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PtDIATRIE GiNiRALE
J Pt+diatr Pu&ulture 2002 ; 15 : 326-32
0 2002 Editions scientifiques et m&dicales Elsevier SAS. Tous droits r&e&s
m&die de Creutzfeldt-Jakob et maladies apparentbes :
donnbes 6pid6mio-cliniques N. Delasnerie-Lauprstre, D. Salomon
/NSERM U 360, hdpital de /a So/p&r&e, 7565 I Paris cedex 13, France
r6sumC
La maladie de Creutzfeldt-Jakob et les maladies appa- rentees sont des affections dCg6nCratives et transmissi-
bles du systeme nerveux central, dues 21 I’accumulation dans les neurones d’une forme pathologique (PrPsc, constituant du prion) d’une proteine PrPc. Les formes sporadiques sont les plus frequentes : 80 % de ces endphalopathies spongiformes ; les formes g&&i- ques, IiCes b une anomalie du gene PRNP ne represen-
tent que 10 %, comme les formes acquises secondaires a une introduction accidentelle de la PrPsc dons I’orga-
nisme. La demence est le signe majeur et les signes neurologiques associes dependent de la forme Ctiologi- que comme les caracteristiques neuropathologiques. Aucun facteur de risque environnemental n’a CtC for- mellement identifie dons la maladie de Creutzfeldt- Jakob sporadique; en revanche, le lien probable avec I’encephalopathie spongiforme bovine est Btabli dons le nouveau-variant. Le depistage des personnes a risque et le traitement precoce sont les enjeux majeurs actuels. 0 2002 Editions scientifiques et medicales Elsevier SAS. Tous droits reserves
endphalopothies spongiformes / Cpidemiologie / mala- die de CreutzfeldtJakob I prions
a maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) et les
i,$ maladies apparent&es sont des maladies degtntra-
tives du systtme nerveux central dues B l’accumu-
lation B I’interieur des neurones dune forme anormale
de la prottine prion (PrPc) l normalement synthetisee
par l’organisme et prtsente sur la surface de la majoritt
des cellules. L’accumulation de la proteine anormale,
ou PrPsc (constituant du prion) particulitrement resis-
tante B la prottolyse, aboutit a l’apoptose ou mort
neuronale d’intensitt variable realisant en cas de des-
truction importante un &at spongieux du tissu cert-
bra1 (d’oh le nom d’endphalopathie spongiforme). La
spongiose n’est pas la seule lesion caracteristique des
maladies a prions, elle est accompagnte dune rarefac-
tion du nombre des neurones, d’une hypertrophie et
proliferation des astrocytes 2 et de depots de proteine
pathologique PrPsc dont la disposition est propre B
chaque forme etiologique.
L’acquisition du caractere pathologique de la pro-
ttine serait lite a un changement de conformation de
la PrPc, aprts sa synthtse, induite par la presence de
PrPsc. L’introduction de PrPres, support de l’agent
transmissible, dtclenche, dans les formes transmises
dites acquises, la transconformation de la PrPc de
’ La PrPc est one protCine de 33-36 kD, constituCe de 235 acides amints
chez l’homme. Sa fonction est encore g determiner. Elle interviendrait dam
le rythme circadien, la physiologic du sommeil et la transmission synapti-
que. La PrPc, tres abondante dans le systeme nerveux central, est retrouvte
dans des tissus p&iph&iques comme la rate, l’intestin, le poumon, le cceut
et certaines cellules lympho’ides. Une seule methode permet de distinguer
la PrPc de la PrPsc, le traitement B la protCinase K : la PrPc est dCtruite par
cette emyme alors que la PrPsc est Gsistante B son action et prend le nom
de PrPres pour r&istante au enzymes proteolytiques.
1 L’astrocyte, cell& nourriciere des neurones, est un des constituants do
tissu de soutien, la glie.
326 JOURNAL DE PtDlATRlE ET DE PUkRICULTURE no 6.2002
I’hote en PrPsc. Des anomalies (mutations ou inser-
tions) du gene de la PrP (PRNP) [sit& sur le chromo-
some 201, conduisent B la formation dune PrPsc. A chaque type de mutation correspond une PrPsc pro-
pre, induisant une forme (( genetique 1) differente. Le
plus souvent, dans les formes (( sporadiques )), l’origine
est inconnue : une conversion stochastique (aleatoire)
de la PrP dans le systeme nerveux central est probable
sous l’influence soit d’un facteur exogene soit dun
facteur endogene. Les formes sporadiques d’etiologie
indeterminee sont done les plus frequentes (80 % des
maladies a prions) ; les formes genttiques, lites B une
anomalie du gene PRNP ne reprtsentent que 10 %
comme les formes acquises secondaires a une introduc-
tion accidentelle de la PrPsc dans l’organisme.
formes sporadiques
La maladie de Creutzfeldt-Jakob sporadique (MCJ) a
etC d&rite en 1920 par Creutzfeldt a propos d’un cas,
puis trois autres cas ont Ctt rapport& par Jakob l’annte
suivante. Son incidence est tres faible de l’ordre de
1 cas/million d’habitants quel que soit le pays ayant
une surveillance tpidtmiologique approprite 3 (l’inci-
dence et le taux de mortalitt peuvent $tre confondus
compte tenu de la faible duree d’evolution, quelques
mois, conduisant toujours au d&es). L’incidence de la
MCJ sporadique a pratiquement double au tours des
dix dernieres anntes, en France comme dans tous les
pays europtens. Elle est de l’ordre de 1,5 cas/million
d’habitants en France a l’heure actuelle, ce qui reprt-
sente environ 85 cas par an. L’augmentation concerne
essentiellement les patients ages de plus de 80 ans, le
prolongement de la duree de vie peut expliquer ce
phtnomtne ainsi qu’une meilleure surveillance lice a la
mise en place du rtseau ; mais actuellement l’incidence
semble se stabiliser. La maladie touche autant les
hommes que les femmes, avec un age moyen de
65 ans. Seulement 4 % des patients ont moins de
50 ans, le plus jeune avait 24 ans (le plus jeune cas
signale dans la litterature avait 16 ans [ 11). L’evolution,
toujours fatale, est en moyenne de six mois ; mais elle
peut @tre tres courte (un mois) et dtpasse rarement
deux ans.
3 En 1992, un rtseau d’~pidtmiosurveillance de toutes les maladies g prions
a CtC mis en place en France, puis a CtC associk B la crhtion du rhzn~ euro-
p&n en 1993. La suspicion de maladies Ca prions est devenue obligatoire en
1996. Les donnkes prksentkes ont &tk recueillies entre 1992 et 1999, der-
ni&re annCe pour laquelle le rtseau dispose d’une statistique d&itive, et
cornportent 627 as. Les rCsultats sent accessibles SIX Internet : www.invs.sante.fr, oh une mise B jour mensuelle du nombre de cas est
effect&e.
clinique
La maladie affectant tout le systeme nerveux central de
facon diffuse, les signes neurologiques sont varies [2]
mais la demence est le maitre symptome de la maladie.
Elle peut debuter brutalement ou insidieusement aprts
une phase prodromique constituee d’asthtnie,
d’insomnie, d’anxitte, d’anorexie, par un syndrome
depressif resistant, une agitation ou des troubles du
comportement. La demence associe de man&e varia-
ble des troubles de la memoire, de l’orientation (tem-
porelle ou spatiale), du langage, du calcul, des gestes et
des reconnaissances. Les myoclonies ou secousses mus-
culaires spontanees ou provoqutes par un stimulus
sensoriel sont prtsentes dans 88 % des cas. L’atteinte
du cervelet se manifeste par des troubles de l’equilibre
conduisant a un Ctat grabataire et une imprecision des
gestes. Le syndrome cerebelleux (60 % des cas) peut se
completer par un nystagmus (mouvements oculaires
anormaux) ou une dysarthrie (troubles de l’elocution).
Les troubles visuels (63 % des cas) peuvent se limiter a
une simple gene (flou visuel, acuite visuelle moins
performante), a une diminution du champ visuel
(htmianopsie), B une diplopie ou a une perception
erronte des couleurs. Les illusions et les hallucinations
prennent souvent un aspect effrayant. La perte de la
vision peut &tre complete d’origine cerebrale (&cite
corticale). Le syndrome pyramidal (40 % des cas) peut
&tre limit& a une exagtration des reflexes osttotendi-
neux ou se manifester par des troubles moteurs. Le
syndrome extra-pyramidal (52 % des cas) se traduit
par une hypertonie, des dystonies (mouvements anor-
maux), ou des tremblements. D’autres signes neurolo-
giques peuvent @tre observes plus rarement : paralysies
oculomotrices, troubles de la deglutition, vertiges, &at
de ma1 tpileptique ou crises d’epilepsie isolees, atteinte
de la come anterieure de la moelle. Le mutisme
akinttique survient frtquemment en fin d’evolution, le
patient grabataire ne communique plus ; cependant
l’alternance des phases d&veil et de sommeil persiste.
examens compkmentaires
L’importance du tableau clinique tranche avec la
normalitt des examens compltmentaires. Aucun syn-
drome inflammatoire ou desordre immunitaire n’est a
constater aussi bien au niveau du sang qu’au niveau du
liquide ctphalorachidien. Le scanner est normal ou
rtvele une atrophie corticale non sptcifique. Des
hypersignaux peuvent &re observ& dans les noyaux
gris centraux, dans le cortex cerebral ou ctrtbelleux
sur les stquences T2, Flair ou de diffusion de
JOURNAL DE PiDIATRIE ET DE PUkRICULTURE no 6 - 2002 327
PiDlATRlE GENERALE
l’imagerie par resonance magnetique (IRM). L’electro-
enctphalogramme (EEG) de veille est toujours
anormal : au debut le rythme de base est ralenti puis
des d&charges repetitives d’ondes lentes polymorphes
surviennent. Dans 60 % des cas environ, I’EEG
devient specifique avec la presence de polypointes
ondes, periodiques a un cycle par seconde. Cet examen
doit etre renouvelt regulierement car l’aspect carac-
teristique peut Ctre transitoire. La detection de la
prottine 14-3-3 dans le liquide ctphalo-rachidien
(LCR) est un test de bonne valeur diagnostique [3] 4.
La proteine 14-3-3 (differente de la prottine prion) est
un temoin de la degradation neuronale. L’examen
neuropathologique apporte seul la certitude diagnosti-
que avec l’histologie (spongiose, proliferation astrocy-
taire, perte neuronale, depots de PrPsc) et/au avec la
detection par la technique du Western-Blot de la PrPsc
dans le tissu cCrCbral. L’association des signes cliniques
aux donnees des examens complementaires permet
une classification proposte par Brown et al. [4] suivant
les criteres dits de Masters, en trois categories selon le
degre de vraisemblance diagnostique : les cas possibles
sont definis par les signes cliniques : dtmence d’tvolu-
tion rapide associte B trois des signes neurologiques
prectdemment dtcrits (myoclonies, syndrome ctrtbel-
leux, syndrome pyramidal ou extra-pyramidal, signes
visuels, mutisme akinetique). Les cas probables asso-
cient la dtmence a deux des signes neurologiques et un
EEG caracteristique et/au la presence de la proteine
14-3-3 dans le LCR. Les cas certains sont determines
outre la clinique (et les examens complementaires) sur
l’examen du tissu nerveux caracteristique soit sur le
plan histologique (spongiose, gliose, perte neuronale,
depots de PrPsc) soit sur le plan biochimique (mise en
evidence de PrPsc par Western-Blot). Cette classifica-
tion permet d’harmoniser les etudes Cpidemiologiques
en ne prenant en compte que les cas certains et
probables. Une de ces etudes a montre que la reparti-
tion geographique en France des cas selon leur lieu de
residence n’ttait pas homogtne [5]. Differentes
methodes statistiques ont confirm& cette htttrogentitt
et suggerent la presence de foyers (notamment dans le
sud) qui peuvent &tre lies a certains facteurs de risques.
facteurs de risque
La recherche de facteurs de risque exogtnes a Ctt
men&e dans plusieurs domaines comme l’alimentation,
le contact avec les animaux, le parcours professionnel
4 La pr&znce de la protkine 14-3-3 peut etre obserk Cgalement en cas d’enc&phalite herpktique, d’accident vasculaire on de crise convulsive rkents et dam quelques as de m&die d’Alzheimer qui reprtsente le diagnostic diffkrentiel principal.
et les antecedents medicaux. La tremblante du
mouton 5 a ete l’un des premiers facteurs incrimines
dans la genbe des maladies a prions. Dans aucun pays,
il n’a pu &tre Ctabli de relation entre la frequence de la
maladie animale et la frequence de la maladie
humaine. Au Royaume-Uni oh la tremblante est plus
frtquente qu’en France, la frequence de la maladie de
Creutzfeldt-Jakob sporadique est similaire a celle de la
France ; de meme dans un pays sans tremblante
comme le Japon, l’incidence de la maladie de Creutz-
feldt-Jakob est voisine d’un cas/million d’habitants.
Seule une etude cas-ttmoin 6, me&e aux Stats-Unis a
montre une augmentation de la consommation de
viande de mouton chez les patients atteints de MCJ
par rapport aux temoins [6]. En France, une etude
publiee par Chatelain et al. [7] avait montrt que la
frequence de la MCJ ttait indtpendante de la frt-
quence de la tremblante ainsi que de sa repartition.
Une augmentation de l’incidence de la MCJ chez les
producteurs de lait a ttt signalee au Royaume-Uni,
mais aucun lien n’a CtC mis en evidence avec
l’enctphalopathie spongiforme bovine chez ces fer-
miers presentant une MCJ sporadique classique [S] .
Plusieurs cas de MCJ ont ete decrits chez des
membres du personnel medical ou de laboratoire, mais
aucune preuve formelle n’a pu Ctre ttablie pour prou-
ver la contamination professionnelle. Des precautions
ont Ctt Pdicttes afin de prevenir d’kentuelles trans-
missions lors d’un geste professionnel [9]. L’hypothtse
dune contamination conjugale a ete soulevte par
plusieurs auteurs ; Brown et al. [lo] ont publit le cas
dun couple atteint de MCJ sporadique B quelques
anntes d’intervalle sans observer de facteurs de risque
communs ou personnels particuliers.
Des etudes cas-ttmoins plus rtcentes confirment la
difficult6 d’identiher de possibles facteurs de risques
environnementaux. Une etude europtenne a explore
les antecedents mtdicaux, le parcours professionnel, le
contact avec les animaux et les habitudes alimentaires
chez 405 patients et chez 405 temoins [ 111. Aucune
relation n’a Ctt mise en evidence entre les antecedents
medicaux et la MCJ, contrairement a une etude
australienne qui a montre un lien entre MCJ et
5 La tremblante du mouton est la premiere enctphalopathie spongiforme naturelle, d&rite en 1732 chez le mouton; elk affecte aussi naturellement le mouflon et la chkvre. En 1947, est apparue chez les visons d’klevage one encCphalopathie spongiforme ttansmise par de la viande contamintk En Grande-Bretagne, une enckphalopathie spongiforme (ESB) a &k observke, en 1986, chez les bovins ayant consommC des farina issues de carcasses d’animaux malades. La transmission par voie alimentaire a CtC prow&e Cga- lement chez des chats, des grands filins et des cervidks. La transmission exp&imentale peut se faire aux rongeurs, au primates et aux ovins.
6 Les &odes cas-ttmoins sent fond&s SUI l’ttude comparative des rkponses k un interrogatoire du malade (dans le cas de la MCJ, le patient ayant perdu ses facultks intellectuelles, un de ses proches r&pond pour lui), au rkponses d’un ou plusieurs t&moins, de m&me sex, de meme ttanche d’8ge.
JOURNAL DE PtDlATRlE ET DE PUCRICULTURE no 6 - 2002 328
?EDIA'rRIE GENERALE
interventions chirurgicales [ 121. L’etude australienne
differait de l’ttude europeenne par le choix des
tcimoins ; ils etaient recrutes en population gtntrale en
Australie et etaient patients dans le m&me hopital que
les cas en Europe. Ni l’ttude europeenne, ni l’etude de
Collins, ni celle de Wilson et al. [I31 n’ont permis de
suggtrer que les transfusions sanguines Ctaient un
risque majeur de MCJ.
L’Ctude europeenne n’a pas con&me le lien possible
entre MCJ et categories professionnelles potentielle-
ment exposees comme le milieu medical ou le monde
agricole. En revanche, elle a mis en evidence une
augmentation du risque chez les patients utilisant des
fertilisants B base de come ou de sabots, chez les
patients en contact avec des cuirs ou des peaux non
trait& et chez les patients ayant consomme de la
cervelie ou de la viande true. Ces resultats doivent etre
confirm& par d’autres etudes pour &tre bien Ctablis
&ant donne les biais possibles (selection des temoins,
recueil des don&es direct pour les ttmoins et indirect
pour les patients).
Actuellement, les enquetes ~pid~miologiques n’ont
pas formellement identifie de facteur de risque exo-
gene de la MCJ p s ora i d q ue. En revanche, un facteur
de risque endogene a CtC bien mis en evidence : le
polymorphisme du codon 129 du gene PRNI? A ce
niveau, l’acide amine porn! par l’allele peut &re soit
une mtthionine (met) soit une valine (val). Dans la
population g&&ale, un individu peut &tre soit homo-
zygote met/met (49 % des temoins) ou vab’val (10 %),
soit hettrozygote me&al (51 %). Les patients atteints
de MCJ sont le plus souvent porteurs de l’homozygo-
tie met/met (69 %) ou val/val (17 %) que porteurs de
l’htterozygotie me&al (14 %). Ce polymorphisme
modulerait egalement la durte d’evolution, la ptus
courte chez les patients met/met (six mois), interme-
diaire chez les val/val, (neuf mois) et la plus longue
(12 mois) chez les me&al. Independamment du gene
PRNP, d’autres facteurs genttiques pourraient etre
impliques dans la survenue de la MCJ sporadique
comme la presence de l’alltle ~4 du gene de l’apolipo-
proteine [ 141.
fwmes gBn&iques
I-es formes genttiques sont liees B une mutation ou h
une insertion de nucleotides sur le gene PRNI? La
transmission se fait sur le mode autosomique domi-
nant, mais I’histoire familiale peut manquer et ne pas
permettre alors d’ttablir un arbre genealogique
documente ; seule l’ttude du gene PRNP permet de
dtceler ces anomalies conduisant au diagnostic. Selon
le codon mutt ou le nombre d’insertions situ&es entre
les codons 5 1 et 9 1 determinant une symptomatologie
clinique et des aspects neuropathologiques particu-
liers, les formes genetiques sont class&es soit maladie de
Creu~feldt-Jakob familiale, soit syndrome de Gerst-
mann-Straussler-Scheinker (GSS), soit insomnie fatale
familiale (IFF).
maladie de CreutzfeldtJakob familiale
Dans la majorite des cas, la maladie de Creut..@dt- ~ako~~a~i~ia~ est Ii&e Zr la presence dune mutation au
codon 200. Cette mutation est frtquemment rencon-
tree en Europe de l’Est, sur le pourtour mtditerranten
et en France, ou elle determine parfois la presence de
foyers comme celui de Slovaquie, des Lybiens en Israel
et du dtpartement de I’Ain 1151. Les aspects clinique,
encephalographique et neuropathologique sont com-
parables a ceux de la MCJ sporadique, avec parfois un
debut plus prtcoce. La mutation 178, associee a une
vahne au codon 129 du gene mute donne un tableau
clinique de MCJ sporadique, mais avec un age de
survenue plus precoce, une duree d’evolution plus
longue et un aspect EEG non caracteristique. D’autres
mutations (180, 196, 210, 211, 232) sont rencontrtes
plus rarement, dans des cas familiaux ou isoles
(l’absence de caractere familial pourrait &re due au
faible caracttre pathogene de ces mutations). Un
tableau de MCJ est egalement observe dans des
familles dont les membres atteints sont porteurs dune
insertion de taille variable et specifique de la famille ;
l’age de survenue est d’autant plus precoce et la durte
d’holution plus longue que le nombre d’insertion est
grand [16].
Le syndrome de Gerstmann-Striiussler-Scbeinker (GSS) est un ensemble de maladies familiales, lie aux
particularit& cliniques (age de survenue t&s jeune,
d&e tres longue, EEG rarement caracdristique, pro-
teine 14-3-3 non detect&e) et neuropathologiques
(plaques de PrP multicentrique). Les deux mutations
les plus rencontrees sont celles des codons 102 et 117,
La mutation IO2 est responsable de la forme ataxique
du GSS qui debute vers 40 ans, par un syndrome
ctrtbelleux, puis apparaissent des troubles oculomo-
teurs, des signes pyramidaux et une dPtCrioration
intellectuelle. Les myoclonies sont rares. La durte de la
maladie est longue, de 1 a 11 ans. La symptomatologie
n’est pas stereotypee, elle peut varier dune famille a
l’autre et aussi au sein d’une m&me famille. La muta-
tion 1 I7 est plus rare, observtie dans quatre families
dans le monde (dont une originaire d’Alsace). Le
tableau clinique varie dun patient a l’autre ; dans la
JOURNAL DE PtDIATRIE ET DE PUtRlCULTURE d 6 - 2002 329
PiDIATRIE GiNkALE
famille alsacienne, la symptomatologie tvolue dune
generation B l’autre : dans les trois premieres genera-
tions, la demence est le seul symptome present : elle est
associee dans les autres B un syndrome pyramidal, A un
syndrome pseudo-bulbaire (troubles de la deglutition,
crises de rires ou de pleurs spasmodiques) et a d’autres
signes inconstants (myoclonies, syndrome ctrebelleux,
comitialitt, atteinte de la come anterieure) [Ii’].
D’autres mutations sont d&rites plus rarement : la
IO5 est responsable dune forme spastique avec une
lab&t& tmotionnelle et une dtmence tardive, la 198 et
la 217 sont caracttristes sur le plan anatomique en
plus des plaques multicentriques par des dtgtntrescen-
ces neurofibrillaires proches de celles observees dans la
maladie d’Alzheirmer, et la mutation 145 donne un
tableau clinique d’Alzheimer d’tvolution longue
(21 ans). Rtcemment d’autres mutations (198, 202, 212, 217 et 232) ont Ctt associees au GSS. Les
insertions d’un nombre important de nucltotides ont
un phenotype clinique et neuropathologique de GSS
et non de MCJ.
L’insomnie fatale familiale (IFF) est like a la muta-
tion 178 associte sur le m&me allele a une mtthione au
codon 129. Une atteinte thalamique focaliste entraine
une insomnie ne repondant pas aux traitements classi-
ques (accompagnee d’hallucinations), des troubles
vegttatifs (disparition des rythmes circadiens homtos-
tatiques et hormonaux, une hyperactivitt sympathi-
que, des troubles respiratoires, troubles sphincdriens).
Latteinte motrice et la demence surviennent tardive-
ment. Les myoclonies sont rares. L’EEG, normal au
debut, tvolue vers un trace d’ondes lentes monomor-
phes sans caractere ptriodique. L’EEG de sommeil
note une diminution puis une disparition de l’activite
delta, des fuseaux de sommeil et des complexes K. Des
phases anormales de sommeil paradoxal peuvent appa-
raitre. La recherche de la prottine 14-3-3 dans le LCR
se rtvtle negative. A l’examen neuropathologique [ 181, seul le thalamus est le siege d’une perte neuronale et
d’une gliose astrocytaire sans spongiose. Le cortex,
l’hypothalamus et le mtsencephale sont Cpargnes.
formes acquises
le kuru
Le premier exemple de transmission de l’homme a
l’homme a ttt mis en evidence dans les anntes 1955-
1960 dans la tribu Fore de Nouvelle-Guinee par
Gajdusek [ 193. La transmission se faisait par voie orale
lors de rites funtraires. Les femmes qui preparaient le
rituel et qui consommaient le cerveau et les autres
visceres ttaient les plus touchees. Les hommes a qui
ttaient reserves les muscles n’etaient atteints que
lorsqu’ils avaient contribut, enfants, B la preparation
avec les femmes. Cette forme particuliere, le kuru, est
caracteriste sur le plan clinique par la predominance
dune instabilite (ataxie cerebelleuse), accompagnee de
tremblements, d’une difficult6 de parole (dysarthrie) et
de troubles oculomoteurs. La degradation intellec-
tuelle apparait plus tardivement, pouvant aboutir au
mutisme. La mort survient en moins dun an. Sur le
plan histologique, le kuru se distingue par ses lesions
essentiellement cerebelleuses avec de nombreuses pla-
ques (( kuru )) de depots de PrPsc disposes en spicules.
Quelques cas se sont declares bien apres l’interdiction
de ce cannibalisme, dtmontrant que la durte d’incuba-
tion peut &tre trb longue, voisine de 40 ans.
transmission accidentelle
La transmission de l’homme B l’homme peut se faire
accidentellement par contamination ctrtbrale ou par
contamination ptriphtrique. Le premier cas de conta-
mination ctrebrale a et& observe chez une patiente de
55 ans ayant subi une greffe de cornee 18 ans avant sa
maladie ; le greffon provenait d’une patiente decedee
d’une MCJ certaine. Deux autres cas secondaires a une
greffe de cornee ont Ctt publits plus recemment. Deux
cas de transmission par des electrodes de stereotaxie, et
cinq cas de contamination par des instruments de
neurochirurgie, avec une incubation de 12 a 28 mois
ont ttt publits par divers auteurs et rassemblts par
Brown en 2000, qui mentionnait tgalement 114 cas
de MCJ survenant de un B 18 ans apres une greffe de
dure-mere. Cliniquement et pathologiquement, les cas
lies B une contamination periphtrique sont proche de
la MCJ sporadique avec parfois debut par une ataxie et
apparition secondaire de la dtmence. L’EEG et la
detection de la prottine 14-3-3 sont souvent positifs.
La transmission ptriphtrique, consecutive B l’injec-
tion d’hormone de croissance (extraite d’hypophyse
humaine) a et6 denombree dans plus d’une centaine de
cas dans le monde (139 dans l’article de Brown et al.
[20], d’abord aux Stats-Unis puis au Royaume-Uni.
En France, 81 patients sont d&cedes entre 1991 et
200 1 dont le plus jeune patient (11 ans) identifie par
des ptdiatres [21] ; tous ces patients avaient requ entre
dtcembre 1983 et juillet 1985 (environ 1 000 patients
trait& dans cette ptriode a risque) de l’hormone
extractive 7. L’ataxie certbelleuse inaugure la maladie,
7 En 1985, une proddure B l’ur& a CtC applique% g I’hormone de crois- sance extractive en 1985 et aucun cas de MCJ n’a et6 obse& chez les sujets
trait& par I’hormone extract& ainsi modilk%. En 1988, I’hormone extrac-
tive a d&itivemenr ktt4 remplacke pat de I’hormone recombinante.
330 JOURNAL DE PtDIATRIE ET DE PUiRICULTURE no 6 - 2002
PiDIATRIE GiNiRALE
avec des troubles de I’oculomotricite. Une fatigabilite,
des troubles du comportement (euphorie, indiffe-
rence), un tremblement, des ctphalees, une polyphagie
et des troubles du sommeil peuvent preceder les signes
neurologiques. Surviennent ensuite des signes cerebel-
leux et pyramidaux (moteurs), parfois des myoclonies,
et des troubles sensitifs et visuels ; la demence est
tardive. Le tableau clinique est trb homogene et
stereotype plus proche du kuru que de la MCJ spora-
dique. Les anomalies EEG sont disc&es, mais l’elec-
trorttinogramme est plus souvent mod&t. La detec-
tion de la prottine 14-3-3 est contemporaine de la
demence [22]. La repartition du polymorphisme au
codon 129 du gene PRNP (66 % met/met, 22 % val/
val, 12 % me&al) differe de celle des temoins et de la
MCJ sporadique. Les premiers patients etaient homo-
zygotes mtthionine/mtthionine ou valine/valine ; six
ans apres le debut de cette affection, sont apparus les
cas hettrozygotes methioninelvaline. La duree d’tvolu-
tion est en moyenne de 18 mois et survient chez des
patients de plus en plus ages (36 ans). La rarefaction
neuronale, la spongiose et la gliose astrocytaire se
rtpartissent essentiellement dans le cortex cerebral et
cerebelleux, les noyaux centraux et de la moelle. Des
plaques de type kuru sont frequentes dans le cervelet.
nouveau variant
L’hypothese de la transmission de l’animal B
l’homme repose sur quatre arguments :
- tpidtmiologique : apparition d’une nouvelle forme
de MCJ, le nouveau variant (V-MCJ), dix ans aprts
l’endphalopathie spongiforme bovine (ESB) au
Royaume-Uni ;
- experimental de transmission : observations de pla-
ques de PrPsc florides (propres au V-MCJ) dans le
cerveau des singes inocules par l’agent de 1’ESB ;
- biochimique : profil de migration du Western-Blot
de type 4 pour tous les animaux infect& par l’agent de
1’ESB et pour le V-MCJ ; - transmission chez la souris : les agents de 1’ESB et
du V-MCJ transmis donnent les memes profils clini-
ques et neuropathologiques. En Grande-Bretagne,
10 1 patients ages de 14 a 74 ans (29 ans en moyenne),
en France, trois patients (20-37 ans), et en Irlande, un
patient, sont d&cedes apres une evolution moyenne de
15 mois. Dans cette forme de l’adulte jeune, les signes
psychiatriques sont au premier plan (depression,
retrait sur soi, &at delirant, hallucinations, etc.)
accompagnes de douleurs ou dysesthesies des membres
et de la face [23]. Puis la survenue de I’ataxie c&rebel-
leuse et dun syndrome pyramidal permet d’tvoquer ce
JOURNAL DE PiDlATRlE ET DE PU~RICULTURE no 6 - 2002
diagnostic. L’atteinte intellectuelle est tardive, les myo-
clonies sont discretes voire absentes. L’EEG n’est
jamais periodique et la detection de la proteine 14-3-3
est positive dans 50 % des cas. A I’IRM, en sequence
T2 ou Flair, des hypersignaux sent observes au niveau
des noyaux pulvinar et dorsomedian du thalamus (en
crosse de hockey). Les patients sont tous porteurs de
l’homozygotie methioninelmtthionine au codon 129
du gene PRNI? Le diagnostic de probabilite peut &tre
apportt par la mise en evidence dans le tissu amygda-
lien de PrPsc. Le diagnostic de certitude est acquis B
partir de l’examen neuropathologique qui montre,
outre les trois signes classiques, la presence de plaques
de PrPsc disposees en marguerite (plaques florides).
D’un point de vue epidtmiologique, le nombre des cas
B venir est difficile a prevoir : les estimations actuelles
[24, 251 sont plus optimistes que les precedents.
conclusion
Darts la maladie de Creutzfeldt-Jakob et dans les
maladies apparenttes, la certitude diagnostique ne
peut &tre apportte que par l’examen neuropathologi-
que, d’ou l’importance de prevoir cet examen en cas de
presomption clinique. La propagation et l’accumula-
tion de la PrPsc dans le systtme nerveux different
probablement dune forme a l’autre expliquant leurs
particularites clinico-anatomiques. Le dtpistage pre-
coce des sujets a risque et un traitement institue avant
la phase clinique sont les enjeux majeurs actuels.
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