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24/11/2015
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Médias
Benoit LAFON
2015-2016
plan :
Introduction : problématiser les médias
(médias, culture et société)
Partie 1. Les médias et le temps
Partie 2. La communication médiatique :
exemples de typologies
Partie 3. La communication médiatique comme
lieu d’expérience
Introduction : problématiser les
médias (médias, culture et société)
Avant de démarrer sur la question de la
problématisation des médias, rappel sur la
définition des espaces médiatiques (cf. cours
de M1)
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Médias : Institutions, normes, marchés, techniques, pratiques, représentations des acteurs…
Approches comparatives, synchroniques / diachroniqu es
Espace de production :
Approches institutionnelles, socio-économiques, juridiques, micro-sociologiques, etc.
Espace de lecture :
Approches sciologiques, ethno-méthodologiques, ethnographiques, anthropologiques…
Discours médiatique :
ApprochesSocio-discursivesSémio-discursives
Intégrant les approches relatives aux espaces de production et de lecture
Second rappel :
Le cercle des théories des médias, construit
par J. Bourdon (Introduction à l’analyse des
médias, Montchrestien, clefs politique).
Pôle optimiste
Pôle pessimiste
PôleProphétique
Pôlescientifique
PROPHETES
EMPIRIQUES
CRITIQUES
FonctionnalistesPluralistes
Néo-marxistes
Utopistes
Déterminisme technologique
Massification
Elitistes
SociologieRecherche appliquéePhilosophes
LittérairesIngénieurs
SociologieEconomiePhilosophie
Public actif
Effetsnégatifs
Médias puissants
MédiasPuissants
Effets positifs
Objectif : analyse scientifique
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Projet actuel d’analyse des médias essentiel.
Pourquoi ?
• Caractère central des médias dans la société
contemporaine : principaux pourvoyeurs de la culture
(affaiblissement des autres médiateurs sociaux).
• Notion d’élargissement de l’Espace Public,
d’interpénétration des sphères privées & publique.
• Notion d’innovation technique (ICIC) et de
développement des usages (= densification).
L’introduction va aborder les points suivants :
A. Un lourd héritage, médias et culture :
attention, terrain miné
B. Les cultural studies britanniques : une
tradition critique, diluée par
l’essayisme
C. Les médias aujourd’hui en SHS (et en
SIC) : approches disciplinaires
A. Un lourd héritage, médias et culture :
attention, terrain miné
Le rôle culturel des médias : thème essentiel souvent
présent en filigrane des questionnements.
Problèmes longtemps débattus (encore aujourd’hui) :
La diffusion à grande échelle des biens culturels
n’engendre t-elle pas une uniformisation de la culture ?
Des inégalités ? Un risque pour la cohésion sociale ?
Attention… Terrain miné ! Débats idéologiques.
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Pour questionner la thématique Médias &
culture et son héritage :
Nécessité de réfléchir aux apports et
impasses de la dénonciation de la culture
de masse (questions de philosophes)
Plan suivi :
- L’industrie culturelle : Theodor Adorno et Max
Horkheimer, La dialectique de la raison, 1947.
- Herbert Marcuse, L’homme unidimensionnel, 1964
- Hannah Arendt, La crise de la culture, 1968
- Des intellectuels français :
Alain Finkielkraut, Marc Fumaroli, Jean Baudrillard,
Régis Debray, Bernard Stiegler…
Toute-puissance de la rationalité
technique : production en série,
standardisée de la culture.
« L’industrie culturelle » (au singulier
= essentiel) :– confère à « tout un air de
ressemblance» (film, radio,
magazine),
– se nourrit de stéréotypes.
Stigmatisation de la reproduction en
série des objets culturels qui met en
péril la création artistique.
Theodor Adorno et Max Horkheimer, La dialectique de
la raison, 1947.
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Influence marxiste et
psychanalytique.
La culture de masse élimine les
contenus subversifs de l’art : perte
de sublimation.
Cette « désublimation» est
répressive : satisfaction immédiate,
« jouissance vulgaire ».
les individus s’identifient à
l’existence qui leur est imposée :
aliénation objective, l’homme n’a
plus qu’une dimension.
Herbert Marcuse, L’homme unidimensionnel, 1964
« la société de masse... ne veut
pas la culture, mais les loisirs
(entertainment) et les articles
offerts par l’industrie des loisirs
sont bel et bien consommés par
la société comme tous les autres
objets de consommation. (…)
Cela ne veut pas dire que la
culture se répande dans les
masses, mais que la culture se
trouve détruite pour engendrer
le loisir. »
Hannah Arendt, La crise de la culture, 1968
Perte de repères : la
« culture mass-
médiatique » s’apparente
à une combinaison
d’éléments hétérogènes,
juxtaposition sans
distinction d’un JT, d’une
publicité, d’un jeu, etc.
Jean Baudrillard, La société de consommation, Paris,
Gallimard, 1970.
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Alain Finkielkraut,
La défaite de la
pensée, Paris ,
Gallimard, 1987.
Marc Fumaroli,
L’état culturel,
Paris, Editions de
Fallois, 1991
Des intellectuels français :
Alain Finkielkraut et Marc Fumaroli comme de
nombreux intellectuels Français développent une
méfiance extrême vis-à-vis des médias et surtout de
la télévision.
• Dénonciation de l’engloutissement de la culture
dans le tout culturel.
• Principe de l’équivalence : tout le monde est
qualifié de créateur.
• Voire dénonciation d’une
« télécratie » contre la
démocratie (Bernard Stiegler).
B. Les cultural studies britanniques : une
tradition critique, diluée par l’essayisme
1. L’école de Birmingham, le CCCS et son
contexte
2. R. Hoggart
3. S. Hall
4. R. Williams
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1. L’école de Birmingham, le CCCS et son contexte
mouvement britannique et américain des Cultural
Studies: synthèse des efforts de la recherche en SHS sur
la culture de masse (= synthèse empiriques/critiques).
Il associe :
• un regard critique, attentif aux formes de
domination culturelle,
• une visée compréhensive des usages de la culture
médiatique.
Fondation à l’université de Birmingham en 1964 du
Centre for Contemporary Cultural Studies (CCCS) sous
la responsabilité de Richard Hoggart, dans la lignée de
Leavis.
Frank Raymond Leavis (1895-1978) : Professeur de littérature
dont la thèse centrale (Mass Civilisation and Minority
Culture,1930) porte sur les dangers que sont censés représenter
l'industrie culturelle et la massification des médias.
→ Le CCCS cherche à comprendre le rôle culturel des
médias modernes.
But du CCCS : renouvellement des outils de la pensée
critique sans orthodoxie.
• Liaison de la tradition littéraire, de l’ethnographie
et de l’observation participante,
• Regard qui ne se veut plus élitiste : refus de la
supériorité absolue de formes de culture sur
d’autres,
• Démarche qualitative essentielle ,
• Prise en compte de la richesse des pratiques des
publics.
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CCCS qualifié par E. Neveu de « bouillon de culture
d’importations théoriques, de bricolages novateurs
sur des objets jugés jusque-là indignes du travail
académique. »
Même rattaché à une université, le centre reste
marqué au départ par une grande marginalité
institutionnelle (d’où des moyens financiers très
limités).
Auteurs clés :
1957, Richard Hoggart : La culture du pauvre
1973, Stuart Hall : Codage/décodage
1959, Raymond Williams : Culture and Society, 1780-
1950.
Années 1980-2000 : Nicholas Garnham, David Morley
(sur les audiences TV)
Et en France ?
« La France, élève récalcitrant » selon Neveu et Mattelart.
Si les fondateurs et le CCCS sont de grands importateurs de
théories françaises, ils ont peu de liens avec la France.
Quelques traductions & publications par l’équipe de P.
Bourdieu.
A cette époque en France (années 1960-1980) :
• Analyse des cultures « de masse » par la revue
Communications dès 1962 (Morin, Metz, Barthes).
• Sociologie et questions culturelles et médiatiques
abordées par P. Bourdieu et sa revue Actes de la recherche
en sciences sociales (née en 1975), traduction de certains
articles du CCCS.
• Histoire des mentalités par certains historiens français
(Agulhon, de Certeau, Corbin, Le Roy Ladurie).
• Naissance des « sciences de l’information et de la
communication (travaux précurseurs).
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Richard Hoggart (1918-2013) : l’origine
des cultural studies se trouve dans les
travaux de Richard Hoggart, professeur
de littérature à l’université de
Birmingham et auteur de La Culture du
pauvre (1957).
Cet ouvrage est à mi-chemin de
l’autobiographie et de l’essai
ethnographique.
2. R. Hoggart
Hoggart se focalise sur la
réception et analyse les loisirs de
la classe modeste, les usages de la
presse à grand tirage : • les individus ont conscience de la
médiocrité du média et ne
s’intéressent qu’à sa dimension
divertissante.
• effet d’évasion pouvant aboutir à
une démobilisation de la
connaissance médiatique =
dimension critique
Mais : les lecteurs sont actifs car
conscients de cette réalité.
Titre original du livre : The Uses of Literacy,
soit littéralement « Les usages de
l’alphabétisation ».
Hoggart questionne les effets d’influence de
l’équipement en téléviseurs, l’allongement de la
scolarisation, la presse populaire.
Cette presse fait l’objet de ce qu’il nomme une
attention oblique (ou « consommation nonchalante »
dans la traduction française de Jean-Claude
Passeron).
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→ pas adhésion forte aux contenus mais ironie,
inattention, défiance : il faut savoir « en prendre et en
laisser ».
Exemple : On feuillette pour connaître la fin avant de
commencer, on ne s’attarde pas sur les publicités, on s’attache à
un monde qui fait plaisir sans être jugé réel.
→ évasion, effet onirique, tendance à la
démobilisation: l’irréalité du contenu induit « des
besoins vite satisfaits par procuration » (cf. chapitre 7,
intitulé « l’invitation à la romance »).
Autre effet de cette presse :
Une schématisation de l’information : la presse
populaire est faite pour être lue au galop, elle
supprime toutes les nuances sémantiques et
syntaxiques
→ Elle est profondément conservatrice puisqu’elle
empêche les lecteurs de se poser des questions.
Mais…
« ces influences culturelles n’ont qu’une action
fort lente sur la transformation des attitudes ».
L’uniformisation des comportements s’inscrit
très vraisemblablement dans la longue durée.
Les ouvriers opposent leur propre logique à
celle des industries culturelles.
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Stuart Hall est un sociologue
d’origine jamaïcaine.
Il succède à Richard Hoggart
dans les années 1970
comme directeur du CCCS.
Son modèle
« Codage/décodage » a
fortement marqué les
cultural studies.
2. S. Hall
il y a deux temps dans la communication médiatique
qui ne correspondent pas :
• La notion de codage appelle une analyse des
conditions de production des messages.
• La notion de décodage invite à prendre au
sérieux le fait que les récepteurs ont des statuts
sociaux, des cultures et que voir ou entendre un
même programme n’implique pas d’en tirer un
sens ou un souvenir similaires.
Face au codage proposé par les médias, Hall repère
trois positions de réception ou de décodage
hypothétiques (« Codage/décodage », 1973):
1. Le mode hégémonique
2. Le mode négocié
3. Le mode oppositionnel
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Conséquence :
Il n’y a pas de raison pour qu’un message soit
automatiquement décodé comme il a été codé.
Mais :
La coïncidence entre les deux est tout de même
dominante pour Hall, qui considère que le pouvoir est
un fait omniprésent.
L’hégémonie est imposition d’un sens dominant ou
d’une lecture préférentielle.
S. Hall se situe bien dans une optique marxiste.
Raymond Williams (1921-1988)(à relier à Edward P. Thompson (1924-1993))
Culture and Society, London, Chatto and
Windus, 1958
The Long Revolution, London, Chatto and
Windus, 1961
Réflexion sur les médias
et la société à l’aune
du marxisme.
Analyses historiques
des conditions de
production matérielles
de la culture
3. R. Williams
Raymond Williams (1921-1988)
Culture and Society, London, Chatto and
Windus, 1958
The Long Revolution, London, Chatto and
Windus, 1961
Réflexion sur les médias
et la société à l’aune
du marxisme.
Analyses historiques
des conditions de
production matérielles
de la culture
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Williams propose une définition large de la culture et définit le
rôle des médias dans la production matérielle de cette culture :
• Concept d’hégémonie (héritage de Marx et Gramsci
revisité)
• Concept de « processus d’incorporation »
permettant de penser la socialisation par les
techniques culturelles
• Concept de « structure of feeling » (à rapprocher de
l’habitus de P. Bourdieu)
Dans The long Revolution, R. Williams analyse successivement :
• l’élargissement progressif de l'accès au système
d'éducation,
• la croissance de la lecture publique,
• l’essor de la presse populaire,
• l'utilisation de l'anglais standard,
• ou encore l’histoire sociale des écrivains et des
genres dramatiques.
=> toile de fond ayant permis la mise en place d’une culture
contemporaine commune en Grande Bretagne, où le
mouvement ouvrier devient lui-même partie intégrante du
système capitaliste, les individus intégrant des normes
culturelles communes.
“we cannot understand the process of change in which we are involved if we limit
ourselves to thinking of the democratic, industrial, and cultural revolutions as separate
processes. (…) The scale of the whole process - the struggle for democracy, the
development of industry, the extension of communications, and the deep social and
personal changes -is indeed too large to know or even imagine. In practice it is reduced
to a series of disconnected or local changes, but while this is reasonable, in the
ordinary sense, it seems to me that this scaling-down only disguises some of the
deepest problems and tensions, which then appear only as scattered symptoms or
restlessness and uncertainty (Williams, 1961, 12)”
« Nous ne pouvons pas comprendre le processus de changement dans lequel nous
sommes engagés si nous nous limitons à penser les révolutions démocratique,
industrielle et culturelle comme des processus séparés. (...) L'échelle de l'ensemble du
processus - la lutte pour la démocratie, le développement de l'industrie, le
développement des communications, et les profondes modifications sociales et
individuelles -, est en effet trop étendue pour pouvoir la concevoir ou même
l’imaginer. En pratique, elle est réduite à une série de changements locaux ou
déconnectés, mais alors que cela soit pensable, au sens ordinaire, il me semble que
cette révision à la baisse contribue seulement à masquer certains des problèmes et
des tensions les plus ardus, qui n’apparaissent alors seulement que comme des
symptômes dispersés, ou encore de l'agitation et de l'incertitude. »
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Au final, les cultural studies sont une synthèse britannique sur la
question de la communication.
Deux conséquences :
• Le schéma de la culture de masse appauvrissante est
rejeté: la relation entre les médias et leur public ne peut pas
être envisagée comme directe et automatique, c’est- à-dire
comme aliénante.
• La culture «populaire » ou « de masse » n’est ni une
expression artistique libérée des contraintes de classes ni
l’effet d’une domination : elle un rapport négocié, mais à
l’avantage des milieux dominants.
Depuis, les cultural studies ont connu des biais :
• glorification démagogique des manières d'être
et de faire des classes populaires;
• pensée postmoderne relativiste;
• passage d'une problématique des classes
sociales vers une problématique de l'identité
individuelle
Essor des études anglo-saxonnes depuis les 1990’s sur les
médias se réclamant des cultural studies :• modèle théorique combinant sciences sociales,
économie politique et fonctionnalisme structurel,
• études ethnographiques des publics fortement
présentes.
Mais aussi essor de tout un ensemble d'études qualifiées
de subaltern studies dans les unités anglophones
(« basculement américain », cf. E. Maigret) :
méthodes de la critique littéraire appliquées à la TV avec
un large usage de la French Theory (Foucault, Baudrillard,
de Certeau, Derrida)
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Le courant des Cultural studies reste donc
convocable, mais avec une certaine
distanciation : attention aux nombreuses
études littéraires confinant à l’essayisme.
Attention critique nécessaire
cf. : Neveu & Mattelart, « Cultural studies’ stories. La
domestication d’une pensée sauvage ? », Réseaux n° 80
- 1996
C. Les médias aujourd’hui en SHS (et en SIC) :
approches disciplinaires en France
1. Deux précurseurs français : Morin, de Certeau
2. Médias et économie
3. Médias et politique
4. Médias et individus
Edgar Morin, L’Esprit du
temps, 1962 : un précurseur
en France
Deux types de culture
s’opposent, la « culture des
cultivés » et la « culture de
masse».
1. Deux précurseurs français : Edgar Morin et M.
de Certeau
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Double logique de la culture de masse :
- la « concentration techno-bureaucratique »
- la « dynamique de l’invention-création ».
La contradiction entre bureaucratie-
invention et standardisation-individualité
est le moteur même de la culture de
masse : tout dépend du rapport de forces
entre ces deux logiques.
Michel de Certeau, La culture au pluriel, Christian
Bourgois éditeur, 1980
Selon M. de Certeau :
« les manières de faire sont en réalité
extrêmement variées » (p. 238) =
quotidien parsemé de failles, de
transgressions, d’inventivité (cf.
métaphore du WTC).
Par ex. : la lecture, dont le sens serait
déjà prédéterminé par son contenu, est
plutôt le résultat d’un « art de faire » qui
affecte de significations hétérogènes le
même ouvrage.
Un individu dans ses consommations médiatiques articule
deux types de comportements :
• Celui du stratège (ex. : technocrate ou chef
d’entreprise) recherche l’efficacité, la rationalité et
va droit au but en le revendiquant : la stratégie est
l’objet d’une légitimation discursive ;
• Celui du tacticien, qui se laisse porter par
l’imaginaire, les opportunités du moment, ne
construit pas de programme préalable : La tactique
est une ruse, un détour
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→ nous nous comportons bien souvent
davantage comme des tacticiens que des
stratèges dans notre usage des médias.
→ de Certeau renforce l’idée que
l’homogénéisation des produits culturels en
raison de la rationalisation de la production
peut déboucher sur des pratiques très
différenciées : résistance du récepteur.
2. Médias et économie
Approches questionnant les Industries
culturelles peuvent être regroupées en
deux traditions :
- Tradition critique issue de l’économie
politique de la communication;
- Tradition socio-économique issue des
sciences économiques
- Tradition critique issue de l’économie
politique de la communication
Economie politique : approche issue de traditions
antérieures aux sciences économiques, depuis
le XVIIe s. (pour la France, cf. le grenoblois E.
Bonnot de Condillac, 1714-1780).
Renouvellement et essor avec la théorie marxiste.
Aujourd’hui, perspective critique et
multidimensionnelle qui s’oppose aux théories
strictement économiques (souvent quantitatives)
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Dans les années 1970, essor d’une :
Economie politique de la communication
Principales caractéristiques :
• Analyse de l’organisation des entreprises
culturelles = industries culturelles
• Analyse et modélisation des types de distribution
et de création de valeur
• Analyse de la constitution de filières
Miège, Hermès n° 38, 2004
Une approche critique : cf. Herbert Schiller (1919-2000)
A. Mattelart à propos de H. Schiller, Réseaux n° 100, 2000
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Cf. aussi Nicholas Garnham, Armand Mattelart…
Théorie des industries culturelles trouve un nouvel essor
dans les années 1970 : école de Grenoble.
Cf. B. Miège, P. Bouquillion, P. Moeglin…
=> Modélisations socio-économiques des différentes
filières
EPC implique cependant d’autres dimensions et enjeux :
mécanismes d’hégémonie, de « commodifications »,
spatialisations, structurations (cf. Mosco) = enjeux
d’analyses variés au-delà des modélisations de filières.
L’EPC induit une approche socio-politique en plus de
l’approche économique :
Cf. Y. de la Haye :
« La préparation des nouveaux marchés - toute l’histoire
des industries culturelles en fait foi - ne peut guère se
satisfaire des demandes pré-existantes ; celles-ci
doivent être forgées, ce qui ne va pas sans la
transformation des pratiques culturelles elles-mêmes :
comportements, actes d’achats ou d’appropriations,
mais aussi représentations » (de la Haye, 1984, p.128-
129).
- Tradition issue des sciences
économiques
Entrée dans le champ des SIC de chercheurs provenant
de l’économie :
F. Rochelandet ou L. Creton (Paris 3, IRCAV), N. Sonnac
(Paris 2, IFP-CARISM), J. Farchy (Paris 1, CES)
=> Analyse des industries culturelles dans leurs
diverses dimensions économiques, moindre
attention portée à la modélisation en filières =
multiplication des enjeux contemporains.
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Exemples d’analyses :
- modèles d'affaires des médias, notamment
confrontés au numérique
- Droits d'auteurs et licences
- Usages et consommations des Tics,
- Analyse de l’innovation
- Données personnelles et vie privée…
Approches en lien avec l’EPC mais spécifiques,
voire critiques : cf. Farchy et Froissart, Hermès
n° 44, 2006.
3. Médias et politique
Les approches socio-politiques des médias
peuvent être regroupées en 3 groupes :
– Analyses institutionnelles des médias
– Analyses discursives
– Sociologie des médias et des professions
Analyses institutionnelles :
Droit de la communication s’intéresse aux statuts des
entreprises et personnels, au droit d’auteur,
questions relatives à la liberté d’expression, etc.
cf. S. Regourd pour la TV.
Histoire s’intéresse aussi aux médias de manière
croissante : à relier à l’essor de l’histoire culturelle
(JF. Sirinelli, P. Ory), à l’histoire des mentalités (A.
Corbin, G. Vigarello) + champ spécifique de
l’histoire des médias (J. Bourdon…)
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La science politique s’intéresse de près aux médias
depuis les années 1980 :
=> analyses relatives à la communication
politique (initiées très tôt par la question de la
propagande), à l’espace public, aux formes de
publicisation et de mobilisations, à la sociologie
des opinions (cf. Lazarsfeld)…
Analyses discursives :
Cf. cours de M1 relatif aux méthodologies
d’analyse des discours médiatiques
Sociologie des médias et des professions
médiatiques :
Nombreuses analyses relatives à la
professionnalisation des médias et à ses
conséquences : P. Champagne dès les 1970’s,
ou encore D. Ruellan ou E. Neveu sur le
journalisme.
Ex. d’analyses : émergence des professions,
structuration des métiers, travail quotidien des
acteurs, questions déontologiques, etc.
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4. Médias et individus
Sociologie des pratiques : réception (cf. cours de
M1), TICs et numérique, ethnographie des
publics (cf. G. Derèze), pratiques de la lecture
(cf. R. Chartier), analyse des litteracies…
Psychologie sociale et cognition : aux frontières
des SIC, des recherches portant sur les effets
psycho-sociaux des médias = cf. Marie-Pierre
Fourquet et/ou Didier Courbet.
Les médias sont enfin et aussi perceptibles par la
consommation de la culture = approches statistiques
Le comportement des Français en matière culturelle fait l’objet
d’une étude régulière (Ministère de la Culture depuis 1973).
Enseignements :
• Déplacement des pratiques culturelles vers le pôle
audiovisuel.
• autonomie croissante des usagers : tentatives d’échapper à
la culture de flot.
• intérêt pour l’art et pour la culture en général prend
aujourd’hui des formes beaucoup plus variées qu’il y a vingt ou
trente ans (accès aux œuvres élargi)
Pour conclure :
– Ce rapide parcours montre la grande variété des
approches disciplinaires des médias,
– Variété présente dans les SIC puisque la plupart
des auteurs cités sont EC en SIC, bien que
formés par d’autres disciplines.
=> Les médias = objets interdisciplinaires