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Master recherche mention Psychologie, spécialité « Economics and Psychology »
Mythes légitimateurs et théorie de la dominance sociale en situation de crise économique : la stratégie publique californienne pour la période 2007-2011
Michael LAMBERT Numéro étudiant : 20 80 51 27
13 Juin 2012
Sous la codirection de Claire OWEN (Département des sciences économiques) Sous la codirection de Geneviève VINCONNEAU (Institut de psychologie)
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (PRES HESAM) Université Paris Descartes (PRES Sorbonne Paris Cité)
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Sommaire
1. Présentation de la Théorie de la Dominance Sociale (TDS) et de la situation
économique et démographique en Californie.
1. L’Etat Californien : un Etat aux structures internationales 6
2. Hiérarchie sociale : structure trimorphique et processus de production 11
3. La théorie de la dominance sociale et les autres concepts 20
2. Expérience sur les effets de la crise sur la population dominante dans l’Etat
californien
2.1- Intérêts relatifs à cette l’étude et à sa population 23
2.2- Structure de l’expérience et de son questionnaire 27
2.3- Résultats de la passation sur les sujets californiens 32
3. Discussion et intérêt des résultats pour les politiques publiques et leur
aménagement
3.1- Analyse des résultats et comparaison des populations 36
3.2- Projection de l’étude dans le cadre de la stratégie publique californienne 41
3.3- Mondialisation et crise économique systémique : perspective d’application 44
Conclusion 46
Annexes 51
3
4
Introduction
La Théorie de la Dominance Sociale (TDS) est une théorie qui traite des rapports
sociaux et hiérarchiques (Sidanius et Pratto en 1999). Cette dernière a été présentée au début
des années 1990 (Sidanius et Pratto, 1993), et se présente comme une synthèse d’un certain
nombre de théories antérieures relatives aux relations intergroupes dans une meme société.
La TDS trouve ses origines dans un ensemble de théories et comporte quatre niveaux
d’analyse distincts dont la maitrise est essentielle pour comprendre le système des politiques
publiques qui peut s’y référer.
Le premier niveau comprend des modèles psychologiques et notamment la théorie de la
personnalité autoritaire (Altemeyer ; 1988), ainsi que la théorie des deux valeurs de Rokeach
(1979). Le deuxième niveau comprend les théories socio-psychologiques avec la théorie des
conflits réels (Hood et Sherif, 1961), celle de l’apprentissage social, de la socialisation (avec
l’université) qui y joue un rôle fondamental. S’ajoute la théorie de l’identité sociale qui
permet de comprendre avec plus de précisions l’importance de la hiérarchie des sociétés
(Tajfel et Turner, 1986). Les modèles sociologiques et structurels se disposent au troisième
niveau avec la théorie de la position dans le groupe (Blumer, 1960). La sociobiologie, la
neurobiologie et les autres approches plus contemporaines permettent d’ajouter des
perspectives importantes dans la compréhension et surtout l’étude de la TDS.
Pour résumer, dans son ensemble la TDS se concentre sur les rapports sociaux des
individus et propose une compréhension des structures hiérarchiques des sociétés grâce à
l’économie en tant que justification de la position sociale. C’est la raison pour laquelle la
situation en Californie présente une perspective d’analyse intéressante sur la période de 2007
à 2011 pour des raisons que nous évoquerons ultérieurement et qui tendent à montrer des
différences singulières entre les groupes dominés et dominants.
Ce contexte de crise dans le cas de la situation californienne, est en lui meme singulier
et ce tant bien meme si la crise économique et financière de 2007 prend naissance sur
l’ensemble du territoire Américain.
5
La titrisation et le secteur des prêts hypothécaires à risque ayant joué un rôle déclencheur, la
situation soulève les interconnections des grandes firmes sur le plan international, des
banques et, dans une plus large mesure, des économies mondiales. Les régulations des
grandes structures (FMI, FED et autres organisations plus locales) n’ayant pas eu raison de la
spéculation et du souhait de croissance des compagnies indépendantes.
Les Etats restent différents face à la situation : on observe un décalage chronologique lié à la
structure de leurs économies et de leurs modèles de gestion à l’échelle locale. A l’échelle
mondiale si les pays de l’Union européenne et les Etats-Unis subissent sévèrement la crise, les
pays dits émergents, comme la République Populaire de Chine, profitent de la crise pour
affirmer un nouveau rôle géostratégique et montrer leur capacité intérieure. Le marché
Chinois absorbe une partie des pertes de sa production et continue d’afficher des résultats
positifs en lançant un vaste plan de relance de la consommation ayant pour but de restreindre
les pertes liées à l’extérieur. Plus généralement, il semble assez difficile de dresser un portrait
type des pays en crise mais, la conception d’une situation critique n’en reste pas moins très
occidentale dans son ensemble.
On peut noter, dès les premiers mois de la crise, une baisse significative des
investissements du secteur bancaire et une augmentation du chômage sur le territoire
Américain. L’interconnexion des réseaux entraine les autres pays, dont l’Union européenne,
qui avait pour similitude avec ses voisins Américains les investissements dans des domaines à
risque et surtout un secteur bancaire important pour une production industrielle en baisse
depuis la fin des années 1970-1980. L’incapacité de coordination donne naissance à un
manque de réaction rapide qui va entrainer la crise des subprimes Américaine vers une
transformation en crise mondiale du secteur bancaire dès l’automne 2008.
Cette seconde étape est marquée par cette crise des banques. On peut alors retenir la
symbolique de la semaine du 14 septembre 2008, moment où plusieurs établissements
financiers américains affichent une cessation de paiement. Cette situation est étonnante et
surtout internationale : en moins d’une année, le modèle qui semblait stable se retrouve au
cœur d’une polémique de gestion économique et morale des investissements.
6
On peut assister à la sauvegarde des intérêts bancaires via la Réserve Fédérale Américaine
(FED), au rachat massif par les concurrents dans une situation plus favorable ou à la
liquidation pure et simple de ces derniers.
Sur le continent Européen, plusieurs institutions financières sont sauvées avec
l’intervention des États (ce qui a pour conséquence un accroissement conséquent de leurs
dettes publiques) et par les banques centrales (Banque Centrale Européenne pour le secteur de
la zone euro). On peut alors citer l’assureur international « Nederlanden Groep », recapitalisé
par l'État pour une valeur allant jusqu’à 10 milliards d'euros.
Il est notable de constater que les gouvernements et les banques centrales ont réagi de manière
plus ou moins concertée face à une crise systémique. L'objectif est de pouvoir maintenir une
continuité des systèmes de paiements et d’un marché entre les grandes banques qui auraient
eu pour conséquence d’entrainer la crise plus loin et, avec un système de faillite successive,
d’avoir des répercussions sur chaque grand groupe, voire à terme l’émergence d’une forme
d’oligopole ou monopole bancaire.
On peut alors noter le principe de systémique, la problématique du système bancaire ainsi que
l'infiltration de la crise dans les domaines spéculatifs, crise qui prend ses origines dans les
investissements des plus grandes firmes et entraine une baisse générale des transactions
financières. Il semble alors normal que les Etats les plus touchés soient les plus mondialisés et
dont l’économie dépend des fonds spéculatifs et des investissements étrangers, notamment en
présence des firmes américaines.
Ce contexte économique singulier, dans la mesure où il intervient à une échelle
mondiale mais aussi dans un monde mondialisé, c'est-à-dire dans des Etats interconnectés,
présente un intérêt pour approche pluridisciplinaire nécessaire la compréhension de
l’aménagement des politiques publiques en temps de crise économique.
Dans cette optique, la TDS, qui prend en compte les facteurs économique peut s’en retrouver
perfectionné et surtout plus réaliste et moins catégorique. Pour ce qui concerne la crise
économique et les politiques publiques en cas de crise : leur approche purement économique
ne donne pas une perspective valable si l’on ne tente pas de comprendre et de dégager l’état
7
d’esprit des principaux acteurs et de remettre en cause leur caractère purement rationnel
fortement présent dans les théories économiques.
1. Présentation de la Théorie de la Dominance Sociale (TDS) et de la situation
économique et démographique en Californie.
1. L’Etat Californien : un Etat aux structures internationales
Le choix de la Californie pour cette étude semble pertinent en raison des spécificités
internationales et des fortes connections de l’Etat fédéré avec l’ensemble du pays, mais aussi
avec le monde et plus spécifiquement l’Union européenne, l’Asie au sens large du terme et le
Mexique.
La Californie est un état prédisposé aux crises spéculatives et systémiques, d’autant plus à
l’échelle mondiale. Outre les dispositions des investissements dans le domaine des sub-primes
que l’on retrouve dans l’ensemble des Etats-Unis d’Amérique, on y retrouve un secteur
informatique qui concentre une forte activité de production et de création dans un sens plus
large de recherche au sein d’un domaine où les investissements internationaux sont
prioritaires. Représentant plus de 13% du PIB Américain, l’Etat est fortement exposé : avant
la crise en 2006, le taux d’emploi y était de 4.8% avant d’atteindre, en juin 2009, les 11.2%.
Cette situation témoigne de l’impact de la mondialisation sur les fonds d’investissement.
En 2007, les principaux secteurs par le nombre d’emplois sont le gouvernement avec 15,9 %
de l’activité, suivi par le commerce de détail avec 10,7 %, l’industrie au sens large du terme
avec plus de 9,2 %, la santé et les services sociaux avec 8,7 % et la restauration avec 8,3 %.
L’économie Californienne est avant tout post-industrielle : les services dominent, le tourisme
joue une part importante. On peut y ajouter le secteur informatique qui ne regroupe pas
nécessairement d’emplois fixes en raison de l’internationalisation et de la production, mais
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dont les fonds dépendent des bourses et de la confiance et capacité d’investissement des
grands groupes.
Ainsi, la Californie peut être considérée comme épicentre des investissements internationaux
dans le secteur des nouvelles technologies, ce qui lui confère un statut spécifique par rapport à
l’ensemble des autres Etats Américains. Cette situation peut expliquer une partie de l’attrait de
cette zone géographique pour les migrants avec, d’une part, les ouvriers peu qualifiés qui
viennent souvent de la frontière proche pour s’installer et bénéficier du potentiel local des
emplois sans qualification et, d’autre part, des migrants internationaux qui participent aux
travaux informatiques dans des domaines multiples (traduction, programmation de logiciels,
etc.). Ces derniers présentent un profil international et viennent s’installer en raison de leur
sélection et de leurs compétences poussées dans le secteur à la recherche d’une forme d’élite
pour combler ses besoins qui ne saurait se trouver exclusivement sur place.
Cette situation amène les politiques publiques Californiennes à une adaptation et une mutation
rapide depuis 1970-1980. La situation de leadership dans le domaine insiste sur le fait d’avoir
des structures d’accueil adéquates et d’aménager l’espace pour mieux prendre en compte les
besoins des migrants. Les centres d’éducation pour les familles ainsi que les lieux de culte ou
encore les tentatives d’aménagement urbain pour éviter la concentration des populations les
plus pauvres sont devenus des problèmes récurrents.
Le profil de la population étant à la fois multiethnique et présentant de fortes disparités sur le
plan linguistique et économique, on assiste à la concentration de zones de population
disposant souvent d’un même revenu (le plus souvent bas (<1000 $ mensuel), voire très bas
(<500$ mensuel), parlant une même langue (Mexicain Espagnol ou langues d’Asie) et ayant
une tradition culturelle qui influe sur l’espace (construction d’églises Catholiques pour les
populations Mexicaines). Ces zones deviennent des lieux économiques et culturels à part
entière qui témoignent d’un regroupement autre que celui lié au simple revenu, comme cela
pouvait être le cas entre citoyens d’origine Anglo-Saxonne et Caucasiens.
Toutes ces caractéristiques amènent la crise de 2007-2011 à avoir un impact plus
prononcé sur la Californie en raison de la forte dépendance mondiale, mais aussi des
problèmes pour les populations n’ayant pas la même culture qui doivent tenter de s’intégrer
9
alors que ces derniers ne l’ont jusqu’alors fait qu’à un niveau plus faible en raison de leur
concentration ethnique. Si les personnes au profil international et hautement qualifiées ne
présentent pas les mêmes caractéristiques et trouvent plus rapidement une solution, les
populations les plus modestes rentrent dans un schéma qui est celui de la naissance de
concentration de fortes zones de chômage (40% dans certains quartiers) et de naissance de la
criminalité, ce qui incite au schéma plus simpliste d’une corrélation entre migrants et
criminalité.
L’autre facteur important à prendre en compte pour l’analyse des politiques publiques
Californiennes de cette étude est celui de la composition démographique. La variété et les
composantes multiples sur le plan économique ne sauraient valider et raccorder les théories en
psychologie sociale nécessaires pour une étude complète du phénomène de dominance sociale
lié à la crise sans avoir une description complète de la population à la période actuelle.
Dans une première mesure, la population Californienne se caractérise par son fort
dynamisme démographique. Ainsi, on peut compter une évolution importante, celle-ci passant
de 23 millions d’habitants en 1980 à 29 millions en 1990, soit 25.7% d’augmentation avec,
entre 1990 et 2010, une augmentation de 23.8%, soit une population totale approximative de
37 millions d’habitants dans la période nous concernant.
Cette situation amène le territoire Californien à de fortes mutations sociales et témoigne de
l’attrait de l’aire économique auprès des riverains nationaux et internationaux.
Les nouveaux arrivants peuvent alors se répartir selon un schéma plus technique avec le
constat d’une forte présence de clandestins.
On compte ainsi un total de 40.1% de citoyens officiels de type Caucasiens non Hispaniques,
37.8% d’Hispaniques et Latino avec la plus grande partie de citoyens d’origine Mexicaine
(30.7%). La population Asiatique représente quant à elle 13%, avec 3.2% de Chinois,
population en nombre égal avec celle des Philippins. Cette situation confirme l’influence
historique de l’espace, une large partie de la population ayant des ancêtres aux origines
Mexicaines (30.6%).
Cette situation démographique influe sur le contexte économique et culturel. Si on
retrouve sur le sol Américain un total de personnes nées à l’étranger de 12.4%, la Californie
10
en compte plus de 26.8%. On peut ajouter le fait que plus de 42.2% des personnes résidant en
Californie ne parlent pas l’Anglais Américain comme première langue, situation contrastant
avec le reste des Etats-Unis qui comptent un chiffre inférieur s’élevant à 19.6%.
On peut alors noter l’importance des populations aux origines Mexicaines et Asiatiques dans
le nombre total de firmes dont elles sont propriétaires. En 2007, un total de 15.7% de celles-ci
sont dirigées par des personnes Hispaniques et 14.9%, par des personnes d’origine Asiatiques.
Cette situation d'entrepreneuriat confère aux populations Chinoises et Mexicaines un statut
enviable et mène à des interactions fréquentes avec l’ensemble des Anglo-Saxons Caucasiens.
On peut toutefois noter que les zones de forte concentration d’entrepreneurs Mexicains se
trouvent en priorité dans des quartiers à forte concentration de populations aux origines
Hispaniques. Il en est de même avec les populations Asiatiques et, plus particulièrement,
Chinoises. Cette situation amène alors au rassemblement communautaire des migrants qui
intègrent les lieux de forte concentration de la même ethnie, ce qui entraine une culture, un
style architectural, des mœurs et la création, voire la continuité, des coutumes et traditions du
pays d’origine sur le territoire Californien. La proximité et l’importance des populations
influent sur la vie des Anglo-Saxons Caucasiens qui vivent à proximité. Certaines
communautés ayant un caractère discret dans certains Etats deviennent visibles au point de
disposer de lobbys et de représentants pouvant fortement influer sur les prises de décisions
fédérales et sur l’aménagement des politiques publiques.
L’autre aspect important de l’étude porte sur l’influence que peut avoir la politique
économique d’un Etat sur les relations intergroupes des citoyens qui le compose. Dans une
perspective plus large, il est important de prendre en compte la politique d’aménagement des
flux migratoires comme l’extension de celle-ci en raison de l’influence que peuvent avoir les
migrants sur la démographie et la capacité d’un groupe à influer sur la politique locale.
On peut alors noter l’influence prépondérante de l’économie dans la construction des
mécanismes identitaires. Ainsi, il n’est pas rare de constater qu’une politique de coopération
économique ne nait qu’en vertu du simple principe d’optimisation du revenu et, par extension,
du bien-être des citoyens qui composent l’Etat. Cette perspective simple est sur bien des plans
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reléguée au second rang en raison de la répartition des richesses mais, sur le plan statistique,
on ne peut nier l’importance à l’échelle macroéconomique d’une coopération. Par opposition,
une politique de repli national sera également fortement liée à la gestion des politiques
économiques en vue de préserver le bien-être de sa population en limitant les flux monétaires
vers un autre pays.
Se pose une double question : celle de l’influence des citoyens sur l’aménagement des
politiques publiques et de l’économie d’un Etat. En ce sens, de quelle manière un
gouvernement (fédéral ou national, voire un groupement d’Etats) influe-t-il sur les échanges
économiques et sur la répartition des richesses entre les citoyens ? Dans cette même
dimension, comment les citoyens ou le groupe prenant les décisions influent-t-il sur cette
même répartition monétaire et sur la prise de position en termes d’échanges économiques
internationaux ? On retrouve alors l’idée d’une position prise par les citoyens, mais loin d’être
un échantillon représentatif du plus grand nombre d’entre eux.
La deuxième question que l’on peut trouver par extension, c’est la manière avec laquelle une
politique économique et publique peut influencer le choix des citoyens, leur perception d’eux-
mêmes et des groupes dominants ou non dominants.
On peut alors noter le fait qu’en situation de crise économique ou, plus généralement,
de situation à risque, les individus tentent de trouver un bouc émissaire ou un responsable
pour la situation dans laquelle ils se trouvent. Cette recherche d’un bouc émissaire vient alors
comme la représentation de plusieurs éléments que sont le déni de responsabilité et
d’acceptation de la situation, le refus d’accepter que la situation puisse être imputable à son
groupe ou à sa propre personne et, dans une autre mesure, un moyen d’évacuation du stress et
de la tension interne sur un autre.
Il est important de noter qu’en situation d’échec, un groupe d’individus aura tendance à
rejeter la faute sur une personne disposant de caractéristiques saillantes et donc se détachant
du groupe. Cette situation amène alors au rejet des plus marginaux ou de ceux qui ne se
conforment pas à une norme établie, ayant le moindre nombre de similitudes avec les autres
personnes, tendant alors à un rejet de « l’autre » dans le sens de celui-ci comme étranger (jugé
12
comme externe au groupe majoritaire) ou aux origines et caractéristiques visibles (couleur de
peau) qui pousse à la formation d’un rejet de la faute du groupe sur celui-ci. Cette situation
n’est pas sans révéler une forme de racisme non avouée et refusée socialement en raison des
normes de la société (bien que dépendant des sociétés) mais qui réapparait en situation de
crise. Par contraste, en situation de prospérité, le rejet et la recherche d’un bouc émissaire
s’atténuent grandement.
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2. La hiérarchie sociale, sa structure trimorphique et ses processus de production
Toutes les sociétés complexes ont comme caractéristique l'existence d'une hiérarchie
sociale comportant un ou plusieurs groupes dominants au sommet, un ou plusieurs groupes
dominés à la base.
Les dominés sont caractérisés par la possession d’une valeur sociale « négative », alors que
les groupes dominants possèdent une valeur sociale « positive ». La valeur sociale
« positive », signifie que le groupe dispose d’une capacité de maitrise de la vie politique, en
ce sens, le groupe est acteur des principales réformes sociales et économiques. Dans une
meme mesure, le groupe dominant dispose des richesses qui souvent sont corrélée avec le
statut social (cas de la Californie qui s’accorde avec ce principe). Mais aussi de ressources
matérielles diverses qui dans le cas des régions tels qu’aux Etats-Unis, leur donne un accès
privilégié à la santé et à l’éducation de leurs enfants marquant la jonction entre plan
individuel et souhait de préservation du groupe et de son identité.
Contrastant, la valeur sociale « négative » amène à la non maitrise du système, c'est-à-dire
que les personnes ont une influence sur les réformes politiques moindres et disposent de
ressources économiques plus faibles qui les amènent à avoir un accès à la santé et à
l’éducation réduit tout en ayant pour conséquence de souvent pérenniser cette situation
sociale. L’obtention de sanctions négatives sur le plan judiciaire est un bon moyen d’établir
une corrélation entre dominance sociale et statut d’une personne.
La hiérarchie sociale de ces groupes serait à l'origine des conflits intergroupes dans les
sociétés contemporaines et industrialisés et permettrait d’expliquer les formes d’oppression
sociale (Sidanius et Pratto, 1999).
Cette hiérarchie sociale, dans les société industrialisés, permet la répartition de ressources en
fonction du groupe d’appartenance (avec les caractères évoqués plus hauts), de réduire les
conflits sociaux et d’accroitre la survie des individus dominants, des groupes et de la sociétés
(la hiérarchie étant à bien des égards un moyen de protéger l’espèce en limitant les conflits.
Dans le contexte contemporain, c’est la groupe dominant qui limite les effets que pourrait
avoir l’autre groupe, ce dernier étant souvent différents sur des critères tels que ceux de la
couleur de peau, la religion ou la langue).
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Les travaux de Sidanius et Pratto (1999) amènent à l’idée que la structure trimorphique des
hiérarchies sociales humaines est structurée de la façon suivante :
- L’âge, dans lequel les plus âgés ont un pouvoir social conséquent en comparaison des
enfants et adolescents qui s’en retrouvent démunis et qui revêt de nombreux aspects
pour les populations dominantes et dominées qui usent de la natalité de façons
différents (les dominés tendent à accroitre leur nombre ou à s’intégrer).
- Le système de genre dans le cas des principaux groupes aux Etats-Unis celui-ci est
patriarcal. Les individus de sexe masculin ont un pouvoir social et surtout politique
fort par rapport femmes qui en ont moins.
- Le système de groupe arbitraire : réfère aux groupes visibles et reposants socialement
sur des caractéristiques comme la couleur de peau, les origines, le rang et la fonction
dans la hiérarchie. Le type de religion ou de non-religion constituant dans les sociétés
contemporaines, un des critères principaux critères (comme peut en témoigner le
monopole religieux de certains Etats au moyen orient). Ces catégorisations sociales
favorisent la visibilité du groupe d’appartenance et la justification de la position
sociale.
L’aspect trimorphique de la TDS laisse à penser que la hiérarchie sociale est
inéluctablement dans toute société ou l’économie joue un rôle fondamental. Il n’existe pas à
ce jour de système de groupe dominants au sein des sociétés ou l’économie n’est pas
développé (Lenski ; 1984) ce qui montre l’importance de l’économie dans cette théorie.
La raison qui permet d’expliquer la naissance d’un système de groupe arbitraire résulte dans
le cadre d’un surplus économique. C’est dans cette mesure que le cas Californiens pour la
TDS est intéressant. Avec une baisse du surplus économique mais dans un meme temps le
souhait de justification de la non-performance et donc du rejet de la faute sur une minorité.
Cette perspective va en contradiction avec l’idée selon laquelle plus le surplus économique au
sein d’un Etat est important et plus la hiérarchie qui la compose composée est arbitraire est
développée (Lenski, 1984).
L’idée de la TDS étant que plus le surplus économique est conséquent et plus on assiste à la
création d’organisations qui forment une autorité politique expropriatrice de contrôle des
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richesses (police, système judiciaire public ou privé). Mais cette idée ne devrait donc pas se
retrouver dans le cadre d’une diminution des richesses ou le schéma devrait être inversé.
La TDS repose également sur trois principaux postulats:
- Les hiérarchies sont fondées sur des aspects immuables tels que les critères d’âge et de
genre et n’existe que dans les économies développé.
- Les conflits intergroupes et leurs mécanismes de fonctionnement (racisme, sexisme,
nationalisme, patriotisme) sont à analyser sous l’angle de différentes formes de
manifestations à la même prédisposition humaine pour une hiérarchie.
- Les systèmes sociaux humains usent des "mythes légitimateurs". Ce sont des mythes
et forces qui augmentent et justifient la présence de cette hiérarchie sociale ou qui la
diminue, c’est le cas avec les droits de l’Homme et le multiculturalisme. C’est alors
que se pose la question de la validité de la TDS dans des Etats pluriculturels et
fortement mondialisés, tel que la Californie, qui techniquement devrait présenter
moins d’aspects favorables à la TDS que d’autres pays moins ouverts sur les autres
cultures.
La TDS propose d’expliquer l’existence de la hiérarchie sociale comme résultant de trois
processus qui sous influence d'autres mécanismes:
- La discrimination individuelle
- La discrimination institutionnelle
- L’asymétrie comportementale.
Ces processus sont tous liés aux mythes légitimateurs, qui sont sous l’influence d’un
autre concept fondamental, celui de l'orientation de dominance sociale (SDO). Le SDO se
différencie de la TDS et comprend lui meme plusieurs facteurs (statut des groupes, facteurs de
socialisation) et ne mène pas aux meme perspective d’application dans notre étude.
Les « mythes légitimateurs » sont à la base de la TDS, on peut les expliquer comme
l’expression d’attitudes, de valeurs, stéréotypes, idéologies, qui amènent à justification
16
intellectuelle et morale expliquant la répartition inégale d’un groupe sociale à un autre
(Sidanius et Pratto, 1999).
Le partage de ces croyances amène au contrôle des tensions intergroupes. Sidanius et Pratto
(1999) ont classé ces mythes légitimateurs avec deux caractéristiques, la fonctionnalité et la
puissance : fonctionnalité permettant de justifier les inégalités sociales (c’est le cas du racisme
et des stéréotypes) ou l'égalité sociale (droits de l'homme). Ils apportent une justification aux
inégalités sociales et font référence aux mythes qui accentuent la hiérarchie sociale, dans le
cas de la Californie on peut prendre l’exemple des protestants comme ayant une tendance à
mieux savoir gérer une entreprise. La notion de puissance du mythe référant au degré avec
lequel il peut maintenir ou renverser une hiérarchie. Dans cette optique, certains mythes sont
plus puissants que d’autres et dépendent fortement du contexte d’application.
Pour bien comprendre les aspects des mythes qui sont ici essentiels pour aborder la deuxième
partie comprenant notre expérience, il est important d’expliquer les facteurs à leur base:
- La « consensualité », qui explique que les croyances ou idéologies partagées dans une
société, si elle l’est à une grande échelle, augmente sa puissance d’acceptation. Dans
notre étude cette idée irait dans l’optique d’un favoritisme de l'exogroupe chez les
Mexicains et Chinois qui ferait que ces derniers attribueraient plus de critères positifs
aux caucasiens-protestants d’origine américaine qu’à leur propre groupe
d’appartenance (la situation pour la population asiatique étant différente nous
l’évoquerons ultérieurement dans la partie 2).
- La « consistance » pour sa part est un concept qui propose que les mythes soient
fortement associés à des caractéristiques culturelles connues de longue date. (On peut
dire que les mexicains sont très attachés à la religion catholique et à la famille et les
chinois plus introvertis que les populations blanches). Ces aspects consistants sont
présents dans la culture occidentale californienne et plus généralement mondiale. Les
latins étant plus souvent perçus comme proche de leur famille, cet aspect a pour
conséquence de donner naissance à un mythe consistant de longue date qui augmente
sa puissance. Plus ce lieu commun est rependu et plus le mythe aura une force de
persuasion importante.
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- La « certitude » quant à elle est liée à l’aspect scientifique d’un élément du mythe.
C’est le cas du racisme et de l’antisémitisme au 19em siècle qui se basait sur le
concept « d’infériorité génétique » de certaines populations dans le monde (croyance
inspirée des théories évolutives) des périodes antécédentes perçues comme valables et
de nos jours jugées non pertinentes (Biddiss ; 1970). La Californie présente en ce sens
nombre de similitudes avec les autres pays occidentaux.
- La « force médiationnelle » est le degré avec lequel un mythe légitimateur permet de
faire le lien entre le désir de maintenir ou de faire naitre une hiérarchie sociale (SDO)
et les politiques publiques pour sa création. Dans cette optique, les politiques
publiques peuvent donner naissance à la mise ne avant des stéréotypes et à la création
de situation permettant de garder les sujets dans une situation hiérarchiquement
inférieure (c’est le cas de la ghettoïsation et de la suppression des infrastructures
pouvant mener à un changement de position sociale des minorités). Des travaux
révèlent que ce racisme et le conservatisme en politique sont de potentiels vecteurs de
l'effet de la SDO sur une l'opposition à l'aide aux minorités (Sidanius et Pratto, 1999).
L'endossement des mythes qui augmentent la hiérarchie (tel que le racisme) est ici
présenté comme le moyen par lequel la SDO affecte les politiques publiques et les
pousse à s’accorder sur le rôle d’une aide aux minorités favorable ou défavorable.
Dans ce sens, aborder la TDS amène à se pencher sur la SDO et son rôle dans la
théorie. La SDO est définie comme le degré avec lequel des sujets souhaitent et supportent
une hiérarchie sociale avec des groupes dominants et dominés (Sidanius et Pratto, 1999). La
théorie fait référence aux aspects les plus visibles des groupes (couleur de peau, langue,
religion). Elle influence l’objet et l'intensité de la hiérarchie qui en elle-même est basée sur
des groupes, elle influence une variété importante de mythes légitimateurs et les politiques
publiques.
La SDO est en ce sens reliée positivement avec les mythes qui accentuent la hiérarchie, et
négativement avec les mythes qui l’atténuent. Les travaux de Sidanius et Pratto confirment
cette hypothèse. Une étude de Pratto, Sidanius, Stallworth et Malle en 1994 a permis de
réaliser qu’aux Etats-Unis la SDO était reliée avec une variété de mythes qui augmentaient la
hiérarchie sociale. La SDO était significativement corrélée avec le racisme, le sexisme, le
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conservatisme politique, le nationalisme, le patriotisme (voir tableau partie 3.1). La SDO était
significativement corrélée avec les politiques publiques ce qui tend à montrer la relation que
celles-ci peuvent avoir avec l’attitude des groupes, l’opinion d’eux meme et surtout la
hiérarchie sociale établie.
Whitley en 1999 concède l'existence d'un lien fort entre la SDO et la tendance des sujets au
racisme. Sidanius et Pratto pour leur part, ont démontré que les relations entre la SDO et les
mythes légitimateurs étaient similaires dans différents pays du monde (Canada, Taiwan et
Israël, République Populaire de Chine).
Selon la théorie de la dominance sociale, la SDO serait affectée par quatre facteurs:
- Le statut du groupe d'appartenance et l'identification : les membres de groupes
dominant ont un niveau de SDO plus important que ceux des membres des groupes
dominés. Les individus qui s'identifient avec les groupes dominants ont un niveau de
SDO plus important (Sidanius et Pratto 1999). Cette étude montre à travers cinq
échantillons que l'identification à l'endogroupe est reliée à la SDO pour les membres
des groupes dominants (dans notre étude les Américains Protestants (voir partie 2)).
Par contre, l'identification à l'endogroupe est négativement reliée à la SDO pour les
membres de groupes dominés Mexicains et Chinois.
- La socialisation : la SDO semble également être affectée par les variables sociales du
type éducative, religieuse et d’expérience personnelle (Sinclair, Sidanius et Levin;
1998). Cette conception est à vérifier dans la mesure où le milieu universitaire
influence selon la théorie les résultats obtenus. Notre étude usera de cette population.
- La personnalité et le tempérament : la SDO est influencée par la personnalité et
l’idéologie des personnes (Pratto; 1994). La SDO est négativement reliée avec des
variables personnelles telles que la croyance en l’égalité entre les hommes (Davis,
1983).
- Le genre : les hommes ont un niveau supérieur de SDO par rapport aux femmes
(Sidanius, Pratto et Bobo, 1994), c’est la raison pour laquelle dans notre étude la
population respectera la parité absolue.
19
L’autre aspect important que l’on retrouve dans la troisième partie de notre étude sera
la discrimination institutionnelle. Celle-ci concerne les rôles et procédures discriminatoires
des institutions et se retrouve, de facto, au cœur de l’analyse des politiques publiques. Ces
institutions peuvent être publiques ou privées, c’est le cas de la justice, des hôpitaux, des
universités, etc. La discrimination institutionnelle est parfois totalement délibérée et visible
(interdiction du droit de vote des étrangers), mais il arrive qu'elle prenne une forme beaucoup
plus indirecte (aménagement des espaces publics qui tend à discriminer sans être avoué). Elle
a pour conséquence d’entraîner une répartition inégalitaire de la valeur sociale au sein de la
hiérarchie (Feagin, 1978).
Pour maintenir cette intégrité de la hiérarchie sociale, l’étude de Sidanius et Pratto en 1999
suggère que les institutions usent de « la terreur systématique » qui est une forme accentuée
de la violence sur les groupes dominés par rapport aux groupes dominants. On peut alors
distinguer plusieurs types de « terreur » :
- La terreur officielle : désignant l’utilisation légale de sanctions violentes à l’égard des
membres de groupes dominés, par les autorités publiques. C’est le cas de la peine de
prison à vie abusive et les arrestations sur les minorités visibles dans les pays avec une
forte population caucasienne.
- La terreur semi-officielle : violence et intimidation allant contre les dominés et fait par
les forces de police et la sécurité « officielle » du pays. Il n’y a pas de sanction
officielle du système politique et judiciaire (Sidanius et Liu, 1992). Ici on se retrouve
davantage dans un système de perpétration de la peur de la sanction plus que de la
vraie sanction.
- La terreur non officielle : perpétrée par des individus ou groupes d’individus
dominants sur le plan social (Ku Klux Klan aux USA, Néo-fasciste et Skinheads). Il
est fréquent que les membres de groupes politiques, qui pour leur part trouvent une
affiliation avec ces idéologies, ne s’en revendiquent pas ouvertement.
La TDS suggère également que les groupes dominés participent activement et
contribuent à leur propre domination. Ce concept rejoint celui de la justification du système
20
qui permet aux personnes d’accepter leur situation et de justifier son existence (Jost et
Burgess, 2000).
Dans cette optique, c’est le système en lui-même qui est accepté par les dominés sous la
forme de la politique allant à leur encontre, de l’économie et meme du racisme. Les membres
participants à la vie de la société usent des stéréotypes pour conserver la perception que les
arrangements sociaux et le système sont justes (par exemple les hommes sont plus riches que
les femmes car moins sujets aux émotions lors des négociations d’affaires), c’est un moyen
d’acceptation et surtout de justification de l’existence des différences et peut se rapprocher de
la théorie de la croyance en un monde juste (Lerner et Miller ; 1978).
Une étude de Haines et Jost (2000) montre que les groupes dominés participent à
l’accroissement des stéréotypes et ainsi à leur propre domination en tentant de correspondre à
l’image qu’on leur renvoi d’eux meme et de leur communauté. Les participants dominés ont
une tendance à surestimer la légitimité des dirigeants de l’autre groupe et s’accordent avec
l’idée de justification du système.
Sidanius et Pratto (1993, 1999) distinguent quatre types différents d’asymétrie
comportementale pour les membres de groupes dominés :
- Biais pro-endogroupe asymétrique : les individus ont une tendance à penser que leur
groupe d’appartenance culturel est le meilleur et à s’en servir comme référence par
rapport aux autres (dans notre expérience (voir partie 2), le Protestantisme comme
étant supérieur aux autres religions des groupes dominés (catholicisme pour la
population mexicaine)). Ce comportement amène l’individu et son groupe à penser
que les autres cultures sont inférieures. Ce processus a été démontré au cours d’études
expérimentales avec le paradigme des groupes minimaux (Tajfel et Turner, 1986).
- Le biais de favoritisme de l’exogroupe : il peut être vu comme un cas spécifique du
biais pro-endogroupe asymétrique. Si les groupes dominants démontrent un biais pro-
endogroupe, il arrive également que les autres groupes dominés expriment un biais
pro-exogroupe. Cette situation est observée chez les membres de groupes dominés
(Yee et Brown, 1992).
21
- L’auto-affaiblissement : arrive quand les membres dominés ont une attitude
autodestructrice anormalement élevé par rapport aux dominants. Cette attitude est
fortement liée aux stéréotypes attribués aux groupes dominés (Sidanius et Pratto,
1999). Ces croyances seraient partagées par les membres de groupes dominants, mais
aussi dans une certaine mesure par les membres de groupes dominés. Sidanius et
Pratto proposent plusieurs résultats qui semblent confirmer cette hypothèse dans des
domaines aussi divers que les performances intellectuelles (effets pygmalion et
prophétie auto-réalisatrice) et la criminalité, celle-ci étant plus élevée chez les
membres de groupes subordonnés tels que les mexicains et les chinois que dans la
population californienne caucasienne.
- L’asymétrie idéologique : les mythes légitimateurs affectent les politiques publiques et
l’évaluation des groupes d'appartenance. On peut s'attendre à ce que les membres d'un
groupe dominant soient en accord avec les mythes et expriment un biais de
favoritisme de leur groupe au dépend des groupes dominés. Autrement dit plus les
caucasiens protestants croient que la société aux Etats-Unis s’avère juste et légitime et
plus ils auront tendance à favoriser leur groupe d'appartenance ethnique (Levin et
Sidanius ; 1999).
Dans une dernière mesure, il semble important d’aborder le concept « d'augmentation
de disproportion » (Putnam, 1976) qui propose l’idée selon laquelle l’autorité politique est
exercée en priorité par les groupes dominants composants la société.
Cette idée s’ajoute à celle de la consensualité hiérarchique qui fait référence aux accords entre
les groupes dominants et les groupes dominés sur la structure du système social. Les migrants
européens caucasiens, asiatiques, mexicains, perçoivent le statut social des groupes de
manière consensuelle. Tous perçoivent que les caucasiens Américains forment le groupe
dominant et ceux d’origine mexicaine le groupe dominé.
La hiérarchie sociale basée sur la hiérarchise sociale semble stable à travers le temps. Il n'est
pas fréquent qu'une hiérarchie sociale soit totalement renversée sauf dans certaines exceptions
suite à de fort changement, souvent migratoires.
22
Nulle révolution ou changement démographique majeur n’a jamais réussi à créer une société
égalitaire. De nouveaux groupes arbitraires s'installent en position dominante et créent une
nouvelle hiérarchie qui s’affirme progressivement. Reste à savoir dans quelle mesure
l’économie des sociétés ayant connues de tels bouleversement a pu influer sur ces processus
et surtout si toutes les populations en subissent les mêmes effets et dans quelle proportion.
23
3. La théorie de la dominance sociale et autres concepts
La théorie de la dominance sociale se veut un modèle synthétique des théories
antérieures liées aux attitudes et relations intergroupes. Elle trouve nombre de ses origines
dans d'autres théories. C’est le cas de la théorie des deux valeurs (Rokeach, 1979) qui propose
que les attitudes et les comportements politiques soient muent par deux valeurs fondamentales
que sont l'égalité sociale et celle de la liberté individuelle. Si l’on suit l’étude de Katz et Hass
en 1988, l'échelle de racisme anti-noir aux Etats-Unis est corrélée négativement avec l'échelle
d'égalité sociale de Rokeach (1979). Ce concept d'égalité présente le point commun entre la
théorie de la dominance sociale et la théorie des deux valeurs. L'échelle de SDO proposée par
Pratto (1994) mesure la tolérance des individus au degré d’inégalités sociales.
La théorie de l'identité sociale (Tajfel et Turner; 1986) est aussi à prendre en compte
pour notre étude. Cette théorie partage avec la TDS l’idée d’une comparaison sociale
descendante l’idée d’existence des processus permettant de conserver une identité personnelle
positive (Crocker et Schwartz, 1985). Mais selon la théorie de l'identité sociale, les membres
des groupes inférieurs ne s'engagent pas dans une valorisation des attributs de l'exogroupe.
En ce sens, la théorie de l'identité sociale ne permet pas d'expliquer le phénomène de biais
pro-exogroupe (Sidanius et Pratto, 1993) que certaines populations (Mexicains en Californie)
peuvent avoir pour le groupe social dominant, ni les attitudes de ces groupes pour tenter de
leur ressembler.
Dans la théorie de l'identité sociale les membres des groupes dominés vont créer et conserver
une identité sociale positive en favorisant l'endogroupe. La TDS propose l’inverse et le biais
pro-exogroupe, ainsi en Californie si pour la théorie de l’identité sociale c’est la communauté
mexicaine et son mode de vie qui devrait se retrouver valorisée, dans la TDS c’est le mode de
vie des Américains protestants qui devrait l’être. La TDS et la théorie de l'identité sociale
semblent diverger sur ce plan fondamental.
Selon Sidanius et Pratto (1993), au même titre que la TDS, la théorie des conflits réels
(Jackman et Muha ; 1984) propose que les politiques sociales résultent davantage des conflits
24
intergroupes que des conflits individuels, ce qui n’est pas sans engendrer des polémiques sur
la problématique de la responsabilité des communautés plus que de l’individu.
Cette position conforte la TDS comme étant au centre des réformes politiques et économiques
et amène à penser qu’il existe un intérêt dans l’étude des théories en psychologie sociale pour
la compréhension de l’aménagement territorial et pour la compréhension des réformes
économiques entreprissent en Californie pour la période de 2007 à 2011. Les théories
stipulent également que les mythes légitimateurs influent profondément la politique sociale
dans la mesure où ils jouent un rôle centrale sur la représentation des aménagements qui sont
nécessaire pour le bien-être des populations.
Dans le cas californien, la croyance et l’ensemble des représentations stéréotypées sur la
population mexicaine et chinoise amène les politiques publiques à aménager les espaces non
pas en fonction des besoins des populations mais en fonction de la représentation des besoins
des populations. Ce qui a pour conséquence notable d’accroitre la ghettoïsation et
l’augmentation de leur visibilité ce qi renforce d’autant plus les stéréotypes qui leur sont liés
(c’est l’exemple du stéréotype qui veut que les populations mexicaines soient plus sujettes à la
criminalité alors que les quartiers dans lesquelles ces dernières se retrouvent sont à la base les
moins sécuritaires) cette situation fournissant une justification à la position sociale du groupe
hégémoniques.
La théorie des conflits réels suggère que les conflits intergroupes sont la conséquence
de facteurs liés au socio-structurels, la TDS pour sa part postule qu'ils résultent de la tendance
naturelle des sociétés humaines à créer des organisations hiérarchiques. Derechef, la théorie
des conflits réels propose que les conflits intergroupes soient muent par la compétition entre
les groupes pour l'obtention des richesses sur le territoire, les emplois, les postes à
responsabilité, l’accès aux universités, au système social alors que la TDS suggère que même
lorsque les ressources sont distribuées équitablement les conflits intergroupes auront une
tendance naturelle à continuer d’exister. Les besoins d'augmenter et de maintenir le statut
social, l’estime de soi, l'estime de son groupe, le prestige social ne sont donc pas supprimé. La
crise économique, loin de diminuer la compétition pour le rang social, aura une tendance à
voir la meme compétition alors que les intérêts en jeu sont moindres.
25
Dans une dernière mesure, la théorie de la justification du système (Jost et Banaji ;
1994) et la TDS postulent toutes les deux que les membres de groupes dominés sont acteurs
de leurs positions. En ce sens mener une étude sur la population dominante comme sur la
population dominée devrait donner des résultats similaires (voir partie 2.3). Une étude de Jost,
Burgess et Mosso de la New-York University en 2001 indique une différence entre leur étude
et les résultats liés à celle de la dominance sociale. Ils précisent que contrairement à la théorie
de la justification du système, la théorie de la dominance sociale a une tendance
sociobiologique qui amène à l’ethnocentrisme.
Selon la théorie de la justification du système, les stéréotypes et les attitudes intergroupes
résultent de processus sociaux comme l'apprentissage social. Dans cette mesure et à l’époque
contemporaine on retrouvera le rôle principal des médias et des réseaux de communications
qui jouent en faveur du maintien des stéréotypes dans la société californienne.
Il semble pertinent de prendre en compte l’ensemble de ces théories pour mener une
analyse contemporaine sur l’influence que peut avoir eu la crise financière sur les populations
de l’espace concernée. Derechef, une étude sur la TDS et sur plusieurs populations dominées
pourrait donner de plus amples indications sur l’importance des stéréotypes et sur ses
conséquences dans l’aménagement des politiques publiques.
La position centrale de la Californie en tant qu’Etat américain fortement mondialisé et
pluriculturel, peut donner des perspectives d’analyse et surtout d’application dans les
aménagements sociaux et leur compréhension. Apporter des notions applicables à une plus
grande échelle. La TDS se retrouve alors comme outil en situation de crise et comme potentiel
moyen d’explication et surtout source de solution pour comprendre et limiter l’influence des
stéréotypes dans la population et les médias et ainsi apaiser les diverses tensions propres aux
sociétés humaines mondialisées.
Dans cette optique, une étude sur la perception de la population dominante sur deux
populations dominées dans un meme espace, semble pertinente pour comprendre les
mécanismes, déterminer l’importance des stéréotypes et surtout l’influence d’une crise
économique dans leur naissance et leur justification, la TDS étant à bien des égards l’une des
théories se référant le plus à l’économie et à son importance dans les politiques publiques.
26
2. Expérience sur les effets de la crise sur la population dominante dans l’Etat
californien
2.1- Intérêt de l’étude et de ses populations
Cette étude tend à montrer les principales mutations du champ de l’intégration des
politiques publiques Américaines et, plus spécifiquement, en Californie vis-à-vis des migrants
au sens large des populations d’origine Chinoise et Mexicaine.
La recherche tend à apporter une explication concernant les prises de position des réformes
gouvernementales et à en expliquer les origines via une étude de type psychosociale, cette
dernière étant étroitement corrélée aux domaines économique et politique en raison de la
nature du phénomène étudié (crise économique et migrations).
L’étude s’oriente dans le sens d’une description et d’une analyse de la situation dans
l’espace californien sur les populations Mexicaines et Chinoises qui seront au cœur de la
problématique. La recherche tend à montrer l’influence d’une crise économique sur la
représentation que peut avoir le groupe dominant (Anglo-Saxons Caucasiens) vis-à-vis des
autres populations. La théorie de la dominance sociale se retrouve dans l’étude pour une
analyse plus pertinente et une interprétation des résultats, elle est en cela la ligne directrice de
l’étude.
On peut compter comme objectif principal le souhait de vérification des théories en
psychologie sociale concernant la représentation de l’autre en situation défavorable sur le plan
économique et ainsi confirmer l’idée de rejet d’un groupe minoritaire ou socialement inférieur
dans un contexte réel tout en confirmant l’idée de la naissance d’un mythe légitimateur chez
la population socialement dominante.
On peut se tourner vers une application de la théorie de la dominance sociale (Sidanius
Pratto ;1999) et à grande échelle et ainsi mettre en avant des données recueillies pour une
compréhension et une interprétation des résultats récents relatifs aux prises de position des
gouvernements fédéraux dans le domaine de la politique migratoire et des politiques
publiques économiques liées à l’intégration des groupes sociaux dits « non-dominants ».
27
On peut ajouter à cette recherche l’idée d’une étude comparative entre populations aux
origines Mexicaines et populations aux origines Chinoises dont les résultats (les deux
populations étant sensiblement différentes sur le plan statistique), potentiellement divergents,
témoigneraient de la différence de représentation du groupe sociale dominant (Anglo-Saxons
Caucasiens) en fonction des données démographiques et de la culture de la population
concernée.
Etant donné les données relatives aux populations étudiées ainsi que celles concernant la
groupe dit dominant sur le plan social, il semble cohérent de s’intéresser et s’interroger sur la
corrélation que peut avoir la crise économique et financière de 2007-2011 en Californie sur la
perception du groupe dominant envers les autres groupes qui composent son espace
économique et social. Cette étude se concentra donc sur les stéréotypes et l’influence de ces
derniers sur la représentation du groupe dominant sur deux populations distinctes dont nous
énumérerons les attributs ultérieurement.
La question de savoir dans quelle mesure on peut retrouver chez la population sociale
dominante un effet de la crise et une influence sur les représentations qu’elle a des autres
populations semble émerger. Quelles en sont les manifestations et répercussions et, dans une
mesure plus ample, l’influence sur la prise de décision des politiques publiques ?
L’observation de divergences envers l’un des deux groupes étudiés s’avère-t-elle significative
et quelles en sont les principales différences sur les deux groupes dominés observés ?
La légitimation de l’appartenance au groupe social dominant étant au cœur de notre
problématique, peut-on noter la naissance du mythe légitimateur et, si tel est le cas, dans
quelle mesure et quels en sont les principaux attributs ?
Cette étude s’inscrit dans une optique utilitaire. En effet, la croissance rapide des
structures de réflexion et des groupes d’études du type Think Tank aux Etats-Unis, mais aussi
dans le reste du monde, tend à montrer l’amplification du rôle des groupes de recherche
indépendants en matière de prise de décision des pouvoirs publics.
L’étude des répercussions de la crise économique permet alors d’assurer des prises de
décision par les politiques publiques fédérales et nationales dans une optique d’adaptation et
28
de réponse aux crises sociales en Californie, de permettre un meilleur aménagement des
réformes mais aussi pour comprendre les prises de positions des grands débats en politique.
Une étude indépendante sur les phénomènes psychosociaux donne une base solide aux
gouvernements et institutions pour la prise en charge de l’intégration et de la compréhension
des populations.
Une étude réaliste sur le terrain peut permettre une adaptation et une prise en charge plus
pertinente des migrants et ainsi limiter les effets de tension entre les populations aux origines
et pratiques culturelles différentes devant se côtoyer dans un même espace géographique.
L’étude suivante tend à montrer les effets de la crise économique et financière mondiale de
2007-2011 sur la représentation des migrants en Californie. Elle tend à soulever le phénomène
de dominance sociale qui s’exerce dans une telle situation et vise à mettre en avant des
résultats significatifs selon le type de population visé.
La population pour notre étude présentera un groupe de caractéristiques faisant d’elle
la population dite « dominante », en accord avec la théorie de la dominance sociale. Celle-ci
pourra tendre à une mesure de la population « dominée » via la notation sur une échelle
d’attributs des deux groupes minoritaires vivant en Californie (Mexicains et Chinois).
Notre étude portera sur une population de 30 citoyens Américains d’origine Caucasienne, nés
de parents Américains dont la langue maternelle (parents et enfants) est exclusivement
l’Anglais Américain (il semble notable de distinguer cette population d’étude de celle des
« WASP » qui pourrait comprendre des migrants anglais alors que le terme « Américains
Protestants Caucasiens » semble ici plus adapté). Les citoyens Américains dans notre étude
sont tous d’origine Californienne, âge compris entre 18 et 25 ans avec une répartition
équitable entre les femmes et les hommes (15 femmes et 15 hommes). La religion des sujets
et de leurs parents est le protestantisme (Luthériens et Calvinistes), ils sont tous célibataires.
La population est issue du milieu étudiant pour la grande majorité (27 d’entre eux).
Cette suite de caractéristiques est liée à celle de la recherche de la population dominante sur le
sol Américain. Le choix de la sélection de sujets célibataires repose sur le biais que pourrait
29
porter le fait d’être en relation avec une personne dont l’origine serait autre qu’une personne
présentant des caractéristiques de la population « dominante » sur le plan social et qui pourrait
influer sur les réponses des sujets.
Dans cette étude nous prenons des sujets caucasiens pour qu’ils fassent partie de la population
dominante, s’ajoute le critère du protestantisme qui est celui de la population dominante au
meme titre que la langue anglaise de façon à limiter tous les biais possibles. Le choix de notre
population s’explique par l’importance de la crise et ses effets sur le sol californien mais aussi
en raison du caractère multiculturel important (voir section 1 sur la Californie).
Conformément aux descriptions que l’on a de la TDS, il semble important de respecter la
parité Hommes/Femmes dans notre étude pour limiter le biais qui pourrait émerger de la trop
forte présence de femmes qui sont jugées comme des sujets moins « dominants » sur le plan
de la TDS que ne le sont les individus de sexe masculin. La parité nous donnera alors une
représentation plus réaliste en raison de la moyenne établie par ses 15 sujets de chaque
groupe.
Autres aspect important, l’âge des sujets est entre 18 et 25 ans pour garder une population
plus homogène et issue d’un meme milieu : l’Université). Cette homogénéité plus importante
semble utile pour centrer nos résultats et surtout éviter les problèmes qui pourraient être liés
en raison des différences d’expériences dans leur vies antérieures, une étude à plus grande
échelle sur une population plus âgée n’en reste pas moins improbable.
Le milieu étudiant, pour sa part, semble cohérent quand on sait le coût des universités sur le
sol californien (supérieur à 10 000 Dollars par an) les personnes qui bénéficient donc d’un
accès à l’université sont sujet à avoir des moyens financiers plus importants pour une large
partie d’entre eux. Une étude sur la rémunération des parents semblait trop intrusive et une
étude sur la rémunération personnelle des étudiants semblait peu pertinente quand on sait que
les dépenses et sommes perçues en avantages directs (argent pour le quotidien) ou indirect
(voiture ou appartement en ville appartenant à la famille) sont souvent les plus nombreuses.
Nous n’aurions alors eu qu’une suite d’informations peu pertinentes pour notre analyse. Notre
population d’après cette logique de sélection est plus cohérente pour une analyse et pourra
alors traiter de la perception des Caucasien Protestants Américains sur les Mexicains et les
Chinois.
30
Ces deux populations (Mexicains et Chinois), s’expliquent pour leur part en raison de la forte
proportion de Mexicains sur le sol américain (voir partie 1 sur la Californie) et par la faible
proportion des Chinois ce qui pourra permettre de déterminer avec plus d’importance
l’influence des médias et des stéréotypes sur les notes attribuées aux populations différentes
sur de nombreux points (religion, couleur de peau, langue, géolocalisation, rémunération,
proportion dans la population globale) mais tous les deux appartenant à la population
« dominée ». Ce choix semble plus pertinent que celui de la population d’origine africaine sur
laquelle existent déjà de nombreuses études plus poussées et dans cette meme mesure plus
pertinente que sur une seule population dans l’optique ou l’on souhaite dégager des éléments
de divergences fondamentaux chez ses deux populations pendant cette étude.
2.2- Structure de l’expérience et de son questionnaire
Notre étude porte sur une population de 30 personnes d’origine californienne,
caucasiens, parlant l’anglais-américain, dont les deux parents sont eux meme américains et
célibataires. 15 des sujets sont des femmes et les 15 autres sont des hommes dont l’âge est
entre 18 et 25 ans. Ils sont presque tous issus du milieu étudiant.
Les sujets ont été sélectionnés en utilisant la technique du réseau (les sujets sont donc pour
certains d’entre eux amis ou camarades de classe). On présente aux sujets un questionnaire
sous format informatique (Email) qui comporte une première partie demandant les
renseignements sur eux (nationalité, date de naissance, couleur de peau, origine des parents,
type d’études, langues parlées, situation familiale, religion). Ce premier questionnaire sert à
déterminer si le sujet est intéressant pour notre étude et remplit les principaux critères de
sélection (au final il sera nécessaire d’avoir plus de 78 sujets pour obtenir la validité de 30
personnes).
A ce premier questionnaire y est adjoint un autre comportant une suite de questions portant
sur les attributs de la population Mexicaine et de la population Chinoise. Pour compléter le
questionnaire, les sujets disposent du temps qu’ils souhaitent et doivent le renvoyer par Email
à la personne qui le leur a donné.
31
Le questionnaire en lui-même est présenté comme une étude marketing d’une
entreprise dans le monde de la publicité californienne, elle tient à garder l’anonymat. La dite
agence, pour répondre aux attentes d’un de ses clients (une agence de voyage), souhaite
demander aux étudiants la représentation qu’ils ont du Mexique et de la République Populaire
de Chine continentale (China) et de leurs habitants. Dans l’optique où la dite publicité devra
faire la promotion « réaliste » du pays, il est demandé aux sujets de répondre de la façon la
plus naturelle possible comme si elle devait s’adresser à eux :
__________
« Nous tenons à vous remercier pour votre participation à cette étude marketing qui nous
sera dès plus utiles pour répondre au mieux à l’attente de nos clients, dont vous êtes peut être
déjà membre.
Notre compagnie souhaite obtenir votre avis sur des destinations de voyage à l’intention des
personnes résidant en Californie. Pour cela, nous allons vous demander d’attribuer une note
pour divers aspects de chaque pays. Nous pourrons alors établir une publicité qui sera la plus
représentative du pays en question et ce, dans ses bons aspects comme dans ses mauvais.
N’hésitez donc pas à répondre en donnant votre opinion, même si celle-ci n’elle n’est pas
semblable à celle de vos proches. Cette dernière se doit d’exprimer votre perception du pays.
Notre compagnie s’intéresse également à la représentation que vous avez de la Californie et
de ses habitants. C’est la raison pour laquelle il est possible que nous vous demandions de
remplir un questionnaire sur la représentation que vous avez des californiens et de la
Californie et qui, nous l’espérons, pourra donner naissance dans l’avenir à une publicité a
l’intention d’autres pays et Etats Américains. »
__________
La couverture de l’étude marketing semble pertinente dans la mesure où les sujets ne
fourniraient pas les mêmes réponses si celle-ci devait porter sur une étude sociologique ou
encore si l’étude portait sur les populations californiennes mexicaines et chinoise. On aurait
alors un biais évident qui poserait problème.
32
En revanche, l’étude sur le pays d’origine des populations d’où sont issues les migrants
californiens semble plus réaliste car permettant de laisser au sujet une plus grande capacité
d’expression de sa représentation du pays d’où elles viennent. La couverture marketing ajoute
l’idée selon laquelle il est possible d’user des stéréotypes dans la mesure où l’étude est
souhaitée comme « réaliste » et peut donc éviter le biais qui serait celui de la tempérance.
Dans notre expérience, les sujets doivent répondre à quatre différents questionnaires
dont trois comportent 18 questions :
- (1) Le premier questionnaire porte sur les traits de personnalité du sujet. Le texte
indique qu’il est nécessaire dans la mesure où il donne une meilleure représentation du
sujet pour l’étude marketing. Ce premier questionnaire comporte les caractéristiques
qui servent à l’élimination des sujets ne correspondant pas au groupe social dominant
recherché.
Après avoir donné l’ensemble des réponses le concernant (et si celles-ci concordent). Le sujet
trouve un deuxième questionnaire (A : Sur le Mexique, B : Sur la République Populaire de
Chine). Le choix de passation du questionnaire A ou B se fait par randomisation manuelle
(lancer de dés avec (1-3 Mexique, 4-6 Chine) pour chaque sujet).
L’ensemble des questions des deux questionnaires (Chine et Mexique), se présente sous la
forme d’une échelle allant de 1 à 7. Le sujet doit situer son opinion sur l’échelle en accord
avec sa perception personnelle (1 : Pas du tout d’accord, 7 : Totalement d’accord).
Les attributs qui vont être évalués sont à regrouper dans 3 grandes catégories dont les items
ont été choisis après un prétest sur 17 personnes qui a permis de sélectionner les items (12
sélectionnés sur les 31) présentant les résultats les plus significatifs (les résultats obtenus
montrent une large différence (aucun des sujet n’a donné de note supérieure à la population
mexicaine par rapport à la Californienne) entre les notes attribués aux trois populations :
- Critères personnels (ponctualité, travailleur, perfectionniste, sympathie,
sociabilité, aide aux autres en situation de difficulté). Il semble important de noter
33
dans le cas ci présent la corrélation avec le monde du travail que présente ce choix
d’item.
- Critères en vie en groupe (capacité à travailler en équipe, sympathie à un
évènement, respect des règles, ouverture sur les autres communautés, patriotisme et
nationalisme (relatif à l’étude de Sidanius et Prado en 1999(voir annexes)).
- Vie dans le pays : ici les items sont sans importance dans la mesure où ils
évaluent le style architectural, la nourriture, la qualité de l’eau, la température en été,
cout de la vie, facilité pour s’y rendre. Ces items sont présents uniquement pour faire
croire à une étude marketing et éviter que les sujets n’aient des doutes. Il faut ajouter
que ces items ont également été sélectionnés en raison de leur non pertinence et de la
faible corrélation avec les autres items relatifs aux critères personnels et en groupe au
moment du prétest.
- (2) Le deuxième questionnaire (A ou B selon la randomisation) qui suit celui
sur le sujet qui passe l’expérience (les renseignements qui le concerne), est donné au
sujet qui peut y répondre sans limite de temps. Ce questionnaire comporte trois séries
de questions regroupant chacune trois sous-groupes de six questions différentes
(3*6=18 questions au total pour 1 questionnaire). Ces trois séries de questions portent
respectivement sur (Série 1 : six questions sur les attributs de personnalité sur la
population concerné A ou B ; six questions sur le comportement des sujets en groupe
et mode de vie quotidien ; 6 questions diverses sans intérêt pour éviter d’éveiller des
soupçons sur le sujet quant à la véritable nature du test).
Une fois le questionnaire terminé, le sujet dispose encore d’un questionnaire (A ou B) à la
suite du précédent et auquel il n’a pas encore répondu. On lui demande d’évaluer un autre
pays en notant exactement les mêmes items que précédemment.
- (3) Le troisième questionnaire (A ou B selon la randomisation) est donné au
sujet qui peut y répondre sans limite de temps. Ce questionnaire comporte trois séries
de questions regroupant chacune trois sous-groupes de six questions différentes
(3*6=18 questions au total). Ces trois séries de questions portent respectivement sur
34
(Série 1 : six questions sur les attributs de personnalité d’une des populations ; six
questions sur le comportement des sujets en groupe et mode de vie quotidien ; six
questions diverses sans intérêt pour éviter d’éveiller des soupçons sur le sujet quant à
la véritable nature du test).
Une fois le troisième questionnaire complété, le sujet le renvoie par Email. On lui donne alors
le lendemain un nouveau questionnaire portant sur la Californie et les californiens (ce
questionnaire n’est cependant donné qu’aux sujets qui présentent les critères personnels qui
nous intéressent :
Le questionnaire est donné au sujet qui peut y répondre sans limite de temps. Ce questionnaire
comporte trois séries de questions regroupant chacune trois sous-groupes de six questions
différentes (3*6=18 questions au total). Ces trois séries de questions portent respectivement
sur (Série 1 : six questions sur les attributs de personnalité d’une des populations ; six
questions sur le comportement des sujets en groupe et mode de vie quotidien ; 6 questions
diverses sans intérêt pour éviter d’éveiller des soupçons sur le sujet quant à la véritable nature
du test).
Une fois le questionnaire portant sur la Californie complété, le sujet le redonne à la personne
lui ayant fait passé le test qui redonne l’ensemble des questionnaires valides à
l’expérimentateur qui va traiter les données et en dégager les principaux aspects.
Il semble pertinent de rappeler qu’à ce moment de l’étude, le but est de dégager une
différence significative entre les notes attribuées aux populations chinoises et mexicaines par
rapport aux californiens mais aussi de dégager les différences entre chinois et mexicains pour
pouvoir les analyser et répondre à nos hypothèses (H1 : Il existe une différence significative
entre Mexicains, Chinois et Californiens qui tend à montrer que les Californiens obtiennent
des résultats plus importants que les autres populations (ici on cherche à confirmer la TDS).
H2 : on pense qu’il y aura des résultats différents entres les populations Chinoise et
Mexicaines ce qui témoigne de différences intragroupe dans le cadre de la TDS).
35
2.3- Résultats sélectionnés pour la suite de l’étude
Notre étude montre des résultats important sur l’ensemble des items. Ainsi la totalité
des items sur la population mexicaine reçoivent un score plus bas que pour la population
californienne. Les résultats entre la population chinoise et californienne sont plus contrastés.
(Voir analyse dans la partie 3.1).
Shapiro-Wilk W test for normal data
Variable | Obs W V z Prob>z Population Mexicaine M1 | 30 0.99614 0.123 -4.338 0.99999 (sympathie) M2 | 30 0.96686 1.053 0.108 0.45710 (perfectionnisme) M3 | 30 0.95365 1.473 0.801 0.21149 (travailleur) M4 | 30 0.94592 1.719 1.120 0.13130 (ponctuel) M5 | 30 0.96669 1.059 0.118 0.45297 (sociable) M6 | 30 0.94385 1.785 1.198 0.11551 (aide aux autres) MG1 | 30 0.99846 0.049 -6.232 1.00000 (travail en équipe) MG2 | 30 0.95227 1.517 0.862 0.19440 (sympathie à un évènement) MG3 | 30 0.96099 1.240 0.445 0.32819 (respect des règles) MG4 | 30 0.99680 0.102 -4.726 1.00000 (ouverture communautaire) MG5 | 30 0.96452 1.128 0.249 0.40184 (patriotisme) MG6 30 0.97917 0.662 -0.852 0.80296 (nationalisme) Population Chinoise C1 | 30 0.99064 0.298 - 2.507 0.99390 (sympathie) C2 | 30 0.96285 1.181 0.344 0.36546 (perfectionnisme) C3 | 30 0.97223 0.883 - 0.258 0.60181 (travailleur) C4 | 30 0.93753 1.986 1.418 0.07803 (ponctuel) C5 | 30 0.95888 1.307 0.554 0.28989 (sociable) C6 | 30 0.92347 2.432 1.838 0.03303 (aide aux autres) CG1 | 30 0.91874 2.583 1.962 0.02488 (travail en équipe) CG2 | 30 0.95456 1.444 0.760 0.22361 (sympathie à un évènement) CG3 | 30 0.98542 0.463 -1.590 0.94414 (respect des règles) CG4 | 30 0.87150 4.084 2.910 0.00181 (ouverture communautaire) CG5 | 30 0.95166 1.537 0.888 0.18722 (patriotisme) CG6 | 30 0.98116 0.599 -1.060 0.85554 (nationalisme) Population Californienne CA1 | 30 0.99055 0.300 -2.487 0.99356 (sympathie) CA2 | 30 0.95793 1.337 0.601 0.27392 (perfectionnisme) CA3 | 30 0.95698 1.367 0.647 0.25889 (travailleur) CA4 | 30 0.97036 0.942 - 0.123 0.54912 (ponctuel) CA5 | 30 0.98628 0.436 -1.715 0.95687 (sociable) CA6 | 30 0.82259 5.639 3.577 0.00017 (aide aux autres) CAG1 | 30 0.96718 1.043 0.088 0.46512 (travail en équipe)
36
CAG2 | 30 0.98051 0.619 -0.990 0.83896 (sympathie à un évènement) CAG3 30 0.97465 0.806 -0.447 0.67249 (respect des règles) CAG4 | 30 0.97637 0.751 -0.592 0.72309 (ouverture communautaire) CAG5 | 30 0.98961 0.330 -2.291 0.98902 (patriotisme) CAG6 | 30 0.94646 1.702 1.099 0.13583 (nationalisme)
T test p-value F test p-value
M1 vs C1 5.171 .000 1.860 .100
M2 vs C2 -8.569 6.852E-12 3.141 .003
M3 vs C3 -7.939 7.735E-11 2.976 .004
M4 vs C4 -9.405 .000 1.544 .248
M5 vs C5 4.610 .000 1.459 .314
M6 vs C6 1.876 .066 .960 .914
MG1 vs CG1 2.164 .035 .690 .324
MG2 vs CG2 8.526 8.091E-12 1.998 .067
MG3 vs CG3 -5.692 4.361E-7 1.159 .694
MG4 vs CG4 2.271 .027 .561 .125
MG5 vs CG5 5.354 .000 1.111 .778
MG6 vs CG6 4.232 .000 .611 .191
CA1 vs M1 2.99 .004 .559 .123
CA2 vs M2 5.550 7.433E-7 .257 .000
CA3 vs M3 4.675 .000 .277 .001
CA4 vs M4 7.089 2.078E-9 .762 .469
CA5 vs M5 3.756 .000 .479 .052
CA6 vs M6 4.831 .000 .799 .549
CA1 vs C1 9.684 .000 1.040 .917
CA2 vs C2 -4.769 .000 .807 .568
CA3 vs C3 -4.971 .000 .825 .609
CA4 vs C4 -2.243 .029 1.176 .665
CA5 vs C5 9.780 .000 .699 .341
CA6 vs C6 6.753 7.611E-9 .767 .479
C1 vs M1 -5.171 .000 .538 .100
C2 vs M2 8.569 6.852E-12 .318 .003
37
Two-sample t test with unequal variances Variable | Obs Mean Std. Err. Std. Dev. [95% Conf. Interval] M2 | 30 2.83333 .2303587 1.261727 2.362197 3.30447 C2 | 30 5.1 .1299867 .7119667 4.834147 5.365853 combined | 60 3.966667 .1973936 1.529004 3.571683 4.36165 diff | -2.266667 .2645027 -2.799156 -1.734177 diff = mean(M2) - mean(C2) t = -8.5695 Ho: diff = 0 Satterthwaite's degrees of freedom = 45.7678
Ha: diff < 0 Ha: diff != 0 Ha: diff > 0 Pr(T < t) = 0.0000 Pr(|T| > |t|) = 0.0000 Pr(T > t) = 1.0000
Ici résultats concernant l’item individuel 2 (perfectionnisme) pour la population Mexicaine et Chinoise. On note que la population Chinoise obtient une moyenne de 5.1 sur une échelle de 7 par rapport à la moyenne mexicaine de 2.8/7 soit une différence conséquente (voir analyse partie 3).
. t test M3=C3, unpaired unequal Two-sample t test with unequal variances Variable | Obs Mean Std. Err. Std. Dev. [95% Conf. Interval] M3 | 30 3 .2397317 1.313064 2.509694 3.490306 C3 | 30 5.2 .1389617 .7611244 4.915791 5.484209 Combined | 60 4.1 .1984402 1.537112 3.702922 4.497078 diff | -2.2 .2770949 -2.757598 -1.642402 diff = mean(M3) - mean(C3) t = -7.9395 Ho: diff = 0 Satterthwaite's degrees of freedom = 46.5111
Ha: diff < 0 Ha: diff != 0 Ha: diff > 0 Pr(T < t) = 0.0000 Pr(|T| > |t|) = 0.0000 Pr(T > t) = 1.0000
Résultats pour l’idem individuel 3 (travailleur) qui montre aussi un effet important avec une différence moyenne de 2.2 entre le score moyen des mexicains (3/7) et les chinois (5.2/7).
C3 vs M3 7.939 7.735E-11 .336 .004
C4 vs M4 9.405 .000 .648 .248
C5 vs M5 -4.610 .000 .685 .314
C6 vs M6 -1.876 .066 1.041 .914
CAG5 vs MG5 5.483 9.511E-7 1.679 .167
CAG6 vs MG6 2.953 .004 1.560 .237
38
. t test M2=CA2, unpaired unequal Two-sample t test with unequal variances Variable | Obs Mean Std. Err. Std. Dev. [95% Conf. Interval] M2 | 30 2.833333 .2303587 1.261727 2.362197 3.30447 CA2 | 30 4.266667 .1167898 .6396838 4.027805 4.505529 combined | 60 3.55 .1584262 1.227164 3.23299 3.86701 diff | -1.433333 .2582731 -1.954196 -.9124706 diff = mean(M2) - mean(CA2) t = -5.5497
Ho: diff = 0 Satterthwaite's degrees of freedom = 42.9844
Ha: diff < 0 Ha: diff != 0 Ha: diff > 0 Pr(T < t) = 0.0000 Pr(|T| > |t|) = 0.0000 Pr(T > t) = 1.0000
Sur l’item 2 (perfectionnisme), différence moyenne de 1.4 entre mexicains et californiens. . t test M3=CA3, unpaired unequal Two-sample t test with unequal variances Variable | Obs Mean Std. Err. Std. Dev. [95% Conf. Interval] M3 | 30 3 .2397317 1.313064 2.509694 3.490306 CA3 | 30 4.266667 .1262486 .6914918 4.008459 4.524874 combined | 60 3.633333 .1576069 1.220818 3.317963 3.948704 diff | -1.266667 .2709427 -1.812738 -.7205952 diff = mean(M3) - mean(CA3) t = -4.6750 Ho: diff = 0 Satterthwaite's degrees of freedom = 43.9365
Ha: diff < 0 Ha: diff != 0 Ha: diff > 0 Pr(T < t) = 0.0000 Pr(|T| > |t|) = 0.0000 Pr(T > t) = 1.0000
On peut noter que pour l’item individuel 3 on obtient une différence de moyenne de 1.26/7
entre mexicains et californiens.
Si on prend l’analyse avec la population chinoise (score moyen de 5.2), la population chinoise
est considéré comme plus travailleuse que la population californienne (4.26) pourtant
socialement dominante, situation contredisant la théorie de la TDS (voir partie 3.1).
39
3. Discussion et intérêt des résultats pour les politiques publiques
3.1- Analyse des résultats et comparaison des populations
Comme nous l’avons vu dans la partie précédente (partie 2.3) les résultats concernant
la notation des sujets sur la population californienne (CA), sur la population mexicaine (M) et
sur la population chinoise (C) sont significatifs. On peut noter que la notation de la population
socialement dominante sur les items relatifs aux aspects personnels et en groupe sont
analysable dans le cadre de la TDS et confirment les hypothèses H1 et H2.
Dans une première mesure, la population CA donne des notes moins importantes à la
population M. Ces résultats tendent à montrer que la majorité des aspects relatifs au travail
(travailleurs, ponctualité et perfectionnistes) sont moins importants pour la population M que
pour la population CA. Cette différence sur ces 3 items qui sont les principaux dans notre
étude tendant à confirmer l’importance de la TDS dans une situation de crise. Il semblerait
pertinent de comparer cette étude T1 avec une autre étude T2 pré ou post crise économique.
Malheureusement toute étude relative à un T2 ne saurait se faire dans la mesure où la situation
économique en Californie ne s’étant pas améliorée, il n’est pas possible de refaire une étude
sur les mêmes attributs dans un autre contexte.
La comparaison avec des résultats antérieurs semble assez peu pertinente dans la mesure où
les médias mais aussi le contexte culturel de la Californie a fortement évolué depuis le début
des années 2000 (voir partie 1 sur l’évolution des migrations). Dans cette optique notre
analyse sur la comparaison entre CA et M se retrouve dans l’optique d’une simple
confirmation de la TDS et de son fonctionnement. La population M devant être moins bien
noté que la population CA. Il semble important d’ajouter que les items sont relatifs au travail
et on retrouve dans cette optique un rejet probable de la situation économique actuelle dans le
manque de performance de la population M plus que dans la population socialement
dominante. On peut noter que cette étude étant construite sur l’idée de notation d’une agence
de marketing, on retrouve une forte influence des stéréotypes californiens sur le mode de vie
des populations mexicaines qu’il est important de prendre en compte avant d’aller plus loin
dans notre analyse.
40
L’aspect sur lequel on pourrait fournir de nouvelles données sur la TDS se retrouve
dans l’idée que celle-ci tend à expliquer que les populations issues des milieux universitaires
ont une tendance à donner des résultats moins prononcés que les populations dominantes qui
n’en sont pas issues. Cependant, on note que les 30 sujets dont 27 sont issus de l’université
(suivent un cursus au moment de l’étude) donnent des résultats prononcés qui tendent à aller
contre la TDS. Ce constat montre que la TDS est un effet difficile à atténuer et surtout que la
formation ne joue pas un rôle si prépondérant dans l’atténuation des résultats.
On peut s’interroger sur le contact et le type de contacts que les personnes du groupe
dominants entretiennent avec la population M et qui sont probablement à l’origine des
résultats. La mauvaise image véhiculée par leur formation ou les expériences personnelles
ayant pu avoir une influence au moment de la notation. Pour autant, on retrouve ce critère de
notation défavorable à M dans tous les items personnels et en groupe, ce qui pose la question
de la sélection de nos sujets et l’intérêt d’une étude à plus grande échelle pour confirmer cette
notation. On peut ajouter que la présence de la parité (50% hommes et 50% femmes) amène
normalement à une moyenne plus tempérée en raison du statut que les femmes ont dans la
TDS et qui devrait les amener à noter avec plus de tempérance la population M. Une étude sur
une population exclusivement masculine semble alors pertinente pour constater les
différences pour une prochaine analyse.
Mesurer l’influence de la crise économique via les résultats obtenus semble assez peu
pertinent en comparant la population M et CA. On peut cependant noter les faibles scores
relatifs au monde du travail obtenus par les M et en déduire que la projection de responsabilité
s’effectue en priorité sur eux. Ajoutons à ce constat l’idée que la population M si elle avait dû
faire une étude similaire sur la population CA, en raison de la théorie de la TDS (voir partie 1)
aurait donnée des résultats similaire à ceux que l’on retrouve précédemment car le groupe
dominé s’attribue des notes correspondant aux stéréotypes véhiculés par la société dans
laquelle ils vivent. Une telle étude n’aurait alors pas eu de véritable sens dans la mesure où
notre étude se concentre déjà sur la TDS et pas sur sa déconstruction. Bien au contraire, il
semble plus pertinent d’user des données déjà recueillies par Sidanius et Pratto pour aller plus
loin dans notre analyse.
41
Ainsi le tableau d’une étude antérieur pourrait apporter plus de renseignement pour l’analyse
de nos résultats et plus spécifiquement sur les items de groupe traitant du nationalisme et du
patriotisme.
Moyenne des corrélations entre la SDO et les mythes qui accentuent la hiérarchie sociale (adapté de Pratto, Sidanius, Stallworth et Malle, 1994). Corrélations avec la SDO (article de Dambrun Mickael)
- Conservatisme politique .385
- Nationalisme (ex. "plus notre pays a d'influence sur les autres pays, meilleur c'est") .606
- Patriotisme (ex. Brûler le drapeau de notre pays devrait être illégal") .486
- Egalité des chances (ex. "Notre pays est la terre des opportunités") .493
- Croyance en un monde juste .275
Note: p < .01; r = moyenne des corrélations à travers différents échantillons.
Corrélations entre la SDO et l'endossement des politiques (adapté de Pratto, Sidanius, Stallworth et Malle, 1994 - moyenne des corrélations à travers les échantillons) Corrélations avec la SDO (article de Dambrun Mickael)
- Chauvinisme (ex. "l'Anglais comme langue internationale officielle") .355
- Programmes sociaux (ex. "on devrait augmenter la taxation des riches pour la redistribuer aux pauvres") -.511
- Politiques raciales (ex. "quotas pour favoriser les gens de couleur") -.477
- Peine de mort et droits des prisonniers (ex. "je suis pour la peine de mort") .289
Note: p < .01; r = moyenne des corrélations à travers différents échantillons.
Les résultats des études antérieures tendent à expliquer le score des items portant sur le
nationalisme et le patriotisme pour la population CA. Dans le cas de la population M, on note
des résultats obtenus inférieur à ceux de la population CA qui tendent à confirmer l’image
42
négative que les sujets dominants ont de la population M qui est jugé comme moins patriote et
moins nationaliste, critères qui sont en priorité réservé aux CA qui passent alors comme ayant
un aspect moral plus important.
La TDS et cette étude, tendent à montrer qu’il y a un rejet de la responsabilité des crises
nationales et surtout des attributs relatifs au monde du travail moins important pour les M que
les CA et qui loin de montrer l’influence de la crise sur la TDS et les mythes légitimateur,
explique en partie le processus de déresponsabilisation des populations dominantes sur les
dominés et tend à expliquer l’attribution des aspects positifs au travail et donc au monde
économique pour les sujets dominants.
Les résultats les plus significatifs semblent se retrouver dans l’analyse de la population
chinoise (C) par rapport à la population californienne (CA). Ainsi la population C se retrouve
avec des résultats plus importants que la population M pour les traits personnels (ponctualité,
travailleur, perfectionniste) mais aussi d’attributs très bas concernant le patriotisme et le
nationalisme, ce qui témoigne de plusieurs possibilités quant à l’interprétation.
Il semble pertinent de noter l’importance du pourcentage de la population M dans la
population globale en Californie mais aussi la forte présence de la dite population dans le
milieu universitaire, ce qui constitue certainement l’une des spécificités propre aux Etats-
Unis. Les résultats sur les items de ponctualité et de perfectionnisme font penser à la grande
majorité des stéréotypes véhiculés par les médias dans la société américaine. On peut alors
noter l’importance du facteur médiatique à l’époque contemporaine qui ne se retrouvait pas
aussi présent au moment des études sur la TDS de Sidanius et Pratto en 1993 et 1999. Ce
nouveau facteur est en prendre lors de l’analyse ultérieure pour l’adaptation des politiques
publiques en Californie (voir partie 3.2).
La population C’est probablement plus fortement marqué par les stéréotypes médiatiques
mais aussi par l’image que renvoie les membres de sa communauté dans les universités. La
note obtenue pour l’ouverture sur les autres communautés étant moins importante que celles
des CA et des M, on peut en déduire qu’il y a certainement un biais lié aux aspects une
nouvelles fois stéréotypés des étudiants C dans le milieu universitaire dont est issue notre
population.
43
Autre aspect relevant, la population chinoise dispose de notations supérieures à celles des CA
pour les critères relatifs au monde du travail. Cet aspect va directement à l’encontre de la
théorie de la TDS et amène à s’interroger sur le rôle que peut avoir la population chinoise
dans la société californienne mais aussi sur les relations bilatérales entre les gouvernements
Américains et de la République Populaire de Chine concernant le commerce. Une étude sur
l’image des chinois dans les années 1980 serait plus que pertinente pour analyser et
déterminer ce facteur de mutation en termes de représentation.
Il est probable que la Chine jouisse d’un rôle plus important et surtout d’une image plus
positive que la Californie pour le domaine du travail et de l’entreprise. On peut alors
s’interroger sur la relation qu’entretiennent la TDS et donc la représentation du groupe social
dominant avec l’économie mondiale. La santé économique de la Chine peut expliquer en
grande partie les résultats obtenus par la population dominante qui considère et donne une
légitimité plus importante aux populations d’origine chinoise à être performante sur le plan du
travail.
Cette étude montre alors l’importance des médias comme vecteur de la propagande
concernant une population via ses origines mais aussi la relation que peut entretenir le
stéréotype des migrants et leur pays d’origine. Pourtant la proximité idéologique des CA et
des M devrait être plus grande (proximité religieuse (Protestantisme et Catholicisme),
ethnique et linguistique) mais cet effet ne semble pas considérable alors que malgré la
différence notable sur le plan culturel, les C sont plus valorisé sur les items relatifs au travail
que ne le sont les CA eux-mêmes.
Les deux items du patriotisme et du nationalisme restent cependant plus problématiques : les
C obtiennent un score inférieur aux CA et surtout aux M, ce qui témoigne que la perception
des dominés envers les C est celle d’un patriotisme moindre. L’explication de ce phénomène
pourtant flagrant reste sujet aux interprétations. Il est probable que la diaspora chinoise,
importante, joue un rôle central au meme titre que la structure du régime politique
contemporain de la République Populaire de Chine, mais toute interprétation sur ce plan
nécessiterait une étude approfondie qui s’éloignerait du champ d’étude des mythes
légitimateurs et de la TDS.
44
On ne peut cependant s’empêcher de noter qu’en situation économique défavorable, les sujets
du groupe dominants donnent des résultats pour les items de travail inférieur à la population
M, ce qui peut être lourd de conséquences pour éviter le rejet de celle-ci à l’échelle de la
politique publique californienne. Cette étude montre clairement le rejet des attributs négatifs
sur les populations dominés mais souligne avec importance le rôle des médias et celui des
stéréotypes liés aux milieux d’immersion des personnes, ce qui explique en partie le fait que
la TDS ne soit pas atténué par le facteur « université » qui pourtant devrait tempérer les
résultats.
Cette recherche semble apporter de nouveaux facteurs d’explication sur le fonctionnement de
la TDS mais aussi montrer l’importance de l’image du pays d’origine et de sa situation
économique mondiale concernant l’attribution des résultats relatifs aux aspects du travail et de
la performance à l’échelle individuelle. On note une jonction probable entre performance
économique du pays d’origine et attributs concernant la performance personnelle.
45
3.2- Projection de l’étude dans le cadre de la stratégie publique californienne
La théorie de la dominance sociale met en avant plusieurs aspects. L’un de ses aspects
est le mythe légitimateur, c'est-à-dire que le groupe social dominant légitime son rang avec
l’existence d’une forme de filiation (physique ou mentale) lui permettant d’accepter et aussi
de légitimer sa position sociale dans un groupe. Autre aspect important dans cette étude, la
TDS se retrouve stimulée dans un contexte communautaire. Cet aspect est important dans la
mesure où la Californie est l’un des Etats les plus densément peuplés par des populations aux
origines diverses.
L’aspect le plus notable se retrouve lors de la crise économique de 2007-2011, moment où le
contexte globale de la Californie a connu un recul économique et une montée du chômage.
Cette montée du chômage et de la diminution du revenu n’en reste pas pour autant le seul
moyen pour analyser l’augmentation probable de la TDS. Ainsi, il semble plus cohérent de
parler d’inadaptation des politiques publiques et de structures sociales et géo-démographiques
problématiques qui incitent aux développement des stéréotypes et surtout des tensions entre
communautés. Il est alors remarquable de constater que les répartitions des populations
d’origine Chinoise et Mexicaine divergent fortement tant au niveau du secteur pour le travail
qu’au niveau du mode de vie. Les uns préférèrent les habitations dans les zones péri-urbaines
et les seconds, les quartiers urbains avec une forte concentration de personnes du même pays.
La gestion de ces minorités qui, dans le cas Mexicain, n’en sont plus vraiment au vue
du pourcentage (plus de 30% de la population) amène à s’interroger sur les possibles
applications de la théorie de la dominance sociale dans le domaine de l’aménagement urbain
mais aussi dans la politique de l’Etat californien pour éviter les montées communautaires, le
racisme et la hausse de criminalité qui y est relative.
L’avantage de la jonction entre les domaines, notamment urbanisme et psychologie sociale, se
retrouve dans l’idée d’une augmentation du bien commun et surtout dans l’adaptation au
mode de vie d’autres personnes, soit pour en augmenter l’insertion, soit pour diminuer les
tensions en cas de crise (économiques ou autres).
46
Les politiques publiques californiennes se retrouvent confrontées à trois problèmes principaux
en situation de crise économique :
- La structure de l’Etat en lui-même, libéral, explique la forte progression du
chômage et de la perte de revenus et ce dans des délais rapides.
- Le regroupement des populations dans certaines zones urbaines ou péri-
urbaines qui pour des raisons diverses appartiennent à la meme catégorie ce qui
engendre une montée des stéréotypes à leur encontre.
- La montée de la criminalité pour les plus pauvres qui ajoute une image
négative et médiatisé à grande échelle. Cette idée pousse aussi au rejet de l’autre qui
est alors perçus comme un « envahisseur » ou une personne « différente » ce qui a de
lourdes conséquences quant à l’amélioration de leur intégration.
La stratégie publique californienne fait donc face à un schéma similaire à celui de nombreux
pays occidentaux. Elle présente à bien des égards des similitudes avec d’autres Etats,
Américains ou non, qui seront en raison de la baisse de natalité amenés à développer des
programmes sociaux et d’aménagement à plus grande échelle pour limiter les tensions. Il y a
donc un intérêt évident au rapprochement entre psychologie sociale et aménagement des
espaces pour développer au plus vite des formations dans le domaine pour prendre en compte
ces mutations.
Les politiques sociales qui accentuent la hiérarchie sont liées au fait d’avoir une politique
sociale dite « défaillante » en raison du contexte. Ici, les facteurs de naissance de cette
défaillance sont de nature économique, la baisse du revenu moyen et la montée du chômage
ayant donné naissance dans un Etat plus libéral à la baisse de revenu net des ménages.
Autres éléments à prendre en compte : la forte tendance à la consommation et à l’emprunt
sont autant de facteurs qui font qu’en un laps de temps plus restreint, les personnes se
retrouvent dans une situation plus grave que ne le seraient d’autres ayant une tendance à
l’épargne plus importante. Il y a dans le mode de vie des Chinois et dans la proportion à
l’épargne des aspects importants qui peuvent expliquer les différences en termes d’image que
les sujets de notre étude ont d’eux.
47
L’autre aspect qui n’est pas souvent pris en compte se retrouve dans le mode de vie des
peuples latins. Les personnes d’origines Mexicaines ayant un mode de vie plus
communautaire et donc une répartition monétaire dans l’ensemble du foyer, cela peut
expliquer leur concentration dans certaines zones et aussi leur capacité à résister dans
certaines crises économiques longues.
La politique publique californienne pourrait prendre en compte ces différents aspects
qui sont à l’origine des problèmes sociaux et de l’augmentation de la théorie de la dominance
sociale mais aussi de celle du bouc émissaire.
La prise en charge des populations en usant des connaissances sur leurs modes de vie
respectifs pour adapter l’aide sociale mais aussi l’aménagement du territoire semble essentiel
pour un Etat international qui accueille une population hétérogène dans les grandes zones
péri-urbaines.
Sans faire d’abstraction, les médias semblent également être le vecteur principal des
stéréotypes sociaux et leurs conséquences peuvent être lourdes pour certaines populations.
L’exemple meme des résultats obtenus sur la population chinoise témoigne de l’importance
que peuvent avoir les représentants des communautés qui sont parfois les seuls points de
repère d’une large partie de la population qui ne vit pas dans le meme milieu et pourtant
détermine les réformes politiques les concernant.
La politique publique Californienne entre 2007 et 2011 semble avoir eu une certaine capacité
d’adaptation et les communautés Chinoise et Mexicaine ont, semble-il, réussi à s’adapter mais
certainement en raison de leur mode de vie favorisant l’épargne ou encore la répartition de
l’argent par foyer plus que par individu.
La structure économique libérale de la Californie semble être le facteur à l’origine de la
rapide progression du chômage et de l’endettement. Paradoxalement, c’est ce même
libéralisme économique qui explique sa rapide progression sur la scène internationale depuis
les années 1970 et son regain de puissance aux débuts de l’année 2012.
Cette étude montre que la TDS peut être prise en compte pour l’aménagement futur du
territoire et témoigne de la large part qu’occupe les médias là ou dans les premiers articles de
48
Sidanius et Pratto (1993, 1999) l’on retrouvait l’idée que l’accès à l’université avait tendance
à atténuer la TDS. Au contraire, il semble bien que cela soit les médias qui de nos jours se
retrouvent au cœur du schéma véhiculant les stéréotypes sociaux et les principaux concepts
tendant à diminuer les facteurs négatifs pour l’intégration des populations dominées. Il y aura
donc une position centrale des médias pour les pouvoirs californiens si tant est que ces
derniers souhaitent modifier dans l’avenir la représentation que la population dominante a des
autres communautés avec lesquelles elle vit.
3.3- Mondialisation et crise économique systémique : perspective d’application
Cette étude sur la TDS dans le contexte californien s’est concentrée sur les principaux
aspects économiques et sur l’influence des stéréotypes sur la construction de l’image des
groupes dominants et dominés. On peut donc légitimement s’interroger sur les perspectives
d’application d’une telle étude à une plus grande échelle et tenter de dégager les intérêts qui
en résultent pour la compréhension des mécanismes psychologiques en situation de crise
économique dans un contexte mondial.
La crise économique en Californie permet de comprendre les interactions entre la population
d’une part et le monde économique dans lequel elle vit d’une autre part. L’étude semble
donner des pistes quant à l’attitude à adopter dans une situation de crise. Ainsi on note qu’à
l’image de nombreux pays occidentaux, l’Etat en question est fortement dépendant des autres
et on retrouve dans sa composition une forte variété ethnique qui amène le groupe dominant à
s’interroger sur l’attitude à adopter face à un problème économique touchant la totalité de ses
infrastructures.
Il semble alors cohérent de se pencher sur les perspectives d’application d’une étude traitant
d’un domaine psychologique dans un champ plus économique dans la mesure où les deux
domaines sont corrélée et peuvent être utile pour l’aménagement futur des politiques sociales
et ce pour l’ensemble des Etats similaires dans leur composition.
L’étude a montré que la perception du groupe dominant dépendant fortement de la
situation économique du pays d’origine des personnes concernées. Cependant les résultats
49
obtenus sur la tendance au nationalisme et au patriotisme pour la population chinoise laisse à
penser qu’il y a un rôle prépondérant dans la représentation que le sujet à du monde et sa
représentation du système sociale et politique et la perception que celui-ci a de l’autre.
Il semble alors important de se pencher sur l’intérêt que peut avoir la jonction entre idéal
fortement ancré du sujet, c'est-à-dire immuable et la perception changeante que le sujet peut
avoir en fonction du contexte. A titre d’exemple : il semble intéressant de constater que
certaines valeurs semblent quasi-immuable (croyance en la capacité de progression de
chacun) et dans ce jusqu’où ces croyances en l’autres peuvent être modifié en dépendant du
contexte. Si des idéologies telles que le racisme ou l’infériorité de certaines personnes
semblent maitrisé dans nombre d’Etats, il semble intéressant de constater la forte progression
de telles idées dans le contexte actuel de crise économique (comme c’est le cas en Grèce ou le
parti à tendance d’extrême droite trouve un regain considérable). Il y a semble-il un intérêt
non seulement économique mais aussi social dans le sens démocratique du terme à maitriser
les comportements humains. Les dits comportement étant sur bien des plans dépendants et
adapté à l’environnement dans lequel vivent les individus.
La question de savoir quelles sont les limites de la malléabilité des valeurs sur le plan moral et
leur jonction avec le circonstanciel économique ou autre, semble s’imposer à l’esprit pour
comprendre avec plus de précision les mécanismes pouvant endiguer des caractères sociaux
naissant défavorables et potentiellement nocifs sur le long terme.
Le champ de l’Histoire, en lui-même, semble pouvoir apporter dans la compréhension et
l’analyse de cette relation entre Economie et Psychologie collective. L’exemple de la crise
Allemande en 1923, loin de n’être qu’un parmi tant d’autres, devrait pouvoir servir à une
compréhension des mécanismes des sociétés humaines. Par plaisir intellectuel comme par
plaisir spéculatif sur le plan pragmatique. Cette combinaison des matières, semble pertinente
dans le cadre des politiques nationales et internationales car l’économie en elle-même dépend
du bon fonctionnement des systèmes humains et ces systèmes humains semblent eux meme
dépendre de la relation entre tous les domaines académiques.
C’est la raison pour laquelle une telle étude, loin d’avoir la prétention d’apporter un éclairage
supplémentaire sur le fonctionnement des sociétés, semble donner comme objectif
50
d’approfondir la relation interdisciplinaire pour le monde universitaire, mais aussi de mieux
maitriser la jonction entre politique économique et politique sociale, thématique récurrente
dans des périodes cruciales de choix d’avenir.
51
Conclusion
Les résultats de cette recherche semblent utilisables pour le domaine universitaire qui
se penche sur la fonction des principaux concepts théorique en psychologie dans le monde de
l’économie. Cependant, l’écriture universitaire est à bien des égards distincts de l’application
dans le cadre de la politique. Les personnes dirigeantes ayant une tendance certaines à n’user
des études que dans le but de confirmer ou d’infirmer leurs penchants idéologiques
préexistants.
Pour autant, l’étude remet en cause nombre de schémas. Le premier : c’est l’idée selon
laquelle un individu est rationnel sur le plan économique. Pour autant cette étude montre que
les choix et la perception de l’autre en situation de crise diverge fortement de l’ordinaire.
S’ajoute le fait que l’économie nationale influence fortement la perception que l’on a de
l’autre, ce qui explique en grande partie ce pourquoi les sujets Chinois ont été mieux perçus
sur les items correspondants au monde du travail que ne l’ont été les Mexicains qui obtiennent
des scores bien moindres dans tous les domaines.
On peut noter qu’une telle étude peut orienter les politiques publiques dans la compréhension
et surtout dans leurs techniques de médiatisations des populations qui composent un meme
espace. Si ce phénomène de mise en avant en situation de crise de la performance du groupe
dominé pour atténuer les stéréotypes est fréquente, c’est davantage la méthode pour
médiatiser cette population qui semble à revoir en raison de l’importance du rôle de jouent les
représentants des communautés dans l’image que vont en avoir les populations du groupe
dominant socialement.
Sans aller vers une suggestion d’application de cette étude, il semble évident que le
modèle universitaire ne permette pas une réelle mise en avant, sauf dans le monde
académique, des résultats obtenus. Dans cette perspective, il semble intéressant de se pencher
sur le format Américain des Think Tank, à l’image du « Brookings Institut » qui occupe de
nos jours un rôle prépondérant dans la connexion que peuvent entretenir les pouvoirs publics
et les grandes études universitaires indépendantes. Il semble pertinent de travailler sur le
rapprochement des domaines tels que la psychologie sociale et le champ économique dans la
52
mesure où les deux semblent interdépendants. Mais plus que le souhait de jonction, c’est la
popularisation et surtout la promotion de cet idée qui doit s’affirmer dans les années à venir.
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Annexes
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Extrait de l’article de : Dambrun Mickaël. (2001). Théorie de la dominance sociale de Sidanius et Pratto. Préjugés et stéréotypes. Université Blaise Pascale.
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Extrait de l’article de : Dambrun Mickaël. (2001). Théorie de la dominance sociale de Sidanius et Pratto. Préjugés et stéréotypes. Université Blaise Pascale.
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Extrait de l’article de : Dambrun Mickaël. (2001). Théorie de la dominance sociale de Sidanius et Pratto. Préjugés et stéréotypes. Université Blaise Pascale.