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1 Bibliothèque d’Etudes des Sociétés Secrètes ___________________________________ MARIE-ANTOINETTE ET LE COMPLOT MAÇONNIQUE PAR LOUIS DASTÉ _______ 6 e mille _______ PARIS La Renaissance Française 52, Passage des Panoramas _____ 1910

Marie-Antoinette et le complot maçonnique

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Louis Dasté.

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  • 1Bibliothque dEtudes des Socits Secrtes___________________________________

    MARIE-ANTOINETTEET

    LE COMPLOT MAONNIQUE

    PAR

    LOUIS DAST

    _______

    6e mille_______

    PARIS

    La Renaissance Franaise

    52, Passage des Panoramas

    _____

    1910

  • 2A la mmoire de S. S. Clment XII, le premier des sept Papes qui ont dnonc la Maonnerie comme l'arme principale des ennemis de lglise et de la socit chrtienne, sans russir, hlas ! entraner les Catholiques dans une Croisade nouvelle, - Croisade ncessaire pourtant, si les Nations chrtiennes veulent ne pas mourir ;

    A la mmoire des pres de lAntimaonnisme

    Les PP. Jsuites Barruel et Deschamps ;

    Les grands journalistes chrtiens Crtineau-Joly et Claudio Jannet.

    I

    QUI A CHANG L'AME DES FRANAIS ?

    Au XVIIIe sicle, la Foi catholique et la France furent ensemble comme incarnes dans un tre reprsentatif au plus haut degr : fille des Csars catholiques d'Autriche et femme du Roi Trs-Chrtien, Marie-Antoinette eut ce douloureux honneur. Elle l'a port au comble par son martyre sur l'chafaud.

    Et vingt ans auparavant, elle tait l'idole de la France !Qui avait chang l'me des Franais ? Qui avait transform les Franais catholiques en

    blasphmateurs et sacrilges ? les Franais amoureusement fidles leur dynastie sculaire en rgicides ?

    Le but de ce livre est de montrer que l'agent de ces uvres de mort fut la Franc-maonnerie.

    Lors de l'avnement de Louis XVI et de Marie-Antoinette, le peuple de France idoltrait ses jeunes souverains. La Reine surtout avait touch son cur.

    Le 11 septembre 1774, Mercy-Argenteau, ambassadeur d'Autriche, crivait l'impratrice Marie-Thrse, mre de Marie-Antoinette, une lettre o nous lisons :

    Il n'y a pas eu, dans la conduite de la Reine, la moindre nuance qui n'ait port l'empreinte de l'me la plus vertueuse... Personne n'est plus convaincu de cette vrit que le Roi... Les grandes et vraiment rares qualits de la Reine ne sont pas moins connues du public ; elle en

  • 3est adore avec un enthousiasme qui ne s'est jamais dmenti. (Lettre de Mercy-Argenteau Marie-Thrse, le 11 septembre 1774. - Correspondance secrte... publie par A. d'Arneth et A. Geffroy, Paris, 1874, t. II, p. 232.)

    Le 8 juin 1773 avait eu lieu l'entre solennelle de Louis XVI, encore dauphin, dans la ville de Paris, avec la Dauphine. L'enthousiasme de la foule allait au dlire. Les maisons taient en fleurs, les chapeaux volaient dans les airs. Des acclamations ininterrompues : Vive Monseigneur le Dauphin ! Vive Madame la Dauphine ! se rptaient en mille chos. Madame, disait le duc de Brissac, vous avez l deux cent mille amoureux . Marie-Antoinettevoulut descendre dans les jardins, se mler directement la foule, remercier de plus prs, serrer les mains qui se tendaient elle. Et elle crit sa mre une lettre o bat son cur

    ... Ce qui m'a touche le plus, c'est la tendresse et l'empressement de ce pauvre peuple qui, malgr les impts dont il est accabl, tait transport de joie de nous voir... Au retour, nous sommes mont sur une terrasse dcouverte. Je ne puis vous dire, ma chre maman, les transports de joie, d'affection, qu'on nous a tmoigns dans ce moment... (M. FUNCK-BRENTANO, L'Affaire dit Collier, 6e dit., pp. 51, 52.).

    Vingt ans aprs, en 1793, ce n'est plus d'amour mais de haine que la France parait enivre.Avant d'tre mene l'chafaud dans la charrette, cette bire des vivants , la Reine

    crivit Mme lisabeth, sa belle-sur, une lettre aussi admirable que navrante. En voici le dbut :

    Ce 16 octobre, quatre heures et demie du matin,

    C'est vous, ma sur, que j'cris pour la dernire fois. Je viens d'tre condamne, non une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais aller rejoindre votre frre. Comme lui innocente, j'espre montrer la mme fermet que lui dans ses derniers moments.

    Je suis calme, comme on l'est quand la conscience ne reproche rien. J'ai un profond regret d'abandonner mes pauvres enfants... Et vous, ma bonne et tendre sur, vous qui avez, par votre amiti, tout sacrifi pour tre avec nous, dans quelle position je vous laisse !

    J'ai appris, par le plaidoyer mme du procs, que ma fille tait spare de vous. Hlas ! la pauvre enfant, je n'ose pas lui crire ; elle ne recevrait pas ma lettre, je ne sais mme pas si celle-ci vous parviendra. Recevez pour eux deux, ici, ma bndiction. (Lettre cite par Mme la comtesse d'Armaill : Madame Elisabeth, Paris, 1886, pp. 443, 444.)

    Qu'ils pensent, tous deux, continuait la Reine, ce que je n'ai cess de leur inspirer : que les principes et l'excution exacte de ses devoirs sont la premire base de la vie. (Id., ibid., p. 444.)

    Aprs la parole divine du Christ pardonnant ses bourreaux du haut de la croix o ils viennent de le clouer, il est peu de paroles humaines qui, puissent venir en parallle avec cette suprme adjuration de Marie-Antoinette :

    Que mon fils n'oublie jamais les derniers mots de son pre, que je lui rpte expressment : qu'il ne cherche jamais venger notre mort (Id., ibid. p. 445.)

    La noble femme capable, au pied de l'chafaud, de pousser la gnrosit d'me jusqu' cet hrosme qui l'lve au-dessus de l'humanit, c'est la mme femme que l'excrable Maonnerie s'est efforce de salir, jusqu' ses derniers moments, par des pamphlets regorgeant de calomnies odieuses, afin de souiller avec elle la Monarchie franaise, tout en l'assassinant.

    Aprs la Reine-Martyre, envisageons la France, la Nation-Martyre frappe, elle aussi, par la Maonnerie.

  • 4Au commencement du XVIIIe sicle, la France tait encore attache avec ferveur ses traditions religieuses et politiques. A la fin du mme sicle, elle rompt - ou plutt une influence cache la fait rompre - avec toutes ses traditions la fois. Quelle est cette influence ? Toujours celle de la Maonnerie. Or, ds 1791, un admirable prtre, l'abb Le Franc, osa l'crire. Un an plus tard, le 2 septembre 1792, l'abbaye de Saint-Germain-des-Prs, il paya de son sang le courage d'avoir dnonc la Maonnerie comme la mre de la Rvolution, alors dj toute souille de crimes.

    Les tueurs au service du Pouvoir Occulte n'eurent garde de laisser chapper aux massacres maonniques de Septembre ce voyant, qui, arrachant leurs masques aux meneurs rvolutionnaires, venait de mettre en lumire leurs faces de Francs Maons.

    Ecoutons donc avec respect les paroles de l'abb Le Franc : c'est pour les avoir dites qu'il est mort.

    L'Europe (crivait-il en 1791) est tonne du changement qui s'est opr dans nos murs. Autrefois, on ne reprochait un Franais que sa gaiet, sa frivolit. Aujourd'hui qu'il est devenu sanguinaire, on l'a en horreur... Qui l'a rendu farouche, toujours prt attenter la vie de ses semblables et se repatre de l'image de la mort ? Le dirai-je et m'en croira-t-on ? C'est la Franc-maonnerie !... C'est l'ombre de l'inviolable secret qu'elle fait jurer ses initis, qu'elle a donn des leons de meurtre, d'assassinat, d'incendie et de cruaut... (Le Voile lev... ou le Secret de la Rvolution rvl l'aide de la Franc-maonnerie, pp. 67, 68.)

    Longtemps la Maonnerie a fait l'impossible pour effacer, sur le fumier sanglant de 89 et de 93, ses traces criminelles. Mais, aujourd'hui, mentir l-dessus serait peine perdue pour elle. La vrit se fait plus claire chaque jour et, par un enchanement de textes crasants, nous allons prouver quel point l'abb Le Franc avait dit vrai. Oui, en toute ralit, durant plus d'un demi-sicle, les Francs-maons ont secrtement creus la mine dont l'explosion a jet bas l'ancienne France en 89.

    Nous ne pouvons ici traiter en quelques mots limmense question de l'origine de la Maonnerie. Disons simplement que, quels que fussent ses crateurs, la Maonnerie tait dsle commencement l'ennemie mortelle de la Foi chrtienne, de l'ordre chrtien, de la civilisation chrtienne tout entire.

    Introduction de la Maonnerie en France. La Premire Encyclique contre la Secte.

    D'Angleterre o les Rose-Croix judasants et kabbalistes l'avaient greffe sur les vieilles corporations d'ouvriers maons, la Franc-maonnerie s'introduisit en Europe, partout la fois, de 1725 1730. Ds 1735, un article du code primitif des Francs-maons rvolta, par son audacieux esprit rvolutionnaire, d'honntes magistrats de Hollande : les premiers, ces protestants proscrivirent la Maonnerie. Mais celle-ci fit un retour offensif et triompha des premires rsistances, en Hollande comme ailleurs.

    Deux ans aprs, en 1737, le Premier Ministre de Louis XV tait le cardinal de Fleury : sa clairvoyance touchant la Maonnerie a fait de lui la bte noire des menteurs professionnels chargs de falsifier notre Histoire. Aprs une minutieuse enqute, le Cardinal acquit la mme conviction qui avait arm les magistrats hollandais contre la Maonnerie antichrtienne et rvolutionnaire. Il donna des ordres svres contre les Loges qui dj pullulaient en France.

    L'anne suivante, en 1738, le Pape Clment XII avait t renseign par le cardinal de Fleury et sans doute aussi de bien d'autres cts pour l'Europe entire. Sans tarder, le Pape lana la premire des Encycliques que Rome ait opposes au flau maonnique. Comme toutes celles qui l'ont suivie, cette Bulle a stigmatis dans la Maonnerie ce double caractre :

  • 5de viser dtruire en mme temps l'glise de Dieu et les socits politiques bases sur le Christianisme.

    Mais tout tait conjur pour empcher la France d'couter les cris d'alarme du Pape et du Premier Ministre de Louis XV. Les tendances gallicanes et l'hrsie jansniste (relies par de secrtes accointances) arrtaient aux frontires de France la parole du Pape et faisaient mconnatre le bien fond des angoisses que lui causait le pril maonnique. La Maonnerie profita de ces dplorables dispositions de l'esprit public : elle sema des brochures faites avec un art infernal pour attirer dans ses piges les hommes de bonne foi ; elle commena par y prcher la fameuse tolrance, masque menteur de l'intolrance la plus fanatique1. Bref la Maonnerie, ds son entre en France, apprit aux Franais dtester le Catholicisme parce qu'intolrant, disait elle.

    En 1743, le cardinal de Fleury meurt. Nous verrons bientt par quels aveugles fut remplac au pouvoir le premier et le dernier ministre anti-maon qu'aient eu Louis XV et Louis XVI. On peut dire que depuis la mort du cardinal de Fleury, la Royaut franaise fut soumise chaque jour davantage l'influence de la Maonnerie, qui va s'imposer elle, chaque jour plus forte, jusqu' la chute, cinquante ans plus tard, dans le sang de Louis XVI et de Marie-Antoinette.

    Mais quels ressorts furent mis en jeu par la Maonnerie pour arriver son but ?

    Le Mensonge, Arme Principale de la Maonnerie.

    L'histoire de l'action maonnique sous Louis XV et Louis XVI tient dans ce mot : le Mensonge. Nous avons l, dans les faits historiques d'une longue priode, une application frappante de la thse gnrale cre et dfendue avec tant d'nergie et de logique par l'minent Prsident de notre Ligue2 .

    Il faudrait un volume pour dcrire comme ils le mritent les chefs-duvre d'imposture du F*** de la Tierce, le menteur en chef de la Maonnerie en France cette poque. Or, le F*** de la Tierce les a publis immdiatement aprs que le pape Clment XII et le cardinal de Fleury eurent dnonc le pril maonnique, - tout comme le F*** Taxil a bti son difice d'imposture immdiatement aprs que le pape Lon XIII eut nouveau dnonc le pril maonnique. Instruits par l'exprience, les FF*** de la Tierce et consorts effacrent dans le code des Loges ce qui avait ds l'abord effray la protestante Hollande. Avec persvrance, ils travaillrent persuader aux honntes Franais attirs dans les Loges que la Maonnerie ne rvait d'accomplir aucune Rvolution . C'est imprim en toutes lettres dans l'ouvrage du F*** de la Tierce dont la premire dition parut peu de mois avant la mort du cardinal de Fleury. Ceci, imprim cinquante sept ans avant la prise de la Bastille, est bien la preuve que le Pape et le cardinal de Fleury n'avaient que trop raison de voir dans la Maonnerie la source de torrents de maux !

    Nous ne fomentons aucune Rvolution , disaient les Tartufes des Loges. Mensonge ! Nous sommes de zls et fidles chrtiens. Voyez plutt : dans les glises, nous faisons

    chanter des messes solennelles, disaient-ils encore. Sacrilge ! Nous portons les lys de France dans le cur ! ajoutaient-ils. Et leur but tait de rougir

    de sang royal la blancheur des lys ! Toujours le Mensonge !

    1 Dans son livr Le Pouvoir Occulte contre la France, Copin-Albancelli a magistralement montr comment, dans les Loges actuelles, la pseudo-tolrance maonnique mne la plus outrancire intolrance.2 M. Copin-Albancelli, prsident de la Ligue Franaise Anti-Maonnique, 33, quai Voltaire, Paris.

  • 6Les Rouages de la Machine Mensonge.

    Les livres comme ceux du F*** de la Tierce, si perfidement habiles qu'ils fussent, ne pouvaient eux seuls transformer la France. Nous allons maintenant dmonter les rouages multiples qui ont servi la Maonnerie du XVIIIe sicle centupler son action, rpandre ses poisons dans toute la France, jusque dans le dernier des hameaux. Ces rouages vont bientt tre dcrits en dtail par M. Augustin Cochin, d'aprs les textes qu'il compulse avec une admirable patience dans les Archives des provinces. En attendant, voici ce qu'on observe d'une faon gnrale :

    A partir du milieu du XVIIIe sicle, dans la plupart des villes franaises s'ouvrirent des Socits dites de Lecture. Ainsi que les Socits actuelles de Libre-Pense, elles taient menes par des Maons. Ces Socits de Lecture, comme leur nom l'indique, avaient pour but de faire lire aux Franais qu'on y enrlait toute une gamme de livres et brochures imprgnsde venin maonnique et savamment gradus, depuis le respect hypocrite de toutes les traditions franaises jusqu' la haine la plus atroce contre ces mmes traditions.

    Ceux des lecteurs de ces officines qui mordaient le mieux l'hameon maonnique et possdaient, en outre, quelque talent d'crivain taient attirs dans des groupes d'un degr plus haut : les Socits dites Acadmiques. L des prix nombreux et allchants taient distribus aux auteurs des crits les mieux conus pour rpandre dans le grand publie l'esprit de ces conventicules. Est il besoin de dire que, comme les Socits de Lecture, les Socits Acadmiques taient menes secrtement par des Francs-Maons ?... Riches et pauvres, tous les Francs-maons (nous en donnons plus loin un grave tmoignage) versaient leur argent en vue de destinations imaginaires. Nous voyons l, dans les prix dcerns aux brochures de propagande antichrtienne et dans les frais d'dition de ces brochures, une des vraies destinations du trsor de guerre maonnique, aliment par ceux-l mmes dont la Maonnerie devait un jour guillotiner les petits-fils. Il est clair que dans ces deux sortes de groupements (qui rpondaient exactement aux grades d'Apprenti et de Compagnon), la Maonnerie avait des outils merveilleux pour fabriquer par centaines des lecteurs et des crivains maonnisants.

    Enfin, au-dessus des Socits de Lecture et Acadmiques, fonctionnaient des Socits dites d'Action, qui n'taient autre chose que des avatars, des extriorisations des Loges maonniques.

    Ds lors, on comprend aisment le mcanisme des transformations mentales opres en France par la Maonnerie.

    Mais si ces mcaniques infernales ont servi la Maonnerie dtruire la vieille France, ces mmes mcaniques, retournes contre l'ennemi, peuvent et doivent nous servir pour rendre la France son me traditionnelle, et reconstruire une France nouvelle, hirarchise comme celle d'autrefois, avec le Christ pour pierre angulaire. - Et c'est l'uvre laquelle est voue notre Ligue Franaise Antimaonnique, dont les Sections ne sont pas autre chose que des Socits de Lecture et Acadmiques pareilles celles du XVIIIe sicle, avec cette diffrence que les ntres font boire la France non plus le poison, mais un breuvage de vie.

    Nous venons de dcrire les outils maonniques : les Socits de Lecture et Acadmiques. Voyons quelle fut leur besogne, conjointement avec les Loges qui les maniaient. Cette besogne fut aussi funeste que simple. De proche en proche, ces groupes de Maons et de Maonnisants changrent des catholiques tides en incroyants et des incroyants en fanatiquesantichrtiens. En mme temps, chez tous on nourrissait la haine des hirarchies ncessaires sans lesquelles il n'y a plus ni familles ni peuples.

    Cette action maonnique, qui aboutit en 89 la Rvolution, s'est, hlas ! manifeste l mme d'o il et t ncessaire qu'elle ft bannie pour que la France pt viter un cataclysme. Nous allons voir, en effet, la Maonnerie gangrener la fois les ministres du Roi et les hauts fonctionnaires ; puis les magistrats de tout ordre ; enfin, l'Eglise de France elle-mme. Et ce

  • 7n'est pas le moins triste de penser que des hommes chargs de dfendre qui le Trne, qui l'Autel leur ont port des coups funestes, en subissant comme ils l'ont fait les suggestions du Pouvoir Occulte.

    Ainsi donc, le pape Clment XII avait parl en vain. En vain le cardinal de Fleury, certains vques et prdicateurs avaient cri le danger maonnique : le F*** de la Tierce et ses innombrables mules avaient oppos la vrit le mensonge, en le multipliant l'infini. Et le Mensonge lemporta, favoris l'envi par les hauts fonctionnaires du Royaume, par les magistrats, par certains archevques mme.

    Les Ministres du Roi et la Maonnerie.

    En dehors du cardinal de Fleury, quatre personnages principaux occuprent sous Louis XV les Ministres les plus importants : les deux fils de d'Argenson, le lieutenant gnral de Police sous Louis XIV, et deux membres de la grande famille de Phlypeaux, le ministre du Grand Roi. Mais tandis que leurs pres avaient t de zls chrtiens, tous quatre furent, cause de leur impit, des proies faciles pour les influences maonniques, malgr leur puissance intellectuelle. Il faut lire leurs biographies crites de nos jours par la maonnique Grande Encyclopdie !...

    Le cardinal de Fleury, dit-elle, suspectait d'Argenson l'an cause de son amiti pour Voltaire, Condillac, d'Alembert - tous trois coryphes des ides maonniques. Quel loge posthume ont fait l, du cardinal de Fleury, les Francs-maons modernes !

    Quant au cadet d'Argenson, la Grande Encyclopdie rapporte avec attendrissement qu'il s'est acquis la reconnaissance des gens de lettres - c'est--dire des Francs Maons. En effet, ce serviteur du Roi protgeait de tout son pouvoir les hommes qui furent les instruments du Pouvoir Occulte dans son uvre de destruction de la France ! La Grande Encyclopdie ajoute que ces gens de lettres vourent d'Argenson une fidlit touchante quand ses pigrammescontre la Pompadour l'eurent rendu impossible dans le Ministre. Ces gens de lettres lui devaient bien cela.

    Pour les deux Phlypeaux qui furent connus, l'un sous le nom de comte de Maurepas, l'autre sous le nom de comte de Saint-Florentin, mme chose. Tous deux furent les amis des Philosophes c'est--dire des Francs-Maons. Tous deux furent pleins d'esprit, mais frivoles et corrompus. Excellente matire ptrir par la Maonnerie de tous les temps !

    Nous avons le triste plaisir d'apporter ici le fruit amer de nos recherches dans les dpches officielles envoyes par Maurepas et Saint-Florentin toutes les catgories des grands du Royaume de 1726 1775, soit pendant un demi-sicle.

    En 1726, Maurepas adresse de Launay, gouverneur de la Bastille, l'ordre d'emprisonner Voltaire. Maurepas montre bien l son amour pour les Philosophes ! Il recommande de Launay d'user envers Monsieur de Voltaire , de tous les mnagements qu'exige son gnie, et de lui rserver les douceurs de la libert intrieure de la Bastille - cette Bastille dont les menteurs de la Maonnerie feront faussement un antre de tortures atroces infliges aux victimes de Marie-Antoinette , sous ses yeux, diront-ils pour exasprer contre la Reine la populace maonnise.

    Quinze jours aprs, nouvelle lettre de Maurepas de Launay, pour lui ordonner de mettre Voltaire en libert. La pnitence avait t douce pour cet agent maonnique embastill cause de ses premires attaques contre les traditions franaises. Que l'on compare avec les vils traitements imposs aux Gaucher, aux Mattis par les hritiers des Francs-maons du XVIIIesicle.

    Dix ans plus tard, le F*** Voltaire, port par le flot maonnique, est devenu persona grata. Le 12 juin 1736, Maurepas lui crit, en rponse une recommandation qu'il lui avait faite en

  • 8faveur d'une veuve Duperey. Maurepas termine sa lettre ainsi : Je vous suis, Monsieur, plus parfaitement dvou que personne au monde .

    Passons 1745. Fructueuse anne pour les hypocrites assassins de la France ! En janvier Maurepas donne l'ordre d'inscrire le F*** d'Alembert, l'ignoble flagorneur du Roi de Prusse, pour une pension de 500 livres, tandis qu'en mai il fait enregistrer la nomination du F***Voltaire aux fonctions d'historiographe du Roi, avec 2.000 livres d'appointements, et en juillet il ordonne que le mme F*** Voltaire soit imprim aux frais du Trsor royal.

    En mme temps que ces chefs du complot maonnique taient rents par le Roi, une satisfaction drisoire tait donne la dfense sociale :

    En 1740, une caisse de livres contre la religion tait confisque Paris, et des ballots d'ouvrages impies, mais subalternes, taient saisis Blaye. Il en est de mme chaque anne. En 1745, le commerce des livres dfendus est entrav Orlans ; puis, comme la mare des mauvais libelles grandit, on s'occupe timidement d'en arrter le colportage.

    C'est un peu la tactique enfantine de certains catholiques d'aujourd'hui qui s'attardent -aprs le tratre franc-maon Taxil - dnombrer les caporaux et soldats de la Maonnerie, au lieu de viser la Bte la tte et de rechercher o sont les Matres occultes de la Secte.

    Chez le comte de Saint-Florentin, cousin et beau frre de Maurepas, mme aveuglement, mme tactique dplorable. On s'en prend aux instruments les plus infimes du complot maonnique : aux colporteurs ! mais on laisse impunis les chefs de file. En 1750, la Provence est inonde d'une brochure maonnique d'une remarquable astuce, L'Asiatique Tolrant, d'un type qui sera gnralis durant cinquante ans. Sous le couvert de fictions paennes et mahomtanes, on y bafouait copieusement la prtendue intolrance catholique et franaise. Cette brochure contenait, crit Saint-Florentin, les principes les plus contraires la sretde la personne des Rois et leur autorit . Chose invraisemblable, si l'on saisit quelques exemples de ce factum - appel non dguis la Rvolution et au Rgicide - personne ne chercha srieusement la source de ce torrent si dangereux.

    En 1751, le mme libelle est rpandu en Languedoc. C'est le seul qui ait donn lieu quelques semblants d'enqute. Mais des centaines d'autres circulaient librement.

    En 1758, le flot de la littrature maonnique tait devenu si fort qu'on frappa un grand coup : Saint-Florentin adressa aux Intendants (les Prfets d'alors) une circulaire contre les colporteurs. Ce fut une circulaire de plus, voil tout.

    En 1759, Saint-Florentin crit l'Archevque de Narbonne une longue lettre au sujet des mmes colporteurs de mauvais livres. Et le flot montait toujours. Il est navrant de voir le Ministre du Roi taler, dans ses dpches aux Intendants, sa conviction qu'on ne peut rien contre une propagande qualifie par lui-mme de pernicieuse pour l'Etat, pour la Religion etpour les murs.

    A Marseille, en la mme anne 1759, nouvelles brochures pernicieuses, dit le Ministre. On les saisit en mai, et un mois aprs... on les restitue aux libraires !

    En 1764, nouveau livre maonnique grand tapage : Le Trait sur la Tolrance, frre cadet de L'Asiatique, Tolrant. On le saisit Montpellier, mais d'enqute sur les auteurs,nant.

    Si les colporteurs, simples soldats de l'arme maonnique, taient parfois inquits, en revanche les caporaux et sous-officiers au service des Loges - je veux dire les membres des Socits de Lecture - taient laisss bien tranquilles. Au dbut mme, on extorqua Louis XVson approbation en faveur de ces hypocrites sentines de corruption et de rvolution. C'est ainsi quen 1764 Saint-Florentin crit au duc d'Aiguillon, gouverneur de Bretagne, que Sa Majest approuve l'organisation d'une Socit de Lecture Nantes. Mais certains prtres clairvoyants dnoncrent les dangers de ces runions. J'en ai trouv la preuve aux Archives Nationales. Aussi Saint-Florentin se borna-t-il, par la suite, refuser la haute approbation

  • 9royale aux Socits de Lecture. Mais au nom de la fameuse Tolrance , sans doute, on les laissa tranquillement pourrir les populations de Maonnisme antichrtien et rvolutionnaire.

    Il, nous faut ici attirer l'attention sur un fait significatif : alors que les Socits de Lecture couvraient littralement la France, il n'en est fait mention qu'une demi-douzaine de fois dans les innombrables dpches ministrielles que nous avons compulses aux Archives Nationales. Quel aveuglement chez les serviteurs du Roi !

    En revanche Saint-Florentin, comme son cousin Maurepas, tmoignait beaucoup d'gards aux grands pontifes apparents des Philosophes , c'est--dire des Francs-Maons. Le 30 novembre 1769, il crivait au F*** Voltaire :

    Je vous suis oblig, Monsieur, de m'avoir envoy l'crit par lequel vous prenez la dfense de la mmoire de Louis XIV. Elle ne m'est pas moins chre qu'elle ne l'tait mon pre et elle doit l'tre tout bon Franais. Je ne doute pas que les faux prjugs qui l'ont obscurcie n'achvent de se dissiper et que la Postrit ne place ce Prince au rang des plus grands Rois de la Monarchie...

    La mmoire du Grand Roi dfendue par l'un des hommes qui ont fait le plus de mal l'ancienne France, quelle drision !

    Il y a plus fort : cette lettre de Saint-Florentin fut adresse Voltaire un an aprs que ce dernier avait commis, dans l'glise de Ferney, la plus rvoltante parodie de religion. En effet,dans une autre srie de dpches officielles, M. Viard, des Archives Nationales, a dcouvert celle-ci :

    A Monsieur de Voltaire, ancien gentilhomme ordinaire du Roi.Du 18 juin 1768.

    Le Roi a, Monsieur, t inform par les plaintes qui en ont t portes Sa Majest, que le jour de Pques dernier vous avez fait dans votre paroisse de Ferney une exhortation publique au peuple et mme pendant la clbration de la messe ; vous ne pourriez qu'tre approuv si, dans l'intrieur de votre maison, vous aviez rappel aux habitants de votre paroisse les devoirs de la Religion et ce qu'elle exige d'eux ; mais il n'appartient aucun lac de faire ainsi une espce de sermon dans l'glise et surtout pendant le service divin. Sa Majest a trs fort blm cette entreprise de votre part et elle m'a trs expressment charg de vous marquer son mcontentement cet gard, et que vous ayez l'avenir ne point vous laisser emporter de semblables dmarches, qui sont entirement contraires aux rgles tablies dans tous les tats. Je vous prie, au surplus, d'tre persuad des sentiments avec lesquels etc. (Cit par M. S. Viard, Le Carnet historique et littraire, Paris, 15 novembre 1900, p. 378.)

    Ajoutons que cette lettre n'est pas signe. Il est donc probable que le Ministre qui l'avait fait rdiger n'a pas os, au dernier moment, l'envoyer au puissant porte-parole de la Maonnerie !

    On a vu par ailleurs que le sacrilge commis Ferney par le F*** Voltaire ne l'empchait pas d'tre bien en cour.

    Nous passons sur d'autres lettres qui tmoignent de la faveur dont jouissaient les FF***Voltaire et d'Alembert, tandis que les crivains qui se tuaient dfendre le Trne et l'Autel taient perscuts par le vertueux Malesherbes - qui expiera sur l'chafaud son aveuglement. Arrivons nos plus importantes trouvailles.

    Chose inoue, pendant que la Maonnerie sapait toutes les traditions franaises, de 1726 1776, durant cinquante ans, elle n'a fait l'objet que de tout juste quatre dpches (et quelles dpches !) toutes crites par Saint-Florentin. Maurepas, lui, ignora totalement les Francs Maons.

  • 10

    Le 2 mai 1745, Saint-Florentin crivait M. de Glen, intendant de Provence :

    Je suis inform, Monsieur, qu'il y a en Provence et principalement Toulon, des Frimaons (sic) qui tiennent Loges et se multiplient en recevant toutes sortes de personnes. Sa Majest n'approuvant pas ces sortes d'assembles, je vous prie de vouloir bien donner des ordres pour les empcher. (Archives Nationales, registre 01* 441, p. 96.)

    Le 23 juin 1750, Saint-Florentin crivait au mme Intendant :Monsieur l'vque de Marseille, Monsieur, a fait informer le Roy que les Frimaons (sic)

    s'assemblent publiquement dans cette ville et qu'ils font mme un march d'une maison o ils se proposent de tenir leur Loge. Sa Majest me charge de vous crire d'employer votre autorit pour faire cesser ces assembles et pour ter ceux qui les tiennent les moyens de les continuer. (Archives Nationales, 01* 446, p. 152.)

    Quand on songe aux enqutes officielles faites sur les Loges par le cardinal de Fleury qui venait de mourir, on est effray de constater que c'est avec cette mollesse et cette concision que Saint-Florentin transmettait les ordres du Roi, tandis qu'il tait si verbeux dans ses autres dpches, pour des vtilles.

    Mais nous avons trouv plus fort.Le 2 septembre 1748, Saint-Florentin crivit M. de la Chtaigneraie, intendant de

    Limoges :

    On se plaint, Monsieur, qu'il se tient Brive des assembles de Francs-Maons. Quoique ces sortes de socits n'aient aucun objet contraire l'ordre public, cependant, comme il est irrgulier qu'il se fasse des assembles de quelque nature qu'elles puissent tre, vous voudrezbien, s'il vous plat, faire avertir sans clat les personnes qui tiennent les Loges de s'en abstenir. (Archives Nationales, 01* 444, p. 183.)

    Le mme jour, il crivait l'vque de Limoges ce billet laconique et hypocrite :J'ai reu, Monsieur, la lettre que vous avez pris la peine de m'crire au sujet des assembles

    de Francs-maons qui se tiennent Brive. J'cris M. l'Intendant de prendre, sans clat, les mesures ncessaires pour les faire cesser.

    Si l'on observe que ces deux dernires dpches furent crites en 1748, entre les deux autres que nous avons cites prcdemment et par lesquelles le Ministre transmettait les ordres du Roi, on constate que, cette fois, le nom du Roi est omis. Il est malheureusement certain que, pour des raisons mystrieuses, Saint-Florentin a os, vis--vis M. de la Chtaigneraie, ce qu'il n'osa pas vis--vis M. de Glen. En opposition trs coupable avec les vues de Louis XV, ce Ministre infidle ose crire un Intendant que les Loges n'ont aucun objet contraire lordre public !

    Voici l'explication de cet acte si grave de Saint- Florentin : Quand il rdigea cette dpche, il tait Franc-maon lui-mme depuis 1735, depuis treize ans ! Le document qui le rvle a t publi par M. G. Bord dans son livre La Franc-maonnerie en France, pp. 121 et 364 ; le 20 septembre 1735, un journal anglais, Saint-James Evening Post, relatait l'affiliation maonnique, la Loge parisienne de la rue de Buci, de plusieurs grands personnages dont l'honorable comte de Saint-Florentin, secrtaire d'tat de Sa Majest Trs-Chrtienne3 .

    3 A cette tenue assistait le F*** Dsaguliers, l'un des Initis Rose-Croix (c'est--dire l'un des Kabbalistes) qui, peu auparavant, avaient fond la Franc-maonnerie. (L. D.)

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    Il est croire que le F*** de Saint-Florentin fut beaucoup plus une dupe qu'un complice des Pouvoirs Occultes qui travaillaient dtruire un tat de choses dont il tait, lui, l'un des plus hauts bnficiaires. Mais il est une vrit qu'il faut dire et crier pour les sourds les plus sourds : c'est que si, par bonheur, la Rpublique juive et maonnique venait tre jete bas par un rgime de restauration de nos traditions politiques et religieuses, ce rgime de salut n'en aurait pas pour longtemps avec des Ministres comme les d'Argenson, les Maurepas, les Saint-Florentin.

    Grce leur ignorance du danger maonnique et leurs demi complicits avec l'ennemi, ces derniers ont permis la Maonnerie du XVIIIe, sicle de dtruire la Royaut chrtienne de France. De mme, si les dirigeants du rgime traditionaliste de demain ne sont pas des Anti-maons nergiques, instruits de toutes les ruses de guerre maonniques et de toutes les arcanes de la Secte, ils seront comme les d'Argenson, les Maurepas, les Saint-Florentin, les fossoyeurs du gouvernement qu'ils prtendront servir.

    Aprs les Ministres, voyons ce que les Loges du XVIIIe sicle avaient fait de la Magistrature.

    Les Magistrats et la Maonnerie.

    En 1875, M. Grin crivait que les archives par lui consultes rvlaient la profonde maonnisation du Parlement de Paris ds le ministre du cardinal de Fleury.

    On n'est plus tonn, dit-il, que le cardinal de Fleury ait t si mal second par les tribunaux dans ses lgitimes rigueurs contre la Maonnerie naissante. Il tait mort depuis un an et l'on signalait de tous cts les progrs de cette association. (M. GRIN, Revue des Questions historiques, Paris, 1875, p. 549.)

    Un Procureur du Roi au Prsidial d'Orlans (c'est--dire au Tribunal de 1re instance) adresse au chancelier d'Aguesseau, le 2 mai, avis que des Francs-maons s'assemblent Orlans. Ce magistrat clairvoyant crit au Ministre de la Justice De pareilles assembles peuvent devenir un jour criminelles , et il demande des ordres. Au lieu d'ordres, le Procureur gnral prs le Parlement de Paris, saisi par le Ministre, envoya au Magistrat d'Orlans une demande de renseignements. Ce dernier rpondit que Les Francs-maons ne se feraient aucun scrupule de s'associer l'hrtique, l'infidle et mme l'idoltre. Je le sais, ajoutait-il, par un Franc-maon tranger qui m'en est convenu et je craindrais fort que cette association ne ft un jour prjudiciable la Religion, si elle ne l'est aussi l'tat. (Id., ibid., p. 550.)

    Le Procureur gnral de Paris prit la chose fort tranquillement et crivit de nouveau son subordonn d'Orlans, toujours pour avoir son avis. Sa lettre renferme un passage retenir :

    On dit, crit-il, que cette Secte serait ne en Palestine, parmi les Juifs... (Et il ajoute) : Le Pape l'a condamne par un Bref qui n'a pas t la vrit reu en France. (Id., ibid., p. 551.)

    Et les anathmes du Pape contre la Maonnerie suffisent la faire considrer d'un oeil presque bienveillant par ce haut Magistrat chrtien !

    Une tradition de mollesse, de connivence et d'impunit, poursuit M. Grin, s'tablit peu peu. Les magistrats de province, plus fidles aux enseignements de l'glise et aux vieilles moeurs, importunaient souvent de leurs rvlations les chefs de l'ordre judiciaire et le gouvernement. Mais les rponses qu'ils recevaient de Paris taient peu propres entretenir leur zle et on les blmait mme quelquefois des mesures les plus lgitimes qu'ils prenaient (contre les Francs-maons). Si l'un d'eux, voulant imiter l'exemple venu d'en haut, s'affiliait aux Loges, on le rprimandait, mais avec douceur... JAL, ibid., p. 552.)

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    Les dernires dpches du Procureur gnral lues par M. Grin prescrivent des Tribunaux de province de ne s'occuper des Francs-maons que s'ils troublent l'ordre matriel ! On conoit avec quelle rapidit le mal maonnique empira dans ces conditions. On en vint voir les Francs-maons de Chtellerault soutenus par l'Intendant contre le Lieutenant de Police, et le Procureur gnral de Paris blmer ce magistrat de Chtellerault pour avoir inquit la Loge de cette ville.

    C'tait monstrueux. Mais nous allons trouver plus monstrueux encore avec l'affaire inconcevable de Mgr Conan de Saint-Luc, vque de Quimper, poursuivi en justice, en 1776, pour avoir en chaire, dans sa cathdrale, os mdire de la sacro-sainte Maonnerie

    L'Eglise de France et la Maonnerie.

    Un article publi dans la Gazette de France par M. de Cathelineau, le descendant de l'illustre gnral venden, nous avait appris cet pisode lamentable ; puis nous avons lu, aux Archives Nationales, la volumineuse correspondance change ce sujet par l'vque de Quimper avec les Agents gnraux du Clerg, investis Paris de la charge de veiller aux intrts de la Religion.

    La famille des Conan de Saint-Luc est doublement clbre dans les fastes de l'glise : d'abord par la haine que l'vque de ce nom s'attira de la part de la Maonnerie et aussi par ce fait qu'une nice de Mgr Conan de Saint-Luc - religieuse en Bretagne - fut guillotine en haine du Christ, dix jours avant que le F*** Robespierre expit ses crimes sur l'chafaud.

    Le 12 juin 1776, l'vque de Quimper crivit aux Agents gnraux du Clerg :

    MESSIEURS,J'ai l'honneur de vous adresser un procs-verbal qui vous instruira de la perscution qu'on

    me fait prouver dans ce pays. Vous tes, Messieurs, chargs de la confiance du Clerg et vous en tes dignes ; c'est ce titre que je vous prie de vouloir bien faire les dmarches les plus promptes et les plus efficaces pour arrter le cours de la rvoltante procdure qu'on ourdit ici contre moi. J'cris, ce jour, S.E. Mgr le cardinal de la Roche-Aimon, M. le Garde des Sceaux, et M. Amelot, ministre ayant le dpartement de cette province, et je leur envoie copie du mme procs verbal...

    Vous sentirez mieux que personne les suites fcheuses que cette affaire peut entraner...C'est la cause de tout l'Episcopat, Messieurs, celle du saint Ministre... [Archives Nationales, carton G8 647.)

    Voici le procs-verbal joint la lettre de l'vque :Nous soussign, Evque de Quimper, certifions... qu'afin de disposer les peuples confis

    nos soins profiter de la grce du Jubil, nous avions arrt de donner deux missions... ; qu'en consquence nous avions rassembl... quarante missionnaires... la tte desquels nous avions ouvert ces missions le jour de la Pentecte, 26 mai dernier. Que sollicit par ces missionnaires et le vu de tous les honntes gens de prcher contre une certaine association forme depuis plusieurs annes en cette ville, au grand scandale de la Religion et des moeurs, ainsi qu' la ruine des familles nous nous livrmes entrer dans leurs vues, ce que nous excutmes le samedi 8 juin, entre 5 et 6 heures du soir. Mont en chaire, en exhortant notre peuple la persvrance, nous proposmes la fuite des occasions comme une des plus efficaces. Nous ajoutmes qu'une occasion fatale pour un grand nombre de nos diocsains tait une certaine association, qui, contre l'intention sans doute de ceux qui s'y sont enrls, ne tend rien moins qu' conduire au disme et au libertinage, association rprouve par les lois du Royaume, par celles de l'glise, par la raison mme et par une dcision de la Sorbonne. Sans nommer cette association, nous en dmes assez pour faire connatre celle des Francs-maons qui fait beau-

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    coup de mal dans le diocse. Nous exhortmes nos auditeurs fuir ces conventicules et nous n'oublimes rien pour leur en inspirer de l'loignement. Nous fmes connatre que nous savions n'en point douter que sous prtexte de cette association, srement l'insu et contre le gr de ceux qui la composent, on faisait des leves d'argent sur les habitants des villes et de la campagne pour les recevoir Francs-maons, en leur faisant esprer des sommes considrables et un bonheur chimrique, ce que nous qualifimes d'exaction et de concussion, et que la preuve en tait acquise. Nous passmes ensuite d'autres objets.

    Que le lendemain 9 juin, vers les 6 heures du soir, faisant la clture de ces deux missions, sur des propos qui nous taient revenus et qui mritaient d'tre retenus, nous crmes devoir dire encore quelques mots au sujet de la susdite association...

    Que rendu notre maison piscopale, on nous annona un huissier qui avoit une signification nous faire de la part de M. le Procureur du Roy du sige prsidial de cette ville... On nous donnait assignation comparatre le lendemain 10 de ce mois, 10 heures du matin, la Chambre du Conseil dudit Prsidial, devant M. le Lieutenant civil et criminel... pour dposer comme tmoin contre les auteurs, fauteurs ou complices de certainesescroqueries commises sous prtexte d'association, etc.

    Ignorant ce que contenait la plainte du Procureur du Roy et ne croyant pas devoir comparatre devant un Juge qui lui-mme est un des chefs de ladite association des Francs-maons dont il se fait gloire, nous fmes signifier au Procureur, le lundi 10 juin, 9 heures du matin, un dnonc pour lui dclarer que nous n'avions d'autres connaissances sur les objets indiqus dans l'assignation que celles que nous tenions de M. le chevalier Geslin, gentilhomme respectable de cette ville, qu'ainsi... il tait inutile que nous eussions comparu.

    Mais que sans gard notre affirmation, ledit Procureur du Roy nous envoya sur le champ un deuxime exploit pour nous obliger comparatre la mme heure de 10 heures du matin, aux fins duquel, par pure dfrence pour la Justice, nous nous rendmes au Prsidial et nous fmes annoncer... au Sr Juge criminel, qui dans ce moment entendait M. le chevalier Geslin. Ledit Juge sortit pour nous le dire et nous pria de l'excuser de ce qu'il ne nous entendait pas l'instant, parce qu'il ne pouvait interrompre l'audition d'un tmoin, et nous pria de passer la buvette ; qu'aprs avoir attendu pendant trois quarts d'heure, on nous introduisit dans la Chambre du Conseil o nous tmoignmes au dit Juge criminel notre tonnement de ce qu'il ne ft pas venu recevoir notre dposition comme nous pensions que cela devait tre,

    A quoi il nous rpondit par la lecture de la note 2 de la page 142 du Commentaire sur l'Ordonnance criminelle de 1670 par un Conseiller du Prsidial d'Orlans, portant qu'un vque de Carcassonne avait t dbout de pareille prtention par un arrt du Parlement de Toulouse. Nous rpondmes que c'tait le summum jus... Il nous fit prter serment et nous fit donner lecture du rquisitoire du Procureur du Roy portant, autant que nous pouvons nous en souvenir, qu'ayant t appris, par un sermon prch le 8 juin dans la cathdrale, qu'il s'tait commis des escroqueries sous prtexte d'association, tant en ville qu' la campagne et qu'on en avait la preuve, le Procureur du Roy requrait qu'il en fut inform, etc. Qu'aprs cette lecture nous avons dit que ds lors qu'il tait question du rsultat d'un discours par nous prononc dans la chaire de notre glise cathdrale, nous n'avions rien dposer concernant cette affaire, dclarant au surplus que ce n'tait que pour obir la Justice et donner nos peuples l'exemple que nous leur devons que nous nous tions prsent sous toutes nos pro-testations et rservations.

    Qu'aprs cette dclaration nous crmes ne devoir plus tre impliqus dans une action qui nous tait absolument trangre, mais que nous venons d'apprendre que les Francs-maons, irrits de nos remontrances contre leur association, ont vu le Procureur du Roy et lui ont suggr de faire entendre de nouveaux tmoins... Nous sommes assur, par la dclaration qui vient de nous tre faite par un gentilhomme assign et interrog, que le Juge criminel ne se

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    contentait plus de recevoir la dposition sur la plainte dont on nous avait donn lecture, mais qu'il interrogeait sur le discours que nous avions prch le 8 juin.

    Nous avons lieu de craindre et il est vraisemblable que l'objet de cette procdure ne tend qu' nous faire passer pour dnonciateur et calomniateur.

    Dnonciateur d'un particulier Franc-maon qui a effectivement surpris la bonne foi des hommes simples en leur faisant payer des sommes considrables pour les agrger la Franc-maonnerie, quoique nous ne l'ayons dsign en aucune manire, et quoique le Procureur du Roy et pleine connaissance des manuvres de ce jeune homme, qu'il et vu les billets qu'il avait donns et qu'il et cherch le faire vader.

    Cette procdure tendant encore nous faire passer pour calomniateur en imputant cette association des torts dont les Francs-maons se disent innocents quoiqu'ils nous aient t affirms, par des personnes de considration et par un grand nombre d'honntes gens qui sont affligs de voir les maux que cette association cause dans la ville, les dpenses extrmes auxquelles les Francs-maons se livrent, dpenses qui ruinent les pres de famille et dsolent les mres vertueuses de ce pays. Nous sommes saisi d'une lettre d'agrgation la Franc-maonnerie contenant la signature des Francs-maons de cette ville, dont plusieurs sont les principaux membres du Prsidial de Quimper.

    De tout quoi nous avons rapport notre prsent procs-verbal pour l'envoyer MM. les Agents gnraux du Clerg en les priant de donner leurs soins pour arrter le cours de cette procdure injurieuse au caractre piscopal, tendant gner la libert lgitime du saint Ministre de la parole dans la personne d'un vque, et plus forte raison dans celle des Pasteurs du second ordre, et mettre tous les Ministres de la Religion dans l'impuissance d'instruire les peuples, de les prmunir contre la sduction de l'impit, le scandale des murset l'esprit d'insubordination.

    Fait Quimper, le douzime juin mille sept cent soixante-seize.T. F. J.,

    vque de Quimper.(Archives Nationales, carton G8 647.)

    Tous nos lecteurs verront une ressemblance extraordinaire entre l'attaque de la Franc-maonnerie du XVIIIe sicle contre l'vque de Quimper et l'attaque des Maons et Sous-Maons d'aujourd'hui contre les Archevques et vques de France qui ont sign la Lettre sur les droits et les devoirs des parents relativement l'cole (octobre 1909).

    Pour avoir, aprs le pape Clment XII et le cardinal de Fleury, dnonc le pril maonnique, l'vque de Quimper tait traduit en justice. Aujourd'hui, les Amicales d'Instituteurs - ces Tiers-Ordres maonniques - traduisent en justice nos Archevques et vques pour avoir mis les pres chrtiens en garde contre les corrupteurs de l'enfance, les empoisonneurs d'mes au service de la Franc-Maonnerie. Mais si, pour le malheur de nombreuses gnrations, les Franais du XVIIIe sicle ont t sourds aux cris d'alarme des Papes et des vques tels que Mgr de Saint-Luc, la Franc-maonnerie a fait tant de ruines, sa main sclrate a t vue l'oeuvre dans tant de crimes, que la lutte antimaonnique va devenir chaque jour plus ardente, plus efficace. Aussi bien, les vques anti-maons, comme le fut Mgr de Saint-Luc, ne sont plus rares dans notre piscopat, Dieu merci ! ...

    Mgr de Saint-Luc tait bien renseign : le Tribunal de Quimper tait peupl de Francs-maons dont certains nous sont aujourd'hui connus, grce M. G. Bord4 - En particulier le Lieutenant criminel du Prsidial, F. . . Bobet de Lanhuron, fut successivement secrtaire et vnrable de la Loge La Parfaite Union, l'Orient de Quimper, prcisment dans la priode

    4 M. G. Bord, La Franc-Maonnerie en France, t. 1, p. 465.

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    qui va de 1776 1785. C'est donc le F. . . Bobet de Lanhuron qui avait fait comparatre devant lui l'vque de Quimper, le 10 juin 177 6.

    Sans perdre un instant, les Agents gnraux du Clerg firent le ncessaire. Ds le 19 juin ils rpondaient l'vque :

    MONSEIGNEUR,

    Nous avons reu, avec la lettre que vous nous avez fait l'honneur de nous crire, le procs-verba1 qui y tait joint... (Mgr le cardinal de la Roche-Aymon) a t aussi vivement frapp que nous de la perscution qu'on vous fait prouver et il a bien voulu se joindre nous pour touffer le mal dans son origine. Il a d voir lundi M. le Garde des Sceaux qui lui aura sans doute communiqu les mesures qu'il a dj prises pour se faire rendre compte de la conduite des Officiers du Prsidial de Quimper. Il a bien voulu ne nous les pas laisser ignorer. Nous avons vu avec plaisir qu'il avait prvenu les demandes que nous aurions pu lui faire cet gard. Nous avons tout lieu d'esprer que vous aurez une entire satisfaction de la faon plus qu'indcente dont on s'est conduit vis vis de vous.

    Soyez bien persuad, Monseigneur, que nous nous emploierons dans la suite avec autant d'ardeur que de zle, etc... (Archives Nationales, registre G8 2614.)

    Louis XVI, indign de ce qui s'tait pass, fit mander Paris le Lieutenant criminel, F. . .Bobet de Lanhuron et le Procureur de Quimper, F*** Le Dall de Krou5 (1). Nous avons l'cho de cette mesure dans une lettre adresse aux Agents gnraux du Clerg par Mgr de Saint-Luc, alors en tourne piscopale :

    Carhaix, 20 juillet 1776.(En cours de visites.)

    MESSIEURS,Je reois une lettre de M. le Garde des Sceaux qui me mande qu'il a rendu compte au Roy

    des lettres que j'ai eu l'honneur de lui crire et qu'en consquence, et sans doute d'aprs les sollicitations que je sais que vous avez bien voulu joindre aux miennes, Sa Majest a fait ordonner aux juges de Quimper de se rendre la suite du Conseil. J'cris, ce jour, M. leGarde des Sceaux pour le remercier, ainsi qu' S. . Mgr le Cardinal et M. Amelot, ministre de la Province, et j'ajoute mes remerciements la prire d'pargner ou du moins d'abrger la punition de M. le Lieutenant Criminel, de M. le Procureur du Roy, dont un voyage et un sjour Paris drangeraient les affaires. Je vous prie, Messieurs, de vouloir bien joindre vos prires aux miennes, afin d'obtenir leur pardon. Si M. le Garde des Sceaux veut bien l'accorder ma prire et ne pas leur laisser ignorer que je l'ai sollicit aussitt que j'ai eu connaissance de cette mortification, je crois tre sr que cet acte de clmence, surtout s'ils savent que j'en ai t le solliciteur, sera plus efficace qu'une punition pour les ramener aux principes, les convaincre de la puret de ceux qui m'animent et leur apprendre pour toujours le respect qu'ils doivent au caractre et au ministre des vques... (Mgr de Saint-Luc demande ensuite la suppression d'une consultation calomnieuse signe de douze avocats de Quimper qui prenaient la dfense des deux FF*** du Prsidial contre le Garde des Sceaux.) Le Clerg, continue Monseigneur, ne souffrira pas qu'un vque soit trait d'odieux Dnonciateur, de Calomnieux Dclamateur, de Destructeur des Liberts de lglise gallicane...

    5 Aux Archives Nationales, dans le carton G8 647, nous avons trouv le nom de ce Procureur charg, avec plusieurs autres FF*** de la gestion temporelle du Collge de Quimper ; c'tait le commencement de la maonnisation de l'Instruction publique. (L. D.)

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    Je vous prie, Messieurs, de demander M. Vulpian (avocat du clerg) son avis au sujet d'une affaire par laquelle un de mes Recteurs (Curs), pouss par l'association contre laquelle j'ai parl, vient de me faire assigner au Prsidial... (Archives Nationales, carton G8 647).

    Le bon vque fait preuve, ici, d'une charit tout vanglique. Mais il ne savait pas que vouloir amadouer des Francs-Maons fanatiss, c'est vouloir attendrir des tigres. Les attaques des douze avocats et du mauvais prtre dont il est question dans sa lettre eussent d pourtant l'clairer.

    La Maonnerie poursuivit sans relche les hostilits, et, le 26 juillet 1776, Mgr de Saint-Luc tait encore oblig d'crire aux Agents gnraux. - En effet, le nouveau procs machin contre lui, linstigation de la Loge, visait le forcer quiller son diocse. Or le cur indigne qui servait d'instrument aux FF*** avait t quatorze ans secrtaire du prdcesseur de l'vque. Comme tel, il avait, durant quatorze ans, touch certains droits des mains des curs du diocse. Et c'tait cet homme qui rclamait Mgr de Saint-Luc les mmes droits indment perus par l'vque (disait-il) en 1774 et 1775 ! Nos Francs-Maons d'aujourd'hui auraient peine faire mieux.

    Mais l'vque tint bon. Nomm par le Roi un sige plus avantageux, il refusa noblement d'en prendre possession et rpondit qu'il voulait mourir Evque de Quimper :

    On me menace de saisie de mon petit temporel ...... on rpand contre moi des libelles, des chansons... Quelque chose qui arrive, je suis plus que jamais dcid ne jamais quitter mon sige.

    ... J'apprends aussi que le Parlement de Rennes prend fait et cause pour les deux juges du Prsidial mands la suite du Conseil, et a crit au Roy une lettre en forme de remontrance, tant pour justifier la conduite de ces magistrats que pour blmer la mienne et tout cela par une impression d'affection pour les Francs-Maons, dont si l'on n'y prend garde, lassociation deviendra aussi fatale la tranquillit du Gouvernement et l'autorit du Roy qu'elle est dj funeste la fortune, aux moeurs des citoyens et destructive de la Religion et de la pit...

    T. F. J.,Evque de Quimper.

    (Archives Nationales, carton G8 647.)

    La prdiction de Mgr de Saint-Luc s'est, hlas ! ralise : peu d'annes plus tard, la Maonnerie fut vritablement l'me du complot qui noya la Monarchie franaise dans le sang de Louis XVI, de MarieAntoinette et de tant de victimes.

    Comme la voix du pape Clment XII, comme celle du cardinal de Fleury, la voix de Mgr de Saint-Luc fut couverte par les railleries des inconscients que suggestionnait l'Ennemi franc-maon, tels les Archevques de Tours et de Toulouse. En 1778, deux ans aprs les tristes vnements de Quimper, Mgr Franois de Conzi, archevque de Tours, tait charg par son protecteur, l'Archevque de Toulouse, de surveiller l'Ordre des Franciscains, en vue de le dtruire - et cela naturellement en dehors du Pape. (Cet Archevque de Toulouse, plus tard cardinal, tait le malheureux Brienne qui, en, 1790, consommera le schisme et prtera serment la Constitution civile du Clerg, ce pourquoi le pape Pie VI l'obligera renvoyer sa barrette cardinalice). Or, certaines lettres vont nous montrer la Maonnerie au centre de ces intrigues :

    L'Archevque de Tours lArchevque Toulouse.Chanteloup, ce 18 juin 1778.

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    Puisque vous le dsirez ainsi, vos Franciscains seront bien surveills, et vos instructions fidlement remplies

    Le Mme au Mme.Chanteloup, ce 15 juillet 1779.

    Le P. Etienne, gardien des Cordeliers (Franciscains) de Nantes, parait runir la trs grande pluralit des suffrages (pour le poste de Provincial) : j'ignore s'il les mrite. LEvque de Quimper m'en a crit beaucoup de mal, ce qui ne m'empcherait pas d'en penser beaucoup de bien, surtout s'il est vrai que l'Evque de Nantes en rende un tmoignage favorable. Il m'a paru plaisant que le grand reproche du Seigneur Saint-Luc contre ce Religieux est qu'il est Franc-maon. Suivant lui, Franc-maonnerie et impit sont une mme chose...

    Le Mme au Mme.Tours, ce 31 juillet 1778.

    J'ai l'honneur de vous envoyer, Monseigneur, le procs-verbal du Chapitre des Cordeliers dont j'ai fait la clture hier. Le P. tienne a t nomm Provincial d'une voix absolument unanime. Les impressions qu'on a voulu donner contre ce Religieux sont certainement mal fondes et les accusations calomnieuses. Peut-tre n'est-il pas trs fervent, peut-tre mme est-il Franc-maon, ce qui dplat tant M. de Quimper; mais ce dont je vous rponds, c'est qu'il a de l'esprit, un maintien extrieur bien religieux. . . (Lettres cites par M. Grin, Revue des Questions historiques, Paris, 1875, pp. 112, 113.)

    Suivant Mgr de Saint-Luc, Franc-maonnerie et impit sont une mme chose, crit ce prlat hallucin par les mensonges maonniques ! Il oublie qu'aprs Clment XII, Benot XIV vient de fulminer l'anathme contre la Franc-maonnerie, et cest un Franc-maon dont il favorise l'lection au poste de Provincial des Franciscains ! ...

    En face d'un pareil aveuglement chez l'Archevque de Tours, on n'est pas surpris de constater la prsence de religieux et de prtres dans les Loges, aux quatre coins de la France :

    A Bthune, plusieurs prtres font partie de la Loge6. A Arras, un Oratorien, le Pre Spitalier, en est un des dignitaires7. Au Mans, des chanoines de Saint-Pierre de la Cour comptent parmi les Maons8. A Bezanon, on note parmi les affilis ( la Maonnerie) des Bndictins, des Bernardins, un Carme, cinq chanoines du Chapitre de Saint-Jean ; en la mme ville, l'un des chanoines de la Collgiale de la Madeleine est secrtaire d'une des Loges9. (M. DE LA GORCE, Histoire religieuse de la Rvolution franaise, Paris, Plon,1909, L. 1, p. 66.)

    Ajoutons que parmi les Francs-maons perscuteurs de Mgr de Saint-Luc se trouvait, ds 1775, le chanoine et F*** de Reymond, conseiller au Prsidial qui, en 1776, fut lu Vnrable de la Loge de Quimper10.

    6 BGHIN, Bthune pendant la Rvolution, p. 46.7 DERAMECOURT, Le Clerg du diocse d'Arras pendant la Rvolution, t. 1, p. 286.8 Dom PIOLIN, Histoire du diocse du Mans pendant la Rvolution, t. 1, p. 6.9 SAUZAY, Histoire de la perscution religieuse dans le dpartement du Doubs, 1789 1801, t. I, p. 12 et passim.10 M. BORD, La Franc-maonnerie en France, t. 1, pp. 464, 465.

  • 18

    Il s'en fallait de beaucoup que tout le Clerg de France ft contamin de Maonnisme : les si nombreux prtres et religieux qui prirent pour le Christ sur les chafauds, dans les massacres et les horreurs des bagnes rvolutionnaires ont assez prouv que l'glise de France tait toujours riche en hroques vertus. Mais les mauvais prtres, les prtres maonniss, les loups cachs dans la bergerie ont puissamment aid les meneurs maonniques dans leuroeuvre de destruction, et ils sont nombreux parmi les Terroristes, les hommes de sang qui, comme le F*** Lebon, taient passs des lumires de l'apostolat catholique aux tnbres des Loges !

    Si bien peu, au XVIIIe sicle, eurent la clairvoyance des Conan de Saint-Luc, des Le Franc, des Baruel, et dnoncrent, dans la Maonnerie, l'instrument de la dchristianisation de la France, du moins, bien des reprises les vques ont pouss des cris d'effroi devant l'uvrede perdition qu'accomplissaient les Loges.

    En 1762, dans l'Assemble (gnrale) du Clerg, ils dplorent l'affaiblissement de la foi et la licence des crits ... En 1780, en un mmoire au Roi, ils rclament ... un nouveau rglement sur toute la manutention de la librairie, concernant la Religion et les murs ... En 1782, par l'organe de Mgr du Lau, archevque d'Arles, ils numrent derechef toutes leurs dolances. Le Prlat dnonce un nouveau dogme, celui de l'indpendance de toute autorit11. Il signale la diffusion publique des uvres entires et compltes de Voltaire et de J.-J, Rousseau . Il se plaint que les crits licencieux non seulement circulent dans les campagnes, mais soient jets la nuit par des mains inconnues jusque dans les enclos desmonastres de filles . (Procs-verbal de lAssemble du Clerg, 1782, passim, cit par M. DE LA GORCE, Histoire religieuse de la Rvolution franaise, t. I., p. 67.)

    Ces libelles, o la haine de la Religion s'alliait la pire pornographie, c'tait la Maonnerie qui les rpandait : qu'on veuille bien, pour l'instant, se souvenir de la brochure L'Asiatique Tolrant qui reflte si clairement l'ide maonnique. Et, au surplus, nous ne trouverons que trop souvent, au cours de cette tude lantichristianisme maonnique uni dans les ouvrages de propagande sectaire la corruption - l'arme la plus sre des Socits secrtes. Ds1775 (anne du sacre de Louis XVI), le mme Mgr du Lau dont il est question ci-dessus avait t, comme Agent Gnral du Clerg, lun des deux rdacteurs d'un effrayant Rapport au Roi Sur l'affai-blissement de la Religion et des Murs ; si la Maonnerie n'y est pas nomme, elle y est vise chaque ligne :

    Assembls pour la premire fois depuis votre avnement la Couronne, le plus grand des intrts nous amne aujourd'hui au pied du trne : l'intrt sacr de la Religion et des moeurs.

    Que ne nous est-il permis d'pargner votre cur le rcit affligeant du danger qui les menace !...

    Ce n'est plus l'ombre du mystre et dans des crits sems par intervalles que l'incrdulit rpand aujourd'hui ses systmes. Il n'est presque point de jour qui ne voye clore quelques-unes de ces fatales productions... On les annonce dans les catalogues, on les expose dans les ventes publiques, on les tale dans les vestibules des maisons des Grands, et peut-tre, Sire, dans l'enceinte mme de cet auguste palais o Votre Majest reoit nos hommages...

    Les livres ouvertement impies ne sont pas, Sire, les seules armes de l'incrdulit. Elle a su infecter de son venin les ouvrages les plus trangers la Religion... Histoire, Philosophie, Posie, les Sciences, le Thtre, les Arts mmes, elle a tout associ ses funestes complots, espce d'attaque d'autant plus dangereuse qu'elle se reproduit sous toutes les formes et qu'il est plus difficile de s'en dfendre ! (Procs- Verbal de lAssemble gnrale du Clerg, 1775, pp.431 433.)

    11 Cest l'quivalent du cri maonnique moderne : Ni Dieu ni Matre ! (L. D.)

  • 19

    Suit une page vraiment poignante o l'on voit l'incrdulit, la haine de la Religion tendre son empire travers toute la France, dans toutes les classes de la socit. Puis viennent des allusions transparentes aux conqutes faites par la Maonnerie dans l'aristocratie et chez les femmes de toute condition :

    Lincrdulit admise dans les Palais des Grands met profit leur crdit, leur autorit, leur influence. Elle a initi dans ses Mystres le sexe mme dont la pit faisait la consolation de lglise...

    La jeunesse, cette portion intressante de vos sujets qui, dans quelques annes, donnera des matres, des instituteurs, des pres, des magistrats... la Socit, contracte par la lecture, legot, l'habitude et le langage de l'Irrligion...

    Nous avons vu l'Impit dans les commencements dissimuler ses prtentions, proposer des doutes sous prtexte de les rsoudre et employer les fables musulmanes et paennes pour servir de voile ses traits12. Bientt elle a franchi toutes les barrires. Elle ose (nous ne le disons qu'en frmissant) insulter par ses blasphmes les Aptres, les Prophtes, la Personne adorable du Fils de Dieu ! ...

    Otez la Religion au peuple et vous verrez la perversit, aide par la misre, se porter tous les excs. Otez la Religion aux grands et vous verrez les passions, soutenues par la puissance, se permettre les actions les plus viles et les plus atroces...

    Les murs de nos pres n'taient pas sans doute irrprochables, mais le dsordre n'tait ni aussi hardi ni aussi universel ; le vice connaissait la honte et le remords... On tait alors vicieux par faiblesse ; il tait rserv la gnration prsente de l'tre par systme. Et quel frein peut retenir des hommes, qui joignant la dpravation du cur celle de la raison, osent riger leurs dlires en principes et leurs vices en vertus ? (Procs-Verbal de lAssemble gnrale du Clerg, 1775, pp. 434 437.)

    L'abb du Lau comprenait bien que l'incrdulit - propage par les Loges - tait un ferment de Rvolution :

    Il est encore, Sire, un attentat de l'incrdulit c'est l'esprit d'indpendance qu'elle inspire. A Dieu ne plaise que nous voulions vous rendre suspect l'attachement de la Nation pour ses Rois ! Ce sera la dernire vertu qui mourra dans le cur des Franais ! Mais d'o vient cette fermentation gnrale qui tend dissoudre les liens de la socit ?... D'o viennent ces principes destructeurs de toute autorit, sems dans une multitude, d'crits ?... (Procs- Verbal de lAssemble gnrale du Clerg, 1775, p. 437.)

    Dans son admirable Histoire religieuse de la Rvolution, M. de la Gorce rpond la question laquelle le futur Archevque d'Arles n'avait os rpondre : il constate que la navrante impuissance du Clerg dont l'aveu ressort de ce terrible procs-verbal nat encore moins de sa faiblesse que de la force extraordinaire de l'ennemi : Lennemi, ce sont les Philo-sophes. Or, les Philosophes, ils sont partout, ils s'insinuent partout ; par soixante ans de prdications et defforts, ils ont faonn la socit leur image. (M. DE LA GORCE, Histoire religieuse de la Rvolution franaise, t. 1, p. 68.)

    Et ces Philosophes qui, depuis soixante ans, faonnent la socit franaise leur image, ce sont les Francs-maons, les FF*** Voltaire, Diderot, d'Alembert, etc...

    Il est ncessaire de citer la proraison de cette adresse Louis XVI. Elle sonne le glas de la Monarchie chrtienne et ses accents, peut-tre inspirs, sont d'autant plus impressionnants que l'abb du Lau, qui l'crivit, portait sur son front l'aurole du martyre : il sera, en effet,

    12 Allusion vidente aux brochures maonniques du type LAsiatique Tolrant, etc, (L. D.)

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    massacr en haine du Christ dix-sept ans plus tard, le 2 septembre 1792, aux cts de l'abb Le Franc, dont nous avons cit les sombres rvlations sur le franc-maonnisme de la Rvolution franaise :

    Nous vous en conjurons donc par l'onction sainte que vous venez de recevoir, par le serment solennel que vous venez de prononcer. Nous vous en conjurons pour la gloire du Ciel et pour l'honneur de votre Couronne, pour... le maintien de votre autorit et de la flicit publique ; nous vous en conjurons au nom de vos illustres prdcesseurs qui, avec cet empire, vous ont laiss la Foi comme leur plus prcieux hritage ; au nom de toutes les glises de France dont nous ne pouvons vous peindre le deuil et la consternation ; (au nom des prtres), cette portion respectable de vos sujets qui tremble et frmit des maux qui nous menacent. Nous vous en conjurons ! Ne souffrez pas que la Religion et la Vertu continuent de dprir dans votre Royaume ; dployez contre l'incrdulit, la corruption, les ressources de votre puissance ; rprimez la licence par une juste svrit... (Procs-verbal de lAssemble gnrale du Clerg, 1775, p. 443. Archives Natianales, G8* 699.)

    Il tait trop tard. De 1775, date o fut adresse Louis XVI cette harangue dsolante, jusqu' 1793, la Monarchie et l'glise ne feront plus que s'acheminer vers les massacres -excuts par des tueurs francs-maons comme le hideux F*** Maillard - et vers les guillotines dresses par la Maonnerie. Ds lors, la raison principale des malheurs de la France bouleverse par la Rvolution, c'est que la France aveugle, empoisonne, n'a pas su ni mme voulu savoir ce que le pape Clment XII avait proclam sur le danger maonnique.

    La conclusion s'impose : nous avons le devoir, nous, Ligueurs anti-maons, de crier ceci tous, Royalistes, Imprialistes, Rpublicains catholiques : tout rgime qui ne considrera pas comme la premire des ncessits de dmasquer la Maonnerie d'abord, et de la dtruire ensuite, aura pour sort fatal d'tre domin par elle et de l'aider - sous peine de mort - conduire la France au tombeau.

    II

    LEURS ARMES : MENSONGE ET CALOMNIE

    Que la Rvolution de 1789 ait t prpare et excute par la Maonnerie, c'est un fait qui apparat avec vidence quiconque tudie l'Histoire vraie, l'Histoire expurge des mensonges maonniques.

    D'ailleurs, aprs avoir longtemps menti, en s'efforant de faire croire qu'elle n'tait pour rien dans les crimes qui ont empli de cadavres le charnier rvolutionnaire, la Maonnerie avoue. Elle se vante mme d'avoir enfant la Rvolution.

    Pouvoir Occulte et Grand Orient.

    Sans parler du F*** Louis Blanc, qui a consacr un long chapitre de son Histoire de la Rvolution montrer la grande importance du rle jou par la Maonnerie la fin du XVIIIesicle, bornons-nous citer ces simples lignes d'un rapport lu la tenue plnire des Loges Paix et Union et La Libre Conscience, l'Orient de Nantes, le 23 avril 1888 :

    Ce fut de 1772 1789 que la Maonnerie labora la grande Rvolution qui devait changer la face du monde... C'est alors que les Francs-maons vulgarisrent les ides qu'ils avaient puises dans leurs Loges... (Rapport... p. 8.)

  • 21

    C'est en 1772, en effet, le 24 dcembre, qu'avait t proclame l'rection du Grand Orient de France. En ce jour s'tait opre la concentration de toutes les armes maonniques pour l'assaut donner la France.

    Avant d'aboutir ce grand rsultat, il avait fallu toute une anne de mystrieuses intrigues labores dans les sphres maonniques, suprieures.

    Voici ce sujet un aveu discret du F*** Ragon, l'Auteur sacr de la Franc-maonnerie franaise :

    1772, 24 dcembre. - Les huit commissaires qui, sans le savoir, taient les agents de Maons plus clairs, agissent sans convoquer (et pour cause) ceux dont ils tiennent leurs pouvoirs pour leur soumettre le rsultat de leur travail. Cet octovirat, runi aux frres nombreux des divers partis qui assistaient aux conciliabules..., dclare solennellement que l'ancienne Grande Loge de France a cess d'exister, qu'elle est remplace par une nouvelle Grande Loge Nationale, laquelle fera partie intgrante d'un nouveau corps qui administrera l'Ordre, sous le titre de Grand Orient de France. (Orthodoxie maonnique, F.-. Ragon, 1853, pp. 63, 64.)

    De par une mystrieuse volont - celle de ce que nous appelons le Pouvoir Occulte - voici,debout et arme, la machine de guerre qui renversera l'difice de l'ancienne France.

    Deux ans aprs la fondation du Grand Orient, Louis XVI monte sur le trne. Voil la Victime ! s'criera Mirabeau quand le Roi prendra place aux tats Gnraux. Victime dsigne, Louis XVI l'tait dj en 1774, au jour de son avnement, et la Reine, elle aussi, tait une victime voulue par le Pouvoir Occulte dont la Maonnerie est l'instrument. Il n'est rien de plus atroce que la guerre de sauvages mene par les agents maonniques, pendant prs de vingt ans, contre Marie-Antoinette - jusqu'aprs sa mort mme ! Car on verra ces cannibales s'acharner, dans un hideux pamphlet, sur le cadavre de la Reine guillotine, comme leurs tueurs sur la princesse de Lamballe coupe en morceaux.

    Edifiant Parallle.

    Avant la mort sanglante par le couperet dont le triangle symbolise la Rvolution ainsi qu'il symbolise la Maonnerie, Marie-Antoinette souffrit, durant prs de vingt ans, le supplice de la mort lente, par les blessures sans cesse renouveles que lui infligrent d'innombrables pamphlets plus ignobles les uns que les autres toits dirigs dans le mme sens, tendant au mme but, s'appuyant tous sur les mmes calomnies pour les implanter dans l'esprit du peuple comme des vrits hors de doute. Le but de ce concert infernal - dont la savante cacophoniednonce un chef d'orchestre invisible mais obi - c'tait de noyer la fois la Reine et la Monarchie sous un flot d'ignominies mensongres.

    Le Mercure de France, qui est loin de professer des thses traditionalistes et de voir derrire la trame des vnements la main d'un Pouvoir Occulte, a constat avec tonnement la longue et persvrante campagne de calomnies odieuses mene contre Marie-Antoinette. C'est, dit-il, un spectacle sans prcdent dans lHistoire :

    D'o venait donc ce flot de boue qui se leva en France, presque ds l'arrive de Marie-Antoinette la Cour, et qui, toujours enfl, finit par emporter la malheureuse Reine -jusqu' la place de la Rvolution ? Jamais tant de libelles, tant d'ordures ne furent jetes sur une souveraine.

    Retenons ce spectacle sans prcdent dans l'Histoire, la luxure anonyme de toute une poque cherchant son objet et sa victime sur un trne. Les pires heures de la Rvolution, celle

  • 22

    o se consomma le meurtre sadique de la princesse de Lamballe, celle o se produisirent les monstrueuses accusations d'Hbert, sont ici en puissance. (Edm. BARTHLEMY, Le Mercure de France, 16 mai 1908, p. 310.)

    Anticipant sur nos rcits ultrieurs, disons tout de suite que l'ignoble Hbert, qui porta contre Marie-Antoinette les accusations infmes que l'on sait, tait - naturellement - Franc-maon, et posons-nous cette question : quelqu'un n'avait-il pas, en haine de la France et de la Reine de France, aid puissamment un tel pullulement de pamphltaires fangeux ? Qui tait le chef d'orchestre invisible de l'infme concert ? - La Maonnerie. Il en est une preuve d'une saisissante actualit dans les vnements (machins par la Maonnerie !) qui, en 1908, ensanglantrent Lisbonne un mois aprs qu'un pamphlet, calqu sur les pamphlets dirigs contre Marie-Antoinette, venait de jeter d'odieuses calomnies contre la Reine Amlie de Portugal. Ces vnements sont relats avec de prcieux commentaires dans la Revue du 1ermars 1909. L, sous ce titre : La Journe portugaise, M. Finckelhausen, dit Jean Finot, n en Pologne dans la religion juive, rapporte que la Reine Amlie est voue corps et me l'glise :

    Ce bruit, dit-il, souffle en tempte travers le Portugal et enlve beaucoup de sympathies la veuve de Dom Carlos (!)(La Revue, 1er mars 1909, p. 14.)

    Remontant quelques semaines avant la tuerie maonnique o le Roi Carlos et son fils an trouvrent la mort - tuerie laquelle la Reine et le jeune Roi Manuel n'ont chapp que par miracle, - le Directeur de la Revue crit ces lignes, o nous soulignons quelques passages caractristiques :

    On ne parlait Lisbonne que d'un livre singulier. C'tait un roman ou plutt un pamphlet : Marquez da Bacalha. Il est rdig dans la forme des romans qui paraissaient, vers 1780, sur la vie intime du roi Louis XVI et de Marie-Antoinette.

    L'auteur y racontait les incidents scandaleux de la vie de Dom Carlos. Il noyait dans la boue le Roi et n'pargnait point la Reine Amlie. On prtait, au Roi des moeurs inavouables, et on racontait, sous des voiles transparents, certaines aventures attribues la Reine Amlie. Il est superflu d'ajouter que s'il y avait beaucoup dexagration en ce qui concerne la vie sentimentale de Dom Carlos, les pages consacres la Reine n'taient qu'un tissu de mensonges infmes. Le livre ft son chemin.

    On s'aperut trop tard de l'impression nfaste que ces calomnies provoquaient dans le peuple. Franco dcida de saisir le volume et de poursuivre ses auteurs ou diteurs... Le roman commena alors faire prime. On se l'arrachait, et son prix monta jusqu' quatre milreis (22 francs). Mais le mal tait fait. On chuchotait Lisbonne certaines aventures empruntes au livre, et la province, au moins cette partie de la province qui sait lire, paraissait se passionner pour les scandales mis au jour.

    Certains rpublicains jubilaient. Ils faisaient des rapprochements avec une littrature spciale qui fleurissait en France avant la Rvolution et en tiraient des prsages optimistes. (La Revue, pp. 14, 15.)

    Un autre passage de la Revue va nous clairer tout fait sur ce qui - secrtement -caractrise ces rpublicains portugais :

    Au chaos monarchique (dit M. Finckelhausen), il n'y aura peut-tre (en Portugal) qu'une issue : la Rpublique.

    Un remde comme un autre.

  • 23

    J'ai reu chez moi, il y a quelques jours, la visite d'un des chefs des Rpublicains dont le talent oratoire et l'honntet de toute une vie ont forc jusqu' l'admiration de ses adversaires. J'ai nomm Magalhaes Lima.

    La Rpublique est imminente , m'annona-t-il.Et son visage s'claira d'un espoir joyeux.

    ... La Monarchie a fait ses preuves (dit Magalhaes Lima). Songez aux 75 % de nos illettrs, aux ruines qui s'accumulent de tous cts. C'est nous qui transformerons le rgime, et avec le changement des conditions politiques, nous ferons une nouvelle me notre peuple.

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .(La Revue, p. 22.)

    Ce que M. Finckelhausen se garde bien d'ajouter dans l'numration des qualits qui lui font tant rvrer Malgalhaes Lima, l'un des chefs des Rpublicains portugais, c'est que ce dernier est le Grand Matre du Grand Orient de Portugal.

    Voici encore qui difie sur le Maonnisme des Rpublicains portugais, admirateurs des Francs-maons assassins de 1789-1793 : dans son numro du 10 avril 1909, le journal juif et maonnique l'Action commenait publier en feuilleton l'ordure que M. Finckelhausen qualifie d'odieusement mensongre. Et l'annonce de ce libelle - renouvel des pamphlets contre Marie-Antoinette dont nous allons tudier l'infme srie - voisine en premire page de l'Action avec la prose du F. . . Lafferre, prsident du Grand Orient de France.

    C'est bien clair ; par la joie cynique des Rpublicains portugais devant le succs rapide des ignobles calomnies lances contre la Reine Amlie, par la joie cynique qu'inspire au Chef des Rpublicains l'assassinat du Roi Carlos et du Prince hritier, tous ces Rpublicains se sont dmasqus : c'est la Maonnerie qu'ils obissent. En Portugal comme en France, la Rvolution, c'est la Maonnerie avec ses crimes de sang et ses pamphlets deboue qui conduisent aux crimes de sang.

    En fvrier 1908, le pamphlet immonde.Un mois aprs, le rgicide.

    Il y a un sicle, la Maonnerie franaise a t moins vite en besogne que la Maonnerie portugaise. Mais combien elle a russi dans son uvre de honte et de mort !

    Basile.

    L'amour, l'adoration dont le peuple de France tait enivr pour Marie-Antoinette, il fallait que la Maonnerie les tut tout d'abord pour pouvoir ensuite assassiner son aise le Roi, la Reine, la Monarchie tout ensemble. Pour tuer cet amour, les pamphlets calomnieux, dont le Marquis de Bacalhoa est le type actuel, furent, nous le rptons, l'arme vile qu'employa la vile Maonnerie.

    Marie-Antoinette et les Franais de la Rvolution taient faits pour s'entendre mais entre la Reine et le pays s'tait gliss Basile il est l'homme du jour. (M. FUNCK-BRENTANO, L'Affaire du Collier, p. 52.)

    Basile, c'est le successeur des FF*** de la Tierce, Voltaire et d'Alembert ; c'est le Franc-maon des Arrires-Loges, l'agent du Pouvoir Occulte dont le but est l'extermination de la France catholique et royaliste... en attendant qu'ON s'attaque aux autres nations chrtiennes qu'elle domine de sa grandeur sculaire.

    Il y a unit absolue, continuit parfaite, dans la vie de la Franc-maonnerie depuis son apparition en France au milieu du XVIIIe sicle. Cette vie se manifeste toujours par le mensonge et la calomnie durant les priodes o les Loges prparent leur domination, et quand

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    elles sont au pouvoir, par le vol et l'assassinat, en plus du mensonge et de la calomnie qui leur sont constamment ncessaires.

    Les FF*** de la Tierce et consorts mentaient quand ils proclamaient que la Franc-maonnerie tait respectueuse des traditions religieuses et politiques.

    Les FF*** de L'Encyclopdie mentaient comme on respire ; mentir tait si bien leur fonction naturelle que leur coryphe, le F. . . Voltaire, crit Thiriot, le 21 octobre 1736 :

    Le mensonge n'est un vice que quand il fait du mal ; c'est une trs grande vertu quand il fait du bien. Soyez donc plus vertueux que jamais. Il faut mentir comme un diable, non pas timidement, non pas pour un temps, mais hardiment et toujours. (OEuvres compltes de Voltaire, Edition du Sicle, 1869, t. VII, p. 467.)

    C'est par le mensonge et la calomnie que la Franc-maonnerie a su duper les masses, au point de leur faire considrer comme des ennemis excrer et fltrir ces prtres et ces sursde charit qui se dvouent pour leur faire du bien.

    Quant ces innommables publications qui, maintenant plus que jamais, dversent d'abomi-nables ordures sur les religieux et religieuses, aprs que des lois de vol les ont dpouills et chasss de leurs demeures, c'est la Franc-maonnerie toujours qui les rdige et qui les sme. Souiller de bave et de boue ses victimes - aussi bien aprs qu'on les a assassines que lorsqu'on aiguisait le couteau qui les devait immoler - c'est la marque de fabrique d crime franc-maonnique, qu'il s'agisse, aujourd'hui, des congrgations religieuses ou qu'il s'agisse, au XVIIIe sicle, de Marie-Antoinette.

    Si la lettre anonyme est l'arme des lches, le pamphlet anonyme a t, au XVIIIe sicle, l'une des armes favorites de la menteuse et lche Maonnerie. Ainsi que Baruel l'a dmontr l'aide d'une abondante documentation, il n'est point de prcepte que le F*** Voltaire inculqut plus souvent que celui de frapper et de cacher sa main 13

    Il faut qu'il y ait cent mains invisibles qui percent le Monstre (la Religion) et qu'il tombe sous mille coups redoubls. (Lettre de Voltaire d'Alembert, ler mai 1768.)

    Confondez l'Infme le plus que vous pourrez ; frappez et cachez votre main. (Lettre d'Alembert, mai 1761)

    Le Nil, disait-on, cachait sa tte et rpandait ses eaux bienfaisantes ; faites-en autant, vous jouirez en secret de votre triomphe. (Lettre Helvtius, 11 mai 1761.)

    On embrasse notre digne Chevalier et on l'exhorte cacher sa main aux ennemis. (Lettre M. de Villevieille, 26 avril 1767)

    Vous vous contentez de mpriser un Monstre qu'il faut abhorrer et dtruire. Que vous en coterait-il de l'craser en quatre pages, en ayant, la modestie de lui laisser ignorer qu'il meurt de votre main ?... Lancez la flche sans montrer votre main. (Lettre d'Alembert, 28 septembre 1763.)

    (Cit par BARUEL, Mmoires... t. 1, pp. 32 35.)

    La propagande par la brochure anonyme concise, rduisant tout sa plus simple expression, tait galement trs haut prise par le F*** d'Alembert, aussi habile que le F*** Voltaire, son complice, cacher sa main dans le moment mme o l'on dirige celle de l'assassin . (BARUEL, t. I, P. 109.)

    Aprs les valets de la Haute-Maonnerie, en voici l'un des prtendus matres, le Roi de Prusse Frdric Il. Nos lecteurs trouveront sans doute de l'intrt certain dialogue pistolaire entre ce Maon couronn - longtemps considr par les FF*** du Rite dit cossais comme le fondateur de leur grade suprme - et son digne F*** Voltaire.

    13 BARUEL, Mmoires... Jacobinisme, Hambourg, 1803, t. 1, p. 83.

  • 25

    Le 5 avril 1767, Voltaire crivait au Roi de Prusse :

    Si j'tais moins vieux et si j'avais de la sant, je quitterais volontiers sans regret le chteauque j'ai bti... pour venir achever ma vie dans le pays de Clves avec deux ou trois Philosophes, et pour consacrer mes derniers jours, sous votre protection, l'impression de quelques livres utiles. Mais, Sire, ne pouvez-vous pas, sans vous compromettre, faire encourager quelques libraires de Berlin les imprimer et les faire dbiter dans lEurope un bas prix qui en rende la vente facile ?

    - Vous pouvez, rpondit Frdric, vous servir de nos imprimeurs selon vos dsirs ; ilsjouissent d'une libert entire ; et comme ils sont lis avec ceux de Hollande, de France et d'Allemagne, je ne doute pas qu'ils n'aient des voies pour faire passer des livres o ils jugent propos. (Lettre du 5 mai 1767, cite par BARUEL, t. 1, pp. 116 118.)

    Cette correspondance change, en 1767, entre les FF*** Frdric II et Voltaire est claire d'un jour singulier par celle du mme Roi franc-maon avec Goltz, son ambassadeur Paris. Dans sa lettre du 20 mars 177), cite par Bancroft dans son Histoire de l'Indpendance de l'Amrique, le F*** Roi de Prusse presse son ambassadeur de faire insinuer Louis XVI des soupons sur la fidlit de Marie-Antoinette 14.

    Par quels moyens Frdric comptait-il que son reprsentant en France remplirait cette infme mission ? - Mystre. Toujours est-il que la tactique des pamphlets fut applique avec intensit par les FF*** Voltaire et d'Alembert dans leurs batailles contre l'glise et qu'elle fut ensuite employe avec une vhmence croissante quand le Pouvoir Occulte eut rsolu de battre en brche la Monarchie en mme temps que le Christianisme.

    L'anne mme de l'avnement de Louis XVI, en 1774, fut publi contre la Reine un libelle abominable dont il n'existe plus qu'un exemplaire dans les Archives impriales d'Autriche.

    En 1774, Beaumarchais avait t envoy Londres par Louis XVI et Sartines pour y acheter l'dition entire d'un affreux pamphlet contre Marie-Antoinette. C'tait lAvis important la branche espagnole sur ses droits la Couronne de France, dfaut d'hritiers, et qui peut tre trs utile toute la famille de Bourbon, surtout au roi Louis XVI. Sign G. A. (Guillaume Angelucci) Paris, 1774. Cet Angelucci tait juif. Beaumarchais se met en rapport avec lui, achte l'dition. Il fait dtruire les exemplaires et procde de mme pour une nouvelle dition Amsterdam. Il allait revenir triomphant quand il apprend qu'An-gelucci s'est sauv avec un exemplaire soustrait la destruction... (M. FUNCK-BRENTANO, L'Affaire du Collier, 6e dit., p. 53.)

    Dans l'Affaire Dreyfus, nous avons vu la Franc-maonnerie internationale combiner partout ses efforts avec ceux de la Juiverie universelle. De mme, en 1774 et 1775, le juif Guillaume Angelucci et le Roi franc-maon Frdric II sont attels la mme besogne d'ignoble et meurtrire calomnie.

    En 1779, un autre pamphlet d'une profonde et redoutable hypocrisie distilla des venins subtils destins tuer la rputation de la Reine, avant qu'on arrive la tuer elle-mme, et -comme le F*** Voltaire l'avait soigneusement recommand - la Franc-maonnerie sut cacher la main qui frappait. Jamais personne n'a pu dcouvrir lauteur de ce libelle dont l'Impratrice Marie-Thrse fut douloureusement affecte et qui lui fit pressentir que des catastrophes planaient sur la tte de sa fille.

    Ce pamphlet, dat du 18 juin 1779, a pour titre Portefeuille d'un Talon rouge.Sous couleur de disculper la Reine des imputations dont elle tait l'objet, l'auteur numre

    toutes les calomnies et mdisances mises en uvre contre elle (M. TOURNEUX, Marie-Antoinette devant lHistoire, Paris, 1901, P. 39.)

    14 Abb V. BNARD, Frdric II et Voltaire, Paris, 1878 p. 531.

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    En mme temps que ce libelle venimeux mais o l'on affectait du moins d'innocenter la Reine - une inconcevable ordure fut mise au jour :

    Peu aprs, crit M. Funck-Brentano, il fallut racheter un autre pamphlet, Les Amours de Charlot et de Toinette, S. L., 1779. Charlot reprsentait la Comte d'Artois. Il tait orn d'estampes immondes. La destruction en cota 17.400 livres la cassette particulire de Louis XVI, comme en tmoigne la quittance du libraire Boissire... (L'Affaire du Collier, 6e d., p. 53.)

    A Londres, Boissire a bien promis,

    ... en foi d'homme et d'honneur dit-il, sous peine de tous dommages et intrts, quejamais il ne paratra de ma part ni de celle du propritaire, aucun exemplaire dans le monde... (Quittance publie. par P. MANUEL, La Police de Paris dvoile, l'An Second de la Libert, t. I, p. 238.)

    Mais que valaient la parole d'honneur et la signature de ces aigrefins au service des Arrire-Loges !... Des exemplaires soigneusement sauvs du pilon serviront de modles, partir de 1789, pour de nombreuses rimpressions.

    Ds l'anne suivante, en 1780, on vit clore un nouveau pamphlet contre Marie-Antoinette, la guerre infme ne cessera plus qu'aprs la mort de la Reine.

    Du 4 novembre (1780). - ... Il circule en France une douzaine d'exemplaires d'un libelle atroce contre les personnes les plus respectables de la Cour. Il est intitul Le Pou15. L'animal immonde se fourre dans un vieux carton o se trouve un manuscrit dont il rend compte et qui contient les dtails les plus infmes et les plus extravagants sur toute la Cour. La calomnie dont ce vil insecte est l'organe a principalement la Reine en vue. Les anecdotes que cette infme brochure renferme sont toutes fausses et controuves. Elle est l'objet des plus svres perquisitions de la police et l'on envoie un missaire en Hollande pour s'emparer de l'auteur et de l'dition. (Correspondance indite sur Louis XVI, Marie-Antoinette... de 1777 1792, publie d'aprs les manuscrits de la Bibliothque Impriale de Saint-Ptersbourg... par M. de Lescure, Paris, Plon, 1866, p. 333.)

    Que n'ai-je cru, il y a onze ans ! ...

    L'anne 1781 est particulirement poignante dans l'histoire de Marie-Antoinette, car des serviteurs clairvoyants de la France ont fait, cette anne-l, de pressants efforts pour clairer sur le complot maonnique ceux qu'il menaait le plus directement : le Roi et la Reine.

    Mais, hlas ! ces nobles tentatives sont demeures vaines.La preuve de ce que nous avanons ressort avec vidence d'un cri de, regret dsol pouss

    par Louis XVI en 1792 - onze ans aprs - et d'une lettre de la Reine.

    Louis XVI lui-mme, averti des dangers de son trne, restait dans une scurit dont il ne reconnut l'illusion qu'au retour de Varenne. Que n'ai-je cru, dit-il alors une personne de confiance, que n'ai-je cru, il y a onze ans, tout ce que je vois aujourd'hui ! On me l'avait ds lors tout annonc. (Mmoires de Baruel, dit. de 1803, t. II, p. 315)

    15 Le titre complet est le suivant : Histoire d'un Pou franais ou l'Espion d'une nouvelle espce. (L. D.)

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    En 1781, on riait des avertissements des gens aviss sur les agissements de la Franc-Maonnerie.

    L'art du gouvernement (crit Marie-Antoinette, le 26 fvrier, sa sur Marie-Christine) est de laisser la Franc-maonnerie s'tendre, car ce n'est qu'une socit de bienfaisance et de plaisir... Ce n'est nullement une socit d'athes dclars, puisque, m'a-t-on dit, Dieu y est dans toutes les bouches ; on y lve les enfants charitablement... Ces jours derniers, la princesse de Lamballe a t nomme grande-matresse dans une Loge.

    Quelques annes plus tard, les Francs-maons reconnaissants coupaient le cou Marie-Antoinette et promenaient la tte de la princesse de Lamballe au bout d'une pique... et livraient le faible enfant royal la brute Simon, de la Loge, La Fraternit ! (Ernest GEGOUT, Le Tlgramme de Toulouse, 14 janvier 1904.)

    Cet aveuglement de Louis XVI et de Marie-Antoinette, aprs les cris d'alarme des Papes et des vques comme Mgr Conan de Saint-Luc, est dsolant. Mais combien de trs bons Franais et d'excellents Catholiques poussent, aujourd'hui encore, la nave ignorance jusqu' considrer ce que disent les Anti-maons comme des exagrations ridicules, dues au parti pris de voir la Maonnerie partout ?

    Au XVIIIe sicle, alors que prcisment la Maonnerie tait partout et minait toutes les fondations de l'difice religieux et politique de la France, les gouvernants ne la voyaient nulle part.

    Aprs qu'un demi-sicle durant, les Tartufes comme le F*** de la Tierce avaient patiemment tendu les filets rvolutionnaires, tout en jurant qu'on calomniait la Maonnerie quand on l'accusait de fomenter une Rvolution ; aprs que le F*** Frdric II et le F***Voltaire, dans les odieuses lettres qu'ils changeaient, s'taient mutuellement exhorts craser l'Infme - l'infme Catholicisme, - la malheureuse Marie-Antoinette crivait sa sur que la Maonnerie ne pouvait qu'tre remplie de pit, dinnocence et de bont !... N'tait-ce pas vident, puisque (lui avait-on dit) Dieu y est dans toutes les bouches et puisque la douce et vertueuse princesse de Lamballe venait d'tre nomme grande-maitres