Manifeste des Médecins et Biologistes de la Reproduction 15.03.16

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  • 7/26/2019 Manifeste des Mdecins et Biologistes de la Reproduction 15.03.16

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    Manifeste des Mdecins et Biologistes de la Reproduction

    Nous mdecins, biologistes, reconnaissons avoir aid, accompagn certains couples oufemmes clibataires dans leur projet denfant dont la ralisation nest pas possible en France.

    Nous faisons rfrence ici quatre situations que nous rencontrons frquemment en Mdecine

    de la Reproduction.

    1/ Le don dovocytes : Le dsir denfant surtout lorsquil est tardif peut bnficier du recours

    au don dovocytes. Le systme en vigueur dans notre pays ne permet pas de rpondre la

    demande (pas assez de donneuses) et de trs nombreux couples se tournent alors vers

    ltranger. Nous regrettons que la totalit des mesures qui permettraient de dvelopper le don

    dovocytes en France ne soient pas prises (possibilit dune campagne dinformation locale etnon pas uniquement nationale par chaque centre, participation de tous les centres publics ou

    privs, ddommagement et prise en charge correcte des donneuses, cration de personnel

    ddi linformation sur des dons de gamtes)

    Nous souhaitons dvelopper le don dovocytes en France dans un cadre de non

    commercialisation des lments du corps humain ayant parfaitement conscience que les

    nombreuses propositions qui sont faites ltranger ont trop souvent un aspect mercantile

    auquel nos patientes nont dautres choix que de sy plier.

    Lincohrencede la situation est que la scurit sociale franaise, sous certaines conditions,rembourse une partie des frais engags ltranger bien qu il y ait une indemnisation de la

    donneuse (pratique qui nest pas autorise dans notre pays)

    2/ Lanalyse gntique de lembryon avant transfert utrin dans des situations risque levdanomalies embryonnaires. Dune faon gnrale plus de 60% des embryons que nous

    transfrons ont des anomalies gntiques graves ou sont non viables sur un plan mtabolique.

    Dans des situations particulires ce pourcentage est encore plus lev et abouti une

    rptition dchecs dimplantation, des fausses couches ou des anomalies chromosomiques

    qui vont tre dtectes lors du dpistage antnatal et peuvent conduire des douloureuses

    interruptions thrapeutiques de grossesses.

    Ces frquentes anomalies rendent nombre de transferts, de conglations embryonnaires

    inutiles, ces checs prvisibles sont sources de dception, de complications et dune

    multiplication de prise en charge couteuses et sans aucun bnfice. Connatre le statut

    chromosomique de lembryon par la technique du Diagnostic Pr-Implantatoire (DPI), dansdes situations risques reconnues, est devenu courant dans de nombreux pays limitrophes

    (Belgique, Grande Bretagne, Italie, Espagne) et constitue une rgle de bonne pratique

    mdicale que nous ne pouvons appliquer.

    La position de notre pays estincohrentepuisque lanalyse du risque chromosomique ftaleest autorise aux femmes enceintes qui le souhaitent aprs quelques semaines de grossesse,

    dans le cadre du dpistage antnatal, alors que ce mme examen reste interdit par prlvement

    dune cellule de lembryon avant quil ne soit transfr dans lutrus. Quelle est la

    justification de ces positions contradictoires selon lge de lembryon ?

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    3/ Lautoconservation ovocytaire ne peut tre pratique en France uniquement si la femme

    prsente une pathologie risque pour sa fertilit (chimiothrapie pour cancer, voir une

    endomtriose) ou si elle souhaite donner une partie de ses ovocytes. Mais uneautoconservation ovocytaire prventive, alors que la fertilit est encore satisfaisante mais sans

    projet de grossesse immdiat, est interdite (mais possible en Espagne, Belgique, Grande

    Bretagne, etc.). Que cette pratique soit accompagne, mesure et encadre est plus que

    souhaitable mais le principe dune interdiction ne nous semble pas fond. Dautant que pour

    les hommes, lautoconservation de sperme en paillettes peut tre ralise sur simple

    ordonnance dans tout laboratoire de ville agre (autreincohrence).

    4/ Le don de sperme pour une femme clibataire (sans prjug de son mode relationnel actuel

    ou futur, homo ou htrosexuel) est une autre interdiction qui nous parat devoir tre leve,puisquune femme clibataire est reconnue dans ses droits pour lever ou adopter un enfant.

    A ct de ces incohrences les plus criantes pour lesquelles nous raffirmons notre

    engagement aider notre patientle, dautres sujets de Procration Mdicalement Assiste

    ncessitent la poursuite de la rflexion. Nous proposons la cration dun vritable Plan

    contre lInfertilit comme il existe dautres plans nationaux tels que Vaincre le cancer ,

    la maladie dAlzheimer etc.., Ceci est plus que ncessaire dans la mesure o 15% de la

    population en ge de procrer consulte, que cela a un cot financier collectif, un cot

    physique et psychique lchelle individuelle.

    Ce Plan contre linfertilit permettrait de dvelopper une prvention de linfertilit qui fait

    cruellement dfaut, bas sur linformation de leffet inexorable de lge mais aussi sur les

    comportements alimentaires favorisant le surpoids ou du fait daddictions (tabac, alcool,drogue) ou encore dun environnement polluant dltre dont il faut apprendre se protger.

    Ce plan de lutte contre linfertilit permettrait de rduire les incohrences actuelles, de dfinir

    les objectifs prioritaires en tenant compte de leur financement et en sappuyant sur le progrs

    des connaissances scientifiques tout en respectant deux principes thiques fondamentaux :

    La non commercialisation du corps humain.

    Le refus du risque dutiliser ou daliner une autre personne (adulte

    ou enfant) son profit quelle que soit sa situation.