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Manuel de numismatique française. T. I: Monnaies frappées en Gaule depuis les origines jusqu'à Hugues Capet / par A. Blanchet et A. Dieudonné

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    MANUEL ^DENUMISMATIQUE

    FRANAISEJ'AR

    A. BLANCHET et A. DIEUDONN

    TOME PREMIERMONNAIES FRAPPES EN GADLE

    DEPUIS LES ORIGINES JDSQU A HUGUES CAPETPAK

    Adrien BLANCHETBIBLIOTHCAIRE HO.NORAIRE A LA BIBLIOTHKQl'E NATIO>"ALE

    PARISLIBRAIRIE ALPHONSE PICARD ET FIL?

    Libraire des Archives nationales et de la Socit de l'cole des Chartes82, RUE BONAPARTB, 82

    1912 ^

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    PREFACE

    Pour la prcision des renseig^nements chronologiques, go-graphiques et mme linguistiques qu'elle apporte, la Numis-matique mriterait de prendre la tte des sciences historiquesune place qu'on ne lui accorde pas volontiers. Est-ce causede ses rapports frquents avec l'Art que la Numismatique futpeut-tre trop nglige et l'a-t-on considre comme appar-tenant plus l'Art qu' l'Histoire proprement dite ? C'estprcisment pour ce double caractre artistique et historiqueque la Numismatique devrait tre estime encore plus quellene l'est.

    Des villes, des dynasties et des personnages ne sont connusque par les monnaies et les mdailles. Des graveurs grecs etdes mdailleurs de la Renaissance ont confi leurs uvresle soin de perptuer leur nom, et ils n'eurent pas tort, carleurs contemporains, historiens et chroniqueurs, ont trop sou-vent ignor leur existence ou ddaign leurs crations.

    Pour nous en tenir notre seule Numismatique nationale,disons que 1 tude des monnaies gauloises apporte un appointtrs apprciable nos connaissances relatives la patrie cel-tique. L'abondance et la varit des monnaies de Postume etde ses successeurs ne nous en disent-elles pas davantage queles auteurs latins sur l'importance de l'empire gaulois duui* sicle, encore si nglig dans les manuels d'histoire ? Lagographie de la Gaule mrovingienne ne doit-elle pas lesmatriaux les plus nombreux aux monnaies ? Et lorsque nouscomparons les documents numismatiques au texte de Tdit

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    de Pitres, nous apprenons qu'un texte de loi n'apporte pastoujours la certitude.Ce manuel fournira peut-tre un rpertoire utile ceux qui

    savent dj ; nous croyons qu'il est conu pour donner enoutre les premiers lments de la science ceux qui veulenttudier. On pourra s'tonner de ne point trouver, cetteplace, une plus longue introduction groupant de nombreuxfaits gnraux. Pour la partie traite dans ce volume, il aparu prfrable de mler plus intimement ces renseignementsau texte mme de l'ouvrage. Ainsi les recherches sur lacondition des monnaveurs mrovingiens ne sont gure spa-rables de 1 tude de la monnaie mme.

    Disons pourtant ici quelques mots de la technique, qui n'apas beaucoup vari depuis l'antiquit jusqu'au xv!*" sicle. Lesoutils sont reprsents de la mme manire sur une monnaiede la Rpublique romaine et sur un denier de Louis le Pieux;on y voit les marteaux et les deux coins qui servaient don-ner au disque de mtal [flan] les empreintes voulues. Ce pro-cd primitif, si loign des balanciers et des presses modernes,imprimait aux espces montaires un aspect irrgulier, quitonne tout d'abord ceux qui n'ont pas l'habitude des monnaiesanciennes. En effet, c'est seulement lorsque Aubin Olivier,conducteur de la Monnaie des Etuves, sous Henri II, etinvent la virole brise, que les flans des monnaies, jetons oumdailles, ne purent s'carter entre les coins ; grce cetteinvention la tranche des pices fut rgulire, cannele et mmeimprime '. Mais, mesure que la technique se perfectionnait.l'Art perdait du terrain. Certaines monnaies romaines duiv" sicle et beaucoup de pices carolingiennes sont plus rgu-lires que divers statres gaulois et deniers de Postume. Maiscombien l'Art est plus vivant sur ceux de ces petits monumentsqui sont plus anciens que les autres !

    I . Lu fabrioulion ties iDomiaies l'ern l'(>l),j'l d niu- t'MiKh- pins cotiipltto dan>-Ic tome II (le ce mmiiu'l.

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    PREFACEEn considrant les espces mises sur notre sol, depuis

    que la monnaie y fut introduite, on peut faire aussi desobservations intressantes. Notre pays a connu d'abord le sta-ire d'or et la drachme d'argent, emprunts au monnayagegrec. Pendant la priode romaine, Yaureus et le denier d'ar-gent, drivs d'ailleurs des prcdents, fournirent nos presun numraire sensiblement analogue. Et quand on se reporte notre poque o la pice d'argent d'un franc n'est pasbeaucoup plus grande que la pice d'or de vingt francs, onest tent de se dire que la monnaie de notre pays, aprs avoirsubi bien des vicissitudes, est presque revenue son point dedpart.

    Mais pour la varit des types, nous avons grandementperdu. Il est certain que la diversit infinie des figures,surtout pendant la priode romaine, favorisait trop le fauxmonnayage. L'unit des types est une ncessit ; mais elleenlve la monnaie le charme si puissant que les Anciensavaient su lui donner. Les pices grecques et romaines disaientl'histoire des dieux, des hros, des fondateurs de villes, enmme temps qu'elles dissminaient des trsors artistiquesdont la vue lit certainement natre des vocations. La Numis-matique ancienne est comme un manuel bien illustr de l'his-toire de l'humanit ; le numraire moderne a renonc cerle glorieux et n'est qu'un instrument d'change, sans relief,souvent banal, et c|ui apprend trop peu ceux qui le tiennent-

    lo octobre 1912.A. Bl.

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    MANUELl)V.

    NUMISMATIQUE FRANAISEPREMIERE PARTIE

    MONNAIES FRAPPES EN GAULE DEPUIS LESORIGINES JUSQU A HUGUES CAPET

    LIVRE PREMIERMONNAIES FRAPPES EN GAULE PENDANT LA PRIODE DEL INDPENDANCE

    [.es monnaies frappes par les peuples de la Gaule indpendanteni infiniment varies. Cette varit est d'ailleurs plus apparente

    que relle. Aiui^i, un type montaire -jrec, introduit dans une par-tie de la Gaule, s'est transform, de manires dilFrentes, dans lesautres rgions, des poques successives, et ces transformations sontquelquefois si profondes, si tranges mme, que beaucoup d'ruditsse sont mpris sur la signification de la plupart des types montairesceltiques. On conoit aisment que des peuplades trs nombreuses,monnayant surtout pour assurer les transactions commerciales deleurs assembles, aient mis un numraire dont les tvpes taientpeu constants et la fabrique assez imparfaite. 11 est probable d'ail-leurs que si le monnayage de certains peuples a t soumis uneautorit publique .monnaies de Massalia; monnaies avec le titred'Arcantodan , il n'en fut pas de mme dans toutes les parties de laGaule. La numismatique gauloise doit tre compose, en gnral,

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    CHAPITRE PREMIERI,ES CONDITIONS D'EXISTENCE DU MONNAYAGE GAULOIS

    SoMMAiHE. I. Les Dbuts de la numismatique gauloise. II. La monnaieprimitive en Gaule. III. Mtaux ; alliages. IV. Fabrication. V. Poids.

    s; I. Les dbuts del namismatique (jaidoise.Malf^r quelques rudits et nmateui's clairs, les monnaies

    ^^auloises furent ngliges jusqu'au commencement du xi.x'^ sicle '.l^n effet si Paul Petau, Fabri de Peiresc, Bernard de Montt'auconet Michelet d'Ennery ne ddaignaient pas ces vieux souvenirs denotre primitive histoire, les indiffrents taient plus nombreux; lecomte de Gaylus disait des monnaies gauloises qu'elles nepeuvent instruire sur l'histoire , et le prsident de Saint-Victorcrivait, en 1771: Ce sont des mdailles des rois gaulois, aux- quelles on n'a pu rien encore dchiffrer, qui ne sont d'aucune" utilit, et dont on garde tout au plus quelques chantillons dans'< les cabinets ^. Depuis cette poque la numismatique gauloise a fait de grandsprogrs^ et l'on est en droit de la considrer aujourd'hui commeformant le premier chapitre de l'histoire montaire de noire pays.

    1. Voy. A. HIanchet, Trait des mo;ina/e.s (fiiuloises. 1905, p. I et 2.2. Procs-verh. de la Soc. fr. de Xuini.sm., 1909, p. i.x.\.\ii (in Rev. num.].3. Anatole de Barthlmy, Adolphe Duchalais, Loais de la Saussaye,

    Edouard Lambert, Charles Robert, Flicien de Saulcy, Eugne Ilucher, ont, divers titres, t les meilleurs ouvriers du classement des monnaies gau-loises. \'oici une liste d'ouvrages utiles consulter: La Saussaye, Numisin.n-liqne de lu Gnule Nurhonnaise, 1812, 2.3 pi.; Duchalais, Description desmdailles (luuloises de la lihliolhqiie roiftile. 1816, 4 pi.; J. Lclovel, ludesntunism., Tifpe (fanlois ou celtique, 1811, un vol. et allas de7 labl. el 12 pi. ;Ed(i\iard Lambert, Kssai sur la numisni!iti(iuc f/auloise du !\'ord-l)uest de lal'rance. ]" partie, tsJl-18i9, 13 pi., et 2 partie. IStl. 19 pi.; Saulcy, LettresA M. A. de Lomjitrier sur la MuniisniiiHiiuc nauloise. dans la lier. num..1S38 1870, el li part, 1870, pi. ; Ch. Hubert. Descrijdioii r.i/.s.desu collection.IS80 et dans VAiinuaire de la Soc. de A'i;mi.s/ii.i//He, t. \', 1877-1881 ;E. Ilucher, LWrl t/aulois ou les Gaulois d'aprs leurs mdailles. ISfiS et 1871,pi. cl lig.: Ernest Muret, Gatalof/ue des monnaies (fauloiscs le la liihlinthque

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    I.A MONNAIE PRIMITIVE EN GALLELtude en est souvent malaise, car il faut parfois dix exem-

    plaires de la mme monnaie pour en dfinir le type ou en dchif-frer la lgende. D'ailleurs beaucoup de pices gauloises sont anpi-graphes, c'est--dire muettes, et c'est seulement en notant avecpatience les provenances qu'on arrive proposer des .attributionslogiques'. Par bonheur* notre sol livre chaque anne des dptsmontaires en nombre assez grand pour que les tudes scientifiqueset les collections soient autorises compter sur un avancementnormal et rgulier.

    ?; 11. L;t monnaie primitive en Gaule.Nous n'avons considrer ici que la monnaie vritable, gn-

    ralement frappe. Cependant il n'est pas inutile de signalerquelques instruments d'change, qui ont d circuler sur le sol de laGaule l'poque prhistorique. Il est vraisemblable que, parmi lescells (ou haches douille), si frquemment recueillis sur notresol, beaucoup n'ont pu tre utHiss comme outils ou armes. On enconnat en effet qui sont orn,s 'prs du tranchant, ornementationinutile si l'objet devait servir: d'autres celts sont minces et remplisde terre cuite; d'autres enfin sont trop petits pour avoir pu servir un travail quelconque'-. On peut donc admettre que ces cells.souvent runis en grand nombre, taient accepts comme moyend'change dans les transactions des peuples prhistoriques ^. Cer-tains anneaux d'or, trouvs Fontenay-Ie-Comte, et des lingot-d'or marqus de douze coches, trouvs Nesmy ;\'ende , ont pnynlionale, 1889 (rdig probablement en partie d'aprs des notes de Saulc\

    .

    dont le classement est videmment respect, ; Allas des monnaies gauloises,prpar par la Commission de Topographie des Gaules et publi sous les aus-pices du Ministre de l'Instruction publique, par H. de la Tour. 1S92. in-f deVIII et 12 p. et de 55 pi. contenant environ 2000 fig. 54 pi. avaient t gravessous la direction de la Commission de la Topographie des Gaules';.. 1. C'est pour ces raisons que nous avons donn, dans cette partie de notreouvrage, des figures plus nombreuses que dans les sries postrieures.

    2. A. Blanchet, Trait des m. gauloises paru en dc. 1904 , p. 22. Cf.H. Breuil. dansr.4n//iro/)o/o3te. mars-avril 1905, p. 164. Tout rcemment.M. J. Dchelette a signal un faisceau de sept broclies de fer, trouv dans laSane Rev. nmn., J911. p. 39). Si cet objet, d'origine trusque, a pu circulercomme monnaie en Italie, il n'est pas vraisemblable qu'il en ait t de mmeen Gaule.3. On a des exemples analogues pour d'autres peuples de l'antiquit cf.E. Babelon. Les origines de la monnaie, 1897. p. 179 . .\insi des trpieds etchaudrons ont servi de moyens d'change en Crte.

    .\y(XM iJ/X/'i h^ M^tA/U U>i iy^\iM\ii^V

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    1 CONDITIONS DU MONNAYAGE GAULOIStre aussi des formes primitives de la monnaie. Quant aux rouelles(petites roues rayons plus ou moins nombreux), dont on connatdes exemplaires d'or, d'argent et de bronze, la destination mon-taire est loin d'en tre certaine, bien que de nombreux amateurscontinuent classer les petits monuments de cette srie la suitedes monnaies gauloises ', ' -

    III. Mtaux; alliages.La Gaule possdait tous les mtaux qui lui taient ncessaires

    pour un monnayage complet. L'or venait des mines des TarheUi,comme des torrents des Pyrnes et des Alpes; il tait mme char-ri par le Rhin. Tacite a cit les mines d'argent des Ruleni et sondire est confirm par une dizaine de restes d'exploitation antiquedans l'Aveyron. Nos pres ont d connatre d'autres gisementsdans le Tarn, le Puy-de-Dme, l'Arige, le Gard, la Charente.Pour le cuivre, Pline cite la mine des Centrons (Savoie), et lesgisements de Baigorry (Basses-Pyrnes) contiennent des galeries,probablement antrieures aux Romains, qui y ont travaill. Biend'autres mines de cuivre ont d tre connues des Gaulois. Et siceux-ci ont peut-tre tir de l'tain de l'le de Bretagne, il est cer-tain qu'ils en ont extrait de leur propre sol (Creuse, Haute-\^iennoGorrze, Allier, Morbihan, Loire-Infrieure)"'*.Les Gaulois commencrent par monnayer l'or ou l'argent selonles rgions; le numraire de bronze parut beaucoup plus tard, dansle deuxime sicle avant notre re. En rgle gnrale, on peut direque les monnaies sont d'autant plus anciennes que l'or et l'argenten sont plus purs. Lorsque survint la dcadence de la puissancegauloise, l'or prit une teinte blanche provenant d'un alliage d'ar-gent, ou une teinte rouge produite par un alliage de cuivre ^. J'aidit ailleurs que la Gaule, aprs avoir export plus quelle n'impor-tait, fut bientt soumise au phnomne inverse. Le dveloppementdu commerce romain en Gaule ft plus pour rarfier l'or de ce pays

    1. Voy. le rc'sum portion d'ariJ^enl et une de cuivre plus ou moins foi-le selon la rfion ou l'-poque. J'ai runi un certain nombre de renseiffucments fournis par des ana-lyses {Trail de m. ifiiul.. p. 36-46).

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    ! ABRICATIONque les victoires de Home sur Bituit, sur les Allobroges etquelques autres peuples, avant l'arrive de Csar '.

    Outre lalliage qui diminuait la quantit de mtal prcieux,les Gaulois ont employ un genre de fraude connu des Grecs etdes Romains; beaucoup de pices de la dernire poque gauloisesont fourres , c'est--dire de cuivre recouvert d'une pelliculed'or ou d'argent ^.Parmi les monnaies de bronze, il en est beaucoup, et ce sont en

    gnral les plus rcentes, dont le mtal, noirtre et luisant, a reu lenom de

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    6 CONDITIONS DU MONNAYAGE GAULOISBeaucoup de monnaies gauloises sont scyphales, c'est--dire en

    forme de cupules (m. d'or des Bituriges, des Parisiens, desMorins,etc; m. d'argent des lusates). Cette forme a t produite vi-demment par un coin concave oppos un coin convexe, afind'empcher le glissement de ces instruments qui aurait pu seproduire au cours d'une frappe rclamant plusieurs coups de mar-teau.

    La fabrication tait d'ailleurs souvent nglige. Ainsi les picesd'argent la croix de la trouvaille de Guzance (Lot), prsententau revers des signes confus, produits par l'enclume, qui avaitreu elle-mme des marques par suite du dbordement d'un cointrop large sur des flans trop troits et irrguliers.

    Si, en gnral, les flans des monnaies gauloises sont trop troitspour recevoir la totalit des types gravs sur les coins, on trouvecependant des pices o l'image du coin apparat entire et pluspetite que le flan sur lequel elle a t imprime.Comme dans le monnayage romain, des ngligences assez fr-quentes dans la fabrication du numraire gaulois ont produit des

    pices incuses, c'est--dire portant en creux, d'un ct, limage enrelief d'une des faces de la monnaie '.Nous avons dit que les flans des monnaies gauloises taient gn-

    ralement couls ; on trouve en elFet des monnaies qui prsentent surla tranche des traces de la coule (voy. Fig . 10.2, i 1 2). C'est uncas frquent pour les bronzes de Massalia (voy. Fitj . 20), et ana-logue ce qui se voit sur des pices de Syracuse 2. Le procd defabrication des flans parut si pratique, que, dans diverses rgions dela Gaule "^ pendant la plus grande partie du premier sicle avantnotre re, on fabriqua de nombreuses monnaies l'aide de moules(voy. Fig. 93, 101 , 1 1 5 k 1 J9).La question complexe des alliagesA. IManchet, Cnt. des bronzes uni. de la Bihl. nnl., n" 2395: E. Rabelou.Trait des m. grecques et roin., \" partie, I, 1901, c. 907; A. RIanchet, Truitedes m. gauL, p. 51

    .

    On a retrouve rcemment en Hongrie des coins de monnaies celtiques quisont cylindriques (E. Gohl, dans Rev. num., 1907, p. 171, pi. IIIi.1. On a expliqu ce fait on supposant que l'image en creux tait produitepar une pice frappe antricnrement et reste fixe au coin. (Fr. Lonormant,La Monnaie dans iAnli

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    POIDS /de bronze, assez variables, ne fut peut-tre pas trangre lvolu-tion des procds du monnayage gaulois. D'ailleurs les Gauloisdevaient tre trs verss dans la pratique de la fonte des mtauxet certains statres d'or, authentiques, paraissent bien avoir tcouls et non frapps.

    i; \'. Poids.Le poids des monnaies gauloises est trs variable, car il dpend

    beaucoup de l'airaiblissement du titre, surtout pour les espcesd'or. Le poids est un indice chronologique de premier ordre, car,ainsi que je l'ai dit plus haut, le titre devient de plus en plus mau-vais, mesure que la dcadence montaire s'accentue. Si, dans ladernire priode de l'indpendance gauloise, on trouve, chez lesArvernes, quelques pices d'or dont l'aloi parait meilleur que celuides autres statres gaulois del mme poque, il n'y a pas lieu des'en tonner, car ce monnayage correspond la suprmatie arverne,qui concentra un pouvoir considrable entre les mains de Vercin-gtorix.

    Les plus anciennes pices d'or gauloises, attribues aux Arverneset yux Eduens sans preuves suffisantes, ont un poids de 7 gr, 34 8 gr. 50 ' et ce dernier chiffre est trs proche du poids normal dustatre macdonien (8 gr. 60), qui fut le modle de la premiremonnaie d'or frappe par les Gaulois.Mais des statres, videmment postrieurs, attribus aux duens(or ple) et aux Squanes (or jaune), aux .Bituriges lor ple ;lgendes n* 2, 3, 339) ^, psent de 6 gr. 72 7 gr. 75, et d'autres,mis parles Meldes (or ple ; lg. n 309), les Suessions (or ple;lg.n 127), les Trvires (or ple; lg. n"* 298 et 232; atteignent seule-ment 5 gr. 36 5 gr. 92. Les pices de l'Armorique passent parlesmmes phases : en bon or, elles atteignent le poids de 8 gr. 06, puisdescendent 7 gr. 78, 7 gr. 40 ; ensuite, l'or blanc attribu auxUsisniiens fournit des poids variant entre 6 gr. 90 et 5 gr. 80. Lemonnayage armoricain de la dernire priode de l'indpendanceest compos, en majeure partie, de pices dont le mtal est qualifide '( billon dans la plupart des ouvrages ^. En ralit, ces pices

    1. Vo\ . mon TrsLit des m. gauL. p. 58 et 59. Un statre attribu au.\Lingons pse aussi 8 gr. 50.:. Voy. la liste des lgendes la fin de cette premire partie.Par ex., le Catalogue des m. gaul. del Bibl. \at.

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    CONDITIONS DU MONNAYAGE GAULOIScontiennent toutes une quantit d'or plus ou moins apprciable,allie de fortes proportions d'argent et de cuivre ; le mtal doitdonc tre considr comme un or de bas aloi et les pices de cettesrie sont certainement presque toutes des statres(5gr. 70 7 gr.33) ou des quarts de statre (1 gr. 70 1 gr. 80). Ce mtal, rcem-ment frapp, devait avoir un aspect brillant qui pouvait faire illu-sion et favoriser encore un cours phmre de ces espces.

    Les divisions du statre gaulois sont des moitis (Bajocasses,Unelles, Ambiens, Bellovaques, Carnules, Bituriges anciens,Aulerques Eburoviques) et des quarts (nombreux dans toutes lesrgions). Ainsi que je Tai dmontr ailleurs \ les Bituriges ont mis, une poque basse, des tiers et des siximes de statre, pesant res-pectivement 2 gr. 22 2 gr. 50 et 1 gr. (or ple). On trouve aussichez les Carnutes et les Redons (?), de petites pices pesant gr. 75 gr. 92 et gr. 57 gr. 82 ; elles sont vraisemblablement des hui-times de statre -.

    Le poids des pices d'argent varie moins sous l'influence del'abaissement du titre ; mais alors que l'unit de la monnaie d'orfut le statre, il y eut sans doute, en Gaule, divers systmes pourl'argent, crs sous des influences trangres, et il en rsulte quele poids des espces de ce mtal est trs variable. La drachmeancienne de Massalia ne pse que 3gr. 73 3gr. 85, alors que lesdrachmes lourdes de Rhoda et d Emporia*, dont l'influence fut pr-pondrante dans le midi de la Gaule, ont un poids normal de4gr.90. La drachme de Massalia a subi elle-mme des rductionset la pice rcente pse seulement 2gr. 73 2gr. 80. D'autre part,le denier romain ^ eut en Gaule une influence de plus en plusgrande partir du ii" sicle avant notre re.En prsence de systmes aussi dilfrents, on est embarrass pour

    dsigner les espces gauloises qui procdent de la drachme primi-tive ou du denier. Pour certains cas seulement, dont nous parle-rons plus tard, on peut reconnatre le systme. Dans la srie deMassalia, on trouve ct del drachme, l'obole, rhmiobole (1/2),le tartemorion (1/4). L'obole existe aussi parmi les pices d'argent

    1. Trait des m. fj., p. (i2 cl 6i : Rev. nuin., l'Jlo, p. Ui'.K2. Voy. mon Trait, p. 70.3. Je ne parle pas du denier ancien de I gr. 55, mais des deniers postrieurs

    rduits (3gr. 90). Sur le denier romain, voy. E. Hahelon, Trait des ut. gr. etrom., \" partie, t. I, p. 395 et s. ; L. Cesano. dans Dizionario epi;irafir.o diAnlichitk Romane, l- II, p. 1623 et s.

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    des Volques Teclosages, des Mlusales. des Cadurques et peut-trechez les Carnutes.Beaucoup de monnaies d'argent gauloises, portant des lgendes,ont un poids variant de 1 gr. 50 2 gr. : elles appartiennent la

    dernire poque de lindpendance '.Les causes d'incertitude dans les tudes, bases sur les poids

    des monnaies gauloises, sont multiples. Outre la difficult relativeau systme employ, il faut noter le manque de prcision dans lafabrication des flans ; l'usure plus rapide d'espces ayant une faveurplus grande que d'autres contemporaines : les produits des fauxmonnayeurs pices fourres et autres).

    1. QuelqiiL'?.iuLc'iirs ci'. A. Duchalais, Rev. nuin., lS4o,p. 176 ont cuu^iuciccomme des quinaires c'est--dire des 1,2 deniers la plupart des monnaiesd'argent de la Gaule. Il est probable au contraire que presque toutes ont dutre mises pour circuler ct des deniers romains (cf. mon Trait, p. 74).

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    CHAPITRE IILES TYPES MONTAIRES GAULOIS

    Sommaire. I. Lj,'endes. II. Types. III. Prototypes trani;ers. I. Lgendes.

    Jusque vers le milieu du ii sicle avant notre re, le nomplus ou moins dform de Philippe de Macdoine (lg. 294) fut, enGaule, la seule lgende des monnaies autres que celles de Mar-seille. Parmi les noms postrieurs, les uns sont des noms gogra-phiques, soit grecs (lg. 180, 202^ 219, 224), soit gaulois, crits encaractres grecs ou latins (lg. 33, 70, 317 ; 154, 222, 223).Quelques noms ont aussi une forme latine bien que dsignant despeuples gaulois (lg. 246, 393). D'autres noms sont des adjectifsethniques (lg. 301, 302, 318, 322, 343, 363, 364). Ainsi il faut segarder de prendre pour le nom de Tours Tpithte Turonos, quiaccompagne les noms Canlorix ^ et Triccos ; Santonos qui accom-pagne le nom ^rtDOS indique galement la nationalit du person-nage.

    La plupart des noms inscrits sur les monnaies gauloises sont desnoms d'homme. Saulcy a cru pouvoir reconnatre dans beaucoupde ces noms ceux de chefs gaulois, mentionns dans les Commen-taires de Csar ^. Mais, sur vingt-six noms composant la liste dres-se par ce savant, on ne doit accepter comme certains que les sui-vants :

    .Vdiatuniius (Sotiate ; lg. 10) ; Tasgetius (Garnute ; lg. 348) ; Ver-

    1. Les pices avec ce nom ont t recueillies seulemcnl dans l'est de laGaule (voy. mon Triiil, p. SO et iOl).2. Annu&ire Soc. de Num., t. II, 1867, p. 1 32, pi. I IV. Jai expos ail-leurs les raisons qui font douter de plusieurs des attributions proposesTnul, p. 82-84).

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    LEGENDE> ilcingtorix Arverne ; lg. 37 1 . Fig. I < ; Luctenus Cadurque ; lg. 234.Fig. 2); Litavicus duen ; lg. 221; ; Vercasivellaunus ou \'ergasil-launus (Arverne; lg. 373); Duratius Picton ; lg. 147); Epasnac-tus (Arverne; lg. 163). On peut admettre comme'probables : Com-mius ; Atrbate : lg. 114 et Sedullus ou Sedulius Lmovique;lg. 319 .

    .Avant de proposer des identiticalion^ analogues aux prc-dentes, on doit penser que le mme nom a t port videmment

    Fkpar plus d'un individu : il faut donc que la monnaie puisse trelocalise dans un pays qui est celui du chef cit dans les Commen-taires.

    Si nous reconnaissons beaucoup de noms d'hommes sur !c~monnaies gauloises, nous ignorons le plus souvent la fonction dontils taient investis. Par exception, le titre Wrcantodan ;qui signi-lie peut-tre jut/ex ar^en// ') parat sur des monnaies des Meldes(^lg. 38i. des Lexoviens (lg. 39} et peut-tre des Mediomatriccs(lg. 37j. Le titre de Vergobret. cit par Csar -, parat sur unbronze des Lexoviens (lg. 1 10 1.

    , A l'instar des Grecs et des Romains, qui ils empruntaient destypes montaires, les Gaulois ont d inscrire sur leur numrairedes noms de magistrats montaires et le cas des pices portantdeux noms d'homme .lg. 25,97, 98, 116, 145, 148 151, 293,357) n'est pas contradictoire, puisque les noms de deux questeursparaissent souvent sur des deniers de la Rpublique romaine ^.

    Il y a lieu de remarquer quelques particularits des lgendes demonnaies gauloises. Le groupe EPAD f>u IIPAD venA le nom Epas-nactus, car le D a la valeur du B i D barr) des inscriptions

    i. P.-Ch. Robert dans les Mlanges de l'cole de Rome. t. VI. 1886, p. 14 2i. Cf. A. Holder, Altceltischer Sprachschatz. t. I. p. 1030.

    J. De bello gall., I. 16, 5 ;chez les .Edui .' Cf. mon Trait des m. gaul.. y. '

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    1-2 LES TYPKS MONETAIRES GAULOISromaines de la Gaule, qui rendait un son sifllanl (deux .s ou thanglais).Le groupe XT est quivalent CT (Pixtilos, Pictilos).Je crois que les deux valeurs G et G ont t rendues quelque-

    fois par le mme signe (lg. 278 281).Les lettres E et F sont quelquefois rendues respectivement par

    Il et II; le R par 9.11 y a frquemment des lettres lies, des ngligences de gra-

    vure, des lettres retournes ou ajoutes aprs coup '.La notation des sons tait souvent incertaine. Ainsi le mmenom se prsente sous des formes grecque et latine diffrentes,

    sur une mme pice (POOYIKA- I^ ROVECA- Fi(j- '^l-i II. Types.

    Autant les ligures de divinits sont communes sur les mon-naies grecques et romaines, autant elles paraissent rares surlesgau-

    Fig. 3. Fijr. i.

    loises ^. Les portraits me paraissent aussi rares, si mme il y en eutjamais sur le numraire de la Gaule. Vercingtorix lui-mme ne dutjamais oser mettre son effigie sur les pices d'or qui portent sonnom ; il avait dj se dfendre contre des envieux qui laccusaientde trahison. C'et t une lgret impardonnable de mettre sur lamonnaie une efllgie personnelle. Csar lui-mme ne reut ce droitque plusieurs annes aprs la conqute de la (jaule '. Si quelquesttes paraissent expressives au point de donner l'impression de por-traits, c'est srement une concidence produite par la fantaisie degraveurs, qui avaient un vif sentiment de la nature et qui, au siir-

    1. Cf. TruiliK p. S> !>l.2. S'il en esl une probable, c'est celle de lu (gure accroupie tlun bronze

    coul qu'on peut classer aux Rmes ; Tr.iilo . I'>'J et .ISSi.."l. (If. mon Trait, p. loi A 15ti

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    TYPES 13plus, pouvaient chercher rendre la physionomie de leurs compa- ''oles. Mais ces ttes expressives ne sauraient tre considres

    nmedes portraits voulus.-,uelques personnages reprsentent certainement des Gaulois :>l le cas du guerrier tenant un sanglier-enseigne, un carnyx

    trompette gauloise' dans la main droite, et une tte coupe dans lagauche (pice d'argent de Dubnoreix. Ailleurs, le guerrier tientune lance, le sanglier-enseigne et un bouclier 'monnaie de \ epotal.Fiq. '4). Un cavalier tenant une enseigne, surmonte du sanglier,ligure sur une monnaie de Litavicus.

    \ .e (orques se voit frquemment au cou des ligures i"eprsen-sur un statre des Atrbates un objet, plac au revers, doit

    tre un hausse-col analogue ceux qu'on a trouvs en Gaule et enIrlande -. Une tbule est reprsente, au-dessus du cheval, sur lestatre de Criciru ' Fig. .5:. On a reconnu diverses formes de hache;la grande pe. dont on a retrouv des spcimens dans les spul-tures, et le poignard antennes sont les principales armes figures,avec celles cites plus haut.

    f.a lyre parat sur des monnaies de> duens. des Arvernes, des.arnutes et de l'Armorique.Le cheval est trs frquent sur les monnaies gauloises et le san-

    glier l'est presque autant. Ce dernier animal, dont la reprsentationsurmonte souvent les enseignes, peut tre bon droit considrcomme le vritable emblme national de la Gaule *. Le lion, quiparat assez souvent sur le numraire celte, est un emprunt fait la numismatique de Massalia o les Phocens avaient apport ce

    1. Sur de curieuses pices de bi-onze qu'on peut attribuer aux Morins, unIniques avec les extrmils formes par des ttes de buf remplace le grnetishabituel A. Blanchet. Mm. et notes de \am., 1909. p. 312, pi. III. 5 et 6 .

    "2. Cf. mon Trait des m. gaul.. p. 163.i. Cf. L. de la Saussaye, Le vritable symbole de h nation gauloise... daii. Sur ces types, cf. mon Trait, p. 170.

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    PROTOTYPES KTRANGERS 15Outre le slalre de Philippe II, roi de Macdoine, dont des exem-

    plaires, vraiment grecs, ont t trouvs dans les dpartements del'Hrault et de la Creuse '. les pices d'or de Tarante, qui circu-laient ct de la pice macdonienne, ont t copies trs nette-ment {Fig. 7) par le peuple gaulois qui occupait la Picardie, dans laseconde moiti du m* sicle avant notre re -.

    Des pices de bronze ^. portant une tte casque ti(j. > et uncoq (ce dernier combin quelquefois* avec une tte humaine, commesur les grylles antiques), paraissent des imitations du numraire debronze mis par sept villes de la Campanie. du Latium et du Sam-nium, vers le milieu du ni* sicle.

    11 est certain que les pices d'argent rvles par la trouvaille deBridiers (Creuse), pesant 4 gr. 52, ont t imites des drachmesd'Emporias au type de la Victoire planant au-dessus d'un cheval

    Fit:. 10.

    ^4 gr. 60 5 gr. 02 . Il est non moins certain que les drachmes deRhoda ^, avec la tte de Crs et la rose panouie, ont t copiespar les monnayeurs gaulois. Les plus anciennes imitations (Figr. 9et PL I. 3 "' permettent de comprendre comment les traits croi-

    1 X'oy. mon Trait des m. ganl., p. 211

    .

    2. Les imitations ont t recueillies prs de Pronne et dAmiens A. Dani-court. dans Rev. archol.. 1886. I. p. 73 et s., pi. III : cf. mon Trait, p. 187 190, fig. 30 37 . Lintroduction de ces types a eu lieu par le commerce cf.Rev. num.. 1903, p. 100 et s.).3. Ces pices ont t recueillies entre la Seine et lOise.

    1. On en a trouv des exemplaires Foix et Castres.1. Caf. du Cah. de France, n" 2330: Trait, p. 279. fig. 141 et 142.

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    16 LES TYPES MONETAIRES GAULOISses, sparant les ptales de la fleur sur l'original, ont donn nais-sance la croix, qui devint le type principal du numraire gaulois,mis dans le bassin de la Gironde. Les ptales au contraire dimi-nurent d'importance et devinrent de simples petits croissants plusou moins informes [Fiq. 10).

    Les pices d'argent au buste de cheval, mises dans la valle duRhne, furent-elles inspires par des ttradrachmes carthaginois,qui auraient t donns aux riverains du fleuve par Hannibal ^ ?Une autre imitation plus certaine est celle du revers des deniersde Balsio ou Belsinum de la Tarraconaise ; des exemplaires en ontt recueillis entre la Seine et la Somme 2.

    Le monnayage gaulois a subi, surtout partir du commence-ment du premier sicle avant notre re, une influence considrabledu numraire romain ^.

    La srie des pices d'argent au cavalier (valle du Rhne) offre un

    Fig. 11 FiK. 12. Fig. i;i.

    exemple certain de cette influence. Le bronze gaulois de Talinos 'porte une tte copie sur celle du denier de Q. Titius fmis vers 90).Des bronzes de Pixtilos, de Tasgelios {Fig. 6), des Lexoviens,des Ambiens, de Suticos, portent une tte boucles de cheveuxcalamistrs, imite de celle des deniers de L. Calpurnius Piso et deC. Calpurnius Piso (89 et 61 av. J,-C.). Des monnaies d'argent clde bronze d'Epasnactus offrent une tte imite de celle de la desseVacuna, grave sur un denier de M. Plaetorius Gestianus (dilecurule en 69). I^a tte de la pice d'argent de Litavicus {Fig. 1 1) estune copie fidle de celle d'un autre denier du mme dile romain "'.

    1. C'est rhypolhsc que j'ai propose dans mon Tmi l des m. yaul., p. 195.2. Trait, p. 197; cl". V. Leblond, dans Rev. nuin., 1906, p. 401 et 402, fig..5. Le commerce romain tait considrable en Gaule; plusieurs trsors.

    enfouis au cours du i'"^ sicle av. J.-C, ollrenl im mlange d'espces gHuk)isescl romaines (trsors de la Jante-Comprcignac ; de Vcrnon ; de In Housselire-Chcverny ; de Ghantenay ; de M ign : de Beauvoisin ; de Hompas, etc ).'i. Le revers porte un cavalier. I.a pice se trouve oi-dinairemcnt dans lepays des Hutnes.

    5. Rev. num., 190i, p. 26; Trail, \). 200, lig. 45 et iO.

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    PROTOTYPES TRANGERS 1 7Lathlte courant d'un bronze gaulois lg. Artos) est empruntau denier de L. Plaetorius L. f. Cestianus (questeur en 74) ; lafigure d'Hygie des bronzes Drucca est copie sur celle du denier deMan. Acilius Glabrio(54 av. J.-C.j '. Des bronzes gaulois, recueillisseulement dans TEst, portent une Victoire assise, imite de celledes deniers d'un M. Porcins Cato. Le buste cheveux calamistrs[PI. /, 6), de la pice gauloise avec Bienos (lg. 69 1 est copi sur lebuste d'Apollon d'un denier de C. Piso L. f. Frugi (vers 61). Unbronze gaulois, avec les lgendes Turonos-Triccos'Fig. / 2), porteun char attel de deux chevaux conduits par un Gaulois, arm dubouclier et du ^ae.am (javelot celte) ^. Ce type est imit de celui dediverses pices de montaires romains, frappes aprs la victoire deCn. Domitius .Vhenobarbus, Vindalium, sur le roi arverne Bituitet les Allobroges (121 av. J.-C).Une des imitations les plus remarquables est celle qui l'ut faitepar les Gaulois de l'Est et qui a t le point de dpart de la srie por-tant la lgende KAAGTGAOY, puis des abrviations dont KAA paratle dernier terme. Sur la pice de cette srie, qui est la meilleure destyle [PL 1, 4), on voit une tte casque et un X J au revers, un che-val brid sous lequel est le groupe de lettres AJ^Zi qui s'expliqueaisment si on le rapproche du nom Sula, crit SVA sur le denieravec la tte casque de Rome (derrire, X. marque du denier) et lebige del Victoire {Fig . 13) ^. Ce denier a t mis par P. CornliusSula (montaire vers "200 av. J.-C). Si les deux chevaux du typeromain ont t remplacs par un seul et la Victoire supprime, il nefaut point s'en tonner; une simplification semblable peut se voir surdes statres d'or o le bige du philippe est traduit par un chevalseul.

    Citons encore les types de Roveca, rapprochs par Anatole deBarthlmy de la tte de Vnus du denier de Csar et du griffonde L. Papius Celsus ; la tte barbue d'un bronze A''Arda, compareutilement celle du Jupiter Terminalis sur un denier de M. Teren-tius Varro) '. Un bronze des Volques .\rcomiques avec un aigle

    1. Cette imitation pourrait av(jir eu lieu aprs le massacre des marchandsromains Genabum, en 52.2. Voy. mon Trait des m. (faiiL. p. 203, g. 49 et 50.3. Voy. mon article sur les types montaires gaulois, imits de typesromains, dans Rei.num., 1904, p. 27-32 : et mon Trait, p. 203, fig. 51 et 52.4. A. de Barttilemy, dans Rev. nnm., 1885, p. 416. Cf. pour la pice dePennille-Rupil. le mme. Rev. num., 18S3, p. 11. Sur lorigine possible dutype de certains bronzes couls attribus aux Catalauni'. voy. !e mme auteur,dans flei'. archol., 1881, I, p. 132.Manuel de Samismatique. 2

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    18 , LES TYPES MONTAIRES GAULOISpos sur un pi est une imitation du denier de Q. Pomponius Rufus(vers 71) ^. Le denier de Csar avec l'lphant a servi de modlechez les Rmes "2. Et des pices d'or gauloises de l'Est prsententune tte de Janus, imite peut-tre des pices d'lectrum, frappesen Italie avec le nom de Rome.

    1. E. Hucher, L'Art gaulois, II, p. 119.2. Cf. une imitation dont l'autre face est copie sur un denier de D. Postu-mius Albinus (A. Blanchet, Rev. belge de I\um., 1908. p. 423; Mm. et notes deNum., 1909, p. 394).

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    CHAPITRE IIIDBUTS DE LA FABRICATION MONTAIRE

    Sommaire. I. Monnayage de Massalia. II. Imitations de Rhoda cl(i'Eniporia;.

    ;:< I. Monn;ii/n(/e de Massalia.Quel fut le premier monnayage de la Gaule ? C'est certainement

    celui de Massalia ; mais les origines en sont assez obscures. En elFet,ds 1834, M. deLagoy signalait de petites monnaies d'argent, d'ap-parence grecque, recueillies sur le territoire de Saint-Remy et attri-buait plus spcialement Massalia une pice portant un crabeaccompagn de la lettre M ' Puis, en 1867, on dcouvrit Auriol(arrondissement de Marseille) -, un trsor de 2130 petites picesd'argent, analogues la prcdente et de types trs varis (environvingt-cinq . Or beaucoup des types d'Auriol paraissent sur despices des villes d'Asie : le cheval ail, Lampsaque ; le sanglier ail, Clazomne; le phoque, Phoce ; la tte de ngre [Fig. 14), Methymna ; la tte de lion, Cyzique ; le masque de Gorgone, Abydos ^; l'il, Lesbos ; la tte d'aigle, Cym ; la tte de blier, Cebren ', et peut-tre quelques types d'Italie et de Sicile. Il fautattacher aussi de l'importance la forme des carrs creux empreints au revers de ces petites pices ^. Or le carr creux desmonnaies d'Auriol au type de la tte de blier est identique celuides pices semblables, mises par Cebren de Troade. Ce fait etd'autres du mme genre portent croire que Massalia s'est servie,dans les premiers temps de sa fondation, du numraire mis par lescits voisines de sa mre-patrie. Ces pices, que les oprations com-

    1. Description de quelques md. ind. de Massilia et de Glanuin, 1834, etripi\ num., 1846, p. 85.Voy. mon Trait, p. 227 et 544, n''25 bibliographie).

    . L. Blancard, dans Mm. de l'Acad. de Marseille, 1896-1899, p. 443 460.pi. I IV ; Cat. m. ffaul. Bibl. Nat.. p. 1 9 : Atlas des m. gaul., pi. I.

    i. Voy. mon Trait, p. 227. On trouve aussi la tortue d'gine.E. Babelon. dans Rev. num., 1900, p. 242.

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    20 DBUTS DE LA FABRICATION MONETAIREmerciales de Massalia faisaient pntrer en Gaule, taient des ttro-boles, des dioboles, des oboles, des demi-oboles, des 6/8 d'oboles etdes quarts d'obole. Elles ont t mises dans le v sicle avant J.-C. '.Puis, selon la loi constante du monnayage de tous les temps, Massalia

    V\ii-. 11. F\ir. U Fiji. 16.

    imita les monnaies d'Asie Mineure. C'est cette priode du V sicleque se rattachent, selon moi ^, les premires monnaies autonomesde Massalia : Tte de blier; R'" jjoinon creux en l'orme de croix\Fig. '15). Tte casque avec une roue sur le casque; W poinonanalogue au prcdent (Fi(j. 16). Tte de femme; IV crabe; au-dessous, M-Les relations commerciales de Massalia avec la Sicile prirent

    ensuite de l'extension. Syracuse avait mis vers 485-478 une obole

    Fig. i: Fijr. 18.

    la roue que Massalia copia [Fig. 17) d'autant plus volontiers quecette roue se rapprochait du poinon en forme de croix que je vien.>~de citer plus haut. Sur ces oboles massalites, il y a, au droit, unette d'Apollon ; quelques exemplaires, appartenant des missionsanciennes, prsentent les groupes de lettres flAPi ATPL MAi gra-ves sur la joue d'.Apollon et disposes de manire simuler labarbe. Ces lettres sont certainement des signatures de graveurs '.analogues celles qui se trouvent sur les monnaies de la Sicile etde la Grande-Grce ' Ce fait accentue les rapports entre la numis-

    1. Celle date rsulte de la prsence des monnaies de Cumes cl de Sclinonli-dans des trsors analogues celui d'Auriol (cf. L. HIancard, toc. cit., p. 454 ;et mon Trait, p. 228).

    2. J'ai expos les bases de ce classement, dans mon Trait, p. 229.3. La Sanssaye avait dj admis celte explication (A'HWJsm. de LiNarhonnuise, 1842, p. 65).}. Il existe mme un llradrachme de Syracuse avec les lellros TTAPcou de II) Icle du droit.

    Gaulesur le ^I

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    IMITATIONS DE BHODA ET d'eMPORI.*: "21matique de ces rgions et le monnayage de Massalia . Notons encoreque le lion de Velia de Lucanie (autre colonie phocenne' paratavoir inspir celui des drachmes de Massalia '. Dautre part la tted'Artmis des mmes drachmes [Fig. 18) a de grandes affinitsavec la tte d'Arthuse, cre Syracuse par le graveur Evainetos(vers 425 av. J.-C.) 2.Tout porte donc croire que le monnayage d'argent de Massalia

    dbute dans le v^ sicle, en quatre phases: 1" Imitation du petitnumraire des villes d'Asie Mineure ; 2** Cration de monnaiesparticulires du mme systme ; 3 mission de l'obole d'argentinspire par celle de Syracuse ; 4" Vers la iin du v* sicle, missionde la premire drachme inspire par des types de Syracuse et deVelia. Cette drachme, dont il existe quelques varits, fut proba-blement frappe en nombre moins considrable que l'obole, car lesexemplaires en sont beaucoup plus rares.Ce monnayage a sans doute continu dans le iv* sicle, sans que

    nous puissions distinguer nettement les pices appartenant aux diff-rentes missions.

    j II. Imitations de Rhoda et d'Emporise.Linlluence de la drachme et de l'obole de Massalia sur le

    monnayage de Rhoda et d'Emporiae, colonies de la cit phocenne,est indniable. Mais le commerce massalite suivait plutt la valledu Rhne, tandis que les colonies de Massalia taient mieux placespour servir de trait d'union entre la pninsule ibrique et les Aqui-tains 3. C'est pour cette raison que la drachme lourde de Rhoda(4 gr. 90} servit de prototype un monnayage trs abondant, quipassa par toutes les phases des numraires d'imitation. Par la tte,qui est peut-tre plus voisine de l'original du graveur syracusainEvainelos que ne l'est celle des drachmes de Massalia. la drachmede Rhoda peut tre place vers la tin du v*^ou au commencement duIV* sicle. Il s'ensuit que les premires imitations gauloises appar-tiennent probablement la priode comprise entre 375 et 3:25 av.

    1. F. Lenormant. La Monnaie dans l'Antiquit, t. III. p. 259: M.-P. Vlasto.dans fleu. belge de Mum., 1903, p. 285 dans un art. de M. L. Forrer).2. A.-J. Evans. Syracusan Mdaillons and tfieir engravers. 1892, p. 112, pi.

    VI, 8.3. Sur les rapports assez bien connus entre l'Espagne et la Gaule antiques,cf. E. Hbner. Moniimenta linguae ibericae. 1893. p. 13 et 244. Voy. aussi mouTrait, p. 183.

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    'I DEBUTS DE LA FABRICATION MONETAIREJ.-G. Certaines de ces copies ont en effet un poids trs voisin ' decelui du prototype ; le style en est encore satisfaisant et la rose net-tement marque au revers. Une autre pice, plus lgre (3 gr. 62), pr-sente dj le type nettement form del croix, bien que la tte indiqueune poque encore recule {Fig. 9). Cette tte prsente une forme deboucles de cheveux, imitant les ondulations de la chevelure sur ladrachme de Rhoda, forme u stylise qu'on retrouvera sur beau-coup de monnaies gauloises. La pice dont je viens de parler m'a-mne exposer un fait trs important pour l'histoire du monnayagede l'argent en Gaule. Il existe une srie dont la trouvaille faite Bridiers (cant. de la Souterraine, Creuse) '^, en 1862, a fourni deschantillons varis. La plupart de ces pices, dont le prototype estvidemment la drachme lourde d'Emporiae (4 gr. 90), psent de 4 gr. 304gr. 47 et prsentent d'un ct une tte de femme dont une varitprsente un pendant d'oreille ; au revers, on voit le cheval d'Emporia'.couronn par une Victoire trs dgnre, mais encore indubitable .Des exemplaires montrent la chevelure imite de celle de la tte d'Em-porife '; sur d'autres spcimens, les cheveux sont styliss commeje l'ai dit plus haut. Or, sur un exemplaire de cette srie {Fig. 9) ''.on reconnat que le type aux cheveux styliss a t surfrapp surune pice la croix de type ancien, analogue celui que je viens dedcrire {Fig. 9). L'antriorit du type la croix, dj form parrapport aux copies du type d'Emporia, est donc tabli.Un autre fait remarquable est rvl par des pices de la trou-

    vaille de Bridiers. Elles portent au revers un char deux chevaux,conduit par un aurige, semblable celui des statres d'or; on y voitaussi, au-dessous des chevaux, la dformation du canthare, symboledu prototype, puis, l'exergue, le reste d'une lgende quiest...nAONsur l'exemplaire le plus complet "'. Ce mlange de types indique, en "toute vidence, qu'il y avait dj des copies du statre macdonien

    1. {]ab. de France, n" 2;

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    IMITATIONS DE RHODA ET D EMPORI. 23lorsque les Gaulois du Centre gravaient dj la tte aux mches sty-lises, imite de la tte de Grs dEmporiae.

    D'autre part, le mme dpt de Bridiers contenait plusieurspices d'argent, imites videmment de la premire drachme de

    Fijr. 19. Fig. 20.

    Massalia, avec la tte laure et un pendant d'oreille, et, au revers,le lion, dj dnatur par un artiste indigne (Fig. 20).

    II y eut donc, probablement vers le milieu du m* sicle avantnotre re, des influences diverses venant de Massalia pour une part,et de ses colonies, Rhoda et Emporia. A la mme poque, le sla-tre d'or macdonien avait dj pntr au cur de la Gaule,puisque des pices du dpt de Bridiers portent un revers empruntncessairement la monnaie de Philippe II.

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    CHAPITRE IVMONNAYAGE DES III ET II SICLES AVANT NOTRE RE

    Sommaire. I. Introduction du statre macdonien. II. Dveloppementdu monnayage gaulois. I. Introduction du statre macdonien.

    Les Modernes ont suivi les divergences d'opinions des Anciens ence qui concerne le clbre trsor des Volques Tectosages. Tima-gne avait dit que ce dpt tait compos en majeure partie parTor pill Delphes, en 278 av. J.-C. ^ Poseidonios, avec une cri-tique plus fine, fit remarquer que les richesses trouves dans les lacsde l'antique Toulouse taient constitues par des lingots d'or et d'ar-gent sans marques d'origine ; que le trsor de Delphes, pill par lesPhocidiens, devait tre vide l'arrive des Gaulois ; que ceux-ci, dci-ms, durent revenir en petit nombre avec peu de butin.

    Ces raisons sont trs bonnes, et, pour ma part, je les accepte. Lesphilippes d'or, prototypes de tant de monnaies gauloises, ont dpntrer en Gaule par une autre voie. Sont-ils venus par le Danubeet le pays des Helvtes? '^. Contre ce systme on peut prsenter defortes objections. D'abord nous ne connaissons aucune imitation duphilippe, fabrique par les peuples celtes, riverains du cours moyen etsuprieur du Danube. On pourrait dire que ces peuples ne frappaientpas d'or; ce serait une erreur, car les Celtes de l'Europe centraleont frapp des monnaies d'or ou d'electrum, assez nombreuses '.Mais les statres d'or de Philippe n'ont pas d circuler dans l'Eu-

    1

    .

    CharlesLcnormant reprit cette thse {Rex\ num., 1856, p. 306) et Flicien deSaulcy l'approuva {Comptes rendus Soc. fr. de Nom., 1869, p. 89). C'est pourcette raison que le Cat. du Cab. de France, rdig par Muret, d'aprs les notesde Saulcy, comprend des pices d'orclasses aux Volcae Tectosages (n" 3429-:i432). J'ai repouss cette attribution (Trait, p. 208).

    2. C'est une thorie admise encore par quelques auteurs (par ex., G . Bloch,dans V Histoire de France, dirige par E. Lavisse, t. I", p. 45).3. Voy. mon Trait des m. (faut., p. 453 459; cf. E. Gohl, dans Congrs

    inlern . de Numism., Bruxelles, 1910, p. 650 et 656.

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    INTRODUCTION DL STATERE MACEDONIEN 25rope centrale ; les Celtes prfraient les transformer en lourds torquesd'or .

    D'ailleurs si le philippe avait circul sur les bords du Danube, ilet apparemment remont le fleuve et les Helvtes -, qui ont frappbeaucoup de pices d"or, eussent certainement mis des copiesassez voisines de l'original . Or les imitations Helvtes du type mac-donien s'loignent beaucoup du prototype et sont d'un or assez bas.Ces pices prsentent donc toutes les caractristiques d'un mon-nayage de bass poque. Par suite, il est peu probable que la voied'introduction du philippe en Gaule ait t la valle du Danube.

    Le prototype grec a-t-il pntr par la voie de Massalia ^ ? On sait

    Fi^. 21. Fis

    par Strabon que les dots taient values en pices d'or, chez les Mas-salites. Massalia n'ayant pas mis de monnaies d'or, il est probableque le statre de Philippe II eut cours dans cette ville. Et si l'onn'a pas encore signal la dcouverte d'exemplaires grecs dans lacite phocenne, du moins on en a trouv un dans l'Hrault, avecle diffrent du canthare ''. Aussi bien il est probable qu'il y eut desimitations du statre macdonien dans la valle du Rhne : du moins,la trouvaille de Grmieu Isre^ a produit des pices dont la tteest une assez bonne copie i^Fi'i/. 2/; et dont l'or et le poids (7 gr. 9fi.8 gr. 05) sont satisfaisants.On a attribu aux Arvernes ~ de nombreux statres et divisions.

    1. Cf. A. Blanchet. Mm. et notes de Xum.. 1909. p. 413.2. Je dsire par ce nom les populations qui habitaient le territoire del

    Suisse actuelle vers le m' sicle avant notre re. Elles taient probablenaentdilTrentes des Helvtes cits par Csar.

    3. C'est la thorie indique par Ale.xandrc Herniand .\um. gallo-helge.1864, p. 55) et dfendue par Anatole de Barthlmy Rev. des questions his-tor., t. XXI. 1877. p .397 : Rev. num.. 1884, p. 196: /ter. celtique. 1890, p. ITs :Instructions du Comit. Xum. de la France. I. 1891, p. 8 .

    . Voy. mon Trait, p. 211, pi. I. 1.3. C'est sans doute le texte de Poseidonios '.\thne, IV, 37 qui a t la

    cause principale de ces attributions. Il y est dit que le roi arveme Luerniosou Luerios. jetait des monnaies d'or et d'ai^ent et donnait une bourse d'or un l)rirde.

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    26 MONNAYAGE DES IIl"' ET 11*^ SICLES AVANT NOTRE REqui portent entre les pieds des chevaux les lettres A P en mono-gramme, plus ou moins bien form [Fig. 22). En ralit ce mono-g-ramme n'est pas une marque dsignant le peuple gaulois ; c'estsimplement la copie, plus ou moins exacte, du mme monogrammequi existe sur des statres de Philippe II, frapps dans divers ate-liers K De mme le vase et le foudre, qu'on remarque sur des sta-tres gaulois, se voient aussi sur des prototypes macdoniens. Legroupe de lettres A P s'est transform progressivement en unemblme analogue au triskeles grec, tel qu'on le voit sur des sta-ti'es recueillis prs de Bourges, de Beaune, de Besanon et enSuisse ^.Une rare statre porte, au lieu de la tte d'Apollon, une tte

    fminine, avec un diadme et un pendant d'oreille. Ce type,emprunt aux monnaies de Neapolis, plutt qu' celles de Massali;i.parat particulier l'Est de la Gaule ^.Un demi-statre trouv Bzin (Jura) porte une tte casque clune Victoire '*, c'est peut-tre une imitation des statres d'Alexandrele Grand. Mais la tte cornue des statres et divisions de la vallede la Sane "' n'a sans doute qu'une ressemblance fortuite avec celledu statre de Lysimaque.

    11 est probable que le statre de Philippe II n'a pas t introduiten Gaule avant la lin du ni' sicle. Les imitations appartiennentdonc la troisime poque du monnayage gaulois.

    Dans l'tat actuel de nos connaissances, on peut admettre qu'iln'y a pas de divisions du statre aussi anciennes que les premirescopies gauloises du statre ^.

    II. Dvclnppemeiil du moiinuynge gaulois.Paralllement aux premires missions de statres gaulois se dve-

    loppait le monnayage massalite. La drachme, dont le poids avaitt affaibli progressivement, fut transforme. On lui donna un typeplus moderne o la tte d'Artmis, toujours laure, est accompa-

    1. J'ai dmontr ce fait dans mon Traite, p. 212.2. Voy. mon Truil, p. 216, pi. I, 6, 13 et 1".:. Il a t souvent class aux Arvcrncs. Cf. mon Trait,]). 217, ii;;. 5

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    DEVELOPPEMENT DU MONNAYAGE GAULOIS 27gne d'un arc et d'un carquois plac derrire le cou [Fig. 23) ^ . Lepoids de ce nouveau numraire est de 2 gr. 75 2 gr. 80. Les mis-sions de l'obole la roue continurent ; on ne peut encore les clas-ser chronologiquement avec prcision. Dans le cours du m'' sicle,Massalia, en relations commerciales avec les ports de la Sicile,introduisit la monnaie de bronze, en empruntant le type du taureau

    Fii:

    .

    cornupte aux bronzes de Syracuse et de Tauromenium. frappspendant le nf sicle -. Massalia mit des bronzes de plusieursmodules avec ce taureau et la tte d.ApoUon [Fig. 24 et 25).Antrieurement peut-tre, un peuple, d'origine assez obscuremais de civilisation avance, qui habitait la rgion de Narbonne,

    Fig. 25.

    empruntait le type du trpied une ville de Sicile, Tauromeniumou Syracuse. Les Longostaltes eurent ainsi une monnaie de beaustyle avec une lgende grecque (lg. 224 avec le 2 carr). Ils semblentavoir t soumis des rois dont le premier Kaiantolos (lg. 201)emprunta le type du sanglier de Phintias, tyran d'.Agrigente (287-279) et le type du lion de certains bronzes de Syracuse, attribus .\gathocles. Les successeurs de Kaiantolos furent probablementAmytos, Bilovios, Ritonkos, Rigantikos {Fig. 26), et deux autresdont je parlerai plus loin.

    1

    .

    Des lettres, marques d'mission, sont graves entre les pieds du lion.2. Voy. A. Blanchet, Mm. el notes de Num., p. 145 ; cf. Trait, p. 235.

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    28 MONNAYAGE DES IIl" ET ir SIECLES AVANT NOTRE EREAprs la chute de Syracuse, Massalia atteint son apoge. Sa

    monnaie d'argent se modernise encore et on y voit le buste dia-dme d'Artmis avec l'arc et le carquois [Fig. 27) ; au revers, le lionlve la patte gauche antrieure et la lgende est entire, moiti au-dessus et le reste au-dessous du lion (lg. 240) ; il y a plusieurs

    Fig. 26.

    lettres devant ou entre les pieds de cet animal. Le poids, de 2 gr. 60 2gr. 75, a fait penser que ces drachmes affaiblies avaient t tail-les sur le pied du vicloriat romain (3/4 de denier dj affaibli) \postrieur 217. A cette priode appartiennent une petite piced'argent avec la tte casque de Minerve et un aigle - ; des bronzes

    Fig. 2- Fig. 2S.

    au taureau de style nglig, flans irrguliers; puis une srie debronzes pesant 6 gr. 50 9 gr. 52, portant une tte de Minerveet un trpied, dont beaucoup d'exemplaires sont frapps sur despices mises antrieurement avec les types de la tte d'Apollon etdu taureau '.

    .\ ct de la Marseille antique, de nombreuses villes s'taientleves. Sans attribuer des monnaies beaucoup d'entre elles.

    1. MomniKcn-HIacas de Witte, Hisl. de In monnaie roin., t. I, p Ifil : II.p. 97; III, p. 250. Cf. mon Trait, p. 231.

    2. Probablement un diobolc, marqu B cf. mon Trait, p. 235. lig, S6).;. 7V.ii7e, p. 236. Cf. Cat. m. t/aul. de la Ribl. Nat.. u'" 1884 A lfl17. J'ai

    dj remarqu ailleurs

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    nVELOPPEMENT Dl" MONNAYAGE GAULOIS 29comme divers auteurs ont propos de le faire, on notera les rarespices d'argent ("2 gr. 22; 2 gr. 07) de Glanum ,Saint-Hemy; lg.180) et des Csenicenses (entre Marseille et Salon; lg. 202), quiportent, la premire, le taureau, la seconde, le lion de Massalia. LesSegovii (prs du Mont-Genvre ; lg. 321 ont peut-tre fabriqu uneimitation de la drachme au lion.Beaucoup dautres imitations de cette drachme, mises par des

    peuples alpins {Fig. 38 ;, appartiennent sans doute la deuximemoiti du second sicle av. J.-C. lg. 136, 405, 406 ; et aussi le nomdform de Massalia) *

    .

    La rgion de Narbonne - a mis des bronzes analogues [Fiq. 29)

    Fig. 29. Fig. 30.

    aux plus lourds de Massalia et portant un taureau dont la queue serattache, sur de nombreux exemplaires, une couronne placeau-dessus de la croupe (lg. 416). Il est assez vraisemblable quecette lgende celtibrienne fon a transcrit Nerencoinon ; je prfreNernen ^i dsigne l'ancien nom de Narbonne. Une varit (lg. 417)semble indiquer une alliance montaire avec une autre ville, Tuis(les Toj'Vv. de Strabon, III, 3, 8) *.Une autre pice plus petite, qualifie de semis, reprsente, au

    revers, un hippocampe avec la lg. 416.C'est aussi vers la mme poque qu'il faut placer les pices d'ar-gent (environ 2 gr. 35) portant les unes, des lgendes en caractres1. Cf. mon Trait, p. 243. Il y a des exemplaires de bronze, qui sont peut-

    tre dfourrs.2. C'est Boudard qui, le premier, a propos raltribulion Nartionne (Essaisur la Nom. ibrienne, 1859, p. 135 et 249".3 C'est l'opinion que j'ai prfre aprs avoir examin les empreintes desnombreuses varits de ces monnaies dcouvertessur l'acropole de Montlaurs,4kil. l'ouest de Narbonne. Ces empreintes m'ont t communiques parM. E. Pottier.4. Cf. E. Hiibner. Monamenta lingaae ibericae. 1893, p. 14 et 26.

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    30 MONNAYAGE DES III^ ET U^ SICLES AVANT NOTRE REnord-italiques (lg. 414 et 415) avec une tte de cheval {PL I, 7) ' ;une autre {Fig. 30), un cheval (lg. 413) et une quatrime, pluscommune et un peu moins ancienne (Ft(5r. 3/), un cheval avecune lgende latine, VOL ^Au nord du Rhne, entre la Sane et le Rhin probablement, despeuples imitrent le denier de P. Cornlius Sula, qui fut montaire Rome, vers 200 avant notre re. Cette imitation fut, comme je l'aidit plus haut, le point de dpart d'une masse considrable de petitespices d'argent portant une tte casque {Fig. 32), un cheval etles lgendes 203 ou 204. Commence probablement vers le milieu du

    Fig. 31. Fi;:-. 32.

    second sicle avant notre re, la fabrication de ce numraire a puse prolonger dans la premire moiti du i*^"" sicle.Vers la mme poque, un peuple de la nation des Arvernes (on anomm les Helvii, puis les Vellavi ^) mit des pices d'argent {PL /,

    9) avec la lgende 172 et un lion (au droit, deux ttes accales).Elles se rattachent la drachme rcente de Massalia ''.

    Plus l'ouest, dans une rgion intermdiaire entre les Biturigeset les Pictons, on a mis, sans doute ds le commencement dun^ sicle, des pices relief assez fort, portant une tte '' mchesstylises (comme sur les imitations d'Emporia' dont j'ai parl plushaut) et un cavalier ou un cheval ou deux chevaux superposs{Fig. 33) ^, souvenir vident du bige macdonien, qui parat,je l'aidit plus haut, sur des pices d'argent de la trouvaille de Bridiers.

    1. Ces pices ont t trouves, plusieurs fois, associes des oboles de Mas-salia, qui ne sont pas des missions les plus rcentes.

    2. Ces dernires pices sont mles dans divers trsors aux monnaies lesplus anciennes de la srie au cavalier (voy. mon Trait, p. 259, o j'ai tiililila succession chronologique de ces espces).

    3. Opinions do Flicien de Saulcy et de M. Changarnier.i. Voy. mt)n Trait, p. 423. pi. 11,9 cl 10.;). L'une de ces ttes porte une moustache comme celle d'un statrc arvcrne

    dont plusieurs exemplaires existaient dans le trsor de Laple.6. Sur ce monnaya^fc que jai attribu, avec quelque restriction, aux Bi'fu-

    riges Cubi, voy. mon Trait, p. 51(!, fip. 4'i()i\ 149.

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    DEVELOPPEMENT DL" MONNAyAGE GALLOIS 31On peut attribuer aux Pictons des pices darg^ent de style ana-

    logue, avec une tte et. au revers, un cavalier tenant un bouclier :au-dessous un fleuron ou une main [Fig. 34) *

    .

    Durant celle priode, on ne frappe plus de pices au type deHhoda dform, car les exeni[)laires du dpt du pont de Lestradei Mouleydier, Dordogne , qui taient uss, taient associs despices du groupe prcdent bien conserves.

    Le monnayage la croix - continue sans qu'il soit possible actuel-lement de faire une distinction entre les missions du ii* sicleavant notre re et les fabrications ultrieures.

    Fiir. 3:?

    Si les monnaies d'argent paraissent avoir t relativement peurpandues en Gaule, sauf dans les rgions que je viens d'numrer,dans le second sicle av. J.-C. il est certain que le monnayage del'or s'est dvelopp, la mme poque, dans presque toutes les partiesde notre pays. On peut attribuer quelques imitations du philippe aux Arvernes ' ; mais d'autres, de bons style et poids, ont t trouvsen Champagne iPl. /, Z)^, diverses reprises; d'autres encore, trou-vs Dinan(Ctes-du-Nord), Colonne(Jura),Saulieu-(Cte-d'Or), Saint-Ciergues (prs de Langres), Pons (Charente-Infrieure,PI. I, ?), etc., prouvent que le statre circulait en Gaule, presquepartout. Les diffrences de style dmontrent de plus que des mis-sions nombreuses furent faites, diverses poques, sur divei^s points.Il est srement prmatur de classer par peuples ces imitations dustatre macdonien ; elles sont toujours sans lgende et comme lesspcimens dont la provenance est connue ont pu s'loigner ancien-nement de leur patrie d'origine, on ne saurait tre assez prudentdans les altribulions. Il y a simplement une prsomption permettant

    1. Voy. mou Trait, p. 174 et 296-297. fig. 28 et JT>.2

    .

    Voy. de nombreuses varits de cette srie dans le premier fascicule dutravail de P.-Charles Robert, \umismatiqae de la prov. du Languedoc, 1876.3. Voy. mon Trait, p. 212 et 216. pi. I. 3.

    4. /htd., p. 216. pl.I, 6.

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    32 MONNAYAGE DES III ET II SICF.ES AVANT NOTRE REde croire qu'une pice d'or a t mise dans le pays oi elle a ttrouve; et, si plusieurs exemplaires proviennent de la mmergion, la prsomption devient peu peu une certitude. Les raisonstires du style, tant souvent spcieuses en numismatique celtique,il importe de considrer surtout la puret du mtal; la question deFalliage prend une place d'autant plus grande dans le monnayagegaulois que l'indpendance touche sa lin : les crises politiques etles dfaites eurent une rpercussion vidente sur la circulationmontaire *.

    J'ai dit que le type ordinaire des slatres gaulois tait celui du philippe , plus ou moins dform. Cette assertion peut paratrerisque celui qui remarquera que des statres, mis certainementpar des peuples armoricains, prsentent au revers seulement uncheval, au-dessus duquel est un oiseau ^. Sur d'autres, frapps parles Redons, probablement dans le ii" sicle, on voit un cavalier '

    .

    En examinant de nombreuses sries montaires on ne tardera pa- acqurir la conviction que ces types, en apparence origi-naux, sont drivs du type macdonien. Souvent le char absent estrappel par une rouelle sous le cheval.

    Parmi les statres gaulois de la fin du ii*^ sicle avant notre re.je classerai les suivants.

    Ceux de la trouvaille de Laple (Haute-Loire, 1908) avec tte, et au

    Viy;. 35. Kig. 36.

    revers, lyre sous un cheval conduit parun aurige(F/'

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    DEVELOPPEMENT 1)C MONNAYAGE GAULOIS 33L'important trsor de Tayac (arrondissementde Libournei contenait

    de nombreux statres aux types dforms du philippe, avec des nsous les chevaux ; sur beaucoup d'exemplaires la tte prsente unaspect ng^rode i7 gr. 50 8 gr.). Comme des pices analogues ontt trouves associes des drachmes du type le plus dgnr deRhoda (dpt de Font d'Eylias, canton d'Eymet, Dordogne), il estprobable que ce monnayage d'or a t mis dans la seconde moitidu n* sicle avant notre re '.

    Des statres de bon or, avec la tte laure, assez rgulire, et avec

    h>. 3: Fig. 38.des revers assez divers i^bige : jument avec son poulain; type informe.Caractre commun : un pi ou feuille. Fig. 3 7)*. Les provenances(le la Fert-Bernard, de Moisy (Loir-et-Cher), de Craon (Mayenne),permettent de considrer ces pices comme mises par les Cno-nians ou les Carnutes ^. A ce dernier peuple appartiennent peut-tre d'autres imitations du philippe . dont une trouve prsd'Orlans. Saulcy attribuait aussi aux Carnutes des statres{Fig. 38), qui ont de l'analogie avec le monnayage arverne.Un autre groupe, qui parat localis dans le dpartement d'Indre-et-Loire, porte la lyre sous le bige '. On pourrait y chercher le traitd'union entre les pices arverneset celles de l'Arniorique.Un groupe, avec une belle tte, prsente au revers une figureaile, couche sous un androcphale (Cnomansu

    1. J'ai tudi longuement les diverses varits du trsor de Tayac dans unmmoire publi dans la Rev.des tudes anciennes. l.Xll, 1910, p. 21 46, fig.[Une nouvelle thorie relative l'expdition des Cimbres en Ganle. Cest unerfutation d'un travail de M. R. Forrer .

    2. Cette pice porte la contremarque dun hippocampe, qui a pu tre appo-se pour donner cours la pice chez un peuple diffrent de celui qui l'avaitfrappe. Au sujet des contremarques, voy. mon Trait, p. 536 538.

    3. Sur ces pices, voy. mon Trait, p. 220 et 304, fig. 61, 62 et 197.4

    .

    "Voy. mon Trait, p. 221. Un statre assez rcent, avec une lyre renverseet la lgende 198 sous le bige. peut cire class aux Carnutes.

    Manuel de Xurnismatique. 3

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    34 MONNAYAGE DES III*^ ET IT SIECLES AVANT NOTKE EUESur un territoire voisin de Tembouchure de la J^oire, on trouve

    des quarts de statre {Fig. 59) reprsentant un personnage marchant gauche, tenant un marteau et un objet recourb (au droit, tte

    39. Fig. 40.

    ou type dform ressemblant la poigne d'une pe et au sommetdu fourreau). Des statres d'or [Fig. 40) ont une tte place sur unesorte de support et entoure de quati'e autres petites ttes reliespar des cordons; au revers, un personnage ail est couch sous l'an-drocphale '.

    L'Armorique a d frapper, dans le n" sicle avant notre re, desdemi-statres et des quarts, de bon or, attribus aux Baocasses(I^aurige tenant un objet ressemblant une clef doublent aux

    Fit;-, il,

    Unelles (quelquefois sous le buste, une pe large lame qu'onretrouve au f sous le cheval. Fig. ii) -, On voit, sur ces pices,l'pi qui est grav au revers de diverses pices d'or gauloises '.D'autres monnaies d'or avec un cheval, qui parat conduit par unoiseau (varits avec chaudron sous le cheval. Fig. i'i) sont donnesencore aux Baocasses.Des statres d'assez bon or prsentent, au revers de la tte laurc,

    1

    .

    Classes aux Cenomani par la Commission de la topographie des Gaules(voy. Allas), ces pices appartiennent plutt aux Namntes. Des pices ana-logues ont t classes aux Ventes et aux Osismiens {C.at. de la Bibl. Va

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    DEVELOPPEMENT Df MONNAYAGE GALLOb 35un cavalier brandissant une lance (ou un gaesum) et un bouclier.D'aprs les provenances, ces pices, ainsi que des quarts 'Fi'gr. 43],ont sans doute t frappes par les Redons. A une peuplade voi-sine appartiennent des slatres avec une tte surmonte d'un san-jrlier et entoure de cordons perls (Fig. 44); au revers, granderoue sous un androcphale conduit par un aurige '.

    Fi^. 43. Fig. 44.

    Des demis Fig. /"> et quarts de slatre, attribus ordinairementaux Caltes, ont t mis plutt par les .Aulerques Kburoviques,avec un loup sous un cheval -. Ces pices, d'or blanc, peuventappartenir au commencement du i""" sicle avant notre re.

    Des statres et quarts, de bon or et de poids lourd 'jusqu'8 gr. 10 pour l'unit), avec tte assez bonne et quadrupde, accom-

    Fig. Fig. 46

    .

    pagn d'un croissant ou chaudron, ont t mis probablement dansle pays des .\trbates '.Un quart de statre peut tre class aux Bellovaques ; la ltelaure et le char y sont encore nets ^ ; sons le cheval on voitune rosace perle, origine probable de celle qui est une caractris-tique du monnayage postrieur des Bellovaques et Parisiens.

    I Voy. mon Trait, p. 313, fig. 213. Ces pices furent peut-tre mises parn peuple relativement voisin des Namntes.2. Ces pices se rattachent par le style au monnayage armoricain ancien.3. Voy. Trait, p. 343 et fig. 16.i. Voy. Trait, p. 221. fig. 67 ; cf. p. 369.

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    36 MONNAYAGE DES III^ ET II SIECLES AVANT NOTRE RELa valle de la Sane l'vle la circulation de statres (7 gr. 95)

    et de divisions dont la tte est orne d'une corne dirige en bas der-rire l'oreille (IJlsous les chevaux une lyre renverse) *.

    La rgion des Alpes nous a donn un certain nombre de statres debon or [Fig. 46), pesant plus de 7grammes, qui sont srement dri-vs aussi du prototype macdonien. Une varit, o l'on reconnat lesvestiges d'une tte gauche, est certainement antrieure aux autresqui prsentent un type informe (c'est encore un reste de tte) et, aurevers, une des lgendes 407 41 2, que l'on transcrit par : Ases (?),Prikou, Ulkos, Anatikou (?), Kasiloi, Kat. Ce monnayage a proba-blement dur depuis la fin du m'' sicle ^ jusqu'au milieu du ii" etfut mis par les Salasses. Leur pays possdait des mines d'ordont les Romains s'emparrent de bonne heure.

    1

    .

    Cat. Bibl. Nui., 5318. Cf. A. de Barthlmy, dans Rev. nuni., 1885, p. 138.2. Cf. mon Trait, p. 271, fig. 129 et 130.

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    CHAPITRE VMONNAYAGE DU 4" SICLE AVANT NOTRE RE

    SoMMAiBE. I. Massalia. II. Imitations gauloises des bronzes massalitesau taureau. III. Srie au cavalier, valle du Rhne. IV. Allobroges,Cavaillon. Antibes. V. Sgusiaves, Volques Arcomiques, Nmes. VI. Monnayage du bassin de la Gironde. VII. Lmoviques. Biluriges,Pictons, Santons. VIII. Namntes. Andgaves, Aulerques Cnomanset Diablintes. Armoricains. IX. Lexoviens. Aulerques Eburoviques.Camutes. X. Vliocasses, Atrbates. Morins, Nerviens. Trvires,burons, etc. XI. Snons. Meldes, Silvanectes, Parisiens, Bellovaques,Ambiens. XII. Suessions, Rmes, Catalaunes, Lingons. Lcuques,Mdiomalriques. XIII. Scquaues, duens. XIA'. Arvemcs.

    I, Massai 1,1.Le premier sicle avant notre re est celui de la grande expan-

    sion du monnayage gaulois, mais aussi celui de la dcadence.A Massalia, la drachme porte toujours le buste d'Artmis avecle diadme ', et, au revers, le lion avec la lgende, complte le plussouvent, et deux ou trois lettres, initiales de magistrats mon-taires '. L'obole est probablement toujours frappe, et c'est seule-ment le style et la frappe nglige qui peuvent guider pour le clas-sement des spcimens.

    Le type du taureau cornupte est maintenu certainement, surtoutdans les bronzes du petit module, de travail nglig ^. Mais d'autrestypes paraissent, qui sont srement de la dernire poque : Ttes deMars souvent peu distinctes (R* galre ; et autre, plus grande, avecaigle), de Minerve (K* lion. Fig. 47 \, de la Tych tourele del citIV dauphin et galre; : puis le< types de Minerve arme debout ',1. V'oy. mon Trait, p. 233. fig. s.2. C'est une hypothse de I.^ Saussaye qui s'appuie logiquement sur des

    ''xemples nombreux de la Numismatique grecque. Rcemment, on a vouluiller plus loin ; ces initiales pourraient tre celles des trois magistrats quitalent la tte des < Quinze premiers ;C. Jullian, Hist. de la Gaule, t. I"".1008, p. 435. n. 3 .

    3. Voy. mon Trait, p. 237, fig. 93 95.4. A. Blanchet. La Minerve de Ma.-isalia. dans Corolla MmismaticaMlanges Head . 1906, p. 10 15. fig.

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    38 MONNAYAGE l)V r"^ SIKCLE AVANT NOTRE EREet des deux mains jointes. Beaucoup de ces petites pices sont trspaisses et on y remarque le sigma, lunaire (C)-

    J'ai dit ailleurs que Massalia a pu continuer mettre du num-raire de bronze, aprs la mort de Csar *.

    II. Imitations gauloises des bronzes massalites au taureau.C'est videmment pendant la dernire priode ^ que les bronzes

    massalites, rpandus sur la plus jurande partie de la Gaule, ser-virent de modles de nombreuses pices coules, dont les meil-leures varits ont t mises dans les bassins de la Sane et de laHaute-Seine ^.

    1 Rgion de Lyon et bassin de la Sane. Tte gorge et lvres

    Fig. 47. Fig. 48.

    trs marques ; la couronne du prototype est remplace par deuxbandes parallles. i)L quadrupde, gnralement gauche, dont onne voit que deux membres ^, avec la queue releve.

    2'^ Bassins de la Sane et du Doubs. Tle avec couronne formed'une double bande de traits ou globules.

    3" Rgion de Beaune. Grosse tte d'aspect ngrode.40 ^ 70 Varits avec les lgendes 350, 137 his , 31t). inscrites

    sur la tte, ou Doc derrire la tte.1. Voy. mon Truite, p. '2'M.2. La fabrication avait commenc sans doulc la fui du 11" siircle av. J.-C

    (voy. sur cette question, mon Tr.7e, p. 252).i. Voy. A. Ghangarnier, Potins et bronzes squtines, diiens el Jno-sfin-

    siiires, dans Annuaire Soc . de .\ tint., 18S7, p. rj.16, pi. IV; cf. mon Trait,p. 2J5 249.

    4. Sur beaucoup de pices de diverses rgions ! membre postrieur, ramenen avant, est dmesur. I/examen de nombreux spcimens m'a convaincu quoTanomalic provient du fait que les copistes gaulois du bronze massalile ontsouvent confondu le pied do l'animal avec le trait sparant re.vergue el letype.

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    IMITATIONS GALLOISE DES BRONZES 39S"" Sgusiaves.\"aritavec triple bande formant diadme :,Fi^. 4^.

    Quelquefois l'animal est droite *.9^ Eduens. \'arit bande double et types plus larges.10" Eduens. Type diffrent avec figures droite.

    11* Eduens ? I^" animal jambe replie et dont la partie post-rieure se relve (Fig. 49).

    Fig. 49.

    12" Varit d'assez bon style avec MA au-dessus d'un taureaubien form {Fig. 50) ; attribu aux Mandubiens ^ sans raison suffi-sante.

    13 Varit avec fleurons devant le buste et au-dessus du taureau{Fig. 51) ; attribu aux Leuques, sans raison suffisante ^.

    14'' Probablement Turons. Pices plus petites, de mtal plus

    Fig. 50. Fig. 51.

    blanc, avec cheveux en S et croix au-dessus du taureau gauche *.15" Garnutes? Varit de types trs dforms, mais cependantassez reconnaissables [Fig. 52) ''

    .

    On pourrait citer encore, sans grande utilit, des varits dont1. Cf. J. Dchelette. dans Rev. num.. 1899, p. 140.2. F. de Saulcy. Lettres sur la nam. gauL, p. .33; Cal. Bibl. Sat.. 5284, 5311.3. Cf. mon Trait, p. 249. fi^. 111.4. Cf. mon Trait, p. 250, fig. 114. Frquent dans le dpartement d'Indre-

    et-Loire..). Il semble qu'une varit analogue, mais un peu diffrente, soit spcialeaux Bituriges.

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    40 MONNAYAGE DU l^*" SiCLK AVANT NOTRE EREle classement est fort incertain. Cette partie de la numismatiquegauloise est une de celles qui doit retenir le plus l'attention deschercheurs de province.

    Il faut, mon avis, considrer comme inspires par la monnaiede bronze massalite, les pices avec une tte laure et un taureauaccompagn de la lgende 177, et celles avec un buste nu et unlaureau (lg. 297) '.

    III. Srie au cavalier, valle du Bhne.Aprs avoir fait cette digression ncessaire pour grouper les

    principales varits de bronzes couls (dits potins) au type massa-lite dform, nous allons examiner les missions montaires qu'onpeut attribuer au'premier sicle avant notre re -.

    Fig. 52. Kig. j.-i.

    On a trouv dans la valle du Rhne de nombreux dpts "' d'unepice d'argent avec une tte casque et, au revers, un cavalierarm d'une lance {Fig. 53) et accompagn d'un nom tel que Dur-nacus, etc. (voy. les lg. 21, 77, 89, 113, 148 151, 4 et 293, 361,311, 395 et 396, 266, 358, 95). Le poids de ces pices varie de 1 gr. 90 2 gr. 25 et, dans la srie, les exemplaires avec lirico-Coma sontgnralement parmi les plus lourds el probablement classer dans

    1. Cf. mon Truite, p. 253 255, lig. 119 et 121. J'ai iiuliquc les i-apporl.s dubronze Germanus avec celui d'Auj^^uste. Je suis revenu sur la question dansmes Mm. et noies de Numism., 1909, p. 18fi,cl dans la Hev. celtique, 1910,p. 52.

    2. Il est entendu que j'ai donn des divisions clironoloj^iquos trs larjjes ; ilest vident que le dveloppement du monnayafje ne peut tre prcis de celtemanire factice. Telle espce montaire ipie j'attiibue au pi'omier sicle peutavoir commenc dans la seconde moiti du deuxime sicle avant notre re.

    3. Roc-de-Chre et Lacombe (Ilaute-Savoic) : Lyon ; (^iPest, Valence, Lavcy-ron, Hostun et Heauvoisin (Drnie) ; Moirans et Sainte-HIandine Isre). Lespices isoles sont plus frquentes aussi sur la i"ivc {fauche du Hlinc : mais onen a recueilli sur divers points de la Gaule.

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    ALLOBROGES, CAVAILLON, ANTIBES -illes premires missions '. Les Durnacus sont peut-tre le plusrcentes.

    Le prototype est-il le denier aux Dioscures (hypothse acceptepar tous les auteurs antrieurs; ou, comme je l'ai dit dans monTrait, le denier de Q. Marcius Pilipus (^montaire vers 119 av.J.-C.)? Les dcouvertes futures trancheront peut-tre la question.

    Les pices gauloises au cavalier, considres par les uns commedes quinaires du systme romain et, par dautres auteurs, commedevant tre rattaches au systme massalite, ont succd despices diverses, dont j'ai parl dans le chapitre consacr au mon-nayage du deuxime sicle, et qui, elles-mmes, avaient t taillessur le pied des drachmes massalites rcentes.Une preuve que la srie gauloise au cavalier doit se rattacher ausystme massalite peut tre tire du fait qu'on connat des obolesau type massalite avec Darnac du ct de la tte et Ausc entre lesrayons de la roue. Or, ces deux noms ont associs aussi sur desdeniers au cavalier.

    ^ 1\'. Allohrofjes, (^araillon, Anlihes.On peut attribuer aux .\llobroges (Savoie i - des pices d'argent avec

    une tte laure et, au revers, un bouquetin {Fig. 51) ^. Des picesplus petites, rvles par le trsor de Tourdan, portent un quadru-pde qui parat sans cornes '. .A la mme rgion appartiennent desmonnaies d'argent avec une tte casque et un hippocampe : unevarit porte la lgende 19 (cf. lg. 247).

    Cabellio (Gavaillon i a mis une pice dont on ne connat qu'unemoiti d'exemplaire (lg. 199j. Elle dut circulera ct des monnaiesd'argent d'.Avenio (Avignon. Fig. 55) portant une tte laure et, au

    1. Voy. les lemarques que j'ai faites sur cette intressante srie, eu rsu-mant et discutant les travaux de mes prdcesseurs 'Trait, p. 261 269). Cf.F. de Saulcy. dans Rec. niiin.. 1S60, p. 109 : P.-Ch. Robert, dans Annuaire Soc.Nnm., l. V, 1S7T-8I, p. 285 : G. Vallier. Dec. de md. (fanl. Moirans, 1879:C* F. de la Sizeranne, Le trsor de Laveyron. 1880: A. de Barthlmy, Rev.nam.^ 1884, p. 1, et dans Instructions du Comit, \um. de la France, 1891,p. 15 (proposait ratlribulion aux Cavares ou \'oconces' ; C.-.\. Serrure, dansAnnuaire Soc. .\um., 1896, p. 366 et s. ^attrib. aux Voconces .

    2. L'assimilation des peuples gaulois aux provinces ou aux dpartementsfran

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    42 MONNAYAGE DU T' SIKCLE AVANT NOTRE KKErevers, un sanglier (ou porc ?) ^ avec la lg. 33. Des bronzes ana-logues avec AYE, et d'autres avec la lgende 33 complte (tte tou-reie-; fV taureau, monogramme et initiales de noms de magis-trats?), compltent ce monnayage autonome^.On peut classer dans cette rgion des bronzes provenant d'unetrouvaille faite Orange (branche dessche, h' type informe oumain ').

    Antipolis (Antibes) a frapp sous le gouvernement de Lpide, entre44 et 42 av. J.-C, des bronzes portant une tte de Vnus (?) droite(devant : |2 AHM)et, au revers, une Mctoire debout couronnant

    Fig. 5i. Fig. :>:>.

    un trophe ( l'exergue et droite, ANTifl AEn). Kn admettant lalecture El A-iaov 'AvriTroXiTcv Atcioo;, il faut comprendre que lamonnaie fut fabrique par les habitants d'Antibes avec une autori-sation spciale de Lpide, limitant la circulation de la pice auseul territoire de cette cit ''.

    55 y . Sgusiaves, Volques Arconiiques, Nimes, Longoslaltes.Si nous passons le Rhne, nous trouvons une jolie pice

    clargent avec la tte casque de Mars el Hercule accompagn deTlesphore (lg. 49 et 322), attribue gnralement aux Sgusiaves (dp*^ de la Loire) *^. Plus au sud, des pices d'argent et debronze [Fig. 56) des Volques Arcomiques (dp' du Gard) sontnettement classes par les lgendes 393 (ttes de Diane, aigle, per-sonnage en toge), et une obole de type massalitc. avec Vole entre

    1. On se gardera d'accepter toutes les hypothses sur la (ilialion des typesmontaires d'Avignon, mises dans la Hev. iim.. 1910, p. 1(57.2. Peut-tre doit-on y voir une reprsentation de Copia, comme la litM. Eug. Dupral (/?er. niim.. 1910, p. 170; art. sur les monnaies ilWvennio)..1. Ainsi que je lai dj dit, (Trait, p. 441), je n'accepte pas la lecture gni-ralcment admise pour une pice de bronze du type massalicle.4. iev. nuni.. 1S7, p. 395 ; mon Trait, p. 440. pi. III, 14.r. La Saussaye, A'iim. de la Gaule narb., p. 113; cf. mon Trait, p. 442.ti. J'ai dit que celle nllrihulion n'tail pas absolument sre [Trait, p. 4251.

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    MONNAYAGE Dr BASSIN DE LA GIRONDE 43les rayons de la roue, indique que cette rgion tait reste souslinlluence du grand port phocen. Nimes adopte d'ailleurs lalpha-bet grec ( lg. 257) pour un bronze avec un sanglier, et pour unepice d'argent avec un cavalier (lg. '258) '.

    Fig. 5). F/.

    On a vu plus haut (ch. iv, i^ II, que les Longo^laltcs ^^^lp' del'Hrault) avaient mis de lourdes monnaies de bronze avec desnoms de roi>. La plus rcente des pices de ce monnayage paraittre celle de Bokios, qui porte, au revers, une lgende bilingue,grecque el celtibrienne (Fi'^. .5 7). Notons aussi le bronze avecLouholiknos (lg. 224).

    ;; \'l. Monnayage du bassin de la. Gironde.Parmi les monnaies la croiv -, beaucoup ont certaine-

    ment t fabriques dans la premire moiti du i'"'^ sicle avant

    F"iK. 5^. Fig. 59.noire re [Fig. 10 el 38); mais il est naturellement dllficile d'tablirun classement rigoureux. Depuis la rcente dcouverte de Bompas(prs de Perpignan), nous savons toutefois qu'une forte usure avaitdj marqu les pices la croix prsentant la tte plus ou moinsgrossire avec les deux dauphins devant le visage et celles portant

    1. Cf. mon Trait, p. 435 et 436.-. On a donn des tableaux prsentant de nombreuses varits de hachesel de symboles relevs sur des pices la croix (Ma.\e-\\'erly, puis E. Ros-chach. Histoire graphique de l'Hnc. prov. du Languedoc, 1905, p. 175 et s.,

    fig. 9"; et 98 .

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    44 MONNAYAGE DU l""" SIKGLE AVANT NOTRK REune sorte de pointe de flche derrire la nuque (IV, dans les cantonsde la croix, une hache, deux amandes pleines ' , un annelet allong).Or ces varits taient mles des deniers de la Rpubliqueromaine dont les plus rcents, trs bien conservs, indiquent quele dpt de Bompas fut cach peu de temps aprs 83 av. J.-C. -.

    Quelques varits la croix, probablement contemporaines desprcdentes, ont t attribues aux Sotiates (sorte de S dans uncanton de la croix ; droit du type dit la tte de ngre ) ' ;d'autres aux Ptrocores (sorte d'ventail rond dans un canton) ' ;d'autres encore la rgion de Saint-Pons, dans l'Hrault (sorted'olive dans un ou deux cantons) ', etc. Mais ces attributions nesont pas certaines '"', tandis que nous pouvons admettre le classe-ment aux Cadurques du gi'oupe rvl par la dcouverte de Cuzance(Lot) ; ce sont des pices la croix, parmi les plus lgres de cettesrie (Jgr.30), avec peu de relief et im revers brouill dont j'aidj parl ".

    Quelques pices la croix prsentent des lgendes en caractresceltibriens [Fig. 59; lg. 420 et 421) et sont peut-tre contempo-raines*' des espces de bronze de Narbonne et des Longostaltes, quiportent aussi des lettres celtibriennes. D'autres ont des lgendeslatines (lg. 124, 332), avec un type rayonnant (F/V/. 60) et des ilansirrguliers indiquant srement une basse poque. Peut-tre faut-ilrapprocherdu nom Coverlomotul{os ?) l'obole de type massalite avecCove dans les cantons de la roue"? Signalons encore une petiU-

    1. On a dit ellipse (Charles Robert, et navette K. Roschach. op. cil..p. 178). .

    2. A. Blanchet, dans Rev. niim., 1911, p. 259, 1!;:^. Les pices roniaiiu ~les plus rcentes de ce dpt taient deiix'deniers, bien conservs, de C. Vale-rins Flaccus, qui fut itnperator et proprteur en Gaule o il obtint des suc- 'ces militaires ; il vainquit aussi les Ollibrions. Peul-tiv ces deniers ont-iI>t mis dans le sud de la Gaule.