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Mars 2006, vol. 6, n° 1 Droit, déontologie et soin 3 É DITORIAL Malades et victimes « Depuis le mois de mars, nous avons dû réduire les traitements de nos patients souffrant de problèmes rénaux. De trois dialyses hebdomadaires, nous sommes passés à deux, et quatre malades n’y ont pas survécu ». Qui parle ainsi ? C’est le Docteur Jomma al-Saqqa, médecin à l’hôpital Chifa, le plus important centre hospitalier de Gaza, avec 600 lits. La presse relate, parmi d’autres témoignages, celui du petit Mohamed, 13 ans, insuffisant rénal, dénutri, qui subit lui aussi les restrictions de traitement. L’aide sociale apportée à sa famille, 55 mensuels, n’est plus versée depuis deux mois. Quand au personnel, il est présent, et non payé lui aussi depuis deux mois. Alors, il y a bien sûr les enjeux internationaux, la carte du monde, le ter- rorisme … Mais il y aussi ces malades, les patients qui souffrent, ces êtres fra- gilisés pour qui chaque jour est un défi. La guerre parfois perd son nom, mais les victimes civiles sont toujours là, toujours plus nombreuses comme le mon- trent les études. Le malade devient une victime, sous nos yeux impuissants. Gilles DEVERS

Malades et victimes

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Mars 2006, vol. 6, n° 1 Droit, déontologie et soin 3

É D I T O R I A L

Malades et victimes« Depuis le mois de mars, nous avons dû réduire les traitements de nos

patients souffrant de problèmes rénaux. De trois dialyses hebdomadaires, noussommes passés à deux, et quatre malades n’y ont pas survécu ».

Qui parle ainsi ? C’est le Docteur Jomma al-Saqqa, médecin à l’hôpitalChifa, le plus important centre hospitalier de Gaza, avec 600 lits.

La presse relate, parmi d’autres témoignages, celui du petit Mohamed,13 ans, insuffisant rénal, dénutri, qui subit lui aussi les restrictions de traitement.L’aide sociale apportée à sa famille, 55

€ mensuels, n’est plus versée depuisdeux mois. Quand au personnel, il est présent, et non payé lui aussi depuis deuxmois.

Alors, il y a bien sûr les enjeux internationaux, la carte du monde, le ter-rorisme … Mais il y aussi ces malades, les patients qui souffrent, ces êtres fra-gilisés pour qui chaque jour est un défi. La guerre parfois perd son nom, maisles victimes civiles sont toujours là, toujours plus nombreuses comme le mon-trent les études. Le malade devient une victime, sous nos yeux impuissants.

Gilles DEVERS