Me Ajay Daby : « Un Président devrait pas devenir un challenger politique »

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  • 7/28/2019 Me Ajay Daby : Un Prsident devrait pas devenir un challenger politique

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    Interview

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    No 111 17 MARS 2012

    VOL DE MTAUX POUR PLUS DUN MILLION

    Le mercredi 14 mars 18h10, un vol considrable a eu lieu dans la cour dun revendeur de mtaux de chute

    (scrap metal) Grande Rivire Nord Ouest. Il a constat que plusieurs appareils domestiques inutilisables dune

    valeur totale de Rs 1 128 525 auraient t vols.

    Un Prsident devrait pas devenir unchallenger politique

    ME AJAY DABY :

    La situation politique qui prvaut actuellement lcure. Pour Ajay Daby, une prorogation est une faon de crever labcs. Cet ancienSpeaker de lAssemble nationale porte un regard inquiet sur la situation de confusion qui rgne actuellement dans la classe politique. Ilestime que Navin Ramgoolam a eu raison de proroger le Parlement.

    C.B.Ajay Daby, le Parlement vientd'tre prorog jusqu'au 16 avrilprochain. En tant quancienhomme politique et, de

    surcrot, ancien Speaker l'Assemble nationale, vousavez dj vcu un pisodesimilaire. Quel est votre regardsur cette prorogation duParlement ?

    Il y a eu une prorogation demon temps (en 1986, alors quilest Deputy speaker delAssemble Nationale, NdlR), la suite du scandale delarrestation de 4 dputs de lamajorit Amsterdam (fin 1985,NdlR). Le Parlement taitdevenu incontrlable, car celaavait occasionn une rupture au

    sein de la majorit et beaucoupde dparts.La prorogation est un outil

    courant pour un gouvernement.Quand un gouvernement estlu, une lgislature dure cinqans. Techniquement on peutdonc avoir un discours-programme quinquennal, oubien 5 programmes annuels.Cela donne lieu des dbatsparlementaires sur la politiquegnrale du gouvernement. Onparle alors de calendrier degouvernement, cest--dire lapoursuite de ce discours-

    programme. Suite aux dbatsparlementaires, il y a alors desdcisions arrter, et l onlabore un programmelgislatif, cest--dire les lois quifont suite ce programmegouvernemental.

    a cest dans le cours normaldes choses. Avec la prorogation,quarrive-t-il ?

    La prorogation met fin unesession parlementaire et donnelieu louverture dune autresession, avec un autreprogramme. On ne peut pas

    rouvrir le Parlement sans undiscours-programme. Toutgouvernement qui dcide duneprorogation doit venir dans undlai maximum de 12 mois avecun autre discours-programme.Et si a ne se fait pas, il en rsulteune dissolution.

    La prorogation peut avoirtrois motivations. Dune part,cest trs possible un Premierministre de lutiliser pour vrifier

    sa majorit. Deuximement,pour donner lieu un discours-programme qui appartienne lalliance actuelle. Cest--dire

    quil y a eu le dpart dunpartenaire de la coalition, et ceserait donc illogique decontinuer avec un programmedanciens partenaires. Unnouveau discours-programme vadonc mieux reflter la nouvellesituation. Troisimement, cestaussi une question de tactique. Ily a lide de vouloir prouver lacertitude de la majorit, vis--visde lincertitude de lOpposition.Cela peut donc tre un jeucalcul. Le Premier ministre peutvouloir venir dire : "Moi je suissr de prsenter une majorit

    satisfaisante, certaine, vrifiable,et chez eux en face cestlincertitude qui plane". Ca cestun point de vue qui dit que cetteincertitude ne concerne pas legouvernement. Mais il y a unautre point de vue qui dit aucontraire que lincertitude creune situation floue vis--vis desinstitutions, cest--dire quuneopposition a le droit de savoirqui est la vraie opposition. Cettetactique de vouloir connatre sonadversaire est tout faitraisonnable dans cescirconstances.

    Et comment sest passe laprorogation votre poque ?

    Le Premier ministre (sirAneerood Jugnauth, NdlR) quicontrlait sa majorit, voyaitquand mme un Parlement trsen dsordre. Lopposition (leParti Travailliste, NdlR) taitvenue renforce, on ne pouvaitpas faire de remaniementministriel, il y avait tropdenjeux. Finalement nous nesommes pas revenus auParlement. Les conditionsntaient pas runies et avant le

    dlai des 12 mois, nous avonsdclar les lections gnrales.Les conditions ntaient pasrunies pour affronterlopposition au Parlement et lePremier ministre dalors avait crubon dutiliser cette option pourcalmer le jeu. Car le ministre delIntrieur tait trs bouscul, ilfallait donc grer le ministre delIntrieur, le Parlement, lamajorit,et la nouvelle

    opposition. Alors ctait unequestion surtout pratique ettactique.

    Mais la prorogation ne cre-t-elle pas un blocage des affairescourantes de lEtat ?

    Cest pour cela que laprorogation doit tre unedcision calcule, et pas un coup

    de tte. Parce quil y aladministration qui en souffre.On doit prendre note des loisqui sont en cours, si elles taienten premire ou deuximelecture Tout est gel, tout est refaire... Si on est bien avis, onest conscient de la situation.

    Et puis les comitsparlementaires sont maintenantcaducs, il y aura de nouvellesnominations, une aubaine pourceux qui veulent se fairenommer nouveau, donc il y abeaucoup de jeux prvenir Ilfaut tre dispos ce genre de

    jeux. Il faut avoir une certainenergie pour affronter uneprorogation. Ou alors il faut treau pied du mur.

    Si on a le choix, on vite deproroger. En choisissant de faireune prorogation, on vite le pireen choisissant le moindre mal.

    Le pire, ce serait quoi ?Le pire, ce serait la

    confrontation permanente, une

    situation o le public ne sait plusqui fait quoi Je pense queNavin Ramgoolam a eu raison.Il fallait que quelquun crvelabcs.

    Mais le projecteur delactualit est braqu sur cesquestions politiques audtriment des questions dordre

    conomique.Les alliances, ce ne sont pasdes affaires publiques. Ce sontdes intrts privs de partispolitiques qui connaissent leurslimites et qui sorganisent pouraugmenter leurs chances defranchir les inconvnients deslimites pour ensuite former ungouvernement majoritaire. Cesont des arrangements privs.Mais que ceci dborde sur lemood public, je pense que cestun peu trop.

    Le Prsident de la Rpubliqueaurait affirm que lavenir ledira si cest [lui] qui donneralecture du nouveau programmegouvernemental . Uneprorogation a-t-elle uneincidence sur la Prsidence de laRpublique ?

    Normalement, non. LaPrsidence, cest un titredhonneur. Le Prsident a unevaleur de symbole, il est l pourparrainer toutes les institutions :

    lOpposition, le gouvernement,le judiciaire Pour a, il fauttre au dessus de la mle. Endroit, on ne peut pas venir

    rvoquer un Prsident pendantune priode de prorogation.Alors sil a la conscience claire, ilviendra au Parlement pour lire lediscours-programme dugouvernement. Et il faut que ase fasse. On nattend pas laconclusion dune alliance pourdcider de cela. Le public attenddun chef dEtat uncomportement de chef dEtat.

    Comment voyez-vous ces jeuxdalliances qui ont lieu en cemoment ?

    Je les voie en tant que

    politicien avis, en tantquhomme avec uneindpendance affiche, en tantquavocat, et je trouve tout cecitrs malsain. Quand vous tes auParlement, vous tes un hommedhonneur, on vous appelleHonorable. Un hommedhonneur, cest au-del des lois,cest lhonneur, un niveau decomportement qui inspire. Maisl

    Le marasme est danslOpposition, mais dans lamajorit aussi, avec le blocage

    des consultations entre leministre des Collectivitslocales et le Prsident de laRpublique autour du LocalGovernment Act 2011.

    Cela se passe dans un cadre oil y a un malaise entre lepositionnement dun prsidentconfident du Premier ministre enmatire des affaires de lEtat, etlattitude de ces personnes quirefusent de le traiter comme unprsident confident. A quel pointcela peut tre vu comme unimpair, comme uneirresponsabilit

    Cest provocant quun Prsidentde la Rpublique puisse devenir unchallenger politique. Il en a le droit,la Constitution ne len empchepas, mais les conventions, si. Et lesconventions sont bases sur lesrgles de biensance, deconvenance, de lucidit. Donc,cette situation, cest mauvais. Cestmauvais pour nous, pour laprochaine gnration, on ne va paspouvoir grer ces carts.