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SPÉCIAL IMMOBILIER

VENDREDI 22 ET SAMEDI 23 NOVEMBRE 2019

Dossier coordonné par Catherine Foulsham avec Romy Ducoulombier, Elizabeth Nicoletta et Alexie Valois.

MÉDITERRANÉE

3 / Le Figaro Magazine / Méditerranée / 22 novembre 2019

Spécial immobilier

ur les rives du Lez,à Montpellier, s’élève un bâtimentrésidentiel surprenant osé par lespromoteurs montpelliérains PromeoPatrimoine et Evolis Promotion. Ache -

vé au printemps dernier, après quatreans de chantier, l’Arbre Blanc sym-bolise le vent nouveau qui anime lesecteur de l’immobilier dans le Sud.Remarquable, la façade de 95 mètresde haut, faite d’une alternance debrise-soleil et de balcons-terrassesimmaculés, s’avançant dans les airscomme des belvédères. Cette archi-tecture délicate et futuriste est signéepar trois architectes : le Japonais SouFujimoto, les Français Nicolas Laisnéet Manal Rachdi. Au-delà de l’esthé-tique nouvelle, ce choix revêt une

valeur d’usage : offrir de vastes es-paces extérieurs pour vivre dedans-dehors, tout en faisant baisser laconsommation énergétique de 20 à30%. Car ces promontoires blancs surla façade doivent protéger les loge-ments du rayonnement solaire. Exit lasurchauffe, pas besoin de climatiser. Pour Manal Rachdi (Oxo architectes),«on ne peut plus se permettre de fairedes bâtiments qui sont des gabegiesen termes de consommation d’énergie.L’urgence climatique nous oblige àavoir une approche plus innovante, à

PLACE À L’INNOVATION

Pour se différencier, apporter plus de services, plus de confort et répondre aux défis du changement climatique, les professionnels de l’immobilier trouvent des solutions nouvelles.

Par leurs choix, les acquéreurs peuvent aussi participer à l’innovation.Par Alexie Valois

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À Montpellier, l’Arbre Blanc affiche en façade

une alternance de brise-soleil et

de balcons-terrasses.

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apporter des solutions pour demain.L’industrie du BTP est responsable de40% des émissions de CO2. Nous de-vons répondre au besoin d’habitermieux avec moins de ressources. C’estdans l’envie de concevoir des lieuxqui s’adaptent à notre mode de vied’aujourd’hui et de demain que seloge l’innovation.»

INNOVATION ÉNERGÉTIQUELa réglementation thermique imposedes contraintes aux constructeurs.Et acheter un logement dans une ré-sidence économe en énergie est unargument auquel les acquéreurs sontplutôt sensibles. Bâtir tout en rédui-sant la facture énergétique est doncdevenu un crédo pour certains pro-moteurs immobiliers qui lancent desprogrammes mieux isolés, mieuxorientés. En région Paca, le label Bâ-timent durable méditerranéen (BDM)certifie une démarche environnemen-

tale globale, comme c’est le cas àAntibes où la requalification urbainede la ZAC Marenda Lacan accueilleun ambitieux programme de BNPParibas Immobilier Résidentiel. Baptisé Via Marenda, cet ensemble de189 logements, un îlot paysager,4 500 m2 de commerces et un cinémamultiplexe, constituera le cœur d’unéco-quartier. Il utilisera l’énergie renou-velable des calories des eaux uséespour assurer 70% de l’ensemble desbesoins de chauffage, de rafraichisse-ment et d’eaux chaude sanitaires. Despompes à chaleur viendront compléterce système. Le promoteur a travaillédès le début de l’opération avec lesingénieurs thermiciens et le bureaud’étude de Dalkia. «Dans ce parte-nariat, Dalkia (filiale du groupe EDFet spécialiste des énergies renouvelablesalternatives, NDLR) propriétaire del’ouvrage, garantit l’ensemble del’installation. L’entreprise assure le

système d’installation, l’exploitation etla maintenance pendant vingt-cinqans », précisent Nathalie Lasry, la di-rectrice du programme, et Jean-BaptisteRachou-Peraldi, directeur régionalMéditerranée de BNP Paribas Immo-bilier Résidentiel.

INNOVER DANS LES SERVICESCONNECTÉS

À Marseille, dans le quartier Euromé-diterranée, Vinci Immobilier construitLe Marsiho. Récompensé au niveaurégional, par une Pyramide d’argent2019 de l’innovation industrielle auconcours des Pyramides organiséchaque année par la Fédération despromoteurs immobiliers (FPI), il seralabellisé BDM et RT2012 - 10%.Cette résidence, imaginée par l’urba-niste Yves Lion et les architectesBrenac et Gonzalez, comprend troisimmeubles de 11 à 18 étages aux fa-çades distinctes et accolées. Situés ©

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À Antibes, le Via Marenda utilisera l’énergie renouvelable des calories des eaux usées pour notamment

assurer le chauffage de ses 189 logements.

« Nous devons habiter mieux avec moins de ressources »

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près du quai d’Arenc, ils bénéficienttous de la technologie Thassalia, uneboucle permettant de récupérer lescalories de la mer Méditerranée pourle chauffage et l’eau chaude sanitaire.Autres innovations : les résidents dis-poseront d’un local e-conciergerie,situé dans le hall d’entrée central leurpermettant de recevoir, en leur absence,les commandes passées en ligne etlivrées par porteurs. Il leur suffira pourcela de renseigner le code reçu par no-tification permettant de récupérer lecolis dans une grande boite sécurisée.«Nous nous engageons à faciliter lesservices de proximité. Les coproprié-taires du Marsiho pourront ainsi déci-der d’installer un réfrigérateur pourle dépôt des courses alimentaires, oude mettre en place un service depressing, etc. », explique GuillaumeRozain directeur de programme duMarsiho. Aux acquéreurs d’apparte-ments dans un de ses programmes àNice, Vinci immobilier a déjà proposél’e-conciergerie. Plébiscité, ce serviceinnovant en termes de gain de temps,répond à nos nouveaux modes deconsommation.

DES SERVICES AUX PARTICULIERSÀ Castelnau-le-Lez, à deux pas de lacapitale de l’Hérault, l’ensemblePrado-Concorde du promoteur Helenisaura non seulement sa conciergerie2.0 mais disposera d’autres servicesaux particuliers comme le suivi desconsommations d’eau et d’énergie, oudes bornes de recharge pour vélos etvoitures électriques. Ce programmeambitieux de 11 bâtiments, dont lalivraison est prévue en fin d’année,préfigure un quartier comprenant deslogements pour les familles, les étu-diants et les séniors, mais aussi desespaces de bureaux et de co-working,

des commerces, un restaurant, uneécole, etc. Cette mixité urbaine penséeet organisée a valu à Prado Concordede recevoir un prix national auconcours des Pyramides.«Certains projets immobiliers diffèrentradicalement de ce que l’on faisait ily a cinq ans, estime Frank Hovorka,directeur de l’innovation à la Fédérationdes promoteurs immobiliers. Jus qu’ici,notre industrie proposait un produit.Aujourd’hui, nous nous recentronssur les besoins des utilisateurs, avecdes programmes multi usages commePrado-Concorde et d’autres qui intè-grent des espaces partagés et desservices dès la conception de la rési-dence. Nous intégrons aussi la mobilitéélectrique, des véhicules partagés etmême les parkings partagés (le résidentest propriétaire d’un droit de parkinget non plus d’une place). Cela devient

possible grâce aux outils digitaux »,poursuit-il.Le secteur de l’immobilier a fini parentrer dans l’ère digitale, celle dumouvement international PropTech(la technologie au service de l’immo-bilier). Architectes, promoteurs etconstructeurs travaillent main dans lamain en utilisant de plus en plus leBIM – Building information mode-ling. Il s’agit d’une palette d’outilsnumériques de partage des donnéesdestinée à faciliter la conception et àla rendre plus cohérente, plus fiable etplus rapide. La commercialisation desbiens sera également accélérée grâceà la transmission des documents légauxpar voie digitale. Ces nouveaux servicesqui accompagnent les professionnelsde l’immobilier et les futurs proprié-taires, naissent notamment au sein dela French PropTech, un rassemblement

Une mixité urbainepensée et organisée,

regroupant des logements pour les familles, les étudiants et les séniors.

Le Marsiho, à Marseille, puise son énergie dans la mer Méditerranée pour assurer le chauffage et l’eau chaude sanitaire.

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d’entrepreneurs de Montpellier et deNantes, qui fédère les acteurs de latechnologie avancée et de l’innova-tion en immobilier. Depuis 2018, 150start-ups ont rejoint le mouvementbousculant le secteur et réinventantl’habitat. «La construction immobilièreavait pris un certain retard dans lamutation digitale », explique ElodieGattoussi ambassadrice de la FrenchPropTech, dans l’Hérault, et cofon-datrice d’Homekonect. Des solutions digitales émergent pouraider la commercialisation, mais passeulement. Certaines dessinent peut-être l’avenir. La start-up Homekonecta ainsi imaginé un carnet de suivi nu-

mé rique de la vie de la maison quipourra se transmettre entre acqué-reurs. Dans un premier temps, le pro-priétaire peut suivre en temps réel lechantier de construction de sa mai-son, l’application permettant ensuitede piloter à distance ses volets, sonchauffage, son alarme, etc. «Noustravaillons avec Somfy pour la domo-tique et une dizaine de constructeursnous font déjà confiance », préciseElodie Gattoussi.

UNE MAISON EN KIT QUI CONSOMME MOINS

Dans le domaine de l’habitat inno-vant, une entreprise aixoise casse tousles codes. Il s’agit de PopUp House,née en 2013 du besoin d’un espacesupplémentaire conçu comme une en-veloppe thermique en matériaux recy-clables. Le prototype monté en quatrejours par quatre personnes a rencon-tré un tel succès sur Internet (40 mil-lions de vues) que l’initiative s’estmuée en entreprise. Aujourd’hui, ces

maisons qui affichent une consom-mation énergétique cinq fois moinsimportante qu’une habitation tradition-nelle s’installent partout en France, etmême en Australie. On dénombredéjà 500 PopUp houses dont plusieursécoles et des bureaux. De formes rec-tangulaires, sur deux étages maxi,elles sont livrées en kit de plusieursmilliers de pièces qui s’assemblentcomme des Lego en une dizaine dejours, par des professionnels formésaux particularités de cette technologie. Pour faire face à l’afflux de deman des– 60 000 en quatre ans – une unité defabrication est née à Rousset (Bou -ches-du-Rhône). Les particuliers,constructeurs ou architectes intéresséspeuvent définir leur projet en créantune maquette numérique sur le site del’entreprise. Une interface en chiffrele montant au fur et à mesure, selonles options de bâti choisies. Commepour toute habitation, ces maisons d’unnouveau genre nécessitent un permisde construire et une vraie réflexion sur ©

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le mode de vie. Équipées de panneauxphotovoltaïques ou thermiques, ellesdeviennent autonomes en énergie.«Avec le pétrole et le béton, nousavons oublié le savoir des anciens,c’est-à-dire tenir compte de l’environ-nement, du soleil et du vent, expliqueYves Lozachmeur, cofondateur dePopUp House. L’enveloppe d’unemaison bioclimatique efficace estcouplée à une orientation favorablesur le terrain. On ne peut pas imaginerconstruire autrement. Aujourd’hui, lesconstructions doivent être exemplaires,plus respectueuses de la planète, deshabitants et des ressources.» Un typede construction qui engendre un sur-coût d’environ 10 à 15% mais desconcepts qui font peu à peu leur che-min. Certaines collectivités impulsentdes projets avec des promoteurs, maisposent leurs conditions. C’est le cas àVentabren, village des Bouches-du-Rhône, qui fait naître un vaste éco-quartier sur la ZAC de l’Héritière.Aux logements individuels et collectifs

s’ajouteront une maison intergénéra-tionnelle, des commerces de proximité,un mail piéton et un pôle enfanceavec une école maternelle et une écoleprimaire, une crèche ainsi qu’un ac-cueil enfance-jeunesse. Le bureaud’études nommé par la mairie et laSemepa, l’aménageur de la ville d’Aix-en-Provence, a défini un strict cahierdes charges auquel les différents projetsdoivent répondre pour obtenir la label -lisation RT2012 - 20% et BDM bâti-ment durable méditerranéen argent.Les promoteurs doivent égalementnommer un bureau d’études qui lesaccompagne dans leur démarche decertification. «Nous nous sommes engagés de manière

volontaire car je suis convaincue qu’ilest indispensable de sortir de nos sché-mas habituels», estime Sophie Dubrougérante de Praxis Immobilier dont unprogramme est en phase d’élaborationà Ventabren. Mais construire en adop-tant une démarche de qualité environ-nementale n’est pas si simple : «Celanous oblige à réfléchir à des solutionspour consommer le moins possible,comme créer des logements traversants,des bi-orientations ou encore adopterdeux énergies renouvelables, électricitéphotovoltaïque et pompe à chaleurpour la production d’eau chaude, etc.Les challenges peuvent être techniques :trouver un isolant de toiture terrassebiosourcé, et sous avis technique, n’estpour le moment pas possible, les ma-tériaux innovants n’ayant pas tous ététestés techniquement. Or nous voulonscontinuer à livrer aux acquéreurs desbâtiments pérennes avec des modesconstructifs, et des matériaux garantis.» Le plus souvent, « la pierre » est un in-vestissement sur le long terme, pour

la ou les générations suivantes, maisdifficile de prédire quelle valeur aurale bien dans vingt ans. Une maisonbioclimatique sera-t-elle tombée endésuétude ou, au contraire, connaîtra-t-elle une plus-value ? Demain, lesacheteurs prioriseront vraisemblable-ment les constructions économes enénergies et respectueuses de la planète.Et à performances équivalentes, lesconstructions ossature bois sont meil-leur marché que le traditionnel. Pour-tant, de nombreux freins à ce typed’investissement restent à lever. «Lespersonnes qui viennent vers nos PopUphouses acceptent de s’associer auxrisques de l’innovation», estime YvesLozachmeur. Ils font aussi le pari d’in-vestir dans des matériaux recyclables,la nouvelle réglementation RT2020prévoit notamment d’anticiper la dé-molition de l’ouvrage afin de réduirel’empreinte écologique du secteurimmobilier. Faire effort d’innovationest un apprentissage nécessaire, pouraujourd’hui comme pour demain. n A.V.

Livrée en kit de plusieurs milliers de pièces, la PopUp House s’assemble

en une dizaine de jours et peut êtreéquipée de panneaux photovoltaïques.

Construire en adoptant une démarche

environnementalen’est pas si simple

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