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Manuel Pratique de Phototypie - J. Voirin (1892)

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Traité pratique de phototypie, procédé d'impression aux encres grasses. Edition 1892 Ch. MENDEL à Paris Auteur Jean VOIRIN

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Avant-proposEn publiant ce traité minuscule, nous nous sommes

proposés de prouver à l’amateur, au photographe de profession et à l’imprimeur, que l’impression photographique aux encres grasses est un procédé simple et pratique.

D’autres avant nous ont publié de belles études sur ce sujet, mais ces auteurs étaient ou des théoriciens, à qui échappaient certains petits détails de pratique, ou d’habiles praticiens qui n’ont pas eu le courage de faire connaître les petits tours de main, les ficelles d’atelier.

Il nous a semblé que cet ouvrage ne pourrait que nous aider dans la campagne que nous avons entreprise pour propager en France ce merveilleux procédé qui est français d’origine, il faut hautement le proclamer.

Il y a quatre ou cinq ans encore, c’est-à-dire trente ans après la découverte de Poitevin, les quelques maisons françaises qui exploitaient industriellement l’impression phototypique, n’employait que des machines allemandes, des ouvriers allemands et des encres allemandes.

A l’heure actuelle, il n’en est plus ainsi, l’essor est donné (I) en France, mais il nous reste encore beaucoup de chemin à faire avant que l’emploi si avantageux de la phototypie se soit généralisé et qu’elle rende dans toutes les branches de l’art et de l’industrie les services qu’on a le droit d’en attendre.

I - NOTE DE L’EDITEUR — il est juste de dire que M. Voirin, en installant un laboratoire modèle, en y donnant des leçons pratiques, en centralisant tous les produits, tous les appareils nécessaires à ce genre d’impression, a puissamment contribué à vulgariser son emploi.

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AVENIR DE LA PHOTOTYPIE

A l’heure actuelle, la Photographie a conquis ses lettres de grande naturalisation sur le terrain scientifique. Toutes les branches d’histoire naturelle et en particulier la minéralogie, les sciences médicales, la physiologie, la micrographie, ont recours communément, à l’objectif pour enregistrer leurs constatations, les phénomènes au milieu desquels nous vivons.

L’astronomie, l’archéologie, les beaux-arts ont également besoin de reproduire fidèlement les sujets quels qu’ils soient qu’ils ont à étudier.

Or, les documents que la photographie va désormais fournir, la diffusion des études scientifiques et artistiques exigera que l’on puisse les multiplier, les reproduire rapidement et avec économie. Il est notoire que le tirage au châssis positif devient insuffisant et c’est là que la phototypie sera partout l’auxiliaire indispensable aussi bien du savant que de l’artiste, aussi bien du maître que de l’élève.Dans l’ordre industriel, dans les métiers d’art, où il est d’usage de faire de grands sacrifices pour mettre sous les yeux d’une clientèle de choix des travaux d’impression soignée et luxueuse, la phototypie viendra prendre place à côté de la lithographie, et de la gravtirç, sur lesquelles elle aura, outre son cachet d’authenticité, les avantages appréciables de la douceur des demi-teintes et d’un modelé très artistique.

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CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

Définition. — La phototypie ou plus exactement la photocollographie (comme le congrès photographique de 1889 a décidé de l’appeler désormais) est un procédé d’impression photographique aux encres grasses dû au génie fécond de Poitevin.

Il ne faut pas le confondre avec la photolithographie dont le principe a été également découvert par Poitevin et qui comprend un ensemble de procédés où l’action de la lumière sur certaines substances est utilisée en même temps que les propriétés classiques de la pierre lithographique.

Quant à l’albertypie, l’héliotypie, la photochromie, l’héliochromie, la glyptographie, etc., ce sont des termes différents mais qui désignent le procédé photocollographique. Nous lui conserverons le nom de Phototypie qui lui a été consacré par l’usage.

Avantages. — Le procédé phototypique permet d’obtenir rapidement et directement sur papier ou étoffe quelconque, ou par report, sur bois, métal, porcelaine, etc., etc., des épreuves inaltérables, à un prix bien inférieur à celui de n’importe quel procédé photographique.

On peut en outre affirmer que les épreuves phototypiques ont une finesse au moins aussi grande que celles qu’on obtiendrait d’un même négatif sur papier aux sels d’argent ou de platine.

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Ses quatre principaux avantages sont donc la rapidité d’exécution, l’inaltérabilité de la gravure, l’exactitude de la photographie et le bon marché des épreuves.

Principes fondamentaux. — La phototypie est basée sur deux principes généraux:

Premier principe. — La gélatine bichromatée qui a été exposée à la lumière devient imperméable à l’eau, c’est-à-dire qu’elle a pour l’eau une affinité d’autant moins grande qu’elle a été plus exposée à la lumière.

Deuxième principe : - Les corps gras et en particulier les encres d’imprimerie se déposent sur les corps secs et sont repoussés par les corps humides.

Faisons l’expérience suivante: Exposons à la lumière, sous un négatif ordinaire, une couche sèche de gélatine bichromatée ; les parties transparentes du cliché laisseront passer les rayons lumineux qui modifieront la nature de la gélatine (en vertu du premier principe), la durciront et la rendront impénétrable à l’humidité.

Au contraire les régions de la gélatine protégées de l’action lumineuse par les noirs du cliché conserveront leur affinité pour l’eau.

Laissons ensuite séjourner dans l’eau la gélatine insolée pour en éliminer le bichromate, faisons sécher la couche puis mettons-la sous un bain d’eau glycérinée. Une fois qu’elle est gonflée, tamponnons-la pour enlever l’excès d’eau.

Passons maintenant sur sa surface un rouleau chargé d’encre grasse; en vertu du deuxième principe, les parties humides de la gélatine, c’est-à-dire celles qui se trouvaient sous les noirs du cliché, repousseront l’encre ;

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au contraire, les autres parties, celles qui ont été insolées en prendront une quantité proportionnelle à leur degré de siccité.

Si enfin nous mettons une feuille de papier en contact avec la surface de la gélatine et si nous donnons de la pression, le papier recevra une image positive donnant avec une exactitude minutieuse les moindres détails, les demi-teintes les plus délicates de l’objet photographié,

Il est facile de voir par ce qui précède quelle analogie l’impression photographique présente avec la lithographie.

Après les deux opérations de l’insolation et du mouillage, la couche de gélatine se comporte absolument comme la pierre lithographique après qu’elle a reçu le dessin et qu’elle a été lavée à l’eau acidulée, sauf cette différence que la pierre très poreuse doit être entretenue humide par des rouleaux mouilleurs, tout le temps du tirage, tandis que la couche de gélatine donne 50, 100 ou 200 images successives avant que l’on ait besoin de recourir à un nouveau mouillage.

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PREMIERE PARTIE______

DU CLICHÉ NÉGATIF______

Avant d’entrer dans la description détaillée des opérations nécessaires pour reproduire une image en phototypie, nous

nous occuperons du négatif ou cliché photographique

Nous supposerons que nos lecteurs sont familiarisés avec les manipulations photographiques élémentaires et nous les renvoyons aux nombreux ouvrages traitant de la photographie.

Avant tout, pour faire une bonne phototypie, il faut un bon négatif, qu’il soit au collodion ou au gélatino-bromure d’argent. Comme c’est en partie de lui que dépendra la qualité de l’épreuve phototypique on ne saurait trop insister sur sa parfaite exécution.

Les clichés durs doivent être rejetés sans pitié et l’on ne doit se servir que de négatifs harmonieux, sans grandes duretés dans les noirs et surtout fouillés dans les ombres (parties claires du négatif). La retouche pourrait, dans une certaine mesure, corriger ces duretés, mais on n’est pas toujours sûr d’y réussir. Un cliché bien mode1é, riche en demi-teintes, donnera toujours une excellente planche phototypique; s’il est quelque peu doux, on pourra donner à la planche de l’opposition de l’effet, en se servant d’encres plus dures, plus compactes.

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REMARQUE IMPORTANTE______

Logiquement il était nécessaire que nous nous occupions du négatif un premier lieu cependant nous engageons les lecteurs qui veulent bien nous suivre à ne pas s’arrêter lonptemps à la première lecture sur toute cette première partie.

Qu’ils lisent les considérations qui expliquent la nécessité du retournement du négatif, qu’ils notent comme conséquence l’utilité des plaques pelliculaires et la méthode si simple de leur emploi et qu’ils s’attachent de suite à la lecture attentive de la Deuxième Partie.

Lors qu’ils auront saisi l’ensemble des opérations de la préparation d’une glace phototypique, qu’ils prennent un négatif doux et harmonieux dans les clichés qu’ils possèdent et qu’ils s’en servent tel quel pour insoler une glace phototypique.

En examinant les premières épreuves encrées, ils constateront eux-mêmes qu’un retournement préalable du négatif était nécessaire.

Plus tard quand ils seront familiarisés avec les manipulations phototypiques proprement dites, ils devront se reporter à la première partie dont la lecture sera pour eux pleine de fruits. Ils pourront alors se placer dans chacune des hypothèses qui y sont admises et employer successivement des plaques pelliculaires, des pellicules libres, des clichés au collodion - faire des contretypes - essayer le procédé au bichromate de potasse, pratiquer des décollements de clichés au gélatino, et enfin s’exercer à l’accouplement de plusieurs négatifs sur une même planche.

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De la nécessité du retournement du cliché.Pour avoir une épreuve phototypique donnant l’image de l’objet tel qu’on le voit, il est nécessaire de retourner le cliché - En effet, si l’insolation, de la gélatine bichromatée était faite sans retourner le cliché, on obtiendrait sur la glace phototypique une image positive représentant exactement l’objet à reproduire ; le décalque sur papier serait donc en sens opposé.

Un exemple nous fera mieux comprendre.Supposons que nous avons photographié la lettre F en

noir sur fond blanc, le négatif nous donnera en regardant le côté sensible un F à l’envers en blanc sur fond noir (fig. 1) et la planche que nous ferons à l’aide de ce cliché nous redonnera l’image positive dans le sens vrai (fig.2), mais l’épreuve que nous en tirerons (fig. 3) sera à l’envers. Cela peut ne pas avoir d’inconvénient quand il s’agit d’une marine, d’un paysage quelconque, d’un portrait de femme ou d’enfant; mais s’il s’agit d’un coin de ville, d’un monument, d’un site connu cette, inversion n’est pas admissible.

Il y a donc nécessité dans la plupart des cas de retourner le cliché.

Dans les clichés retournés, l’image apparaît dans le

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sens vrai, sur le côte sensible de la gélatine (fig. 4), la planche est alors imprimée en positive, mais à l’envers, la gauche à droite et vice-versa (fig. 5), enfin l’épreuve définitive (fig. 6) est rendue dans le vrai sens.

Les clichés sur verre ne peuvent pas être retournés purement et simplement ; l’épaisseur du verre qui se trouverait entre le cliché et la gélatine sensible de la planche serait beaucoup trop grande, l’image obtenue serait floue et absolument inutilisable.

En considérant la figure 7 dans laquelle les épaisseurs ont été exagérées, on verra que la lumière venant dans tous les sens et ayant à traverser l’épaisseur du verre ; le point représenté dans le cliché négatif projettera sur la gélatine bichromatée une ombre plus étendue que le point lui-même.

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MANIÈRE DE RETOURNER LES CLICHÉS

Clichés neufs au gélatino. - Quand le cliché n’existe pas encore, le plus simple est d’employer les plaques pelliculaires au gélatino-bromure(I). Ces plaques se traitent absolument comme les plaques ordinaires pour la mise en châssis, le développement quel qu’il Soit et le fixage; (la seule recommandation pour les conserver en magasin avant, l’usage est de les mettre dans une armoire qui n’éprouve pas de variation de température, dans une pièce ni chaude ni humide). Ces plaques ayant été bien lavées après le fixage, et sans que l’alunage soit indispensable, il faut les faire tremper pendant trois ou quatre minutes dans un bain de 7 à 8 parties de glycérine pour 100 parties d’eau, en été, et de 3 à 4 % en hiver, et les laisser sécher naturellement dans une pièce où la chaleur n’excède pas 15 ou 16 degrés. Sous l’action d’une température plus élevée, la couche se dessèche trop vite superficiellement et sur les bords du verre, la gélatine se tend et se craquelle, ce qui occasionne la perte du négatif.

Quand ces clichés sont bien secs, ce que l’on constate en passant légèrement le dos d’un doigt à leur surface, on découpe avec une pointe les quatre bords du négatif en laissant de 2 à 3 millimètres tout autour, et l’on voit la pellicule se détacher complètement ; si elle adhère quelque peu au support du verre, la soulever par un angle,

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et tirer d’une main dans le même sens. Elle doit suivre le mouvement et se détacher parfaitement.

(Avant ce décollement, faire le silhouettage s’il y a lieu, voir page 23.)

Les pellicules sont ainsi prêtes à servir et à être mises en châssis. Elles se conservent dans un cahier de buvard, et à l’abri de l’humidité. — Nous conseillons de ne pas jeter les bottes en carton dans lesquelles nous achetons les plaques sensibles; elles nous serviront d’étuis pour conserver bien à plat ces pellicules, entre des feuilles de buvard épais, et sur les couvercles recouverts de papier blanc, nous inscrirons la liste par catégories des sujets qui y sont renfermés et classés.

Avec certaines préparations de plaques dites pelliculaires (nous parlons toujours de couches sur verre talqué) qui n’ont presque pas d’épaisseur, il est nécessaire d’avoir un doublement du cliché. En même temps qu’on le trempe dans le bain glycériné ci-dessus, on plonge un carré de gélatine en feuille mince du format du cliché qui est à mouiller dans ce même bain, en l’agitant légèrement pour qu’il ne fasse pas prise par endroits avec le négatif; une fois que cette gélatine s’est bien amollie dans l’eau glycérinée en s’allongeant de quelques centimètres de chaque côté du cliché, on relève celui-ci et avec lui la feuille de gélatine que l’on étend parfaitement à sa surface à l’aide d’une raclette ou d’un rouleau en caoutchouc dont l’action fait adhérer parfaitement ces deux couches en chassant lés bulles d’air et l’excès d’eau qui se seraient interposés entre elles.

Cela fait, on replie sous le verre les bords de la gélatine qui dépassent le cliché, et on le pose horizontalement sur un trépied à vis calantes pour l’abandonner à la

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dessiccation. Au cas où ce rebordement de la gélatine sous le cliché aurait coupé celle-ci à fleur du verre, contre l’arête vive, il serait bon de coller à cette place ou• sur toute la longueur de cette arête une bande mouillée de papier gommé, que l’on appliquerait tout à la fois sur le cliché et sous le verre, comme pour le border, de façon à empêcher l’air d’entrer par cette fissure sous la couche et de la détacher partiellement du verre avant complète siccité.

Plaques souples. — Les plaques souples Balagny et cartons pelliculaires Thiébaut trouvent leur emploi tout indiqué pour la phototypie; il serait désirable de voir les photographes et les amateurs se familiariser avec Leurs manipulations et en faire un usage constant, surtout pour les opérations au dehors de l’atelier.

Nous renvoyons le lecteur aux ouvrages de M. Balagny qui traitent des plaques souples et procédés pelliculaires.

Clichés neufs au collodion. — Pour faciliter le décollement du cliché au collodion, il faut avoir soin avant de couler le collodion de passer sur toute la surface de la plaque un tampon enduit de talc. Le cliché est développé, fixé et séché par les moyens ordinaires.

Après séchage complet on verse sur toute sa surface et comme on le ferait pour du collodion, une solution assez épaisse de caoutchouc dans de la benzine cristallisable; mais une fois sèche on verse par dessus une légère couche de collodion normal additionné d’une assez grande quantité d’éther et d’alcool. Le but de cette deuxième couche est d’empêcher le caoutchouc de se coller dans le cas où la pellicule se replierait. Toutes ces opérations terminées on coupe la pellicule tout autour avec une

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pointe à découper ; elle se détaché d’elle-même. Pour s’en servir, il faut la mettre dans l’eau quelques instants puis la replacer en sens apposé (pour le retournement) sur une nouvelle glace enduite de gomme arabique très étendue d’eau, et en l’appliquant sur la glace avec une raclette en caoutchouc ou un rouleau de gélatine.

Cette méthode est excellente pour grouper plusieurs clichés sur une même planche, nous y reviendrons dans un chapitre spécial.

Clichés neufs retournés directement dans la chambre noire. — On peut faire des clichés tout retournés à la chambre noire en introduisant un prisme dans l’objectif; mais ce procédé augmente considérablement le temps de pose et ne peut guère s’utiliser qu’à l’atelier.

On peut encore faire des clichés retournés en plaçant la glace à l’envers dans le châssis c’est-à-dire le côté sensible contre le fond du châssis, le côté verre tourné vers l’objectif. Il faut, pour la mise en point, tenir compte de l’épaisseur du verre en avançant d’autant le fond de la chambre noire. Cette manière d’opérer est bonne avec des glaces de première qualité, sans défaut; elle est absolument impraticable avec les glaces toutes préparées qui sont faites avec des verres dé 2e choix, pleins de bulles et de stries qui formeront autant de taches sur l’image du négatif.

Clichés anciens retourner. — On n’a pas toujours à reproduire en phototypie de nouveaux clichés ; on peut en avoir d’anciens faits sur verre et qu’il faille retourner. De tous les moyens pour retourner un ancien cliché, le

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plus simple est celui qui consiste à refaire un nouveau cliché sur plaques pelliculaires ou sur pellicules.

Les moyens de faire un nouveau cliché négatif sont très nombreux; nous n’en indiquerons que quatre.

1° Faire un nouveau négatif pelliculaire à la chambre noire en employant une bonne épreuve positive sur papier aux sels d’argent ou de préférence au charbon.

2° Faire un positif sur verre par contact et avec ce positif faire un nouveau négatif pelliculaire, par contact ou à la chambre noire. Ces méthodes sont assez connues pour que nous nous dispensions de les décrire ici en détail.

3° Procédé au bichromate de potasse.Ce procédé mis en pratique par M. Balagny peut rendre

de très grands services d’autant plus qu’il permet d’utiliser de mauvaises plaques ayant ‘vu le jour.

(Il est préférable d’employer des plaques souples avec lesquelles le contact dans le châssis est plus parfait).

Préparer et filtrer la solution suivanteEau 1000 gr. — bichromate de potasse 30 gr.Plonger la glace ou la pellicule dans ce bain pendant 3 ou

4 minutes à la lumière diffuse, la faire sécher sur un chevalet ou piquée sur un liteau de bois, dans une obscurité complète, ce qui demande une nuit.

Quand on voudra faire un contre-type directement négatif, on mettra dans le châssis positif le cliché à reproduire et la plaque bichromatée en contact. En ouvrant de temps en temps un des volets du châssis, on suit la venue de l’image; quand elle est complète avec toutes ses demi-teintes, on décharge le châssis au laboratoire rouge, et l'on met le cliché à laver dans une cuvette que l’on recouvre pour pouvoir aller et venir dans le laboratoire

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car cette opération du lavage demande bien 48 heures, et c’est d’elle que dépend tout le succès de ce charmant procédé.On retire alors la glace de l’eau, et l’ayant placée dans une cuvette face en dessus> on la porte à la lumière de l’atelier ou d’une fenêtre où on l’expose de 4 à 6 secondes puis, rentré au laboratoire obscur, on procède au développement avec un bain moyen — ni trop vieux, ni trop neuf, de quelque développement que ce soit. L’image qui était positive, disparaît petit à petit puis se transforme en négative. Développer à fond, laver et fixer. Le bain fixateur au cyanure blanc de potassium à 5 p. o/o est recommandable; il a l’avantage de ne pas soulever la couche de gélatine, mais il est dangereux pour la santé et la plus grande prudence doit être recommandée aux opérateurs.

Si le nouveau cliché est trop intense, on n’a qu’à le remettre dans ce dernier bain où il perdra de sa vigueur.

Procédé pour décoller un cliché au gélatino.- Il faut autant que possible que le ‘cliché ne soit pas verni et qu’il soit aluné. S’il a été verni, le passer quelques minutes dans de l’alcool pour le dévernir, puis dans un bain d’alun à 15 p. % d’eau.

Préparez maintenant deux cuvettes d’un format plus grand que le cliché; versez dans la première une solution de 5 à 6 % d’acide azotique ou d’acide chlorhydrique et dans la deuxième de l’eau pure. Préparez une glace bien propre plus grande que le cliché primitif pour lui servir de support transfert après le décollement ; puis plongez votre négatif dans le bain acidulé de la première

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cuvette. Au bout de 5 à 6 minutes, quelquefois moins, les bords de la gélatine commencent à friser; c’est à ce moment qu’il faut aider au décollement en repliant un coin ‘du cliché sur lui-même et continuer ainsi en soulevant une région de plus en plus grande. Une fois la pellicule détachée, la saisir en paquet entre les doigts bien délicatement pour ne pas la déchirer, et la plonger dans la cuvette d’eau pour la rincer et éliminer l’acide. Dans le fond de cette cuvette d’eau, se, trouve la glace transfert; vous étendez à sa surface la couche que ‘vous• avez retournée, l’ancienne face en dessous, c’est-à-dire contre le verre, et vous relevez le tout au moment où la couche flotte en nappe bien unie à sa surface. Vous’ la tendez le mieux possible à l’aide d’un doigt mouillé sur son support et l’abandonnez ainsi à la dessiccation.

Ce procédé donne de bons résultats, mais les insuccès sont assez fréquents; il ne doit donc’ être employé que dans le cas où le cliché n’a pas une grande valeur ou peut être facilement remplacé.

De ces quatre méthodes, celle de M. Balagny, la moins connue encore, est certainement la plus pratique au point de vue du résultat : nous la recommandons très sérieusement.

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Caches en feuille d’étain et en papier à aiguille.Silhouettage des Négatifs.

Avec les négatifs ainsi préparés il serait impossible sans certaines précautions d’obtenir des marges blanches et des bords nets aux épreuves phototypiques.

En effet, la planche phototypique est nécessairement plus grande que le négatif sous lequel elle est insolée

Si donc les marges ABCD qui encadrent l’image n’avaient pas été protégées contre l’action de la lumière pendant l’exposition au châssis, à chaque encrage elles feraient un véritable tableau noir. Les caches ou frisquettes découpées que l’on emploie avec les diverses presses phototypiques et qui s’interposent entre les bords de la planche encrée et la feuille à imprimer se maculeraient, puis colleraient et se déchireraient dès le début.

Pour obvier à cet inconvénient, il faut coller sur les bords du négatif, du côté de la couche, des bandes de papier à aiguille ou mieux de papier d’étain. Ce dernier, laminé beaucoup plus mince, ne nuit pas au contact du

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négatif et de la planche dans le châssis. On fait déborder légèrement ces bandes et l’on a bien soin qu’elles forment un cadre dont l’intérieur soit bien rectangulaire.

Si la glace phototypique que l’on doit insoler sous le négatif est beaucoup plus grande que le rectangle des bords extérieurs du papier d’étain on fait une cache en papier à aiguille. A cet effet on en prend une feuille de la grandeur de la glace, on découpe au centre une portion un peu plus petite que le rectangle des bords extérieurs du papier d’étain et plus grande que le négatif.

Ainsi complété le négatif préservera les bords de la plaque sensibilisée au bichromate et les épreuves sur papier auront les marges bien nettes.

Le Silhouettage ou gouachage détache mieux l’objet à représenter. Nous indiquons ci-après la méthode usitée par les praticiens.

La gouache épaisse toute préparée que l’on trouve dans le commerce pour l’aquarelle ; convient parfaitement. Si elle est trop épaisse et ne glisse pas sous le pinceau, il faut l’allonger d’un peu d’eau; elle doit être assez liquide pour couler dans un tire-ligne, de cette façon elle ne forme pas d’épaisseur sur le cliché.

S’il s’agit de limiter une image rectangulaire, on prend un tire-ligne doux et sans appuyer on trace les contours rectilignes du sujet ; ce tire-ligne doit avoir les becs arrondis; aigus, ils pénétreraient dans la couche de la gélatine ou dé collodion et la couperaient.

Pour les sujets de formes variées dont les contours n’ont rien de géométrique, on a recours au pinceau fin, avec lequel on suit très minutieusement les dessins.

Cette opération doit se faire sur le cliché sec avant qu’il ne soit détaché de son support de verre et nous

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recommandons d’attendre encore une heure après cetteopération avant de le décoller, car s’il restait humide dans les parties gouachées, la surface en Serait toute gondolée et ne permettrait pas un contact parfait sur la glace phototypique.

Si un de vos correspondants vous adresse des pellicules à tirer sur lesquelles ces réserves n’ont pas été faites, il est encre temps de les préparer, mais l’opération sera un peu plus délicate. Vous posez la pellicule sur la glace dépolie d’un pupitre à retouche et l’y maintenez à. laide d’étiquettes gommées) placées sur ses bords. Vous procédez alors comme pour un cliché sur verre, mais la couche de gélatine se crispe, se recroqueville en tous sens sous votre pinceau humide et le cliché ne peut plus être ainsi mis au châssis. Il faut laisser sécher cette gouache> puis mouiller deux feuilles de buvard que vous intercalez dans une main de ce papier pour lui communiquer un peu de moiteur; glissez-y votre pellicule mais pas directement en contact avec les feuilles mouillées. Vous chargez ce cahier de buvard d’une glace assez lourde et changez de place quatre ou cinq fois la pellicule. Quand elle a absorbé pas mal d’humidité (au bout de deux à trois minutes environ) elle est redevenue plane, mais elle est flasque, molle et ne peut être utilisée. Replacez-la dans un cahier de buvard bien sec, changez-la de place, en un mot refaites la même opération que tout à l’heure et quand elle aura repris sa planimétrie primitive et sera sèche complètement, elle pourra être mise au châssis.

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De l’accouplement des négatifs sur une même planche.

L’amateur se soucie fort peu de tirer plusieurs sujets à la fois. Il préfère insoler un seul cliché par planche, en bien surveiller la venue et varier ses encres suivant le sujet. Nous ne le déconseillerons pas de se passer cette fantaisie qui touche à l’art. Mais l’imprimeur, qui est industriel avant tout, doit souvent économiser son temps, produire vite pour livrer bon marché: il aura alors tout intérêt à grouper plusieurs clichés sur une même planche, pour en effectuer simultanément le tirage. C’est ce que font journellement les lithographes, par les reports, pour leur genre, d’impression.

Supposons que nous ayons vingt négatifs in-4° (reproductions quelconques) à tirer à mille épreuves pour une même édition (le papier et le format étant les mêmes) ; de quelle économie sera pour nous de pouvoir grouper quatre par quatre ces clichés in-4° pour nous donner une feuille entière à tirer d’un seul coup ! De cette façon, au lieu de 20.000 tirages séparés nous n’en aurons que 5.000 à effectuer. Il y a donc avantage à préparer des planches aussi grandes que possible quand on dispose de grandes presses mécaniques pour les travaux industriels.

Avec des clichés sur verre, cet accouplement n’est pas possible. Les verres ne sont pas rigoureusement de la même épaisseur et n’ont, pas une planimétrie, suffisante

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pour pouvoir être mis à plusieurs dans le même châssis presse les uns seraient trop serrés et se briseraient, les autres n’auraient pas un contact parfait avec la glace phototypique et l’image serait floue. Le groupement des négatifs n’est donc possible qu’avec des clichés pelliculaires.

Clichés au Collodion humide. — Avant de détacher les pellicules de collodion de leur premier support, on les recouvre premièrement d’une couche mince de vernis au caoutchouc (solution à 12 OU 15 o/o dans la benzine cristallisable), couche qu’on laisse sécher à l’air libre deuxièmement, d’une couche de collodion normal. Quand cette couche de collodion est sèche, on incise légèrement (pour ne pas rayer la glace) le négatif tout autour et à quelques millimètres des bords de l’image, puis on débarrasse la glace de tout ce qui est extérieur au sujet. Ayant fait subir cette même opération à tous les négatifs qu’il s’agit de transporter sur une même glace, on prépare une grande feuille de papier fort ABCD pour servir de guide

au groupement des négatifs, en délimitant à la règle et au crayon les formats exacts des épreuves et l’emplacement que les images doivent occuper sur chacun d’eux (i, 2, 3, 4).

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Sur cette feuille ainsi tracée, on applique la glace bien propre qui va recevoir nos clichés, puis on l’humecte à la surface

D’autre part, on laisse tremper quelques minutes dans une cuvette d’eau des feuilles de papier mince un peu plus grandes que les clichés à décoller. On pose sur une surface polie, couche en haut, bien entendu, le premier cliché et on applique dessus un de ces fragments de papier mouillé, que l’on frotte vigoureusement à l’aide d’une raclette de caoutchouc ou d’un rouleau de gélatine. Quand l’adhérence est parfaite, ‘on relève tout doucement un angle de ce papier, on le replie sur lui-même quand un coin d’un centimètre environ du négatif est à découvert. Soulevant délicatement l’angle du cliché entre une pointe de canif et l’ongle, on le rabat sur le papier déjà plié; et, soulevant cette fois les deux couches ensemble, on continue le décollement tout le cliché est ainsi transporté. On enlève Fa glace qui lui servait de support et on pose la pellicule à sa place sur la surface polie où il était, le papier en dessous. On applique à la surface retournée de ce cliché une nouvelle feuille de papier, que l’on fait adhérer de la même façon que la première et en procédant exactement de la même façon l’on’ relève la pellicule avec cette dernière feuille de papier. Il ne reste plus qu’à aller la fixer à l’emplacement qu’elle doit occuper sur la grande glace mouillée et quand elle y est exactement, à passer de nouveau la raclette par dessus le papier pour chasser l’eau et les bulles d’air qui seraient interposées entre le verre où il fait prise et le cliché ainsi retourné. En dernier lieu, enlever le papier et refaire la même opération pour tous les autres négatifs. Enfin, laisser sécher.

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Cette opération est des plus simples et se fait en moins de temps qu’il ne nous faut à la décrire.

Une fois notre grand cliché gouaché, silhouetté, bordé de bandes d’étain comme il a été dit au précédent chapitre, il est prêt à être mis au châssis.

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Clichés pelliculaires au gélatinoS’il s’agit de clichés pelliculaires au gélatino,

l’accouplement ne saurait se faire de la même façon. Après les avoir silhouettés et séchés sur leur support respectif on les décolle du verre et on les place sur la feuille tracée

A. B. C. D. mais directement, sans l’adjonction d’une grande glace ; et, une fois à la place qu’ils doivent occuper, on les y fixe par les coins avec des épingles. Puis, ayant préparé des bandes de papier d’étain (coupées bien droites, à la règle, sur une surface dure et unie, bandes un peu plus larges que l’intervalle d’éloignement des négatifs, on les applique sur les bords de ces clichés, d’abord dans un sens, puis dans l’autre, en les y fixant

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par une trace de colle liquide et en n’enlevant 1es épingles qu’au fur et à mesure de cette opération.Un autre moyen consiste à découper dans une feuille

de ce papier d’étain les ouvertures régulières correspondant aux tracés des images et à coller les pellicules par les angles sur les bords de ces caches ainsi préparées.

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DEUXIEME PARTIE

PHOTOTYPIE PROPREMENT DITE

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DEUXIEME PARTIE_____________________

Préparation et tirage phototypique

Les opérations nécessaires à l’obtention d’épreuves phototypiques peuvent être divisées en trois phases :1° Préparation de la glace et de la couche bichromatée.2° Insolation sous le négatif.3° Tirage des épreuves.

La préparation de la glace et de la couche comprend:Enlèvement de la gélatine d’une ancienne plaque après

usage ;Nettoyage et ponçage de cette glace ;Préparation et étendage de la première couche ;Mise à l’étuve des glaces ;Préparation et coulage de la deuxième couche ;Séchage à l’étuve.L’insolation comprend:Préparation des négatifs, silhouettage ou réserves,

accouplement, etc. ;Mise en châssis ;Insolation proprement dite ;

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Insolation au dos ;Lavage à l’eau courante ;SéchageLe tirage des épreuves comprend :Le mouillage au bain spécial ;Le calage de la glace sur le marbre ;La préparation de la hausse et de la cache sur la presse ;L’encrage;Et enfin l’impression.Que cette longue énumération n’effraye pas le

commençant ; toute cette série d’opérations se fait très naturellement avec un peu de soin et d’habitude. C’est certainement moins difficile que d’apprendre à faire un bon cliché photographique.

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Préparation d’e la glace et de la couche bichromatée

Les glaces qui servent de support à la couche de gélatine doivent être parfaitement planes, bien doucies, rodées et biseautées sur leurs bords. Leur épaisseur varie de 7 à 20 millimètres, suivant les formats ; nous recommandons exclusivement les glaces de Saint-Gobain.

Enlèvement de la gélatine ancienne. — Quand les glaces ont déjà servi il faut, pour les débarrasser de l’ancienne gélatine, les faire tremper dans une cuve en grès contenant une solution de potasse caustique à 10 % d’eau. Cette solution peut être employée jusqu’à ce qu’elle n’enlève plus suffisamment la gélatine ; à ce moment on la renforce quelque peu en ajoutant 4 à 5 % de potasse et ainsi de suite.

Au lieu de cuve en grès, on peut prendre une cuve en gutta ou simplement une caisse de bois solide doublée de plomb. Ce nettoyage demande de un à deux jours pour être complet.

Quand le temps manque, le bain ci-dessus peut être remplacé par un nettoyage à l’acide fluorhydrique qui’ est plus simple et plus rapide ; l’acide étant très dilué (3 à 4 %) n’offre aucun danger. On enlève d’abord l’encre qui est restée sur la couche de gélatine, avec de l’essence de térébenthine, puis on laisse tremper celle-ci de 15 à 20 minutes dans l’eau pour la regonfler. A ce moment, on verse un demi verre de cette solution acide sur la

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couche et à l’aide d’un chiffon on l’y promène dans tous les sens. Bientôt la gélatine se soulève partout et quitte complètement son support. On lave ensuite à grande eau.

Nettoyage et ponçage de la glace. Quand la glace n’a plus aucune trace de gélatine ancienne ‘ou si elle est neuve, on passe sur toute sa surface dépolie un chiffon mouillé d’acide azotique étendu d’eau ou plus simplement d’ammoniaque: ce qui enlève toute trace graisseuse.

Puis, à l’aide d’un morceau de pierre ponce que l’on tient de la main gauche sur la surface de la glace, on frottera celle-ci jusqu’à complet dépolissage.

Toutefois nous recommandons de préférence de frotter deux glaces l’une sur l’autre, sur leur côté douci, en les faisant tourner et en interposant entre elles de l’émeri dit 40 minutes mouillé d’eau.

Quand le dépolissage est parfait, on les essuie avec un linge bien propre et on les lave à l’eau courante. Une fois sèches, on passe à leur surface un tampon de papier de soie imbibé d’ammoniaque et on les remet au casier ou sur le chevalet en attendant la première couche. Il convient d’avoir plusieurs tampons ou chiffons et d’en affecter un à chaque genre de lavage.

Préparation de la première couche. — On prépare dans un bocal ou flacon à large ouverture une solution de 200 grammes de bière légère et 20 grammes de silicate de potasse liquide. On mélange le tout entièrement avec un agitateur et on filtre sur une flanelle sans peluche, en évitant les bulles d’air et les poussières.

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Etendage de la première couche. — On mettra la glace de niveau sur un pied à vis calantes, la surface dépolie en dessus (fig. 12), puis l’on passera un blaireau sur toute la surface.

Tenant alors le récipient de la main gauche, on versera une petite quantité de cette préparation sur la glace et• on

aidera au liquide à se répandre partout, à l’aide d’un petit triangle de papier que l’on tient de la main droite, et que l’en promène dans tous les sens en partant du centre et en s’éloignant vers les bords en tournant en ronds de plus en

plus grands.Rejetant alors l’excédent du liquide que l’on recueille

dans un récipient ad hoc, on place la glace à sécher sur l’égouttoir (fig. 13). Après filtrage, ce liquide en excès peut servir à nouveau.

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Cette couche de bière silicatée adhère fortement au verre et sert de support solide à la deuxième couche.

Préparation de la deuxième couche. On prendra :25 grammes de gélatine blanche extra ;10 - - - de gélatine Nelson n° 2 ;

et on fera tremper le tout pendant quatre ou cinq heures soit dans une terrine dont on renouvellera l’eau d’heure en heure, soit dans un robinet d’eau courante. Les ustensiles les plus commodes pour ce lavage préliminaire

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sont les passoires ou les boules à riz que l’on trouve chez les quincailliers.

Après l’avoir fait égoutter parfaitement, on la pèsera à nouveau et on ajoutera la quantité d’eau nécessaire pour faire le poids de 435 grammes au total (soit de 400 gr. d’eau).

On fera cuire la gélatine au bain-marie pendant une heure au moins, en ayant soin de ne pas dépasser 70°.

On fera dissoudre :3 grammes bichromate de potasse,3 grammes bichromate d’ammoniaque,

dans 100 grammes d’eau à 45 OU 50°.En hiver et dans les pays froids la quantité de

bichromate d’ammoniaque devra être augmentée; on mettra alors 3 du premier, 5 du second.

Dans les grandes chaleurs ou dans les pays chauds, il faut la diminuer un peu.

Après avoir mélangé la gélatine et la solution de bichromate en versant cette dernière dans le vase de bohème du bain-marie où la gélatine a cuit on fera la filtration dans le filtre à chaud.

Ici nous ne saurions trop insister sur la nécessité d’éviter avec soin les refroidissements au moment de la filtration. C’est là la cause des insuccès qui ont découragé nombre de débutants. Nous recommandons vivement l’emploi de l’appareil à cuire et à filtrer dont nous avons donné la description page 67.

Avec cet appareil il est facile de maintenir la gélatine toujours à la même température pendant toute la durée de la filtration, le double entonnoir étant lui-même rempli d’eau qui a le même degré de chaleur que celle du bain-marie où le vase de bohême est plongé et maintenu par

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une pince à poignée fixée aux bords de cette bassine.L’eau du bain-marie doit toujours avoir de 6o à 70

degrés.

Mise des glaces dans l’étuve. - On doit placer les glaces dans l’étuve (fig. 14) sur trois vis et on les mettra bien exactement de niveau dans les deux sens en se servant d’un niveau à bulle d’air. On chauffera l’étuve

tout doucement pour l’amener à la température de 40°; ce qui demande une heure environ puis on règlera la flamme pour que la chaleur se maintienne à ce degré.

Afin que l’étuve conserve bien sa chaleur, on met

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entre les deux plaques de tôle du double fond une couche de 3 à 4 centimètres de sable fin bien sec.

Au bout d’une heure environ, lorsque les glaces seront bien à la température de l’étuve, on procédera à l’étendage de la deuxième couche.

Etendage de la deuxième couche. - Quand la gélatine est complètement filtrée, il faut la laisser se refroidir jusqu’à la température de 40 a 45° environ, puis porter le vase où elle a été recueillie dans l’étuve, où on l’y laisse de 10 à 15 minutes pour qu’elle prenne bien le même degré de chaleur que les glaces elles-mêmes.

Cette précaution est une garantie de réussite.Quand la solution est bien reposée, on mesure dans tine

éprouvette la quantité de gélatine nécessaire pour faire une épaisseur d’environ un demi millimètre, soitPour une glace de 15 x 21 environ 15 centimètres cubes.Pour une glace de 18 x 14 -- 22 -- cubes.Pour une glace de 24 x 30 -- 36 -- cubes.Pour une glace de 30 x 40 -- 60 -- cubes.Pour une glace de 40 x 50 -- 100 -- cubes.

En versant la gélatine dans l’éprouvette on aura soin de la faire glisser le long de la paroi du verre pour éviter la formation de bulles d’air.

(Avec un peu d’expérience et de pratique, on se passera bientôt de cette mesure ; on coulera au jugé, ce qui simplifie l’opération).

Versant cette quantité de sauce en émulsion au centre de la glace, le plus bas possible toujours pour éviter les bulles on l’étendra avec un triangle de papier ou mieux avec une petite raclette en peau de daim, en décrivant avec ce papier ou cette raclette une sorte de

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spirale allant du centre aux bords de la glace. Cette opération doit se faire en trois ou quatre tours de main et très rapidement. Eviter de renverser à côté. Pour aider à égaliser la couche, prendre la glace et lui donner un petit mouvement de balancement.

Nous conseillons vivement de faire le coulage dans l’étuve même ce qui supprime toutes les chances de refroidissement.

Etuvage. - Quand toutes les glaces seront recouvertes de cette deuxième couche et remises à leur place, on fermera l’étuve et l’on règlera le chauffage pour que la température reste pendant deux heures ou deux heures et demie à 40° environ ; puis on la laissera refroidir doucement sans ouvrir ses portes. Une fois au même degré de température que le laboratoire, les glaces peuvent être retirées de l’étuve et rangées au casier. Ce laboratoire ne doit plus recevoir de lumière blanche.

Les glaces ainsi préparées doivent être d’un beau jaune doré, bien transparentes et avoir un grain très fin et surtout régulier.

Après refroidissement, elles sont prêtes à être mises en châssis pour l’insolation, mais elles peuvent se conserver plusieurs jours. Avoir soin de mettre une cuvette pleine de chlorure de calcium calciné sous le rayon de glaces bichromatées pour empêcher toute humidité dans la couche. On reconnaît que les glaces deviennent mauvaises quand elles prennent une teinte opaline et se piquent par endroits.

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Insolation sous le négatif_____________________

Mise en châssis. — Le cliché négatif est mis dans le châssis (fig. 15), le côté de la gélatine opposé à la glace du châssis, s’il s’agit d’un cliché sur verre et le côté détaché de la glace en haut, s’il s’agit d’une pellicule ; et la glace bichromatée

est placée par dessus lé négatif, la gélatine contre la gélatine du négatif, la cache d’étain

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entre les deux. On ferme les volets, on rabat les barres et on ne serre pas trop les vis du châssis.

Le chargement du châssis ne se fait qu’à la lumière jaune.

Le châssis ainsi préparé est exposé à la lumière du jour pendant un temps plus ou moins long qui varie suivant l’état du ciel et aussi suivant l’intensité du négatif.

On suit la venue de l’image en ouvrant de temps à autre un volet du châssis (un seul, afin que l’adhérence entre le cliché et la glace sensible ne soit pas dérangée, ce qui occasionnerait une image doublée et floue).

L’insolation est suffisante lorsque tous les détails sont bien apparents et que les grands noirs ont une teinte marron légèrement foncée.

On peut également suivre la durée de l’insolation au moyen d’un photomètre, mais c’est compliqué, dans ce cas, l’opération bien inutilement.

Insolation au dos. Quand la glace est suffisamment insolée, il faut retirer la glace du châssis, puis la mettre sur une étoffe noire et en exposer le dos à la lumière diffuse (jamais au soleil pendant trois ou quatre minutes ; cette opération a pour but d’insolubiliser la couche sous-jacente, ce qui empêchera l’eau, pendant le mouillage, de pénétrer entre la gélatine et le verre et de la soulever par endroits. Pour bien juger du temps que l’on doit exposer au dos, il est bon de placer un sou ou un objet quelconque sur une des marges de la glace extérieure au sujet et de l’y laisser jusqu’à ce que l’ensemble de la couche ait pris un aspect brun clair, ce que l’on voit très bien par comparaison en soulevant de temps en

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temps le corps opaque placé dans un coin comme nous venons de le dire.

Lavage à l’eau courante. — Après l’insolation au dos, les glaces sont mises à tremper dans le bac à dégorger (fig. 16),

on les y laissera cinq à six heures au moins, en changeant l’eau plusieurs fois, ou ce qui est mieux en plaçant le bac sous un robinet d’eau courante.

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Les glaces devront rester dans l’eau jusqu’à ce que toute trace de bichromate ait complètement disparu (I).

Séchage. — Une fois bien lavées, les glaces sont mises sur un égouttoir pour sécher spontanément. Après cela, elles sont prêtes à être employées, de même qu’on peut les conserver telles quelles pendant des mois entiers.

Préparation du bain de mouillage. — Pour les glaces dont les couches ont été préparées suivant les formules des pages 36 et 38, nous indiquons le bain de mouillage suivant:

Faire dissoudre 20 grammes d’azotate de potasse dans 500 grammes d’eau. Quand la dissolution est achevée, ajouter 500 grammes de glycérine officinale à 28°.

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Tirage des épreuves________

Mouillage au bain spécial. — Les glaces parfaitement sèches sont placées de niveau dans les deux sens sur un pied à vis calantes (fig. 12) et l’on verse au centre une quantité suffisante de bain de mouillage qu’on étaie avec le doigt sur toute la glace en suivant les bords, en évitant d’en renverser et en s’efforçant d’avoir la couche la plus épaisse possible.

La glace doit rester sous le bain de mouillage pendant deux à trois heures environ.

On reconnaît que le mouillage est suffisant en passant le doigt sur la gélatine, l’image a formé un relief dont les saillies qui étaient très accentuées dans les premiers moments se sont légèrement adoucies, la glace suffisamment mouillée est prête à être mise sur la machine.

Pour éviter les pertes de temps, il est bon de mettre toujours deux ou trois glaces à la fois sous le bain de mouillage.

Calage de la glace. — La glace doit être bien nettoyée en dessous, nous ne saurions trop insister sur cette recommandation. Bien des ruptures de glace seront ainsi évitées.

La glace est placée sur le marbre de h presse en interposant 2 feuilles de papier de sa grandeur, elle est arrêtée par 6 ou 8 griffes à coulisses fixées sur le marbre.

Presses à main n°1. — Les presses à main n° I, 15x21, sont construites pour des glaces de 7 à 8 mm d’épaisseur ;

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avec des glaces d’épaisseur moindre, il est nécessaire de faire un lit de feuilles de papier. (Fig. 17).

Il est inutile pour un format aussi petit d’employer des glaces dépassant 8 mm, qui sont plus coûteuses sans avantage aucun.

Presses à main n° 2. — Dans ce type, on peut régler la hauteur du cylindre suivant l’épaisseur des glaces. (Fig. i8).

A cet effet après avoir placé la glace sur le marbre, après avoir rabattu le châssis porte caoutchouc, on amène avec la manivelle, le milieu du marbre sous le cylindre ; en agissant de droite à gauche sur la poignée que commande les coussinets excentrés du cylindre, on fait descendre le cylindre à sa position la plus basse.

Ceci fait, on serre ou desserre les deux vis à grosse tête ronde sur lesquels appuient les ressorts à boudin, de manière à ce qu’il n’existe entre la partie supérieure de la vis et les coussinets de fer qu’un espace d’environ un millimètre. Avoir bien soin de régler les 2 vis exactement de la même manière.

Presses à main n° 3, 4 et 5. — Dans les presses de ce type, c’est le marbre sur lequel la glace est calée qui peut se régler de hauteur. (Fig. 19).

Le marbre se compose d’un chariot creux dans lequel on peut fixer un bloc en fonte reposant à chaque angle sur une vis.

Pour régler la hauteur du bloc, on desserre les vis de côté du chariot qui servent à le rendre fixe, on place en avant du bloc la règle en fer (règle de calage), ses deux talons sous les cuirs des chemins du chariot. On règle les deux vis d’avant jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de jour

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PRESSE PHOTOTYPIQUE A PRESSION élastique et roulante.Type 24 X 30, 30 X 40, 40 X 50. - montée sur socle

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entre la règle et la glace et que les talons portent bien sur les chemins du chariot. On s’assure qu’il n’y a pas de jour entre la glace et la règle en passant une feuille de papier de soie ou de papier à cigarette sur la règle.

On répète la même opération à l’arrière du bloc, quand la glace est ainsi calée de hauteur on s’assure que le bloc n’est pas boiteux en frappant avec le poing sur chacun des angles, s’il est bien on n’entendra pas de Contrecoup.

Une fois cette distinction faite entre les modes de calage des glaces sur les trois types de presses à main, le reste des opérations que nous allons exposer s’effectue suivant une méthode uniforme peur les trois types.

Préparation de la hausse. - La hausse se fait de la façon suivante: on colle deux feuilles de carton l’une sur l’autre, on les place dans le cadre en dessous du blanchet de caoutchouc, on rabat le châssis sur la glace après avoir encré~ l’on fait une pression sur le carton, puis l’on découpe la seconde feuille de carton de la grandeur de l’image, on décolle le tout en laissant en place la partie centrale. Le carton est replacé dans le cadre exactement dans la même position, mais le caoutchouc en dessous de façon à avoir entre la glace et la hausse en carton une surface molle. Pour être sûr de remettre la hausse dans la même position, il faut tracer avec un crayon deux traits sur le carton et sur le cadre.

Préparation de la cache. — Pour préparer la cache on fixe dans la charnière en cuivre un cadre en carte un peu épaisse; l’intérieur de ce cadre doit être plus grand que l’extérieur de la glace. On colle sur ce cadre une feuille de papier végétal ou de papier à calquer

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on fait sur le papier à calquer une impression et l’on découpe la cache de la grandeur de l’image.

Encrage. — La glace placée sur la machine il faut retirer l’excès de mouillage en épongeant, puis en tamponnant

avec un chiffon sec, ne jamais essuyer en frottant.L’encrage se fait au moyen de deux encres, et de deux

rouleaux : un rouleau de cuir (fig. 20) avec de l’encre lithographique additionnée d’un quart de vernis, un rouleau

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de gélatine (fig. 21) avec de l’encre plus liquide que la précédente.

On commence à encrer avec le rouleau de cuir recouvert d’une petite quantité d’encre pour garnir les grands noirs de l’image, puis avec le rouleau de gélatine, on fera venir les demi-teintes. On remarquera qu’en passant vigoureusement et rapidement ce rouleau, l’encre au lieu de se déposer est plutôt retirée ; il sera bon d'utiliser ce fait dans le cas où l’image se chargerait trop d’encre. Si l’encrage se fait convenablement, on baisse la cache, on ferme le cadre du blanchet, on abaisse le levier du cylindre, on tourne la manivelle jusqu’à ce que le marbre soit à l’extrémité de sa course, on relève le levier du cylindre, on détourne la manivelle, on ouvre le cadre, on relève la cache, on retire la feuille et si l’épreuve est bonne on encre à nouveau.

Il est très rare que la première épreuve soit satisfaisante.Différents cas peuvent se présenter. (I)

I° La glace prend de l’encre sur toute la surface d’une manière uniforme et même en laissant en blanc les creux qui, en réalité, doivent venir noirs ; il y a dans ce cas insuffisance de mouillage, il faut remettre la glace sur le pied à vis calantes et la laisser sous le bain de mouillage pendant un temps qui varie de 15 à 30 minutes ; au bout de ce temps, on essaye à nouveau la glace, si après 3 ou 4 essais, elle ne donne pas de meilleur résultat, on peut en conclure qu’elle a trop d’insolation ; il faut la rejeter. Avant de remettre la glace au mouillage, il faut

(I) Les remarques qui suivent devront être lues et relues avec la plus grande attention par les débutants.

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avoir eu soin de la nettoyer à l’essence de térébenthineet l’avoir bien essuyée avec un tampon spécial.

2° La glace ne prend que très difficilement l’encre. On essaye de passer une dizaine de mauvaises feuilles, après avoir encré chaque fois. Si à la suite de ces dix feuilles, l’encrage ne commence pas à être meilleur c’est qu’il y a trop de mouillage, il faut retirer la glace et la laisser reposer pendant plusieurs heures; si après plusieurs essais elle continue à ne s’encrer que dans les grands noirs de l’image on peut conclure qu’elle manque d’insolation; il ne faut pas continuer à s’en servir.

3° Au premier encrage l’épreuve n’est pas satisfaisante, les demi-teintes sont trop accentuées, les blancs et les noirs ne ressortent pas assez, elle manque de vigueur ; dans ce cas la glace est généralement bonne.

Après la première épreuve, on passe l’éponge imbibée de bain mouillage sur toute la surface de la glace, sans avoir désencré on tamponne avec un linge sec puis on encre à nouveau ; la deuxième épreuve doit donner de meilleurs résultats que la première. Après avoir répété sept ou huit fois au plus cette opération, les épreuves doivent être de bonne qualité ; dans ce cas, on continue le tirage.

Si après huit ou dix mauvaises feuilles les épreuves ne sont pas encore bonnes, on lave la glace à l’essence, on l’essuie bien en tamponnant et on la remet pendant cinq à dix minutes sous le bain de mouillage puis l’on refait de nouveaux essais.

Impression. — Quand on a obtenu une bonne épreuve on continue le tirage en encrant toujours de la même façon jusqu’au moment où, les blancs redevenant gris,

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l’épreuve commence à perdre de sa vigueur. Quand la glace est bonne cela a lieu après vingt ou trente épreuves et souvent plus. On lave à l’essence, on essuie, on passe l’éponge du bain de mouillage, on essuie en tamponnant et on recommence à encrer ; il n’est pas rare d’avoir deux ou trois mauvaises feuilles trop heurtées, mais les suivantes doivent être bonnes.

Une bonne glace peut fournir de 1200 à 1500 épreuves et souvent plus.Remarque importante. — Dans le tirage il faut éviter de se servir du tampon et de l’éponge à essence pour le mouillage et réciproquement.

Papiers. — Tous les papiers peuvent être employés pour le tirage des épreuves — nous nous servons de préférence d’un bon papier sans colle, légèrement laminé pour laisser un petit grain qui donne aux épreuves un cachet artistique.

Les papiers satinés donnent également de bons résultats.Quand on a besoin d’imiter les épreuves

photographiques on fait le tirage sur un bon papier couché qu’on vernit après le tirage avec le vernis suivant

Gomme laque blanche........... 100 grammes.Alcool..................................... 300 —Ammoniaque......................... 300 —Eau bouillante........................ 6oo —

On pulvérise finement la gomme laque, on ajoute l’alcool et l’ammoniaque et quand tout est dissous on ajoute l’eau bouillante en remuant et on filtre.

Pour vernir les épreuves on les met flotter quelques secondes sur le bain, on les suspend par un coin ou à

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une ficelle tendue dans une pièce chauffée au moins 25 degrés.

On peut également, au lieu de vernir les épreuves, le talquer. On prend chaque épreuve qu’on frotte vigoureusement avec un tampon de laine chargé de talc. Cette opération donne un assez beau brillant aux épreuves.

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Deuxième Procédé

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En phototypie les formules et les manières d’opérer sont très nombreuses et l’on peut presque dire qu’il en existe autant que d’opérateurs.

Toutes sont basées sur le même principe et ne diffèrent que dans les quantités ou dans les petits tours de main. -

Notre intention n’est pas de décrire tous les procédés; cependant nous donnerons une deuxième formule que nous avons expérimentée souvent et que nous employons concurremment avec celle que nous venons de décrire.

Dans ce second procédé les différentes opérations se divisent exactement comme dans notre première méthode. l’enlèvement de la gélatine- ancienne, le nettoyage et le ponçage de la glace, la préparation et l’étendage de la première couche, s’exécutent comme il a été dit plus haut.

Préparation de la deuxième couche. — Les gélatines employées sont Gélatine Drescher pour phototypie et gélatine Nelson n° 2, mélangées dans des proportions définies suivant les saisons. Des expériences de plusieurs années ont permis de faire un tableau des quantités de gélatines à employer suivant la température extérieure Ce tableau, utilement consulté, peut éviter bien des méprises et bien des tâtonnements.

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- 59 -Température Gélatine NeIson Gélatine Drescher

De — 5 à 0° 30 50De — 0 à 5° 25 55De — 5 à 10° 20 60De — 10 à 15° 17 63De — 15 à 20° 15 65De — 20 à 25° 10 70

Pour faire l’émulsion, on procède de la façon suivante :Supposons qu’on veuille faire une émulsion de 800 gr.

on consulte la température extérieure qui est par exemple de +. 12° ; le tableau indique que la quantité de gélatine est 17 pour la Nelson et 63 pour la Drescher.Nous prendrons donc :

Eau........................................ 800 grammes.Gélatine Drescher................ 63 —Gélatine Nelson.................... 17 —Bichromate de potasse........ 12 —

Quelques heures avant de faire la préparation on prend un blanc d’oeuf frais auquel on ajoute 25 centimètres cubes d’eau ; on bat le tout en neige et on laisse reposer ; au bout de cinq à six heures, l’albumine est déposée et la préparation peut être commencée. Dans le vase de bohème du bain-marie ou met les 800 grammes d’eau et les 17 grammes de gélatine Nelson, on place le tout sur le feu en remuant de temps en temps. Quand cette gélatine est fondue, on ajoute petit à petit les 63 grammes de gélatine Drescher.(Quelques opérateurs ajoutent à cette solution de la colle de poisson ; nous l’avons supprimée complètement pour plusieurs raisons elle coûte fort cher, elle est très difficile à faire fondre et nécessite une cuisson préjudiciable

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à la gélatine; enfin Sa présence n’apporte à la couche aucune sérieuse amélioration.)

Quand notre solution gélatineuse est bien faite, nous y versons l’albumine en remuant vivement l’émulsion pendant quelques secondes, ce qui permet un mélange plus intime; puis nous activons le chauffage jusqu a ébullition de l’eau du bain-marie. A ce moment l’albumine se coagule, on voit ses flocons se former dans la masse gélatineuse à la surface de laquelle ils remontent en formant une crasse de un à deux centimètres d’épaisseur.

On arrête à ce moment la cuisson et on procède à un premier filtrage sur une mousseline fine la coulée se fait très rapide. Dans le récipient qui a recueilli la gélatine filtrée, on verse le bichromate finement pulvérisé et on remue jusqu’à complète dissolution, puis on filtre à nouveau, mais cette fois dans l’appareil en cuivre (fig. 24) Après ce filtrage, la masse gélatineuse a encore 70 ou 80° ; on la laisse refroidir jusqu’à 40 ou 50° et là on la porte dans l’étuve où elle doit séjourner une bonne demi-heure pour prendre exactement la température qui y règne. Ce point est très important: coulée trop chaude sur des glaces moins chauffées, la couche filerait, serait très mince et on aurait des zones à la surface; coulée trop froide, elle formerait des épaisseurs par endroits, ou du moutonnage qui marquerait au tirage.

Ce repos d’une demi-heure à l’étuve permet aussi à toutes les bulles qui se font au filtrage de remonter et de crever à la surface.

Etuvage. — L’étuvage se fait dans les mêmes conditions que celles indiquées dans notre premier procédé,

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seulement l’étuve n’est chauffée qu’à 35° au lieu de 40.Le séchage demande de deux heures et demie à trois heures, suivant la grandeur des plaques. Toutes les autres opérations sont exactement les mêmes, sauf le mouillage qui est un peu différent.

Mouillage. - La glace étant posée sur un pied à vis calantes, on la couvre d’une nappe d’eau pendant dix à quinze minutes environ; cette eau pure gonfle rapidement la couche, puis on enlève l’eau, pour la remplacer par la solution suivante :

Eau........................ 3° partiesGlycérine............... 7° —

On laisse la planche de trente minutes à une heure sous ce bain (et même toute une nuit si elle est fortement insolée). Quand on juge que le mouillage est suffisant, c’est-à-dire qu’au toucher les saillies se sont légèrement arrondies, on retire le bain, on essuie et on tamponne à fond, sans frotter, puis on attend une demi-heure avant de commencer l’impression.

Pendant ce temps, on dispose la hausse et la cache.Durant le tirage, on se servira de cette même solution

pour mouiller à nouveau la planche. L’impression se fait comme nous l’avons dit au premier procédé.

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DES INSUCCÈS_____________

Au tirage les planches présentent souvent des défauts dont les causes sont parfois difficiles à prévenir.

Voici les principaux :Grin trop fort : Il vient surtout de la différence de

température entre la gélatine et la glace au moment de couler l’émulsion et aussi de la trop grande quantité de bichromate dans l’émulsion.

Points noirs. - Bulles dans la sauce au moment du coulage, bulles dans la première couche ; corps gras on suspension dans l’émulsion.

Moiré. - Trépidations pendant le séchage des planches.Zones. - Courant d’air dans l’étuve ; refroidissement trop

rapide de l’étuve ; la gélatine a été coulée trop chaude sur des glaces presque froides.

Moutonnage. - Une grande quantité de sauce sur la glace, ou défaut de calage, ou séchage à une température trop faible.

Epreuves grises. - Manque de mouillage, trop d’insolation, cliché gris.

Epreuves heurtées. - Trop de mouillage, manque d’insolation, cliché dur.

La planche ne mouille pas. - Manque de couche, trop d’insolation, cuisson trop prolongée.

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Instruments et Produits nécessairespour faire de la Phototypie

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Des glaces de Saint-Gobain doucies et biseautées ;Une cuve en grès, en gutta ou en plomb ;Un égouttoir ;Un blaireau ;Un appareil à cuire et à filtrer la gélatine ;Un thermomètre ;Une étuve avec thermomètre ;Châssis à insolation avec support ou chevalet ;Un bac à dégorger ;Une table à mouillage ;Quelques pieds à vis calantes ;Un niveau à bulle d’air ;Une presse spéciale à imprimer ;Un rouleau en cuir et son support ;Un rouleau de gélatine ;Un moule à rouleaux ;Un couteau ;Une spatule ;Une table à encrer en marbre ;Bottes à glaces ;Une règle ;Une pointe à découper ;Une balance et ses poids ;Un réchaud à gaz ou un fourneau ;Des vases de Bohème, vases à précipiter, entonnoirs, ballons, cuvettes, porte entonnoirs, etc.

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Produits :

Potasse caustique ;Acide azotique ;Emeri en poudre 40 minutes ;Pierre ponce en pierre et en poudre ;Ammoniaque ;Silicate de potasse ;Bière légère ;Gélatines de diverses sortes ;Bichromate de potasse ;Bichromate d’ammoniaque ;Glycérine ;Encres d’imprimerie de différentes teintes ;Vernis fort et vernis faible ;Essence de térébenthine ;Eponges fines, chiffons, papiers divers, cartons forts ;Papier dioptrique, papier à aiguille, papier d’étain ;Filtres, etc., etc.

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DESCRIPTION DES APPAREILS_____________

Glaces ou Dalles. — Les dalles qui servent de supporter la gélatine sont en glaces de St-Gobain; elles doivent être parfaitement planes et partout d’égale épaisseur ; elles sont doucies d’un côté, c’est-à-dire qu’elles sont

complétement dépolies avec un grain obtenu au moyen d’émeri 40 minutes; leur épaisseur varie de 7 à 20 milli-

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mètres suivant les dimensions, elles sont biseautées en dessus, c’est-à-dire que les arêtes en sont très fortement arrondies.

Cuve en grès ou en plomb. - La cuve en grès qui contient la potasse caustique doit être rectangulaire et de

dimensions suffisantes pour contenir les plus grandes glaces; à défaut de cuve on grès, on peut faire confectionner une cuve solide, en forme de caisse rectangulaire, en bois d’essence dure, comme le chêne ou le hêtre, et la doubler de plomb.

Egouttoir. - Comme l’indique la figure 21, l’égouttoir pour les petites glaces (12 places jusqu’à 24 X 30 inc-

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clus) est de même forme que ceux dont on se sert en photographie; les rainures sont cependant de plus grandes dimensions.

Pour les grands formats, on se sert de l’égouttoir (fig 22) qui est. plus solide> contient 25 glaces, et est monté sur des roulettes, ce qui permet de le déplacer plus facilement.

Blaireau. — Le blaireau dont on se sert pour les glaces phototypiques doit être fin, à longs poils, et de forme plate, comme l’indique la figure 23.

Appareil à cuire et à filtrer la gélatine. — Le principe de cet appareil est la réunion et la simplification de deux appareils qu’on employait jadis séparément ; le premier pour faire cuire la gélatine, le deuxième pour la filtrer à chaud aussitôt qu’elle est cuite.

L’avantage de cette réunion est la suppression du refroidissement qu’il était difficile d’éviter au moment de la filtration ; avec ce nouvel appareil, la gélatine est récoltée après filtration dans le bain-marie même ; elle est donc maintenue continuellement à bonne température.

L’appareil, fig. 24 et 25 se compose essentiellement d’une bassine en cuivre servant de bain-marie, sur laquelle est rivée latéralement une tige en fer qui s’élève d’environ 25 centimètres au dessus du- bord supérieur de la bassine.

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Cette tige sert de support à l’appareil à filtrer à chaud, qui peut ainsi monter ou descendre.

L’appareil à filtrer à chaud est constitué par un entonnoir en cuivre à double paroi. On peut introduire de l’eau au moyen de la petite tubulure de gauche dans cette paroi

creuse et cette eau sera maintenue à température élevée quand la grosse tubulure qui forme appendice viendra plonger dans le bain-marie.

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Avant de mettre la gélatine dans le bain-marie, on remplira donc d’eau chaude l'intérieur de l’entonnoir, on

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baissera l’appareil à filtrer aussitôt la gélatine placée dans le verre de Bohème et on opérera la cuisson.

Lorsque la gélatine a cuit dans le bain-marie, on élève l’appareil à filtrer le long de la tige ; puis on prend par la poignée le verre de Bohème où se trouve la gélatine et on la verse dans l’entonnoir (fig. 25). Aussitôt après, on replace le verre dans le bain-marie où il reste en équilibre, bien que vide, — maintenu qu’il est par sa poignée — on fait redescendre l’appareil à filtrer de manière à faire plonger son appendice dans l’eau du bain-marie. La gélatine qui filtre est ainsi recueillie sans avoir à subir le moindre refroidissement.

Autres avantages : 1° Un petit support maintient constamment un

thermomètre dans le liquide, et permet d’en contrôler la température durant toute l’opération ;

2° L'opérateur n’a plus à craindre de se brûler les doigts quand il retire le serre de Bohème du bain-marie, grâce à la poignée dont il est muni.

Etuve. — L’étuve, fig. 26, a la forme d’une grande caisse en bois ; elle est divisée dans a hauteur en deux parties, séparées par deux plaques de tôle distantes de 3 à 4 centimètres ; l’espace entre ces deux tôles de fond est rempli par du sable bien sec dont le but est de conserver plus longtemps la chaleur ; ce sable doit âtre renfermé hermétiquement entre ces a tôles afin que la poussière ne s’en échappe pas pour aller retomber sur les planches pendant la cuisson.

La partie inférieure et intérieure de l’étuve est entièrement doublée en tôle et se trouve traversée par une

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rampe à gaz ; si l’on ne peut avoir le gaz dans son laboratoire on peut remplacer la rampe par deux ou trois appareils à pétrole.

La partie supérieure ou étuve proprement dite sert & recevoir les glaces; elles portent sur des vis arrangées en quinconce

fixées dans la bines de fer transversales, lesquelles glissent sur des tasseaux apposés sur les parois longitudinales de l’étuve.

Une trappe pratiquée sur le devant de l’étuve donne à la main un libre accès pour le réglage des vis.

A la partie supérieure, le couvercle est formé d'un

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châssis à charnière garni d’une étoffe rouge. Dans le panneau supérieur du devant, on a pratiqué une ouverture (fermée par un verre jaune qui permet de voir dans l'intérieur de l'étuve. On suit la température au moyen d’un du thermomètre gradué sur la tige, dont le réservoir a mercure plonge a l’intérieur de l’étuve par un petit trou percé dans le couvercle.

Chimie & Insolation. — Le châssis est du même type que les châssis positifs qui servent pour la photographie ; il permet de recevoir des glaces plus épaisses que les cliches ordinaires, il est beaucoup pins solide, et les ressorts sont remplacés par des vis en bois.

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Pour les glaces de grandes dimensions, le châssis porte deux tourillons qui peuvent tourner dans les coussinets d’une sur le de chevalet, fig. 27.

Presse à main. — Une bonne pressa à main doit remplir un certain nombre de conditions.

Elle doit être solide, d’un fonctionnement facile et rapide.La pression doit y être élastique et roulante pour éviter le

bris des dalles et l’arrachement ou la déformation de la pellicule.

La surface sur laquelle se place la glace doit être plane, on doit pouvoir caler cette glace rapidement.

Il est nécessaire que la presse possède des moyens de fixer commodément la cache et la hausse nécessaire à tout tirage phototypique.

Les presses a râteau qui écorchent la gélatine et brisent fréquemment les glaces ne sont pas à recommander, il est impossible d’y entreprendre un tirage de quelque durée. Toutefois les imprimeurs qui possèdent une presse a bras lithographique peuvent s’en servir pour leurs premiers essais.

Presse à main à pression élastique et roulante.— Nous allons donner la description de la presse à main à cylindre que nous avons créée pour les tirages phototypiques ; elle répond aux desiderata énumérés plus haut. La presse que représente la figure 28, et que nousdécrivons ci-après, est le type des formats 24 X 30, 30 X 40, 40 X 50 et au-dessus. Les presses des formats inférieurs en sont des simplifications et n’en diffèrent, comme on a pu le voir page 50 (chapitre des tirages) que par le moyen de régler la glace de niveau.

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Le bloc ou marbre sur lequel la glace est calée au moyen de griffes spéciales est placé dans un chariot ou des vis permettent de le maintenir latéralement une fois sa hauteur réglée suivant l’épaisseur de la glace (voir page 50).

Le chariot peut glisser sur deux coulisses en V faisant partie du bâti en fonte de la presse.

Une manivelle actionnant le pignon qui engrène avec

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la crémaillère fixée sous le chariot lui donne son mouvement de va-et-vient ; en tournant la manivelle dans un sens on fait passer le chariot et par suite la glace sous la pression du cylindre puis en tournant en sens inverse on le fait revenir en arrière.

A l’avant du chariot une charnière en cuivre sert à recevoir la cache et permet à chaque épreuve de la relever avant l’encrage et de l’abattre après, sans avoir besoin de la repérer.

Un châssis en fer garni d’un blanchet de caoutchouc bien tendu forme également charnière> on y peut fixer la hausse qui se trouve ainsi toujours bien repérée. (Pour faire la cache et la hausse, voir page 52).

Le cylindre est en fonte parfaitement tournée et polie. Il donne une pression élastique grâce à deux ressorts à boudin qui appuient sur l’extrémité de la tige en fer fixée aux coussinets du cylindre.

Les cuirs qui garnissent les côtés du chariot communiquent au cylindre un mouvement de rotation qui accompagne la glace quand elle arrive en pression. Les coussinets proprement dits du cylindre sont en fonte ; les tourillons du cylindre actionnent dans des coussinets excentrés en bronze, mobiles eux-mêmes à l’intérieur des coussinets en fonte. L’entretoise à poignée dit cylindre rend les coussinets excentrés solidaires l’un de l’autre ; en agissant sur la poignée de droite à gauche on amène le cylindre à la position de l’impression. En agissant de gauche à droite on l’élève grâce à l’excentrage des coussinets en bronze de 7 à 8 millimètres, ce qui permet au chariot de revenir en arrière sans subir une nouvelle pression.

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fig. 29Table de mouillage. — La table de mouillage se

compose d’une table en bois formant cuvette et recouverte

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de zinc (fig. 29), à la partie inférieure se trouve un égouttoir servant à ranger les glaces qui sortent du mouillage ; de chaque côté il y a une petite tablette l’une sert à recevoir le bain de mouillage qui tombe de la table et l’autre permet de poser les éponges et autres objets.

Pied à vis calantes. — Sur la table de mouillage sont placés deux ou trois pieds à vis calantes qui servent à mettre les glaces de niveau (fig. 30).

Le pied à vis calantes est une sorte de trépied ; la partie supérieure est formée par un triangle à pointes sur lesquelles repose la glace. La partie inférieure porte trois vis à tête moletée qui permettent de placer la glace parfaitement horizontale au moyen d’un niveau à bulle d’air.

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Bac à dégorger. - Le bac à dégorger (fig. 31) se compose d’une cuve rectangulaire en zinc, avec robinet à la partie inférieure et d’une sorte de panier en zinc dit intérieur mobile, dont deux des parois ont des rainures

permettant d’y mettre des glaces de 7 à 20 millimètres d’épaisseur suivant les grandeurs.Nous recommandons comme plus commode 1’intérieur mobile nouveau modèle (fig. 37) dans lequel la disposition

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des rainures permet de placer, avec sécurité, des glaces de toutes les dimensions inférieures au format du bac.

Rouleau de cuir. - Le rouleau de cuir est comme ceux dont se servent les lithographes, mais seulement en cuir à grain et jamais on cuir lisse.

Il a pour rôle de distribuer l’encre ferme, dans les parties foncées.

Avant de se servir d’un rouleau pour la première fois, il faut qu’il soit ce qu’on appelle fait, c’est-à-dire qu’il soit

imprégné de vernis. Pour faire le rouleau, on étend sur la table à encrer une assez grande quantité de vernis moyen. Pour enduire avec abondance toute la surface du rouleau, on le roule dans le vernis pendant cinq à dix minutes, puis on le gratte avec le dos d’un couteau dans le sens du cuir et l’on recommence l’opération jusqu’à ce que le rouleau refuse de prendre le vernis et qu’il n’y ait plus de peluches sur le cuir. Après cela, on le roule sur la table à encrer chargée de noir ferme et l’on gratte de nouveau. Au bout de quelques heures de ce manège, le rouleau est enfin prêt, mais il n’est véritablement bon qu’après plusieurs jours de service.

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Moule à rouleau. - Le moule à rouleau est un tube cylindrique en cuivre supporté par un pied percé d’un trou (fig. 32) ; à la partie supérieure il y a une etoile ou fourchette qui sert à maintenir l’axe du rouleau au centre du moule.

Rouleau de gélatine. - Le rouleau de gélatine (fig. 33) distribue l’encre plus fluide pour donner aux demi-teintes toutes leurs délicatesses. Il se compose d’une monture en fer avec manches en bois, d’un axe autour duquel est coulée une pâte spéciale de gélatine. Pour couler la pâte, on la fait fondre au bain-marie et lorsqu’elle est liquide, on la verse doucement dans le moule en la filtrant sur une grosse mousseline qui retient les matières en suspens.

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Préalablement, on a enroulé autour de l’axe du rouleau une corde fortement serrée et on a dû graisser l’intérieur du moule avec un tampon bien imprégné d’huile pour que le rouleau, une fois la pâte refroidie, puisse se détacher facilement.

Couteau et spatule. - Pour prendre et étendre les couleurs on se sert d’un couteau et d’une spatule en acier

(fig. 34). Ces instruments ne doivent pas être aiguisés de peur de couper les rouleaux.

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Table à encrer. — La table à encrer est généralement en marbre blanc; elle est d’une assez grande dimension

pour recevoir les deux rouleaux (fig. 35). Elle peut être supportée par un meuble en bois qui sert à ranger les divers ustensiles.

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Boîtes â glaces. — ll est bon d’avoir des boîtes à glaces de différentes dimensions pour conserver le glaces. (Fig. 36)

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PHOTOTYPIE EN TEINTES VARIÉES_____________

Nos lecteurs trouveront dans ce traité deux planches phototypiques, l’une en vert foncé (paysage), l’autre en sanguine (portrait de fantaisie), tirées toutes deux par la maison Royer, de Nancy. Ils pourront ainsi mieux apprécier les effets que l’on peut obtenir de l’emploi judicieux des teintes phototypiques. A ce sujet nous devons dire quelques mots de la manipulation des couleurs, car en ce qui concerne leur choix, le goût, le sentiment artistique de l’opérateur doivent le guider plus sûrement que toutes les généralités que nous pourrions écrire.

Deux rouleaux ne peuvent suffire à toutes les couleurs.Il importe principalement d’avoir plusieurs rouleaux de

cuir car le rouleau de cuir ne se nettoie qu’au couteau et par suite très imparfaitement. Ne jamais laver un rouleau de cuir à l’essence qui dessèche trop vite les fibres du derme. On comprend qu’un rouleau qui est imprégné de noir ne puisse convenir à un tirage en couleur claire. Il faudrait faire l’encrage pendant des heures entières et racler souvent la couleur salie qui résulterait du mélange forcé de l’ancien noir et de la couleur claire, avant d’obtenir une teinte bien homogène. On ne peut pas davantage mettre du noir ferme sur le rouleau de cuir et de la teinte sur le rouleau de gélatine au bout de quelques tirages, les teintes se mélangent et on obtient une série d’épreuves de plus en plus foncées ou salies le tirage ne saurait être uniforme.

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Nous conseillons donc l’achat de deux ou trois rouleaux de cuir à l’amateur qui veut s’adonner aux tirages en couleurs ; il en réservera un pour les teintes claires, jaunes et rouges, un autre pour les bleus, violets et verts, et finalement le troisième pour les noirs, bistres, sépias, et en général pour tous les tons foncés.

Pour conserver aux rouleaux de cuir dont on ne se sert pas très souvent toute leur souplesse, bien les racler après usage et les enduire d’une couche de suif épuré, puis les envelopper de papier pour que l’humidité et la poussière n’aient aucune prise sur eux.

Les rouleaux en cuir lisse ne conviennent pas en phototypie.

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CONSEILS AUX DÉBUTANTS_____________

Le lecteur qui nous aura suivi pas à pas est sûr de réussir avec un peu de persévérance ; s’il est arrêté dans certains cas, qu’il ne se décourage pas, que les tâtonnements, les insuccès partiels inévitables aux débuts, ne le rebutent pas.

Qu’il cherche toujours à se rendre compte de la cause de son échec. Pour cela qu’il travaille tout spécialement le chapitre des insuccès et les explications de la page 54.

Il sera bon aussi qu’il procède aux trois expériences suivantes qui lui feront saisir le rôle de l’insolation et du mouillage.

Première expérience. — Insolez une planche en en masquant successivement une partie ; supposons que le

négatif mis au jour demande une heure d’insolation ; couvrez dès le début de l’insolation les deux tiers de la plaque, B et C pendant une demi-heure, puis la partie C pendant une autre demi-heure, finalement laissez tout

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découvert pendant le même temps. Vous aurez une planche inégalement insolée, C pendant une demi-heure, B pendant une heure, A pendant une heure et demie. A aura trop de pose, B une pose normale et C une pose insuffisante.

Vous remarquerez attentivement les différences que vous obtiendrez au tirage, cela sera pour vous un guide précieux.

Deuxième expérience. — Faites la même expérience au dos de la plaque insolée régulièrement du côté sensible, en prenant comme durée normale d’exposition, quatre minutes. Vous jugerez mieux ainsi de l’effet produit par cette ingénieuse application de l’insolation de la couche sous-jacente et vous vous réglerez d’après les résultats obtenus.

Troisième expérience. — Mouillez inégalement sous le bain spécial une planche bien préparée ; vous vous rendrez compte facilement du degré de mouillage que doit avoir une planche phototypique pour donner une bonne impression.

Enfin, dernier conseil, ayez un cahier de notes spécial où vous consignerez jour par jour, planche par planche, les résultats obtenus avec telle ou telle formule, tel ou tel degré de cuisson, telle ou telle position dans l’étuve.

Voici un modèle de cahier de notes que nous vous engageons à vous constituer. (Pages 89 et 90).

Et maintenant, si malgré ces quelques conseils vous ne réussissiez pas, ne craignez pas de nous demander avis, nous mettrons toute la complaisance possible à vous

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indiquer les causes de vos déboires et nous essaierons de vous sortir d’embarras.

Le mieux, si vous êtes à Paris ou si vous pouvez y venir, sera de passer à notre laboratoire modèle, 79, rue de Rennes, où vous trouverez centralisés tous les produits, tout le matériel nécessaire à l’impression phototypique. Vous pourrez assister à des démonstrations ou bien sous la direction du préparateur qui y est attaché reprendre vos essais et surmonter les difficultés qui vous auraient arrêtés.

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