Mag Octobre2009

Embed Size (px)

Citation preview

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    1/27

    1

    IL Y A 70 ANS. OCTOBRE - NOVEMBRE 1939 LAFFAIRE DE FINLANDE, DES TENSIONS LA GUERRE

    JERSEY : LE AU RICHE PATRIMOINE HISTORIQUEMARCH NOIR : RUE DES RADIS A BRUXELLES

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    2/27

    2

    Page 3 : Ledito

    Page 4 : Il y a 70 ans Octobre -

    Novembre 1939

    Page 9 : Laffaire de Finlande, des

    tensions a la guerre

    Page 12 : Montoire, brouillard

    diplomatiquePage 16 : Jersey, une ile Anglo-

    Normande au riche patrimoine

    historique

    Page 19 : Marche noir a Bruxelles

    La celebre rue des Radis

    Page 23 : Le coin de lecture

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    3/27

    3

    Hardi les gars, vire au guindeau Cest une croquignoletterentre qui se profile, entre gros grain et navigation vue, on ale choix des armes. On va dbuter ce panorama par la grippeA, le fameux H1N1 qui fait trembler la plante, comme au bonvieux temps des grandes pidmies qui dfrichaient lescampagnes grandes charretes de pauvres hres. Si vousavez bien suivi laffaire, vous vous attendez au pire et avezdj creus un abri souterrain, fait le plein de boites deconserves et avez mis de cot la boite de Monopoly pour leslongues soires de couvre feu. Cest vrai quavec 200 victimessur une population totale de 6 milliards de bipdes, il y a dequoi perdre les pdales. Aprs le dluge, voici donc unenouvelle calamit qui sabat sur notre civilisation, qui force

    de conneries, de nouveau provoqu la colre de la divinetrinit. Bon public, on a cd la panique, on ne sert plus lamain personne, commencer par Faurisson et Dieudonn,on nembrasse plus la marie et on va bosser en prenant leschemins creux, un masque sur le tarin. Peu importe leffetprovoqu, ce qui compte cest avant tout dchapper lhcatombe, nest ce pas.

    En bons citoyens lambdas, on sexcute de bon gr, mme sion reste assez dubitatifs : comment fait on pour diffrencier lagrippe qui fait calancher de celle, plus agrable, qui vous colleau lit, la cafetire prte exploser force de surchauffe ? Carisque dtre coton, vu que les symptmes sont exactement lesmmes. On a bien rflchi la question et une rponsesimpose : la fausse grippe se soigne au paractamol, alorsque la vraie, sournoise et terriblement meurtrire, ncessite unvaccin mis sur le march par une batterie de labos, qui nepensant quau bien de lhumanit, ne retireront pas un Kopekde lopration. Enfin, juste de quoi amortir les faux frais ca vasans dire. Vous aussi, soyez bon public : coutez ce quonvous dit au risque de passer larme gauche, ne causez plusau voisin et faites vous vacciner. Sachant que 98 millions defioles miraculeuses ont t produites, commandes et pasencore payes, faudrait pas que la crise touche aussi le milieupharmaceutique en cas de mventes. Et si daventure, vous necomprenez rien cette ambiance dhystrie collective aupassage savamment orchestre, dites vous pour vous rassurerque tout le monde est dans le mme cas que vous. Dailleurs,au train o va lpidmie, cet dito sera peut tre le dernier qui

    vous fera pouffer de rire ou vous refilera la jaunisse. Dans ledernier cas, il sagira videmment dune hpatite et non duH1N1.

    Laissons de ct le flau de la grippe qui tire plus vite que sonombre pour aller faire un tour du ct du paysage civique : uncurieux duel Sgo-Titine sur fond de fraude, de bouquinlapidaire, de fausses promesses et de vraies salves de marinedun cot et une amusante partie de lancer de tartes lacrme avec Clearstream en arrire plan. Voil ce qui mritedtre signal et pas plus. On vous en a dj assez dit, le restepourrait entrainer une indigestion avec laquelle la grippe A nefait pas bon mnage. Pour plus de prcisions, reportez vousaux dernires commmos auxquelles les personnalits ci

    devant auraient pu prendre part. Vous constaterez, amussou contraris, que si la mmoire est un devoir, lamour propreet lhonntet sont des sentiments moins ancrs dans lespritde nos dcideurs, tous bords confondus. On ne vous fera pas

    danalyse intello-politique, on prfre refiler le bb ceux quisen gargarisent, dautant plus que a nous intresse autantque la collection de poupes miniatures de la tante Agathe.Tout ce quon peut en retirer est que ceux qui se pavanent, lacravate Ralph Lauren ou la jupe Yves Saint Laurent bienajuste, le regard point vers le buffet, au devant de la scnedes commmos, narrivent toujours pas apprendre les leonsde leurs discours. Cest dommage, cest couillon, mais cestcomme a : cest pour cette bonne raison quon leur demande

    juste de nous sortir une petite bafouille pro format devantlaquelle on baille de politesse avant de passer lessentiel.

    Cest tout de mme ballot de voir quoi sert la libert dsquon a oubli ce que la dictature lui a impos par le pass.

    Certains donnent des leons et dautres les retiennent, cest cequon appelle le maintien de lquilibre. Si la grippe A et lesbilleveses ne vous ont toujours pas terrasss, il reste encorela crise conomique, tellement radote quon ne sait plus trsbien o se planquer pour y chapper. Les vagues delicenciement au milieu des bnfices des grandes holdings, lespauvres ploucs quon jette comme des kleenex entre lesmontagnes de stock options et les primes des topmanagers : voil une autre forme dquilibre pour diffrencierceux du bas de ceux du haut. Si aprs toutes cesGauloiseries, vous ntes toujours pas dcourags, faitescomme nous : pensez autre chose et videz vous la cervelle,elle vous en sera reconnaissante.

    Des ides ? On a en plein la sacoche. Trouvez pas loin dechez vous un vtran, un tmoin de lhistoire, occupez vous unpeu de lui, coutez le et restituez son parcours pour ceux quiviendront aprs nous, nen perdez pas une miette. Imaginez-vous la peur, les tickets de rationnement, les ersatz, les rafles,le dcouragement, lespoir, vous aurez de quoi voir laveniravec un peu plus dnergie positive. Vous pouvez aussiadhrer une jeune association qui est en train de se faire saplace au soleil : on ne vous y offrira jamais une Porschedernire modle pour aller faire le fou Monte Carlo, on vousproposera juste de donner un peu, sans arrire pense, sansrien attendre derrire, un petit rien dinvestissement pour ceuxqui ont gagn leur place au soleil.

    Vous ny rencontrer pas de tnors, ni de crateurs de vaccinqui tombe pic, juste des petites gens aux yeux qui brillent desouvenirs. Parait quaprs un moment pass avec eux, on sesent mieux, on a limpression davoir fait quelque chosedessentiel, quelque chose qui sinscrit dans le futur. On sesent revivre, tout simplement ; parait mme que cest lemeilleur remde contre la grippe A : celui l, cerise sur legteau, est totalement gratuit et dure dans le temps. Si lecur vous en dit, rien ne vous empche de vous embarquer bord, juste pour savoir ce quon ressent avec les yeux quiptillent et lenvie de renverser les montagnes. A la prochaine,si le virus daigne nous pargner.

    LditoLditoLditoLditoPar Stphane Delogu

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    4/27

    4

    1er Octobre : En France, les dputs communistes crivent M. Herriot, prsident de la chambre des dputs, pourrclamer des ngociations de paix.Au Royaume-Uni, leshommes entre 20 et 22 ans sont maintenant mobilisables.Des avions britanniques larguent des tracts au dessus deBerlin pour la 1re fois.

    En Allemagne, lAktion T4 commence. Elle est destine l'euthanasie des allemands, enfants, adultes ou vieillards,souffrant de dgnrescences nerveuses, d'handicaps lourds,de tares gntiques, de maux incurables ou de maladiesmentales.

    Affiche du NSDAP vantant laktion T460.000 reichsmarks est ce que lhrdit de cette personne cote la

    communaut durant sa vie. Camarade, cest aussi ton argent. Lisez NeuesVolk , le mensuel du bureau pour la politique raciale du NSDAP

    2 Octobre : Un accord franco-tchque permet la leve d'unearme nationale tchque en exil.Les tribunaux spciaux britanniques commencent juger lestrangers ennemis, estims 50.000 personnes dans la zonede Londres.Le 1er ministre britannique, M. Chamberlain, carte lesdernires propositions de paix faites par l'Allemagne.

    Le gouvernement allemand avertit les Etats-Unis que tous lesnavires marchands dans les eaux internationales pourraienttre arraisonns par les forces navales allemandes larecherche de contrebande.

    3 Octobre : Arrt des largages de tracts allis sur l'Allemagnesuite des plaintes de la Belgique, la Hollande et le Danemarkconcernant des violations de leur espace arien.

    4 Octobre : Maurice Thorez, secrtaire gnral du PartiCommuniste Franais, dserte son unit et gagne Moscou (il yarrivera dbut novembre).

    LUnion sovitique signe avec la Lettonie un trait d'assistancemutuelle de 10 ans, analogue celui du 28 Septembre avecl'Estonie. Larme rouge occupe les bases militaires de Liepaja(Libau) et Ventspils (Windau) en Lettonie.

    6 Octobre : En Pologne, les derniers combattants polonais du

    gnral Kleeberg se rendent Koch. La campagne dePologne est officiellement acheve. 694.000 prisonnierspolonais ont t fait par les Allemands et 217.000 par lessovitiques. Les Polonais ont eu 66.000 morts et 133.000blesss. Les Allemands ont eu 10.572 morts, 30.322 blessset 3.409 disparus.Dans un discours au Reichstag, Adolf Hitler lance un appel la paix et propose aux puissances occidentales de reconnatrele nouveau Statu quo en Europe orientale.

    En Chine, la 1re campagne de Changsha se termine. LesChinois ont repouss les troupes japonaises, leuroccasionnant de lourdes pertes, prs de 40.000 hommes, etcapturant une grande quantit darmes.

    7 Octobre : Le transport sur le continent du corpsexpditionnaire britannique s'achve. Au total, environ 161.000hommes, 24.000 vhicules et blinds et 140.000 tonnes deravitaillement ont t dbarqus.

    8 octobre : LAllemagne et la Lettonie signent Riga unaccord pour le rapatriement l'intrieur du Reich desGermanophones de Lettonie, soit environ 50.000 personnes.

    Le gouvernement canadien annonce lenvoi dune division de20.000 hommes en Europe au cours de la prochaine anne.

    9 octobre : En France, 35 des 46 dputs communistesfranais sont arrts pour leurs actions contre la guerre.Les rservistes finlandais sont rappels sous les drapeaux

    Adolf Hitler ordonne une offensive travers le Luxembourg, laBelgique et la Hollande, ds que les units blindes serontprtes et que le temps sera favorable.

    Dans lAtlantique nord, le cuirass de poche Deutschlandcapture le cargo amricain City of Flint, provoquant la colrede l'opinion publique amricaine.

    10 octobre : LUnion Sovitique signe avec la Lituanie untrait d'assistance mutuelle de 15 ans, analogue ceux qu'ellea sign avec la Lettonie et l'Estonie. La ville et le territoire deVilnius, annexs par la Pologne en 1922, sont restitus la

    Lituanie.

    11 octobre : Le prsident amricain, M. Roosevelt, demandeaux scientifiques amricains de travailler l'tude sur lafaisabilit de l'arme atomique.

    Il y a 70 ans. Il y a 70 ans. Il y a 70 ans. Il y a 70 ans. OctobreOctobreOctobreOctobre ---- Novembre 1939Novembre 1939Novembre 1939Novembre 1939 Par Franois-Xavier Euzet

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    5/27

    5

    La Grande-Bretagne et lUnion Sovitique signent un accordcommercial sur l'change de bois contre du caoutchouc et desconserves.Le ministre de la guerre britannique augmente la productionhebdomadaire de gaz moutarde (interdit par la convention deGenve) de 310 1.200 tonnes.

    Coupure de presse du Figaro du 9 octobre 1939 commentant larrestation desdputs communistes

    12 octobre : Premire dportation des juifs de Vienne et dePrague Nisko, en Pologne, sous la supervision des SS.Fin du dploiement de la BEF (British Expeditionary Force) surla frontire Belge entre Maulde et Halluin.

    13 octobre : Dans un discours radiodiffus, CharlesLindbergh, leader des isolationnistes amricains (America

    first), s'interroge sur le droit des Canadiens entraner cethmisphre dans une guerre europenne en raison de leurprfrence pour la couronne d'Angleterre contrel'indpendance amricaine . Il lance un appel pour quel'influence nazie et communiste en Amrique soient pitines . Il dclare galement que les colonies franco-anglaises des Carabes devraient tre cdes aux Etats-Unisen paiement des dettes de guerre.

    14 octobre : 1h30, le sous-marin U47, command par lelieutenant de vaisseau Gnther Prien, pntre dans la basenavale de Scapa Flow, dans les Orcades, et coule le cuirassHMS Royal Oak. Celui-ci emporte 809 marins et 24 officiersavec lui, il n'y a que 375 survivants.

    Nombreuses protestations la suite du discours de Lindbergh,fait la veille la radio.

    L'quipe de renseignements polonaise rfugie en Francereprend ses oprations de dchiffrage sur les rpliques de lamachine allemande Enigma.

    15 octobre : LAllemagne et lEstonie signent un trait sur letransfert vers lAllemagne des Estoniens d'origine allemande.

    16 octobre : Adolf Hitler permet larme denvahir leLuxembourg si les allis envahissent la Belgique. Les attaquesmettant en danger la population civile sont interdites enBelgique, Luxembourg et Pays bas.

    5 navires de guerre arrivent d'Angleterre Halifax, au Canada,transportant 10 millions de livres sterling en or venant deGrande Bretagne et d'autres nations allis, pour tre mis l'abri durant la guerre

    Sur le front ouest, une contre-offensive allemande dans laSarre et en Moselle chasse les troupes franaises de leurspositions, les ramenant leurs positions de dbut Septembre.

    17 octobre : Le RSHA programme l'limination de tous lesPolonais ayant occup un poste responsabilit ou quipourraient prendre la tte d'une rsistance. 60.000 personnesseront ainsi limines

    19 octobre : L'ambassadeur amricain, Joseph Grew, dclareau peuple japonais que l'opinion publique amricaine estgrandement indigne par les agissements japonais en Chine.

    Un pacte d'assistance mutuelle de 15 ans est sign entre laFrance, la Grande-Bretagne et la Turquie. La Turquie s'engage entrer en guerre si la guerre touche la mditerrane, et reoitle Sandjak d'Alexandrette en change.

    20 octobre : Publication de la 1re encyclique du pape PieXII, Summi Pontificatus, qui condamne le racisme, lesdictateurs et ceux qui violent les traits

    Le premier ministre australien, M. Robert Menzies, annonce lamise en place du service militaire partir de janvier 1940.

    21 octobre : Les Allemands commencent dporter lesPolonais prsents dans la partie de la Pologne intgre auReich dans le gouvernement gnral de Pologne pour tablirune province pure et germanique

    LAllemagne et lItalie signent un trait sur le droit d'option pourles habitants du Haut Adige permettant de rapatrier lesAllemands d'origine du sud tyrol.

    22 octobre : La marine sovitique occupe les ports des paysbaltes. Le croiseur Kirov est Riga.Des lections sont tenues en Pologne occupe par lesSovitiques, maintenant appele Bilorussie de l'ouest etUkraine de l'ouest, pour en designer les membres del'assemble populaire.LUnion Sovitique confisque toutes les proprits, y comprisles comptes bancaires, et remplace la monnaie polonaise parle Rouble. Les Polonais sont renvoys de leur travail et mis enprison. Le NKVD dresse la liste pour les dportations venir.Les usines, hpitaux et coles sont dmanteles et envoyesen Union sovitique. L'ducation et la langue polonaise sont

    interdites. Les bibliothques sont fermes et les livres brls.Les glises sont dtruites et les prtres sont arrts. Le portd'une croix est interdit. Possder une machine crire estmaintenant un crime.

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    6/27

    6

    24 octobre : La rserve d'or polonaise arrive Paris aprsavoir travers la Roumanie et la Syrie. Elle est estime plusde 15 millions de livres sterling.

    A louest, les allis se mettent d'accord pour avancer enBelgique jusqu'au fleuve lEscaut en cas d'attaque allemande.

    Signature Moscou d'un accord commercial germano-sovitique. LUnion Sovitique est d'accord pour fournir unmillion de tonnes de grain et de fourrage l'Allemagne.

    26 octobre : Un dcret institue le travail forc pour les juifspolonais gs de 14 60 ans dans le gouvernement gnralde Pologne.

    En France parait un numro clandestin du journal L'Humanit.

    27 octobre : Adolf Hitler donne nouveau l'ordre sesgnraux de prparer l'offensive l'ouest.

    Dessin satyrique de David Low paru dans le Picture Post le 28 Octobre 1939 Nai-je pas offert la paix aux dmocraties ?

    (copyright Associated Newspapers Ltd. / Solo Syndication)

    28 octobre : Le gnral Sikorski devient le chef dugouvernement polonais en exil.Pour le 21e anniversaire de l'indpendance Tchcoslovaque,des manifestations et des meutes anti-nazies ont lieu Prague, dans le protectorat de Bohme Moravie. La rpressionAllemande est froce, 16 morts et 3.500 arrestations. JanOpletal, jeune tudiant de mdecine l'universit Charles estmortellement bless.

    31 octobre : Dans son discours au soviet suprme, M.Molotov sermonne la France et la Grande Bretagne pour leurposition en faveur de la poursuite de la guerre mais n'accordepas plus qu'un soutien moral au Reich. Il dclare aussi quelUnion sovitique doit adopter des mesures srieuses pourconsolider sa scurit. Il rvle aussi que la Finlande a refusun pacte d'assistance du mme type que ceux propos auxpays Baltes. M. Molotov termine son discours par une menace peine dguise, conseillant la Finlande de "ne pas selaisser influencer par aucune pression trangre".

    En Pologne occupe, tout polonais qui dsobiraaux autorits allemandes sera passible de lapeine de mort et sera jug par un tribunal SS. Uncamp dinternement pour tzigane est cr finOctobre au sud de Salzbourg, Leopoldskron

    Le prsident du conseil italien, M. Mussolini,remanie son gouvernement, remplaant lesmembres pro-nazis par des membres plusneutres. Ces changements ne refltent cependantpas un changement dans sa politique trangre.

    1er

    Novembre : L'Allemagne annexe formellement

    le corridor polonais, les rgions frontalirescdes la Pologne en 1919, l'est de la HauteSilsie, la rgion de Lodz et le district deCiechanow.La partie de la Pologne orientale formant l'Ukrainede l'ouest est formellement intgre dans larpublique sovitique d'Ukraine suite au plbisciteorganis le mois prcdent.

    2 novembre : La partie de la Pologne orientaleformant la Bilorussie de l'ouest est formellementintgre dans la rpublique sovitique deBilorussie suite au plbiscite organis le moisprcdent.

    3 novembre : En Grande-Bretagne, la suite desplaintes des employeurs et des syndicats, leblack-out est rduit d'une heure.

    Signature dun accord germano-sovitique surlmigration de la population allemande d'Ukrainevers la rgion de Warta.

    4 novembre: Le congrs amricain approuve lamodification du Neutrality Act. L'embargo sur lesarmes pour les puissances belligrantes est leven faveur de la loi Cash and carry qui permetaux belligrants qui accdent aux portsamricains d'acheter des armes sils payent

    immdiatement.

    6 novembre : 183 professeurs, assistants et chargs de coursde l'universit de Cracovie sont arrts et dports Sachsenhausen.

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    7/27

    7

    L'Internationale communiste diffuse un manifeste dans lequelle gouvernement allemand est class avec la Grande-Bretagne et la France, comme tant hosti le aux travailleurs.

    7 novembre : L'excution du plan allemand d'attaque l'ouestest remise en raison du mauvais temps.

    8 novembre : Hans Frank, gouverneur du Gouvernementgnral de Pologne, consolide ses plans pour transporter600.000 Juifs et 400.000 Polonais des territoires annexs auReich vers le Gouvernement gnral. Le dbut de l'oprationde dportation est prvu pour le 1er dcembre.

    A Munich une bombe explose au Brgerbrukeller 20 minutesaprs quAdolf Hitler ait quitt le btiment. 8 personnes sonttues et 63 sont blesses. Cet attentat permet Adolf Hitlerd'liminer les oppositions internes et d'emporter l'adhsion del'arme.

    Vue sur les dgts provoqus par la bombe au Brgerbrukeller.(Copyrights Deutsches Bundesarchiv)

    9 novembre : 2 agents secrets britanniques du MI6 sontenlevs aux Pays-bas, Venlo, par un commando SS, etconduits en Allemagne pour y tre interrogs. Un des officiersbritanniques portait une liste d'agents sur lui, permettant auxautorits allemandes darrter beaucoup d'agents britanniquesen ancienne Tchcoslovaquie et dans d'autres territoiresoccups. L'incident de Venlo est un srieux coup d'arrt pourles services secrets britanniques.

    10 novembre : Les Hollandais renforcent les troupesfrontires, annulent toutes les permissions et se prparent

    inonder la zone inondable .13 novembre : reprise des largages de tracs sur l'Allemagne.Ils continueront jusqu'au 9 avril 1940 lorsque l'Allemagneenvahira le Danemark et la Norvge.

    14 novembre : Le plan Dyle Breda est mis sur pied, suite des tractations secrtes avec les autorits belges. LeGouvernement belge refuse cependant de permettre desreconnaissances allies dans le pays de peur de provoquer lesAllemands.

    15 novembre : En France, la semaine de travail passe de 40 43 heures.

    A Prague, les funrailles de Jan Opletal mortellement blesslors des meutes du 28 Octobre, tournent lmeute anti-nazie. En reprsailles le Reichsprotektor ferme toutes lesuniversits et facults Tchques.En Chine, la bataille du Guangxi du sud commence, avec undbarquement japonais sur la cote sud de la chine. Lobjectif

    japonais est de prendre la ville de Nanning et de couper la villede Chungking de la cte pour empcher l'approvisionnementdes troupes chinoises par l'aide trangre.

    16 novembre : La mobilisationgnrale est dcrte enFinlande.A Prague, la loi martiale estproclame suite aux meutesdu 15.

    17 novembre : tablissement Paris d'un Comit nationaltchcoslovaque, sous l'autoritde l'ancien prsidenttchcoslovaque EduardBenes.

    A Prague, 9 tudiants sontfusills et environ 1.200 sontenvoys dans des camps deconcentration. Adolf Hitlerpromet de raser Prague si denouvelles meutes ont lieu. Entout la rpression auraitprovoqu 50.000 arrestations.

    Le conseil de guerre interallise met d'accord pour unecoordination de la productionde guerre des Britanniques etdes Franais.

    18 novembre : En France, un dcret autorise l'internementdes individus dangereux pour la dfense nationale ou lascurit publique .

    Les Allemands commencent utiliser de nouvelles minesmagntiques et en larguent par avion dans la Tamise.

    21 novembre : Signature dun trait entre la Slovaquie etlAllemagne, cdant 360km de territoire polonais laSlovaquie. Ce territoire avait t annex par la Pologne en1920, 1924 et 1938.

    M. Chamberlain annonce que les navires marchandsallemands et tous les biens destins l'Allemagne seront

    saisis en reprsailles l'utilisation des mines par l'Allemagne.

    22 novembre : Les Navicert, certificats de navigation pournavires neutres assurant quils ne transportent pas de

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    8/27

    8

    cargaisons pouvant tre prjudiciables aux allis, sont remisen place pour la 1re fois depuis 1915.Une mine magntique est retrouve dans la vase prs deShoeburyness en Angleterre. Son analyse permet de dcouvrirquune dmagntisation des navires empche leur dtonation.

    23 novembre : Tous les juifs du gouvernement gnral dePologne gs de plus de 10 ans ont lobligation, partir du 1 erdcembre, de porter un brassard portant une toile de Davidbleue, d'une taille d'au moins 10 centimtres, sur fond blanc.

    24 novembre : En Chine, Nanning est capture aprs uneforte rsistance chinoise. C'est un srieux revers pourl'offensive d'hiver chinoise.

    26 novembre : Incident de frontire entre la Finlande etlUnion sovitique. Cette dernire accuse la Finlande.

    27 novembre : En Allemagne, les Aryens ont 12 mois pourdivorcer de leur conjoint juifs.

    La Finlande rejette la protestation sovitique de la veille etpropose un retrait mutuel des troupes de la frontire.

    28 novembre : La cration dun Judenrat, organisme juifcharg de faire excuter les ordres allemands, est maintenantobligatoire dans chaque ghetto du gouvernement gnral dePologne.

    Ci-dessous : Tract allemand largu sur la ligne Maginot en Novembre 1939

    Le cabinet australien approuve l'envoi de la 6me division aumoyen orient, puis en France au printemps.Le gouvernement britannique dcide de traiter touteexportation allemande comme de la contrebande.

    LUnion Sovitique dnonce le trait de non-agressionsovietico-finlandais.

    29 novembre : Fritz Kuhn, leader du mouvement naziamricain Bund, est dclar coupable de vol et decontrefaon.Tous les rsidents dans les territoires polonais occups par lessovitiques ont pour obligation de prendre la nationalitsovitique.

    Le gouvernement espagnol ratifie un pacte d'amiti avecl'Allemagne incluant des clauses secrtes qui permettent l'Allemagne d'utiliser les ports espagnols et promettant lacoopration de la police et de la propagande.

    L'union sovitique rompt ses relations diplomatiques avec laFinlandeLa Finlande demande une conciliation ou un arbitrage suivantl'article 5 du trait de non-agression

    30 novembre : L'union sovitique envahit la Finlande. Toutemdiation est repousse.

    Fin de la bataille du Guangxi du sud, la routed'approvisionnement de l'aide trangre par la cte estdfinitivement coupe, et seules les routes dIndochine et deBirmanie restent disponibles.

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    9/27

    9

    4 Octobre : L'Union Sovitique invite la Finlande tenir desngociations sur les frontires entre les 2 pays.

    6 Octobre : La Finlande mobilise son arme dactive

    8 Octobre : Le gouvernement finlandais accepte la propositionde ngociation de l'Union Sovitique, et envoie une dlgation Moscou pour discuter des frontires, tout en raffirmant nouveau sa neutralit.

    9 Octobre : Certaines classes de rservistes finlandais sontrappeles sous les drapeaux.

    10 Octobre : Plusieurs districts frontaliers finlandais sont

    vacus.11 Octobre : Le prsident Roosevelt crit au prsidentSovitique, M. Kalinine, son espoir que l'union sovitique nefera pas de demande la Finlande qui mettrait en danger lesrelations pacifiques entre les 2 pays et l'indpendance dechacun

    Les grandes villes finlandaises mettent en place leursdfenses anti-ariennes

    12 Octobre : Les ngociations entre la Finlande et l'URSS surla question des frontires commencent. Les demandessovitiques portent sur la rectification des frontires prs deLeningrad, dans l'isthme de Carlie et dans la rgion dePetsamo. Les 1res propositions sovitiques comprennent undroit d'installation et de contrle militaire dans les les Aland,immdiatement rejetes par les Finlandais.

    13 Octobre : Le roi de sude, Gustave V, invite les souverainsdanois, Christian X, et norvgien, Haakon VII, ainsi que leprsident finlandais, M. Kallio, une confrence.

    Pendant ce temps les discussions Sovitico-finlandaises surles frontires se poursuivent

    Carte des propositions et contre-propositionssur la frontire de listhme de Carlie

    14 Octobre : Les 2 parties restant sur leurs positions, lesdiscussions Sovitico-finlandaises sont suspendues.

    15 Octobre : Le service militaire obligatoire est mis en placeen Finlande

    16 Octobre : M. Kalinine rpond au prsident Roosevelt enl'assurant que l'Union Sovitique ne veut pas toucher l'indpendance finlandaise

    18 Octobre : La confrence entre les pays nordiquescommence Stockholm. Adolf Hitler assure que l'Allemagnerestera neutre si la Finlande entre en guerre contre l'UnionSovitique, et conseille la Sude de faire de mme.

    19 Octobre : La confrence des pays nordiques se termine.Les 4 tats proclament leur dsir de paix, leur volont derester indpendants et leur solidarit. Un communiqu officielfait montre de la plus grande rserve et vite de nommer laFinlande directement, mais les formules utilises n'ont aucuneambigut.

    23 Octobre : Une dlgation finlandaise fait de nouvellescontre-propositions aux sovitiques, qui sont immdiatementrefuses

    24 Octobre : La dlgation finlandaise quitte Moscou pourconsulter son gouvernement sur les propositions sovitiques.

    31 Octobre : Le commissaire sovitique aux affairestrangres, M. Molotov dclare, dans un discours au SovietSuprme, que la Russie a non seulement le droit mais ledevoir d'adopter des mesures srieuses pour consolider sascurit .Les revendications sovitiques portent sur un recul dunedizaine de kilomtres de la frontire dans l'isthme de Karliepour l'loigner de Leningrad, sur le prt bail d'une partie duterritoire finlandais Hango l'entre du golfe de Finlandepour y installer une base navale sovitique, sur la cession deterres dans la pninsule de Rybachi prs de Petsamo, et surun change de terres avec une cession d'une partie de laCarlie finlandaise en change d'une partie de la Carliesovitique. En change de quoi, l'URSS consentirait lamilitarisation des les Aland, la condition que celle-ci fteffectue par la Finlande seule et que toutes ses autresdemandes fussent acceptes.Il rvle aussi que la Finlande a refus un pacte d'assistancedu mme type que ceux propos aux pays Baltes.

    Le gouvernement sovitique propose aussi le dsarmement dela rgion frontire de lIsthme de Carlie et le renforcement dupacte de non-agression sovito-finlandais, ainsi que laconsolidation des relations politiques entre les 2 pays.

    M. Molotov termine son discours par une menace peinedguise, conseillant la Finlande de ne se laisserinfluencer par aucune pression trangre , tout en s'tonnant

    que le prsident Roosevelt ft intervenu dans l'affaire, ce qui,d'aprs lui, est contraire la neutralit finlandaise.Le gouvernement finlandais, en recevant le contenu de cediscours, prouve une vive motion et songe mme rappeler

    A la loupeA la loupeA la loupeA la loupe :::: LLLLaffaire de Finlande, des tensions la guerreaffaire de Finlande, des tensions la guerreaffaire de Finlande, des tensions la guerreaffaire de Finlande, des tensions la guerre Par Franois-Xavier Euzet

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    10/27

    10

    sa dlgation qui venait de repartir pour Moscou. Il ne le ferafinalement pas.

    Dessin satyrique de David Low paru dans le Evening Standardle 26 Octobre 1939 Lac Russe

    Copyrights Associated Newspapers Ltd. / Solo Syndication

    1er Novembre : Le gouvernement finlandais publie uncommuniqu dans lequel il regrette que M. Molotov aitdivulgu des ngociations demeures jusque lconfidentielles, et ne cache pas quen agissant de la sorte il acr une situation nouvelle et trs difficile.

    2 Novembre : La dlgation finlandaise arrive Moscou etreprend les pourparlers avec les sovitiques.

    3 Novembre : La Finlande rejette nouveau les demandessovitiques et fait des contre-propositions.

    5 Novembre : La dlgation finlandaise quitte Moscou pourHelsinki dans l'attente de nouvelles instructions de songouvernement.

    8 Novembre : Les ngociateurs finlandais rejettent lespropositions sovitiques concernant les modifications defrontires. Ils sont en faveur de l'acceptation de certainesconcessions mais le gouvernement finlandais pense que celareviendrait donner un signe de faiblesse. Le marchalMannerheim est oppos cette conclusion.

    9 Novembre : La Finlande refuse nouveau de donner unebase militaire l'Union Sovitique.

    13 Novembre : Nouvelle rupture des ngociations entre lessovitiques et les Finlandais. Cette rupture n'est pas prsentecomme dfinitive par les sovitiques. Les Finlandais refusent

    toujours de louer la pninsule de Hango la sortie du golfe deFinlande, cette location tant contraire aux principes deneutralit.En Union Sovitique, Staline ordonne de prparer la guerrecontre la Finlande.

    En Finlande, la mobilisation est dcrte pour le 16 novembre.

    16 Novembre : La mobilisationgnrale dbute en Finlande.

    26 Novembre : Lunion sovitiquemet une protestation contre laFinlande la suite d'un "tird'artillerie inattendu venant duterritoire Finlandais" provoquant 4morts cot sovitique, prs duvillage de Mainilia. A 15h45, aujourdhui, un tirdartillerie a t ouvert brusquementdu territoire finlandais de Carliecontre les troupes sovitiquesstationnes 1 kilomtre au nord-ouest de Mainilia. Sept obus ont ttirs par les Finlandais. Troissoldats de larme rouge et un

    commandant ont t tus et septsoldats rouges, un commandant etun lieutenant ont t blesss.

    Une protestation sovitique estremise lambassadeur Finlandais Moscou par M. Molotov, tout enassurant que lURSS na paslintention de donner tropdimportance un incident rsultantsans doute dordres mal interprtspar un commandement subalterne.

    La note met en demeure le gouvernement finlandais de retirer

    immdiatement ses troupes de listhme de Carlie sur uneprofondeur de 20 25kms, pour viter le retour de pareils faits.

    27 Novembre : La Finlande rejette la protestation sovitiquede la veille, dclarant que les tirs d'artillerie ont eu lieu le 26novembre de 15h45 16h05 (heure sovitique) du cotsovitique de la frontire, dans les environs du village deMainila. Du cot finlandais, les endroits o les tirs sont tombs, cot du village de Mainila, pouvaient tre vus, tant situs moins de 800 mtres de la frontire et derrire un champouvert. Les points de dparts des 7 obus taient situs unedistance d'environ 1,5 2 km au sud est de l'endroit ou lescoups ont exploss.La Finlande propose cependant un retrait mutuel des troupesde la frontire, pour viter de nouvelles mprises de ce genre,et la tenue dune enqute commune par les commandantsfrontaliers des 2 pays.

    28 Novembre : LUnion sovitique dnonce le trait de nonagression sovietico-finlandais, accusant la Finlande detmoigner lURSS une profonde inimiti, et la radiosovitique fait tat de nouveaux incidents de frontire.

    29 Novembre : L'union sovitique rompt ses relationsdiplomatiques avec la Finlande Les attaques sur les troupes sovitiques par les troupesfinlandaises se poursuivent, non seulement dans l'isthme deKarelie, mais aussi dautres endroits de la frontire entrel'URSS et la Finlande. Le Gouvernement de L'URSS ne peut

    tolrer plus longtemps une telle situation.

    La Finlande demande une conciliation ou un arbitrage suivantl'article 5 du trait de non-agression

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    11/27

    11

    De faon fournir une preuve de son dsir sincre d'arriver un accord avec le gouvernement de l'URSS, et avec le butde dmontrer la fausset des allgations du gouvernementsovitique selon lequel la Finlande a adopt une attitudehostile envers l'URSS et son dsir de menacer la scurit deLeningrad, Mon gouvernement est prpar arriver unaccord avec le gouvernement sovitique concernant le retraitdes troupes de dfense dans l'isthme de Carlie, l'exceptiondes units de gardes frontires et des officiels des douanes, une distance telle de Leningrad qu'il ne sera plus possible dedire qu'elles menacent la scurit de cette ville.

    Le secrtaire d'tat amricain, M. Hull, propose les bonsoffices des USA l'URSS et la Finlande

    30 Novembre : L'union sovitique commence envahirmilitairement la Finlande, dclenchant la guerre dHiver. Toutemdiation est repousse.

    Signature du trait dalliance entre la Rpublique dmocratique de Finlande etlUnion Sovitique par M. Molotov. M. Kuusinen est la personne tout droite.

    1er

    Dcembre : Un gouvernement sovitique finlandais, legouvernement populaire de la Rpublique Dmocratique deFinlande, sous la direction d'Otto Kuusinen, membre duKominterm, s'installe Terijoki, la frontire sovito-finlandaise. Il en appelle tous les Finlandais pour qu'ilsrejettent l'oppresseur (le gouvernement d'Helsinki) et

    accueillent les librateurs (l'arme rouge).Suite cette cration, l'Union Sovitique signe un trait avec legouvernement Kuusinen, qui accorde l'union sovitique toutce quelle demandait dans les ngociations avec Helsinki.

    Le prsident Roosevelt appelle les 2 belligrants ne pas fairede bombardements sur les civils. Le mme jour laviationsovitique bombarde Helsinki, tuant prs de 80 personnes

    Le gouvernement lgitime finlandais est rorganis et ungouvernement de coalition est form avec le Dr. Ryti en tantque 1er ministre et M. Tanner comme ministre des affairestrangres.

    3 dcembre : La Finlande en appelle la socit des nationspour imposer sa mdiation entre elle et l'union sovitique.

    En Finlande, Helsinki est vacu par sa population, pourlimiter l'impact des bombardements

    4 dcembre : L'unionSovitique rejette lespropositions de la

    socit des nations pourrgler les problmesavec le Finlande,dclarant quelle nestpas en guerre avec laFinlande, et que aucontraire, elle ne fait queremplir ses obligationsenvers le gouvernement lgitime (legouvernementsovitique dOttoKuusinen).

    L'URSS n'est pas enguerre avec la Finlandeet ne menace pas lanation finlandaise d'uneguerre. En consquencela rfrence l'article11, paragraphe 1, esttout fait injustifie.L'union Sovitiquemaintient des relationspacifiques avec larpubliquedmocratique deFinlande, dont legouvernement a signavec l'URSS, le 2dcembre, un pacted'assistance et d'amiti.

    Ce pacte rgle toutes les questions que le gouvernementsovitique a sans succs discut avec la dlgation duprcdent gouvernement finlandais, maintenant priv de sonpouvoir. Par sa dclaration du 1er dcembre, le gouvernementde la rpublique dmocratique de Finlande demandel'assistance du gouvernement sovitique et de ses forcesarmes avec pour objectif la liquidation conjointe le plus ttpossible de l'tat de guerre cr en Finlande par le prcdentgouvernement.

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    12/27

    12

    En juin 1940, Hitler a cras la France et est proche dutriomphe total. Il ne lui reste plus qu signer la paix avec leRoyaume-Uni et il pourra se retourner tranquillement vers sonobjectif essentiel : LEst, le Lebensraum.

    La clbre poigne de main entre Philippe Ptain et Adolf Hitler

    Churchill clame quil continuera la guerre, mais sa position estfragile et Hitler le sait. Les pacifistes, les partisans del'appeasement1 comme Halifax, sont puissants et tentent decontrecarrer Churchill.

    Nombreux sont ceux qui pensent quen 1939 Hitler sestrsign une lutte mort contre la Grande-Bretagne,coupable davoir drang ses plans polonais par sadclaration de guerre du 3 septembre. Mais toute la campagne louest contredit ce point de vue. Durant la drle deguerre , tandis que les ennemis svitent, les recherches depaix vont bon train. Puis Hitler lance une offensivesoigneusement proportionne pour dtruire le fer de lance delarme franaise et dissuader les Britanniques. Elle marqueun temps darrt devant Dunkerque pour laisser auxadversaires la possibilit de se rsigner la paix, fait avrmais qui gnre toujours de vives polmiques de nos jours.

    Comme cela ne fonctionne pas, larrive inattendue deChurchill au poste de Premier Ministre mettant du plomb danslaile des appeasers2 , il serre donc un peu plus la vis etoccupe la France, en partie, tout en ne faisant que peu de mal lAngleterre, sinon conomiquement, en fermant lEurope son commerce.

    Toute la stratgie nazie entre juin 1940 et juin 1941, soit ledbut de Barbarossa, aura deux axes essentiels :

    - Tenter de dstabiliser Churchill en faisant craindre le pire auxBritanniques et les amener signer une paix de compromis .

    - Cacher au monde entier que, en fait, il se prpare agresserlURSS.

    LAfrique jouera un rle important dans ses manipulations. Enfaisant rsonner quelques bruits de bottes vers le sud,

    1 Lit. Apaisement2 Partisans de lapaisement

    Hitler fait craindre le pire la Grande-Bretagne pour sonEmpire africain.

    Au passage, cela peut aussi inciter les USA temporiser, carla perte de la route mditerranenne serait une catastrophepour leur commerce extrieur.

    Cest donc les grandes manuvres, mais, en fait de troupes,Hitler paye de sa personne.

    Suite son voyage Hendaye, o il rencontre Franco le 23octobre 1940, tout le monde sattend ce que le Reichsengage en Afrique, en commenant par Gibraltar que leCaudillo souhaite rcuprer.

    Il avait, la veille, rencontr Laval Montoire puis, le 24, yrencontre Ptain. Mme craintes : cette Collaborationannonce par la presse, que va-t-elle donner en Afrique ?Vichy va-t-il obtenir dHitler laide ncessaire la rcuprationde lAEF, passe peu avant la France Libre? Le rgime deVichy sort peine de Mers El Kebir et de Dakar, son bellicismeanti-anglais semble vident.

    Puis le 28 octobre Florence, cest le tour de Mussolini dontles ambitions africaines sont connues.

    Toutes ces rencontres sont longuement commentes dans lesmedias allemands. A Londres, cest linquitude. Il en est demme Washington, les manipulations hitlriennesreprsentant une intervention redoutable dans la campagneamricaine : Hitler tient l'Europe, Roosevelt soutient un loser , savoir Churchill, donc il espre que sesinterventions vont pousser les Amricains voter Willkie, plusisolationniste que Roosevelt.!

    A Moscou, Staline est trs intress : Plus Hitler senfonce surle front Ouest, moins il lorgnera de son cot.

    Mais tout ceci nest quune partie du rideau de fume que leFhrer tend devant le monde.

    Car contrairement ce que certains ont bien voulu tenter denous faire croire, lors de ces rencontres, ce sont Franco,Ptain et Mussolini qui proposent Hitler laventure africaine,et non linverse.

    Les avocats passs ou contemporains du Marchal onttoujours prtendus que Ptain avait courageusement refusles offres dentre en guerre que Hitler lui aurait faites etdvelopp une diplomatie secrte en faveur des anglo-saxons.

    C'est en fait exactement le contraire qui s'est pass :

    Cette entrevue fut soigneusement prpare par Vichy qui a faitpreuve juste avant de "bonne volont" en salignant sur despositions de nature, selon eux, sduire Hitler : Publication duStatut des Juifs, lancement d'une "Rvolution Nationale" quelon peut qualifier de no-fasciste, cration de la Lgion descombattants.

    Et, Montoire, c'est Ptain qui, comme Laval, 48 heures

    avant, propose au Fhrer une discrte entre en guerre de laFrance contre les Anglais via la reconqute militaire descolonies AEF rcemment passes la France Libre,reconqute qui ne manquera pas de faire s'affronter la Flotte etla Royal Navy.

    MMMMontoire, brouillard diplomontoire, brouillard diplomontoire, brouillard diplomontoire, brouillard diplomatiquatiquatiquatiqueeeePar Daniel Laurent

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    13/27

    13

    La preuve figure dans les archives allemandes saisies par lesAmricains en 1945 : Le compte rendu de l'entretien figure eneffet dans les archives secrtes de la Wilhelmstrasse, leMinistre des Affaires Etrangres du Reich. Un extrait :

    M. Laval l'avait inform sur la conversation qu'il avait euel'avant-veille avec le Fhrer. Il en avait conclu que le thmeprincipal de l'entretien avait t la question de la collaborationentre les deux pays. Il regrettait qu'une telle collaboration n'aitpas t dj mise en place dans les annes prcdant laprsente guerre. Mais il tait peut-tre encore possible derattraper le temps perdu. Les Anglais offraient pour cela lameilleure des occasions. Pour des allis de la France, ilss'taient, depuis l'armistice, particulirement mal conduitsenvers elle. La France n'oublierait pas les vnements d'Oranet l'agression de Dakar. Cette dernire action avait t mene, l'instigation de l'Angleterre, par un mauvais Franais, ungnral franais qui avait reni sa patrie. La France actuelle netolrait plus des choses de ce genre et cet officier avait taussitt condamn mort, la confiscation de ses biens et au

    bannissement perptuel. Voil comment la justice avait suivison cours contre lui.

    Les Anglais pourtant continuaient leurs agressions contre laFrance, particulirement contre son domaine colonial. ADakar, la France avait tenu bon. Il [Ptain] avait envoy dansles colonies d'Afrique un officier, avec la mission de ramenerles rengats sous l'autorit franaise. Dans ce domaine,puisque le Fhrer avait fait l'honneur la France de parler decollaboration, il y avait peut-tre un terrain sur lequel ellepouvait tre mise en pratique entre les deux pays. Sans vouloirentrer dans les dtails, il pouvait assurer, quant lui, que toutce qui dpendait de lui serait fait pour assurer l'emprise de laFrance sur ces territoires coloniaux. (Soulign par lauteur)

    Il convient de signaler aussi le compte rendu rdig sousforme de "Note" par un dlgu des Affaires trangres duReich, Hasso von Etzdorf, et destine aux commandants enchef de l'arme allemande. Von Etzdorf n'a paspersonnellement assist aux entretiens de Montoire. Il a tabli

    PETAINAllocution du 30 octobre 1940

    Franais!

    J'ai rencontr, jeudi dernier, lechancelier du Reich.

    Cette rencontre a suscit desesprances et provoqu desinquitudes.

    Je vous dois, ce sujet, quelquesexplications.

    Une telle entrevue n'a t possible,quatre mois aprs la dfaite de nosarmes, que grce la dignit des

    Franais devant l'preuve, grce l'immense effort de rgnrationauquel ils se sont prts, grce aussi l'hrosme de nos marins, l'nergie de nos chefs coloniaux, auloyalisme de nos populationsindignes.

    La France s'est ressaisie. Cettepremire rencontre entre le vainqueuret le vaincu marque le premierredressement denotre pays.

    C'est librement que je me suis rendu l'invitation du Fhrer.

    Je n'ai subi, de sa part, aucun"diktat", aucune pression.

    Une collaboration a t envisageentre nos deux pays. J'en ai acceptle principe. Les modalits en serontdiscutes ultrieurement.

    tous ceux qui attendent aujourd'huile salut de la France, je tiens vous

    dire que ce salut est d'abord entrenos mains.

    A tous ceux que de nobles scrupulestiendraient loigns de notre pense,je tiens dire que le premier devoirde tout Franais est d'avoirconfiance.

    A ceux qui doutent comme ceux quis'obstinent, je rappellerai qu'en seraidissant l'excs, les plus bellesattitudes de rserve et de fiertrisquent de perdre leur force.

    Celui qui a pris en mains lesdestines de la France a le devoir decrer l'atmosphre la plus favorable la sauvegarde des intrts du pays.

    C'est dans l'honneur et pourmaintenir l'unit fran aise une unit

    de dix sicles, dans le cadre d'uneactivit constructive du nouvel ordreeuropen que j'entre aujourd'hui dansla voie de la collaboration.

    Ainsi, dans un avenir prochain,pourrait tre allg le poids dessouffrances de notre pays, amliorle sort de nos prisonniers, attnue lacharge des frais d'occupation. Ainsipourraient tre assouplie la ligne dedmarcation et facilitsl'administration et le ravitaillement duterritoire.

    Cette collaboration doit tre sincre.Elle doit tre exclusive de toutepense d'agression, elle doitcomporter un effort patient etconfiant.

    L'armistice au demeurant n'est pas lapaix. La France est tenue par desobligations nombreuses vis--vis duvainqueur. Du moins reste-t-ellesouveraine. Cette souverainet luiimpose de dfendre son sol,d'teindre les divergences del'opinion de rduire les dissidences

    de ses colonies.Cette politique est la mienne. Lesministres ne sont responsables quedevant moi. C'est moi seul quel'histoire jugera.

    Je vous ai tenu jusqu'ici le langaged'une pre : je vous tient aujourd'huile langage du chef.

    Suivez-moi! Gardez confiance en laFrance ternelle

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    14/27

    14

    son rapport au moyen de notes prises pour le compte dumarchal von Brauchitsch et du gnral Halder. Lesrenseignements lui avaient t fournis par Paul Schmidt,l'interprte dHitler. Le rapport est dat du 28 octobre 1940. Unextrait :

    Ptain : A dclar qu'il ne lui tait pas encore possible deprciser ds prsent les limites exactes de la collaborationde la France avec l'Allemagne. Il ne pouvait que se prononcersur le principe d'une collaboration. Il voyait dans lacollaboration une fentre de la France ouverte sur sescolonies .

    Il fallait d'abord qu'il discute en conseil des ministres de lanature de la collaboration, et il fallait ensuite discuter de cettecollaboration dans les dtails. D'abord une collaborationconomique renforce, engageant davantage l'industriefranaise des armements serait sans doute la chose la plusintressante qui soit, mme pour l'Allemagne. La mentalitfranaise exigeait, dans l'intrt dune volution durable de lacollaboration, que l'on procdt lentement. Pour cette raison,

    Ptain ne croyait pas qu'il ft alors dj possible de dclarerdu ct franais la guerre l'Angleterre; autrement, le rsultattrs grand et positif qui devait certainement dcouler de laprsente conversation serait trs vite ananti. Ptain aexprim le dsir de collaborer avec l'Allemagne en direction deDakar pour maintenir et reconqurir l'Empire colonial franais;lui Ptain, il ferait tout ce qu'il pourrait pour assurer la Francela conservation de ses territoires. (Soulign par lauteur)

    Ptain et Hitler pendant leur entrevue

    Quant Franco, mme scnario, dcouvert par les Amricainsaprs la guerre mais pieusement oubli au nom de la guerrefroide, cependant accidentellement rvl par le DpartementdEtat et repris par le journal le Monde du 6 mars 1946 :

    Les relations de Franco avec lAxe

    Washington, 4 mars. Le dpartement dEtat a publi une sriede documents concernant les relations du gnral Franco avec

    lAxe durant la guerre.Il sagit dabord dun mmorandum de lambassadeurdAllemagne en Espagne, Sohrer, dat du 8 aout 1940,dclarant que : Le gouvernement espagnol se dclare prt,sous certaines conditions, abandonner sa position de non-

    belligrance et entrer en guerre au cot de lAllemagne et delItalie.

    Le mmorandum ajoute : Le gouvernement espagnol posecomme conditions son entre en guerre :

    1 La ralisation de ses demandes territoriales : Gibraltar,Maroc Franais, portion de lAlgrie colonise et habite pardes Espagnols de faon prdominante (Il sagit dOran) etagrandissement du territoire de Rio-de-Oro, ainsi que descolonies du golfe de Guine

    2 Donner lEspagne lassistance militaire et toute aidencessaire pour faire la guerre.

    Le deuxime document est une lettre de Franco Mussolini,o il rappelle son intention dentrer en guerre au momentfavorable, dans la mesure des moyens sa disposition et ledsir des Espagnols dentrer en possession des territoires dontladministration actuelle est la consquence de la dominationet de lexploitation franco-anglaise.

    Le troisime document est une lettre de Franco Hitler, datedu 22 octobre 1940 (Veille de lentrevue de Montoire) danslaquelle le Caudillo discute les conditions pour lentre enguerre de lEspagne et conclut en adressant au Fhrer sonadhsion inbranlable et complte.

    Le quatrime document est constitu par des notes sur uneconversation entre Hitler et Franco, le 23 octobre 1940, o ce

    dernier affirme une fois de plus quelEspagne sest toujours sentie tousles moments lunisson avec lAxe ...et que, dans la guerre actuelle, ellelutterait avec joie aux cts delAllemagne."

    Mais lAfrique, en fait, Hitler sen moquecomme dune guigne et il ne donneraaucune suite ses propositionsdalliances vers le sud, sauf envoyerun trs maigre DAK quand Mussolinisera en difficult en Lybie.

    Cependant, tout le monde sy est faitprendre, y compris dailleurs lesgnraux allemands qui rvent dereconqurir les colonies du Kaiserperdues en 1918. Mais, l aussi, cesttout bnfice pour Hitler. Que laWehrmacht se tienne prte attaquer

    tout moment ! Cela ne sera pas vers lesud, mais vers lest, aucuneimportance.

    Deux mythes ont dform, aussitt aprs la rencontre deMontoire, la ralit des faits. Les rsistants ont fait de Ptainun criminel suite cette rencontre, et proclam que Ptainavait marchand la France, plus encore que lorsquil avaitconclu larmistice. Ce quoi les ptainistes ont ripost que,quand on est occup, il est normal de causer avec loccupant,pour lui prsenter des revendications et essayer de sonder sesintentions : Ptain naurait rien fait de plus.

    Aprs la Libration et ds les procs de Ptain et de Laval,cest la thse ptainiste qui a trangement prim. Comme le

    compte-rendu de lentretien demeurait cach, et comme larencontre navait pas t suivie de concessions majeures,lide dun contact exploratoire, voire, du ct vichyste,protestataire, a fait son chemin.

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    15/27

    15

    La gare de Montoire-sur-le-Loir o eurent lieu les entretiens entre Laval et Hitlerle 22 octobre 1940, puis entre Ptain et Hitler le 24 octobre 1940.

    Les rsistants ont peu peu abandonn lide den faire un

    grief primordial contre un rgime qui offrait, crurent-ils, de plusgraves abandons. Et les exgtes ptainistes se sont enhardisjusqu faire du Ptain de la Seconde Guerre un quivalent decelui de la Premire, en exaltant la rencontre comme un Verdun diplomatique , suivant le livre de Louis-DominiqueGirard, ancien chef du cabinet civil du marchal, paru en 1948.

    De mme, linterprte allemand Schmidt a, aprs la guerre,entrin cette thse. Mais lequel de ses textes est-il sincre ?Celui rdig sur le moment, et lu peu aprs par des tmoins delentretien, ou ses dclarations crites aprs-guerre, pour faireplaisir ses geliers ? Mentir dans son compte-rendu doriginelui aurait valu un aller simple pour Dachau.

    Il faut remarquer quen ce dbut de guerre froide, larhabilitation de Ptain tait, pour de larges cerclesdiplomatiques occidentaux, un avatar de celle de Franco. Cestle refus oppos, disait-on, par le Caudillo le 23 octobre, lors dela rencontre Hendaye, un Hitler qui lui demandait dentreren guerre et dassiger Gibraltar, qui aurait empchlAllemagne de porter un coup terrible lAngleterre, comme son ventuel alli amricain, en bouclant la Mditerrane. Il nerestait plus qu inventer une connivence secrte entre Ptainet Franco avant leurs rencontres avec Hitler, ce que Girard fitavec enthousiasme.

    Sources :

    Franois DELPLA, Montoire : les raisons dune ccit, Guerresmondiales et conflits contemporains No 220, octobre 2005

    Franois DELPLA, Montoire, une proposition franaise decollaboration militaire, Historia Magazine, dcembre 2000

    Dominique VENER, Histoire de la collaboration, Pygmalion,2000

    Franois DELPLA, Montoire, Albin Michel, 1996

    Archives allemandes, ADAP, D XI 212, pages 326-322,compte-rendu de linterprte Schmidt, disponibles depuis 1961

    Note de von Etzdorf cite par Louis NOGUERES, Prsident dela Haute Cour de Justice, Le Vritable Procs du MarchalPtain, Librairie Arthme Fayard, 1955 (p.634-637)

    GIRARD (Louis-Dominique), Montoire Verdun diplomatique /Le secret du Marchal, Paris, Andr Bonne, 1948.

    Le Monde, dition du 6 mars 1946

    Montoire, Verdun diplomatique de Louis-Dominique GirardEditions Andr Bonne 1948 - OPL 130.021

    Ce vieux livre aux pages jaunies par le temps est tout simplement fascinant.

    M. Girard, qui fut secrtaire du cabinet priv du Marchal Ptain, nous y livre une thse qui a vol en clat depuis, notammentgrce Franois Delpla dans son Montoire et aux rvlations que nous livrent les archives allemandes au travers des rapportstablis sur-le-champ par linterprte allemand Schmidt suite aux entrevues Laval - Hitler et Ptain - Hitler de Montoire.

    Sur 516 pages, M. Girard nous offre un hymne la mmoire de Vichy et de laction du Marchal Ptain. Pratiquement chaquepage, des erreurs ou omissions flagrantes font bondir le lecteur averti. Mais le ton, le style, les envoles lyriques suent lasincrit. M. Girard CROIT en ce quil nous dit.

    Nous avons la faiblesse de penser que, non, tous les collaborateurs ntaient pas des salauds . Une certaine lite franaisesest vautre dans une collaboration certes coupable, mais en pensant sincrement et honntement servir la France. Lauteur enfait trs probablement partie.

    Et cest l que rside le ct fascinant de cet ouvrage : Le fantme dHitler plane au-dessus de ce livre. Ces gens ont tmanipuls, tromps, abuss par le Fhrer matre illusionniste et ne sen sont rendu compte ni avant, ni pendant et, dans le casde M. Girard, ni aprs la guerre. Pendant que le chancelier du Reich se complaisait fltrir, humilier et piller la France, les gensde Vichy, et certains avec sincrit, pensaient rellement protger la France et uvrer pour lavenir.

    Et cela ne fait que mettre en lumire la lucidit prcoce quil a fallut ceux qui ont rejoint Charles de Gaulle et les FranaisLibres.

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    16/27

    16

    Comme ses consurs Guernesey et Serck, lle de Jersey at occupe ds le dbut de la seconde guerre mondiale. Fin

    juin 1940, les premiers soldats Allemands dbarquent sur lleet ils ne la quitteront que le 9 mai 1945, laissant derrire euxun patrimoine de fortifications trs riche. Loccupation a ttrs prouvante pour les habitants, lune des les, Aurigny,abrite plusieurs camps de concentration (Helgoland, Borkum,Sylt, Nordeney) dpendant du camp de concentration principalde Neuengamme. Cette mmoire et ce retour la libert, leshabitants des les Anglo-Normandes lentretiennent chaqueanne le 9 mai, date anniversaire de leur libration.Lle de Jersey renferme un patrimoine historiqueparticulirement riche. Nul ne peut passer Jersey sans

    sintresser lhistoire de loccupation de lle en occultant lesquelques muses ddis cette histoire et sans voir lesvestiges du mur de lAtlantique.

    Des muses dignes dintrt

    Lexploration de ce patrimoine musographique commence Saint-Hlier, la capitale de lle. Au bout de la route de lalibration se dresse le Liberation square et une sculpturecompose de statues montrant des hommes et des femmesagitant le drapeau de la libert.

    Liberation Square

    Face vous, lhtel de la Pomme dor, vieil tablissement gde 175 ans, dans lequel ont sjourn Victor Hugo mais aussiles officiers allemands pendant la priode de loccupation delle. 150 mtres plus loin, sur Caldonia Place, souvrent lemuse et la galerie dart de Jersey. Victorian Merchantva vousfaire dcouvrir lhistoire de lle en remontant 250.000 ans enarrire, traverser les troubles des monarchies franaise etanglaise jusqu nos jours. Plusieurs tableaux sont ddis loccupation de Jersey, la pice la plus intressante estlaffiche dite par les forces doccupation pour le recrutementdes iliens au sein dune lgion anglaise.

    Une fois votre visite termine rendez vous New North Quayau muse de la marine et galerie de la tapisserie de

    loccupation pour y dcouvrir la tapisserie ralise pour lecinquantime anniversaire de la libration de Jersey.

    Il nous faut maintenant prendre la direction de Saint Lawrencepour un dcouvrir un site majeur, le Jersey War Tunnels. Cecomplexe de galeries anciennement connu sous le nom de Hhlgangsanlage 8 constitue le site daccueil dune sriede galeries dexpositions sur lhistoire de loccupation. Lesvisiteurs sont guids au travers des vnements lis lvacuation, la dportation, la captivit et le sige jusqu lalibration dfinitive. Ce complexe de galeries creus pendanttrois ans aurait d servir de caserne souterraine et darsenalprotg contre les bombardements. En 1943, en raison descraintes lies un dbarquement alli, le complexe a t

    transform en un hpital souterrain pouvant accueillir 500blesss avec une salle dopration qui ne va jamais servir. Aucours de votre visite vous allez dcouvrir plusieursexpositions :- Captive Island qui prsente la fois des

    tmoignages audiovisuels, des images darchives et desactivits qui sefforcent de faire rflchir les visiteurs surla manire dont ils auraient ragi en pareillescirconstances.

    - Towards Tomorrow est une exposition organiseautour des tmoignages recueillis aprs la libration.Cette exposition prend en considration laspectpsychologique et physique de loccupation militaire. Ellenous force nous pencher sur la nature de loppressionet de la signification de la libert.

    Une fois cette visite souterraine termine, lair de la mer vousattend Sainte Brelade pour faire connaissance avec lunedes deux socits historiques de lle, la Channel IslandOccupation Society (C.I.O.S.). Cette socit de bnvolessassure que les principaux sites datant de loccupation soientouverts au public :- le bunker de commandement et la tour dobservation,

    Noirmont point (Sainte Brelade) ;- le bunker M 19 (mortiers et tunnels) et la casemate de

    dfense ctire, pointe de la Corbire (Sainte Brelade) ;- le site des casemates anti tank et le point de dfense

    ctier, la Carrire Saint Ouens bay (Saint Ouen) ;- le bunker Heavy Machine Gun Bunker , Val de la

    marre (Saint Ouen) ;- le site de la batterie Moltke et ses bunkers

    souterrains ; Les Landes, (Saint Ouen) ;- la casemate anti-tank, Millbrook (Saint Lawrence)

    Jersey, une le angloJersey, une le angloJersey, une le angloJersey, une le anglo----normande au patrimoinenormande au patrimoinenormande au patrimoinenormande au patrimoinehisthisthisthistori ue trs richeori ue trs richeori ue trs richeori ue trs riche Par Philippe Masse

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    17/27

    17

    Les sites sont ouverts dates fixes, gnralement lesdimanches davril septembre et il convient de sassurer desdates douverture sur le site internet de lassociation.

    Les visites guides des sites sont particulirementintressantes (uniquement en langue anglaise), les membresdu CIOS sont particulirement accessibles et vous fontpartager leur passion. Le prsident Paul Burnal est par ailleurslauteur de plusieurs ouvrages sur loccupation dans les lesAnglo-normandes et sur la bunkerarchologie locale.La visite guide des sites est soit gratuite soit dun cotmodique nexcdant pas 2 livres.

    Ensuite, direction le nord ouest de lle Saint Ouen, pour yretrouver le Germans Bunker museum. Ce muse se situedans lun des bunkers allemands, en bord de plage contiguau mur anti-char, les salles sont remplies dobjets datant deloccupation de Jersey.

    Sur le toit du muse, on peut encore voir une tourelle de char

    Renault R 35 sur son afft. Comptez 4 livres pour la visite (tarifun peu lev).

    Tourelle de R35 du muse de Saint OuenSi lesprit muse ne vous sied pas, il ne vous reste quprendre votre bton de plerin pour dcouvrir les vestiges dumur de lAtlantique. La cte offre beaucoup de possibilits ence domaine. Lune des meilleures tapes est, sans aucundoute, la cte ouest et la baie de Saint-Ouen, puisque latypologie de cette plage ressemble sy mprendre lunedes plages du dbarquement de Normandie.Dans la partie sud-ouest de lle, on peut sattarder sur deuxpoints remarquables voqus plus haut : la batterie Lothrigenet les casemates de la pointe de Corbire.

    La batterie Lothrigen

    Lidal est de visiter la batterie de Lothrigen quand lesmembres du CIOS ouvrent le muse, mais le site seul vautaussi le dtour. A lest, vous apercevez quelques miles leport de Saint Helier. Le circuit de visite dbute et se termine aubunker de commandement. Il est jalonn de 18 points darrtdont les trois principaux sont les emplacements des 15cm SKL/45 weapons of 1917 Vintage. Lune des pices dartillerie esttoujours poste. La tour dobservation MP 1 (Marine Peilstandund Messtellung) a t construite en 1943. Son architectureaurait d sintgrer dans un ensemble de neuf toursdobservations savamment disposes autour de lle et auraitd permettre la mise en uvre de la mthode bistatique detlmtrie, principe ayant de nombreuses limites notammenten cas de cibles multiples ou de cibles mouvantes. Cettearchitecture de tours la particularit de nexister que sur les

    les Anglo-Normandes et je minterroge toujours si lesingnieurs de lorganisation Todt ont pris en exemple les toursde guets riges pendant la campagne dindpendance des

    Etats-Unis la demande du gouverneur de lpoque, SeymourConway, afin dviter lventuel dbarquement des soldatsFranais rallis la cause des rebelles amricains.

    A quelques pas de la tourMP1 vous trouvez lescloches de la direction detir qui sont en parfait tatde restauration, linversede celles du fort du Talus Lorient qui tombent enruines.

    Les casemates de la

    pointe de Corbire

    Le site de la Corbire estaussi assez riche,puisquon y trouve laseconde tour MP2 qui sertactuellement de stationradio relais avec lespcheurs en mer. Le siteregroupe de nombreusescasemates qui mritentune attention particulire.Vous pourrez comparer lestechniques naturelles decamouflage utilises parles allemands pour fondreles blockhaus dans lepaysage avec lecamouflage reconstitudun des bunkers par lesmembres du CIOS.

    La plage de Saint Ouen

    Longue denviron six kilomtres, reliant la Corbire au nord-estde lle, la plage est dlimite par un mur anti-char dont lahauteur peut atteindre cinq mtres. En effet les forcesdoccupation ne se sont pas trompes sur la configuration decette plage qui offre toutes les caractristiques pour un

    ventuel dbarquement alli. Le mur anti-char est englob decrneaux pour canons de 47mm Skoda(un exemplaire visibleau muse de Millbrook) et de casemates pour canons de47mm Skoda et de mitrailleuses coaxiales. Certains desouvrages conservent encore les protections en rocailles

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    18/27

    18

    ddies au camouflage des ouvrages. Au nord de la plagevous trouverez au sommet du muse local une tourelle de charRenault R 35. Le mur anti-char est complt par une kyriellede blockhaus se situant entre la plage et la route principalereliant La Corbire au nord de li le.La meilleure faon dapprcier la plage de Saint Ouen est de lasurplomber par le nord dans le secteur proche de la batterieMoltke et de simaginer la plage agrmente de tous sesobstacles en 1944.

    La batterie Moltke

    Le secteur des Landes est lun des meilleurs endroits qui nouspermette dapprcier la vue de la plage de Saint Ouen, maiscest aussi un lieu particulirement riche en matire de

    bunkerarchologie et terrain privilgi de recherches du CIOS.Le site se mrite car il nest pas facile daccs et les derniersmtres se parcourent par un chemin vicinal parsemdornires.

    Tour dobservation MP3 de la batterie Moltke

    Sur ce site se trouve la dernire tour dobservation 5 niveaux(MP3) de lle. Vous pourrez apprcier dans lun desencuvements btonn un des canons de 15,5 cm K418 (f) (ou15,5cm GPF) retrouv au pied de la falaise. La position estcomplte par des soutes munitions de type H512 (2) dunabri personnel type M151, de postes anti arien de 3,7cm Flak(3) et postes dobservation (3).

    Le reste de lle

    La cte nord de lle offre un systme de dfense naturelle. Laprsence de blockhaus est moins significative mais des tracesdu systme de dfense allemand sont visibles (Ronez Pointpar exemple), mais ds que les ctes offrent une possibilit dedbarquement, celle-ci conservent des traces bien visibles(Port de Bouley bay, digue de Saint Catherines bay parexemple).

    Le manque de temps ne ma pas permis dexplorer fond lesvestiges quon peut encore trouver l-bas et fera lobjet dune

    exploration plus minutieuse lors de mon prochain voyage Jersey.

    Mme si tout nest pas parfait en matire de conservation desblockhaus (transformation en restaurant...), ces derniers sontconservs avec soin et respect, mme isols, ils ne serventpas de WC, les tubes des canons ne servent pas dedchetterie et le mur anti-char nest pas couvert de TAGcomme on peut le voir souvent sur les ctes franaises, hlas,et sur des sites comme la batterie de Longues sur mer.

    Je men voudrais de clore cet article sans vous recommanderle Crab Sandwich du Hungry Man Rozel Bay qui vousprocurera une pause salvatrice dans un cadre trs convivial.

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    19/27

    19

    Ou : le march noir Bruxelles durant loccupation allemande.

    Note de lauteur : Toutes mes excuses pour lemploi decertains termes en bruxellois, cependant cela cest avrncessaire pour garder la truculence du texte. Je me suisefforc, tant que possible, de traduire ces termes en franais.

    Pendant loccupation, et plus tard lorsque les Allis prirent lerelais de larme allemande, la rue des Radis connut uneclbrit qui stendit bien au-del des frontires de la petiteBelgique, diffuse par la presse, le bouche--oreille et le tam-tam des guerriers itinrants.

    Prononcer son nom faisait saliver. Elle tait la Mecque verslaquelle se tournaient les esprances alimentaires, elle tait leWall Street o le cours du haricot, du beurre et du lard (petitsal) vidait des poches pour en gonfler dautres. On y spculaitsans vergogne sur les produits de la ferme, ctait le temps oles poules pondaient des ufs dor.

    La rue des Radis, centre et symbole du march noir Bruxelles

    Cette fabuleuse rue des radis :

    Au lendemain de la guerre, on a dit des smokkeleirs

    3

    de cequartier truculent quils pilotaient de grosses amricaines etfumaient des Churchill, cest pur dlire. On a dit galement quectait dans un lan de solidarit quils avaient cr, pour lapopulation bruxelloise, ce march onreux en raison desdifficults et des risques dapprovisionnement, mais efficacepuisquil devait permettre bon nombre de gens de tenir lecoup. Or, crditer daltruisme lindigne, cest mal connatre samentalit.

    Certes les Marolliens4 , sont capables dentraide, lapauvret qui les frappe lorsque jadis, les meilleurs ouvriersdentre eux migrrent vers les communes o simplantaitlindustrialisation, les ayant conduits se soutenir les uns etles autres. Mais de l penser quils taient prts, sous

    loccupation, prendre des risques de lourdes amendes et de

    3 Contrebandiers, marchands au march noir4 Habitants du quartier dit des Marolles, quartier populaire deBruxelles o se situait la rue des Radis

    peines de prison afin de garnir les ventres des bourgeois, il y aun abme. Ils se sont lancs dans le march noir parce quil nyavait pas dautre possibilit.

    Le Vieux March5 tait satur, et les schveigers6 , rootekochers7 , faadeklachers8 , marchands de voddeen bine9 et autres petits mtiers avaient vu leurs activitscoutumires fortement rduites.

    Tableau typique de la rue des Radis

    Pourquoi la rue des Radis devint-elle le centre de ce marchclandestinqui stalait au grand jour ? Sans doute parcequelle tait situe deux pas de ce Vieux March ochaque jour et un rythme acclr mesure des restrictions,des gens menacs de privations venaient vendre des petitsmeubles, des tableaux, des souvenirs, mille choses qui avaientconstitu leur dcor quotidien et qui allaient immdiatement setransformer en nourriture.

    Commerce clandestin depuis une cuisine-cave

    5 Place au centre des Marolles 6 Ramoneurs7 Laveurs de vitres8 Peintres en btiments9 Marchands de loques

    Cette fabuleuse rue des RadisCette fabuleuse rue des RadisCette fabuleuse rue des RadisCette fabuleuse rue des RadisPar Prosper Vandenbroucke

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    20/27

    20

    En faite, cette rue se prtait au commerce noir grce destrappes, des communications de caves, bref tout un systmedvacuation rapide en cas dalerte, mis au point par le gnielocal. Et puis il y avait la prdestination linguistique puisque radis , dans le langage familier signifie argent. Apporte-moides radis et je remplirais ta marmite

    De cette rue autrefois grouillante de marchands quiinterpellaient les passants sur leurs pas de portes, comme fontles prostitues dans les rues chaudes, de cette rue troite auxfaades peles, malpropres, au pittoresque rebutant, il nereste rien. Elle a t rase comme si on avait voulu effacerune souillure, vacuer les lambeaux dun cauchemar. Avec sadisparition svanouissent galement les traces de sesoccupants, jadis matres des moyens de survie, aujourdhuidcds ou disperss dans des homes. Des gains trop facileset fragiles ont entran la dilapidation immdiate, puis ce fut leretour des petits mtiers en dclin, et cest pourquoi, sansdoute, ceux qui restent, ne parlent pas volontiers. Eux, pour

    qui lOccupation, fut une espce particulire, et maintenantinavouable, manne providentielle, assortie dmotions fugaces,de satisfactions fivreuses et, par la mainmise sur le ventre,dun sentiment de prsance des ruelles sur les beauxquartiers.

    Il faut dire quils taient soutenus dans leurs entreprises, demme que les producteurs, par un systme de taxation desprix si aberrant quils faisaient tantt disparatre tanttrapparatre certains produits, et cela au rythme des fixationsde maxima. Bloquez un prix et il sera contourn.

    Quand les rcoltes de fruits et de lgumes taient abondantes,elles svaporaient au lieu de se rpandre dans les magasins,

    et ceci tout bonnement parce quun fonctionnaire avait crudevoir plafonner les ardoises. Rsultat : les Allemands, quisuscitaient le march noir, se servaient les premiers en payanten monnaie de singe, tandis que le reste scoulait par desvoies souterraines pour aboutir en large mesure, dans la ruedes Radis.Laquelle tait videmment contrle. Il y avait des rgimentsde contrleurs en Belgique. Prs de 8000 en 1943, sanscompter les 7000 chiens de chasse du Ministre delAgriculture et environ 5000 contrleurs communaux, soit autotal 20.000 fouineurs , mal pays, qui avaient un estomaccreux et des gosses nourrir, eux aussi.

    Dtaillant prsentant sa marchandise.

    Il aurait fallu contrler les contrleurs, et ainsi de suite jusquausommet, en passant par des juges qui taient fortembarrasss lorsquils avaient devant eux des dlinquants dela rue des Radis O allaient sapprovisionner leurs pouses, moins quils ne fussent servis domicile ? Toutes lesclasses de la socit taient menaces de sous-alimentation,ce ntait pas un crime que dacheter hors-timbres deravitaillement, et pour que lachat ft possible, il fallait quil yeut fournisseur...

    Et puis, il y eut les tentatives de comdie humaineCombiende Dames se sont-elles hasardes dans cette rue de toutesles convoitises, habilles fort simplement pour ne pas attirerlattention sur leur condition et provoquer par l une hausse deprix ? Las ! Cette astuce tait vaine car lil de la marchandesavait cataloguer la pratique : on nabuse pas une Marolienne10 , cest subtil comme tout.

    Alors il fallait y aller de son bas de laine pour que bb ait dulait, des ufs et des mouillettes de pain blanc. Un pain qui

    ntait pas toujours de noble farinecar certains fournisseursne reculaient pas devant des additions suspectes, puisquetoute rclamation aurait dbouch sur des mines faussementconsternes. On nat comdien aux Marolles et la rue desRadis avait port ses acteurs au sommet de leur art. Lasituation de supriorit du marchand tait dautant plusconfortable que les victimes ne pouvaient se tourner vers lestribunaux. La rue des Radis tait un paradis exploit par lediable.

    Struggle for life11

    :

    Commerce rue des Radis

    La chasse aux calories tait ouverte et tous les coups taientutiliss, y compris les plus bas. Le rgime moyen de ladulteavant la guerre tait denviron 2700 calories par jour, ce

    nombre pouvant tre abaiss 2400 pour les personnes quinaccomplissaient pas des tches physiquement puisantes.

    10 Habitante du quartier11 Lit. : Lutte pour la vie

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    21/27

    21

    Or, sous loccupation, le rationnement tabli par les autoritscomptentes - dont le tour de taille tait prserv par lemarch noir natteignait que 1200 1300 caloriescondition que tous les produits se trouvent sur le march lgal.Ce qui ntait pas toujours le cas.

    Il arrivait frquemment que le consommateur doive secontenter de moins de 1000 calories par suite de nondistribution dun produit. Les communes le faisaient savoir leurs populations en mettant ces carences sur le compte decirconstances imprvues. Or, ce qui faisait dfaut ne staitpas vapor, on le retrouvait sur les tables de loccupant et deses serviteurs les plus zls, ainsi que dans les cavernes dAli-Baba de la rue des Radis. On y revenait toujours, cette ruemiraculeuse, o lon tait peu prs sr de trouver tout ce quiavait disparu ailleurs.

    Comment ces prestidigitations taient-elles possibles ? Toutsimplement grce des voies obliques, voir des couvertures et grce aussi parfois aux chemins quempruntaient les

    biscuits de la Wehrmacht drobs par des militaires qui,avides de plaisirs tarifis, prenaient le risque dtre expdisau front de lEst afin de pouvoir se les offrir.

    Le piquant de lhistoire, cest que la police allemande sabattaitalors sur le quartier, afin de rcuprer ce quelle avait vol. Elledevait agir promptement, car les signaux dalertefonctionnaient avec une extraordinaire efficacit, relays dedistance en distance entre lglise de la Chapelle et la Porte deHalle (ces deux endroits se trouvent de part et dautre duquartier dit Des Marolles ).

    Une rafle de police a t signale

    Une aprs-midi, un camion charg de produits rafls dans larue des Radis alla se ranger ensuite rue de France, en bordurede la gare du Midi. Le soir tombait. Les Allemands revinrent lelendemain pour le dchargement. Ils eurent tort. A laube lecamion tait vide, et jamais smokkeleirs et

    smokkelesses12 navaient affich mines plus rjouies, ni plusinnocentes au moment de lenqute. Il est peu prs certainquau lendemain de cet exploit, des Allemands en civil,habitus de la fabuleuse rue, vinrent y acheter des produits ducycle infernal qui vient dtre voqu, pour enfin les introduiredans des estomacs du IIIme Reich.

    Les talages improviss ont disparu comme par enchantement

    Cependant, les principales sources dapprovisionnementtaient constitues par les raids dans les campagnes, soit entramway vicinal, soit vlo.

    Le tramway qui reliait Bruxelles Alost tait un des plusfrquents car il donnait accs aux vastes champs de pommesde terre de la rgion dAsse ( louest de Bruxelles). Samotrice entranait souvent quatre remorques ce qui necorrespondait pas aux besoins du trafic ordinaire. Mais, temps difficiles, convois exceptionnels. On se bousculait pour

    envahir les voitures avec des valises et des sacs. Ces petitesfoules ntaient pas formes uniquement de smokkeleirs dela rue des Radis, il y avait aussi des gens qui, hardiment, pourne pas devoir payer les prix exorbitants des revendeurs,allaient eux-mmes chez les fermiers. Quand les patatestaient vendues, chez le fermier, 4,50 fr ou 5 fr le kilo, on lespayait quatre ou cinq fois plus cher rue des Radis (Il fautmultiplier par +/- 30 le prix de lpoque pour avoir le prix actuel.Ce qui nous donne +/- 150BEF le kilo de patates. Converti en cela nous donne donc 3,71 le kilo !!). Un kilo de pommesde terre achet au march noir, rue des Radis revenait donc 18,50 !!!!!!

    Cette disproportion, le contrebandier professionnel la justifiait

    ainsi : Je prends constamment des risques, il marrive dedevoir payer de grosses amendes et de voir confisquer mamarchandise, et il faut donc que je me rattrape ! Et il navait

    12 Smokkeleirs et smokkelesses : contrebandiers et contrebandires

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    22/27

    22

    pas tort. Toutefois, assez curieusement les contrles destramways taient gnralement plus frquents laller, quandles cabas et les valises taient vides, quau retour lorsquilstaient pleins. A quel type daberration administrative fallait-ilattribuer cette absurdit qui aurait rjoui Kafka ? A ceci sansdoute : que le fonctionnaire tait un homme de faible poids,mal pay de surcrot et qui craignait peut-tre des rglementsde compte au lendemain de la guerre, car parmi ses victimes,il y aurait eu des malabars dots dune mmoire vindicative etde poings redoutables. Le contrleur contrlait, certes, mais

    juste ce quil fallait pour justifier son existence.

    A mesure que scoulait le temps, les produits se rarfiaient etdevenaient forcment de plus en plus cher. Afin de pallier ceshausses, le smokkeleir allait de plus en plus loin dans lescampagnes, jusquen des fermes du bout du monde o les prixtaient encore accessibles. Pour le trafiquant vlo ctait uneffort supplmentaire. Les smokkeleirs les moins vigoureux,ainsi que les plus gs, y perdaient le souffle et pouvaientmme y perdre un poumon lorsquils ignoraient que leur

    appareil respiratoire tait un terrain propice au pneumothorax.

    Sur les itinraires de la pomme de terre, qui empruntaient, parcrainte des contrles, des petits chemins de campagne malempierrs, ravins, parfois boueux, les compagnons etassocis car on se mariait peu dans ce petit monde, laparole donne valant un livret dtat-civil des Louise, desMaria et autre Josphine, poussaient leurs robustes machinesavec 20kg sur un porte-bagage avant, autant sur un porte-bagage arrire et, pour faire bonne mesure, un sac de 10kgsur le dos. Ca stait les transports des costauds.

    Dautres, aux prtentions plus modestes, se contentaient duntotal de 30 ou 40kg. Mais tous, ou peu prs tous,

    accomplissaient deux voyages par jour et, malgr ces efforts,ne parvenaient pas rpondre aux demandes de la clientle.Cela dit, vhiculer tous muscles tendus environ 100 kilos depatates par jour, ctait coquet pour les bnfices maisdsastreux pour le cur. Les transports de lard, de beurre etde farine exigeaient galement dpuisantes dpenses, mais lefermier, lui, tait hilare.

    Un trsor tait dans son champ, un vrai, sonnant ettrbuchant ! Il tait si combl quil abandonnait ses feuilles detimbres de ravitaillement, en change despces, bienentendu.Et ainsi, de mme que les rivires vont aux fleuves etles fleuves la mer, les produits de la terre, indispensables la survie du citadin, allaient de petits chemins en grandesroutes pour aboutir la rue des Radis.

    Une rue o sigeait la quintessence des Marolles, le nec plusultra du systme D, la crme en somme, dun petit peuple qui,au fil des gnrations, avait tenu tte aux Espagnols, auxAutrichiens, aux conqurants de Napolon et de Guillaume IIet qui attendait poursuivre sur cette lance historique enmettant dans sa poche les guerriers dHitler. Tenir tte enayant lair de la courber, ctait protger le prsent et, par l,prparer lavenir. Par tous les moyens. Dire par exemple avecune belle conviction Ja, Ja ! quand on pense Nein,Nein !. Subtiliser avec le sourire, loccupant, tout ce qui peutltre. Rcuprer, par la combine de prfrence, par un coupdaudace loccasion.

    Rue des Radis, on savait, ce propos improviser. Un petit faitentre mille : les Allemands avaient mis la main sur un stock devivres et embarqu par la mme occasion une poigne desmokkeleirs alerts trop tard ce jour l. Le camion qui lesemportait, eux et leurs marchandises, roulait en direction de

    Saint-Gilles (commune de Bruxelles) avec pour but la prison.Ctait un vhicule bch, occup lavant par le chauffeurflanqu dun soldat. Il ny avait pas descorte. Ctait uneimprudence, manant dune ignorance totale des mursmaroliennes. Des Kets des Marolles (quivalent du Titiparisien) galopaient en effet perte dhaleine derrire lecamion afin de ramasser tout ce qui pouvait tre sem encours de routeAu terme de ce parcours chaplinesque, unebonne part de la prise avait t reconquise !

    Durant lanne 1943, les rations journalires officielles par ttedhabitant (en Belgique) taient de 250gr de pain genrecaoutchouc, de 10gr de beurre, de 20gr de viande et de 500grde patates.quand il y en avait, il faut y ajouter 8gr delgumes secs. Avec des rations pareilles, il nest pas tonnantque le march noir doive faire des affaires. Le caf vert, quiarrivait dAnvers par des voies secrtes, se vendait 1000fr lekilo, ce qui ferait +/- 750 de nos jours. On a des difficults imaginer cela. Un pain blanc de 800gr, clandestin bienentendu, cotait 80fr, +/- 6 de maintenant. Incroyable !!!!

    Mais la rue des Radis et tout le quartier des Marollesntaient pas que le seul march noir. Le peuple des Marollesa le cur sur la main et na pas son pareil lorsquil sagitdaider son prochain. Le quartier des Marolles servaitgalement dasile environ 3000 Juifs issus de Pologne,dAllemagne, de Russie, etc..Tous taient des petits artisansspcialiss dans le cuir et le textile.

    Les marolliens ont t tmoins de labominable chasse auxJuifs, qui npargnait ni les vieillards, ni les enfants. Lespectacle de ces scnes inhumaines devait indigner le petitpeuple du lieu et susciter un mouvement spontandassistance personnes en danger. On put ainsi aider des

    gens fuir la ville. Dautre part, plusieurs enfants furent cachsjusqu la fin de la guerre et chapprent aux recherchesrageuses de la Gestapo. Cela aussi, ctait les Marolles

    Pour terminer, je vous livre un petit couplet dune chansondont les paroles furent inventes dans le quartier et quil fautchanter sur lair de Sous les Ponts de Paris

    Dans la rue des RadisA deux pas du Midi

    On voit grouiller des mercantis affablesInstalls l sans choppes ni tables

    Et sous lil bienveillantsDes flics aux casques blancs

    On vole les gens du lundi au samediDans la rue des Radis

    Voil une souriante conclusion pour lvocation de ce qui fut, Bruxelles, une sorte de petite capitale europenne duravitaillement par la bande, un March dj commun, maisnoir, si noir.

    Sources :Article de Marcel Vermeulen in 1940-1945 La vie quotidienneen Belgique. Brochure dite par la CGER 12/1984Crdit photos : Voir ci-dessus et :http://bruxellesanecdotique.skynetblogs.be/post/6708556/la-rue-des-radis

  • 7/30/2019 Mag Octobre2009

    23/27

    23

    Lactualit littraire de cette rentre de septembre 2009 estparticulirement riche, plusieurs domaines sont traits ce moisci : la bataille de Normandie (Tilly sur Seulles), les actions dela rsistance (plan Sussex, plan Violet), le nouvel ouvrage deIan Kershaw, deux ouvrages ddis la marine (Leschalutiers s'en vont en guerre, LUSS TEXAS) pour lesprincipaux. A lhonneur aussi un livre un peu moins connu,dit il y a quelques annes, qui mrite de figurer dans vosbibliothques :La Libration - L'histoire officielle amricaine deMartin Blumenson et une nouveaut de notre ami HenriRogister, spcialiste de la bataille des Ardennes, auteur dunhors srie de lHistomag. Henri nous conduit sur les pas desmassacres perptrs dans le secteur de Baugnez et Stavelot,fruit dun travail de recherche de plusieurs annes, ce livre se

    doit de complter toutes les bibliothques des spcialistes decette bataille

    Dcembre 1944, Bataille des ArdennesDe Baugnez Stavelot Tmoignages sur les massacresPar Henri Rogister

    Dans ce livre relatif laSeconde Guerre Mondiale,lauteur dcrit de faon trsdtaille comment, lors deloffensive de la dernirechance conue par Hitler lui-mme, les troupes SS se sontcomportes envers lescombattants de larmeamricaine et vis--vis de lapopulation belge.

    Dans une premire partie, estdonne la composition delavant-garde allemandeconduite par lObersturmfhrer

    Joachim Peiper, ainsi que, depuis la ligne Siegfried, sonitinraire parsem dincidents sanglants et dune brutalitdevant briser la rsistance ennemie.

    A la bifurcation de Baugnez, au sud de Malmedy, la rencontredu Kampfgruppe Peiper avec la colonne du 285e bataillon

    dobservation dartillerie de campagne est dcrite de faondtaille par les tmoignages de plusieurs survivantsamricains et des dpositions de combattants SS au procsde Dachau. La situation des lieux telle que lont dcouverte leshommes du 291e bataillon de gnie de combat US lors dudgagement des corps en janvier 1945 est montre en dtails.Les rsultats des autopsies des corps effectues par lesenquteurs US dans la gare de Malmedy sont ensuiteindiqus.

    Lauteur a pris de nombreux contacts par internet et sestrendu six fois aux Etats-Unis pour rencontrer plusieursvtrans et visiter les US National Archives. De mme il a reuplusieurs vtrans qui revinrent aprs la guerre sur les lieux du

    drame. Il a galement rencontr et interrog plusieurs civils etleurs descendants qui furent tmoins de cette terrible tragdie.Dans une seconde partie, lauteur dcrit le comportementagressif des colonnes allemandes dans divers lieux de largion de Stavelot. Des soldats allemands ont, sans raison

    apparente, excut des civils et la population stavelotainevivra les jours les plus sombres de son histoire.

    Dans tout son livre, Henri Rogister a recherch inlassablementla vrit dans une situation difficile tout en contrlant la qualitdes sources, en ne portant pas de jugements sur les faits niles personnes, en recueillant en toute modestie les diffrentstmoignages et remettant constamment en question son travailde recherches. Il sait que lHistoire gardera toujours une partiede ses secrets et que lon ne connatra jamais toute la vrit.

    Vous pouvez commander ce livre auprs du CRIBA asbl,rue du Progrs, 22, 4032 Chne. 18,60 (port comprispour la Belgique) paiement par virement bancaire au

    compte 240-0626707-91

    Pour le reste de lEurope un virement de 24,65 (frais deport compris) au compte IBAN BE23 2400 6267 0791 BIC :GEBABEBB

    Ou lacqurir auprs de toutes les librairies spcialisesau prix de 15,00 Euros. (Belgique)

    Tilly-sur-Seulles 1944 Stphane JacquetEdition Heimdal

    Conservateur du muse deTilly sur Seulles, organisateur

    du salon du livre de la bataillede Normandie, StphaneJacquet consacre un nouvelouvrage de terrain sur laBataille de Normandie. Tilly-sur-Seulles, au sud de Bayeux,dfendu par la Panzer-Lehr-Division, a t un frontprement disput. Les combatsqui ont eu lieu dans le secteursont toujours enseigns lcole militaire de Sandhurst.

    En sappuyant sur de nombreuses photos, cartes ettmoignages, pour lessentiel indits, ainsi que sur les

    journaux de marche des units, lauteur, Responsable duMuse de la bataille de Tilly sur Seulles, prsente jour aprs

    jour et heure aprs heure, ces durs combats sur l