cédéroms ».Pour le personnel responsable du suivi de réseaux de CD-ROM.Proposé par le Centre interrégional des métiers du livre et de la documentation (CIRMLD).C o n t a c t s : Élisabeth Deniau, 05 49 45 33 73, et DRAC du Limousin (Lydie Va l e ro), 05 55 45 66 72.

Du 16 au 18 juin, Angers (49). «Politique d'évaluation en bibliothèque» : rappel sur les missionsdes bibliothèques et médiathèques.Contact: Patricia Poupon, 02 41 77 37 32.

Du 16 au 20 juin, Pantin (93). «Sans le livre… Imaginer et raconter des histoires aux enfants» :développer ses capacités à raconter des histoires. Savoir choisir une histoire, un conte, une fableet éveiller chez l'enfant le plaisir de l'écoute et le désir de lire, comprendre la place essentielledes histoires dans le développement de l'enfant.Contact: Enfance et musique, Christine Attali-Marot, 01 48 10 30 00.

Du 17 au 19 juin, Vendôme (41). Formation « L’imaginaire des racines ».Proposé par le Centre de littérature orale (CLIO).Contact: Maud Thuillier 02 54 72 26 76.

Du 18 au 20 juin, Tours (37). «Quels services informatiques la bibliothèque départementalede prêt peut-elle offrir aujourd'hui ? » : apporter des éléments de réflexion sur la manièredont les BDP peuvent concevoir leur rôle en matière d'information dans le contexte de développement des réseaux intercommunaux de bibliothèques.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Du 18 au 20 juin, Toulouse (31). « Indexation matière des fonds patrimoniaux et locaux » :acquérir les bases méthodologiques pour évaluer et indexer un fonds local.Contact: Geneviève Massol, 05 62 11 38 65.

Le 19 juin, Jaunay-Clan (86). « Les droits et les contrats d'auteur ».Proposé par Premier’acte.Contact: Nathalie Bonnet, 05 49 88 07 20 (site Internet: www.1acte.com).

Le 19 juin, Limoges (87). Journée d’étude de l’Association des bibliothécaires français,avec Nic Diament, de La joie par les livres.Visite de la Bibliothèque francophone multimédia et d’une exposition de dessins originaux d’un illustrateur, avec Arlette Calavia.Gratuit pour les adhérents à l’ABF, payant pour les non-adhérents.Contact: 05 55 45 96 00.

Les 21 et 22 juin, Poitiers, (86). «Les week-ends de l’écrit » : «Comment améliorer durablementson orthographe ».Proposé par La forge des mots.Contact: 05 49 60 99 69.

Le 23 juin, Guéret (23). Stage « Une bibliothèque “relookée” ou l’art et la manière de gérerun fonds de livres pour mieux le mettre en valeur », avec Viviane Olivier et Marie-Pierre Paranton,de la BDP de la Creuse.Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Creuse.Contact: 05 44 30 26 26.

Du 23 au 25 juin, Villeurbanne (69). «F o rmats et indexation des documents électro n i q u e s( X M L )» : donner les principaux points de repère quant aux ressources et à l’utilisation du langageXML. Connaître et utiliser les différentes DTD.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Du 24 au 27 juin, Lyon (69). «Estampes du xve au X V I I Ie s i è c l e : connaissance et identification »,pour être capable d'identifier les techniques anciennes de l'estampe de cette époque,appréhender les modes de création et de diffusion de l'estampe durant cette période, savoir utiliser les principaux instruments d'identification et rédiger une notice descriptive.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Les 26 et 27 juin, Paris (75). « L'évaluation en bibliothèque, théories » (module 1), afin d’apprendre à développer une culture de l'évaluation en bibliothèque.Proposé par l'ENSSIB (Formation continue).Contact: 111, rue du 1e-Mars-1943, 69100 Villeurbanne, fax 04 78 53 75 05.

Du 30 juin au 3 juillet, Montreuil (93). « La gestion des stocks en librairie » :déterminer le positionnement du stock dans le projet d'entreprise, développer les conceptsnécessaires à la compréhension de ce stock, découvrir les outils indispensables à la gestion, les mettre en œuvre.À l’attention des vendeurs en librairie confirmés et personnels d’encadrement.Proposé par l’Institut national de formation de libraire.Contact: 01 41 72 79 79.

Les 6 et 7 juillet, Poitiers, (86). «Les week-ends de l’écrit » : « L’art d’inventer des histoires ».Proposé par La forge des mots.Contact: 05 49 60 99 69.

Pour en savoir plus sur…• Des annonces de formations et de concours: www.limousin.culture.gouv.fr.• Le Plan régional de développement des formations: www.carif-limousin.net.

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Les salons et manifestations autour du livreEn Limousin, comme sur l’ensemble du territoire national, les manifestationsautour du livre se sont multipliées. «G r a n d e s» ou «p e t i t e s », à vocations nationale,régionale, départementale ou locale, organisées par des collectivités locales,des professionnels du livre ou des associations, elles contribuent à dynamiserla vie du livre sur le plan culturel et économique.L’expérience de cinq ans au Salon du livre de Paris, une connaissance plus grande des attentes des éditeurs, ont fait apparaître la nécessité de diversifier les participations, de multiplier le soutien à des pôlesspécialisés et de valoriser les manifestations qui se déroulent dans notre région.Les actions d’ALCOL participent donc aux objectifs suivants :• Valoriser les fêtes et manifestations en Limousin.

Un dépliant présentant le calendrier 2003 des manifestations qui se déro u l e n tdans les trois départements du Limousin a été réalisé et diffusé en débutd’année. ALCOL a aussi pour mission d’apporter son soutien à tous les organisateurssoucieux de faire refléter la diversité du panorama éditorial contemporain. Nous sommes donc à leur disposition pour leur apporter toutes les inform a t i o n squi leur seraient utiles.

• Participer à des salons spécialisés. Certains éditeurs participeront aux salons suivants :- Du 22 au 26 mai, au salon Le livre et l’art, au Lieu unique de Nantes.- Du 6 au 9 juin, au festival international du livre Étonnants voyageurs, à Saint-Malo.- Les 23 et 24 juin, au Salon du théâtre et de l’édition théâtrale.- Du 19 au 21 octobre, au Salon de la revue, à Paris.

• Présenter plus largement l’édition limousine au Salon du livre de Paris. ALCOL a organisé, pour la sixième année consécutive, du 21 au 26 mars, la participation des «Éditeurs en Limousin», mais selon de nouvellesmodalités :- Le stand était de 49m2.- Étaient présents en tant que tels des éditeurs de livres d’artiste.- L’ensemble de la production éditoriale était présenté et géré parl’association des libraires de Limoges Encre vive.

Cette nouvelle organisation avait pour but de représenter toute la diversité et la multiplicité éditoriales de la région (ce qui ne fut plus le cas en 2002), et de pallier la difficulté, pour certains éditeurs, d’être présents à Paris une semaine entière.Adélie éditions, L’association des amis de Robert Margerit, L’association des amis du Père Castor, les Éditions Le bruit des autres,Culture & Patrimoine en Limousin, Double-je, l’Espace Paul-Rebeyrolle, Jean Paul Ruiz, les Éditions Lavauzelle, Lemouzi, les Éditions Lucien-Souny,les Éditions Mille sources, PULIM (Presses universitaires de Limoges), soit treize éditeurs, plus ALCOL, ont participé à cette session.

« Les auteurs vivants…» renaissent au printempsLa première série de quatre auteurs (Daniel Soulier, Eugène Durif, Jean-Paul Chavent et Sandro Pécout) de la manifestation « Les auteurs vivants…ne sont pas tous mort s» est terminée. À Aubusson, Bellac, Brive-la-Gaillarde, Limoges,Saint-Yrieix-la-Perche et Tulle, plus de mille cinq cents personnes ont assistéaux lectures, rencontres et mises en espace. La Compagnie du Désordreet ALCOL -C e n t re régional du livre en Limousin proposent déjà la suite printanièreet estivale de cette opération théâtrale itinérante qui fait la part belle aux auteurscontemporains.

Vous pouvez ainsi découvrir ou redécouvrir :• Emmanuel Darley (mise en espace par Paul Golub),

du 28 mars au 5 avril.•F l o rence Delaporte (mise en espace par Philippe Labonne),

du 19 au 24 mai.• Filip Forgeau (mise en espace par Yves Gay),

du 10 au 19 juin.• Max Eyrolle (mise en espace par Alban Coulaud),

du 30 juin au 5 juillet.Pour tout renseignement et le programme détaillé des rencontres:

- Compagnie du Désordre, 05 55 32 58 90.- ALCOL -Centre régional du livre en Limousin, 05 55 77 48 46.

Soutien à l’édition en LimousinDepuis deux ans, ALCOL - Centre régional du livre en Limousin anime deux commissions chargées de re n d re un avis sur les manuscrits pour lesquelsles éditeurs demandent une aide au Conseil régional et à la DRAC du Limousin.Une plaquette de seize pages, supplément à ce numéro 15 de Machine à feuilles,présente les soixante ouvrages soutenus depuis 2001. Ces derniers seront également exposés dans le hall de l’Ensemble administratifrégional, 27, boulevard de la Corderie, à Limoges, du 10 au 30 avril 2003, de 8h 30 à 12h 30 et de 13h 30 à 17h 30, du lundi au vendredi.

Coopération interrégionale1. De la création à la diffusion: les ateliers régionaux du livre

Le cycle d’ateliers décentralisés, proposé par la FFCB-mld (Fédération françaisepour la coopération des bibliothèques, des métiers du livre et de la documentationet les professionnels du livre), se poursuit en 2003 dans diff é rentes régions,en partenariat avec le CRL ou l’agence de coopération correspondant.Ces ateliers portent sur les thèmes suivants :• «Savoirs et savoir-faire professionnels: les enjeux de la formation »

(qui a eu lieu les 3 et 4 mars derniers, en Poitou-Charentes).• «La promotion et l’animation» (date à préciser, en Franche-Comté).• «Les politiques publiques» (date et région à préciser).

2. Atelier sur le livre et la lecture en milieu pénitentiaireCet atelier est principalement destiné au personnel pénitentiaire, aux conseillers des directions régionales des affaires culturelles, aux chargés de mission pour le développement culturel en milieu pénitentiaire ,aux professionnels du livre et de la lecture. Il se déroulera les 3 et 4 avril 2003,à la Médiathèque municipale d’Arras.Au programme :• «La bibliothèque: un lieu, une politique, des moyens».• «Lire et écrire en milieu pénitentiaire».• «L’avenir du livre et de la lecture en milieu pénitentiaire».

3. Deux nouvelles structures régionales• L’Agence de coopération de la Guadeloupe.

Un an après le séminaire de réflexion organisé par l’association Documentationet lecture en Guadeloupe (DLG) auquel participa ALCOL (cf. la rubrique« Marque-page» de Machine à feuilles n°12), l’Agence de coopération de la Guadeloupe pour le livre, la lecture, l’information et la documentationa été créée le 16 septembre. Elle a tenu sa première assemblée généralele 9 novembre et son conseil d’administration le 19 décembre 2002. Son président est Max Jasor, libraire. L’agence n’a pas pu encore recruterde salarié. L’action prioritaire que s’est fixée l’agence est d’établir le recensement de toutes les ressources disponibles dans le domaine du livre :carte documentaire et conditions d’accès des établissements, librairies et points de vente, formations sur place et à distance, ainsi que les outils de promotion du livre (manifestations, expositions, etc.).

• L’Agence régionale du livre de Provence-Alpes-Côte-d’Azur.Créée en juin 2002 et présidée par Michel Gaillard, directeur de l’IUT Information-Communication, vient de nommer sa future directrice :Léonor de Nussac.

4. États des lieux des structures régionales pour le livre en 2001La FFCB-mld a établi une enquête sur le fonctionnement en 2001 de vingt-deux structures régionales.Celle-ci est disponible auprès d’ALCOL -Centre régional du livre en Limousinou de la FFCB-mld (54, boulevard Richard-Lenoir, 75011 Paris, tél. 01 43 57 85 02, fax 01 43 57 84 17, site Internet www.ffcb.org).

Guide des parutionsLe Guide des parutions présentant les publications (livres et périodiques)parues en Limousin en 2001 est disponible auprès d’ALCOL, sur demande. Un index des titres, des auteurs, illustrateurs, traducteurs… et des éditeurspermet de retrouver très facilement les documents recherchés.Pour recevoir cet ouvrage, une participation de 2,40 ¤ est demandée pour les frais d’affranchissement.Par ailleurs, ce recensement minutieux des éditeurs de la région — raison d’êtredu Guide des paru t i o n s — a servi de base à un début de collaboration fru c t u e u s eavec la société DILICOM, chargée, nationalement, par les organismesinterprofessionnels du livre, de développer un fichier exhaustif du livre (FEL).Ceci afin de mettre à la disposition de tous les acteurs de la chaînecommerciale un fichier de qualité, complet et à jour de tous les éditeurs, dont ceux qui jusqu’alors n’étaient pas référencés.

Coquelicontes, septième édition, du 12 au 25 mai 2003La programmation de la septième édition de Coquelicontes, festival itinérantdu conte en Limousin, est à présent achevée. Du 12 au 25 mai 2003, vous pourrez donc entendre les conteurs et conteuses suivants :Jean-Claude Bray, Thérèse Canet, Pierre Deschamps, Florence Férin, Achille Grimaud, Kamel Guennoun, Malika Halbaoui, Nordine Hassani, Salim Hatubou, Lucie Jean, Sonia Koskas, Daniel L’homond, Anne Lopez,Pépito Matéo, Jan dau Melhau, Frédéric Naud, Fred Pellerin, Christèle Pimenta,Guy Prunier, Marielle Rémy et Marie Ricard, pour plus de cent spectacles dans plus de cinquante communes du Limousin.Contact: ALCOL -Centre régional du livre en Limousin, tél. 05 55 77 49 99.

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Hommage aux traverseurs, traverseuses

«Traverseur, traverseuse: n. et adj. Fam. :qui traverse, qui a traversé un pays. »1

Au-delà des anecdotes aux traits cinglants —connues et répétées, de La Fontaine et de beaucoupd'autres depuis — sur les Limousins et, souvent, sur l’état des routes de leur région, nous ouvronsavec ce numéro de Machine à feuilles un dossier qui fait figure de première phase d'un chantier :nous voulons faire remonter à la surface de la mémoire les traces de passages d'écrivainsd'hier et d'aujourd'hui, afin de témoigner d'une vieculturelle parfois oubliée parce que souvent discrète,et de se donner ce prétexte pour proposer à lire.

Il ne s'agit pas de collationner ici ce qui s'est dit du Limousin, mais plutôt de porter témoignage de moments vécus, dans une vie qui a commencéailleurs avant et s'est poursuivie ailleurs après. C'est aussi dans cet ailleurs que nous voulons vous mener, dans l'œuvre de Michel Leiris, de Raymond Queneau, de François Mauriac, de Colette et de bien d'autres que vous aurez peut-être à cœur de nous suggérer.

Qu’il soit un refuge, un lieu de villégiature, une résidence d’écriture ou l’accomplissement d’un rêve de châtelain, le temps passé en Limousinest pour ces auteurs un moment privilégié de rencontres, de réunions, de découvertes.

Dans un prochain dossier, en hommage aux traverseurs, nous pourrions, à titre d’exemple,p o u r s u i v re avec Jean-Paul Sart re et Simone de Beauvoir,les amis d’Antoine Blondin, les invités de la revue Le Sécateur, les poètes venus à Limoges rendre hommage aux «Nuits de la pleine lune», ou encore l'histoire de la revue Réalités secrètes,dirigée par Robert Margerit et Marcel Béalu à ses débuts…

« Ô nostalgie des lieux qui n’étaient pointassez aimés à l’heure passagère,que je voudrais leur rendre de loinle geste oublié, l’action supplémentaire !

Revenir sur mes pas, refaire doucement— et cette fois, seul — tel voyage,rester à la fontaine davantage,toucher cet arbre, caresser ce banc…

Monter à la chapelle solitaireque tout le monde dit sans intérêt ;pousser la grille de ce cimetière,se taire avec lui qui tant se tait.

Car n’est-ce pas le temps où il importede prendre un contact subtil et pieux ?Tel était fort, c’est que la terre est forte ;et tel se plaint: c’est qu’on la connaît peu. »

Rainer Maria Rilke, dans Vergers,

Éditions Gallimard, 1926 et 1995.

Av a n t - p ro p o s

Par Catherine Roche.

LIMOUSIN TRAV E R S É

1 Larousse universel en deux volumes: Nouveau dictionnaireencyclopédique, Librairie Larousse, 1922.

Photo: © Pierre Siméonin.

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Entretien avec Claude Ventura et Pascale Thirode, Scénaristes et réalisateurs.

Josette Clotis, fille d’un fonctionnaire du Loiret,passionnée de lecture et d’écriture, va à Paris au débutdes années 1930 et est introduite dans le milieutrès fermé de la Nouvelle revue française (NRF)par Henri Pourrat à qui elle a confié plusieurs manuscrits.Dans les couloirs de la maison Gallimard, elle croise André Malraux,déjà auréolé de gloire, qui la trouve d’emblée « très belle». Le couple qu’il forme avec Clara Malrauxest loin d’être idyllique. Il a rapidement une liaisonavec Josette Clotis. Cette dernière se lance à corps perdu dans cette relation étrange faite de bonheurs furtifs, de secrets, d’hôtels luxueux,de souffrance, d’attenteperpétuelle de l’être aimé. Il l’emmène aux États-Uniset en Espagne pour le diff i c i l etournage de L’Espoir.Josette ne vit que pour André, passe son temps à se faire belle pour lui et à écrire. Elle se lie d’amitiéavec une journaliste de la revue Marianne,Suzanne Chantal, qui devient sa confidente.Les années de guer re sont paradoxalement celles où André et Josette vivent enfin ensemble, à Paris d’abord ,puis sur la Côte d’Azur et enfin dans un petit villagede Corrèze: Saint-Chamant. De cet amour naîtrontdeux fils: Gauthier et Vincent. Josette vit toutes ces annéesdans l’espoir d’un divorce d’André d’avec Clara,d i v o rce sans cesse repoussé. Josette a peur pour André,peur de se retrouver seule, oubliée. Cette histoired’amour connaît une double fin tragique: en mai 1944,Josette raccompagne sa mère au train et glisse sur le marchepied alors que le train est déjà en marc h e .Elle a les deux jambes écrasées et meurt dans la nuità l’hôpital de Tulle. En 1960, les deux fils du couplem e u rent dans un accident de voiture. Malraux, re m a r i éà la veuve de son demi-frère Roland, envoie au pèrede Josette l’ensemble des souvenirs communs du couple:photographies, lettres, manuscrits… En 1976,Suzanne Chantal publie son livre sur Josette Clotis,Le Cœur battant (Éditions du Seuil, 1976). Il ne restea u j o u rd’hui de cette histoire si romanesque que ce livreet une valise conservée par la fille de Suzanne, Chantal.Machine à feuilles a rencontré Claude Ventura et Pascale Thirode, qui préparent actuellement un filmdocumentaire sur Josette Clotis et André Malrauxproduit par Gloria films, tourné en partie en Corrèze.

Olivier Thuillas, pour Machine à feuilles :Qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette histoire ?

Claude Ve n t u r a : J’avais lu le livre de Suzanne Chantalà sa sortie. Le côté romanesque et le destin tragique

de Josette m’avaient touché. Puis j’ai eu un contactavec Suzanne qui était encore en vie à l’époque;elle m’avait parlé de cette fameuse valise qui étaitbourrée de documents et qui avait été la basede son livre, mais le projet n’avait pas pu se faire .Lorsque nous avons repris le projet en 2001,nous avons commencé par re c h e rcher cette valise.Suzanne Chantal étant morte, nous avonsrecherché sa fille. Elle avait toujours la valisedans sa grange. Son contenu est véritablementle contenu du film: cette correspondance estfascinante d’autant qu’elle concerne André Malrauxet une femme au destin tragique. Cette valisecontient pêle-mêle les correspondances de Josetteavec Malraux et avec Suzanne, des photos, le journal de Josette… Malraux remarié,Josette et ses deux fils morts, Suzanne mort e ,seule cette valise parle de cette histoire d’amour.Si Josette était une vieille dame vivante, qui écritson histoire, ses amours avec un «Grand homme» ,

cela aurait beaucoup moins d’intérêt. D’autre part, le milieu littéraire parisien ne l’a jamais acceptéealors qu’elle aurait rêvé d’en faire partie; cependant,elle ne supporte pas le monde de la NRF ni ceux qui tournent autour d’André. De son côté, André re c h i g n eà la montre r, à se montrer avec elle, probablement à causede Clara (la femme de Malraux) et de sa dimensionintellectuelle. Jusqu’à la parution du livre de Suzanne,l’existence de Josette avait été occultée.

MAF : À la lecture du Cœur battant, Josette Clotisapparaît comme très futile, précieuse, légère,obsédée par son image, ses toilettes luxueuses et les mets de choix. Mais on sent aussi une femmegrave, lucide et clairvoyante face à la situationdifficile de maîtresse cachée de Malraux. Le film que vous préparez aborde-t-il cette ambivalence?

Pascale Thirode: Oui, cette dualité de la personnalitéde Josette se retrouve dans chaque ligne de sa correspondance. Elle a vraiment deux facetteset l’on a envie de pousser parfois jusqu’à parler de schizophrénie. Ce que je trouve touchant danscette correspondance, c’est que tout nous est livré,tout apparaît, y compris les mauvais côtés comme ce comportement parfois futile alors que l’on est en pleineg u e rre. Il est vrai qu’en 1940, les gens devaient avoird’autres préoccupations que de savoir quelle toiletteporter. On peut être révolté par cette attitude

dans un premier temps, mais personnellement, je trouve touchant qu’elle se montre telle qu’elle est.Nous essayons de la prendre dans sa globalité dans le film, d’aller vers elle, d’autant plus que les récentsbiographes de Malraux ne la ménagent pas.

Claude Ventura: Je crois qu’elle n’était pas la seulesous l’Occupation à être obsédée par le fait de manger,de ne pas avoir froid. Simplement, elle plaçait la barreun peu plus haut. Elle voulait avoir chaud, mais dansdes tailleurs de chez Lanvin. J’explique cette attitudepar le fait qu’elle était obnubilée par son histoireavec André. Elle ne pensait qu’à cela, de manièreobsessionnelle. Elle a traversé cette période sombrede l’histoire avec une seule idée: être avec Malraux.Ce dernier d’ailleurs l’encourage dans ce sens: il aimequ’elle soit bien habillée, bien coiffée, élégante.

MAF : Les Malraux passent les dernierstemps de leur histoire à Saint-Chamant,en Corrèze. Il semble que les habitantsles regardent avec méfiance… Qu’en pensez-vous ?

Claude Ventura: La médisance des gensdu village à l’encontre des gens du châteaun’est ni surprenante, ni très originale.Les témoins encore vivants au villageque nous avons pu interroger, des gensqui étaient adolescents à l’époque, ne nous ont pas appris grand-chose sur la présence des Malraux. Dans les lettres de Josette, on comprendqu’au début elle est contente de sa vie au village,elle est enfin châtelaine, elle adore la cuisine limousine,elle attend un deuxième enfant d’André et se plaîtbeaucoup à la campagne. Peu à peu, elle se brouilleavec la belle-sœur de la propriétaire du château qui cohabite avec eux. Cette dame colporte pro b a b l e m e n tdes rumeurs désagréables sur Josette, ses relationsavec les domestiques… On commence à parler au villagedu fait qu’André et elle ne sont pas mariés, qu’elle se lèvetard le matin… Mais je crois que c’est inévitabledans la situation de néo-châtelains dominant un petitvillage de campagne. Josette écrit à Chantal qu’elle se sentvraiment dans l’atmosphère d’un roman de Simenon

au milieu des gens du village. Elle lui donne même la tramed’un roman qu’elle lui demande d’écrire pour elle !Mais la vie à Saint-Chamant reste malgré tout une période idyllique pour le couple: ils sont enfinensemble, loin de Clara, dans un château dont ils rêvaient.Elle semble apaisée, se sent enfin la compagne de Malraux, elle est «madame Malraux», avec en elleun deuxième enfant de lui.

MAF : Cette histoire d’amour nous permet aussi de découvrir un autre visage d’André Malraux. Pendantles premières années de l’Occupation en particulier,on sent un Malraux un peu perdu et peu actif…

Claude Ventura: Même si le film que nous préparonsest centré sur Josette Clotis et le peu de choses qui nous restent d’elle, on a tout de même un port r a i t

en creux d’André Malraux. Malraux est assez dépité,sortant d’une guerre perdue (la Guerre d’Espagne) et mobilisé dans une nouvelle guerre qui tourne très viteà la catastrophe. La position de Malraux pendant ces années semble être la suivante : ce sont les tanksrusses et les avions anglais ou américains qui aideraientà gagner la guerre. Il ne croit pas à la guérilla sans arm e set avec peu d’hommes. Mais à partir de 1944 et la formation de la Brigade Alsace-Lorraine, il re p re n dune conduite héroïque et se bat comme un lion.

Pascale Thirode: C’est une période où Josette voitbeaucoup moins André; elle re t o u rne à Paris pour le voiren mai 1944. Il est alors un homme de l’ombre, très mystérieux. Il la contacte et lui donne re n d e z - v o u spar l’interm é d i a i re d’Albert Camus au Guignol des Tu i l e r i e s .C’est d’ailleurs la dern i è re fois qu’elle évoque Malrauxdans son journal. Elle décrit un homme maigre avecune espèce de sombre ro, qui se cache. Elle le re c o n n a î tà peine, comme s’il lui était devenu étranger,cet homme qui est le père de ses deux fils.

UN DESTIN André Malraux et Josette Clotis

T R A G I Q U Eà Saint-Chamant

Machine à feuilles tient à remercier Pascale Thirode et Claude Ventura, qui ont accepté de nous accorder un entretien alors que le tournage de leur documentaireétait en cours, Marie-Chantal dos Santos, qui nous a permisd’utiliser des images contenues dans la valise, ainsi que la société de production Gloria films, et plus particulièrement Isabelle Pragier.

André Malraux et Josette Clotis.Photo: © Marie-Chantal dos Santos.

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François Mauriac n’est pas un grand voyageur.Son plus long périple, il le fait en 1952, pour allerrecevoir le prix Nobel de littérature à Stockholm. Le seul voyage qu’il fait avec plaisir,c’est celui qui le ramène, chaque année, à Pâques et aux beaux jours, de Paris à Malagar, sa propriétég i rondine dominant, du haut du coteau de la Benauge,le Sauternais et l’infinie armée de pins de la forêtdes Landes. Du Limousin, François Mauriac n’a assurément qu’une très vague idée. On sait qu’il y a séjourné en octobre 1924, chez son beau-frère Roger Gay-Lussac, au château de Lussac, à Saint-Léonard-de-Noblat. Il y écrit à son ami le peintre Jacques-Émile Blanche1 :« Le Limousin me plaît for t : c’est un pays de montagnes; l’air des hauteurs sans hauteurs ;beaucoup de sauvagerie». Bien maigre traverséedonc, et l’on pourrait s’arrêter là.Or, c’est plutôt d’une traversée symbolique dont je voudrais vous entretenir, traversée indirectepar le biais d’une amitié, celle qui lie le catholiqueFrançois Mauriac et le laïc Jean Blanzat. Ce dernier,fils de facteur, né à Domps (en Haute-Vienne) en 1906, a grandi à Bellac avant de devenir instituteuret ro m a n c i e r, puis après la Pre m i è re Guerre mondiale,directeur littéraire chez Grasset puis chez Gallimard.Les deux hommes se re n c o n t rent en 1938, au momentoù Mauriac prend le parti des Républicains espagnolscontre Franco et se démène pour venir en aide aux réfugiés qui affluent sur le sol français. Tout, a priori, sépare les deux hommes :Mauriac est déjà un romancier reconnu, académicien,auteur à succès de «l’écurie» de Bernard Grasset,fervent catholique, issu de la bonne bourgeoisiebordelaise et rompu aux mondanités du Tout-Parislittéraire. Blanzat, de vingt ans son cadet, est un pur produit de la méritocratie républicaine :instituteur laïc originaire d’un milieu modeste, il est socialiste, grand, «fort comme un bœuf», selon Mauriac2, et probablement mal à l’aise dans les dîners mondains des fins lettrés de la capitale.C’est pendant la période si troublée de l’Occupationque les deux hommes se lient d’une amitié durable.Jean Blanzat est parmi les fondateurs, avec entre autre sJean Guéhenno, Jean Paulhan et Paul Eluarddu Comité des écrivains français qui lance en 1942la revue clandestine Les Lettres françaises ,premier acte de résistance intellectuelle

sur le sol français. Sur l’insistance de Blanzat et Paulhan, Mauriac accepte de se joindre au Comitéoù l’on retrouve bientôt également Queneau, Leiris ou Seghers. Pour la première fois de sa vie,Mauriac participe à une aventure collective aux côtésd’écrivains communistes qui ne sont ni de son milieu,ni de son bord. Mais un même combat les unit,contre l’insupportable présence allemande sur le solfrançais, contre la collaboration active d’intellectuelsfrançais comme Brasillach ou Drieu la Rochelle,contre l’odieuse presse anti-juive de Gringoireou de Je suis partout. Comme dans tous ses engagements futurs pour le Maroc ou contre la torture en Algérie, Mauriac agit au nom de l’exigence de sa foi, au nom de son refus du mépris de l’homme. Il écrit ainsi :«Sinon ta croyance, du moins ton espérance se trouve engagée dans ce désastre de la personnehumaine. […] Il y va plus que de la vie pour toi de ne pas perdre foi en l’homme. […] C’est du fondde cet abîme qu’il faut retrouver le courage de regarder ton peuple et toi-même sans dégoût. »3

Aux Éditions de Minuit naissantes, il donne un court pamphlet, Le Cahier noir4, qu’il signe sous le pseudonyme de Forez et qui reste un actecourageux et admirable de résistance intellectuelle.Inquiété par la Gestapo, conspué par Brasillach et la presse collaborationniste, Mauriac trouve refugeà Paris chez les Blanzat. Nul doute que l’homme frêleet à la santé fragile, au physique proche des personnages effilés du Greco ou de Giacometti,trouve auprès du colosse limousin réconfortet sécurité.

Lorsque Mauriac revient au roman, au début des années 1950 avec Galigaï, Les Anges noirset Le Sagouin, il n’est plus le romancier du Baiser au lépreux ou de Thérèse Desqueyroux.Même si le cadre, l’atmosphère et les pro b l é m a t i q u e sabordées dans ces romans sont dans la continuitédes ouvrages d’avant-guerre, Mauriac est désormaisun homme engagé, journaliste libre et virulent,donnant à la revue naissante La Table ronde,avant de la confier à L’ E x p re s s puis au F i g a ro - l i t t é r a i re,son œuvre journalistique majeure, le Bloc-notes,qui l’accompagnera jusqu’à son dernier jour de septembre 1970. C’est dans Le Sagouin que Mauriac laisse le plustransparaître son engagement désormais quotidienpour l’homme, pour l’individu et sa liberté. Il donne pour la première fois une place importante

Par Olivier Thuillas,Ancien chargé de mission au Centre François-Mauriac de Malagar.

FRANÇOIS MAURIAC Amitié limousine,

ET JEAN BLANZATtraversée symbolique

1 François Mauriac, Jacques-Émile Blanche :Correspondance, 1916-1942, édition établie, présentée et annotée par Georges-Paul Collet, Éditions Grasset, 1976.2, 3 Cité dans François Mauriac (tome 2) : Un citoyen du siècle,1933-1970, de Jean Lacouture, Éditions du Seuil, 1980.

4 Le Cahier noir, de François Mauriac, publié à nouveau aux Éditions Desclée de Brouwer, 1996.

à un personnage quasiment absent jusque-là dans son œuvre : l’instituteur.Je crois, avec François Jaques 5, que Jean Blanzatn’est pas étranger à l’apparition dans l’œuvreromanesque de François Mauriac de ce personnagede Robert Bordas, d’autant que ce court roman avait déjà été ébauché pendant les pre m i è res annéesde l’Occupation.

Si le rôle de Blanzat dans l’avènement du Mauriacengagé reste difficile à préciser, on peut tout de mêmese risquer à affirmer qu’à travers son amitié avec l’auteur du Faussaire, Mauriac a traverséplusieurs symboles de l’identité du Limousin :la laïcité comme garante de la liberté de la croyanceindividuelle, l’engagement dans la Résistance au péril de la vie et la conviction républicaine qu’un enseignement public et laïc peut donner à chacun la possibilité de s’élever par le savoir.Et au fond, le Limousin n’est pas si loin de la Guyenne natale de Mauriac. Il connaissaitprobablement l’existence de ce pays rouge s’élevant au-dessus du Bassin aquitain, puisque, dans Destins, le personnage de Pierre Gornac, brillant conférencier catholique,

parle d’une de ses interventions réussies en ces term e s:«À Limoges, j’ai tenu tête à un communiste et j’ai retourné la salle »6.

De gauche à droite :l’abbé Jean Mauriac, Gaston Duthuron, Jean Blanzat et François Mauriac, dans la cour de Malagar,le 15 septembre 1942.Photo: © Centre François-Mauriac,

archives familiales.

5 « François Mauriac et l’engagement dans Le Sagouin », de François Jaques, dans Nouveaux cahiers François Mauriac,n°9, Éditions Grasset, 2001.

6 D e s t i n s, dans Œ u v res romanesques et théâtrales complètes,de François Mauriac, Éditions Gallimard, Collection «Bibliothèque de la Pléiade», tome II, 1979.

Remerciements à Jean Mauriac pour ses conseils et son soutien bienveillants, au Centre François-Mauriac de Malagar, et notamment à son président Bernard Cocula,Mélanie Seyral, Patricia Bruneteaux, Edwige Siriongue et Brice Mollereau, à Philippe Radonnet et à Christine Lagard e .

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Par Catherine Roche.

On peut considérer que le personnage central de «l’aventure de l’art et de la guerre » en Limousinest Daniel-Henry Kahnweiler (1884-1979), qui s’est réfugié durant l’Occupation chez son amiÉlie Lascaux, au lieu-dit Le Repaire-l’Abbaye, sur la commune de Saint-Léonard-de-Noblat.Kahnweiler, qui a épousé en 1904 Léontine Alexandrine Godon, dite Lucie (1882-1945), est notamment connu pour être le plus grand marc h a n dde tableaux de son temps. Mais, avant d’acquérir cette reconnaissance, il a surtout été un grand découvreur…Il débute dans son métier en ouvrant en 1907 une toute petite galerie qui porte son nom, rue Vignon, à Paris (il ouvrira ensuite la Galerie Simon, en 1920, dont Louise Leirisdeviendra propriétaire en 1941).C’est en découvrant Les Demoiselles d’Avignon,de Picasso, qu’il devient alors le principal défenseuret l’un des meilleurs connaisseurs de l’ar tdes cubistes: Picasso, Braque, Gris et Léger,puis Masson, Klee…

Pourquoi le Limousin ?

Pierre Assouline dans son ouvrage L’Homme de l’ar t2

raconte, en quarante pages intitulées «Entracte :l’exil intérieur», cette période de retrait obligé,commencé en Limousin et terminé dans le Lot-et-Garonne.

En 1936, Daniel-Henry Kahnweiler découvre la haineà l’égard des juifs grâce aux pamphlets des revuesG r i n g o i re et L’Action française. Il écrit alors à son amiMax Jacob: «Je ne savais pas que j’étais juif. On ne me l’avait jamais dit, tout au moins, le fait d’être juif m’avait semblé sans importance, car je ne crois pas aux “r a c e s”. On vient de m’appre n d reque j’avais tort, que j’étais juif et qu’il y avait des races… Ça ne me fera pas devenir “patriote”mais je n’ai pas le goût du martyre, j’ai l’intention de me défendre et de rendre les coups. Pour le faire,le meilleur moyen me paraît de soutenir ceux qui considèrent que je ne suis pas différent d’eux :les partis de gauche, le Front populaire et de lutteravec eux contre notre ennemi commun, le “f a s c i s m e” ,pour lui donner le nom qu’on lui donne d’habitude. »3

Au début de l’occupation allemande, à Paris, les peintres continuent à peindre et sont exposésaux quatre coins de la ville. Ils le font sans grand bru i t ,il est vrai. Les responsables allemands et leurs «a m i s»français ne s’occupent que peu de la peintureau sein du service de la propagande. Par contre, ils vont faire respecter un principe qui est celui de la «déjudaïsation» des galeries et des collections.Dès 1940, Vichy promulgue des lois excluant les juifsde la société jusqu’à la création du Commissariataux questions juives et Hitler demande la saisie des collections appartenant à des juifs. L’argument utilisé est alors celui de la protection du patrimoine français, ce qui permet en faitde le transférer en Allemagne. Ainsi seront saisiesdes collections appartenant à des juifs au nom de la sauvegarde des biens sans maître(les maîtres étant alors emprisonnés ou déportés).C’est au début de l’été 1941 que Louise Leiris se présente au Commissariat aux questions juivespour racheter la Galerie Simon, appartenant à Kahnweiler (bien sûr en accord avec son pro p r i é t a i re ) .Mariée en 1926 à l’écrivain Michel Leiris (1901-1990),Louise Godon, dite Zette, est la fille de Lucie Kahnweiler.

Les liens familiaux qui unissent les Leiris et les Kahnweiler sont renforcés par les liensintellectuels qu’ils entretiennent, autour de la galerie,des amis, des peintres, des poètes, des lecturescommunes et des fêtes. Donc, Kahnweiler et sa femme, poussés hors de Paris par leurs amis, se réfugient en Limousin avec leurs collections de tableaux. C’est grâce à un ami peintre, très proche d’Élie Lascaux,qu’ils vont se retrouver au Repaire-l’Abbaye, à Saint-Léonard-de-Noblat, pour se cacher et pour mettre les collections à l’abri et ainsi faire« un musée en plein champ», comme le dira Georges-Emmanuel Clancier.Les allers-retours des Leiris entre Paris et Le Repairep e rm e t t ront à Kahnweiler de gérer la galerie à distance.

Pendant son séjour en Limousin, Daniel-Henry Kahnweilerlit et essaie de travailler à son ouvrage sur Juan Gris4.Il trouve aussi des ouvrages de Bertand de Bornà la Bibliothèque de Saint-Léonard-de-Noblat, qu’«il déchiffre à peu près mais que les jeunes gensde la bibliothèque ne comprennent pas, car le patoisleur est désormais étranger [sic]. »5

De plus, Michel Leiris, qui va beaucoup au théâtreet au concert à cette époque (il découvre l’opéra),

lui écrit et lui raconte ce qu’il a vu ou écouté lorsqu’il vient en Limousin. Il apporte aussi des livre sque tous lisent et partagent. La poésie continue à les lier même au plus dur de la guerre.

Ils vont rester trois ans à Saint-Léonard-de-Noblat,jusqu’à ce qu’en 1943 la Gestapo perquisitionne et pille Le Repaire. Prévenus par des amis, ils s’échappent à temps et vont se réfugier à Lagupie (dans le Lot-et-Garonne) chez des amis de Leiris, jusqu’à la fin de la guerre.

En Limousin, les premières traces de ce passagedatent de 1958. En effet, le conservateur du Musée municipal de Limoges, Serge Gauthier,met alors en place une exposition appelée «Les Miauletous et leurs amis: Suzanne Roger,André Beaudin, Élie Lascaux», en hommage aux amis de Kahnweiler. À cette occasion, un catalogue est édité (conservé notamment à la Bibliothèque municipale de Saint-Léonard - d e - N o b l a tet à la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges),qui contient des textes de Queneau, Leiris, Limbour,Clancier et Kahnweiler lui-même rendant hommage à ses sauveurs: «Je ne suis plus retourné à Saint-Léonard, car le souvenir de ma femme,morte en 1945, reste lié pour moi à cette terre, et d’y revenir sans elle serait trop pénible pour moimais je garderai toujours le souvenir reconnaissantdes trois années de bonheur que j’ai passé avec elleau Repaire-l’Abbaye».

« LE PARADIS À L’OMBRE Des artistes réfugiés

DES FOURS CRÉMAT O I R E S »1

en Limousin sous l’Occupation

Pour replacer ces moments intenses dans la vie et dans l’œuvrede Daniel-Henry Kahnweiler, c’est à l’ouvrage L’Homme de l’art :D.-H. Kahnweiler (1884-1979), de Pierre Assouline, que nous devons l’essentiel des informations, et pour ce qui concerne Michel Leiris, c’est au livrequ’Aliette Armel lui a consacré que nous devons rendrehommage (cf. la bibliographie ci-contre).Machine à feuilles remercie Franck Dentressangle, de l’Espace Paul-Rebeyrolle (Eymoutiers), Agnès Gastou, de la Bibliothèque municipale de Saint-Léonard-de-Noblat, et Anne Petit, pour son accueil au Repaire-l’Abbaye.

Quelques éléments bibliographiques…

• L’Homme de l’ar t : D.-H. Kahnweiler (1884-1979) ,de Pierre Assouline, Éditions Balland, 1988.

• Michel Leiris, d’Aliette Armel, Éditions Fayard, 1997.• J o u rnal 1922-1989, de Michel Leiris, Éditions Gallimard ,

1992.• Daniel-Henry Kahnweiler: Marchand, éditeur, écrivain,

C e n t re Georges-Pompidou, Musée national d'art modern e ,22 novembre 1984-28 janvier 1985,Centre Georges-Pompidou, 1984.

• Raymond Queneau, Cahiers de l’Herne, n°29, Éditions de l’Herne, 1975 (numéro qui contient notammentla contribution de Georges-Emmanuel Clancier intitulée«Raymond Queneau près des ziaux de la (Haute) Vi e n n e» ) .

• Les Miauletous et leurs amis: Suzanne Roger,André Beaudin, Élie Lascaux,Musée municipal de Limoges, 1958.

• Journal 1939-1940, suivi de Philosophes et voyous,de Raymond Queneau, Éditions Gallimard, 1986.

• Kahnweiler /Leiris /Le Limousin / Les combats,Espace Paul-Rebeyrolle, 1998.

Parmi les ouvrages que les protagonistes réfugiésau Repaire-l’Abbaye lisaient durant les annéesd’Occupation et dont ils parlaient…

• La Règle du jeu (tome 1) : Biffures, de Michel Leiris,Éditions Gallimard, 1948 (ouvrage rédigé en majeure partie durant l’époque de l’Occupation).

•À la recherche du temps perdu, de Marcel Proust,Éditions Grasset, 1913-1927.

• A m i n a d a b, de Maurice Blanchot, N R F, Éditions Gallimard ,1942.

•L’Expérience intérieure, de Georges Bataille, NRF, Éditions Gallimard, 1943.

• Les Mendiants, de Louis-René des Forêts, NRF, Éditions Gallimard, 1943.

•Les Mouches, de Jean-Paul Sartre, Éditions Gallimard,1944.

1 « Le paradis à l’ombre des fours crématoires » :e x p ression de Daniel-Henry Kahnweiler, extraite du catalogued’exposition Les Miauletous et leurs amis: Suzanne Roger,André Beaudin, Élie Lascaux (cf. la bibliographie, page 23).2, 3, 5 L’Homme de l’ar t : D.-H. Kahnweiler (1884-1979),de Pierre Assouline (cf. la bibliographie, page 23).

4 Juan Gris, sa vie, son œuvre, ses écrits,de Daniel-Henry Kahnweiler, Éditions Gallimard, 1946, 1969 et 1990.

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Extrait de Michel Leiris, d’Aliette Armel

« Sauver la galerie

Dès sa démobilisation, Michel se rend avec Zette à Saint-Léonard-de-Noblat, dans ce qui devient le lieu de rassemblement des proches de la galerie Kahnweiler. Ils y retrouvent, dès juillet 1940, Raymond Queneauet André Beaudin. Saint-Léonard, petite ville de quelques milliers d’habitants — au nom pittoresque de Miauletous —, se dresse au-dessus de la Vienne, à 22 kilomètres de Limoges. Elle a été découverte par Élie Lascaux qui a acheté une maison au beau milieu du village et représente souvent dans ses tableauxson monument principal: l’église abritant le tombeau de saint Léonard. Dès que l’invasion allemande précisesa menace et rend impossible le séjour à Paris d’un juif allemand, fût-il naturalisé français, Lascaux trouveune demeure, solitaire, en plein champ, portant le nom prédestiné de Repaire, pour accueillir les Kahnweileret une grande partie du fonds de la galerie.Le village est situé en zone libre jusqu’en 1942. Le passage de la ligne de démarcation est toujours plus ou moins périlleux, part i c u l i è rement pour ceux qui sont d’origine juive. Michel et Zette Leiris accompagnero n tainsi dans sa traversée Simone Maklès, l’épouse de Jean-Baptiste Piel, qui gardera un souvenir effrayé de ce trajet. Se succéderont à Saint-Léonard, pour de plus ou moins longs séjours: les Queneau, André Beaudin et Suzanne Roger, Georges Limbour, Georges-Emmanuel Clancier, Patrick Waldberg, Georges Henri Rivière, Jacques Baron. Ils parviendront à préserver, malgré la difficulté des temps,l’atmosphère de légèreté qui était celle de leurs réunions d’avant-guerre : ils font de longues promenades“tout en devisant de Raymond Roussel, de Marcel Duchamp, des Pardaillan ou de Fantômas. Daniel-Henry philosophait comme un sage de la Grèce, en égrenant des souvenirs sur Juan Gris, Picasso et Masson”. Les Leiris font de très fréquents allers-retours entre Paris et le Limousin. Pour cette communautédu Repaire, Michel Leiris devient le colporteur de l’actualité littéraire, musicale et théâtrale, le passeur de livre set de nouvelles. […]

La continuité de l’écriture

La guerre modifie les préoccupations et les conditions de vie du couple. Zette passe souvent la ligne de démarcation pour aller à Saint-Léonard-de-Noblat, tandis que Michel reste à Paris pour travailler au musée.Garder les apparences d’une vie ordinaire, tel est le meilleur moyen pour ne pas éveiller les soupçons et protéger au mieux les intérêts de la galerie. Les vicissitudes du quotidien l’atteignent relativement peu. […]L’ é c r i t u re occupe l’essentiel de sa vie. Comme ce sera le cas jusqu’à la fin des années 1960, il mène de fro n tdeux types de tâches: un livre ethnographique et un ouvrage littéraire.Après avoir été accepté (avec difficulté) par Louis Massignon, son diplôme sur La Langue secrète des Dogons de Sanga ne fait pas encore l’unanimité dans les milieux ethnographiques: Marcel Cohen,pionnier de la sociolinguistique et son professeur à l’École des langues orientales, lui a écrit à Béni-Ounif pour lui conseiller de profiter de son oisiveté pour “terminer” ce travail avant de le publier.Il le reprend en 1941, mais il a du mal à s’exprimer d’une manière qui satisfasse aux exigences de la penséescientifique. “cette dernière m’intéresse, avoue-t-il, mais elle ne me sustente pas, elle ne m’est pas raison de vivre, elle ne m’anime d’aucun feu, elle n’est qu’un fade aliment.” […]

Quelques mois plus tard, Biffures prend un tournant, celui-là même qui suscitera, à la première lecture, les reproches de Raymond Queneau qui l’analysera comme un défaut de structure, de composition :la vie fait ir ruption en direct dans le texte. Leiris cherche à mettre en rapport l’écriture avec cette impressionde vivre enfin au présent que lui procure la guerre. L’impossibilité de faire des projets, l’absence d’avenir,implique, dit-il, que “rien n’existe que le présent”. Saisi par l’urgence de la vie, Leiris interrompt même l’écriturepour mieux y revenir en utilisant des éléments directement tirés des circonstances et des réflexions qu’elles suscitent en lui. Au printemps 1942, il ne touche pas au livre pendant un mois. Lorsqu’il le reprend,il fait le récit de l’événement qu’il vient de vivre : le déménagement de la rue Eugène-Poubelle au quai des Grands-Augustins. »

Extrait de Journal 1922-1989, de Michel Leiris2

«28 juillet

Ce que je peux avoir de “français” :manque de dispositions pour les langues étrangères ;goût de la facilité, de la légèreté; défaut d’esprit philosophique;paresse, menant à l’inertie politique ;scepticisme de “celui à qui on ne la fait pas”, dont l’origine est un ardent désir de ne pas être dupe

(désir n’excluant — bien entendu — aucune naïveté) ;manque d’esprit de solidarité sociale (agir pour soi, eu égard à soi) ;compter sur une aide extérieure, au lieu de mettre en pratique la maxime: “Aide-toi, le ciel t’aidera” ;défaut de sens historique, — en ce qui concerne, notamment, les perspectives d’avenir (propension

à penser: “Après moi le déluge!”) ;non prolificité ;au point de vue financier, goût d’une certaine sécurité bourgeoise (horreur du risque, du changement

dans la situation professionnelle) ;etc. etc.

7 août

Ce que j’aime dans certaines formes de la vie militaire : abolition des distinctions de classe, et d’âge, et presque d’espèce. Ainsi, durant le voyage de ces jours derniers entre Buzet-sur-Baise (lieu où j’ai été démobilisé)et Limoges (lieu où nous nous sommes séparés) nous étions “quatre hommes et un chien”. Des quatre hommes,l’un était un paysan, les trois autres des citadins; le plus jeune avait dix-neuf ans et l’aîné quarante et un.Militairement, l’un était aviateur, les deux autres fantassins, — et moi, des ouvriers d’artillerie.S o rte de “vie picaresque” que j’aurai menée pendant la guerre. Chose surtout perçue durant les déplacements :voyage de Béni-Ounif à Oran au cours du retour d’Afrique; convoiement de munitions entre La Ferté-Hauteriveet les Landes; voyage de démobilisation, entre Lagupie et Saint-Léonard. Quelques-uns des détails qui m’ont fait penser à cela: lavages aux bains maures en Afrique du Nord ; mon existence de convoyeur,comparable à ce que peut être le vagabondage de voie ferrée aux États-Unis ; exode des travailleurs espagnolsau moment de l’armistice; couchers çà et là au moment de la démobilisation. Retour à toutes les idéespoétiques relatives aux émigrants, aux bohémiens. Prestige de ce qui fait “Heimatlos” ou “Lumpenpro l e t a r i a t ” .Ma vie, comme une voie de chemin de fer sur laquelle roulent des trains de vitesses et de puissances diff é re n t e s ,chargés de voyageurs et de marchandises diverses. Vérité positive de l’expression: “le voyage de la vie”.

Vendredi 13 septembre, peut être pris pour la date symbolique de ma séparation avec P. »

Photo: © Olivier Thuillas.

« L’ a v e n t u r e d e l ’ a r t e t d e l a g u e r r e » en L i m o u s i n à t r a v e r s q u a t r e e x t r a i t s 1…

1 Cf. la bibliographie, page 23.

2 Édition établie, présentée et annotée par Jean Jamin, qui est l’exécuteur testamentaire de l’œuvre de Leiris. «Ni mémoires, ni chroniques, ni “confessions” donc, mais journal à bâtons rompus comme cela peut se dired’une conversation, qui confère de la présence, donne de la voix à ce document publié dans son intégralité. »(extrait du prière d’insérer).Dans ce passage, le contraste entre trois journées de l’année 1940 (qui se suivent dans le texte) et trois écritures distinctes est saisissant.

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Extrait de «Raymond Queneau près des ziaux de la (Haute) Vienne», de Georges-Emmanuel Clancier

« […] Mais voilà qu’une rude époque commença: guerre, exode, zone occupée, zone (dite) libre. En cette drôle de zone (à Limoges) et en ces drôles de temps, je lus Les Temps mêlés que l’auteur énigmatiquepubliait alors. “Bien, je me dis, ce Queneau, décidément quel grand poète épique.” Et de rire en ces tempsmélangés où le rire était ce qu’il y avait de plus rationné. “Si un jour la guerre finit, si un jour, il y a de nouveauencore le monde, savoir si ce Raymond Queneau cessera de ressembler au Snark narquoisement invisible?”.Un autre de nos rêves, à ma femme et à moi, c’était le théâtre, ainsi à la maison, donnions-nous quelques séances de théâtre de chambre. Au programme: une pièce surréaliste de Georges Hugnet La Justice des oiseaux : l’auteur l’avait publiée en 1939 dans sa revue L’Usage de la Parole . J’avais envoyéau poète une carte inter-zone pour lui demander son accord (nous avions d’ailleurs déjà correspondu, des poèmes de moi avaient été annoncés dans un numéro de L’Usage de la Parole, le dernier en fait, car la guerre avait arrêté la publication de cette belle revue). Du temps — quelques mois — passa. Un matin, au téléphone “Ici Raymond Queneau, pourrions-nous nous re n c o n t re r?” Je n’en crois pas mes zore i l l e s .Hugnet avait parlé de ce jeune poète et de sa femme qui montaient du théâtre surréaliste… à Limoges… en 1941.Et voilà, Queneau n’est plus du tout déguisé en Snark. Je le vois dans ma ville, (je lui trouve l’air marrant et anglo-saxon). Avec ses lunettes et ses Knickerbockers, je lui trouve l’air d’un écrivain américain. Je m’attendais,me semble-t-il à ce qu’il ait cette allure ; sans doute, la n o u v e a u t é, la m o d e rn i t é d ’Un rude hiver, des Temps mêlésm’avaient paru si fortes qu’elles exigeaient de leur inventeur un écart essentiel par rapport aux autres écrivains,ses compatriotes, l’écar t d’un océan et d’un monde au minimum. Tout se passait comme si le Nouveau Mondeme paraissait plus digne que le nôtre du nouvel univers et du nouveau langage apportés par l’œuvrede Raymond Queneau. Bien sûr, devait jouer aussi, à propos de cet air, de cette allure à mes yeux amerlock-anglo-saxonne, en sur-ou-sous-impression, le souvenir des voix parlant anglais derrière la cloisonchez Georges Pelorson, et celui des traductions publiées par Queneau dans Mesures : de Walt Whitman,Henry Miller, Marianne Moore, William Carlos Williams, etc. Et puis, “l’air américain”, ce n’était pas rien en 1941-1942, n’était-ce pas l’air du large, de l’espoir, de la liberté? Je crois avoir dit alors à mon visiteurnon pas tout cela qui était en moi, mais seulement “Vous avez l’air d’un écrivain américain, je trouve.D’ailleurs je vous imaginais comme ça”. Et lui a dû rire. Ça se passait à Limoges, Place Jourdan (quelle est la place où l’on voit jour dans la nuit? me demandait mon grand-père).

Ensuite, plus qu’à Limoges, c’est à Saint-Léonard-de-Noblat (son clocher roman, son verrou légendaire — il re n dfécondes les femmes stériles cf. Anne d’Autriche, — son saint fort honoré alors parce que patron des prisonniers,ses pruneaux, ses massepains, etc.), petite cité médiévale au-dessus de la Vienne, que je rencontreRaymond Queneau lors de ses fréquents séjours. […]

O d i l e, Les Enfants du Limon, Le Chiendent, œuvres-chefs d’œuvre — d’avant Un rude hiver, comme je vous lisaiset relisais! Quelle saveur la vôtre ! quelle joie vous me donniez, même lorsque votre humour était au noir ;grâce à vous, d’un voyage à l’autre à Saint-Léonard, je ne quittais guère Queneau. Et voilà que paraissait —promesse, affirmation de tendre scepticisme et de paix, promesse et souvenir à la fois de la paix — Pierrot mon ami. Qu’un tel livre pût alors être écrit et lu, annonciateur du crédit fait, malgré tout, à l’homme par le poète au rire longtemps ténébreux, j’y voyais la preuve, sans emphase aucune, que le nazisme-fascisme-racisme et ses monstres, en apparence triomphants et jaillissant à gros bouillons,comme un sang pourri, de l’humanité, n’étaient fatals, ni victorieux, ni éternels, mais au contraire, qu’ils se dissiperaient comme s’effaçaient sous le regard d’un enfant, d’un innocent, d’un “pierrot mon ami”,les grotesques, cauchemardeuses et sombres nuées chères aux nantis et aux tyrans (aux nantyrans) de l’Or-dre (nouveau ou pas).

Gentils Miauletous (ainsi nommés en langue limousine familière les habitants de Saint-Léonard), gentils Miauletous d’honneur, Queneau et les siens, — je veux dire en plus de Janine et de Jean-Marie,l’ingénu, ingénieux, merveilleux peintre Élie Lascaux, sa femme Bérette, leur fille Germaine, D.H. Kahnweiler,sa femme, sa belle-sœur et son beau-frère Louise et Michel Leiris.Le Repaire, où habitaient les Kahnweiler et les Leiris, je l’aurais plutôt baptisé le Sanctuaire, pour les œuvresrecueillies ici par celui qu’en moi-même j’appelais le Sage, D.H. Kahnweiler, œuvres de Picasso, de Gris, de Masson, de Beaudin, de Kermadec, de Suzanne Roger, d’Élie Lascaux.

Non, Raymond Queneau (ni ses amis) ne doutait pas de la valeur de la poésie — donc de l’homme — malgré le temps des assassins. Il encourageait, il découvrait celle des autres, de ses cadets, par exempledans ce grand livre d’un jeune, Les Mendiants de Louis-René des Forêts qui, de son Berry natal, venait re n c o n t re rà Limoges le nouveau Secrétaire Général des Éditions Gallimard (parfois un garçon sympathique de ma génération accompagnait Queneau en Limousin, c’était Michel Gallimard, ami déjà, je crois, de Camus,tous deux hélas, plus tard…). »

Extrait de Journal 1939-1940, de Raymond-Queneau

«Carnet du 21 juin au 24 juillet 1940 […]

23 juillet. 13h. 50 — Dans un café de Limoges.Je suis arrivé hier à St-Léonard vers 8h. 30, par pluie battante. Je confie mon chemin à Dieu et, avec l’aide d’un pâtissier, j’arrive au Repaire L’Abbaye. Réception discrète, contenue — à laquelle je m’attendais.

On m’a loué une chambre en ville.Bien. On m’invite à déjeuner.Merci. […]Autocar pour Limoges. Agitation,bousculade, cohue, etc. À quoi bon?Dieu me trouvera bien une places’Il le veut. En effet, je suis parti !Limoges. Animation incroyable.Quartiers neufs (maisons de 5, 6 étages). On se croirait sur un des bds extérieurs. La cathédrale. Une autre église.Ce matin encore avant le départde St--Léonard, je prie Dieu. Je vais, me promenant ;il me semble que je ne trouverai rien.Je fais confiance à Dieu. Je tro u v e r a ieffectivement un blouson de cuiret un pantalon de golf très beau.Ça me coûte il est vrai 600 francs.Diverses autres emplettes.

L’histoire d’une âme de Ste Thérèse. De l’éphédrine. Des abricots. Je déjeune à Cyrano. En face de moi, un brave Belge, un monsieur très bien, déclare : “c’est la grande pénitence” en buvant une bouteille de champagne. En fait, il en laissera la moitié et m’offrira l’autre quart. Il va aux U.S.A. Je ne suis pas mécontentde ce verre de champagne et en remercie Dieu.Curieuse impression d’être en civil: surtout l’absence de bandes molletières, ensuite de calot, enfin de salutsà effectuer. Et d’entrer dans un bistrot à l’heure qu’il vous plaît.J’ai sommeil. […]

24 juillet — Onze mois jour pour jour après mon appel, me voici “rendu à la vie civile”. Dieu m’a interdit toute vanité militaire, et m’a mené hors des dangers par la voie qu’Il lui a plu de me faire suivre. Je Le remercie de toutes Ses Volontés.

Fin de ce carnet.(dernier mois). »

Le Repaire-l’Abbaye.Photo: © Olivier Thuillas.

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Shimazaki décrit quelques monuments, la cathédrale,le Pont-Neuf, notamment.Mais le romancier demeure surtout sensible à tout ce qui évoque la nature : «Dans le verger situéderrière la maison, les poires mûres faisaient déjàployer les branches sous leur poids. Les jours où la brise secouait les branches des arbres, les fruits, colorés d’une légère teinte rosée,tombaient lourdement sur le sol. […] la roséematinale humectait les feuilles de la vigne. […] j’ai vu le raisin mûrir avant d’être mis à fermenter».Parfois un simple bruit le remplit d’une joieimmense, proche de l’extase: «J’ai dressé l’oreilleet, alors, j’ai entendu le bruit de la Vienne qui coulaitdans la vallée».Mais ces plaisirs, qu’il définit comme étant ceux du voyage, ne l’empêchent pas d’éprouver au plus profond de son cœur une grande compassionpour les gens, frappés par le malheur de la guerre.L’image d’une femme en train de prier devant la petitechapelle de Notre-Dame-de-la-Préservation suscite

en lui une très forte émotion: «Au pied de la statuede Marie, on avait déposé des cierges et des fleurs[…]. Sous la lueur vacillante des cierges placésdevant l’autel, nous avons vu une jeune fille, vêtue d’une robe noire, qui priait, agenouillée sur une marche en pierre. Peut-être priait-elle pour le retour de son fiancé parti pour le front».Entendu au hasard d’une promenade sur les bordsde la Vienne, un simple chant en langue limousine,entonné par quelques petites filles, lui arrache des larmes: «En entendant ce chant en languelimousine qui sortait de la bouche d’innocentesfillettes, j’ai versé des larmes…»Il suffit d’un simple regard dirigé vers un enfant pour que le poète comprenne instantanément que chaque être humain donne l’image de l’humanitéentière et que les hommes sont partout les mêmes,bien qu’ils vivent dans des pays fort éloignés et possèdent des habitudes très différentes :« J’ai aperçu, sur le seuil d’une porte, un enfant qui tenait un morceau de pain et du fromage dans la main. Il n’y a aucune diff é rence entre un enfantfrançais dévorant du pain avec plaisir et un petitJaponais mordant avidement dans une boule de riz».Une question surprenante posée par un jeuneLimougeaud lui paraît bien savoureuse. Plus qu’un long discours savant, elle lui permet de révéler tout ce qu’il y a d’humanité fraîche et touchante dans l’âme toute simple d’un enfant :«“De quelle couleur est la mer au Japon? Est-elle jaune? ”“Pourquoi donc serait-elle jaune? Elle est bleue, bien sûr, d’un bleu très clair, elle est splendide.”“Ah… bleu clair”, a-t-il répété. Frappé par sa vivacitéd’esprit, qui l’avait poussé à poser une question sur la couleur de la mer pour s’informer sur un pays

ET CAMPA G N Eet compatissant de Shimazaki

L’auteur de cet article tient à dédier cette étude :•À l’Université Meiji Gakuin de Tokyo, établissement pre s t i g i e u x

qui forma Shimazaki Tôson. Liée par un accord de coopérationavec l’Université de Limoges, elle envoie annuellementcertains de ses meilleurs étudiants achever leurs étudesde français par une maîtrise de Lettres modernes. Elle invita, en 1988, Jean-Pier re Levet à dispenser à Tokyoun enseignement sur Homère et la philologie classique.

•Au professeur Kawamori Yoshizô (1902-2000), membre de l’Académie des Arts et des Lettres du Japon,auteur de nombreuses études sur Shimazaki Tôson, qui honora Limoges de plusieurs visites et rêva de la créationd’un musée Tôson dans la cité de la porcelaine.

•Au professeur Mitsuta Ikuo, professeur à l’Université Meiji Gakuin, spécialiste de littérature japonaise, mais aussi traducteur d’Homère, organisateur d’un symposiumsur le séjour de Shimazaki en France.

•Au professeur Kudo Susumu, professeur à l’UniversitéMeiji Gakuin, éminent spécialiste de langue et littératurefrançaises ainsi que d’occitan limousin et gascon, docteur honoris causa de l’Université de Limoges, auteurde plusieurs études sur le séjour de Shimazaki à Limoges.

•À tous les Japonais venus à Limoges sur les pas de leurillustre compatriote.

•À tous les Limougeauds, aujourd’hui décédés, qui se sontreconnus (comme Édouard Mathelin et Louis Laroche) ou que l’on a reconnus (comme Madeleine Pécout)derrière les personnages évoqués par Shimazaki.

Les rédacteurs de Machine à feuilles remercient aussiPierre Campagne qui leur a fait découvrir Shimazaki Tôson,ainsi que Georgette Moulinard, qui habite actuellement la maison où ce dernier résida.

Quelques éléments bibliographiques…

•« Shimazaki Tôson», dans Le Japon, de Louis Frédéric,Éditions Robert-Laffont, 1996 (avec une bibliographieindiquant notamment des références aux traductionsfrançaises).

• « La ville de Limoges en 1914 vue par le romancierShimazaki», de Jean-Pierre Levet, dans la revue Gengo Bunka (Langues et Cultures), n°5, Tokyo, 1988.

• «Sous le regard de Shimazaki Tôson, l’âme de la ville »(«Shimazaki Tôson no mita machi no tamashii»), de Jean-Pierre Levet, dans la revue Gengo Bunka(Langues et Cultures), n°16, Tokyo, 1999 (actes d’un symposium «Tôson et la France», o rganisé par Mitsuta Ikuo, Imahashi Eiko, Shimamura Te ru ,à Tokyo en 1998).

•Shimazaki Tôson: An intro d u c t i o n, de William Edward Naff ,University of Washington press, Seattle, États-Unis, 1973.

Romancier et poète, Shimazaki Tôson (1872-1943)jouit au Japon d’un prestige comparable à celui de Victor Hugo en France.Il vécut quelques mois à Limoges, en 1914, entre la fin du mois d’août et celle du mois de novembre. Ce bref séjour l’a profondémentm a rqué. Il l’évoque dans au moins deux de ses œuvre s ,L’Étranger et Les Lettres de France, en des termesdont le caractère émouvant nous montrequ’il est entré en communion avec les gens et avec ce que l’on pourrait appeler l’âme de la ville,c’est-à-dire ce qui lui donne son caractère propre, ce qui faitson charme unique.Dans une petite maison du chemin de Babylone, il parvint à trouver, à la lisièrede la campagne et de la cité, ce que la capitale lui avait refusé,la «paix de l’esprit», à laquelle il aspirait après quelques épisodestumultueux de son existence.Alors que sa venue en Limousinétait imprévue — c’est devant l’avancée des troupes allemandes et par crainte d’un siège de Parisque sa logeuse avait pris la décision de se replier dans sa cité d’origine, emmenant avec elle son hôteillustre et quatre de ses compagnons, dont le peintreMasamune —, elle constitua ainsi pour lui un événementmajeur de son existence.Les témoignages qu’il nous en a laissés montrentune profonde sympathie pour les gens, lourdementéprouvés par les malheurs du conflit, et nous fontdécouvrir le charme d’un regard original et poétiquesur les sites et les monuments.Shimazaki avait entendu parler de Limoges, connuepar ses porcelaines et visitée une dizaine d’annéesplus tôt par des industriels nippons, mais il découvritavec ravissement que le passé de la cité était grandet que le cadre évoquait vaguement Matsumoto,dans la préfecture de Nagano, région d’où il étaitoriginaire.Nous disposons de plusieurs descriptions du quartierdans lequel il résida, du chemin de Babylone à la cathédrale, des ponts à la chapelle de Notre-Dame-de-la-Préservation.Toutes livrent la même impression, celle que peut donnerune ville considérée comme construite à la campagne,dont la présence se manifeste partout dans les rues

et autour des maisons, devant les yeux comme à l’horizon: «Je me trouve à l’orée de la cité,en un lieu qu’entourent de nombreuses prairies et des champs…» «Sur la rive opposée […] sur le terrain en pente, on entrevoyait, à travers les arbres, des maisons rustiques alignées, ainsi que des jardins cultivés… »Les images ou les éléments de la nature envahissentmême les maisons: tantôt ce sont des treilles qui s’agitent devant les fenêtres, tantôt des vachesdont la silhouette se dessine derrière les vitres.

Le charme est le même, qu’il se manifeste par le bon air qui emplit les poumons ou par l’auditiondu chant d’un coq, qui rivalise, dans la brume matinale,avec le son du clairon provenant d’une caserne.Tout cela est propice à la rêverie, au vagabondagepoétique et à la contemplation lyrique de l’insertiond’un ensemble urbain dans le calme d’une vastecampagne aux contours indéfinis, ondoyants et apaisants.Le tout s’offre sans frontière au regard circulaireattentif et pénétrant du poète, par ailleurs séduit par les bruits sourds qu’il perçoit : « […] certains jours,le murmure de la Vienne parvenait jusqu’à la prairiesituée du côté gauche du chemin de Babylone. C’est de ce lieu-là, et plus précisément de la petite colline qui s’élève à cet endroit, qu’un jour nous avons perçu des montagnes dans le lointain. De là, on voyait trois églises anciennes.La plus proche, à notre droite, sur l’autre rive de la Vienne, était la cathédrale Saint-Étienne ;au centre, plus loin, il y avait l’église Saint-Pierre, et, sur sa gauche, l’église Saint-Michel».

Par Jean-Pierre Levet,P rofesseur à l’Université de Limoges, ancien professeur invité à l’Université Meiji Gakuin de Tokyo, codirecteur de la revue franco-japonaise T ô z a i.

LIMOGES, ENTRE VILLE Sous le re g a rd poétique

La maison à Limoges où résida Shimazaki Tôson, en 1914.Photo: © Olivier Thuillas.

Page 16: MACHINE F E U I L L E S L I M O U S I NT R A V E R S Écrl-limousin.org/site_crl/dossier_maf/maf_pdf/maf_15.pdf · •Le Bien que je n’ai pas fait, d’Alexandre Papilian (Éditions

Par Arsène Fadat1,Président de Varetz-Patrimoine.

COLETTE À VA R E T Z« Les figuiers au parfum de lait »

Colette, «enfant de l’amour», éternelle vagabonde,essaye de transformer les entraves en paradis.Elle découvre Varetz (en Corrèze), groupé autour de son église romane au clocher pentagonal qui émerg edes toits gris bleu d’ardoises. Et plus part i c u l i è re m e n tle château Moyen Âge-R e n a i s s a n c e: «Un soir d’été 1911,un été limousin au prix duquel juillet en Provencen’est que fraîcheur et rosée — la nuit tombante, les tours noires sur ciel clair, le rez-de-chaussée aux bougies et aux lampes à pétrole […] —, tout étaitobscur, effrité, ravissant. Dans la chambre aux lions,dont je laissais la nuit porte et fenêtre ouvertes dans l’espoir d’un souffle, les chauves-souris jouaientà passer et repasser entre les colonnes du lit. J’étais — à plus d’un titre — éblouie »2.En 1912, cette vie à la campagne, dit-elle,«surmènerait d’ailleurs des gens très entraînés». Le 19 décembre elle épouse le rédacteur du Matin,Henry de Jouvenel, propriétaire de Castel-Novel.En 1913, elle séjourne à Va re t z : en avril, où le couple«n’a pas volé un peu de verd u re», en mai, où, dit-elle,« je vais être forcée par le ciel diluvien de travailler»,de juillet à septembre, où «le château n’est qu’un vastechantier» ; château qui, lors du voyage touristique L i m o u s i n - P é r i g o rd - Q u e rcy du président de la RépubliqueRaymond Poincaré, tiendra néanmoins son rôle,l’histoire et l’art s’étant associés pour le parer de tous leurs charmes. Colette accompagnatrice rend« l’invitation présidentielle» et termine L’Entrave.En décembre, l’arrière-saison est magnifique, Colette prend son «tub devant la fenêtre ouverte… si cela dure quelques jours c’est un enchantement».Ces quelques passages permettent de saisir qu’en 1913,le couple séjourne à Va retz plusieurs quinzaines de jourset tout l’été.En 1914, après deux séjours, la guerre survient. Son mari mobilisé, elle doit comme maintes femmesfaire face à la situation. Elle semble revenir à Varetz,de l’automne de 1915 jusqu’en janvier 1916, où elle prend à son service la jeune Pauline Vérine.Puis, jusqu’en 1923, nous pouvons suivre sa présenceà travers Les Foins, où «les yeux sevrés» décriventun pastel de couleurs, La Résurrection des vieuxoù l’on re t rouve le vieux jardinier Cepas, la mère Merc i e r

et autres. En femme du ter roir,elle décrit les vendanges à La Vergne aux «grappesinespérées sous les figuiers au parfum de lait»,le repas de baptême

du fils de la fermière… Sa fille Bel-Gazou fréquentel’école communale jusqu’à sa mise en pension,parlant le «patois limousin». Elle est l’héroïne de plusieurs contes. Plusieurs écolières s’en souviennentencore et plus particulièrement celles qui reçurentdes cadeaux de Colette «entourée de ses chiens et chats».Le 25 septembre 1920, en reconnaissance de son travail littéraire, Colette est élevée à la dignitéde chevalier de la Légion d’honneur. Début octobre,la famille de Jouvenel organise à Varetz une joyeusefête pour honorer son ruban rouge.De 1911 à 1923, les séjours de Colette à Va retz sontn o m b reux et conséquents. Parmi ses travaux de plume,ne dit-elle pas, entre autres, le 16 septembre 1913 à Léon Hamel, son confident: « L’avant-dernier jourj’ai travaillé six heures, le jour d’avant onze heures.Et le lendemain, comme la fin était ratée, j’ai toutrecommencé». Après L’Entrave, elle achève Chériqui connut un grand succès au théâtre et «va êtreun roman», commence La Maison de Claudine…En conclusion, j’ajouterai que La Chambre éclairée,Le Ve i l l e u r, Le Fanal bleu, Les Heures longues, Le Bléen herbe, Ve n d a n g e u s e s, L e t t res de la vagabonde3, etc.sont autant de croquis fidèles et colorés :«Castel-Novel est digne du pays qui l’entoure », «Les murs pétillent de lézards, et sont blonds d’abeilles» ,« c’est magnifique! Qu’est-ce qu’on va donc voir en Suisse qui soit aussi beau ? Je n’avais aucune idéede cette Corrèze-là… Je te raconterais les bellesdemeures anciennes». «La vie serait extrêmementagréable… Le travail gâte tout, vois-tu…»1 Auteur d’Une commune à travers les siècles (1) :

Varetz, de la préhistoire à la fin de l’Ancien régime,Les presses littéraires, 1998, et Une commune à traversles siècles (2) : Varetz, de la fin de l’Ancien régime à nos jours, Éditions Écritures, 2001.2 «Lettres de Colette à Renaud de Jouvenel», dans La Revue de Paris , 1966.

3 Citations et références extraites des Œuvres complètes,de Colette, édition sous la direction de Claude Pichois et Roberte Fortin, Éditions du Centenaire, Flammarion «Club de l’honnête homme», tomes 1, 4, 6, 11, 15 et 16, de 1973 à 1976.

étranger, je fixai un instant ses yeux innocents».À la naïveté de l’enfance répond celle du poète, dans une sorte de communion qui efface toutes les distances, toutes les différences, tous les préjugés, toutes les manifestations d’ignorance.Ainsi Shimazaki apprendra-t-il l’art des ricochets, sur les bords de la Vienne, à des garçons qui, l’ayant vu lancer des pierres sur l’eau, lui demandero n tde leur apprendre à faire comme lui.On ne sait pas si c’est l’adulte japonais qui se transform een Français ou les jeunes de Limoges qui deviennentJaponais. Il n’y a plus dans ces scènes de ville que de l’humain, de l’humain profondément un.Dans son voyage à travers la ville, au-delà de sa découverte de la nature et des constructions,le poète parvient, par le regard chaleureux qu’il projette sur les autres, au cœur de l’humain et y trouve paix et sérénité.Limoges ne cachait pourtant aucun secret, ni dans sa géographie urbaine ni dans les dispositionsde ses habitants. Mais les yeux de l’écrivain ont pro j e t ésur elle une flamme qui l’a illuminée pour faire re s s o rt i rson charme spécifique ainsi que tout ce qu’il y avaiten elle d’humanité simple, d’humanité ordinaireou d’humanité souffrante dans la tourmente d’une guerre qui, en quelques semaines, avait endeuillé presque chaque famille et plongédans l’angoisse toutes celles que le malheur n’avait point encore frappées.À côté de la cité matérielle, historique, saisie à un moment de son existence, il y a donc bien une ville intemporelle, originale,unique, que le poète a extraite, par la magie de son regard, du simple monde des apparences.C’est elle que découvrent les lecteurs, mais c’est la véritable ville que les Japonais viennentvisiter, dans l’espoir d’y participer à l’expériencevécue par l’écrivain.Cette attente est parfois satisfaite. De nombreuxvisiteurs venus de très loin, en découvrant la petite maison, demeurée intacte et signalée par une plaque apposée par la municipalité en 1990,en parcourant les rues des coteaux, aujourd’hui lotis,d’où l’on perçoit toujours, de certains points bien précis,les trois clochers, en attendant des heures calmesdu jour ou de la nuit pour percevoir le bruit sourdde la Vienne, en retrouvant des témoins ou des descendants de témoins des scènes décrites,ne peuvent retenir des larmes de bonheur sur les traces des pas de leur illustre compatriote.Ce «circuit Shimazaki» qu’ils effectuent — et que l’on pourrait facilement baliser à partir de la petite maison de la rue de Babylone, dont l’aspect extérieur est à lui seul un véritablemusée littéraire — parce qu’un grand écrivain a su décrire Limoges en des termes inoubliables, qui dépassent infiniment ce que serait un banal récitde voyage, nous sommes, en réalité, tous invités à le parcourir.Illuminé par l’artiste, le chemin qu’il propose conduit,en effet, à la contemplation de l’âme de la ville et,au-delà d’elle, pour qui sait percevoir la vérité avec finesse et acuité, vers un espace humain qui ignore ce que sont les frontières entre pays

et les oppositions entre l’Occident et l’Orient,effacées, les unes et les autres, pour chacun, dans l’instant même de la chaleureuse découvertede ce qu’est l’autre dans la plénitude naturelle de son humanité.C’est donc, pour Limoges, une grande chance d’avoir été fortuitement visitée par Shimazaki, qui a su donner en des mots simples une telle leçon,et d’avoir été pour ainsi dire éclairée par son naïf et pénétrant re g a rd de poète venu du si lointain Orient.Beaucoup de Japonais le savent. Puissent les Limougeauds être nombreux à en prendre conscience !

Colette, en compagnie d’Henry de Jouvenel et de sa fille.Photo: © Centre d’études

Colette.

Remerciements à Samia Bordji, du Centre d’études Colette.

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De plus, certains auteurs des Caraïbes qui écriventen français détestent qu’on les dise francophones,ils ne supportent pas ce mot. C’est le cas par exemplede Dany Laferrière, auteur haïtien vivant au Canada.Enfin, un auteur dit francophone qui vient vivrependant quelques années à Paris devient un auteurde langue française… Il y aura donc toujours une difficulté pour cerner précisément ce qu’est un auteur francophone.Deuxièmement, si l’on regarde les statistiques, on constate qu’il y a beaucoup plus d’auteurs en France, en Belgique, en Suisse ou au Canadaqu’au Mali ou au Burkina Faso, essentiellement pour des raisons économiques. Je suis favorable à l’application de ce que l’on appelle la «discrimination positive »: à deux textes de valeurégale, je tendrais plutôt à aider l’auteur du Sud. Les conditions d’écriture étant vraiment beaucoup plus difficiles en Afrique.Troisièmement, je crois que nous sommesactuellement dans un creux de la vague pour ce qui est des écritures consacrées au théâtredans les pays du Sud — ce qui n’est d’ailleurs pasle cas pour le roman — en raison de conditionsmatérielles de production de théâtre véritablementdésastreuses. Je reviens par exemple du Maroc :il n’y a pas là-bas de politique culturelle pour le théâtre, rien n’est fait pour stimuler l’activitéthéâtrale. Il en est de même au Burkina Faso ou au Mali. Il y a vingt-cinq ans, les espérances liéesaux indépendances avaient donné un souffle à l’activité théâtrale et à l'écriture. Il suffit de re g a rd e rl’évolution du Théâtre Daniel-Sorrano, qui fut un tempsune institution phare pour l'Ouest africain. Il a bien du mal aujourd'hui à retrouver son statutd'alors… Cette modification historique a grandementnui à la production d’écritures théâtrales. Rappelons-nous tout de même qu’en France, il y a vingt ans, on constatait qu’il n’y avait plusd’auteurs de théâtre et qu’il a fallu les efforts du ministère de la Culture, sous l’impulsion en particulier de Robert Abirached, avec le soutien à la création littéraire mis en place par le Centrenational du livre. Je crois au rôle incitatif des pouvoirs publics en matière de création, même si des dérives perverses peuvent apparaître,comme c'est le cas de certains auteurs qui ne peuvent pas écrire s’ils ne décrochent pasune bourse.Sans devenir une «ONG théâtrale», je crois qu’aider

les auteurs du Sud fait partie de nos missions. Le fait qu’ils puissent se retrouver à Limoges est aussi précieux pour eux. Ils ne viennent passimplement jouer un spectacle ici de temps en temps,ils séjournent plusieurs mois dans la Maison,bénéficient de bonnes conditions de création.

MAF : Comment s’articulent un temps de festivalobligatoirement court (une douzaine de jours) et un fonctionnement de la Maison à l’année?

Patrick Le Mauf f : Je ne crois pas avoir encore trouvéla meilleure articulation entre le Festival internationaldes théâtres francophones et ce fonctionnementannuel de la Maison. On reçoit en outre beaucoup de demandes du type : «Que fait le Festival en février?Et en avril ? » J’ai parfois envie de répondre :« Et le Tour de France, que fait-il en janvier ?»Nous travaillons toute l’année pour préparer le Festival,mais il est borné dans le temps, c’est le propred’un festival. Le seul lieu qui peut être permanent en terme d’animation, c’est la Maison des auteurs.Mais n’oublions pas que la priorité des auteursprésents ici, c’est l’écriture : la Maison n’est pas un lieu de spectacle. C’est cette articulation qu’il me faut encore améliorer. La partie centrifuge,qui s’ouvre vers l’extérieur, doit privilégier la mise en valeur des textes, notamment en directiondes professionnels du spectacle et des producteurs.Le lancement, en coédition avec les Éditions théâtrales,de quatre pièces par an dans la Collection« Passages francophones», va dans le sens de cet éclairage nécessaire.

Entretien avec Patrick Le Mauff, Directeur du Festival international des théâtres francophones en Limousin1.

Olivier Thuillas, pour Machine à feuilles :La Maison des auteurs a ouvert ses portes en 1988.Quel bilan tirez-vous de ces quatorze pre m i è res annéesd’existence ?

Patrick Le Mauf f : Comme disait Georges Marchais :« bilan globalement positif». Trêve de plaisanterie,c'était une belle idée de l'ancienne directrice qui souhaitait nouer des liens avec des artistes, des auteurs en l'occur rence, au-delà du cadrede l'événement festival. L’existence de la Maisondes auteurs n’est donc absolument pas remise en cause. Cependant, je réfléchis à son évolution, et notamment à une meilleure articulation entre l’activité d’écriture et l’activité de production.C'est toujours cette dernière marche qu'il est difficilede gravir. La production relevant plus des moyensdont peut disposer un théâtre que de ceux qui sontattribués à un festival.

MAF : Cette maison est-elle un lieu de rencontresentre les auteurs et le public et les acteurs culturelsrégionaux, ou bien un espace de travail privilégiépour les auteurs ?

Patrick Le Mauf f : Les auteurs bénéficient ici d’une bourse. C’est donc pour eux une aide économiqueimportante qui leur permet de se consacrer pendant trois mois à leur activité d’écriture. Tous les auteurs ne souhaitent pas une résidence,car il faut souhaiter sortir de son cadre habituel.Nous avons certains exemples marquants d'artistesdésireux de travailler dans leur contexte habituel.Federico Fellini ne tournait qu’en Italie : il a tenté d’allertourner aux États-Unis et en est revenu très vite car les pâtes, les mamas et Cinecittà lui étaient au fond indispensables, l'Italie lui était sourdementnécessaire ! Pour ceux qui souhaitent venir en résidence, les modalités de production de textessont très différentes. Certains aiment s’enfermer et avoir très peu de contacts, d’autres tirent au contraire leur substance du contact et sont très heureux de se retrouver avec un Gabonais, un Canadien ou un Belge. Les auteurs ont un an pour nous remettre un texte.C e rtains ne nous montrent rien durant leur résidence ici,d’autres mettent un point d’honneur à remettreleur texte à leur départ de Limoges. C’est par exemplele cas de Geneviève Billette, qui vient d’écrireune fort jolie pièce qu’elle nous a remise :

Le Pays des genoux . Les modalités d’écrituresont donc diverses. Nul doute cependant que les échanges au sein de la Maison ont une influence sur la création, qui n’est peut-êtreparfois qu’un parfum. La production littérairen’obéit de toute façon à aucune règle.

M A F : Avez-vous des témoignages, des échos d’auteurspour lesquels «la traversée» de Limoges et du Limousin a influencé le travail de création?

Patrick Le Mauf f : Les auteurs arrivent déjà avec un projet puisque c’est ce projet d’écriturequi conditionne l’attribution ou non de la bourse du Centre national du livre ou de la FondationBeaumarchais. Cela n’empêche pas qu’il puisse y avoir une influence du lieu où l’on écrit. Elle est parfois déterminante: je pense au cas de Marc Israël-Le Pelletier qui voulait écrire un textesur la période de la guerre pendant laquelle son pèreavait été présent en Limousin. Une résidence à Limogesprend alors un sens directement énonçable. Pour beaucoup d’autres, l’influence du lieu reste très difficile à détecter dans les textes. Il est évidentqu’un auteur arrivant de Libreville et résidant trois mois en Limousin sera plongé dans un cadreplus exotique qu’un auteur arrivant de Nantes.L’influence du lieu où on écrit est indéniable, de même que les rencontres ou le temps qu’il fait,mais elle est souvent impalpable. En tout état de cause,le contrat de résidence des auteurs stipule qu’ils doivent consacrer une partie de leur temps à des rencontres avec le public. C’est ainsi que nous organisons avec la Bibliothèque francophonemultimédia de Limoges les «Jeudis de la Maison des auteurs», par exemple.

MAF : Jusqu’au début des années 1990, les auteurs invités étaient principalement des Africains,puis le panel des auteurs francophones invitéssemble s’être élargi jusqu’à comprendre aujourd’huiquelques auteurs français. Comment s’effectue le choix des auteurs ?

Patrick Le Mauf f : Premièrement, dès que l’on parlede francophonie, on se trouve confronté à des situations paradoxales. La France fait partie de la francophonie, mais cela évoque plutôt les gensqui parlent le français en dehors de France.Quelqu’un qui écrit à La Réunion, département français,est-il un auteur français ou francophone?Où est le centre de la France? À Bourges ?Au milieu de l’Atlantique? Camus, né en Algérie, est-il un auteur français ou francophone?

La Maison des auteurs du Festival international des théâtres francophones en Limousin en quelques chiff re s

•102 auteurs depuis 1988 en résidence d’écriture.• 46 textes d’auteurs en résidence programmés sous form e

de spectacles dans les diff é rentes éditions du Festival.•198 textes lus pendant et hors périodes du Festival.

« L’influence du lieu à détecter

reste très diff i c i l edans les textes »

Remerciements au Festival international des théâtresfrancophones en Limousin, notamment à Patrick Le Mauff,Denis Triclot et Nadine Chausse.

1 Festival international des théâtres francophones en Limousin,11, avenue du Général-de-Gaulle, 87000 Limoges, tél. 05 55 10 90 10, fax 05 55 77 04 72.

Page 18: MACHINE F E U I L L E S L I M O U S I NT R A V E R S Écrl-limousin.org/site_crl/dossier_maf/maf_pdf/maf_15.pdf · •Le Bien que je n’ai pas fait, d’Alexandre Papilian (Éditions

elle possède un armement capable de faire sauterplusieurs fois la planète. Je me suis demandé:Pourquoi plusieurs fois? Pourquoi? Pourquoi fairesauter la planète une fois ne suffit-il pas ?En me posant cette question, je ne suis pas cet incroyable crétin auquel vous pensez, ce naïf béat,ce doux utopiste.Entendons-nous bien: je suis un animal qui n'a rienà voir avec vous. Je suis totalement dépourvu de cette qualité pour justifier la guerre. Je n'ai pas cette compétence à expliquer le crime. Je ne suis pas une victime consentante des guerresinévitables et / ou nécessaires. Je ne suis pas une victime de la nature humaine. Je ne suis pas une victime des instincts de destruction. Je n’ai pas votre foi, je ne crois pas que lorsque c’est fini, ça recommencera. Je n'ai aucune considération pour vos soldats au front, pour vos totems à Berlin, New York, Paris,Londres, Moscou, Pékin. Pour vos cérémonials du Vatican, de La Mecque, de Jérusalem.

Je n'ai pas de mot pour vous parler de vous. J'ai juste quelques paroles dénichées dans vos livressacrés, vos constitutions; vos institutions, vos discours.

“Battons-nous pour l'honneur, la liberté, la justice.”Braves caporaux, courageux sergents, grands capitaines, illustres généraux: assassins.

Textes sacrés, “œil pour œil dent pour dent”, “porter la parole du Christ aux païens”, “combattre les infidèles.”Saints pères, éminents évêques, vénérables rabbins,vénérés imams et ayatollahs: assassins !

État de droit, “monopole de la violence légitime”.Présidents, sénateurs, députés: assassins.

“C'est le tragique destin de l'homme.”Penseurs, philosophes, journalistes, photographes,chanteurs, poètes: assassins !

Progrès, technologie, centrales nucléaires, boucliers antimissiles.Savants, techniciens, ingénieurs, banquiers,économistes: assassins !

“Défendons la nation, la patrie, l'empire.”Ouvriers, paysans, boulangers, cordonniers :assassins !

Denise et Marcelle ont disparu dans la machine à broyer de l'humain. C'était à Oradour, un village en France, en Algérie, au Viêtnam, au Liban, en Afrique. Nous ferons un mémorial, un musée de la mémoire. La mémoire ira dans les musées,dans les cimetières de l'âme.

Vous avez dit : “le monde est ainsi fait et ni vous ni moine pouvons le changer”: assassins !

Et, assassins, vous avez osé ajouter à Oradour :“Plus jamais ça”.

Te l - Av i v, 9 avril. Il est dix heures, des sirènes re t e n t i s s e n tdans la ville. Les Israéliens se figent sur place et observent deux minutes de silence en souvenir de la Shoah. Au même moment des missiles, des roquettes et des obus, tirés à partir d'avions,d'hélicoptères et des chars de Tsahal, se déversentsur Ramallah, Naplouse, Bethléem, Djénine. Sur la gueule des Palestiniens.Londres, 9 avril. La dépouille mortelle de l'ancêtre, la vieille reine mère, est montée sur un fût de canon.Le canon sillonne les artères du cœur de la ville. La foule est à genoux quand passe le canon.

Le ciel est bleu. Le printemps à Limoges est merveilleux. Sur les bords de la Vienne les enfants jouent avant de rejoindre vite l'école.Lara et Marc chantent. Le moral des troupes est remonté. Demain on lèvera l'ancre. Les étincelants joujoux sont des missiles nucléairesà longue portée. Ils ont un joli nom :“force de dissuasion”. Les mêmes joujoux en face s'appellent aussi “force de dissuasion”.Le ciel est blanc.Malheur au vaincu.

Petite Marcelle, je vais te raconter une histoire. Il était une fois, sur le mont Olympe, des dieux qui s'étaient réunis pour se débarrasser d'un des leurs, un dieu qui s'appelait l'homme. Ils décidèrent de le bannir sur la terreet se demandaient comment faire pour lui ôter

Par Arezki Mellal, Écrivain2.

« Dès mon arrivée d'Alger en ce début de printemps à Limoges, j'avais tenu à me rendre à Oradour.Je voulais vous voir, je voulais comprendre. Bien sûr, je connais l'histoire et les nazis ne m'intéressent plus. C'est vous que je voulais voir.Dans le village d’Oradour, la mort plane encore. Un immense silence règne sur les ruines, ces moignons de maisons. Dans les pans de mursencore debout, il y a des embrasures de portes et de fenêtres qui s’ouvrent sur le ciel, cet autre silence. Ce n'est pas le silence du désert,ce sanctuaire de la nature. C’est le silence du sanctuaire de la mort. La mort qu’on a donnée.Dans le village d'Oradour, la mort planait encore,mes jambes refusaient d'avancer. En sortant des ruines, une pensée s'incrusta dans mon espritet ne me quitta plus. Je voulais savoir pourquoi dix ansplus tard, dans d'autres villages, vous alliez faire subirce même sort à d'autres hommes, d'autres femmes,d'autres enfants. Vous résistants, vous libérateurs,vous rescapés. Vous édificateurs de musées,prédicateurs de “plus jamais ça”. Vous ferez peut-être pire encore car le musée de la mémoireà Oradour ne parlait pas de femmes violées, de bébés fracassés contre les cahutes comme l'avait avoué cet ancien de la guerre d’Algérieà la télévision. “Comment le savez-vous, s’étonnait le journaliste, vous étiez témoin? ”Un temps… Réponse: “Le bébé, c'était moi”.Je n'avais plus de genoux, plus de jambes, plus de pieds, à Oradour. Ce silence de mort étaitcelui de notre mort à tous. Ces morts étaient les miens. Ces ruines encore debout ressemblaient à celles d'Hiroshima.Hiroshima! Que reste-t-il à dire ?Il n'y a plus de mots, il n'y a plus rien à dire. Mon corps refusait d'avancer et mes pensées aussi.Je suis ressorti d'Oradour atterré. Je suis vivant, ils sont morts. Ils ne sont pas morts, on les a tués.On ne les a pas tués, on les a massacrés. On les a plongés dans la nuit de l'indicible peur.Cœurs, corps, oiseaux de passage, anéantis dans l'épouvante, lâchés dans l'abîme de l'inconnuque ni vous ni moi ne pouvons imaginer.

Et nous aurons beau nous déchirer, écrire, parler,pleurer: “Denise l'institutrice monte sur sa bicyclette pour rejoindre vite ses élèves.” Et la petite Marcelles'attarde à caresser le chat avant d'aller rejoindrevite l'école. C'était à Oradour le 10 juin 1944.Le dormeur du val a deux trous rouges sur le côté droit. Denise n'a pas appris aux élèvesque Rimbaud sera un jour marchand de fusils.Denise a appris qu'il y a toujours eu des guerres,que c'est la continuation de la politique par d'autres moyens. D'autres moyens.Denise va disparaître par d'autres moyens.Petite Marcelle, tu ressembles tant à ma fille, elle s'appelle Mimi. Son petit chat s'appelle Vini.Rimbaud a renié ses écrits. En quittant le dormeurdu val, il est parti en Afrique vendre des fusils.Denise le savait, mais vendre des armes, c'est dans l'ordre du monde, c'est ainsi. L'ordre du monde va faire griller vivante Denise avec toutes les autres femmes bouclées dans l'église, c'est ainsi.En sortant d'Oradour je voulais vous voir,je voulais savoir, comprendre comment dix ans plus tard vous seriez dans nos villages de Kabylie et des Aurès pour faire ce que vous avez fait.Limoges est peut-être la seule ville en France où l’on trouve dans les rayons des libraires des ouvragessur Oradour. J’ai acheté Oradour la douleur3

où je découvrirai l’histoire de Marcelle et Denise.Dans un autre rayon j’ai pris Philosophie ES Te rm i n a l e,chez Hatier. Je voulais comprendre. Il n’y avait rien à comprendre, il n’y avait pas un seul mot sur vous.Le crime et l’horreur sont inconnaissables, ils relèvent de l’insondable humain. Les élèves ne doivent pas savoir qu’ils relèvent simplement de ceux qui tuent.Nous sommes le 28 mars 2002, à la télévision Lara Fabian et Marc Lavoine chantent sur le port e - a v i o n sCharles de Gaulle. “Pour remonter le moral des tro u p e s ” ,a dit le commentateur. Je suis de passage à Limoges,le printemps y est magnifique et la France n'est pasen guerre. Je viens d'un de ces pays où l'on saitqu'un porte-avions n'est pas une arme pour se défendre. C'est l'arme d'agression par excellence, l'arme pour faire d'excellentes guerre s .Il n'y a pas de guerre, Lara et Marc chantent pour remonter le moral des troupes. La paix est un intervalle entre deux guerres. Entre deux guer resles troupes ont le moral bas. Chante, Lara.La première puissance mondiale est heureuse,

MARCELLE, DENISE, UN PRINTEMPS À LIMOGES 1

1 Texte publié dans La Paix en toutes lettres(cf. la bibliographie d’Arezki Mellal, page 35).2 A rezki Mellal, né à Alger en 1949, boursier du Centre nationaldu livre, était accueilli en 2002 à la Maison des auteurs du Festival international des théâtres francophones en Limousin.Il re t rouvera Limoges en novembre 2003 et au printemps 2004au cours d’une résidence à l’IUFM du Limousin, o rganisée dans le cadre du PNR (Pôle national de re s s o u rc e s )« Écritures contemporaines francophones et théâtre ».

3 Oradour la douleur, de Rolande Causse et Georges Lemoine,Éditions Syros-jeunesse, 2001 (cf. la rubrique « Feuilles lues» ,dans Machine à feuilles n°12, page36).

Bibliographie sélective d’Arezki Mellal

• Maintenant, ils peuvent venir, Éditions Barzakh, Alger, 2000,et Éditions Actes-Sud, 2002 (voir rubrique « Feuilles lues»de Machine à feuilles n°14, page 45).

•Marcelle, Denise, un printemps à Limoges,dans La Paix en toutes lettres (ouvrage collectif),coédition À ciel ouvert et Éditions Actes-Sud, 2002.

R e m e rciements à Areski Mellal et à l’association À ciel ouvert .

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Par Sophie Loizeau, Poétesse1.

sa divinité. “Enfouissons-la au plus profond de la terre”, dirent certains. Mais d'autres dieuxsavaient que l'homme irait au fond de la terre.“Alors, au fond des mers?” s'interrogèrent d'autres.Non plus, l'homme irait aussi au fond des mers. Et les dieux décidèrent de la cacher là où il seraitincapable d'aller: au plus profond de lui-même.“Le bébé, c'était moi”. Oui, soldat, c'était toi.Toi.

Je dois rentrer, Mimi m'attend. Quand les assassinsn'ont pas de missiles et pas de canon, ils se rabattentsur n'importe quel fusil, n'importe quelle hache,n'importe quel couteau. À cinq ans elle m'avaitdemandé: “Papa, ils font mal les égorgeurs ?Très mal, comme lorsque je suis tombée dans l'escalier?”Je dois vite rentrer.

Adieu, Marcelle, voici une chanson d'un vieil ami.Notre père qui êtes aux cieux restez-yet nous nous resterons sur notre terrequi parfois est si jolie.

Parfois, parfois, parfois, petites filles. »

Limoges, le 30 avril 2002.

© Areski Mellal.

« Sauvagement ici hors de portée des grands bruits humains »

« le vent dans la foulée le loup indien pauvre

loup écarlate fondu toute neige au soleil passant

directement en ciel profond

giboyeux pour ouvrir l’appétit

grand la gueule à claquer des mâchoires et la terre

de large en long comestible d’où jailliront forts comme des i

du vin rare des chevreuils les gestes frais du jour jamais appris

embrasser à mains nues à l’envers rentrer sa langue

dans l’autre — s’il en reveut — par les brèches le loup

reviendra au milieu du vent poilu à deux pas du gros chêne

à Arrênes nous rattraperons l’Ardour qui s’en va faire des nœuds

luisants à petite heure la brume un autre temps rien encore ni

corps dont on puisse affirmer c’est du pain posé sur un banc

un cheval montagneux un abreuvoir

taureau assis dont je caresse mentalement les couilles longues un peu

écrasées — la peau douce coulant sur le côté

les chiures blanches de l’effraie me serviront de craie

sur le mur de la grange tout sera dit de la matière du reste

que je sais sauvagement ici hors de portée des grands bruits humains »2

1 Née à Versailles, Sophie Loizeau travaille et vit en région parisienne.Poétesse, elle a publié dans de nombreuses revues. Son premier recueil, Le Corps saisonnier, a paru en 2001aux Éditions Le dé bleu.S é j o u rnant régulièrement au Pays des Eaux-Vives (en Cre u s e ) ,elle s’exprime ainsi :« Je ne puis mieux dire mon attachement à cette terrequ’en donnant à lire ce poème, écrit à La Cheirade».2 Extrait de La Nue-bête, de Sophie Loizeau, Éditions Comp’act (à paraître).Texte reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.

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Entretien avec René et Olivier Rougerie, Éditeurs à Mortemart1.

RENÉ ET OLIVIER Le jardin

R O U G E R I Et r a v e r s é

Pierre Bacle, pour Machine à feuilles :Pour un éditeur aujourd’hui, que signifie publier de la poésie en Limousin? S’agit-il d’une situationgéographique voulue, voire stratégique, ou plus exactement d’un enracinement à cette terre ?

René Rougerie: Vous parlez d’aujourd’hui, mais nous avons plus de cinquante années d’existenceet déjà, à l’origine, il y avait ce besoin de prendre du reculpar rapport à Paris — tout en ayant par ailleurs un pied là-bas — et aussid’être éditeur en région sanspour autant devenir régionaliste.Je veux également rappelerqu’à la Libération, avec mes amisGeorges-Emmanuel Clancier et Robert Margerit, nous avionscréé une revue qui s’intitulaitC e n t re s. Pour nous, il s’agissaità la fois du centre de la France,bien sûr, mais aussi de centre slittéraires multiples auxquels nous nous intére s s i o n set qui provenaient, pour dire vrai,des diverses régions de France.Je pense aussi que si nous avions travaillédans une ville, nos choixn’auraient certainement pasété les mêmes… La campagne voisine, la végétation, les eauxlimousines, tout cela a donné une certaine orientation,au même titre que notre métier d’éditeur artisan —le dialogue avec la machine tout comme le dialogueavec la ter re —, tout, au final, contribue à notre activité d’éditeur. Il faut dire pourtant,c o n c e rnant l’idée d’enracinement, que nous ne sommesaucunement refermés sur un passé. Si nous nous intéressons aux traditions, ce sont aux «traditions de l’avenir» comme disaitSaint-Pol Roux… Pour vous répondre, au sujet de la situation géographique de Mortemart, il faut se rendre compte que l’on peut joindreen automobile, depuis la Haute-Vienne, les principalesvilles de France dans la journée, détail pratique qui compte pour nos tournées: en une semaine nous pouvons visiter une région, rencontrer

une trentaine de libraires, un peu plus d’une demi-douzaine de bibliothécaires, mais aussi les lecteurs… Certains n’hésitent pas,d’ailleurs, à pre n d re la route à leur tour pour traverserle Limousin et nous saluer… Il y a chez certains un besoin physique de voir Mortemart. J’en veuxpour preuve cette lectrice de Plougastel

qui nous a rendu visite il y a quelque temps déjà, ou Marcel Béalu qui était venuune fois à Limoges, puis une foisà Mortemart, du temps qu’il participait à notre revueRéalités secrètes, pour connaîtrel’endroit où se faisaient les livres et rien de plus.

MAF : Vous avez accueilli, et continuez d’accueillir,à Mortemart, chez vous et dans votre atelier,de nombreux poètes. Vous avez défini ce lieu,traversé par les écrivains,comme un jardin, « pas une école», qu’entendez-vous par là ?Existe-t-il des traces écrites de ces passages dans la terrelimousine?

René Rougerie: Le «jardin»,c’est de l’histoire récente. En effet, nous sommes un peuexcédés par ce besoin de créer

des «é c o l e s» censées représenter chacune une sensibilitéplus ou moins poétique… Vous savez, nous en avons vuquelques-uns qui se réunissaient comme ça, sous le signe de la poésie, des plaisirs de la table,parfois de l’alcool… Et quelques années après on nous parle d’école ! C’est parce que nous tro u v i o n stout cela ridicule que nous avons choisi un jour de publier Deux écoliers dans le jardin de Mortemartdans un numéro de Poésie présente. Le jardin est un lieu ouvert, qui correspond à ce que nous avonstoujours cherché: bien entendu, il y a une ligne dans nos publications mais il y a également un très larg eéventail — pas d’auteurs trop cérébraux, mais pas pour autant de «mirlitonnants» —, nous sommes à la re c h e rche d’une troisième voie qui,bien que dif ficile, reste à nos yeux la plus intére s s a n t e …Il faut savoir que l’édition, chez nous, s’accompagnedepuis toujours de contacts humains. Nous essayonsd’accomplir le chemin le plus long possible

avec chaque auteur et cette amitié exigeante passepar le Limousin, forcément. Notre voisin du Poitou,Jean-François Mathé, publie chez nous depuis 1972et ne vient jamais dans la région sans s’arrêterquelques jours à Mortemart. Sa poésie a mûri, et tout comme notre amitié, elle prend chez nous des racines très profondes… Il est très importantqu’il connaisse notre lieu de travail. De nombreuxpoètes ont d’ailleurs témoigné de l’atmosphèrede l’atelier de Mortemart dans le numéroque nous a consacré la revue Plein chant.Assurément, si nous devions laisser une trace, ce serait celle-ci: que la poésie ait été liée, p e u t - ê t re pour la pre m i è re fois avec une telle intensité,à une terre, sans toutefois en être prisonnière.

MAF : Il me semble que ce que vous recherchez,dans le fond et à travers le travail avec les auteurs,c’est la même liberté d’écriture que celle qui vous a poussés personnellement à éditer…

René Rougerie : Voilà, peut-être, ce qui nous caractérise,des auteurs dans la marge, qui préfèrent les petits chemins aux autoroutes…

Olivier Rougerie: Qu’il s’agisse de Saint-Pol Roux,avec le symbolisme, ou d’André Delons par rapportau mouvement du Grand jeu, tous ces poètes que nous publions ont emprunté des chemins de traverse. De la même manière, Pierre Albert-Birotet Michel Seuphor sont à l’origine de nombreusesvocations, mais on ne peut pas pour autant enfermerleurs œuvres dans les modes qu’elles ont créées. Il en est de même pour nos livres, fruits de tous ces passages en Limousin, éclos ici c’est vrai, mais donnés à lire partout où l’on veut bien les accueillir…

Illustrations de Jean-François Mathé pour La Fête des ânes ou la mise à mort du livre,de René Rougerie (cf. la bibliographie sélective ci-contre).

Bibliographie sélective, pour revenir sur cinquante années d’édition…

•La Fête des ânes ou la mise à mort du livre,de René Rougerie, Éditions Rougerie, 1985.

•« René Rougerie», dossier rassemblé par Nicole et Georges Drano, dans la revue Plein chant, n°53-54, 1994.

•Littérature vagabonde, de Jérôme Garcin, Éditions Flammarion, 1995.

• D’une berge à l’autre, de Michel Ragon, Éditions Albin-Michel, 1997.

P a rmi les dern i è res publications des Éditions Rougerie

•Versants du secret, de Gilles Baudr y.• Tenir, de Georges Drano.• Solitude du chœur, de Marc Dugardin.• Intermittence des voix , d’Emmanuel Flor y.• Un fleuve en fer forgé, de Guénane.• C l i n i q u e, suivi de Vigile de la lumière, de Marcel Hennart .• Le Ciel passant, de Jean-François Mathé

(prix Kowalski, Ville de Lyon).•La Terre des mots, de Jean-Louis Novert.•La Nuit des pier res, d’Yves Prié.• Rouge éternité, de Geneviève Raphanel.•Ce battement de la parole , précédé de Glanes,

de Jean-Vincent Verdonnet (Grand prix de la Société des gens de lettres).

• Un cri végétal, d’Évelyne Voldeng.•Cahiers Tristan L’Hermite (n°24)

(revue des Amis de Tristan L’Hermite.)

Merci à Catherine Roche, pour sa précieuse collection des premiers numéros de Réalités secrètes, à Gérard Salabert ,pour le livre de Michel Ragon, et à Marie-Thérèse Régérat et René et Olivier Rougerie pour leur chaleureux accueil.

1 Éditions Rougerie, 7, rue de l’Échauguette, 87330 Mort e m a rt, tél. 05 55 68 00 93, fax 05 55 68 96 89.

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Entretien avec Thierry Girard, Photographe.

« Les baisers écrits ne parviennent pas à destination,les fantômes les boivent en ro u t e»1, se plaignait Kafka.Et si, même si nous avions beaucoup d’autres explications toutes prêtes à opposer,nous avions finalement voulu empêcher les fantômesde les intercepter ?

L’histoire a commencé il y a quelques années par une petite expositionfaite maison, avec des prêtsde nos lecteurs2

et du Musée du Pays d’Ussel(un mot d’Ernst Jüngercôtoyait aussi bien une carte postale envoyéedu front par un anonymequ’une signaturede Jean-François Marm o n t e l3.Notre objectif étaitégalement de soutenir et de faire découvrir notre fonds«Correspondance»).

Le succès de cette exposition nous a donné envie d'allerplus loin, en présentant à nos lecteurs une autreforme de cor respondance,celle où le contenant est aussi important que le contenu: l’art postal.Notre rencontreavec Rémy Pénard4

fut décisive. Il nous proposait de nous prêter son exposition La République des artistes composée de trois cents œuvres d’artistes de quarante nationalitésd i ff é rentes. Lire en fête nous semblait une manifestationappropriée pour mettre en avant cet art épistolaire,et l’occasion de faire participer notre public, afin de mettre en parallèle des œuvres d’artistes et des œuvres d’amateurs. Nous avons regroupé ces dernières sous le titre Accusé de réception.

Nous avons lancé des appels dans la presse, sur Internet et auprès des lecteurs de la Bibliothèque.Les premiers objets oblitérés par un facteur désorientésont arrivés à peine un mois après, les autres ont suivià un rythme de plus en plus soutenu. Il nous arrivaitd’en recevoir quatre, dix, vingt par jour! L’émotionétait là, nous recevions ces missives comme des petitsprésents, l’attente du facteur devenait fébrile, cru e l l e .Fin septembre, nous avions reçu plus de deux cents mail-arts de toute la France, de l’Italie etmême du Québec! Il ne restait plus qu’à les installer.

La Bibliothèquefut bientôtenvahie. Du plafond,tenus par de petitespinces à linge,descendaient les multiples

courriers de nos expéditeurs connus ou inconnus,tandis qu’au sol se dressaient douze arbres arborantfièrement les œuvres de La République des artistes.Au total, plus de cinq cents œuvres emplissaient la Bibliothèque !Durant trois semaines5 l’exposition se gonflait des résultats des ateliers de création d’art postal,encadrés par des professionnels des arts plastiques(lithographes et plasticiens). La «petite émotion du facteur »6, comme l'appelait Jules Renard, serait-elle contagieuse? Il est objectivement apparuune communauté autour du sujet, des perspectivesde réseaux. Notre intérêt a également migré vers d'autres supports: littéraire, électronique… La correspondance reste chargée d'intime.Avec le mail-art nous avons atteint, ou plutôt illustréles buts de la Bibliothèque, une sorte de réunificationdes sphères du public et du privé, de réseaud'échanges, un peu comme les partages autour d'une lecture, un peu d'éphémère «stabilisé»,concrétisé dans trois semaines non d'expositionmais de mise en commun.Le succès remporté par cette initiative nous conduità renouveler cette expérience et nous préparons une nouvelle exposition pour le mois de novembre 2003.

Par Stéphanie Rellier et Marie-Pierre Carel,Bibliothécaires à la Bibliothèque municipale d’Ussel.

1 Dans Lettres à Milena, de Franz Kafka, Éditions Gallimard,1956, 1988 et 1992.2 De la Bibliothèque municipale, 24, avenue Carnot, BP81,19203 Ussel Cedex, tél. 05 55 72 31 47, fax 05 55 72 32 66.3 Jean-François Marmontel, écrivain, philosophe et encyclopédistené à Bord-les-Orgues (Corrèze) en 1723.4 Rémy Pénard, plasticien et mail-artiste (cf. la rubrique «Machin et Machine», page 48).

5 Du 5 au 26 octobre 2002, à la Bibliothèque municipale et au Musée du Pays d’Ussel.6 Dans Journal, de Jules Renard, Éditions Robert-Laffont,Collection «Bouquins», 1990.

« Empêcher les fantômes d ’ i n t e rcepter les baisers »

Quelques-unes des œuvre squi ont orné la Bibliothèquemunicipale d’Ussel, du 5 au 26 octobre 2002.Photos: © Bibliothèque

municipale d’Ussel.

« LES CINQ VOIES DE VA S S I V I È R E »1

Marie-Laure Guéraçague pour Machine à feuilles :Thierry Girard, peut-on dire que vous avez pris le mot «démarche» au pied de la lettre : une façonde marcher, de penser, un mouvement de l’esprit et du corps, au cœur de vos projets artistiques?

Thierry Girard : Il y a dans mon travail la question du cheminement. Comment le corps traverse le monde,le paysage naturel ou urbain et comment, pendantcette traversée, se fait le cheminement intellectuel?

MAF : Depuis quand êtes-vous dans cette démarche ?

Thierry Girard : J’ai trouvé mon approche artistiquepersonnelle au début des années 1980, en photographiant des territoires que je traversais de long en large. En 1984, j’ai déterminé un itinérairequi longeait une frontière, sachant que cette frontièredeviendrait matière à penser le passage, le franchissement, l’avancée, l’altérité. Au fur et à mesure que j’avançais, je cherchais des indicesde ces concepts, en photographiant non pas la fro n t i è reréelle mais une fro n t i è re intérieure, mentale, imaginaire .

MAF : À partir de là, vous avez poursuivi sous d’autres formes, dans d’autres lieux?

T h i e rry Girard: J’ai découvert que ce qui me déterm i n a i tc’était cette idée de traversée, être dans une tensiondialectique entre le déplacement géographique et le voyage intérieur. Il me fallait pour cela trouverdes prétextes plus ou moins nourrissants: longer un fleuve, une fro n t i è re, traverser un pays. Le parc o u r speut être arbitraire, comme par exemple pour mon dern i e rt r a v a i l2 : on prend une carte de France, on trace une lignedroite d’un bout à l’autre et on essaie de remontercette ligne droite, comme une contrainte roborativeque l’on se donne pour inventer son propre paysage.

MAF : Mais qu’est-ce qui, pour vous, fera œuvre,trace? La photographie, le livre, l’exposition?

Thierry Girard : Le livre est la restitution principale de mon travail photographique, il me permet de montre run parcours, dans une continuité géographique.L’exposition rend compte des qualités d’images, de l’étrangeté photographique, mais pas toujours decette dimension de parcours.

MAF : Vous avez toujours accompagné vos photos de textes ?

Thierry Girard : Non. Comme beaucoup, je prends des notes au jour le jour, mais c’est à peine de l’écriture et encore moins de la littérature. Ces notes me permettent de mémoriser notamment ce qui n’est pas photographié, des sensations, des pensées fugitives, ce qu’il y a entre les espaces d’images.

MAF : Comment expliquez-vous cette récente formed’inscription artistique du corps au monde par la marche ?

Thierr y Girard : Il faut faire avant tout référence aux artistes du Land art, Hamish Fulton et Richard Long. La première marche «artistique »de Fulton date de 1973. J’ai commencé à photographier quelques années après mais j’étais nourri par d’autres référents artistiques(Robert Frank, Walker Evens) et il m’a fallu du temps pour ressentir cette nécessité intérieure :passer de la déambulation urbaine à la marche en soi comme un rapport au monde privilégié qui permet d’être à la fois présent et détaché. On a alors une perception aiguë des choses en relation intime avec l’être du monde, et en même temps rêveuse, flottante. C’est ce double mouvement de l’esprit et du corpsqui m’émeut profondément.Et si j’effectue régulièrement, mais pas exclusivement,des marches photographiques, elles se distinguentdu Land art d’abord parce que je ne considère pas la marche en elle-même comme un acte artistique et que m’importe au fond, comme restitution, la qualité des images photographiques alorsengendrées. Je suis avant tout un photographe. Pas d’image, pas d’œuvre. Les leçons du Land artsont dans beaucoup d’œuvres contemporaines, mais il ne sert à rien de se mettre directement dans les pas de Fulton ou d’un autre. Cela n’aurait de sens que si j’avais une propositionsupplémentaire à ajouter à leur œuvre, un dépassement. Encore faudrait-il que je puisse en supporter l’épreuve physique: Fulton est capablede marcher cinquante à soixante kilomètres par jourou de passer deux semaines à randonner entre quatre mille et cinq mille mètres d’altitude. Moi non. Chacun a sa limite physique. L’œuvre s’adapte au corps et le corps s’adapte à l’œuvre, les deux sont liés. Je me sens plutôt promeneur, flâneur,certes capable de marcher vite et longuement,

1 Programme artistique en cours de réalisation avec le Centre d’art et du paysage de Va s s i v i è re - e n - L i m o u s i n .2 D’une mer l’autre : Un voyage à travers la France de la Méditerranée à la mer d’Iro i s e, photographies et textesde Thierry Girard (cf. la bibliographie de l’auteur, page 43).

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mais j’aime herboriser comme Jean-Jacques dans la forêt d’Ermenonville.

MAF : C’était la définition que Baudelaire donnait du flâneur, «l’herboriste du bitume »?

Thierry Girard : C’est cela, «l’herboriste du bitume»,mais j’aime aussi «h e r b o r i s e r» au volant de ma voiture

et envisager de longs périples ainsi. J’ai été nourri de road-movies et de littérature du déplacement :je suis un enfant de Wim Wenders, de Peter Handkeet de Jack Kerouac.Il y a souvent une référence littéraire ou picturale à mes parcours: j’ai traversé la Méditerranée en quête d’Ulysse, j’ai travaillé sur le territoirede Rimbaud dans les Ardennes, sur les lieux de Peter Handke, la route du Tôkaidô d’Hiroshige3,j’ai longé le Danube avec Claudio Magris et sa «mémoire douloureuse du paysage».Mais de n’avoir eu, pour ma traversée de la France,d’une mer l’autre, aucun référent précis, si ce n’est des lectures et des rencontres multiplesen cours de route, m’a sans doute permis d’écriremon premier texte conséquent. Quoiqu’on fasse,pour créer, photographier, écrire, il faut se mettreen état d’innocence temporaire, savoir momentanémentoublier pour produire. Sinon nous savons que tout a déjà été dit, que tout est dans la répétition et nous ne pouvons plus alors franchir le seuil de la page blanche ni inventer de nouvelles formes.

MAF : Comment avez-vous choisi de traverser une partie du Limousin?

Thierry Girard : Au cours de mon voyage à travers la France, je suis passé par Guéret. Ayant appris que Guy Tortosa avait été nommé

directeur du Centre d’art de Vassivière, je l’ai appelé,Il m’a invité à travailler ici et j’ai accepté.Il y a, pour moi, deux manières d’aborder le paysage :par la dérive automobile, qui crée une certaine distancephysique et intellectuelle et efface davantage l’affecten un rapport au paysage plus analytique et critique,ou par le cheminement pédestre qui engendreune confrontation physique, sensuelle et étroite

avec le paysage. Celui-ci est alorsphotographié moins dans son étendue que dans une relativep roximité, c’est le paysageque l’on touche du re g a rdet des sens. Pour le projet de Va s s i v i è re ,j’avais envie de privilégiercette seconde approche.Je partage par ailleursavec Guy Tortosa une réflexion communesur le «paysage moyen»,un paysage du délaissement, de l’ignorance ou de la résignationculturelle: on y trouveaussi ces paysages«écartés »comme au centre

de la France qui, comme le dit Pierre Bergounioux,«ne savent pas que le temps a passé». Cette réflexionaurait pu être le fil conducteur du projet. Mais pour cela, il m’aurait fallu aller surtout par les villes et les villages. Or, j’ai préféré cheminerpar la nature, le long de petites routes, chemins et sentiers. J’ai donc choisi un autre fil conducteur.Travaillant en ce moment sur Victor Segalen et la Chine,cela m’intéressait dans cette problématique autour de Vassivière de trouver des éléments liés à la philosophie et à la poésie chinoises.De manière intuitive j’ai donc choisi de fairequatre marches en reprenant les quatre saisons et directions cardinales, auxquelles il faut ajouter,pour la cosmogonie chinoise, une cinquième :deux éléments yin, deux éléments yang et le centre,é q u i l i b re entre le yin et le yang, puis les cinq principauxéléments: l’eau, la terre, le feu, le bois et le métal ;ensuite les couleurs, l’état du corps. Chaque saisonrythme des choses et détermine une attitude, des actions. Bien sûr, je savais dès le départqu’il fallait aussi que je réinvente ma pro p re cosmogonie ;j’ai nourri chaque parcours de mes découverteshasardeuses. La référence à la cosmogonie chinoiseest comme un prétexte de départ, d’éveil, mais la libert éde l’artiste est ensuite de réinventer son territoire.

MAF : Le danger d’un schéma préétabli n’est-il pas de ne voir dans la réalité que ce qui fait la démonstrationde ce schéma ?

Thierr y Girard : Je préfère, en effet, ne rien garder de ce qui était marqué sur mon petit carnet

3 La Route du Tôkaidô, photographies de Thier ry Girard,textes de Yuko Hasegawa, Nagahiro Kinoshita, Philippe Bata (cf. la bibliographie, page 43).

comme élément susceptible d’être intégré dans mon parcours plutôt que d’être effectivementdans l’application d’une théorie. En plus, autour de Vassivière, les lieux existentpuissamment. Il me fallait avoir de l’humilité par rapport au lieu. Ce qui me fascine toujours dans l’acte photographique, c’est justement que quelle que soit l’importance de ce qu’on a pupré-mentaliser, on découvre toujours autre chose que ce que l’on voulait. C’est cette confrontationdouce ou violente au réel qui donne envie de continuer,d’être toujours étonné.

MAF : Pouvez-vous donner des exemples des itinéraires que vous avez déjà effectués?

Thierry Girard : J’étais parti sur l’image du Plateau de Millevaches comme un paysage ouvert. Lorsqu’à l’automne je l’ai traversé, il a fallu que je me batte pour retrouver cette ouvertureet la formaliser. Je me suis aperçu, ensuite, en sélectionnant les photos, que les plusintéressantes n’étaient justement pas celles indiquant cette ouverture du paysage. Ce n’était pas tant des photographies de paysagesétendus que des photographies de lieux, comme des niches du regard, des sources. Sans le savoir, je retrouvais inconsciemment l’origine étymologique de Millevaches4.Je suis parti d’une des sources, la Creuse, et j’ai alterné justement les images de creux, de respiration bloquée, de heurts, avec des imagesd’inspiration et de souffle galopant sur les branches.J’attendais beaucoup des secondes et surgirent les premières, car une fois de plus vous croyezmaîtriser la représentation des choses alors que ce sont elles qui vous emportent.

MAF : Ce travail va donner lieu d’abord à un livre ?

Thierry Girard : Je vais faire une maquette de livrepour ordonner le travail. À partir de cette mise en forme éditoriale, nous allons sûrement pouvoirdécliner, avec Guy Tortosa, un aspect exposition.

MAF : Et là aussi vous allez écrire les textes?

Thierry Girard : Non, je crois que je me référerai à des textes lus avant, autour et pendant mes itinéraires, que je choisirai aussi denses,succincts et «cristallisés» que les images. Par exemple, le premier triptyque photographique qui correspond à la marche d’été vers le sud sera constitué d’un chemin, d’une chambre d’hôtel et d’un cours d’eau à la couleur orangée,

ferrugineuse, très étrange. Nous ne sommes plusdans la description d’un paysage, dans le document,mais dans une rêverie poétique.

Bibliographie sélective de Thier ry Girard

•D’une mer l’autre : Un voyage à travers la France de la Méditerranée à la mer d’Iro i s e, photographies et textes de Thierry Girard, Éditions Marval, 2002.

• Jours ord i n a i res en Chine, Régie autonome des comptoirsde vente des musées de la Ville de Nice, 2001.

•La Route du Tôkaidô , photographies de Thier ry Girard,textes de Yuko Hasegawa, Nagahiro Kinoshita, Philippe Bata, Éditions Marval, 1999.

La rédaction de Machine à feuilles remercie Guy Tortosa,directeur du Centre d’art et du paysage de Vassivière-en-Limousin, d’avoir rendu possible cet entretien.

4 Il est fréquemment évoqué une hypothèse selon laquelle «Millevaches» aurait, étymologiquement, le sens de «mille sources».

L’atelier «Arpenteurs » :une première exposition jusqu’au 11 avril 2003

Initié par Pays-paysage /Centre des livres d’artistes,l’atelier «Arpenteurs» propose à un groupe d’une quarantaine d’enfants de six à onze ans une approche de l’art contemporain et du livre d’art i s t e ,en référence à la pratique d’artistes «marcheurs »tels que Richard Long et Hamish Fulton. Mis en œuvre à l’automne 2002, il s’achèvera en juin 2003.« La découverte progressive d’un paysage par la marche peut être mise en parallèle à l’actionde s’approprier un livre : comme on tourne les pages,la marche sollicite le regard des enfants…»Au cours des marches, chaque enfant muni d’un appareil photographique jetable est amené à retranscrire sa vision du paysage.

Contact: Pays-paysage/ Centre des livres d’artistes,17, rue Jules-Fer ry, 87500 Saint-Yrieix-la-Perche, tél. 05 55 75 70 30.

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Les Mots1,de Vercors

Écrit peu de temps après avoir eu connaissance du drame d’Oradour- s u r-Glane et publié une pre m i è re foisà la Libération, ce texte de Vercors, retrouvé il y a neuf ans par une bibliothécaire de Seine-et-Marn edans son fonds, s’est vu réédité et récompensé par le prix des Belles oubliées.Si injustement et si longuement écartés de la mémoire collective et encore largementméconnus — particulièrement en Limousin —, ces Mots n’ont cependant rien perdu de leur richesseet de leur puissance interrogatrices. En faisant de Lucle protagoniste de cette fiction, l’observateur de la tristement célèbre mise à feu et à sang du 10 juin 1944, Vercors ne manque aucunement à la sobriété et à la lucidité qui avaient déjà fait de lui l’auteur du Silence de la mer2.Si «s’engager veut dire ici: écrire », la question « suis-je sincère ?» n’en est pas moins posée. Tout est, décidément, affaire de distance avec ces Mots. «Un kilomètre de plus: et alors ?Rien qu’un kilomètre », effectivement, sépare Luc —

qui ne saurait être innocenttout en étant poète — du village martyr. Il faut se souvenir qu’en ce temps-là,certains artistes, pour la plupart issus des rangs du surréalisme et «réfugiés dans la lointaineAmérique» (comme le rappelleRita Barisse-Vercors dans sa préface), reprochaientà leurs anciens compagnons,dont Vercors, le reniement de leur position «au-dessusde la mêlée», leur entrée

dans la Résistance. Bien qu’il ait douté, un temps,de leur efficacité, et qu’il leur ait finalement préférécelle de ses actes, Vercors n’en avait pas moins,alors, placé ses Mots contre tous les maux,justement.

Pierre Bacle

Cahiers de jeunesse de Denise Bardet, institutrice à Oradour-sur-Glane le 10 juin 19443

Tout tempérament poétique qu’elle eût également [en référence à Ve rcors], Denise Bardet ne put témoignerdu massacre d’Oradour-sur-Glane puisqu’elle en futl’une des six cent quarante-deux victimes. La publication, tant attendue, de ses cahiers intimesrépond plus à une nécessité de lire l’histoire «en cre u x»:

c’est-à-dire que nous mesurons de façon peut-êtreplus intense — mais non moinséquitable — le drameen confrontant ces notes tellement pleines de vie et d’esprit, au silence qui les a suivies depuis.Il y aurait aussi —pourquoi le nier? —un véritable plaisirlittéraire à se plonger

dans ces pages en dehors de toute considérationhistorique, si cela était encore possible. Denise Bardet y cultivait ses joies, ses peines et sa plume parfois acérée, le plus souvent sensible,qui n’est pas sans rappeler cet autre Journalqui ne quitte pas notre chevet : celui de Jules Renard ,dont Jean Bardet nous dit, dans une belle présentation,qu’il avait été l’une des principales influences de sa tante. Permettre à la voix de Denise Bardet de s’exprimer enfin, sans être interrompue — ces cahiers ont déjà été maintes fois évoqués, mais jamais dans leur intégralité — n’est pas le moindrehommage qu’autorise ce livre, posthume, à son auteur.S’il fallait, toutefois, souligner le caractère étonnammentprémonitoire de certaines remarques, et louer la clairvoyance de celle qui les a écrites, nous pourrions rappeler, avec René Char,que bien des fois «Les mots qui vont jaillir savent de nous ce que nous ignorons d’eux».

Pierre Bacle

FEUILLES LUESFEUILLES LUES

1 Les Mots,de Vercors, Éditions Actes-Sud et Borgeaud bibliothèques, 1994, 5,34¤.2 Le Silence de la mer ,de Vercors. Ce livre, qui est le premier titre publié par les Éditions de Minuit (alors clandestines), commença à circuler de main en main en octobre 1942.Depuis, il n’a jamais cessé d’être réédité, la dernière foisdans l’ouvrage Le Silence de la mer et autres œuvres,Éditions Omnibus, 2002, 24,50 ¤.

3 Cahiers de jeunesse de Denise Bardet, institutrice à Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944,présentation de Jean Bardet, Éditions Lucien-Souny, 2002, 10,00¤.

Histoire du paysage français: De la préhistoireà nos jours4,de Jean-Robert Pitte

L’ouvrage de Jean-Robert Pitte qui vient de paraîtreest une réédition fortement remaniée du livre publiéen 1983. Il s’agit donc d’une histoire du paysagefrançais de la préhistoire à nos jours. À mi-chemin entre le livre savant et le livre, non pas de vulgarisation, mais d’accès aisé, il s’agit d’une synthèse des travaux de géographes,d’historiens et d’aménageurs de terr i t o i res en précisantun certain nombre de points au passage.En matière de vocabulaire, tout d’abord, il convientde préciser le terme de paysage fort à la modeaujourd’hui et qui a eu des glissements sémantiquesà la suite d’appropriations diverses, celles des géographes puis des peintres, des aménageurs, sans parler des écologistes. Jean-Robert Pitte s’en tient, pour sa part, à la définition du dictionnaire la plus communémentacceptée: «Partie d’un pays que la nature présente

à un observateur »et rejette les acceptionsréductrices telles que celles qui limitent le paysage au ruralou au pictural.Il est intéressant de voir comment se façonnele paysage; la form u l e« Paysage :palimpseste de l’histoire » rendparticulièrementbien compte de la nature culture l l e

de ce que beaucoup ont tendance à prendrepour un paysage naturel. Il faut se faire une raison,celui-ci n’existe pas! De même, pour la protection,voire la conservation, les remarques de l’auteur ne manquent pas de poser un certain nombrede questions. Sélectionner des parties de territoirespour les protéger peut amener à s’interroger :est-ce à dire qu’il faut tout faire pour que cela soit conservé coûte que coûte alors que l’on sait que «naturellement» tout bouge tout le temps?Et les zones non retenues sont-elles abandonnées?Conserver ou aménager? La question se pose aussi bien aux collectivités, à l’État qu’aux part i c u l i e r s .Enfin, on trouvera des hypothèses sur «l’attachementde nos contemporains aux paysages préindustriels,auxquels on s’accrocherait comme à un point d’ancrage,de peur de ne savoir l’enrichir».Au total, la lecture est facile, agréable, même par le tonqui n’est jamais pédant ; bonne façon de faire le pointsur ce sujet !

Jean Moyen

Les Disparates5,de Marcela Delpastre

Avec les deux tomes de psaumes et Les Disparates,Jan dau Melhau termine, cinq années seulementaprès le décès de Marcelle Delpastre, la publicationde l’œuvre poétique complet de la poétesse-paysannede Germont. Les Edicions dau Chamin de Sent-Jaumeproposent désormais en seize tomes de découvrirl’œuvre de cette immensepoétesse paysanne. Il fauty ajouter Le Testament de l’eau douce6,paru aux Éditions Fédérop,et deux ouvrages aux Éditions Plein chant :Ballades7 et un numérode la revue Plein Chant8.Cette poésie, en oc ou en français, est celle d’une femme qui appréhende le mondedans sa globalité en ne parlant que de ce qui l’entoure:arbres, pierres, terre, saisons, feu, eau, animauxfamiliers… C’est probablement avec le psaumequ’elle trouve sa forme la plus aboutie mais aussi la plus libre. Ces éléments familiers, elle ne les loueni les dénigre, mais les passe simplement au travers du prisme de ses humeurs et nous les livre .Solitude, insomnie, chagrin d’amour, faim, douleur,joie, rire apportent au lecteur mille images des feuilles ou du feu, des blés ou de la pluie.La poésie de Delpastre nous est désormais offerte,le pire serait de ne point la lire.

Olivier Thuillas

«Sel

J’ai du sel dans la gorge. Ma bouche est sèche, ma langue re f u s e

les mots. Je ne veux plus des nourritures.

Qu’on me laisse, qu’on me laisse éclater en sanglots.

Ne me re g a rdez pas, visages! — Et tant pis si vous me re g a rd e z .

Vous m’insultez, beaux arbres de l’été; la terre labourée m’off e n s e ,

le rossignol se moque. Même la source rit de mes larmes.

— Je ne sais plus où me cacher. Même la mer qui est là-bas,

si loin, si loin qu’on ne l’a jamais vue,

même la mer rit de mes pleurs, la brume, et le ciel lisse.

J’ai du sel plein la bouche, j’ai des poignées de sel au cœur.

Le chagrin m’a pris aux épaules; il me tient. Ce matin il m’a saisi

le cou entre ses crocs.

Le sauvage chagrin m’a sauté à la gorge. Il ne me lâche pas.

J’ai des moissons de sel au cœur.

7 juin 1968 »9

4 Histoire du paysage français: De la préhistoire à nos jours,de Jean-Robert Pitte, Éditions Tallandier, 2003, 26,00¤.

5 Les Disparates,de Marcela Delpastre, Edicions dau Chamin de Sent-Jaume, 2002, 10,00¤.6 Le Testament de l’eau douce,de Marcelle Delpastre, Éditions Fédérop, 2001, 18,00 ¤.7 Ballades,de Marcelle Delpastre, édition établie et présentée par Jan dau Melhau, Éditions Plein chant, 2001, 13,72 ¤.8 Plein chant (n°71-72) : Marcelle Delpastre,dossier rassemblé et présenté par Jan dau Melhau,Éditions Plein chant, 2001, 18,29 ¤.9Extrait de Le Chasseur d’ombres et autres psaumes (1960-1969),de Marcela Delpastre,Edicions dau Chamin de Sent-Jaume, 2002, 18,00¤.

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Un même silence10,de Bernard Vargaftig

Invité à la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges lors d’un précédent Printemps des poètes,Bernard Vargaftig avait offert à l’auditoire la lecturede textes inédits sur son enfance cachée, pendant la Seconde guer re mondiale. On retrouveavec émotion ces proses rassemblées dans un fortbeau recueil. Ces véritables «paroles d’étoiles »(qu’il conviendrait, peut-être, de rapprocher des nombre u xautres témoignagesrécemment publiéssous la direction de Jean-Pierre Guéno)sont proposées par un éditeur de Marseille, le très persévérantAndré Dimanche.Cependant, elles n’oublient pas de faire la part belle au Limousin qui fut une terre d’accueil en ces temps difficiles,et dont l’auteur se souvient aujourd’hui :«Où que j’aille, Limoges continue à me tenir la main.»En pension au Collège de Saint-Junien ou ballottédans la cité limougeaude entre le 60bis, rue Montmailleret le 9, rue Eugène-Varlin, l’histoire se répète pour Bernard Vargaftig, et c’est toujours le «même silence»: «il ne fallait pas dire où, chaque fois,nous habitions». Plus encore «il fallait ne pas donneraux miliciens ou aux agents l’occasion de monter,de sonner, de, comme on disait, vérifier les papiers».Tout au long du texte, en effet, les formules «Ne dis rien» ,mais aussi «Ma mère me dit de me taire » reviennentcomme des leitmotivs, et l’on comprend qu’à forced’être bâillonnée, une présence — celle d’un enfant,celle d’une conscience également — ne demandequ’à se faire entendre… Dans la tête du jeune garçon,« les mots criaient alors qu’ils étaient muets». Il faut alorss ’ a p p roprier le temps qui passe et «compter le silence» .La voix de l’intérieur («Je jouais à parler aux oiseaux » ) ,le rythme — pour faire court : la poésie tout entière— viennent de faire leur irruption dans la vie du jeune homme, et ne le quitteront plus.C’est dire combien ce livre représente plus qu’une cart epostale du Limoges d’autrefois, dans lequel « il y avaite n c o re des charrettes et des chevaux, le bru i s s e m e n tdes feuillages dans le grand parc qui mène à la gare» .Écrits sur le souvenir plutôt que récits de souvenirs,ici, la transcription des faits ne s’accomplit jamais sansun certain recul. Après avoir suivi une entrée en littérature ,c’est à une très personnelle quête de l’expressionqu’il est permis d’assister. On peut se demander,finalement, si Bernard Vargaftig écrit ces pages dans le but de dire autre chose que: «te nommer me nomme ». L’éveil à la conscience et à la sensualitéatteint des sommets dans le texte Le Rieu qui évoqueles voisinages d’Aixe-sur- Vienne, mais ne parvient pasà faire oublier qu’une façon de voir le monde, fût-ce à travers le regard de l’artiste, se paie bien souventle prix fort. « Tu m’as ramené à Limoges, reconnaîtB e rn a rd Va rgaftig et, je n’ai pas osé toucher la port e . »

Pierre Bacle

L’Art de marcher11,de Rebecca Solnit

M a rcher est une activité qui n’a pas fondamentalementévolué depuis l’aube des temps lorsque l’humain a «choisi »la verticalité. Émancipée de la nécessité,la marche a pourtant son histoire, sa littérature, ses idéologues et ses ennemis. Cet essai nous en propose une étude.Si lire, c’est voyager sur un territoire en acceptantl’auteur pour guide, nous suivons allègrementRebecca Solnit à travers ses balades dans les texteset les paysages. Son érudition est présente mais jamais lourde, son écriture a, semble-t-il, pris dans l’expérience de la marche une leçon de légèreté. Ce livre nous fait sentir que la pensée,comme la marche, est une manière de fabriquer etd’habiter le monde; pour Rousseau et d’autres, elle devint même son monde idéal.Qu’il soit des villesou des champs,s o l i t a i re ou en gro u p e ,porté par des butsrévolutionnaires,artistiques, spirituelsou par plaisir de l’errance, le marcheurredessine l’espacepublic.Rebecca Solnit nous avertit aussique cette activitéuniverselle risque de devenir acte de résistance :certaines villes n’ont plus de trottoirs et le tapis de jogging «permet »au corps de s’abstraire du monde.

Marie-Laure Guéraçague

10 Un même silence,de Bernard Vargaftig, André Dimanche éditeur, 2000, 18,14 ¤.

11 L’Art de marcher,de Rebecca Solnit (traduit de l’américain par Oristelle Bonis), Éditions Actes-Sud, 2002, 24,90 ¤.

L’Alphabet lunatique12,de Sandro Pécout

Ce n’est pas, aux dern i è res nouvelles, un péché mort e l ,mais le fait est que Sandro Pécout est un cumulard :comédien, il a participé aux créations de plusieurscompagnies théâtrales de la région.Metteur en scène, il l’est de lui-même surtout, et sur scène plus que dans la vie, où alors seulesses envies (ou absences d’envies) semblent le guider.Musicien — en fait non, pas plus musicien que ça,mais il aime la danse contemporaine et Joe Dassin,il a donc l’oreille musicale et l’œil chorégraphique,c’est déjà beaucoup.Auteur… Nous y voilà: Sandro Pécout, à ses (nombre u s e s )heures, est auteur, ou devrait-on dire poète. Poète affiché dans son recueil Oignons et jours sere i n s1 3 ;poète implicite dans ses deux pièces de théâtre,Untel et Celui-là, suivi d’Au milieu de la mer14,et maintenant, donc, L’Alphabet lunatique15.Cet alphabet-là est composé de vingt-six saynètes(autant que de lettres, l’auteur est cohérent et jusqu’au-boutiste), prétextes à deux parties distinctes(de « A » à « N »: «Gasconnades autonomes » ;de « O» à « Z » : «Les arbres pour mentor» — l’auteur n’aime pas les divisions). Et on rit. D’abord on rit. Des noms de personnages, des sujets de chaque scène, des situationsrocambolesques à chaque page, des mots, tellement de mots, et les jeux qui vont avec, toute l’inventivité littéraire de Sandro Pécout qui ne lasse pas de surprendre et de faire rire.Puisqu’on rit, donc, d’abord on rit. Et puis, peu à peu, on se penche. Sur les personnages, les sujets, les situations, les mots, tellement de mots, et pourquoi d’abordtous ces mots? Parce que, à se pencher,on s’aperçoit que bien des personnages croisés icisont en recherche, d’amour, de repères ou réponses,d’identité ou de reconnaissance, d’argent, d’être rassurés. Car toujours quelque chose manque,ou quelqu’un, alors on parle beaucoup pour remplirles vides, mais on parle sans s’écouter ou se comprendre. Pourtant ce n’est pas fauted’essayer, on invente même des mots, un langage,pour peut-être mieux communiquer, mais sans jamaisy parvenir. Et l’on parle pour ne rien direet/ ou pour dire le rien, son propre rien, sa vanité,dans l’incommunicabilité totale et la solitude à l’extrême,sujets de saynètes où ici «un tantinet seule, une dame se rencontre », où là «un jeune hommerencontre quelqu’un d’invisible qui s’intéresse à lui»,où ailleurs on assiste, comble d’enfermement et de soumission au monde, à un «Monologue muet » …Où partout, en fin de compte, le manque habitel’existence.On se penche et on aperçoit, malgré nous, l’humanité,

tout en riant, malgré nous encore — au désespoir?D’où cette impression, coupable mais nécessaire, de rire ici du mal des autres, et de soi, et de vivre.D’où cette impression, comme ça, que Sandro Pécoutcroit comme Bergson que «La seule cure contrela vanité, c’est le rire, et [que] la seule faute qui soit risible, c’est la vanité. »D’où cette impression, certaine, de s’inviter

à un universapparemmentoriginal et pourtantterriblementquotidien —l’univers de Sandro Pécout,alphabet lunatiqued’un auteur lunaire,abécédaire autisted’un auteurgénéreux, théâtre absurded’un auteur véritable,poésie drolatiqued’un auteurdramatique.

D’où cette impression, finale, d’une somme d’émotionsenvahissante et troublante, parce qu’inconnuejusqu’alors, improbable, presque antinomique, de l’ord re du malaise rigolo ou de la légèreté pesante.Comme dirait l’autre, pardon, Celui-là :« J’ai cru entendre mon cœur battre. Un sentiment. »Indéfinissable peut-être, mais en tout cas nouveau.Donc essentiel.

Franck Villemaud

12 L’Alphabet lunatique,de Sandro Pécout, Éditions Le bruit des autres, 2003, 13,00 ¤.13 Oignons et jours sereins,de Sandro Pécout, Éditions Le bruit des autres, 1998, 4,57¤.14 Untel et Celui-là, suivi d’Au milieu de la mer ,de Sandro Pécout, Éditions Le bruit des autres, 1997, 9,91¤.15Signalons à cette occasion le spectacle La Sente aux sentiments, de Sandro Pécout, «pleine à 81% de L’Alphabet lunatique », présenté par le Théâtre de L’attraction à vent, du 1e au 6 avril 2003, à l’Espace Noriac (Limoges).

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M A C H I N & M A C H I N E

A L C O L-C e n t re régional du livre en Limousin reçoit le soutien de l’État — ministère de la Cultureet de la Communication —, D i rection régionale des aff a i res culturelles du Limousin, et du Conseil régional du Limousin.

Direction régionale des affaires culturelles

Limousin

Si, au cours d’une balade dominicaleen forêt, vous venez à croiser au piedd’un châtaignier un homme, pas très grandde sa personne, le cheveu frisé et grisonnant, occupé à contemplerledit châtaignier en dessinant des signesabscons sur un bout de papier,ne prenez pas la fuite. Prenez plutôt un peu de temps pour contemplerl’homme qui contemple le châtaignier ;éventuellement, si le cœur vous en dit,engagez la conversation: il vous diras’appeler Rémy Pénard, vous dira aussi,à votre surprise si vous n’êtes pas plusversé que ça dans l’art contemporain,que ses dessins sont en fait des poèmes, des poèmes visuels, des woodpoems — autrement dit, si vous n’êtes pas plus versé que ça en langue anglaise, littéralement des «poèmes du bois». Car Rémy Pénardaime le bois — l’arbre —, le travailler,en sculpture ou pour fabriquer

des tampons. Il aime travailler à son sujetet sur ce qui s’y rapporte :feuilles, oiseaux (le green woodpecker— pic vert — en particulier), métiers et objets, la fourche principalement,matérialisée chez lui par sa formeprimale, le « Y », signe récurrent des woodpoems. Car Rémy Pénard aimeaussi la poésie, sous toutes ses form e s ,la travailler, seul ou avec des complices :Pierre Courtaud ou Gérard Laplace,mais aussi John Furnival et son graphismevisuel, Pierre Garnier avec sa poésiespatialiste, ainsi qu’Henri Chopin et la poésie sonore. Peut-être ainsi, il y a quelques dizainesd’années, aviez-vous déjà croisé

un homme, pas plus grand mais le cheveubrun cette fois, distribuant des tractsde promotion de la poésie lors d’une sort i ed’usine. Encore, vous aviez pu trouvercela légèrement incongru — pas tant que ça pourtant: ouvrier chez RVI, Rémy Pénard menait à l’époquede front ses travaux «alimentaire »et artistique, organisant sa vie selon le principe de «huit heures de travail, huit heures de loisirs,huit heures de sommeil».Occupant aujourd’hui un atelier d’artiste dans une petite rue du nord de Limoges 1,il vous y reçoit en commençant par disserter une demi-heure durantsur quelqu’un d’autre que lui, Serge Oldenbourg, initiateur avec Benet quelques autres du groupe (non-)artistique Fluxus, ayant sévi à partir de 1962 principalement au Japon, aux États-Unis et en Europe.Des amis à lui… Mais lui, qui est-il?Après tout, on est là pour ça, qu’il en dise plus, sa vie, son œuvre,tout ça… Ce sera plutôt son œuvre, car il est finalement peu disertsur sa pro p re existence. Son œuvre alors,écrite un temps comme poète et créateurde la revue Le Sécateur; ailleurs plastiquepour quelques toiles parsemant la part i e« à vivre » de sa maison; maintenantpresque exclusivement… postale. Rémy Pénard est en effet un pilierincontournable du mail-art, l’art postal,«a rt planétaire et souterr a i n» initié en 1963par Ray Johnson et George Brecht.Q u i d? Petit essai de définition historique :« dans les années vingt, dadaïstes et futuristes échangent des envoispoétiques, des collages, des lettresdont l'adresse estrédigée sous forme de rébus. Héritiers de ces courantsartistiques et en butteà l'art officiel des galeries, des créateurs,dans les années soixante, utilisentl'institution postale comme moyen de diffusion de leurs œuvres. Ainsi, des enveloppes décorées de tampons,des vignettes personnalisées ainsi quedes objets insolites voyagent par la poste.»2

Les mail-artistes sont estimésactuellement à quelque mille membresà travers le monde, dont Rémy Pénard.Il ne faudrait toutefois pas en conclureque la participation à un réseau d’une telleampleur irrigue en quoi que ce soit

l’originalité du travail de chaque artiste: seulsle mode de communication

et les supports (carte,timbre, enveloppe…)

sont imposés. Pour le reste,

en réponse à une thématique

proposée par un corre s p o n d a n t ,

chacun puise dans l’existant de son travail artistique

ou crée une œuvre originale à partir de ses propres sources d’inspiration et selon ses propres techniques — ici, le bois et le signe, par le biaisprincipalement du tampon et du pochoir.«Je conçois le mail-art comme une form ede poésie, dit Rémy Pénard, on me passeun thème, on me lance un sujet, et j’écris.»L’homme, pour peu qu’on en ait douté,est donc bien un artiste de l’écrit,c h e rcheur du signe et du sens, sculpteurde la matière et du mot ; bref, un poète.Sans doute, dans son atelier croulantsous les archives de ses corre s p o n d a n c e sartistiques et les cartons d’endivescontenant les tampons de sa conception,il pourra d’abord vous paraître bien seulet désabusé par le monde de l’art —l’image habituelle de l’artiste maudit,en quelque sorte. Mais si, par exemple,au cours d’une balade dominicale en forêt, vous prenez un peu de tempspour contempler l’homme qui contemple

le châtaignier,si éventuellement vous engagez la conversation avec lui,vous comprendrez vite

qu’il est tout le contraire : car Rémy Pénardest par-dessus tout un homme fidèle à ses pairs et à l’histoire de l’art, un membre éminent et fondateur de La République des artistes, un créateur dont l’œuvre est reconnueinternationalement, un «ouvrier »insatiable de l’art en perpétuelsrenouvellement et recherche — l’image trop rare mais authentique d’un artiste vivant, généreux et import a n t .

1 Rémy Pénard, 7, rue du Colonel-Imfeld,87100 Limoges, tél. 05 55 37 83 83.2 Source: Musée de La Poste (Paris).

« L’homme qui contemple le châtaignier».Photo: © Vincent Schrive.

Rémy Pénard : «Allant vers l’endroit, où les feuilles provoquent des insomnies et quelques étreintes passagères…»

«L’enfant tendait la main aux branches et les branches lui prenaient la main.»

( P i e rre Garn i e r )