16
Made in Switzer- land

Made in Switzreland

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Magazine d'artistes suisses Trois artistes présenés à travers leur travaux…

Citation preview

Page 1: Made in Switzreland

Made in Switzer-land

Page 2: Made in Switzreland
Page 3: Made in Switzreland

4 - 7 Atelier Oï 8 - 11 Esther Brinkmann 12 - 15 Lars Müller

Page 4: Made in Switzreland

Atelier Oï

Page 5: Made in Switzreland

4 5

Leur nom en soi tout un programme. l’Atelier Oï, dont le nom est constitué des deux voyelles de la syllabe initiale du mot troïka, un traîneau attelé à trois chevaux, est dirigé par un trio formé des architectes Aurel Aebi et Patrick Reymond, et du constructeur naval Armand Louis. Ils marient architecture et design à la perfection. La diversité de leurs projets en témoigne : ils conçoivent aussi bien des chaises et des canapés, que des tables et des lits. Ils construisent également des cabanes de pêcheur, des maisons familiales, des musées, et même des tentures pare-soleil. Un café Internet réalisé à Tokyo pour le Groupe Swatch, des boutiques à Cannes et à Porto Cervo en Sardaigne ainsi que l’ambitieuse fabrique de bijoux «Dress your Body» près de Neuchâtel portent tous leur sgnature. En collaboration avec le groupe d’architectes « Multipack », ils ont également créé l’Arteplage de Neuchâtel avec ces trois « plate-formes en galets » dans le cadre de l’Exposition natioale Expo.02.

C‘est en 1997, grâce aux études réalisées pour Ikea, qu’ils percent au niveau international. La genèse de cette collaboration reflète l’attitude de l’Atelier Oï qui se démarque de ses concurrents en empruntant des voies inhabituelles : les premiers liens avec l’empire suédois ont été noués lors d’un atelier de Vitra à Boisbuchet. « C’est une carte de Noël illustrée, montrant l’un de nos projets, qui a donné le coup d’envoi à notre collaboration », raconte Aurel Aebi. Cette collaboration a par exemple donné naissance à la lampe « Mesosfär » ainsi qu’à « Torslanda », un meuble rural rabattable, servant de porte-manteau et de porte-journeaux, réalisé à partir de bandes déformables en PET.

L’Atelier Oï existe depuis 14 ans. Les trois associés âgés d’une quarantaine d’années ont établi leur siège sur les hauteurs de la Neuveville, au bord du lac de Bienne, dans un atelier qu’ils ont construit eux-mêmes et baptisé «l’usine»: une fabrique d’idées et de produits. L’emplacement de cette petite ville bilingue entre le lac et le Jura reflète l’ouverture d’esprit de l’équipe, dont le nombre de collaborateurs varie entre onze et quinze. Ceux-ci ne souhaitent pas être considérés comme des Suisses romands ou des Suisses alémaniques, et refusent que leur travail soit confiné à l’architecture ou au design. La recherche du non-disciplinaire n’a cependant rien à voir avec le processus moderne de l’échantillonnage qui associe des éléments transposables empruntés ici et là. Concilier les différentes professions, de même que des univers et influences variés s’avère un exercice de corde raide qui exige une approche méthodique. Les trois

partenaires, Reymond, Aebi et Louis, s’attaquent architecturalement aux problèmes de design et conçoivent leurs bâtiments comme s’il s’agissait de grands meubles. Les études du trio bénéficient toutes de l’emploi expérimental et ludique de matériaux soigneusement classés et répertoriés : « Nous nous engageons dans une démarche d’analyse organique des matériaux ». déclare Aurel Aebi. « Par le biais de diverses expériences, nous tentons de trouver, pour chaque matériau, quel usage est le moins habituel. » Le meuble de rangement mural pour Ikea n’a, par exemple, été créé que lorsque ses auteurs ont constaté à quel point le PET était malléable. Pour ce qui est des plates-formes en galets de l’Arteplage de Neuchâtel, ils se sont inspirés de la photo d’une goutte d’eau qui, en tombant sur une couche d’huile, a formé une ellipse en éclatant. Bien que ce projet n’ait pas pu être réalisé comme prévu en raison des coûts, l’idée a quand même été conservée dans les membranes en plastique tendues et bombées.

« Jusqu’ici, l’Atelier Oï a réalisé près de 200 projets », déclare Armand Louis, « du nain au géant, de l’emballage à la fabrique de bijoux ». Pour acquérir une vue d’ensemble de leurs œuvres si diverses, elles on toutes été répertoriées dans un catalogue de 450 pages à usage interne. « Car c‘est la somme de tous nos projets - grands ou petits - qui fait de l’Atelelier Oï ce qu’il est », souligne Louis.

Texte : anna Schindler. Photos : Carmela Odoni

3.

Page 6: Made in Switzreland

1. Serviteur mural Torslanda, Ikea, Älmhult, 1997 I 2. Serviteur mural Torslanda, Ikea, Älmhult, S, 1997 I 3. Lampe à papier Round about the book, prototype, 2005 4. Patrick Reymond, Armand Louis, Aurel Aebi I 5. Lampe à papier Round about the book, prototype, 2005 (image de présenation) I 6. et 7. Vitrines et architecture d’intérieur, Musée archéologique Laténium, Neuchâtel, 2000-2001 I 8. Pavillon Wogg 31, 2004 I 9. Banc public Tensio, atelier Oï, 2003 I 10. Arteplage de Neuchâtel, roseaux, galets et sanabamboosarium, Expo.02 I 11. Signalétique, musée archéologique Laténiumw

1. 2. 11.

«C’est la somme de tous nos projet qui fait de l’Atelier Oï ce qu’il est.»

Page 7: Made in Switzreland

6 7

4.

6. 10.9.

7. 8.

Atelier Oï, La Neuveville, BEAurel Aebi *1966, Patrick Reymond *1963, Armand Louis *1966www.atelier-oi.ch

Formation : Aurel Aebi, Patrick Reymond : Architectes, Ecole d’architecture Athénaeum, Lausanne ; Armand Louis : constructeur navalClients : Ikea ; Hidden ; Belux ; Röthlisberger ; Wogg ; Swatch Group ; Expo.02.Distinctions : Atu Prix, Kanton Bern, 1998 ; Europäischer Musuemspreis, 2001 ; If Design Award, Product Design, 2003 ; Design Plus, Frankfurt, 2004.

Page 8: Made in Switzreland

Esther Brinkmann

Page 9: Made in Switzreland

8 9

Le but d’Esther Brinkmann est d’orner le corps humain féminin d’un bijou qui se remarque tant par sa forme ou son poids que par ses matériaux qui peuvent même déposer leur empreinte sur la peau. « Un bijou destiné uniquement à être vu et porté ne m’intéresse pas. Un parure doit se faire sentir », dit-elle. a l’image de la bague - le bijou préféré d’Esther Brinkmann - elle doit pouvoir être portée facilement par une femme dans ses tâches quotidiennes, mais elle peut aussi déranger ses habitudes, signaler sa présence comme si elle murmurait : je suis là, à ton doigt. « Sinon, inutile d’acheter mes bijoux ! J’existe par le biais de mes créations qu’une personne choisit, achète et conserve toute sa vie. »

La création d’un bijou doit tenir compte de trois facteurs. Il y a d’abord les attentes du client qui souhaite que la parure corresponde à l’image qu’il désire donner de lui-même tout en étant proche de son imaginaire. Deuxièmement, il y a les attentes des gens qui aiment pouvoir admirer et faire des commentaires sur la personne qui porte un bijou. Il y a enfin les ambitions créatrices du designer. « Je ne suis pas une prestataire qui exécute une commande à la demande d’une cliente et qui prend ses mesures pour réaliser une broche ou une bague à sa convenance. Je sonde rarement une âme pour créer une bague qui soit le reflet de son être profond.

La lecture du monde qui m’entoure m’incite à apporter une contribution en réalisant des petits objets. »Depuis 30 ans, Esther Brinkmann associe ses créations aux femmes qui les portent et au monde qui les entoure. Son apprentissage d’orfèvre à l’Ecole d’arts appliqués à Genève lui a donné des bases solides. Un cadre où elle a appris à donner des réponses appropriées aux questions les plus répandues, en puisant dans un répertoire complet de processus, de matériaux et de rituels. Un véritable travail d’artisan que peu de designers maîtrisent encore aujourd’hui. Très tôt dans sa carrière, la jeune orfèvre a rejoint des collègues qui refusaient de réduire le bijou à un objet de parure pour personnes fortunées, mais qui souhaitent explorer d’autres voies. Elle devient donc designer de bijoux, tout en continuant à cultiver l’art de la fonte, du martelage, du repoussage, du tournage et du forgeage, autant de gestes qui exigent un maniement précis des outils. Toutefois, elle désire rompre avec la tradition, et commence une évolution. Au milieu des années 1970, de profonds changements voient le jour à Genève comme à Zurich, Amsterdam ou Munich dans le domaine du bijou. L’utilisation de l’or et des pierres précieuses devient plus expérimentale, permettant aux parures et ornements de trouver des acheteurs dans les galeries plutôt que dans les bijouteries.

Il a toujours été difficile de vivre des bijoux réalisés dans un esprit d’auteur. Les séries sont petites et se composent souvent d’exemplaires uniques. Contrairement à l’assortiment d’une bijouterie, même les créations de designers les plus coûteuses dépassent rarement la barre des 3000 francs. La moitié du montant revient à la galerie qui se charge de la présentation, de la publicité et de la vente.Après avoir été nommée enseignante du cours d’orfèvre, Esther Brinkmann trouve sa véritable vocation en créant le cours de design en bijouterie et devient professeure à la Haute école d’arts appliqués de Genève. Cela ne s’était encore jamais vu en Suisse : une designer et un petit groupe d’enseignants et d’étudiants faisant des recherches sur les bijoux, et cherchant à donner une forme à leurs réflexions, tout en lui trouvant un emballage adéquat. Un cycle qui s’achève en 2004, quant Esther Brinkmann, mariée à Werner Nievergelt, le nouveau Consul général suisse à Guangzhou (Province de Canton), émigre en Chine. Libérée de ses tâches d’enseignement, elle souhaite désormais s’asseoir devant son établi pour réaliser des bijoux d’auteur, brosse d’établi et boîte à bouterolles sous la main, et le logiciel DAO à portée de souris.

Texte : Köbi Gantenbein. Photos : Sabine Rock

Page 10: Made in Switzreland

« La lecture du monde qui m’entoure m’incite à apporter une contribution en réalisant des petits objets »

Esther Brinkmann *1953, Baden, AG_Ateleir, Guangzhou, China

Formation : Orfèvre, Ecole des arts décoratifs, GenèveDistinctions : Bourse Lissignol, Genève, 1981/82, prix de l’artisanat de l’association des communes genevoises, 1998, prix Brunschwig pour les arts appliqués, 2000Collections : Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie, Genève. Mudac, Lausanne. Bundesamt für Kultur, Bern. Bernische Stiftung für Angewandte Kunst und Gestaltung. Fonds national d’art contemporain, Musée des arts décoratifs, Genève

Page 11: Made in Switzreland

10 11

1. Bague Cloche, 1996 I 2. Pendentif Dedans, 2000 3. Bague Boule, 2002 I 4. Bague Petites Blessures, 1998 I 5. Pendentif Dedans, 2000 I 6. Pendentif Dedans, 2000 I 7. Bague Gobelet, 1985 I 8. Bague, 2005 I 9. Bague Double, 1996 I 10. Portrait Esther Brinkmann I 11. Bijoux avec leurs écrins, 1985-2005 (image de présentation)

Page 12: Made in Switzreland

Lars Müller

Page 13: Made in Switzreland

12 13

A 27 ans, Lars Müller franchit un pas décisif en décidant de fonder sa propre maison d’édition.Au début des années 80, il travaille en tant que graphiste pour le Parti socialiste, divers syndicats et quelques musées. « Les contrats, bien que passionnants, ne me comblaient pas », résume Lars Müller. « j’étais en quête d’autonomie et je me suis alors tourné vers le support imprimé le plus beau, le plus durable : le livre. » C’est en 1983 que paraît le premier livre conçu et édité sous la responsabilité de Lars Müller : Die gute Form (la bonne forme). D’autres ouvrages importants consacrés au design en Suisse suivront. Lars Müller doit s’armer de patience pour monter sa maison d’édition. Pendant quinze ans, ce sont les revenus de son atelier graphique qui en assurent l’existence. En période florissante, il emploie 14 personnes dans un atelier de 450 m2 à Baden, « avec des clients sentationnels comme Swatch et Radio DRS 2 ».Son cœur bat cependant pour l’édition, pour tous les livres qu’il souhaite publier. Peu à peu, sa petite maison d’édition attire l’attention grâce à des publications marquantes dans les domaines de la photographie, de l’architecture, du design et de l’art. C’est ainsi que naissent, en collaboration avec les photographes Balthasar Burkhard, Annelies Strba et Thomas Flechtner, des ouvrages déterminants dans le développement de leurs carrières respectives. Les publications que Lars Müller met au point avec Peter Zumthor, Zaha Hadid et Herzog & de Meuron lui valent une renommée internantionale. D’autres architectes célèbres souhaitent publier un livre avec Lars Müller, comme Peter Eisenman, le créateur du Mémorial de l’Holocauste à Berlin.

Malgré des thèmes divers et les influences conceptuelles variées auxquels ils sont soumis, tous les ouvrages portent la griffe de Lars Müller. « Je fais confaince à la composition, à la dramaturgie et au livre en tant qu’objet », explique Lars Müller. « Créer un livre tourne à l’obsession lorsque le contenu, matériau et transposition s’harmonisent. » Concevant chacun de ses livres avec une approche radicalement nouvelle, il crée à chaque fois un objet bibliophile autonome ne demandant qu’à être touché. Pour l’intérieur, il fait entièrement confiance au contenu. La conception est sévère et logique, une spectaculaire réduction à l’essentiel. Depuis son premier livre, il utilise la police de caratères Helvetica.« Elle est rude, mais géniale », s’enthousiasme Lars Müller. « Je pourrais bien sûr me laisser tenter par une petite aventure avec une police moderne, mais dois-je sacrifier un livre à une aventure ? » Et c’est pourquoi il demeure fidèle à ces caractères dont il connaît tous les secrets, rendant hommage à Max Miedinger, son créateur, par un livre : Helvetica – Homage To A Typeface.

Pendant 20 ans, Lars Müller a marié de façon quasi symbiotique les rôles de concepteur de livre et d’éditeur : « Assurer la survie de la maison d’édition me pesait. » En 2005, il en tire des conclusisons : Lars Müller Publishers devient en majorité la propriété des Editions Birkhäuser.Aujourd’hui, assisté de ses cinq collaborateurs, Lars Müller se consacre avant tout à son sujet préféré, les livres, dont il publie 15 à 20 titres par an. A côté d’ouvrages sur l’art et la création, « car un monde bien conçu est peut-être un monde meilleur », il désire se tourner de plus en plus vers des thèmes politiques et sociaux. Et il a déjà apporté une contribution très remarquée : The Face of Human Rights (L’image des droits de l’homme), un ouvrage encyclopédique fort de 720 pages, un document unique sur l’état des droits de l’homme au début de ce millénaire. le Visual Reader Who Owns the Water ? (A qui appartient l’eau ?) est en cours de réalisation, des publications sur la démocratie, le travail et la nanotechnologie sont prévues. Pour la seconde moitié de sa carrière, Lars Müller a su une fois encore réinventer sa maison d’édition.

Texte : Christian Eggenberger. Photos : Miriam Künzli

«Ich vertraue auf die Komposition,

die Dramaturgie und das Buch als

Objekt.»

Page 14: Made in Switzreland

1. Des ouvrages soigneusement conçus et qui ont remporté plusieurs prix I 2. Peter Eisenman, Holocaust Mahnmal Berlin, 2004 I 3. Peter Zumthor, Works. Buildings and Projects 1979-1997, Baden 1998 I 4. Tranche du livre, The Face of Human Rights, Baden, AG, 2004 I 5. Peter Zumthor, Works. Buildings and Projects 1979-1997, Baden 1998 I 6. Lars Müller, Helvetica, Homage to a Typeface, Baden 2004 I 7. Peter Eisenman, Holocaust Mahnmal Berlin, 2004 I 8. Walter Kälin, Lars Müller, Judith Wyttenbach, The Face of Human Rights, Baden, AG, 2004 I 9. Lars Müller (Ed.), Freitag Individual Recycled Freeway Bags, Baden 2001 I 10. Lars Müller I 11. Lars Müller, Helvetica, Homage to a Typeface, Baden 2004 I 12. Philip Ursprung, CCA, Montreal (Ed.), Herzog & de Meuron, Histoire naturelle, Baden 2002

Page 15: Made in Switzreland

14 15

Lars Müller *1955, Oslo, NorwegenLars Müller Publishers, Baden, AGwww.Lars-Muller-Publishers.com

Enseignement : Depuis 1985 dans diverses écoles supérieures, membre de jurys et orateur à l’échelle internationale

Page 16: Made in Switzreland