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TABLE DES MATIERES

1- Comité d’organisation

2- Argumentaire

3- Liste des participants

4- Programme du colloque

5- Résumés des interventions

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COMITE D’ORGANISATION

- Abdelkader GONEGAI : Doyen, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ben M’Sick, Casablanca

- François ZABBAL : Responsable de l’Unité Rencontres & débats, Institut du

Monde Arabe, Rédacteur en chef de Qantara

- Isabelle KOEHL : Assistante de production, Institut du Monde Arabe

- Rachid EL HADARI : Vice-Doyen, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ben M’Sick, Casablanca

- Abdelmajid BOUZIANE : Vice-Doyen, Faculté des Lettres et des Sciences

humaines Ben M’Sick, Casablanca

- Abdelmajid KADDOURI : Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Rabat.

Colloque organisé en partenariat avec :

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ARGUMENTAIRE

Le Maroc est le fruit d’une géographie qui a laissé son empreinte sur la nature et sur l’homme. Si les barrières montagneuses ont permis une pluviométrie favorable aux cultures, elles ont constitué aussi des refuges pour des communautés qui ont pu s’y perpétuer au long des siècles. En même temps, les plaines ont favorisé la circulation nord-sud tandis que les côtes maritimes s’ouvraient à des courants méditerranéens et atlantiques. En bref, le relief a imprimé sa marque sur le peuplement, autant que les flux qui ont traversé le Maroc venant de l’est, du sud et du nord.

C’est ce pluralisme aux expressions multiples (historique, ethnique, religieuse, culturelle, linguistique, etc.) que le Maroc revendique haut et fort dans un monde arabe où la diversité est considérée en règle générale comme un danger pour l’intégrité et l’essence de la nation, et où il fait figure d’exception. Dès lors se pose la question de ce qui fait le lien entre les individus et les groupes, en d’autres termes de ce qui fait qu’un Marocain est marocain. Pays de l’extrême Occident, irrigué par les flux d’Orient, et aussi d’Europe et d’Afrique, ouvert sur la Méditerranée et l’Atlantique, il a pu faire (ou refaire) un pacte non écrit avant que d’être inscrit dans des articles de sa constitution.

C’est cette singularité du Maroc d’aujourd’hui qui sera explorée par des experts et des chercheurs venus des sciences sociales et humaines ; historiens, anthropologues, etc.

Le colloque est organisé par l’IMA et la Faculté des lettres et des sciences humaines Ben M’sik, Université Hassan II de Casablanca, en partenariat avec la Fondation du Roi Abdul-Aziz (Casablanca) et le Centre Jacques Berque pour les études en sciences humaines et sociales au Maroc (Rabat).

Le colloque se déploiera suivant quatre axes :

Le Maroc entre Méditerranée et Atlantique, entre Europe et Afrique Subsaharienne : la géographie humaine du Maroc, fruit de multiples facteurs, n’a cessé de connaître des tensions contradictoires de l’intérieur et de l’extérieur sur fond d’une histoire qui a échappé à l’emprise ottomane.

Le Maroc : un État-nation contemporain : le legs ambivalent du Protectorat et la recomposition du champ institutionnel, politique et économique par le Makhzen.

L’idéologie marocaine, ciment de l’unité nationale : la construction du Maroc contemporain s’est accompagnée d’une production idéologique, en d’autres termes d’un récit national conjuguant histoire, géographie, légitimité monarchique, fusion des composantes humaines, destin singulier.

Diversité culturelle et identité : le processus d’unification culturelle ne s’est pas fait sans tensions et sans des résistances qui ont été négociées avec plus ou moins de succès par le pouvoir et les élites.

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PARTICIPANTS

Séance 1 Idriss MANSSOURI, Président de l’Université Hassan II de Casablanca.

Abdelkader GONEGAI , Faculté des Lettres Ben M’Sick, Université Hassan II Casablanca

François ZABBAL , Institut du Monde Arabe

Abdelmajid KADDOURI , Faculté des Lettres, Université Mohamed V Rabat

Rachida NAFAA, Faculté des Lettres Mohammédia, Université Hassan II Casablanca

Khalid CHEGRAOUI , Institut des Études Africaines, Université Mohamed V Rabat

Jamal HATTABI , Faculté de Droit de Mohammédia, Université Hassan II Casablanca Séance 2 Bernard ROSENBERGER, Université Paris VIII

Mohamed JADOUR, Faculté des Lettres, Université Mohamed V Rabat

Daniel RIVET , Université Paris I Panthéon Sorbonne

Abdelmajid BOUZIANE , Faculté des Lettres Ben M’Sick, Université Hassan II Casablanca Séance 3 Moulim LAAROUSSI, Université Hassan II de Casablanca

Abdelbaki BELFAQIH , Faculté des Lettres Ben M’Sick, Université Hassan II Casablanca

Mohammed El Amine MOUMINE , Faculté des Lettres Ben M’Sick, Université Hassan II Casablanca

Mohamed CHERKAOUI , Directeur de recherche émérite au CNRS

Soumaya NAAMANE GUESSOUS, Faculté des Lettres Ben M’Sick, Université Hassan II Casablanca

Hamadi BEKOUCHI , Faculté des Lettres Ben M’Sick, Université Hassan II Casablanca

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Séance 4 Rachid EL HADARI , Faculté des Lettres Ben M’Sick, Université Hassan II Casablanca

Mohamed HATIMI, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Fès Saiss Université Sidi Mohamed Benabdellah, Fès

Ahmed SKOUNTI, Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP), Rabat

Majid D’KHISSY , Faculté des Lettres Ben M’Sick, Université Hassan II Casablanca

Mokhtar BENABDELLAOUI , Faculté des Lettres Ben M’Sick, Université Hassan II Casablanca

Nabil MOULINE , Chargé de recherche au CNRS

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PROGRAMME

Vendredi 30 janvier 2015

9h30-10h : Accueil des participants

10h-10h30 : Allocutions d’Ouverture

Jack LANG, Président de l’Institut du Monde Arabe Idriss MANSSOURI , Président de l’Université Hassan II Abdelkader GONEGAI , Doyen de la Faculté des Lettres Ben M’sick François ZABBAL , Institut du Monde Arabe

Séance 1 Le Maroc entre Méditerranée et Atlantique, entre Europe et Afrique subsaharienne

Modérateur : Abdelkader GONEGAI

10h30-10h50 : Abdelmajid KADDOURI Quand la géographie et l’histoire déterminent le Maroc Pluriel

10h50-11h10 : Rachida NAFAA L'espace marocain, une dimension territoriale plurielle

11h10-11h30 : Khalid CHEGRAOUI Le Maroc africain ou la politique africaine du Maroc

11h30-11h50 : Jamal HATTABI Le Maroc à l’épreuve du terrorisme

11h50-12h10 : débat

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Séance 2 Le Maroc : un État-Nation contemporain

Modérateur : François ZABBAL

14h-14h20 : Bernard ROSENBERGER Récit dynastique et récit national 14h20-14h40 : Mohamed JADOUR Le Makhzen était-il un élément de soudure dans la société plurielle ? 14h40-15h : Daniel RIVET Le Maroc un ou pluriel : quelques points de vue formulés au temps du protectorat 15h-15h20 : Abdelmajid BOUZIANE Le Maroc multilingue : de la diversité à l’unité 15h20-15h40 : débat 15h40-16h : pause Séance 3 Diversité culturelle et identité

Modérateur : Moulim LAAROUSSI

16h-16h20 : Abdelbaki BELFAKIH La question de l'identité face à l'universalisation dans le Maroc d'aujourd'hui 16h20-16h40: Mohamed El Amine MOUMINE Les politiques culturelles au Maroc : mutations sociales, défis politiques et enjeux économiques 16h40-17h : Mohamed CHERKAOUI Désenchentement du monde, dépeuplement du ciel : étude comparative des sphères normatives 17h-17h20 : Soumaya NAAMANE GUESSOUS Emancipation des femmes Marocaines dans une société en mutation : obstacles, réussites et défis 17h20-17h40 : Mohamed BEKOUCHI Elites diasporiques marocaines : nouvelles tendances et choix croisés 2015-2030 17h40-18h30 : débat

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Samedi 31 janvier 2015

Séance 4 L’idéologie marocaine, ciment de l’unité nationale

Modérateur : Rachid EL HADARI

10h-10h20 : Mohamed HATIMI Juifs en terre du Maroc 10h20-10h40 : Ahmed SKOUNTI Patrimoines du Maroc : de l’héritage au patrimoine 10h40-11h : Majid D’KHISSY Maroc d’hier et d’aujourd’hui : le rôle central de la sainteté dans la culture, les traditions vivantes et la spiritualité populaire au Maroc 11h-11h20 : Mokhtar BENABDELLAOUI Maroc : Gestion du sacré. État et Société à l’ère de la modernité 11h20-11h40 : Nabil MOULINE 11h40-12h : débat et clôture

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RÉSUMÉS

Quand la géographie et l’histoire déterminent le Maroc pluriel

Abdelmajid KADDOURI Faculté des Lettres et des Sciences Humaines

Université Mohamed V, Rabat

Le Maroc pluriel est-il une réalité ou un simple fantasme ? Comment comprendre les diversités culinaires ? Les tonalités qui caractérisent la population ? Comment expliquer les variations dans le costume, dans l'habitat ? Comment saisir les variétés dans les Parlers et les coutumes. La contribution tentera de partir des conditions naturelles et historiques pour montrer comment ces conditions ont façonné ce Maroc pluriel.

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L'espace marocain, une dimension territoriale plurielle.

Rachida NAFAA Faculté des Lettres et des Sciences Humaines. Mohammédia

Université Hassan II, Casablanca Etant une participation à l’axe du colloque portant le titre suivant : Le Maroc entre Méditerranée et Atlantique, entre Europe et Afrique noire, cette intervention met en relief des réalités historiques et spatiales qui ont contribué au long processus de la formulation du territoire marocain et la diversité de ses vocations géoculturelles. En fait, plusieurs géographes et historiens ont tracé les grandes phases de l’histoire géographique du Maroc, tels que Ibn Khaldoune, Al qayrouani, Ibn Haouqal, Al Bakri, L’auteur de l’ouvrage Al mamalik wa Al maçalik, Al Hassan Ouazzane (Léon l’Africain), l’historien A.G.P Martier dans son ouvrage Quatre siècles d’histoire marocaine au Sahara de 1504 à 1902 publié à Paris en 1923. Cela a continué avec d’autres chercheurs dont l’historienne Bahija Simou (2013) qui vient de rassembler dans un grand ouvrage sur le Sahara marocain à travers les archives royales. Toutes ces grandes personnalités de la pensée et de la science ont souligné la pluralité d’un vaste pays qui a une situation stratégique enviable aux portes de la Méditerranée et de l’Afrique. Feu le roi Hassan II, qualifiait le Maroc, d’un arbre robuste ayant des ramifications vers l’Europe et prenant ses racines en Afrique subsaharienne. Depuis les temps historiques, le Maroc, représentait le seul État souverain avec un pouvoir central lié à toutes les régions depuis les côtes méditerranéennes jusqu’au Sahara par un système de gouvernance bien confirmé et développé. La pluralité du territoire marocain est évidente, l’histoire la prouve et la géographie la confirme. De l’Andalousie au fleuve Sénégal, d’Ifriqiya à l’Atlantique, le territoire marocain a constitué un bel amalgame géographique, ethnologique et civilisationnel. Il sera également question dans cet exposé d’analyser certains documents et archives qui permettent une reconstitution de l’espace marocain et de comprendre les causes de la convoitise dont il a été sujet durant plusieurs siècles. Cet espace riche et diversifié retrouve ses étendues et ses traces dans un monde et une conjoncture internationale qui redonne au Maroc, son rôle de rapprochement entre les différentes cultures, celles qu’il renferme et celles qui l’entourent.

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Le Maroc africain ou la politique africaine du Maroc

Khalid CHEGRAOUI Institut des Études Africaines. Université Mohamed V, Rabat

Parler de la politique africaine du Maroc jette un soupçon de paradoxe dans les propos, du moment que le Maroc est un pays africain avant tout. Certes, les relations entre l’Afrique du Nord, principalement le Maroc, et le reste du continent ont connu des hauts et des bas et des rapports à l’altérité parfois conflictuelles, ces relations sont ancrés dans une histoire plusieurs fois centenaires si ce n’est millénaires, généralement sereines et complémentaires. Ce qui unie l’Afrique subsaharienne, principalement la sous région sahélienne, et le Maroc sur le plan historique et aussi du temps présent, revêt une importance inégalable dans le reste des relations étrangères étatiques interafricaines. Dans ce cadre là le Maroc n’a jamais cessé de développer ses relations interafricaines, qui sont passées par plusieurs phases et modèles de gestion qui ont empreints ces politiques, principalement à travers trois règnes, plusieurs gouvernements et plusieurs moments de politiques internationales. Dans nos propos, nous envisageons en premier de faire un historique rapide de ces relations, depuis l’indépendance à nos jours, en analysant les politiques, les modes de gestion et de production. En deuxième phase nous focaliserons nos propos sur le temps présent et ce qui s’appelle communément la nouvelle politique du royaume, ses méthodologies et manières, ses acteurs, ses espaces de prédilections et son état actuel.

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Le Maroc à l’épreuve du terrorisme

Jamal HATTABI Faculté de droit. Mohammédia

Université Hassan II, Casablanca

Au Maroc comme partout dans le monde les attentats du 11 septembre 2001 ont constitué un tournant politique et social. Depuis le 16 mai 2003 – date de la première vague d’attentat, le pays s’est trouvé contraint de s’adapter à cette nouvelle forme de violence. Dans les jours qui suivirent, le gouvernement a pris des mesures qui restreignent les libertés publiques et privées. Mais si la rapidité avec laquelle la loi a été votée peut s’expliquer par la grande émotion suscitée par les attentats, l’étendu des mesures restrictives des libertés trouve son explication dans le fait que la plupart de ces modifications avaient été réalisées ou étaient prévues bien avant les attentats. Ces mesures justifiées par la gravité et l’urgence posent un grand problème pour un pays qui vient à peine d’amorcer un processus démocratique. Cette mutation brusque et répressive ne met-elle pas en danger le dit processus ? C’est à cette question que nous essayerons de répondre dans notre communication, sachant que, depuis 2003, le Maroc a connu d’autres attentats et il figure aujourd’hui parmi les pays les plus ouvertement menacés par l’organisation Daesh. L’arsenal juridique et répressif dont il s’est doté est suffisant pour le protéger des attentats et le prémunir contre toute nouvelle dérive autoritaire ?

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Récit dynastique et récit national

Bernard ROSENBERGER Université Paris VIII

Pour justifier leur pouvoir, les dynasties successives au Maroc ont élaboré une idéologie. C'est le shérifisme et l'onction des confréries qui a conféré au pouvoir des Sa‘diens sa légitimité, en même temps que la lutte contre la menace ibérique. Il n'en va pas autrement avec les Alawites du XVIIe au XIXe siècle, jusqu'à l'instauration du Protectorat. L'indépendance retrouvée a conduit à rechercher, dans un monde transformé, de nouvelles bases de légitimation. Par exemple le remplacement du mot sultan par celui de roi indique un désir de moderniser l'image de la monarchie désormais pourvue de règles de succession qui faisaient défaut. La religion reste le pilier axial, s'y rattache un patriotisme héritier du mouvement nationaliste anticolonial et la célébration de la monarchie : Dieu, la Patrie, le Roi. Des rituels hérités matérialisent l'attachement au trône : la bay‘a, le parasol attribut du Commandeur des Croyants. Sans toucher à ces bases, une évolution est perceptible. Le Maroc affirme sa personnalité. Il n'a jamais connu la domination ottomane, il a intégré des apports variés : arabes, berbères, juifs, andalous, africains. Il a su faire un tri dans ce que la colonisation a laissé.

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Le Makhzen était-il un élément de soudure dans une société plurielle ?

Mohamed JADOUR

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Université Mohamed V, Rabat

La réflexion sur les liens entre Makhzen et société est loin d’être clos. Dans le Maroc moderne la fonction du Makhzen apparait de prime abord comme très proche de celle qui avait cours dans le monde musulman, elle s’articulait autour d’une présence physique et symbolique à multiples dimensions. C’est bien les images qui se dégagent des études consacrées à ce thème. Sans entrer dans un débat sur ces images, on peut admettre que c’est dans un double contexte historique et religieux qu’il conviendra de les étudier. D’après l’image que le makhzen entretenait de lui-même, dans ses rapports avec la société n’émerge pas une « structure fédératrice et unificatrice», autour duquel s’est dessinée la notion de la pluralité ? Quelles sont les différentes formes adoptées par cette institution pour manifester son autorité et ses signes de pouvoir ? Dans quelle mesure le Makhzen utilisait des points d’appui politique, religieux, et culturel…pour maintenir l’équilibre social ? À quel point peut-on parler d’une politique makhzaniénne de soudure ?

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Le Maroc un ou pluriel : quelques points de vue formulés

au temps du protectorat

Daniel RIVET Professeur émérite, université de Paris I Panthéon Sorbonne

Plusieurs strates de représentation du Maroc forgées par les Français se chevauchent durant le protectorat. La plus répandue, qui correspond à l’esprit du temps, fond la diversité des hommes dans la catégorie, réductrice, odieuse, de l’indigénat. La seconde, qui émane des experts ou praticiens de la colonisation, isole au sein de la société marocaine des types plus ou moins irréductibles les uns aux autres : on sait les sous-entendus de cette représentation et ses applications : du dahir berbère de 1930 aux marches de cavaliers du Glaoui de 1951 à 1953. Une troisième vision du Maroc est le fait de ses plus fins connaisseurs étrangers. Elle est sensible à l’hétérogénité de la société, mais saisit ce qui relie ses composantes les unes aux autres : un répertoire commun de valeurs et de comportements qui génère du vivre-ensemble. C’est sur cette représentation qui sut comprendre l’art au Maroc de composer de l’un avec du multiple et de forger une idiosynchrasie singulière que nous mettrons l’accent.

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Le Maroc multilingue : de la diversité à l’unité

Abdelmajid BOUZIANE Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ben M’Sick

Université Hassan II, Casablanca

Plusieurs langues sont enseignées dans le système éducatif Marocain dés le jeune âge. Elles sont aussi utilisées comme outils d'enseignement, de communication, et de recherche. Mais le Maroc ne bénéficie pas de cette richesse linguistique car les langues sont en situation conflituelle. Les attitudes diffèrent d'une langue à l'autre, et ces langues sont source de division. Alternativement, une politique linguistique et un enseignement efficace des langues peuvent garantir la complémentarité des langues locales et étrangères. Ces mesures vont diminuer les différences politiques, culturelles, ethniques, et religieuses et vont renforcer le développement du pays. C’est l’objet de notre communication.

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La question de l'identité

face à l'universalisation dans le Maroc d'aujourd'hui

Abdelbaki BELFAKIH

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ben M’Sick Université Hassan II, Casablanca

Si nous regardons le comportement de l’acteur et des individus dans l’espace urbain marocain, on retrouve une grande diversité de comportements qui laisse entendre, effectivement, une sorte de bricolage social pour construire des identités plurielles dans la société. Sur ce point, on peut croire à une appropriation, presque intuitive et désordonnée de la question de la modernité et de l’universalité à partir des outils locaux, à savoir le rapport à l’espace, à l’autre, à l’État, à la règle et à la norme. Pour moi, il y a des éléments sociologiques et anthropologiques qui sont dans le réel. Pour donner un exemple précis, à Casablanca, la tenue vestimentaire, la musique qu’on entend, la manière de se comporter en famille, avec les parents, la manière de s’affranchir de leur tutelle, etc., sont des réalités sociologiques. Le problème, à mon sens, se situe à un niveau plus macro dans les structures de la socialisation qui relève de la responsabilité de l’État.

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Les politiques culturelles au Maroc : mutations sociales,

défis politiques et enjeux économiques Mohamed El Amine MOUMINE

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ben M’Sick Université Hassan II, Casablanca

Cette intervention est une lecture critique de l'état actuel des politiques culturelles au Maroc après les mutations sociales, économiques et politiques que le pays a connues lors des dernières années. Cette vue d'ensemble va mettre l’accent sur la participation de la société civile, les défis que ces politiques doivent relever et sur les enjeux économiques liés aux développements des industries créatives. L'étude suggère quelques recommandations pour faire face aux défis auxquels sont confrontés les arts et la culture au Maroc. Mots clés : les politiques culturelles, les industries créatives, les organisations de la société civile, les arts et la culture

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Désenchantement du monde, dépeuplement du ciel :

étude comparée des sphères normatives

Mohamed CHERKAOUI Directeur de recherche émérite au CNRS.

La sphère normative est un cadre de la pensée et de l’action. Elle délimite les perceptions, attitudes et comportements des individus comme des groupes. Elle constitue de même une partie de cette culture partagée par les sociétaires dont la dimension religieuse est l’une des plus centrales. Si l’islam, populaire ou lettré, est la matrice qui a façonné la personnalité marocaine depuis le VIIème siècle, l’influence polymorphe du paganisme et du judaïsme, bien que souterraine, est également présente. Mais la religion n’est pas l’unique facteur déterminant de cette individualité et il serait erroné de penser que l’islam surplombe tout. D’autres figures des nombreuses dimensions de la régulation sociale, liées à certaines sphères d’activité, ont émergé durant des siècles. Il en est ainsi des multiples croyances, cultes populaires, rites déclinés à l’infini, positifs, négatifs, cosmiques, religieux magiques, propitiatoires, thérapeutiques, commémoratifs, bref tous des traits distinctifs de ce que Rudolph Otto appelle le numineux. Elles constituent, à mes yeux, des visions du monde et des solutions à des problèmes auxquels ont fait face les individus et les groupes dans leurs interactions les uns avec les autres, ainsi qu’avec une nature incertaine et souvent inhospitalière. L’émergence de ces solutions s’étend parfois sur plusieurs générations. La mémoire collective les retient, les travaille, les affine. On ne doit donc pas s’attendre à ce que la sphère normative soit cohérente et structurée comme le supposent certaines sociologues qui sont constamment à la recherche d’une illusoire homogénéité axiologique. C’est qu’elle n’est pas sortie toute faite de la tête d’un démiurge omniscient et planificateur comme Athéna de celle de Zeus. Elle n’est pas un simple ordre provoqué et pas davantage un pur ordre spontané ; elle n’est ni un « nomos » ni une « taxis » : elle est les deux à la fois. Dans la mesure où je ne peux embrasser d’un seul regard le cercle des normes sociales nodales, dans la mesure aussi où elles sont supposées expliquer en partie les attitudes et les comportements des citoyens d’un pays, compte tenu en outre du fait qu’il serait imprudent d’en discourir sans disposer de données qui autorisent des propositions vérifiables, je me limiterai à examiner les indicateurs de dimensions de la régulation qui renvoient à des normes, valeurs, ethos, attitudes, conceptions et perceptions pour lesquelles je dispose d’informations comme celles qui touchent à des croyances, à la modernité, l’autorité, le traditionalisme ou le conformisme. Je traiterai la confiance que les individus ont des institutions les plus représentatives de leur pays et leurs conceptions de la démocratie, plus généralement du politique, si le temps qui m’est imparti le permet.

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« Emancipation des femmes Marocaines : obstacles, réussites et défis »

Soumaya NAAMANE GUESSOUS

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ben M’Sick Université Hassan II, Casablanca

Le Maroc a subi des mutations sociales très importantes lors des soixante dernières années qui ont suivi son indépendance politique. La société va passer d’un conservatisme hermétique à une grande ouverture, grâce au militantisme de la société civile et à la forte volonté des femmes de s’émanciper. L’engagement des femmes dans tous les domaines, les chaînes satellitaires, internet et les tendances de la mondialisation ont fortement impacté les mentalités et les comportements. La condition féminine a évolué très rapidement tout en bouleversant les repères et les fondements de la société. Cette dernière décennie à été marquée par une forte volonté politique, notamment par la réforme du Code de la Famille (2004) qui reconnaît l’égalité entre les hommes et les femmes. La réforme de la Constitution (2011) a introduit la parité et traite de la place des femmes en matière civile, mais aussi de leur place dans la vie politique, économique, sociale et culturelle. En outre, le Maroc a ratifié de nombreuses conventions et pactes internationaux visant l’égalité, la parité et la lutte contre toute discrimination basée sur le sexe. Les femmes réalisent de grandes avancées dans tous les domaines, malgré les nombreux obstacles qui ralentissent leur émancipation et l’acquisition de la liberté : difficultés de l’application des lois, malaise dans l’espace public, préjugés, paradoxes dans la relation homme/femme, conflits conjugaux… Quel bilan peut-on faire aujourd’hui de l’émancipation féminine ? L’environnement social et l’évolution de la relation homme/femme favorisent-t-ils l’émancipation des femmes ? Quelles sont les défis qui restent à relever pour assainir la relation homme/femme, afin que les femmes vivent dans une société moderne, où égalité et parité sont garanties ?

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Elites diasporiques marocaines : nouvelles tendances et choix croisés 2015-2030

Mohamed BEKOUCHI

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ben M’Sick Université Hassan II, Casablanca

Plus d’un demi-million de personnes compose la diaspora élitique marocaine. Instruite de surcroit en majorité surdiplômée, mobile socialement et opportuniste. Professionnellement, elle investit les champs de l’entreprise, de l’université, du politique, des arts et des spectacles, de l’associatif, des loisirs et des sports, Depuis le début du XXème siècle, les leaders de l’élite diasporique marocaine gagnent des galons et s’installent en classes supérieures du pouvoir. Reste qu’on est en face d’un dilemme socio-ethique où d’un paradigme salutaire de l’ambivalence du désir des genres. A cet égard, l’élite féminine est très prisée par le monde des médias et des arts, les affaires de luxe et de la beauté, le politique alors que la masculine s’impose dans les industries, la finance, le hight-tech, le consulting et le sport. Cette vision empirique de la division du travail selon le sexe laisse paraitre des concordances communes enregistrées chez les diasporas turque, mexicaine et libanaise respectivement installées en Allemagne, aux États Unis et puis en Afrique noire… 1- Référents identitaires 2. Catégories dominantes 3. Surdiplômés & Effets pervers 4. Travail & Compétences 5. Maroc « Hors lieu » 6. Famille : de l’élargie au mono 7. Groupes de croissance 8. Boosteurs de démocratie et d’interculturalité 9. Réseaux et Connection 24/24 10. Solidarité & Développement

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Deux mille ans de vie juive au Maroc

Mohammed HATIMI

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Fès Saiss Université Sidi Mohamed Benabdellah, Fès

« Deux mille ans d’histoire commune » est la formule que les Marocains, juifs et musulmans, s’accordent à utiliser pour évoquer la cohabitation intercommunautaire sur le sol marocain, et ce pendant des siècles, avant et après la conquête musulmane. Présents et enracinés dans toutes les régions du pays, Les juifs ont contribué à l’éclosion d’une culture commune. Ils étaient 300.000 à l’indépendance (2,5 à 3 % de l’ensemble de la population), ils ne sont plus que quelques 5000 âmes à y vivre encore. Néanmoins, les manifestations de fidélité et d’attachement à la patrie-mère sont des plus vives. La judaïté marocaine, authentique et originale, fait partie des mythes fondateurs de l’identité nationale. Le préambule de la Constitution de 2011 affirme que l’identité marocaine est multiple, l’affluent hébraïque y a contribue. L’exposé proposé tend à présenter et mettre en valeur les principales caractéristiques de la présence juive sur le sol marocain.

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Patrimoines du Maroc : de l’héritage au patrimoine

Ahmed SKOUNTI Anthropologue, enseignant chercheur à l’Institut National des Sciences

de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP, Rabat).

Il existe des témoignages tangibles de la préservation d’objets, d’édifices et de lieux de ce que nous appelons aujourd’hui le patrimoine culturel matériel. Moins ténue est la transmission de génération en génération de savoirs et de savoir-faire du patrimoine immatériel parmi les communautés et dans les familles. À un niveau plus modeste, des objets se sont transmis en famille tels que les coffres en bois, les tissages, le service à thé, les bijoux et bien d’autres. Les livres ont trouvé dans les bibliothèques publiques et privées des sultans, des zaouïas et des oulémas des lieux de préservation et de transmission du savoir des savants et du savoir-faire des relieurs et des enlumineurs. Force est, cependant, de constater que les Marocains se sont peu attachés à préserver les témoins matériels de leurs cultures successives et de ceux des cultures qu’ils ont accueillis ou subis sur leur territoire. La fonction utilitaire et la valeur matérielle l’ont plus souvent emporté sur la fonction patrimoniale et la valeur symbolique. La présente communication s’intéresse à l’ambivalence de ce sentiment d’appropriation et de transmission partagé entre le support et le savoir, entre la matière et l’esprit. Il sera examiné sous trois angles : (i) le rapport au temps historique qui se mue en espace à la faveur de l’idéologie nationaliste postindépendance ; (ii) un rapport ambigu aux témoins matériels de l’histoire et de la culture usant tour à tour de la sélection, de l’éclectisme, de l’abandon ou de la destruction ; et (iii) le sentiment partagé que les hommes comptent davantage que leurs témoins matériels. Ceci étant, le Maroc a été gagné, à l’image des autres pays de la planète, par un phénomène sans précédent par son ampleur et sa portée : la patrimonialisation. En un siècle, il a accumulé des patrimoines tantôt jugés importants, tantôt insuffisants, mais qui démontrent son inscription dans un mouvement irréversible. Du patrimoine naturel au culturel, du mobilier à l’immobilier, du matériel à l’immatériel, on exposera les éléments qui composent l’héritage des Marocains dans toute sa diversité et sa fragilité.

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Maroc d'hier et d’aujourd’hui : Le rôle central de la Sainteté dans la culture, les représentations, les traditions vivantes et la spiritualité

populaire

Majid D’KHISSY Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ben M’Sick

Université Hassan II, Casablanca

Il est dit que si la Prophétie est du Machrek (Levant), la Sainteté est du Maghreb (occident). Cette assertion est largement vérifiée par l’histoire, la culture, les représentations, les us et coutumes et la spiritualité des peuples du Nord de l’Afrique. La figure du Saint, archétypique et omniprésente, constitue les clés de compréhension des espaces mentaux et des psychés collectives, particulièrement au Maroc qui est le cœur battant de cette grande tradition de Sainteté. Un nombre impressionnant de villes et de villages porte le nom d’un Saint. On pourrait parler d’une géographie voir d’une topographie de la Sainteté au Maroc. Mais pour saisir ce phénomène, il faut se départir de la simple étude ethnographique ou anthropologique à la recherche d’une « logique » et d’une explication positive des croyances. Pour comprendre l’âme de ce peuple, il faut accepter d’entrer dans son système de représentation et en comprendre sa cohérence interne et son caractère profondément humain et spirituel.

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Maroc : Gestion du sacré État et Société à l’ère de la modernité

Mokhtar BENABDELLAOUI

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ben M’Sick Université Hassan II, Casablanca

L’option pour la modernité n’est pas toujours un choix délibéré ; l’histoire, la culture et la géopolitique sont aussi des éléments déterminants à prendre en considération. Au cœur de la culture ; une pratique hétérogène de la religion avait marqué le pays, elle se hissait du Marabout populaire, à la confrérie communautaire à l’orthodoxie religieuse des Oulémas de la Karaouiyine. Pourtant, et peu importe la référence ; la religion régulait tous les petits détails de la vie quotidienne du Marocain. Le Maroc indépendant n’a pas seulement hérité d’un État, à très faible degré d’institutionnalisation, mais ; comme l’a si bien décrit Abdallah Laroui, d’un espace démembré et éparpillé par la géographie et par la culture, ajouté à cela ; toutes les nouvelles tendances religieuses politisées venant de l’orient Arabe. Dans cette perspective ; la genèse d’un État et d’une société modernes est une procréation complexe et douloureuse. Par rapport à beaucoup d’autres pays de la région, et soixante années après son indépendance ; le Maroc est aujourd’hui un pays stable et prospère : Est-ce qu’il a déjà commencé à récolter les fruits de son parcours laborieux ? Et quels sont les éléments appelés à consolider cette stabilité dans l’avenir ?