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Maurice Allais est l'un des esprits les plus brillants de notre temps. A la fois physicien et économiste, il a réussi à imprimer sa marque dans ces deux disciplines et il est le seul économiste français à avoir obtenu le Prix Nobel de Sciences Economiques (1988). Aussi bien en Physique qu'en Economie, il a passé sa vie à rechercher l'anormal, l'exceptionnel et à redresser ce qu'il pouvait y avoir de faux dans les idées reçues. Ce site a été créé par plusieurs de ses élèves et admirateurs, et lui est dédié. Source : http://allais.maurice.free.fr/index.htm

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Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

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Maurice Allais est l'un des esprits les plus brillants de notre temps.

A la fois physicien et économiste, il a réussi à imprimer sa marque dans ces deux

disciplines et il est le seul économiste français à avoir obtenu le Prix Nobel de Sciences Economiques (1988).

Aussi bien en Physique qu'en Economie, il a passé sa vie à rechercher l'anormal, l'exceptionnel et à redresser ce qu'il pouvait y avoir de faux dans les idées reçues.

Ce site a été créé par plusieurs de ses élèves et admirateurs, et lui est dédié.

Source : http://allais.maurice.free.fr/index.htm

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Les anciens élèves et amis du Professeur Maurice Allais vous informent de la création de l' Association

AIRAMA

Alliance Internationale pour la Reconnaissance des Apports de Maurice Allais en Physique et en Economie.

Rédacteur : Michel Gendrot.

Maurice Allais est issu d'une famille modeste : père commerçant, grand-père menuisier. Il est né le 31 Mai 1911, à Paris, peu avant la guerre 1914-1918. Son père, fait prisonnier, meurt en Allemagne en 1915. Il en restera profondément marqué et,

malgré son jeune âge, il se jure alors de faire honneur à son nom. Il tiendra parole.

Malgré ces conditions difficiles et grâce à sa mère admirable, il fait de brillantes études classiques au Lycée Lakanal de Sceaux puis au Lycée Louis-le-Grand . Première partie de baccalauréat Latin-Sciences en 1928. Deuxième partie en 1929 qu'il a la coquetterie de passer

deux fois : un baccalauréat Philosophie et un baccalauréat Mathématiques. Il est toujours premier de sa classe, aussi bien en lettres qu'en sciences.

A cette époque, il est fasciné par l'Histoire et envisage de préparer l'Ecole des Chartes. Ses professeurs l'en dissuadent et l'orientent sur l'Ecole Polytechnique où il entre en 1931. Il en sort "major" en 1933 et choisit le Corps des Mines. De 1934 à 1936, il est élève à l'Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris.

Après son service militaire effectué dans l'artillerie à Fontainebleau, il débute sa carrière en 1937 comme Ingénieur au service des mines de Nantes. Son secteur couvre 5 départements. Il doit également s'occuper du contrôle des chemins de fer. Lorsque la guerre éclate en 1939, on lui demande de rejoindre les chasseurs alpins de l'Armée des

Alpes. Il est lieutenant et reçoit le commandement d'une batterie d'artillerie sur la frontière italienne dans la région de Briançon. Sa guerre durera en fait les deux seules semaines séparant l'entrée en guerre de l'Italie le 10 Juin 1940 et l'armistice du 25 Juin 1940.

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Il revient à Nantes jusqu'en 1943, et est alors nommé, à Paris, Directeur du Bureau de documentation et de statistique minière, poste qu'il occupera jusqu'en 1948. Il sera Directeur de Recherche au CNRS à partir de 1946 jusqu'à sa retraite en 1980. Il obtient en 1949, le titre d'Ingénieur-docteur de la faculté des Sciences de l'Université de Paris.

Dès 1941, et parallèlement à ses fonctions d'Ingénieur au service de l'Etat, il avait commencé à s'intéresser à la recherche dans les Sciences Économiques. Il a été marqué par la crise des années 30 et ses répercussions dramatiques. C'est en 1943 que paraît son premier ouvrage "A la recherche d'une Discipline économique" suivi en 1947 de "Économie et Intérêt", qu'il considère comme étant ses deux ouvrages fondamentaux.

En 1944, il est nommé Professeur d'économie à l'Ecole Nationale des Mines de Paris, poste qu'il occupera jusqu'en 1988, Directeur de recherche au Centre national de la Recherche scientifique (1946-1980), Directeur du Centre d'Analyse économique à partir de 1946, Directeur du Groupe de Recherches Economiques et Sociales (1944-1970). Professeur d'Economie théorique à l'Institut de statistiques de l'Université de Paris (1947-1968). Notons un intermède en 1958-1959 qu'il passe au Centre Thomas Jefferson de l'Université de Virginie avec le titre de Distinguished Visiting Scolar. Professeur à l'Institut des Hautes études internationales de Genève (1967-1970). A partir de 1970 et jusqu'en 1985, il dirige le Séminaire d'Analyse monétaire de l'Université de Paris-X. Il prend sa retraite en 1980 avec le titre d'Ingénieur Général Honoraire au Corps National des Mines.

Mais, ce que l'on sait moins, c'est que Maurice Allais a deux violons d'Ingres : l' Histoire et la Physique.

L' Histoire est un sujet qui l'a toujours passionné. Depuis 1961, il a mis en chantier un livre qu'il a intitulé : Essor et déclin des civilisations - Facteurs économiques. La première version a vu le jour en 1966, mais Maurice Allais a toujours cet ouvrage sur le métier et continue à le perfectionner et à l'enrichir. Il y passe en revue l'histoire des civilisations et essaie de dégager quelques facteurs communs et permanents, notamment sur le plan économique.

Sa passion pour la physique théorique et expérimentale est mieux connue. Ses réflexions sur la physique fondamentale datent de son passage à l'Ecole Polytechnique. Si le Centre National de la Recherche Scientifique avait existé à cette époque, il est d'ailleurs probable qu'il aurait orienté sa carrière exclusivement vers les sciences. A partir de 1953, il réalise une série d'expériences sur la vitesse de la lumière et la gravitation dans un laboratoire fourni par l'Institut de Recherche de la Sidérurgie (IRSID) à Saint-Germain-en Laye. Ces expériences conduites jusqu'en 1959 l'ont amené à découvrir un phénomène insoupçonné, que la NASA a baptisé "Effet Allais", qui est de nature à apporter certaines corrections à la Théorie de la relativité générale d'Einstein. Nous en parlons plus loin. Maurice Allais est aussi un passionné de l'aventure Européenne. Il en a vécu toute l'évolution depuis les premiers pas de Jean Monnet et de Robert Schumann en 1951. Son œuvre en est imprégnée. En 1963-1964, il a présidé à Bruxelles un Comité d'Experts chargé de travailler sur la politique tarifaire des Transports. Mais il déplore les erreurs de politique économique qui ont été commises dans la rédaction du Traité de Rome et des traités suivants, et qui assombrissent l'avenir. Il est violemment contre la politique de Mondialisation telle qu'elle est actuellement suivie, qui peut nous mener à un désastre. Nous en parlons plus loin dans le résumé de son dernier ouvrage sur la Mondialisation.

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Distinctions

- Prix Nobel 1988 de Sciences Economiques

- Membre de l'Institut - Académie des Sciences Morales et Politiques. Il y est élu le 25 juin(1990), au fauteuil de Guillaume Guindey, dans la section d'économie politique,

statistique et finances,

- Grand Officier de la Légion d'Honneur (2005)

- Grand-croix de l'ordre National du Mérite

- Officier des Palmes Académiques (1949)

- Chevalier de l'Economie Nationale (1962)

- Major de l'Ecole Polytechnique (1931-1933)

- Ingénieur-docteur de la Faculté des Sciences de l'Université de Paris (1949)

- Membre du Comité National du C.R.N.S. (1947-1980)

- Membre de la commission de l'énergie du Conseil

économique et social (1960-1961)

- Président du Comité d'experts pour l'étude des options de la politique tarifaire dans les transports,

Communauté Economique Européenne (1963-1964)

- Fellow de la Société internationale d'Econométrie (1949-1980)

- Membre de l'Institut International de Statistique (1951-1980)

- Fellow of the New York Academy of Sciences (1956-1970)

- Fellow of the Operations Research Society of America (1958-1970)

- Membre du Council of the Econometric Society (1960-1965)

- Président de l'Association Française de Science Economique (1972)

- Honorary member of the American Economic Association (1976)

- Docteur Honoris causa :

de l'Université de Groningue (1964)

de l'Université de Mons (1992)

de The American University of Paris (1992)

de l'Université de Lisbonne (1993)

- Diplôme d'honneur de l'Ecole des Hautes études commerciales de Paris (HEC), 1993

- Membre associé :

de l' US National Academy of Sciences (1989)

de l' Accademia Nationale dei Lincei (1991)

de l' Académie des Sciences de Russie (1999)

- Grande Médaille Vermeil de la Ville de Paris (1989)

- Grande Médaille d'Or de la Ville de Nice(1989)

de la Ville de Nancy (1990)

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- Médaille d'or de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale (1970)

du CNRS (1978)

de l'Université de Paris-X Nanterre (1989)

de l'Etoile Civique (1990)

- Rédacteur du Manifeste pour une société libre et Délégué général du Mouvement pour une société libre (1959-1962)

PRIX SCIENTIFIQUES :

ECONOMIE

- Prix Laplace 1933 et Prix Rivot de l'Académie des

Sciences pour son rang de sortie (n°1) de l'Ecole

Polytechnique.

- Prix Charles Dupin, 1954 de l'Académie des Sciences Morales et Politiques pour son

ouvrage "A la recherche d'une discipline économique" (1943)

- Lanchester Prize of the John Hopkins University and the Operations Research Society of America (1958) for the outstanding paper on operations research published in 1957,

"Method of Appraising Economic Prospects of Mining Explorations over Large Territories - Algerian Sahara Case Study".

- Prix Joseph Dutens, 1959 de l'Académie des Sciences Morales et Politiques pour son

ouvrage "La Gestion des Houillères nationalisées et la théorie économique" (1953)

- Grand Prix de la Communauté Atlantique (1960) de l'Association française pour la

communauté atlantique pour son ouvrage "L'Europe unie, route de prospérité" (1959)

- Grand prix André Arnoux (1968) de l'Association pour la Liberté Economique et le

Progrès Social pour l'ensemble de son œuvre.

- Médaille d'or (1970) de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale pour

l'ensemble de son œuvre.

- Médaille d'or (1978) du Centre national de la recherche scientifique pour l'ensemble de

son œuvre.

- Prix Robert Blanché (1983) de l'Académie des Sciences Morales et Politiques pour son

mémoire "Fréquence, probabilité et hasard" (1982)

- Grand prix Guido Zerilli Marimo de l'Académie des Sciences Morales et Politiques (1984 ) pour l'ensemble de son œuvre.

- Prix spécial du jury, à l'occasion de la création du prix Dupuit-de-Lesseps (1987) pour

l'ensemble de ses travaux sur l'économie des infrastructures de transport.

- Prix Nobel de Sciences Economiques (1988).

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PHYSIQUE

- Prix Galabert de la Société Française d'astronautique (1959) pour ses recherches sur la gravitation et le mouvement du pendule paraconique.

- Laureate of the Gravity Research Foundation, 1959, USA, for his memoir " New Theoretical and Experimental Research Work on Gravitation. (1959)

Maurice Allais a publié de très nombreux ouvrages répertoriés plus loin dans la

rubrique Ses Œuvres

Maurice ALLAIS

Photo ENSMP de 1943

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Rédacteur : Michel Gendrot

Rien, a priori, ne prédisposait Maurice Allais à se tourner vers l'étude des Sciences Economiques.

Sa formation classique et scientifique, son tempérament empirique, sa curiosité de l'inconnu, son passage par l'Ecole Polytechnique, tout le tournait naturellement vers

l'étude des sciences du concret. On a d'ailleurs vu (voir le chapitre : Le Scientifique) l'empressement et l'acharnement qu'il a mis à se lancer dans des expériences de physique fondamentale, et ceci sur une simple intuition de départ. Ce qu'il appelle

l'intuition créatrice.

Dans plusieurs de ses ouvrages, Maurice Allais nous explique le pourquoi de sa vocation scientifique. Pour moi, il me semblait plus nécessaire de connaître le

pourquoi de sa vocation d'économiste !

Pourquoi, dès le début de sa carrière, s'est-il intéressé à ce point aux Sciences Economiques auxquelles sa formation antérieure ne l'avait pas préparé ?

Un début de réponse se trouve certainement dans la haute conception qu'il a de la

philosophie de la vie, dans sa conception de l'éthique sociale, dans l'intérêt qu'il porte à l'étude de la psychologie humaine et dans sa conviction de la nécessité du progrès économique et social. Mais cela n'aurait pas été suffisant sans un concours de

plusieurs circonstances qui ont tout déclenché et que Maurice Allais a bien voulu me confier.

Pendant les vacances de l'été 1933, à sa sortie de Polytechnique et avant d'effectuer

son service militaire, il va visiter les Etats-Unis. C'est l'époque de la Grande Crise et il est très troublé par les conséquences sociales effroyables qu'elle entraînait, alors que personne ne l'avait vu venir et que personne n'en avait vraiment bien compris l'origine.

Cela le conduisit à vouloir analyser le phénomène pour en démonter les mécanismes afin d'affiner les connaissances économiques, le but étant d'éviter le retour de

semblables catastrophes et de promouvoir le progrès social pour le bénéfice de tous.

Un peu plus tard, faisant son service militaire comme jeune officier à l'Ecole d'Artillerie de Fontainebleau, il avait l'habitude de venir passer le dimanche à Paris. Un lundi matin, sur le trajet de retour à Fontainebleau, sa moto a un accrochage avec un taxi.

Son retard lui vaut 40 jours d'arrêts. Mais sa note de sortie s'en ressent, et au lieu d'être affecté à une garnison prestigieuse comme il aurait pu prétendre, on l'affecte à

l'armée des Alpes ! Petite cause, grands effets ! Ce deuxième concours de circonstances tout à fait fortuit lui sauva peut-être la vie car, lorsque la guerre se déclencha, beaucoup de ses camarades furent tués ou blessés sur le front des

Ardennes en 1940. Sa guerre à lui se passa sur le front italien et ne dura que les 15 jours séparant l'entrée en guerre de l'Italie et l'armistice. Au surplus, son inactivité

forcée de plusieurs mois lui avait laissé beaucoup de temps pour la réflexion. Cette visite aux Etats-Unis et cet accrochage anodin furent finalement à l'origine du tournant pris par sa vie.

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L'Economie fut dès lors son sujet de réflexion permanent, notamment pendant la

période de l'occupation, au moment où le Service des Mines qu'il dirigeait à Nantes tournait quelque peu au ralenti. Ces réflexions lui étaient facilitées par sa formation scientifique dont on sait qu'elle est une excellente école de raisonnements rigoureux

et d'impartialité dans le jugement.

En trente mois de travail acharné, de Janvier 1941 à Juillet 1943, il abat un travail considérable. Il écrit un ouvrage de 1000 pages :

" A la recherche d'une discipline économique - L'Economie pure "

qu'il réussit à faire éditer sous forme dactylographiée, ce qui représentait en 1943 un

certain tour de force alors que le papier était contingenté et pratiquement introuvable.

C'est cet ouvrage qui lui a valu le Prix Nobel. Le plus surprenant, c'est qu'il n'était à l'époque qu'un autodidacte dans cette discipline ! C'est seulement dans cette période

qu'il se préoccupe de trouver et d'étudier les ouvrages des grands économistes de ce temps comme Léon Walras, Vulfredo Pareto et Irving Fisher. De cette époque d'une mise en place d'une doctrine cohérente, Maurice Allais nous dit

dans son ouvrage "Autoportraits" (1989) :

" Ma préoccupation dominante a été celle de la synthèse. Faire rentrer dans une même construction l'analyse des phénomènes réels et celle des phénomènes monétaires,

associer l'analyse des conditions d'efficacité et celle de la répartition des revenus, relier étroitement l'analyse théorique et l'économie appliquée, rattacher l'économie aux

autres sciences humaines, la psychologie, la sociologie et l'histoire, tels ont été constamment mes objectifs.

" C'est cette préoccupation d'une conception synthétique de tous les phénomènes économiques et sociaux qui constitue le soubassement de toute mon œuvre, et le lien

étroit entre mes travaux d'économie théorique et ceux d'économie appliquée. C'est elle qui explique la profonde unité sous-jacente à tous mes travaux.

" Dans leur élaboration, la démarche de ma pensée n'a jamais été de partir de la

théorie pour aboutir aux faits mais, tout au contraire, d'essayer de dégager des faits la trame explicative sans laquelle ils apparaissent incompréhensibles et échappent à toute action efficace.

" Mes travaux ont répondu au besoin que j'ai ressenti de comprendre la réalité

concrète, et de donner des réponses satisfaisantes aux questions que me suggéraient les obscurités, les contradictions et les lacunes de la littérature existante. Mon œuvre

a ainsi représenté pour moi un long effort, souvent pénible, pour me dégager des chemins battus et des conceptions dominantes de mon temps.

" Au début de ma carrière, mon désir de comprendre a été motivé par le désir profond

d'agir, par le souci d'influencer l'opinion et la politique ; cependant, progressivement, au cours des années, cette motivation est passée tout à fait au second plan, très loin derrière le désir de comprendre. "

Ces quelques phrases expliquent tout le personnage et toute l'œuvre de Maurice

Allais.

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L'œuvre de Maurice Allais est considérable. Nous citons plus loin 90 de ses

principaux ouvrages ou publications. (Voir le chapitre : Son œuvre)

Si l'on tente de les cataloguer, on peut dégager cinq grandes orientations générales, étroitement imbriquées, cinq domaines fondamentaux tous liés à la recherche des conditions d'une efficacité aussi grande que possible de l'économie et à l'analyse de la

répartition des revenus qu'elle implique.

1. La théorie de l'évolution et de l'équilibre économique général, de l'efficacité maximale, et des fondements du calcul économique.

A cette catégorie se rattache sa première œuvre de 1943, qui a constitué le fondement

de son approche et qui a en germe toutes ses réflexions ultérieures.

A la recherche d'une discipline économique - L'Economie pure

Cette œuvre est centrée sur la démonstration de deux propositions fondamentales : Toute situation d'équilibre de marché est une situation d'efficacité maximale, et

réciproquement toute situation d'efficacité maximale est une situation d'équilibre d'une économie de marché. Dans les années 1966-1967, Maurice Allais a été conduit à préciser le concept de

surplus, qui figurait déjà dans l'ouvrage de 1943, et à abandonner le modèle général de l'Economie de marché proposé par Walras, pour aboutir à un nouveau modèle de

l'Economie de marchés (au pluriel, avec un s) qui intègre la monnaie. Cette théorie générale des surplus constitue un progrès considérable tout à fait révolutionnaire sur les théories existantes.

2. La théorie des processus intertemporels et d'une efficacité capitalistique maximale Cette catégorie est représentée par son ouvrage de 1947 :

Economie et Intérêt.

Lorsque l'on prend en considération les générations futures, des paramètres

essentiels apparaissent dont il faut tenir compte. Il élabore dans ce livre la théorie de la productivité capitalistique maximale, situation qui correspond à un taux d'intérêt

salarial nul. De toutes les théories des processus capitalistiques dynamiques, la théorie développée par Maurice Allais est la seule qui se prête à des applications numériques. Elle est entièrement confirmée par les données de l'observation.

Page 10: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

3. La théorie des choix aléatoires et des critères à considérer pour des décisions économiques rationnelles.

Est-il possible d'étendre les théories de l'équilibre économique général au cas d'une

économie aléatoire ? Dans un mémoire de 1952 :

Fondements et applications de la théorie du risque en Econométrie,

Maurice Allais répond que c'est possible. Cela l'amène à refuser la Theory of Games de Von Neumann et Morgenstein. Il appuie son argumentation par des exemples dont

l'un est resté célèbre sous le nom d' "Allais' Paradox".

4. La théorie de la monnaie, du crédit, et de la dynamique monétaire.

Il ne peut y avoir ni efficacité de l'économie, ni équité de la répartition des revenus dans une économie monétairement instable. Le modèle proposé par Maurice Allais se fonde sur une équation fondamentale de la dynamique monétaire qu'il expose dans

deux mémoires de 1954 :

Les Fondements comptables de la Macroéconomique - Les Equations Comptables entre quantités globales et leurs Applications,

et de 1955 :

Explication des Cycles économiques par un modèle non linéaire à Régulation retardée.

Cette théorie a reçu des vérifications empiriques tout à fait remarquables.

5. La théorie des probabilités, et l'analyse des séries temporelles et de leurs composants exogènes.

Les conceptions de Maurice Allais dans ce domaine, ont fait l'objet de

communications, de conférences ou d'articles dans diverses publications. Il est amené à énoncer un nouveau théorème : le Théorème T, selon lequel les valeurs successives d'une fonction presque périodique se distribuent suivant la loi normale.

Pour conclure cet exposé, on peut dire que l'œuvre de Maurice Allais est tellement considérable que les quelques lignes qui précèdent ne peuvent en donner qu'une idée

très incomplète, simplifiée à l'excès et très imparfaite. Il est certain que Maurice Allais a donné aux Sciences Economiques une rigueur nouvelle et à ouvert des approches d'un exceptionnel intérêt.

Page 11: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

On connait le proverbe : "Nul n'est prophète en son pays". Il se vérifie hélas avec Maurice Allais. Maurice Allais est plus connu aux U.S.A. qu'en France ! Bien d'autres

avant lui se sont trouvés dans la même situation et ont dû batailler pour faire triompher leurs idées. Rappelons - nous Copernic, Galilée, Abel, Galois, Pasteur, Wegener, et bien d'autres. En économie, il a fallu 75 ans pour que Walras soit traduit

en anglais, et 60 ans pour Pareto.

Il est tellement plus facile et plus commode de suivre les idées reçues, sans se poser de questions dérangeantes ! L'honneur et le mérite de ces pionniers a justement été

de poser les questions dérangeantes qui font avancer la science et tous, finalement, ont vu leurs mérites reconnus. Rendons grâces à l'Académie Royale de Suède qui a

un talent exceptionnel pour découvrir les mérites cachés.

Page 12: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Nous n'avons cité ici que les 90 œuvres les plus importantes de Maurice Allais. Il y en a d'autres. Pour faciliter la recherche, ces publications ont été classées en catégories.

Nous en donnons ci-après le sommaire. Chaque rubrique peut être atteinte directement en cliquant dessus.

La plupart de ces œuvres ont été publiées chez

Les Editions Clément Juglar, 62 Avenue de Suffren, 75015 PARIS Tél: 01 45 67 58 06

et peuvent être achetées en s'adressant à l'éditeur.

SOMMAIRE

Economie Fondamentale

- Théories de la dynamique économique, de l'efficacité maximale et des

fondements du calcul économique

- Théorie des processus intertemporels et d'une structure capitalistique

maximale

- Théorie des choix aléatoires

- Théorie de la monnaie, du crédit, et de la dynamique monétaire

- Théorie des probabilités, analyse des séries temporelles et de leurs composantes exogènes

Economie Appliquée

- Gestion et développement économique

- Répartition des revenus et fiscalité

- Politique monétaire

- Echanges internationaux et développement économique

- Système monétaire international

- Intégration européenne

- Economie de l'énergie

- Economie des transports

- Economie de la recherche minière

- Recherche scientifique, méthodologie et enseignement

- Sociologie et science politique

- Ecrits politiques

Physique expérimentale et théorique

- Lois de la gravitation

- Vues d'ensemble sur les contributions scientifiques

Travaux académiques

Page 13: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

ÉCONOMIE FONDAMENTALE

1. THÉORIES DE LA DYNAMIQUE ÉCONOMIQUE, DE L' EFFICACITÉ MAXIMALE, ET DES FONDEMENTS DU CALCUL ÉCONOMIQUE.

A la recherche d'une discipline Économique - Première partie - L' Économie pure

Première édition, Ateliers Industria, 1943, 852 p. et Annexes 68 p.

Deuxième édition, 1952, publiée avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique, sous le titre : Traité d' économie pure, Imprimerie Nationale, 5 vol., in 4°,984 p.

Cette seconde édition ne diffère de la première que par l'addition d'une " Introduction à la deuxième édition" (63 p.)

Troisième édition, Éditions Clément Juglar, 1994, publiée avec le concours du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, sous le titre : Traité d' économie pure, avec

l'addition d'une Troisième Introduction (p. 15-156).

_______________________

Économie Pure et Rendement Social , Paris, Sirey, 1945, 72 p.

_______________________

Les conditions de l' Efficacité dans l' Économie, École Nationale Supérieure des

Mines de Paris, 145 p.

_______________________

Les Théories de l' Équilibre Économique Général et de l'efficacité maximale. Impasses récentes et nouvelles perspectives, Revue d' Économie Politique, p.

331-409.

_______________________

Fondements de la Dynamique Monétaire, Éditions Clément Juglar, 2001, publiée avec le concours du Ministère de la Recherche, 1302 pages.

Page 14: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

2. THEORIE DES PROCESSUS INTERTEMPORELS ET D'UNE STRUCTURE CAPITALISTIQUE OPTIMALE

Économie et Intérêt, Imprimerie Nationale et Librairie des publications Officielles, Paris,

800 p., en deux volumes.

Deuxième édition, Éditions Clément Juglar, 1998, publiée avec le concours du Ministère de l' Éducation Nationale, de la Recherche et de la Technologie, avec l'addition d'une Deuxième

Introduction, p. 11-265.

3. THEORIE DES CHOIX ALÉATOIRES

Fondements d'une Théorie Positive des Choix comportant un Risque et Critique des Postulats et Axiomes de l' École Américaine. Imprimerie Nationale,

1955, 56 p. in 4°

_______________________

La Psychologie de l' Homme Rationnel devant le risque. La Théorie et l' Expérience. Journal de la Société de Statistique de Paris, 1953, p. 47-73

_______________________

L' Extension des Théories de l' Équilibre Économique Général et du Rendement Social au Cas du Risque. Econometrica, Vol. 21, 1953, p. 269-290

_______________________

Le Comportement de l' Homme Rationnel devant le Risque. Critique des Postulats et Axiomes de l' École Américaine. Econometrica, Vol. 21, 1953, p. 503-

546

4. THEORIE DE LA MONNAIE, DU CRÉDIT, ET DE LA DYNAMIQUE MONÉTAIRE

Les Fondements Comptables de la Macroéconomique - Les Équations Comptables entre Quantités Globales et leurs Applications, Presses

Universitaires de France, Paris, 1954, 91 p.

Seconde édition, Presses Universitaires de France, 1993

Page 15: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Explication des Cycles Économiques par un Modèle non Linéaire à Régulation Retardée. Partie I , Macroeconomica, Vol. VIII, 1956, p. 4-83. Partie I I, Vol LXI I de la "Collection des Colloques Internationaux", CNRS, 1956, p. 259-308

_______________________

Reformulation de la Théorie Quantitative de la Monnaie, Éditions SEDEIS, in 4°,

Paris septembre 1965, 186 p.

_______________________

Le Concept de Monnaie, la Création de Monnaie et de Pouvoir d'Achat par le Mécanisme du Crédit et ses Implications. Dans "Fondements de l'Analyse monétaire

et conjoncturelle", École des Mines de Paris, Fasc. IV, p. 1-104

5. THEORIE DES PROBABILITES, ET ANALYSE DES SERIES TEMPORELLES ET DE LEURS COMPOSANTES EXOGENES.

Généralisation du Test de Shuster au Cas de Séries Temporelles Autocorrélées dans l' Hypothèse d'un Processus de Perturbations Aléatoires d'un Système Stable. Bulletin de l'Institut International de Statistique, 1962, T. 39, p.

143-194

_______________________

Fréquence, Probabilité, et Hasard. Journal de la Société de Statistique de Paris, p.

70-102 et 144-221

ECONOMIE APPLIQUEE

1. GESTION ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

Abondance ou Misère, Paris, Librairie de Médicis, 1946, 120 p.

_______________________

Productivites, Niveaux de Vie et Rythmes de Croissance comparés en Russie Soviétique, aux Etats-Unis et en France (1880-1955). Travaux de l'Académie des

Sciences Morales et Politiques, 109ème année, 4ème série, p. 137-163

_______________________

Le Tiers-Monde au Carrefour - Centralisation Autoritaire ou Planification Concurrentielle. Les Cahiers Africains, Vols. 7 et 8, Bruxelles, 152 et 147 p.

Page 16: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

2. REPARTITION DES REVENUS ET FISCALITE

L' Impôt sur le Capital et la Réforme Monétaire. Editions Hermann, Paris, 370 p.

Seconde édition, 1988

_______________________

Pour la Réforme de la Fiscalité, Editions Clément Juglar, 131 p.

3. POLITIQUE MONÉTAIRE

L'Inflation Française et la Croissance - Mythologies et Réalité, Association pour

la Liberté Économique et le Progrès Social, Paris, 1974, 119 p.

_______________________

Pour l'Indexation, Éditions Clément Juglar, Paris, 184 p.

_______________________

La Crise Mondiale d'Aujourd'hui, Éditions Clément Juglar, Paris, 240 p.

4. ÉCHANGES INTERNATIONAUX ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

Un Paradoxe de la Théorie du Commerce International. Dans Money, Growth

and Methodology, Hugo Hegeland ed., Lund, Suède, Social Science Studies, n°20, C.W.K. Gleerup, Publishers, p. 337-350

_______________________

La Libéralisation des Relations Économiques Internationales - Accords Commerciaux ou Intégration Économique, Gauthier-Villars, 1971, 195 p.

5. SYSTÈME MONÉTAIRE INTERNATIONAL

Un Plan pour la Réforme du Système Monétaire International. Il Politico,

Université de Pavie, Anno XXX, n°4, p. 741-749

_______________________

Caractéristiques comparées des Systèmes de l' Étalon Or, des Changes à Parités Libres, et de l' Étalon de Change Or. Dans Les Fondements

Philosophiques des Systèmes Économiques, Payot, p. 356-372

Page 17: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

6. INTÉGRATION EUROPÉENNE

L' Europe Unie, Route de la Prospérité, Calmann-Lévy, Paris, 1959, 369 p.

_______________________

L'Europe face à son Avenir, Que Faire ?, Éditions Robert Laffont et Clément Juglar,

Paris, 309 p.

_______________________

Erreurs et Impasses de la Construction Européenne, Éditions Clément Juglar,

Paris, 125 p.

_______________________

Combats pour l'Europe, 1992-1994, Éditions Clément Juglar, Paris, 530 p.

_______________________

La Mondialisation. La Destruction des Emplois et de la Croissance. L' Évidence Empirique.

Éditions Clément Juglar, 650 p.Cet ouvrage est résumé dans le présent site au chapitre Mondialisation

_______________________

Nouveaux Combats pour l'Europe 1995 - 2002

Un aveuglement suicidaire - Pour une autre Europe Éditions Clément Juglar, 62 avenue de Suffren, 75015 Paris - Tél : 01 45 67 58 06 - Septembre 2002 - 502 pages.

_________________________________________________________________________________

La Philosophie de ma vie, Revue d' Économie Politique, Vol. 99, p. 28-54.

_______________________

Autoportraits, Montchrestien, Paris, 150 p.

_______________________

Autoportraits d'un autodidacte, Éditions Clément Juglar.

_______________________

Un Savant méconnu, Portraits d'un autodidacte,

Éditions Clément Juglar, Paris, 580 p.

Page 18: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

TRAVAUX ACADÉMIQUES

Productivités, Niveaux de Vie et Rythmes de Croissance Comparés en Russie Soviétique, aux États-Unis et en France 1880 - 1955, Revue des

Sciences Morales et Politiques, 109ème année, n° 4, p. 137-163

_______________________

Les Conditions Économiques d'une Société Libre, Revue des Sciences Morales

et Politiques, 112ème année, p. 37-51

_______________________

La Politique de l' Occident vis à vis du Tiers-Monde. Revue des Sciences

Morales et Politiques, p. 227-249

_______________________

Le Pouvoir Monétaire. Revue des Sciences Morales et Politiques, n° 1

_______________________

Notice sur la vie et les travaux de Guillaume Guindey, 1909 - 1989, Académie

des Sciences Morales et Politiques, Séance du 10 Novembre 1992, 23 p.

_______________________

Rendre constitutionnellement possible une élection présidentielle anticipée. Colloque " La réforme de la Constitution", Publications de l' Institut de France.

_______________________

Le Chômage et l'ordre public. Colloque " L'ordre public", sous la direction de

Raymond Polin, Fondation Singer-Polignac, 22-23 mars 1995

_______________________

La formation scientifique, dans "Une éducation pour le XXI ème siècle", Séance du

27 mai 1997

_______________________

L' Union Européenne, la Mondialisation et le Chômage. Revue des Sciences

Morales et Politiques, 1998, n° 2, p. 63-72

Page 19: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Œuvres

1943 - A la recherche d'une discipline économique. Traité d'économie pure.

1945 - Economie pure et rendement social : constitution de la science économique moderne à la construction d'une économie de bien-être.

1945 - Prolégomènes de la reconstruction économique du monde. 1946 - Abondance ou misère. 1947 - Economie et intérêt; présentation nouvelle des problèmes fondamentaux relatifs au rôle

économique du taux de l'intérêt et de leurs solutions, 2 volumes. 1949 - La Gestion des houillères nationalisées et la théorie économique.

1952 - Fondements d'une théorie positive du choix comportant un risque. 1954 - Les Fondements comptables de la macroéconomique. Les équations comptables entre

quantités globales et leurs applications.

1957 - Method of Appraising Economic Prospects of Mining Exploration over Large Territories. Algerian Sahara Case Study.

1959 - L'Europe unie, route de la prospérité. 1959 - Cours d'économie générale. 1960 - Les Aspects essentiels de la politique de l'énergie.

1961 - Le Tiers-Monde au carrefour. 1962 - L'Algérie d'Evian.

1963 - The Role of Capital in Economic Development. 1965 - Reformulation de la théorie quantitative de la monnaie. 1967 - Growth without Inflation.

1967 - Les Conditions de l'efficacité dans l'économie. 1970 - La Libéralisation des relations économiques internationales. Accords commerciaux ou

intégration économique. 1972 - Forgetfulness and Interest. 1974 - The Psychological Rate of Interest.

1974 - La Création de monnaie et de pouvoir d'achat par le mécanisme de crédit. 1974 - L'Inflation franáaise et la Croissance.

1976 - L'Impôt sur le capital et la réforme monétaire. 1978 - Contributions à la science économique. Vues d'ensemble 1943-1978. 1978 - La Théorie général des surplus. Economies et sociétés.

1979 - Expected Utility Hypothesis and the Allais' Paradox. 1982 - Fréquence, probabilité et hasard.

1984 - The Foundations of the Theory of Utility and Risk : some central points of the discussions at the Oslo Conference (june 1982).

1984 - Determination of Cardinal Utility according to an Intrinsic Invariant Model.

1984 - Theories of General Economic Equilibrium and Maximum Efficiency. 1985 - The Empirical Approaches of the Hereditary and Relativistic Theory of the Demand for

Money. 1987 - Les Conditions monétaires d'une économie de marchés. De la réflexion sur le passé à la

préparation de l'avenir.

1989 - Autoportraits. 1990 - Pour la réforme de la fiscalité : repenser les vérités établies.

1990 - Pour l'indexation : condition majeure d'efficacité, d'équité et d'honnêteté. 1990 - La Crise du Moyen-Orient. 1991 - L'Europe face à son avenir.

1992 - Erreurs et impasses de la construction européenne. 1994 - Traité d'Economie pure

1994 - Cardinalism : a fundamental approch. 1994 - Combats pour l'Europe, 1992-1994. 1997 - L'Anisotropie de l'espace.

Page 20: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

1999 - La Crise mondiale aujourd'hui. Pour de profondes réformes des institutions financières

et monétaires. 1999 - La Mondialisation, la Destruction des Emplois et de la Croissance 1999 - Des régularités très significatives dans les observations interférométriques de Dayton

C. Miller 1925-1926. 2001- Fondements de la Dynamique Monétaire

2001 - La Passion de la Recherche 2002 - Nouveaux Combats pour l'Europe 1995-2002. 2002 - Ouvrage sur Maurice Allais : Un Savant Méconnu

2004 - L'Effondremnt de la Théorie de la Relativité. Implications irréfragable des données de l'expérience.

2005 - Sur l'interprétation des observations interférométriques de Michelson. Les Données de l'Expérience, aucun vent d'Ether de 30km/s mais un vent d'Ether de 8km/s. Une extraordinaire vérification.

2005 - Albert Einstein. Un extraordinaire paradoxe 2005 - De très remarquables régularités dans les distributions des planètes et des satellites des

planètes.

Page 21: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Maurice Allais est un authentique Européen. Ceci apparaît clairement dans ses ouvrages, dont

beaucoup concernent l'idée européenne ( Voir bibliographie). Il déplore cependant que des erreurs aient été commises dans la rédaction des traités fondateurs, notamme nt dans le domaine de l'Economie (Voir mondialisation).

Le présent chapitre comprend deux parties :

La première partie est consacrée au dernier livre qu'il vient de publier en septembre 2002.

La deuxième partie contient les articles publiés dans Le Figaro à partir du 20 septembre 2002.

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La première partie

En Septembre 2002, Maurice Allais a publié aux Editions Clément Juglar, 62 avenue de Suffren 75015 Paris Ŕ Tél : 01 45 67 58 06, un livre de 500 pages intitulé :

Nouveaux Combats pour l'Europe 1995 – 2002

Un aveuglement suicidaire - Pour une autre Europe

Il rassemble dans ce livre tous les arguments et toutes les propositions qu'il formule pour réussir la Construction Européenne. Le présent site ne pouvait pas ignorer un document aussi capital et, dans les lignes qui suivent, je me suis efforcé d'en faire un résumé a ussi exact que possible.

Michel Gendrot Ŕ Avril 2003

La situation actuelle

Le sous-emploi en Europe

Ce sous-emploi est évident et massif. Il est en France de l'ordre de six millions de travailleurs, compte tenu des divers systèmes de traitement social qui tentent d'y pallier.

Ce sous emploi fausse complètement la répartition des revenus. Il aggrave considérablement les inégalités sociales, crée une insécurité insupportable et désagrège peu à peu le tissu social.

Il s'accompagne du développement de la violence et de comportements agressifs dans un monde dominé par l'argent.

Page 22: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

La réduction du temps de travail n'est qu'un pseudo -remède. Outre que les hommes ne sont pas

parfaitement substituables les uns aux autres, cette "solution" néglige complètement le fait indiscutable que dans de nombreux secteurs il y a des besoins pressants insatisfaits. Ce n'est pas en travaillant moins que l'on peut y faire face. En outre, cette "solution" implique des baisses de revenus que les

intéressés n'acceptent pas et qu'il faut compenser par des prélèvements accrus. On peut s'étonner de l'aveuglement de ceux qui ont insti tué une "solution" tellement contraire au simple bon sens.

De grandes organisations comme la Commission de Bruxelles, l'O.C.D.E., la Banque Mondiale et le F.M.I. estiment, eux, que le chômage ne serait dû qu'à des charges salariales trop élevées, autrement dit : la "solution" serait de baisser les salaires. Un tel aveuglement est suicidaire.

Maurice Allais proclame depuis des années que la cause majeure de ce sous-emploi massif est la libéralisation mondiale des échanges dans un monde caractérisé par de considérables disparités de salaires réels et par les délocalisations qu'elles entraînent.

Une immigration excessive

L'immigration étrangère extra - communautaire est un facteur aggravant car elle contribue à faire

supporter de nouvelles charges à la collectivité française. Lorsque des travailleurs immigrés supplémentaires arrivent, il faut réaliser pour eux des infrastructures sous forme de logements, hôpitaux, écoles, etc.. qui correspondent à 4 fois le salaire annuel de ces travailleurs. Si un travailleur

arrive avec une femme et trois enfants, la dépense faite par la collectivité représente dix à vingt fois le salaire annuel de ce travailleur.

Même si l'on ne se place que du seul point de vue économique, une telle immigration est totalement déraisonnable et constitue un insupportable fardeau dont les conséquences sont lourdes pour la collectivité.

Le Credo libre-échangiste

Cette nouvelle doctrine a été inventée, il y a deux décennies, par les multinationales américaines qui l'ont littéralement imposée aux gouvernements américains successifs, puis au monde entier. Ces multinationales disposent d'énormes moyens financiers et, par personnes et médias interposés, exercent un pouvoir politique exorbitant. Elles seules profi tent vraiment de cette doctrine.

Selon ce nouveau Credo, la disparition de tous les obstacles aux mouvements de marchandises, de

services et de capitaux doit permettre à chacun de voir sa situation amél iorée. Les lois du marché sont universelles, bénéfiques pour tous et vont conduire à l'instauration d'un nouvel âge d'or. Ceci est un dogme qui n'a besoin d'aucune démonstration et ceux qui contestent ce dogme sont des ignorants et des demeurés.

Il est exact que le libre-échange aboutit à une spécialisation de chaque pays dans le domaine d'activité où il est le mieux placé et le plus capable. Il en résulte une augmentation du niveau de vie moyen dans ce pays pour les personnes du secteur considéré, qui para ît ainsi avantageuse.

Faut-il pour autant généraliser ceci à l'échelle mondiale ? La réponse ne peut être que négative.

Si, à titre d'exemple, on considère le domaine de l'agriculture, le libre -échange n'aurait d'autre effet que

de faire disparaître presque totalement l'agriculture européenne en raison des avantages relatifs de caractère permanent détenus par des pays comme les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, l'Australie ou l'Argentine. Il est permis de considérer cette disparition comme non souhaitable.

Il serait de même tout à fait déraisonnable de vouloir contraindre le Japon à abandonner sa production nationale de riz sous le prétexte que les Etats-Unis disposent dans ce secteur d'un avantage relatif.

La libéralisation totale des échanges à l'échelle mondiale, objectif affiché de l'O.M.C., doit être considérée à la fois comme irréalisable et non souhaitable. Pour ce qui concerne la France en particulier, la libéralisation mondiale des échanges ne peut qu'entraîner, à terme, une détérioration

profonde du niveau de vie français. Par contre, cette libéralisation est possible et souhaitable à l'intérieur d'un ensemble régional homogène, comme l'Europe, groupant des pays de développement économique comparable, sous réserve que l'Europe se protège raisonnableme nt vis à vis des autres.

Page 23: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

On voit ainsi que ceux qui veulent ouvrir l'Union Européenne à tous les vents d'une économie

mondialiste dominée par la loi de la jungle sont les défenseurs d'une idéologie abusivement simplificatrice et sont finalement les naufrageurs de la Construction Européenne qu'ils prétendent promouvoir.

Il suffit d'ailleurs de regarder les statistiques des dernières années pour constater que l'application du

credo libre-échangiste conduit à un véritable désastre. L'Organisation de Bruxelles qui, depuis 1974, s'est laissée entraîner à pratiquer cette politique est responsable de la création en Europe de millions de chômeurs, de la destruction de pans entiers de l'industrie et d'une réduction notable de la croissance.

Le protectionnisme

C'est un mot politiquement incorrect qu'il est devenu interdit de prononcer.

Certains pensent que la Grande Dépression des années 1929-1934, qui à partir des Etats-Unis s'est étendue au monde entier, a été causée par le protectionnisme. C'est une erreur : la Gra nde Dépression a eu une origine purement monétaire et a résulté de la structure et des excès du crédit. Le

protectionnisme n'en a pas été la cause mais la conséquence : il a fallu se protéger des effets déstabilisateurs engendrés par la crise.

Pour être bénéfique, le protectionnisme ne peut être que partiel. Il doit être dosé de manière à ce que chaque économie puisse bénéficier à la fois d'une concurrence effective et des avantages procurés par

les échanges avec l'extérieur. Il doit être concomitant à un l ibre-échange partiel, auquel il apporte une limitation et un frein. Il doit intervenir comme une régulation s'opposant au laissez - fairisme de la mondialisation. Une société libérale n'est pas et ne saurait être une société anarchique. La confusion actuelle du libéralisme et du laissez - fairisme consti tue un des plus grands dangers de notre temps.

L'Economie Mondiale

Elle est actuellement caractérisée par une forte situation d'instabilité. Cette instabilité résulte de nombreux facteurs. Nous citerons par exemple :

Le financement, par les banques, d'investissements à long terme (prêts consentis à des clients) avec des dépôts à vue et à court terme. Les banques seraient bien incapables de faire face à des retraits massifs de leurs déposants.

Le développement universel des crédits bancaires, notamment ceux accordés à des pays en voie de développement qui s'avèrent souvent incapables de les rembourser.

Les taux de change flottants. Ce système serait valable si les balances des paiements s'identifiaient

avec les balances commerciales. Cela n'est jamais le cas, car les mouvements de capitaux sont essentiellement spéculatifs. Il en résulte des taux de change très éloignés de ce qui serait leur valeur d'équilibre.

La libéralisation totale des mouvements de capitaux dans le monde entier. Une spéculation massive s'est développée à l'échelle mondiale. De gigantesques marchés à terme se créent sur des valeurs futures où les positions sont prises à crédit. Il en résulte la création d'énormes "bulles" financières

fondamentalement malsaines et potentiellement instables.

Le système actuel ne comporte aucune régulation réelle et se condamne de lui-même.

Une conclusion s'impose : les principes fondamentaux sur lesquels repose actuellement le système monétaire et financier mondial doivent être entièrement repensés.

En tenant compte de toutes les constatations décri tes plus haut, nous sommes obligés d'admettre que le monde et l'Europe sont actuellement dans une situation de crise.

Page 24: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Pour une autre Europe

La politique insensée de la Commission Européenne

La politique commerciale de la Commission Européenne a peu à peu dérivé vers une politique mondialiste libre-échangiste qui est de toute évidence contradictoire avec l'idée même d'une véritable Construction Européenne.

Cette politique est insensée car elle ne peut qu'entraîner déséquilibres et chômage. Cette situation, si elle perdure, ne peut que s'aggraver et nous mener au désastre.

Penser que des pays à bas salaires, comme la Chine, vont se cantonner dans des activités à faible valeur ajoutée est totalement naïf et absurde. Il est clair qu'ils vont rapidement nous concurrencer aussi dans les hautes technologies et que ceci va se faire dans un avenir proche. Il faut être aveugle pour ne pas le comprendre.

Une nécessaire préférence communautaire

Un objectif raisonnable serait que pour chaque produit, ou groupe de produits, des dispositi ons soient prises pour qu' un pourcentage minimal de la consommation communautaire soit assuré par la production communautaire . La valeur de ce pourcentage dépendrait du produit et pourrait être en moyenne de l'ordre de 80 %.

Ceci devrait être la condition sine qua non fondamentale de notre participation à la Construction Européenne.

Dire que l'intégration est maintenant trop avancée et qu'il est trop tard pour reprendre notre liberté est inexact. Cela ne signifierait pas que tous nos engagements en cours sont annulés. Nous pratiquerions simplement la politique de la chaise vide tant que la politique de la Communauté n'est pas modifiée.

Cela ne serait certainement pas sans difficultés mais il ne peut être question de sacrifier l'avenir de la nation pour éviter des difficultés temporaires.

L'erreur fondamentale du Gatt et de l'OMC

Depuis leur fondation en 1947, Le Gatt puis l'OMC ont commis l'erreur d'orienter l'économie mondiale vers un libre-échangisme sans limite et de ne pas tenir compte dans les échanges commerciaux des perversions monétaires.

Les rapports des coûts salariaux aux cours des changes, dans les pays développés et dans les pays en développement, sont si considérables Ŕ parfois de 1 à 10, voire plus encore Ŕ qu'il ne sera pas possible à l'OMC de mettre en place des mesures susceptibles de faire face aux effets pervers sur l'emploi.

Avec de telles différences, les pays développés vont subir inéluctablement une tendance au chômage massif conjuguée avec la baisse de la rémunération des emplois les moins qualifiés.

Quant aux pays du Tiers-Monde, si certains en petit nombre pourront tirer leur épingle du jeu, la plupart voient compromis leur développement industriel et leur sécurité alimentaire. Ils sont enfermés dans une nouvelle colonisation qui n'ose pas dire son nom. Un exemple : Pense-t-on que les dispositions libre-échangistes permettront la création d'une industrie automobile en Afrique noire ?

Une politique commune d'immigration

Partout en Europe, une immigration excessive soulève de grandes difficultés. Il ne sert de rien de la réprimer. On ne pourra la réduire que si l'on s'attaque résolument à ses causes.

Page 25: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Les causes les plus puissantes de cet afflux sont :

l'acquisition de la nationalité. Le droit du sol mène à des situations incohérentes.

l'octroi d'avantages financiers insti tués pour les nationaux pour des raisons spécifiquement nationales, par exemple les allocations familiales.

L'amalgame trop souvent fait entre l'opposition à l'immigration et le racisme, la xénophobie et

l'antisémitisme, repose sur une tromperie inadmissible et une totale mystification. Les pays européens n'ont pas vocation à servir de déversoir aux excédents massifs de population de certains pays. C'est un problème purement économique.

Des organisations régionales

La libéralisation des échanges ne vaut qu'à l'intérieur d'organisations régionales dotées de marchés communs et groupant des pays de même niveau économique.

Chacune de ces organisations régionales doit mettre en place un cadre institutionnel approprié assurant une protection raisonnable vis à vis de l'extérieur, ave c des règles permettant qu'un pourcentage minimal de consommation soit assuré par la production locale.

Si ces principes sont transgressés, une mondialisation forcenée et anarchique devient un fléau

destructeur partout où elle se propage. Par contre, le respect de ces principes est une condition essentielle du développement des pays concernés.

Une protection contingentaire

La protection ne peut pas être une protection tarifaire, avec la création de droits de douane comme cela existait autrefois. Les calculs se heurteraient à des difficultés insurmontables.

La seule possibilité réaliste et efficace est la méthode des contingents d'importation avec des licences

vendues aux enchères. Ce système ne s'opposerait pas au libre jeu de l'économie de marché communautaire, mais au contraire lui permettrait de fonctionner correctement. Au surplus, il est facile à mettre en place et a l'avantage de ne rien coûter à la collectivité. Il rapporte même de l'argent.

Cette protection doit être dosée. Il n'est évidemment pas question d'isoler une communauté régionale du reste du monde par une protection excessive.

Les insti tutions monétaires et financières

Le crédit doit être réformé sur les deux points suivants :

La création de monnaie "ex nihilo" par le mécanisme du crédit doit être rendue impossible.

L'argent disponible à court terme ne doit pas pouvoir être utilisé pour financer des prêts à long terme.

Cette double condition nécessite une réforme des activités bancaires. Il devrait y avoir 3 catégories d'établissements distincts et indépendants :

des banques de dépôt, assurant la seule gestion des comptes courants, sans possibilité de prêts.

des banques de prêts, empruntant l'argent à des termes donnés et le prêtant à des termes plus courts.

des banques d'affaires, empruntant aux banques de prêts, ou directement auprès du public, et investissant dans les entreprises.

Cette organisation permettrait la réalisation de toutes les conditions nécessaires et fondamentales à la bonne marche de l'économie.

Page 26: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Les emprunts doivent être indexés.

Tous les contrats doivent être protégés contre des variations du pouvoir d'achat de l'unité de compte. Tous les emprunts, publics et privés, devraient donc être indexés sur l'indice général des prix.

Il ne s'agit pas ici d'enserrer l'économie dans un système de contraintes, mais au contraire de la rendre efficace, de la libérer de l'incertitude de l'avenir, et d'établir pleinement le principe de l'honnêteté dans l'exécution des contrats.

Les marchés boursiers doivent être réformés.

Les bourses sont devenues de gigantesques casinos. Que les uns gagnent de l'argent sur le dos des

autres n'aurait pas grande importance si les fluctuations des cours n'avaient pas une influence considérable sur l'économie réelle.

Maurice Allais propose une série de dispositions, par exemple : une cote unique par jour Ŕ la suppression de la spéculation sur les indices Ŕ l'augmentation (en liquide) des couvertures sur les opérations à terme, etc…

Le retour à un système de changes fixes.

Les taux de change entre deux monnaies devraient correspondre à l'équilibre des balances commerciales des pays concernés.

C'est tout le contraire actuellement. Le système des changes flottants induit une spéculation gigantesque. Chaque jour, les flux financiers s'élèvent en moyenne à plus de 1 100 mill iards de dollars,

soit plus de 40 fois le montant des transactions commerciales internationales. Ce sont finalement les spéculateurs qui fixent la valeur des monnaies, avec comme conséquence une instabilité permanente.

Une réforme du système monétaire international, un nouveau Bretton-Woods, est absolument nécessaire. Cette réforme devrait impliquer :

le retour à un système de changes fixes.

l'abandon du dollar comme monnaie de réserve internationale.

la fusion du FMI et de l'OMC.

l'interdiction faite aux banques de créer de la monnaie "ex nihilo" et de spéculer pour leur propre compte.

En résumé,

Les quatre propositions qui précédent concernant le crédit, l'indexation, les marchés boursiers et le système monétaire international sont indépendantes et pourraient être instituées séparément. Mais il

est certain que leur application conjointe verrait leurs effets béné fiques considérablement renforcés. Ces réformes sont fondamentales.

Les institutions démocratiques

La dérive centralisatrice et totalitaire

Depuis 1974, la dérive centralisatrice de la Commission de Bruxelles est devenue sans limites et touche

les sujets les plus divers, y compris ceux qui devraient rester du ressort des Etats et des Parlements nationaux.

Les décisions prises par la Commission sont anti-démocratiques et, à vrai dire, de nature totalitaire. Ceci n'est pas acceptable.

Page 27: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Les principes à respecter.

les nations européennes doivent rester maîtresses de leur destin et non pas disparaître sous la

domination d'une technocratie totalitaire. Cela impose d'adopter le principe de la Confédération.

Cette Confédération doit reposer sur une Charte fixant les objectifs, les institutions et les délégations de compétence. Cette Charte doit être acceptée par référendum dans chaque Etat

Maurice Allais indique les principaux aspects que doit revêtir cette Charte pour instituer une

nécessaire décentralisation, quelles sont les institutions parlementaires à créer : Cham bre des Députés et Sénat, les règles de majorité, la Cour de Justice, etc…

Il estime qu'un territoire communautaire doit être créé pour accueillir ces institutions. Il pense qu'il pourrait avantageusement se situer à cheval sur les frontières française, al lemande et luxembourgeoise.

En ce qui concerne l'élargissement, il le repousse à plus tard. Il pense que la priorité est à donner à la mise au point urgente du cadre institutionnel de l'Europe, dont le retard est tout à fait regrettable. L'élargissement viendra ensuite. Sur ce dernier point, il estime que ni la Russie ni la Turquie n'ont vocation à rejoindre l'Union Européenne.

La réforme intellectuelle et morale

Il est patent que l'on assiste actuellement à une désagrégation morale de la société française. Cette si tuation est également constatée dans tout l'occident.

Maurice Allais le déplore et il essaye de formuler quelques vœux :

Il n'y aura d'indépendance réelle de la Justice que le jour où les juges arriveront à se rendre indépendants de leurs propres opinions politiques. Est -ce possible ?

Les scientifiques doivent également s'imposer à eux mêmes une indépendance d'esprit qui les libèrent des "vérités établies" . Il n'y a de vérité que celle qui découle de l'expérience.

une frontière infranchissable doit être établie entre les sciences de la nature et les croyances

religieuses. Ce que Maurice Allais appelle "un humanisme libéral".

Les Nations Unies

Maurice Allais aborde également ce sujet et suggère quelques modifications de la Charte.

En ce qui concerne notamment le droit de véto, il trouve anormal qu'un seul pays puisse, par son véto,

bloquer le fonctionnement du Conseil de Sécurité. Il propose que les décisions du Conseil soient prises par un vote d'au moins neuf membres (la moitié des 18 membres) dans lequel sont comprises les vois d'au moins 4 membres permanents (sur 5).

Ce qui revient à dire que pour s'opposer à une décision du Conseil, il faudrait le véto d'au moins deux membres, au lieu d'un seul actuellement.

FIN

Page 28: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

La deuxième partie

Avant propos

Maurice Allais a formulé ses idées européennes dans une série de 11 articles dont la parution a commencé dans Le Figaro à partir du 20 septembre 2002. J'ai pensé qu'il était essentiel d'incorporer

ces textes dans le présent site en vue de leur donner toute la publicité souhaitable. C'est pour tous l'occasion d'un véritable examen de conscience.

Maurice Allais est un humaniste très exigeant. C'est aussi un visionnaire et nous serions bien inspirés de tenir compte de ses avis.

Michel Gendrot

On pourra atteindre directement chacun des chapitres en cliquant sur les titres ci -dessous.

L' EUROPE ET LE MONDE

Des Institutions démocratiques pour l'Union Européenne

Les conditions politiques

Une confédération européenne

Approfondissement ou élargissement ?

La crise intellectuelle et morale de l'Union Européenne et de l'Occident

La désagrégation morale de la société française

L'expérience des siècles

Une nécessaire réforme de la Charte des Nations Unies

Une responsabilité écrasante de l'Occident

Trois erreurs majeures

La domination des multinationales, les délocalisations et l'aveuglement des dirigeants

politiques

Page 29: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

DES INSTITUTIONS DEMOCRATIQUES POUR L'UNION EUROPEENNE ( I )

LES CONDITIONS POLITIQUES

Une dérive centralisatrice et totalitaire

Depuis 1974, on a constaté dans tous les domaines une dérive technocratique, dirigiste, centralisatrice, unitaire et jacobine de la construction européenne. Non seulement cette dérive a entraîné partout des effets pervers, mais par ses excès mêmes elle ne cesse de susciter de très fortes oppositions.

Les exemples de cette dérive sont innombrables. Ainsi, aucun droit de sécession n'est prévu pour

permettre aux peuples de sortir d'une organisation qui ne tiendrait pas compte de leurs droits fondamentaux. C'est ainsi le droit essentiel des peuples à disposer d'eux-mêmes qui fondamentalement leur est refusé.

L'intrusion de l'Organisation de Bruxelles dans des domaines qui devraient rester du seul ressort des

Etats et des Parlements nationaux est sans limites. Ainsi, dans la Déclaration insérée dans l'Acte final du traité d'Amsterdam des sanctions très lourdes sont prévues à l'égard des Etats membres qui rétabliraient la peine de mort.

La dérive technocratique et centralisatrice de l'Union européenne rend plus que jamais nécessaire une

réflexion approfondie sur la finalité de la construction européenne et une totale révision de ses institutions.

La dégénérescence actuelle de la Construction Européenne ne saurait se poursuivre. Il nous faut en repenser complètement les principes et tous les textes, de toute évidence inadaptés, sur lesquels elle repose. Il nous faut revoir tous les prétendus acquis communautaires.

Il est ainsi nécessaire de mettre fin au développement démesuré des pouvoirs supranationaux de la Commission et à une extension indéfinie de processus de décisions antidémocratiques et, à vrai dire, de nature totalitaire. Il nous faut assurer la sauvegarde de nos intérêts fondamentaux. (Voir nota suivant)

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NOTA : On ne saurait trop méditer ici l'Arrêt de la Cour Européenne du 17 décembre 1970 :

"La validité des actes arrêtés par les institutions de la Communauté ne saurait être appréciée qu'en fonction du droit communautaire ; le droit né du traité, issu d'une source autonome, ne peut, en raison de sa nature, se voir judiciairement opposer des règles de droit national quelles qu'elles soient, sans per dre son caractère

communautaire et sans que soit mise en cause la base juridique de la Communauté elle-même ; dès lors, l'invocation d'atteintes aux droits fondamentaux tels qu'ils sont formulés par la Constitution d'un Etat membre ou aux principes de sa structure constitutionnelle, ne saurait affecter la validité d'un acte de la Communauté ou son effet sur le territoire de cet Etat.

Un tel texte est manifestement exorbitant.

___________________

Page 30: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Deux principes fondamentaux

En fait, la Construction Européenne répond aux aspirations profondes des peuples, mais ses modalités doivent être entièrement repensées suivant deux principes.

Le premier principe est que les nations européennes doivent rester maîtresses de leur destin et non disparaître peu à peu sous la domination d'une technocratie totalitaire. De là résulte que la Construction européenne doit s'édifier sur la base d'une Confédération, libérale, humaniste, et

démocratique préservant les intérêts fondamentaux de chaque nation. L'objectif essentiel est de vivre ensemble dans des conditions respectant, dans ce qu'elles ont d'essentiel, les nations qui se sont lentement édifiées au cours des siècles.

Le second principe est que cette Confédération doit reposer sur une Charte Confédérale définissant, précisément et expressément les objectifs, les institutions et les délégations limitées de compétences. Dans chaque Etat, cette charte doit être soumise à la ratification populaire par

référendum avec une majorité qualifiée des deux tiers. Il doit en être de même de ses révisions ultérieures éventuelles. Une telle Charte est le garant indispensable contre toute dérive de la construction européenne.

Cette Charte devrait être assortie d'une Déclaration des droits et des devoirs fondamentaux des citoyens européens.

Une Confédération Politique Européenne

Une Confédération Politique Européenne démocratique implique que soient étendus au niveau européen les principes de la démocratie qui, au cours des siècles, se sont progressivement dégagés des expériences nationales. Elle implique que les nations participantes décident de poursuivre en

commun la réalisation de leurs intérêts communs et acceptent de régler leurs différends sur la base de dispositions communes acceptées d'un commun accord et selon des procédures préétablies à cette fin.

Une telle Confédération doit disposer de pouvoirs limités mais réels, et tirer directement ses pouvoirs des peuples eux-mêmes et non des gouvernements nationaux.

Une telle organisation politique implique le transfert à cette organisation de certains des droits souverains des Etats.

La seule question qui importe réellement est dès lors la suivante : Est-il possible de définir des liens institutionnels préservant efficacement les diversités nationales dans ce qu'elles ont d'essentiel, tout en assurant l'efficacité de l'action commune pour la réalisation des objectifs communs ?

Une nécessaire décentralisation

Toute tentative pour édifier une organisation politique européenne sur une base unitaire où la majorité

ferait la loi sans aucune restriction serait fondamentalement antidémocratique. En fait, toute organisation valable d'une société démocratique doit être aussi décentralisée qu'il est possible, et toute centralisation doit se limiter au minimum indispensable.

Pour chaque Etat, ce qui est souhaitable, c'est que d'une part il rétrocède un maximum de droits à ses

diverses régions pour toutes les questions où ces régions sont plus compétentes et peuvent être plus efficaces et que d'autre part il transfère à une confédération politique européenne ce minimum de droits qu'implique la poursuite efficace en commun des seuls objectifs communs que l'on entend poursuivre.

La règle de la majorité

Dans une société réellement démocratique le pouvoir, quel qu'il soit, doit être réparti entre autant

d'hommes qu'il est possible, et l'application de ce principe est le meilleur moyen d'atteindre et de maintenir la liberté, et d'assurer à chaque individu un plein développement et un plein usage de ses dons et de ses capacités.

Page 31: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Le remède réel au "déficit démocratique" qui se constate actuellement au sein de l'Union Européenne

ne saurait résulter à l'avenir de processus fondés sur la seule règle de la majorité, car, une fois encore, l'essence de la démocratie, c'est le respect des minorités, et les majorités, l'histoire n'a cessé de le démontrer, peuvent être plus oppressives encore que les pires des tyrannies.

La règle de la majorité n'est valable que pour les questions d'importance mineure. Pour toutes les

autres, la solution doit être recherchée dans des votes à l'unanimité ou à la majorité qualifiée et dans des clauses de sauvegarde.

Une Confédération

La solution à rechercher ne peut être ni une pure association d'Etats, ni un Super -Etat fédéral. La première solution qui repose fondamentalement sur des traités entre Etats n'en est réellement pas une,

car elle maintient et risque même d'exacerber les oppositions entre Etats souverains ; la seconde transcende les Etats dans tous les domaines par un pouvoir qui en est indépendant et qui devient inévitablement oppressif.

La solution réellement appropriée, c'est celle d'une Autorité Confédérale chargée de la gestion politique

sur une base démocratique des seules questions d'intérêt commun avec des délégations de pouvoirs limités à ces seules questions d'intérêt commun, spécifiées dans une Charte Confédérale.

Dans l'état actuel des choses, l'Autori té Politique Confédérale doit nécessairement gérer toutes les questions relatives à l'organisation du Marché commun et à ses relations économiques avec des pays tiers.

Page 32: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

DES INSTITUTIONS DEMOCRATIQUES POUR L'UNION EUROPEENNE ( I I )

UNE CONFEDERATION EUROPEENNE

Vivre ensemble

Les Européens d'aujourd'hui veulent vivre ensemble. C'est là une réalité fondamentale qui se superpose aux liens très puissants qui se sont tissés au cours des siècles à l'intérieur de chaque Communauté nationale.

Autant toute tentative tendant à dissoudre aujourd'hui les Nations Européennes dans je ne sais quel

ensemble de nature totalitaire est fondamentalement inacceptable, autant l'émergence progressive, dans les décennies qui s'approchent, d'une Nation Européenne rassemblant dans une Confédération décentralisée les Nations Européennes et préservant leur identité doit être favorisée.

Des institutions démocratiques

Qu'impliquent des institutions réellement démocratiques ? Les délégations de compétences à la

Confédération jugées nécessaires doivent être gérées par une Autorité Politique Confédérale responsable devant un Parlement Confédéral, constitué d'une Chambre élue au suffrage universel direct et d'un Sénat Confédéral désigné par les Parlements nationaux.

Un Président et un vice - Président de la Communauté Européenne seraient élus par le Parlement

Européen. Le Président de la Communauté Européenne la représenterait. Il veillerait au respect de la Constitution Européenne. Il désignerait le Président du Conse il Exécutif Européen. Le Président désigné du Conseil exécutif choisirait les ministres européens parmi les membres du Parlement et présenterait le Conseil Exécutif à l'agrément du Parlement.

Une Cour Confédérale doit être établie devant laquelle des recours puissent être présentés, soit par des groupes de parlementaires, soit par des groupes de citoyens suffisamment représentatifs, contre toute transgression de la Charte Confédérale par l'Autorité Politique Confédérale.

La souveraineté doit être fondamentalement exercée par les peuples, et la possibilité de référendums

d'initiative populaire à majorité qualifiée doit être insti tuée à la fois dans le cadre de la Confédération et dans le cadre de chaque Etat membre.

Le non respect des droits fondamentaux des nations, tels que précisés dans la Charte Confédérale, doit entraîner le droit à la sécession.

La représentation et la défense des intérêts fondamentaux des Nations Européennes ne peuvent être

valablement assurées actuellement par le Conseil Européen et le Conseil des Ministres qui ne siègent pas en permanence et qui ne sont que des émanations des partis au pouvoir dans chacun des Etats membres. Elles ne peuvent l'être efficacement que par un Sénat Confédéral, désigné par les Parlements nationaux, et dont les membres resteraient en liaison étroite et permanente avec ces Parlements.

Un territoire communautaire

Pour symboliser et matérialiser la volonté des peuples européens de construire progressivement une Union Européenne réelle, le mieux sans doute dans l'immédiat serait de mettre en place un Territoire Communautaire où seraient installées toutes les organisations européennes. Un tel Territoire

Communautaire pourrait avantageusement être installé dans la zone des trois frontières à cheval sur la France, l'Allemagne et le Luxembourg.

En tout état de cause et du point de vue d'une construction équilibrée de l'Union Européenne qui ne voit l'intérêt majeur, et à vrai dire la nécessité, d'un tel Territoire Communautaire et de sa localisation.

Page 33: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

L'identité Européenne

La Confédération Européenne doit préserver son identité vis-à-vis du monde extérieur et rester

totalement indépendante de toute ingérence étrangère. Elle ne doit en aucune façon se dissoudre dans un ensemble mondialiste dépourvu de toute régulation réel le et qui ne profite qu'à de petites minorités. Les spécifici tés culturelles nationales, éléments constitutifs essentiels des nations européennes, doivent être préservées.

Sur le plan économique la préservation de cette identité implique notamment : - une protection minimale des activités économiques, le principe étant que dans chaque secteur un pourcentage donné, par exemple 80 %, de la consommation confédérale soit assuré par une production confédérale ; - une

protection minimale contre une immigration extérieure excessive et ses conséquences désastreuses ; - le maintien d'une population active minimale dans l'agriculture et la pêche, car aucune nation ne peut survivre si elle n'est pas profondément enracinée dans son sol, et si son autosuffisance alimentaire n'est pas assurée.

Toutes ces dispositions doivent être incluses dans la Charte Confédérale.

Page 34: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

DES INSTITUTIONS DEMOCRATIQUES POUR L'UNION EUROPEENNE ( III )

APPROFONDISSEMENT OU ELARGISSEMENT ?

Quelle priorité ?

Quelle doit être la priorité de l'Union Européenne, son approfondissement ou son élargissement ?

C'est un fait que pour l'essentiel l'Union Européenne groupe actuellement des Etats ayant dans l'ensemble de profondes similitudes quant à leur économie et à leur culture. C'est un fait égalem ent que sur le plan économique il faut distinguer entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est. Ainsi et par

exemple les niveaux de salaires réels sont extrêmement différents à l'Ouest et à l'Est. Sur le plan économique élargir actuellement l'Union Européenne en intégrant les Pays de l'Europe de l'Est n'aurait d'autre résultat que de susciter un déferlement de populations de l'Est vers l'Ouest, et un nombre considérable de délocalisations, en suscitant à l'Ouest un accroissement considérable du chômage.

De toute évidence, il convient que les pays de l'Europe de l'Est s'associent préalablement dans un cadre économique analogue à celui de l'Europe de l'Ouest, ce qui ne pourrait que favoriser considérablement leur développement et élever progressivement leurs niveaux de vie. Au terme de

cette évolution l'intégration économique des deux Europe deviendrait possible. Mais, de toute évidence, une telle évolution demandera de longues années.

Ainsi, ce n'est que lorsque les niveaux de vie à l'Est et à l'Ouest seront effectivement comparables qu'une association économique des deux Europe pourra s'effectuer. Mais par contre rien n'empêche

actuellement que des liens politiques et culturels s'établissent entre les Pays de l'Europe de l'Ouest et ceux de l'Europe de l'Est.

Pour le moment, ce qui est nécessaire et urgent pour l'Union Européenne, telle qu'elle existe, c'est de combler le retard institutionnel qui l'a caractérisée.

Le cadre qui paraît préférable c'est celui d'une Confédération Politique susceptible de préserve r les

droits fondamentaux des Etats participants tout en resserrant leurs liens politiques. En tout cas, l'établissement d'un marché commun effectif implique de toute évidence un cadre institutionnel commun.

Au total, la priorité actuelle pour l'Union Européenne doit être l'établissement d'un cadre politique confédéral approprié et non son élargissement à l'Est, actuellement tout à fait prématuré.

Quant à l'Europe de l'Est, tout ce qui peut être actuellement envisagé c'est une association d'ordre politique, culturel et scientifique entre l'Europe de l'Est et l'Union Européenne.

Limites de l'Europe

Dans l'état actuel des choses, l'Europe dans son ensemble doit se limiter aux marches orientales de la Pologne, de la Bulgarie, de la Roumanie.

En aucune façon, la Russie et la Turquie ne sauraient être considérées comme européennes. La Russie,

l'Ukraine, la Biélorussie, forment un ensemble immense s'étendant jusqu'à l'Océan Pacifique, qui doit se grouper dans une confédération à l'exemple de la confédération europée nne. Quant à la Turquie, pays musulman et dont l'expansion démographique est tout à fait excessive, tout la différencie de l'Europe.

Qu'il s'agisse de la Russie ou de la Turquie, elles n'ont aucune vocation à rejoindre l'Union Européenne. En fait, qu'il s'agisse de l'Europe, de la Russie, et de la Turquie, elles doivent prendre place et se développer dans le cadre d'organisations régionales.

En tous cas l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne ne pourrait être acceptée que si elle était

confirmée dans chaque état membre de l'Union Européenne par un référendum à la majorité des deux tiers.

Page 35: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

LA CRISE INTELLECTUELLE ET MORALE DE L'UNION EUROPEENNE ET DE L'OCCIDENT ( I )

LA DESAGREGATION MORALE DE LA SOCIETE FRANCAISE

Le 5 décembre 1990, j’ai publié un article dans Le Figaro intitulé "La désagrégation morale de la société française" (1). J’en analysais brièvement les facteurs essentiels : une idéologie égalitaire, une formation insuffisante et inappropriée de la jeunesse, l’influence démoral isatrice de la télévision, l’instabilité

sociale résultant d’une immigration massive déraisonnable, le développement accéléré de la violence, de la criminalité et de la drogue, une démagogie démesurée, une régression générale des valeurs morales, l’incompréhension, enfin, des conditions économiques et éthiques qu‘implique une société humaniste et libérale.

En fait, au cours de ces douze dernières années, la situation s’est profondément dégradée, non seulement en France mais également dans tous les pays de l’Union Européenne et dans tout l’Occident.

L’explosion de la criminalité en France 1990-2001

Probablement le phénomène le plus significatif de la désagrégation morale en France est-il une

explosion vertigineuse de la criminalité sous toutes ses formes et l ’incapacité de plus en plus grande de l’Etat, aveuglé par des idéologies obscurantistes, pour combattre efficacement cette criminalité.

Cette criminalité se manifeste sous des formes multiples la délinquance sur la voie publique, les vols avec violence, les vols à main armée, les meurtres, les viols, la destruction de biens, les incendies de

voitures et d’immeubles. On constate une multiplication des crimes organisés, des hold -up et des affrontements entre bandes.

Partout on observe un accroissement des attaques contre les agents des services publics dans les transports, contre les pompiers, contre les agents des services hospitaliers et médicaux.

Partout se multiplient les zones de non droit où les forces de police sont absentes.

Tous ces phénomènes s’étendent progressivement des zones urbaines à toutes les régions du pays.

On constate partout chez les jeunes une croissance des crimes et délits, des violences physiques, des

violences sexuelles, des actes de vandalisme, des rackets, et des trafics de drogue. Trop souvent leur connaissance est masquée par l’intimidation et la loi du silence.

Pour ne prendre qu’un exemple le nombre de crimes contre les personnes est passé en France de 130 352 en 1990 à 279 612 en 2001 soit une progression de 114 % en 11 ans et une progression moyenne de 6,9 % par an.

On ne peut également que constater un abaissement progressif et continu de l’âge des auteurs de délits. En 1993, 4,3 % des jeunes avaient commis un délit grave à moins de 13 ans ; en 1999, ce pourcentage est passé à 10,8 %.

Les données statistiques qui toutes sous-estiment la criminalité réelle ne traduisent en aucune façon

les drames de toutes sortes engendrés par la criminalité. L’horreur de certains crimes dépasse l’entendement. Leurs auteurs se sont comportés comme de véritables bêtes fauves ( 2 ).

Une crise intellectuelle et morale très profonde de l’Occident

En engendrant des inégalités croissantes et la suprématie partout du culte de l’argent avec toutes ses

implications, le développement d’une politique de libéralisation mondialiste anarchique a puissamment contribué à accélérer la désagrégation morale des sociétés occidentales ( 3 ).

Page 36: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

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NOTES

1. Le Figaro 5 décembre 1990 "La désagrégation morale de la société française".

2. C’est l’Etat responsable de la sécurité des biens et des personnes, et non les assurances, qui dans tous les cas doit indemniser toutes les victimes.

3. Sur tous les points ci-dessus voir mon nouvel ouvrage "Nouveaux Combats pour

l’Europe, 1995-2002 ", Editions Clément Juglar (62, avenue de Suffren, Paris 75015, tél 01 45 67 18 38).

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Page 37: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

LA CRISE INTELLECTUELLE ET MORALE DE L'UNION EUROPEENNE ET DE L'OCCIDENT ( I I )

L'EXPERIENCE DES SIECLES

Aucune société ne peut survivre si elle ne se fonde pas sur une morale, sur son respect et son application. Ce que l’on constate, c’est qu’au travers des siècles les grands préceptes de la morale, sont restés les mêmes.

En fait, la morale traditionnelle issue de la longue expérience des siècles se présente

comme une charte non écrite qui transcende toutes les lois et en constitue les principes fondamentaux.

Dès que les préceptes moraux traditionnels ne sont plus observés les sociétés entrent

inévitablement en décadence. Tel a été notamment le cas de l’empire romain.

On ne trouve dans toute l’histoire aucune grande civilisation qui ne se soit fondée sur les grands préceptes de la morale traditionnelle.

Les devoirs de l’homme

On ne cesse aujourd’hui de discourir sur les droits de l’homme. Mais les droits de

l’homme sont indissociables des devoirs de l’homme.

C’est ce qu’a parfaitement exprimé la Déclaration des Droits et des Devoirs de l’Homme et du Citoyen du 5 Fructidor an III (22 août 1795) dans les deux premiers

articles de sa Deuxième Partie.

Article 1. - La Déclaration des Droits contient les obligations des législateurs, le

maintien de la société demande que ceux qui la composent connaissent et

remplissent également leurs devoirs.

Article 2. - Tous les devoirs de l’homme et du citoyen dérivent de ces deux principes, gravés par la nature dans tous les cœurs; - Ne faites pas à autrui ce que vous ne

voudriez pas qu‘on vous fit. - Faites constamment aux autres le bien que vous

voudriez en recevoir.

Toute violation des devoirs de l’homme doit être condamnée et punie sans délai. En

fait, toute société qui n’est pas capable de se défendre est une société perdue ( 2 ).

La société permissive

Il est facile de tourner en dérision les grands préceptes de la morale qui nous ont été légués par la tradition et de vanter les mérites de la société permissive ( 3 ).

Chaque jour la presse dénonce les méfaits de tout ordre moral, mais le désordre moral

ne peut aboutir qu’au désordre des sociétés.

En fait, les préceptes de la morale s’appliquent en premier lieu aux dirigeants politiques dont la vie publique et privée doit rester exemplaire ( 4 ).

Page 38: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Les fondements expérimentaux de la pensée scientifique

Sur le plan scientifique un principe fondamental s’est peu à peu imposé : la seule

source de la connaissance est l’expérience et toute théorie contraire aux données de l’observation doit être rejetée.

La pensée scientifique européenne s’est aujourd’hui totalement libérée de la magie, de

l’irrationnel, et même de la religion. Son seul objet est de dégager à partir des données de l’observation des lois générales.

Le consentement universel, et a fortiori celui de la majorité, ne peuvent être

considérés comme des critères de la vérité. Le seul critère valable de la vérité est l’accord avec les données de l’expérience.

En matière de science, en matière d’histoire, la vérité ne saurait relever ni de la

puissance publique, ni des tribunaux, quels qu’ils puissent être, mais exclusivement et indéfiniment de la seule recherche et des seules méthodes scientifiques qui doivent

rester libres de toute entrave. Dans tous ces domaines la constante remise en cause

des "vérités établies’, quelles qu‘elles puissent être, est une condition majeure du progrès de nos connaissances.

Les fondements humanistes de la vie en société

C’est par un processus analogue que s’est dégagé peu à peu un humanisme dérivé lui-même de l’expérience. Quels en sont donc les traits essentiels?

C’est tout d’abord et fondamentalement le respect des individualités et des minorités qui doivent être protégées contre tout pouvoir arbitraire des majorités ; c’est la liberté

de penser, c’est-à-dire le droit d’exprimer ses opinions par la parole et l’écrit, sans être inquiété ou persécuté ; c’est le droit de pouvoir s' informer, discuter, délibérer,

contester, publier, sans contrainte.

C’est ensuite l’idée que tout pouvoir livré à lui-même tend à devenir despotique ; que tout pouvoir ne peut être contenu que par un autre pouvoir qui le contrebalance et le limite ; que ce qui est important, ce n’est pas le titulaire du pouvoir, mais la nature du

pouvoir ; et que tout pouvoir illimité, que ce soit celui d’un despote ou d’une majorité, est inévitablement oppressif.

C’est également l’idée que sur le plan du droit et dans l’intérêt même d’une bonne

administration de la justice, aucun crime, quel qu’il puisse être, ne saurait être indéfiniment imprescriptible.

C’est encore l’idée qu’une frontière infranchissable doit être établie entre les sciences

physiques et humaines qui relèvent du seul critère de l’expérience et les croyances religieuses qui relèvent seulement d’une révélation intérieure, qui doivent être

respectées en tant que telles, mais qui ne doivent pas chercher à s’imposer.

C’est cet humanisme libéral, dérivé de l’expérience des siècles, qui inspire

fondamentalement la littérature, la morale, la philosophie, la pensée politique, le droit de la civilisation européenne ( 6 ).

Page 39: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Ce sont les principes de cette civilisation que l’Union Européenne se doit de maintenir

et elle se doit d’écarter délibérément tous les multiculturalismes qui ne pourraient

constituer pour elle qu’autant de régressions.

Deux poids, deux mesures

En tout cas, l’Occident doit toujours rester fidèle à ses propres principes.

Un seul exemple, d’une actualité pressante, devrait suffire pour nous convaincre.

L’Occident, qui a trouvé tout naturel de faire prendre des résolutions par les Nations-Unies à l’encontre de l’Irak et de les faire appliquer, en déclarant justifié le recours à des moyens militaires si cette application se révélait insuffisante, n’a cessé de rester

indifférent à la non observation par Israël des résolutions des Nations Unies à son encontre.

Très objectivement, l’Occident n’a cessé de mener une politique dépourvue de toute

cohérence éthique.

En fait, c’est l’Occident qui par son abstention durant de longues années est responsable des atrocités commises de toutes parts au Moyen-Orient par les Palestiniens et les Israéliens ( 7 ).

____________________

NOTES

1. Il n’est que trop déplorable que la Constitution française actuelle ne vise que la

Déclaration des droits de l’homme et du citoyen sans aucune référence à ses Devoirs.

Il est notamment inadmissible que l’octroi de la nationalité française permette à ses

bénéficiaires d’exercer tous leurs Droits de français sans aucun engagement de leur part de remplir tous leurs Devoirs.

2. Le respect de la personne humaine ne saurait en aucun cas conduire à la conclusion que la peine de mort doit être exclue dans tous les cas. Il est des crimes,

particulièrement sauvages, comme le viol et l’assassinat d’enfants sans défense, qui ravalent leurs auteurs au rang de bêtes fauves.

La société doit sans hésitation les punir du châtiment suprême. Tout au plus, les

modalités de leur exécution peuvent être laissées au choix des assassins, et la guillotine n’est pas le seul moyen de donner la mort, encore qu’elle soit sans doute la

plus spectaculaire et la plus dissuasive.

Que la société puisse assurer pendant des dizaines d’années l’entretien et la garde de coupables d’assassinats particulièrement odieux, ne trouve aucune justification. Elle en trouve d’autant moins, si l’on considère que la société se trouve par là même privée

de moyens qui lui permettraient de mieux assister tous ceux qui ont toujours respecté les lois et que la malchance a pu conduire à des situations misérables.

Page 40: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

En fait, il y a pour tout homme d’Etat responsable une contradiction fondamentale

entre donner l’ordre, en temps de guerre, de tuer les ressortissants des pays ennemis, parmi lesquels se trouvent de braves gens parfaitement innocents, et refuser de mettre à mort des assassins coupables des pires crimes pour lesquels n’existe

aucune excuse que ce soit.

En tout état de cause, dans des pays qui se disent démocratiques, il y a un véritable abus de pouvoir de la part des dirigeants politiques qui ont décidé l ’abolition de la

peine de mort, et la maintiennent, alors que la majorité des citoyens, qu’ils prétendent représenter, demande son rétablissement.

3. Dans le Grand Dictionnaire des Citations françaises de Jean-Yves Dournon (édition

Acropole 1982), on peut lire parmi les citations relatives à la morale et retenues comme significatives (p. 582): "La morale est l’épine dorsale des imbéciles"; - "La morale n’aurait-elle pas son origine dans l’erreur"; - "La morale et le bon goût sont un

vieux ménage. Ils ont pour enfants la bêtise et l’ennui" ; - "La morale est la faiblesse de la cervelle"; - "La morale est l’hygiène des niais, et désormais, l’hygiène est la

morale de toutes les turpitudes".

Tel est le credo fondamental de la société permissive.

4. Certains hommes politiques soutiennent qu’il faut séparer vie privée et vie publique. Mais dans tout état démocratique cette séparation est impossible et en tout cas elle n’est pas souhaitable. Ce qui est intrinsèquement immoral est indigne des

dirigeants de toute société démocratique, libérale et humaniste.

5. Allais, 1991, L’Europe Face à son Avenir. Que Faire ?, p. 111-112.

6. id.,p.112-114.

7. Sur tous les points ci-dessus voir mon nouvel ouvrage "Nouveaux Combats pour l’Europe, 1995-2002", Editions Clément Juglar (62, avenue de Suffren, Paris 75015, tél.

01 45 67 18 38 ).

Page 41: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

UNE NECESSAIRE REFORME DE LA CHARTE DES NATIONS UNIES

LA CHARTE DES NATIONS-UNIES

La Charte des Nations Unies, dont un des Etats fondateurs a été un des Etats les plus criminels de toute l’histoire, ne saurait être considérée comme conforme aux idéaux humanistes d’une société libérale que si elle est réformée sur quelques points

fondamentaux :

1 - Ne devraient être admis comme membres des Nations Unies que les seuls Etats qui se fonderaient sur les principes démocratiques d’une société

humaniste et libérale, et qui se seraient engagés à protéger et à respecter leurs minorités quelles qu’elles soient, et à reposer sur des structures fédérales lorsque ces minorités sont relativement importantes.

2 - Les frontières devraient pouvoir être éventuellement révisées suivant des principes préétablis et des procédures appropriées.

3 - Tout Etat membre des Nations Unies devrait avoir l’obligation de saisir le Conseil de Sécurité dès qu’il aurait connaissance d’une situation conflictuelle

dangereuse entre Etats ou à l’intérieur d’Etats.

4 - Le devoir d’ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat devrait être admis, suivant des principes et une procédure appropriés, dès lors que, par

l’oppression d’une minorité, cet Etat ne respecte pas la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et la Charte des Nations Unies.

5 - Un Tribunal international permanent devrait être créé pour juger et punir,

suivant des principes et des procédures préétablis, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, et tous les agissements, quels qu’ils soient, ayant suscité des conflits ( 1 ).

6 - Le commerce des armes devrait être strictement réglementé. Toute livraison

d’armes à des Etats non démocratiques ou opprimant des minorités sans défense devrait être totalement interdite.

7 - Ces principes devraient être acceptés et respectés par tous les pays

membres sans aucune exception. Leur non observation devrait entraîner l’exclusion des Nations Unies.

8 - Le nombre de voix dont dispose chaque pays membre au sein de

l’Assemblée Générale devrait tenir compte d’une manière appropriée de sa population et de la contribution qu’il est susceptible d’apporter pour faire respecter les décisions des Nations-Unies ( 2 ).

Telles devraient être les bases effectives d’un nouvel ordre international, qui soit autre

chose que la continuation d’un ordre international qui ne fait que masquer et reconduire indéfiniment de profondes incohérences, de multiples désordres sous-

jacents, et de grandes injustices.

Page 42: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

En fait, ce ne sont là que quelques suggestions. Ce qu’il faut, c’est repenser

complètement la Charte au regard des leçons de l’expérience depuis la seconde guerre mondiale et de la situation d’aujourd’hui. Là, comme ailleurs, le maintien indéfini du statu quo ne saurait constituer une bonne solution.

Comme l’a si bien dit Pascal, voici plus de trois siècles, nous devrions "faire que ce

qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort soit juste ".

Une situation sans précédent

A la suite du gigantesque raz de marée politique qui a suivi l’ouverture du mur de

Berlin le 9 novembre 1989, les Etats-Unis ont acquis une situation hégémonique dans le monde, sans aucun précédent dans toute l’histoire de l’humanité.

Cette situation toute nouvelle doit nous amener à réfléchir. La détention d’un tel

pouvoir par un seul pays peut manifestement conduire à tous les abus et il convient de nous en préserver.

Le parachèvement de la Construction Européenne n’en devient que plus urgent.

Dans l’immédiat une mesure s'impose, c'est la modification de l’article 27 de la Charte des Nations Unies relatif au droit de veto, dont les Etats-Unis n’ont que trop tendance

à faire un usage abusif.

A la rédaction actuelle de l’article 27, § 3 :

"Les décisions du Conseil de sécurité.., sont prises par un vote affirmatif de neuf de ses membres dans lequel sont comprises les voix de tous les membres permanents ".

il convient de substituer la rédaction :

"Les décisions du Conseil de sécurité. . . sont prises par un vote affirmatif de neuf de

ses membres dans lequel sont comprises les voix de quatre membres permanents au moins".

Pour s’opposer à une décision du Conseil de sécurité il faudrait ainsi que deux

membres permanents au moins s’y opposent ( 3 ).

Une société libérale et humaniste

En dernière analyse, dans le cadre d’une société libérale et humaniste, c’est l’homme

et non l’Etat qui constitue l’objectif final et la préoccupation essentielle. C’est à cet objectif que tout doit être subordonné.

Une société libérale et humaniste ne saurait s’identifier à une société laxiste, laissez - fairiste, pervertie, manipulée, ou aveugle.

Quant à la construction de l’Europe, il n’est pas conforme aux idéaux du libéralisme et de l’humanisme de substituer aux besoins des citoyens tels qu’ils les ressentent eux-mêmes suivant leur propre échelle de valeur, "leurs prétendus besoins" appréciés par

d’autres, hommes politiques, technocrates, ou dirigeants économiques, quels qu’ils puissent être.

Page 43: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

En réalité, l’économie mondialiste qu’on nous présente comme une panacée ne

connaît qu’un seul critère, "l’argent". Elle n’a qu’un seul culte, "l’argent". Dépourvue de toute considération éthique, elle ne peut que se détruire elle -même. En fait, le passé ne nous offre que trop d’exemples de sociétés qui se sont effondrées pour

n’avoir su ni concevoir, ni réaliser les conditions de leur survie.

Les perversions du socialisme ont entraîné l’effondrement des sociétés de l’Est. Mais les perversions laissez - fairistes d’un prétendu libéralisme nous mènent à

l’effondrement de notre société ( 4 ).

__________________

NOTES

1. Le 6 mai 2002 les Etats-Unis ont déclaré aux Nations Unies qu’ils ne ratifieraient pas le Traité de Rome créant la Cour Pénale Internationale (CPI) signé par le Président Clinton le 31 décembre 2000 avant de quitter la Maison Blanche.

Cette décision est d’autant plus choquante que le 25 mai 1993 les Etats-Unis avaient été à l’origine du Tribunal International de La Haye, création ad hoc pour juger les crimes commis par les serbes en Yougoslavie.

Voir Le Monde du 7 mai 2002, p. 15, et Le Figaro, Jean-Marc Verant "Le réveil du droit pénal international", 19 mai 2002.

2. Il est tout à fait déraisonnable d’attribuer le même nombre de voix à l’Assemblée Générale des Nations Unies aux très petits Etats comme par exemple l’île Maurice ou l’île de Chypre, et à de grands Etats comme l’Inde, l’Argentine, le Canada ou l’Allemagne.

3. Je rappelle que d’après l’article 23 de la Charte le Conseil de sécurité comprend quinze membres

dont dix élus par l’Assemblée générale et cinq membres permanents, la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.

4. Sur tous les points ci-dessus voir mon nouvel ouvrage "Nouveaux Combats pour l’Europe, 1995-2002 ", Editions Clément Juglar (62, avenue de Suffren, Paris 75015, tél. 01 45 67 18 38 ).

Page 44: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

UNE RESPONSABILITE ECRASANTE DE L’OCCIDENT

Aujourd’hui, en septembre 2002, on ne peut que mesurer l’écrasante responsabilité

des Etats-Unis et de l’Europe au regard des tragédies survenues en Cisjordanie, à Gaza, et en Israël dans ces dix dernières années ( 1 ), et tout particulièrement depuis le

déclenchement de la deuxième intifada à la suite de la provocation d’Ariel Sharon le 28 septembre 2000 sur l’esplanade des Mosquées ( 2 ).

Durant tous ces mois les attentats terroristes palestiniens en Israël et les représailles

exercées par l’armée israélienne n’ont cessé de faire d’innombrables victimes et d’exaspérer les haines de tous côtés.

Toutes ces tragédies doivent nous déterminer à ne plus nous contenter d’invocations lyriques des droits de l’homme, et à respecter, et à faire respecter nos propres

principes.

Une seule solution

Comme il y a dix ans, au regard de l’impossibilité avérée d’obtenir un accord entre

Israël et les Palestiniens, au regard des décisions antérieures du Conseil de Sécurité des Nations-Unies ayant force de loi, et des dispositions générales de la Charte des Nations Unies, une seule solution apparaît possible ( 3 ).

La renonciation totale par les réfugiés palestiniens au droit au retour, compensée par des

indemnités appropriées ;

l’évacuation par Israë l de tous les territoires occupés depuis la Guerre des Six Jours et le

retour total aux frontières de janvier 1967 en application de la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations Unies avec l’évacuation par Israël de toutes ses colonies ;

la création d’un Etat palestinien incluant la Cisjordanie et la bande de Gaza ;

le partage de Jérusalem suivant les frontières de janvier 1967, le libre exercice des

religions juive, chrétienne et musulmane, et l’établissement d’un droit de contrôle des Nations Unies sur ce statut ;

la reconnaissance par les Palestiniens et tous les Etats arabes de l’Etat d’Israël dans ses frontières de janvier 1967 ;

l’établissement d’une force militaire d’interposition des Nations Unies avec des contingents

des Etats Unis, de l’Union Européenne et de la Russie, aussi longtemps qu’il sera nécessaire ;

l’exécution immédiate et sans réserve de ce plan en application des dispositions des Chapitres VI, VII, VIII et XII de la Charte des Nations Unies, en recourant, s’il était nécessaire, à l’utilisation de la force armée ;

la garantie conjointe de la pleine sécurité d’Israël et de l’Etat Palestinien par les Nations Unies et tout particulièrement par les Etats-Unis, l’Union Européenne et la Russie ;

une aide économique majeure accordée aux Etats Israélien et Palestinien par les Etats-Unis, l’Union Européenne et les Pays arabes pour l’application de ce Plan.

Les agréments antérieurs

Pour l’essentiel ce Plan correspond aux décisions 242 du 22 novembre 1967 et 338 du

22 octobre 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies, dont la nécessité de l’application a été soulignée par le Président Bush dans son discours devant le

Congrès américain du 6 mars 1991.

Page 45: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Tel est encore pour l’essentiel le plan proposé en mars 2002 par le Prince Saoud Al-

Fayçal de l’Arabie saoudite.

Ce Plan, dans son principe, correspond également à la Décision 1397 du Conseil de sécurité du 12 mars 2002 se fondant sur le principe de la coexistence de deux Etats israélien et palestinien et se référant aux décisions 242 de 1967 et 338 de 1973.

Puis-je ajouter que tel était là encore, pour l’essentiel, le Plan que j’avais déjà suggéré en 1991.

Mais la justification essentielle de ce Plan, sa nécessité, c’est qu’il faut mettre fin une fois pour toutes à cinquante ans de désordres, de guerres, et de tragédies, au cours

desquelles Palestiniens et Israéliens n’ont jamais cessé de soutenir des points de vue inconciliables.

Il n’est que trop certain aujourd’hui qu’il faut une fois pour toutes renoncer aux

casuistiques hypocrites et aux tartuferies honteuses auxquelles il a été constamment recouru de tous côtés ( 4 ).

Le terrorisme

Il n’est personne qui ne puisse condamner les crimes commis par les terroristes. Mais

lutter contre le terrorisme ne saurait suffire. Il faut lutter contre les causes du terrorisme.

Les actes terroristes palestiniens ne sont en fait que les actes désespérés d’un peuple

assujetti et opprimé depuis des dizaines d’années. Ne faut-il par rappeler ici que d’après la Déclaration universelle des Droits de l’homme des Nations Unies du 10

décembre 1948: "Il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un

régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression ".

En fait, puis-je rappeler ici que si après la Première Guerre mondiale l’Irlande a pu

recouvrer presque totalement son indépendance, c’est en raison des actes terroristes commis pendant et après la Première guerre mondiale.

Avec le recul de l’histoire, on peut aujourd’hui valablement s'interroger sur les

responsabilités encourues lors du terrorisme irlandais : les véritables terroristes étaient-ils les terroristes qui revendiquaient l’indépendance de l’Irlande au nom du droit des peuples à disposer de leur destin, ou les gouvernements successifs de

l’Angleterre qui se refusaient à leur accorder une indépendance nécessaire.

Un veto combien significatif

Depuis le déclenchement de la deuxième intifada en septembre 2000 il est une

décision des Etats-Unis qu’on ne saurait trop souligner.

Le 27 mars 2001 les Etats-Unis ont opposé leur veto à une Décision du Conseil de Sécurité prévoyant l’établissement d’une force d’observation des Nations Unies en

vue de protéger les populations civiles palestiniennes en application notamment de la quatrième Convention de Genève du 12 mars 1949 sur la protection des civils en temps de guerre.

Page 46: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Il est certain que si les Etats-Unis n’avaient pas opposé leur veto à cette Décision du

Conseil de sécurité le déroulement des événements au Moyen-Orient depuis avril 2001

aurait été tout autre.

Tout aussi bien les attentats terroristes des kamikazes palestiniens que les violentes représailles d’Israël auraient été impossibles ( 5 ).

En l’espèce le Président Georges W. Bush est et reste responsable de milliers de victimes innocentes ( 6 ).

_________________________

NOTES

1. Voir mes deux articles du Figaro des 23 et 28 octobre 1991 La question des minorités et la

Charte des Nations Unies ; La question Palestinienne et le conflit israélo-arabe. Voir également Allais, 1991, L’Europe face à son avenir. Que Faire ?, Notes 39, p. 155-158 ; 49, p. 161-165 ; 65, p. 171-174 ; 112, p. 198-199 ; et 140, p. 210 (Robert Laffont et Clément Juglar, 1991).

2. Je crois devoir rappeler ici les superficies concernées : Israël, 20 325 km2 - territoires occupés par Israël : Cisjordanie, 5 879 km2 , Gaza, 378 km2, Golan, 1150 km2

De 1948 à 1950, 800 000 Palestiniens ont dû fuir la Palestine. En 1967, lors de la Guerre des Six Jours, 200 000 Palestiniens ont dû prendre le chemin de l’exil.

Aujourd’hui le nombre des Palestiniens s’élève à 3 740 000, dont 583 000 dans la bande de Gaza, 570 000 en Jordanie, 376 000 au Liban, et 383 000 en Syrie.

En Cisjordanie 170 colonies juives ont été créées où vivent 171 000 colons. (Le Monde, 10 décembre 2001, Palestiniens.~ Quel Avenir ?).

La population d’Israël s’élève à 6,6 millions, dont 19 % d’Arabes (Le Monde, il février 2002, Horizons Israël, p. 15-18).

3. Ce Plan comporte des sacrifices majeurs, mais tout à fait comparables, des deux côtés : la renonciation au droit de retour des réfugiés palestiniens, la renonciation des Israéliens à leurs colonies.

4. Comment expliquer la politique d’Israël depuis 1967 et son refus obstiné d’appliquer la Décision 242 de 1967 du Conseil de Sécurité?

Comment expliquer que sans cesse, même pendant tous les pourparlers de paix, Israël n’ait cessé de développer ses colonies en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ? Comment expliquer qu’Israël ait constamment refusé toute force internationale d’interposition ?

La seule explication possible, c’est que l’objectif fondamental constamment poursuivi par Israël, c’est sa mainmise totale à terme sur la Cisjordanie et la bande de Gaza.

5. Il est même tout à fait possible que dans ce nouveau contexte l’attentat du World Trade Center du 11 septembre 2001 n’aurait pas eu lieu.

6. Sur tous les points ci-dessus voir mon nouvel ouvrage "Nouveaux Combats pour l’Europe, 1995-2002 ", Editions Clément Juglar (62, avenue de Suffren, Paris 75015, tél. 01 45 67 18 38 ).

Page 47: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

TROIS ERREURS MAJEURES

Trois erreurs majeures sont constamment commises dans les débats politiques et

elles l’ont été tout particulièrement lors des dernières élections.

La confusion entre le libéralisme et la chienlit laissez-fairiste de la mondialisation libre-échangiste

Tout d’abord on confond constamment le libéralisme et la chienlit laissez-fairiste de la mondialisation libre-échangiste. Cependant pour l’essentiel le libéralisme ne se réduit

pas à une doctrine économique. C’est fondamentalement une doctrine politique dont l’essence est de définir les conditions sous lesquelles les hommes peuvent vivre

ensemble. L’organisation économique n’en constitue qu’un chapitre et elle a pour objet de préciser le système institutionnel dans lequel prennent place toutes les actions économiques dans le cadre d’une économie de marchés.

En fait, le fonctionnement de l’économie de marchés est inséparable de son cadre

institutionnel. L’économie de marchés institutionnelle est ainsi totalement différente de la chienlit laissez-fairiste du libre-échangisme mondialiste, et elle n’a rien de

commun avec elle ( 1 ).

Calcul économique et écologie

La seconde erreur tout aussi essentielle est de penser qu’un calcul économique correct dans une société libérale ne tiendrait pas compte et même pourrait être

contradictoire avec les données écologistes.

Tout au contraire ce qu’enseigne la science économique, c’est qu’un calcul économique correct doit tenir compte non seulement des coûts directs, généralement

seuls considérés, mais également des coûts externes qui en fait correspondent aux préoccupations des écologistes, et qui incluent aussi les coûts psychologiques, de

loin très supérieurs aux valeurs monétaires, que peuvent impliquer pour les agents économiques certaines décisions d’ordre économique, notamment dans tous les cas de licenciement.

Un autre exemple particulièrement significatif en est celui du tunnel du Mont Blanc.

C’est en effet une très grave erreur de ne pas tenir compte dans les calculs de rentabilité de tous les coûts externes considérables correspondant aux dommages

subis par les riverains de la vallée de Chamonix. Les péages pratiqués sont ainsi tout

à fait insuffisants.

Une identification abusive

Une troisième erreur, c’est d’identifier l’Europe avec l’Europe libre-échangiste

mondialiste de l’Organisation de Bruxelles. Qui est contre cette Europe libre-échangiste mondialiste est déclaré être anti-européen et considéré comme opposé à

une évolution historique effectivement inévitable au regard des progrès de tous les moyens de communication.

Cette identification se prête évidemment à toutes les manœuvres pour tromper l’opinion publique. Elle n’en est pas moins radicalement fausse.

Page 48: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Pour les esprits lucides fondamentalement pro-européens c’est précisément l’objectif

libre-échangiste mondialiste de l’Organisation de Bruxelles qui mène l’Europe à sa perte et les défenseurs de l’Europe libre -échangiste mondialiste ne sont en réalité que les naufrageurs de l’Europe ( 2 ).

____________________

NOTES

1. Contrairement à ce que suggèrent de nombreux commentateurs dont certains n’hésitent pas à m’accuser de renier aujourd’hui ce que je préconisais hier, je n ‘ai

jamais changé d’avis.

Ainsi dans ma lettre du 10 octobre 1941 j’écrivais à Raymond Cheradame, ingénieur en

chef des mines, à la suite de ses commentaires sur la première version de 1941 de l’Introduction à mon ouvrage de 1943 "A la Recherche d’une Discipline Economique,

Première Partie, L ‘Economie Pure

"Toute liberté économique implique un cadre minimum sans lequel elle dégénère rapidement en anarchie. Je crois que personne ne peut plus maintenant, à par tir de

l’expérience des dernières années, plaider la cause du libéralisme intégral. Réclamer la liberté totale, c’est préparer l’avènement de la disparition complète de la liberté. En effet des abus, des excès ne peut résulter qu’une réaction qui entraînera une

réglementation étatique excessive qui détruira toute initiative individuelle.

Si donc l’on considère que la liberté économique est le fondement essentiel du progrès, si l’on veut la conserver comme principe de base de l’organisation

économique, il faut créer le cadre juridique dans lequel cette liberté ne puisse avoir que des effets bienfaisants et non mener au désordre comme on l’a trop souvent vu dans ces dernières années".

Telle a été ma position constante durant ces soixante dernières années. Elle reste

identiquement la même aujourd’hui.

2. Sur tous les points ci-dessus voir mon nouvel ouvrage "Nouveaux Combats pour l’Europe, 1995-2002 ", Editions Clément Juglar (62, avenue de Suffren, Paris 75015, tél.

01 45 67 18 38 ).

Page 49: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

LA DOMINATION DES MULTINATIONALES

LES DELOCALISATIONS

L’AVEUGLEMENT DES DIRIGEANTS POLITIQUES

Les multinationales et la doctrine libre-échangiste mondialiste

Comment la nouvelle doctrine du libre-échangisme mondialiste a-t-elle pu s’imposer

alors qu’en réalité elle n’a entraîné que désordres et misères dans le monde entier?

Il y a sans doute à cela trois raisons essentielles : un enseignement erroné dans toutes les universités du monde, une funeste confusion entre libéralisme et laissez -

fairisme, la domination des multinationales américaines.

Dans mes précédentes publications ( 1 ), j’ai analysé les conceptions erronées sur lesquelles s’appuient les partisans de la doctrine libre-échangiste mondialiste, erreurs largement enseignées dans toutes les universités du monde à la suite des universités

américaines. J’ai analysé également la funeste confusion entre libéralisme et laissez - fairisme sur laquelle la nouvelle doctrine mondialiste a fondé son argumentation

politique.

Mais ces conceptions erronées, ces confusions, n’auraient jamais pu s’imposer si elles n’avaient été soutenues par les immenses moyens financiers que procurent les

délocalisations aux multinationales.

Les multinationales européennes, et celles du reste du monde, toutes bénéficiaires du libre-échangiste mondialiste, n’ont fait que suivre ici l’exemple des multinationales américaines.

C’est un fait que depuis les années soixante-dix les multinationales se sont

multipliées aux Etats-Unis, et à leur suite dans le reste du monde. Leur nombre aujourd’hui est de plusieurs dizaines de milliers ( 2 ). Pour leur presque totalité elles

ont leur siège dans les pays industrialisés. Pour certaines d’entre elles, l’existence de dizaines de filiales, réparties dans le monde entier, permet tous les abus.

Cette évolution s’est poursuivie à un rythme exponentiel. Elle a abouti à donner des

pouvoirs exorbitants et une influence politique tout à fait excessive aux sociétés multinationales dont les stratégies ne mènent que trop souvent à des résultats tout à fait incompatibles avec les intérêts nationaux.

C’est sans doute aux Etats-Unis que les pouvoirs financiers et politiques des

multinationales sont les plus puissants. Les délocalisations industrielles ont permis aux multinationales américaines de réaliser des bénéfices considérables qui ont accru

leur pouvoir et leur influence politique( 3 ).

Incontestablement les multinationales américaines pèsent d’un poids excessif, sinon exorbitant, sur la politique des Etats-Unis. Ce sont elles qui ont fini par imposer aux gouvernements américains successifs leur idéologie libre-échangiste, source de leurs

profits. Ce sont elles qui ont réussi à dominer par personnes interposées toutes les grandes organisations internationales. Les multinationales européennes et celles de

tous les autres pays n’ont fait que suivre l’exemple des multinationales américaines.

Page 50: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

C’est là incontestablement un phénomène essentiel de notre temps que la

multiplication exponentielle d’entreprises multinationales libres de transférer leur production partout dans le monde afin de profiter systématiquement des plus bas salaires.

Des effets majeurs

Au lieu d’employer des travailleurs de leurs pays, les multinationales transfèrent leur production dans des pays à bas salaires, réduisant drastiquement leurs personnels

pour leur substituer à l’étranger des travailleurs payés à des salaires très bas aux cours des changes. Puis elles réimportent et vendent dans leurs pays d’origine les produits ainsi fabriqués à l’étranger à bas prix.

Cette politique a entraîné aux Etats-Unis des effets analogues à ceux constatés en

Europe. Les délocalisations ont entraîné une baisse des effectifs industriels dans la population active américaine d’environ 32,6 % en 1974 à 27,5 % en 1997, soit une

baisse de l’ordre de 16 %, alors que ce pourcentage s’était é levé d’environ 25,7 % en 1950 à 32,6 % en 1974, en augmentation d’environ 27 %( 4 ). Parallèlement l’inégalité s’est considérablement accrue aux Etats-Unis ( 5 ).

Le credo libre-échangiste

L’objectif du libre-échangisme mondialiste est de créer un marché mondial des marchandises, des services, des capitaux, et du travail. Le principe en est que

n'importe quoi peut être fabriqué n’importe où dans le monde et vendu n’importe où ailleurs. Le libre-échange mondial est devenu un principe sacro-saint de la théorie

économique moderne, un dogme universel, véritable religion dont il est interdit de mettre en cause les prémisses.

La presque totalité des économistes et des hommes politiques sont totalement dominés, et à vrai dire envoûtés, par cette doctrine. Cette doctrine est soutenue tous

les jours par tous les médias que contrôlent plus ou moins ouvertement les multinationales bénéficiaires du libre-échange mondialistes.

Les défenseurs de la nouvelle doctrine confondent la rentabilité des multinationales

avec la bonne santé de l’économie mondiale. Ils en arrivent à considérer que les profits des grandes multinationales et le niveau de leurs cours de bourse constituent un indicateur fiable de la bonne santé de l’économie et de la société.

Une réalité indiscutable

En fait, ce que l’on constate, c’est que le commerce international est dominé par les intérêts des multinationales et non par les intérêts des nations dans leur ensemble. Ce

que l’on constate, c’est que l’économie mondiale est organisée au bénéfice des multinationales et non pas pour satisfaire les besoins fondamentaux des communautés nationales.

Aujourd’hui coexistent deux économies distinctes, celle des grandes multinationales, et celle des nations. Leurs intérêts ne sont pas seulement différents. Ils sont antagonistes. A mesure que les multinationales délocalisent leur production dans des

régions à bas salaires au cours des changes, elles détruisent des emplois dans leur propre économie nationale.

Page 51: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Dans ce système les perdants sont non seulement tous ceux qui sont réduits au

chômage par suite des délocalisations, mais également tous ceux qui perdent leur emploi parce que leur employeur, n’ayant pas délocalisé, se trouve ruiné. Ce sont également tous ceux dont les salaires sont réduits par la concurrence des pays à bas

salaires.

Les gagnants sont tous ceux qui peuvent obtenir des profits énormes en utilisant des sources pratiquement inépuisables de travail à très bon marché. Ce sont les sociétés

qui délocalisent, celles qui peuvent payer des moindres salaires, e t celles qui ont des capitaux à placer là où le travail est moins cher et où elles peuvent s’assurer ainsi une meilleure rentabilité. Ce sont les dirigeants des multinationales et leurs actionnaires

qui partout sont favorables au libre-échangisme mondialiste. Ce sont eux qui effectivement s’enrichissent.

En réalité il nous faut distinguer entre les intérêts des groupes qui dominent la

politique, l’administration et les affaires, et les intérêts des peuples. Les véritables besoins de chaque pays sont subordonnés de fait aux intérêts des multinationales, et

à vrai dire aux intérêts des dirigeants des multinationales.

La responsabilité des dirigeants politiques

Ce système insensé ne se maintient que grâce à la complicité ou à l’aveuglement des dirigeants politiques.

Ce sont eux en définitive, et eux seuls, qui sont responsables des conséquences du

libre-échangisme mondialiste, car ce sont eux qui par leurs fonctions sont en charge de définir le cadre institutionnel des économies.

Le cas de la France

En France les partisans du libre-échange mondialiste soulignent que grâce aux importations à bas prix en provenance des pays à bas salaires les prix dans les grandes surfaces ont pu être considérablement abaissés.

C’est là effectivement ce que l’on voit, mais, comme le disait autrefois Frédéric

Bastiat, ce qu’on ne voit pas, c’est l’accroissement correspondant du nombre des chômeurs qu’il faut faire vivre et dont les allocations sont financées par des impôts

accrus. Ce que l’on ne voit pas, c’est aussi la destruction progressive de l’industrie.

Certains nous disent que la destruction des emplois dans l’industrie peut être compensée et au delà par la création d’emplois dans l’hôtellerie et le tourisme et

qu’une grande partie des écoles d’ingénieurs pourrait être remplacée par des écoles hôtelières.

En fait, tous ces arguments s’effondrent dès que l’on examine les données de l’observation. Dans mon ouvrage de 1999, La Mondialisation. La destruction des

emplois et de la croissance ( 6 ), j’ai présenté trois Graphiques sur l’économie française tout à fait essentiels ( 7 ).

[ NOTA du Webmaster : le lecteur trouvera ces graphiques au chapitre "Mondialisation" en cliquant ci dessous ]

Page 52: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Le premier Graphique montre que de 1974 à 1997 le pourcentage des emplois dans

l’industrie relativement à la population active est passé de 27,61 % à 16,24 %, soit une baisse de 41 %.

Les emplois industriels constituent une catégorie qu'il convient d'examiner à part :

En 1997, le pourcentage des emplois industriels dans la population active est tombé à 16,2 %, en baisse de 41 % par rapport à 1974, chiffre absolument spectaculaire et

atterrant.

Page 53: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Parallèlement le second Graphique montre que le taux de sous-emploi total dans la

population active (compte tenu du traitement social du chômage) est passé de 3,39 % en 1974 à 23,6 % en 1997, en hausse de 696 %. On constate que la destruction des emplois dans l’industrie n’a été nullement compensée par la création d’autres emplois.

LE CHÔMAGE OFFICIEL ET LE CHÔMAGE RÉEL (Période 1950 - 1997)

La courbe de gauche représente l'évolution du nombre total de chômeurs en France,

au sens du B.I.T. (chiffre officiel).

La courbe de droite représente l'évolution du nombre total des sans-emploi, tenant compte de ceux qui sont éliminés des statistiques par le traitement social du

chômage (chiffre réel).

Page 54: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Le troisième Graphique montre que le taux de croissance du Produit intérieur brut réel

qui était de 4,9 % de 1950 à 1974 est passé à 2,27 % de 1974 à 1997, soit une baisse de 54 %. Si le taux de croissance de 4,9 % s’était maintenu à partir de 1974 le Produit intérieur brut réel aurait été de 84 % plus élevé en 1997 et le Produit intérieur brut réel

par habitant aurait été de 64 % plus élevé ( 8 ).

VARIATION DU PRODUIT INTÉRIEUR BRUT

On constate aussi une destruction évidente du taux de croissance et du Produit Intérieur Brut.

Ces données démontrent combien la politique libre-échangiste de l’Organisation de

Bruxelles à partir de 1974 a été désastreuse pour la France.

Les mesures protectionnistes des Etats-Unis en 2002

En fait, des effets analogues se sont constatés aux Etats-Unis.

Au regard des prochaines élections américaines, le Président Bush a pris des

mesures protectionnistes draconiennes en élevant de 20 % le taux d’imposition sur les importations d’acier aux Etats-Unis et en augmentant massivement les subventions à l’agriculture.

Contrairement à ce qui est affirmé partout les autorités américaines ont entièrement

raison aujourd’hui de s’opposer à la destruction d’activités essentielles pour les Etats -Unis, mais cette politique montre combien ils ont eu tort d’imposer au monde par la

voie de l’OMC un libre-échangisme mondialiste sous la pression de leurs multinationales ( 9 ).

Page 55: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

__________________

NOTES

1. Voir notamment mon ouvrage de 1994, Combats pour l’Europe. 1992-1994, Editions

Clément Juglar, (62, avenue de Suffren, Paris 75015, tél. 145675806).

2. Allais 1994, Combats pour l’Europe. 1992-1994, p. 416 et p. 459, note 87.

3. C’est ce qui explique les taux de rentabilité extravagants de 15 % que les multinationales américaines ont pu assurer aux fonds de pension américains !

4. Economic Report of the President, february 1998, p. 327 et 334.

5. Allais 1994, id., p. 390.

Un américain sur dix avait en 1999 un revenu réel inférieur à son revenu de 1997. Les

classes moyennes (6 américains sur 10) ont vu leur revenu réel augmenter de 8 % par rapport à 1997. Au sommet de l’échelle des revenus, 20 % des américains ont un

revenu réel supérieur de 43 % par rapport à cette date, et un américain sur 10 a vu son revenu réel augmenter de 115 % sur la même période.

Le rapport de la rémunération moyenne après impôt d’un président de société et celle

d’un ouvrier d’usine est passé de 42 en 1980 à 419 en 1998.

Jamais l’inégalité n’a été aussi forte depuis 1945.

(International Herald Tribune du lundi 6 septembre 1999 et Le Figaro du mardi 7 septembre 1999).

6. Allais, 1999, La Mondialisation, La destruction des emplois et de la croissance,

Editions Clément Juglar, (62, avenue de Suffre, Paris 75015, tél. 0145675806).

7. id., Graphique IX~’<, p. 123 ; Graphique VI*, p. 115 ; et Graphique XIIP’<, p. 137.

8. Les données statistiques correspondant à ces calculs sont présentées dans VAnnexe Il de mon ouvrage de 1999, La Mondialisation. La destruction des emplois et de la croissance, p. 340, 343 et 344. Voir également le Graphique Il de la page 195,

représentatif de la perte de croissance de 1974 à 1997.

9. Sur tous les points ci-dessus voir mon nouvel ouvrage "Nouveaux Combats pour l’Europe, 1995-2002", Editions Clément Juglar (62, avenue de Suffren, Paris 75015, tél.

01 45 67 18 38 ).

Page 56: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

LA MONDIALISATION

La destruction des emplois

et de la croissance

L'évidence empirique

Ouvrage publié en 1999 aux Éditions Clément Juglar

62, Avenue de Suffren 75015 PARIS

Il ne nous est pas possible de reproduire ici tous les détails de cette œuvre maîtresse,

et de donner l'ensemble de l'argumentation de Maurice ALLAIS qui occupe 647 pages d'un livre très dense. Le lecteur intéressé devra acheter l'ouvrage. De nombreuses

librairies existent sur le net.

______________________________

Dès la page de garde, Maurice ALLAIS donne le ton :

CE LIVRE EST DÉDIÉ

AUX INNOMBRABLES VICTIMES

DANS LE MONDE ENTIER

DE L'IDÉOLOGIE LIBRE-ÉCHANGISTE MONDIALISTE,

IDÉOLOGIE AUSSI FUNESTE QU'ERRONÉE,

ET A TOUS CEUX QUE N'AVEUGLE PAS

QUELQUE PASSION PARTISANE.

Page 57: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

SOMMAIRE DE L'OUVRAGE

1. ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE DE LA FRANCE DE 1950 A 1997

1.1 LE CHÔMAGE

1.1.1 Chômage officiel et chômage réel

1.1.2 La population active

1.1.3 Comparaison avec la moyenne européenne

1.2 LES EMPLOIS DANS L'INDUSTRIE

1.3 LE PRODUIT INTÉRIEUR BRUT

2. EXAMEN DES COURBES ET PREMIÈRES CONCLUSIONS - LA CASSURE DE

1974

3. LES CONCEPTIONS ERRONÉES

3.1 GÉNÉRALITÉS

3.2 LES TRAITÉS EUROPÉENS

3.2.1 Les objectifs

3.2.2 Les moyens proposés par les traités

4. LE REMÈDE

4.1 LES PSEUDO-SOLUTIONS

4.2 NÉCESSITE D'UNE NOUVELLE POLITIQUE ET D'UN CADRE

INSTITUTIONNEL

4.3 LA PREFERENCE COMMUNAUTAIRE

4.2.1. Préférence tarifaire

4.2.2. Préférence contingentaire

Page 58: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Maurice Allais a dépouillé les statistiques françaises en prenant comme point de

départ l'année 1950. Les statistiques en sa possession s’arrêtent généralement à 1997.

L'auteur commence son analyse par une description, pendant cette période, de l'évolution de la situation économique de la France, basée sur ces statistiques, et en observe toutes les particularités. Il recherche les raisons qui ont conduit à la situation

actuelle.

Après avoir examiné la situation française, il étend cette analyse à l'Europe et au Monde, et bâtit ce qu'il estime être le meilleur système économique pour tous.

1. ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE DE LA FRANCE DE 1950 A 1997

1.1 LE CHÔMAGE

Il y a officiellement près de 3 millions de chômeurs en France. En fait, le traitement social du chômage a éliminé des statistiques un nombre à peu près égal de personnes

et, finalement, le sous-emploi touche de 5 à 6 millions de personnes.

Jamais, la France ne s'est trouvée en temps de paix dans une situation économique aussi dramatique.

Ce sous-emploi massif fausse complètement la répartition des revenus, aggrave les

inégalités sociales, tandis que certains s'enrichissent indûment. Il crée l'insécurité et la violence. Il compromet la promotion sociale. Au surplus, une immigration extra communautaire excessive n'est pas sans saper la cohésion du corps social.

Les forces de désagrégation sociale sont aujourd'hui bien plus fortes que celles qui se

constataient à la veille de la Révolution Française.

1.1.1 LE CHÔMAGE OFFICIEL ET LE CHÔMAGE RÉEL (Période 1950 - 1997)

La courbe de gauche représente l'évolution du nombre total de chômeurs en France, au sens du B.I.T. (chiffre officiel).

La courbe de droite représente l'évolution du nombre total des sans-emploi, tenant compte de ceux qui sont éliminés des statistiques par le traitement social du chômage (chiffre réel).

Page 59: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

1.1.2 LA POPULATION ACTIVE

Dans le même temps, la

population active a également progressé. Il est nécessaire d'en

tenir compte (graphique de gauche)

En tenant compte de l'augmentation de la population

active :

- le chômage, au sens du B.I.T. est passé de 2,84 à 12,45 % de

1974 à 1997 - soit un accroissement de 1 à 5 Ŕ

(graphique ci-dessous à droite)

- le sous emploi total est passé de 3,39 à 23,6 %

pendant la même période - soit un accroisse-ment de 1 à 7 Ŕ (graphique ci-dessous)

Page 60: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

1.1.3 COMPARAISON AVEC LA MOYENNE EUROPEENNE

1.2 VARIATION DU NOMBRE DES EMPLOIS DANS L'INDUSTRIE

Les emplois industriels

constituent une catégorie qu'il

convient d'examiner à part :

En 1997, le

pourcentage des emplois

industriels dans la population active est tombé

à 16,2 %, en baisse de 41 %

par rapport à 1974, chiffre absolument

spectaculaire et atterrant.

Les courbes précédentes concernent la France, mais il est tout à fait intéressant et symptomatique de constater que la tendance moyenne européenne est tout à fait parallèle et du même ordre que celle constatée en France.

Notons en passant que Maurice Allais déplore qu'il n'y ait encore aujourd'hui aucun annuaire statistique européen digne de ce nom. Après 40 ans, avec plus de 20 000 agents, la Commission Européenne n'a toujours pas fait ce travail essentiel.

Page 61: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

1.3 VARIATION DU PRODUIT INTÉRIEUR BRUT

On constate aussi une destruction évidente du taux de croissance et du Produit Intérieur Brut.

2. EXAMEN DES COURBES ET PREMIÈRES CONCLUSIONS - LA CASSURE DE 1974

En examinant les courbes précédentes, on ne peut manquer d'être frappé de l'existence d'un phénomène exceptionnel et indiscutable.

Il s'est passé en 1974 un changement qui a créé une véritable cassure dans toutes les courbes, y compris celles qui concernent les nations européennes voisines.

La cause est donc extérieure à la France.

Maurice Allais a recherché quel était ce phénomène qui a eu une influence aussi considérable sur l'évolution économique de la France et de l'Europe.

On a pu évoquer diverses hypothèses :

Accords de Grenelle (Mai 1968)

Remplacement du SMIG par le SMIC (Janvier 1970)

1er choc pétrolier au moment de la guerre du Kippour (Octobre 1973)

2ème choc pétrolier au début de la guerre Irak / Iran (Septembre 1980)

Page 62: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Maurice Allais donne les raisons qui conduisent à éliminer ces hypothèses.

Finalement, il ne subsiste qu'une seule cause qui ait pu avoir des conséquences aussi

importantes et subites. C'est la modification, à partir de 1974 précisément, de la politique de l'Organisation de Bruxelles qui, sous l'influence de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, s'est délibérément orientée vers la libération mondialiste des

échanges extérieurs. C'est à partir de ce moment que les courants économiques mondiaux se sont modifiés. Les effets de ce changement ont été aggravés par la

dislocation du système monétaire international et l'instauration généralisée du système des taux de changes flottants.

Au regard des évolutions constatées de 1974 à 1997, soit pendant 23 ans, Maurice

Allais affirme que cette évolution va se poursuivre si la politique de libre-échange mondialiste de Bruxelles est maintenue.

3. LES CONCEPTIONS ERRONÉES

3.1 GENERALITES

Celui qui, aujourd'hui, ose remettre en cause la mondialisation des échanges et lui attribue la cause du chômage actuel est "politiquement incorrect". On le considère comme un demeuré, animé de misérables préjugés nationalistes, voire xénophobes, et ignorant tout de l'économie.

Il est érigé en postulat que le fonctionnement libre et spontané des marchés conduit obligatoirement à une situation optimale pour tous les pays et tous les groupes sociaux ! Ce postulat serait évident et ne nécessiterait aucune démonstration !

Ce résultat a été obtenu par un matraquage intensif de l'opinion organisé par des médias à la solde de puissants lobbies internationaux, suivis par le reste des médias et les hommes politiques, qui emboîtent le pas sans se poser de questions, et même se glorifient d'être des "libéraux", confondant ainsi le libéralisme et le laissez - fairisme.

On comprend bien pourquoi certains veulent imposer la libération des échanges. Ce système est très profitable à quelques groupes de privilégiés. Mais pendant que certains s'enrichissent, les forces vitales de la nation s'appauvrissent. Au surplus, cette conception entraîne la glorification du culte de l'argent, favorise l'apparition d'un capitalisme sauvage, engendre des inégalités croissantes, et contribue de ce fait à la désagrégation morale. Elle témoigne d'une méconnaissance totale des conditions économiques et éthiques qu'implique une société humaniste et vraiment libérale.

3.2 LES TRAITES EUROPEENS

3.2.1 Les objectifs fixés par les Traités

Les objectifs fondamentaux du Traité de Rome (1957) sont rappelés dans son article 2 : [...] promouvoir un développement harmonieux des activités économiques dans

l'ensemble de la communauté, une expansion continue et équilibrée, une stabilité accrue, un relèvement des niveaux de vie [...]

Page 63: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Le Traité de Maestricht (1992) est plus contraignant encore. On y ajoute :

[...] un haut degré de convergence des performances économiques, un niveau

d'emploi et de protection sociale élevé, le relèvement du niveau et de la qualité de la vie, la cohésion économique et sociale et la solidarité entre les Etats membres [...]

Le Traité d'Amsterdam reprend ces mêmes objectifs.

3.2.2 Les moyens proposés par les Traités

Il n'y a rien à dire sur les objectifs ambitieux qui précèdent. L'ennui est que les articles

suivants de ces mêmes traités qui fixent les moyens à employer - en particulier l'article 110 du Traité de Rome - ont été rédigés, sans doute en raison de l'ignorance des rédacteurs, en s'inspirant des accords du GATT (1947), conçus eux-mêmes sous

influence américaine, et qui ne permettent pas d'atteindre ces objectifs et même leur sont contraires.

La même erreur a été commise en 1960 dans la rédaction de la convention de

l'O.C.D.E.

C'est toute la construction européenne qui est viciée à la base par ces propositions erronées, admises à l'époque sans discussion. Ces propositions se fondent sur

l'application erronée d'une théorie correcte : La Théorie des Coûts comparés.

Lorsque l'on se rappelle que Maurice Allais est l'inventeur de la Théorie des Coûts comparés, qui lui a valu d'obtenir en 1988 le Prix Nobel de Sciences Economiques, on est bien obligé d'admettre qu'il est bien placé pour en faire l'application, ou contester

l'application qui en est faite.

Maurice Allais explique en détails dans son livre en quoi la Théorie des Coûts comparés a été mal appliquée. Cela dépasse le cadre du présent résumé et le lecteur

qui voudrait approfondir ce sujet pourra se reporter à l'ouvrage (pages 228 et suivantes).

4. LE REMÈDE

4.1 LES PSEUDO-SOLUTIONS

Les pseudo-remèdes ne cessent de proliférer.

- On nous dit, par exemple, que le chômage serait moindre si on diminuait les salaires, et tout particulièrement ceux des salariés les moins qualifiés. Cela ne

manquerait pas de mettre en péril la paix sociale et est pratiquement impossible. Que de grands organismes internationaux comme l'OCDE, l'OMC, le FMI ou la Banque

Mondiale puissent préconiser une telle solution est tout simplement atterrant.

- On nous dit encore qu'il suffit de réduire le temps de travail. Outre que les hommes ne sont pas parfaitement substituables les uns aux autres, une telle solution néglige le

fait indiscutable que trop de besoins restent insatisfaits. Ce n'est pas en travaillant moins que l'on pourra y faire face. Comme, en outre, les intéressés ne veulent pas

gagner moins, il faudra compenser la différence par des prélèvements accrus. Où est l'avantage ?

Page 64: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

- D'autres suggèrent le retour à une certaine inflation. Lutter contre les effets du libre-

échangisme mondial par une expansion monétaire et par l'inflation relève d'une illusion et d'une méconnaissance profonde de la situation actuelle qui n'a rien de commun avec la crise des années 30.

On peut également remarquer que le recours à ces pseudo-solutions conduit irrésistiblement à des mesures de plus en plus dirigistes et autoritaires qui,

automatiquement, conduisent à des réactions de plus en plus violentes.

4.2. NÉCESSITÉ D'UNE NOUVELLE POLITIQUE ET D'UN CADRE INSTITUTIONNEL

La libération totale des échanges à l'échelle mondiale, objectif affirmé de l'OMC, doit être considérée à la fois comme irréalisable, comme nuisible et comme non souhaitable. C'est une gigantesque et tragique mystification. La réalité est que la Mondialisation est la cause majeure du chômage massif et des inégalités qui n'ont cessé de se développer. L'application de la nouvelle doctrine s'accompagne en outre du développement de gigantesques bulles financières aggravées par l'instabilité potentielle du système financier et monétaire mondial.

La libération des échanges n'est possible, n'est avantageuse, n'est souhaitable que dans le cadre d'ensembles régionaux économiquement et politiquement associés, groupant des pays de développement économique comparable, chaque association régionale se protégeant raisonnablement vis-à-vis des autres.

Il nous faut repenser complètement notre politique sociale et les moyens de concilier éthique et efficacité. Il nous faut réviser radicalement la politique commerciale de l'Organisation de Bruxelles en la fondant sur la préférence communautaire, c'est à dire sur une protection raisonnable du grand marché communautaire. Il nous faut mettre fin au système des changes flottants et réguler le système monétaire international. Il nous faut réduire la population active étrangère extra - communautaire et remédier à une immigration démesurée.

Ce qui précède fait apparaître l'immense fossé qui sépare une analyse rationnelle de la situation et les mythologies des "vérités" établies. Il n'y a pas d'autre explication au fait que toutes les politiques mises en œuvre depuis 25 ans aient échoué. Et on peut prédire en toute certitude que la poursuite de la politique actuelle conduira à la destruction de notre économie et à la destruction de la société française. Comme disait autrefois Jacques Rueff : Ce qui doit arriver, arrive.

4.3 LA PRÉFÉRENCE COMMUNAUTAIRE

4.3.1 SYSTÈME TARIFAIRE

Quand on parle de protection, on pense immédiatement à droits de douane et à protection tarifaire avec des tarifs compensateurs. Une telle solution est irréalisable pour deux raisons :

- d'abord, il est pratiquement impossible de procéder à une évaluation du prix de

chaque produit dans chaque pays. Des milliers de fonctionnaires n'y suffiraient pas. Les décisions seraient arbitraires, devraient être modifiées constamment, et seraient

très difficiles à négocier.

- ensuite et surtout, parce que le système des changes flottants rend impossible tout calcul de tarif compensateur.

Page 65: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

4.3.2 SYSTEME CONTINGENTAIRE

Le système de contingents vendus aux enchères est le système le plus facile à établir,

le plus efficace, et le plus compatible avec les principes généraux d'une économie de marchés. Le système de contingents n'implique qu'une seule décision par produit, savoir la fraction maximum de la consommation communautaire de ce produit que l'on

considère comme susceptible d'être assurée par des importations.

Il n'y aurait pas de contingents pour les produits que la communauté ne produit pas, par exemple les matières premières, les produits tropicaux et les produits artisanaux.

Pour tous les autres, la protection reposerait sur la vente aux enchères de contingents

pour chaque produit ou groupe de produits. L'objectif serait d'assurer que pour chaque produit, ou groupe de produits, un pourcentage minimal de la consommation

communautaire soit assuré par la production communautaire. La valeur moyenne de ce pourcentage pourrait être de l'ordre de 80%.

A l'intérieur de la communauté, la concurrence serait bien entendu entièrement libre.

Ce système permettrait d'éviter la disparition partielle ou totale de secteurs entiers

d'activité. Il n'y aurait aucune subvention interne. Ce système n'aurait aucun coût budgétaire.

Ce qui précède n'est qu'un bref résumé du système préconisé par Maurice Allais. Dans son livre (Appendice IV), il en détaille l'application et répond aux objections qui

pourraient lui être faites.

Page 66: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Paul Samuelson

Prix Nobel de Sciences Economiques 1970

The Wall Street Journal, Oct 19, 1988

(traduction) " Allais est une source de découvertes inédites et originales. Si ses premiers ouvrages

avaient été traduits en anglais, c'est la politique économique de toute une génération qui aurait

pris un cours différent".

Professeur Assar Lindbeck

Président du comité Nobel d'Economie

The Washington Post, Oct 19, 1988

(traduction) Allais "est la figure la plus remarquable de la recherche économique moderne en

France, en ce qui concerne la théorie fondamentale et ses applications à la définition de la

politique économique publique"....

.... C'est un géant en matière d'analyse économique fondamentale ...

.... On l'a longtemps négligé. Il a fallu du temps pour le juger, en raison du grand volume et de

la complexité de ses travaux."

Japan Times, Oct 19, 1988

(traduction) [ Ses recherches théoriques ] "ont eu un impact indirect sur la jeune génération

d'économistes français, qui ont été fortement influencés par ses travaux,"....

" C'est unanimement et avec un grand enthousiasme que le comité a fait son choix" ....

Herald Tribune, Oct 19, 1988

(traduction) "Les travaux de Mr Allais, et spécialement deux gros ouvrages publiés en 1943 et

1947, sont parallèles aux recherches effectuées par Mr Samuelson et Sir John Hicks vers la

même époque"....

" Les recherches de Mr Allais concernant les monopoles d'état sont toujours valables, malgré la

tendance actuelle de privatisations, notamment en France et en Grande Bretagne."....

Page 67: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Professeur Assar Lindbeck

Président du comité Nobel d'Economie

The New York Times, Oct 20, 1988

(traduction) " Mr Allais est non seulement le père de la nouvelle école économique française, c'est

aussi un géant dans le monde de l'analyse économique"....

" L'analyse économique de Mr Allais a contribué aux décisions dans le domaine des prix et des

investissements prises par les jeunes économistes des entreprises d'état qui ont proliféré en

Europe de l'Ouest après la IIème guerre mondiale"....

" Toutes les décisions de prix et d'investissement ont visé à procurer un service à la fois

socialement efficace et économiquement viable. Elles doivent une dette indirecte aux travaux de

Mr Allais"....

" Cette reconnaissance internationale des travaux de Mr Allais a été retardée en partie en raison

de l'importance et de la complexité de ses travaux, mais aussi à cause de leur publication en

français"....

" Les travaux de Mr Allais ont servi de point de départ à l'analyse mathématique des marchés et

de l'efficacité sociale effectuée par l'un de ses anciens élèves, Mr Gérard Debreu, et par Mr

Kenneth Arrow"....

Thierry de Montbrial

Membre de l'Institut - Académie des Sciences Morales et Politiques

Discours prononcé le 23 mars 1989 dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne en hommage à Maurice Allais.

" .... Je souhaite ardemment qu'une édition de ses œuvres complètes puisse être mise en

chantier"....

Michel Rocard

Premier Ministre de la République Française

Discours prononcé le 23 mars 1989 dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne en hommage à

Maurice Allais

" .... Certaines chapelles méritent sans doute les critiques adressées à une conception scolastique

du travail intellectuel."....

" .... L'analyse économique est une discipline qui [...] doit dans le monde moderne nous aider à

faire progresser une économie mixte dans laquelle interfèrent les ajustements du marché et les

initiatives publiques. C'est pourquoi, je suis tenté en conclusion de me référer à Pierre Mendès -

France qui écrivait en 1954, dans son ouvrage La science économique et l'action : " Le progrès tel

que nous le concevons aujourd'hui exige de nouveaux critères destinés à mieux servir l'intérêt

général". C'est un appel toujours valable" ....

Page 68: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Thierry de Montbrial

Membre de l'Institut - Académie des Sciences Morales et Politiques

Discours prononcé le 19 Octobre 1989 lors de la remise à Maurice Allais de son épée d'académicien.

" .... Depuis près de cinquante ans, Allais n'a cessé de développer l'idée que l'union politique [de

l'Europe] devait précéder l'union économique ou, tout au moins, se développer en parallèle. Le

libéralisme économique ne peut être que proportionnel, si l'on ose dire, à l'organisation

politique"...

".... Toute sa vie, Maurice Allais, n'a cessé de penser par lui-même. Il n'a fait aucune concession

à l'esprit du temps. Sa carrière en a souffert et sa reconnaissance, éclatante, a é té tardive. Il a

payé cher une honnêteté scrupuleuse qui force l'admiration"....

Madame Alice Saunier-Seïté

Ministre des Universités

Discours prononcé le 13 mars 1979 lors de la remise à Maurice Allais de la médaille d'or du Centre National de la Recherche Scientifique

" .... L'enjeu est de taille dans nos sociétés où l'idéologie imprègne et contamine la démarche

scientifique et compromet le progrès scientifique et social et la liberté de penser. Dans cette

situation où la science - et point uniquement les sciences sociales - est contaminée par l'idéologie,

vous avez toujours affirmé la distinction entre l'une et l'autre"....

" .... Les économistes de talent, ou tout simplement compétents, sont la plus rare des espèces...

Le maître en économie doit posséder une rare combinaison de talents... Il doit être

mathématicien, historien, homme d'état, philosophe... Il doit à la fois être tendu vers un but

pratique et totalement désintéressé... L'ampleur et l'originalité de votre œuvre, son influence

sur une génération d'économistes, enfin la force de votre rayonnement en France et à l'Etranger,

font de vous, monsieur le professeur, ce maître en économie, selon Keynes, et ce modèle"....

Michel Gendrot

Ingénieur civil du Génie Maritime

Courrier paru dans Le Figaro du 29 décembre 1999 Mondialisation

Depuis des mois, notre prix Nobel d'économie, Maurice Allais, dans de très nombreux articles

parus dans Le Figaro, expose ses vues sur ce qu'il pense être une grave erreur dans la conduite

mondialiste de l'économie, telle qu'elle est pratiquée par les instances européennes avec

l'assentiment de la France. Il fournit à ce sujet de nombreux arguments.

La plupart des lecteurs du Figaro ne sont pas suffisamment experts pour formuler une opinion,

mais ce qui me frappe c'est l'absence totale d'échos soulevés par ces articles, de la part de

quelques personnes qui se disent spécialistes en matière d'économie. De la part du

gouvernement, le refus d'engager le dialogue me paraît couvrir un grand embarras et dénote une

opacité indigne d'un comportement démocratique. Les Français ont le droit d'être renseignés et

de connaître les arguments des uns et des autres. Ceux qui sont fournis par Maurice Allais, et

notamment la destruction de pans entiers de l'économie française peuvent être constatés par

tous. Il a sûrement raison sur le court terme. A-t-il tort à moyen ou à long terme ? Allons-nous

mourir guéris ?

Page 69: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Michel Gendrot

Ingénieur civil du Génie Maritime

Courrier paru dans Le Figaro du 27 janvier 2000

Moulinex et Maurice Allais

Les tribulations de la société Moulinex constituent un cas d'école qui devrait bien nous donner à

réfléchir. Dans son dernier exercice, la société a fait 383 millions de francs de perte. Le dirigeant

de cette société est obligé de choisir entre la peste et le choléra. Ou bien il continue à vendre à

perte ses excellents fers à repasser et aspirateurs qu'il fabrique en France, et dans ce cas il met

en péril la vie de sa société et se dirige vers le dépôt de bilan. Ou bien il décide de faire fabriquer

les fers à repasser au Mexique et les aspirateurs en Pologne, et dans ce cas il sauve sa société, au

moins pour un temps. Mais dans les deux cas cela fait des chômeurs supplémentaires. Dans tous

les cas de figure la France joue perdant.

Maurice Allais - Prix Nobel d'Economie 1988 - ne dit rien d'autre lorsqu'il dénonce les méfaits

de la mondialisation sans freins ni retenues qui détruit des pans entiers de notre économie.

Comment les entrepreneurs français pourraient-ils résister à la concurrence de pays où les

salaires sont jusqu'à 10 fois inférieurs aux nôtres, sans parler de l'agriculture où la différence

peut aller de 1 à 50 ? C'est évidemment impossible.

On ne sait pour quelle raison, certains - et non des moindres - ont caricaturé la pensée de

Maurice Allais en lui faisant dire qu'il souhaitait une sorte d'autarcie. C'est complètement faux.

J'ai eu le privilège d'entendre récemment Maurice Allais. C'est un européen qui prône

simplement un retour à la préférence européenne telle qu'elle était prévue à l'origine par les

fondateurs. Sa vision est celle d'une sorte de "régionalisation" du monde, où chaque région

serait une zone analogue à notre Union Européenne, constituée d'Etats de niveaux sociaux et

économiques comparables. A l'intérieur de chaque région le libre-échange serait total ....

Pascal Lamy

Commissaire européen pour le Commerce Extérieur

Lettre du 7 mars 2000 adressée à Michel Gendrot

"... Je partage votre analyse selon laquelle nous ne devons pas céder naïvement aux sirènes

d'une ouverture incontrôlée de nos frontières.

A la tête des services commerciaux de la Commission européenne, je m'efforce d'organiser cette

ouverture dans un sens qui soit le plus favorable possible à nos entreprises et à nos emplois. C'est

cette ouverture "contrôlée" qui nous permet de remporter des grands succès à l'exportation

dans des secteurs comme les télécommunications, l'aéronautique ou des industries de luxe où de

très nombreuses PME animent notre tissu industriel"....

Page 70: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Marc Blondel

Secrétaire Général du Syndicat Force Ouvrière

Lettre du 7 février 2000 adressée à Michel Gendrot

" J'ai pris connaissance de votre note Moulinex et Maurice Allais. Puis-je m'autoriser à vous

indiquer que les analyses de cet économiste - Prix Nobel de 1988 - ne nous sont pas inconnues et

nous les prenons en considération.

Personnellement, je n'hésite pas à m'interroger publiquement sur le comportement des

dirigeants politiques nationaux (y compris dans les pays industrialisés) par rapport à la

mondialisation, au point où je crains, à terme, des schismes entre le comportement des Premiers

Ministres et le suffrage universel, ce qui poserait le problème de la démocratie.

Par ailleurs, je ne manque pas une occasion d'écrire que l'Europe est l'élément avancé du

libéralisme à l'anglo-saxon : la volonté de déréglementation et le dumping social comme élément

de régulation et d'ajustement confirment ce jugement.

J'ai l'honneur de participer aux activités du Bureau International du Travail, en tant que

membre du Conseil d'Administration au titre des travailleurs français. C'est un sujet que nous

abordons régulièrement [....] Mais ce genre de question n'intéresse que modérément

l'information qui se situe plus sur l'événementiel que sur le fond".

François Hollande

Premier Secrétaire du Parti socialiste

Lettre du 29 février 2000 adressée à Michel Gendrot

" Le point de vue que vous exposez sur la mondialisation est très intéressant, et à mon sens très

pertinent. Comme vous, je pense en effet que, sans faire de la mondialisation un épouvantail et

du protectionnisme une solution, nous devons défendre au sein d'organismes volontiers

dérégulateurs comme l'OMC, les principes de la construction européenne. La mobilisation des

organisations syndicales à Seattle est un signe positif de cette prise de conscience que vous

appelez de vos vœux. Je ne doute pas qu'elle se renforcera encore à l'avenir".

Michèle Alliot-Marie

Président du Rassemblement pour la République

Lettre du 30 mars 2000 adressée à Michel Gendrot

" .... J'ai bien noté vos réflexions et vos craintes. La mondialisation des échanges et la

globalisation de l'Economie mondiale sont des faits qu'on peut regretter mais pas empêcher. On

peut toutefois les canaliser et en réduire les aspects négatifs.

Il n'est pas exact de prétendre que l'Union Européenne ne résiste pas aux pressions américaines.

Elle l'a montré, heureusement, plusieurs fois.

Parallèlement, nous devons approfondir les liens économiques des Etats de l'Union et préparer

l'entrée de ceux qui aspirent à nous re joindre.

Je tenais à vous préciser notre position.

Page 71: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Michel Gendrot

Ingénieur civil du Génie Maritime

Opinion diffusée en mars 2000 à cinquante personnalités du Gouvernement français, du monde

politique, financier, industriel, syndical, de la presse et de la télévision.

" Les contradictions de Bruxelles

Au moment de la mise en place de l'€uro, les instances européennes ont décidé Ŕ à juste titre Ŕ

que le passage à la monnaie unique ne pouvait concerner que les Etats respectant certains

critères de convergence, entre autres : plafond de l'inflation, ratios de la dette, du déficit public,

etc… Ces règles étaient nécessaires non seulement pour la cohérence et la solidité de la monnaie

unique, mais aussi pour obtenir entre les états de la zone €uro une harmonisation de la

concurrence.

Mais, simultanément, comme on vient de le voir lors du fiasco de l'O.M.C. à Seattle et même plus

récemment à Davos, ces mêmes instances européennes, se soumettent pratiquement à la volonté

des U.S.A. et se dirigent vers une mondialisation généralisée.

Comment ne pas se rendre compte que ces deux attitudes sont rigoureusement contradictoires et

incompatibles !… D'une part et à juste titre, on fait en sorte d'harmoniser la concurrence à

l'intérieur de l'Union, de manière à ce qu'elle soit loyale et constructive susceptible de provoquer

une croissance saine s'appuyant sur 300 millions d'habitants. D'autre part, on rend la

concurrence insupportable, déloyale et destructrice avec le reste du monde . Cela dépasse

l'entendement. La Commission de Bruxelles voudrait détruire l'Europe qu'elle ne procéderait

pas autrement. Sont-ils fous, sont-ils aveugles ou sont-ils incompétents ? Nos hommes politiques

français sont favorables à la construction de l'Europe. Ils doivent prendre conscience de cette

contradiction fondamentale : les mondialistes sont des anti-européens [...]

On peut être assurés que, dans une telle circonstance, le Général de Gaulle n'aurait pas commis

une erreur aussi grossière et aussi contraire aux intérêts de la France et de l'Europe. N'est-ce pas

lui qui avait retardé l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun pour la raison que

ce pays était trop farouchement libre-échangiste ? A coup sûr, il se serait mis en travers de

l'O.M.C. et, une fois de plus, il aurait osé dire : Non" ....

Page 72: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Michel Gendrot

Ingénieur civil du Génie Maritime

Opinion diffusée en mars 2000 à cinquante personnalités du Gouvernement français, du monde politique, financier, industriel, syndical, de la presse et de la télévision.

" La mondialisation, quelle mondialisation ?

Nous ne pourrons pas échapper à ce débat qui est pour nous d’une importance vitale. Les

tenants de la mondialisation nous disent : regardez la vitalité de notre économie, la croissance est

bien engagée, le chômage diminue, 5 millions de personnes en France travaillent pour

l’exportation, cela nous rapporte de l’argent et notre balance du commerce extérieur n’a jamais

été aussi florissante, etc… Tout ceci est exact.

D’autres disent : la mondialisation détruit des pans entiers de notre économie, elle engendre une

concurrence entièrement faussée car nos entreprises ne peuvent pas concurrencer des pays dont

les salaires sont 10 fois inférieurs aux nôtres ; seules les industries de très haut niveau

technologique tirent, pour l’instant, leur épingle du jeu ; si de l’argent rentre il profite

essentiellement aux financiers mais pas à nos ouvriers qui sont mis sur le pavé par les

délocalisations inévitables ou par les dépôts de bilan, etc... Ceci est également exact.

Tous ont raison et ces deux aspects, apparemment contradictoires ne le sont pas :

les premiers décrivent certains aspects positifs de la situation conjoncturelle actuelle. les seconds soulignent que, si l’on persiste dans la voie de la mondialisation, les aspects

négatifs et destructeurs déjà très perceptibles ne pourront que s’aggraver dans l’avenir.

Cette dualité complique singulièrement l'analyse du problème. C'est sans doute pourquoi la

plupart des économistes de France - à part Maurice Allais, prix Nobel de Sciences Economiques

1988 - préfèrent prudemment se taire de crainte de se tromper …

Aux tenants de la mondialisation, on peut répondre que la situation n’est pas aussi idyllique

qu’ils le prétendent. Il est exact que 5 millions de personnes travaillent en France pour

l’exportation, mais on oublie de dire aux Français que 70 à 80 % du commerce extérieur

français s’effectue avec l’Europe. Si l’on fait une règle de trois sommaire, cela donne un peu plus

de 1 million de personnes travaillant pour l’exportation mondiale, alors qu’il y a sur le pavé près

de 3 millions de chômeurs, dont beaucoup ont été mis sur le pavé précisément en raison de la

mondialisation. Le moins que l’on puisse dire c’est que la démonstration n’est guère

convaincante. Si l’on ajoute que nos exportations mondiales sont moins de la moitié de celles de

…Hong-Kong, il n’y a vraiment pas de quoi s’en gargariser. On peut ajouter également que rien

ne prouve que notre croissance n’aurait pas été égale ou même supérieure si l’on avait pratiqué

la préférence européenne et mis une protection raisonnable autour des 300 millions d’européens.

C’est ce que pense Maurice Allais qui a étudié de près la question.

" .... En moins de 50 ans, le Japon est passé d'une économie primaire à une économie de haute

technologie. Il a accaparé certains marchés mondiaux (la photo, par exemple) et il maîtrise

l'électronique de pointe. Par derrière, se profile la Chine avec 1 milliard d'individus, et plus

encore l'Inde, sans compter d’autres. Ces pays ont des élites très évoluées. Ils vont à coup sûr

progresser à pas de géants et cette progression se fera dans le secteur des hautes technologies qui

est actuellement notre seule bouée de sauvetage. Ils ont un taux de croissance 2 à 3 fois supérieur

au nôtre, qui n’est freiné que par l’importance des investissements qu’ils ont à faire. Au surplus,

leur réservoir de main d’œuvre est tellement considérable que l’on ne peut pas compter sur une

Page 73: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

augmentation rapide de leur salaire moyen. Rappelons-nous la mise en garde d’Alain Peyrefitte :

"Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera !.."

Si nous baissons la garde, si nous détruisons toute barrière, si nous laissons ces pays nous

concurrencer sans limites ni retenues avec leurs salaires 10 fois inférieurs aux nôtres, le résultat

est malheureusement certain : ils vont nous dévorer. Nous aurons bonne mine lorsque nous les

verrons sortir des "Ariane" (cela commence), des "Airbus", des "TGV" etc.. aussi bons que les

nôtres et à moitié prix. Il en sera dans ce domaine comme il en est dans le domaine des appareils

photo : nos industries disparaîtront. Au lendemain de la guerre, la France avait 7 "grands"

chantiers navals. Six ont dé jà disparu. Le dernier disparaîtra le jour où l’un de ces pays décidera

de s’intéresser à la construction des paquebots de luxe. Si nous ne voulons pas laisser à nos

enfants une situation qui va rapidement devenir ingérable il est urgent de faire barrage à une

mondialisation débridée et de fixer de nouvelles règles du jeu. N’oublions pas que 50 ans, c’est

demain.

L'idée de Maurice Allais Ŕ et ce n'est quand même pas le premier venu ! Ŕ est que nous devons

construire une Europe forte, homogène, constituant un marché propre et protégé contre les

désordres extérieurs. Cela n'a rien de bien nouveau : c'était l'idée des fondateurs. Pourquoi

l'avons-nous abandonnée ? Nous n'avons pas à faire de la philanthropie avec le reste du monde

sur le dos de nos enfants et nous devrions pratiquer une préférence européenne systématique. Le

marché européen est suffisamment vaste pour alimenter une croissance propre. Les études de

Maurice Allais l’ont amené à considérer qu’une croissance européenne satisfaisante Ŕ supérieure

à la croissance actuelle - serait obtenue si 80% de la consommation européenne était fournis par

la production européenne, les 20% restants étant importés. Ce système a une validité universelle

pour toute organisation régionale. Lui seul peut assurer une croissance mondiale avantageuse

pour tous.

Il n’est pas partisan d’obtenir ce résultat par un système de droits qui serait inextricable mais

par un système de préférence contingentaire. Il est du devoir des fonctionnaires de Bruxelles de

mettre au point et d’imposer à l’OMC un système de ce genre qui préserve l’avenir et nous laisse

seuls maîtres de cet avenir. C'est seulement de cette manière que nous pourrons retrouver le

plein emploi et bénéficier d’une croissance saine sans contreparties détestables. En abandonnant

toute idée de souveraineté européenne, Bruxelles consacre le triomphe de la finance

internationale, fait le malheur du peuple et détruit l’Europe.

"Mondialisme" et "Europe" sont deux termes strictement incompatibles, même si la plupart des

gens n’en ont pas encore pris conscience : Etre mondialiste, c’est être anti-européen "....

Page 74: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Michèle Alliot-Marie

Président du Rassemblement pour la République

Lettre du 15 Mai 2000 adressée à Michel Gendrot

".... Sachez que je partage votre analyse sur de nombreux points. Il est clair que l'Europe doit

trouver une parade pour que ce phénomène n'engendre pas un chômage croissant et proposer,

puis faire accepter par l'OMC des règles du jeu nouvelles.

L'Europe lutte déjà par le jeu de la globalisation de son économie. Les rapprochements ou

fusions entre grandes firmes, s'ils contribuent également à accroître un peu le chômage,

permettent une meilleure rentabilité, un maintien des coûts, voire un abaissement des prix. Cela

permet de résister à la concurrence du monde émergent.

L'avance prise par le monde occidental dans les domaines de la haute-technologie et des sciences

qui évoluent très vite ne me semble toutefois pas être rapidement réduite, même par de grands

pays comme la Chine ou l'Inde. On observe que même des pays industrialisés et

économiquement puissants comme le Japon, Taïwan, la Corée du Sud ou Singapour ne

fabriquent toujours pas d'avions de ligne ou de matériel militaire sophistiqué, qu'ils doivent au

contraire acheter au monde occidental. Des postes sont perdus, mais d'autres sont créés. Je suis

sur ce point moins pessimiste que vous ou l'économiste Maurice Allais que vous citez.

Michel Gendrot

Opinion publiée dans Le Figaro du 25 Juillet 2000 Okinawa

Mieux vaut tard que jamais. Au sommet du G8 à Okinawa, les grands de ce monde auraient pris

conscience des risques que présente la Mondialisation débridée. Voilà des années que Maurice

Allais, Prix Nobel d'Economie 1988, tire la sonnette d'alarme !…

Le même jour, nous apprenons par Le Figaro, que des sénateurs américains proposent au

Congrès un projet de loi menaçant d'interdire aux opérateurs européens des Télécoms

d'acquérir des firmes américaines. Ce qui amène l'Union Européenne à menacer de retirer ses

engagements en matière de télécoms vis à vis de l'O.M.C.

Cet incident est révélateur de la manière dont certains américains considèrent l'O.M.C. Ils

veulent imposer l'O.M.C. quand elle est favorable aux multinationales américaines et à leurs

milliers de filiales dispersées dans le monde. Ils sont contre l'O.M.C. lorsqu'elle leur est

défavorable.

Il est grand temps d'ouvrir les yeux et de considérer la Mondialisation et l'O.M.C. pour ce

qu'elles sont : une machine de guerre au service de la Finance internationale et des

multinationales, au détriment des autres.

Page 75: Maurice Allais, Un Économiste, Un Scientifique, Et Un Authentique Européen

Michel Gendrot

Ingénieur Civil du Génie Maritime

Opinion diffusée en mars 2000 à cinquante personnalités du Gouvernement français, du monde

politique, financier, industriel, syndical, de la presse et de la télévision.

La nouvelle colonisation

Il est de bon ton aujourd'hui de vouer aux gémonies le colonialisme d'il y a cinquante ans. C'est

passer sous silence les avantages indéniables qu'il a apportés aux populations locales. La

puissance coloniale, quelle ait été française, anglaise, belge, hollandaise, etc.., se donnait aussi

pour tâche de promouvoir le pays. Elle effectuait dans ces pays des investissements énormes en

matière d'infrastructures diverses : villes, chemins de fer, routes, ports, centrales électriques,

équipements administratifs, scolaires, culturels, etc… Les colons locaux n'étaient pas des

esclavagistes, c'étaient des entrepreneurs qui offraient des emplois, payaient des impôts, et

assuraient en fait la prospérité du pays. Ces emplois étaient payés modestement il est vrai, mais

on peut être assuré qu'ils auraient été encore moindres avec des employeurs locaux. Cette

situation était finalement assez équilibrée car la puissance coloniale apportait beaucoup

d'argent.

C'est aussi la puissance coloniale qui a fait la prospection et la découverte des richesses minières

dont ces pays profitent aujourd'hui. Et surtout, si l'on excepte l'intermède malheureux des deux

guerres mondiales où nos colonies ont été impliquées dans ces guerres au même titre que nous et

nos alliés Ŕ pour quelle raison en auraient-elles été dispensées ? - la puissance coloniale apportait

la paix.

Depuis que nous sommes partis, que voyons-nous ? En bien des endroits des roitelets locaux ont

pris le pouvoir et s'approprient les richesses. Ils se battent entre eux. Rares sont les pays où la

paix civile est assurée. L'indépendance n'a été pour ces peuples qu'une satisfaction d'amour

propre car, sur le plan matériel, c'est la catastrophe pure et simple. A ce tableau sombre, il y a

heureusement quelques exceptions où des chefs sages et éclairés ont su trouver la bonne voie,

mais il faut bien dire que ces exceptions sont rares.

Cette page étant tournée, le colonialisme a-t-il disparu ? Nullement ! Il a pris une autre forme

bien pire car maintenant il est vraiment à sens unique. Les nouveaux colonisateurs sont les

sociétés multinationales qui, sous couvert de l'alibi commode des principes intouchables (!) de la

"mondialisation", peuvent mettre les pays tiers en coupe réglée. Ces sociétés installent des filiales

délocalisées dans le but de profiter des salaires bas. Les soi-disant "apports de technologie" sont

délibérément réduits à leur plus simple expression et sont soigneusement surveillés et morcelés.

Les prix de vente à la maison mère sont calculés pour limiter au maximum le paiement d'impôts

locaux et, grâce à la suppression de tous droits de douane, c'est la multinationale qui profite, pas

le pays d'accueil. Pour les multinationales, la mondialisation est une mine d'or.

Quant aux pays anciens, on leur demande de supporter cette concurrence parfaitement déloyale.

Des pans entiers de leur économie disparaissent, et des millions de travailleurs sont mis sur le

pavé. Les financiers de ces pays se frottent les mains car l'argent rentre, mais les forces vives du

pays s'amenuisent. Alors que certains déplorent une perte limitée de souveraineté du fait de

l'installation de l'Europe, comment peuvent-ils ne pas s'apercevoir que les dirigeants des pays

européens ont, eux, perdu tout moyen de contrôle sur le plan mondial, ce qui est infiniment plus

grave et dont ils feraient bien de se préoccuper. C'est un mécanisme absolument diabolique qui a

été instauré par quelques uns et dont la partition est magistralement exécutée avec le concours

inconscient des foules et des médias. Si l'on se rappelle que ce sont les mêmes qui, il y a cinquante

ans, criaient haro sur le colonisateur, ce n'est que la continuation d'une logique implacable. Ote -

toi de là que je m'y mette !