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 278  CONCURRENCE ET ECONOMIE INFORMELLE R.W. MANTSIE  RESUME  La Concurrence Pure et Parfaite, longtemps critiquée, semble intégrer une réalité différente des schémas de coordination des activités productives telle que conçues par les théories modernes de l’économie de marché. Cependant, en rapprochant ses hypothèses de l’économie informelle, des identités semblent s’établir entre les caractéristiques du marché de CPP et la logique de fonctionnement de l’économie informelle  Mots-clés: Concurrence - Concurrence Pure et Parfaite - Economie Informelle –  Marché  INTRODUCTION L’économie de marché a souvent été présentée comme le lieu d’exercice de la concurrence économique. Celle-ci, à son tour, est identifiée à la Concurrence Pure et Parfaite. L’intérêt porté récemment aux libéralisations et privatisations dans les Programmes d’Ajustement Structurel soulève des observations dans le choix des  procédures de décision liées à l’économie décentralisée. Ce débat n’est pas récent et a bien souvent quitté le domaine économique pour investir son champ de  prédilection : les décisions politiques. Le fonctionnement des marchés informels dans les pays en développement et surtout au Congo-Brazzaville fait apparaître des interrogations quant à la validité de certaines hypothèses régissant le marché de Concurrence Pure et Parfaite(CPP). Le problème est que le débat sur l’économie informelle va buter sur la définition de ce secteur.  ABSTRACT Pure and perfect competition which has been long criticized seems to belong to a reality different from the one that was conceived by modern market theories.. This economic hypothesis seems to be verified in the field of informal market which deals with the daily exchange process in informal economy.  Key words:Competition, pure and perfect competition, informal economy, market economy La Banque Mondiale ( 1987 ,1990) va faire du dynamisme de ce secteur un des thèmes de ses rapports sur les perspectives de développement à long terme de l’Afrique subsaharienne. Le BIT, dans son rapport sur le Kenya, soutenait l’idée d’inspiration classique selon laquelle le secteur informel serait une illustration de l’économie de marché ‘pure et parfaite’’, mais segmentée (J. CHARMES 1990,  p.14) Ce marché a, à juste titre, souvent été critiqué. Ainsi F.Von HAYEK (1978,1979) relevait que le monde économique idéal de CPP présente la difficulté d’énoncer, de manière mécaniste, les résultats du marché. Ceux-ci sont, dans ce modèle, quelque p eu connus à l’avance  puisque tous les acteurs connaissent a  priori les structures de leurs besoins et  préférences. Rien n’est découvert sur ce marché, tout y est connu. *  Enseignant-Chercheur , Faculté des Sciences Economiq ues. Univers ité Marien Ng ouabi, Brazzaville . Email : rufinwilly@y ahoo.fr Faculté des Sciences Economiques, Université Marien Ngouabi,  B.P. 69. Brazzaville-Rép. du Congo. Série E Ann. Univ. M. NGOUABI, 2004, 5 (1)

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278

 CONCURRENCE ET ECONOMIE INFORMELLE

R.W. MANTSIE

 RESUME

 La Concurrence Pure et Parfaite,

longtemps critiquée, semble intégrer une

réalité différente des schémas de

coordination des activités productives

telle que conçues par les théories

modernes de l’économie de marché.

Cependant, en rapprochant ses hypothèses

de l’économie informelle, des identités

semblent s’établir entre les

caractéristiques du marché de CPP et la

logique de fonctionnement de l’économieinformelle

 Mots-clés: Concurrence - Concurrence

Pure et Parfaite - Economie Informelle – 

 Marché  

INTRODUCTION

L’économie de marché a souvent

été présentée comme le lieu d’exercice de

la concurrence économique. Celle-ci, à son

tour, est identifiée à la Concurrence Pure et

Parfaite. L’intérêt porté récemment aux

libéralisations et privatisations dans les

Programmes d’Ajustement Structurel

soulève des observations dans le choix des

 procédures de décision liées à l’économie

décentralisée. Ce débat n’est pas récent et

a bien souvent quitté le domaine

économique pour investir son champ de

 prédilection : les décisions politiques.Le fonctionnement des marchés

informels dans les pays en développement

et surtout au Congo-Brazzaville fait

apparaître des interrogations quant à la

validité de certaines hypothèses régissant

le marché de Concurrence Pure et

Parfaite(CPP). Le problème est que le

débat sur l’économie informelle va buter 

sur la définition de ce secteur.

 ABSTRACT 

Pure and perfect competition which has

been long criticized seems to

belong to a reality different from the one

that was conceived by modern market 

theories.. This economic hypothesis seems

to be verified in the field of informal

market which deals with the daily

exchange process in informal economy.

 Key words:Competition, pure and perfect 

competition, informal economy, market 

economy 

La Banque Mondiale ( 1987 ,1990)

va faire du dynamisme de ce secteur un des

thèmes de ses rapports sur les perspectives

de développement à long terme de

l’Afrique subsaharienne. Le BIT, dans son

rapport sur le Kenya, soutenait l’idée

d’inspiration classique selon laquelle le

secteur informel serait une illustration de

l’économie de marché ‘pure et parfaite’’,

mais segmentée (J. CHARMES 1990,

 p.14)

Ce marché a, à juste titre, souvent

été critiqué. Ainsi F.Von HAYEK (1978,1979) relevait que le monde

économique idéal de CPP présente la

difficulté d’énoncer, de manière mécaniste,

les résultats du marché. Ceux-ci sont, dans

ce modèle, quelque peu connus à l’avance

 puisque tous les acteurs connaissent a

 priori les structures de leurs besoins et

 préférences. Rien n’est découvert sur ce

marché, tout y est connu.

* Enseignant-Chercheur , Faculté des SciencesEconomiques. Université Marien Ngouabi, Brazzaville.

Email : [email protected] 

Faculté des Sciences Economiques, Université Marien Ngouabi,

 B.P. 69. Brazzaville-Rép. du Congo.

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H. LEPAGE (1979, p.5) a fait remarquer 

que les procédures de contestation de

l’économie de marché prennent souvent

appui sur les hypothèses de CPP ;

affirmant que celles-ci ne sont jamais

réunies et les tendances des économiesmodernes sont de s’en éloigner toujours

davantage. Ce qui permet aux

contradicteurs de l’économie de marché de

 préconiser un minimum d’intervention

 publique.

Ces observations ne sont pas

exhaustives des critiques formulées à

l’encontre du marché de CPP. Dans la

lignée du courant Autrichien on relève que

U. WITT (1990), souligne l’aspectirréaliste de l’objectivisme en sciences

économiques et propose une réorientation

du subjectivisme et du rôle des fondements

 psychologiques dans l’agir humain. Cela

exclut toute possibilité d’identifier le

marché à un cadre limitatif avec des

hypothèses réductrices de la réalité

économique et son environnement.

Ce cadre de référence, qu’est le

modèle de CPP, relevons-le, a eu pour 

objet ‘’l’explication rationnelle’’ du

comportement des agents donnés par les

 producteurs et les consommateurs, les

interactions au niveau des marchés, etc. La

tentative s’est attelée à rechercher un

cheminement cohérent des phénomènes

sociaux qui conduisent à prendre les

décisions les meilleures, susceptibles de

satisfaire les besoins, en réduisant au

mieux tout gaspillage de ressources.

Une telle contribution est louable.

Cependant elle ne peut se faire sans

 prendre appui sur des considérations

relatives au problème fondamental de

l’économie soulevé par P. A.

SAMUELSON dans L’ Economique 

(1948) ; Que produire ? comment

 produire? pour qui produire? On en arrive

à penser que pour mieux produire et

réaliser des économies de ressources, il estsouhaitable d’observer certaines

hypothèses, reconnues dans le modèle dit

de C.P.P.

Des critiques formulées à son

encontre, on relève que ce modèle occulte

nombre de choses, par exemple la naturede la firme, les droits de propriété, les

coûts de transaction, les relations

d’agence, l’asymétrie de l’information, etc.

La nature de la firme développée

 par R.H COASE (1937 ) a conduit à une

littérature dont on trouve des implications

dans les thèses développées par E. O.

WILLIAMSON (1989, 1996), B.

SALANIE (1997), S.E. MASTEN et S.

SAUSSIER (1998). Elles se résument ence que la firme, à en croire ces auteurs, est

une nature complexe dont les coûts de

transaction justifient la présence et dictent

la nature des contrats. De même, les droits

de propriété initiés par H. DEMSETZ

(1967) vont s’ériger en structures

d’incitation ( F. LICHTENBERG et

PUSHNER, 1992) et préciser la nature des

relations codifiées entre propriétaires et

 biens en usage ( S. PROWSE, 1992 et

R.W.MANTSIE, 1999)

Cette conception trouve son

 prolongement dans les développements de

A. ALCHIAN et H. DEMSETZ (1972) qui

estiment que l’entreprise est un marché au

sein duquel se nouent les contrats qui

économisent des ressources. De même, M ;

MARCHESNAY (1997) relève la

contribution du gouvernement de

l’entreprise par la théorie des conventionsqui fait de la firme une convention

d’efforts.

Ces dimensions ne sont pas

exhaustives des difficultés du marché de

C.P.P. Il y a aussi la réduction de la

fonction entrepreneuriale dont le rôle est

mis implicitement en évidence par J.B.

SAY et plus clairement par J.

SCHUMPETER (1954) et I.R KIRZNER 

(1973). Cette difficulté semble être prise encompte par l’économie informelle qui

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280

regorge d’entrepreneurs de petites tailles

(MANTSIE, R.-W, 2003)] et dont on

trouve des similarités avec le marché de

CPP.

L’article propose une relecture deshypothèses du marché de CPP sur la base

des observations récentes de l’économie

informelle. Il s’agit de discuter de la

validité des hypothèses de CPP dans le

cadre des pratiques des marchés informels.

Pour cela, il est souhaitable de

considérer le marché comme un ensemble

des contrats individuels. Si tel est le cas

l’équilibre du marché peut s’identifier à

l’équilibre des contrats. De même,l’économie informelle doit être considérée

comme un lieu des échanges

complémentaires aux échanges formels.

Enfin, cette économie doit, par commodité,

être limitée à un espace physique précis.

Le marché de CPP sera présenté à

 partir de ses hypothèses de base ainsi que

le cadre de fonctionnement de l’économie

informelle (I). Par la suite nous essayerons

de discuter de la validité de ses hypothèses

qui, il nous semble, pourraient se vérifier 

dans cette économie (II).

I. MARCHE DE CONCURRENCE

PURE ET PARFAITE ET CONTENU

DE L’ECONOMIE INFORMELLE.

Il s’agit de présenter le marché de

CPP à partir de ses hypothèses de base

ainsi que les caractéristiques de l’économieinformelle pour aider à la compréhension

de ses mécanismes de fonctionnement et

les correspondances éventuelles entre ces

marchés.

1.  Les hypothèses fondamentales deCPP 

Le marché de C.P.P est un modèle

descriptif du fonctionnement d’un marché

caractérisé par une absence complèted’entraves aux échanges. Il est

représentatif d’une situation idéale du

 processus des échanges dont les

caractéristiques fondamentales sont :

-  Homogénéité et divisibilité des

 produits : Il s’agit de la parfaite identitédes biens produits par les différentes

firmes et offerts sur le même marché. Cette

hypothèse suppose que les biens

 présentent les mêmes caractéristiques et

élimine toute possibilité évidente de leur 

différenciation. En plus, il convient

d’ajouter que ces biens sont non seulement

homogènes, mais parfaitement divisibles

dans le but de satisfaire la demande.

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281

-  Atomicité du marché : un grand nombre

d’acheteurs et producteurs opèrent sur le

marché sans qu’un acteur ne puisse, par 

sa propre volonté, exercer des pressions ou

une influence sur le niveau des prix. Ici,

est mis en évidence le critère de taille desacteurs économiques opérant sur le

marché. Il y est exclu toute possibilité de

 présence d’un acteur imposant, capable

d’influencer le déroulement des activités

économiques. La conséquence de cette

hypothèse est que les agents économiques

disposent d’une autonomie d’action dans

leur prise de décision.

Pour que cela se vérifie, il faut que

chaque offreur ne contrôle qu’une infime partie de l’offre globale et qu’en même

temps cette condition se vérifie du coté de

la demande globale. Ainsi, toute décision

individuelle ne pourrait, de manière

unilatérale, influencer le jeu du marché.

- Fluidité de l’information:

L’information est fluide lorsqu’elle est

disponible et accessible à tous les

 participants au marché. Naturellement, on

affirme que sur le marché de CPP

l’information n’a pas de coût et est gratuite

 pour l’ensemble des acteurs .

-  Liberté d’entrée et de sortie du

marché : Cette hypothèse suppose

l’inexistence des barrières aussi bien

 juridiques que techniques d’accès et de

sortie du marché. Tout acteur peut exercer 

sur ce marché dès qu’il le désire et en sort

à moindres coûts, lorsqu’il le souhaite.

- Parfaite mobilité et substituabilité des

ressources : les ressources sont

 parfaitement mobiles et rien ne peut

entraver leur libre circulation. De même les

décideurs peuvent les combiner à leur 

guise en fonction de leur programme

d’investissement.

Ces conditions décrivent la

concurrence pure et parfaite et permettent,à en croire les auteurs, à l’économie de

fonctionner avec l’efficience la plus grande

 possible.

En effet, pour eux, aucun agent ne peut

réaliser un profit en modifiant de manière

unilatérale la structure des prix. Si ledécideur désire augmenter son profit, il ne

 peut le faire qu’en minimisant ses coûts.

De même cette économie exclut toute

 possibilité de sous utilisation des facteurs.

Etant donné le caractère mobile et

 parfaitement divisible des facteurs, leur 

affectation s’en trouve facilitée ouvrant

ainsi des possibilités d’une adaptation

conforme aux nécessités de production.

Les critiques formulées à l’égard de cemarché ont soutenu les limites de CPP qui

se résument en un ensemble d’ hypothèses

irréalistes. Celles-ci doivent être

rapprochées du cadre de l’économie

informelle, présentée par la Banque

Mondiale comme le vrai cadre de CPP,

étant donné l’absence d’entraves à son

fonctionnement.

2. Contenu de l’économie informelle.

L’économie informelle est souvent

 présentée comme un secteur d’activités se

composant des activités sans ‘’ formes ‘’

comprenant l’ artisanat, les fabriques, les

 petits métiers, le petit commerce, etc. Dans

les faits , l’informel a une forme.

Ce terme doit probablement son

appellation à l’incapacité des statisticiens

ou des économistes à saisir une réalitédifficilement quantifiable et qui leur 

échappe largement ( J-P. BARBIER 1991,

 p.33). Cette pratique est très répandue et

associe de nos jours, non seulement les

formes de l’économie traditionnelle, mais

également les modes d’organisation

extérieurs empruntés à l’entreprise.

2.1 Définitions et caractéristiques du secteurinformel

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282

Une définition commode du secteur 

informel pose un problème d’objectivité.

La séparation de l’économie informelle de

l’économie formelle doit se situer au

niveau des modèles d’organisation des

entreprises.

A la suite de K. HART ( 1971) le terme

’’secteur non structuré’’ a été repris dans

les études de L’Organisation Internationale

du Travail (OIT) portant sur le Ghana et le

Kenya (1972). Ainsi, H. MARIUS (1990,

 p.55) présentait le secteur non structuré

comme étant l’ensemble des petits métiers

représentatifs d’une fraction non

négligeable de la collectivité des petites

entreprises.

J.P. LACHAUD (1974) assimilait le

secteur informel à un groupement de tous

les petits métiers et l’artisanat des centres

urbains procurant des opportunités

informelles de revenu.

Outre la dimension revenu, l’informel

répond à de nombreuses interrogations. La

 plus usuelle est, semble t-il, une réponse au

 problème de l’emploi. Une telle vue nous

 paraît partielle puisqu’elle se limite au

facteur de survie et non à la dynamique de

développement qui génère des besoins

nouveaux. Ceux-ci doivent être satisfaits à

des prix accessibles à tous. L’informel est

à même de produire ces biens et services et

de les mettre à la disposition des petits

 portefeuilles. Un fait serait de relever que

l’informel a toujours existé et ne pourrait

être le résultat d’une invention récente.Déjà dans les sociétés anciennes des

 pratiques traditionnelles d’échanges

 portaient sur des échanges similaires.

L’informel doit aussi contenir une

dimension culturelle.

Ce secteur se caractérise, à en croire P.

METTELIN (1978, p.21), non pas par la

nature des activités entreprises, mais par 

leur condition d’exercice (1). En se

référant à la définition du BIT le secteur 

informel se caractérise, selon S.

SCHAUDEL et P. METTELIN ( 2) par les

critères suivants :

-  Facilité d’accès au marché ;

-  Utilisation prédominante des

ressources locales ;-  Caractère familial de l’entreprise ;

-  Petite échelle des producteurs ;

-  Qualification des travailleurs

acquise en dehors du système

‘’formel’’ d’éducation ;

-  Recours à des marchés

concurrentiels non réglementés.

Ses caractéristiques essentielles peuvent se

résumer à :

- La faiblesse du capital ;

- Une main d’oeuvre abondante et bonmarché ;

- Un recours à un système

d’apprentissage interne ;

-  Au libre jeu du marché.

Les caractéristiques avancées vont se

révéler quelque peu restrictives. Ainsi S.V.

SETHURAMAN (1987, p17), prenant

appui sur le critère de création d’emplois,

va qualifier le secteur informel par 

l’ensemble des petites unités engagées

dans la production et la distribution des

 biens et services, avec pour principal

objectif, la création d’emplois et des

revenus ; une petite entreprise ne se

 préoccupant d’abord que du rendement de

ses investissements.

L’informel s’est répandu à tel point que

son dynamisme s’est répercuté au delà du

secteur réel. Les pratiques de la financeinformelle portant sur les ‘’tontines’’ , les

‘’banques ambulantes’’, les mutuelles de

solidarité (protection sociale, etc.) ont

commencé à intéresser les spécialistes des

questions financières ( R. DHONTE

AXE,1994 ; I. WEBTER et P.

FIDLER(1995) ; P. HUGON (1996) ; J.

LEDGERWOOD, 1998, etc.) et les

Institutions Internationales ( BIRD, 1999).

2.2. Importance du secteur informel

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283

En observant le marché informel

 brazzavillois, on se rend compte,

qu’aucune activité du secteur dit moderne

n’est épargnée. L’informel a investi tous

les domaines de la vie économique. On y

compte des activités commerciales,agricoles, industrielles et une prolifération

des activités de services.

En généralisant, le secteur informel

varie selon sa taille , sa composition ou

selon les espaces socioéconomiques. H.

MARUIS (1990, p.57) relève qu’en 1970

la part du secteur informel par rapport à la

 population active était de 37% à Abidjan

(Côte d’Ivoire ), de 44% à Nairobi (Kenya)

en 1972 et de 50% dans les zones urbainesdu Sénégal en 1976. Les estimations de la

Banque Mondiale (1990) rapprochaient le

 poids des femmes dans ce secteur à

environ 66% au Congo-Brazzaville, 75%

au Gabon, 72% au Congo-Démocratique.

Les données en la matière ne sont

 pas toujours d’accès facile. Il faut

--------------------------------------------(1) METTELIN, P (1978) ‘’ Le secteur des petits métiers àAbidjan’’ in  Les activités de transition et le secteur informel à

 Abidjan’’ par Sylvie SCHAUDEL et Pierre METTELIN, IEP,

Bordeaux(2) SCHAUDEL, S et METTELIN, P (1978) ‘’Le secteur du

commerce de détail sur les marchés d’Abidjan’’ in  Les activités

de transition et le secteur informel à Abidjan’’ par SylvieSCHAUDEL et Pierre METTELIN, IEP, Bordeaux.

reconnaître que nombre d’opérateurs

exerçant dans ce secteur ne sont pas

statistiquement identifiables. De surcroît,

on trouve dans ce secteur, pour une raison

ou une autre, aussi bien des agents

typiques de l’informel que des agents dusecteur formel ou légal. Ainsi le cadre des

 banques ou de l’enseignement peut, à ses

temps libres, participer au marché informel

ou se faire seconder lorsqu’il retrouve son

 poste officiel.

Avec les pressions

démographiques, la crise de l’Etat

 providence seul pourvoyeur d’emplois

salariés, l’élévation du coût de la vie, les

mouvements migratoires internes, etc.l’informel devient une voie de recours pour 

faire face à des besoins naissants. Dès lors

apparaissent des comportements ou des

règles de jeux différents des usages

habituels du secteur dit formel ou légal et

qui suscitent des interrogations quant à la

 pertinence des affirmations contestées ducadre de jeu économique classique.

II. MARCHE DE C.C.P. ETECONOMIE INFORMELLE : DES

SIMILITUDES PREDICTIVES

Le rapprochement du marché de CPP

et l’économie informelle a nécessité une

étude de terrain. L’enquête menée à

Brazzaville a révélé que les contours de

l’économie informelle imposent unedistinction entre la nature de l’activité

économique et le mode d’organisation de

la production. Ainsi le travail organisé en

atelier ( tailleur, menuisier, etc.) doit être

distinct de celui du détaillant exerçant à

l’étalage ou dans un espace d’échange

donné.

L’enquête a porté sur une population

de 13 tailleurs et couturières, 11

menuisiers, 8 mécaniciens et 5 soudeurs

exerçant dans les 5è et 6è Arrondissements

de Brazzaville, pour ce qui est des activités

organisées en ateliers et sur les marchés de

Bouémba et de Ouénzé situés, pour ceux

qui exercent en espaces ouverts, dans

l’Arrondissement 5 de la même ville. Le

marché de Ouénzé est un marché

d’échanges permanents. Celui de Bouémba

est un marché périodique, se tenant trois

fois par semaine et qui regroupe lescommerçants venus de toute la ville. Il a la

réputation d’être un marché bas prix où le

marchandage est la règle. Y affluent de ce

fait, les vendeurs et acheteurs venus de

 partout en quête de bonnes affaires.

Ainsi en se referant à cette économie

on peut discuter de l’opportunité des

hypothèses de C.C.P. données par :

 L’homogénéité et la divisibilité des produits : Si nous nous referons au travail

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284

organisé en atelier, l’enquête révèle que les

artisans présentent les mêmes types de

 produits ( tailleurs, menuisiers, etc.),

consultent les mêmes types de machines

(tour à bois, sous-traitance) pour modeler 

leurs produits et donc offrent finalementles mêmes biens. A ce niveau

l’homogénéité des produits se vérifie.

Cependant des nuances existent

quant à la qualité du produit fini ; cela dans

le doigté de l’artisan, le polissage du

 produit, son vernissage, etc. pour les

 produits du bois. Pour le tailleur ou la

couturière, ces nuances relèvent aussi du

doigté, mais aussi et surtout de la finition

du produit.

Pour ce qui est des commerçants à

l’étalage, des espaces aménagés ( marché

de Ouénzé et de Bouémba) et des rues de

Brazzaville, les produits locaux, de par leur 

 présentation ou emballages, présentent des

similitudes évidentes. Cependant, la

 proximité véhiculant l’information sur la

réputation des producteurs et la qualité des

 produits, introduit des différences entre

 biens, pour les consommateurs informés.

Dès cet instant l’homogénéité ne se vérifie

 plus. Ceux qui ne sont pas informés

considèreront les biens offerts comme étant

indifférents et de ce fait réhabilitent

l’hypothèse.

Ainsi, du point de vue des produits

locaux des similitudes existent lorsque

l’information échappe, la marque de

fabrique n’existant pas. Qu’il s’agisse par exemple des produits alimentaires

traditionnels (manioc, beignets), industriels

( pains, cahiers ), ou artisanaux (meubles et

autres produits du bois) etc. les services

rendus par ces biens sont identiques,

toutefois avec des nuances.

Biens ou services ? En adoptant, à ce

niveau, l’approche de K. LANCASTER 

(1963 ), on se rend compte qu’un bien

s’identifie à ses qualités c’est-à-dire auxcaractéristiques qui lui sont rattachées et

donc les services qu’il rend. Ainsi de

l’homogénéité des services rendus par les

 biens, on peut observer que le concept ne

 pourrait être associé au strict contenu du

mot mais aux qualités qui lui sont

reconnues.

Enfin, notons que dans un secteur où

la marque de fabrique est inexistante, le

 problème du label d’identification se pose.

L’informel uniformise, dans une certaine

mesure, les produits.

 L’hypothèse de divisibilité qui lui est

associée apparaît de plus en plus avec le

 phénomène de ‘’pauvreté’’ ou le pouvoir 

d’achat s’effritant, nombre de biens sontdevenus parfaitement divisibles.

Le secteur informel permet, non plus

de tout vendre au détail, mais de sectionner 

dans les proportions les plus réduites, les

 biens commercialisés sur ces marchés. Par 

exemple au Congo- Brazzaville voire au

Congo Démocratique, la Chikwague (

Manioc ) de 200 F CFA ( 0,3  € ) est vendu

au détail dans des portions de 50 F CFA (

0,076  € ) pour satisfaire les petits

 portefeuilles. Il en est autant du pain

sectionné en tranches de 75 FCFA ( 0,114

 € ) ou de 40 FCFA ( 0,06 € ).

Ce phénomène est aussi observé

en Afrique de l’Ouest où la mayonnaise est

revendue au détail par les commerçants en

 petites cuillérées, selon les besoins des

consommateurs.

Certaines pratiques inconnues des

 pays dits avancés sont révélatrices des

 particularités de l’économie informelle. A

titre d’illustration, la purée de tomate ( en

 boite) vendue par lot de trois ou de cinq en

Europe est revendue dans le secteur 

informel au détail, aussi bien à l’unité ( une

 boite) que par demi boite ou en cuillérée. Il

en est autant pour les produits comme

l’oignon vendu de moitié en portions ou

au quart, les gousses d’ails etc. Ainsi, laménagère peut programmer, dans ses

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achats quotidiens toutes combinaisons

 possibles, l’achat d’un quart de poulet, la

tomate concentrée en cuillérée ou autre

 produit pour son menu du jour.

La divisibilité peut aussi, sur cemarché, revêtir des formes particulières.

Par exemple, les détaillants de poissons

chinchards vendent leur produit par tas de

1000 F.CFA (1,5 €) ou de 500 F CFA

(0,75 €). Depuis peu, avec les restrictions

financières qui sévissent au Congo, à

défaut de ‘’diviser’’ ce produit déjà bon

marché, on a vu apparaître des tas de 250

F.CFA ( 0,375 €) ou simplement la vente

de ce poisson à l’unité. Simple innovation

ou souci de satisfaire les clients ? Il y a lieude dire que ces deux arguments sont autant

fondés que ces pratiques représentent une

divisibilité particulière.

On a souvent opposé des arguments

 passionnels à cette hypothèse. Par 

exemple, on avance le point de vue selon

lequel un véhicule ne peut être divisible ;

ce qui est fondé du reste . Il ne s’agit pas

de discuter de la pertinence d’un tel

argument mais de vérifier l’identité d’un

 bien dans ses caractéristiques qui, s’il était

divisé, serait en mesure de satisfaire

l’utilité d’un agent. Un tel point de vue, à

notre avis, déplace le débat dans la mesure

où la divisibilité du véhicule le mettrait

hors d’usage. On convient donc avec K .

LANCASTER qu’un bien est un ensemble

multidimensionnel de caractéristiques qui

motivent le choix du consommateur.

   Atomicité du marché : 

Le marché informel se révèle celui de tous

les participants dans lequel les acteurs,

grands et petits opèrent. Rares sont des

agents influents qui exercent des pressions

sur le marché. Les prix s’ y déterminent

assez librement et en moyenne sont

uniformes bien que l’existence des marges

ne soient pas à exclure.

Les situations de non influenceentre agents sont communément partagées.

Il est difficile d’imaginer qu’un agent

 puisse influencer à lui tout seul le niveau

des prix. Cependant, il existe quelques

offreurs, souvent les grossistes de

l’informel, dont les pratiques font

exception à cette hypothèse. Ces pratiquesexistent et posent des problèmes ponctuels

 puisque leur position est exceptionnelle. Si

l’on devait généraliser ces cas, il serait

intéressant de se limiter à l’atomicité type

et discuter de la détermination des prix.

Si nous nous limitons à un marché

donné par un espace physique, il ressort

qu’un acteur économique, pris

individuellement, est loin d’influencer les

 prix de manière générale. Tout au plus , il peut bénéficier des rentes dus à un prix-

objectif qu’il se fixe de réaliser, et qu’en

marchandant le client lui propose un prix

supérieur à celui-ci. Ce prix est une sorte

de prix minimum praticable, un prix pivot

autour duquel se fixera son équilibre.

Ainsi, lorsqu’on appelle ( selon

l’expression consacrée) le prix d’un bien,

 par exemple celui de la farine de manioc à

20.000FCFA ( 30,5  € ), des agents

achèteront aussi bien à 20.000FCFA qu’à

18.000 FCFA (27,48  € ) ou 19.000 F.CFA

(29,00 €) ou tout autre prix voisin des

20.000FCFA ; cela, auprès du même

commerçant ou d’un autre sur cet espace.

Tous pratiqueront approximativement ce

 prix. Les différents prix appelés ne sont

 pas la norme, mais la base des négociations

qui peuvent durer plusieurs minutes.

Admettons l’hypothèse selonlaquelle le marché est un ensemble de

contrats, notons cependant que les prix se

fixent par contrat. Considérant une

marchande de friperie qui vend à un client

A une nappe de table après marchandage à

4.950 F.CFA ( 7 € ) ; ce prix est celui

d’équilibre de leur contrat. La même

commerçante est sensée vendre à un

second client B une nappe identique,

sortant du même lot, à un prix différent

suivant les capacités de marchandage de B.Dans cette seconde situation, le prix

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 pratiqué à B est celui d’équilibre du

contrat, entre la marchande et B.

Ces prix sont-ils différents ?

Vraisemblablement oui. Cependant

observons que cette différence est le produit du temps . Admettons que A et B

se présentent en même temps auprès de la

marchande. Cette dernière n’aura pas à

 pratiquer des prix différents. Le prix serait

le même pour A et B, comme cela est de

coutume, ce, sur la base de son prix

 plancher. Si trois ou quatre clients se

 présentaient en même temps, les prix

 pratiqués seront convergents. De sorte que

si nous généralisons le raisonnement,

lorsque n agents se présentent en mêmetemps pour un même produit, les prix sont

susceptibles d’être en moyenne identiques

 pour les n clients, les discriminations

n’existant pas.

  Fluidité de l’information : 

sur ce marché existe une information

souvent disponible et circulant à ‘’grande

vitesse ‘’. A titre d’exemple, les villes de

Brazzaville ( Congo) et Kinshasa (Congo-

Démocratique) s’auto approvisionnent

 presqu’en temps réel lorsqu’ apparaissent

des pénuries dans l’une des villes.

La vitesse de circulation de

l’information s’est bien révélée sur ce

marché lors de la crise sociopolitique de

1997 au Congo-Brazzaville. Les quartiers

 Nord de Brazzaville ont été approvisionnés

 par Kinshasa pour tous les biens de

 première nécessité, alors que la ville était‘’coupée’’ en deux. Toute pénurie

constatée la journée était résorbée le

même jour avant la fin de la journée. Ces

observations doivent être nuancées.

Cependant, il faut voir que, sur le marché

informel, l’information a une structure et

elle dépend :

-  des connaissances personnelles

accumulées par l’agent,

l’expérience et son habileté ;

-  des contacts ou entretiens avec des

 partenaires exerçant dans le même

créneau ;

- du bruit résultant des tendances

observées. Plus on est proche d’une

activité, plus on prête attention auxinformations s’y rapportant.

Ainsi, il y a un stock d’information

disponible pour tous par habitudes, par 

contact ou par la pratique du jeu de

marché ; puis il y a un stock d’information

 privilégié résultant des capacités de chacun

à susciter ou à capter l’information.

Lorsque la circulation de l’information est

 bonne ou que l’information est non

stratégique c’est-à-dire n’influençant pasde manière déterminante le jeu individuel,

elle est facilement accessible. Cependant

lorsque l’information peut générer des

effets significatifs sur la réalisation du

 profit, elle devient confidentielle  puisque

sur ce marché elle ne s’achète pas. Les

acteurs ne s’en dessaisissent que

difficilement et elle devient éparse. Les

asymétries se confirment par situations ou

 par stratégies.

Il faut remarquer aussi que sur ce

marché la proximité , la solidarité et la

décentralisation des décisions véhiculent

l’information. Compte tenu de ces réseaux,

vendeurs et acheteurs accèdent à

l’information plus facilement. Cela réduit

considérablement les asymétries , mais ne

les écarte pas totalement. La question est

alors de savoir si la décentralisation du

marché informel n’est pas un modèleconcurrentiel qui minimise les coûts

d’information au maximum, à l’instar des

conclusions de G. BECKER (1985). L’

agent économique est il obligé de disposer 

de toutes les informations détenues par les

autres acteurs ? L’essentiel, c’est-à-dire un

stock ne lui suffit-il pas pour forger ses

décisions ?

   Liberté d’entrée et de sortie ; Le

marché informel, nous l’avions souligné,regorge d’un nombre important d’acteurs

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dont la particularité est de participer au

marché avec des capitaux modestes. Ils y

entrent avec autant de facilités qu’ils en

ressortent. Il n’y a ni barrières à l’entrée ni

 barrières à la sortie. Pour cela, on relève

sur ce marché la présence des acteurs ponctuels et ceux réguliers.

A titre d’illustration, prenons le cas

des activités marchandes inhérentes au

commerce quotidien. On constate que

lorsqu’un créneau porteur est identifié par 

un acteur économique, il y a une tendance

à voir de nouveaux acteurs économiques

investir ce marché en y offrant des

 produits identiques.

Lorsque par exemple une

commerçante développe une activité de

vente de bois au détail ou fabrique

artisanalement ce qu’il est convenu

d’appeler par  sky-yaourt, les potentiels

concurrents s’imaginent que cette activité,

qui occupe un agent, est nécessairement

rentable. D’autres acteurs vont

entreprendre dans le même secteur 

d’activité et ce créneau se trouve investi

 par de nombreux offreurs de taille

quasiment identique. Ce phénomène peut

être mieux perçu dans les rues de

Kinshasa où chaque acteur économique, à

la recherche d’une activité lucrative,

entreprend à moindres frais une activité de

subsistance ou autres. Ainsi, devant chaque

 parcelle ou clôture, sur une petite distance

de vingt à vingt cinq mètres, on trouve

entreprise une activité informelle identique

à celle du voisin immédiat. L’arrivéemassive de ces concurrents, sur un ou

 plusieurs créneaux et à moindres coûts,

confirme la possibilité de l’existence d’une

liberté d’entrée sur le marché.

En termes de liberté de sortie, on

s’interroge plus sur les mobiles de sortie

que la sortie à moindres coûts. On se rend

compte que la sortie peut se justifier de

deux manières :

- Une liberté de sortie pour un

entrepreneur moins aguerri , c’est-à- dire,

 par les sanctions du marché. Les coûts de

la mauvaise gestion expulsent les

concurrents, qui peuvent toutefois revenir à

tout moment étant donné le faible volumedu capital de départ.

- Liberté de sortie pour la simple

raison qu’un acteur, par effet de

mimétisme, avait entrepris une activité

dans un créneau qu’il croyait porteur et

qui, se rendant compte de la méprise, le

quitte sans ambages. Une telle sortie

correspond à un abandon pur et simple

d’activités ; cela est légion dans l’informel.

Le marché informel de détail

d’huile de palme, de la farine de manioc,

du poisson fumé, etc. sont autant

d’expériences que d’exemples que l’on

 peut avancer.

Il ressort de l’enquête que cela n’est

fondé que pour des activités engageant des

 petits capitaux. Ainsi, en se limitant à la

caractéristique du secteur informel qui veut

que ce secteur porte sur des activités à

faibles capitaux, on peut valider la liberté

d’entrée et de sortie.

La question est alors de savoir ce

qui se passe lorsque l’activité informelle

croît. L’enquête révèle que la liberté

d’entrée n’est plus garantie et est assujettie

aux droits d’entrée. En moyenne, pour 

former un tailleur ou une couturière, il faut

s’acquitter d’une somme d’environ180.000F .CFA (274,8  € ) en espèce, plus

une dame-jeanne (10 litres ) de vin rouge

 pour le maître dont le prix varie entre

18.000 F.CFA et 20.000 FCFA (27,48  € à

30,5  € ). Il en est autant pour l’apprenti

menuisier ou autre type d’activités comme

la soudure, la mécanique, etc.

Les coûts de formation liés à

l’apprentissage s’érigent en barrières à

l’entrée dans le métier ou sur le marché.Outre cette contrainte, il faut ajouter les

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frais de première installation, la limitation

du capital, l’emplacement, etc. L’entrée

n’est plus gratuite mais engendre des coûts.

Si tel est le cas les coûts de sortie ne sont

 plus nuls, puisque toute sortie va nécessiter 

la récupération des capitaux investis.

Une fois de plus, la liberté d’entrée

et de sortie va dépendre de la nature de

l’activité économique, de l’organisation du

travail et des capitaux à engager. Ainsi, à

capitaux faibles l’hypothèse sera vérifiée,

à capitaux élevés elle sera contredite.

   Mobilité et substituabilité des

ressources :

Exception faite des périodes de pénurie, lesressources sont parfaitement mobiles.

L’enquête révèle que les agents informels

se font mutuellement crédit ( fils à coudre,

aiguilles machines ayant des numéros

difficiles à trouver sur le marché, sous-

traitance sur machine à broderie spéciale,

etc. ) ou des compensations de matières

 premières ( lattes, chevrons, etc.).

Mentionnons que cette mobilité est limitée

dans l’espace. Elle se réalise sur des

marchés connus et situés sur des places

 précises. Au delà des lieux géographiques

connus des difficultés apparaissent,

notamment celles liées aux coûts de

communication. De surcroît la

combinaison des ressources avec

 possibilité de substitution est parfois

entachée de quelques irrégularités lorsque

les ressources deviennent rares. Cependant,

l’informel combine autant que possible les

ressources, parfois au détriment de laqualité des biens .

Enfin notons que ce marché n’est pas

soumis à la pression étatique consistant à

lever les impôts à volonté. On y exerce le

 plus librement du monde bien que quelque

tentative publique d’y prélever une rente

ne manque pas. En observant et en

analysant les comportements micro

économiques des acteurs sur certains

marchés dits informels, on arrive à desconclusions telles que certaines hypothèses

du marché de C.P.P. se justifient, d’autres

restent encore à explorer à l’instar de tous

les mécanismes du secteur informel.

CONCLUSION

Le rapprochement entre l’économie

informelle et la concurrence pure et

 parfaite permet de voir que les hypothèses

irréalistes de CPP soulèvent des

interrogations quant à la réalité de

l’économie de marché. Nous n’avons pas

la prétention d’avancer un point de vue

définitif, mais de voir que le caractère

‘’naturel’’ du secteur informel, laissé à la

discrétion de chaque acteur économique, permet à l’économie de se rapprocher, en

fonction du type d’organisation, d’un état

 proche des hypothèses dites de CPP ; cela,

lorsque les acteurs sont ‘’petits’’ et

engagent des capitaux de faible

importance. Cependant, existent des

hypothèses irréductibles telle que les

asymétries informationnelles, la barrière à

l’entrée, etc. qui se réduisent, mais

demeurent. Celles-ci soulèvent en effet un

 problème de processus des échanges,

d’organisation du travail, du temps de

marchandage (négociations) ou des

contrats, du nombre des acteurs, etc.

Un autre problème serait de

s’interroger sur la validité de l’économie

dite formelle ou moderne.

Comparativement à l’économie informelle,

que nous qualifions de naturelle, cette

économie devient quelque peu‘’artificielle’’. Elle intègre trop

d’inventions, l’Etat, la fiscalité, produit

l’entreprise, les syndicats, récupère

l’entrepreneur, bref, crée des données

exogènes aux relations d’échanges. Tandis

que dans cette économie l’entreprise

s’identifie à une organisation ; dans

l’informel, elle est l’individu c’est-à-dire

l’opérateur économique.

Toutefois les difficultés du marchéde CPP peuvent être classées dans le

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compte des tentatives de recherches visant

à expliquer les décisions économiques par 

des comportements dits rationnels. Il se

trouve que certaines décisions sont le

résultat des comportements subjectifs,

c’est-à-dire, des comportements dont le bien fondé ne trouve d’explication que par 

l’intérêt propre et connu de l’acteur. La

mathématisation du comportement des

agents va conduire à réduire l’agir humain

en quelques formules limitées pour 

restituer le contenu des actes économiques,

qui répondent souvent à des considérations

tant objectives que subjectives .

Le marché n’est pas une donnée ;

elle est une institution. A l’instar de touteinstitution, il n’est pas figé, mais

dynamique. L’acceptation du marché de

CPP comme base de raisonnement doit être

revue et c’est à ce titre qu’il est souvent

contesté. N’empêche, il demeure à plus

d’un titre le marché de référence sur lequel

s’appuient les économistes pour expliquer 

les phénomènes socio-économiques.

Son identification à l’économie

informelle permet de voir si les

développements futurs de la micro

économie de développement ou la micro

économie du déséquilibre ne pourraient

expliquer certaines particularités des

économies dont la logique de

fonctionnement est mal connue.

Il ne s’agit nullement de réhabiliter 

le marché de CPP, mais d’intégrer tous les

 progrès réalisés par les différents courantséconomiques [ approche institutionnelle ou

des organisations ( D. REQUIER-

DESJARDINS (1994)] pour comprendre

l’économie informelle, l’économie de

développement, l’économie de marché etc.

et de voir si le mal développement n’est

 pas une particularité non explicitée.

Bien que le secteur informel vérifie

certaines hypothèses de CPP, il reste

cependant une difficulté ; celle de ne pasvoir ces hypothèses se réaliser en même

temps. Cette simultanéité constitue la

recommandation du modèle de CPP pour 

déboucher sur l’équilibre. Bien que le

secteur informel les intègre, il ne les réalise

 pas toutes au même moment. Simples

coïncidences ou faits précurseurs,l’informel regorge des ressources

inexploitées qui méritent d’être explorées.

 Je remercie M. le Professeur Hervé 

 DIATA, Doyen de la Faculté des Sciences

 Economiques (FSE) pour les suggestions

qui m’ont permis d’améliorer ce travail. Je

remercie également MM. Jean Anaclet 

 MAMPASSI et Béthuel MAKOSSO de la

F.S.E. -Brazzaville, pour leurs

observations sur la première version de cet article. Je demeure toutefois comptable des

éventuelles insuffisances que pourrait 

contenir ce travail. 

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