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Magazine Aide et Action n°96 · 2019. 4. 20. · Les coûts de réalisation, d’impression et de diffusion du magazine, sans cesse optimisés, sont intégralement pris en charge

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    Aide et Action fait sa rentrée

    C’est la rentrée des classes en France et dans n

    ombre des pays où Aideet Action est présente.

    Pour l’association,

    c’est aussi le lancement, en France, d’une nouv

    elle campagne de communication, que vous pou

    vez découvrir

    dans la presse ou sur ladernière page de ce ma

    gazine.

    L’éducation change le monde

    Pour beaucoup d’entrenous, marraines, parrain

    s, donateurs, partenaires et sympathisants d’Aid

    e et Action, cette

    phrase est une évidence… ou tout au moins l’e

    xpression de notre ambition commune. Parce q

    u’une éducation de

    qualité doit rendre plusfort, plus autonome, par

    ce qu’elle doit contribuer à la réalisation du po

    tentiel de chacune

    et de chacun, c’est un levier essentiel du dévelo

    ppement, individuel etcollectif. L’éducation ch

    ange le monde,

    notre ambition trouve son expression dans cett

    e nouvelle signature.

    Aidez-les à agir, devenez parrain

    Ce que nous partageonségalement, et principale

    ment dans le parrainage, c’est une certaine visio

    n de la solidarité.

    Une solidarité à parité,une solidarité qui redon

    ne à ceux qui agissent là-bas et ici leur statut d

    ’acteurs… et non

    de bénéficiaires d’une part et de donateurs d’au

    tre part, également passifs dans l’action ! Deve

    nir parrain

    (ou marraine) ou filleul(e) est un engagement q

    ui va au-delà de donneret recevoir !

    Cette ambition, cette vision, nous espérons avo

    ir su les exprimer danscette nouvelle campagn

    e. La réflexion,

    née des États Généraux, s’est poursuivie tout au

    long du premier semestre 2005 avec les équipe

    s et les bénévoles

    de l’association. Ensemble, nous espérons être

    parvenus à un résultat dans lequel vous vous re

    connaissez,

    lecteurs et fidèles soutiens de l’association, et

    à un résultat susceptible de rallier toujours plu

    s de volontés

    autour de notre projet !

    Lettre ouverte

    SommaireEngagement citoyen 4-6

    S’engager autrement...

    Parole de… 8-9Bénin : réforme nationale de l’éducationaxée sur les pédagogies actives«Un système éducatif efficace doit partir des cultures locales»Interviews de Magloire Cossou et Claire Calosci

    Innovation 10-14Tour du monde pour apprendre autrement

    Passerelles 15Cambodge: “La Boîte à outils”, des jeux pour apprendre

    Perspectives 16-17Bénin : les nouvelles méthodes pédagogiques sont l’affaire de tous

    Actus 18-19Niger : l’éducation doit être préservéeLa chaîne de solidarité tisse sa toileAu Bénin, les réfugiés togolais ont besoin d’éducation

    Écho des médias 20-21Afrique de l’Ouest : l’éducation, une priorité

    Devoir de collecte 22Des vœux solidaires pour l’éducation

    Courrier des lecteurs 23Photo de couverture : S. Couturier. Ce magazine contient un supplément de 8 pages.

    Claire Calosci,

    directrice générale

    d’Aide et Action

    >> Retrouvez en pages centrales le magazineà découper

    Junior

  • 3

    Éditorial

    Il y a presque vingt-cinq ans, le concept du parrainage d’enfants, dont Aide etAction est à l’origine en France, a connu unsuccès formidable, dont nous tirons encoreaujourd’hui l’essentiel de nos ressources.

    Ce mode opératoire, novateur, a été copiépar de multiples autres ONG qui, chacunedans son domaine, ont mis en œuvre celien si particulier et si fort entre nous, lesgens des pays dits «développés» et eux,les bénéficiaires, souvent des enfants, maisaussi des adultes.

    Puis, la notion de parrainage s’est étendue aux projets, s’est allongée dans la durée et est devenue au fil du temps, non seule-ment la clé de l’indépendance des ONG,mais également la garantie de la sécuritéfinancière pour la pérennité des actionsmenées sur le terrain.

    Mais, aujourd’hui, la «concurrence» quitouche le monde humanitaire, la «mondia-lisation» tant décriée qui frappe le secteurcaritatif nous oblige, une fois encore, commeil y a vingt-cinq ans, à trouver de nouvelles

    sources de financement. Car il ne faut passe cacher les yeux derrière une faussepudeur: nous avons besoin d’argent, encoreet encore, pour que nos actions aient du sens et de la valeur.

    Ainsi, nous avons développé, ces dernièresannées, les cofinancements institutionnels,les contributions de grandes entreprises, lesdons et legs, pour maintenir et augmenternotre niveau de collecte, toutes sourcesconfondues.

    Ces moyens peuvent paraître suffisants,mais nous devons rester à l’affût de toutesnouvelles bonnes idées qui permettraientde compenser l’érosion naturelle du parrai-nage et de contourner cette concurrenceque j’évoquais ci-dessus.

    Pour ce faire, nous nous sommes associés à un nouveau concept, avec six autresONG, pour promouvoir «un loto mondialhumanitaire».

    Le principe est simple: un loto est organisépar l’autorité de l’État en charge de ces

    opérations, en l’occurrence la Française desJeux en France, et une part des gains du oudes gagnants est reversée à une causeidentifiée préalablement. Une contributionde l’ordre de 20% serait alors prélevée surles gains.

    Il s’agit là d’un simple projet car les autori-sations administratives sont difficiles àobtenir et la crainte d’une systématisationde l’opération chaque semaine n’encouragepas le ministère des Finances, autorité detutelle de la Française des Jeux, à donnerson feu vert pour une «première fois».

    Au-delà de la réussite de ce projet, dont les détracteurs sont nombreux, parfois pour de justes raisons, il n’en demeure pasmoins que nous sensibilisons encore etencore les pouvoirs publics sur l’urgence de l’aide au développement, qui reste et demeure une priorité pour les peuples et l’humanité.

    Frédéric Naquet

    Aide et Action, magazine trimestriel (septembre à novembre 2005) publié par l’association Aide et Action - 53, boulevard de Charonne - 75545 Paris Cedex 11 - Tél. : 01 55 25 70 00 - Internet : www.aide-et-action.org - E-mail : [email protected] - Représentant de l’association Aide et Action : Frédéric Naquet,Président - Directrice de la publication : Claire Calosci, Directrice générale - Rédactrice en chef : Nancy Barrett Saint-Laurent - Ont participé àla rédaction : Y. Altidor, S. Assouline, A. Aun, C. Barras, S. Bernard-Srinivasan, G. Bogra, A. Bordallo, I. Boustouler, C. Calosci, A. Cassiot, M. Cossou,O. Dan Tata, N. Estello, C. Fils-Aimé, B. Garnier, C. Heuzé, J. Jourdan, O. Juving, R. Lee, D. Martinez, F. Naquet, R. Olavarria, M. Pichardo, U. Seang,P. Soetard, M. Sylvestre, L. Willerval - Commission paritaire : 0708G 83 404 - Prix au numéro par abonnement : 1 € - Abonnement de soutien : àpartir de 16 € - Tirage : 70 000 ex. - ISSN : 1761-1024 - Dépôt légal : 4e trimestre 2005 - Conception-réalisation : publishing. Tél. : 01 41 11 65 45- Imprimeur : Imaye, boulevard Henri Becquerel, 53000 Laval. Aide et Action, première association française de parrainage pour le développement de l’éducation, est une association apolitique et non confessionnelle. Aide et Action est une association reconnue d’utilité publique. Elle est, ainsi, habilitée à recevoir des legs et des donations exempts de tous droits de mutation.Pour toute information complémentaire, n’hésitez pas à contacter Aide et Action France (voir adresse ci-dessus) - Tél. : 0155257000 et Aide et Action Suisse - 154, route de Malagnou, CH - 1224 Chêne-Bougeries, case postale 338 - Tél. : + 41 79 409 20 46.Les coûts de réalisation, d’impression et de diffusion du magazine, sans cesse optimisés, sont intégralement pris en charge dans l’abonnement des parrains et donateurs d’Aide et Action.En application de la loi du 06/01/1978, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification ou de suppression aux informations vous concernant en vous adressant à notre association.

    Frédéric Naquet,Présidentd’Aide et Action

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    Engagement citoyen

    S’engager autrement...De nouvelles initiatives ont mobilisé les énergies. Comédiens, collégiens,

    collectivités locales et jeunes citoyens haïtiens… tous, ici et ailleurs, mettent leur créativité au service de l’éducation.

    Toute l’école apprend la solidarité

    «Et nous, que peut-on faire ? » C’est

    ainsi que Marion,élève du collège deLagnieu dans l’Ain(01) interpelle ses

    professeurs à larentrée de janvier.

    Touchée par l’élan desolidarité suscité par le tsunami en Asie duSud, elle veut « faire quelque chose pourles victimes » de la catastrophe.Dans un premier temps, une collecteest organisée au sein du collège. MaisMonsieur Chapuis, principal adjoint de

    l’établissement, veut aller bien au-delàd’une action ponctuelle. Mobiliser les700 élèves, oui ! Mais pas de n’importequelle façon et surtout « pas pour fairede la charité ». La mobilisation des jeu-nes et des équipes enseignantes vadonc s’inscrire dans le projet péda-gogique de l’école. Peu à peu les idées germent. Un porte-clés aux couleurs du projet est fabriqué.Chaque élève est chargé d’en vendre aumoins deux. Certains sont souvent reve-nus reconstituer leur stock auprès del’élève qui a été choisi pour coordonnerl’opération. Aidés par les enseignants,

    les enfants ont aussi demandé une sub-vention aux pupilles de l’Ain et ont vuleurs efforts récompensés par l’attribu-tion de 300 euros qui viennent s’ajouteraux 2 000 euros déjà collectés. De quoiparrainer un projet en Asie du Sud etcontribuer à une autre action sur le longterme en Afrique. Ainsi, toute l’école s’est retrouvéeautour d’une action commune. C’estavec enthousiasme que les élèves, fortsde cette expérience, vont poursuivreleur projet et à travers leur parrainagecollectif faire vivre leur engagementsolidaire tout au long de l’année. �

    Pourquoi y’a-t-il tant d’idiots de par lemonde ? Ce conte d’origine peul faitpartie d’un choix de contes africains quiont servi d’inspiration à de jeunes comé-diens pour réaliser leur pièce de théâtre :La Malle à palabres.Cécile, Gervais, Stéphanie et les autresse sont réunis autour de leur passioncommune pour écrire, mettre en scène etjouer la pièce. Aux couleurs et aux sonsde l’Afrique, La Malle à palabres raconte lavie d’un jeune garçon, avec ses moments

    de joie et de tristesse. Cette pièce dontles petits et les grands raffolent nous faitpasser du rire aux larmes, de la moraleà la réflexion. À la fin de chaque repré-sentation, le théâtre se transforme enplace publique. Tout le monde peut alorséchanger sur la situation de l’éducationdans le monde et sur les actions del’association.Une pièce pas comme les autres…puisque les comédiens et l’équipe béné-vole de Mayenne ont décidé de verser

    les bénéfices à un projet éducatif auTogo. Une prestation d’acteurs de la soli-darité remarquée ! �

    La communication a été confiée à des étudiantes permettant l’annonce des représentations

    dans la presse, à la radio et auprès des commerçants. Près de 300 spectateurs ont déjà applaudi

    «La Malle à palabres», jouée en Mayenne et à Aix-en-Provence. Courez-y vite! Vous pourrez

    la découvrir ou la redécouvrir à Montreuil (93) le 23 octobre prochain.

    L’éducation monte sur les planches

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    L’équipe de «La Malle à palabres».

    Remerciements à Ouest France.

  • Agenda des actions localesDes expos et des débats !À Albi (81) - «L’éducation, levier du développement». Du 31 octobre au 15 novembre. Exposition dans le hall du Conseil général.Contact :Mme Piquemal au 05 63 77 55 87.À La Roche-sur-Yon (85) - «La solidarité étudiante»dans le cadre de la Semaine de la solidarité internationale. Le 15 novembre de 14h à 18h.Institut supérieur de technologie. Contact :M. Mercier au 02 51 07 51 65.Au Mans (72) - «Éducation et migrations». Du 12 au 19 novembre. La Maison du Citoyen pour une terre plus humaine (26, avenue du Général de Gaulle).Contact :Mme Delaistre au 02 43 78 96 16.

    Des fêtes !À Montreuil (93) - «L’éducation change le monde ! ». Le 23 octobre (voir ci-contre). Contact :Mme Courtin au 01 43 60 79 34. À Thiverval-Grignon (78) - Fesnoz solidaire. Le 5 novembre à 21h.Contact :Mme Henri au 01 39 50 47 33.À Mulhouse (68) - Repas solidaire. Le 9 décembre à 19h. Réservation : M. Schaeffer au 03 89 07 00 08.

    Des forums associatifs !À Toulouse (31) - Place du Capitole. Le 8 octobre. Contact : M. Desange au 05 61 44 54 01.À Hérouville-Saint-Clair (14) - Village des associations Afrikales. Les 15 et 16 octobre. Contact : M. Motel au 02 31 80 30 06. À Tours (37) - Les 26 et 27 novembre. Mairie.Contact : Mme Chemla au 02 47 41 45 42.

    Des marchés solidaires !Au Barp (33) - Marché africain. Les 8 et 9 octobre. Contact : Mme Drexel au 05 56 88 68 29.À Voreppe (38) - Pucier solidaire. Le 30 octobre de 8h à 18h. Gymnase l’Arcade. Contact : Mme Morel au 04 76 50 20 67.À Besançon (25) - Marché de Noël. Les 17 et 18 décembre. Contact : M. Frechard au 03 81 80 15 13.

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    Une journée pour sensibiliser, infor-mer, débattre et se divertir autourdes questions de développement…Voilà l’ambition annoncée d’une journéefestive à Montreuil qui se déroulera le23 octobre 2005. Cet événement, organiséà l’initiative de l’antenne bénévole deSeine-Saint-Denis, en partenariat avec laville de Montreuil (93) et d’autres asso-ciations, promet d’être une grande fêtede la solidarité. Petits et grands sont invi-tés à venir découvrir d’autres culturesautour d’expositions, de jeux, de danseset de musiques d’ailleurs. La table ronde« L’éducation et le développement, çame touche et j’agis » entamera le débatcitoyen. Elle sera suivie de la projectiondu film L’École ma liberté. Sous le signe dudialogue et de la solidarité, cette mani-festation s’insère dans la vie locale enouvrant l’échange sur l’aide au développe-ment et notamment sur la question del’éducation dans le monde. �

    La Fête à Montreuil. Le dimanche 23 octobre 2005. À partir de 11 h,grand hall du Parc Montreau. Entrée gratuite.Programme complet sur www.aide-et-action.org

    et www.montreuil93.netContact: 01 43 60 79 34.

    Question à…

    En quoi cette manifestationinitiée par l’équipe bénévoleAide et Action de Seine-Saint-Denis rejoint le travail de la municipalité en faveurde la citoyenneté?

    La ville de Montreuil défendune politique d’ouverture

    et de proximité. C’est dans ce sens qu’elle inscrit lacitoyenneté dans sa politiqueglobale et sensibilise ses habitants aux démarchesde ce type. Il existe une réellecomplémentarité entre Aide et Action et la ville. Un double mouvement

    s’opère avec d’un côté le rôle institutionnel de la mairie et de l’autre le rôle citoyen de l’équipebénévole. Nous allons vers le même objectif : la promotion d’une démarchede citoyenneté et d’ouverturesur le monde.

    M. Jean-Jacques Joucla, adjoint au mairede Montreuil (93), chargé des relationsinternationales.

    «L’éducationchange le monde»à Montreuil

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    Haïti : l’engagement de jeunes pour la citoyenneté

    Anarchie, violence et injustice sont le quotidien des haïtiens. Les jeunes ne sont pas épargnés. Ils se désintéressent de leur communauté et rêvent de partir. Pourtant, certains ont compris l’urgence

    et s’engagent dans l’éducation citoyenne de leurs compatriotes.

    «Nos jeunes ne sont pas bien éduqués,c’est pourquoi le pays se trouve dans

    cette situation chaotique.» Cette déclarationdu directeur de l’école de Petit Bérard àDessalines en Haïti lance un message d’alerte.Le pays s’est effondré sous le poids destroubles politiques dont le point d’orgue aété la chute du président Aristide. Les jeu-nes, comme le reste de la population, sontlivrés à eux-mêmes. Il y a urgence car les fon-dations d’une Haïti démocratique et d’unÉtat de droit reposent sur cette jeunesse.

    Former à la citoyennetéLes Groupes de volontaires d’actioncivique (GVAC) sont des jeunes bénévo-les qui ont compris la nécessité de s’im-pliquer dans le développement du pays.Ces groupes sont issus du programme deformation à la citoyenneté de notre parte-naire haïtien Fondessa. Prendre consciencedu patrimoine national grâce à des visitesde lieux historiques, des droits et devoirsde chaque citoyen et du rôle des jeunesdans la société, telles sont les ambitionsde ce programme. Une fois formés, les jeunes des GVACdeviennent à leur tour animateurs. Ils serendent dans les communautés et lesécoles pour informer les citoyens deleurs droits, leurs devoirs et leurs rôlesdans la reconstruction du pays. Très

    actifs, ils sensibilisent les populations aurespect et à la protection de l’environne-ment, organisent des visites et échangesentre différentes localités, mettent enplace des ateliers de danse et théâtredans le cadre de semaines socio-culturelles, etc. Saint-Fleurant Céradieu,

    économe à l’école Etzer Vilaire d’Ogé,prédit que « le programme favorisera ledéveloppement de la commune. Si lesenfants d’aujourd’hui sont éduqués civi-quement, s’ils connaissent leurs droits etleurs devoirs, ils pourront contribuer auchangement de leur pays». �

    Des notables au servicede la médiation

    L’Action citoyenne des notables deDessalines est une autre expérienceproposée par la Fondessa et Aide etAction dans le cadre de leur pro-gramme d’éducation à la citoyenneté.L’Artibonite est une région où sontrépertoriées de nombreuses violen-ces liées à des conflits fonciers. Celles-ci peuvent aller jusqu’à la mort en rai-son de la valeur et de la rareté desterres cultivables et du dysfonction-nement de l’appareil judiciaire. Dansce climat, des notables, bénévole-ment engagés, ont été formés à lamédiation. Ils contribuent à régler àl’amiable des conflits entre lescitoyens de Dessalines et dévelop-pent l’entente et la cohésion entreles différentes localités voisines.

    Des jeunes Haïtiens se mobilisent pour leur communauté.

    Pho

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    2 questions à…

    1. Pourquoi vous êtes-vous engagé pour la citoyenneté?Après avoir suivi, pendant un mois environ, des séancesde formation sur l’éducationcitoyenne organisées par la Fondessa 2004, je me suis senti « conscientisé » par la démarche et j’ai prisl’engagement d’aller partager

    les notions apprises sur les droits et devoirs du citoyen avec d’autres jeunes de la communauté.

    2. Quelles sont vos dernières actions en tant que volontaires ?Après la fête patronale(Sainte-Claire d’Assise) de la ville de Marchand

    Dessalines, j’ai entrepris, avec d’autres bénévoles, le nettoyage de la placepublique. J’ai aussi participé à une marche desensibilisation à la protectionde l’environnement. Nous comptons égalementplanter une forêt visant à protéger les bassins versants de la ville.

    Fedler Benoît, 19 ans, originaire de la commune deMarchand Dessalines, élève en 7e année fondamentale(équivalent de la classe de 6e en France) au collège EtzerVilaire et membre des GVAC.Ph

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  • >> Apprendre autrement

    >> Apprendre autrement

    DOSSIER

    PAROLE DE… p8Pourquoi a-t-on besoin d’innover? Tribunes de Magloire Cossou et Claire Calosci

    INNOVATION p10Tour du monde d’expériences éducatives

    PASSERELLES p15Cambodge : “La Boîte à outils”, des jeux pour apprendre

    PERSPECTIVES p16Bénin : une réforme éducative centrée sur une nouvelle approche pédagogique

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  • Parole de…

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    Au Bénin, les pédagogies actives sont au centre de la réforme.

    passe à 500 m du village et sur le systèmedes crues. À la fin de la leçon, je leur ai posédes questions. Je me suis aperçu qu’ilsn’avaient pas du tout fait le lien avec leurenvironnement! Pour eux, le cours d’eaus’appelait Ouobo et la montée des eauxétait due à la bonne humeur du génie du

    fleuve! Si j’avais commencépar questionner les élèvessur leurs connaissances, laleçon aurait été beaucoupplus constructive.

    A & A : Quelle est votreprincipale difficulté concer-

    nant la mise en place de ces nouvellesméthodes ? M.C. : Ce qui est le plus difficile, c’est cer-tainement la mise au point de la formationdes enseignants à ces nouvelles méthodes.Au Bénin, le niveau des professeurs est trèshétérogène. Nous avons deux types d’en-seignants: les fonctionnaires qui ont passéle concours de l’Éducation nationale et ontreçu une formation didactique et les ensei-gnants communautaires, recrutés et payéspar les associations de parents d’élèves. Leproblème des enseignants communautai-res, c’est qu’ils n’ont pas reçu de formationet sont même très peu diplômés. Certainsn’ont que le certificat d’études (diplômesanctionnant la fin de l’apprentissage enprimaire). Pour l’application des NPE nousavions prévu quatre semaines de formationcomplémentaire mais ce n’était pas suffi-sant… surtout pour les enseignants com-munautaires. Aujourd’hui, tous les ensei-gnants bénéficient d’une formation conti-nue: une journée tous les quinze jours. Audépart, les enseignants se plaignaient d’unapprentissage trop théorique. Maintenant,les formations allient théorie et expérimen-tations. Le but est que chaque formateursoit capable de prendre la craie et de faireune démonstration pratique avec une classed’enfants. C’est vraiment efficace. �

    Bénin : réforme nationale de l’éducationaxée sur les pédagogies actives

    Au Bénin, la réforme nationale de l’éducation est en cours. Les nouveaux programmes préconisent des pédagogies actives qui mettent l’élève au centre de l’apprentissage.

    Pourquoi la nécessité d’une telle réforme? Pour quels résultats?

    Éclaircissement de cette nou-velle approche pédagogiquepar Magloire Cossou, ancieninstituteur et inspecteur del’Éducation nationale à laretraite, actuellement res-ponsable pédagogique duprojet Équipe (égalité etqualité dans l’enseignementprimaire).

    Aide et Action : M. Cossou, pouvez-vousnous expliquer en quoi consiste cettenouvelle réforme?Magloire Cossou : La réforme de l’éduca-tion met en place ce que nous appelonsles Nouveaux programmes d’études (NPE).Ces NPE veulent former de nouveauxcitoyens. Avant, l’école formait surtout desfonctionnaires, sur le modèle colonialhérité. On leur demandait de connaîtrebeaucoup de choses mais ils ne savaientpas agir par eux-mêmes. Notre but aujour-d’hui est de former des adultes capablesd’agir pour le développement du pays etnon plus des perroquets savants. Cetteréforme prône une pédagogie activebasée sur l’apprentissage de compéten-ces. Nous voulons que les connaissancesapprises à l’école soient réutilisées à

    l’extérieur de l’école : il ne s’agit plus desavoir mais de savoir faire !

    A&A: Pouvez-vous concrètement nousdécrire le principe de ces pédagogiesactives?M.C. : Voici comment un enseignant quipratique ce type depédagogie donne, au-jourd’hui, une leçon…Trois étapes sont néces-saires : d’abord, l’en-seignant vérifie l’étatdes connaissances desélèves sur un sujet. En-suite, il mène les activités d’apprentis-sage. La dernière phase se découpe endeux temps : retour et projection. Leretour consiste à interroger les enfants surleur apprentissage et la projection, àchercher comment employer ce nouveausavoir dans la vie quotidienne.

    A&A : Qu’est-ce que cela améliore? M.C. : Cela permet tout simplement d’êtreplus efficace ! Je vais vous donner unexemple des limites de l’ancien système:quand j’étais instituteur, dans un villagedu centre du pays, j’ai fait une leçon degéographie sur le fleuve Ouémé, qui

    Notre but aujourd’hui est de former des adultes

    capables d’agir pour le développement du pays

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    Aide et Action : Lors-que M. Cossou parlede « modèle colonialhérité», de quoi parle-t-il exactement?Claire Calosci : La ques-tion de savoir si un sys-tème éducatif est «héri-

    té» ou imposé est un débat dépassé. Il fautaller au-delà de cette vision et s’intéresserdavantage au contenu et à la pédagogie.

    A&A : M. Cossou déclare : «Notre butaujourd’hui est de former des adultescapables d’agir pour le développementdu pays». Qu’en pensez-vous?C.C. : L’objectif d’un système éducatif estde renforcer la capacité des populationsafin qu’elles acquièrent les moyens de sedévelopper dans le sens qu’elles ont choisi.J’aimerais souligner qu’à l’heure d’une glo-balisation accrue, un système éducatif natio-nal n’a guère d’autre choix que de formerdes individus pour qu’ils développent leurpays et prennent en compte une économiemondialisée.

    A&A: L’objectif et le contexte étant posés,existe-t-il un modèle de système éducatifqui puisse y répondre? C.C. : Non. L’objectif de tout système édu-catif, nous venons de le voir, est universel.En revanche, les moyens et les outils nele sont pas : ils doivent être adaptés auxcontextes locaux. Il existe donc bien DESsystèmes éducatifs.

    A & A : M. Cossou dénonce la différencede niveaux des enseignants au Bénin etla difficulté que cela représente pour lamise en place de ces nouvelles métho-des pédagogiques. D’autres obstaclespeuvent-ils mettre en péril l’efficacitéd’une telle réforme ? C. C. : M. Cossou a raison de soulignercette difficulté. Mais d’autres obstaclesexistent. Comme je l’ai exposé précé-demment, un système éducatif efficacedoit partir des cultures locales. Or cesont les parents d’élèvesqui sont les garants deces spécificités. Com-ment des nouvelles mé-thodes pédagogiquespeuvent-elles être déve-loppées sans le concoursdes premiers acteurslocaux ? Sans leur impli-cation, comment parler de méthodesadaptées !

    A & A : Ainsi, le fait de concentrer lesefforts sur la formation des enseignantset l’implication des parents permettrait-il une réelle efficacité des réformeséducatives ?C. C. : Pas seulement. Une autre faiblessedes réformes concerne l’évaluation. Lesenseignants ne font que collecter deschiffres : notes, taux de réussite, etc. Ils nesont pas impliqués dans l’analyse de cesdonnées qui, d’ailleurs, demeurentincomplètes. Seule une évaluation régulière

    basée sur les objectifs de l’enseignement– Les savoirs sont-ils mieux maîtrisés ?Les comportements ont-ils évolué ? –peut fournir un outil de pilotage et demotivation aux professeurs en leurapportant un retour régulier sur l’impactde leur stratégie éducative. Cette éva-luation leur permet de corriger et demodifier leur pédagogie et c’est là quese situe l’importance de l’innovation :dans cette adaptation permanente despédagogies pour que celles-ci contri-buent au maximum à l’atteinte desobjectifs de l’école.

    A&A: Ainsi, concrètement, comment celase passe-t-il sur le terrain ?C. C. : Sur le terrain, les innovations sontnombreuses. Mais que se passe-t-il au-delà de l’innovation, de l’expérience ?Comment mettre à l’échelle ces inno-vations qui fonctionnent et sont capables

    d’apporter des solutionsréalistes, efficaces maislocales ?Il est temps que lespartenariats soientrenforcés entre lesONG, les États, lesassociations locales,

    les communautés, lesorganisations internationales, les collecti-vités, les bailleurs de fonds… afin de par-tager et diffuser nos expériences, de ren-forcer nos compétences et d’agir ensem-ble pour des solutions innovantes. Il nousfaut appuyer les populations pourl’élaboration et la mise en œuvre deleurs propres projets de développement.Nous en avons fait l’expérience : les inno-vations développées ici sont parfoiscatastrophiques là-bas. Notre travail nousimpose donc de ne jamais chercher àreproduire mais au contraire toujoursremettre en question les réussites quenous avons pu connaître. �

    «Un système éducatif efficace doit partir des cultures locales »

    Claire Calosci, directrice générale d’Aide et Action, nous donne son point de vue sur la réforme de l’éducation en cours au Bénin et les propos de Magloire Cossou.

    Il nous faut appuyer lespopulations pour l’élaborationet la mise en œuvre de leurs

    propres projets de développement

    Les parents d’élèvessont les garants

    de la culture locale. Pho

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    Des claviers en braille pour des enfants aveugles : l’éducation s’adapte.

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    «Un jeune villageois rencontre Lardjapour lui remettre une ordonnance pro-

    venant de la ville. Le document paraîtofficiel car il porte un cachet rouge.Comme personne ne sait lire, Lardja s’ima-gine aussitôt qu’il s’agit d’un mandatd’arrestation destiné à son fils. Ce der-nier, qui a quitté le domicile, aurait com-mis un délit et puisqu’on ne le retrouve pas

    Lardja pense qu’il va se faire emprisonnerà sa place. Pris de peur, il veut quitter auplus vite la commune. Sa femme tente dele raisonner et lui propose de se réfugierchez sa sœur qui sait lire. Mais Lardjaest trop effrayé par ce document quepersonne ne comprend et décide de quit-ter le village en emmenant toute safamille. Lorsqu’ils arrivent à la rivière en

    crue, il remet l’ordonnance à sa femme etmalgré les supplications de celle-ci, il sejette à l’eau et se fait emporter par le cou-rant. Sa femme, en sanglots, revient auvillage avec les enfants. Les habitantsfont appeler sa sœur qui déchiffre enfin lepapier. Celui-ci n’est en fait qu’uneordonnance médicale. Le fils de feuLardja n’a pas d’argent pour régler lesmédicaments et réclame une aide finan-cière à sa famille. Le cachet rouge estcelui de l’hôpital. Suite à ce drame, lemaire décrète l’apprentissage de la lecturepour tous. Il ordonne à chaque familled’inscrire ses filles et ses garçons à l’écoleet de veiller à leur assiduité jusqu’enclasse de CM2, au moins. »

    Le public sensibiliséLardja n’est que le personnage imaginaired’une pièce de théâtre-forum interprétéedans les villages au Burkina Faso. Le mes-sage est clair : il faut scolariser les enfants. Puissant moyen de communication, lethéâtre-forum permet de traiter avec unegrande simplicité les sujets les plustabous comme la limitation des naissan-ces, l’excision, le mariage forcé, etc. À lafin de la représentation, l’assistance estinvitée à prendre la place des acteurs.Les spectateurs improvisent alors les

    Tour du monde pour apprendre autrement

    L’éducation est un droit universel. Elle est une condition indispensable à un individu, une communauté, un peuple, un pays… pour grandir et se développer. Si l’objectif est le même pour tous, les moyens ne peuvent

    être comparables. En Afrique, en Asie, dans les Caraïbes… les différences composent les outils éducatifs. Apprendre autrement, c’est finalement s’adapter !

    Les saltimbanques du développement au Burkina Faso Le rire pour sensibiliser. Grâce au théâtre-forum qui transforme les spectateurs en acteurs, les communautésconsentent à faire ce qu’elles ont toujours refusé : envoyer leurs filles à l’école, lutter contre le sida…

    Le théâtre-forum sert à aborder les sujets les plus tabous avec les communautés.

    EN AFRIQUE : APPRENDRE PAR LE THÉÂTRE

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    La redécouverte de la lecture

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    dialogues et proposent des solutionsaux problèmes posés. Omar Ouattara, quidirige une troupe amateur assure qu’« àla fin de la représentation, le public quittele spectacle plus sensibili-sé que jamais. On ritbeaucoup, on pleuremême parfois, mais onest obligé de réfléchirau thème traité ».Parfois, au moment dudébat, les spectateursposent des questions auxquelles lesacteurs n’arrivent pas toujours à répondrede façon satisfaisante. C’est pourquoi des

    spécialistes des questions soulevéessont présents : une sage-femme quandils jouent sur l’excision ou le sida, unagent de l’agriculture quand il s’agit de la

    réforme agraire, etc.Les pièces sont presquetoujours des créationscollectives de la troupe.Une fois le message àfaire passer connu, cha-cun y va de sa petite idée,

    ce qui, à la fin, donne unepièce complète. Issaka Sawadogo, un autredirecteur de troupe, avoue son étonnementde voir avec quelle facilité les comédiens

    amateurs font preuve de créativité artisti-que. Et d’expliquer : «Souvent une ONGou un service nous demande, pour ainsidire manu militari, de créer une pièce desensibilisation, avec des délais trèscourts. Jamais nous n’avons reculé, aucontraire, le résultat a toujours agréable-ment surpris». �Le théâtre-forum permet

    de traiter avec une grande simplicité les sujets

    les plus tabous

    Les spectateurs posent beaucoup de questions. Ils repartent plus sensibilisés que jamais.

    Les habitants du village de Khsim Knongdans la province de Kratié se dirigentvers une petite maison en bois qui se trouveau centre du village. Cette cabane, videautrefois, est aujourd’hui remplie de femmeset d’enfants devenus de fidèles visiteurs de

    ce que l’on appelle les Centres d’éducationpour tous (CET). La dictature des Khmersrouges a entravé le développement de ladémocratie et de l’éducation (par la sup-pression des élites et la destruction deslivres). Aujourd’hui, ce déficit est lente-ment comblé par lesCET qui recréent ununivers lettré. Quand l’animateur sortde la caisse tous lesouvrages, le silence faitsoudain place à de gran-des discussions entre les lecteurs. Certainsracontent à leurs amis les histoires ou lesromans qu’ils ont lus, en espérant leur don-ner envie de les lire à leur tour.

    Set Riten, la jeune animatrice du CET dela commune de Sambo, observe le com-portement de ses «clients». Chaque jour,pas moins d’une soixantaine de lecteursviennent lui rendre visite. Petit à petit, ilsont pris l’habitude d’emprunter des livres

    et de les rapporter lelendemain, après lesavoir lus au calme chezeux. Set Riten nousexplique que la fréquen-tation du centre a beau-

    coup augmenté depuisson ouverture. Les enfants, encore réti-cents il y a peu, sont désormais conquis.Aujourd’hui, leurs parents s’intéressenteux aussi à la lecture.

    Les Centres d’éducation pour tous au Cambodge Suite au régime dictatorial khmer rouge, l’absence de ressources littéraires a privé les populations des connaissancesnécessaires à leur développement. Les Centres d’éducation pour tous changent la donne et mettent des bibliothèques à la portée des communautés les plus isolées.

    EN ASIE DU SUD-EST : APPRENDRE PAR LA REDÉCOUVERTE DES LIVRES

    Chaque jour, pas moins d’une soixantaine

    de lecteurs viennent au Centred’éducation pour tous

    «Le théâtre est un moyen de prévention fabuleux… Nous vivons une période troublée où de nombreux jeunes perdent leursrepères sociaux. Il faut […] agir pour que les enfants deviennent des auditeurs et des spectateurs attentifs. L’art et la culture ont un rôleconsidérable à jouer sur leur formation morale et intellectuelle.» Amadou Bourou, fondateur de la compagnie Feeren (qui signifie « floraison»en «dioula», une langue parlée dans différentspays d’Afrique de l’Ouest).«On montre une nouvelle manière d’apprendre.Au lieu de réciter “Les Fables de la Fontaine”,comme c’est l’usage en classe, on peut y insérerle jeu et la musique, qui appartiennent à la culture des élèves. Cela complète ce qu’ils apprennent à l’école.» Un comédien.

    Réflexions d’«éducateurscomédiens»

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    Les CET permettent aux Cambodgiens de retrouver lechemin de la lecture.

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    Danneri Sierra, 13 ans, est fièrede suivre le huitième cycled’éducation primaire. Cette jeunefille est l’un de ces 120 millionsd’enfants qui, en Amérique latine,vivent dans des conditionsextrêmes de pauvreté, sansécole au quotidien et sansvéritable logement.Danneri participe active-ment aux travaux domes-tiques et veille sur ses frè-res. Elle va peu à l’école.

    Son enfance se passe au milieu desinterminables nuages de poussièrelaissés par le passage des camionspleins de déchets en route vers l’im-mense déversoir d’ordures qui

    entoure la communauté.

    Partager sans se battreMalgré la dure réalité danslaquelle Danneri doit grandir,ses yeux sourient en parlant dece qu’elle appelle quelquechose de « très spécial » qui

    Les Espaces pour grandir Dans le « batey » Duquesa, bidonville des décharges de République dominicaine, les « Espaces pour grandir » apportent un nouvel espoir éducatif. Le programme accompagne les enfants dans leur scolarité et réintègre ceux qui en sont exclus. Grâce aux jeux, ils apprennent l’importance de la solidarité et de l’environnement.

    DANS LES CARAÏBES : APPRENDRE GRÂCE AUX JEUX

    «Nous sommes contents, car notre objectifen ouvrant le CET était de toucher lesenfants mais aussi les adultes. Plus ilslisent et plus leur ouverture d’esprits’accroît», explique avec enthousiasme Set.Aok Pheap, 50 ans, est pêcheur dans levillage de Cham-bak. Toute sa vie,il n’a eu de cessede rappeler à sescinq enfants l’im-portance de l’édu-cation. Il les pousseà aller au CET dèsqu’ils ont du tempslibre après l’école.Aok a égalementessayé de parta-ger avec ses voi-sins tout ce que lui-même avait apprisdans les livres du CET, en particulier sur lechoix des méthodes ou des engrais pourla culture du riz.

    Échanger les connaissancesacquises par la lecture Confiant, il affirme que l’on peut avoir debonnes récoltes si l’on suit sérieusementce qui est écrit dans les livres. Mais il n’estpas si facile de convertir les paysans à destechniques nouvelles dans une société oùles traditions ancestrales prévalent depuistant d’années. Un beau défi que tous lesacteurs du CET sont sûrs de relever avecun peu de temps, du dialogue et beau-coup de patience. �

    arrive dans sa communauté : les «Espacespour grandir » (Espacios para crecer, EPC).« Je peux dire que l’EPC est un lieu oùj’apprends des choses nouvelles etimportantes pour la vie. J’ai appris à mieuxm’exprimer, à partager avec mes compa-gnons sans me battre. Avant d’être ici, jene pouvais pas me retrouver avec euxsans que naisse une bagarre. Maintenant,c’est fini !», exprime-t-elle, les yeux rem-plis d’émotion. Elle poursuit : « J’aimebeaucoup [l’EPC] parce que nous appre-nons grâce à des jeux, je m’amuse tout le

    D’autres activités sont menées au sein des Centres d’éducation pour tous telles que le récit de contes, des questions/réponses pour élargir les connaissances générales, des jeux de rôles, la lecture en groupe ou individuelle, le dessin… Dans ces situations, chacun peut apprendre, expérimenter, réfléchir et aussi… rêver.Pour répondre au mieux aux besoins des habitants et les aider à améliorer leur niveau de vie, certains CET proposent aussi des petites formations professionnelles (culture des champignons, utilisation d’engrais biologiques) et des débats autour de problèmes de société (droits de l’homme). Ces initiatives encore isolées s’étendent petit à petit pour faire du Centre d’éducation pour tous un véritable espace d’échange, de rencontre et de valorisation des savoir-faire locaux.

    Plus que la lecture

    Ci-dessus : La fréquentation des CET ne cesse d’augmenter : parents et enfants sont conquis par la lecture. Ci-contre : LeCentre d’éducation pour tous du village de Khsim Knong au Cambodge.

    Danneri Sierra participe aux «Espaces pour grandir ».

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    temps. À l’école, je peux seulement medistraire à la récréation».À Duquesa, cet espacede formation innovantaccueille quotidienne-ment soixante enfantsmais l’objectif est d’aug-menter les effectifs jus-qu’à atteindre centvingt dans les pro-

    chains mois, assure Rodrigo Olavarria,chargé de Mission Aide et Action. Il

    explique aussi qu’a-vec cette initiative,les enfants de cebatey consacrentune partie de leurtemps à apprendre,par des travauxmanuels ou des ate-

    liers d’expression, l’importance de l’envi-ronnement et de la solidarité. Une solida-rité très vite mise en pratique puisqu’il neleur a pas fallu longtemps pour essayer demotiver les enfants encore déscolarisés àquitter les décharges pour les rejoindredans cet endroit «où l’on joue»!

    Ne pas culpabiliser les parentsLes «Espaces pour grandir» ne ciblentpas que les enfants. Les animateurs, for-més à cet effet, entretiennent une sensi-bilisation constante avec les parentspour que ces derniers placent l’éduca-tion comme principale activité de leurs

    enfants. «Les pa-rents sont direc-tement impliquésdans le projet carce sont eux qui lepoursuivront »,nous expl iqueRodrigo Olavar-ria. Il poursuit :« Il ne faut pasles culpabilisermais ils doiventassumer la res-

    ponsabilité d’envoyer régulièrementleurs enfants aux journées éducatives descentres.» C’est avec eux que les «espacesgrandiront » ! �

    “Jenunudi Kaliyaku” - un manuel scolaire en dialecte tribal L’instruction dans les écoles gouvernementales indiennes répond mal aux besoins des enfants tribaux. Ils rejettent l’éducation conventionnelle qui ignore leurs langues et leur milieu. Le « Jenunudi Kaliyaku » (manuel scolaire en dialecte tribal) donne à chaque enfant les moyens d’affronter la vie moderne.

    EN ASIE DU SUD : APPRENDRE PAR SON MILIEU

    Environ 100000 Jenu Kurubas vivent à lalisière des forêts de trois états du sudde l’Inde (Karnataka, Kerala et Tamil Nadu).Le mot d’ordre de la structure sociale decette tribu est l’autogouvernance.Traditionnellement collecteurs de miel(signification de leur nom), les JenuKurubas vivent dans et de la forêt. Lespolitiques de création des parcs natio-naux, au début des années 1970, ont pro-voqué leur expulsion de leurs milieux etont brutalement marginalisé la tribu.Leurs codes sociaux, très différents,reflètent une vie proche de la nature. Lespratiques religieuses sont animistes et ladiscrimination envers les femmes estabsente (les séparations, les remariages

    Je peux dire que l’EPC est un lieu où j’apprends

    des choses nouvelles et importantes pour la vie

    Danneri Sierra, 13 ans

    Les «Espaces pour grandir» accompagnent les enfants dans leur scolarité et réintègrent ceux qui en sont exclus.

    Le manuel scolaire tient compte de la culture tribale.

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    des veuves, les mariages d’amouracceptés…). En matière de savoirs, lesvaleurs des Jenu Kurubas sont simples :« Partage tes connaissances avec moi etje partagerai les miennes avec toi ».L’éducation est un processus continu,dans l’école mais aussi dans la famille.Les Jenu Kurubas accordent beaucoupd’importance à la transmission d’uneéducation au sein de la communauté. Les écoles, en forme de hutte, sont faitesde matériaux locaux. Les enfants, assis àmême le sol, se dirigent spontanément, àleur entrée dans la classe, vers un miroirqui leur permet de vérifier leur bonneprésentation. Des petits papiers coloréssur lesquels se trouvent des dessins cor-respondant à des scriptes kanada (langueofficielle de l’État du Karnataka) sontsuspendus au plafond. Les murs sontornés de déclarations sur les droits destribus et des portraits du MahatmaGandhi et de Birsa Munda, grand leaderadivasi (premier peuple en Inde) dudébut du XIXe siècle, sorte de « Gandhides Adivasis ».

    Les enfants rejettent le système formelLes premiers professeurs gouvernemen-taux délégués à de telles écoles n’avaientaucune connaissance de la culture tribale.En conséquence, les enfants ont lente-ment rejeté le système d’éducationconventionnel. Srikhant, directeur del’ONG partenaire DEED (qui met en placele projet), explique que « le programmeformel ne tient pas compte des cultureset de l’expérience tribales et, par consé-quent, présente des dysfonctionnementset des décalages avec la façon de vivredes enfants». Dorénavant, les enseignants

    – après avoir été sélectionnés une pre-mière fois sur la base de leurs connais-sances académiques – viennent vivre unesemaine dans le village. C’est alors auxcommunautés de décider sil’enseignant leur convient,sur la base de l’observa-tion de ses attitudes etrapports avec les enfantset parents.La réalisation d’un livrespécial, le Jenunudi Kali-yaku, vient compléter ceprogrès éducatif car lemanuel tient compte de laculture et des connaissancestribales. Le livre utilise le dialecte tribaljenu. Les matières incluent la culture tri-bale, leurs festivals et leurs habitudes ali-mentaires. Les professeurs sont formés à

    son utilisation et disposent égalementd’un manuel avec des détails sur la pro-nonciation, les méthodes d’enseigne-ment et le processus d’évaluation.

    Manjula, directrice del’école de Tharikal avoueque «les enfants appren-nent plus vite. Lesleçons sont apprisesen chantant. Si on uti-lise les méthodes clas-siques, ils se décon-centrent ». Elle souli-gne qu’« il n’y a aucune

    comparaison entre cequ’étaient les enfants il y

    a quelques années et aujourd’hui ».Jayappa, un enseignant du village d’Ane-mala, ajoute : « J’enseigne dans notre dia-lecte [jenu] parce que les enfants com-prennent plus facilement et mieux. Nousenseignons également en kanada commeça ils apprennent les deux langues, notredialecte et la langue de l’État ».

    Un manuel qui tient compte de la culture tribale Sreekant précise que le livre crée unimpact positif. Les enfants sont nombreuxà avoir intégré ou réintégré l’école.« L’emploi du Jenunudi Kaliyaku motive lesjeunes car ils apprennent les chansons etles histoires dans leur langue. L’éducation[devient] la propriété de la communautéqui supervise son fonctionnement (…)Les communautés tribales aiment l’auto-nomie et la liberté. » Le programme per-met à la fois de valoriser les savoirs tri-baux mais aussi de permettre auxenfants de suivre l’évolution du mondedans lequel ils vivent, évitant ainsi unostracisme culturel dangereux pour lasurvie de la tribu. �

    Il n’y a aucune comparaison entre

    ce qu’étaient les enfants il y a quelques années

    et aujourd’huiManjula, directrice

    de l’école de Tharikal

    La tribu des Jenu Kurubas vivent dans et de la forêt.

    C’est à la communauté de décider si l’enseignant convient.

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  • « Ce jeu où il faut trouver le chemin desortie est très amusant ! » Nous ne som-mes pas dans une cour de récréationmais dans une classe de maths.L’explorateur joué par un élève parle envérité d’un « labyrin-the des numéros ».Dans cette classe, lesenfants apprennent etmémorisent la tablede multiplication touten s’amusant.Le labyrinthe des numéros n’est qu’unedes nombreuses innovations propo-sées dans le livret La Boîte à outils. Cerecueil d’activités pédagogiques stimu-lantes est le fruit de la collaborationentre les ONG Mith Samlanh et Aide etAction, l’Institut national de l’éducation(INE) et la Coopération française.

    Des jeux pour apprendreDestiné aux enseignants du primaire, lemanuel propose plusieurs activitéspédagogiques, notamment en mathé-matiques, langues, sciences et éduca-tion à la santé.Même si les élèves jouent pour apprendre,La Boîte à outils reste centrée sur l’ensei-gnement. « Ces exercices sont fondés surles exigences du système scolaire et surl’intérêt des enfants», déclare Ly Sophat,directrice de Mith Samlanh. En fabri-quant des glaces dans la classe de scien-ces, les jeunes gourmands observent lesdifférents états de l’eau avant de dévorerleur gelato. D’une manière similaire, ils

    doivent maîtriser l’addition pour gagneraux jeux de cartes. Cette formule a aussiété adaptée à l’éducation aux valeursdémocratiques et à la santé. Les élèvessont encouragés à exercer leurs droits decitoyens en organisant l’élection desreprésentants d’élèves. Chacun peut seprésenter volontairement et sans discri-mination. Les jeunes acquièrent éga-lement des connaissances en santé ethygiène. Ils participent à des jeux édu-catifs, comme celui de la chaîne danslequel l’enseignant leur explique lesmodes de contamination. Avec ses vingt-six ans d’expérience, Mme Sokhom, insti-

    tutrice à l’école dePreak Taten, remarquenettement l’améliora-tion dans l’appren-tissage des élèves :« Ils sont très actifs

    car ils aiment ces jeuxqui les aident à apprendre ».Néanmoins, La Boîte à outils ne remplace pasles manuels classiques. Le livret ne contientpas un programme scolaire complet : il

    donne des idées d’activités pratiques,ludiques et faciles à réaliser. L’utilisationet l’adaptation restent à l’unique initiativedes enseignants.

    Un potentiel énormeEn début d’année 2005, ce sont près de4000 écoles primaires qui ont reçu La Boîteà outils. Auray Aun, responsable Aide etAction au Cambodge, souligne que «cettedistribution reste avant tout une actionponctuelle. À nous, Aide et Action et nosconsœurs ONG, d’influencer les autoritéspour que puissent être utilisées lesméthodes de pédagogie active centréessur l’enfant. C’est un travail d’influence àmoyen et long terme que nous démarronsaujourd’hui». Les éducateurs cambodgiens restentcependant optimistes. Serge Martin,conseiller technique à l’INE, nous informequ’un nouveau projet de Boîte à outilsdémarrera en fin d’année 2005 et présen-tera des modules entiers sur les sciences.De nouveaux jeux à venir pour les élèvescambodgiens… �

    Cambodge : “La Boîte à outils”,des jeux pour apprendre

    L’éducation nationale cambodgienne veut promouvoir une pédagogie adaptée aux besoins de l’enfant. «LaBoîte à outils», recueil d’activités pédagogiques, propose aux professeurs de compléter l’enseignement

    des sciences, des langues, des maths… par des jeux. Une pédagogie pleine de promesses qui s’évalue au plaisir d’apprendre des enfants.

    Ces exercices sont fondés sur les exigences

    du système scolaire et sur l’intérêt des enfants

    «La Boîte à outils», un livreludoéducatif destiné aux enseignants cambodgiens.

    Grâce aux activités proposées par «La Boîte à outils », les enfants peuvent apprendre tout en s’amusant.

    PasserellesDOSSIER

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    Ouidah, école de Kpassé. L’entrée del’école est à deux pas de la Forêt Sacrée,dans une rue de terre et de sable.Derrière l’enceinte de béton courentdeux longs bâtiments regroupant chacuntrois classes. Toits de tôle, sols et mursde ciment. C’est l’école de Kpassé A. Maisil y a aussi l’école « B ». Elle a ouvertrécemment, suite à l’augmentation deseffectifs qui dépassaient les 100 élèvespar classe. Quelques poteaux d’eucalyptuset un toit de paille forment le nouveaubâtiment des six nouvelles classes. Faceau manque d’enseignants, d’infrastructures

    et de matériel, les innovations pédago-giques passent au second plan. Et pour-tant. Le directeur de Kpassé B, Célestin,fait sa classe : les élèvessont assis en petits grou-pes. Sur les « murs »,les tableaux en contre-plaqué sont le seul affi-chage dont dispose laclasse. On y trouve unpoème, un conte et laliste des responsabilités de chaqueélève. L’année passée, Célestin a béné-ficié d’une formation pédagogique. Il a

    ainsi pu mettre à jour des savoir-faire quidataient pour certains de vingt-cinq ans,son ancienneté. Aujourd’hui, il n’est plus

    le centre de la classe : ilest devenu facilitateur…Au Bénin, la réformemettant en œuvre lesNouveaux programmesd’études (NPE) préco-nise l’application de

    pédagogies actives quimettent l’élève au centre de l’apprentis-sage. Mais comme partout, la mise enœuvre d’une réforme, accompagnéed’une nouvelle approche pédagogique,soulève certains problèmes.

    Les obstacles structurels subsistentDans un premier temps, les soucis maté-riels freinent l’enseignement. L’effortengagé pour la scolarisation universelle ason revers. Les infrastructures ne suffisentpas et le nombre d’enseignants est loindu minimum requis. Certains ont mêmeune « double vacation » : ils ont deux clas-ses, parfois de niveaux différents, quipeuvent atteindre 50 élèves chacune.Au Bénin, comme ailleurs en Afrique, ilexiste deux types d’enseignants : lesfonctionnaires de l’État qui sont passéspar l’École normale et les enseignantscommunautaires. Tous reçoivent uneformation complémentaire pour l’utilisa-tion des NPE. Mais, les seconds, payéspar la communauté (en moyenne dix foismoins que leurs collègues), manquentsouvent de formation initiale en didacti-que. Ils n’ont comme diplôme que leBEPC (brevet des collèges) parfois seule-ment le certificat d’études. La formationcomplémentaire est alors insuffisante. Le

    Bénin : les nouvelles méthodes pédagogiques sont l’affaire de tous

    Au Bénin, la réforme de l’éducation est en cours. Axée sur une nouvelle approche pédagogique de l’enseignement, son application soulève quelques difficultés que la société civile et l’État s’appliquent à surmonter.

    L’instauration de pédagogies innovantes

    doit d’abord découler d’une véritable analyse de la

    société et de ses besoins

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    Les enseignants reçoivent une formation aux pédagogies actives.

    La nouvelle réformemet l’élève au centrede l’apprentissage. Ph

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    PerspectivesDOSSIER

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    manque d’uniformité du corps ensei-gnant béninois est un réel problème.Confrontés à ces obstacles, comment lesenseignants peuvent-ils être porteursdes nouvelles méthodes pédagogiques ?(Lire à ce sujet l’interview de MagloireCossou en page 8). Aujourd’hui, les unset les autres partagent leurs expérienceslors d’Unités pédagogiques. Ces forma-tions, de deux jours par mois, leur per-mettent de comparer leurs méthodes, des’influencer positivement et finalementd’appliquer les pédagogies nouvelles.

    Les parents doivent aussi être impliquésLes réticences viennent aussi parfois desassociations de parents d’élèves. Échau-dés par la réforme de l’École nouvelle de1972, certains parents doutent de l’effica-cité de l’école. Cette année-là, les militai-res prennent le pouvoir au Bénin et veu-lent créer un «homme nouveau », parl’instauration d’un régime d’inspirationmarxiste-léniniste. La scolarisation uni-verselle est alors proclamée, de nom-breuses écoles sont construites et l’Étatrecrute tous les diplômés. Mais l’État,bientôt en cessation de paiement, n’em-bauche plus. Les enseignants manquent.Les parents perdent leurs illusions. Àquoi peut servir cette école pour futursfonctionnaires quand l’État fait défaut ?Aujourd’hui, de nombreux parents d’élè-ves sont donc sceptiques. Le travail del’État et de certaines ONG consiste alors àmener campagne pour convaincre lesparents, comme les enseignants, que cetteréforme est nécessaire et applicable. Eneffet, le rôle des associations de parents

    d’élèves relève d’une longue tradition enAfrique. Souvent, ce sont elles qui finan-cent les infrastructures et qui paientles enseignants. Leur participation à laréforme, et pas seulement commebailleurs, est indispensable : les parentsdoivent être impliqués pour reprendreconfiance dans le système éducatif.

    C’est l’implication de tous qui permet laréussite d’une nouvelle approche péda-gogique (via la réforme nationale). Ici, ilne peut s’agir d’imposer des méthodes, ilfaut s’adapter aux réalités locales etconvaincre dans une démarche démocra-tique. C’est pourquoi l’instauration de péda-gogies jugées « innovantes» doit d’aborddécouler d’une véritable analyse de lasociété, de ses besoins et s’y adapter. �

    Àl’école primaire publique de Moudostchori,dans le centre du Bénin, un projet portépar l’ensemble de la communauté a permis de remplir deux objectifs principaux : assurerun revenu à l’école pour financer les dépenseséducatives et mettre en place une pédagogiecentrée sur le milieu. L’association des parentsd’élèves a proposé un projet de plantationsdiverses : eucalyptus, manguiers, maïs. Le maïs, dont la récolte se fait ici deux fois par an, doit couvrir les premiers frais à courtterme par la vente sur les marchés dès la première année. Ensuite, les manguiers et les eucalyptus (qui servent à la charpenteou à la construction d’échafaudages) viendrontaussi alimenter les marchés, augmentant ainsi les revenus. Le projet a été soumis à la mairie, qui a donné son accord. Aide et Action a financé l’achat des plantsd’eucalyptus. Les maîtres et les élèves profitent de ces cultures pour faire des

    mathématiques appliquées (système métrique),des sciences de la vie ou tout simplement del’agriculture. Car les espèces cultivées ici sontcelles que l’on trouve dans la région : l’écoles’intègre au milieu et utilise les savoir-faire desparents qui viennent tailler les plants, arroser,récolter, conditionner, etc. Ils en profitent pouréchanger sur la scolarité de leurs enfants, surleurs résultats et leurs progressions. L’école estainsi enrichie par l’échange de connaissancesqui dépassent le cadre scolaire.

    Les plantations de l’école de Moudostchori : une ancienne idée

    réhabilitée par la réforme

    Enseignement magistral Méthodes actives

    • « fait» sa leçon • propose :

    • donne la règle des situations de recherche,

    • donne des exemples des situations d’expression orale ou écrite,

    • interroge des études du milieu

    • donne des exercices d’application • observe ses élèves

    • encourage les élèves, les aide

    • écoute • observe, cherche, découvre

    • copie la règle • s’exprime

    • répond aux questions • confronte son travail avec ses camarades

    • répète • découvre, rédige la règle

    • fait des exercices d’application

    REPRODUCTION DU SAVOIR ADAPTATION DANS

    DES SITUATIONS COMPLEXES

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    La plantation de maïs de l’école de Moudostchori.

    L’ÉLÈVE

    LE MAÎTRE

    Enseignement magistral et méthodes actives

    Les parents d’élèves doivent être impliqués dans la réforme.

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    Actus

    Niger: l’éducation doit être préservéePays vulnérable, le Niger subit une nouvelle crise alimentaire. L’association mobilise et organise un réseau d’appuis

    pour aider les enfants les plus touchés dans la zone d’intervention.

    Le Niger fait de nouveau face à unecrise alimentaire. Situé au cœur de labande sahélienne, le pays, régulière-ment touché par la sécheresse, utiliseprincipalement ses récoltes pour laconsommation familiale.Le début tardif de la campagne agricole, unarrêt des pluies précoce et les attaquesmassives de criquets pèlerins ont eu desconséquences dramatiques sur les récoltes

    Le mouvement réunit des per-sonnes qui aspirent à donner une

    partie de leurs temps, connaissan-ces et moyens pour la cause de l’éducation.Cinq mois après l’inauguration, la chaîne desolidarité connaît un développement encou-rageant. Elle comptabilise actuellement prèsde 6721000 francs CFA (plus de 10000 euros)de dons et regroupe 649 «maillons».Nous avons rencontré l’un des «maillons»:M. Alain Capo-Chichi, directeur général duCentre d’étude et de renforcement desconnaissances (CERCO) au Bénin et membrede la chaîne de solidarité.

    Comment avez-vouscontribué à la causede l’éducation en tantque membre de lachaîne de solidarité?Aujourd’hui, nous(CERCO) gérons desétablissements quiaccueillent près de

    14000 élèves. Toutes nos structures sontconnectées à internet avec le haut débit.L’idée, c’est de partager cette connexionavec Aide et Action. Pour nous, ce n’est pasune question de coût, puisque la

    connexion existe. En revanche, pour Aideet Action, cela signifie une baisse des fraiset une augmentation de l’efficacité.

    Que pensez-vous du projet? C’est un principe original car si on ne peutpas participer financièrement à la chaînede solidarité, on dispose peut-être de res-sources humaines, techniques ou docu-mentaires à mettre au service de la cause!Maintenant, notre objectif est de fairepasser le message. Plus nous serons nom-breux à défendre la cause de l’éducation,mieux ce sera ! �

    de l’année. Aujourd’hui, près de trois mil-lions de Nigériens souffrent de la faim.Parmi les populations vulnérables, lesenfants sont particulièrement touchés parcette crise. Au-delà des besoins alimentai-res immédiats, c’est aussi l’éducation desenfants qui est directement menacée.L’exode massif des populations à la recher-che de points d’eau ou de nourriture, lanécessité pour les familles d’impliquer lesenfants dans les activités agricoles vontavoir pour conséquence une déperditionscolaire massive pour la rentrée 2005-2006.

    Des tuteurs pour les enfantsLa zone d’intervention d’Aide et ActionNiger couvre cinq départements dévas-tés par la crise. La scolarité de 35 000 élè-ves est menacée dans ces régions.

    Soutenez notre action «Urgence Niger»en envoyant vos dons à : Aide et Action « Urgence Niger »53, boulevard de Charonne 75545 Paris Cedex 11ou sur www.aide-et-action.org

    CondoléancesNous avons été informés que Mme Yolaine Jeanne L., marraine au Bénin, était l’une des victimes

    de l’accident d’avion au Venezuela. Nous présentons toutes nos condoléances à sa famille et à ses proches ainsi qu’à toutes les familles des autres victimes.

    L’association, avec l’implication des asso-ciations de parents d’élèves et desComités de gestion des écoles, a mis enplace un projet de tutorat pour garantir auxenfants en grande difficulté des conditionsd’apprentissage adéquates et la poursuitede leur scolarité. Ce sont à ce jour plus de200 tuteurs qui hébergent, nourrissent etscolarisent les enfants. Un budget d’urgencede 26000 euros est nécessaire pour cettepremière opération. �

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    Alain Capo-Chichi.

    La chaîne de solidarité tisse sa toileLe 8 avril dernier, Aide et Action a tourné une nouvelle page de son intervention au Bénin en lançant

    la chaîne de solidarité pour l’éducation. Point d’actu…

    La scolarisation des enfants

    est menacée par la crise alimentaire.

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    Cinq mois après l’élection présidentiellecontroversée au Togo et les émeutes quis’en sont suivies, près de 25000 Togolais ontfranchi les frontières en direction des campsau Bénin. Aujourd’hui, la situation politiques’est stabilisée et l’afflux de réfugiés a ralenti.Malgré cela, beaucoup craignent encore deretourner dans leur pays et l’éducation deleurs enfants pose un grave souci.

    Financement et formationDepuis le début des migrations et suite àl’initiative prise par les États Généraux 2004,Aide et Action soutient l’éducation desenfants réfugiés au Bénin. En partenariatavec d’autres ONG, l’association intervientactivement dans les trois camps deKpomassé, Comé et Agamé. Elle apporteson financement et son expertise dans ledomaine de l’éducation: achat de mobilier,formation d’animateurs et fourniture dematériel didactique et récemment d’airesde jeux. Car les problématiques de l’abri etde la nourriture ne sont pas les seules,notamment au regard du nombre d’enfantsprésents. Pour qu’ils deviennent des adul-tes autonomes et pacifiques, l’éducationdoit être préservée. Aide et Action permet à des formateurs pro-fessionnels de venir transmettre leursconnaissances à des stagiaires volontairesparmi les réfugiés qui prendront sous leuraile 25 à 30 enfants chacun. Conscients del’urgence éducative, les stagiaires ont déjà

    commencé à prendre en charge les enfants,mais sans véritable méthode et surtout enun seul bloc: tous les adultes et tous lesenfants en même temps. Ici, ils apprennentà gérer une «classe» chacun. Mais les conditions sont différentes etles familles souvent traumatisées. La for-mation comprend donc des enseignementsadaptés comme celui concernant l’accueildes enfants à l’école. Étienne, l’un des for-mateurs, donne un exemple concret: il a vuune mère amener son enfant avec un bâton.«La mère l’amène à l’école comme un mou-ton (…). Évidemment, il faut se préoccuperde l’enfant, mais pas seulement: il y a untravail de sensibilisation à faire avec lamère. (…) S’il le faut, notre devoir est deconvoquer une assemblée générale desparents d’élèves pour leur expliquer com-ment on doit considérer les enfants. Ils ontdes droits et ont droit au respect.»À l’issue de la formation, chaque stagiaireaura à sa charge près de 30 enfants. Biensûr, ce sera difficile. Ils se retrouverontdevant des situations inédites qu’ilsapprendront à gérer sur le tas. �

    Au Bénin, les réfugiés togolais ont besoin d’éducationAide et Action renforce la capacité d’éducation dans les camps de réfugiés en formant des animateurs.

    � Bousbèque, ville solidaire et engagée… La journée «Tsunami + 6» a connuun vif succès dans la ville deBousbèque(59). Plus de3500 euroscollectésgrâce à lamobilisationde très nombreusesassociations.

    � Entre vous et l’Asie du Sud-Est, il n’y a plus qu’un click ! Vous souhaitez obtenir des informationset voir en images les projets que vousparrainez, faire partager votre solidaritéavec vos amis, parrainer en ligne de nouveaux projets éducatifs… www.aide-et-action-ase.org(anglais/français)

    � Semaine de la solidarité internationale du 12 au 20 novembreDe nombreuses actions

    dans vos régions. Contactez votre équipebénévole la plus proche ou rendez-voussur www.aide-et-action.org

    � Journée des droits de l’enfant le 20 novembre Sensibilisez au droit à l’éducation et faites découvrir les différents parcours civiques (lutter contre la discrimination, s’engager pour les droits des enfants, etc.) proposéspar le site de Civisme et démocratie:www.cidem.org

    � Retrouvez Aide et Action au Salonde l’éducation, Porte de Versailles à Paris du 24 au 27 novembre.

    � www.aide-et-action.org in english!La nouvelle version anglaise devotre site est désormais disponible.Parlez-en à vos amis anglophones.

    En bref…

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    Des réfugiés formés en tant qu’animateurs prendront en charge des classes dans les camps.

    Soutenez notre action « Urgenceréfugiés togolais » en envoyant vos dons à : Aide et Action « Urgenceréfugiés togolais » 53, boulevard de Charonne - 75545 Paris Cedex 11ou sur www.aide-et-action.org

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    ÉCHO DES MÉDIAS

    Burkina Faso: L’éducation pour une sécuritéalimentaire durable>>Quel rôle tient l’éducation dans la sécu-rité alimentaire? Pour répondre à cettequestion, le programme conjoint burkinabéAide et Action/ActionAid a organisé un ate-lier international du 26 au 28 juillet 2005 àOuagadougou (Burkina Faso). Les parti-cipants, tous membres de la société civile,sont venus du Niger, du Ghana et duBurkina Faso pour réfléchir et échangersur ce thème. Pour Jean-Paul Bazié,conseiller technique du ministère del’Enseignement de base et de l’alphabéti-sation du Burkina Faso, « les problèmes

    de la sécurité alimentaire se posent dansles mêmes termes que ceux de l’éducation:accès, qualité, gestion et renforcement descapacités». Ses propos sont repris dès le28 juillet sur faso.net, journal en ligne del’actualité burkinabé. Au sortir de l’atelier,les participants ont défini un plaidoyer com-mun pour favoriser des politiques nationa-les garantissant la sécurité alimentaire aveccomme axe stratégique l’éducation.

    Niger: mobilisation autour de l’école>>Le quotidien gouvernemental Le Sahel apublié dans son édition du 2 juin 2005 unarticle consacré à l’importante mobilisation

    Afrique de l’Ouest : l’éducation, une priorité

    Situation de crise, filles exclues, qualité, mobilisation et plaidoyer… l’éducation tient ses défis et ses priorités. Pleins feux sur l’Afrique de l’Ouest qui met l’éducation au centre de son actualité médiatique.

    autour de l’école : « Dès son accession àl’indépendance, le Niger a fait de l’édu-cation l’une des priorités de sa politiquede développement ». Aide et Action est« un des partenaires stratégiques del’école qui œuvre inlassablement à côtéde l’État pour atteindre les objectifs fixéspour une Éducation pour tous, suscepti-ble de promouvoir un développementsocial et économique ». D’ailleurs, sesactions ont été relevées par le ministrede l’Éducation de base et de l’alphabéti-sation, lors de la journée «portes ouvertes»organisée par l’association le 29 avril der-nier. Il s’agit, entre autres, « de la cons-truction de 411 classes dans l’ensembledes zones où elle intervient, de la réha-bilitation de 205 autres classes, de laconstruction de 18 logements d’ensei-gnants et des latrines pour une meilleurehygiène à l’école ». Face à la crise ali-mentaire qui sévit dans la partie nord dupays, Aide et Action ne négligera aucunepiste pour apporter sa contribution auxpopulations nigériennes et particulière-ment à celles de ses zones d’intervention(cf. brève de la rubrique « Actus » et arti-cle sur la situation au Niger dans le pro-chain magazine de décembre).

    L’atelier international organisé à Ouagadougou visait à répondre à cette question: Quel rôle tient l’éducation dans la sécurité alimentaire?

    Le Niger place l’éducation

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    Une bonne étoile pourle droit à l’éducation

    A urélie Dupont est danseuse étoileà l’Opéra de Paris et membre du Comité d’honneur d’Aide et Action.Dans le dernier numéro de TGV magazine(juillet-août 2005), elle rappelle le sensde son engagement pour l’association :« J’adore les enfants et je trouve primordial d’aider ceux qui ont moins de chance que nous. Je suis très fière d’être la marraine d’une petite fille qui peut aujourd’hui aller à l’école». Aurélie Dupont est marraine en Inde.

  • Sénégal: Des ambitions pour faire avancer une éducation de qualité pour tous>>«80% des enfants sont scolarisés auSénégal : les 20 % restants sont portésdisparus », titre le quotidien Wal Fadjri(Dakar) dans sa publication du 17 août 2005.Cette affirmation, sans équivoque, lancele défi de retrouver ces enfants orphelinsd’éducation. Pari tenu par Aide et ActionSénégal qui compte les retrouver et lesintégrer dans le système éducatif.L’article enchaîne sur le défi de la qualitéde l’éducation et cite des chiffres alar-mants : « 50 % des enfants achèvent lecycle primaire. Les autres abandonnentà mi-chemin ». D’après Fambodj FallGuèye, responsable de l’association auSénégal : « il est important de revoir laqualité (…) afin de permettre aux jeu-nes enfants de poursuivre les études àun niveau plus élevé ».De son côté, le quotidien officiel duSénégal, Le Soleil (Dakar), évoque, le 23 juillet2005, la cérémonie de clôture de l’atelierconsacré à l’évaluation des actions del’association au Sénégal. Un «bilan satis-faisant», reprend l’article. Les participantsse sont, toutefois, exprimés sur l’impor-tance des défis qui restent à relever etnotamment, comme le souligne AmidouSoukouna, directeur des opérations duprogramme Sénégal, « la scolarisation desfilles, l’enrôlement des 20 % restants(NDLR : 20 % d’enfants non scolarisés),l’amélioration de la qualité, la probléma-tique de la décentralisation». �

    P our contribuer à larecherche et à lacréation de nouveauxmodes de financementpour l’aide au déve-loppement, Aide etAction soutient l’initia-tive originale concer-nant le lancement d’unloto humanitaire mon-dial. Frédéric Naquet,président de l’asso-ciation, était l’invitéde l’animateur LaurentRuquier, dans son émis-sion On a tout essayé, le27 juin dernier, surFrance 2 pour en par-ler. Frédéric Naquet a

    souligné la complémentaritédes actions des associationsdites d’urgence, celles quirépondent dans l’immédia-teté aux besoins de base etaux situations de crise, etdes ONG de développementqui inscrivent leur actiondans la durée.Le président d’Aide etAction a rappelé l’efficacitédes ONG sur le terrain qui,en parallèle, doivent êtreperpétuellement en recher-che de fonds pour financerleurs actions et leurs pro-grammes.

    Un outil de collecte original

    50% des enfants sénégalais abandonnent le cycle primaire à mi-chemin.

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    � M. � Mme � Mlle Prénom: I_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_I Nom: I_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_IAdresse : I_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_ICode postal : I_i_i_i_i_I Ville : I_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_ITél. : I_i_i_i_i_i_i_i_i_i_I E-mail : I_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_ISi vous êtes déjà parrain, merci d’indiquer votre référence: I_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_i_I

    Réf. Série 2006 Quantité Prix de la série Total2006-1 Feuilles de bananiers (lot de 5 cartes) 10 €2006-2 Portraits (lot de 5 cartes) 7 €2006-3 Scènes de vie (lot de 5 cartes) 7 €Toujours en vente :2006-4 Lot cartes Écriture + Musique (10 exemplaires) 10 €2006-5 Les Carnets de la Salangane 12 €2006-6 Le Livre des Je t’aime 7 €Total de ma commandeJe joins à ma commande un don complémentaire de* :Participation aux frais de traitement et d’envoi : 2,50 €Montant du chèque joint à Aide et Action

    Aide et Action, 53, bd de Charonne - 75545 Paris Cedex 11 - www.aide-et-action.org - 01 55 25 70 00. Conformément à la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droitd’accès et de rectification pour toute information vous concernant, figurant sur notre fichier. Il suffit pour cela de nous écrire.* Les dons en faveur d’Aide et Action sont déductibles à 60%, dans la limite de 20% de vos revenus imposables.

    (CV

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    Avec eux, avec vous, l’éducation change le monde.Associer Aide et Action à vos vœux, c’est un geste simple qui fait beaucoup !

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    au 01 55 25 70 00.

    BoutiqueRetrouvez également les séries

    2004-2005 et des idées cadeaux originales

    et solidaires (Les Carnets de la Salangane :

    à la rencontre des écoles du monde,

    ou le Livre des Je t’aime)

    sur le bon de commande

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    Des vœux solidaires pour l’éducationAvec le concours de ses 60 000 marraines, parrains et donateurs, Aide et Action favorise l’éducation de près

    de 2 millions d’enfants dans 18 pays d’Asie, d’Afrique et des Caraïbes et permet aux populations de développer et de mettre en œuvre leurs propres projets d’éducation, pour l’avenir de leurs enfants et de leur pays.

    >> Feuilles de bananiers (format 100x140 mm)

    >> Scènes de vie(format 145x145 mm)

    >> Portraits(format 145x145 mm)

  • Depuis ses États Généraux 2004, Aide et Action s’est donné la possibilité d’intervenir partout où le droit à l’éducation est mis à mal.C’est le cas au Bénin (lire p. 19), où sontinstallés trois sites de réfugiés à proximitédu Togo : Kpomassé, Comé et Agamé. Un plan de contingence a été développépour accueillir jusqu’à 75000 personnesvenant de différents pays :Congo, Nigeria, Rwanda etbien sûr Togo. En partenariat avec le Haut-Commissariataux réfugiés et les ONG Rightto Play, Unicef et Plan Bénin,nous apportons autant un soutien financier (achat de mobilier et fourniture dematériel didactique) qu’une

    expertise en matière d’éducation (formationd’animateurs). Il est nécessaire de compenserrapidement les manques. Ainsi, pour que les nombreux enfants présentsdeviennent des citoyens autonomes,Aide et Action crée un environnementpropice à leur épanouissement, à l’aide de jeux et d’école…, dans des conditions peu ordinaires.

    Un témoignage de Fabienne Robert, marraine Aide et Action de Sékou Djeneba Sylla.

    […] Peu de temps après mon inscription,je reçois le dossier de mon filleul. Ce futdéjà une grande émotion. Ça y est, j’étaismarraine! Un petit Guinéen allait pouvoiraller à l’école, en partie grâce à moi. C’est un nouvel enfant que j’accueille!Je m’empresse de lui écrire et lui annonceque je lui rendrai visite. J’ai tout de suiteenvisagé le parrainage comme un acte fort,un engagement vis-à-vis de l’enfant. C’estpourquoi j’avais pour projet de le rencontrer.

    C’est donc pendant les vacances de printemps que je me suis rendue en Guinée.Sékou habite à Tanéné, un village debrousse assez important. MamadoubaAlceny (responsable de l’association sur la région de Dubréka) […] nous a accompagnés jusqu’à l’école. Quelle ne fut pas ma surprise! Le directeur, M. FodéSory Youla m’attendait en compagnie detoute son équipe pédagogique et de tousles directeurs des écoles environnantes!L’école est grande, un magnifique manguierse trouve au milieu de la cour. J’entre dansune classe où tout le monde m’attend. Je suis très émue. Mais mon émotion est à son comble quand arrive Sékou. Il est extrêmement timide, je diraispresque effrayé (…). Je lui tends la main,il l’accepte, sans aucune animosité. Ses grands yeux, à la fois apeurés et joyeux, me regardent. Je m’assois à ses côtés et écoute avec respect le discours solennel du directeur.

    Je ne peux m’empêcher de laisser échapper quelques larmes: qui suis-je pour avoir droit à tant d’honneurs et de générosité?[…] Cette journée a été magique, la chaleur des gens qui m’ont reçue est difficile à raconter. L’hospitalité africaine n’est pas un vain mot […].Pouvoir rencontrer son filleul est une chance formidable. Le lien existealors, le parrainage n’est pas seulementun soutien financier, c’est surtout une rencontre, une aventure humaine.

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    Adeline R., Montfort (32) : Aide et Action intervient dans de nombreuses régions d’Afrique mais est-elle égalementprésente dans les camps de fortune qui accueillent les réfugiés?

    Courrier des lecteursN’hésitez pas à nous écrire en nous

    adressant vos courriers à :Aide et Action - «Courrier des lecteurs»

    53, bd de Charonne, 75011 Paris ou par internet à :

    [email protected]

    Nous recevons de nombreuses lettres destinées au «Courrier des lecteurs». Malheureusement, le comité de rédaction du magazine doit effectuer une sélection. Toutefois, sachez que même si vos correspondances ne sont pas publiées, elles suscitent tout notre intérêt et nous aident

    dans la rédaction de chaque numéro.

    Courrier des lecteurs

    Fabienne, son filleul et les témoins de cette belle rencontre.

    Grâce aux jeux et à l’enseignement, les enfants des sites de réfugiés peuvent s’épanouir et devenir des citoyens à part entière.

    Dans les camps, Aide et Action intervient autant sur le plan financier que pour la formation d’animateurs.

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