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Université Paris Ouest Nanterre La Défense UFR SEGMI : Département gestion Master 2 MOI classique 2010/2011 Les blogueuses influentes : un outil de prescription ? Marie Trocmé

Marie Trocmé - blogueuses influentes

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Mémoire de Master 2011 Prix spécial du Jucy du CMD http://www.cercle-md.com/Le-Prix-du-Cercle-2011-est-decerne-a_a433.html sur : http://msmoi.wordpress.com/2012/02/13/portrait-de-bloggueuse-marie-trocme/

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Université Paris Ouest Nanterre La Défense

UFR SEGMI : Département gestion

Master 2 MOI classique 2010/2011

Les blogueuses influentes : un outil de prescription ?

Marie Trocmé

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TABLE DES MATIERES

1. Introduction ............................................................................................................................ 1

2. Le cadre d’analyse .................................................................................................................. 3

2.1 La blogosphère ............................................................................................................ 3

2.2 Passage en revue des différentes typologies : de la communauté virtuelle à la

blogosphère .................................................................................................................... 10

2.3 Les bloggeurs influents: quels enjeux, quels risques ? ............................................. 19

2.4 De l’influence à la prescription ................................................................................. 24

2. Hypothèses ........................................................................................................................... 29

4. Méthode ............................................................................................................................... 31

4.1 La définition du type de recherche ........................................................................... 31

4.2 Le plan d'échantillonnage et la méthode de recueil ................................................ 32

4.3 La définition des variables ........................................................................................ 33

4.4 Le traitement des données ....................................................................................... 35

5. Etude de cas ......................................................................................................................... 39

5.1 Mango and Salt ......................................................................................................... 39

5.2 Les filles pensent que ................................................................................................ 48

5.3 Melle Dubndidu ........................................................................................................ 53

5.4 Ela Wood ................................................................................................................... 60

5.5 Mon blog de fille ....................................................................................................... 65

5.6 Pénélope Bagieu ....................................................................................................... 73

6. Discussions ........................................................................................................................... 76

Conclusion ................................................................................................................................ 83

Bibliographie ............................................................................................................................ 84

Liste des figures, graphiques et tableaux ................................................................................. 86

Annexe ...................................................................................................................................... 88

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1. INTRODUCTION

En mars 2005, Claire ouvre le blog « Journal de ma peau ». Chaque jour, elle décrit son

utilisation des produits cosmétiques Vichy avec enthousiasme. Mais quelques jours plus

tard, les lecteurs et la blogosphère découvrent la supercherie : ce n’est pas une fille coquette

qui se cache derrière le clavier mais une armée de marketeurs de la marque Vichy. Sur

internet, les moqueries fusent et la marque est obligée de présenter ses excuses.

Maladroite, la marque Vichy avait pourtant compris le support qui ferait la communication

de demain : les blogs. Face à une méfiance voire un rejet grandissant des messages

publicitaires calibrés, les consommateurs ont trouvé dans les blogueurs des alliés de choix.

Grâce à leur indépendance, leur franc-parler et leur libre arbitre, les blogueurs sont une

source d’information bien plus fiable aux yeux de certains consommateurs que les marques

elles-mêmes. Ils peuvent en quelques clics lancer un produit ou bien signer sa mise à mort.

Les entreprises ne sont alors plus les seules maîtres de leur communication, il faut désormais

prendre en compte ce qui se dit sur internet et plus particulièrement sur la blogosphère.

Certains écrivent d’ailleurs avec une certaine dérision : il n’est donc plus nécessaire de

prouver que l’on est le meilleur, il suffit juste que les autres le disent et la confiance fait le

reste. Et voilà, tout l’enjeu : comment inciter les blogueurs à dire du bien d’un produit ou

d’une marque ?

Certaines plateformes se sont alors spécialisées dans la mise en relation des marques et des

blogueurs ; elles proposent aux blogueurs de tester des produits et de les prescrire. D’autres

entreprises se chargent elles-mêmes de contacter des blogueurs souvent avec une grande

maladresse. En effet, généralement ignorantes des codes sous-jacents de la blogosphère et

de la susceptibilité des blogueurs, les entreprises sont souvent désemparées face à un outil

qu’elles maitrisent mal.

Nous tenterons donc d’analyser quels sont les mécanismes qui sont à l’origine de l’acte de

prescription des blogueurs. Afin de mettre en valeur les facteurs déterminants de la

prescription, nous analyserons six cas de blogueuses influentes françaises qui sont chaque

jour sollicitées de manière plus ou moins pertinente par des entreprises ou des marques.

Nous avons décidé de nous concentrer sur la blogosphère féminine, non pas par

engagement, mais parce que les sujets abordés sur la blogosphère féminine sont les plus

rentables de la blogosphère. Outre des sujets, comme la mode ou le maquillage qui

s’adaptent naturellement à la prescription, les blogueuses semblent aussi plus ouvertes aux

propositions. Ayant cerné le réel potentiel commercial des blogueuses, les entreprises les

sollicitent bien plus que leurs homologues masculins.

Une analyse descriptive de ces six blogueuses nous permettra différencier plusieurs

attitudes face à l’acte de prescription et de fournir des recommandations aux entreprises qui

souhaiteraient approcher des blogueurs.

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Pour ce faire, le cadre d’analyse nous permettra d’exposer les bases théoriques nécessaires

à l’analyse empirique. Après avoir identifié les tendances de la blogosphère et tenté d’en

imaginer les évolutions, nous passerons en revues différentes typologies. Ces typologies

nous permettrons de croiser diverses façons d’appréhender la blogosphère. Nous nous

concentrerons ensuite sur les différents risques et enjeux que recouvre la notion de

blogueur influent. Pour finir, après avoir expliqué brièvement la théorie de la prescription,

nous nous focaliserons sur la prescription en ligne.

En nous appuyant sur ce cadre théorique, nous dégagerons quatre propositions concernant

les enjeux qui nous semblent déterminants sur la blogosphère et sur le lien qui existe entre

les blogueuses et la prescription.

La partie méthode nous permettra d’expliciter la façon dont nous avons choisi les six

blogueuses qui nous serviront de cas pratique et de détailler les différents critères que nous

avons sélectionnés.

A travers le prisme de trois critères, nous analyserons tour à tour les six blogueuses choisies.

Le support de cette étude de cas sera principalement constitué de verbatim que nous aurons

récolté sur leurs blogs mais aussi des différentes traces qu’elles auront laissées sur internet.

La partie discussion nous donnera l’occasion d’effectuer une synthèse des résultats, à l’aide

d’un tableau récapitulatif et d’un mapping, et de dégager quatre profils de blogueuse.

L’analyse faite de ces six cas nous permettra aussi de répondre aux propositions exposées

dans la troisième partie. Enfin, nous proposerons 9 recommandations aux entreprises afin de

les aider dans leurs futures approches de blogueuses.

Nous conclurons dans la dernière partie, en reprenant les résultats essentiels de notre étude

après en avoir précisé le cheminement et tenterons de réfléchir sur les futures pistes

d’études à mener.

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2. LE CADRE D’ANALYSE

2.1 LA BLOGOSPHERE

Depuis 2004, Technorati, un moteur de recherche spécialisé dans le domaine des blogs,

publie son rapport annuel sur l’état de la blogosphère dans le monde. Cette étude qui

s’appuie sur l’analyse de plus d’un million de blogs fait figure d’autorité dans le domaine

Afin de mieux cerner les différents blogueurs, Technorati les divise en 4 catégories :

- les « Hobbyist » : ces sont les internautes qui bloguent par plaisir et considère cette activité

comme un passe-temps

-Les « Part Timer » : ce sont des semi-professionnels, ils n’arrivent pas à vivre totalement de

leur activité mais génèrent tout de même un revenu.

- Les « Corporate » : ce ne plus des particuliers mais bien des employés d’une entreprise qui

tiennent un blog.

-Les « Self-Employed » : ce sont les auto-entrepreneurs, ces internautes vivent de leur blog

mais ne sont rattachés à aucune entreprise.

Ces quatre profils nous permettent de mettre en valeur deux grandes catégoies de

blogueurs sur la blogosphère : les blogueurs amateurs, les Hobbyist, et les blogueurs semi-

professionnels et professionnels, les Part Timer, Les Corporate et les Self-Employed.

Afin de compléter ces données à l’échelle mondiale par des données plus francophones,

nous nous appuierons aussi sur l’étude publiée par ConseilsMarketing.fr sur les blogueurs

francophones, réalisée auprès de 425 participants.

2.1.1. DEMOGRAPHIE DE LA BLOGOSPHERE

D’après le graphique ci-dessous, on constate que 2/3 des blogueurs sont des hommes et

ce, indépendamment de leur activité sur la blogosphère.

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Graphique 1 : Le genre des blogueurs dans le monde en 2010 – Technorati (2010)

Cette sous-représentation dans la blogosphère des femmes pourrait être contrebalancée par

une influence plus importante. Mais, dans les faits, lorsque l’on observe les classements de

blogs tel Wikio les femmes sont sous représentées et sont jusqu’à trois fois moins visibles

que les hommes. Dans la catégorie politique, qui n’est pas un thème traditionnellement

sexué comme le scrapbooking ou la catégorie High Tech, la première femme est en dix-

neuvième place, et ce n'est pas une blogueuse anonyme, il s'agit de Corinne Lepage. Même

constatation lors des assises du Net qui se sont déroulées en mai 2011, seule une femme

sur une dizaine de bloggeurs avait été invitée par le secrétaire d’Etat.

Dans l’étude réalisée par ConseilsMarketing.fr, la majorité de la blogosphère francophone a

moins de 30 ans, avec 31% de moins de 25 ans et 27% qui ont entre 26 et 30 ans. L’étude de

Technorati nous donne plus de détails sur l’âge des blogueurs selon leur activité. Sans

surprise, les Hobbyist et les Part Timer ont entre 25 et 34 ans. D’un autre côté, les Self-

Employed ont en majorité en 35 et 44 ans.

On pourrait donc décrire cette relation entre l’âge du blogueur et sa professionnalisation :

plus l’âge des blogueurs est élevé, plus l’activité de blogging se professionnalise.

Graphique 2 : L’âge des blogueurs dans le monde en 2010 – Technorati (2010)

Le lieu de résidence et le niveau d’éducation ont aussi leur importance. Selon l’étude publiée

par ConseilsMarketing.fr, 38% des blogueurs interrogés habitent Paris et sa banlieue et 14 %

habitent soit Lyon, Marseille, Lille ou Bordeaux. Au total plus de la moitié des blogueurs se

concentre dans 5 grandes villes de France.

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De son côté, Technorati a établi que 88% des blogueurs avaient au moins leur baccalauréat

et que 60% faisaient des études supérieures.

2.1.2. L’ACTIVITE DE BLOGGING

Selon l’étude de ConseilsMarketing.fr, 60% des blogueurs francophones bloguent depuis au

moins deux ans. L’activité de blogging n’est donc pas un phénomène éphémère mais s’inscrit

bien dans la durée. Si l’on se concentre sur les différents profils, les Hobbyist, les Part Timer

et les Self Employed sont en majorité présents dans la blogosphère depuis 2 à 4 ans alors

que la majorité des Corporate tiennnent un blog depuis plus de 6 ans.

Graphique 3 : La durée dans le monde en 2010 – Technorati (2010)

Cette présence sur la blogosphère n’aurait aucune pertinence si elle n’était pas mise en

parallèle avec la fréquence de post et les thèmes abordés.

La moitié des blogueurs francophone consacrent de 30 minutes à 1 heure par jour à bloguer.

Cette tendance se confirme avec tous les blogueurs non professionnels : leur pratique reste

modérée. Mais chez les blogueurs qui ont plus de 500 visiteurs par jour, 40% d’entre eux

consacrent plus de 2h par jour à bloguer.

L’étude de ConseilsMarketing.fr nous permet donc d’établir une seconde relation : plus un

blogueur a de visiteurs, plus le temps passé par jour pour bloguer est important.

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Graphique 4 : le temps hebdomadaire passé à bloguer en 2010 – Technorati (2010)

Bloguer ne prend pas beaucoup de temps mais la régularité est importante pour fidéliser le

lecteur. Selon ConseilsMarketing.fr 70% des bloggeurs écrivent au moins 10 articles par mois

soit 2 articles par semaine.

Outre la fréquence des posts, les résultats de l’étude de Technorati concernant les thèmes

abordés montre que le champ est vaste et dense. Et le listing qui était proposé aux sondés

n’a pas suffit car 30% répondent que leur sujet principal n’était pas listé : il y a donc

énormément de niches. Le thème le plus abordés par les blogueurs pourrait être traduit par

« rêverie personnelle », 45% des blogs sont donc des blogs généralistes et plutôt personnels.

Graphique 5 : Les sujets abordés par les blogueurs en 2010 – Technorati (2010)

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2.1.3. LES BLOGS ET LES RESEAUX SOCIAUX : COMPLEMENTAIRE OU CONCURRENT ?

La question centrale qui articule la relation entre l’activité de blogging et les réseaux sociaux

est la suivante : les réseaux sociaux sont-ils complémentaires aux blogs ou au contraire, les

blogs sont-ils en concurrence avec réseaux sociaux ? On assiste à deux tendances qui vont

dans le sens contraire.

Dans l’étude menée par Conseilsmarketing, 15% des blogueurs déclarent moins poster à

cause de Facebook ou Twitter. L’instantanéité des réseaux sociaux, qui permet de poster

une vidéo, une photo ou de retweeter un article intéressant, rend les internautes plus

paresseux. Le succès du site www.minutebuzz.com en est la preuve : les articles ne sont

souvent pas plus longs que des posts sur Facebook et l’information se trouve sous forme de

photos ou vidéos. L’idée serait que les gens n’ont plus le temps de lire des blogs et leurs

analyses : il faut de l’information, courte et vite.

Face à cette tendance de l’information fastfood, 20 % déclarent poster davantage et 25%

lisent plus d’autres blogs grâce aux réseaux sociaux. L’utilisation des réseaux sociaux est

donc une source d’inspiration et permet aux blogueurs de tisser des liens dans la

blogosphère. La seule concurrence qu’exerce un outil comme Twitter sur les blogs concerne

les commentaires : 20% déclarent être plus enclin à tweeter un commentaire qu’àle laisser

sur le blog. Les réseaux sociaux sont ainsi utilisés comme des relayeurs et des tremplins pour

attirer une audience toujours plus large. Les widgets, Facebook et Twitter sont d’ailleurs tout

aussi incontournables que les flux RSS pour attirer du trafic. La preuve en est que dans

l’étude menée par Technorati, toutes catégories de blogueurs confondus, 66% déclarent

utiliser les réseaux sociaux en complément de leur blog et 77% les flux RSS.

Aujourd’hui, Google est même sérieusement concurrencé par les réseaux sociaux en ce qui

concerne le référencement des blogs. Comme le montre le graphique ci-dessous, 50% des

blogueurs considèrent que Google est un élément important pour attirer des visiteurs alors

65% font plus confiance à Facebook et 66% à Twitter.

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Graphique 6 : Les outils qui apportent des visiteurs aux blogs en 2010 – Technorati (2010)

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On voit donc que les moyens d’accéder à un blog sont nombreux et variés, et c’est cette

abondante source d’information qui pourrait être à l’origine d’une transformation de la

blogosphère et de ses acteurs.

2.1.4 QUELLE EVOLUTION POUR LA BLOGOSPHERE ?

Dans un article intitulé “The Three C’s of Information Commerce: Consumption, Curation, Creation”, Brian Solis (2011) nous explique ce qui selon lui sera le futur du blogging.

Ce que Solis appelle notre graphe social (l’ensemble de nos relations en ligne) est en train d’évoluer. Alors qu’auparavant il était constitué de communautés assez indifférenciées, ces relations sont en train de muter : on est aujourd’hui connecté à des gens qu’on ne connait pas obligatoirement mais avec qui on a des centres d’intérêts communs. Ce nouveau graphe est appelé le graphe d’intérêts. Les récentes évolutions de Facebook avec la possibilité de partager un contenu particulier avec une cible particulière en est un exemple.

Cette évolution du graphe social va alors être la solution face à la surabondance d’informations sur internet. Cette constitution de groupe va permettre aux internautes de diffuser aux bonnes personnes le bon contenu et permettre à ce même contenu d’avoir une résonnance plus importante.

« Aujourd’hui comme chacun peut émettre et diffuser comme une petite station de TV, vous parlez à une audience qui a son audience qui a son audience qui a son audience…. etc (…) C’est facile d’avoir un Retweet, beaucoup moins d’en avoir tout le temps, et pourtant c’est la seule manière de garder en vie des choses sur le web, où les contenus explosent et où tout le monde se bat pour votre attention ».

De cette idée part alors le concept de « Curation ». Selon Solis, les internautes sont divisés en 3 types :

-Les consommateurs qui consomment de l’information mais ne la font pas partager. Selon Forrester, cette catégorie représenterait 70% des utilisateurs de réseaux sociaux.

-Les « curators » qui est le terme anglais qui désigne un conservateur de musée et dont le rôle, dans ce contexte, n’est pas si différent de son acceptation initiale : il découvre, organise, hiérarchise et partage des informations importantes et ce grâce à une utilisation pertinente de son graphe d’intérêt.

-Les créateurs et l’élite qui produisent du contenu par l’intermédiaire principalement de blogs.

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Figure 1 : Les 3 C de Brian Solis (2011)

Les années à venir seront donc marquées par l’arrivée de ce nouvel internaute et par le développement de plateformes telles paper.li : un journal en ligne relayé par Facebook et Twitter. Le consommateur statique pourrait donc se convertir en curator productif et pourquoi pas ensuite en créateur.

Cet aperçu de la blogosphère nous permet donc de dresser un portait type du blogueur : un

homme, éduqué et citadin qui bloguerait de façon journalière et fréquente. Il serait

toutefois difficile de dégager un sujet majeur sur la blogosphère : les thèmes abordés sont

extrêmement hétéroclites. On peut, par contre, affirmer que les réseaux sociaux font partie

intégrante de leur stratégie de visibilité : plus ils multiplient leur présence sur les réseaux

sociaux et plus ils sont visibles dans une blogosphère toujours plus riche. C’est d’ailleurs

cette densité et cette abondance qui fait apparaître un nouvel acteur : le curator.

2.2 PASSAGE EN REVUE DES DIFFERENTES TYPOLOGIES : DE LA COMMUNAUTE

VIRTUELLE A LA BLOGOSPHERE

2.2.1 LES E-TRIBUS DE KOZINETS

A) DES COMMUNAUTES AUX COMMUNAUTES ONLINES

Avec l’arrivée de la post-modernité et d’internet, les communautés ont muté. Alors

qu’autrefois, on naissait dans un endroit et que l’on s’inscrivait dans les communautés de

celui-ci (famille, religion…) les internautes ont aujourd’hui la possibilité de s’affranchir des

contraintes d’espace et de se tourner vers d’autres communautés. La postmodernité est

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d’ailleurs définie par certains auteurs (Maffesoli 1988 et Fearthstone, 1991) comme une

tentative de recomposition sociale.

Décrire et trouver un nom à ces nouvelles communautés « post-modernes » a été et est

encore aujourd’hui une source de difficulté.

Howard Rheingold (1993) a été le premier à utiliser le mot de « communautés virtuelles » dont

il en fait la définition suivante : « agrégations sociales qui émergent à travers le Net, où les

personnes portent assez longuement en public des discussions pour former des

enchaînements, des rapports personnels dans l'espace virtuel ».

Cette définition reprend alors les 3 concepts fondamentaux qui identifient selon Krap et al.

(1977) une communauté :

-la continuité de l’interaction sociale

- les valeurs partagées

-un espace géographiquement non délimité

Mais pour Kozinets (1999) ce terme de virtuel est trompeur : il pourrait impliquer que les

communautés sont moins « réelles » que les communautés « physiques ». Il ajoute d’ailleurs

que« ces groupes sociaux ont une « réelle » existence de leurs participants, et ont ainsi des

conséquences sur plusieurs aspects du comportement, celui du consommateur inclus ». Ce qui

conduit Kozinets à utiliser le terme « communautés online ».

L’individu dépasse alors la notion d’individualité et s’inscrit ainsi dans un réseau constitué

d’une variété de liens l’attachant à une ou plusieurs communautés de référence. Mais sans

forcément se lier à vie à cette communauté, comme le précisent Charbit et Fernandez (2003)

« la communauté « post- moderne » est plus volatile, et plus éphémère, chacun des membres

gardant le libre choix de s’en extraire quand bon lui semble ».

L’e-tribalisation, comme la nomme aussi Kozinets, a alors des conséquences notoires sur le

comportement du consommateur. Le consommateur ne chercher plus dans la

consommation un moyen direct de donner un sens à sa vie, mais un moyen de se lier aux

autres dans le cadre d'une ou plusieurs communautés de référence. Ce sont ensuite ces

communautés online qui vont lui permettre de donner un sens à sa vie. Comme l’analyse Cova

(1995), la consommation n’est donc plus le lien social mais un outil au service du lien social.

Afin de réellement comprendre ce qu’implique une communauté online, Kozinets a

conceptualisé le développement d’un individu dans une communauté online.

Dans un premier temps, l’utilisateur « rode », parcourt les informations sur internet : il lit mais

n’écrit pas. Il se contente de sites institutionnels et officiels. Mais le plus il devient

expérimenté, le plus il se dirige vers des contre-pouvoirs : il fréquente les communautés

online, s’informe, questionne les utilisateurs en privé ou en public et devient un participant du

groupe de discussion. Cette relation entre les différents membres est toutefois soumise à des

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règles, des normes langagières : dans les forums, par exemple, le langage SMS est proscrit, les

majuscules sont utilisées pour « crier », etc. Ces normes passent aussi par la prise en compte

de la structure hiérarchique et des statuts des différents utilisateurs. Ce qui au départ était

une simple recherche d’information se trouve transformée en communauté.

Figure 2 : L’évolution d’un individu dans une communauté en ligne - Kozinets –(1999)

B) LES TYPES DE COMMUNAUTES VIRTUELLES

A partir de là, comme le montre le schéma ci-dessous, Kozinets identifie 4 types de membres dans les communautés virtuelles selon 2 critères, la relation que l’individu entretient avec l’activité de consommation et l’intensité de la relation entre les autres membres de la communauté :

Figure 3 : Types de membres dans les communautés online - Kozinets (1999)

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- Les touristes (« the tourists ») : entretiennent très peu de liens sociaux avec les autres membres de la communauté et ont un intérêt superficiel voire passif dans l’activité de consommation.

- La mêlée (« the minglers »), ils ont le même intérêt dans l’activité de consommation que les touristes mais sont très impliqués dans la communauté.

- Les dévots (« the devotees ») sont les opposés de la mêlée, ils ont un intérêt fort pour l’activité de consommation mais n’ont que peu d’attache à la communauté.

- Les initiés (« thes insiders ») sont très actifs dans la communauté et ont une activité de consommation très importante.

C) DES INTERACTIONS SPÉCIFIQUES

Les dévots et les touristes ne se mêlent pas à la communauté par plaisir mais parce qu’ils ont un dessein, comme celui de s’informer sur un nouveau produit. Leur but n’est donc absolument pas altruiste, ils utilisent les communautés mais n’y participent pas. Ils reçoivent mais sans donner en échange: ils sont individualistes.

Au contraire, la mêlée et les initiés sont des êtres sociables : leur contact avec les autres n’a pas de but précis, ils aiment échanger et confronter leur idée. Leur vision et leur action sont désintéressées, ce sont ceux qui, par exemple, répondent systématiquement aux nouveaux utilisateurs. Ils ont une vision orientée à long terme.

Kozinets distingue ensuite deux objectifs qui motivent les internautes à participer aux

communautés onlines : soit autotélique, c'est-à-dire qui n’a d’autre but que de distraire, soit

instrumentale, qui vise un but précis.

Les interactions sont alors classées en 4 types :

- Récréatives : les utilisateurs veulent satisfaire leur besoins primaires et à court terme. Ces

interactions ont souvent la forme de discussions courtes et instantanées : ce sont, par

exemple, les chats. La mêlée ainsi que les touristes utilisent souvent cette forme de

communication

- Transformationnelle : les utilisateurs veulent atteindre un objectif à long terme et sont très

impliqués. Ce sont, par exemple, des activistes qui demandent des packagings plus

écologiques et responsables. Ces actions sont souvent organisées par les initiés et sont

ensuite suivies par les dévots.

Dans les deux dernières interactions, informationelle et relationelle, Kozinets reprend son

raisonnement de l’évolution d’un individu dans une communauté en ligne : l’individu

fréquente d’abord les communautés pour s’informer et satisfaire son intérêt personnel

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(informationelle) et progressivement, à force d’échange, il se retrouve à être un membre à

part entière et s’implique dans la communauté (relationnelle). Le schéma ci-dessous résume

ce cheminement :

Figure 4 : les modes d’interactions dans les communautés onlines – Kozinets (1999)

2.2.2 LES TROIS POLES DU CAPITAINE

Cette 2ème typologie a été développée par Laurent Gloaguen (2004), surnommé le Capitaine,

blogueur du très célèbre blog Embruns. Selon lui, la blogosphère se divise en 3 pôles :

Le premier est le Pôle Weblogue, qui est un recueil de lien. Ce pôle qui est le « pôle originel »

est aujourd’hui singulièrement dépeuplé. Il cite en exemple le Petit Canclaux1, Manur2 et

Iokanaan3.

Le Pôle Diariste est représenté principalement par les journaux intimes. Cette catégorie est,

au contraire, sur-représentée sur la blogosphère et est composée d’internautes de tout âge,

sexe, conditions sociales, etc. La création de plateformes très intuitives et gratuites, comme

Skyrock, ont participé à l’expansion de cette forme de blogging.

Le Pôle Thématique est constitué de blogs spécialisés. Ce sont des blogs qui sont soit mono-

thématiques, soit multi-thématiques mais qui restent dans les thématiques sérieuses. Les

thèmes choisis sont très variés mais le blogueur se positionne en tant que spécialiste.

1 http://la.cote.free.fr/canclaux/blog.html 2http://manur.org/ 3 http://iokanaan.net/

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Le schéma ci-dessous est la représentation de la blogosphère selon Laurent Gloaguen : le

plus il y a de points rouges, le plus le pôle est saturé. Quant au point noir, c’est le barycentre

de la blogosphère.

Figure 5 : Typologie de la Blogosphère selon Laurent Gloaguen (2004)

2.2.3 LES DIFFERENTS CERCLES DE LA BLOGOSPHERE

Dans son livre « Créer, trouver et exploiter les blogs », l’universitaire Olivier Ertzscheid

(2008), dresse à son tour une typologie de la blogosphère. A partir de deux axes, l’abscisse

différenciant les blogs individuels et collectifs et l’ordonnée qualifiant le sujet du blog, il a

établi différents cercles de blogs.

Figure 6 : la blosphère selon Olivier Ertzscheid (2008)

Page 18: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

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Le premier cercle, concerne principalement les Metablog et inclus aussi à moindre mesure

les sites professionnels, les institutions et entreprises. Ce premier cercle concerne les blogs

qui « signalent » c'est-à-dire qui délivrent de l’information sans analyse. Les méta-blog par

exemple, sont constitué de liens : le blogueur ne donne pas son avis, il propose à ses lecteurs

des informations « pures».

Le second, cercle qu’il qualifie « d’analyses », concerne des blogs principalement

thématiques et professionnels. Ce sont des blogs qui ont une dimension réfléchie, les

auteurs de ces blogs partagent leurs idées, leurs convictions et se basent sur des données

chiffrés ou du moins, fiables. Peuvent être cités, les blogs journalistiques, de recherche mais

aussi des associations. Dans ces blogs, les auteurs engagent leurs paroles d’officiels mais ne

s’engagent pas de façon personnelle.

Dans le troisième et dernier cercle, ce situent les blogs dits de « réflexions ». Ces blogs

concernent principalement les blogs où le sujet s’implique personnellement. Le blog devient

une façon de s’affirmer à travers sa vie personnelle, un hobby ou des opinions politiques. Ce

sont par exemple, les journaux intimes, les blogs politisés ou les blogs de loisirs.

2.2.4 BLOGOSPHERE : LA PRODUCTION DE SOI COMME TECHNIQUE RELATIONNELLE

Dominique Cardon et Hélène Delaunay-Teterel (2006) ont établi une typologie de la

blogosphère en se concentrant sur la dimension relationnelle que les blogueurs

entretiennent avec leurs lecteurs. La définition qu’ils font des blogs permet de mieux cerner

leur approche et leur vision de la blogosphère : les blogs sont, selon eux, « un outil de

communication permettant des modalités variées et originales de mises en contact. ». Afin

de réaliser cette typologie, ils se sont appuyés sur des critères qualitatifs, comme, par

exemple les commentaires,.

Ils ont alors mis en relation le rapport énoncé/énonciation, le mode de communication et la

forme du réseau et ce qui les a conduits à établir à établir 4 types de blogs :

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Figure 7: Quatre modèles de blogs d’après Cardon et Delaunay-Teterel (2006)

A) LE BLOG INTIMISTE

Le premier type de blog identifié par Cardon et Delauney-Terel est de type journal intime. Ces blogs « libèrent à la fois l’énonciation qui se charge de multiples traces de subjectivité et, de façon conséquente, l’énoncé, qui peut prendre des libertés avec les conventions langagières ordinaires.».

Ces blogs n’ont pas besoin de se confronter à d’autres points de vue, ils sont presque en autarcie. Le message n’est pas adressé à quelqu’un en particulier et ils n’ont pas besoin de commentaires pour survivre.

Toutefois le blogueur utilise des pseudonymes car le contenu du blog touche à l’intimité et au personnel, il « partage des intériorités ». Le blogueur n’est donc plus dans une relation sociale ordinaire mais il développé une « sociabilité extraterritoriale» : il ne veut plus la reconnaissance de proches et ne souhaite surtout pas être démasqué par ceux –ci. Il cherche à cloisonner sa vie réelle de cette vie virtuelle : le public du blog est donc restreint, comme un Halo et s’organise en étoile avec au centre de l’attention le blogueur.

Page 20: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

18

B) LE BLOG FAMILIER

Matthieu Paldacci (2006) distingue bien les blogs intimistes des blogs familiers. Alors que

nous venons de voir que les blogs intimistes s’inscrivaient dans une sphère extraterritoriale

les blogs familiers regroupent proches et inconnus. Ce second type de blog se concentre sur

la description de l’environnement et des activités quotidiennes du blogueur. S’il dévoile des

détails de sa vie privée, il n’est pas du tout dans l’introspection car ses énoncés sont soumis

à la contrainte d’un public de proches.

Cette exposition de l’intime varie en fonction de l’âge et du sexe des personnes, les

adolescents, par exemple, sont plus enclins à exposer leur vie privée car cela devient un

moyen de s’affirmer.

Le blog familier « s’inscrit alors dans la gamme des outils de communication interpersonnelle comme un dispositif particulier d’échange avec les proches. » (Cardon et Delauney-Terel). Les posts et commentaires deviennent alors de véritables conversations, ce qui conduit Cardon et Delauney-Terel (2002) à parler de « conversation continue et ininterrompue ». Le nombre de commentaires par post est parfois très élevé et le rythme rapide. Le public est donc un clan : le blogueur ne veut pas créer de lien avec de nouveaux lecteurs, mais entretenir et renforcer des liens préexistants.

C) LE BLOG COMMUNAUTAIRE

Le troisième type de blog se distingue nettement des deux précédents en deux points. Tout

d’abord, le blogueur n’interroge plus son intériorité mais s’affirme grâce à une compétence.

Ensuite, sa relation avec ses lecteurs est tout à fait différente : la relation est motivée par un

intérêt commun le lien « d’interconnaissance » n’est pas nécessaire. La relation que le

blogueur lie avec ses lecteurs est alors une relation de reconnaissance et de coproduction :

chacun donne son avis, conseille, juge. Les auteurs appellent cela une « intimité

instrumentale », la relation que le blogueur noue avec sa communauté de pairs a un dessein

qui peut être la professionnalisation, par exemple.

Ce n’est donc plus le blogueur qui est mis en avant mais bien l’intérêt commun. Le blog est

un espace communautaire où chacun dialogue et échange autour d’une même passion. Les

posts appellent donc des commentaires et les échanges s’organisent ans la durée et

réguliers, de là se créent des « affinités sélectives » (Cardon et Delauney-Terel).

« Dans cette configuration, le réseau relationnel des blogs prend une forme nettement clustérisée, puisque les liens formés par le bloggeur ont progressivement tendance à se lier entre eux par le partage d’une sorte d’intérêt mutuel. » précisent les auteurs.

D) LE BLOG CITOYEN

Le dernier modèle de blog est à distinguer du type blog communautaire car le blogueur se définit désormais comme « citoyen » et non comme une partie d’un groupe sélectif et affinitaire. Ce statut de « citoyen », implique que l’identité civile est assumée et que le blogueur est totalement responsable de ses propos.

Page 21: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

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Les commentaires par post sont extrêmement nombreux, variés et denses C’est d’ailleurs cette interactivité très forte qui crée un « écosystème des blogs citoyens ». Le blogueur et son lecteur sont constamment en train d’échanger, c’est un « dialogue étendu ». Le contenu du blog n’appartient alors plus à l’énonciateur mais à l’espace public : un post est la source de débats, micro-sondages… Chacun s’informe auprès de l’autre et forme son avis grâce à l’autre. Le blog citoyen devient alors une sorte d’Agora moderne.

2.3 LES BLOGGEURS INFLUENTS: QUELS ENJEUX, QUELS RISQUES ?

2.3.1 LE BLOGUEUR INFLUENT : UN LEADER D’OPINION ?

La définition d’un blogueur influent reste une notion bien vague et très controversé dans la

blogosphère.

Depuis leur introduction par Katz et Lazarfeld (1955), les concepts de leader d’opinion et

d’influenceurs restent flous.

L’analyse d’Eric Vernette (2007) nous permet de mieux identifier ce qu’est un leader

d’opinion et d’établir le lien qu’il existe entre leader d’opinion, leadership et influence.

Le « leader d’opinion » est généralement défini comme « une personne qui exerce une

influence sur son entourage et (ou) qui échange des informations orales sur les produits et

marques » 4

Eric Vernette ajoute à cette définition quelques précisions. Selon lui, le leader d’opinion

disposerait de 4 traits : un trait psychologique (forte personnalité), un traits physique

(beauté), un trait social (l’intelligence sociale) et l’expertise et l’impartialité qui permettrait

au leader d’opinion de crédibiliser les informations qu’il diffuse.

A partir de ces traits, il décrit un processus dynamique : le leadership. Il s’appuie alors sur une double force : une force d’attraction et une force de conviction. Ces différentes forces auront donc soit une influence visuelle, soit une influence verbale comme nous le montre le schéma ci-dessous :

4 (King et Summers, 1970 ; Ben Miled et Le Louarn, 1994 ; Mowen, 1995 ; Gilly et al. 1998 ; Flynn et

al., 1996 ; Goldsmith et de Witt, 2003).

Page 22: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

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Figure 8 : Leader d’opinion, le leadership et l’influence d’après Vernette (2007)

Face à cette définition du leader d’opinion, la différenciation que font Engel et al. (1995) entre le terme « leader d’opinion » et celui d’ « influenceur » est très intéressante. Alors que le premier sous-entend, selon eux, un échange d’informations à sens unique, le second semble être plus conversationnel. L’influenceur serait donc le leader d’opinion online. L’influence n’est alors pas à sens unique, elle circule entre les différents acteurs. On pourrait même dire que l’on est toujours influencé et influenceur : en bref, la blogosphère se nourrit d’elle –même.

La relation entre influence est confiance est très bien expliquée par Le Capitaine qui écrivait: « Si j’expose une idée stupide, quel que soit mon degré de visibilité, je ne convaincrai personne avec. Pire encore, j’ai des commentateurs peu tendres et volontiers ironiques qui démonteront vite fait mon argument. Si je faisais la publicité d’une machine à laver ou d’une cafetière, je serais la risée de mes lecteurs et ce ne serait que bien mérité. »

Avec ce verbatim on voit bien que cette influence passe donc par la confiance que le lecteur

octroie au blog qu’il lit. Il est donc important d’identifier ce qui permet au lecteur de faire

entièrement confiance au blogueur et quels sont les limites de cette confiance.

2.3.2 LA CONFIANCE

Dans une étude publiée sur www.emarketer.com s’intéressant au degré de confiance porté à une information selon sa provenance, le résultat est sans appel : les internautes ont confiance en leur amis. 61% des internautes interrogés ont une confiance totale dans les contenus que publient leurs amis que ce soit sur les blogs, Facebook ou bien Twitter. Comme c’est lisible dans le tableau qui suit, on comprend facilement que dans la vie virtuelle comme dans la vie réelle les internautes font confiance à leurs amis.

Page 23: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

21

Figure 9 : Les sources d’informations qui sinpirent la confiance selon les utilisateurs de média sociaux en juin 2010

Dans la seconde partie de cette étude, les internautes ont hiérarchisé les facteurs qui influençaient leur confiance. L’ouverture des commentaires qu’ils soient négatifs ou positifs et donc la transparence de la relation entre le blogueur et ses lecteurs, est une donnée fondamentale. Mais une liberté de parole totale n’est pas la seule source de confiance, il faut que les commentaires et le contenu soient de qualité. Enfin, la réactivité des auteurs du blog, qu’on pourrait assimiler à une mise à jour régulière mais aussi à la prise en compte de commentaire, est le troisième facteur le plus important.

Figure 10 : Les facteurs qui inspirent la confiance selon les utilisateurs de médias sociaux en

juin 2010

Page 24: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

22

La capture d’écran ci-dessous permet de mettre des exemples concrets sur les résultats de

l’étude ci-dessus. Voici ce que le collectif webmarketing5 conseille pour instaurer une

relation de confiance :

2.3.2 ETHIQUE

Cette influence des blogueurs fait apparaître un nouvel enjeu : le contenu. Ces blogs qui sont

des relayeurs d’informations constituent de nouveaux carrefours d'audience et deviennent

alors un réel « cinquième pouvoir ». La publication par l’institut d’étude Forrester d’un

rapport en 2009, annonçant que la communication sur les blogs devenait inévitable,

officialise ce qui était jusqu’alors connu de tous : l’activité de blogging devient pour les

marques et les entreprises un nouvel enjeu.

Les marques ont alors plusieurs possibilités pour être présentes sur les blogs :

- Cela peut passer par des relations publiques pures qui sont sous forme d’invitation à une

expérience de marque, de soirées, d’envoi et de test de produits ou services, de rencontres

avec une égérie ou une personne de la marque.

- La plupart commercialisent déjà des espaces publicitaires ou des liens sponsorisés, en

direct ou via des régies.

5 http://collectif-webmarketing.com/comment-etablir-la-confiance-sur-votre-blog

Page 25: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

23

- Les entreprises peuvent aussi rémunérer la diffusion de contenus: vidéos virales,

advergames, widgets.

- Enfin, la sponsorisation de billets. Le blogueur est souvent libre d’écrire ce qu’il veut sur

une marque, un produit ou un événement et reçoit en contre -partie une rémunération.

Ces pratiques sont aujourd’hui considérées comme normales et la plupart des blogueurs ont

recours à ces contreparties. Mais certains blogueurs influents vivent aujourd’hui totalement

de leur activité et ce grâce à la publicité. Loïc Le Meur (près de 25 000 abonnés) en est un

très bon exemple : il a confié la régie publicitaire de son blog au groupe Publicis pour 6

000 euros de recettes garanties par mois. Ces sommes astronomiques peuvent alors

provoquer, à juste raison, la polémique.

En effet, comment continuer à faire confiance aux écrits de quelqu’un qui se fait sponsoriser

ses articles ? Comment distinguer les posts sponsorisés des véritables critiques

indépendantes ? Quelle liberté de parole reste-t-il à celui qui gagne sa vie grâce aux

publicités ? Ces questions liées à la professionnalisation de l’activité de blogging sont au

cœur du débat.

C’est ainsi que la Federal Trade Commission, une agence indépendante du gouvernement

des États-Unis, qui contrôle les pratiques commerciales, a publié en 2009 un guide actualisé

des recommandations à l’attention des publicitaires, “Guides Concerning the Use of

Endorsements and Testimonials in Advertising“6. Désormais, les blogueurs qui seront

rémunérés pour la publication d’un article devront clairement mentionner leur relation avec

l’annonceur. Cette règle s’applique également aux stars qui, par exemple, recommandent

des produits sur leur page Twitter ou Facebook. Si cette relation n’est pas clairement

mentionnée, les fraudeurs risquent une amende allant jusqu’à 11.000 $ d’amende. Bien que

cette règle ne soit applicable que sur le territoire américain, les européens se sont eux aussi

penchés sur la question.

En juin 2008, un rapport7 suggérant de « clarifier le statut des blogs » et d’« encourage*r+ leur labellisation en fonction des responsabilités professionnelles et financières et des intérêts de leurs auteurs et éditeur » a été adopté par la commission Culture du parlement européen.

Le rapport affirmait que « le statut indéterminé et non signalé des auteurs et diffuseurs de blogs entraîne des incertitudes en matière d’impartialité, de fiabilité, de protection des sources, d’application des codes d’éthique et de détermination des responsabilités en cas de poursuites en justice. Il recommande que soit clarifié le statut juridique de différentes catégories d’auteurs et de diffuseurs de blogs ainsi que la divulgation des intérêts et la labellisation volontaire des blogs. »

6 http://www.ftc.gov/os/2009/10/091005endorsementguidesfnnotice.pdf 7 http://www.europarl.europa.eu//meetdocs/2004_2009/documents/pr/712/712320/712320fr.pdf

Page 26: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

24

Face à ces différentes attaques, Buzzparadise, 1er réseau international de social media advertising, a pris les devants. Tous les billets sponsorisés et publiés par les blogueurs contiennent déjà un marqueur qui indique clairement qu’il s’agit d’un billet pour lequel le blogueur a touché ou non une rémunération.

Kristine De Valck (2009) résume alors très bien, dans le schéma suivant, la complexité de la

situation dans laquelle se trouvent les blogueurs influents. Ils sont tiraillés entre trois

« forces » : la communauté, les avantages procurés par les produits, la contre-partie reçue et

leur crédibilité.

Figure 11 : Balance des problèmes éthiques du blogueur selon De Valck (2009)

Ainsi, bien que tenu par la confiance que leur confère leur lecteurs, les blogueurs sont

devenus un réel enjeu pour les marques et entreprises. Face à une influence toujours plus

importante et à un public toujours plus nombreux, les blogueurs endossent aujourd’hui un

rôle encore plus déterminant, celui de prescripteur.

2.4 DE L’ INFLUENCE A LA PRESCRIPTION

Si les blogueurs ont une influence sur leur lectorat, on peut considérer que cette influence

peut aussi être analysée en termes d’influence sur la décision d’achat. Le blogueur devient

donc un prescripteur à part entière. Dans ce qui va suivre, nous tenterons de définir le terme

de prescription, l’influence de la prescription sur les décisions d’achats et enfin, les différents

profils de blogueurs face à la prescription.

Page 27: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

25

2.4.1 THEORIE GENERALE DE LA PRESCRIPTION

Stenger et Coutant dans « La prescription ordinaire de la consommation sur les réseaux socionumériques : De la sociabilité en ligne à la consommation ? » (2009) définissent le terme générique de prescription comme une « influence sur le comportement et le choix des individus » en précisant qu’elle peut s’apparenter à une « recommandation, [un] ordre ou [un] précepte. ».

Cette définition de la prescription dans un contexte général a ceci d’intéressant que l’action reste hypothétique : ils précisent d’ailleurs très justement « Si le recours au prescripteur implique une décision partagée, le choix n’appartient pas au prescripteur. ».

Dans le contexte d’échange de biens ou de services, le prescripteur est un intermédiaire entre le consommateur et le vendeur : il apporte les savoirs manquants à l’un et permet à l’autre d’effectuer la transaction. Le prescripteur se glisse donc entre les deux acteurs et tente de réduire le décalage qu’il existe entre le consommateur et le vendeur.

Armand Hatchuel (2009) identifie alors trois formes de prescriptions :

- La prescription de fait est une prescription qui a recourt à des organismes pour certifier le produit, ce sont souvent des sigles, par exemple, AB -agriculture biologique- ou bien en réutilisant l’exemple de Hatchuel « le service de la Garantie » qui garantissait la véracité de l’or ou de l’argent pour les objets d’orfèvreries »

- la prescription technique lors de laquelle le prescripteur devient un expert qui va apporter une réelle explication technique sur le produit. La décision de l’acheteur dans ce cas là est totalement incertaine et il délègue au prescripteur sa décision d’achat. C’est donc le manque de savoir technique qui va inciter le consommateur à faire appel à un prescripteur.

- Lors de la prescription de jugement, le prescripteur définit « le bien à acquérir, mais aussi son mode d’appréciation ». Cette différence est extrêmement importante : alors que dans les deux formes de prescription précédentes, le consommateur sait ce qu’il recherche comme jouissance dans le produit désiré, le prescripteur, dans ce cas là, donne au consommateur une idée de la qualité du produit ; il modifie le modèle de connaissance du consommateur.

Forme de prescription Type d’incertitude Mutation de l’acte d’achat en

Prescription de fait Simple ou « de fait » /

Prescription technique notionnelle processus de délégation et de contrôle

Prescription de jugement de valeur délégation de jugement

Tableau 1 : Trois formes fondamentales de prescription selon Hatchuel (2009)

Page 28: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

26

L’Benghozi et Paris (2003) complète cette analyse en identifiant un marché de la prescription. Pour eux, l’apparition d’un prescripteur ne résulte pas des imperfections du marché ou d’une asymétrie informationnelle mais directement du type de bien qui est prescrit, comme par exemple le livre.

Stenger (2004) synthétise ces différentes recherches en identifiant la prescription comme une interaction entre des personnes qui ont un différentiel de savoir. La prescription constitue alors une dynamique collective avec au centre de cette dynamique l’objet marchant.

2.4.2 LA PRESCRIPTION EN LIGNE, LE CAS DE L’ACHAT DU VIN EN LIGNE

Stenger (2008) dans « Les processus de décision d’achat de vin par Internet : entre recherche

d’information et prescription en ligne » a analysé la prescription en ligne avec comme cas

particulier l’achat de vin en ligne. Pour réaliser cette étude, il a interrogé 21 participants à un

club de vin et utilisé 3 sites internet aux capacités de prescriptions variés. Chaque participant

était face à deux scénarii d’achat et devait choisir un vin en ligne.

A partir de cette étude, Stenger a réussi à définir différents processus d’achat en ligne selon

le rôle de la prescription et le niveau de compétences de l’acheteur.

Figure 12 : Six types de processus de décision d’achat en ligne selon Stenger (2008)

Nous le voyons dans ce graphique, dans le premier cas, « satisficing et hasard », l’acheteur

n’a aucune compétence et le prescripteur n’a aucune influence sur sa décision d’achat. Le

seul facteur déterminant reste alors le prix.

Page 29: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

27

Dans le cas de l’ « achat autonome », l’acheteur ne prend absolument pas en compte la

prescription et se réfère à ses propres connaissances.

Le « satisficing assisté » est une évolution du « satisficing hasard » car bien que l’acheteur

n’ait aucune connaissance, il s’en remet au prescripteur pour finaliser son choix.

Durant l’ « achat déterminé par la prescription », le consommateur a totalement confiance

dans les conseils du prescripteur et en est totalement dépendant.

Lors de l’ « achat savant maitrisé par l’acheteur », le consommateur a toutes les cartes en

main pour faire son choix : il a à la fois les compétences et est aussi à l’ écoute du

prescripteur. Cette double position lui permet de faire la part des choses entre ce qu’on lui

conseille et ce qu’il sait.

La « délégation du jugement et du choix » s’opère quand le prescripteur a plus de savoir et

de compétences que le consommateur : le prescripteur influencera donc en dernier lieu la

décision de l’acheteur.

On voit dans cette classification que la majorité des achats se font sous prescription mais les

profils sont extrêmement variés. Le prescripteur doit donc s’adapter au consommateur et à

son niveau de compétence. Stenger conclut alors qu’il faut multiplier les formes de

prescription pour favoriser l’achat en ligne.

2.4.3 LE BOUCHE A OREILLE

Les travaux de Stenger sous-entendant que la prescription devrait être presque

« personnalisée » au cas par cas, justifie l’utilisation de blogueurs comme prescripteurs. En

effet, les lecteurs fidèles d’un blog ont généralement tendance à être dans la partie

supérieure du graphique de Stenger : la prescription dans ce contexte a un impact modéré

voire fort. C’est pourquoi l’analyse de De Valck (2007) se révèle extrêmement intéressante

pour identifier ce qui se passe de l’autre côté de la barrière : Quels sont les différents profils

de blogueurs/prescripteurs ?

Elle a analysé ce qu’on appelle le bouche à oreille sur internet : une entreprise contacte des

blogueurs qui en échange de cadeaux, rémunérations directes ou indirectes doivent parler

d’une marque. Elle a analysé la réaction de 83 blogueurs suite à la réception d’un téléphone

portable gratuit. Les résultats chiffrés de ce programme sont résumés dans le tableau ci-

après.

Page 30: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

28

% de blogueurs concernés

Blogueurs qui ont écrit un post à propos du téléphone

84 %

…et qui ont posté une photo à propos du téléphone 92%

…et qui ont posté une vidéo 41%

Effet « Bouche à oreille »

Estimation du nombre d’internaute qui ont lu les posts sur le téléphone 150 000

…et qui ont commenté ces posts 700

Tableau 2 : Synthèse des résultats de l’étude de Kristine De Valk (2007)

La plupart des blogueurs ont donc participé à cette action de prescription et l’auteure a

classifier ces blogueurs en fonction du niveau d’adhésion ou de rejet de ce nouveau rôle de

« quasi-marketeur ». Elle distingue 5 réactions :

- Les premiers sont des « marketeurs enthousiastes », ils acceptent leur rôle et le

remplissent avec application : ce sont de parfaits ambassadeurs. Elle cite en exemple une

blogueuse qui vend littéralement le produit avec ses caractéristiques techniques et donne la

preuve que cet objet est cool: une serveuse aurait dansé sur la musique de la sonnerie de

son portable lors d’un diner.

-Les « marketeurs réfléchis» sont ceux qui se donnent des excuses et tournent en dérision

leur rôle. Par exemple, un blogueur s’étonne d’avoir été choisi pour ce test en expliquant

que les marketeurs pensaient trouvé un leader d’opinion spécialiste de l’high-tech mais

qu’ils ont en fait choisi un blogueur médiocre ne sachant que faire d’un téléphone aussi

évolué.

-« Le leader d’opinion auto-proclamé » assume son rôle et ne fait pas part d’état d’âme. Une

blogueuse qui écrit à propos de son mariage confie que le post qui va suivre n’est pas

totalement sur son mariage puis vend le produit en décortiquant toutes ses caractéristiques

techniques en argumentant que c’est l’objet parfait pour préparer son mariage.

-« Les bons citoyens » sont ceux qui vont tenter de faire une description la plus objective

possible du produit. De Valk cite un blogueur qui affirme que son évaluation du produit sera

bien meilleure que les autres car il utilisera l’appareil durant 2 ans en signalant ses points

forts et ses points faibles.

-Enfin, « le profiteur » fait le minimum pour être sélectionné de nouveau la prochaine fois

mais ne s’implique pas outre mesure.

Pour De Valck, la prescription ou la non prescription d’un produit dépend de trois critères :

l’identité du blogueur, c'est-à-dire comment il se définit, sa relation avec ses lecteurs et la

catégorie de produits qu’on lui demande de prescrire.

Page 31: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

29

2. HYPOTHESES

Cette première partie théorique, nous aura permis de dégager quatre questions auxquelles

nous tenterons de répondre à la suite à notre partie empirique :

1) Les réseaux sociaux concurrencent-ils les blogs ou les complètent-ils ?

Nous avons vu que la relation entre réseaux sociaux et blogs reste encore assez floue. Pour

certains, cette relation est concurrentielle et les réseaux sociaux provoqueront un jour ou

l’autre la cessation de l’activité de blogging. Pour d’autres, les réseaux sociaux sont des outils

au service des blogs qui permettraient une meilleure visibilité et une augmentation du

lectorat. Nous tenterons durant la partie empirique de trouver quelles relations les

blogueuses que nous avons choisies entretiennent avec les réseaux sociaux.

2) La portée de la prescription dépend-t-elle de l’intensité de la relation qu’entretient le

blogueur avec les autres membres de la communauté et de la forme de son réseau ?

Cardon et Delaunay-Teterel nous ont proposé, dans leur typologie, différentes forme de

réseaux dans la blogosphère. Ces réseaux dépendent, tout d’abord, de la forme relationnelle

que le blogueur entretient avec son lectorat. Mais ils dépendent aussi du public du blog et

de la façon dont il se comporte : est-ce un halo, un clan, une communauté ou un espace

public ? Ces deux critères influencent la forme du réseau qui est déterminante dans la

relation blogueur/lecteur. Nous essayerons donc de comprendre si le lien que le blogueur a

noué avec son lectorat a une influence sur la prescription.

3) La perception de la prescription peut-elle être influencée par le mode communication

employé par le blogueur ?

Nous avons identifié précédemment deux objectifs qui motivent les internautes à participer

aux communautés en ligne: un objectif autotélique et un objectif instrumental. Ces deux

objectifs diamétralement opposés auront une influence particulière sur la façon dont la

prescription sera perçue. Si un individu participe à une communauté en ligne pour se

distraire, il pourra percevoir l’acte de prescription d’une façon assez violente. Au contraire, si

l’internaute consulte cette communauté en ligne dans le but de s’informer et de découvrir

de nouveaux objets de consommation, l’exposition à la prescription est désirée et

volontaire.

Mais quel que soit l’objectif qui anime l’internaute lorsqu’il consulte une communauté en

ligne, le mode de communication peut influencer énormément la façon dont la prescription

sera perçue. En se référant aux quatre modèles que proposent Cardon et Delaunay-Teterel,

Page 32: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

30

il s’agira de déterminer à travers notre étude quel mode de communication est le plus

empreint à favoriser la prescription.

4) L’implication du blogueur dans le processus de prescription doit-elle être forcément

accompagnée d’une transparence totale ?

Les travaux menés par Stenger nous ont montré que les blogueurs s’impliquent plus ou

moins dans la prescription d’un produit. Certains s’impliquent de façon presque viscérale

alors que d’autres prennent beaucoup de recul face à leur rôle de vendeur. Cette implication

dans le processus de prescription est essentielle : le blogueur devient le représentant de la

marque. Mais il semblerait que l’engagement du blogueur face à la prescription ne soit pas

le seul facteur important.

L’apparition de la prescription sur les blogs s’est très vite confrontée à des problèmes

d’éthique et de transparence. Le lien de confiance que le blogueur tisse avec son lecteur au

fil des posts est très fragile. Lorsque le lecteur commence à douter de l’objectivité et de la

sincérité du blogueur alors le lecteur n’est plus réceptif au discours du blogueur. Nous nous

interrogerons donc sur ce rapport qui lie éthique et implication du blogueur.

Page 33: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

31

4. METHODE

4.1 LA DEFINITION DU TYPE DE RECHERCHE

Pour mener à bien cette recherche, nous avons choisi une recherche descriptive avec une

partie observatoire (netnographie) et l’utilisation de questionnaires envoyés par mail.

La netnographie est basée sur le principe que certaines données qualitatives existent dans la « nature » et qu’il suffit de les exploiter. Cette matière qualitative se trouverait dans les échanges entre les membres de communautés rassemblés autour d’objets de consommation.

Ces objets de consommation peuvent être une catégorie de produits (les vinyles, le rap, etc.), une marque (la série TV, Sony, etc.), voire une activité particulière (le scrapbooking, la marche, etc) et c’est à partir de ces objets de consommation que l’individu va affirmer son style de vie.

Ces échanges publiquement accessibles, et dans notre cas sous forme d’articles, de commentaires sur les blogs ou Facebook ainsi que les tweets, seront donc la matière principale de ce type de recherche. Il s’agira ainsi d’utiliser cette matière première et de lui donner un sens.

En règle générale, le résultat d’une netnographie se présente sous la forme d’un texte écrit qui interprète la communauté étudiée. Dans notre cas, en plus de cette interprétation, nous établirons un mapping et pour plus de transparence le couplerons avec un tableau récapitulatif. Il nous semble important de mettre en avant les avantages mais aussi les limites de ce type de recherche ; Bernard (2004) les avaient résumés dans le tableau ci-dessous :

Tableau 3 : Avantages et limites de la Netnographie – Y. Bernard (2004)

Page 34: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

32

En parallèle de cette netnographie qui nous place en tant qu’observateur et interprète de la communauté, nous avons utilisé des questionnaires envoyés par mail à notre échantillon. Ces questionnaires nous ont permis de récolter des données quantitatives (nombre de visiteurs) mais aussi de voir comment la blogueuse envisageait son activité de blogging et son rapport avec la blogosphère.

4.2 LE PLAN D'ECHANTILLONNAGE ET LA METHODE DE RECUEIL

La question d’échantillonnage ne se pose pas dans notre travail car nous avons étudié des

cas pratiques. Notre recherche s’est concentrée sur la blogosphère française, influente et

féminine.

Afin de trouver nos 6 cas, nous nous sommes d’abord concentré sur le classement Wikio qui

nous a fourni une liste de blogueuses. A partir de cette liste, nous sommes allé sur les blogs

cités, nous les avons analysé et sélectionné. Nous avons effectué notre sélection à partir du

score Klout (au moins 50 ) mais aussi grâce à des critères plus subjectifs : la diversité ainsi

que la qualité du contenu. En parallèle de cette liste Wikio, nous avons utilisé le classement

Elle-Wikio, qui sélectionne 10 blogueuses dans des catégories différentes chaque année. A

partir de ces deux recherches, nous avons sélectionné 21 blogueuses que nous avons

contactées par email.

Un point important et déterminant dans la prise de contact est que nous avons d’abord

décidé d’envoyer des mails en vouvoyant les blogueuses : nous pensions que dans notre

démarche, une prise de distance était nécessaire. A la suite de ce premier envoi de mail,

nous n’avons reçu que 4 réponses positives. Malgré notre insistance aucune n’était prête à

une rencontre, effectuer une interview par téléphone, skype voire même sur un chat. Nous

avons donc envoyé les questionnaires à ces 4 blogueuses, trois ont répondu instantanément,

nous avons dû relancer la quatrième plusieurs fois, qui à cause de la sortie de son livre, était

très occupée.

Nous avons ensuite affiné la deuxième série d’envoi d’email. Nous avons tout d’abord remis

en cause la stratégie de prise de contact : nous avons décidé de tutoyer les blogueuses et

d’utiliser des traits d’humour pour justifier notre démarche. Pour sélectionner les

blogueuses, nous avons utilisé les réponses que les blogueuses, déjà interrogées, avaient

données à la question « As-tu des relations avec d’autres blogueuses ? Si oui, lesquelles ? ».

Nous avons donc obtenu une liste de 15 blogueuses et après en avoir sélectionné 8 nous les

avons contacté par email en obtenant 2 réponses positives. Elles nous ont ensuite

rapidement renvoyé leur questionnaire.

Pour la sixième blogueuse, nous l’avons contacté grâce à un ami qui la connaissait

personnellement. Il nous a mis en contact et elle a ensuite renvoyé le questionnaire rempli.

Page 35: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

33

Ainsi sur un envoi de 30 d’emails, nous avons réussi à interviewer 6 blogueuses qui

semblent très bien représenter la blogosphère féminine française de part leur diversité

éditoriale, leur âge et leur profession :

Prénom Age Profession Lieu de résidence Thème du blog

Anne 30 ans étudiante Montpellier Mode, littérature et vie

personnelle

Hélène 38 ans blogueuse Paris Beauté et maquillage

Penelope 29 ans Illustratrice/ graphiste

freelance Paris Vie quotidienne

Léa 23 ans étudiante Paris Actualité mode

Lucie 35 ans rédactrice web Paris Amour, relations homme-

femmes…

Victoria 22 ans étudiante Barcelone Mode, création, cuisine

Tableau 4 : Profil des blogueuses étudiées

4.3 LA DEFINITION DES VARIABLES

Afin d’analyser ces 6 cas, nous avons défini 3 critères : la mise en scène de l’identité, la

relation avec son environnement et leur potentiel de vendeur. Ces critères permettront de

répondre à 3 questions qui intéressent les marques qui approchent les blogueuses :

Comment les contacter ? Qui contacter ? Pour quoi les contacter ?

Les données ont été recueillies grâce aux traces que les blogueuses et leurs lecteurs laissent

sur internet et grâce aux réponses fournies par le questionnaire. Le tableau ci-dessous

synthétise ces trois critères en précisant le type de contenu étudié et les critères étudiés :

Page 36: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

34

Tableau 5 : Synthèse des trois critères étudiés

Type de contenu étudié Outils de mesure Critère étudié

Design du blog

Bannière personnalisée

Mise en scène de l'identité du blog et de la blogueuse

Nom du blog

Adresse du blog

Identité de la blogueuse

Nom ou pseudonyme

Photo ou avatar

Information sur l’identité du blogueur

Relation avec ses lecteurs

Twitter

Relation avec l'environnement

Facebook

Commentaires des lecteurs

Score Klout

Relation avec la blogosphère

Twitter

Facebook

Score Klout

Blogroll

Commentaires des autres blogueuses sur

son blog

Participation à des événements de

blogueuses

Relation aux marques Forme et type de

prescription

Potentiel de vendeur

Contenu du blog

Type de contenu

Style d'écriture

Qualité des images/vidéos

Page 37: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

35

4.4 LE TRAITEMENT DES DONNEES

Afin de traiter les données, nous allons utiliser l’approche herméneutique. Cette approche

repose sur l’idée que face à une masse de données textuelles, le lecteur est confronté à un

ensemble d’éléments qui semblent incohérents et désordonnés.

A partir de cette masse d’information, il va falloir procéder en deux étapes pour la « démêler » :

1) Lire l’ensemble des données afin d’en comprendre le sens général

2) Analyser les divergences mais aussi les convergences entre les éléments

A l’aide de verbatim, chaque point d’interprétation sera justifié et cette interprétation devra donner une cohérence à l’ensemble des données.

Nous définirons donc les différentes codifications que nous utiliserons pour chaque critère

c’est-à-dire : la mise en scène de l’identité du blog et de la blogueuse, la relation avec

l’environnement et enfin, le potentiel de vendeur.

4.4.1 MISE EN SCENE DE L'IDENTITE DU BLOG ET DE LA BLOGUEUSE

Afin d’étudier la mise en scène de l’identité du blog et de la blogueuse, nous avons défini

deux sous-critères le design du blog et l’identité de la blogueuse. Le tableau ci-dessous

détaille les critères étudiés pour chaque sous-critère :

Tableau 6 : La mise en scène de l’identité du blog et de la blogueuse

Critère étudié Codification Sous-critère

Nom du blog Blog éponyme ou non

Design du blog Adresse du blog Nom de domaine ou non

Identité visuelle du blog Bannière personnalisée ou non

Nom ou pseudonyme Le blogueur apparait-il sous son vrai nom/prénom ou un

pseudonyme Identité de la

blogueuse Identité visuelle de la blogueuse Photo ou avatar

Information sur l’identité du blogueur

La blogueuse a-t-elle publié une biographie, des

informations sur elle ou non

Page 38: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

36

4.4.2 RELATION AVEC L'ENVIRONNEMENT

Afin d’étudier les relations avec l’environnement de nos 6 blogueuses, nous analyserons les

données présentes sur le blog : c’est-à-dire les posts mais aussi les commentaires qui suivent

ces posts. Ces données nous permettront de comprendre la façon dont la blogueuse

s’adresse à la blogosphère et à son lectorat et gère cette relation.

Nous nous intéresserons aussi à la présence des différentes blogueuses sur internet et le

public visé par chaque outil. Nous avons identifié 5 outils utilisés par les blogueuses :

- Twitter : Cet outil permet aux blogueuses d’échanger avec leur lectorat mais aussi la

blogosphère. Afin de mener notre analyse, nous prendrons en compte la natures des tweets

(concernent-ils seulement la promotion du blog ?) mais aussi la façon dont elles

communiquent avec leur environnement.

- Facebook : Cette plateforme est le deuxième outil le plus utilisé par les blogueuses pour

communiquer avec leur environnement. Nous analyserons donc la nature des publications,

le nombre de « j’aime » par publication ainsi que les commentaires des membres du groupe

et l’interaction entre la blogueuse et les membres. Nous prendrons en compte aussi le

nombre de membres au groupe Facebook.

- Youtube : Youtube permet aux blogueuses de rendre leur contenu attractif. Nous

analyserons donc la façon dont elles s’adressent à leur lectorat à travers leurs vidéos.

- Bloglovin et Hellocotton sont des sites qui permettent aux utilisateurs de suivre des blogs

et d’être informés sur les derniers articles postés. Bien que ces outils ne soient pas

incontournable, ils permettent de gagner en visibilité, utiliser bloglovin en plus d’autres

outils, c’est augmenter sa visibilité.

Nous utiliserons aussi l’outil Klout qui mesure l’influence digitale d’un compte Twitter ou

Facebook. Cet outil produit un score compris entre 0 et 100 basé sur 35 variables réparties

en 3 catégories :

1) Le True Reach, dont la traduction pourrait être « véritable portée ». Ce critère mesure la taille de votre audience engagée. Elle se calcule à partir du nombre d’amis sur Facebook et followers sur Twitter qui lisent les contenus, les partagent, les commentent ou les « aiment ».

2) L’Amplification Score permet de mesurer l’écho donné aux publications, au travers du nombre de retweets (RT), mentions, « j’aime » et commentaires.

3) Le Network Score indique l’influence de l’audience engagée.

En plus de ces 3 critères, Klout fournit également une matrice d’influence (Influence Matrix)

qui détermine le rôle que jouent les blogueuses sur Facebook et Twitter : créateur de

Page 39: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

37

contenu, lecteur, redistributeur d’informations, etc… Enfin Klout permet de voir par qui les

blogueuses sont influencées et qui elles influencent.

L’utilisation de Klout nous permettra de recouper les observations netnographique avec des

données chiffrées.

4.4.3 POTENTIEL DE VENDEUR

Enfin, afin d’étudier le troisième critère, c’est-à-dire le potentiel de vendeur, nous avons

dégagé deux sous-critères : la relation aux marques et le contenu du blog. Ces deux sous-

critères nous semblent pertinents car la frilosité aux marques est tout aussi importante que

la façon dont la blogueuse prescrit les différents objets de consommation.

A) RELATION AUX MARQUES

Nous avons identifié plusieurs outils de promotions sur les différents blogs. Nous avons

différencié la monétisation assumée, c’est-à-dire que le lecteur est conscient que le blogueur

est payé pour cette promotion et la monétisation ambigüe, c’est-à-dire quand la relation

entre la marque et le blogueur n’est pas clairement explicitée.

Forme Type Type de monétisation

Bannières

Liens sponsorisés Publicité Monétisation assumée

billets explicitement sponsorisés

Citation de marque dans un post : texte, photo ou vidéo

Placement de produit Monétisation ambigüe Lien vers le site d'une marque à travers une photo ou du texte

Tableau 7 : Potentiel de vendeur : Forme et type de promotions

B) CONTENU DU BLOG

Le contenu du blog va aussi être une donnée très importante. Le type de contenu nous

permettra de comprendre dans quel contexte est inscrite la prescription : un contenu

personnel ou promotionnel.

Page 40: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

38

Le style d’écriture nous permettra de comprendre la façon dont la blogueuse développe son

« argumentaire de vente ».

Type de contenu

Personnel Les articles ne sont pas centrés sur des objets de consommation.

Promotionnel Le sujet principal des articles concerne des objets de consommation.

Style d'écriture

Romanesque

La blogueuse ne centre pas son récit sur l'objet de consommation, elle raconte des anecdotes de la vie quotidienne. Ses posts sont construits comme des récits.

Descriptif

La blogueuse fait une simple description des objets de consommations sans donner son avis : elle reste très neutre

Analytique

La blogueuse fait non seulement une description des objets de consommation mais donne aussi son avis.

Tableau 8 : Contenu du blog

Page 41: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

39

5. ETUDE DE CAS

Durant cette partie, nous utiliserons pour justifier nos propos des verbatim. Ces verbatim

comprennent parfois des fautes orthographiques ou de frappes qui ne sont pas du fait de

l’auteure.

5.1 MANGO AND SALT

Le blog Mango and Salt a été crée en mai 2010 par Victoria. Ce blog est assez éclectique :

elle y aborde des thèmes comme la mode, la beauté et la cuisine. Il est visité par environ

800-1000 personnes par jour.

5.1.1 MISE EN SCENE DE L'IDENTITE DU BLOG ET DE LA BLOGUEUSE

A. DESIGN DU BLOG

Le nom du blog ne laisse pas transparaitre ni l’identité de la blogueuse ou de la personnne

qui tient le blog, ni le thème du blog. Le nom même du blog « Mango and salt » est assez

intéressant car il appelle 2 sentiments opposés : la mangue, la douceur, face au sel, qui en

trop grande quantité peut gâcher un plat. Ce nom de blog pourrait presque être une

marque, la blogueuse a d’ailleurs accompagné ce nom d’un logo, un cerf. Lorsque l’on arrive

sur le blog, la bannière avec le nom et le logo donne donc un aspect très professionnel au

blog. On pourrait ne pas savoir que c’est un blog car l’adresse du site se présente comme un

site banal www.mangoandsalt.com

Le blog est esthétiquement très travaillé : on pourrait même dire qu’il a une charte

graphique avec deux couleurs principales le rose et le bleu qui donne une apparence douce

au blog. La navigation sur ce blog grâce aux 5 onglets est intuitive et rend son utilisation très

simple.

Page 42: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

40

Figure 13 : Capture d’écran de la home page du blog Mango and salt (02/10/11)

B. IDENTITE DE LA BLOGUEUSE

On peut découvrir qui se cache derrière ce blog grâce à l’onglet « C’est qui ? ». Dans cet

onglet, la blogueuse se présente en donnant son prénom, son âge et ce qu’elle étudie mais

elle publie aussi une photo d’elle. Elle dévoile donc une grande partie de son identité car

pour l’identifier totalement il ne nous manque que son nom.

Aussi elle se met en scène en donnant à son personnage un caractère très romantique et

très acidulé :

J’aime les fruits d’été, le ciel bleu, les bonbons, le bruit de la neige sous les

chaussures. Ouverte à tout et créative dans mes moments perdus, je ponctue mon quotidien

de lubies plus ou moins folles, d’envies, de rêves. Mango & Salt a été pensé comme un “mood

board” sur lequel j’épingle mes inspirations, mes créations, et tout ce que j’aime dans

plusieurs domaines. Comme un carnet de jolies choses, à lire tranquillement en buvant un

bon chocolat chaud.

Cette description à la « Amélie Poulain » donne un caractère attachant à cette blogueuse et

l’humanise un peu plus encore. Aussi, en affirmant que son blog est pensé comme un

« moodboard » elle s’inscrit directement dans un univers graphique en utilisant un mot

appartenant à la communication, le design ou la mode. Elle cultive donc à travers cette

description, l’esthétique visuelle qu’on avait pu remarquer au premier bord.

Cette blogueuse utilise aussi un outil très intéressant : « formspring ». Cet outil permet de

poser à la blogueuse n’importe quelle question courte et elle y répond. Les questions

concernent des sujets très variés : la vie privée, le quotidien, le maquillage qu’elle utilise,

etc…

Page 43: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

41

Figure 14 : Capture d’écran du site http://www.formspring.me/melocotoncito (03/10/11)

Cet outil permet donc une relation très directe et à la fois très transparente avec la

blogueuse. D’ailleurs, elle ne semble pas censurer les questions gênantes ou autres comme

en témoigne la capture d’écran ci-dessous :

Figure 14 : Capture d’écran du site http://www.formspring.me/melocotoncito (03/10/11)

5.1.2 RELATION AVEC L'ENVIRONNEMENT

A. RELATION AVEC SES LECTEURS

a) Identification, admiration et encouragement

En étudiant les commentaires que les lecteurs laissent sur le blog de mango and salt, nous

avons identifié trois phénomènes qui s’entretiennent.

Le tout premier est un phénomène d’identification collective. Ce phénomène est très

intéressant car il est à la base de la construction d’une communauté. Dans les commentaires

ci-dessous les « commentatrices » cherchent clairement à se singulariser. On remarque ce

besoin de se différencier avec l’utilisation du mot « seule » : elles cherchent à affirmer leurs

différences par rapport à leur relation avec l’objet de consommation. Mais c’est cette

singularisation qui permet à ce lectorat de mieux appartenir à un groupe. Car si elles sont

différentes par rapport aux membres extérieurs à la communauté, elles restent très

semblables à la blogueuse : elles appartiennent à la même communauté et elles souhaitent

Page 44: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

42

affirmer leur ressemblance par rapport à cet extérieur. C’est un peu la logique des mondes

adolescents : affirmation d’une différence d’avec le monde des adultes mais mondialement

tous uniformes dans les modes vestimentaires !

Whatkatydidnext : « Avant toute chose je dois te dire que JAI KIFFE ton “jsuis pas OuFEMENT

bronzée”, je vois que je suis pas la seule à parler n’importecomment haha love <3. »(1 juillet

2011)

Jessy : « J’ai adoré le “Hiiiiiiiiii” ! ça me rassure un peu de voir que je ne suis pas la seule accro

au make-up, j’ai une whislist longue comme le bras et je suis à deux doigts de craquer chez

MAC. » (1 juillet 2011)

Cette identification collective est aussi encouragée par un phénomène d’admiration plus ou

moins important. Bien sûr, pour Hervine, Victoria n’est pas son idole au sens propre mais son

admiration est tellement forte qu’elle assume une part de jalousie.

Hervine : « Oh putain!!! Tu es mon idole!! Non seulement parce que tu as une guitare, que tu

sais en jouer et qu’en plus elle est méga canon! T’imagine pas à quelle point je suis contente

pour toi, mais un peu jalouse aussi. J’aurais tellement, mais tellement aimé apprendre en

jouer et faire ma rockeuse de pacotille. » (19 aout 2011)

D’autres sont plus modérés, et se contentent de flatter les longues jambes, son bon goût ou

son choix pour les objets de consommation. Mais à chaque article, près de 70% des

commentaires sont des marques d’admiration : ce qui signifie bien que la blogueuse a noué

une relation de type « bonne copine » avec ses lectrices. Elles se flattent mais aussi

s’encouragent.

Lors de la publication d’une vidéo, une lectrice souligne les progrès de la blogueuse en

l’encourageant. D’autres l’incitent à poster, plus de vidéos, d’articles, ce qui créer une réelle

dynamique entre ces trois phénomènes qui sont l’identification, l’admiration et

l’encouragement.

Katy : « Et j'ai adoré ta ptite video tu commences à te lâcher et cest vraiment sympa ! (7

juillet 2011) »

b) Un relation personnelle avec le lectorat

La blogueuse a réussi clairement à nouer une relation très personnelle avec son lectorat.

Victoria affirme d’ailleurs dans l’entretien :

« Je fais attention aussi à traiter personnellement chaque lecteur, chaque abonné, etc…, ce

qui me paraît très normal puisque le blog vit grâce à leurs visites. Je leur réponds et je suis

proche d’eux, ce qui crée des échanges qui jouent sans doute en faveur de la fidélisation. De

manière générale, je dois dire que je recherche davantage cette fidélisation et cette

ambiance « personnelle » plutôt qu’un nombre élevé de lecteurs. »

Page 45: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

43

Victoria répond très régulièrement aux commentaires que ses lectrices lui laissent pour

chaque article, depuis ces 3 derniers mois, nous avons compté que Victoria répond à au

moins un quart des commentaires.

Cette relation très proche avec les lectrices provoque aussi la confidence. En effet, certaines

lectrices de dévoilent littéralement sur le blog : racontent leur vie privée, familiale à la suite

d’un article, par exemple, sur l’achat d’une nouvelle guitare.

Hermine : « Non, je n’ai pas eu cette chance, j’ai eu le droit aux cours de solfège et de piano (j’ai eu un piano mais je n’aimais pas ça). J’ai aussi du supporter les cours de danse classique pendant 5 ans -__- Ça peut te paraître super mais moi je détestais car ce n’est pas des activités que j’avais choisies (j’ai aussi fait du cheval aussi, pas aimé non plus). Bref, que des activités de bourgeoise coincée alors que j’aurais aimé tout autre chose (pauvre petite fille!) » (19 aout 2011)

Victoria a donc su créé une réelle relation de confiance avec son lectorat grâce aux

commentaires qu’elle utilise comme un outil conversationnel.

c) Des lecteurs participatifs et contributifs

Victoria ne répond pas seulement aux commentaires de son lectorat mais elle le prend

vraiment en compte. Dans un article, elle écrivait :

« J’ai fait ma sélection chez ASOS [lien], avec uniquement des prix raisonnables (je crois que

rien ne dépasse les 60 euros) puisque c’est ce qui vous avait plu chez ma nouvelle little black

dress: du style, et un prix riquiqui. »( 1er septembre 2011)

Suite donc aux commentaires élogieux sur sa dernière robe « chic et pas chère », elle publie

un article sur 3 tendances de la rentrée en restant dans des prix abordables comme son

lectorat le souhaite.

Mais ses lectrices proposent aussi à Victoria des thèmes d’articles et ce blog, se mute

vraiment en espace participatif mais aussi contributif :

Christelle : « Au fait Victoria, parlant de peau trop belle, tu voudrais pas nous faire un p’tit post avec les produits que tu utilise ? gommage, crème et tt le toutim quoi ???! xo xo » (06 juillet 2011)

Réponse de Victoria : « C’est une bonne idée! Je vais préparer ça :) » (7 juillet 2011)

Aussi, dans ses articles, elle parle parfois de produits qu’elle n’a pas réussi à trouver ou qui

ne la satisfont pas. A la suite de ces remarques, ses lecteurs lui recommandent souvent des

alternatives et lorsque ces alternatives lui conviennent, elle leur rend hommage comme ci-

dessous :

Page 46: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

44

Dans un article : « une jolie paire de boucles d’oreilles longues H&M sur lesquelles je lorgnais

depuis quelques semaines, trouvées à 1 euro, et le eyeliner Sephora que vous m’avez

recommandé, et que j’ai eu à 3 euros. J’en suis hyper contente! » (2 juillet 2011)

On voit donc que Victoria a su fidéliser ses lectrices grâce à une forte relation de confiance

mais aussi qu’elle n’a pas hésité à prendre en compte les remarques de ses lectrices et à les

appliquer. Toutefois, cette relation contrairement à celle qui la lie avec la blogosphère reste

dans le domaine virtuel.

B. RELATION AVEC LA BLOGOSPHERE

a) Relation mutuelle d’influence

Victoria a une relation très intense avec la blogosphère et ceci se remarque lorsque l’on

consulte on blogroll qui apparait sur la homepage. Ce blogroll est particulièrement

important puisqu’il compte dans les catégories (nous reprendrons les intitulés exacts):

Beauté, 8 blogs, Création & Jolies Choses, 28 blogs, Girly & adorable, 5 blogs ; Gourmandises,

15 blogs ; Mode, 39blogs.

Cette relation avec la blogosphère se retrouve sur le blog en reconnaissant les apports des blogueuses sur ses trouvailles ou ses articles :

« Mon intérêt pour les cosmétiques asiatiques vient de la lecture d’un blog étonnant et ludique, Les Beautés Testent [lien], qui m’a montré à quel point les Japonaises ou les Coréennes sont soucieuses de la qualité et de la luminosité de leur teint, et de quelle manière elles obtiennent la jolie peau qu’on leur connait bien. » (8 aout 2011)

Victoria reconnait d’ailleurs l’importance de cette émulation entre les blogueuses :

« En revanche les relations amicales avec les autres blogueuses sont importantes pour se

soutenir, s’inspirer, et pouvoir discuter de choses pour lesquelles on se comprend

particulièrement bien. »

Il est aussi important dans la blogosphère comme l’avait montré Kozinets (1999) d’intégrer

les codes mais aussi la hiérarchie. Ainsi, lorsque Victoria publie un article sur des madeleines

faites maison et qu’une blogueuse spécialisée dans la pâtisserie commente l’article, Victoria

répond :

Victoria : « Oooh venant de toi, je suis très flattée par ce compliment! Merci beaucoup ^__^ » (23 aout 2011)

Cette reconnaissance de ses pairs et la prise en compte de la hiérarchie sur la blogosphère est une composante très importante pour se construire un réseau.

Page 47: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

45

Ainsi, en s’appuyant sur l’outil Klout, on remarque que Victoria a un réseau très important avec un True Reach de 636. Ce chiffre signifie qu’elle influence 636 personnes, qui ont tendance à répondre à sa création de contenu mais aussi à la partager. Cette donnée est à coupler avec le Network impact, qui explicite l’influence de son réseau. Avec un score de 62, en plus d’avoir un réseau important, Victoria a un réseau influent.

Cette relation mutuelle d’influence se confirme avec les chiffres suivants : sur les 10 personnes qu’elle influence le plus, 6 sont des blogueurs et sur les 10 personnes par qui elle est le plus influencée, 7 sont des blogueurs.

Dans l’entretien, elle confirme d’ailleurs ce constat :

« Le milieu des blogueuses est très particulier sur ce point : tout le monde se lit entre soi, se parle entre soi, etc… Rares sont les blogueuses qui n’entrent en relation avec personne de ce monde. »

b) Des relations directes et extra-internet

Victoria, lors de l’entretien, explicite la façon dont elle rentre en contact avec la

blogosphère :

« Je suis en relation avec énormément de blogueuses par les réseaux sociaux et par mail, je

parle avec beaucoup d’entre elles de manière presque quotidienne (…). J’ai aussi eu

l’occasion de rencontrer, voir et revoir beaucoup de blogueuses mode, création, etc… et j’ai

encore plein de rencontres prévues dans les mois à venir. »

Cette relation directe semble être la raison d’un réseau solide et dense. Victoria a participé à

des événements créés pour les blogueuses comme les soirées Etsy ou les soirées Paulette.

Ces soirées lui ont donc permis de transformer des relations virtuelles en relations réelles.

c) Les réseaux sociaux et l’environnement

Dans le cas de Victoria chaque réseau social est associé à un type d’environnement.

Elle entretient des relations personnelles via Twitter avec ses lecteurs en utilisant un nombre

important de @ sur Twitter. Mais selon elle, c’est surtout Facebook et Hellocoton qui lui

apportent le plus de traffic.

« Concrètement, chaque mois, Twitter m’apporte autour de 15% de mon trafic. Mais

d’autres réseaux sont encore plus importants, comme Facebook et Hellocoton qui

m’apportent chacun autour de 30% de mon trafic. »

Page 48: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

46

Au contraire, Twitter semble être l’outil qu’utilise la blogosphère pour faire connaissance et

ensuite amorcer une rencontre « dans la réalité ». D’ailleurs, sur 453 personnes qu’elle suit

sur Twitter 137 sont des blogueurs ce qui représente 30%.

« De manière générale, nous sommes rentrées en contact sur Twitter. Pour certaines, à force

de conversations virtuelles, nous avons aussi pu nous voir « en réalité » lors de rencontres

personnelles ou d’évènements organisés pour les blogueurs (soirées Etsy, Paulette

Magazine…). »

Le blog Mango and Salt a donc un réseau de lecteurs et de blogueurs très important. Ceux-ci l’encouragent mais aussi participent activement au blog. La matrice d’influence de Klout qui la situe comme une Broadcaster résume bien cette idée. Elle crée du contenu et elle le partage avec une audience très large qui évalue et influence le contenu.

5.1.3 POTENTIEL DE VENDEUR

Sur ce blog, il y a différentes formes d’outils de promotion. Tout d’abord, à gauche, en

dessous du blog roll, il y a un espace nommé « une page de pub ». Cet espace, qui compte 2

bannières, est assez réduit et n’est pas visible du premier coup d’œil. Il faut « scroller » pour

voir cet espace. Cette monétisation assumée n’a donc pas une grande place sur le blog de

Victoria mais semblent lui apporter des revenus réguliers :

« *elles+ me permettent de gagner un pourcentage lorsqu’elles mènent à une vente pour la

marque en question. Ce sont des revenus très faibles (de l’ordre de 5 à 15 euros par mois)

mais assez réguliers. »

Dans un article récent, elle a organisé un concours sponsorisé pour faire gagner à son

lectorat un bandeau. Elle ne semble d’ailleurs pas très à l’aise avec ses monétisation

assumée, qu’elle justifie par des raisons financières :

« Bien que je n’aie jamais été très à l’aise avec l’idée de « vendre » de la publicité sur mon

blog puisque cela me semble une atteinte à ma ligne éditoriale, j’ai accepté ces propositions

précises parmi bien d’autres pour des raisons financières principalement. Je suis étudiante,

j’ai un budget limité et ces opérations m’ont aidée à renflouer un peu mon compte en

banque. »

Et semble ne pas vouloir recommencer ce genre d’opération :

« Cependant, j’ai décidé à présent de limiter très fortement voire de refuser désormais toute

opération de ce genre. Je préfère me concentrer sur un contenu personnel de qualité, et si je

veux gâter mon lectorat, je le ferai à mon compte. »

Page 49: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

47

Cette prise de position contre ces actions sponsorisée est étonnante car le placement de

produits est extrêmement présent sur ce blog. Sur pratiquement chaque article, la

blogueuse cite des marques et des produits en faisant souvent des liens directs vers les sites.

Dans ce cas là, le placement de produit pourrait être vu de manière ambigüe. Car même si la

blogueuse est parfois très critique sur les produits, elle peut aussi être très enthousiaste, ce

qui pourrait provoquer la méfiance. Lorsque l’on lit ses posts, on ne sait pas vraiment si les

produits qu’elle présente lui ont été offerts ou envoyés. Ce flou persiste lors de l’entretien :

« Certains de mes articles beauté sont des « revues » de produits ou de services que j’ai

acheté ou eu l’occasion de tester. S’ils me plaisent, je n’hésite pas à les recommander

chaudement. »

Elle se concentre toutefois sur des produits qui correspondent à sa ligne éditoriale, c'est-à-

dire des produits de beautés, des vêtements et des bijoux.

« Pour éviter encore une fois un dérapage de ma ligne éditoriale, je n’accepte que lorsqu’il

s’agit de produits correspondant à l’esprit général du blog ou lorsque les produits sont

envoyés pour une appréciation libre, c’est-à-dire que je ne suis pas obligée d’en parler si je ne

les aime pas. »

La méfiance que pourrait exprimer les lectrices face à l’ambigüité de placement de produits

est largement contrebalancée par le style d’écriture de Victoria. En effet, grâce à un style

romanesque, ses articles ne semblent pas clairement promotionnels. Elle inscrit les produits

qu’elle conseille dans son quotidien et centre le post sur ses ressentis plutôt que sur l’objet

de consommation.

« J’espère que vous avez toutes lu le titre en mode Gollum dans le Seigneur des Anneaux!

Mon précieux à moi n’est pas en or, mais il est quand même super joli. Il s’agit d’un pull loose

H&M datant de la saison précédente et que je cherchais partout depuis des lustres; grâce à

sa réédition en couleur vieux rose/beige cette saison, j’ai pu mettre la main dessus, et il s’agit

désormais de l’un de mes tops préférés. Il donne un aspect habillé grâce à son fini délicat

(tissé de fils dorés) mais garde un côté cool grâce à sa forme très large. Bref, un pull parfait

pour moi la phobique du trop chic! Voici donc comment je l’ai porté déjà plusieurs fois pour

sortir boire un verre le soir dans les bars super chouettes de Barcelone. »

Ce style romanesque est complété par un style analytique que l’on retrouve principalement

dans ses vidéos. Avec des tutoriaux sur les maquillages, elle donne son avis sur les

différentes textures, prix, etc. des produits qu’elle utilise. Cet esprit critique permet de

conforter la confiance qui existe entre ses lectrices et Victoria.

Page 50: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

48

5.2 LES FILLES PENSENT QUE

Le blog « Les filles pensent que … » a été crée le 9 septembre 2009 et est tenu par Lucie. Le

thème de ce blog est principalement les rapports hommes/femmes avec des articles sur

l’actualité, le quotidien… Ce blog est lu par environs 700 lecteurs par jour et a remporté le

prix Elle en 2010. A la suite de ce prix, Lucie a été contactée pour publier un livre.

5.2.1 MISE EN SCENE DE L'IDENTITE DU BLOG ET DE LA BLOGUEUSE

A. DESIGN DU BLOG

Avec le nom « Les filles pensent que », ce blog s’affirme directement comme un blog fait par

et pour les filles. Grâce à un nom de blog assez transparent, on se doute très vite que ce blog

va parler des états d’âme féminins et des petits tracas du quotidien. Dès l’arrivée sur le site,

on remarque d’ailleurs une ambiance très girly : sur la bannière, le nom du blog est écrit de

façon très romantique en rose avec une étoile et le template est rose pailleté. Cette

présentation donne une ambiance très adolescente au blog. L’adresse du blog

www.lesfillespensentque.net contrebalance cette première impression et professionnalise le

blog. La navigation est réduite à son minimum puisqu’il n’y a pas de barre de navigation :

seule une barre sur la gauche permet d’accéder aux anciens articles et aux différentes

catégories.

Figure 15 : Capture d’écran de la home page du blog Les filles pensent que… (02/10/11)

Page 51: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

49

B. IDENTITE DE LA BLOGUEUSE

Il n’y a aucune information sur Lucie à part son véritable nom et prénom : Lucie de Paola. Il

n’y a aucune information sur son identité, ni de biographie. La seule identité visuelle que

l’on peut apercevoir est une photo lorsqu’elle répond aux commentaires.

Le sous-titre de la bannière nous donne toutefois une information sur la façon dont elle se

met en scène :

Perchées sur des 10 cms ou en Converse, les filles pensent ! Pensées futiles ou pleines de bon sens... nos cerveaux sont en perpétuelle ébullition.

Lucie de Paola ★

A travers cette citation d’elle-même et en ne dévoilant pas son identité, Lucie se place presque comme un maître à penser. Cette façon de se mettre en scène est assez énigmatique car elle dévoile à la fois son nom et son prénom mais elle ne dit pas qui elle est et ne cherche pas à justifier pourquoi elle tient ce blog. Ce mystère est d’ailleurs renforcé par le fait qu’elle ne signe pas ses articles par son nom et prénom mais qu’elle laisse une étoile.

5.2.2 RELATION AVEC L'ENVIRONNEMENT

A. RELATION AVEC SES LECTEURS

a) un espace de débat…

Lucie sur son blog écrit le plus souvent des articles qui portent sur les relations

homme/femme. Ces articles provoquent souvent des débats dans les commentaires où

chacun vient donner son avis :

Petite parisienne : « J'allais dire que ... de un, ce n'est pas toujours vrai (enfin si ;-) Mais pas

forcément tout à la fois) mais que surtout de deux, les hommes aussi oublient de séduire une

fois en couple. (…) » (26/09/2011)

Mais les lecteurs ne donnent pas seulement leur avis mais s’interpellent entre eux lorsqu’ils

ne sont pas en accord. Il se crée alors un réel espace de débat où la blogueuse intervient peu

voire pas.

Coco : « @Mournblade: Je vais sur mes 33 ans et je suis célibataire par choix. J'ai des

aventures et de vraies histoires d'amour mais, par choix, je ne veux pas qu'un homme

s'installe chez moi... Je ne veux pas non plus d'enfants. Je ne suis certainement pas

représentative mais je ne suis pas non plus un cas unique! » (07/04/2011)

Page 52: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

50

Cet espace de débat peut même se transférer sur un autre blog et ouvrir une autre fenêtre.

Le commentaire ci-dessous en est un très bon exemple. Dans ce cas là, la blogueuse

intervient et incite la lectrice à développer ses idées : elle se place comme « inspiratrice »,

dans le sens où elle accepte que son article inspire d’autres posts sur d’autres blogs.

Working Mama : « Alors là...je ne suis pas du tout d'accord avec cet article. Il en sort une telle

fatalité oÔ ! Ce serait trop long à développer ici, alors j'en ferai certainement un billet! Bonne

journée! » (19/09/11)

Réponse de Lucie de Paola : « Mais non, je le dis à la fin : RIEN n'est définitif et on peut faire en sorte que la routine ne vienne pas (trop) envahir notre couple. En revanche, j'attends ton papier avec impatience :) » (19/09/11)

b) … et participatif !

Le blog de Lucie n’est pas seulement un espace de débat mais aussi un espace participatif.

Profitant de l’implication de ses lecteurs, elle organise des témoignages dans la rubrique « Et

vous ? ». Pour recueillir ces témoignages, elle se sert de Facebook. Cette utilisation de

Facebook est alors très intéressante car cela signifie que les lecteurs de son blog passent par

Facebook pour se tenir au courant des dernières nouveautés. Lors de l’entretien, Lucie

confirmait cette idée :

« Selon mes stat, les gens viennent plus via FB et la newsletter que par Twitter. »

Ainsi, Lucie fait des appels à témoins via son mur Facebook sur lequel on pouvait lire :

« Pour le moment j'ai très exactement 4 réponses.... Je n'invente pas les témoignages donc si

vous voulez cet article, il faut répondre ;) Prochain "Et vous ?" : "Ce jour là a changé ma vie

pcq..." Tout le monde a, un jour, connu un moment qui a été déterminant dans sa vie. C'était

quoi pour vous ? Réponses : [email protected] » (25/09/11)

Cet engagement des lecteurs est très intéressant, car ils ne sont plus passifs mais bien actifs

dans le processus de blogging. Ce sont donc les même personnes qui répondent aux posts,

les commentent mais aussi les écrivent ! Cet engagement des lecteurs crée alors une sorte

de cohésion : chacun connait les petites anecdotes de la vie de chacun grâce à la rubrique

« Et vous ? » et donc les lecteurs se connaissent. Lucie déclarait d’ailleurs dans l’entretien :

« Ca leur permet également de se connaitre les uns les autres. Grace à ça, les lecteurs créent,

à leur tour, une mini communauté. »

Les relations entre les lecteurs sont très intéressantes sur ce blog car ils sont de réels acteurs

du blog. Ils commentent, débattent, se racontent et créent une réelle communauté autour

du blog où la blogueuse reste en retrait et devient une sorte de chef d’orchestre.

Page 53: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

51

B. RELATION AVEC LA BLOGOSPHERE

Sur les 144 personnes que Lucie suit sur Twitter seuls 12 sont des blogueurs. Si l’on couple ce

constat, avec le True Reach de Klout qui est de 172 : on s’aperçoit que le réseau que Lucie a

constitué sur la blogosphère est plutôt restreint. Mais ces rapports restreints avec la

blogosphère ne veulent pas dire que son réseau est peu influent : elle est connectée à peu

de personnes mais semble être connectée aux bonnes personnes.

a) Des relations réelles

Les rapports avec la blogosphère se concrétisent souvent par des rencontres physiques, « IRL ». Les rapports qu’entretient Lucie avec la blogosphère sont particuliers car elle semble rester dans une relation virtuelle :

« J’en connais beaucoup via leur blog mais très peu dans la vie. »

Ce constat se confirme lorsque l’on lit, les portraits de blogueurs qu’elle fait intervenir sur son blog. Dans ce premier cas, elle n’a pas rencontré Marc sur internet mais d’abord dans la vie et a ensuite transformé cette relation en relation virtuelle :

« Marc est l'ami d'un ami. Nous nous sommes rencontrés à une soirée et la première chose qu'il m'ait dit a été : "ah, c'est toi la fille qui a un blog qui déteste les Pick Up Artist ?" J'avoue, ça m'a fait rire» (18/04/11)

Dans ce second cas, Lucie a rencontré d’abord Laurent à un événement de blogueurs, a fait connaissance avec lui et cette relation s’est ensuite transférée sur internet

« Auteur du blog culinaire "A chicken in the kitchen", Laurent était lui aussi invité à testé l'éclair "Eclair". Il est des gens avec qui on s'entend tout de suite, ça ne s'explique pas. Quelques minutes on suffit pour qu'on se mette à discuter comme si on se connaissait depuis longtemps.» (11/07/11)

Cette approche de la blogosphère très particulière est assez étonnante car elle inverse ce que sont les rapports habituels sur la blogosphère : au lieu de se rencontrer sur internet et ensuite dans la vie, elle rencontre les blogueurs dans la vie et continue cette relation sur internet.

b) Des collaborations

Lucie fait appel aux blogueurs pour alimenter deux catégories de posts : « Les hommes pensent que… » et « Une fille, une ville ». Comme avec ses lecteurs, le blog de Lucie est un espace de partage et d’ouverture vers d’autres blogs. Elle ne craint pas la concurrence mais au contraire se sert de ces ouvertures vers d’autres blogs pour augmenter son lectorat.

Page 54: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

52

5.1.3 POTENTIEL DE VENDEUR

Lucie semble assez frileuse concernant les opérations de promotions sur son blog. Elle

publiait d’ailleurs sur son mur Facebook, ce post :

« Souvent je reçois des mails d'attachée de presse qui me prennent pour une gourde : "Chère

Lucie, Nous avons découvert votre blog et, à sa lecture, nous y avons apporter un vif intérêt

car nous avons une passion commune : "la tendance". Ben tiens... hyper tendance... »

(15/09/11)

Sur son blog, il n’y a d’ailleurs aucune bannière ou lien sponsorisé : son blog est totalement

vierge de monétisation assumée.

Par contre, il semblerait qu’elle ne soit pas très à l’aise avec le placement de produits. Lors

de l’entretien, à la question : « Avez-vous déjà recommandé un produit, un spectacle, un

service sur votre blog ? », elle répondait :

« Je recommande sporadiquement des adresses mais jamais de produit ou de spectacle. »

Or le 25 juin 2010, Lucie écrivait un article sur les cosmétiques intimes et commençait son

article comme ceci :

« Il y a quelques mois, je recevais dans ma boite mail un petit mot : "Ne désirez vous pas

écrire un article sur notre gamme française : www.voulez-vous-paris.com" Intriguée, je clique

et me voilà sur un site dédié aux cosmétiques intimes, à savoir : des huiles chauffantes

comestibles, des lubrifiants, des poudres à lécher… Depuis mes articles sur le Passage du

Désir et sur les sex-toys écolos, me voilà devenue une pro des articles érotiques… Ah ?!

Donc, voici le test des produits "Voulez-vous" ! »

On remarque donc bien que Lucie a une relation particulière aux marques : elle semble les

rejeter en bloc et être opposé à parler de produits sur son blog alors qu’elle accepte de

tester des produits gratuits et d’en parler sur son blog.

Toutefois, la transparence dont elle fait preuve dans son article, tant à propos de la façon

dont elle a été approchée que par son test assez objectif, lui permet de ne pas malmener

son lectorat.

En ce qui concerne, le type de contenu du blog il est essentiellement personnel puisqu’elle

parle de son environnement, des sujets d’actualité qui la touchent ou des relations

hommes/femmes. Dans chaque article, elle donne son point de vue et argumente.

Page 55: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

53

5.3 MELLE DUBNDIDU

Ce blog, lancé par Anne depuis 2 ans, est réellement actif depuis mars 2010. La ligne éditoriale de ce blog est plutôt variée : elle y raconte ses expériences (lecture, maquillage, eshop et tourisme) ainsi que ses conseils modes. Chaque jour, 1200 personnes lisent et suivent son blog.

5.3.1 MISE EN SCENE DE L'IDENTITE DU BLOG ET DE LA BLOGUEUSE

A. DESIGN DU BLOG

Le design du blog de Melle Dubndidu est assez simple dans les tons rose clair et s’affiche

clairement comme un blog féminin. La bannière avec une écriture très romantique et des

arabesques confirme ce premier sentiment. Toutefois, le design assez simple et un peu

bricolé donne à ce blog une image amateur. L’adresse du blog est par contre plutôt

professionnelle puisqu’elle a un nom de domaine : http://www.melledubndidu.fr

Figure 16 : Capture d’écran de la home page du blog Melle Dubndidu (02/10/11)

Le nom du blog « Mademoiselle Dubndidu » est assez mystérieux : on pourrait se demander

si c’est son nom ou bien un surnom. On obtient la réponse à la signification de ce nom dans

la sous-rubrique « Pourquoi Melle Dubndidu ? » : il provient d’une chanson. On arrive alors

sur une page qui nous propose une vidéo Youtube d’un groupe et les paroles de la chanson

en question. La phrase de la chanson surlignée est « My heart is making dubndidu » et Anne

nous explique :

« J'aime beaucoup cette chanson et elle m'a beaucoup marqué lorsque j'ai rencontré

namoureux <3 Elle inspire la joie de vivre, c'est la mélodie qui le matin, alors que le temps

n'est pas au beau fixe, me ferait quand meme me lever, me donnerait le sourire. Chacun a la

Page 56: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

54

chanson qui le ou la fait rayonner un jour de pluie, et bien moi c'est celle-ci d'où mon nom de

blog. »

Ce story-telling est très intéressant car la blogueuse séduit le lecteur en se mettant en scène

dans le rôle sensible de l’amoureuse. A travers cette anecdote, le lecteur se sent tout de

suite très proche de la blogueuse qui dévoile une partie de sa vie privée.

B. IDENTITE DE LA BLOGUEUSE

Bien que le nom du blog ne soit pas très transparent sur l’identité de la blogueuse, elle se

présente, sur la barre de gauche, en donnant son âge, son prénom et publie une photo

d’elle. Elle présente aussi son blog :

« (…) Ce blog est un blog qui ne se prend pas au sérieux, futile à souhait, je le considère

comme un lieu de partage et d'échange. »

Avec cette présentation, on a presque l’impression que la blogueuse s’excuse d’avance de ce

qu’elle pourrait écrire et cela la rend touchante. Elle contraste aussi avec l’image cliché de la

blogueuse de mode élitiste : elle se veut accessible et décomplexée.

5.3.2 RELATION AVEC L'ENVIRONNEMENT

A. RELATION AVEC SES LECTEURS

a) La bonne copine

Le blog de Anne est assez surprenant car il ne se limite pas à la présentation de ses tenues, à

des conseils beauté ou ses découvertes mais dans ce blog, elle livre énormément de détails

sur sa vie privée. Elle personnalise les produits en expliquant à quelle occasion elle les a

portés, les jugements de ses proches, etc. Par exemple, pour présenter son nouvel objectif

d’appareil photo et les nouveaux tests qu’elle a effectués, elle écrit :

« Comme vous le savez (OU PAS ENCORE), j'ai eu un nouvel objectif pour mon appareil

photo, j'ai fait quelques tests d'images ce soir-là. Je voulais également vous faire partager le

succulent dessert qu'on a pris. Je dis On car je suis gourmande, mais je culpabilise beaucoup

moins si Matthieu et moi on partage ce dernier plat, vous le faites aussi n'est-ce pas :$ ? »

Page 57: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

55

Cette façon d’inclure et d’impliquer ses lectrices dans sa vie privée crée une certaine

proximité et rend le blog très personnel. Melle Dubndidu est alors presque un journal intime

en ligne et c’est sur cette intimité que repose la relation de confiance entre elle et ses

lectrices. Une lectrice écrivait d’ailleurs :

Dollyy : « Ta tenue est vraiment superbe, elle te va à ravir! J'ai découvert ton blog il y a peu de temps, je l'aime déjà beaucoup... tes tenues, tes lectures, le fait qu'il soit si personnel...; j'ai l'impression de lire un journal intime, et je trouve ça vraiment sympa que tu fasses partager autant de choses avec tes lectrices.» (17/07/11)

Anne se confie à ses lectrices sur ses doutes, ses peurs suite à, par exemple, un départ à l’étranger et s’adresse directement à ses lectrices comme à des amies pour les remercier du réconfort qu’elles lui apportent. Elle noue donc une réelle relation d’amitié entre elle et son lectorat.

« Je suis vraiment heureuse de partager tout cela avec vous, autant avec les lectrices

silencieuses qui celles qui prennent leur plume à mon grand bonheur. D'ailleurs, votre soutien

pour le grand départ (>>Los Angeles) me fait chaud au coeur, car je ne peux pas vous le

cacher, même si j'ai hâte, j'ai aussi un... peu peur ...Voilà :$ :$ » (24/07/11)

Une lectrice écrit d’ailleurs très justement :

Manue : « (…) J'aime bien le fait que tu t'adresses à nous comme des amies ahah (mais on est tes amies non??? >>>oula psychopathe la fille lol) (..).» (23/07/11)

b) Une communauté de lectrices fidèles et impliquées

Anne, durant l’entretien, nous informait que parmi ses lecteurs 50% sont « des réguliers ». Cette fidélité des lectrices s’explique par la grande implication d’Anne dans la gestion de son blog.

Tout d’abord, parce qu’elle publie extrêmement régulièrement : en aout elle a publié 14 articles soit presque un article tous les deux jours.

Aussi, les commentaires sont pour elle très importants et elle répond à chaque commentaire. Cette réponse personnalisée à chaque commentaire est d’autant plus impressionnante que chaque article a au minimum 40 commentaires. Elle précisait d’ailleurs dans l’entretien :

« Je réponds à chaque commentaire, donc en fonction du nombre ca dépend mais c’est entre

30 min et 2h par jour. D’ailleurs je trouve cela particulièrement important de répondre, cela

permet un échange je trouve ! »

Cet investissement est très valorisant pour les lectrices et est une sorte de récompense. Cela

leur donne une impression d’être particulière et de nouer avec la blogueuse une relation

Page 58: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

56

très personnelle. Cette gestion des commentaires a permis au blog Melle Dubndidu de créer

une sorte de communauté comme l’explique cette lectrice :

« EloFoutrement : « Ce que j'aime ici, c'est le côté communauté. Tu réponds très rapidement aux commentaires, ce qui m'a fait suivre ton blog. (…)C'est aussi pour la personne derrière que j'aime ce blog. Nous n'habitons pas la même région et quand je me balade sur ton site ça me transporte de suite dans le sud ♥» (23/07/2011)

Mais cette proximité avec les lectrices est parfois compliquée à gérer. Lors de l’entretien, Anne déclarait :

« Par contre, je suis parfois effrayée de l’intrusion par des questions très intimes de mes lectrices. Certes, je partage beaucoup voire trop de vie privée sur mon blog, mais j’ai une limite et j’aime qu’elle soit respectée. »

Cette proximité est telle et que Anne se sent parfois dépassée par ce mouvement, car si elle accepte le rôle de bonne copine, la starification est plus difficile à gérer. Certaines lectrices semblent en effet lire ce blog comme un journal people et aimeraient y lire des détails croustillants et veulent toujours plus de détails sur sa vie privée. Cette difficulté presque malsaine que souligne Anne, montre bien que les lectrices la considèrent comme une personne familière et ne semblent pas comprendre que ces questions intimes provoquent un malaise.

c) Une utilisation des réseaux sociaux

Anne a une utilisation des réseaux sociaux qui démontre une grande maitrise de ces outils.

Elle anime principalement son blog avec Twitter et Facebook. La particularité de Facebook

est tout d’abord que ce n’est pas une page mais un profil privé. Il faut donc être accepté par

Melle Dubndidu pour pouvoir la suivre sur Facebook. Cette acceptation au cas par cas donne

l’impression que Melle Dubndidu n’est pas un simple blog mais une « amie » : c’est d’ailleurs

comme cela qu’elle sera répertoriée sur Facebook.

Aussi, contrairement aux autres blogs, Facebook et Twitter ne sont pas utilisés seulement

pour relayer les nouveaux articles sur le blog mais pour relayer en avant-première des

informations ou apporter des détails supplémentaires.

« Ensuite, pour celles qui me suivent sur Facebook ou Twitter vous êtes déjà au courant depuis longtemps, mais voici mon petit auto-cadeau d'anniversaire (le 20 aout je rappelle :P). J'avais craqué après avoir aperçu ce joli sac sur le blog de Next-Trend.» (20/08/11)

Anne gère donc son Facebook et son Twitter comme un espace de scoop : c’est sur ces

espaces que les vraies lectrices se retrouvent et se reconnaissent ; la communauté se

prolonge.

Page 59: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

57

Mais Anne utilise aussi ces outils pour faire participer de près ou de loin les lectrices à

l’évolution du blog :

« Premier article dans cette nouvelle catégorie spécialement créée pour cette aventure. Et quelle aventure ?! À quelques heures du départ je ne réalise toujours pas ! Le titre n'est pas très original : "Mon aventure à Los Angeles", on peut faire mieux ? Je vous avais déjà consulté sur le facebook du blog mais je n'étais pas trop convaincue encore (bah quoi! :P). Si vous avez des idées n'hésitez pas ;) » 23/08/11

Les lectrices sont alors directement impliquées dans le nom d’une nouvelle rubrique. Cette possibilité de trouver grâce aux yeux d’Anne, leur donne une certaine importance : Melle Dubndidu est un blog écrit pour elle et leur avis compte.

Mais cette participation ne se limite pas au blog, presque comme une émission de télé-

réalité, Anne les fait participer à des étapes de sa vie. Par exemple, lors de l’achat d’une

paire de chaussure, Anne leur permet sur Twitter de donner leur avis sur l’achat et de la

conseiller :

« Je m'apprête à les acheter urbanoutfitters.com/urban/catalog/… [lien] qu'en dites-vous ?»

(07/10/11)

B. RELATION AVEC LA BLOGOSPHERE

a) Des relations amicales

Dans sa blogroll, Anne distingue deux sortes de blogueuses ces « Blogocopines » qui sont au

nombre de 16 et ses inspirations, 9 blogs. Elle distingue donc clairement celles qui sont dans

un réseau proche et qu’elle connait et celles qu’elle lit sans connaître. Lors de l’entretien,

elle nous confirmait que certaines blogueuses étaient devenue de réelles amies :

« J’ai beaucoup de relations avec des blogueuses notamment via Twitter, c’est une

fourmilière à blogueuses, ca permet de se faire des contacts, de faire des rencontres. Je ne

pourrai pas toutes les citer mais principalement : Hélène, Anne, Hervine, Victoria, Elodie,

Midori, Cyanna, Clara de The Working Girl, Amélie du Sogirlyblog, Emelie de Vintage Touch

Blog. J’ai pu aussi faire de vraies rencontres avec Victoria, Hervine et Elodie, Hervine et

Victoria sont devenues de vraies amies avec qui j’échange souvent via texto ou skype. »

Elle sait d’ailleurs entretenir ces relations d’amitiés vraies et n’hésite pas à les mettre en avant sur son blog en leur rendant hommage :

« Un clin d'oeil aussi à toutes mes blogo-copines, car un blog permet de créer tellement de choses : des rencontres, des amitiés (des vraiiiees !), des échanges. Allala Internet est juste magique et j'aime être particulièrement naïve à son sujet et occulter tous les mauvais moments. Je fais ce blog pour le plaisir et le reste, bah on s'en fiche ! « (19/08/11)

Page 60: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

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En faisant un tour sur les sites de ces « blogocopines », nous avons aussi pu remarquer qu’Anne était extrêmement active et laissait des commentaires sur pratiquement chaque article. Elle se comporte alors sur les blogs des autres comme elle aimerait qu’on se comporta sur son blog. Elle a les mêmes exigences chez les autres que chez elle. En parlant de la publicité ambigüe sur les blogs, elle écrivait :

« d’ailleurs, j’ai arreté de lire les blogs qui le font, je suis pas non plus un citron qu’on peut presser, donc je me mets a la plage de mes lectrices dans ce cas là. »

Cette relation très personnelle et amicale avec un certain nombre de blogueuses lui a permis de constituer un réseau important et dense puisque son True Reach est de 371 et influent : son Network impact est de 51.

b) Un mentor

Consciente de son rôle, Anne a developpé une catégorie « Jeune Pousse » sur son blog. Elle décrit cette initiative comme ci-suit :

« Jeune Pousse c'est avant tout la volonté de faire découvrir de jeune blog mode plein de fraicheur et encore méconnu. Chacun à sa place sur la toile mais on a parfois besoin d'aide pour trouver la sienne. »

Elle propose donc à des blogeuses de mode qui ont crée leur blog il y a moins de trois mois de leur consacrer un article sous forme d’interview. Ainsi elle a interviewé 6 blogueuses jusqu’à présent. Anne assume donc son statut de blogueuse influente et prend sous son aile de jeunes blogueuses.

Mais cette initiative très maline n’est pas seulement altruiste car elle exige que les jeunes blogueuses qu’elle présente, aient dans leur blogroll le blog Melle Dubndidu. Cette opération lui permet donc de rencontrer de nouvelles blogueuses, d’étendre son réseau dans la blogosphère mais aussi d’augmenter son nombre de lectrices. Cette sorte de sponsoring a donc un double effet bénéfique pour la fréquentation de son blog.

Anne a donc réussi à développer une relation très forte voire amicale avec son lectorat et

une partie de la blogosphère. Cette proximité avec les lectrices lui a permis de développer

une relation de confiance très forte fondée sur l’affectif. Aussi, son utilisation de Facebook et

Twitter très pertinente lui ont permis de créer un complément au blog. Ils ne sont pas un bis

repetita mais permet aux lectrices d’avoir une emprise plus forte sur le blog.

Page 61: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

59

5.3.3 POTENTIEL DE VENDEUR

Le blog Melle Dubndidu n’a aucune bannière ou lien sponsorisé visible sur son site. Par

contre, elle accepte de faire des articles sponsorisés et assume cette monétisation. Par

exemple, dans un article dédié aux nouvelles cartes bancaire Hello Kitty de la banque Bred,

l’article était chapoté par la mention « Article sponsorisé » avec un lien qui menait vers la

régie publicitaire ebuzzing.

Par contre, son rôle se limite seulement à faire de la publicité à travers ses articles mais elle

ne s’investit pas plus dans son rôle de vendeuse en répondant aux commentaires de ses

lectrices. C’est d’ailleurs le seul post où elle ne leur répond pas.

Lors de l’entretien, elle explicitait sa relation aux marques comme ci-suit :

« j’aime avoir ma liberté de parole alors souvent si je reçois un produit dans le « contrat » je

suis libre de donner mon opinion et si c’est négatif, je peux le dire aussi =D (...)De plus, je

sélectionne vraiment mes « partenariats », je reçois 2 ou 3 mails par jour et je crois qu’au

final je ne réponds qu’à un mail lol car le projet m’intéresse, ca n’implique pas de pub

aberrante sur mon blog et je reste libre du contenu de mon article =) ! »

Elle semble donc être assez à l’aise avec cette monétisation et l’assumer tout en

transparence.

En ce qui concerne le placement de produit, elle en fait régulièrement puisque son blog

consiste à présenter ses tenues mode.

Le type de contenu de son blog est clairement personnel comme nous l’avons détaillé

précédemment, il s’apparente presque à un journal intime. Cette proximité de bonne copine

est donc un avantage pour les marques qui souhaitent gagner en notoriété ; les lectrices ont

une pleine confiance en Anne et suivent souvent ses conseils. Son style romanesque est un

atout de plus car noyé dans les récits de la vie privée, les objets de consommation prennent

vie et donnent une image aux marques assez sympathiques.

Page 62: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

60

5.4 ELA WOOD

Léa a crée son blog Ela Wood en février 2010. Ce blog est principalement axé sur l’actualité

de la mode avec la fashion week, les dernières publicités des marques de luxes, etc… Chaque

jour environ 800 personnes lisent et consultent le blog de Léa.

5.4.1 MISE EN SCENE DE L'IDENTITE DU BLOG ET DE LA BLOGUEUSE

A. DESIGN DU BLOG

Le blog de Ela Wood parait à première vue très professionnel et très graphique. Il est assez

simple et épuré avec un fond blanc. Seule la bannière personnalisée apporte de la couleur.

La navigation est réduite à son minimum avec quatre onglets : la homepage, une page pour

suivre Ela Wood, les citations qui l’inspirent et une adresse email pour la contacter. Ce parti

pris très minimaliste rappelle directement ces magasins de luxe très épurés, presque vide :

Ela Wood a choisi avec son design un positionnement haut de gamme.

Figure 17 : Capture d’écran de la home page du blog Ela Wood (06/10/11)

L’utilisation d’un pseudonyme avec un prénom et un nom anglicisé comme Ela Wood

rappelle étrangement ceux utilisés par des blogueuses mode très influentes comme

Eleonore Bridge ou Garance Doré. Mais outre le pseudonyme, le design de son site a été très

influencé par celui de Garance Doré. On y retrouve des teintes très claires, une bannière

personnalisée épurée avec une écriture romantique et une navigation intuitive.

Page 63: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

61

Consciemment ou inconsciemment, Ela Wood réutilise donc les standards du blogging de

mode influent.

Figure 18 : Capture d’écran de la home page du blog Garance Doré (06/10/11)

B. IDENTITE DE LA BLOGUEUSE

Il n’y a aucune information sur le véritable nom et prénom de la blogueuse. Comme nous

l’avons mentionné plus haut, elle utilise le pseudonyme Ella Wood mais n’en explique pas

l’origine. De même, qu’il n’y a aucune photo de Lea sur son blog mais aussi sur Twitter ou

Facebook, son identité est totalement mystérieuse. Enfin, on ne trouve aucune description

de la blogueuse qui se cache derrière Ela Wood sur son blog : que ce soit sur son âge, sa

profession, etc…

En cachant totalement son identité, Léa s’affirme comme une professionnelle : elle ne veut

pas qu’on s’intéresse à elle et que ses lectrices la suivent pour ce qu’elle est mais pour ce

qu’elle publie.

5.4.2 RELATION AVEC L'ENVIRONNEMENT

A. RELATION AVEC SES LECTEURS

Il a été assez difficile d’analyser la relation de Léa avec ses lecteurs car ceux-ci ne

s’expriment pratiquement pas sur le blog. Les commentaires suite aux posts sont presque

inexistants et la blogueuse n’interagit que très peu avec ses lecteurs sur cet espace.

Toutefois, lors de l’entretien Ela Wood déclarait que son Facebook recueillait plus de

commentaires que son blog. Ainsi la page Facebook Ela Wood comptait, le 7 octobre 2011,

1582 personnes membres du groupe Ela Wood. Mais les commentaires ne sont pas plus

Page 64: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

62

présent sur cette interface que sur son blog : à chaque article, les membres du groupe

Facebook font deux ou trois commentaires pas plus.

Mais, grâce à une nouvelle statistique, on peut voir le nombre de membres qui ont parlé du

blog, elle en comptait 61 au 7 octobre 2011. Cette nouvelle statistique permet de connaître

les interactions des membres du groupe au cours des 7 derniers mois : cela comprend ceux

ont cliqué « j’aime » sur un des statuts, ceux qui ont laissé un commentaire, partagé un

article ou mentionné la page. Cette donnée peut nous donner une idée de la façon dont Léa

se sert de Facebook. Elle utilise principalement Facebook comme une interface de partage

de ses articles : à chaque article qu’elle publie, elle crée un lien sur sa page Facebook ainsi

que sur son fil Twitter.

Cette relation avec ses lectrices semblent être due à la nature même du blog. Dans ce blog,

la blogueuse ne s’inclue que très peu dans les articles : les « Je » sont très rares, elle se place

dans une situation de commentatrice. Ses articles sont souvent très courts avec de grandes

illustrations ou des vidéos. Ainsi, il est possible que les gens utilisent son blog comme source

d’information mais ne se sentent pas particulièrement attachés à un groupe ou à une

communauté. Cette non-appartenance à un groupe ne les incite donc à commenter mais

seulement retweeter ou partager le contenu sur Facebook.

B. RELATION AVEC LA BLOGOSPHERE

La relation qu’entretien Ela Wood avec la blogosphère est très étonnante. Dans le questionnaire que nous lui avions soumis, à la question : « as-tu des relations avec la blogosphère ? », elle répondait :

« Non je n’ai pas vraiment de relations avec les autres blogueuses. Ce qui ne m’empêche pas de surveiller de près la concurrence et de m’intéresser à ce qu’elles font. »

Dans un milieu où les blogueuses sont toutes en contact les unes avec les autres et où chacune semble influencer et se nourrir des autres blogs, cette réponse est très surprenante. Sa relation avec la blogosphère n’est alors pas amicale mais elle est même concurrentielle. Cette position face aux autres blogueuses confirme son ambition : elle veut désormais être dans la sphère des blogueuses très influentes.

Dernièrement, elle retweetait sur son Twitter le tweet de Cécile de Rostand Responsable clientèle chez vente-privee.com :

Ela Wood : RT @Cecilederostand: #FF mes sources d'info : @grazia_fr @modissimo

@___Paulette___ @ela_wood

A travers ce retweet, elle semble vouloir montrer à son réseau que certaines

professionnelles la considère une référence de la mode aux côtés de grazia et modissimo.

Page 65: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

63

Dans un des rares articles dans lequel elle parle d’elle et dont le titre était « Comment devenir une blogueuse mode ? », elle écrivait :

« Garance, Betty, Alix, Pandora et Coline sont aujourd'hui à la mode ce qu'était les Spice Girls

à la musique en 1998. Elles font rêver les jeunes filles en fleur, qui se voient déjà en haut du

classement Wikio.

Mais comment fait-on ? Pour y parvenir, suivez les précieux conseils d'un connard (toujours le

même) : (…) »

S’en suit un listing où Ela Wood ponctue chaque point d’un « je plaide non coupable » ou

« je plaide coupable » pour conclure :

« Merde, je suis une blogueuse mode là, non ? "Hihihi" »

En introduisant l’article avec une référence aux blogueuses modes très influentes et en

concluant comme ci-dessus, elle trahit son ambition. Avec désinvolture, elle semble

conclure : je ne suis pas si différente d’elles.

Ce désir de gain d’influence transparait d’ailleurs dans l’entretien. Lorsque l’on lui demande

si elle organise des concours, elle nous répond :

« Ces opérations marchaient plutôt bien et je gagnait facilement en notoriété. »

Cette notion de notoriété est très intéressante car contrairement à d’autres blogueuses qui

affirment ces opérations plaisent aux lectrices, la blogueuse, elle, vise la célébrité.

Malgré ces faibles contacts directs avec son lectorat et la blogosphère, Ela Wood ne semble

pas souffrir d’un manque de notoriété. En effet, avec un True Reach de 248 et un network

impact de 55 : Léa connaît les bonnes personnes et elles relaient bien ses articles.

Il faudrait ainsi préciser que cette blogueuse est la sœur du fondateur du site Minutebuzz.

Elle bénéficie donc peut-être du réseau de son frère. En effet, celui-ci lui a permis, par

exemple, d’augmenter la visibilité de son blog, le 11 février 2011, lorsque Minutebuzz

l’interviewait pour les un an de son blog :

« MinuteBuzz fêtera bientôt ses 1 an. Et en 1 an le site est passé de délire entre amis à site de

référence en matière de relai de l’information. Pour le célébrer comme il se doit, nous vous

avons concocté quelques petites surprises dont la MinuteBlog. C’est une occasion de mettre

en lumière des blogs peu connus et qui pourtant mériterait un intérêt particulier. Pour notre

première édition, nous vous présentons à Ela Wood, jeune blogueuse mode qui fête les 1 an

de son blog cette semaine. »

Page 66: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

64

5.4.3 POTENTIEL DE VENDEUR

Sur le blog Ela Wood, il n’y a aucune bannière publicitaire ou lien sponsorisé. En ce qui

concerne les billets sponsorisés, sa relation semble plus ambigüe. En effet, sur ce site qui

parle de l’actualité de la mode, les articles sponsorisés sont très faciles à repérer mais

pourtant ils ne sont pas présentés comme tels. Par exemple, cet article pour des faux cils se

présente comme ceci :

« Nonesuchthing est un site à mi-chemin entre un blog et une boutique en ligne. On y trouve

toutes sortes de curiosités et d'objets fabuleux, comme cette paire de faux cils "Biche et

Papillon", inspirée du Jiǎnzhǐ, un art asiatique de "papier découpé". Une paire coûte environ

13 euros. Elle vous sera livrée dans une petite boîte imprimée des symboles chinois "libre,

sensible et délicate". »

On comprend évidemment que cet article a été sponsorisé car Léa donne le prix, vend le

packaging, etc.. Or, nulle part dans l’article, elle ne précise que ce billet est sponsorisé. Elle

n’est donc pas totalement transparente par rapport à ce type de monétisation.

Elle ne semble pas être frileuse aux marques mais, comme ses consœurs, elle souligne le

besoin d’être reconnue dans son individualité lorsque les marques s’adressent à elle et ne

recommande que les produits qui lui plaisent, comme elle l’expliquait dans l’entretien :

« Je suis régulièrement sollicité par les marques qui m’abordent plus ou moins finement.

Certaines m’envoient juste un communiqué ou un e-mail groupé. D’autres engagent un

dialogue et s’intéresse réellement à mon blog. Je ne recommande un produit que si il me plaît

vraiment ou quand il s’agit de rendre service à un ami. »

Le type de contenu du blog Ela Wood est clairement promotionnel : ses articles relaient

l’actualité de la mode et Léa s’efface pour laisser sa place à Ela Wood. C’est sûrement le type

de contenu qui implique un style à la fois descriptif et analytique. Se plaçant plus dans un

rôle de journaliste, elle présente les nouveautés et parfois critique ou émet des réserves

quant aux nouvelles tendances.

Page 67: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

65

5.5 MON BLOG DE FILLE

Crée en octobre 2005, Mon Blog de fille a permis à Hélène de devenir blogueuse

professionnelle. Principalement axé sur la beauté et le maquillage, ce blog réunit chaque

jour 8000 lecteurs. Grâce à ce blog, elle a publié trois livres et est devenue chroniqueuse sur

Direct 8.

5.5.1 MISE EN SCENE DE L'IDENTITE DU BLOG ET DE LA BLOGUEUSE

A. DESIGN DU BLOG

Contrairement à d’autres blogs, le nom même du blog ne trompe pas sur sa nature et

comme pour confirmer que c’est un blog de fille, il a un template rose. En ce qui concerne la

bannière, elle nous indique directement le sujet principal du blog avec le visuel d’un pinceau

et d’un miroir : la beauté. L’adresse du site www.monblogdefille.com est assez professionnel

mais c’est surtout la barre de navigation qui sème le trouble. En effet, ce blog semble

presque être un site communautaire avec différentes rubriques comme : « Les ateliers

maquillages », « Communautés », « Vidéos », etc… On se sait plus très bien si ce site est un

blog, un site personnel et si le nom n’était pas aussi transparent, il y aurait clairement un

doute.

Figure 19 : Capture d’écran de la home page du blog Mon blog de fille (28/09/11)

Page 68: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

66

B. IDENTITE DE LA BLOGUEUSE

Hélène ne se cache pas sous un pseudonyme, d’ailleurs sur la home page, elle affiche

clairement son adresse email avec son nom et son prénom. Dans l’onglet de présentation,

elle se présente à visage découvert et détaille quelques traits caractéristiques comme sa

ville, sa passion… mais précise aussi une partie de son curriculum vitae :

« Mon blog – commencé comme tout le monde pour rigoler – est devenu mon boulot tout en

restant ma passion number one, ce qui était une peu une gageure vu que normalement,

travailler j’ai horreur de ça. (…) Avant d’être bloggeuse et auteure, comme ça s’appelle, je

fabriquais des voyages. J’ai fait ça pendant presque 10 ans, et puis j’en ai eu méga ma

claque. Grâce au ciel et à internet je me suis reconvertie complètement par hasard dans

complètement autre chose (= écrire des trucs de fille). J’ai eu un bol dingue, en fait. Pourvu

que ça dure ;-) »

Cette description humanise la blogueuse car elle lui donne un côté « je suis comme tout le

monde » : elle a travaillé durant 10 ans, s’est ennuyée et a eu la chance de revenir à sa

passion première, le maquillage. Cette normalité et cette simplicité lui donne une crédibilité

face à ses choix car elle n’est pas déconnectée de la vie réelle.

5.5.2 RELATION AVEC L'ENVIRONNEMENT

A. RELATION AVEC SES LECTEURS

a) Un espace communautaire…

Hélène a réellement crée une communauté autour de son blog. Cette communauté de

lectrices très fidèles et très attachées au blog est extrêmement réactive. A chaque article il y

a en moyenne 80 commentaires. Hélène a réussi à fidéliser ses lectrices en les accueillants

toutes personnellement, à chaque nouvelle arrivante Hélène écrit un commentaire comme

ci-dessous :

Hélène : « Glossing Girl: sois la bienvenue ;-) » (14/07/11)

Elle semble donc reconnaître les lectrices qui commentent régulièrement et les nouvelles

arrivantes. Cette personnalisation de l’accueil est extrêmement importante car les lectrices

se sentent considérées comme des individualités. D’ailleurs ses lectrices lui rendent bien

puisqu’à un retour de vacances, 89 lectrices se félicitent de son retour et lui disent que ses

articles leur ont manqué.

Page 69: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

67

Cette relation de besoin est en grande partie dûe au fait que Hélène publie tous les jours un

article voire même deux. Cette régularité permet donc aux lectrices de savoir que si elles se

rendent sur le blog, elles auront un nouvel article à lire. Lorsque la mise en ligne journalière

d’un nouvel article tarde, les lectrices s’impatientent.

Hélène sait d’ailleurs jouer avec ces lectrices « dépendantes », dans un article où elle

présentait ses produits beauté préférés, elle écrivait :

« Matin et soir, je mets en premier partout (contour des yeux compris, youloulou j’avais

jamais utilisé un sérum qui fasse tout le visage, c’est super pratique !) un sérum mystère

dont je ne vous dis pas le nom tout de suite, mais que j’adore déjà au bout d’une semaine

d’utilisation. »

La réaction de ses lectrices ne se fait pas attendre, certaines veulent savoir tout de suite et ce besoin semble si important que l’une d’elle précise sa date de vacances :

Korento: « Coucou Hélène, Bon … je vais pas tourner autour du pot plus longtemps … c’est quoi ce sérum mystère ??????? tu vas nous le dire quand ????? Je pars dimanche en vacances (sans internet) alors …. petite cachetière !!! j’espère que tu dévoileras ton secret avant. Passe une agréable journée et … à très vite !!!! » (01/07/11) »

D’autres sont déjà prêtes à aller acheter le produit alors que la description est réduite à son minimum :

Sophie-Pivoine : « Zut alors, on va être obligées d’attendre et le bon de – 20% Sépho ne sera plus valable …!!!!!! » (01/07/11)

En créant ce suspens, Hélène montre qu’elle connait bien son lectorat : elle cultive cet appétit pour ses articles.

Ce qui révèle l’aspect clairement communautaire, c’est l’utilisation d’expression propre à ce blog. Hélène a, en effet, créé des expressions qu’elle utilise régulièrement dans ses articles et que ses lecteurs reprennent dans les commentaires. Par exemple, pour exprimer son enthousiasme, elle écrit « Loï loï loï » et une lectrice suite à un article réagissait

AudreyG : « Alors moi je vous conseille la crème de main nivea : Loi Loi Loi !!! Un pur bonheur ! » (11/08/11)

Enfin, dans la partie communauté du site, les lectrices ont la possibilité de créer des événements et de se rencontrer autour de « Make up parties », « soirées trocs » : mon blog de fille devient alors un réel lien entre le virtuel et la réalité. Cette transposition d’une communauté virtuelle en communauté réelle est extrêmement intéressante car les liens se confortent entre les lectrices et renforcent leur attachement au blog. Ce blog devient d’ailleurs presque un site de rencontre entre passionnées de maquillage.

Page 70: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

68

b) …et participatif

Hélène est extrêmement attentive aux différents commentaires de ses lectrices et n’hésites

pas à piocher des idées pour faire des articles :

« L’autre jour joelle a mis, dans un commentaire, un lien vers un blog mode particulier :

l’auteur d’Advanced Style [lien] ne photographie que des personnes âgées, dont il aime

l’allure, les vêtements, la coiffure… » (22/07/11)

En juillet, elle faisait aussi une vidéo suite à un commentaire qui lui demandait des précisions

sur une technique de maquillage. Hélène prend donc en compte les demandes de ses

lectrices et s’adapte à leurs envies.

Mais elle reprend aussi les expressions de ses lectrices dans ses articles comme pour les

récompenser d’être particulièrement fidèles au blog :

« Dans la catégorie « je ne suis pas le produit que vous croyez que je suis », comme dit

charlotte2 (mais c’est provisoire), je vous présente la crème Embryolisse (que tout le monde

connaît, est-ce bien la peine de la présenter ? Bref). » (16/08/11)

Le blog d’Hélène évolue donc en fonction des envies et des commentaires mais il fait aussi

beaucoup appel aux lecteurs. Dans une rubrique qui s’appelle « Vous êtes maquillées

comment aujourd’hui ? » elle propose tous les mois à ses lectrices de décrire le maquillage

qu’elles portent mais pas seulement. Elle met à disposition de ses lectrices une rubrique

« Wanted ». Elle permet donc à une lectrice de publier une petite annonce sur des sujets

aussi divers et variés que la recherche d’un dermatologue, d’une bonne esthéticienne ou

d’amies comme ci-dessous :

« Bonjour ! J’habite Paris depuis plusieurs moi, et je me suis enfin posée ! J’aimerai

rencontrer des filles pour me faire des copines (ce n’est pas facile de rencontrer du monde en

dehors du cadre du travail, surtout que j’ai eu une vie mouvementée ces derniers mois : trois

déménagements en moins de 9 mois…).(…) »

c) Une blogueuse parfois autoritaire

Mais Hélène prend parfois son rôle de chef d’orchestre de cette communauté parfois un peu

trop au sérieux et devient presque une mère fouettarde. En exemple, cet échange avec une

lectrice qui avait mis une photo à la fin de son commentaire :

N@thY : Coucou Hélène!! Tu as l’art et la manière de terminer tes produits de beauté sans les gaspiller moi je dis « BRAVO ». Un vrai plaisir des yeux pour tes maquillages. As-tu bien profité de tes p’tites vacances. Belle journée!! *photo+

Page 71: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

69

Hélène : N@thY: c’est pour quoi faire, l’image dans ton commentaire ? (17/08/11)

Ce rappel à l’ordre est assez étonnant et semble même injustifié, elle semble faire sa loi et avoir un excès de confiance. D’ailleurs, dans la FaQ (Questions fréquemment posées), elle précise :

« Vous êtes ici sur un blog, pas un forum. Les commentaires sont les bienvenus à condition qu’ils soient en rapport avec l’article commenté ;-)N’hésitez pas à lire ou relire la charte néthique d’utilisation de ce blog. Je me réserve par ailleurs la possibilité de supprimer tout commentaire non constructif (quant à ceux qui sont agressifs ou dieu sait quoi de ce genre, cela va sans dire). »

Cette « charte néthique » est un ensemble de règles qui semble assez antipathique à première vue et la précision qu’elle peut à tout moment supprimer des commentaires non constructifs donne presque un coté despotique à cette blogueuse.

D’ailleurs une lectrice se plaignait de cet excès de confiance et de pouvoir :

Cath : « Lectrice assidue de votre blog pendant longtemps, j’ai arrêté de le lire (alors que les sujets abordés m’intéressaient) justement parce que je ne trouvais pas du tout ces valeurs de profonde humanité, de respect des autres et de bienveillance chez vous, en tout cas sur votre blog. Plusieurs articles très péremptoires m’avaient beaucoup choqués… Au moment des dernières élections présidentielles par exemple, à propos des enfants, etc… J’ai donc cessé de vous lire. Depuis quelques temps, je vous lis à nouveau, parce que décidément, j’apprends beaucoup avec vous ! » (30/07/11)

d) Une communauté de lecteurs exigeants

Toutefois cette communauté de lecteurs est très alerte et cherche dans ce blog un contenu

de qualité. Lorsqu’Hélène écrit un post sur la « Glossy Box », les lectrices se déchainent. En

effet, cette boîte de cosmétique a été envoyée à toutes les blogueuses mode de la

blogosphère et les articles à ce sujet pullulent :

Kaki : « Tu plaisantes quand tu nous demandes si on en a entendu parler hein??? Non parce que les box (oui les deux) elles ont été envoyé à TOUTES les blogueuses, et toutes les trouvent géniales, on verra si sur le temps les blogueuses s’abonnent et continuent à nous parler du contenu dans les mois à venir…Et pour les voir partout, même si tu dis qu’il demande qu’on renseigne un profil, le contenu est le meme pour toutes… Désolée Hélène, mais la les glossy/jolie box (moi non plus j’aime pas trop le pompage aussi flagrant qui plus est) c’est juste l’overdose… » (19/07/11)

Hélène : « Kaki: non je ne plaisante pas. Perso je ne lis pas de blogs beauté, donc avant de la recevoir j’étais pas au courant. » (19/07/11)Même si Hélène feint la surprise, les lectrices se déchainent et Hélène a même fermé les commentaires de cet article.

Page 72: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

70

Ces réactions s’expliquent car les lectrices ne souhaitent pas retrouver sur ce blog, les publicités que l’on retrouve sur tous les blogs mais aussi car elles s’aperçoivent de la « caste supérieure » que représente les blogueuses, une lectrice écrivait :

MamselleCat: « Je pense la même chose que toi, tu le sais déjà, d’autant plus quand on voit

fleurir des articles comme on a pu voir ces derniers jours, sur les blogs des filles abonnées qui

reçoivent leur box bien après que GlossyBox ait largement arrosé d’autres blogeuses

gratuitement, je comprends leur mécontentement, ça m’aurait bien agacé! Apparemment la

mécanique n’est pas si bien huilée. Dommage car le concept est pas mal à la base. »

(20/07/11)

Elle souligne le fait que les blogueuses sont servies gratuitement avant les lectrices qui, elles,

payent : elles découvrent les dessous de la blogosphère et se sentent trahies par cette

opération commerciale qu’elles rejettent.

B. RELATION AVEC LA BLOGOSPHERE

La relation qu’Hélène a développé avec la blogosphère est particulière car dans l’entretien elle déclarait :

« Oui, j’ai des relations avec beaucoup d'entre elles (trop nombreuses à nommer).(…)je ne

fréquente quasiment pas de blogueuses beauté. (...) »

Elle ne semble pas avoir énormément de relations avec la blogosphère beauté mais avec une

blogosphère féminine plus large. Dans un post, elle publiait une vidéo pour recommander un

livre qu’une autre blogueuse « une chic fille » citait souvent :

« Marie la chic fille d’une manière générale quand elle dit des trucs je trouve ça super

intelligent et elle me donne envie. (…)Je vous ai conseillé ce livre parce j’ai confiance en cette

fille, même si je la connais pas car cette fille me parle »

Cette relation avec la blogosphère féminine se confirme avec les résultats Klout. Son True

Reach est exceptionnellement élevé de 1000 : cela signifie qu’elle a un réseau extrêmement

large et engagé mais son réseau n’est pas forcément composé de grand influenceur. Cela

signifie donc qu’il y a beaucoup d’ « anonyme » qui la suive mais peu de blogueuses.

Si elle a peu de contact avec la blogosphère beauté elle semble donc s’inspirer de la

blogosphère française généraliste mais aussi et surtout la blogosphère maquillage anglo-

saxonne, elle reprend par exemple dans une vidéo une idée maquillage d’une blogueuse :

« Bon j’ai regardé à nouveau la vidéo de Nic depuis que j’ai fait la mienne, ça n’a pas grand

chose à voir, mon make up est beaucoup moins accentué et étiré que le sien ; mais comme

c’était elle mon inspiration, je tenais à la citer. » (28/07/11)

Page 73: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

71

Dans un article, dont le titre était « influencée » elle écrivait :

« Souvent vous vous plaignez que quand vous venez sur mon blog, vous achetez plein de

trucs. Je tenais donc à vous rassurer : quand je vais chez les autres c’est exactement pareil

(aussi bien pour le maquillage que pour les fringues, les accessoires, les sacs ou les

godasses… gargl – ahhhhh, et les bijoux !! J’avais oublié les bijoux !!). » (13/06/11)

Elle semble aussi très respectueuse et avoir conscience de la hiérarchie sur la blogosphère

lorsqu’elle écrit un article en honneur d’une blogueuse qui publie dans le magazine Elle.

Dans ce post, elle la vouvoie et lui déclare son admiration :

« Ceci est une déclaration d’amour. Je vais vous vouvoyer, même si je vous tutoie sur votre

blog, parce que malgré tout ce petit monde virtuel, en vrai je ne vous connais pas et ne

voudrais pas donner l’impression de vous taper sur le bide (ce que je ne me permettrais pas

dans la vraie vie, donc pas de raison de le faire derrière un écran). »

5.5.3 POTENTIEL DE VENDEUR

Hélène est très transparente en ce qui concerne son rapport aux marques et à la monétisation assumée. Elle explique d’ailleurs dans un article comment elle fonctionne avec sa régie :

« Je travaille avec une régie publicitaire, qui s’occupe de la négociation et de la vente d’espace sur mon blog (…). La régie me demande si je suis d’accord pour telle ou telle campagne ; dans la mesure où elle fait super bien son boulot et où tout est ciblé « filles », je n’ai généralement pas d’objections. L’annonceur, une fois l’accord établi, envoie un visuel à la régie, laquelle s’occupe de le mettre en ligne sur les blogs. Je ne vois pas ce visuel avant la mise en ligne, je le découvre en même temps que vous à l’écran. » (16/10/07)

Ainsi sur son site, on peut trouver un visuel « Ce blog est commercialisé par Au féminin ». Les billets explicitement sponsorisés sont d’ailleurs tagués en tant que tels. Il existe donc sur son blog une catégorie pour cette monétisation assumée avec en bas de l’article une mention « billet sponsorisé ». Hélène est donc parfaitement claire sur la monétisation de son blog.

Aussi, elle semble avoir un rapport aux marques assez décontracté puisqu’elle publie aussi

sur le Club Omotenashi qui est en fait une club de fidélité pour les produits Shiseido. Sur sa

Home Page, un blog informe qu’elle publie sur ce site et organise régulièrement des

concours pour faire gagner à ses lectrices des produits Shiseido. Cette transparence face aux

marques permet aux lectrices d’être totalement informées de la relation qui lie Hélène aux marques.

Bien que le type de contenu soit essentiellement promotionnel, puisqu’elle décrit dans les moindres détails les produits qu’elle utilise et comment elle les utilise, le ton qu’elle emploie

Page 74: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

72

à travers ses articles montre une forme de sincérité. Comme nous l’avons dit plus haut, certains de ses commentaires peuvent être parfois un peu abrupts mais c’est ce style d’écriture qui rend la blogueuse plus humaine. Son style analytique et argumenté permet aux lectrices de se faire une idée très précise des produits que teste Hélène.

Page 75: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

73

5.6 PENELOPE BAGIEU

Pénélope a lancé son blog il y a 4 ans. Cette graphiste a décidé de publier des dessins qui

racontaient ce qui lui passait par la tête sans se douter que ce blog lui apporterait l’ultime

graal pour un dessinateur : être publié. Aujourd’hui, son blog est suivi par environ 40 000

personnes par jour. Pénélope a publié 7 livres.

5.6.1 MISE EN SCENE DE L'IDENTITE DU BLOG ET DE LA BLOGUEUSE

A. DESIGN DU BLOG

Composé d’une bannière personnalisé avec son nom et son prénom, Penelope Bagieu et

sous-titré de la phrase « Ma vie est tout à fait passionnante », le design du site est assez

simple. Toutefois, on ne sait pas vraiment quel est le vrai nom du blog : Penelope Jolicoeur

ou Penelope Bagieu ? En effet, l’adresse du site ne correspond pas au nom de la blogueuse.

La blogueuse n’a pourtant pas changé le nom de son blog, cela montre que sa notoriété est

telle que les lecteurs la retrouveront de toute façon.

Figure 20 : Capture d’écran de la home page du blog Pénélope Bagieu (11/10/11)

Page 76: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

74

B. IDENTITE DE LA BLOGUEUSE

Pénélope Bagieu est le véritable nom et prénom de cette blogueuse. A part ces deux

informations et la représentation qu’elle fait d’elle-même dans ses dessins, cette blogueuse

ne donne aucune information sur son identité. Dans la partie « blablabla », on peut par

contre parcourir de nombreux articles retraçant sa success story et dévoilant un peu plus de

détails sur son identité.

5.6.2 RELATION AVEC L'ENVIRONNEMENT

A. RELATION AVEC SES LECTEURS

Les posts de Pénélope ne sont pas ouverts aux commentaires des lecteurs. La seule solution

qu’ont les lecteurs d’exprimer leur avis (positifs) est de cliquer sur le « j’aime » de Facebook

qui publie automatiquement le dessin sur le mur Facebook de l’auteur du clic. Dans

l’entretien, elle déclarait :

« Je ne suis pas très intéressée par l'aspect "échange", je ne cherche pas trop l'avis des gens.

Au pire, quand on veut me dire quelque chose, on peut m'écrire un mail. Mon blog est plus un

défouloir, je ne cherche pas à avoir de retours de mes lecteurs. »

Toutefois, elle communique avec ses lecteurs en annonçant des après-midi dédicaces ou les

prévient d’une activité plus ou moins intense suite à la parution d’un nouvel album.

Elle organisait aussi il y a quelques années des concours avec des publications de « Fan arts » c'est-à-dire des dessins de lecteurs avec à la clé des albums dédicacés à gagner mais elle a arrêté. Elle justifie son choix :

« (…) c'est très chrobnophage. Les fois où j'ai organisé des concours, j'ai répondu à des mails pendant un mois. »

Pénélope a donc une relation à sens unique face à ce blog : elle publie mais n’a pas besoin d’avoir des retours de ses lecteurs. Cette relation particulière est liée à son type de blogging : le dessin. En effet, l’ouverture de commentaires face à ce type de publications n’aurait pas grand intérêt.

Page 77: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

75

B. RELATION AVEC LA BLOGOSPHERE

En ce qui concerne ses relations avec la blogosphère, elles semblent inexistantes : elle n’a pas de blogroll et ne conseille aucune blogueuse à travers ses posts. Les seules personnes qu’elle connaitrait dans la blogosphère seraient des connaissances d’amis :

« je connais un peu de gens qui sont des copains de copains, mais vraiment pas tellement. »

5.6.3 POTENTIEL DE VENDEUR

Penelope n’a aucune bannière ou liens sponsorisés et ne fait aucun placement de produits ou de marques… sauf ses propres albums. Elle semble d’ailleurs complètement opposée à ces procédés :

« Mais je ne l'ai jamais fait et ne le ferai jamais. Comme je le disais, je ne vais pas truffer mes dessins de pub cachée. »

Toutefois son blog a un gros potentiel de prescription. En effet, lors de son voyage en Italie

Pénélope a raconté en dessin son voyage avec les restaurants qu’ils l’ont séduites, les lieux

qu’elle a visité, etc… A la suite de son dernier post sur ce voyage, elle sous-titre son dessin de

cette phrase :

« Et sinon, comme vous êts trèèèèèès nombreux à me l'avoir demandé par mail : Le resto

avec les loupiotes dans les citronniers à Sorrento s'appelle O' Parrucchiano, sur le Corso Italia.

Mon bed&breakfast était dans la même rue (ils sont tous très bien, il n'y en a pas beaucoup ).

Globalelement, toutes mes adresses viennent plus ou moins du Routard. » (29/06/11)

On voit ainsi que Pénélope Bagieu a un fort pouvoir de prescriptrice et qu’à travers ses

dessins elle pourrait de façon originale prescrire des voyages, par exemple, sans dénaturer

son blog.

Page 78: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

76

6. DISCUSSIONS

6.1 SYNTHESE DES RESULTATS

Afin de synthétiser les résultats, nous avons placé chaque blogueuse sur le mapping ci-

dessous :

Graphique 7 : Matrice de synthèse des résultats

Afin de pouvoir mener une synthèse des résultats plus précise, nous avons rassemblé les

résultats dans le tableau ci-après.

Forte relation avec

l’environnement

Faible relation avec

l’environnement

Faible pouvoir

de prescription Fort pouvoir de

prescription

Page 79: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

77

Mise en scène de l'identité du blog et de la blogueuse

Relation avec l'environnement Potentiel de vendeur

Design du blog Identité de la blogueuse

Relation avec les lecteurs relation avec la blogosphère Relation aux marques

Type de contenu et style

Melle Dubndidu

Très romantique et amateur

Présentation très complète et sentimentale

• Relation très proche avec ses lecteurs : "la bonne copine" • A crée une réelle communauté autour de son blog

• Beaucoup de contact avec la blogosphère : les blogo-copines • Rôle de mentor pour les jeunes blogueuses

• Relation aux marques assumée et transparente mais très distante face à son rôle de prescriptrice

• Type personnel et promotionnel • Style romanesque

Mango and salt

Très graphique et esthétique

Présentation complète et très romantique

• Relation d'identification et d'admiration • Relation très personnelle

• Beaucoup de contact avec la blogosphère : de façon directe et extra-internet

• Méfiance quant à la prescription

• Type promotionnel • Style romanesque et analytique

Les filles pensent que

Ambiance girly voire adolescente

Très peu d'information : se place comme un médiateur

• Débat avec ses lecteurs et les faits participer au blog • Relation assez distante avec les lecteurs

• Beaucoup de contact avec la blogosphère mais de manière virtuelle • Collaboration via le blog

• Relation ambigüe face aux marques

• Type personnel • Style analytique

Mon blog de fille

Très clair et presque un site communautaire

Présentation complète et humanisante

• Relation personnelle avec ses lecteurs mais parfois « tyrannique »

• Beaucoup de contact avec la blogosphère mais pas forcément la blogosphère mode • Très respectueuse de ses pairs

• Pas de frilosité aux marques

• Type promotionnel • Style analytique

• A crée une réelle communauté autour de son blog

Pénélope Bagieu

Très simple et clair Aucune information • Aucune relation avec les lecteurs

• Aucune relation avec la blogosphère

• Refus face à la prescription

• Type personnel • Dessins

Ela Wood Très graphique et épuré

Aucune information • Très peu de relation avec les lecteurs

• Peu/pas de relation avec la blogosphère • Bénéficie du réseau de son frère (Minutebuzz)

• Pas de frilosité aux marques

• Type promotionnel • Style descriptif et analytique

Tableau 9: Tableau récapitulatif des résultats

Page 80: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

78

A partir de ces deux représentations graphiques, il apparait que certaines blogueuses ont des profils

assez similaires. Nous avons identifié quatre profils principaux :

Les bonnes copines

Cette catégorie est représentée par les deux blogs : « Mango and Salt » et « Melle

Dubndidu ». Ces deux blogueuses ont un rapport très décontracté vis à vis à l’activité de

blogging : elles sont faciles d’accès, disponibles et ont une sorte de fraîcheur voire de

naïveté. Cette légèreté est sûrement due à leur âge, la vingtaine, qui leur donne un certain

lâché prise face aux enjeux du blogging.

Elles ont une relation très intense avec leur environnement. Elles considèrent leurs lectrices

comme des copines et s’investissent de façon très personnelle dans la relation qu’elles

entretiennent avec elles à travers les commentaires du blog mais aussi les réseaux sociaux.

Elles ont une relation très proche avec les blogueuses qu’elles considèrent comme de vraies

amies et fréquentent dans la vie réelle.

Elles ne sont pas tout à fait à l’aise avec l’idée de prescrire et justifient cette monétisation

par des raisons financières. Grâce à leur style romanesque et la relation de confiance

qu’elles ont bâtie avec leur lectorat, elles ont un pouvoir de prescription très fort.

Les grandes sœurs

Les deux blogs « Les filles pensent que » et « Mon blog de fille » pourrait être considéré

comme des blogs de grandes sœurs. Ces deux blogueuses ont une relation plus

professionnelle face à l’activité de blogging. Toutes deux prennent cette activité beaucoup

plus au sérieux, c’est sûrement dû au fait qu’elles sont plus âgées, la quarantaine, mais

surtout que le web est leur métier.

Ces blogueuses ont une relation particulière avec leur environnement. Bien qu’elles aient

noué une relation plus ou moins personnelle avec leurs lectrices, elles se placent toutes les

deux dans une situation de chef d’orchestre voire de « gourou ». Elles ont des relations avec

la blogosphère plus ou moins intenses mais cette relation reste, dans tous les cas, virtuelle.

Elles font, par contre appel aux autres blogueuses sous forme de collaboration à travers des

posts, par exemple.

Lucie et Hélène prescrivent des marques et sont très transparente sur leur acte de

prescription. C’est leur prise de position et leur franc-parler face aux différents sujets

qu’elles abordent sur leur blog qui leur permet de disposer d’une certaine crédibilité face à

leur lectorat.

Page 81: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

79

L’élitiste

Seul le blog Ela Wood fait parti de cette catégorie. Cette blogueuse a repris les codes du

blogging de mode très influent et souhaite positionner son blog en tant que tel.

Léa a peu d’interaction avec ses lectrices : elles ne laissent que peu de commentaire mais

elles sont très présentes sur le groupe Facebook du blog. Cette blogueuse n’entretient

aucune relation amicale avec la blogosphère et considère les autres blogueuses comme des

concurrentes. Grâce au réseau de son frère, son blog bénéficie d’une certaine visibilité dans

le monde professionnel. Cette faible relation avec son environnement ainsi que le contenu

de son blog la positionne comme une relayeuse d’information plutôt qu’une créatrice de

contenu et de débats

Bien qu’elle n’ait pas de frilosité particulière aux marques, Léa n’a pas su crée un cercle de

confiance autour de son blog indispensable à la prescription.

L’outsider

Pénélope Bagieu est sans aucun doute l’outsider de cette étude. De part la nature de son

blog ainsi que son contenu, elle serait théoriquement la blogueuse qui aurait le moins de

pouvoir de prescription. Malgré son opposition envers la prescription, cette blogueuse a un

potentiel de prescription énorme. Toutefois, cette prescription ne doit pas porter sur des

produits mais sur des services comme, par exemple, les voyages ou des restaurants. En effet,

la prescription doit s’adapter au format de son blog : la prescription doit se faire dans le fil

de sa vie courante.

Ces profils nous donne une indication sur les quelques particularités qui peuvent faciliter la

prescription comme la relation aux lectrices, le style et le contenu du blog. Mais il ne faut en

aucun cas prendre ces particularités comme des règles à suivre strictement. Le cas du blog

de Pénélope Bagieu nous le prouve bien : contre toutes attentes, ce blog a un réel potentiel

de prescription pour peu que l’entreprise sache s’adapter et être créative. Ce sont d’ailleurs

deux qualités indispensables aux entreprises souhaitant approcher la blogosphère,

l’adaptabilité et la créativité. .

Page 82: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

80

6.2 COMPARAISONS HYPOTHESES/RESULTATS

1) Les réseaux sociaux concurrencent-ils les blogs ou les complètent-ils ?

A travers ces six cas, nous avons pu observer différents usages des réseaux sociaux. Pour

toutes les blogueuses, Facebook est principalement utilisé pour relayer les nouveaux posts

du blog. Twitter permet aussi de faire partager les nouveautés du blog mais aussi de

communiquer directement avec les lecteurs et la blogosphère. On observe toutefois, une

utilisation de Facebook et Twitter particulière pour la catégorie « bonne copine » : ces outils

complètent l’actualité du blog avec des détails supplémentaires et donnent l’occasion aux

lectrices de donner leurs avis sur des futurs posts, par exemple.

Dans notre cas, les réseaux sociaux ne se substituent pas aux blogs mais ils sont

complémentaires voire indispensable au rayonnement du blog. Ils permettent à la fois de

mettre en avant les actualités du blog, de compléter son contenu et de créer une réelle

interface de discussion entre blogueur et lecteurs.

2) La portée de la prescription dépend-t-elle de l’intensité de la relation qu’entretient le

blogueur avec les autres membres de la communauté et de la forme de son réseau ?

Bien que nous n’ayons aucune donnée chiffrée sur les retombées de la prescription, il

semblerait que plus le blogueur est proche de son lectorat, plus les lecteurs sont prêts à

accepter l’acte de prescription. Nous avons pu remarquer que lorsque les « bonnes

copines » prescrivent un produit, le lectorat semble prendre cette prescription comme un

conseil et non un acte marketing. Au contraire, lorsque les « grandes sœurs », qui ont une

relation un peu moins proche avec leur lectorat conseillent un produit à travers un article

sponsorisé, il arrive que les lectrices soient très virulentes.

3) La perception de la prescription peut-elle être influencée par le mode communication

employé par le blogueur ?

Il apparait clairement dans cette étude que le mode de communication employé par le

blogueur a une grande influence sur la perception de la prescription. Si l’on reprend le

vocabulaire de Cardon et Delaunay-Teterel, lorsque l’énoncé est incorporé dans

l’énonciation, c’est-à-dire que l’objet de consommation à prescrire est inscrit dans un récit,

les lectrices n’ont pas une vision négative de la prescription. Au contraire, lorsque l’énoncé

est détaché de son énonciateur, avec par exemple, un article qui liste des spécificités

technique d’un produit : les lecteurs ne commentent pas l’article, ce qui signifie un rejet.

Page 83: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

81

Le style romanesque serait donc plus propice à la prescription que le style descriptif.

4) L’implication du blogueur dans le processus de prescription doit-elle être forcément

accompagnée d’une transparence totale ?

Théoriquement la transparence face à l’acte de prescription est indispensable. Or, à travers

cette analyse de six blogs, nous avons pu observer que l’écart entre les idéaux des

blogueuses et leur pratique était parfois important. En effet, quel que soit le type de

blogueuse, elles sont toutes d’accord pour dire que la publicité cachée n’est pas acceptable

et que la plus grande transparence est requise en terme de prescription. Mais dans la

pratique, nous avons pu observer que chez certaines tous les articles n’étaient pas signalés

comme billets sponsorisés ou que la provenance des produits recommandés étaient parfois

floues.

6.3 RECOMMANDATIONS

Voici les 9 recommandations que nous pourrions faire aux entreprises ou aux marques qui

souhaiteraient approcher et faire recommander des objets de consommations :

1. S’adresser de façon personnelle au blogueur et connaitre son blog

Avant d’approcher un blogueur et son blog, il est indispensable d’avoir lu quelques posts et

d’en connaître la ligne éditoriale. A partir de cette première phase d’observation, il est

nécessaire de s’adresser à la blogueuse de façon personnelle en citant, par exemple, des

posts qui ont retenu notre attention.

2. Se présenter et humaniser la démarche

Afin d’établir un contact avec la blogueuse, il est essentiel de se présenter de la façon la plus

précise possible. C’est cette présentation qui va humaniser la relation entre la marque et la

blogueuse. Le monde du blogging étant assez décontracté, il ne faut pas hésiter à utiliser

l’auto-dérision ou l’humour.

3. Se faire remarquer en étant original

Les blogueurs reçoivent chaque jour énormément de propositions pour recommander des

produits. Il est donc nécessaire de se différencier afin de retenir leur attention. Créer un

mystère autour du produit, le présenter de façon totalement décalée, mettre en place un jeu

ou proposer une vidéo retiendront plus l’attention du blogueur qu’un simple email.

Page 84: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

82

4. Ne pas hésiter à proposer des produits qui ne correspondent pas complètement à la

ligne éditoriale

Se différencier, c’est aussi proposer des produits que l’on ne leur propose pas

habituellement. Dans notre étude, par exemple, une blogueuse avait reçu une invitation

pour goûter des pâtisseries Fauchon. La blogueuse n’étant pas familière avec ce genre de

produit, s’est beaucoup plus investie dans l’acte de prescription, allant même jusqu’à

défendre le prix excessif du produit.

5. Ne pas inonder la blogosphère : cibler les blogueurs

Sur un blog, nous avons été témoin des effets néfastes de cette pratique. En effet, les

lecteurs se sont insurgés suite à un post à propos d’un produit qui était apparemment sur

tous les blogs de mode. Les conséquences de cette overdose ont été un rejet total de la

marque. Il est donc nécessaire de cibler les blogueurs afin que tous les blogueurs ne se

retrouvent pas à prescrire le même produit. Cette recommandation a une double efficacité :

le blogueur a un produit en exclusivité, il est donc valorisé, et les lecteurs ont l’impression

que le blog propose des produits différents des autres blogs.

7. Laisser au blogueur sa liberté de parole

Lorsque l’on demande à un blogueur de conseiller un objet de consommation, il faut lui

présenter le produit comme un test et l’inciter à donner son avis. Laisser au blogueur la

possibilité de dire du bien comme du mal du produit, c’est lui donner une place de critique

et donc de spécialiste. Il faut donc faire confiance à son produit et ne pas craindre l’avis des

blogueurs : cette liberté de parole rend les blogueurs moins méfiants face à la marque ou à

l’entreprise.

8. Proposer au blogueur un concours pour les lecteurs

Durant notre étude, nous avons remarqué que les concours sont extrêmement appréciés par

les lectrices. Après avoir proposé au blogueur de tester un produit, il est plutôt intelligent de

permettre au blogueur d’organiser un concours pour permettre aux lecteurs d’utiliser le

produit à leur tour. En effet, la prescription est alors mieux perçue par les lectrices s’il y a un

partage et elles se sentent valorisées. Les concours permettent aussi aux blogueuses

d’augmenter leur lectorat attiré par l’appât du gain.

9. Utiliser le réseau des blogueuses

Il ne faut pas hésiter à demander à la blogueuse si d’autres amies blogueuses seraient

intéressées par le produit. Le risque de rejet est moindre. En effet, ce n’est plus l’entreprise

qui approchera la blogueuse mais une autre blogueuse et là est toute la différence. Cette

approche réduit la méfiance et augmente les chances d’acceptation.

Page 85: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

83

CONCLUSION

Bien que consciente de l’importance des blogs dans leur communication, les entreprises et

les marques sont souvent un peu effrayées par ce nouvel outil. La faute aux cas d’école qui

dépeignent des maladresses aux conséquences difficilement contrôlables et qui font souvent

oublier à ces acteurs que ces erreurs ne sont pas règles dans le domaine. Refroidie, les

marques et entreprises tâtonnent alors qu’elles devraient agir avec méthode en deux

temps : observer et s’engager.

La phase d’observation est capitale car elle permet de mieux comprendre les enjeux qui

animent la blogosphère. Le contenu diffusé sur les blogs ne doit pas être considéré comme

de la communication pure mais de l’information. Cette prise de conscience est essentielle :

ce ne sont pas les blogueurs qui sont le support de la communication d’un produit mais le

produit qui sera le support des blogueurs.

La compréhension de la complexité de la blogosphère et des codes qui la régissent

représente un élément essentiel pour communiquer avec les blogueurs. Il n’est d’ailleurs pas

rare que les agences de communications qui travaillent avec la blogosphère recrutent des

candidats qui tiennent un blog. De nombreuses entreprises pensent souvent pouvoir traiter

les blogueurs comme des représentants commerciaux de la marque et c’est justement cette

position qui rebute les blogueurs. Durant notre étude, nous avons remarqué que plus ou

moins assumée, la prescription est toujours une question délicate. Le blogueur doit être

considéré comme un spécialiste influent dans son domaine : le maquillage, la mode, etc… En

bref, l’entreprise doit s’adapter au blogueur auquel elle s‘adresse.

Lors de la phase d’engagement, l’entreprise doit adopter une démarche de participant et

non d’annonceur. Prendre en compte les rapports que la blogueuse a développés avec ses

lecteurs, la façon dont elle s’adresse à eux, permettra à la marque ou l’entreprise

d’approcher pertinemment le blogueur. Cette compréhension renseignera aussi l’entreprise

ou la marque sur le contenu qui intéresse le lectorat. Bien souvent les entreprises occultent

cette dimension et c’est une erreur : les blogueurs sont extrêmement attentifs à l’avis de

leurs lecteurs. Il ne faut donc surtout pas considérer la blogosphère comme un espace

d’affichage figé car l’interaction entre les blogueurs et leurs lecteurs fait constamment

évoluer la forme du blog. A partir de là, l’entreprise lors de son engagement doit aussi savoir

être visionnaire. Savoir surprendre le blogueur en lui suggérant des objets de consommation

que l’on ne lui propose que très rarement, c’est par effet de ricochet étonner le lecteur et

réveiller son attention.

Ces quelques pratiques pourraient donc faciliter l’approche des blogueurs par les entreprises

dans le cadre de la prescription. Mais si la blogosphère est difficile à approcher, qu’en est-il

de l’intégrer ? De plus en plus, les entreprises se lancent à raison dans l’aventure du

blogging. Il serait intéressant qu’une étude se penche sur les blogs d’entreprise et pour en

analyser l’efficacité et la pertinence face à d’autres formes de présence sur internet et plus

précisément les réseaux sociaux.

Page 86: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

84

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Page 88: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

86

LISTE DES FIGURES, GRAPHIQUES ET TABLEAUX

Figure 1 : Les 3 C de Brian Solis (2011)

Figure 2 : L’évolution d’un individu dans une communauté en ligne - Kozinets –(1999)

Figure 3 : Types de membres dans les communautés online - Kozinets (1999)

Figure 4 : les modes d’interactions dans les communautés onlines – Kozinets (1999)

Figure 5 : Typologie de la Blogosphère selon Laurent Gloaguen (2004)

Figure 6 : la Blosphère selon Olivier Ertzscheid (2008)

Figure 7: Quatre modèles de blogs d’après Cardon et Delaunay-Teterel (2006)

Figure 8 : La relation entre le leader d’opinion, le leadership et l’influence selon Eric Vernette

(2007)

Figure 9 : Les sources d’informations qui inspirent la confiance selon les utilisateurs de média

sociaux en juin 2010

Figure 10 : Les facteurs qui inspirent la confiance selon les utilisateurs de médias sociaux en

juin 2010

Figure 11 : Balance des problèmes éthiques du blogueur selon De Valck (2009)

Figure 12 : Six types de processus de décision d’achat en ligne selon Stenger (2008)

Figure 13 : Capture d’écran de la home page du blog Mango and salt (02/10/11)

Figure 14 : Capture d’écran du site http://www.formspring.me/melocotoncito (03/10/11)

Figure 15 : Capture d’écran de la home page du blog Les filles pensent que… (02/10/11)

Figure 16 : Capture d’écran de la home page du blog Melle Dubndidu (02/10/11)

Figure 17 : Capture d’écran de la home page du blog Ela Wood (06/10/11)

Figure 18 : Capture d’écran de la home page du blog Garance Doré (06/10/11)

Figure 19 : Capture d’écran de la home page du blog Mon blog de fille (28/09/11)

Figure 20 : Capture d’écran de la home page du blog Pénélope Bagieu (11/10/11)

Graphique 1 : Le genre des blogueurs dans le monde en 2010 – Technorati (2010)

Graphique 2 : L’âge des blogueurs dans le monde en 2010 – Technorati (2010)

Graphique 3 : La dans le monde en 2010 – Technorati (2010)

Graphique 4 : Le temps passé à bloguer par semaine en 2010 – Technorati (2010)

Graphique 5 : Les sujets abordés par les blogueurs en 2010 – Technorati (2010)

Page 89: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

87

Graphique 6 : Les outils qui apporte des visteurs aux blogs en 2010 – Technorati (2010)

Graphique 7 : Matrice de synthèse des résultats

Tableau 1 : Trois formes fondamentales de prescription – Hatchuel (2009)

Tableau 2 : Synthèse des résultats de l’étude de Kristine De Valk (2007)

Tableau 3 : Avantages et limites de la Netnographie – Y. Bernard (2004)

Tableau 4 : Profil des blogueuses étudiées

Tableau 5 : La mise en scène de l’identité du blog et de la blogueuse

Tableau 6 : La mise en scène de l’identité du blog et de la blogueuse

Tableau 7 : Potentiel de vendeur : Forme et type de promotions

Tableau 8 : Contenu du blog

Tableau 9 : Tableau récapitulatif des résultats

Page 90: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

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ANNEXE

QUESTIONNAIRE ELA WOOD

TON BLOG

1. Depuis quand as-tu lancé ton blog ?

J’ai créé mon blog en février 2010.

2. A quelle fréquence postes-tu? Pourquoi ?

En temps normal, je poste entre 3 et 5 articles par semaine. Idéalement, je poste 1 article

par jour. Plus je poste, plus le nombre de visites et de clics augmente.

3. As-tu défini une ligne éditoriale ? Si oui, laquelle ?

Oui, mais elle évolue assez régulièrement.

4. Quelles sont les qualités indispensables d’un blog ? / Quelles sont les qualités

indispensables d’une blogueuse ?

Rigueur (style, orthographe, présentation, etc.) / Assiduité (fréquence des billets) /

Différence (se démarquer des autres blogs) / Dialogue (avec les lecteurs)

5. Les informations que tu diffuses sur ton blog sont plus personnelles ou plus liées à

l’environnement qui t’entoure ?

Je ne parle pas (ou très peu) de ma vie privée. Je me concentre sur l’actualité de la mode et

des marques. Bien sûr, je ne traite pas toute l’info et je m

6. Ton blog te permet-il de générer des revenus ?

Oui, grâce aux bannières (affiliation).

LA BLOGOSPHERE

7. As-tu des relations avec d’autres blogueuses ? Si oui, lesquelles ?

Non je n’ai pas vraiment de relations avec les autres blogueuses. Ce qui ne m’empêche pas

de surveiller de près la concurrence et de m’intéresser à ce qu’elles font.

8. Comment êtes vous rentrés en contact ?

9. La reconnaissance d’autres blogueuses est-elle importante ? Pourquoi ?

Non. La reconnaissance des lecteurs est bien plus importante.

TON LECTORAT

Page 91: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

89

10. Passes-tu beaucoup de temps à écrire les billets, répondre aux commentaires ?

Écrire un billet me prend entre 20 minutes et 1h. Je consacre aussi du temps à animer ma

page Facebook, qui compte 1500 fans.

11. Les commentaires de tes billets sont-ils importants? Pourquoi ?

Bien sûr ! J’attache beaucoup d’importance à l’avis de mes lecteurs, leurs commentaires. J’ai

d’avantage de commentaires sur ma page Facebook que sur mon blog.

12. Comment as-tu fidélisé tes lecteurs ?

Petit à petit, avec le temps. En écoutant leurs suggestions, en répondant à leur e-mails, etc.

13. Twitter est-il un élément important de cette fidélisation ?

Je dirais qu’il est important mais pas autant que Facebook.

14. Combien de lecteurs lisent ton blog chaque jour/semaine ?

Il y a eu 25 000 visites sur mon blog au mois de juin, dont 18 000 visiteurs uniques absolus.

C’est plus calme pendant l’été. La fréquentation /jour varie beaucoup, notamment en

fonction des articles que je poste.

15. Pourrais-tu faire un portrait type de votre lectorat ?

Sur ma page Facebook, il y a environ 60% de femmes et 40% d’hommes. La majorité de mes

lecteurs ont entre 15 et 30 ans. Ils aiment la mode, de toute évidence, et aiment se tenir au

courant de l’actualité des marques et des créateurs.

16. Connais-tu des lecteurs de manière personnelle ? Si oui, comment cette relation s’est

elle développée ?

Certains de mes lecteurs sont très fidèles. À force de commentaires et de tweets, j’ai

presque l’impression de les connaître. En revanche, je ne les ai jamais rencontré «IRL».

17. Quelle reconnaissance est selon toi la plus importante : la reconnaissance d’un

lectorat large ou celle d’un milieu professionnel restreint ? Pourquoi ?

C’est une question difficile ! Mais je pense que je choisirais mes lecteurs. C’est eux qui

visitent mon blog, lisent mes articles, réagissent, etc. C’est pour eux que j’écris. En revanche

la reconnaissance de professionnels du milieu est un vrai plus.

RECOMMANDATIONS

18. Organises-tu des concours ou autres opérations ? Pourquoi ?

Au début, j’organisais des jeu-concours en partenariat avec des marques ou des boutiques.

Je faisais gagner des produits (t-shirts, montres, bijoux, etc.) par tirage au sort. Ces

opérations marchaient plutôt bien et je gagnait facilement en notoriété. Mais en prenant de

Page 92: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

90

l’importance, on ne peut pas faire ce genre d’opérations à la légère. Il y a des lois et un

nombre de règles très contraignantes à respecter.

Il m’est aussi arrivé d’organiser des opérations « envoyez vos photos » où j’écrivais des

articles sur un thème avec les photos que les lecteurs m’envoyaient (en les citant, bien sûr).

19. As-tu déjà recommandé un produit, un spectacle, un service sur ton blog ?

Oui bien sûr !

20. As-tu déjà été approché par des marques pour recommander un produit ? L’as-tu

recommandé ?

Je suis régulièrement sollicité par les marques qui m’abordent plus ou moins finement.

Certaines m’envoient juste un communiqué ou un e-mail groupé. D’autres engagent un

dialogue et s’intéresse réellement à mon blog. Je ne recommande un produit que si il me

plaît vraiment ou quand il s’agit de rendre service à un ami.

Page 93: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

91

QUESTIONNAIRE LES FILLES PENSENT QUE

VOTRE BLOG

Depuis quand avez-vous lancé votre blog ?

Je l’ai lancé le 9/09/09

A quelle fréquence postez-vous ? Pourquoi ?

Pendant 1 an et demi je postais 3 fois par semaine. Depuis que je me suis lancée dans l’écriture du

livre, je poste une à deux fois par semaine.

S’obliger à poster régulièrement est le meilleur moyen de ne pas laisser tomber le blog. Les lecteurs

prennent l’habitude et font des remarques quand ils notent une baisse de la publication.

Avez-vous défini une ligne éditoriale ? Si oui, laquelle ?

La ligne éditoriale est simple : je ne parle pas de moi mais des femmes en général. 80% des articles

concernent les relations homme-femme.

Quelles sont les qualités indispensables d’un blog ?

L’humour, la régularité et la rigueur dans la publication, l’écriture, l’originalité.

Quelles sont les qualités indispensables d’un blogueur?

Les memes que celles citées si dessus.

Les informations que vous diffusez sur votre blog sont plus personnelles ou plus liées à

l’environnement qui vous entoure ?

Liées à mon environnement

Votre blog vous permet-il de générer des revenus ?

Mon blog m’a permis de remporter le prix ELLE et de publier un livre. En revanche, la plateforme

Overblog ne permet pas de générer beaucoup d’argent. 30 euros est un maximum.

LA BLOGOSPHERE

Avez-vous des relations avec d’autres blogueuses ? Si oui, lesquelles ?

J’en connais beaucoup via leur blog mais très peu dans la vie.

Comment êtes vous rentrés en contact ?

Via nos blogs respectifs.

La reconnaissance d’autres blogueuses est-elle importante pour vous ? Pourquoi ?

J’avoue que je ne me suis jamais posé la question et que je n’en ai aucune idée.

VOTRE LECTORAT

Passez-vous beaucoup de temps à écrire les billets, répondre aux commentaires ?

Page 94: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

92

Je n’en ai aucune idée. En revanche, j’essaye de répondre à tous les commentaires.

Les commentaires de vos billets sont-ils importants pour vous ? Pourquoi ?

Indispensables. Ils me permettent de savoir ce que les gens pensent des papiers et des idées du blog.

Ca leur permet également de se connaitre les uns les autres. Grace à ça, les lecteurs créent, à leur

tour, une mini communauté.

Comment avez-vous fidélisé vos lecteurs ?

Par bouche à oreille, via FB et surtout en essayant de continuer de créer un contenu qui les intéresse.

Twitter est-il un élément important de cette fidélisation ?

Pas plus que ça. Selon mes stat, les gens viennent plus via FB et la newsletter que par Twitter.

Combien de lecteurs lisent votre blog chaque jour/semaine ?

Environ 700/ jour avant parution du livre. J’imagine qu’ensuite le lectorat augmentera

considérablement.

Pourriez-vous faire un portrait type de votre lectorat ?

Jeune femme, la trentaine, célibataire.

Connaissez-vous des lecteurs de manière personnelle ? Si oui, comment cette relation s’est elle

développée ?

Tous les lecteurs que je connais étaient mes amis avant. Je n’ai pas encore rencontré de lecteurs

“inconnus”.

Quelle reconnaissance est selon vous la plus importante : la reconnaissance d’un lectorat large ou

celle d’un milieu professionnel restreint ? Pourquoi ?

Un lectorat large permettra toujours à un milieu professionnel restreint de s’intéresser à vous.

RECOMMANDATIONS

Organisez-vous des concours ou autres opérations ? Pourquoi ?

Non parce que je n’ai pas envie de déposer de réglement de jeu chez un huissier.

Avez-vous déjà recommandé un produit, un spectacle, un service sur votre blog ?

Je recommande sporadiquement des adresses mais jamais de produit ou de spectacle.

Avez-vous déjà été approché par des marques pour recommander un produit ? L’avez-vous

recommandé ?

Oui tous les jours. Non je ne le fais pas.

Page 95: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

93

MANGO AND SALT

TON BLOG

1. Depuis quand as-tu lancé ton blog ?

J’ai réellement lancé mon blog en mai 2010 ; l’été précédent, j’utilisais déjà le même nom de

domaine mais je n’ai écrit que pendant quelques semaines, à la suite de quoi j’ai supprimé le blog

parce qu’il ne me correspondait plus et l’ai donc relancé au printemps après avoir mieux réfléchi sur

ce que je voulais.

2. A quelle fréquence postes-tu? Pourquoi ?

Je poste assez régulièrement, généralement entre 3 et 6 fois par semaine. Cette fréquence dépend

avant tout de mon humeur ; certaines semaines, j’ai plein de choses à montrer et une grande envie

d’écrire, alors qu’à d’autres moments j’ai moins de temps, moins envie. Mais de manière générale

j’aime énormément montrer mes découvertes ou mes inspirations, d’où le nombre assez élevé

d’articles par semaine. L’autre raison de cette fréquence est également liée au lectorat. J’ai

remarqué que lorsque je postais plus régulièrement, j’attirais davantage de lecteurs, ce qui est

agréable lorsqu’on souhaite partager quelque chose.

3. As-tu défini une ligne éditoriale ? Si oui, laquelle ?

Oui, j’ai une ligne éditoriale un peu particulière puisqu’elle est à la fois éclectique et assez stricte. Je

traite des sujets suivants : mode (surtout mes tenues personnelles mais aussi des découvertes de

marques, des inspirations et plus rarement des articles sur les tendances), beauté (maquillages

personnels, revues de produits de beauté), inspiration (sélections personnelles d’images sur un

thème donné), création (tutoriels de Do it yourself, découvertes de créateurs…), et cuisine (recettes

de pâtisserie). C’est varié, mais je ne vais pas au-delà de ces sujets, et je reste toujours dans une

optique très personnelle et inspirante, par exemple jamais je ne parlerai d’un événement commercial

ou de ma vie personnelle. Je considère cette rigueur importante pour avoir une identité claire aux

yeux des lecteurs, mais aussi pour m’éviter de m’égarer moi-même et finir par ne plus retrouver ce

que je voulais de mon blog.

4. Quelles sont les qualités indispensables d’un blog ?

Sans hésiter, un blog doit avant tout être personnel, c’est-à-dire refléter une vraie personnalité ou

une certaine originalité, que ce soit dans le ton de l’écriture, dans les sujets proposés, ou dans le

style s’il s’agit d’un blog mode ou d’un blog maquillage. Dans un deuxième temps, je pense que

proposer de belles images est aussi quelque chose d’important pour rendre agréable la lecture. Et

avoir un peu de talent dans ce qu’on fait, ce n’est pas mal non plus !

5. Quelles sont les qualités indispensables d’une blogueuse ?

Avant tout, une blogueuse doit faire preuve d’humilité ; les filles trop ambitieuses qui publient juste

pour rencontrer le succès ou qui se prennent au sérieux sont vite repérées. Leurs blogs sont moins

attirants, plus stéréotypés. Il faut vraiment aimer ce qu’on fait, et ne pas seulement le faire dans

l’espoir d’être connue, mais plutôt dans une optique de partage, et d’amusement, tout simplement !

Ensuite, quelques autres qualités peuvent apporter un « plus » sans être aussi indispensables : un

style très personnel, une facilité à écrire, de la sociabilité, de la générosité, et si possible quelques

connaissances en informatique pour pouvoir personnaliser son blog!

Page 96: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

94

6. Les informations que tu diffuses sur ton blog sont plus personnelles ou plus liées à

l’environnement qui t’entoure ?

Ce sont des informations personnelles dans le sens où je retranscris mes propres impressions, mes

inspirations, les choses que j’aime, etc… Je ne parle pas beaucoup de mon environnement, de ma

ville, ou même de l’actualité des tendances.

7. Ton blog te permet-il de générer des revenus ?

Oui. J’ai des bannières de publicité en barre latérale qui me permettent de gagner un pourcentage

lorsqu’elles mènent à une vente pour la marque en question. Ce sont des revenus très faibles (de

l’ordre de 5 à 15 euros par mois) mais assez réguliers. De temps en temps, je fais également des

articles sponsorisés à travers des agences de marketing en ligne, qui génèrent des revenus bien plus

conséquents, mais je limite vraiment ce genre d’opérations, parce que je tiens à rester maître de

mon contenu. On peut aussi compter les cadeaux et produits à tester comme revenus, j’en reçois de

temps en temps. Mais finalement, presque tous les revenus financiers et cadeaux sont « réinvestis »

pour le blog, en me permettant d’alimenter de nouveaux articles.

LA BLOGOSPHERE

8. As-tu des relations avec d’autres blogueuses ? Si oui, lesquelles ?

Tout-à-fait ! Je suis en relation avec énormément de blogueuses par les réseaux sociaux et par mail,

je parle avec beaucoup d’entre elles de manière presque quotidienne (pour en citer quelques unes,

les plus courantes : Anne de Melle Dubndidu, Elodie de What Katy Did Next, Amélie de So Girly Blog,

Emelie de Vintage Touch Blog, Angie de Angie et les petites fleurs…). J’ai aussi eu l’occasion de

rencontrer, voir et revoir beaucoup de blogueuses mode, création, etc… (Cococerise, Morning by

Foley, Kenza, Melle Dubndidu, Parigote, Manaa is a Dreamer…) et j’ai encore plein de rencontres

prévues dans les mois à venir. Le milieu des blogueuses est très particulier sur ce point : tout le

monde se lit entre soi, se parle entre soi, etc… Rares sont les blogueuses qui n’entrent en relation

avec personne de ce monde.

9. Comment êtes vous rentrés en contact ?

De manière générale, nous sommes rentrées en contact sur Twitter. Pour certaines, à force de

conversations virtuelles, nous avons aussi pu nous voir « en réalité » lors de rencontres personnelles

ou d’évènements organisés pour les blogueurs (soirées Etsy, Paulette Magazine…).

10. La reconnaissance d’autres blogueuses est-elle importante ? Pourquoi ?

Pour moi, elle ne l’est pas spécialement. Je considère mon blog comme une vitrine de moi-même et

de mon univers, et je ne recherche pas du tout de reconnaissance vis-à-vis de cela ; c’est moi, je suis

comme ça, et c’est tout ! Mon lectorat est plus important que les autres blogueuses de ce point de

vue. En revanche les relations amicales avec les autres blogueuses sont importantes pour se soutenir,

s’inspirer, et pouvoir discuter de choses pour lesquelles on se comprend particulièrement bien.

VOTRE LECTORAT

11. Passes-tu beaucoup de temps à écrire les billets, répondre aux commentaires ?

La tenue du blog, de manière générale, nécessite autour de 5 heures par semaine, selon le nombre

d’articles publiés et leur teneur. Entre la prise des photos, leur retouche, l’écriture, la mise en forme

Page 97: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

95

et la publication, un article conséquent peut nécessiter jusqu’à 2 heures de travail et davantage s’il y

a aussi une vidéo. Un article léger (sélection d’images sur internet, ou article de peu de photos)

nécessite entre une demi-heure et une heure. Les réponses aux commentaires ne me prennent pas

beaucoup de temps, peut-être une bonne demi-heure en tout par semaine (incluant modération,

lecture et éventuelles réponses).

12. Les commentaires de tes billets sont-ils importants? Pourquoi ?

Ils sont très importants pour moi ; au vu du temps que je consacre à chacun de mes articles, j’aime

vraiment avoir un retour par rapport à ce que j’ai publié. Les commentaires sont souvent positifs, ce

qui est agréable et donne de la motivation pour continuer. Quand ils sont négatifs, c’est un peu

difficile à « encaisser » au début, mais ça m’aide vraiment à évoluer positivement, c’est pourquoi je

les considère importants également. Certains me donnent aussi des conseils, des idées, qui

contribuent également à améliorer le blog. Enfin, si quelqu’un prend le temps de laisser un

commentaire, c’est aussi une preuve que ce que j’ai écrit ou montré a fait réagir cette personne,

chose à laquelle je tiens particulièrement puisque une de mes envies avec ce blog est d’inspirer, de

donner le sourire.

13. Comment as-tu fidélisé tes lecteurs ?

La régularité des posts a été un élément important, je pense, dans le sens où mes lecteurs

s’attendent à un certain nombre de nouveautés par semaine. La diversité des rubriques permet aussi

cet effet d’attente, puisqu’on s’attend à voir dans la semaine un look, un billet d’inspirations, un

billet beauté, etc… Mais avant tout, c’est ma présence sur les réseaux sociaux qui fidélise le lectorat ;

j’annonce les nouveaux posts plusieurs fois sur chaque réseau avec un lien direct, ce qui permet à

mes abonnés d’être au courant de l’activité du blog et donc de le lire régulièrement. Je fais attention

aussi à traiter personnellement chaque lecteur, chaque abonné, etc…, ce qui me paraît très normal

puisque le blog vit grâce à leurs visites. Je leur réponds et je suis proche d’eux, ce qui crée des

échanges qui jouent sans doute en faveur de la fidélisation. De manière générale, je dois dire que je

recherche davantage cette fidélisation et cette ambiance « personnelle » plutôt qu’un nombre élevé

de lecteurs.

14. Twitter est-il un élément important de cette fidélisation ?

C’est effectivement un élément particulièrement important en ce qui me concerne. Le côté spontané

de ce réseau me permet d’échanger énormément avec mes abonnés (qui sont généralement mes

lectrices), et de partager des choses de mon quotidien, des découvertes, des coups de cœur qui

viennent compléter le blog, qui lui fonctionne de manière plus formelle. Concrètement, chaque mois,

Twitter m’apporte autour de 15% de mon trafic. Mais d’autres réseaux sont encore plus importants,

comme Facebook et Hellocoton qui m’apportent chacun autour de 30% de mon trafic, probablement

parce qu’ils sont plus stables en terme de durée d’affichage de l’information, et parce que les

Français ne sont pas encore tous très « twitteurs » !

15. Combien de lecteurs lisent ton blog chaque jour/semaine ?

Les visites sur mon blog sont en constante augmentation depuis quelques mois, mais en ce moment

je suis dans les 5000 visites par semaine, et entre 800 et 1000 visites par jour. C’est un chiffre assez

important en comparaison de mes débuts et de beaucoup de « petits » blogs, mais très bas si on le

compare aux grands blogs de mode qui ont une visibilité internationale. Mais il me convient très

bien ; comme je l’ai dit, la chasse aux visites ne m’intéresse pas, et je laisse faire les choses à leur

rythme.

Page 98: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

96

16. Pourrais-tu faire un portrait type de votre lectorat ?

Mon lectorat-type est une jeune fille entre 18 et 28 ans, souvent étudiante (communication,

marketing, design…) ou au début de sa vie professionnelle. Elle tient généralement elle-même un

blog, souvent un blog de mode. Elle aime tout ce qui est girly, est avide de découvertes et

gourmande. Elle aime les blogs et en lit plusieurs en plus du mien. Elle aime aussi internet et les

réseaux sociaux.

17. Connais-tu des lecteurs de manière personnelle ? Si oui, comment cette relation s’est elle

développée ?

A part avec quelques unes qui sont aussi blogueuses et que j’ai déjà citées, je n’ai jamais entretenu

de relation autre que virtuelle avec une lectrice, mais je ne l’exclue pas du tout dans les temps à

venir. En réalité c’est plus une question d’incompatibilité géographique (j’habite en Espagne et mes

lectrices sont françaises) qu’une question de volonté.

18. Quelle reconnaissance est selon toi la plus importante : la reconnaissance d’un lectorat large

ou celle d’un milieu professionnel restreint ? Pourquoi ?

Je crois que lorsqu’on consacre beaucoup de temps et d’énergie à son blog, la reconnaissance d’un

lectorat large est ce qu’il y a de plus important. On veut être lue, et que notre « travail » plaise à un

public. Si celui-ci est large ou grandit de mois en mois, c’est très satisfaisant pour la blogueuse

puisqu’elle se sent appréciée, c’est comme un petit moment de gloire (il y a nécessairement un peu

d’égocentrisme dans le fait de bloguer). La reconnaissance dans le milieu de la mode par exemple est

de toute façon plus difficile à obtenir, et personnellement elle ne m’intéresse pas du tout car je ne

m’en sens pas le talent nécessaire. Je n’ai pas d’ambition professionnelle avec mon blog, même s’il

m’arrive de le mettre en avant tout simplement pour témoigner de ma créativité ou ma capacité de

motivation.

RECOMMANDATIONS

19. Organises-tu des concours ou autres opérations ? Pourquoi ?

Jusqu’il y a quelques temps, j’ai participé à plusieurs opérations sponsorisées, dont un concours

sponsorisé. Bien que je n’aie jamais été très à l’aise avec l’idée de « vendre » de la publicité sur mon

blog puisque cela me semble une atteinte à ma ligne éditoriale, j’ai accepté ces propositions précises

parmi bien d’autres pour des raisons financières principalement. Je suis étudiante, j’ai un budget

limité et ces opérations m’ont aidée à renflouer un peu mon compte en banque. Mais je les ai aussi

choisies parce qu’elles correspondaient à des thèmes pouvant être abordées sur mon blog (des

chaussures, des produits de beauté…) ou parce que mes lecteurs en sortaient gagnants (cadeaux à la

clé). Cependant, j’ai décidé à présent de limiter très fortement voire de refuser désormais toute

opération de ce genre. Je préfère me concentrer sur un contenu personnel de qualité, et si je veux

gâter mon lectorat, je le ferai à mon compte.

20. As-tu déjà recommandé un produit, un spectacle, un service sur ton blog ?

Oui. Certains de mes articles beauté sont des « revues » de produits ou de services que j’ai acheté ou

eu l’occasion de tester. S’ils me plaisent, je n’hésite pas à les recommander chaudement.

21. As-tu déjà été approché par des marques pour recommander un produit ? L’as-tu

recommandé ?

Page 99: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

97

Oui, on m’a proposé plusieurs fois de tester des produits, des marques, ou de m’offrir quelque chose

en échange de leur placement dans un article. Pour éviter encore une fois un dérapage de ma ligne

éditoriale, je n’accepte que lorsqu’il s’agit de produits correspondant à l’esprit général du blog ou

lorsque les produits sont envoyés pour une appréciation libre, c’est-à-dire que je ne suis pas obligée

d’en parler si je ne les aime pas. Je préfère évidemment cette seconde option, qui permet de faire de

belles découvertes, d’alimenter mes rubriques sans trop dépenser, et surtout de recevoir des

cadeaux, puisque c’est toujours agréable, mais sans mettre à mal le contenu de mon blog.

Page 100: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

98

QUESTIONNAIRE MELLE DUBNDIDU

TON BLOG

1. Depuis quand as-tu lancé ton blog ?

J’ai lancé mon blog en novembre 2009, il va avoir 2 ans cette année mais je m’en suis réellement

occupée qu’en mars/avril 2010

2. A quelle fréquence postes-tu? Pourquoi ?

Je poste entre 3 et 4 articles par semaine, pas plus car je n’ai pas le temps. Je mets entre 1 et 2h pour

préparer un article c’est à dire faire les photos, les sélectionner parfois les retoucher, les publier,

écrire l’article, le mettre en forme, insérer les photos, se relire etc. Ca prend pas mal de temps et

comme j’aime que chaque article soit de qualité, j’ai pris ce rythme-là et je pense que ca convient à

mon lectorat, ca leur laisse le temps de découvrir les posts et de ne pas trop prendre de retard dans

leur lecture.

3. As-tu défini une ligne éditoriale ? Si oui, laquelle ?

Je n’ai pas vraiment défini une ligne éditoriale, je n’aime pas parlé en soi de mode, ca ne m’interesse

pas vraiment d’ailleurs, la prise de tete sur la fashion week, les defilés ce n’est pas trop mon truc.

J’aime la mode simple du quotidien, assortir des pièces qui me plaisent. Je n’ai pas besoin de faire un

long discours sur ca, les photos suffisent et j’explique parfois le pourquoi du comment de la tenue lol.

Ainsi, je parle plus de ma vie, de mes expériences (lecture, maquillage, eshop, tourisme). Par contre,

je suis parfois effrayée de l’intrusion par des questions très intimes de mes lectrices. Certes, je

partage beaucoup voire trop de vie privée sur mon blog, mais j’ai une limite et j’aime qu’elle soit

respectée.

4. Quelles sont les qualités indispensables d’un blog ?

La régularité, être proche de son lectorat, échanger avec lui même si c’est parfois pour se faire

insulter, ne pas rester fermé aux critiques, savoir s’améliorer, une bonne orthographe, une bonne

présentation, un bon contenu =)

5. Quelles sont les qualités indispensables d’une blogueuse ?

La générosité ? Je ne sais pas, rester soi-même je pense et ne pas se forcer à écrire un article si on

n’en a pas l’envie.

6. Les informations que tu diffuses sur ton blog sont plus personnelles ou plus liées à

l’environnement qui t’entoure ?

Les deux, personnelles et mon environnement. Peut-être trop personnelles, je raconte ma vie à 1200

inconnus chaque jours 0_o effrayant.

7. Ton blog te permet-il de générer des revenus ?

Oui c’est mon choix d’ailleurs mais aussi parce que mon blog me coute en nom de domaine et

hébergement des photos, ce que les lectrices ne voient pas bien souvent. Puis c’est un petit plus pour

moi étudiante, c’est l’ordre de 30-100 euros ca dépend des mois mais c’est parfois très utile. J’ai eu

56 euros pour le mois de septembre, j’ai mis 30 euros pour le rachat de mon nom de domaine pour 6

Page 101: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

99

mois et le reste ca a payé mes courses de la semaine. Après je comprends que ca puisse gêner

certains lecteurs d’avoir de la pub, pas très pertinente d’ailleurs mais bon c’est un affiche passif

LA BLOGOSPHERE

8. As-tu des relations avec d’autres blogueuses ? Si oui, lesquelles ?

J’ai beaucoup de relations avec des blogueuses notamment via Twitter, c’est une fourmilière

à blogueuses, ca permet de se faire des contacts, de faire des rencontres. Je ne pourrai pas

toutes les citer mais principalement : Hélène, Anne, Hervine, Victoria, Elodie, Midori,

Cyanna, Clara de The Working Girl, Amélie du Sogirlyblog, Emelie de Vintage Touch Blog

J’ai pu aussi faire de vraies rencontres avec Victoria, Hervine et Elodie, Hervine et Victoria sont

devenues de vraies amies avec qui j’échange souvent via texto ou skype. Après il m’arrive de parler

avec Coline email / twitter, The Brunette mais d’une manière moins amicale, moins proche

9. Comment êtes vous rentrés en contact ?

twitter

10. La reconnaissance d’autres blogueuses est-elle importante ? Pourquoi ?

Non pas vraiment importante, c’est sur que ca fait plaisir quand une blogueuse « plus influente » que

soi vient nous complimenter mais au final, on ne fait pas notre blog pour ca lol

VOTRE LECTORAT

11. Passes-tu beaucoup de temps à écrire les billets, répondre aux commentaires ?

Comme je le disais, un article me prend entre 1 et 2heures. Il faut compter le temps de prendre les

photos, de sélectionner celles qui conviendront le mieux (là où on est la moins moche et où on voit

le mieux les vêtements), les redimensionner, les éditer parfois (lumière, contraste) les publier sur son

hébergeur de photos puis les insérer dans l’article. L’article en lui-même prend du temps, l’idée, la

rédaction, la mise en forme, relecture et publication. De même que faire de la « pub » pour son

article (twitter / facebook).

Je réponds à chaque commentaire, donc en fonction du nombre ca dépend mais c’est entre 30 min

et 2h par jour. D’ailleurs je trouve cela particulièrement important de répondre, cela permet un

échange je trouve !

12. Les commentaires de tes billets sont-ils importants? Pourquoi ?

Oui personnellement ca m’encourage à écrire d’autres articles, à voir si celui que j’ai écris est

apprécié (ou non), si mes photos sont appréciées comme mon look. Quand je n’ai pas beaucoup de

commentaires je suis évidemment très déçue:/ et je me remets vite en question : Pourquoi mes

lectrices n’ont pas aimé ?? et j’essaie de m’améliorer dans l’article suivant.

13. Comment as-tu fidélisé tes lecteurs ?

Je ne sais pas lol ? Il faudrait leur demander pourquoi ils reviennent je rcois que 60% reviennent juste

en tapant mon nom sur google et ou en voyant l’un de mes commentaires sur un blog, le reste 40%

reviennent via des outils comme Twitter, FAcebook, Feeds, Annuaire de blog (Hellocoton / bloglovin)

Page 102: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

100

ce qui est déjà énorme. 50% de mes visiteurs par jour sont des lecteurs réguliers, ca me fait plaisir

d’ailleurs d’avoir leur commentaire sur mon évolution, ce que j’écris =)

14. Twitter est-il un élément important de cette fidélisation ?

Oui car je peux communiquer en direct avec mes lectrices donc je pense que c’est un outil qui joue

vraiment, c’est ma deuxième source de visite sur mon blog en fait, lol

15. Combien de lecteurs lisent ton blog chaque jour/semaine ?

Par jour entre 1200 et 2000, par semaine entre 10-12000, 50% environ sont des visiteurs récurrents =

fidèles lol

16. Pourrais-tu faire un portrait type de votre lectorat ?

Une femme entre 16 et 33-35 ans je pense, majoritairement étudiante ou qui vient juste de rentrer

dans le monde du travail, qui aime la mode mais sans se prendre trop la tete avec, qui aime lire des

choses légères et futiles, sortir un peu du quotidien

17. Connais-tu des lecteurs de manière personnelle ? Si oui, comment cette relation s’est elle

développée ?

Je suis plus proche de certaines mes lectrices mais ca reste ponctuelle, un échange d’email d’un mois

/ deux mois sur des informations qu’elles ou que j’avais besoin mais j’aime de relation personnelle

18. Quelle reconnaissance est selon toi la plus importante : la reconnaissance d’un lectorat large

ou celle d’un milieu professionnel restreint ? Pourquoi ?

La reconnaissance d’un lectorat large. Pourquoi ? Bonne question, car ce que l’on fait est apprécié à

titre personnel, sans arrière pensée mercantile. Quand une lectrice me complimente, je ne peux

qu’être contente, quand une marque me dit qu’elle aime mon blog, je sais très bien pourquoi elle me

dit cela…. !

RECOMMANDATIONS

19. Organises-tu des concours ou autres opérations ? Pourquoi ?

J’organise des concours, car si je peux gâter mes lectrices pourquoi pas ? Et ca peut même être sur

mon argent personnel comme un concours OPI, je partais aux Etats-Unis et je ne pouvais pas

emporter tous mes vernis, autant leur faire plaisir que les faire prendre la poussière un an =)

20. As-tu déjà recommandé un produit, un spectacle, un service sur ton blog ?

Je recommande des produits et des services que j’utilise ou que j’ai testé personnellement, tout

comme je ne recommande pas certaines erreurs que j’ai commise achats / eshops lool C’est un

échange d’avis je pense qui peut-être utile et que personnellement je recherche sur d’autres blogs.

21. As-tu déjà été approché par des marques pour recommander un produit ? L’as-tu

recommandé ?

Oui et je trie, j’aime avoir ma liberté de parole alors souvent si je reçois un produit dans le « contrat »

je suis libre de donner mon opinion et si c’est négatif, je peux le dire aussi =D !!! Mais âpres certaines

blogueuses n’ont pas le même système, je prefere faire ca car je pense que mes lectrices doivent

Page 103: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

101

avoir confiance en moi et leur mentir par dissimulation n’est vraiment mais vraiment pas mon credo

0_o. d’ailleurs, j’ai arreté de lire les blogs qui le font, je suis pas non plus un citron qu’on peut

presser, donc je me mets a la plage de mes lectrices dans ce cas là.

De plus, je sélectionne vraiment mes « partenariats », je reçois 2 ou 3 mails par jour et je crois qu’au

final je ne réponds qu’à un mail lol car le projet m’intéresse, ca n’implique pas de pub aberrante sur

mon blog et je reste libre du contenu de mon article =) !

Page 104: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

102

QUESTIONNAIRE MON BLOG DE FILLE

VOTRE BLOG

Depuis quand avez-vous lancé votre blog ?

9 octobre 2005

A quelle fréquence postez-vous ? Pourquoi ?

1 fois par jour, parce que j'ai plein de choses à raconter ;-)

Avez-vous défini une ligne éditoriale ? Si oui, laquelle ?

Oui, je parle de beauté.

Quelles sont les qualités indispensables d’un blog ?

La qualité, justement...

Quelles sont les qualités indispensables d’un blogueur?

Aucune idée !

Les informations que vous diffusez sur votre blog sont plus personnelles ou plus liées à

l’environnement qui vous entoure ?

Elles sont liées à la beauté et la cosmétique.

Votre blog vous permet-il de générer des revenus ?

Oui.

LA BLOGOSPHERE

Avez-vous des relations avec d’autres blogueuses ? Si oui, lesquelles ?

Oui, avec beaucoup d'entre elles (trop nombreuses à nommer).

Comment êtes vous rentrés en contact ?

Généralement vi nos blogs.

La reconnaissance d’autres blogueuses est-elle importante pour vous ? Pourquoi ?

Dans la mesure où je ne fréquente quasiment pas de blogueuses beauté, la question ne se pose pas à

moi.

VOTRE LECTORAT

Passez-vous beaucoup de temps à écrire les billets, répondre aux commentaires ?

Oui, ça m'occupe presque à plein temps.

Les commentaires de vos billets sont-ils importants pour vous ? Pourquoi ?

Page 105: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

103

Bien sûr ! On écrit pour els autres, pas pour soi !

Comment avez-vous fidélisé vos lecteurs ?

Aucune idée, ils sont se fidélisés tous seuls ;-))

Twitter est-il un élément important de cette fidélisation ?

Je ne pense pas.

Combien de lecteurs lisent votre blog chaque jour/semaine ?

8.000 par jour.

Pourriez-vous faire un portrait type de votre lectorat ?

A part que c'est une femme plutôt francophone, il n'y a pas de type dans la mesure où elles ont de 15

à 70 ans et peuvent vivre absolument n'importe où en France ou dans le monde.

Connaissez-vous des lecteurs de manière personnelle ? Si oui, comment cette relation s’est elle

développée ?

Quelle reconnaissance est selon vous la plus importante : la reconnaissance d’un lectorat large ou

celle d’un milieu professionnel restreint ? Pourquoi ?

Les deux ;-) Pour exister, tout simplement.

RECOMMANDATIONS

Organisez-vous des concours ou autres opérations ? Pourquoi ?

Ca m'arrive, les lectrices adorent ça.

Avez-vous déjà recommandé un produit, un spectacle, un service sur votre blog ?

Bien sûr, je passe mon temps à ne faire que ça !

Avez-vous déjà été approché par des marques pour recommander un produit ? L’avez-vous

recommandé ?

Oui, tout le temps, mais je ne parle que de ce que j'aime (hors cadre des billets sponsorisés, bien

entendu, qui fonctionnent autrement).

Page 106: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

104

QUESTIONNAIRE PENELOPE BAGIEU

VOTRE BLOG

Depuis quand avez-vous lancé votre blog ?

Depuis un peu plus de 4 ans

A quelle fréquence postez-vous ? Pourquoi ?

Autant que je peux, dans la limite de "mon blog ne doit pas me prendre plus d'une heure par

semaine". Donc entre un et trois posts par semaine, en moyenne.

Avez-vous défini une ligne éditoriale ? Si oui, laquelle ?

je raconte ce qui me passe par la tête, en dessins.

Quelles sont les qualités indispensables d’un blog ?

Ne pas se prendre au sérieux, ce n'est qu'un blog.

Quelles sont les qualités indispensables d’un blogueur?

Même réponse ! Il ne faut pas oublier qu'après tout, tout le monde ou presque tient un blog, ce n'est

pas un exploit.

Les informations que vous diffusez sur votre blog sont plus personnelles ou plus liées à

l’environnement qui vous entoure ?

Je raconte plus ou moins ma vie et mes opinions, donc oui c'est plutôt personnel.

Votre blog vous permet-il de générer des revenus ?

Oui, il y a un espace avec un pavé de pub, que gère une régie pub.

LA BLOGOSPHERE

Avez-vous des relations avec d’autres blogueuses ? Si oui, lesquelles ?

Pas tellement.

Comment êtes vous rentrés en contact ?

je connais un peu de gens qui sont des copains de copains, mais vraiment pas tellement.

La reconnaissance d’autres blogueuses est-elle importante pour vous ? Pourquoi ?

Non, du coup, pas tellement.

VOTRE LECTORAT

Passez-vous beaucoup de temps à écrire les billets, répondre aux commentaires ?

Il n'y a pas de commentaires sur mon blog. Je ne suis pas très intéressée par l'aspect "échange", je ne

cherche pas trop l'avis des gens. Au pire, quand on veut me dire quelque chose, on peut m'écrire un

Page 107: Marie Trocmé -   blogueuses influentes

105

mail. Mon blog est plus un défouloir, je ne cherche pas à avoir de retours de mes lecteurs.

Les commentaires de vos billets sont-ils importants pour vous ? Pourquoi ?

Comment avez-vous fidélisé vos lecteurs ?

En étant régulière, j'imagine !

Twitter est-il un élément important de cette fidélisation ?

Mon twitter n'a rien à voir avec mon blog, donc a priori non.

Combien de lecteurs lisent votre blog chaque jour/semaine ?

Environ 40 000 par jour.

Pourriez-vous faire un portrait type de votre lectorat ?

Aucune idée ! Plutôt des femmes.

Connaissez-vous des lecteurs de manière personnelle ? Si oui, comment cette relation s’est elle

développée ?

Non. Sauf ceux qui viennent me voir pendant mes séances de dédicaces.

Quelle reconnaissance est selon vous la plus importante : la reconnaissance d’un lectorat large ou

celle d’un milieu professionnel restreint ? Pourquoi ?

Plutôt un lectorat large, parce qu'il n'y a pas d'aspect professionnel dans mon blog.

RECOMMANDATIONS

Organisez-vous des concours ou autres opérations ? Pourquoi ?

Non, jamais, car c'est très chrobnophage. Les fois où j'ai organisé des concours, j'ai répondu à des

mails pendant un mois.

Avez-vous déjà recommandé un produit, un spectacle, un service sur votre blog ?

Parfois oui, je parle des spectacles que je suis allée voir, quand ça m'a plu. Mais jamais parce qu'on

me le demande.

Avez-vous déjà été approché par des marques pour recommander un produit ? L’avez-vous

recommandé ?

Ohhhh oui. Environ dix fois par jour. Mais je ne l'ai jamais fait et ne le ferai jamais. Comme je le

disais, il y a un espace disponible pour un pavé de pub, c'est bien suffisant, je ne vais pas en plus

truffer mes dessins de pub cachée.