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N°12 Mars - Avril 2011 / En supplément de Femmes de Tunisie le retour du Tapis Médina Eclectique Good Food à Beyrouth Joss G. Ellul Un architecte maltais en Tunisie Encore plus de shopping Découvrir Malte

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N°12 Mars - Avril 2011 / En supplément de Femmes de Tunisie

le retour du Tapis

Médina Eclectique

Good Food à Beyrouth Joss G. EllulUn architecte maltais en Tunisie

Encore plus de shopping

DécouvrirMalte

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Distributeur en Tunisie Passage du Lac Argentino - Magasin 6

1053 Les Berges du Lac (face école primaire)Tél.: (216) 71 861 551 Fax : (216) 71 861 549 Email : [email protected]

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Distributeur en Tunisie Passage du Lac Argentino - Magasin 6

1053 Les Berges du Lac (face école primaire)Tél.: (216) 71 861 551 Fax : (216) 71 861 549 Email : [email protected]

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Sommaire

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TentationsBlack is back Vivre le mobilier noirLa couleur avant toutRêve coloré Nos choix de saisonsign & Expo

ActualitésDesign & Architecture

Shourouk Bijoux d’exception

Le retour du TapisLa Fabrique 100% laine

ActualitésDesign & Architecture

Good FoodManger autrement à Beyrouth

A lireLire entre les lignes

Sommaire16

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Arrêt sur Malte MACFondation pour l’art contemporain

Joss G. EllulUn architecte maltais en Tunisie

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ArchitecturesDerrière une façade baroque,une folie architecturaleRéhabilitation d’un immeuble de bureaux à La Valette

Home in waterRéhabilitation d’une vieille demeure maltaise

Médina EclectiqueLa maison au coeur vibrant

DécouvrirChris Briffa ou la poésie architecturalePortrait d’un jeune architecte maltais

Les visages de la ValettePromenade inédite sur le rocher

Sélection MdTpour Monoprix Maison

Adresses

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Directeur de la publication Hassen Sfar

Directeur exécutif Ismail Ben Miled

Rédactrice en chef Shasha Atallah

Rédactrice en chef invitée Fériel Lejri

Assistante de rédaction Bochra Boukef

Directrice artistique Sonia Sfar Karoui

Ont collaboré à ce numéro :David Mallia, Elise Billiard, Andrew Alamango, Elyes Hasni, Alberto Favaro

Remerciements :AP Projects, Chris Briffa, Prestige Project, Kamal Mouzawak, Shourouk, La Fabrique et le MAC (Fondation pour l’art contemporain, Malte).

Direction Commerciale Fakhta [email protected]

Directeur techniqueBen Ziada Abdallah

ImprimeurSimpact

Contact MDT

Immeuble Comète - 1er étageAvenue Hedi Karray Centre urbain nordTunis, Tunisie

t 00 216 71 707 207//f 00 216 71 707 548//

[email protected]

Contributeurs Pol GuillardPol Guillard est né le 15 mai 1959 à Charleroi en Belgique. Dès 1982, il est photographe free lance à Bruxelles, puis en Italie dans les années 2000. Il collabore avec de nombreux studios et se consacre pleinement au développement de la photo numérique. Il s’installe en Tunisie en 2006 et tra-vaille sur divers projets. Il enseigne également à l’Institut Supérieur des Arts Multimédia (ISAMM).

David PisaniDavid Pisani est photographe professionnel. Il s’intéresse particulièrement à l’architecture et au paysage urbain. Il a travaillé dans plusieurs projets autour du patrimoine pour le gouvernement de Malte, l’UNESCO, la fondation Getty et l’institut Courtauld. Une de ces récentes séries photo-graphiques font désormais partie d’une collection perma-nente à la Bibliothèque Nationale de France

Pol Guillard

MdT

David Pisani

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édito n° 11

Dans un vent de fraicheur, des envies nouvelles naissent. Alors oubliez l’amertume de ces derniers temps et ouvrez vos intérieurs aux styles nouveaux ! Dépoussiérez et laissez entrer la lumière et les couleurs pour décharger et libérer vos esprits d’un conformisme étouffant. Du velours, de la dentelle, des chaises en béton et le buffet de votre grande tante s’accordent dans un écrin de papier peint fleuri aux senteurs de jasmins. Une ère nouvelle est en marche : celle de la renaissance des arts, d’un patri-moine oublié et d’un sincère respect de notre environnement. Ce 2011 renaissant est pour nous marqué d’un style à l’identité forte. Fini la neutralité de l’épure stylistique, on redécouvre le baroque et l’art nouveau, les excès fleuris et les intérieurs chargés, ou encore les très recherchés accessoires de Shourouk. Un romantisme qui se cache derrière les mélanges stylistiques savamment agencés, parsemés d’objets, de tapis et de lumières provenant d’un artisanat des plus raffinés et qu’il est essentiel de conserver. Nous verrons comment le patio ancestral est utilisé dans le cœur de la médina de Tunis. Nous irons exceptionnellement « Murmurer » à la galerie El Marsa pour découvrir le travail de l’artiste photographe Mouna Karray. Notre grand voyage de ce mois nous mène au cœur de La Valette, capitale de l’île de Malte taillée dans la roche ocre et surplombant la mer. A Malte, nous apprécierons le temps qui coule, l’effervescence de jeunes architectes et nous connaitront les visages de la Valette à travers le reportage du talentueux pho-tographe David Pisani. Le voyage qui nous mène aujourd’hui à Malte, une île à 180 kilomètres des côtes de Carthage nous offre un patrimoine exceptionnel, tournée depuis récemment vers l’art moderne, mais aussi vers une architecture contemporaine raffinée et attachée à son site.La beauté qui transpire des murs de la Valette a franchi les frontières de l’île pour s’exprimer dans les rues de Tunis où David Mallia nous explique la grande influence des bâtisseurs maltais qui vivaient à Tunis au début du 20e siècle.

Que la lumière soit !

Chacha Atallah

étoilesSous le signe des

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BLACK IS BACK : : PATCHWORK : : ACTUALITéS DESIGN & EXPO & ARCHIOBJETS, BIJOUX D’EXCEPTION : : GOOD FOOD A BEYROUTH A LIRE A LA LIBRAIRIE FARENHEIT

Ten

tati

on

s Black is back

Lampe sur pied Alexander Taylor By Established&Sons, 1275 DT.www.pretigeprojects.net

Suspension Emperor M BY Moooi.www.voltex.fr

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Tentations

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1 Lampe de bureau, LandMark, Sylvain Willenz By Established&Sons, 1175 DT.www.prestigeprojects.net2 Tapis, Caramelos Rojo, José A.Gandia140 x 60 cm By GAN, 400 DTwww.prestigeprojects.net3 Chaise en plastique teinté noir Surface Chair Terence Woodgate, John Barnard By Established&Sons, prix sur demande.www.prestigeprojects.net4 Armoire, Tudor Cabinet, Jaime Hayon By Established&Sons, 11,500 DTwww.prestigeprojects.net5 Coupe à champagne en cristal clair soufflé bouche d’une contenance de 17 cl. BY BACCA-RATwww.voltex.fr6. grande coupe translucide baptisée moon by KARTELLwww.voltex.fr7. Table basse, Aqua Table, Zaha Hadid By Established&Sons, prix sur demande. www.prestigeprojects.net

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Tentations

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Tendances

Rêves colorés

1- Chaise en métal avec piétement en béton, Chair one Konstantin Grcic By Magis, 1225 DTwww.prestigeprojects.net2 Vase, Audrey Vase, Michael Eden By Established&Sons, 4000 DTwww.prestigeprojects.net3 Tapis, Caramelos Rojo José A.Gandia140x60 cm By GAN, 350 DTwww.prestigeprojects.net4 Tapis, Caramelos Turquesa José A.Gandia110x70 cm By GAN, 350 DTwww.prestigeprojects.net5 Buffet, WrongWoods, Richard Woods, Sebastian Wrong By Established&Sons, 5895 DTwww.prestigeprojects.net6 Tapis, Caramelos Naranja José A.Gandia 130x50 cm By GANwww.prestigeprojects.net7 Vase WINTER; en verre souflé et porcelaine by ROCHE BOBOISwww.roche-bobois.com8. BRIDGE BOB; chaise en cuir avec couture ton sur ton et piètement en acier chromé.www.roche-bobois.com

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11. Tapis RINGO 240x240 crée par Vic-tore Carrasco pour GAN; 3 250 000dtwww.prestigeprojects.net2. AKILLE, fauteuil crée par Emilio Nanni pour la maison Roche Bobois; prix sur demande.www.rochebobois.com3. Lampe de table BINIC by FOS-CARINI, avec base en aluminium et projecteur en polycarbonate; prix sur demande.www.voltex.fr4. VERTIGE; Grand canapé 3 place by Roche Bobois; prix sur demande.www.rochebobois.com

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5. Room, Mario Ruiz 240x240 by GAN; 5 875 000www.prestigeprojects.net6. Lampadaire Gigantic en textile et métal de chez VIBIA. prix sur demande.www.voltex.fr7 Alfa est un canapé crée par Emaf Progetti pour ZANOTTA; prix sur demandewww.voltex.fr

8. Pouf FLOWER SANAA by VITRA; prix sur de mandewww.pretigeprojects.net

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1. Tapis GRAFITO, diamètre 225cm crée par José A.Gandia pour GAN; 3 250 000dtwww.prestigeprojects.net2. TUDOR CHAIR, crée par Jaime Hayen pour Established&Son; 2 515 000dt..www.prestigeprojects.net3. SUITA, fauteuil crée par Antonio Citterio pour VITRA 9 047 500dt.www.prestigeprojects.net4. Lampadaire Wind 4055, avec diffuseur en méthacrylate. crée par Jordi Vilardel pour VI-BIA; prix sur demande.www.voltex.fr

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Tentations

Action solidarité

« Pièce Blanche pour un sourire »

« Pièce blanche pour un sourire »Par le Rotaract Club Tunis Cosmopolitan

L’histoire a commencé en 2006 quand un groupe de jeunes amis, engagés et moti-vés, décident d’entamer une aventure ro-taractienne : le Rotaract Club Tunis Cosmo-politan est né, il sera parrainé par le Rotary Club El Menzah. Depuis, le club n’a cessé de suivre les axes fixés par le Rotary, à savoir rendre service à la collectivité, proposer des activités de

développement professionnel, chercher à avoir des ressources supplémentaires ou encore développer le leadership. Grâce au succès de ses actions, le Cosmo a participé à la promotion de l’image du Ro-taract en Tunisie. Les membres qui ont fait ou qui font partie du club ont su préserver le dynamisme qui le caractérise. Actuellement le club compte 27 membres qui, depuis le début de l’année, ont travaillé dur pour réaliser de grandes actions telles que « Couffin de Ramadan », « Rentrée sco-laire », « Couvertures pour tous », « Un toit pour tous »,… En ce mois de mars, le Rotaract Club Tunis Cosmopolitan entame pour la 3ième an-née consécutive son action phare « Pièce blanche pour un sourire ». L’édition 2011 ne pouvait pas ressembler aux précédentes, elle se devait d’être à la hauteur des évène-ments que vit notre pays actuellement. Dès lors, le club a décidé d’organiser la ven-te de 6000 cartes postales représentant la révolution tunisienne à 1 DT la pièce. Les membres du club se mobilisent pour la vente des cartes et seront présents dans les facultés, les écoles supérieures, les grandes surfaces, etc… L’argent récolté servira à res-taurer et à équiper un dispensaire à Fériana, gouvernorat de Kasserine. Le club bénéfi-ciera notamment de l’aide de l’association « Ma Tunisie » qui s’est chargée d’organiser une collecte de fonds dans la ville de Qué-bec au Canada. D’autre part, le Rotaract Club Tunis Cos-mopolitan préserve une des spécificités de cette action qui est de venir en aide à l’INPE (Institut National de Protection de l’Enfan-ce). En effet, une partie des dons servira à acquérir des équipements dont le centre a fortement besoin.La solidarité des tunisiens va, plus que ja-mais, jouer un rôle important dans la réus-site de cette action.

Pour de plus amples informations, vous pouvez contacter la secrétaire du Club Ma-demoiselle Sherifa Riahi, par téléphone au 22 026 806 ou par mail [email protected] ou visitez notre site www.rotaract-tunis-cosmopolitan.com Aziza Fehri

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Tentations

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Zeineb Sedira / Paris Gardiennes de mémoires

Zineb Sedira explore la mémoire indivi-duelle et collective ainsi que l’enjeu des déplacements humains. Travaillant princi-palement avec la vidéo, la photographie et l’installation, l’artiste s’est penchée sur les questions de transmission, de langage, de mobilité ainsi que sur les représentations de symboles culturels et identitaires.

Avec le projet Gardiennes d’images, com-binant documentaire filmé et installation, Zineb Sedira s’attache à proposer une re-valorisation et une diffusion du travail pho-tographique sur la révolution algérienne de Mohamed Kouaci, au travers des récits de sa veuve, Safia Kouaci. Celle-ci s’efforce depuis la mort du photographe en 1997 de préserver ces archives inestimables de l’histoire algérienne. Véritable collabora-trice et témoin privilégié de nombreux évè-nements historiques, Safia Kouaci sort ici

de l’ombre pour devenir la figure centrale du projet de l’artiste. Gardiennes d’images souligne la force des liens qui perdurent au delà de la mort ou de la solitude ainsi que l’importance de la voix de nos ainés et la fragilité de la mémoire.

[1963] Vit à Londres, travaille entre Londres, Paris et Alger.

Zineb Sedira bénéficie d’une exposition rétros-pective au musée d’art contemporain de Mar-seille [mac], Les Rêves n’ont pas de titre, du 19 novembre 2010 au 27 mars 2011.

En partenariat avec Le Journal des Arts.Zineb Sedira est invitée à exposer dans un Mo-dule du Palais de Tokyo en tant que lauréate du prix SAM pour l’art contemporain 2009.Son exposition Gardiennes d’images bénéficie du soutien de la fondation SAM Art Projects.

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Art Fair/DubaiSous la direction d’Antonia Carver, nouvelle directrice d’Art Dubai, cette 5ème édition est la plus importante et la plus dynamique organisée à ce jour.Lieu de rencontre entre les scènes artisti-ques des régions du Moyen-Orient, d’Afri-que du Nord et d’Asie du Sud, Art Dubai se tiendra du 16 au 19 mars 2011 au Madinat Jumeirah et accueillera plus de 82 expo-sants.Parmi les galeries qui participeront pour la première fois seront présentes : Marianne Boesky Gallery (New York), Rodeo (Istanbul), Pilar Corrias (Londres), ARTSIDE Gallery (Seoul, Pékin), Johann König (Berlin), Good-man Gallery (Johannesburg) et Chatterjee & Lal (Mumbai).Parmi celles qui renouvellent leur participa-tion seront présentes : Carbon 12 (Dubai), Galerie Chantal Crousel, (Paris), Athr Gallery (Jeddah), Green Cardamom (Londres), Agial Art Gallery (Beyrouth), Frey Norris (Etats-Unis), Chemould Prescott Road (Inde), et The Third Line (EAU).

Mobilier et accessoires en fibre de palmier du 04 au 12 décembre. Expo Vente à l’espace Zmorda à la Soukra

Ci dessous : Patricia Triki, From the series Free Art, free art 1, Silver print, Ed.5, 80x120 cm, Courtesy Galerie El Marsa, Tunis.Ci contre : Nadia Kaabi-Linke, Flying Carpets, artiste tuni-sienne et l’ une des gagnantes du Abraaj Capital Art Prize.

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Shourouk joue avec des broderies anciennes récupérées sur des anciens vê-tements. Son goût rétro glam la pousse à les mélanger avec des pierres fines de récup par exemple, pour en faire des bijoux uniques. Avec audace, elle reprend les sequins d’argent de son enfance, bercées par la douceur estivale de Nabeul. Dans ses créations tout s’assemble et se détache, virevolte sur les cheveux ou autour du cou. Composition : Shasha

ShouroukBijoux

1. GALAXY KissyCollier à motif oiseau et à éléments en broderie de point sur les branchesBranche métallique recouverte d'éléments en crochet et de broderie composé de cris-taux Swarovski, filet de perles, de paillettes au néon.PRIX: 835 € / 1115 $

2. Valtesse BLEUCollier à motif oiseau et à broderie de points de fleurs sur les branchesBranche métallique recouverte d’éléments du crochet et de broderie composé de cris-taux de Swarovski et de cristaux de verre, le cuir.PRIX: 735 € / 980 $

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3. art deco brid broochPaillettes en plastique rose fluoPRIX: sur demande

4. pink cleoPaillettes en plastique rose fluoVerre de Shwarovsky, chaîne en laitonPRIX: sur demande

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Tentations

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1. CLAW CHEETAHBague en forme de CheetahCristaux Swarovski, le cuir, structure métallique PRIX: 410 € / 540 $

2. VAMPIRESAComposition avec des éléments bro-dés avec cristaux de Swarovski.Chaîne en laiton recouvert d’éléments de broderie composé de cristaux de Swarovski, perles shiffon.PRIX: 785 € / 1045 $

3. FRAGOLA DAISYCollier avec le lapin et éléments de broderie de point sur les branches.Branche métallique recouverte d’élé-ments du crochet et de broderie composée par de cristaux de Swaro-vski, maillage de perles, de paillettes au néon, en cuir.PRIX: 885 € / 1180 $

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1. CHEF CHEETAHBrassard avec une broderie tête CheetahLaiton manchette, cristaux Swarovski, le cuirPRIX: 435 € / 570 $

2. VEGAS E. LIGHT TOPAZBOUCLES D'OREILLES (CLIPS)Cristaux Swarovski, le cuir, chaîne en laitonPRIX: 260 € / 340 $

3. VEGAS E. EMERALDBOUCLES D’OREILLES (CLIPS)Cristaux Swarovski, cuir, chaîne en laitonPRIX: 260 € / 340 $

4. VEGAS E. CRYSTALBOUCLES D’OREILLES (CLIPS)Cristaux Swarovski, cuir, chaîne en laitonPRIX: 260 € / 340 $

5 ; 6. BEE EARINGBOUCLES D’OREILLES (CLIPS)Cristaux Swarovski, cuir, chaîne en laiton.PRIX: 320 € / 420 $

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1. BAROQUE NOIRCollier avec un oiseau et de la broderieCristaux Swarovski, tissu vert, cuir:PRIX: 385 €

2. OPIUM DARKCollier composé avec des éléments de broderie.Cristaux Swarovski, en pierre recouverte de tissu rose, bleu et vert, des paillettes en plas-tique, chaîne en laiton, cuir.PRIX: 885 € / 1180 $

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4. SILVER BAGSac à main avec des éléments de bro-derieSequins d'argent métal, des cristaux Swa-rovski et de la pierre, tissu rose, satin vert.PRIX: 885 € / 1160 $

5. GALAXY BAGsac à main matelassé avec broderieSequins d'argent métal, Swarovski Elements cristaux, paillettes néon, cuir, maille perle.PRIX: 1210 € / 1585 $

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33. JOE-LA-GACHETTECollier composé avec tête d’ours, et élé-ments brodés.Branche métallique recouverte d’éléments de crochet et de broderie composé de cris-taux Swarovski et des perles vintagePRIX: 1385 € / 1845 $

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Tentations

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le retour du Tapis

Tendance

La marque espagnole Gandia Blasco affirme depuis quelques années une nouvelle bannière : celle du tapis, sous la marque GAN. Une collection extrême-ment variée grâce à la collaboration de designers de renommés tels que Patricia Urquiola et Jean Marie Massaud.

Ils ont misés sur un travail de qualité, des tissages à la main et des techniques inédites. Ils revisitent des thèmes comme le Kilim pour une image plus contemporaine.

Gan distribué en Tunisie par Prestige Project

*Chapinones

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*Books

*Siracusa

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*Wall

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*Kilim

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Actu design&expoDrawing with the Things ThemselvesPaola Yacoub/Beyrout

Jeune homme de Byrsa / Carthage le Harem de Lalla

Essaydi/ Zurich

Depuis ses premières investigations et per-formances sur la photographie au début des années 90, comme The Fountain and Inundation (collage et maquettes), The Voi-ce (objets, photographies et textes, Paola Yacoub a produit de nombreux court métra-ges et essais photographiques. Ses travaux explorent la question des rituels, l’interpré-tation de photos à partir de la connaissance d’un territoire, et enfin la manière dont les informations dramatisent l’image, la ville et le portrait du paysage libanais. Le travail de Paola Yacoub met en lumière les perspec-tives sur les contingences autobiographi-ques, et la façon dont la perception d’un lieu peut changer sans aucune altération de sa forme physique.L’exposition qui lui est consacrée au Beirut Art Center présentera une large sélection de photographies, photomontages, des-sins, maquettes et vidéos produits par l’ar-tiste durant ces vingt dernières années.

Du 10 février au 9 avril 2011 au Beirut Art Center. Beyrouth.

En parfait état de conservation, le squelette du «Jeune Homme de Byrsa» avait été dé-couvert, de manière totalement fortuite, en 1994 par l’archéologue français Jean-Paul Morel, sur le site même du musée de Carthage.Après moulage de son crâne, le squelette a fait l’objet d’une dermoplastie, véritable reconstitution anthropométrique, dans les Ateliers Daynes à Paris. Cette reconstitution permettra au grand public de rencontrer, presque en chair et en os un Carthaginois du VIe siècle avant J.-C., haute époque punique.La présentation originale du personnage à travers une exposition conçue aussi bien comme une démonstration scientifique qu’une création artistique, puis son ins-tallation définitive au musée de Carthage constitueront un pôle d’attractivité sup-

plémentaire pour le tourisme culturel en Tunisie.

L’itinéraire de la visite commence par la tombe située à l’entrée du musée de Car-thage sur l’esplanade de Byrsa qui sur-plombe la magnifique baie de Carthage. Les visiteurs accèdent ensuite au premier espace de l’exposition du matériel décou-vert : squelette et sarcophage, matériel funéraire (céramiques et offrandes), bijoux et amulettes, accompagnés de posters, de notices et de cartes relatives à l’histoire de la ville archaïque (VIe siècle avant J.-C.) et de ses nécropoles.

Jusqu’à mars 2011 au musée de Carthage.

Paola Yacoubmoulage d’un impact de balle trouvé sur la ligne de démarca-tion North/Sud.Beyrout, 1995.Photo copyright: Fares Jammal

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Monumenta/Grand Palais

le Harem de LallaEssaydi/ Zurich

L’artiste indien basé à Londres retrouve les grands espaces. Après le TURBINE HALL de la Tate Modern de Londres et le coeur du Millnnium Park de Chicago, c’est sous la nef du GRAND PALAIS dans le cadre de la prochaine édition de Monumenta, qu’Anish Kapoor dévoilera sa dernière superproduc-tion. On ne sait encore de quoi elle sera faite, mais on parie que ses courbes conquerront le public parisien. A noter la sortie de sa monographie (en français) chez Phaidon.

ANISH KAPOOR, du 11 mai au 23 juin 2011 au Grand Palais. Paris

Cette critique artistique des peintures du début du 19e siècle jette un regard dé-mystificateur sur la femme arabo-musulmane, rompant avec la vision imaginaire de ces artistes à la recherche de l’Orient mythique.Ce conte photographique, écrit en calligraphie arabe, représente des femmes dans la vie quotidienne du milieu du 19e siècle jusqu’au début du 20e siècle, à la manière des Orientalistes dont les peintures abordent des thèmes assez variés, reflétant une vision occidentale de l’Orient. Mais la ressemblance s’arrête là.L’objectif de la photographe-peintre, Lalla Essaydi, vise à « corriger » cette image « simpliste » de la femme arabo-musulmane de l’époque, longtemps véhiculée en Occident.C’est à partir de ces peintures, notamment « Les femmes d’Alger » de Delacroix que l’idée a germé dans son esprit et que la série « Les Femmes du Maroc » est née, explique l’artiste.Lalla Essaydi propose une lecture différente de la femme orientale. « Je suis ré-voltée par cette lecture, ce regard de l’Occident sur l’Orient tendant à confiner la femme à une dimension d’objet », dit-elle. C’est pourquoi elle veut lever le voile sur l’aspect « fétichiste et stéréotypé » de la peinture orientaliste, à travers une approche par l’absurde.Pour se faire, elle s’attèle à une adaptation des œuvres orientalistes, car chaque « toile-photographie » est accompagnée de son original. « Les femmes d’Alger » d’Eugène Delacroix, la « Grande Odalisque » de Jean Auguste Dominique Ingres, ou encore, « Le marché aux esclaves » de Jean Léon Gérôme.

Du 10 mars Jusqu’à 14 mai 2011 à la Galerie Edwynn Houk zur Stockeregg. Zurich.

Sky Mirror Red, 2007, Anish Kapoor

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Taj Omayma /Marrakech Un concept innovant : louer un Hôtel de luxe en exclusivité pour une semaine.Situé à 15 min de Marrakech face à l’Atlas, sur la route d’Amizmiz (Route du Lac), l’Hô-tel Taj Omayma propose un concept d’ex-ception pour passer des vacances luxueu-ses en toute sérénité. Le Taj Omayma propose pour quelques pri-vilégiés de privatiser «louer» entièrement cet hôtel. Un hôtel de luxe qui devient le vôtre, l’espace de vacances en famille, avec vos meilleurs amis ou pour un cadeau vrai-ment très original.

Rooms in & out- Chaque chambre Room in&out laisse le choix de s’endormir dans l’intimité de la chambre intérieure face à un feu de che-minée, ou dans le Moon Bed de la terrasse supérieure pour profiter des pluies d’étoiles filantes et d’un réveil sur les montagnes enneigées de l’Atlas.- Le jardin privatif des chambres bénéficie d’une baignoire extérieure pour se rafraî-chir le jour et prendre un bain de minuit à la belle étoile.

Little Lodges- Dans l’espace de la chambre une baignoire creusée dans le sol est disposée face à une cheminée pour un bain intime et chaleu-reux.- Chaque Lodge d’une superficie de 55 m2 possède son propre jardin avec une bai-gnoire extérieure pour un véritable bain de minuit. Et une vue imprenable sur les mon-tagnes enneigées

Des activités proposent des sorties dans le désert d’Agafay en quads ou encore des Dî-ners à la Belle Etoile dans une oasis ou des pique-niques de luxe dans le désert.

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Mama Schelter / Paris/ Istanbul

MAMA

Un désir. Une ville. Paris, capitale mondiale du tou-risme. Paris, terre d’asile et d’accueil. Un quartier. Saint Blaise, son caractère rebel et son allure de campagne. Mama Shelter, c’est la clé d’une ville. Mama, c’est vo-tre Mama, notre Mama, la Mama de tous. Shelter, c’est l’abri, votre abri, notre abri, l’abri de tous. Mama Shel-ter accueille les voyageurs dans ses 170 chambres.

Les fondateurs

Imaginé par la famille TRIGANO (co-fondatrice du Club Med) et Cyril AOUIZERATE, philosophe, MAMA SHELTER a été dessiné par Philippe STARCK. MAMA SHELTER c’est un lieu de vie à l’atmosphère unique.

L’ouverture du MAMA Shelter Istanbul est prévue pour sep-tembre 2011.

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Mondrian et De Stijl/ Centre PompidouParmi les avant-gardes européennes du début du 20e siècle, le mouvement artistique néerlandais De Stijl constitue une clé de lecture fondamentale pour la compréhension des sources de la modernité. Jouant un rôle crucial dans la genèse de l’abstraction, il a également exercé une influence majeure sur l’archi-tecture, le design et les arts graphiques. Les deux artistes les plus représentatifs de ce mou-vement sont Piet Mondrian, pionnier de la peinture abstraite et principal théoricien du groupe et Théo Van Doesburg, chef de file du mouvement, peintre, architecte, critique d’art et directeur de la revue De Stijl (« Le Style »). En 1917, Van Doesburg demande à Mondrian de participer à son projet de revue. Les deux hommes partagent la volonté de faire connaître une nouvelle vision de l’art. Par la suite leur relation plus complexe, entre émulation et rivalité crée des divergences et pousse Mondrian a quitter la revue. Le mouvement De Stijl prend ses sources à la fois dans la philoso-phie d’Hegel et dans la pensée théosophique alors répandue en Hollande. Mondrian théorise et met en œuvre une transcription plastique, picturale et archi-tecturale, des principes d’une harmonie universelle par la fusion de tous les arts. Ses membres affirment un art géométrique fondé sur des couleurs primaires et des lignes droites. A partir des années 1920, le noyau originel qui compose le mouvement s’élargit à d’autres membres en Europe. Le parcours de l’exposition au Centre Pompidou à Paris, s’articule en trois sections : il s’ouvre et se clôt avec les artistes et les architectes du mouvement de De Stijl ; la première section aborde les sources du mouvement, la dernière section est consacrée à ses développement et à sa diffusion ; au centre une pré-sentation monographique est consacrée à Mondrian et aux œuvres qu’il produit, principalement à Paris, entre 1912 et 1938.

Du 1er décembre 2010 au 21 mars 2011 au Centre Georges Pompidou à Paris.

Piet Mondrian, Pommier en fleur, 1912

Piet Mondrian, Tableau 1, 1921

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ChroniqueThe good souk

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Kamal Mouzawak est considéré aujourd’hui comme le précurseur d’une nouvelle gastronomie. Il est en effet derrière le concept de « marché fermier », un restaurant basé sur la

conservation des traditions culinaires portées quotidiennement et fraichement par les fermiers du Liban qui l’instant d’une semaine se transfor-ment en cuisiniers pour faire partager leur cultu-re culinaire.

Kamel Mouzawak a une formation de graphiste mais il n’a jamais exercé en tant que tel. Après quelques années de guerre et de stagnation pro-fessionnelle il voyage à travers tout le Liban, « un pays dont j’entends parler mais que je ne connais pas » dit il. Il devient alors journaliste touristique, puis se spécialise dans le journalisme culinaire. Cette dernière expérience lui permettra de maî-triser et de comprendre le marché de la produc-tion maraîchère et d’avoir une connaissance affi-née des réseaux de distribution et de la qualité des produits. Tout commence en 2004 au Souk el Tayeb, un marché de petits producteurs venus de toutes les régions du pays. Les familles viennent sur ce marché vendre des produits qui poussent dans leurs fermes. Une façon d’exposer les richesses de chaque région. Le souk el Tayeb est aussi un lieu de rencontre. Dans un pays marqué par des divisions communautaires, ce marché offre un espace neutre où l’échange est possible. « Tout ce que nous entreprenons est l’expression d’une seule vision qui est de soutenir les petits produc-teurs et fermiers ».Après avoir organisé des festivals autour de spé-cialités culinaires propres à chaque région, Kamal Mouzawak crée le Tawlet : une cuisine ouverte dans le quartier de Mar Mikhael à Beyrouth où il invite chaque semaine différents fermiers du souk pour créer leur propre menu. Le Tawlet de Kamel Mouzawak est une véritable révolution dans le monde de la restauration car il offre un lieu d’expression unique pour les fer-miers et surtout une mémoire pour toutes les traditions culinaires du Liban.

Shasha

Page précédente :Kamal Mouzawak dans son restaurant le Tawlet à Beyrouth.Ci-contre et page de droite : Vues du restaurant le Tawlet dans un style «rustique» et qui accueille cha-que semaine un fermier différent pour préparer le menu.

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1A lire

1. Vanishing Valletta

Photo : David Pisani extrait du livre Vanishing Valletta« Victoria Gate& East street, Valletta »

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Né en 1965 à Malte, David Pisani est photographe profession-nel. Il a commencé ses premiè-res manipulations depuis son plus jeune âge, de manière

autodidacte et expérimentale. Il dit avoir conçu lui-même sa chambre noire. Les deux artistes Ansel Adams et Eugène Aget l’ont particulièrement inspiré et ont beaucoup influencé son œuvre photographique, aus-si bien sur le plan technique qu’artistique. Son intérêt pour l’architecture et l’histoire a orienté son regard vers le paysage urbain et le patrimoine architectural de son île natale et d’autres villes du monde, comme Paris et Dubai. Aujourd’hui, son travail photogra-phique constitue en lui-même un patrimoi-ne précieux et un témoignage très riche de territoires en pleine évolution. Vanishing Valletta est un projet commun qui croise le regard du photographe et celui des archi-tectes maltais Konrad Buhagiar et David Fe-lice, unis par leur passion pour une Valette toujours fière, bien que menacée. A travers cet ouvrage illustré et commenté, paru en 2006, la pierre maltaise dorée est racontée dans tous ses états…(d’âme) : dégradée, restaurée, rongée…etc. Les monuments historiques sont glorifiés ; les bâtiments abandonnés sont réanimés. Ce travail, très ambitieux et investi, se place entre le docu-mentaire et le nostalgique.

Dans la photographie 1 : Royal Opera house, Republic street, à la Valette, l’ima-ge témoigne d’un paysage architectural en pleine mutation. A l’heure actuelle, un chantier est en train de se mettre en place pour revaloriser ces ruines de l’opéra, à l’en-trée de la Valette, bombardé pendant la deuxième guerre mondiale. Une interven-tion contemporaine conçue pas l’architecte Renzo Piano en collaboration avec l’agence AP tend à revaloriser l’entrée de la ville. Dans la photographie 2 : Victoria Gate & East street, à la Valette, on voit l’ancienne porte, située au pied du grand port The grand Harbour. Les escaliers mènent au centre de la ville. David Pisani commente lui-même cette photo en disant : « J’ai tou-jours pensé que cette entrée à la Valette est la meilleure manière d’approcher la ville, sur-tout lors d’une première visite. Elle donne une idée claire de la structure de la ville qui a été construite autour des fortifications, implan-tées sur une colline qui confère à la ville sa topographie si particulière ». Dans la photographie 3 : Saint Ursula Street, à la Valette, David Pisani nous confie qu’il porte une affection particulière à cette image, ayant vécu dans cette rue pendant presque dix ans, même si, en ayant souffert de la chaleur en prenant cette photo en plein mois d’août, il n’aurait jamais imaginé s’y installer un jour. Il affirme par la suite

que : « ces rues en escaliers, implantées sur une pente très raide, sont un véritable poste d’observation qui offre des vues imprenables révélant un urbanisme assez particulier qui fonctionne très bien car il est sans doute le fruit d’une réflexion urbaine et architecturale et non le résultat hasardeux d’une pression spéculative ». Ce commentaire révèle l’une des préoccupations de David, largement partagées par d’autres quant à l’avenir de la Valette. Cette dernière est au cœur de la spéculation du marché immobilier. Les prix des propriétés explosent d’un coup. Aujourd’hui, la conscience de la valeur de la Valette est plus animée par des motivations pécuniaires que par une responsabilité par rapport à son histoire.

Fériel Lejri

Photographies : David PisaniIntroduction et essais par Konrad Buhagiar et David Felice Editions MIDSEA BOOKS.144 pages Prix : 43 euros disponible aussi sur [email protected]

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Royal Opera House, Republic street, VallettaPhoto : David Pisani

Saint Ursula street, VallettaPhoto : David Pisani

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«Je regarde quelques photos de Bernard Zehrfuss à différentes époques de sa vie. A l’école, au service militaire, le jour où, vainqueur du Grand prix de Rome, il est porté en triomphe par tous ses camarades des beaux arts, quelques années plus tard quand il dirige les premiers travaux de construction en Tunisie, plus tard encore, au milieu de di-vers chantiers, le CNIT, l’Unesco, le musée de Lyon…Et sur toutes ses photos, je retrouve ce merveilleux mélange de gaieté, d’intrépidité et de malice, qu’il faut bien appeler la grâce française. Une rigueur et une acuité de jugement dans son travail et un génie parti-culier pour le dessin architectural le rangent parmi les représentant les plus forts de la construction, dans cette seconde moitié du siècle. Mais derrière sa réussite professionnelle se cache un homme à la modestie absolue, qui n’oublie jamais d’aimer et de goûter la vie et d’en faire son chef d’œuvre. Cette vie qu’il a voulu toujours pleine de tolérance et de générosité, ouverte sur le monde et sur les autres.Cette vie qu’il regrettait de quitte, mais qu’il a quitté sereinement pour aller rejoindre l’étoile qui, il en était persuadé, l’attendait.»

Patrick Modiano, automne 1996. Auteurs: Christine Desmoulinsinfolio, Editions du patrimoine 192 pages.

22 Bernard Zehrfuss

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Tentations3«Cher Pierre,En lisant ton texte, je me suis dit que je pouvais souscrire à chacun des mots qui le composent. Le re-levé d’architecture vernaculaire a constitué une bonne part de ma formation d’architecte, aujourd’hui le chantier est au centre de ma pra-tique quotidienne.J’ai regardé le dictionnaire. Il indi-que que le terme « vernaculaire » proviens du latin vernaculus, qui signifie « indigène, domestique », verna désignant « l’esclave né dans la maison ». Reconnaître les cultu-res vernaculaires, ce serait donc d’abord rendre aux peuples réduits en esclavage leur place dans la maison commune de l’histoire des hommes.Ensuite j’ai pensé au déplacement des savoirs : l’homme est noma-de, le savoir est mobile. Vue sous cet angle, la mondialisation peut ouvrir des voies, après une premiè-re phase risquée qui a entraîné une fragilité artistique. Les pays en dé-veloppement ayant, par nécessité, dû déployer des stratégies pragma-tiques, il se pourrait donc bientôt que le monde occidental, par un effet de retournement inattendu, y découvre les modèles qui lui per-mettront peut être de surmonter la crise sociale, environnementale et culturelle qu’il traverse aujourd’hui. Il a fallu du temps pour trouver cette voie, il a fallu le savant et l’his-toire pour que le monde occiden-tal puisse être capable d’aborder et de reconnaître l’architecture sans architectes, dans un processus qui continue un retournement politi-que de la colonisation.Quand le débat est circonscrit en-tre l’architecte et son client, il est inégal : l’architecte essai d’imposer sa science face à quelqu’un qui ne comprend pas. Mais quand le client est en présence de celui qui va

construire, il y’a une sorte de res-pect qui s’installe. Même si les sa-voirs ont disparu, le chantier reste ce moment riche où l’objet désiré va pouvoir se matérialiser.Tu m’objectes sur les « vrais » chan-tier du monde globalisé, on a ri-goureusement et soigneusement éradiquer toute possibilité de re-construction du corps constructeur. Et que l’économie contemporaine de la construction a besoin de deux types de travailleurs : d’une part un petit nombre de techniciens hau-tement qualifiés, capable d’exer-cer le pouvoir, d’autre part, un très grand nombre de manœuvres in-terchangeables, qui n’ont aucune conscience de ce qu’ils exécutent. Je pense que ce chantier global, dont Dubaï est la conséquence ex-trême, va bientôt s’effondrer. Dès lors, la voie que j’ai choisie est celle de la construction en autoproduc-tion, que j’applique en ce moment au logement social. Sur cinq chan-tier en cour je n’ai fait que suivre des gens ayant du temps disponi-ble, dont les conditions sont trop modestes pour accéder au système du logement subventionné ou à la propriété, mais qui peuvent y in-vestir leur temps, leur savoir-faire et leur force de travail.Je crois à la formation sur le tas, par l’imitation et par l’expérimen-tation. En transformant nos chan-tiers en chantiers « vernaculaires », nous avons peut être le moyen de faire renaître l’ouvrier constructeur, aujourd’hui réduit à être l’esclave moderne du chantier global, en le replaçant au cœur de la maison. » Patrick Bouchain

Auteurs: Pierre Frey Actes Sud 175pages.

Learning from3 Vernacular

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Arrêt sur MAlte

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Malta ContemporaryArt Foundation

Page de droite (de haut en bas) :Douglas White - Extrait de l’exposition, Masque-rade - Courtesy of Paradise Row, MCA & the ar-tist (Photo: Mark Mangion)Sabine Bitter & Helmut Weber - Extrait de l’expo-sition, Upon Arrival. Spatial Explorations curated by Margit Neuhold - Courtesy of MCA & the ar-tist (Photo: Mark Mangion)

Ci contre :Cyprien Gaillard - Cities of Gold and Mirrors Extrait de l’exposition, The Fight Against Vege-tation - Courtesy of Bugada Cargnel, Paris, Laura Bartlett Gallery, London and Sprüth Magers, Ber-lin, MCA & the artist (Photo: Mark Mangion)

Malta Contemporary Art Foun-dation (MCA) est une orga-nisation culturelle à but non lucratif, fondée en 2008, pour l’amélioration et l’évolution

de la société maltaise contemporaine.Jusqu’avant la création de cette fondation, l’art contemporain à Malte s’exprimait de manière timide, isolée, peu partagée et connue par le public. Le MCA vise à sensi-biliser la jeune génération maltaise à l’art contemporain et à éveiller sa conscience sur l’importance de ce dernier dans l’améliora-tion et l’évolution de la société contempo-raine.Pour cela, MCA a mis en place une structure très créative et dynamique qui encourage et fait connaitre les artistes émergeants locaux ainsi que d’autres artistes internationaux in-fluents à travers des expositions individuel-les ou de groupe.Conférences, projections de films, works-hops, séminaires, productions audio-visuel-les…etc. sont organisés par MCA en plus des expositions.

Fériel Lejri

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Joss G. Ellulun architecte maltais en Tunisie

On se pose la question de pourquoi émigrer ? Quitter son pays d’origine peut sembler un acte irrévocable, mais il y a des cas de forces majeures qui conduisent souvent à ces mou-vements. Les motivations principales sont, généralement, les épidémies, les crises économiques, les problèmes causés par

une forte densité de population et le manque de ressources naturelles. Les maltais ont du quitter leur petite île pour toutes ces raisons.

Les premiers maltais à émigrer ont atterri à Porto Farina (Cap Bon tunisien) et à Djerba : ils étaient des pirates, des contrebandiers ou des renégats, qui étaient des esclaves chrétiens restés en Tunisie. Une fois libérés, ils se convertissent à l’Islam. Leur nombre a augmenté avec l’arrivée de mar-chands et commerçants qui se sont installés dans les fondouks. Mais, dès la seconde moitié du 19ème siècle, l’émigration maltaise s’est visiblement accrue, en grande partie à cause de la politique française de peuplement du Maghreb par des chrétiens.

Ci contre :Eglise de Houmt el Souk à Djerba édifiée en 1857 par la communauté maltaise de l’îleCrédit : David Mallia

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Détails de façade de la villa Boublil, située au 18 de la rue d’Autriche à Tunis.Photo : Pol Guillard

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Leur langue maternelle - le maltais - est un dialecte arabe d’Afrique du Nord qui a facilité leur intégration avec les «indigènes». Mais, les maltais étaient des chrétiens et cela les empêchait de se marier avec les musulmans. Ainsi, les rêves du Cardinal Lavigerie pour une Afrique du Nord chrétienne ne se sont jamais réalisés. Au début, beaucoup des familles immigrées étaient très pauvres et leurs conditions de vie étaient sérieusement limitées. Très vite, les contrebandiers devenaient des pêcheurs, des maraîchers et des agriculteurs. Beaucoup de maltais travaillaient dans le domaine des transports, avec l’image d’Épinal qui se rapporte au « cocher maltais à Bab el-Khadra. Au fil des générations, les enfants et les petits-enfants des pre-miers immigrés de condition modeste eurent une vie meilleure grâce à l’excellente éducation des écoles religieuses. Entre 1926 et 1936, presque 3.7% de la population maltaise de Tunis était constituée de médecins, d’ar-chitectes, de pharmaciens et d’avocats. Mais c’est tout particulièrement dans le domaine de la construction que des maltais ont eu du succès. En étant d’habilles bâtisseurs, ils ont mis, en Tunisie, leur savoir faire au service de la construction. En 1857, l’église de Houmt Souk a été bâtie par la communauté maltaise, dans un style baroque qui était alors très apprécié par la communauté. À Tunis, l’architecture «maltaise» s’est clairement exprimée 80 ans plus tard par le travail de l’architecte Joss. G. Ellul.

Né à Tunis en 1890, Joseph Georges Ellul était le petit fils d’un immigré maltais arrivé en Tunisie vers 1850. Sa situation familiale s’étant amélio-rée, Joseph a pu faire ses études à Paris dans différentes académies : à l’Ecole Nationale des Arts décoratifs et aux ateliers de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts où il était l’élève du maître Léon Jaussely, un urbaniste connu à l’époque. J. Ellul a été primé pour des bâtiments civils d’urbanisme à Paris, Lyon, Bordeaux, Lille, Philadelphie et Tunis. En 1917, il dirigea la construction du camp d’aviation à Orly. En 1922, il fut nommé architecte adjoint pour la section tunisienne de l’Exposition Coloniale de Marseille. Après la Première Guerre Mondiale, il dessina le monument aux morts du lycée Carnot à Tu-nis. Il fut, par la suite, l’architecte de la direction générale de l’intérieur pour la construction de l’hôpital psychiatrique de la Manouba et l’école mater-nelle de Ferryville. Il est également l’auteur de plusieurs hôtels particuliers, villas, immeubles et bâtiments industriels. Il était aussi un des architectes experts auprés des Tribunaux de Tunis. Il devient alors l’un des architectes les plus sollicités d’Afrique du Nord. Malheureusement, aucun des ses projets ne se trouve dans les numéros dédiés à la Tunisie dans la revue l’Architecture d’Aujourd’hui. Son œuvre la plus importante reste la villa Boublil à Tunis située au 18 de la rue d’Autri-che - achevée entre 1931 et 1932 dans le style Art-déco. Un édifice où l’or-dre et l’harmonie se conjuguent avec des lignes claires et légères. Il meurt à Tunis en 1952.Après l’indépendance de la Tunisie, les descendants de l’architecte Ellul re-tournèrent en France, lorsque tous ceux qui étaient enterrés au cimetière de Bab al-Khadra furent transférés à celui du Borghel, mais ses œuvres se dressent encore pour témoigner de l’histoire de la petite communauté maltaise qui, en moins de deux siècles, a connu deux mouvements im-portants d’immigration. Son architecture porte toujours la marque d’une pensée neuve et originale. En regardant de plus près ses œuvres, on y voit la précision de la technique constructive au service de la sensibilité d’un artiste, pionnier de l’architecture moderne.

David Mallia

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Vue d’ensemble de la villa Boublil aujourd’hui à l’abandon, située au 18 de la rue d’Autriche à Tunis.Photo : Pol Guillard

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Architectures

Saint Barbara Bastions (Malte)The Home Water (Malte)La maison au coeur vibrant (Tunis)

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Saint Barbara BASTIONSTexte : Fériel LejriPhotos : AP Courtesy

Derrière une façade baroque, une « folie » architecturale

Sur la ceinture fortifiée de la Valette, face à la mer, une rue plantée d’ar-bres du temps de la colonie bri-tannique, connue sous le nom de Saint Barbara Bastions, attire les

familles les plus aisées et les investisseurs les plus riches. En gros, c’est actuellement l’une des rues les plus prisées, voire la plus « chic » de la Valette ; malgré son voisinage immédiat « populaire » et délabré.Comme par effet de contamination ou de mimétisme, l’action de restauration d’un bâtiment au début de cette rue a très vite engendré une conscience de sauvegarde d’un grand nombre de constructions sur le même alignement.En 2006, l’agence d’architecture maltaise AP se voit confier un nouveau projet de re-conversion d’un bâtiment sur la prestigieu-se rue Saint Barbara Bastions après avoir achevé le chantier de réhabilitation d’un ancien immeuble dans la même rue.Une compagnie privée souhaitait installer ses bureaux dans un ancien bâtiment et prévoir une extension sur le toit pour en faire un appartement d’habitation de haut standing avec une vue imprenable sur la mer.La commande était assez contraignante : il fallait prévoir deux entrées séparées et deux circulations distinctes, étant un projet destiné à la fois à l’habitation et au travail.

Deux portes d’entrée extérieures distinctes existaient déjà. Par contre, l’introduction de deux cages d’escaliers risquait d’encombrer l’édifice, détruire une grande partie de sa structure existante et faire perdre beau-coup d’espace dans la circulation.C’est de cette contrainte réglementaire el-le-même qu’est né le concept majeur de ce projet. La solution spatiale consiste alors à proposer deux escaliers en un ! L’escalier à double hélice est un système largement exploré dans plusieurs œuvres architecturales, à savoir dans le musée du Vatican où le double escalier hélicoïdal conçu par Giuseppe Momo en 1932, per-met à ceux qui montent de ne jamais croi-ser ceux qui descendent. Cette configura-tion rappelle aussi celle de la structure de l’ADN où les branches se superposent mais ne se croisent jamais.Ainsi, une méga structure d’un double es-calier droit et irrégulier s’est délicatement insérée entre les murs du bâtiment traver-sant verticalement l’ensemble des plan-chers existants. Les deux branches d’esca-liers en bois s’entrelacent ; l’un est ouvert, l’autre est fermé.Confinés entre les parois de pierre, ils grim-pent jusqu’à l’étage supérieur de l’édifice.Les visiteurs qui, par habitude, se dirigent vers l’ascenseur, seront interpellés et gui-dés vers cette structure complexe et singu-

lière. Pour ne pas conduire le visiteur dans un chemin étroit et claustrophobe confiné, cette cage d’escalier double comporte dif-férentes pièces de mobilier incorporé à sa structure pour servir et distraire celui qui monte ou qui descend. Des niches, des banquettes, une bibliothèque, des percées animent ce volume vertical, conçu comme une sculpture géante en bois.Une grande polémique a accompagné ce projet autour de ces escaliers. Il était diffi-cile de convaincre les clients d’investir le plus gros du budget dans une structure coûteuse alors que la plupart des usagers emprunteront les ascenseurs et non les es-caliers. Plus les doutes sur la valeur conceptuelle de ces escaliers augmentaient, plus ces derniers devenaient le cœur battant de cette intervention architecturale. Sans ça, le projet perdrait toute sa force. Les clients ont finalement été convaincus. Cette folie architecturale a fini par voir le jour. Le chan-tier vient d’être achevé.Les investisseurs n’en sont pas moins satis-faits que par la sobriété du volume en exten-sion qui abrite l’appartement d’habitation. Ce dernier se devait d’ouvrir au maximum sur la mer, à la demande des clients. Toute-fois, l’introduction d’une large baie vitrée n’était ni adaptée au climat chaud du pays

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Détail de l’escalier Photo : Tiphaine Popesco, courtesy of Architecture Project (AP)

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Page de gauche : Image de synthèse du double escalier, Courtesy of Architecture ProjectCi contre : Maquette du double escalier, Courtesy of Architecture Project

ni intégrée au paysage urbain massif fait de pierre locale.Les architectes ont alors choisi une ex-pression monolithique pour le volume en extension. La masse de ce volume est en réalité composée d’une série de panneaux de bois de la même couleur que la pierre maltaise. Ces persiennes restituent une so-lidité à la façade de cette extension sur le toit, rappelant ainsi la masse élégante des remparts de la ville et de ses bâtiments en pierre. Certains de ces panneaux sont fixes. D’autres sont mobiles. Aussitôt que ces der-niers coulissent, la massivité du volume se résorbe laissant une ouverture cadrée sur la mer ; répondant ainsi à l’exigence du client disant : « j’aimerais à la fois pouvoir repousser les murs du bâtiment pour m’abroger la mer et les garder pour me protéger des grandes chaleurs de l’été ».Il est important que l’intervention contem-poraine sur le toit s’exprime en toute mo-dernité pour ne pas toucher à l’originalité de la façade baroque existante –riche en frises et moulures sculptées dans la pierre- qui a fait l’objet d’une restauration minutieuse. Cette façade comporte un large moucha-rabieh, caractéristique de l’architecture locale. Aujourd’hui, restauré et repeint, ce balcon donne à la façade sa rigueur et son harmonie. Les interventions contemporaines peuvent être révélées au fur et à mesure que l’on pénètre dans le bâtiment sans pour autant tomber dans l’attitude de vider l’édifice de ses entrailles existantes -qui donnent aussi au bâtiment son caractère- et ne laisser que l’enveloppe flottante de la façade. Souvent, ce type de reconversions a conduit à des coquilles vides où le façadisme n’a pas suffi à maintenir la mémoire du lieu.

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70 Home in Water

C’est à Gharghur, l’une des plus petites et plus vielles villes de Malte, que nous découvrons une architecture des plus délicate dans la peau massive des maisons de pierre, typique de l’île. L’architecte Chris Briffa réalise ici une rénovation surprenante pour un photographe et sa famille.

Texte : Chacha AtallahPhotos : Kurt Arrigo

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Kurt Arrigo est un photographe local assez reconnu tout particu-lièrement pour sa passion pour la mer et les fonds marins. Il acquiert une maison typique dans le cen-

tre historique de Gharghur (île de Malte). Cette typologie de maison en rangée pré-sente une façade sur la rue très étroite, ainsi la maison de Kurt ne mesure que 6 mètres de large par 27 mètres de long. Malgré le peu d’espace offert par cette maison, Kurt et sa femme Claire souhaitaient une maison contemporaine avec deux chambres à cou-cher et un vaste séjour largement ouvert.

L’intervention de Chris Briffa sur cette mai-son est d’une grande subtilité : ses expé-riences précédentes dans des lieux histo-riques lui ont permis de réaliser le souhait de ce couple : une maison résolument mo-derne dans un écrin des plus pittoresque et typique de l’île.

Ainsi il vide entièrement l’intérieur et ne garde que les façades. Les chambres sont installées au rez-de-chaussée pour libérer l’étage d’un grand volume qui sera occupé par le séjour et la terrasse. Une grande in-géniosité dans la distribution spatiale lui a permis d’introduire au final trois chambres, une grande terrasse, un séjour orienté au nord avec une double hauteur qui inclut une mezzanine, deux patios, un garage et un bureau au dernier niveau de la maison.

La grande particularité de ce lieu réside dans ce long bassin qui crée un lien entre la terrasse et le séjour. Une piscine de 12 mè-tres de longueur, à cheval entre l’extérieur et l’intérieur qui perturbe agréablement la lecture du volume et apporte une lumière exceptionnelle dans cet espace particuliè-rement étroit et long.

Ci dessous : L’espace cheminée sur la mezzanine.Page de droite : Vue depuis la terrasse sur une façade transpa-rente prise de chaque côté par d’imposants murs de pierres massives.

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Page de gauche : Le séjour est largement ouvert sur la terrasse pour laisser pénétrer la lumière et la piscineCi contre : Vue sur la piscine, de 12 mètres de long à cheval entre la terrasse et le séjour.

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Le vide de 10 mètres de haut laissé pour ac-cueillir l’escalier de desserte est étourdissant pour celui qui le pratique. En effet, l’escalier est le liant qui permet de passer devant la façade existante tout en appréciant certains éléments préservés comme une balustrade en fer forgé ou la corniche en maçonnerie et de sentir en même temps toute la clarté des espaces de vie nouvellement conçus. Un moment où l’ancien côtoie le nouveau dans un mouvement fluide de montée et de des-cente.Le couple s’installe donc dans la maison dans le courant de l’année 2006. Les systèmes de climatisations installés n’ont jamais été utilisés car la maison procure un confort thermique dû à des plafonds bas et une régulation de la cha-leur et de la fraicheur grâce à la piscine.

Ci contre : A l’étage se trouvent les espaces de vie : cuisine, salle à manger et séjour pour profiter de la gran-de hauteur de ce volume.Les chambres sont au rez-de-chaussée et béné-ficient d’un confort thermique des plus maitrisé grâce à la faible hauteur sous plafond et l’épais-seur des murs de pierres massives.

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Médina éclectique

Non loin de la Kasbah, une petite maison renaît grâce à la volonté d’un jeune couple en quête de changements et d’authenticité. Ils se lançent dans une rénovation d’envergure pour donner vie à leurs rêves dans l’écrin d’un véritable dar.

Propos : Shashaphotos : Pol Guillard

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Page précédente : Le lit en alcôve, un incontournable détail du dar traditionnel de la médina. Le salon-bibliothèque et la grande collection de pichets en céramique. Une cheminée encadrée à la manière des portes clôture cet ensemble.

Page de gauche : Le patio de la maison est transformé en salon. Le plafond est recouvert par du bois décoré et flanqué en son centre par une petite coupole ajourée pour créer un puit de lumière.

Page de droite : L’ensemble des codes stylistiques est repris dans cette demeure, telle que le plâtre ciselée et ajouré. Un style qui sied à la passion des pro-priétaires pour le mobilier ancien syrien.

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De gauche à droite :La cuisine, savamment agencée, est équipée d’un remonte plats, et de toutes les accomoda-tions d’un mode de vie contemporain.

Petit détail sur la fenêtre ouverte sur le patio.

La salle de bain du premier niveau est une véri-table pièce à vivre, spatieuse, elle offre de nom-breuses curiosités.

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Ci dessus :Le second niveau s’inscrit dans des couleurs plus ocres et rouges. L’ensemble est plus dépouillé et met en valeurs des matières telles que la terre cuite et les petits carreaux de faiences.

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Voilà quelques années qu’un jeu-ne couple décide de quitter la banlieue nord de Tunis pour les méandres glamour et authenti-ques de la Kasbah.

C’est une autre vie qui commence. L’art de vivre des maisons à patio de la médina de Tunis s’offre à eux et bouleversent leurs ha-bitudes. La rénovation de cette demeure fut longue mais leur a toutefois permis d’amé-nager un espace adapté à leur style de vie. L’espace de vie commune est située au pre-mier étage : le patio a été définitivement couvert et orné d’un plafond de bois décoré pour y installer un confortable petit salon. L’ensemble de la demeure s’accorde dans tes tons de verts, de jaune et d’ocre. Les dif-férentes pièces de faïence ou de bois s’har-monisent gaiement dans un style chargé mais non oppressant.

La cuisine, attenante au séjour est une piè-ce plus sobre, identifiée par de large plan de marbre blanc. L’ingéniosité est palpable, sans oublier le remonte plats qui prolonge le plaisir des papilles à l’étage supérieur.

Ce second niveau est largement occupé par les chambres à coucher et un salon qui don-ne accès à la terrasse. L’incontournable des maisons de la médina : la terrasse est une pièce à vivre au même titre que le séjour. L’ambiance est à la clairvoyance, le blanc est maitre, pour laisser place à la densité et aux minarets de cette médina si attachante et authentique.

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La terrasse, l’un des lieux clé des maisons de la médina, est aussi le prolongement d’un art de vivre propre à ces maisons où chaque saison profite à un espace spécifique de la maison.

Cet univers de blanc et de bleu nous permet d’apprécier les lumières douces et chaudes des demi-saisons.

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DécouvrirL’aRChiTECTE ChRiS BRiFFa : : LES ViSaGES dE La VaLETTESELECTiON MONOPRiX POUR MdT : : adRESSES

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chris briffAet la douceur architecturale

Page de droite :Vue intérieure du Outdoor Living, un pavillon extérieur formé d’une structure légère, sur-plombant la mer.

Nous restons sur l’ile de Malte pour découvrir une person-nalité montante de l’uni-vers de l’architecture. Sur ce rocher à l’architecture de pierre, nous partons à la

rencontre du talentueux Chris Briffa. Son architecture est synonyme de délicatesse, sans prétention aucune, elle laisse une place de choix aux proportions, aux détails et à la matière. Sans manièrisme, il conçoit des espaces singuliers, avec une maitrise affirmée des assemblages : une véritable ingéniosité dans la construction à travers des détails simples, façonnés pour servir l’architecture des lieux.

Son architecture est à l’image d’une poésie: les vers comme les espaces sont dans un rythme, les mots comme ce qui compose les espaces sont en harmonie. De la ligne au motif et du lisse au texturé, la fluidité est constante et représentative d’une habilité à résoudre un puzzle architectural.

Sa palette est large, il conçoit des espaces de commerces, des résidences privées, des équipements publics et de nombreuses réhabilitations dans des sites historiques. Sans jamais perdre de son élégance et de sa singularité, Chriss Briffa modèle comme lorsqu’il transforme un château hanté en une somptueuse maison d’hôtes.

Il fait des acrobaties dans la Home in water, une maison aux lignes épurées et caracté-risée par un bassin traversant le séjour, le tout bâti dans la peau d’une vieille demeu-re maltaise. Dans les fortifications de la capitale maltai-se il crée une boite noire, comme un tunnel traversant les murs épais pour en créer un bar à vin, devenu l’un des endroits les plus courus de la ville.

Ce jeune talentueux est né à Malte en 1974, fils d’un charpentier, il est diplômé de l’uni-verité de Malte en 1999. Durant les quatre années qui suivirent il travailla pour l’agence d’architecture mal-taise AP (Architecture Project), puis dessine et dirige le magasin Auntielucy spécialisé dans les marques italiennes de design. Il parcourt l’Europe à travers les workshops de l’EASA tout en poursuivant ses études à la Virginia Tech (USA) puis à la Politechnico di Milano en Italie.

Après un long voyage en Italie, il fonde son agence à la Valette en 2004. Ce personnage est aujourd’hui un incontournable de la scène architecturale maltaise et nous livre ici quelques unes des ses réalisations les plus marquantes.

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shu boutiqueLe site prévu pour ce magasin de chaus-sure au cœur de la Valette est exigu. Sur une surface de 7x3m, soit 21m2 au niveau de la rue, le challenge est grand car le client souhaite un présentoir pour 75 paires de chaussures et un espace de stockage pou-vant contenir 600 paires de chaussures. Dès les premières esquisses, l’approche fut d’utiliser l’espace dans sa hauteur et de concevoir un escalier pouvant servir à la fois de présentoir, de stockage et surtout de lieu d’essayage. Ainsi, chaque client peut

parcourir cet escalier, regarder, choisir selon son envie et profiter de cet aménagement pour essayer. Le Shu est une expérience spatiale où les produits occupent littéralement le lieu, avec une mouvance constante des produits qui accentuent l’effet surréel de ce volume, pour le visiteur autant que les personnes qui y travaillent.Pour la construction de cet impressionant escalier, la ferronnerie existante fut réutili-sée pour la structure porteuse de l’escalier.

Ce processus a également permis d’intégrer les systèmes d’aératios et de désenfumage soumis à de strictes normes dans le centre historique de la Valette. Les murs austères ont été recouverts d’un papier peint de chez Osborne&Little, aux inspirations orientales et avec des arabes-ques colorées. Ce motif a contribué à don-ner à l’ensemble du magasin une touche féminine et sensuelle.

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De gauche à droite : Vues intérieures des escaliers en bois servant de présentoirs à chaussures. Ci dessus : Vue de la vitrine surmontée d’un auvent en caisson paré d’arabesques

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outdoorliving

Ci dessous : Vue extérieure de ce pavillon à la toiture en porte-à-faux et composée de bambous de Gozo.

Le projet du Outdoor living est comme l’indique son nom un pavillon extérieur conçu pour profiter de ce site surplombant la mer. La volonté première des clients fut de concevoir une piscine et une terrasse. Le terrain mis a disposition est très spacieux : l’architecte en profite pour incor-porer au projet un pavillon d’été, une cabi-ne pour les invités et un pavillon d’hiver.

La première tranche achevée en 2009 n’in-clut que le pavillon d’été. Le parti pris de cette intervention est de profiter pleine-ment de la généreuse végétation et de la vue sur la mer. Ainsi on peut vivre dehors, cuisiner et faire la sieste, tout en restant protégé du soleil par cette grande toiture de bambou.

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two & A hAlf leMon restAurAnt Situé à Birgu, l’un des plus anciens fronts

de mer de l’ile de Malte, le restaurant Two and a Half Lemon est aménagé sous les voûtes d’une bâtisse datant du 16e siècle et ancienne réserve du trésor des chevaliers de Saint Jean (Treasury of the Knights of St. John). Le projet est basé sur un concept somme toute assez simple et qui donne un résultat assez surprenant : lorsque vous visitez une exposition, on note que les tableaux sont mis en valeur par leur cadre. Ainsi la forme, matérialisée par le cadre suit la fonction qui est l’impact de la peinture. Dans le projet de Two and a Half Lemon, l’architecte Chris Briffa s’est basé sur le principe « le cadre re-

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De gauche à droite : Les grandes salles de restauration s’inscrivent sous ces larges voûtes en pierre et sont accentuées par l’accumulation de suspensions.

hausse l’encadré » et le détourne en « l’en-cadré rehausse la fonction ». Partant de ce principe de contenant-con-tenu, tous les éléments qui constituent ce lieu seront soumis à ce principe. Ainsi, les sièges, les toilettes et les murets de sépara-tion deviennent le « cadre » d’éléments de modénature typiquement maltais. Le sol est tapissé d’un carrelage tradition-nel texturé et coloré, les tables et les chaises sont en métal pour rappeler la ferronnerie des ouvertures de cette bâtisse. Pour finir en beauté il suffit de monter sur la terras-se et admirer les toits, une tasse en vieille porcelaine blanche à la main. Le motif du carrelage existant est scanné et inséré à

la verticale sur les murets de séparations, pour accentuer l’effet de dureté. Le mobi-lier extérieur est habillé des carrelages tra-ditionnels et montés sur une structure en bois. Le mur lumineux qui sépare la cuisine de la salle de restauration est fragmenté par des profilés en fonte. L’espace réservé aux vieux lavabos est encadré par un bloc de béton ciré. Le Two and a Half Lemon est un assemblage savant de références détournées, donnant au lieu un caractère des plus atypiques.

Chacha Atallah

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Les visages de la ValetteA la fois européenne, médi-terranéenne et héritière d’un dialecte arabe, Malte est un lieu intriguant qui ne peut laisser indifférents tous ceux qui échouent sur ce rocher.

Construite au 16ème siècle, la Valette demeure la ville la plus authentique de l’île. Ses portes et balcons colo-rés rythmant ses façades de pierre locale dorée, ses rues en pente et ses percées qui fuient vers la mer en font une ville unique en son genre.

Fériel lejri

Percée vers la mer, la ValettePhoto : David Pisani

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Une des artères principales de la Valette, Old Backery StreetPhoto : David Pisani

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de lA terre à lA Mer, enjeux d’un rêve

MAltAis

La Valette, un mythe, une légende…La Valette, ville de lumière, de chevalerie et de célébration…C’est ainsi que les regards amoureux tentent encore d’en immortaliser l’image. Longtemps glorieuse, elle a inspiré tant d’artistes, de poètes et de voyageurs curieux. Lamartine écrit que « chaque maison a l’air, non pas d’avoir été bâtie pierre à pierre avec du ciment et du sable mais d’avoir été sculptée vivante et debout dans le rocher vif, et d’être assise sur la terre, comme un bloc sorti de son sein, et aussi durable que le sol même » 1. Si l’image de « ville-sculpture » persiste encore, elle est depuis quelques années altérée par la construction de nouveaux bâtiments. La population maltaise veut se « déterritorialiser ». Elle cherche à franchir les remparts massifs pour se rapprocher de la mer. Ce mouvement pose de nouveaux enjeux architecturaux, urbains et paysagers.Après avoir amorcé des politiques de conservation du patrimoine immobi-lier. La Valette voit aujourd’hui son évolution urbaine affectée par le mou-vement de la population. En 1956, la ville comptait 18 202 habitants. En 1995, 7262 habitants seulement 2. Ce chiffre a été plus ou moins maintenu

Schéma : La Valette, aujourd’huiCourtesy of Alberto Favaro

Schéma : La Valette…un jour ( ?)Courtesy of Alberto Favaro

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pendant ces dernières années. Après avoir été densément peuplée puis massivement abandonnée, La Valette est de nouveau reconquise. Elle est aujourd’hui le refuge d’artistes, d’étrangers et de marginaux en quête de paix et « d’authenticité ». Un agent immobilier maltais atteste que lorsqu’il a déménagé à la Valette, il y a dix ans, c’était rare qu’on entendît parler de quelqu’un qui allait venir s’y installer. Tandis qu’aujourd’hui, on compte un nouveau venu au moins une fois par semaine. 3Quant aux familles maltaises aisées, elles y retournent aussi pour se dis-puter le privilège de la vue sur la mer, depuis les terrasses et les balcons. Ce nouveau maltease dream est largement exploité par les promoteurs immobiliers et les spéculateurs pour augmenter la pression du foncier. On assiste à une véritable vente aux enchères, chacun élevant le prix de sa propriété pour mieux s’abroger la mer. Or, il est à craindre que cette dé-marche ne détourne La Valette de son centre pour la réorienter vers la mer, modifiant le caractère et l’identité de la ville.Rappelons-le, bien que positionnée en plein milieu de la méditerranée, La Valette n’a jamais été « ouverte » sur la mer. Sa fonction, à l’origine stricte-ment militaire, a forgé son caractère introverti et mystérieux et fédéré un urbanisme atypique. (…)Quoique bâtie sur un plan régulier (…) la déclivité extrême du terrain compense ce que le tracé exact des rues pourrait avoir de monotone, et la ville escalade par des paliers et des degrés la colline, qu’elle recouvre en amphithéâtre.4 Ce château fort, érigé au XVIè siècle pour contenir toute intervention mi-litaire des ottomans est à ce jour ancré dans ses rochers, face à la méditer-ranée.L’on connaît aujourd’hui les paradoxes des villes musées telles que Venise ou Florence où le besoin acharné « d’authenticité » s’est révélé être la cause d’une perte d’identité. On ne peut réduire La Valette à un conservatoire his-torique ni à une machine à remonter le temps. La Valette a encore le cœur battant et la ferveur d’une ville en pleine effervescence. Faut-il encore être à l’écoute des battements de ses mutations et de son besoin légitime d’ex-pansion. La spécificité de cette ville n’a pourtant pas résisté à la banalité du système constructif actuel. On assiste aujourd’hui à une cacophonie constructive sans précédent : les volumes s’allongent, les proportions se modifient, les ouvertures s’élargissent.Très souvent, l’interprétation peu créative du texte de loi donne lieu à des pastiches. On introduit arbitrairement la symétrie dans la composition des façades ; on reproduit les ornementations murales et les motifs des garde-corps ; on imite les détails de menuiserie ; on copie et multiplie les modé-natures des ouvertures ; on érige des arcades…etc.Faut-il imposer une réglementation spécifique pour toute intervention ar-chitecturale à La Valette? La législation, à elle seule, ne suffit pas à préser-ver l’unité de l’environnement bâti. La Valette n’a peut être pas tant besoin de lois pour la protéger que d’utopies concrètes pour la libérer d’une vision trop conventionnelle et banale. L’on s’étonne que peu d’architectes aient essayé d’en décoder le lyrisme et d’en percer l’alchimie. Cette alchimie secrète née de la rencontre de la lumière et de la pierre, donnant à la ville sa couleur caractéristique. Cette couleur blanche, jaune, dorée, de la pierre, cette vigueur des contours don-nent au moindre édifice du midi une fermeté et une netteté qui rassurent et frappent agréablement l’œil. 5Des techniques innovatrices pourraient être expérimentées pour tailler la masse rocheuse, la sculpter et l’habiter. Par ailleurs, la réhabilitation des es-paces souterrains existants, souvent inaccessibles et abandonnés, est por-teuse de nombreux horizons. Apporter de l’air, de la lumière, de la vie dans les profondeurs de la ville ; reconquérir ce territoire enseveli pour y insérer des équipements tels des galeries rupestres ou encore des parcours pié-tons alternatifs introduisant de nouvelles perspectives. Peut-être que les nouvelles extensions peuvent être mieux loties dans le ventre sous-marin de la ville que sur les hauteurs « extra-muros » des toi-tures-terrasses ? A l’heure actuelle, ces propositions seraient peu convain-cantes et fortement rejetées aussi bien par les spéculateurs que par une grande partie de la population maltaise. En effet, les promoteurs immo-biliers reconnaissent, lors de l’établissement de leur plan de marketing,

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Façade baroque, la ValettePhoto : David Pisani

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Façade baroque, la ValetteCi dessous : Portes colorées, la ValettePhotos : David Pisani

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Vitrine d’une boutique, la ValettePhoto : David Pisani

que le principal critère d’évaluation d’une propriété foncière à la Valette se base sur la vue partielle ou totale sur la mer. Il est évident qu’au delà de son ouverture sur la mer, la cité de La Valette regorge de qualités spatiales qui en font une cité unique dans son genre dans toute la méditerranée, à savoir l’élégance de ses murs massifs dorés, la fraîcheur de ses patios, la vue privilégiée à partir de ses « jalousies » colorées… etc.Pourquoi ne pas promouvoir ces qualités spatiales et architectoniques au lieu de contaminer le paysage de l’île par des images préfabriquées et spé-culatives ?La prise de conscience du paradoxe terre/mer est peut-être un moyen de saisir la singularité de l’architecture maltaise contemporaine et de mieux en appréhender la complexité, le potentiel et les limites.

Fériel Lejri

1.A. de Lamartine, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en orient, 1832-1833, ou note d’un voyageur.2.http://www.mepa.org.mt, site officiel de MEPA3.Modern elegance, magazine mensuel maltais, p.514.Gautier, par Jean-Claude Berchet, le voyage en orient, anthologie des voyageurs français dans le levant au XIXème siècle, Editions Robert Laffont, S.A, Paris, 1985, p.525.A. de Lamartine, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en orient, 1832-1833, ou note d’un voyageur.

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lA vAlette, deux visAges, deux Mondes

Aujourd’hui, la Valette raconte deux mondes : l’un, pittoresque et poussiéreux, suspendu dans le temps ; L’autre, branché et brillant, contaminé et piégé par la mode et les « tendances », rattrapé par les grands clichés des temps modernes. A la Valet-te, la modernité s’exhibe et l’authenticité se cache. Ce n’est que

par le coup du hasard et des surprises que l’on découvre les réminiscences d’une vie autrefois simple et généreuse. Seuls les curieux arrivent à atterrir au creux de ces lieux, après avoir franchi une porte anonyme et traversé les épaisseurs rupestres. Nombreux jusqu’à ce jour, sont ces endroits, mais le développement touristique en masse finira un jour par les faire disparaître. Le café Prego, construit en 1947, compte parmi ces lieux imperméables à toute marque extérieure de modernisation.

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Le mobilier d’époque, toujours intact, les carreaux de ciment tapissant le sol, la vaisselle ancienne, nous plongent dans des temps reculés et rendent compte d’une magie que les romains ont appelé autrefois le Genius loci.De l’autre côté de la ville, se dresse la vitrine lisse et rutilante d’un bar dans le style lounge, émergeant de la profondeur des remparts. Club 2.22, conçu par le jeune architecte maltais Chris Briffa, est le « signe extérieur » d’une Valette « branchée ».Meubles Design, aménagements épurés, décoration dépouillée, matériaux contemporains, drainent une population jeune, dans le vent, fortement in-fluencée par la mode.Ces deux mondes coexistent dans le même périmètre et donnent à la ville deux rythmes de vie, deux tonalités qui souvent, interpellent la même fau-ne : les irrémédiables amoureux de la Valette.

Fériel lejri

Page précedente : Façade et vue intérieure du Café Prego, la ValettePhotos : David PisaniCi dessous : Vues du Club 2.22 conçu par l’architecte Chris Briffa,Photos Chris Briffa

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Au coeur de lA ville, le MArché

Est-ce qu’il existe une ville sans marché? Peut-on imaginer une capitale qui n’aurait pas un centre d’échange, un lieu dans lequel les passants, les habitants du quartier, les touristes, et les commerçants se rencontrent. Un joyeux capharnaüm où les couleurs des épices, des étoffes et des posters publicitaires se mélangent. Un bazar qui respire milles odeurs, qui accueille des produits du monde entier. Un espace qui facilite le voyage. Une fenêtre ouverte sur le monde. Un souk.Toute métropole abrite en son coeur un marché. Dans la capitale maltaise, ce marché couvert, n’attire plus l’attention. Aujourd’hui rares sont les mal-tais qui connaissent les épiciers, les marchands de légumes, le poissonnier et les bouchers du « Suqq » qui n’ouvrent leur porte chaque matin qu’à leurs vieux habitués. Pourtant, l’histoire du marché couvert de la Valette est unique et retrace la grandeur d’une capitale qui fût, il y a quelques di-zaines d’années, à l’avant-garde de l’architecture.

Il fut construit en 1861, à une époque où l’archipel maltais était sous la domination britannique. L’ingénieur maltais, Hector Zimelli, qui fut chargé de dessiner les plans, avait été envoyé dans les centres européens de Paris et Londres dans le but de s’inspirer des dernières techniques de construc-tion. Dans la capitale française, Hector Zimelli, rencontra l’architecte Victor Baltar qui travaillait à mettre sur pied la gigantesque structure toute de verre et de poutres de fer des 12 pavillons qui formaient les Halles de Paris. (photo ou plan des Halles). Ce marché était choisi pour démontrer toute la modernité et la puissan-ce de l’empire français dont le coeur se devait de battre au rythme d’un marché vivant, hygiénique, ordonné et aussi lumineux qu’un palace. Les visiteurs s’y promenaient surpris de la variété des aliments élégamment étalés sur les petits stands. On pouvait y acheter des ananas, des asper-ges, des fruits exotiques, les poissons les plus frais et les épices du monde entier. En 1969, lorsque les autorités françaises décidèrent de déplacer les Halles de Paris à Rungis, un pavillon fut démonté et reconstruit à l’identi-que au Japon, à Yokohama, ce qui montre à quel point cette architecture demeure encore aujourd’hui exemplaire. Fasciné, Zimelli décida de copier entièrement la structure des pavillons réduisant simplement la surface à celle prévue pour le marché de la Valette. Celui-ci accueillit 216 stands et 120 pièces fraîches dans le cellier et était conforme aux dernières normes hygiéniques: évacuation des eaux usées, ventilation et luminosité.

De son séjour à Londres, Zimelli rapporta des souvenirs émerveillés du Crystal Palace construit pour l’exposition universelle et la conviction que le fer et la fonte, avec le verre, étaient les matériaux de l’avenir. Cepen-dant, pour satisfaire les normes esthétiques conservatrices des Maltais de l’époque, et acceptant d’adapter ses plans à l’architecture locale, il décida de remplacer les larges surfaces vitrées qui auraient fait suffoquer les mar-chands pendant l’été infernal de l’archipel par les belles pierres calcaires locales. Cette concession donna un caractère typiquement maltais à une structure française.

Ci contre : Marché couvert de la ValettePhoto : David Pisani

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Le marché de la Valette réserve une dernière particularité : Toute la structure en fer a été tout d’abord fondue puis montée en Angleterre avant d’être démontée et acheminée par bateau jusqu’à Malte. Le « Suqq » étant le premier bâtiment de cette facture à Malte, il fallait faire appel à une entreprise anglaise. Finalement, avec ces halles, Malte se dotait, en son centre, d’un coeur battant qui empruntait ses plans à l’architecture française, sa charpente à l’ingénierie anglaise sans être un produit de pure importation puisque ses murs étaient faits avec les pierres des carrières locales. Un marché qui représentait excellemment son pays.Malheureusement, l’archipel n’échappa pas aux bombes lâchées pendant la seconde guerre mondiale et la façade du marché fut détruite par un obus frontal. Par manque de moyens, le bâtiment fut reconstruit sur une surface moindre. Dans les années 1980, les stands furent transformés en magasins avec des murs solides et un étage fut ajouté à l’intérieur de la structure d’origine. Ironie de l’histoire, c’est donc après l’indépendance du pays (en 1964) que le marché prit une apparence directement empruntée au marché de ses précédents gouvernants; le marché couvert de Covent Garden. (photo)Mais les matériaux et la réussite d’antan n’affectent que peu les esprits contemporains, et le Suqq maltais est aujourd’hui comme un vieux lion fatigué, qui attend son heure. Non seulement les couloirs sont déserts dans l’après midi, mais les escaliers mécaniques sont perpétuellement en panne, et les touristes errent déçus, à la recherche de ce que leur guide leur avait promis. Quel sera l’avenir du Suqq maltais? Sera-t-il converti en galerie d’art, privant ainsi une capitale de ses poumons? Retrouvera-t-il sa gloire d’antan en démontrant encore une fois que Malte n’est pas une île repliée sur elle-même et toute fardée pour les beaux yeux des touristes? A la fin du 19° siècle, un visiteur arabe écrivit sa satisfaction d’avoir trouvé dans le suqq de Valletta la meilleure viande de mouton qu’il ait goûtée… Espérons qu’au début du XXI° siècle, les visiteurs reviendront émerveillés et les mains pleines des trésors dont recèlent Malte.

Elise BilliardMarché couvert de la ValettePhoto : David Pisani

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une histoire MusicAle entre MAlte

et lA tunisieInterview avec Andrew Alamango. Propos recueillis par Fériel Lejri

1. Comment vous définiriez-vous en tant que musicien?Disons que j’ai appris la guitare assez jeune et tout seul. J’ai étudié la mu-sicologie à l’université de Malte où j’ai poursuivi des études sur la musique occidentale classique, ses théories et son histoire. Par ailleurs, j’ai porté un intérêt particulier à la musique folklorique et populaire méditerranéenne grâce aux conférences données par le compositeur maltais Charles Ca-milleri, qui m’a familiarisé avec un genre musical, différent de la musique classique occidentale. Ce qui n était pas sans influence sur mon travail. C’est alors que je me suis orienté davantage vers la culture méditerranéen-ne, notamment le « troubadour », et l’ethnomusicologie dans mes recher-ches musicales et mes débuts de carrière dans le jazz, ce qui m’a beaucoup appris sur l’improvisation.

2. Vous voyagez souvent au Caire et à Istanbul pour rencontrer des musi-ciens de formation différente et pour apprendre à jouer d’autres instru-ments. Votre exercice de la musique semble se conjuguer avec le partage et le dialogue des cultures. Est-ce votre manière d’explorer vos capacités et vos limites dans la musique?

Portrait du musicien Andrew AlamangoPhoto : David Pisani

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Je m’intéresse beaucoup au Oud et à la musique orientale depuis un moment. Ses concepts, basés sur le makam, permettent l’im-provisation. J’ai fait des recherches personnelles sur la musique orientale, à savoir la musique arabe, grecque, turque, médiévale et méditerranéenne, comme je l’ai déjà mentionné.Pour moi, la musique c’est aussi le sens de la convivialité, l’expres-sion du partage entre ceux qui comprennent le langage musical. C’est du moins comme ça, dans les sociétés traditionnelles, que les musiciens se retrouvent, comme dans la musique folk, le flamenco, le jazz où le concept même c’est le jeu de rythme et de mélodie qui se crée par l’interaction entre les musiciens et grâce à l improvisa-tion.Donc, pour moi, la musique s’accompagne toujours par la recher-che d’un contexte social, que ce soit à Malte ou ailleurs et d’un lan-gage commun propice au dialogue.

3. Vous vous êtes toujours intéressé à la musique folklorique mal-taise dont l’influence se ressent clairement dans votre aventure avec Etnika. Parlez-nous de cette troupe musicale que vous avez fondée.L’aventure Etnika a justement commencé par le manque d’accès à la musique locale folk à Malte. Les instruments de la musique folk et leur mélodie m’ont toujours interpellé. Mais cette musique a un peu sombré dans l’oubli vers l’année 2000, pour plusieurs raisons. Le contexte socioculturel des musiques traditionnelles a petit à petit disparu. Malte est passée d’une culture provinciale vers un contexte très urbanisé et une culture fortement guidée par l’écono-mie et un tourisme de masse. J’ai pensé que la tradition d’une mu-sique folk peut être restituée si elle regagne en popularité. Quand on vient d’une île aussi petite, les questions comme celle de l iden-tité menacée sont souvent posées. Et c’est d’autant plus une raison pour avoir ce genre d’initiative. L’idée de fonder Etnika est venue de là, des soucis de faire connaître la musique maltaise folk, ses chan-sons, ses instruments et leur redonner vie. Etnika a eu du succès et s’est produit dans plusieurs pays d’Europe et de la méditerranée en faisant connaître la musique maltaise folk à travers des concerts.

4. Vous avez récemment monté un projet important Filfla, qui consiste à sauvegarder les anciens enregistrements de musique maltaise sur un support numérique. Comment est née l’idée de ce projet ?Le projet le plus récent consiste à faire une recherche musicologi-que sur les premiers enregistrements dans le pays qui ont eu lieu en 1931 et 1932 et qui témoignent d’une histoire musicologique et sociopolitique peu connue et qui a disparu pendant ces der-

niers quatre vingt années. Aujourd’hui, tous ces enregistrements ont été convertis sur support numérique. Le projet Fifla a été créé pour préserver le patrimoine musical audio du vingtième siècle, le faire revivre et le perpétuer à travers une série de publications et de distributions.Cette idée fantastique a commencé grâce à un juif libyen de Tripoli, connu sous le nom de Fortunato Habib, qui était marié à une juive tunisienne de Tunis. Il s’est installé à la Valette en 1931, et il était le premier à envoyer un groupe de musiciens à Tunis pour enregis-trer les premiers tubes de musique maltaise sous le label Polyphon record. Beaucoup d’enregistrements ont eu lieu alors à Tunis- et quelques uns à Milan- pendant les deux années qui ont suivi par la suite. Ces disques ont même été vendus à Tunis, comme Bembaron & Cie, pour la communauté maltaise en Tunisie qui était de 22,000 habitants à peu près, à cette époque. Mais aussi, à Alger, Alexandrie et en Australie où cette musique représente une grande source de nostalgie pour les immigrés maltais. Il y a aussi des documents qui témoignent de concerts donnés par les musiciens maltais pendant leur séjour à Tunis, pour la communauté maltaise.

5. Que pensez-vous de l’interface d’échange d’aujourd’hui entre Malte et la Tunisie ?

Les lois de frontière et les prédispositions politiques ont beau-coup freiné l’échange entre les deux pays de la méditerranée, alors qu’avant, c’était tout à fait naturel de franchir les frontières pour de meilleures conditions de vie ou de travail. Il serait intéressant d’ins-taurer un échange entre la Tunisie et Malte au delà de l’échange po-litique et économique, mais plutôt un échange socioculturel. Après tout, les deux dialectes sont similaires, les instruments de musique se ressemblent ; il en est de même des échanges entre les deux peuples, oubliés depuis que la diaspora maltaise a quitté la Tunisie. Les maltais ont oublié leur histoire sociopolitique du siècle précé-dent témoin de ces échanges.Pour le moment, la prochaine étape dans mon projet consiste à ré-cupérer ces anciens enregistrements d’il y a quatre vingt ans, les réinterpréter, les faire revivre. L’idée c’est de se pencher sur les « lost voices orchestra ».

Fériel Lejri

www.filflarecords.comhttp://maltashellac78rpm.wordpress.comcontact: Andrew Alamango [email protected]

The Hungarians dance orchestra.Andrew Alamango Courtesy

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Longtemps laissée à l’écart, la Valette fait beaucoup parler d’elle depuis quelques temps. Elle fait la une de l’actualité architecturale grâce à la re-nommée de l’architecte star Renzo Piano. Ce dernier a été désigné par l’or-ganisme Grand harbour regeneration corporation pour le réaménagement de toute la zone d’entrée de la ville, sous l’initiative du gouvernement. Le projet tend à revaloriser le « Valletta Gate » et à redonner à la ville sa place politique. Aujourd’hui, les financements étant enfin disponibles et déblo-qués, le projet voit le jour avec la participation de l’agence d’architecture maltaise AP, notamment dans la mise en place et le suivi du chantier. L’in-tervention consiste à réaménager l’entrée de la ville, à réhabiliter le « Opera house », amphithéâtre romain détruit pendant la deuxième guerre mon-diale et à concevoir un nouveau bâtiment pour le siège du parlement.La porte de la Valette a subi plusieurs transformations durant l’histoire. Le pont qui surplombe le fossé, ceinturant la ville, a été plusieurs fois élargi et a ainsi, perdu son rôle de guider le visiteur et de l’inviter vers une immer-sion progressive dans la ville. On raconte même que le porche d’entrée a été surélevé -pour laisser les chars du carnaval, hauts et encombrants, pénétrer dans la Valette- transformant ainsi ses proportions. L’intervention de Renzo Piano consiste à restituer au pont ses dimensions et sa largeur d’origine (1966) pour permettre une vue plus dégagée sur les remparts de la ville, pour mieux sentir la profondeur du fossé et pour met-tre l’accent sur le parcours. L’entrée de la ville sera désormais à ciel ouvert. Et ce parcours aérien suspendu, sera connecté au niveau inférieur des rem-parts par un escalier ainsi qu’un ascenseur panoramique. Cette nouvelle unité architecturale s’exprimera dans un vocabulaire mono-lithique en pierre, caractéristique des remparts, rompu, par endroits, par des « lames » d’acier, marquant la contemporanéité de l’intervention.En ce qui concerne l’amphithéâtre « Opera house », ou plutôt ce qu’il en reste, il sera préservé et restauré, pierre par pierre. Une Façade en structure

renzo PiAno à lA vAlette

Maquette du projet de Renzo piano pour le réaménagement de l’entrée de la Valette; courtesy of Renzo Piano Building Workshop

© Rpbw, Renzo Piano Building Workshop

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légère, faite de colonnes d’acier, se greffe aux ruines de pierre. Elle servira de plan d’accroche aux installations de lumière, de son et de décors tem-poraires.Puisque la taille de cet amphithéâtre ne correspond pas aux normes d’un amphithéâtre moderne en terme d’espace nécessaire aux coulisses, aux salles de répétitions…etc., le « Opera house » a été repensé comme une structure flexible pour accueillir de petits spectacles en plein air, pouvant recevoir jusqu’à 1000 spectateurs. Lorsque le site n’est pas utilisé pour des concerts, il sera exploité comme une place publique en plein air, avec des gradins en pierre, où les passants pourraient s’arrêter pour y grimper et faire une halte, et admirer les principaux monuments historiques de la Valette comme Castille, Saint James Cavalier ou encore l’église de Santa Catarina.En plus de tous ces travaux de réhabilitation, un nouveau bâtiment sera projeté pour abriter le siège du parlement. Cet édifice occupera la place de « freedom square », juste à l’entrée de la ville, aujourd’hui utilisée comme un parking. Il abritera également un petit musée sur l’histoire de Malte. Ce sera aussi un bâtiment en pierre locale. Un système de ventilation passif est prévu pour une économie d’énergie.Trois ans sont prévus pour la réalisation de l’ensemble de ce chantier am-bitieux et tant attendu même si comme tout projet d’une telle envergure dans un site historique, il fait l’objet de quelques polémiques auprès de l’opinion publique. Le projet est actuellement au cœur de débats entre les autorités locales et les architectes intervenants.

Fériel Lejri

© Rpbw, Renzo Piano Building Workshop

Maquette du projet de Renzo piano pour le réaménagement de l’entrée de la Valette et du siège du parlement; courtesy of Renzo Piano Building Workshop

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EntrE lEs murs, la ValEttE nocturnE

Vue intérieure du bar à vin Trabuxu, la ValettePhotos : David Pisani

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Dès la tombée de la nuit, les rues de la Valette sont désertées ; les com-merces ferment et la cité fortifiée se transforme en une ville fantôme. Peu de lumière émerge des intérieurs puisque la plupart des bâtiments sont inhabités.Nombreux sont ceux qui démentiront l’existence d’une vie nocturne à la Valette. En effet, la plupart des touristes et la jeune population de Malte se déversent en masse, le soir, dans les quartiers de Saint Julien, Pace Ville et Sliema, pour des veillées nocturnes animées, arrosées, parfois folles, où l’extravagance et l’abus sont largement tolérés. Dans ces quartiers qui longent la côte, les bars et les boîtes de nuit s’alignent, se serrent et se confondent dans un grand brouhaha qui s’enchaîne pendant la semaine, été comme hiver, pour atteindre le paroxysme de sa ferveur les vendredis et les samedis soirs.De l’autre côté de l’île, au cœur de la valette, certaines rues s’illuminent et s’éveillent en drainant une faune jeune et moins jeune qui se retrouve régulièrement entre les murs des anciens bâtiments et passent des soirées interminables entre les profondeurs de bars très étroits et souvent, semi enterrés- comme le Trabuxu, le Maestro et Legleguin- et sur les marches de pierre qui rythment les rues en pente devant ces bars. Cette manière spon-tanée de s’approprier l’espace public génère une atmosphère détendue, conviviale, propice aux rencontres et aux échanges. Parfois, les buveries tournent aux chants et à la danse. Quelques artistes du quartier atterris-sent dans les bars avec leurs instruments de musique. Des concerts à ciel ouvert s’improvisent. La musique rompt le silence de la ville. Les bars fer-ment alors au rythme de leurs clients. En été, une session de jazz prend pla-ce au Bridge bar. Les musiciens s’installent sur le pont, les gens grimpent sur les marches des ruelles. On discute ; on boit ; on écoute la musique ; on s’adosse contre les murs des bâtiments, on s’allonge sur les murets en pierre, on monte sur les toits et on vit la ville.Beaucoup imaginent pour la Valette un avenir très semblable à celui du quartier du Marais à Paris. On dit que bientôt, les bars se multiplieront ; plusieurs rues seront piétonnes pour offrir une vraie infrastructure pour des café- terrasses ; que la vie nocturne trouvera davantage son inspiration dans cette ville qui sera le lieu d’avant-garde des artistes et des plus grands fêtards. Si aujourd’hui il, il est impensable d’avoir une boîte de nuit à la Va-lette, beaucoup l’imaginent pourtant détrôner un jour le quartier de Pace Ville dans ses ambiances folles et entraînantes.Ce scénario laisse perplexes ceux qui ont grandi à la Valette -et qui l’ont vu grandir- et qui ne veulent en aucun cas, un développement de masse qui porterait atteinte à leur vie de quartier sereine, charmante et sécurisante. Les retrouvailles nocturnes de ses habitués ont presque le sens d’un rituel et la valeur d’une tradition auxquels ils ne sont pas prêts à renoncer.

Fériel Lejri

Page de droite : En haut, Terrasse du bar à vin Trabuxu, la Valette. En bas, l’intérieur du bar à vin Trabuxu, la ValettePhotos : David Pisani

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dorMir à l’hôtel PhoeniciA

D’emblée, le bâtiment se caractérise par sa singularité, une sorte de demi hexagone érigé à l’entrée de la Valette, il jure manifestement avec le plan rigoureux de Francesco Laparelli qui dessinât la ville fortifiée à la demande de Jean Parisot De La Valette, grand maître de l’ordre de St. Jean de Jérusa-lem, rien d’exceptionnel á priori, rien si on ne connaissait pas l’histoire de l’édifice et au-delà de son histoire, celle de La Valette. Ni sobre ni exubérant, il s’implante sur une grande parcelle d’un site excep-tionnel qui regorge de constructions militaires datant de l’édification de la ville et longe les fortifications historiques de la Valette pour ne s’arrêter qu’à 300m plus loin en bord de mer.L’hôtel fut bâti au début du 20ème siècle par un riche couple britanni-que en vue de doter Malte du premier hôtel de luxe, le premier hôtel cinq étoiles. Aujourd’hui, l’île en compte seize. Depuis, l’hôtel connût plusieurs propriétaires ; pourtant un parfum de nostalgie y règne toujours, l’at-mosphère qui s’en dégage est à la fois digne des films noirs des années quarante et des romans d’Oscar Wilde. On pourrait aisément imaginer les bals mondains qui soit dit en passant s’y déroulent encore aujourd’hui , les dandys aux chapeaux haut de forme s’adonnant aux pratiques hédonistes dans les fumoirs, fumant cigares et dégustant les spiritueux les plus fins , les dames de la haute société déambulant dans les salons de l’hôtel et se laissant aller aux commérages innocents.

Les architectes ont ainsi essayé de restituer toute la splendeur des pre-miers temps sans tomber dans les stéréotypes lassants et le mimétisme des hôtels à thème. L’intérieur est résolument colonial et l’hôtel en a fait son atout majeur, stores vénitiens, papier peint, lit á baldaquin, tout pour rappeler aux visiteurs que ce lieu avait accueilli en un siècle toute la no-blesse britannique. Le buste de George VI placé dans le hall le confirme.

Vue intérieure du bar Pegasus à l’hôtel Phenicia, la Valette. Photo : AP courtesy

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L’agence d’architecture maltaise AP s’est trouvée engagée dans une dé-marche qui s’oppose frontalement á l’intervention architecturale qui accompagne traditionnellement ce type de commande. Une longue et minutieuse recherche historique fût faite qui conditionnât l’approche conceptuelle du projet. On a ainsi essayé de lui redonner toute la splendeur des premiers temps sans pour autant tomber dans les stéréotypes lassants et le mimétisme des hôtels à thème. Le militantisme de cette agence dans la manière d’approcher le patrimoine architectural maltais lui a valu une certaine réputation lui permettant de travailler sur des projets sensibles dont celui du Phenicia Hôtel et par ce fait, l’intervention sur un édifice aussi emblématique même s’il ne s’agit pas d’un bâtiment plusieurs fois séculaires comme ceux qui se trouvent dans la ville intra-muros constitue un enjeu de taille vu la sensibilité liée à l’intervention sur le site et l’impact économique. Il faut savoir que l’hôtel se trouve dans une zone relative-ment vaste de grands projets dont celui de Renzo Piano en Association avec AP, le City Gate Project.

L’intervention se fait sur plusieurs phases suivant un découpage du site. Cette démarche s’accompagne d’un rigoureux compromis entre la valeur foncière et les enjeux économiques d’une part et le soucieux respect de l’histoire du site d’autre part. La première phase fut donc proposée aux autorités locales (Malta Environment and Planning Authority) qui délivrent les permis de construction, qui ont accepté le projet et émis toutefois de minimes réserves. Cette première phase comporte trois interventions ma-jeures : une extension sur le toit afin de construire deux bars dans le style lounge les dotant ainsi d’une vue qui domine une grande partie de l’île, une augmentation du nombre de chambres doublant presque la capa-cité de l’hôtel et enfin, l’exploitation d’un terrain adjacent se situant aux pieds des fortifications qui appartient à l’état mais qui a fait l’objet d’un bail datant de la construction de l’hôtel. Ce bail devrait être prolongé et va permettre la restauration des anciennes étables, constructions coloniales où les officiers britanniques gardaient leurs chevaux au rez-de-chaussée et avaient leurs appartements au premier étage. Une fois restaurées, les étables constitueront des suites à caractère unique et qui donnent toutes sur les murailles de La Valette, elles seront reliées au reste de l’hôtel par un pont chevauchant un mur historique qui autrefois faisait office de pre-mière ligne de défense contre les invasions Ottomanes.

Elyes Hasni, architecte.

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